En quoi l’utilisation de l’humour peut-elle avoir un impact sur la relation d’aide ?
Thème : Mémoire sur l’humour en travail social
Problématique : En quoi l’utilisation de l’humour peut-elle avoir un impact sur la relation d’aide ?
Plan
Partie 1. La socialisation de l’humour
Chapitre 1. L’accompagnement social et le cadre de sa réalisation
1.1. Evolution du concept d’accompagnement
1.2. Cadre de réalisation de l’accompagnement
Chapitre 2. Le concept « d’humour » dans le domaine social
2.1. Le rire et l’humour au fil des époques
2.2. Les conditions de l’humour
Chapitre 3. Usage social de l’humour
3.2. L’humour, générateur de lien social
3.3. L’humour favorise la distanciation
Chapitre 4. Cadre méthodologique
4.1. Rappel de la problématique et formulation des hypothèses
4.1.1. Rappel de la problématique
4.1.2. Les hypothèses de recherche
4.2. Choix des moyens d’investigation
4.2.1. Les entretiens préparatoires
4.2.2. Cadre de l’étude empirique
Chapitre 5. Analyse des résultats
5.2. Les conditions de réalisation de l’humour dans l’accompagnement social
5.3. L’accompagnement par l’humour
Chapitre 6. Synthèse et recommandations
6.1. Répondre à la problématique de l’étude
Résumé
L’accompagnement social est un concept évolutif, mais se focalise sur l’objectif d’autonomisation de toute personne bénéficiaire des aides sociales. Du coup, les interventions dans de tel accompagnement doivent être relatives à cette personne bénéficiaire, et l’utilisation de l’humour en tant qu’outil dans ce sens doit observer ce principe. En fait, l’humour a un caractère à la fois social et individualisé, faisant en sorte que ses impacts (positifs et/ou négatifs) au niveau de l’individu et de la société pourraient être significatifs. Désormais, l’humour pourrait être un outil puissant entre les mains des travailleurs sociaux comme générateur de lien social, un outil à utiliser toutefois dans un cadre conditionné par la subjectivité des acteurs de l’accompagnement. En effet, il existe toujours un risque d’échec (à l’atteinte de l’objectif d’autonomisation) à cause notamment de cette subjectivité, un risque qu’il convient de réduire en établissant les conditions nécessaires pour positiver les effets de l’humour sur la personne bénéficiaire. De ce fait, malgré la potentialité de l’humour à soutenir les actions du travailleur social au niveau des relations d’aide, il y a lieu de ne pas le formaliser en tant qu’outil absolu dans l’accompagnement social, mais plutôt d’aider les professionnels à appréhender les enjeux (avantages et inconvénients potentiels) de son usage social afin qu’ils puissent décider (par eux-mêmes) de manière optimale l’emploi ou non (suivant les circonstances et des acteurs en présence) de cet outil, qu’est l’humour.
Introduction
L’évolution du travail social s’inspire de la modernisation de la société. Cette modernisation ouvre la porte à l’utilisation de nouveaux mots ou à de nouvelles pratiques et nécessite alors, une adaptation des interventions lors de l’accompagnement des usagers.
Le travail social est loin d’être une construction récente et sa configuration telle que nous la connaissons aujourd’hui, résulte d’une longue évolution à travers les âges. Au début, les sociétés reposaient sur des conceptions religieuses ou altruistes pour construire le socle des solidarités. En effet, lorsqu’une société se construit, se fédère, elle organise une administration charitable et solidaire dans une volonté de vivre ensemble et de protéger les plus vulnérables. Plus tard, l’aide d’État devint un outil de contrôle, le but étant surtout de ne pas se faire déborder par un paupérisme croissant. Ensuite, apparaissent les premiers hôpitaux, les lieux d’asiles pour les enfants abandonnés, pour les adultes sans ressources. On assiste à l’apparition d’une société de secours mutuel.
Les périodes d’après-guerre renforcent le rôle du travail social. Les services sociaux conservent un rôle de premier plan pour répondre aux besoins individuels et familiaux d’une population française meurtrie et fragilisée. Les différentes crises économiques créent un ébranlement du monde du travail. Dès lors, le rôle du travail social s’intensifie et les travailleurs sociaux vont être les principaux acteurs sur les questions de l’exclusion sociale et cette rencontre peut être porteuse de souffrance tant elle fait ressurgir un sentiment de honte et de souffrance chez les personnes. Bien des années plus tard il est devenu, un vecteur incontournable de la pensée économique et des orientations politiques. Son champ d’action s’est étendu, ses pratiques se sont adaptées aux nécessités des préoccupations des générations antérieures. Son caractère professionnel s’est affirmé. Le travail social, à travers l’histoire, n’a jamais cessé d’évoluer et de se développer. Ces mutations ont forgés chez certains professionnels une disposition à l’humour.
Comme le souligne Geneviève Besson :
« Dans l’action sociale, comme ailleurs sans doute, l’humour représente à la fois une ressource personnelle et une ressource collective pour faire face aux difficultés quotidiennes liées soit à la pratique, soit aux organisations de travail. Outil façonné pour l’attaque ou bien pour la défense, il se manie comme une arme ou se pratique comme un art. L’humour est toujours le signe d’une intelligence lucide et clairvoyante et le fait d’une sensibilité singulière. Lorsqu’il s’attaque avec dérision à l’absurdité ou à la souffrance des situations vécues, l’humour exprime tout simplement un certain refus du renoncement »[1]. J’ai souvent constaté en effet, que l’humour était présent lors des accompagnements ou lors des relations entre collègues, cependant il ne fait pas partie du référentiel de compétence.
J’ai puisé dans mes différentes expériences pour définir mes motivations. L’humour m’est indispensable comme une nourriture, d’ailleurs « l’humour c’est la nourriture de l’âme ». Cette très belle phrase a été dite par un usager qui soutenait que « manquer d’humour c’était la porte ouverte à la morosité, et que c’était mourir un peu ». Le simple fait de parler d’humour provoque un sentiment de plaisir. Je me rappelle du jour où l’une de mes sœurs a dû nous quitter pour un voyage à l’étranger. Nous étions tous affligés jusqu’au moment où l’un de nous, d’un trait d’humour a inversé ce moment triste en cascades de rires. Même lors des enterrements où il est coutume d’avoir une mine éplorée, certains n’hésitent pas à y glisser des histoires drôles. D’ailleurs dans la tradition antillaise, la veillée mortuaire se déroulait dans la maison du défunt où un conteur narrait la vie de celui-ci et parlait de ses qualités et défauts avec des anecdotes destinées à faire rire l’assemblée. Le mot d’ordre c’était le rire au-delà de la mort.
