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Educateur de la protection judiciaire de la jeunesse

 

Mémoire : Educateur de la protection judiciaire de la jeunesse

 

Formulation de la problématique

 

La pertinence de la distanciation entre le jeune et l’éducateur dans le cadre des relations éducationnelles. Existe-t-il une distance idéale ? Et dans quelles conditions le jeu social éducatif influence-t-il positivement les interactions jeune/éducateur au sein d’un environnement pédagogique ? L’affect peut-il devenir un outil en faveur de la progression sociale ?

 

Plan détaillé

 

Partie I Le champs d’application et les concepts

 

Chapitre 1 L’Education et la protection judiciaire

 

Section 1 approche psychologique de l’éducation

Section 2 approche cognitive de l’éducation

Section 3 la protection judiciaire de la jeunesse

 

Chapitre 2 Les acteurs en éducation

 

Section 1Les jeunes sous protection judiciaire

Section 2 Les éducateurs en protection judiciaire

Section 3 Le pouvoir public en protection judiciaire

 

Partie II Le comportement pédagogique et les impacts de l’affect

 

Chapitre 1 le comportement traditionnel/pédagogie moderne

 

Section 1 le comportement traditionnel

Section 2 la pédagogie moderne

Section 3 l’éducation en ligne

 

Chapitre 2 Les relations duelles et en groupe à travers le jeu social

Section 1 les relations duelles

Section 2 le jeu social

Section 3 les relations en groupe

 

 

Partie III la place de la distance dans la progression sociale de jeunes sous protection judiciaire

 

Chapitre 1 les causalités de la distanciation

 

Section 1 Pourquoi la distanciation

Section 2 les manifestations de la distanciation

Section 3 les circonstances de la distanciation

 

Chapitre 2 la distanciation idéale

 

Section 1 Qui décide la distanciation

Section 2 comment marquer la distanciation

Section 3 Evaluer les impacts de la distanciation et actions correctives

 

Conclusion

 

bibliographie

 

 

 

Introduction

 

La juridiction française n’a pas omis de s’intéresser au problèmes de la délinquance juvénile tout au long de son histoire sociale depuis l’ année 1945. Elle s’est efforcée d’annuler ou tout au moins limiter les violences dans le cadre d’une logique punitive et se veut constructive autant que possible. Les juges des enfants s’y mettent avec compréhensions pour protéger les mineurs délinquantes aussi bien que les enfants considérés comme en danger. Ces deux publics requièrent de travaux éducatifs identiques voire similaire dans le cadre d’un protection judiciaire de la jeunesse. C’est dans une perspective de partenariat faisant appel à une intervention pluridisciplinaire que le travail éducatif instauré compte tenu de la complexité du processus et du contexte. Cet accompagnement ne peut se faire sans l’appui efficace des autorités publiques comme les professionnelles de santé, de droits,de l’éducation de l’assistance sociale. Et même les familles et les professionnels en apprentissage, et surtout les centres sociaux para publiques se sentent concernés par ce devoir social, national qui risque de se décliner en fléau si la réinsertion sociale échoue.

Toutefois, et en application des dispositions internationales sur le droits des enfants, la juridictions française s’est référée sur les principes des conventions de l’ONU pour assumer ses responsabilité. Elle tache de respecter la recherche du bien –être de l’enfant tout en restant conscient de son avenir et le respect de l’autorité familiale dans toutes ses décisions. Elle reconnaît que l’enfant doit évoluer dans le milieu naturel du foyer familial dans les mesures du possible. Ainsi, les dispositifs éducatives sont toujours orientées dans ce sens.

 

Intérêt du sujet et formulation de la problématique

 

Plusieurs mesures sont prises par le pouvoir public compétent envers cette jeunesse. Un recueil de renseignements par des mesures d’investigation en premier lieu dans un but d’identification et aussi d’orientation éducationnelle. Toutefois cela n’exclut pas de maintenir et de prioriser le système éducatif adaptable à chaque victime par l’intervention de trois mille éducateurs recrutés et formés spécialement. La nation y investit beaucoup mais les résultats semblent insuffisants. L’ augmentation des délinquants le prouve face au nombre d’éducateurs. C’est au vu de cette situation inquiétante de la protection de la jeunesse, que cette étude se veut d’étudier les problèmes comportementaux éducatifs à travers les liens d’affect jeune/ éducateur qui influent sur la distanciation.

 

La distanciation entre le jeune et l’éducateur est pertinente dans le cadre des relations éducationnelles. Existe-t-il une distance idéale ? Et dans quelles conditions le jeu social éducatif influence-t-il positivement les interactions jeune/éducateur au sein d’un environnement pédagogique ? L’affect peut-il devenir un outil en faveur de la progression sociale ?

 

 

Méthodologie d’approche

 

Plusieurs auteurs ont émis des diverses théories pour explorer la notion d’éducation sous différentes approches. Mais la pratique riche d’expériences sur terrain serve à développer leur application. C’est dans cette ordre d’idée que cette étude s’appuie sur des constats réels notamment de témoignages d’éducateurs et d’exemples dans la vie courante. . Le cas de Corinne et de son éducateur est aussi un exemple de taille pour les analyses de comportement situationnel et de l’affect vers la distanciation.

Le dossier définit dans un premier temps le contexte de la réflexion à travers diverses approches conceptuelles et de leur champs d’applications. De même, il est important de connaître les acteurs en éducations ainsi que les autres intervenants. La seconde partie s’attache aux analyse comportementales pour pouvoir dégager et répondre aux éléments de recherches finales de la distanciation idéale..

 

 

 

Partie I Le champs d’application de la réflexion et les concepts

Chapitre1 L’éducation

Section1 Approche psychologique de l’éducation

L’analyse psychologique de l’éducation se décline en plusieurs théories qui varient selon les facteurs qu’elle met en exergue :

  • L’approche accorde plus d’importance aux contenus des messages à transmettre
  • L’approche donne plus d’intérêt à la société
  • L’approche fait référence soit au sujet et objet de l’éducation,comme le dit Freud.
  • L’approche estime qu’il y a interactions et interférences des trois éléments factoriels précédents.

Approche basée sur le contenu

 

C’est la théorie académique. Cette approche met l’accent sur le contenu des techniques et messages à transmettre. Les objectifs convergent vers les contenus de la matière. L’éducateur ou l’enseignant apporte pour ses éduqués des éléments cognitifs. Le public à éduquer sont regardés comme étant pareils à tout point de vue. Il n’y a donc pas de distinction à faire. Il n’y a non plus de considération de leurs problèmes particuliers, familiaux ou situationnels. Cette théorie de l’éducation part de l’idée d’une éducation de base commune et solide. Les matières et disciplines préparées et déterminées par avance sont des points d’appui de la théorie. La réussite de l’éducation est mesurée par des indicateurs comme la maîtrise de la discipline enseignée.

 

Approche basée sur l’éduqué

 

Cette approche se décline en deux théorie, la théorie personnaliste et la théorie spiritualiste.

La théorie personnaliste

La théorie personnaliste s’attache aux dimensions personnelles du soi, de latitude personnelle et d’indépendance au sein des actions éducatives. La théorie estime que l’éduqué se trouve en position de centre et toute action éducative lui attribue un rôle important. Ses réactivités sont évaluées comme rattachées au processus vers l’objectif éducationnel. La mission des activités éducationnelles consiste à offrir la pleine connaissance de l’éduqué.

La Théorie spiritualiste[

Cette approche théorique s’intéresse aux liens qui unissent l’univers à l’éduqué dans un esprit rapproché de la religion et de la métaphysique. Dans cette optique l’éducation vise à rehausser le niveau spirituel de l’éduqué.

Approche de l’éducation basée sur la société

Cette approche de la théorie sociale de l’éducation s concentre sur la société. A l’opposé de la théorie centrée sur l’éduqué, la théorie sociale tient compte de l’environnement social et contextuel de ce dernier.

Plusieurs facteurs rentrent donc dans le cadre d’ examen. La théorie aborde les notions de cultures, de classe sociale et familiale, et même des rapports sociaux. Selon cette théorie, la réussite dépend de la classe sociale d’origine de l’éduqué et l’éducation devient source d’inégalités sociales. En fait, cette théorie présume la différence d’éducation entre les classes sociales. Les valeurs véhiculées par famille varient suivant sa classe d’origine et elle évalue le niveau éducatif du jeune considéré en fonction du degré d’acquisition et de reconnaissance de celui-ci. Pour intégrer et appartenir à un e classe sociale,dans cette approche, il faut connaître ses cultures, ses us et coutumes, ses comportements. L’intégration et appartenance exige flexibilité et adaptation au exigences du milieu social.

Approche orientée vers l’interaction contenu/sujet/ société

 

Cette approche tient compte à la fois de la technique objectale, du sujet et de la société. C’est donc voir et estimer la capacité cognitive d’un sujet qui aborde une technique et connaissance reconnues comme importante et ayant de la valeur dans un milieu sociale déterminé. Cette approche, plutôt réaliste présente trois dimensions en interférence:

 

– La théorie psycho cognitive

 

– La théorie sociocognitive

 

– la théorie technologique

 

La théorie psycho cognitive

 

Selon cette théorie l’éduqué se trouve et évolue au sein d’un cadre social de référence. Cette société valorise l’éduqué travers ses capacités cognitives. Le degré d’intelligence de l’éduqué est mise en valeur et est indicateur de son soi. La théorie n’examine alors que le d’évolution

de la cognition de l’éduqué.

 

La théorie sociocognitive

 

Cette théorie étudie l’éduqué à travers les interactions culturelles au sein d’une société définie. Elle met en exergue la coopération et la contribution sociale vers la construction cognitive de l’éduqué. C’est la démarche entreprise par toute la collectivité qui importe. Dans cette optique,l’éducateur tient place de guide tandis que l’éduqué suit les instructions d’apprentissage en sa position d’apprenti.

 

la théorie technologique

 

cette théorie met l’accent sur les matériels didactiques et les technologies. Elle considère que le système éducationnel joue un rôle important dans la réussite du progrès social et technique de l’éduqué. Le théorie s’appuie sur la pertinence de la technologie moderne en communication et traitement d’informations pour aider et assister l’éduqué dans ses apprentissages sociaux et techniques. L’interaction de l’apprenti avec les matériels didactiques améliore sa cognition. Ce qui l’aide et l’assiste dans son intégration au milieu social de référence. La société évalue ainsi la capacité intellectuelle de l’éduqué à acquérir la cognition et les valeurs sociales indicatrices jugées comme seuil d’accès en son milieu.

 

 

En psychanalyse de Sigmund Freud voit l’éducation comme point de convergence d’une action éducative et d’un travail analytique par l’éducateur. Qui implique deux modes d’interventions éducationnelle. Les deux volets se distinguent par la méthode et les procédures dans les actions entreprises. La psychanalyse apporte de l’aide au travail éducatif tant qu’outil auxiliaire pour élaborer la formation et au transfert de connaissances à l’éduqué jugé en carence éducationnelle. Dans ces conditions l’éducateur noue des liens avec l’éduqué sous sa protection. Ces relations sont concrétisent par des actes éducatifs de transferts de connaissances. Selon Freud, la notion de transferts ne s’associe pas à une manipulation de l’éduqué mais elle est axée à une orientation tout au long du traitement éducatif. Ainsi, pour lui, à une situation analytique correspond une travail qu’il qualifie d’éducatif.

D’où le tableau récapitulatif suivant :

Situation analytique Travail éducatif
Capacité d’élaboration psychique Capacité de relation
Transfert de connaissance Capacité communicative et pédagogique

Tableau inspiré de l’approche éducationnelle axée sur la position de l’éducateur

Lacan évoque la notion de subjectivité de l’éducateur dans ses activités. Toutefois, selon lui, le métier revêt une éthique pou éviter « de ne pas céder sur son désir ». Freud qualifie même le travail éducatif de malaisé car exige une préparation psychanalytique.

Section 2 approche cognitive

Les cognitions à transmettre

Une approche cognitive définirait l’apprentissage comme un développement de connaissance basé sur l’analyse des informations et du savoir venant du formateur vers le formé. Durant la séance d’éducation, beaucoup de messages éducatifs sont transmis entre les deux parties prenantes. La nature des ces cognitions peut être de différentes formes, soit des informations sur le sujet traité, soit des renseignements et/connaissances sur le comportement social qui à cet effet sera accessoire, soit d’autres informations à l’insu de l’éducateur comme par exemple une anecdote.

La place attribuée à l’éducateur sous l’approche cognitive

Le rôle de l’éducateur en protection judiciaire de la jeunesse est donc d’être un porteur, un intermédiaire, un pont, entre le jeune en protection et les connaissances. Il agira en tant que transmetteur du savoir. Il est un acteur interactif dont l’intervention doit suivre un continuum pour que le courant entre les messages éducatifs objets de cognition et le jeune à éduquer ne soit pas coupé.

Par exemple, l’éducateur continue de donner des actions d’éducation au sujet protégé selon un emploi du temps défini tout au long de la période d’intervention. De plus, lorsque le jeune semble être un peu dissipé et ne participe pas activement au processus de l’apprentissage, il est du devoir de l’éducateur d’agir en tant que moniteur pour recentrer le jeune éduquer.

De même l’éducateur peut et doit apostropher son éduqué qui manifeste de l’insolence en classe pour ensuite le héler encore durant les pauses suite à un comportement non admissible Par ailleurs, le réprimander en cas de récidive. Les interventions de l’éducateur en tant que tel doivent par conséquent se passer autant de fois qu’il le faudra pour que les activités soient réussies.

La réactivité des jeunes sous protection judiciaire

Approche active

Du coté de l’éduqué sous protection judiciaire, il est lui-même outil et acteur de son propre apprentissage. Il a une approche active et une soif de savoir. En effet, comme il est en interaction avec le milieu ambiant d’éducation face à son éducateur, il prend conscience de ces éléments extérieurs à sa personne et de ses sentiments par rapport à eux.

Tels sont les jeunes qui posent souvent « le pourquoi» de chaque petite chose de la vie .Ils se demandent d’où vient qu’il soit dans cette situation. A l’égal des enfants qui demandent d’où vient la neige .Lorsque l’adulte lui raconte que c’est l’hiver et donc la neige tombe, il va encore demander pourquoi la neige tombe -t elle et d’où vient-elle et où est ce qu’elle va après et pourquoi elle ne reste pas là tout le temps. Les questionnements semblent trop bêtes et à la légère risquant d’ennuyer l’éducateur. Mais c’est le niveau de cognition des éduqués qui proviennent d’un milieu social défavorisé. L’articulation des contextes éducatifs, des messages reçus et de la façon de les percevoir, s’applique à un cadre social particulier de public en paradoxe.

La perception de la cognition au niveau de l’éduqué

En revenant sur le cas de la neige l’éduqué sent le froid et réalise qu’il faut des actions pour se sentir bien (mettre des vêtements chauds). Il se construit ainsi activement, en acquérant les connaissances qui s’offrent à lui en s’aidant des moyens qui existent. Ensuite, il les analyse, les intègre dans sa façon de penser et d’être pour ensuite gagner en maturité et en savoir. Pour reprendre le même exemple, l’enfant qui comprend que lorsqu’il neige, il fait froid et donc il faut mettre des vêtements chauds intègrera une pensée logique de l’atmosphère qui refroidit. Il lui est évident de se protéger en endossant es vêtements adéquats sans réticence. Cet automatisme s’acquiert et dépend du niveau de cognition au niveau de l’intelligence du sujet.

Le sujet protégé est alors face à une affluence de données de diverses natures émanant du seul éducateur. De plus, dans sa vie sociale au sein de l’établissement où il est placé, des échanges avec son entourage, deviennent bon gré, mal gré des intervenants dans le processus de formation de son éducation. En considérant que l’éduqué en protection judiciaire de la jeunesse est en phase de scolarisation son inscription à la bibliothèque est pour lui un processus d’apprentissage d’inscription à un entité particulier L’éduqué saura comment remplir les formulaires et pourquoi les remplir. Tout au long de sa vie, il sera de près ou de loin confronté à des inscriptions du même genre. A ce stade, il usera des informations cognitives (comment remplir le formulaire) et métacognitives (prise de conscience que désormais il sera membre de la bibliothèque, qu’il pourra prendre des livres qui seront sous sa responsabilité) qui lui seront présentés. Selon le professeur Jacques Tardif, « La psychologie cognitive considère que l’apprentissage est fondamentalement l’acquisition d’un répertoire de connaissances et de stratégies cognitives et métacognitives« .

Ces connaissances vont être réorganisés selon leur type et trois types peuvent être distingués, toujours selon Prof Tardif

  • Les connaissances déclaratives : ce sont les théories les lois, les faits les règles et principes qui sont accumulés au fur et à mesure que l’apprenti se meut dans la société et y apprends. Par exemple : qu’est ce que la sagesse. Qui est le l’éducateur. la table de multiplication par 6, l’alphabet, quelle règle suivre.
  • Les connaissances procédurales : ce sont les connaissances qui se portent sur le processus à suivre afin de faire une action, en d’autres termes, c’est le savoir faire. En exemple peuvent être cités des connaissances pratiques au niveau des protégés, comme pour jouer ensemble, pour manger ensemble, pour travailler ensemble ? comment respecter les autres protégés en milieu fermé ?

 

  • Les connaissances conditionnelles : elles renvoient surtout à la raison et à la date. Exemple, reconnaître un triangle isocèle et un triangle équilatéral, en se basant sur la longueur des cotés, reconnaître un angle droit d’un angle obtus en analysant le degré, distinguer une rose d’un magnolia. Reconnaître les conditions de sortie des centres pour les éduqués sous protection judiciaire de la jeunesse.

Ainsi, l’approche cognitive suggère que l’éduqué accumule les informations qui se présenteront à sa personne. Cependant, il sélectionne activement les informations qui lui sont présentés et il arrive que des intervenants soient discrédités par rapport à d’autres.

Action d’accumulation et d’acceptation

Quand les liens éduqué/éducateur sont serrés, l’éduqué croit plus à son éducateur qu’à un autre intervenant en cas de dissemblance des dires. Cette attitude rejoint celle d’un élève en CE1 ; il croira plus sa maîtresse qui lui dit que la lune brille la nuit qu’une voisine qui dira le contraire. Cette action de trier suppose la mise en œuvre de règles qui serviront en tant que comparateur afin de retenir ce qu’il faut puis les classer d’une manière instantanée dans l’environnement et au moment de la réception de l’information sinon quelques temps après. La règle principale sera que « la maîtresse dit toujours la vérité ou la maîtresse a toujours raison ».

Par conséquent les cognitions partagées par l’éducateur prime dans la tête de ce jeune en protection celui qui dit le contraire est un menteur. L’éduqué énonce de lui-même ces règles afin de pouvoir prendre une position dans toute autre situation dans le futur.

La limite de ce positionnement est la valeur cognitive et les contenus des messages transmis par l’éducateur. Sa responsabilité est d’autant engagée

D’une certaine manière, l’approche cognitive, après ces analyses estime qu’il faut tâcher d’ « analyser les conditions… qui créent les probabilités les plus élevées de provoquer et de faciliter l’acquisition, l’intégration et la réutilisation de connaissances chez l’apprenant » professeur Jacques Tardif intitulé Pour un enseignement stratégique, L’apport de la psychologie cognitive Logiques, 1992

 

Section 3 approche socio -politique de la protection judiciaire de la jeunesse

 

L’approche socio – politique de l’éducation de la jeunesse en protection s’associe à la volonté étatique de résoudre les problèmes de ces jeunes. Il définit ainsi un cadre légale pour favoriser les interventions.

 

Dispositions politiques et structurelles

 

La législation française se rapportant à la justice des mineurs a construit une structure spéciale désigné sous l’appellation « protection judiciaire de la jeunesse » depuis plus de soixante ans. Plusieurs dispositifs règlementaire se sont succédés vers une amélioration de la gestion de ce public composé de jeunesse en délinquance ou en difficulté sous des formes multiples. Elle fait appel à plusieurs intervenants issus de différentes institutions et services publics. Il s’avère important de connaître les objectifs de la protection judiciaire de la jeunesse. L’objectif principal de cette protection consiste à éduquer, à réinsérer les jeunes victimes dans la société et de les reconduire dans la bonne voie.

 

 

C’est une structure administrative d’accueil en faveur des mineurs et jeunes majeurs remis en ses soins et sa confiance à l’issue d’une décision du tribunal. Cette protection est donc soumise à des dispositions règlementaires. Il existe des textes en vigueur s’y rapportant.

La législation de 1970 veut que les jeunes en questions demeurent en milieu familiale naturel. Mais en 1975, l’age de majorité descend à 18 ans, ce qui met les jeunes de 18 à 21 ans dans une position plus libre de demander ou non leur protection judiciaire.

 

Extension des interventions

 

L’article XXIV se développe et donne naissance aux « Etablissements privés pour enfants inadaptés ». Il apparaît ainsi le métier d’éducateurs pour ces enfants victimes de déficiences sous plusieurs aspects physiques et mentaux. Ce souci de s’occuper des enfants inadaptés évolue et donne e n 1970 une dimension nationale de droit et d’obligation à la formation, l’intégration sociale et même l’emploi des personnes ayant des handicaps. A la fin des année quatre vingt (80), l’annexe XXIV a connu de novelles réformes. Les actions s’étendent jusqu’aux soutiens des familles victimes. Des mesures plus logiques tendent à la cohésion interdisciplinaire de plusieurs domaines dont la santé avec touts ses branches, la scolarisation avec son volet pédagogique. C’est dans cet ordre d’idées que les instituts Médico-Educatif se dresse pour venir au secours des enfants de 3 à 14 ans. De même, des Instituts Médico- Professionnels s’occupent de ceux âgés de 15 à 20 ans. D’autres instituts de Rééducation ont aussi fait leur apparition. C’est la naissance des IR,IMPRO, IME.

 

Malgré la politique administrative d’instaurer des structures d’accueil en milieu ouvert ou fermé suivant les cas, le problème n’est pas pour autant résolu. Et le nombre de jeunes victimes pour des raisons majeures augment au fil du temps.

La mise en place d’un système éducatif dans le cadre de cette protection de la jeunesse s’avère primordiale dans uns souci de faire de la jeunesse une potentialité économique et sociale. Les dispositions éducatives et correctionnelles visent à introduire le jeune en milieu ouvert ou en placement judiciaire.

 

Considérations sociales

 

Divers points de vue ont été émis à propos de la protection judicaire. Outre les protections administratives dont la jeunesse fait l’objet, cette dernière bénéficie également d’une intervention spécifique compte tenu des charges ou difficultés qu’ils subissent dans leur vie familiale ou sociale. Force est de constater que la protection judiciaire et administrative semble souvent confuse, lesquelles peuvent être souvent amenées à donner des problèmes de compréhension auprès des jeunes concernées ou des parents. Pour sa part, Freund (Freund, 2004, p.15), par exemple, évoque que la protection administrative fait référence à la situation où « les enfants ne sont pas considérés comme en danger mais dont les difficultés familiales paraissent suffisamment lourdes pour justifier une intervention, avec l’accord des familles, sans avoir recours à la justice»

 

 

Section 3 la protection judiciaire de la jeunesse

 

 

 

Chapitre 2 Les acteurs en protection judiciaire de la jeunesse

 

Les acteurs en matière de protection judiciaire de la jeunesse sont multiples. En effet, la protection de ce public fait appel à plusieurs experts. L’activité éducative sous protection judiciaire ne se limite pas au niveau du seul éducateur. Il y a lieu de voir l’interactivité avec les magistrats, les services médicaux et sociaux, sans oublier les psychologues au sein d’un véritable réseau oeuvrant pour la réinsertion sociale..

Toutefois, dans un soucis de clarté et de praticité les différents intervenants sont regrouper en trois catégories dont :

  • les jeunes

– les éducateurs

 

– le pouvoir public.

 

Section 1 les éducateurs en protection judiciaire de la jeunesse

 

Naissance de la fonction d’éducateur

 

Le métier d’éducateur a pris ses sources à partir dans les activités d’assurance sociale et de son extension sur toute la population. Plus tard des textes de loi s’y rattache dont ordonnance et décret du 20 août en 1946 et l’annexe 24 qui touche les « maison d’enfants à caractère sanitaire ». En 1956, cette considération limitée dans le sanitaire passe au domaine plus vaste de l’éducation alors que dans les années précédentes, des délégués permanents sont préposés à l’éducation surveillée. Puis, la fonction éducative cette même année passe aux mains d’une personnalité désignée « éducateur ».

Plus tard en en 1990, fut institutionnalisée, par le décret du 21 février, « La protection judiciaire de la jeunesse ».

 

Le métier d’éducateur

 

Le métier d’éducateur en protection judiciaire est au service de la jeunesse. Il s’agit d’une activité éducative en faveur d’un public composé de jeunes ayant des problèmes et un parcours de vie décousu. Leurs caractéristiques sont décrites dans les paragraphes les concernant. L’éducateur exerce suivant une décision judiciaire La nature de son travail d’éducateur consiste à collaborer avec d’autres spécialistes tels les psychiatres, les assistants sociaux, en vue d’établir une politique éducative. Ainsi sur la base des mesures investigatrices dressées sous l’orientation des juges, l’éducateur participe activement à la préparation des décisions du tribunal. C’est une profession eu service d’un public malheureux, en danger, poursuivi par les tribunaux, et qui ne demande qu’à être compris.

 

L’éducateur détient un statut de fonctionnaire. Il exerce sa fonction d’éducation à la suite d’un mandat délivré par les autorités compétentes soit au sein de la protection de l’enfance soit dans un cadre pénal. Sa mission consiste à accompagner les jeunes délinquants et ceux en difficultés C’est un métier parmi les plus difficile, car il requiert beaucoup de compétences de nature humaine avec une fermeté de conduite. Si le jeune demeure en milieu ouvert,c’est-à-dire qu’il reste dans un cadre familial, les parents ne sont pas à négliger. Si par contre le jeune est en milieu fermé, c’est-à-dire intégré dans un centre spécialisé, l’éducateur lui favorise une aide et assistance vers un projet de nouvelle vie.

 

Dans cette optique, plusieurs aspects de la vie quotidienne du jeune à accompagner dont sa scolarité,son éducation civique, ses cultures sociales, et même sa santé, font l’objet des soucis de l’éducateur. La responsabilité de protection aussi incombe à l’éducateur, ce qui n’est pas facile et exige de sa part une grande ouverture d’esprit et d’empathie. L’éducateur aide le jeune à se réinsérer et l’oriente vers une vie sociale normale en lui introduisant la vision d’objectif dans le cadre d’une activité professionnelle future.

 

Qualités humaines et compétences techniques exigées de l’éducateur

 

Les valeurs humaines de l’éducateur

 

La dimension humaine de la profession d’éducateur en protection judiciaire de la jeunesse fait référence à une capacité d’écoute et de compréhension en vue de redonner au jeune une confiance en lui-même à l’éducateur et à ses proches dans un premier temps puis à la société dans un second temps. La profession demande à l’éducateur une forte personnalité et beaucoup de sang froid, pour ne pas se laisser faire surtout devant des situations délicates. L’éducateur doit être fort en estimation pour instaurer des limites aux relations diverses du jeune avec l’entourage surtout en cas de milieu ouvert.

 

Un équilibre psychique est exigé de l’éducateur en protection judiciaire de la jeunesse. Il doit avoir des capacités relationnelles élevées et une aptitude physique et morale au terrain. Ayant une maîtrise de soi développée, qu’il sache se retenir pour ne pas impliquer dans sa profession les problèmes personnels. Assurer la prise en charge de mineurs en délinquance, assoiffé d’affection sociale et familiale,et en état conflictuel permanent requiert de la bravoure et de la volonté d’affronter des situations parfois décourageantes et stressantes. Mais le bon éducateur ne s’afflige pas devant l’échec, ou la violence. Il ne se trouble pas face à un moment de crise de son protégé. Son ouverture au dialogue lui permet de travailler en équipe avec d’autres spécialistes issus de divers service impliqués dans la même mission de protection judiciaire de la jeunesse.

L’éducateur ne doit pas rester figé et doit avoir une forte présence d’esprit, car les entretiens avec de tel public lui offre de faire beaucoup de découvertes, ce qui implique de sa part une capacité d’improvisation et d’invention rapide pour les imprévisibles comme le dit DE Certeau en 1990. L’entretien laisse un degré de liberté et surtout d’initiative de la part du jeune et de l’éducateur.

Le rôle de l’éducateur dans la protection judiciaire de la jeunesse constitue le noyau de l’analyse car l’éducateur est parmi les mieux placé pour vivre avec les victimes. L’éducateur ressent les ressentis de ses protégés. Il est en mesure de voir et d’apprécier ce qu’il fait, ce qu’il veut, ce qu’il est capable de faire. Faut –il les laisser faire ? Faut-il se rapprocher d’eux ? Une surveillance et une distanciation suffisent peut être dans un cadre professionnel. Cependant, les liens d’affect sont les causalités d’une atmosphère ambiante. Mais sera-t-il possible d’avoir confiance en ces jeunes délinquants ?

Capacités pédagogiques de l’éducateur

Des compétences pédagogiques sont sollicitées à l’éducateur. Il lui faut savoir déterminer les méthodes de transmission des messages. Les méthodologies pédagogiques existent en nombre mais il appartient à l’éducateur de faire le choix le mieux approprié à chaque cas. De même, le choix des disciplines à transmettre dépend du public dans sa diversité. Ses capacités pédagogues lui attribuent les possibilités de réussir sa mission de réinsertion sociale du jeune sous protection judiciaire. En effet, plusieurs valeurs humaines et civiques sont à transmettre outre les autres valeurs techniques. L’éducateur doit maîtriser et déterminer les valeurs essentielles parmi tant d’autres, comme le respect, la non violence, la politesse, le sens du devoir.

Les compétences techniques

Les compétences techniques requises pour l’exercice du métier font références aux techniques d’entretiens en cas individuel et en cas collectif, dans une atmosphère ambiante qui exige capacité d’écoute de d’empathie. Toutefois, l’action éducative ne se limite pas à des transmissions des messages de nature instructive. L’éducateur fait face à une plage plus complexe devant l’hétérogénéité du public dont le degré de compréhension et d’interprétation varient d’un jeune à un autre.

En outre, l’éducateur doit être attentif aux écarts potentiels entre le sens de ce qu’il transmet et le sens de ce que les jeunes l’ont compris. D’où la nécessité de mettre en place un raisonnement éducatif bien étudié, une stratégie bien conçue afin de ne pas travestir les sens réhabilitateurs des messages. Dans cet ordre d’idée, le processus de cognition développé par l’éducateur ne peut réussir qu’aux dépends d’un système langagier à la portée du jeune. Une adaptation des connaissances et des savoirs d’ordre social, culturel, technique et professionnelle s’avère indispensable. Le travail éducatif nécessite un effort d’adéquation et d’arrangement pour une mesure relativement juste au niveau intellectuel du jeune sous protection judiciaire

Les fonctions de l’éducateur en protection judiciaire de la jeunesse

 

L’éducateur intervient en trois phases dans ses activités : la phase d’investigation, la phase d’ébergement, et la phase d’insertion.

 

La fonction d’investigation

 

La fonction d’investigation a pour but d’élucider les juges dans la prise de décision. Les investigations à faire se résument en trois parties :

 

– le recueil de renseignements socio-éducatifs : il s’agit d’assembler succinctement des informations servant de base à une proposition de schéma éducatif. Mais dans le cas échéant, des investigations supplémentaires seront demandées par le juge.

 

-l’enquête sociale : cette phase concerne la situation de la famille du point de vu matériel et moral.. L’éducateur s’informe sur les conditions de vie de l’enfant et du milieu où il est élevé. Il peut ainsi comprendre mieux la situation et préconiser des mesures.

-l’investigation à orientation éducative : Cette phase est plus délicate et décisive car c’est à ce moment que l’éducateur voit avec le psychologue et d’autre spécialiste les problèmes comportementaux du sujet.

 

L’étude de sa personnalité s’intègre parmi les points axes de l’analyse en vue de dresser un bilan médico-psychologique et de formuler des propositions de mesures éducatives qui peuvent prendre plusieurs formes :

 

-les actions en milieu ouvert

 

-la protection judiciaire des jeunes majeurs

 

-la liberté surveillée

 

-la mise sous protection judiciaire

 

-le réparation pénale

 

-le placement

 

Les actions en milieu ouvert : Cette formule éducative vise à laisser le mineur dans son cadre familial mais en apportant des mesures d’aide et de soutien pour son redressement social.

 

la protection judiciaire des jeunes majeurs : elle peut prendre deux formes, soit que le jeune est mis en milieu ouvert soit qu’il est admis dans les établissement dits d’hébergement.

 

La liberté surveillée :cette mesure tend à exercer des actions éducatives en maintenant le jeune sous surveillance mais il demeure en liberté.

 

2- les fonctions d’hébergement et particularité du placement.

 

Il s’agit de mettre le jeune dans un milieu différent de son foyer familial, compte tenu des risques prévisibles s’il reste avec sa famille. Plusieurs dispositifs concourent à cette mesure. Les milieux d’accueil peuvent ressortir du cadre public que du privé., sous forme individualisée ou collective.

Le placement consiste à définir un milieu approprié spécialisé dans l’accueil de jeunes délinquants :

 

– traditionnel collectif

 

– individualisé

 

– formule récente création de centres d’éducation et centre de placement immédiat

 

L’hébergement traditionnel collectif

 

ce sont les foyers d’action éducative ou FAE dont le nombre atteint plus 25000 unités en 1999, mais dont la capacité d’accueil reste faible étant donné qu’il ne peut accueillir qu’une douzaine de mineurs d’où la création des centres d’actions éducatives(CAE). Ce sont des structures plus importantes.

 

L’hébergement individualisé

 

Cette formule vise à placer le jeune en studio ou en famille d’accueil extérieure. Pour le placement en studio en hébergement individualisé, il y a eu 264 logements en 1999, et c’est la région parisienne qui recourt le plus souvent à cette formule. Le placement en famille a connu un succès car en 1999, 324 jeunes sont recueillis, ce nombre a augmenté de 26% depuis quatre ans. Le service de protection judiciaire la jeunesse estime meilleure cette solution. Toutefois certaines faiblesses de cette mesure sont relevées. Elles sont catégorisées en deux ordres :

 

-du point de vu de sélection

 

-du point de vu financier

 

Pour la sélection, en application des notes du 13 février 1986 par le service de la protection judiciaire de le jeunesse, les critères de choix de famille d’accueil sont flexibles sans indications particulières et se résout en ces termes : « le choix de la famille d’accueil doit répondre à des critères souples permettant de proposer à un jeune une famille correspondant à sa situation particulière ».

 

Pour les problèmes financiers, la note du 19 février 1998 alloue une indemnisation de l’ordre de 24.39 euros par jour à la famille d’accueil versé suivant des accords individuels. Les services exécutant ces placements et suivis en familles se composent de trois personnes :

 

-un conseiller spécial en éducation

 

-un éducateur

 

-une secrétaire vacataire

 

Toutefois, des difficultés résident dans l’application de la formule. Pour le cas des Hauts-de- Seine,les conventions passées avec les familles manquent de précision quant à leur droits et obligations. Les familles d’accueil très éparpillées impliquent des frais coûteux de déplacement pour les éducateurs. Les frais fixes à titre d’indemnité des famille s’élevant à 24.39 euros par jours ne suffisent pas obligeant le service de la protection judiciaire de la jeunesse à prendre en ses charges certaines dépenses particulières comme les frais scolaires, les frais occasionnées par les transports et les effets vestimentaires.

 

 

Le placement familial

 

Le dispositif légal attribue à une famille de recevoir en placement à titre éducatif un adolescent. Cette situation transitoire vise à donner au jeune bénéficiaire la possibilité de se développer en système ouvert. La famille d’accueil est considérée légalement comme des suppléant de parents donc elle a l’obligation. Par conséquent, il s’agit d’un instrument accompagnant intégré dans le système éducatif et dont l’objectif est de chercher le progrès social du jeune. Toutefois, la famille doit reconnaître et respecter l’origine familiale de cet adolescent par une distanciation. Elle lui donne l’occasion de rejoindre les siens au moment opportun et de se réinsérer dans la société. Quant au jeune protégé, il lui appartient de comprendre ce que le pouvoir public et la société lui réservent en lui faisant savoir le rôle et les fonctions de tous les intervenants. Le jeune protégé bénéficie de scolarisation, de soins,de formations diverses et des loisirs grâce a l’organisation de l’équipe de placement en famille.