Au cours de mes précédents stages, et durant différents accompagnements, j’ai observé que les professionnels utilisaient l’humour lors de l’accompagnement social ou lors de relations entre collègue, pourtant c’est une pratique qui ne fait pas partie du référentiel professionnel et qui ne rentre dans aucun domaine de compétences. J’ai alors, constaté que la relation de confiance pouvait s’établir de manière tout à fait différente. La communication verbale recèle de nombreux codes et j’ai noté quelquefois que l’humour peut être la clé pour approcher l’autre. Un peu comme l’a dit le dessinateur Wolinski, dessinateur de presse : « l’humour est le plus court chemin d’un homme à un autre »[2]. En réalité, l’humour attire par son côté ludique. De plus, l’humour ne s’adresse pas seulement à l’individu, mais c’est aussi un phénomène qui touche beaucoup de sociétés. L’humour est interactif et s’adresse à l’autre dans le cadre de relations humaines. L’incongruité d’une situation peut prêter à sourire comme le fait de voir une personne très sérieuse sortir de son cadre austère et se comporter de façon ridicule. Cependant, l’humour ne s’adresse pas seulement à l’individu, mais c’est aussi un phénomène social qui existe depuis très longtemps. Déjà, au moyen âge, le seul personnage qui se permettait de se moquer sans conséquences du roi, était le bouffon du roi. Aujourd’hui, étant constamment présent dans la société actuelle, l’humour n’est pas dénué de sens, mais souligne plutôt un besoin face à un rythme de vie effréné. De nos jours, les humoristes se moquent allègrement des personnalités politiques et les concitoyens sourient quelques soit leur sensibilité politique. Ce phénomène de société est tel, que le fait de ne pas se moquer d’une personnalité équivaut à un manque de popularité. C’est aussi l’une des raisons qui font que les émissions et les spectacles humoristiques prennent une place prépondérante dans la vie quotidienne. L’humour, séduit et rapproche les individus.
D’ailleurs, dans la société actuelle, l’humour traverse plusieurs champs : l’histoire, la médecine, la psychologie, la philosophie, la linguistique, la littérature, la musique et même la science. Son utilisation parait naturelle pendant un entretien professionnel, lors d’un accompagnement social, ou même durant un contrôle de police ! Il semble être pour la plupart des personnes un témoignage de bien-être et de plaisir. En ce qui me concerne, je souhaitais aborder ma profession de manière plaisante. Une façon de travailler avec l’autre avec pour objectif un bien-être commun, comme le définit Sylvie Joly, actrice et humoriste française (1934-2015) : « L’humour : une mission, faire du bien aux gens »[3].
Sigmund Freud disait à ce sujet que l’humour à « quelque chose de libérateur mais aussi de sublime et d’élevé et aux divers bénéfices physiques et psychologiques, s’en ajoutent d’autres, notamment sociaux et cognitifs et une certaine philosophie de vie »[4] Donc, l’humour qui est tributaire de l’interlocuteur, de l’auditeur et du fait social a bien une valeur multidimensionnelle. Il permet d’établir une relation de confiance, ainsi que la restauration de l’estime de soi. L’humour me semble avoir de ce point de vue, un effet soignant et réconfortant.
Comme a dit si justement le dessinateur Wolinski « l’humour est le plus court chemin d’un homme à un autre »[5]. Je rejoins tout à fait ce propos car à mon sens, l’humour utilisé dans la relation d’aide peut-être l’un des moyens pour créer du lien. Il aide à relativiser, à rire de soi ou de situation inextricable. Il remet chacun à sa place sur un plan d’égalité. L’humour rend humble. Entre autres bienfaits, l’humour permet de détendre la relation, de mettre à distance, de faciliter et rééquilibrer la relation, de se défendre, de faire réagir ou de déjouer l’agressivité. La notion de relation est très présente dans l’utilisation de l’humour. Humour et dérision participent à des codes qui permettent d’entrer en relation, de donner une image de soi ou de s’imposer dans un groupe. En ce sens il me semble qu’il a une fonction génératrice de lien. En effet l’humour est destiné à faire rire l’autre. Par conséquent, il me parait être une nécessité relationnelle.
Lors de mes recherches, j’ai été surprise de constater le nombre de disciplines qui s’intéressait à l’humour. J’aime à croire que cette capacité de s’amuser de tout, est un phénomène social très recherché pour ses effets agréables. Mais qu’en est-il du travail social ? J’ai souhaité connaître le positionnement des professionnels du travail social par rapport à l’humour, et savoir s’il était compatible avec les missions des travailleurs sociaux. L’humour peut-il accompagner les différents domaines de compétences et surtout comment l’intégrer à ma pratique professionnelle ?
Grégoire Lacroix, écrivain et journaliste français, a dit « là où l’humour est partagé l’amitié n’est pas loin »[6]. Sans aller jusqu’à considérer toutes les personnes avec qui je ris comme des amis, l’humour se révèle un formidable générateur de lien me semble-t-il. Dans ce contexte de la relation d’aide, il est mis au service de l’écoute attentive de l’autre et il entraine le respect de soi et des autres. Il crée de l’émotion ou de l’imagination. Il aide à la reconnaissance et à l’acceptation des différences de chacun, à l’apprentissage de la retenue en faisant attention à l’autre. Dans l’ouvrage le champ psy[7] il est écrit que « l’humour est dit pour être partagé et créer une relation ou l’autre répond ». En effet, lorsqu’une conversation débute sur une note d’humour, l’interlocuteur rétorque rarement par la colère sauf s’il est très mécontent. Bien souvent, on répond à l’humour par l’humour.
Dans ses travaux sur l’interactionnisme Erving Goffmann (1922-1982), sociologue américain, imagine le concept de face à face : « perdre la face ou faire bonne figure car la face est sacrée. Selon son concept : la vie sociale est une sorte de théâtre, où les individus sont des acteurs qui endossent des rôles, différents selon qu’ils sont au travail, dans une soirée mondaine ou dans l’intimité du foyer. Le but du jeu est de faire bonne figure et de permettre à chacun de garder la face »[8].
Le travail social c’est la rencontre entre deux personnes. L’une est dans une recherche d’aide à la résolution de ses problèmes sociaux et l’autre, forte de ses compétences, apporte une aide pour trouver des solutions grâce à un accompagnement social adapté. Le tout peut se réaliser de manière agréable et dans le plaisir de l’échange. Je souhaite pratiquer mon futur métier de façon plus légère. Selon Georges Elgozy[9], « l’humour ne peut pas encore changer le monde, ce qui ne doit pas servir de raison ni de prétexte pour en différer l’usage »[10] autrement dit l’humour n’est pas un remède miracle, mais il allège les tensions quelquefois, et ajouter un peu d’humour dans son quotidien rend la vie plus acceptable à mon sens.
La Loi 2002-2 de rénovation et de modernisation de l’action sociale place l’usager au centre du système social et médico-social, ce qui demande aux professionnels de s’inscrire dans un travail partenarial, et dans certaines situations, l’humour aide à créer ce partenariat avec l’usager.
L’accompagnement social c’est se joindre à quelqu’un pour aller où il va en même temps que lui. Cela implique l’acceptation de l’autre dans sa singularité et nécessite une ouverture d’esprit et presque un renoncement de soi, de façon à laisser s’exprimer l’autre, de l’accompagner dans la manière d’élaborer un projet personnel et professionnel qui ait du sens pour lui. Dans le parcours qui se dessine, l’accompagnement se fait pas à pas, les projets qui s’élaborent, les choix et les renoncements qui se font, pour qu’ils prennent du sens dans l’histoire de la personne accompagnée. C’est dans le dialogue et la relation de confiance que ce fait l’accompagnement et cela doit permettre l’émergence du désir de l’usager qui est un moteur essentiel pour le développement de son autonomie. Effectivement, l’autonomie pour la personne en difficulté, commence par la prise de conscience de son besoin d’aide, par sa capacité à savoir gérer ses dépendances et d’accepter les règles, les lois communes, d’assumer ses handicaps et ses difficultés d’insertion sociale, sa capacité de faire face en construisant une réponse adaptée à ses possibilités et à ses limites. Cela passe par l’acceptation de soi et l’acceptation de la société telle qu’elle est. A cet égard l’humour est peut-être un moyen de parvenir à ce consentement.
L’humour créé un dépassement de soi et une distanciation vis à vis des problématiques. En outre, l’utilisation de l’humour permet d’aborder des sujets graves et quelquefois dramatiques. Comme le souligne la revue, le sociographe : « l’humour permet de dépasser la souffrance en retrouvant un sentiment intérieur de maîtrise de la réalité »[11]. Dans le travail social, certains travailleurs sociaux se saisissent de cet outil pour établir la juste distance nécessaire entre une proximité professionnelle indispensable et une implication émotionnelle qui peut sembler inopportune.
Tout cela rend ainsi pertinents les différents questionnements ci-après : L’humour utilisé dans la relation d’aide, peut-il être un générateur de lien social ? L’humour dans la relation d’aide, est-ce une fonction sociale ? Comment imaginer le rire et l’humour dans un accompagnement, alors que ce sont des moments plutôt graves ? L’humour peut-il être un outil dans l’accompagnement social ? Comment être en adéquation avec les principes du travailleur social et comment intégrer l’humour dans les compétences ? L’éthique et l’humour sont-ils compatibles ?
De ces questionnements découle alors la problématique suivante : En quoi l’utilisation de l’humour peut-elle avoir un impact sur la relation d’aide ?
Afin de répondre à cette question centrale, le présent document se divise en deux grandes parties. La première partie (théorique) est consacrée à l’appréhension des concepts centraux de la recherche, à savoir : l’accompagnement social d’une part, et l’humour (et le rire) dans ce domaine d’autre part. Cela donne lieu à trois importants points à aborder, dont l’accompagnement social et le cadre de sa réalisation, l’humour dans le domaine social, et l’usage social de l’humour. La deuxième partie (pratique) cherche à répondre de manière empirique à la problématique. Il s’agit alors de formuler les hypothèses de recherche correspondant à cette problématique à résoudre, d’exposer plus en détail le cadre méthodologique de cette étude empirique, d’analyser les informations résultant des investigations effectuées à cette occasion, et enfin de synthétiser et d’émettre des recommandations au regard de l’analyse ainsi effectuée.
Méthodologie
Généralement, la présente étude a été réalisée en trois grandes étapes, correspondant (chacune d’elles) à trois types de méthodes pour recueillir et analyser les informations. La première étape consiste en une recherche exploratoire, au cours de laquelle des entretiens préparatoires ont été réalisés auprès de travailleurs sociaux sur le thème de l’humour et l’accompagnement social.
J’ai interrogé trois assistantes sociales ainsi qu’une psychologue de formation assistante sociale car je voulais connaître leur approche face à cette forme d’esprit et son utilisation dans leur pratique professionnelle. Il ressort de ces entretiens que « l’humour n’est possible dans la relation professionnelle que si l’on se connait bien, car il faut faire attention à ne pas blesser l’autre. Les relations humaines sont différentes d’une personne à l’autre et demeurent en constante adaptation. Il faut sentir l’autre, il faut doser. Dans certains cas l’humour peut-être une violence »[12].
Lors des entretiens préparatoires l’une des personnes interrogées m’a dit que l’humour est interactif. Il faut qu’il y ait un échange sur le même registre. Ainsi elle n’aborde jamais les personnes sur la tonalité de l’humour et attends l’installation d’une relation de confiance avant de l’utiliser. L’humour bien que, souvent présent, n’est pas toujours perceptible au premier rendez-vous, et la relation de confiance se crée étape par étape.
La deuxième étape de la recherche se concentre dans l’étude documentaire dans le but d’appréhender les concepts centraux de cette recherche. Il s’agit essentiellement de définir et apprécier l’évolution du concept de l’accompagnement social, de comprendre le positionnement de l’humour et du rire sur le domaine social, et de chercher à connaitre les implications fonctionnelles possibles de l’humour dans la relation d’aide. Désormais, la littérature scientifique ainsi que l’appréciation de plusieurs observateurs ayant exploité le sujet ont donné des indices intéressants pour avancer dans cette recherche documentaire.
Il ressort de mes recherches bibliographiques sur l’humour dans le travail social que ce thème n’est pas très représentatif dans la profession. Cependant il y a beaucoup d’ouvrages traitant du sujet de l’humour de façon globale mais mêlé à d’autres sujets comme le rire, l’ironie. De plus, nombreux sont les grands philosophes, psychiatres, psychologues, historiens qui ont étudiés l’humour. Tel que le psychanalyste, Freud avec l’ouvrage « le mot d’esprit et ses rapport avec l’inconscient ». Par la suite, je me suis rendu compte qu’il y avait un nombre croissant d’études, de thèses ou de recherches sur l’humour. Lors de dialogue avec différentes personnes, j’ai remarqué que nombres d’entre eux utilisaient l’humour dans la vie quotidienne : sur leur lieu de travail, dans les transports ou dans toutes autres situations.