 

Les nouvelles formules d’hébergement

 

Les caractéristiques de ce public évoluent au fil du temps. Ce qui exigent de la part des responsables et du pouvoir public de trouver des formules d’encadrement vers un cursus éducatif plus adapté. De nouvelles structures ont vu le jour notamment les (CER( Centre Educatif Renforcé et les (CPI)Centre de placement Immédiat pour faire face aux urgences.

Les CER sont destinés aux jeunes les plus difficiles.

Le rôle des éducateurs dans ces CER est une prise en charge éducative relativement individualisé où le jeune se voit en totale rupture avec son mode de vie.

Dans les CPI, les éducateurs préparent la réorientation du jeune vers une autre structure car le séjour en ces milieux est court.

 

Les fonctions d’insertion

 

La fonction d’insertion constitue le noyau de l’éducation en protection judiciaire de la jeunesse. Ce sont les activités éducatives réalisées par les éducateurs. Plusieurs structures dites de jours sont disponibles en publique ou en privé et en associations para administratives

Il s’agit d’atelier d’initiation, des ateliers de préformation professionnelle des espaces divers pour orientation éducationnelle. Le cadre juridique de ces centres n’apporte pas de précisions particulières quant au déroulement des insertions. Du point de vu social, les actions sont orientées vers l’éveil pour l’enseignement au niveau élémentaire. En outre, le développement de la personnalité du sujet fait parti des actions éducatives.

 

Le foyer éducatif le Resto concrétise la mise en place d’établissement d’accueil de ce public en protection judiciaire de la jeunesse,comme pole d’accompagnement pour actions éducatives renforcées en milieu naturel. Le Resto dispose d’une structure d’internat individuel et collectif pour héberger des jeunes dans le cadre de la protection judiciaire de la jeunesse au titre de l’agrément du conseil régional. Il accueille des jeunes dont l’age ne dépasse pas les vingt et un ans. Le Resto œuvre pour le prévention et la protection des jeunes et s’est fixé comme objectif et mission :

 

-la promotion des mineurs en sa protection avec l’aide et la collaboration de leurs familles.

 

-l’ exercice des actions éducatives en respectant la loi en vigueur.

 

-Le développement de la personnalité à travers des actions éducatives et des dispositifs d’actions sociales

 

– la compréhension des valeurs fondamentales humaines comme la dignité humaine l’autonomie, la citoyenneté

 

– la réinsertion dans la société des mineurs en sa protection.

 

Les actions éducatives au sein de l’établissement Le Resto

 

L’équipe éducateur de l’établissement se compose entre autres de spécialistes dont, éducateur, psychologue, éducateur scolaire. Le soutien scolaire s’inscrit parmi les activités primordiales du centre. Il accompagne les jeunes dans des projets d’ordre professionnel. Toutefois, des actions et projet personnel du sujet sont orientés vers la socialisation. Le Resto établit par ailleurs les liens familiaux du jeunes pour qu’il ne se sente pas déraciné.

 

Les contributions de l’éducateur au sein de l’établissement

 

L’éducateur assiste à l’intégration du jeune dans son projet et à l’aider à résoudre les difficultés s’y rapportant. L’éducateur accompagne le jeune dans l’organisation et la gestion financière et matérielle dans la réalisation du projet. Il est donc tout au long de la journée auprès du jeune, à suivre ses activités et à lui donner assistance. Cette proximité exige de sa part les qualités techniques et humaines requises dans l’exercice du métier. En effet, pour motiver et pousser le jeune à réaliser le projet, l’éducateur doit appliquer le sens de la communication verbale et non verbale. Va-t-il le gronder au moindre erreur ?

 

Un accompagnement personnalisé privilégie une relation d’empathie pour favoriser les échanges. Un lien proche de la complicité noue l’éducateur à son sujet protégé afin que ce dernier l’écoute et suit ses directives. Toutefois, une distanciation mal estimée risque de gâcher la dynamique du projet et le sujet réalisera mal son soi. Ce qu’il ne faut pas oublier, c’est que la réussite de l’éduqué vaut réussite de l’éducateur mais aussi celle de l’établissement.

 

Le psychologue assure le soutien moral et psychologique du jeune. Des évaluations régulières se font par entretiens individuels avec le jeune pour connaître l’évolution de son projet et surtout pour connaître le niveau de socialisation acquise dans le temps.

Section 2 Les jeunes sujets de la protection judiciaire

Le public bénéficiaire de la protection judiciaire de la jeunesse est difficile à définir. Il faut une approche du point de vue sociale et économique pour essayer de les connaître. Les éducateurs s’adressent à des « jeunes précaires et des quartiers de relégation ». Ce sont des jeunes bannis de la société pour des raisons diverses. A défaut de définition exacte de ce public dit sous protection judiciaire, il faut se référer à leurs caractéristiques comportementaux.

 

Caractéristiques des jeunes sous protection judiciaire

 

Suite au phénomène sociologique et non moins massif de recul temporel d’intégration à la vie active, rendu complexe par la précocité de « vie en couple à l’essai », le loisir devient le centre de préoccupation de ces jeunes. Ils sont sans activités rémunératrices. Ils ne sont pas à l’école malgré leur âge. Ils n’ont pas de ressources financières ou tout au plus ils exercent des activités jugées par eux- mêmes dégradantes. Plusieurs appellations défilent devant la réalité sociale Les enfants des rues, les populations des zones périphériques d’habitat mixte, les jeunes de la classes populaires, les jeunes issus de l’immigration les jeunes des quartiers de relégation, le barbare.

 

Cette intervention ciblera alors des jeunes, d’un âge variable allant de 18 à 21 ans. Vu cette intervalle, les jeunes peuvent être des mineurs ou des majeurs. Les textes qui régissent ces interventions concernent les ordonnances sur l’enfance en danger ou sur les enfants délinquants. Le décret régissant la protection des jeunes majeurs est aussi évoqué dans le cas des jeunes dont l’âge excède 18 ans. La compétence de diverses personnes concourt à la réussite des intervention pour la protection de la jeunesse. La mesure politique en France impose le recours à la compétence des juges des enfants ou des substituts afin d’avoir le maximum de bien-être et une vue objective possible en faveur des jeunes

 

Leurs implications sociales sont manifestement l’incivilité dont, l’apparition de groupes agressifs et impolis,les odeurs nauséabondes de toute part,les ordures jetées partout,les bruits assourdissants et les stigmates de toute sorte sur les murs. Des quartiers qualifiés de sensibles se forment en montrant leur rejet des institutions en place. Les médiations n’ont pas réussi à arranger les conflits de l’entourage, les tapages diurnes et nocturnes, et surtout les violences et détresses semées aux personnes relativement isolées. Et cela fait appel à l’intervention des autorités responsables faisant ainsi le nombre considérable de cas remis aux soins de la justice

 

La théorie de la vitre cassée

 

. Philip Zimbardo a bien vu quand il parla de «La théorie de la vitre cassée en 1969 ». Cette théorie cherche à déterminer les problèmes des villes et des quartiers de la banlieues en se servant de deux voitures sans plaques laissées intentionnellement en deux lieux différents. Celle placée en lieu chic a attendu une semaine pour recevoir le premier coup d’agression. Tandis que la seconde mise en quartier banlieue est assaillie au bout de dix minutes puis rendue en pièces 24 heures après. C’est « le phénomène de banlieue ». Il concerne près de 1200 quartiers où les problèmes ci-dessus énoncés persistent et s’amplifient en violence.

 

Catégorisation types des jeune en protection judiciaire

 

En effet, il existe plusieurs catégories de jeunes précaires :

-les jeunes précaires de la cité

 

-Les jeunes majeurs

 

-Les jeunes en danger

 

-les vagabonds

 

-Les mineurs délinquants

L’Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (INSRM) catégorise la délinquance parmi les maladies comportementalistes caractérisés par des troubles de conduites. L’approche sociologique les voit comme des enfants en dérive, des vagabonds mal éduqués. Au point de vue juridique, ce sont des enfants de moins de treize ans qui ne sont pas en âge de subir une condamnation, selon la loi en vigueur.

 

Connaissances quantitatives des jeunes en protection judiciaire

 

Si au cours de l’année 2000 environs 834000 personnes furent dénombrées par les services de la gendarmerie et de la police. ( 21%) vingt et un pour cent soit de l’ordre de 152000 sont tous des mineurs. Alors qu’en 1980 il y en a eu environs (15%) quinze pour cent. L’accroissement considérable alerte les autorités. L’administration n’a pas laissé les choses passer mais des dispositions furent entreprises. Ce nombre de mineurs est de (17.7.%)Dix sept point sept pour cent en 1994, puis il y a eu baisse tendancielle jusqu’à (2.9%) deux point neuf pour cent en 1999.

 

La délinquance juvénile est un phénomène sociale malheureux dont la gravité est énorme quant à son nombre. Les délinquants ayant commis des crimes et des délits au sens judiciaire des termes, passent de 1675000 environs en 1972 à 3.881000 environs en 1993. Elle prend son origine dans les crises sociales. Les manifestations de la délinquance sont multiples. L’inactivité, le manque de loisirs éducatifs, l’alcool, la drogue, l’argent facile,le vols, brefs toute sorte de délits répréhensibles.

 

Le niveau de scolarisation de jeunes sous protection judiciaire

 

Ces jeunes se différencient de leurs semblables par le niveau de scolarisation presque nul. En effet, 19% d’entre eux ne sont plus scolarisés malgré leur age maximum de 16 ans.

 

Tranches d’age Taux de non scolarisation
Inférieur à 16 ans 19%
Entre 16 ans et 17 ans 55%
Entre 18 ans et 21 ans 81%
autres 5% à 12%

 

Tableau inspiré des taux présentés dans le rapport au président de la république en 2003 sur la protection judiciaire de la jeunesse. Cour des comptes.

 

De plus, il faut noter les violences et agressivités sur les autres ou sur leur propre personne.

 

Caractéristiques considérées Taux en milieu délinquant Taux en milieu normal
garçon fille garçon fille
Une ou plusieurs tentatives de suicide 12% 49% 5% 8%
Violence sexuelle 5% 34% 2% 6%
Contraception non maîtrisée   21%   Non chiffré

 

Tableau inspiré des taux présentés dans le rapport au président de la république en 2003 sur la protection judiciaire de la jeunesse. Cour des comptes.

 

Le psychologue en Protection Judiciaire de la Jeunesse

 

Pertinence de l’intervention du psychologue

 

La protection judiciaire de la jeunesse fait intervenir des spécialistes comme le psychologue car il s’agit d’un cadre où les troubles psychologiques et psycho comportementaux du sujet prééminent

Il participe à l’évaluation préalable de la condition du jeune, à travers des entretiens avec le jeune puis avec l’éducateur recommandé.

  • l concourt au travail d’équipe pour la réflexion et les réunions d’évaluation pour produire des travaux de synthèse orienté vers les activités pédagogiques à entreprendre.
  • Il suit les dispositifs de soins particuliers du jeune étant donné que ce dernier est une personne vulnérable.

– il soutient l’éducateur dans les problèmes enclins au domaine de la psychologie dans les relations avec le jeune.

 

 

Les psychologues ont participé à la protection judiciaire de la jeunesse depuis plus de soixante ans. Leur rôle a subi plusieurs mutation et parvient à un travail plus clinique actuellement. Ils ont commencé, en effet, par des triages, des évaluations. Plus tard, les jeunes victimes sont désignés par leur soin de « mineurs sujet » au détriment de « l’objet d’un traitement judiciaire ». Ce qui a eu pour conséquence d’attribuer aux psychologue, une fonction plus spécifiée au sein du dispositif de protection judiciaire de la jeunesse.

 

Cette fonction vise alors à considérer les mineurs sujets dans un espace dit clinique pour le diagnostic de son psychique. Toutefois, les psychologues exercent leur métier en tenant compte des contraintes judiciaires et de l’éthique, en toute humilité en ces termes « nous sommes là pour le juge et pour le jeune » «le nouage de la clinique et du judiciaire n’est pertinent qu’à offrir à celui qui sans le juge, n’aurait jamais consulté, la possibilité de rencontrer sur son parcours un autre qui l’écoute » (D. Epstein in Cahier Dynamique, n°27, juillet 2003) ».

 

Dans cet ordre d’idée, ils se sentent en devoir de discuter avec tous les sujets quelque soit leur cas, en hébergement en milieu ouvert, pénal, civil. Leur intervention peut être sollicité soit par la juridiction et ses auxiliaires soit par la famille du sujet.

 

Les phases d’intervention du psychologue

 

Le psychologue intervient sur les orientations du jeune. Sa responsabilité se décline en plusieurs domaines qui impliquent son intervention :

 

La phase de diagnostic

 

Le psychologue cherche à élucider les relations de causalités des agissements du sujet. Il évoque les problèmes personnels et familiaux présumés sources des violences, transgressions diverses, civiles ou pénales. De même, il analyse les échecs répétitifs délaissant le sujet dans un état de déception profonde et d’impasses et le poussant à agir sans contrôle. Ce qui implique d’ores et déjà, à partir de ces liens transférentiels, de préconiser, une orientation des activités éducatives adaptées à ce sujet. Cette phase clinique de diagnostic tâche de créer un atmosphère de sécurité et d’empathie aux yeux du sujet et de sa famille vers un effort actif participatif de résolution des difficultés.

 

Mais l’intervention de psychologue demande un temps relativement long pour établir des confrontations des dire du sujets avec son comportement social et personnel. Il tient compte du désarroi du sujet et l’évolution de son état dans le temps, ce qui rend complexe et délicat la prise en charge éducationnelle.

 

Le psychologue participe ainsi :

 

-à la définition des stratégies et l’ espace d’accueil au sujet appropriées pour son accompagnement éducatif.

 

-à tenir la place « d’une personne de référence » et de conseil pour affronter les problèmes comportementaux déclinés des souffrances de nature psychique du sujet.

 

La phase éducative

 

Le psychologue se distingue par le fait qu’il comprend le sujet mieux que les autres acteurs éducatifs en protection judiciaire de la jeunesse. Il est donc appelé à suivre de près les activités éducatives dans un but de limiter les dérives et d’optimiser les interventions. Il peut dans ces conditions, apporter des rectifications ou des améliorations compte tenu de l’évolution social du sujet.

Le psychologue contribue largement aux modalités retenues dans la pratique éducationnelle, en se basant sur ses expériences professionnelles, et ses formations, en collaboration avec toute l’équipe institutionnalisée à travers des échanges et des informations.

 

Section 3 Le pouvoir public

Un contexte paradoxal

Faut-il à l’Etat de relayer les parents dans leur fonction parentale ? La protection de leurs enfants s’inclut dans les nobles responsabilités des parents. Mais l’invraisemblance autorité parent / autorité administrative a mis la France en position paradoxale. Devant l’énormité des problèmes de délinquance, le pouvoir judiciaire et administrative n’est pas resté inactif. Depuis plusieurs décennies, l’Etat français n’a arrêté de prendre des mesures punitives et éducatives en vue de réinsérer les sujets définis dans les paragraphes précédentes dans la voie sociale normale. Mais malgré tout, ce fléau social persiste toujours. Les modes d’interventions sont –t-elles inefficaces ?

De la protection administrative à la protection judiciaire

Le département de la protection administrative a vu ses fonctions alourdies suite à la loi de la décentralisation de 1983. Quand les parents affrontent difficilement les problèmes relatifs à l’éducations de leur progéniture jusqu’ à risquer l’équilibre psychologique de celui-ci,ils ont la possibilité de recourir à l’administration. La France n’ pas hésité à apporter des aides et assistance à leur compatriotes par des services départementaux préposés au social. Ainsi, furent mises en place des dispositifs d’aide matérielle ou financière, des aides et appui sue l’éducatif à domicile par des professionnels et même des structures d’accueil et de prise en charge physique mère/enfant sous l’accord parental.

Toutefois, quand l’administration trouve le cas plus grave et même dangereux au sens de l’article 375 du code civil sans que les parents ne fassent aucune intervention pour y remédier,le pouvoir public recourt au judiciaire pour régler les problèmes. Ce qui fait appel au juge des enfants pour leur compétence spécifique en vue d’une assistance en matière d’éducation. Mais la loi du 5 mars 2007souligne « le principe de subsidiarité de l’intervention judiciaire »Le magistrat doit ainsi coopérer avec les parents pour découvrir les mesures les plus adaptées, et les plus conformes aux besoins du sujets, sans négliger l’autorité parentale.
 Toutefois, en cas de force majeure et que sa protection l’oblige, il est exigé de trouver une famille d’accueil soit un proche parent,soit chez une tierce personne en qui l’on peut avoir confiance, soit en milieu collectif comme foyer ou autres structures. Il faut reconnaître que l’état alloue un budget considérable pour ces actions de protection de l’enfance et de la protection judiciaire de la jeunesse.

Cependant si la situation demeure conflictuelle, le recours aux procédures judiciaires s’impose dans le but de mettre en place des mesures éducatives à l’intention du sujet. Si le juge des enfants instruit un acte relatif à la délinquance du mineur, il y a lieu de transférer l’action judiciaire en pénal. La complication familiale manifestée par l’insuffisance de surveillance des enfants mineurs ou l’inexistence relative de l’autorité des parents fait appel à l’assistance éducative en milieu d’accueil. Mais si les cas délictueux se réitèrent, le placement en milieu renforcé ou en milieu fermé s’impose.

Toutefois il faut le reconnaître qu’en application des principes sur les conventions internationales se rapportant au droit de l’enfance, le pouvoir public fait tout pour que le mineur vive avec son père et sa mère au sein d’un foyer naturel.

 

Plusieurs textes émis rappellent les principes:

 

« L’enfant ne peut, sans permission des père et mère, quitter la maison familiale (art. 371-3 du Code civil) » ;

 

« L’enfant ne peut être retiré de la maison que dans les cas de nécessité

que détermine la loi » ;

 

 le juge des enfants doit « chaque fois qu’il est possible maintenir le mineur dans son milieu actuel » (article 375-2 du Code civil).

 

 

Quelques principes de la Résolution 44/25 du 20 novembre 1989 sur le droit des enfants

 

Les Nations Unis cherchent le développement harmonieux de l’enfant dans un cadre familial, où l’amour, la compréhension et la joie règne. Elles suggèrent d’élever les enfants dans la dignité la liberté et la tolérance pour le préparer à la vie sociale. Ils trouvent indispensable que soit institué une structure spéciale visant la protection des enfants dans la déclaration de Genève de 1924 et des déclarations des droits de l’enfant du 20 novembre 1959. Elles proclament la pertinence des institutions oeuvrant pour le bien être de l’enfant.