Finalement, la troisième étape de la recherche est l’étude empirique, c’est-à-dire le recueil des informations nécessaires pour répondre à la problématique de l’étude. La recherche documentaire a ainsi permis de formuler un certain nombre d’hypothèse de recherche qu’il convient ensuite de confirmer ou d’infirmer à travers ces informations recueillies sur le terrain. Deux grands types d’information ont d’ailleurs permis à vérifier ces hypothèses. D’une part, des entretiens individuels réalisés auprès de travailleurs sociaux et, d’autre part, mes expériences propres (sur le domaine professionnel ou non) pour servir surtout d’exemple et d’illustration renforçant les idées issues des entretiens.
Mes nombreuses années passées dans le secteur financier en relation avec le public, ont forgé mes expériences professionnelles. Celles-ci m’ont permis de constater que l’humour aidait à aborder les personnes plus facilement. L’humour me permettait d’édifier une construction positive en mobilisant ma capacité à rire et à faire rire. Il ressort également de ces expériences que l’humour créait un dépassement de soi et une distanciation vis à vis des problématiques. Cependant, il n’a pas toujours été simple de provoquer une interaction au cours des entretiens mais c’était une véritable victoire lorsque l’utilisation de l’humour trouvait écho dans une démarche professionnelle. Lorsqu’il est utilisé avec discernement, l’humour a pour fonction première d’humaniser. Une manière de dire à la personne en face que je ne suis pas contre elle mais avec elle. Il me semble que l’humour à également une fonction sociale car il occupe une grande place dans la société. Les médias s’empare du moindre fait de société et les spectacles utilisent l’actualité pour dénoncer certaines incohérences. Je pense par ailleurs, que l’utilisation de l’humour permet d’aborder des sujets graves quelquefois, dramatiques.
Les assistantes de service social interrogées m’ont indiqué que l’accompagnement social : « c’est se joindre à quelqu’un pour aller où il va en même temps que lui. Cela implique l’acceptation de l’autre dans sa singularité et nécessite une ouverture d’esprit et presque un renoncement de soi, de façon à laisser s’exprimer l’autre, de l’accompagner dans la manière d’élaborer un projet personnel et professionnel qui ait du sens pour lui. C’est accompagner pas à pas le parcours qui est en train de se faire, les projets qui s’élaborent, les choix et les renoncements qui se font, pour qu’ils prennent du sens dans l’histoire de la personne accompagnée. C’est dans le dialogue et la relation de confiance que se fait l’accompagnement et cela doit permettre l’émergence du désir de l’usager qui est un moteur essentiel pour le développement de son autonomie. Selon ces professionnelles du social, l’autonomie pour la personne en difficulté, commence par la prise de conscience de son besoin d’aide, par la capacité de savoir gérer ses dépendances et d’accepter les règles, les lois communes, d’assumer ses handicaps et ses difficultés d’insertion sociale, la capacité de faire face en construisant une réponse adaptée à ses possibilités et à ses limites ; en résumé, c’est consentir à soi-même ». Cela passe par l’acceptation de soi et de la société telle qu’elle est, et l’humour est un formidable moyen de parvenir à l’acceptation.
Partie 1. LA SOCIALISATION DE L’HUMOUR
Cette première partie cherche à appréhender les deux concepts centraux de cette étude, ce qui revient à traiter trois grands points (chapitres). Dans un premier temps, il sera question de chercher à comprendre la notion « d’accompagnement social » et le contexte de sa réalisation, une notion qui a beaucoup évolué au fil du temps. Ensuite, il y a lieu de détecter la conception de « l’humour » selon sociétés de différentes époques et de diverses cultures, ainsi que les conditions de réalisation de celui-ci. Enfin, il s’agira d’essayer d’apprécier les possibles usages sociaux de l’humour (et plus particulièrement lorsque ce dernier s’inscrit dans le cadre de relation d’aide).
Chapitre 1. L’accompagnement social et le cadre de sa réalisation
Ce premier chapitre se concentre ainsi sur l’évolution du concept d’accompagnement social, ainsi que sur le contexte de réalisation de celui-ci.
1.1. Evolution du concept d’accompagnement
Etymologiquement le verbe « accompagner » vient du mot « compagnon » et veut dire partager le pain. Selon la définition commune, « accompagner » c’est se joindre à quelqu’un pour aller où il va, en même temps que lui. Au quotidien, l’accompagnement social se traduit le plus souvent par des « situations microsociales qui s’apparentent au partage du pain »[13]. L’acte ou le processus interactif de comprendre ou de faire comprendre exige des relations de proximité où l’échange s’effectue dans une sphère affective, comme un moment vécu en commun.
L’évolution du travail social s’inspire de la modernisation de la société. Cette modification ouvre la porte à l’utilisation de nouveaux mots et à de nouvelles pratiques et nécessite alors, une adaptation des interventions lors de l’accompagnement des usagers. D’après un article de Cristina de Robertis dans la revue française de service social, « le terme “accompagnement” apparaît entre 1985 et 1995, il n’a pas cessé de faire son chemin dans le vocabulaire des travailleurs sociaux [… et] se développera à partir de différentes politiques sociales »[14].
L’accompagnement social a également été utilisé par le secteur handicap dès les années 1980. Ainsi, certains Centres d’Aide par le Travail sont désormais dotés de « services d’accompagnement et de suivi ». Le dispositif d’insertion RMI (en 1989), ainsi que ceux de lutte contre le surendettement (avec la loi NEIERTZ de 1989) et de logement (avec la loi BESSON de 1990) pérennisent par la suite de tel accompagnement social[15].
Cependant, ce terme « accompagnement » est largement utilisé par de nombreux autres professionnels et ne représente plus une spécificité pour les assistants de services sociaux. En fait, il faut reconnaitre que l’accompagnement social n’est qu’une partie du savoir-faire professionnel de ces assistants de service social et la profession ne devrait pas être réduite au seul aspect d’accompagnement. Il est ainsi relégué au second plan et devient une démarche et une fonction partiellement constitutive de l’ISAP[16].
Différents termes sont désormais reliés à l’accompagnement social comme la posture, le choix, la réciprocité ou le cheminement.
L’action qui vise à soutenir une personne ou un groupe de personnes est, depuis ses origines, constitutive du travail social. Mais, les termes désignant le processus d’accompagnement ont fait l’objet d’une évolution au fil du temps, comme le note la Directrice de l’Ecole de service social de la Croix-Rouge française de Toulon et auteure de la Méthodologie de l’intervention en travail social Cristina De Robertis[17]. Cette action prend le nom « d’assistance » au XIXème siècle, puis devient « l’aide et la protection » entre 1904 et 1930. Elle est ensuite appelée « le suivi » de 1930 à 1945, puis « prise en charge » de 1946 à 1970, « approche globale » et « intervention » de 1970 à 1985[18]. Enfin, le terme « accompagnement » apparait dans le travail social dans les années 1996, « dans le cadre de l’intervention d’aide » à la personne[19]. A la même époque, l’Association Nationale des Assistants de Service social produit une analyse du concept « accompagnement social » dans la Revue Française de Service Social. Elle distingue l’accompagnement social prescrit dans les textes législatifs et les dispositifs d’action sociale, de l’accompagnement en service social proposé par l’ASS aux personnes, familles ou groupes, qui est librement consenti, négocié et contractualisé.
1.2. Cadre de réalisation de l’accompagnement
L’accompagnement social nécessite une adaptation constante à l’autre. « Cette démarche n’a de chance de porter ses fruits qu’à condition qu’on sache la conjuguer avec la prise en compte de l’autre comme partenaire et comme acteur à part entière. Ce que confirme Brigitte Bouquet quand elle rappelle les deux conditions nécessaires à cette réussite : le renoncement à la toute-puissance professionnelle, c’est-à-dire le refus de faire à la place de l’autre, tout en s’appuyant sur les potentialités de l’autre »[20].
Selon le Professeur (chaire travail social et intervention sociale) B. BOUQUET et la formatrice en travail social et assistante sociale C. GARCETTE « l’accompagnement social vise à aider les personnes en difficulté à résoudre les problèmes générés par des situations d’exclusion, et à établir avec elles une relation d’écoute, de soutien, de conseil et d’entraide, dans une relation de solidarité, de réciprocité et d’engagement de part et d’autre. Inclus dans l’ISAP, l’accompagnement social ne peut donc être fondé que sur une démarche volontaire. Il repose sur la liberté de chacun et sur la capacité d’engagement réciproque. Cette démarche orientée vers le « faire ensemble » est attentive aux processus, au cheminement des personnes, à leur parcours »[21].
La démarche d’accompagnement social dépend de plusieurs conditions, telles que les notions de présence et de proximité, la notion de participation active de l’usager, une idée de changement de la situation de l’autre qui est en devenir, une notion d’individualisation de la personne ainsi qu’une idée de fin.
Cet accompagnement social s’appuie essentiellement sur trois compétences en matière de pratique professionnelle. Tout d’abord, il y a considération de la situation sociale, comme elle est bâtie par l’usager. En second lieu, il y a l’appréhension de la dynamique de l’action sociale en tenant compte des potentialités, des contraintes et des évènements qui fondent celle-ci. En troisième lieu, il y a l’adaptation de l’action sociale à un champ de possibilités stratégiques[22].
Dans une relation de confiance, l’accompagnement doit permettre l’émergence du désir du sujet. Ce désir est le moteur essentiel de l’existence, le support de la parole et de l’échange ainsi qu’un levier pour le développement de l’autonomie[23].
L’expérience du travail social met en évidence et démontre, pour la personne bénéficiaire de l’aide d’accompagnement, que l’autonomie débute par la prise de conscience (par cette personne) de son besoin d’aide, par la capacité de gestion qu’elle a de ses dépendances et de son acceptation des règles et lois communes de manière à assumer son handicap et/ou ses éventuelles difficultés d’insertion sociale, par son aptitude à faire face à la réalité en édifiant une réponse correspondante au mieux à ses possibilités (ainsi qu’à ses limites). Cela implique donc un véritable consentement à soi-même. L’accompagnement doit ainsi aider cette personne à acquérir une telle autonomie afin qu’elle devienne un vrai acteur de sa propre vie, qu’elle effectue sa décision en toute indépendance vis-à-vis d’autrui, et in fine, qu’elle accède à la pleine citoyenneté[24].
En somme, bien que le concept d’accompagnement pourrait être polysémique dans le sens d’une utilisation large dans différentes disciplines et divers secteurs d’activité, son usage au niveau de la relation d’aide fait référence à des caractéristiques que devrait comprendre tout travailleur social. En tout cas, ce dernier a intérêt à mettre la personne bénéficiaire de ses prestations au centre des interventions, c’est-à-dire de considérer cette personne comme un véritable acteur qui influence toutes les opérations à réaliser pour elle. Par ailleurs, le travailleur social devrait également « optimiser » (dans le sens d’une utilisation efficace et occasionnant des coûts moindre dans les interventions, pour toutes les parties prenantes) les outils qu’il manipule dans ces interventions. C’est dans ce cadre que « l’humour » est proposé comme faisant partie de ces outils, et il est alors nécessaire d’apprécier les implications de celui-ci dans le domaine social.
Chapitre 2. Le concept « d’humour » dans le domaine social
Le terme humour est emprunté à la théorie des humeurs de Galien[25] qui est restée longtemps la base de la médecine, selon laquelle les fluides corporels régissent le tempérament. Pour les anciens, la santé de l’esprit et du corps variait en fonction de l’équilibre des humeurs dans le corps. D’après cette définition l’humour serait aussi bien une pratique, qu’une disposition d’esprit présente chez une personne. Mais, les conceptions de l’humour qu’ont diverses sociétés de différentes époques n’ont pas été uniques ; il convient alors de tenir compte de cette évolution. C’est ensuite qu’il faut déterminer les conditions de réalisation positive de l’humour (c’est-à-dire, n’entrainant pas trop d’impacts négatifs sur les autres personnes qui assistent à la réalisation de l’humour).
2.1. Le rire et l’humour au fil des époques
Dans l’Antiquité, le rire est associé (en partie) à la divinité de la mythologie grecque. Il a une connotation positive dans le sens où le rire apparait nécessaire à la « recréation » du monde ainsi qu’en permettant l’instauration d’une certaine cohésion sociale. C’est d’ailleurs pour cette raison, pendant les fêtes antiques, que les gens viennent en cachant leur visage derrière des masques et l’on assistait donc à une sorte d’inversion des rôles de maîtres et d’esclaves[26].