 

En bref «l’enfant, en raison de son manque de maturité physique et intellectuelle, a besoin d’une protection spéciale et de soins spéciaux, notamment d’une protection juridique appropriée, avant comme après la naissance»,

 

La France en tant que membre ayant adhéré et signé la convention se doit de la respecter. En application des articles de la convention,doit garantir comme prévu à l’enfant sans distinction d’ordre physique, morale, matériel social, spirituel, ou politique, le respect de ses droits et notamment son droit à la protection contre toute forme de préjudice et de discrimination pouvant détruire son équilibre. Ainsi, les décisions publiques ou privées se rapportant aux enfants doivent être élaborée dans l’intérêt supérieur de ce dernier.

 

Les actions de l’Etat en faveur de l’éducation de la jeunesse judiciaire

 

Cette partie d’étude met en relief les réactions concrètes du pouvoir public pour parfaire l’éducation de ces sujets délinquants. Il s’agit principalement des organisations et de la mise en place de formation d’éducateurs avec les moyens physiques et financières nécessités.

 

Les structures évolutives de la protection judiciaire de la jeunesse

 

Depuis les années 1990, à sa naissance même, la protection judiciaire de la jeunesse ne se limite pas au central mais elle dispose de structure décentralisée à travers le territoire.

 

L’organisation centrale initiale

 

L’organisation administrative de la protection judiciaire de la jeunesse a vu le jour en septembre 1990. Cette direction centrale se divise en trois sous directions dont :

– la sous direction des actions éducatives et des affaires sociales

– la sous direction des affaires administratives et financières

-une inspection des services.

La direction fonctionne grâce au service rendu par 164 agents en septembre de l’année 2000

avec 50 CPI et 100 CER. Cependant, les données statistiques demeurent incomplètes et il est encore difficile de se fixer sur le nombre exact de jeunes en problèmes. Les éléments approximatifs théoriques sur les capacités des centre d’accueil ne permettent pas de bien maîtriser la situation. Les données s’appliquent-elles au nombre de place ou aux présence s effectives de jeunes en place ? Toutefois, la mise en service du logiciel GAME a apporté plus de lumière sur le problème. Cette amélioration,en 2001, a aidé les responsables à avoir une idée relativement fiable des capacités des milieux ouverts à accueillir les jeunes à protéger. Mais il reste toujours à faire Tel est le cas du CAE de Paris chez Fontaine au roi où il existe 46 places selon l’arrêté du 10 mars 1999. Les traitements informatique par le logiciel Game a donné d’autres informations car le centre accueille effectivement 70 protégés. Il en est de même des activités de jour, pré-professionalisantes ou activités de scolarisation. Il existe en outre les actions éducatives ne relevant pas d’une décision judiciaire.

 

L’organisation territoriale initiale

 

Si depuis l’année 1976, les services territoriaux s’affairaient sur l’éducation surveillée, la création de la direction de la protection judiciaire de la jeunesse de 1990 n’a rien changé en ce qui concerne le contexte juridique. L’application de la déconcentration a impliqué l’instauration de 15 directions régionales et 100 directions départementales.

 

Les structures infra départementales initiales

A ce stade, la protection judiciaire de la jeunesse travaille dans le cadre de (375) trois cent soixante quinze structures publiques, à travers (526) cinq cent vingt six lieux de travail qui sont au sein des communes au nombre de (305) trois cent cinq. De telle organisation vise à exercer les prises en charges en milieu individualisé correspondant au profil personnel du sujet. Toutefois l’effectif du personnel n’arrive pas à couvrir les structures,ce qui les rend fragiles coûteux et peu rentables.

 

Les dispositifs de formations d’éducateurs depuis l’origine

 

La première promotion d’éducateur fait les études à Vaucresson en 1953.puis il y a eu des transformations successives en passant par l’Ecole Nationale de Formation de Personnel De l’Education Surveillée de Savigny-sur-Orge, par les centres Nationales de Formations et d’Etudes ()CNFE). Le souci de renforcement de personnel prime et es recrutements furent poursuivis et en 2000, le nombre d’antennes atteint onze unités régionales. Actuellement, l’accès à ces centres de formations spécialisées sont soumis à des sélections plus strictes et exigent des niveaux d’études universitaires.

 

Les moyens mis à la disposition de la protection judiciaire de la jeunesse

 

Ce sont des moyens financiers de plus en plus étoffés et des moyens humains de plus en plus renforcés. Effectivement,si l’effectif total toute catégorie confondue s’élevait à 1290 en 1997, il atteint en 2002 un total d’emplois de 7432 au cours de l’année 2002.De même la valeur budgétaire allouée à la protection judiciaire de la jeunesse a connu une hausse de 48% de 1996 à 2001 sans prendre en compte les charges de personnel.

 

 

La nouvelle organisation actuelle

 

Heureusement que les améliorations continuent pour de meilleurs résultats. Dans cet ordre d’idée de nouvelles structures furent mises en place en vertu du décret portant le numéros 2008-689 en date du 9 juillet 2008 en lui attribuant plus de latitude et de moyens ;

« La direction de la protection judiciaire de la jeunesse est chargée, dans le cadre de la compétence du ministère de la Justice, de l’ensemble des questions intéressant la justice des mineurs et de la concertation entre les institutions intervenant à ce titre « . Le champ d’action de la DPJJ s’étend donc de la conception des normes et des cadres d’organisation, à la mise en œuvre et à la vérification de la qualité de ces mises en œuvre. Le décret 2008-689 reconnaît également les missions « support » de la direction : politique et gestion des ressources humaines, politique de formation, pilotage opérationnel et budgétaire »

 

 

Et outre les dispositifs organisationnels et les moyens financiers et humains d’accompagnement, le pouvoir public s’efforce d’améliorer la protection des jeunes en problèmes par les textes réglementaires.

 

 

 

 

 

 

 

L’organigramme se présente ainsi :

Direction de projet « Organisation territoriale / Projet stratégique national »
Direction de projet « Audit »
Inspection des services de protection judiciaire de la jeunesse
Service de la communication et des relations extérieures
Sous-direction des missions de protection judiciaire et d’éducation (SDK)

Bureau de la législation et des affaires juridiques (K1)

Bureau des méthodes et de l’action éducative (K2)

Bureau des partenaires institutionnels et des territoires (K3)

Mission d’audit central et d’évaluation

Sous-direction du pilotage et de l’optimisation des moyens (SDL)

Bureau de l’allocation des moyens (L1)

Bureau du patrimoine (L2)

Bureau des systèmes d’information (L3)

Bureau du contrôle de gestion (L4)

Sous-direction des ressources humaines et des relations sociales (SDRHRS)

Bureau du recrutement et de la formation (RH1)

Bureau de la gestion prévisionnelle des effectifs, des emplois et des compétences (RH2)

Bureau des relations sociales et des statuts (RH3)

Bureau des carrières et du développement professionnel (RH4)

Mission de suivi personnalisé des carrières de l’encadrement

 

Tableau de la direction de la protection judiciaire de la jeunesse d’organigramme

 

 

 

Partie II Le comportement pédagogique et les impacts de l’affect

 

Cette partie focalisera sur l’évolution des attitudes et comportements des éducateurs dans le temps.

 

Chapitre 1 le comportement traditionnel/pédagogie moderne

 

Il y a lieu de rappeler dans un premier temps les structures d’accueil des sujets protégés où les éducateurs exécutent leur fonctions pour pouvoir analyser leurs attitudes dans l’exercice du métiers et comment ils résolvent les problèmes sur terrains

 

Section 1 le comportement traditionnel éducationnel envers les jeunes délinquants

 

Le comportement traditionnel des éducateurs en protection judiciaire de la jeunesse évoque une historique de traitement des jeunes délinquants. La prise en charge implique beaucoup de changements et innovations successives dans la recherche de la meilleur solution, parfois l’éducatif l’emporte, parfois le répressif domine.

Dans les années 1815 à 1830 La Restauration a préconiser d’enfermer ces malheureux en prisons de la Roquette. Ce sont des établissements pénitentiaires de Paris (11ème) onzième.

 

Plus tard, en l’année 1945, des dispositifs juridiques a mis l’accent sur l’éducatif mais en considérant la peine comme action éducative. Toutefois, la mise en place de l’éducation surveillée en de nouvelles structures, rabat le traitement des mineurs au niveau d’une prison cruelle. L’éducation se base sur des coups et méchancetés comme l’auteur la qualifie de « pédagogie frappante où tout était pour détruire un enfant ». Cependant, les choses évoluent dans le temps pour donner place en soixante dix(70) aux « centres d’observations fermés ».

 

Puis en (80)quatre vingt fut la création de l’AEMO- Action Educative en Milieu Ouvert. Cette mesure est passée à la mode et fait intervenir une approche élargie bénéficiant de l’intervention de plusieurs acteurs comme les psychologues, éducateurs, autres comme il est expliqué plus haut dans les paragraphes des différents acteurs en protection judiciaire de la jeunesse.

 

D’autres améliorations apparaissent en l’année 1993 par les contrats locaux de sécurité (CLS). Ces dispositions requièrent une collaboration de plusieurs services comme les institutions éducatives, la justice, la municipalité et même les agents de sécurité notamment la police. Puis ce fut l’ouverture de nouvelles structures comme les Centres Educatifs Renforcés, et les Centres Educatifs Fermés et même des cases prisons d’incarcération pour les récalcitrants. Les intervenants en actions d’éducation aident les jeunes victimes à se reconvertir en milieu social normal à travers des jeux sportives de groupes ou des travaux en chantier humanitaire.

 

Des règlements régissent ces centres et tout cas de manquement à ces disciplines est susceptible d’incarcération ou d’emprisonnement, une façon de résoudre par des mesures pénales les problèmes sociaux. L’attitude principale de l’éducateur est ainsi de se faire obéir par le sujet délinquant. Cette idéologie se décline en une responsabilisation de mineurs donc à le voir comme un adulte. Ce qui constitue d’avance une dérivation de la réalité.

 

Les actions éducatives pratiquées

 

Les conditions de détentions sont assez pénibles en matière d’éducation. l’Etablissement pénitentiaire pour Mineurs(EPM) de Quiévrechain abritent en ses débuts des jeunes de (13)treize ans à (18) dix huit ans dans des cellules personnelles. Des activités éducatives y sont exercées se résumant ainsi pour la semaine sous la conduite de surveillant et d’éducateur:

 

  • 20heures pour la scolarisation

 

  • 20 heures pour le sport
  • 20heures pour des activités artistiques

 

Jean-Jacques Yvorel l’a bien dit en ces termes « La prison est structurellement un lieu où l’on ne fait ce qui est dit sur le papier ». de son coté, Laurent Mucchielli « Il est dit depuis dix ans que le pays souffre d’une explosion de la délinquance des mineurs. Or, si augmentation il y a, ce n’est pas pour des faits graves justifiant une incarcération. Il s’agit surtout d’une augmentation du nombre de gamins à qui l’on fait un rappel à la loi ».

Par ailleurs les conditions éducatives sont difficiles du fait de l’étroitesse des lieux 420 places pour 730 sujets sans qu’il y ait de distinction entre les filles et les garçons sauf la nuit. Les sujets sont éloignés de leurs familles d’origines et les liens familiaux sont radicalement coupés.

Les conséquences comportementales des mineurs sujets de détention.

 

Si les actions éducatives envers les mineurs sous protection judicaire visaient à leur réinsertion en milieu social et professionnel, les résultats semblent présenter le contraire. Le taux de récidive s’élèvent à (60%) soixante pour cent pour les mineurs sortant de prison. Si la société espère une amélioration de leur comportement, elle se voit face à une jeunesse malheureuse récidivante et sacrifiée. Cela se traduit par des échecs d’éducation pour ces méthodes traditionnelles pleines d’incompréhension et de méchanceté.

 

 

L’évolution du comportement des éducateurs en protection judiciaire de la jeunesse

 

Michel exerce le métier d’éducateur à Lille au sein d’un Centre Educatif et d’Insertion. Il s’occupe de cinq sujets déscolarisés et ne dépassant pas les seize ans. Son rôle éducatif se limite à une préparation de ces jeunes à l’apprentissage ou à la formation. En tant que praticien, il n’a pas manqué d’apporter ses impressions sur la protection judiciaire de la jeunesse. Michel est adhéré au syndicat National des personnels de l’éducation surveillée de la protection judiciaire de la jeunesse.

 Témoignage de Michel

Michel qualifie de retour en arrière les mesures entreprises « Aujourd’hui, c’est un retour en arrière avec de vieilles recettes qui ne marchaient pas qu’on nous présente comme des idées nouvelle ».

Les (EPM) établissements pénitentiaire des mineurs sont des prisons modernes avec des cellules personnelles dotées de confort. Mais malgré tout, ils restent des prisons. Or,selon le témoignage de Michel, « la vie ne s’apprend pas en prison ». Il appartient aux éducateurs de les contraindre à se conformer aux disciplines internes, sans arriver à résoudre leur problème initial.

Michel confirme l’exercice d’activités éducatives durant la semaine aux horaires prévus mais les sujets manifestent des non intéressements. Malgré l’existence des éducateur la loi du plus fort règne en milieu fermé. Michel est sceptique quant à la réussite de EPM. Pour lui,les sujets n’ont pas choisi d’être en situation de victime mais ils le sont pour des raisons indépendantes de leur volonté. Le gouvernement trouve adéquat de les enfermer pour limiter les dégâts. Cependant, le placement en milieu ouvert convient mieux selon lui car l’éducateur y jouit d’une plus grande initiative. Il peut faire des propositions éducationnelles au regard des magistrats car il est conscient du cas individuel de chaque sujet. En milieu fermé, il est presque impossible de suivre individuellement le sujet Mais en milieu ouvert, l’éducateur peut faire mieux.

Michel reconnaît les limites de l’intervention éducative en tant que science non exacte. Mais il trouve pertinente l’accompagnement éducatif de la victime à titre d’aide et d’assistance et il rejette les actions répressives à l’encontre de ces sujets. Michel évoque la réticence des éducateurs de formation en protection judiciaire de la jeunesse à travailler en milieu fermé, au vu des limitations des actions éducatives possibles et déplore l’objectif d’enfermement. Son syndicat d’appartenance souhaite même l’arrêt des actions éducatives en EPM car c’est illusoire.

Témoignage de l’institutrice d’Emilie

Si Michel préconise que le milieu ouvert est une meilleur solution, l’institutrice d’Emilie y trouve des inconvénients. C’est une jeune fille placée en famille dans le cadre d’un protection judiciaire de la jeunesse. Elle suit des activités scolarisantes auprès d’ une institutrice. Elle exprime à travers des stupidités ses besoins d’être comprise par la maîtresse. Se référant alors à l’éducatrice assistant, l’institutrice est prise au dépourvue car elle ne s’attend pas aux réactions maltraitant de cette dernière qui n’a pas hésité de dire du mal de l’enfant et de la gifler, « l ’accusant même de menteuse, voleuse,bonne à rien ». Cependant l’incident s’est retourné contre l’institutrice, car devant les responsables Emilie n’ont pas osé dire ses problèmes. C’est une enfants carencée et la soif d’amour se décline en acte agressive. Mais elle s’est renfermée aux menaces de l’éducateur qui soutient son équipe.

Si Michèle prévoit l’espace ouvert comme susceptible de tisser avec l’éduqué des liens affectifs et pouvant réduire la distanciation, l’institutrice d’Emilie y voit des cas de frustrations et de maltraitance inattendue. Certaines familles d’accueil n’arrivent pas à accompagner socialement la victime. Les actions éducatives tant attendus se résolvent en actions de méchanceté de rigidité, de coup, méchanceté,de dureté dans un rapport de rapport dominant/ dominé

 

Section 2 la pédagogie moderne : gagnant gagnant

 

Cette pédagogie moderne cherche à établir un atmosphère de satisfaction réciproque dans les démarches éducatives. Elle se veut de laisser l’éducateur de travailler avec des atouts maximum de courage, en toute sérénité , pour lui permettre d’achever les activités éducatives.

De même, l’éduqué y trouve le profit maximum d’éducation ans un milieu de confiance

 

L’accompagnement éducatif

 

L’accompagnement éducatif fait référence à la distanciation ou à la proximité. Il évoque aussi les divers moments vécus ensemble par le protégé et son éducateur. Ces séquences de vie partagées entre les deux acteurs instaure entre eux des liens plus subjectifs qu’objectifs. Ces moments offrent au protégé l’opportunité de découvrir une occasion identitaire et de vivre différemment en dehors des habitudes qui lui sont imposées.

 

Le rapprochement les deux acteurs joue un rôle dans les ressentis réciproques en plus des messages éducatifs. En tant que vecteur relationnel, le rapprochement extériorise l’affect et surtout la capacité d’empathie de l’éducateur envers son protégé. Il y a donc lieu de comprendre les réactions du protégé à travers ses paroles et ses agissements par rapport aux activités éducatives. Est-il possible d’accompagner quelques gestes à la paroles ?

Si traditionnellement, la place de l’éducateur est diamétralement opposé à celle de l’éduqué, l’approche moderne trouve une facilitation de transmission de savoir dans une atmosphère plus conviviale. Une chose que l’éducateur ne doit jamais oublier, c’est que le jeune en protection judiciaire est de nature difficile,agressif et parfois incompréhensible dans ses actes.

 

Cela exige de sa part une attention particulière à ce qu’il dit car toute parole doit être exacte et ferme. Que l’éducateur doit prévoir les réactions du jeune en évaluant le plus précisément possible le contexte. En effet il appartient à l’éducateur de connaître les limites intellectuelles de perceptions de son protégé dans le choix des mots qu’il utilise.

La valeur de des messages éducatives constitue un engagement de l’éducateur et de toutes ses équipes et suppose le non relâchement du jeune plus tard en cas de problèmes. Il s’agit dune parole engagée, servant la fonction de soutien et d’assistance continue. La communication verbale ouvre la voie vers une distanciation relative. Les engagements verbaux doivent être suivis d’actes effectifs pour éviter toute tromperie de la part de l’éducateur. Cela témoigne de sa fermeté et de sa fidélité ce qui aide le jeune protégé à lui faire plus de confiance.