Très tôt, dès 449 après J-Christ, est apparu le bouffon du roi avec Attila, roi des Huns. Le rôle de ce bouffon était de divertir son souverain et les invités, lors des banquets. Ce métier a perduré jusqu’au règne de louis XIII. Plus tard, au moyen-âge, le chirurgien Henry de Mondeville a conseillé ainsi : « Le chirurgien interdira la colère, la haine et la tristesse à son patient, et lui rappellera que le corps se fortifie par la joie et s’affaiblit par la tristesse »[27]. A cette époque les médecins découvrent les vertus thérapeutiques de l’humour et ses bienfaits sur l’équilibre vital de l’homme. Par la suite, Darwin et certains anthropologues ou sociologues du XIXème siècle, ont défini le rire comme un mode de communication, qui exprime la joie ou le bonheur.
En s’intéressant à la sociologie de l’humour, l’évolution du « comique » peut être tracée du Moyen-Âge jusqu’à l’époque contemporaine suivant trois grandes phases : le « réalisme grotesque », la « période satirique » et la « période post-moderne »[28]. Désormais, la première période est située au « Haut Moyen-Âge », durant laquelle il y avait une profonde liaison entre d’une part, la culture populaire et, d’autre part, les fêtes et réjouissances prenant souvent les formes carnavalesque. Pendant cette période, « dans un contexte socio-culturel urbain et libéré du refoulement imposé par l’Eglise médiévale, le rire devient autorisé et désinhibé »[29]. Le rire devient alors un phénomène grand public dans un contexte du plaisir de déguisement et de fête. Il est d’usage, dans de tel contexte, d’élire des personnages de l’autorité religieuse (abbés, archevêques, pape) de mascarade dans une ambiance obscène et grotesque, tout en restant respectueux envers les véritables notables et clergé.
La deuxième période est, quant à elle, localisée à l’âge « Classique » avec l’émergence de nouvelles formes littéraires comiques qui éloigne du rire grotesque et de la fête populaire. Le comique connote surtout de l’ironie pure dans un esprit critique. « Avec l’humanisme, face à une certaine désillusion et un recentrage sur l’homme, il s’agira de faire une critique de ceux qui sont au pouvoir parce que ce système devient vulnérable. Les institutions deviennent objets de satire de la même manière que l’homme reprend du pouvoir et réfléchit sur ces institutions dès les Temps Modernes »[30]. A cette époque, le rire a été fait avec beaucoup plus de discipline, de contrôle, de mesures. Néanmoins, étant donné le manque d’empathie et de respect d’autrui de cette ère, les hommes n’a que peu de gêne pour se moquer des pauvres, des fous, des infirmes, etc.
La troisième période, à partir de la Renaissance, l’humanisme est de plus en plus mis au-devant de la scène. « Transition du rire carnavalesque du Moyen Age vers un rire joyeux et épicurien à la Renaissance, le rire est revalorisé en exprimant la joie de vivre. Il s’anoblit, il est revalorisé et positivé. Il redevient expression de joie et en renouant avec la morale épicurienne, le rire redevient inhérent aux plaisirs sensoriels »[31].
En somme, le rire a traversé les siècles de différentes manières et les sociétés influencent beaucoup sur l’attitude vis-à-vis de ce phénomène. Autrement dit, l’appréhension du rire (et de l’humour, par l’occasion) est fortement conditionné par le temps et l’espace car elle dépend étroitement de la culture d’un lieu et d’une époque.
D’ailleurs, les philosophes, mais aussi les psychanalystes qui s’y intéressent : Bergson[32] dit que l’humour s’adresse à l’intelligence, et concernant le rire il dit qu’il est toujours, explicitement ou implicitement, collectif : « Notre rire est toujours le rire d’un groupe […] le rire cache une arrière-pensée d’entente, je dirais presque complicité avec d’autres rieurs, réels ou imaginaires »[33]. Stora-S[34] remarque même que le « rire solitaire » généré par la lecture d’un ouvrage comique fait intervenir au moins trois personnes dans la fabrication du rire : l’auteur, le personnage (qui peut être souvent au pluriel) et le lecteur. Désormais, la communication littéraire n’existe pas sans le lecteur, de la même manière qu’aucun spectacle n’est vraiment réalisé sans spectateur.
Le rire a donc une fonction de sociabilité. Selon le neurologue et psychanalyste célèbre Sigmund Freud, « sans le rire libérateur, l’homme ne supporterait pas le carcan, la camisole de force, les inhibitions, que suscite en permanence la société. Mieux vaut en rire ? Mais peut-on rire de la mort par exemple, l’intolérable absolu ? »[35]. Oui, selon Freud, car la capacité d’humour sauve de l’intolérable. L’humour a cette capacité de nous faire rire de nous-même dans les pires situations et des malheurs qui nous arrivent. Malgré tout, il nous permet de garder une bonne image de nous. « L’humour est le seul comportement capable d’éviter la mélancolie, cette maladie de l’individu qui passe son temps à se faire des reproches, à se sentir coupable de tout ce qui lui arrive »[36].
Souvent, l’humour est lié au rire. Même si leur point commun c’est le plaisir, le rire est extraverti et bruyant alors que le caractère discret de l’humour permet de l’employer dans différentes situations.
2.2. Les conditions de l’humour
Deux professeurs de marketing et de psychologie, Peter Mc Graw et Caleb Warren[37] identifient trois conditions d’apparition de l’humour. La première condition nécessite un comportement inapproprié ou l’évocation d’un tabou : il s’agit alors de faire apparaitre une « violation » (tabou, anti-norme, comportement inapproprié, etc.). Mais en même temps, pour la deuxième condition, l’humour doit paraitre dans un contexte sûr et bienveillant, c’est-à-dire sans danger : la situation est ainsi qualifiée de « bénigne ». Enfin la troisième condition requiert l’apparition des deux idées (des deux précédentes conditions) de façon simultanée, dans un « processus interprétatif ». « En d’autres termes, si nous avons un contexte sûr + une blague gonflée = les indicateurs peuvent être au vert et nous pouvons interpréter la blague comme de l’humour »[38].
Il apparait alors que l’humour est plus sérieux qu’il n’y paraît. Ses bénéfices sont à la fois physiques, sociaux, et psychologiques. Il est présent dans toutes les cultures et à tout âge. Il aide à combattre le stress ou diminuer la douleur et souvent à alléger des moments embarrassants.
« Voir les choses en farce est le seul moyen de ne pas les voir en noir. Rions pour ne pas pleurer »[39]. Cette citation du célèbre écrivain français Gustave Flaubert fait penser à une autre phrase qui dit « rire pour ne pas pleurer »[40] ; c’est un peu faire le dos rond face aux vicissitudes de la vie. Pour certains infortunés, cela voudrait certainement dire : il vaut mieux rire de soi plutôt que de ne plus s’arrêter de pleurer. L’humour permet donc de dédramatiser et de banaliser une situation.
En conclusion, il faut reconnaitre que l’humour est de nature sociale, quel que soit le cadre de sa réalisation. Ainsi, il ne fait pas de doute sur les impacts (positifs ou négatifs) sociaux de l’humour sur les personnes assistant à la réalisation de l’humour. Il reste à déterminer les opportunités que cela offre lorsque l’humour est intégré dans le contexte de la relation d’aide.
Chapitre 3. Usage social de l’humour
Ce chapitre vise à identifier quelques-unes des principales fonctions sociales positives de l’humour. C’est dans ce sens que les rôles de « rassembleur », « générateur de lien social », et de « facteur de distanciation » sont étudiés respectivement.
3.1. L’humour rassemble
La pratique de l’humour s’est généralisée dans différentes communautés. Aujourd’hui, il existe diverses sortes d’humour avec des caractéristiques différentes. Par exemple, L’humour anglais qui peut être défini par le tempérament prêté au peuple anglais qui est désormais qualifié de « flegmatique » ou calme. Ce type d’humour s’appuie souvent sur l’autodérision et la répétition des situations[41]. C’est un humour un peu noir. « L’humoriste anglais se moque des particularités propres à ses congénères. Il joue sur les conventions et les barrières sociales si fortes d’habitude et qui explosent pour la plus grande joie de tous. Il maltraite les institutions si respectées dans la vie de tous les jours »[42].
L’humour rassemble et démontre que, finalement, toutes les communautés vivent les mêmes situations et qu’elles se ressemblent. Il s’agit d’un « effet empathique » de l’humour. Le rire est en quelque sorte une manière d’exprimer la ressemblance au-delà des différences, nous sommes tous semblables[43]. Selon le psychanalyste et thérapeute Moussa Nabati, « l’humour incite à la réflexion sur soi, sur l’existence, sur l’humanité. C’est un moyen de communiquer, de désamorcer les conflits. Dehors, la réalité est restée la même, mais nous, pour un petit moment, nous sommes plus tolérants, plus aimants. Moins égoïstes »[44].
L’autodérision qui est une forme d’humour dirigée contre soi-même, est très présente dans certaines communautés. Celle-ci ne reflète pas seulement une volonté de détente, mais constitue aussi une forme de résistance aux persécutions subies autrefois dans certaines sociétés, et s’apparente à une forme de défense. C’est dans un contexte de violence, face aux tragédies de son histoire que les histoires juives ont été inventées par la communauté juive. Elles constituent le modèle de l’humour anti déprime qui transforme en bonnes blagues ce qui abattrait bon nombre d’entre nous. C’est aussi une réponse à l’antisémitisme. Il y a dans l’autodérision, cette faculté de désamorcer une attaque en riant de soi-même[45].
Il peut être surprenant de constater le nombre de disciplines qui s’intéresse à l’humour. Cette capacité de s’amuser de « tout » est désormais un phénomène social très recherché pour ses effets agréables. Mais qu’en est-il du travail social ? Cela a, entre autres, motivé de connaître le positionnement des professionnels du travail social par rapport à l’humour, et savoir s’il était compatible avec les missions des travailleurs sociaux. L’humour peut-il accompagner les différents domaines de compétences et surtout comment l’intégrer à la pratique professionnelle ?
3.2. L’humour, générateur de lien social
L’écrivain belge et anarchiste de la langue française, Louis SCUTENAIRE (1905-1987), disait que « l’humour est une façon de se tirer d’embarras sans se tirer d’affaire »[46]. S’il est vrai que l’humour est dans une certaine mesure, une pirouette pour éloigner l’urgence d’une réponse il n’en reste pas moins qu’un résultat est attendu. Il s’agit donc de prendre de la distance, tout en restant ancré dans la réalité. En outre l’humour permet de mieux accepter ; que ce soit une situation ou une personne. Ainsi toute situation peut-être dédramatisée, à condition d’intervenir au bon moment et sur un ton qui ne laisse place à aucune moquerie ni à aucune anxiété. Et puisque l’humour n’est pas un exercice individuel, il nécessite que les deux interlocuteurs s’inscrivent dans un mouvement. Dans notre société, ignorer l’humour c’est manquer d’humilité et de lucidité ou de légèreté, de générosité, de douceur et c’est un peu ignorer tout altruisme. Tous ces concepts apparaissent nécessaires face à nos conditions de vie. « L’humour est un art en ce sens que comme l’art, il demande une aptitude et une certaine habileté […], il faut jouer avec des images et des mots et donc remonter au « bon sens ». Et comme tout jeu, il a son côté distrayant mais aussi ses règles »[47]. C’est vrai qu’il est possible de rire de tout mais pas n’importe comment, mais, l’humour à cette particularité de provoquer l’autre et l’on y reste rarement insensible.
Les trajets en train sont révélateurs de l’état d’esprits des personnes. En effet, c’est le lieu de rencontre pour les travailleurs pressés, pour les amis, les étudiants et tout autre voyageur. En général les personnes profitent de ces trajets pour échanger leurs expériences, et raconter leurs journées avec beaucoup d’humour. Il peut être constaté lors des déplacements en train que, même si les conditions du voyage ne sont pas toujours convenables, il y a souvent matière à rire. Dans mon expérience personnelle, par exemple, lors d’un matin dans le train, lorsque le conducteur s’est mis à plaisanter durant tout le trajet, les voyageurs étaient ravis, si bien qu’au terminus, beaucoup de voyageurs ont rejoint l’avant du train pour voir ce conducteur et le remercier. D’après ces voyageurs, commencer leur matinée avec une petite dose d’humour leur présageait une bonne journée. Humour et bien-être social vont alors souvent de pair.