 

 

L’accompagnement éducatif sollicite à l’éducateur beaucoup de patience car l’espace temps importe important dans sa fonction. Selon Héraclite d’Ephèse, « un homme ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve, car la seconde fois ce n’est plus la même fleuve ni 

le même homme ». Effectivement, entre temps, l’homme a vécu d’expériences nouvelles qui le différencient de son états précédent. De même le fleuve a subi des changements jusqu’au retour du baigneur. Dans cet ordre d’idées, l’approche éducative inscrit dans sa démarche la notion évolutive d’état de l’éduqué dans le temps. Plusieurs facteurs interviennent pour innover l’espace éducatif à travers le temps chronologique, la durée, ou à l’échéance.

 

Le temps partagé

 

Le travail éducatif crée un espace de rencontre entre l’éducateur et le jeune sous protection judiciaire. Vivre ensemble vers l’objectif commun d’éducation, implique des contacts relativement permanents qui tendent à changer les rapports. Il est impossible de rester hostile mais les deux acteurs sont obligés de se rapprocher en instaurant un climat gratifiant. Le jeune jouit ainsi des actions éducatives et des expériences sociales avec son éducateur. Le travail éducatif devient un moment de partage et de plaisir conjoint dans un espace de proximité. Dans ces conditions, la distance se réduit d’elle-même en laissant plus de liberté d’action et d’expression au jeune. Toutefois, il faut réfléchir sur cette distanciation. Ce partage offre au jeune protégé l’occasion de faire une rétrospection, d’établir des liens sur son histoire personnelle passée et sur un investissement de son futur. Effectivement, les différences entre ce qu’il a vécu et ce qu’il vit crée en lui de nouvelles idées qui le poussent à se rattacher à l’éducateur.

 

Cependant, une réaction plus destructive serait la prise de conscience de jeune qu’il est mauvais face aux travail éducatif. Qu’il ne mérite pas que l’éducateur s’occupe de lui. C’est une phase de crise démotivante e dangereuse qui risque de faire crouler ce qui est construit.

Au cas échéant, l’éducateur doit s’apprêter à tout surtout au pire et faire appel à la communication verbale et non verbale pour redresser les choses.

 

L’espace comme milieu d’éducation

L’espace matérialise la distanciation de façon concrète en éloignement ou en proximité selon son importance. En action éducative des jeunes sous protection judiciaire, l’espace physique est un outil pédagogique concret visant à différencier le public du privé et surtout de l’intime.

L’espace physique permet de catégoriser les activités car si certaines actions se font publiquement, il en existe d’autres qui se font dans un endroit privé, calme et loin de toutes intrusions.

Les différences des espaces aident le jeune à comprendre la distanciation suivant les lieux.

 

Les espaces intimes comme les toilettes et les salles d’eau, la chambre sont des lieux qui permettent favorisent l’éducation corporelle et surtout psychique. Ces lieux donnent au protégé le temps d’apprendre à se protéger contre l’intrusion des autres. Ce sont des espaces où il peut s’isoler, réfléchir seul et faire une rétrospection. Toutefois, l’éducateur doit se méfier de ces espaces éducatives isolés car ils sont risqués aussi comme le cas de Corinne.

 

L’espace privé se présente comme un lieu de rencontre fermé réservé à un nombre limité de personnes. Ce lieu privé éducationnel permet au jeune protégé de discuter avec son éducateur à l’écart. Les intrusions sont alors écartées et les échanges peuvent se faire plus librement. C’est un lieu de confidence et de partage et il favorise les communications car la distance est faible. toutefois, l’éducateur doit faire un choix judicieux de lieu privé pour limiter les risques en cas de crise de l’éduqué.

 

L’espace public fait référence à un lieu plus ouvert constructif et éducatif en milieu social.

C’est un outil éducatif qui apprend à l’éduqué de connaître et de respecter les autres car le lieu public rappelle la notion de vie en société donc des règles et dispositifs règlementaires qui la régissent. C’est donc un espace de vie commune qui n’élimine pas l’identification de soi par rapport aux autres mais qui aide l’éduqué de connaître la notion d’appartenance sociale. Il s’y sent différent des autres mais aussi capables de vivre avec les autres et comme les autres.

 

Section 3 l’éducation en ligne

 

L’éducation en ligne reflète l’accession à la technologie de pointe où l’éducateur ne se trouve pas face à l’éduqué. Toutes les activités éducatives se fait en ligne via internet. Dans le domaine de la vie quotidienne, l’on assiste à la recrudescence des réseaux sociaux, des moteurs de recherches, du commerce en ligne, du paiement en ligne,des soins et interventions médicales en ligne, des cours en ligne payants et gratuits, des conférences vidéos en ligne.

 

La question est de savoir l’éducation en ligne est-elle applicable en protection judiciaire de la jeunesse ? Comme le public sujet de l’action éducative est faiblement scolarisée, et est d’habitude issu de famille en difficulté, il s’avère illusoire d’imaginer l’application de formation en ligne en faveur de ce public. Toutefois, quelques applications éducatives en vidéo avec les commentaires d’un éducateur sont souhaitées. Mais utiliser la ligne comme support et outil pédagogiques demeurent impossibles jusqu’alors.

 

 

 Chapitre 2 Les relations groupe à travers le jeu social et la relation duelle

 

Section 1 le jeu social dans la socialisation du sujet

 

La notion de jeu social et sa pertinence en protection judiciaire de la jeunesse

 

Plusieurs chercheurs ont étudié le jeu comme facteurs indispensables au développement d’un enfant et du mineur tant sur le plan physique,cognitif, que psychique et affectif et ils le qualifient « d’activité essentielle au développement ». Le jeu est utile à l’équilibre et il tient une place prépondérante dans l’évolution globale et social de l’enfant et de la jeunesse sous protection judiciaire. Les activités ludiques contribuent en leur faveur dans la construction et la transformation de leur identité. Derrière le jeu se renferment des sentiments de colère, d’attachements et d’affection, des expressions de rejet.

 

Les composantes affectives du jeu comme développement psychique du sujet

 

Un sujet qui s’attache à son jeu y trouve du plaisir. Le mineur sous protection judiciaire n’en fait pas exception. Comme dans son milieu d’origine, il n’a pas eu l’occasion de jouir de la valeur du jeu, c’est donc pour lui une faveur de jouer. Les activités ludiques vont susciter en lui des divers sentiments dont le plaisir et le bonheur, qui certainement lui ont toujours manqué. Ce qui implique une production d’attitudes plus affectives de joie et de rire, loin des agressions qui lui sont habituelles chez le sujet en protection judiciaire. Cette extériorisation de sentiments du sujet aide l’éducateur à orienter les activités éducatives qui correspondent le mieux à la personnalité en construction de son protégé.

 

Le jeu base d’apprentissage du sujet sous protection judiciaire

L’éduction du mineur sous protection judiciaire ne peut pas se passer du jeu. L’apprentissage s’intègre au cœur des jeux. C‘est un outil éducationnelle informelle où le mineur protégé puise et apprend à manipuler des objets avec attention. De plus c’est pour lui une occasion de réfléchir pour parvenir à un objectif par rapport au jeu.

Le jeu comme vecteur de partage vers une proximité

Enfin le jeu s’associe au vecteur de partage. Plusieurs activités ludiques, comme les danses, les cris, les chants diverses s’inscrivent au sein du cadre socioculturel des actions d’éducation. Les responsables éducatifs notamment les éducateurs des mineurs et jeunes sous protection judiciaire de la jeunesse tiennent un double rôle au cours de ces manifestations :

-une position de spectateur

-une position d’éducateur

Sa position de spectateur lui offre l’occasion d’apprécier ce qui est présenté, émission de quelques remarques positives,applaudissement, rire et autre expression d’admiration. Par contre, sa position d’éducateur exige de sa part de suivre le cour des choses pour trouver la possibilité de transmettre des messages éducatifs. Ils ont intérêt à ne jamais mettre sous négligence ni limiter les initiatives personnelles et apports spontanés des protégés. D’ailleurs, les activités culturelles de leur village d’origine peuvent s’émerger soudainement et inconsciemment. Cela fait références aux us et aux coutumes socioculturels, traditionnels, parentaux, qui leur rappellent leur racine villageoise.

En revenant au mouvement de partage de cultures et traditions fait spontanément par les jeunes, que l’éducateur ne se sente pas bouleverser dans ses programmes d’éducation de ses protégés et qu’il ne considère pas ses réactions comme piétinement de sa plate bande. Au contraire qu’il les approuve comme manifestation d’acte réduction de la distanciation de la part de ces jeunes. Un geste de gratification suffit pour gagner l’affection de sujets protégés.

 

Ainsi, les valeurs que l’éducateur en protection judiciaire de la jeunesse s’efforce de véhiculer au sein de son groupe de protégés se transmettent facilement. Les relations intergroupes se fluidifient et la distanciation entre sujets et la distanciation sujets/éducateur s’en trouvent améliorées. Les prescriptions relatives à la cohabitation social et esprit d’équipe exercent beaucoup d’influence sur le comportement des sujets sous protection judiciaire de la jeunesse pour les guider. Plus tard dans la vie, ils peuvent y puiser leur référence et leur modèle afin de se conduire convenablement.

 

Les composantes sociales du jeu éducatif

 

Un jeu social fait référence à l’existence d’un partenaire. Il y a donc des interactions et des interdépendances des deux pôles. Les échanges déclinées de jeu social créent des liens et des partages entre eux. Les communications qui en découlent ne se limitent pas au niveau du jeu mais continuent jusque dans les autres domaines. Il arrive que les joueurs rappellent,parlent et discutent de leur jeu ensemble jusqu’à leur travail ou même au lit pour les sujets élevés en internat collectif. Cette complicité cultive en eux des liens affectifs,des liens de compétition, et des liens de favoritismes. Par ailleurs, cette altérité entre partenaire loin de nuire l’éducation, devient au contraire, un vecteur de partage conduisant le sujet à tenir compte de son partenaire dans l’accession à l’objectif préétabli.

 

La socialisation du jeune protégé à travers le jeu social

 

C’est à travers le jeu social que sont expérimentés les codes sociaux. Comme l’explique Ludovic Gaussot. Les sujets y développent. des rapports sociaux et culturels. Ils y apprennent des normes comportementales au sein d’une société à travers les règles du jeu. Il appartient à l’éducateur de faire le choix de jeu qui favorisent le plus la mission d’éducation sociale.

Le programme éducatif en activités ludiques doit être élaboré tant sur la méthode que sur l’organisation temporelle dans un sens de coopération, de cohésion et d’entente mutuelle intergroupe, pertinence des jeux règlementés, respect du leader, poursuite d’objectif commun.

 

C’est dans cette optique que la notion de jeux éducatifs a bénéficié d’une diffusion très étendue dans les centres sociaux et même dans les différentes couches sociales au sein de la société. En effet, les sujets sous protection judiciaire s’intègrent dans l’univers des lois et des règlementations, de la liberté des autres et des limites de la sienne. Ils y prennent conscience des attitudes civiques envers les autres sans passer par la violence ni les actes répréhensibles. Dans le jeu social, les contacts physiques peuvent se présenter jusqu’à la turbulence mais les sujets y apprennent à respecter les autres, à demander pardon, et surtout à prendre conscience de l’autorité.

 

Le jeu comme intégration de la vie en société

 

Wallon l’a bien dit « la conscience de soi émerge de la relation avec les autres, de la vie en société, et, en ce sens, le jeu est un excellent facteur pour l’intégration des relations avec les autres et la vie en société chez l’enfant ». Le jeu social concoure à inculquer dans la tête des sujets les normes de socialisation. Il développe des relations de groupe d’appartenance, des notions d’intérêts de groupe, des relations intergroupes dans le respect des autres.

 

L’invention de jeu éducatif n’a pas rejeté leurs fondements psychologiques et relationnels. Ainsi, le jeu libre et celui règlementé constituent tous des facteurs de taille pour la structuration identitaire et la réinsertion sociale c’est-à-dire du sujet sous protection judiciaire.

. Ainsi pour l’auteur, le jeu libre tout comme le jeu avec des règles ou réglementé sont finalement des instruments aussi bien de la structuration du soi que la découverte d’une nouvelle place au coeur du monde social.

 

Section 2 Les relations éducateur face au dynamique de groupe

 

Cette section se réfère aux dimensions du jeu social et des effets comportementaux induits au niveau des protégés entre eux d’une part et de leur relation envers l’éducateur d’autre part.

 

Les relations intergroupes

Les différences individuelles sur la perception graduelle de la société, établissent les variations de comportements des membres du groupe de sujets protégés en centre fermé. Chaque sujet conçoit le phénomène social à sa façon et pas obligatoirement à la façon dont l’éducateur le souhaite. L’intervention par mise en place de stéréotype facilite la construction identitaire du sujet. Un stéréotype social suppose l’existence de membres qui mettent l’accent sur les divergences intergroupes face aux ressemblances contenues au sein d’un autre groupe.

Toutefois cela déclenche un autre processus psychosocial assez délicat risquant de devenir conflictuel mais qui influe sur la construction identitaire et sociale et dont les manifestations sont proches du « on verra par rapport aux autres. Certes, certains processus déclinent les relations en états conflictuels comme le favoritisme intra- membre de groupe, la compétition et la coopération.

Ce sont Tajfel en 71 et Turner aux années 82 à 87 qui en sont les précurseurs. Selon ces chercheurs, « il suffisait de créer un contraste catégoriel entre 2 groupes pour conduire les membres de chacun des groupes à dévaloriser les membres de l’autre groupe, pour les amener à ressentir plus fortement les hostilités par rapport aux membres de l’autre groupe et pour avoir des conduites et des attitudes discriminatoires vis à vis des membres de l’autre groupe ».

Le favoritisme intergroupe

Cette théorie de favoritisme intragroupe peut e^être portée en extension à un champs d’application plus restreint. Si l’on raisonne à l’intérieur d’un groupe, l’attitude favoritisme de l’éducateur par rapport à un sujet face aux autres sujets en protection judiciaire de la jeunesse peut induire des conflits au sein du groupe. Il suffit en effet, que l’éducateur manifeste plus d’attention à un sujet pour que le reste explose. Une proximité mal étudiée envers un sujet entraîne une distanciation proportionnelle manifestée par des conduites négatives, par rapport aux autres. C’est donc un comportement éducatif peu professionnel et risquant de détruire les relations déjà existantes. Toutefois, si le professionnel éducatif arrive à motiver son attitude et à prouver son impartialité, les conflits se résolvent d’eux-mêmes.

Restant toujours dans le cadre des relations de groupes dans le jeu social, comment Shérif en 1979 explore la théorie des conflits réels. Comme il a été expliqué plus haut, la compétition favorise la volonté de réussir et de dépasser les autres dans ce monde où la concurrence règne dans tous les domaines de la vie. Mais Shérif essaie de démonter que cet effort de compétition dans les activités en groupe et particulièrement en ce qui concerne l’étude, en groupe de jeunes vulnérables sous protection judiciaire de la jeunesse, sème des conflits réels.

Dans un second Hypothèse Shérif souligne qu’ « Il ne suffit pas de faire coopérer les sujets des 2 groupes pour que le conflit s’apaise. Il faut qu’il y ait un but commun et que chaque groupe seul ne puisse atteindre ce but ». En ramenant au niveau individuel donc cette théorie, shérif dit que la coopération n’est pas la seule condition d’apaiser les conflits mais il faut se convenir que la participation de tous est sollicitée pour parvenir à l’objectif commun.

D’après son expérience, les activités ludiques non compétitives font naître une cohésion relationnelle intragroupe spontanée. Mais l’apparition d’un autre groupe suffit pour introduire la compétition et distinguer le vainqueur du vaincu, jusqu’à nuire aux relations d’amitié intra membre. Il y a lieu de transformer les relations d’amitiés en relation d’ennemis. En termes de compétition des leaders de fait apparaissent en tenant les pouvoirs de créer des conflits en bannissant les autres. Comment l’éducateur va intervenir pour apaiser l’atmosphère conflictuelle et le renverser en atmosphère ambiante ? Shérif remarque que l’éducateur doit favoriser les activités ludiques à « buts supra ordonnés »ou tout le monde trouve son intérêt à l’issue de l’activité en mettant en exergue. Cela lève les doutes et renforce l’esprit d’équipe.

La coopération intergroupe

C’est la coopération intergroupe qui requiert l’intervention de tous car les compétences d’un seul sont dépassées. Les sujets sont donc obligés de se rapprocher. L’éducateur doit les intégrer dans les activités éducationnelles qu’il dispense à l’égard de ses protégés. L’introduction d’un projet éducatif ou d’apprentissage à but supra ordonné entraîne la disparition de l’hostilité si la collaboration des sujets est franche et intéressée. Néanmoins, l’éducateur doit être vigilant sur les sujets qui ont vécu d’importantes frustrations car d’habitude ce sont ces derniers qui sont les plus conflictuels comme l’a dit Sigmund Freud.

La compétition à travers le jeu

 

Développer chez le sujet un esprit combatif fait partie des rôles du jeu social. Un jeu collectif au ballon, initié par l’éducateur en protection judiciaire de la jeunesse, par exemple fait apparaître à la fin du match une équipe vainqueur et celle vaincue. Si une équipe emporte le jeu, cela veut dire que la victoire résulte des efforts et de la participation active de tous et non d’un seul individu qui se sent meilleur par rapport à toute l’équipe. Alors l’éducateur en protection judiciaire de la jeunesse en profite de cela pour appuyer ses protégés à percevoir et connaître les motifs probables des défaillances. En outre, ce qui est non moins important, L’éducateur par le jeu social, développe en eux, l’esprit d’équipe et surtout la valeur de la compétitivité, notion de taille dans le monde actuelle où la concurrence fait partie du quotidien.

La bataille comme communication sociale

Les chercheurs attribuent la médiatisation comme facteur instrumental éducatif de distanciation au sein du jeu social. Cette analyse fait allusion à l’apparition de bagarres entre joueurs- sujets au cours du jeu sans s’éloigner du sens relationnel des contacts physiques. Il ne faut pas nier qu’à travers le jeu social, les sujets sont susceptibles de se battre. Mais entraînés par l’ambiance du jeu, ils le font sans rancune et les choses s’ordonnent et s’arrangent avant même la fin du match. De tel incident ne les empêche pas de revenir jouer ensemble la prochaine fois. Cette dimension distanciable de la bataille doit être perçue par l’éducateur de la protection judiciaire de la jeunesse comme élément de communication, facteur très important vers la maîtrise de soi. Et parfois, il faut comprendre à travers la bataille le désir commun et la volonté identique de réussir.

Les règles du jeu armes éducatives de socialisation et adaptation sociale

 

Le processus d’appréhension du sujet de son proche environnement décline du degré de La socialisation acquise à travers le jeu social. Progressivement, il amasse les valeurs citoyennes, la soumission aux règles et consignes, ainsi qu’aux recommandations diverses. L’éducateur en protection judiciaire de la jeunesse éprouve par la suite moins de difficultés à faire prévaloir les disciplines relatives à la vie du centre d’accueil ou dans les milieu d’apprentissage professionnel. Les sanctions issues des non conformités seront perçues par les sujets comme justes, correctives et bénéfiques. Le sujet parvient à dissocier le mal du bien et il devient capable de partager à ses semblables sa conception des choses.

 

Toutefois, comme le souligne Giles Brougère, « il n’y a de jeu que si le joueur exprime toute sa liberté e jouer ou non ». En effet, si le sujet refuse de jouer et n’éprouve aucun intéressement à l’activité ludique, il n’est pas soumis aux règles du jeu et par conséquent, les objectifs visés à travers cette action ne le touchent aucunement. Cette liberté et décision de jouer font partie des règles de jeux. L’éducateur peut se trouver désemparé. C’est ici que la distanciation à travers la communication verbale fait ses effets. Le professionnalisme de l’éducateur en protection judiciaire de la jeunesse s’armera des outils de persuasion pour le convaincre à jouer. Les expressions d’affect au cours des activités ludiques et sportives sont réciproques. Les éduqués protégés montrent leur sentiment par la volonté de suivre les règles de jeu, et de recevoir les messages éducatifs transmis. L’éducateur manifeste ses ressentis par des geste d’approbation et d’applaudissement tout en faisant les actions de rapprochement possibles sujet/sujet et groupe de sujet/éducateur.

Ce qu’il ne faut pas oublier c’est que le favoritisme exposé par l’éducateur au profit d’un sujet membre de groupe est un facteur relationnel destructeur

 

Section 3 les relations duelles

 

L’affect au cœur des activités éducatives

 

L’éducateur peut-il éviter ou refouler l‘affectif devant son protégé ? A l’exemple du personnel de santé qui souhaite rester insensible devant la souffrance de son patient pour exercer objectivement son métier, l’éducateur veut demeurer impersonnel pour appliquer efficacement le transfert de message éducatif. Mais y parvient-il ? Il faut reconnaître que la fonction dans un cadre social revêt des aspects techniques, certes, mais beaucoup plus d’une dimension humaine. Si le jeune en protection judiciaire se trouve en situation de besoin d’aide, c’est qu’il y a vraiment des problèmes personnels et sociaux qu’il n’arrive aucunement à résoudre tout seul. L’éducateur est son interlocuteur spécialisé et qui est informé de sa fragilité au bord de la dérive.

 

Les activités éducatives sont des outils pédagogiques pour l’éducateur. Il faut y faire attention car elles risquent de devenir une pierre d’achoppement.

Tel est le cas de l’éducateur de Corinne. La jeune fille est allée dans sa chambre pour chercher un vêtement de week-end. Comme elle tarde, l’éducateur prend la décision de voir ce qui se passe. Mais il trouve la porte enfermée de l’intérieur et se sert de sa clé de passe pour s’y introduire car Corinne n’a pas répondu aux frappes. C’est qu’elle est hors d’elle-même prête à sauter par la fenêtre si l’éducateur s’approche. Mais l’éducateur parlemente et tout doucement finit par la fléchir. La réaction suivante de la fille est de venir dans les bras de l’éducateur en disant à travers ses larmes : « Personne ne m’aime ». . Corinne est en placement collective et c’est la fin de la semaine, le groupe s’apprête à sortir.

La bribe de conversation entre la jeune fille et son éducateur reflète un lien subit exprimant une affectivité recherchée par la victime : Personne ne m’aime ” hoquette la jeune. Le professionnel la console : “ mais si, nous on t’aime ” et après quelques secondes d’hésitation il rajoute : “ on t’aime … bien ”. “ Oui, mais vous c’est pas pareil, vous, vous êtes payés pour ça ”.

L’on est en présence d’un cas concret qui met l’éducateur et la fille en position embarrassante. Le professionnel n’a pas manqué de se rapprocher de très près de la jeune fille car le cas est prompt et de force majeure. Le fait est là, l’éducateur l’attire vers lui « l’éducateur entourant la jeune fille qui vient se nicher dans ses bras ». Le lit tout proche permet de s’asseoir. Corinne s’effondre alors et se met à pleurer.

Cet incident n’est pas le seul que l’éducateur vit dans leur parcours professionnel. Toutefois

Ce lien circonstanciel relève de l’inattendu et de la promptitude d’un cas grave. Mais un professionnel maître de lui sait faire face à toutes les circonstances surtout au pire. Il calme vite la fille et lui dit tendrement on t’aime bien ; Cette attitude professionnelle remet le sujet à sa place.

 

La place de l’affect

 

Les circonstances sont compromettantes. Un geste déplacé de l’éducateur aurait transformé cette relation duelle en relation d’ordre intime. La jeune fille certes, éprouve des besoins affectifs dans son cas de victime sociale. Mais il appartient au professionnel de savoir les limites de distanciation. Force est de reconnaître que l’affect dans sa traduction sentimentale proche de l’affection devient un instrument nécessaire à la mise en confiance du jeune protégée. L’affect assure ainsi la fonction de vecteur relationnel essentiel de communication dans le cadre professionnel. L’auteur ne manque pas de le souligner en ces termes :

 

 « Cette tranche de vie d’un quotidien de foyer éducatif est emblématique de cette proximité qui s’établit si souvent tant dans ses aspects incontournables, que dans ses limites naturelles et sur laquelle chacun peut légitimement s’interroger. Il faut l’affirmer très fort : qu’on le veuille ou non, qu’on le craigne ou pas, qu’on le revendique ou qu’on se l’interdise, l’affectif constitue l’un des vecteurs relationnels essentiels de nos métiers. Parce que nous avons comme interlocuteurs des enfants, des jeunes ou des adultes qui sont soit en grande fragilité soit en pleine dérive. Parce que nous travaillons à les rendre plus heureux, plus autonomes et plus à l’aise dans leur peau et dans leur vie. Parce que nous les écoutons, nous ne les jugeons pas et nous faisons preuve de persévérance malgré leurs passages à l’acte et leurs échecs ».

 

Les impacts de l’affect

 

L’auteur s’engage à dire que les professionnels en milieu social trouvent toujours des raisons incontournables pour motiver leur agissement. L’éducateur en protection judiciaire de la jeunesse n’en fait pas exception. Des relations intenses se tissent naturellement avec les protégés en termes de « transfert et de contre transfert ». L’analyse psychanalytique de Sigmund Freud l’explique dans son « dictionnaire de l’action sociale comme l’ensemble des affects éprouvés à l’égard de l’analyste qui répètent et réactualisent

 

Joseph Rouzel qualifie cette réaction de la jeune fille de normal car elle se trouve en quête perpétuelle d’une affection. L’auteur met en garde sur la durée d’intervention d’un même éducateur envers la protégée. Pour lui, le phénomène perdure et s’accentue dans le cas où le même éducateur reste trop longtemps voire durant plusieurs années, attaché à la même victime pour des raisons éducatives à l’intérieur de la protection judiciaire de la jeunesse. Il n’est pas facile de rester indifférent.

 

Partie III la place de la distance dans la progression sociale

 

La distance prend une place importante dans la vie sociale du sujet protégé. Cette troisième partie d’étude se veut d’analyser les diverses causes de la distanciation afin des dégager une distanciation idéale

 

Chapitre 1 les causalités de la distanciation

La distanciation en tant qu’outil pédagogique présente des dimensions circonstancielles. Il s’avère primordial de connaître ses fondements les manières dont elle se manifeste.

 

Section 1 Pourquoi la distanciation

 

La notion de distanciation

 

C’est un terme utilisé le long des analyses et il mérite d’être explicité. Cette notion fait référence à l’existence d’un écart entre deux pôles. Elle dérive du mot distance qui représente un espace par rapport aux deux points considérés. La distanciation peut exprimer un espace temporel. . Cela présume l’initiative d’un pôle de donner place à la distance entre lui et l’autre pôle. Les pôles peuvent être des choses ou objets matériel, des choses immatériels ou des personnes. Et dans cette étude cas, la distanciation concerne l’éducateur et le jeune sous protection judiciaire. La distanciation entre ces deux individus ne se limite pas à l’espace physique mais se manifeste aussi au niveau relationnel.

 

Toutefois, le piétinement de l’espace considéré comme interpersonnel par un étranger se traduit par une violation donc une cause de stress voir de l’inconfort chez la victime transgressée. Le simple inconfort pressenti est perçu comme menace impliquant une éviction ;

Selon Kleck, si la personne estime le comportement de rapprochement équivalant à une invasion, elle se sent menacée et s’efforce de prendre un recul. Cette action manifestée par un retrait est désignée sous le terme distanciation.

 

La distanciation se trouve à l’opposé du rapprochement et de la proximité. Ces deux attitudes divergent alors. L’attitude de distanciation suscite souvent des comportements négatifs ou des attitudes défavorables, repoussant ainsi les interlocuteurs. En ce qui concerne ce dossier,les personnes éducatrices et les jeunes sous protection judiciaire se tiennent distants l’un de l’autre au point de vue relationnel dans le cadre des activités éducatives. La proximité ou le rapprochement déclenche des attitudes et des comportements positifs, voire des rayonnements conviviaux. Cette dernière attitude déclenche souvent, aussi bien chez les éducateurs que chez les éduqués une volonté de poursuivre les relations. Certes, leurs impacts ne sont pas faciles à détecter dans le cadre d’une étude objective. Elles existent pourtant. Elles ont effectivement des influences majeures sur les relations aussi bien sur le court terme que sur le long terme. L’éloignement physique et relationnel entre l’éducateur et le protégé peut ralentir les actions éducatives et rend difficile les transmissions de messages.

 

Il n’est pas rare que les attitudes de distanciation contraignent les deux parties à prendre de mesures adéquates selon les réactions de son vis-à-vis. Il y a alors interdépendance entre les réactions de chaque personne qui intervient. Certes, l’éducateur peut avoir plus de marge de manœuvre par rapport à l’éduqué, étant donné l’importance de son rôle dans la relation.

 

L’affect comme cause de la distanciation

 

Si la distanciation peut survenir suite à des problèmes physiques eu égard aux maladies transmissibles, selon Schimel et Al, les causes psychologiques sont les plus délicats car cela touche la frontière de l’affect. En effet, l’affect s’explique par un état d’âme. Il est assez proche du sentiment sans être son égal et vient de terme latin « affectus ».Il a une forte influence sur le mental et peut pousser le sujet à agir dans un sens ou dans un autre. Le comportement d’un individu face à une situation donnée dépend alors de l’affect et vice versa, l’affect se traduit en des attitudes spéciales par rapport à la situation considérée. Ce qui aide à la mise en valeur des ressentis et des émotions vis-à-vis de la pensée logique.

La notion d’affect fait couler beaucoup d’encre mais, à titre de résumé, c’est la dimension conscient du psychique d’un individu. Il se compose de sentiments, de gestes d’actions et façon d’agir, de perception et de ressentis, qui sont en interaction vers un position déterminée.

C’est justement dans cette optique qu’il exerce des effets positifs ou négatifs sur la distanciation. Si l’affect influe positivement les relations entre l’éduqué et son éducateur, ils sont en mesures de se rapprocher et de faciliter les actions à entreprendre. Dans le cas contraire, l’on assiste à des évitements ou à des rencontres néfastes.

 

L’affect comme indicateur de distanciation

 

Dans quelles mesures l’affect devient aussi indicateur de distanciation ?

La recherche de la proximité se décline en attitude de rapprochement. Deux personnes rapprochées déclanchent une connexion. Mehrabian a eu raison de dire que quand deux personne se tiennent l’une rapprochée de l’autre, il y a plus d’aisance, plus de fluidité, plus d’amabilité entre elles. Le besoin de limiter ce rapprochement rejoint la notion de distanciation. Ainsi, la proximité et la distanciation peuvent être voulues ou subies, voulues da la part de l’investigateur, mais subies pour le victime. Par l’affect l’éducateur implique des attachements envers ses protégés comme il est dit plus haut. Et dans le cas où cet éducateur dans ses expériences pratiques trouve un résultat positif aux actions éducatives il sera motivé à renouveler. Cela favorisera alors la continuité des relations entre éducateurs et éduqués. Les émotions ne sont pas en marge dans cette relation.

 

La distance est naturelle au début, mais et peut se manifester par des désintéressements au activités éducatives de la part des sujets. L’affect intervient et les attitudes distanciatoires s’amoindrissent progressivement si des mesures de rapprochement s’introduisent. Il existe des indicateurs de réduction de la distanciation au sein des interventions. Les plus courants sont les suivants :

 

-Le désir d’évitement par de gestes et des détournements physiques, expression de l’affect négatif

 

-le désir de raccourcir les contacts manifestés par des malaises des gestes de répugnance, des bruits tendant à ne plus écouter, du vocabulaire non approprié, des mouvements des mains ou des pieds ayant hâte de partir, des regards tournés à gauche et à droite, traduction de l’affect négatif.

 

-le degré d’implication des sujets aux activités éducatives comme une extériorisation de l’affect positif de leur part.

 

Si les sujets s’intéressent aux activités le degré l’implication est élevé. Ils posent des questions Ils écoutent activement ce qui est dit. Si le contraire se passe, le degré d’implication est moindre.

 

La distanciation outil pédagogique en la protection judiciaire de la jeunesse

 

A travers les analyses conceptuelles ci-dessus, il est facile de déduire les enjeux de la distanciation dans les activités éducatives.

Quand les sujets tendent à se désintéresser des applications pédagogiques, il suffit à l’éducateur de s’armer de la proximité. Si dans le cas contraire, une jeune protégée, poussée par l’affect tend à un attachement affective dépassant les limites des relations professionnelles, il appartient à l’éducateur de se servir de la distanciation pour la faire revenir sur les rails. D’autres part, l’éducateur doit puiser sur son affect positif pour ne pas repousser les jeunes en cas d’agressivité à l’extrême comme dans le cas de Pierrick.

Ce paragraphe attribut à la distanciation une valeur instrumentale de taille pour parvenir aux objectif éducatifs de la jeunesse en protection judiciaire.

 

Section 2 les manifestations de la distanciation

 

 

Existe-t-il une distanciation idéale ?quelle place optimale doit prendre l’éducateur entre les deux extrêmes comportementaux face à son jeune protégé. L’indifférence totale et éhontée ou l’étouffante et risquée relation compromettante ?

Le transfert de connaissances se fait mécaniquement quand l’éducateur est bien formé ce qui ne peut être que le cas. Il exerce son travail avec les exigences de la profession. Toutefois, il doit se méfier car le jeune protégé le regarde comme non seulement un éducateur mais une personne dont il faut suivre l’exemple dans la vie quotidienne. Ainsi, le protégé s’efforce de lui nouer lien fort de séduction, d’aspect parental et affectif. Ce qui est quand même une réaction humaine normale où la distanciation tend à s’annuler. Cette conception rejoint la démarche de la pédagogie moderne

 

Le comportement fusionnel et de non distanciation

 

Le cas contraire se manifeste en comportement fusionnel. En cas de placement en famille d’accueil autre que la sienne, du jeune sous protection judiciaire, le risque est élevé. Le dérapage est difficilement inévitable surtout que les contacts sont plus libres et personnalisés. Les frontières professionnelles de la distanciation s’évanouissent dès qu’un pôle s’y engage. L’affect ouvre grandement ses portes au refus de prise de distanciation, au risque éminent de la confusion. La notion de convivialité se transforme et l’affect de la non distance reléguée en instruments éducatifs se défigure et devient source de dérive. Le jeune aussi fragile soit-il se fait prisonnier et au lieu de se développer un système éducatif en famille externe,il subit avec son éducateur des problèmes d’ordre intime et sentimental dont il est difficile de s’en sortir.

Toutefois, « je ne veux plus te voir » , dit méchamment Pierrick . C’est la manifestation la plus claire en relation duelle. Qu’elle « se casse » , c’en est une autre.

Les mots et la façon de le dire seront analyser dans les paragraphes suivant mais cette section ne fait qu’en mentionner les présences comme étant des manifestations de la distanciation. Ce ne sont pas les seules d’ailleurs , le vocabulaire ne fait qu’une infime partie des manières de manifester la distanciation.

 

 

 

Section 3 les circonstances de la distanciation

 

 

Revenant toujours sur le cas de Corinne. L’éducateur découvre la jeune fille toute bouleversée et menaçant de sauter par-dessus la fenêtre au moindre geste de l’éducateur. Mais ce dernier n’a pas perdu son sang froid, parlemente et avance vers la fille pour l’attraper. Les réactions de la fille est de venir dans les bras de l’éducateur en disant à travers ses larmes : « Personne ne m’aime ». La bribe de conversation entre la jeune fille et son éducateur reflète un lien subit exprimant une affectivité recherchée par la victime ;

 Personne ne m’aime ” hoquette la jeune. Le professionnel la console : “ mais si, nous on t’aime ” et après quelques secondes d’hésitation il rajoute : “ on t’aime … bien ”. “ Oui, mais vous c’est pas pareil, vous, vous êtes payés pour ça ”.

L’on est en présence d’un cas concret qui met l’éducateur et la fille en position embarrassante. Le professionnel n’a pas manqué de se rapprocher de très près de la jeune fille car le cas est prompt et de force majeure. Le fait est là, l’éducateur l’attire vers lui « l’éducateur entourant la jeune fille qui vient se nicher dans ses bras ». Le lit tout proche permet de s’asseoir. Corinne s’effondre alors et se met à pleurer.

 

 

 

La pertinence de la proximité

 

Cependant, en revenant au cas de Corinne et de son éducateur, si l’éducateur n’a pas manifesté du courage et d’affection envers la fille, si au lieu de parlementer, il a rehaussé le ton en la grondant et en lui proférant quelques menaces, ou bien il lui a parlé méchamment, des conséquences néfastes de ses actes, la fille aurait agit selon ses dires. Et les résultats auraient été graves. L’action de protection du professionnel manifestée en non distance physique est compréhensible dans la mesure où il se trouve confronté à un cas extrêmement délicat.

 

Au début, il a quand même pris des précautions professionnelles en disant « mais si, nous on t’aime », en réplique à l’affirmation de la fille « personne ne m’aime ». Cette attitude marque le refus de proximité intime c’est-à-dire une distanciation abstraite dans un premier temps. Toutefois, l’hésitation marquée avant de reprendre la conversation exprime son professionnalisme de ne pas laisser la fille s’exprimer davantage en termes d’affection pouvant se décliner en situation embarrassante et compromettante. L’éducateur a su remettre la locomotive sur les rails et la protégée l’a compris.

 

Alors, il n’y a rien de mal que Corinne se jette dans les bras de son éducateur. La distanciation professionnelle est très visible à travers les premiers mots et les premières gestes de l’éducateur devant la catastrophe imminente. Il n’était pas obligé d’ajouter « on t’aime bien ». Il a fait les mouvements secouristes indispensables, et il est vraiment rémunéré pour sa fonction d’aide, d’éducation et d’assistance. Toute personne normale, éducatrice ou ayant d’autres responsabilité aurait naturellement agit de la même façon humaine.

 

 Le couple Distanciation/proximité risquée

 

D’autres cas de distanciation risquée se manifestent par la bise, les petites caresses, les tapes amicales à l’épaule, bref, tout contact corporel se place au bord de la dérive car le protégé fragile et vulnérable se trouve mal en mesure de comprendre l’écart entre l’affect et l’amour. Ces extériorisations de sentiments amicaux avec les protégés ne comportent aucun danger objectivement parlant. Cependant, si l’éducateur se sent troublé au fond de lui-même sans se faire des illusions, il a intérêt à établir vite les distanciations indispensables.

 

 

Chapitre 2 la distanciation idéale

 

Section 1 Qui décide la distanciation

 

Cette fonction de décision de distanciation peut revenir aux deux pôles suivant les circonstances et les ressentis.

 

L’éducateur décide la distanciation

Le cas de Corinne est très expérimental. Alain Chasles,dans le courrier des lecteurs au numéro 438 a dit : « Le contact charnel de la bise peut amener l’imaginaire de l’adolescent à l’installer (l’institution) dans une relation d’ordre affectif qui ne peut exister »

Corinne est parvenu à se blottir dans la bras de son éducateur. C’est une manifestation de l’affectif, de la recherche d’une protection intime. Le professionnel,dans l’exercice de son métier lui doit effectivement protection aide et assistance et Corinne le sait. Deux hypothèses sont possibles :

 

-Si la crise de Corinne résulte d’un sentiment refoulé basé sur des idée qu’elle s’est faites, c’est un incident voulu exprimant son désir. Humainement,il est impossible au professionnel de les lui empêcher. La position qu’il a prise correspond toujours à ce qu’il lui a fallu faire, c’est-à-dire la remettre sur la bonne voie.

 

-S’il s’agit d’une crise subite, le lien d’affection créé par la fille n’a rien de mal, tout à fait logique et parmi les plus naturels. L’éducateur en tant que professionnel n’a rien à se reprocher car il a agi dans les normes. Et il est certain que les éducateurs en social ne manquent pas de faire face à des cas aussi délicats tout au long de leurs parcours professionnels. L’affect apparaît ici comme vecteur de reconnaissance.

La distanciation comme arme de contrôle de la relation

 

Pour éviter toute complication l’éducateur doit s’armer de la distanciation. Pour cas concret, si la première hypothèse des sentiments refoulé l’emporte, Corinne a bien agi par exprès, poussée à l’extrême par la carence d’affection dont elle fait l’objet depuis longtemps. Et les choses risquent de ne pas s’arrêter là. Car cela rejoint le trouble imaginaire dont l’adolescent est victime par l’existence d’illusion relationnelle selon las dires d’Alain Chasles rapportés plus haut. L’affect de l’éducateur est montré à travers son geste « prendre la fille dans ses bras ». L’affectivité réciproque est là, sauf que pour l’éducateur,il s’agit de geste professionnel. Il ne lui reste plus que le vocabulaire pour contrôler les relations et marquer les distances. La réflexion de Tamara Le Pan dans le courrier des lecteurs: “ notre professionnalisme doit pouvoir nous faire analyser dans l’instant le degré de proximité ou de distance possible ou nécessaire en fonction du jeune ”. Tamara Le Pan remet la responsabilité

Au professionnel dans ces propos.

 

Cette communication verbale de marquer les distances fera l’objet d’un paragraphe dans ce dossier. Ici, il s’agit de soulever les circonstances où la distanciation tient place de recours.

 

Le sujet décide la distanciation

 

 

Pierrick un adolescent de (13) treize ans revient à son foyer d’origine après avoir été mis en placement chez une famille d’accueil. Toutefois le juge veut le faire accompagner à domicile par une aide éducatrice car l’adolescent est de comportement encore difficile. Il se croit être « l’homme de la maison » et se montre autoritaire pour tout diriger. Sa mère le maîtrise avec peine. Heureusement que l’éducateur intervient pour les devoirs scolaires et surtout pour l’aider dans sa construction identitaire. Pierrick fait parti des jeunes que l’éducateur a pris en charge durant son accueil en famille, et il le connaît. Le jeune se sent chez lui et décide de le faire connaître à son éducatrice que les conditions de travail ont changé.

 

Restant docile à écouter les explications mathématiques, il réagit soudainement quand il faut faire l’exercice. « C’est toi qui va le faire » déclare le jeune et assaillit l’éducatrice de ses hurlements face au refus. Prise au dépourvue, l’adulte demeure inflexible et imperturbable. Pierrick s’emporte avec des cri de rage sans que l’éducatrice ne se trouble. Toutefois, les questions de s’en sortir lui montent dans la tête. La violence et la fessée y feront remède, dirait-on. « La punition ? Attendre que ça se calme »

 

Cependant, l’éducateur, loin de s’emporter, redouble sa maîtrise de soi. Ce comportement contrôlé qu’il manifeste n’a eu pour conséquences que de doubler aussi la colère et le hargne de Pierrick. « une pulsion face à une pulsion » ne résout nullement les problèmes. Déjà l’adolescent se laisse aller dans les insultes pour provoquer son éducateur. « ne pas aller là où l’autre vous attend et chercher à le déstabiliser, tel est l’un des moyens pour désamorcer la fureur ». L’éducateur s’en souvient et s’arme de l’humour pour contrarier son attaquant.

 

Pierrick change de tactique en renvoyant l’éducateur de chez lui pour qu’il « se casse ». L’éducateur tout ferme lui réplique que la décision de son départ ne revient pas à Pierrick. Ce dernier se sent contrecarré dans son propre terrain et se laisse emporté dans son irritation poussé à l’extrême. Devant la détermination de son protégé, l’éducateur éprouve un sentiment de doute malgré le calme qu’il garde apparemment. Comment il va faire pour sortir indemne de ce cas conflictuel ?

 

Il a toujours manquer de recourir à la position de « miroir ou de symétrie » pour motiver ses causes. L’éducateur finit par choisir la « position de complémentarité ». Cette attitude consiste à reconnaître l’état de l’autre tout en gardant sa propre position sans jamais fléchir. Il tenta alors de renouer avec un deuxième rendez-vous. Mais Pierrick rétorqua méchamment : « je ne veux plus te voir. Je serai pas là ». L’éducateur reprend de manière calme « qu’il reviendra quand même » et se prépare à partir. La colère de Pierrick tomba d’un cran devant l’inflexibilité de l’éducateur, la pluie est passée, il dit tout simplement « je m’en fous j’dirai à ma mère que t’as pas voulu m’aider ».

 

Cet incident tourné en crise de Pierrick démontre le professionnalisme de l’éducateur devant un cas difficile où il ne s’attend pas. Le jeune l’a traité méchamment voire défié, insulté grossièrement sans le moindre respect. Pierrick a mis de la distance entre lui et son éducateur par ses gestes et ses paroles. Mais l’éducateur n’a pas pour autant délier les liens d’éducation qui les unissent. L’incident a eu des conséquences positives au niveau du psychique de l’adolescent en contribuant à la construction de sa personnalité. Malgré ses attaques agressives à l’encontre de son éducateur, il a fini par se rendre compte de ses limites personnelles dans sa dernière phrase.

 

L’éducateur a géré positivement la crise car c’est passagère. Mais un champs d’application coléreux de manière permanent provoquera certainement la coupure des relations. Il s’agit d’un cas professionnel heureusement. La prise de distanciation à travers les échanges est plus souple. La prégnance au niveau de l’affect s’avère moins grave. L’éducateur en rencontre plus dans sa pratique professionnelle et ses expériences lui favorisent de renforcer ses capacités personnelles à gérer ses sentiments dans les activités éducatives et ses distances par rapport au protégé. Son affect joue un rôle prépondérant et ses ressentis se transforment à son égard en merveilleux instrument de travail. Cela tend -t-il à exprimer qu’il ne craque point quelque soit les circonstances ? Peut-être,mais l’exercice de métier d’éducateur exige de lui de savoir contenir ses explosions et aider les autres à contrôler les siennes.

 

Section 2 comment marquer la distanciation

 

Cette section se décline en une problématisation d’une écologie de parole et de gestes dans un cadre interactionniste de pôles et de courants disciplinaires. Les analyses s’appuient sur des hypothèses où les interactants sont de nature complexe, et des difficultés interprétatives tant en matière langagière qu’intellectuelle et relationnelle. Schütz en 1998 l’a compris « Les acteurs sociaux utilisent leurs capacités d’interprétation, notamment à travers le langage qu’ils utilisent, pour s’ajuster et traiter les actions et les événements de la vie sociale ».

 

Marquer une distanciation n’est plus un problème compte tenu des éléments d’analyses ci-dessus. Il importe néanmoins de comprendre que la distanciation ne peut s’émerger qu’à travers une communication et que le but même de la distanciation c’est de parfaire la communication. La distanciation n’est donc nullement une fin en soi mais demeure au stade d’outil pédagogique.

 

La communication non verbale pour marquer la distanciation

 

En rappelant les expressions de l’affect positif et négatif en passant par des désirs divers de l’éduqué,il y a lieu de soulever les façons de les communiquer en gestes, positions.

Si le sujet éduqué ne dit aucun mot pour ses propres raisons, il ne faut pas croire qu’il n’a rien à dire. Transmettre un message ne fait pas intervenir obligatoirement des paroles dites à hautes voix. Il existe d’autres canaux comme l’écrit, le silence, les gestes la position du corps les mimiques et bien d’autres encore. C’est le domaine de la communication non verbale.

Elle reflète aussi les ressentis du jeune en protection et son état d’âme. Pleure-t-il ? C’est que ce jeune éprouve de la douleur morale,de la tristesse,de la déception et de la frustration. Rit-il ?C’est manifester une joie et un plaisir en admiration de ce que l’éducateur fait en son profit. Boude-t-il ? Il appartient à ses alentours éducatifs d’en découvrir les causes.

En fait ce sont des exemples qui prouvent la valeur du terme. C’est comme si il lui manque de mots. Il est possible que le jeune est replié sur lui –même, que désemparé il ne sait quoi dire. La compréhension de la dimension non verbale de la communication revêt une grande importance en matière de distanciation notamment aux yeux des jeunes en protection judiciaire.

 

Les techniques non verbales pour marquer la distanciation

 

Winckler évoque les transmissions sans utiliser la parole. Il met en exergue la place des gesticulations les expressions du visage, la façon prise pour s’endormir, se tenir debout s’asseoir, de la position choisie pour regarder ou pour écouter. Il suffit que l’éducateur et son protégé soient en relation d’affect réciproque sans compter la distance qui les sépare,pour que soit transmis le message.

En effet, le regard constitue le véritable miroir de l’état d’âme du jeune. Il est normal que les ressentis manifestés par des gestes se reflètent aussi dans les yeux. La luminosité et la brillance des yeux expriment la joie et le plaisir par contre, des yeux sombres évoquent le chagrin, l’angoisse et la douleur profonde. Le regard ne trompe pas. Mes yeux peuvent marquer la négation, l’incompréhension la nervosité l’embarras par des regards relativement glacés. De même,l’affect positif, l’amour sont aussi perçus à travers des regards tendres.

 

Par ailleurs, la méchanceté, l’ingratitude, l’agressivité, toute attitude négative du sujet sont marquées par une position de corps nonchalante contrairement à une attitude polie qui marque le respect.

L’enthousiasme de l’éduqué face à l’éducateur ne peut faire équivoque à ses moindres gestes.

Les gestes de Corinne en se blottissant dans les bras de son éducateur sont des expressions d’affect positif où la distanciation physique est nulle car ils sont proches l’un de l’autre. La connexion a passé. L’éducateur a ses ressentis professionnels, et Corinne ses ressentis de protégée.

Les sentiments d’embarras et de confusion et l’état désemparé de l’éducateur de Pierrick se sont montrés à travers de coup de silence qu’il a marqué face à la crise d’affect négatif de son protégé. En conséquence, la distance s’est imposée d’elle-même. Et l’éducateur finit par prendre congé.

Toutefois,marquer la distance par des techniques non verbales ne requiert pas de préparations spéciales. D’habitude, c’est naturel à l’être humain et il suffit de s’y mettre pour les savoir.

 

 

Les dimensions de la communication verbale

 

Communiquer, un verbe du vocabulaire français, a fait son apparition au XIVème siècle. Robert l’explique son étymologie du mot communier. Puis il le rapproche dans la pratique « échanger » et « transmettre ». Selon Jacques Lacan, l’Homme est un « parlêtre » c’est-à-dire un être qui parle. Cette communication verbale fait intervenir la parole ou l’écriture. La parole exprime ce qu’il y a à dire en empruntant une langue et des vocabulaires. Il ne s’agit pas tout simplement de transférer des messages, mais la parole favorise l’échange et facilite les relations interpersonnelles entre les deux pôles objets de la distanciation. Et le pole source s’attend à recevoir du pole cible une réaction sinon la communication équivaut à une opération télégraphique

Le besoin de communiquer est inné chez l’être humain. Virginia Henderson, en appuyant la nécessité d’un individu de communiquer autour de lui dit,« une nécessité vitale que la personne doit satisfaire afin de conserver son équilibre physique, psychologique, social ou spirituel ». Le sujet qui ne communique pas est difficile à comprendre et les mesures éducatives à lui apporter sembles inadéquates si l’éducateur en protection judiciaire de la jeunesse ne sait pas ce qu’il veut.

 

 

En milieu fermé ou milieu ouvert de la protection judiciaire de la jeunesse, le sujet protégé est la plus part des temps éloigné de sa famille et de son environnement d’origine. Son besoin de communication vise donc avant tout à combler ce vide. Il recherche quelqu’un en la personne de l’éducateur pour lui transmettre ses soucis, ses angoisses ses ressentis, et espère en retour compréhension, solutions aides et assistances. Si la parole verbale qu’il utilise est claire et juste compréhensible et traduit effectivement ses besoins et ses affects, la distanciation qui le sépare de son éducateur tend à s’évanouir. Des relations interpersonnelles se nouent facilement entre eux ce qui va faciliter les activités éducatives.

 

 

Les techniques de communication verbale pour marquer la distanciation

 

Les techniques ne sont pas nombreuses. Il s’agit de la parole écrite et celle dite à haute voix. En matière d’éducation dans le cadre de la protection judiciaire de la jeunesse, les deux canaux sont utilisés simultanément mais celui qui fait intervenir la voix haute semble le mieux approprié.

 

Les vocabulaires dans la communication verbale

 

Le champs d’application comme le dit Gumperz en 1990 est une perspective d’une sociolinguistique et interactionnelle qui s’intéresse aux difficultés de communication entre des individus ne partageant pas les mêmes cultures. Des malentendus et erreurs d’interprétations mais significatives peuvent brouiller les échanges. Pour explorer la profondeur et l’impact de ces évaluations presque erronées,

En revenant sur le cas de Corinne, la dimension de l’affect relative à l’amabilité et à la patience est intervenue quand l’éducateur a parlementé avec elle pour revenir sur ses menaces. La communication verbale a réussi à amoindrir la distanciation. En reprenant les bribes de conversation :

 

 Personne ne m’aime ” hoquette la jeune. Le professionnel la console : “ mais si, nous on t’aime ” et après quelques secondes d’hésitation il rajoute : “ on t’aime … bien ”. “ Oui, mais vous c’est pas pareil, vous, vous êtes payés pour ça ”.

 

Corinne de dire : « Personne ne m’aime »

L’éducateur de répondre : « Mais si. on t’aime ».

Les mots utilisés ici montre les affect des deux pôles. Les demandes d’affection de Corinne dans ses mots sont la communication d’un besoin affectif non satisfait en tant que miroir d’un affect poussé par disparition de l’espace distanciation.

La communication est facilité par la non distance et la fille a communiqué ce qu’elle a dans la tête. La phrase est claire, les mots simples, la communication est réussie. De son coté, en réponse, l’éducateur prononcé une phrase courte, très nette si bien que la protégé ait compris tout de suite que la proximité communicative est professionnelle. Mais la distanciation morale existe malgré la proximité corporelle.

 

Pour le cas de Pierrick, l’invitation verbale de l’éducateur à faire le traçage de vecteur de (12 cm) douze centimètres est clair. La réplique est aussi clair loin des attentes du professionnel : « c’est toi qui va le faire », puis plus loin vers la fin « je ne veux plus te voir ». Ces communication verbale, à travers les mots utilisés marque la volonté de construire une distanciation entre le sujet en protection judiciaire et son éducateur. Les mots secs, les mots grossiers les injures, les mots méchants sans souplesse, démontrent l’imposition de distanciation physique et relationnelle.

 

Ces cas rejoignent effectivement les thèses énoncés par les grands auteurs. En 1992, Duranti et Goodwin fait référence aux caractéristiques des contextes conjoncturelles pour les interprétations de vocabulaires. Dans ce processus, « le contexte détermine le langage et le langage définit le contexte ».Cette conception montre une intégration manifeste des composantes des échanges dialogiques dynamiques.

 

L’analyse met en interprétation le raisonnement de l’éducateur à travers les mots qu’il avance. L’éducateur de Corinne a parlementé. Il a donc fait appel à une activité de nature argumentative dans son intervention. Platin en 1990 qualifie l’argumentation comme « une quatrième fonction du langage ». Durot dit qu’il s’agit d’une instruction et d’un discours pour « interpréter une situation et en orienter la suite ».

 

Le ton dans communication verbale

 

Il a prononcé méchamment des hurlements, des cris. Le ton manque de contrôle, la tonalité bruyantes et dures. Il n’y a eu ni respect ni politesse dans la façon dont il a extériorisé ses affects négatifs. La distanciation relationnelle s’instaure. Toutefois, le professionnalisme de l’éducateur a pris le dessus pour amoindrir le choc. Le ton ferme qu’il a appliqué vers la fin confirme qu’il a compris la crise passagère et son affect envers le jeune est peu touché car il compte revenir. Mais il est difficile à travers le ton calme de savoir si la distanciation déclarée par le gamin va prendre quelle dimension.

 

Pour le cas Corinne, le ton est plein de détresse quand elle a dit « personne ne m’aime ». C’est une invite, une réclamation, une sollicitation, et réclame une proximité non seulement physique car le fait est déjà là, mais elle demande beaucoup plus.

La réponse aimable de l’éducateur, prononcée de façon protectrice,et réconfortante à travers un ton parental exprime une distanciation d’ordre intime et une proximité de nature professionnelle.

 

L’attitude prise dans la communication verbale

 

L’importance de l’attitude dans la communication verbale a pour effet d’appuyer ce qui se dit.

Un grand évènement dit proclamé sans enthousiasme en réduit la chaleur. Un incident malheureux comme un accident de voiture où il y a eu des morts exposé avec calme et douceur suppose que l’orateur n’en est touché nullement. Calme debout assis

 

Une information communiquée avec gaieté a pour effet de développer le plaisir et du cible et de la source. Par exemple une famille n’annonce pas un évènement familial heureux avec colère ni méchanceté. Un éducateur présente avec joie l’atteinte des objectifs éducatifs.

Pierrick a accompagné de gesticulation son refus de tracer le vecteur : « C’est toi qui va le faire », pour prouver sa détermination.

 

L’éducateur de Pierrick dit avec fermeté « Je reviendrai quand même en se préparant à partir ».L’action de partir en prononçant sa dernière phrase a réussi à fléchir le jeune Pierrick. Le jeune se rend compte promptement que l’éducateur s’en va et que cela lui est néfaste.

 

En revenant sur l’exemple de Corinne, si l’éducateur a fait es gestes menaçant en l’invitant à se ressaisir, il n’aurait certainement pas réussi.

De même pour l’éducateur de Corinne, le fait de la tenir dans ses bras et de dire on t’aime bien ? C’est un geste normal correspondant au ce cas critique de désolation. La position affirme l’action protectrice d’éducateur envers sa protégée.

 

Les exemples n’en finiront pas. Ce qu’il faut savoir c’est que la communication qu’elle soit verbale ou non verbale constitue toujours le vecteur porteur de message. Elle transmet par les mêmes occasions les affects contenus et déclinés en motif de distanciation entre l’éducateur et le jeune sous protection judiciaire.

 

Section 3 les impacts de la distanciations et action correctives

 

Les mesures de protections et les actions correctives

 

Des solutions existent toujours quand le problème est bien posé. Effectivement, plusieurs possibilités sont à examiner en matière de garde-fous : l’éthique de la profession et la triangulation le système de rotation.

 

L’éthique de la profession.

 

Selon les circonstances, un même comportement ne signifie pas la même chose. Si le professionnel sanitaire tient fort dans ses bras un malade qui risque de tomber, ce n’est pas qu’il l’aime et qu’il va l’embrasser. C’est de son devoir de faire l’acte de serrer le malade dans ses bras. Cela ne peut être interprétée comme acte audacieux au sens intime du mot Au contraire c’est une action humaine, professionnelle, dans le cadre d’une assistance normale.

Si le sanitaire demande au patient d’enlever son vêtement, il n’est pas comparable à un violeur en action. Par conséquent, les actions professionnelle, les attitudes relatives à une technicité spécifique ont des valeurs inscrites au sein du métier.

 

C’est dans cette otique que l’éducateur va trouver sa place idéale. Les expériences acquises, les formations académiques ont formé sa personnalité et sa professionnalité pour qu’il demeure inébranlable devant des avances malvenues de la part des protégés judiciairement. Ses stages sur le terrain lui offre des compétences lui permettant d’adopter des comportements et attitudes conformes et appropriés. Au contraire, l’éducateur y trouve une occasion de prouver la clarté de son intervention.

 

Il ne faut pas oublier que le métier d’éducateur exige des qualités personnelles comme il a été expliqué dans les paragraphes précédents.

La capacité relationnelle d’empathie et d’écoute constitue le noyau de la réactivité comportementale le mieux adapté. Il faut demeure rationnelle et comprendre l’attitude de son protégé. Il ne s’agit pas de le brusquer ni de le juger mais plutôt de le remettre avec amour sur la bonne voie. En tout état de cause, il ne faut pas sombrer avec la victime. L’indispensable distance entre les deux pôles peut être minimale pour faciliter les activités éducatives et les travail d’accompagnement de façon sereine. Cela ne veut pas dire que la distance est nulle car l’aide et l’assistance ne peut se faire dans un atmosphère d’arrogance et de frustration.

La triangulation

Le second volet de garde-fous se décrit dans le cadre d’une triangulation. C’est un concept qui fait référence à l’intégration d’une troisième personne au sein des activités éducatives. Cette attitude rappelle « la position du papa dans les relations dyades mère –enfant », comme le dit Jacques Arènes. Le père joue le rôle de tierce personne pour permettre à l’enfant d’évoluer et de sortir des ailes de sa mère. La bonne distance entre les deux pôles soit la mère et l’enfant se mesure par le degré d’indépendance de l’enfant par rapport à sa mère. Ce qui offre à l’enfant de comprendre que sa mère n’est pas tout et qu’il peut se développer sans être collé à celle-ci. Cette triangulation est incarnée par le père. La présence de la troisième personne ne laisse pas l’éduqué seul en face de l’éducateur. La question est donc de savoir qui est cette troisième présence capable de surmonter et limiter la dérive.

 

Le choix optimal de la troisième présence

 

Il faut faire un choix judicieux. Qui est donc le mieux placé pour cette fonction de médiation.

Il s’agit du pouvoir public représenté par le juge. C’est lui qui est le mieux placé pour intervenir car il détient le pouvoir légal régulant la mise en éducation du jeune et il utilise le service de l’éducateur spécialement cet éduqué pour des raisons professionnelles compte tune du profil du sujet. Dans ces conditions, l’institution publique a le droit d’exclure toute autre considération. La fonction d’éducation en protection judiciaire de la jeunesse peut emprunter ce mode de raisonnement. Cette ligne de conduite fait donc intervenir une tierce personne pour rappeler intentionnellement les valeurs retenues dans l’exercice de la fonction d’éducation.

 

-L’éducateur et l’éduqué sont dans un espace professionnel et non dans un cadre privé.

 

– l’éducateur se situe dans l’exercice normal de ses fonctions sous l’éthique de la profession.

 

– L’éducateur travaille et est rémunéré pour l’accomplissement de la tâche d’éducation.

 

-l’éducateur ne choisit pas ses éduqués mais il suit les instructions de ses responsables hiérarchiques à travers les nécessités du service.

 

-l’espace éducatif ne dépend nullement du bon vouloir de l’éduqué, ni de la volonté personnelle ou arbitraire de l’éducateur

 

-Les relations humaines au sein de l’espace éducatif sont d’ordre purement professionnel.

 

Autres médiateurs valables

 

En revenant à l’essence même de la mise en place de la protection judiciaire de la jeunesse, il faut rappeler que cette institution se constitue de plusieurs intervenants issus de disciplines et service s différents. Il existe donc, comme il a été dit plus haut, d’autres éléments du groupe. Il est possible de désigner la troisième personne parmi eux pour parfaire la triangulation.

Ce qui n’empêche pas de recourir à l’aide et au soutien des autorités du quartiers par souci de proximité et de réduction de coût. Ces recours peuvent être reléguer à titre de supervision pour alléger les structure d’intervention.

 

Toutefois d’autres risques peuvent survenir si la troisième personne porte des jugement trop hâtif. En effet,comme il ne peut rester au quotidien auprès du couple éducateur/éduqué, il ne peut vivre et ressentir les mêmes problèmes et difficultés rencontrés dans les actions relationnelles éducatives. Et son intervention à titre de contrôle et d’évaluation le met en une position de juge si bien que le couple tend à limiter les informations en son intention. Cette tendance conditionne alors l’horizon de la troisième personne. Par conséquent, soit qu’elle demeure mal motivée pour son intervention, soit que son excès de zèle ne fait qu’envenimer les choses.

 

Avantages et inconvénients de la triangulation

 

D’autres apports de la triangulation au bénéfice de l’éducation influent le couple éduqué/éducateur :

 

  • le juge contrôle et vérifie le bon déroulement des activités éducatives.
  • Un autre travailleur social peut certainement faire l’affaire
  • Le passage inopiné du psychologue s’inclut aussi parmi les solution efficace de garde-fous.

 

Suite à l’intervention d’une troisième personne, un autre incident de paralysie menace les actions de l’éducation. Si elle est du genre pointilleuse, elle risque de semer une éventuelle rupture entre l’éduqué et l’éducateur. Elle réduit probablement les relations spontanées ce qui n’est pas sans retombée négative au système d’éducation engagé.

 

Le système de rotation et ses limites

 

Il faut ici rappeler que la durée des actions s’avère être un facteur prépondérant poussant dans la dérive comme il a été analysé dans les paragraphes précédents. Dans cette perspective, une troisième option réside dans l’instauration d’une rotation dans le système éducatif. L’objectif principal est d’éviter l’attachement sans limiter la distanciation. Cette solution repose sur les conditions d’égalités de compétences techniques et humaines des intervenants. Ce qui n’est pas très difficile car les éducateurs ont suivi les mêmes formations. Ce système implique une réduction du temps d’intervention de chacun face à l’éduqué. Cela suppose la possibilité de découper le programme éducationnel en tranches suivant un calendrier préétabli.

 

Néanmoins, force est de reconnaître que si les relations duelles passent en relation intime, la complicité aidant, il devient difficile de maîtriser le cas. Le couple trouvera toujours de l’espace et du temps pour continuer ce qu’ils ont entamé ensemble. La régulation ne suffirait pas à dénouer les relations intimes si elles sont profondes. Cette constatation remet en question le choix préliminaire d’éducateur. Certaines analyses doivent précéder le choix.

Mais en sciences sociales, à l’opposé des sciences exactes, les mêmes causes n’ont pas obligatoirement les mêmes effets. Tout peut changer d’un moment à l’autre. Tout est relatif. Et c’est là, la pertinence d’une clinique sociale pour identifier les mobiles de certains actes et comportements « comment et pourquoi ça accroche ».

 Du coté de l’éducateur, « à quelle place la protégée l’a assigné »

Des questions clés cherchent des réponses.

-pour qui me prend-elle ?

 

-qui voit-elle ?

 

-que vit-elle à travers moi ?)

.

Mais il se peut aussi que l’éduquée s’appuie sur son amour envers l’éducateur pour sortir de l’impasse quitte à voler de ses propres ailes par la suite. Et ce sera trop beau.

 

Ces analyses sociologiques et pédagogiques ont exploré les difficultés de la démarche éducative en placement individualisé. Les relations duelles sont de nature complexe. L’affect reste un instrument de communication pour faciliter les actions éducatives vers l’insertion social et professionnel du jeune sous protection judiciaire. Mais ce sont la personnalité et la professionnalité de l’éducateur qui sont les plus importants. La triangulation demeure un système d’aide.

 

Les démarches séquentielles de l’analyse de la distanciation font émerger l’existence d’un champs où les enjeux de l’affect et de la distanciation oscillent. Il semble qu’apparaît des limites infranchissables et au-delà desquelles, les relations passent du stade professionnel au stade de l’intimité. Il s’avère primordial de définir cet espace où les deux pôles convergent ou divergent. Ce qui est important, ce n’est pas l’attaque du protégé mais plutôt les actions de réponses de la part de l’éducateur aux avances dont il est l’objet et la finalité. A quel point de la distanciation va-t-il se positionner ? C’est son professionnalisme et sa responsabilité qui est mis en jeux. Le juste contrôle de ses affects est primordial s’il veut réussir sa fonction d’éducateur. Il lui faut des barrières pour limiter les dégâts

 

La distance critique maximum

 

Au-delà de la distance critique maximum les deux pôles s’éloignent, c’est-à-dire,les liens sont coupés, ils ne peuvent plus s’entendre ni se rapprocher pour renouer des relations professionnelles. A ce stade, l’éducateur ne veut plus ou ne peut plus continuer son travail pour des raisons valables. Un blocage s’établit entre les deux pôles. Les actions éducatives entamées s’arrêtent et sont vouées à l’échec. Le protégé s’enfuit par exemple et s’oppose à toute continuation de l’éducation par cet éducateur. Il faut savoir que les relations considérées ne se limitent pas aux problèmes de l’intime comme pour le cas de Corinne, mais elles concernent aussi les comportements de violence physique ou morale ou le stade de l’intolérance est dépassée.

 

La distance critique minimum

 

De même qu’il y a une limite supérieure de distanciation, il faut connaître une seuil critique minimum au dessous duquel, un pas de plus, et tout se renverse. Le franchissement de ce seuil par un pôle, l’éducateur ou l’éduqué s’exprime par des relations extraprofessionnelles de la part de l’éducateur ou un geste dépassant l’éducation pur l’éduqué voire un comportement d’attachement amoureuse ou même une expression de désir charnel. Les cas de

Brutalités physiques et morales ne sont pas non plus exclus.

 

L’espace des enjeux distanciatoires

 

Entre ces deux limites au niveau supérieur et au niveau inférieur se dégagent un espace, un champs de distanciation favorable à toute action éducative. A l’intérieur de cette surface, l’éducateur se sent libre d’exercer sans crainte. Il en est de même du coté du jeune sous protection judiciaire, au sein de cet espace, il se sent en éduqué normal. Toutefois cette surface optimum n’est pas visible à l’œil nu, elle n’est pas non plus palpable physiquement. C’est une surface abstraite que seuls les concernées peuvent définir. En effet les paragraphes précédents ont expliqué que les deux pôles ont la possibilité de décider la distanciation chacun sans la consultation de l’autre et qu’il existe des techniques langagières verbales et non verbales pour imposer la distanciation.

 

 

 

Conclusion

 

L’accompagnement éducatif des jeunes sous protection judiciaire exige de l’éducateur, une empathie car sans relation de confiance, les actions risquent d’échouer. Mais parler d’une distance précise permettant une entente parfaite avec l’éduqué semble être une utopie car chaque cas diffère l’un de l’autre. Il revient alors au couple éducateur/ éduqué de trouver un fuseau distanciatoire restreint par une limite supérieure et une limite inférieure de distance. Certes, des cas particuliers exigent une distance alors que d’autres requièrent une proximité, selon le cas, la personnalité de chacun ainsi que bon nombre d’autres critères. L’affect compte également parmi ces critères et sa place n’est pas des moindres. Mais dans la pratique, les problèmes d’interactions imbriquées dans les circonstances difficiles limitent cette attitude. Les problèmes inhérents à la jeunesse en protection judiciaire méritent une attention particulière vu sa permanence. Il ne faut pourtant pas négliger le fait que l’éduqué tenu comme une personne en protection judiciaire arrive à ce « statut » de par des faits antérieurs, dont il peut être ou ne pas être le responsable. Raison pour laquelle, l’intervention de l’éducateur, conscient des enjeux de la protection judiciaire, est très délicate. Cette intervention peut être directe, cas des communications verbales. Ou indirecte, comme les communications non verbales. L’Etat n’est pas en marge des enjeux inhérents à la protection judiciaire. Ayant mis en place et continuant à apporter des améliorations au niveau du système socio judiciaire, l’Etat se place comme un vrai responsable face aux défis que les jeunes imposent pour un avenir meilleur de la France et de l’Europe.

 

 

Bibliographie :

 

1-Qu’est-ce qu’apprendre : l’approche cognitive. DERO M. (1999)

2-Pour un enseignement stratégique, L’apport de la psychologie cognitive Logiques. Pr. JACQUES TARDIF (1992)

3- Le rôle de l’éducateur Informations sociales : “La demande de droit”, n° 22 JEAN DUBOIS – Educateur de la protection judiciaire (1992)

4 – Les éducateurs de la Protection judiciaire de la jeunesse à l’épreuve de l’évolution du traitement pénal des jeunes délinquants  NICOLAS SALLEE

5-  Quand les banlieues brûlent… Retour sur les émeutes de novembre 2005, LAURENT MUCCHIELLI  et VERONIQUE LE GOAZIOU

6- La prise en charge des jeunes en grande difficulté .Approche théorique les paradoxes de la relation éducative –Pr. P JEAMMET, psychiatre

7- Quelques caractéristiques sociales du public sous protection judiciaire. F. Sicot, Sociologue

 

8- Distanciation psychologique d’une personne violente- NATHALIE AUBIN  –département de psychologie Université Laurentienne.

 

9- De la pédiatrie à la psychanalyse, WINNICOTT D.W, Payot (1969)

10- Le lien familial  extrait de L’écoute psychanalytique de groupe familial: concept et praxis. AUBERTEL -Assistance Educative en Milieu Ouvert

11- La méthode d’analyse en groupe, LUC VAN CAMPENHOUD, JEAN MICHEL CHAUMONT, ABRAHAM FRANSSEN, Dunod (2005)

12-Educateur (trice) à la Protection Judiciaire de la Jeunesse. Un métier complexe, Sociétés et jeunesses en difficulté, N°9  FRANCOISE HICKEL Printemps 2010

13- Psychanalyse et éducation spécialisée – Commentaire de la préface de Freud de 1925 à l’ouvrage August Aïchhorn « Jeunes en souffrance »

14- L’enfant et l’éducateur JACQUES TREMITIN (1998)

15- L’évaluation de l’action sociale in le lien social  n°411  JACQUES TREMITIN (1998)

Sitographie

http://www.archives-judiciaires.justices.gouv.fr/index.php-

http://www.lesocial.fr/ecrits/ ? – en quoi la distance entre l’éducateur et l’adolescent agit-elle dans l’accompagnement éducatif au sein d’une MECS-autre &éducateur spécialisé-

http://www._tremintin_com

http://www.onisep.fr

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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