Selon une étude publiée par l’Insee (Institut National de la Statistique et des Etudes Economique), en 2013, il y a une certaine corrélation entre le bien-être et la qualité de vie. Désormais, il ressort de cette étude que « les adultes vivant en France métropolitaine déclarent en 2011 un niveau moyen de satisfaction dans la vie de 6,8 sur une échelle allant de 0 à 10. Si 13 % d’entre eux estiment leur bien-être à 9 ou 10, ils sont 7 % à le situer à moins de 5 sur l’échelle de satisfaction. Ce ne sont pas seulement les restrictions monétaires, contraintes financières ou faibles revenus, qui vont de pair avec une moindre satisfaction : d’autres aspects de la qualité de vie, comme la faiblesse des liens sociaux ou le stress dans la vie courante, jouent autant, voire davantage que les contraintes financières. Viennent ensuite les difficultés liées à la santé, au logement, et à l’insécurité physique et économique. Un environnement dégradé et les tensions perçues au sein de la société ne joueraient pas sur le bien-être ressenti, de même que les tensions perçues au sein de la société. En revanche, les actifs occupant un emploi et en situation de mal-être au travail sont également plus fréquemment ceux qui déclarent une moindre satisfaction »[48].
3.3. L’humour favorise la distanciation
Dans la revue Vie Sociale[49], l’humour est désigné tantôt comme un outil de communication, tantôt comme un outil de protection avec pour finalité la dédramatisation par le rire. Quels que soient les formes ou les degrés utilisés, l’humour traduit une grande intelligence. Car son élaboration nécessite de l’observation et une excellente mémoire ainsi que la capacité de distanciation.
Cependant, si l’humour à une dimension sociale, il peut être ambivalent car il peut être utilisé aussi bien dans une dimension positive que négative pour quelquefois, créer une distance, rejeter ou faire mal à l’autre. C’est le cas de l’humour noir qui se révèle quelquefois bête et méchant. C’est le cas également de l’ironie qui a pour but de ridiculiser. En effet, celle-ci s’exerce au détriment d’une personne tandis que l’humour est une relativisation qui engendre la sympathie. On peut dire qu’il manifeste l’expression d’une solidarité et d’une complicité entre les personnes.
L’humoriste Pierre Desproges a dit : « on peut rire de tout mais pas avec n’importe qui »[50]. Paradoxalement, même si l’humour est très présent dans notre société, il semble plus compliqué de rire de tout et surtout avec tout le monde. En effet, il est à manier avec prudence, car tout le monde ne comprend pas l’humour et toutes les situations ne se prêtent pas à l’humour. En effet, faire de l’humour est très subjectif, car chacun à sa propre histoire et ses propres repères, d’où la représentation que se fait un individu sur un thème abordé par quelqu’un qui manipule l’humour pourrait être sensiblement différente de celle d’un autre individu.
D’ailleurs, concernant l’absence d’humour, HOUELLEBECQ[51] félicitait l’écrivain, philosophe, cinéaste, romancier français B. H. LEVY pour son manque d’humour. Ainsi, à Bernard-Henry LEVY qui se plaignait d’être considéré comme quelqu’un qui n’a pas d’humour, HOUELLEBECQ lui répondit « qu’il se pourrait que ce soit là, votre qualité la plus rare, et qu’est-ce que l’humour sinon la honte d’éprouver un sentiment réel ? »[52] Cette question interpelle beaucoup car selon l’auteur, cela voudrait dire que faire de l’humour c’est manquer de sincérité. Néanmoins, il faut reconnaitre l’évidence de l’utilisation de l’humour comme une forme de pudeur. Par ailleurs, il faut admettre que la conception de l’humour elle-même n’est pas unanime, peut différer d’un individu à un autre. Certains ne supporteront pas les traits d’esprits sur leur religion et encore moins sur leur physique, alors que d’autres riront de leurs incapacités liés à leur handicap.
« D’où vient l’effet comique ? De la mise à distance et de la mise en spectacle. On peut rire, même de ce qui n’est pas drôle ». Ce phénomène humain rappelle ainsi le rôle libérateur de l’humour, selon Freud[53]. Un bon mot avec une touche bien dosée d’humour pourrait faire disparaitre les tensions.
Voici la description qu’en fait Jim Holt, philosophe, journaliste, et écrivain américain : « Sur le plan physiologique, le rire est la contraction de quelque quinze muscles faciaux, et la stimulation conjointe des muscles de l’inspiration et de l’expiration, ce qui provoque des spasmes respiratoires et une explosion d’ordre phonique. Nous savons désormais que cette expérience a des effets bénéfiques sur la santé : oxygénation du sang, diminution du stress, renforcement du système immunitaire et, bonne nouvelle, allongement de la durée de vie. « Le seul rival du rire comme pourvoyeur de bien-être et de plaisir est l’amour » »[54]. L’humour n’est pas un simple trait d’esprit car, par son rôle positif et ses effets bénéfiques, il contribue au bien-être.
Le psychiatre Frédéric Rosenfeld dit : « Et si l’amour est aveugle et rend volontiers stupide, l’humour aiguise l’intelligence en modifiant le fonctionnement cérébral. Réjouis par un bon mot, nous résolvons plus facilement nos problèmes, car l’hémisphère gauche du cerveau (raison, logique) est plus actif »[55]. Mieux encore, explique le psychothérapeute Olivier Lockert, en ayant bien ri, « la plasticité du cerveau augmente, et de nouvelles connexions peuvent se produire »[56].
En somme, du moins sur le plan théorique, l’intégration de l’humour dans le domaine social (et plus particulièrement dans la relation d’aide) pourrait avoir des effets bénéfiques sur les interventions des travailleurs sociaux, autant pour ces derniers que pour les personnes bénéficiaires. Désormais, l’humour est susceptible de favoriser les liens pouvant être tissés entre ces deux types d’acteurs dans un double mouvement de sens opposé : d’une part en générant, entretenant et renforçant ces relations et, d’autre part, en instaurant une distanciation pour permettre aux personnes bénéficiaires de devenir acteurs principaux de leurs propres situations respectives. Il convient, maintenant, de vérifier ces éléments théoriques sur le terrain.
Partie 2. PARTIE EMPIRIQUE
Cette deuxième partie de l’étude cherche à répondre de manière empirique à la problématique de la recherche. Pour cela, il y a lieu, d’abord, de présenter le cadre méthodologique pour la réalisation de cette étude pratique. Ensuite, les informations recueillies dans ce cadre seront analysées de façon à vérifier un certain nombre d’hypothèses relatives à la problématique de l’étude. Enfin, les analyses seront synthétisées et des recommandations seront émises en conséquence.
Chapitre 4. Cadre méthodologique
Il s’agit, dans ce chapitre, de formuler les hypothèses de recherche correspondant à la question centrale de cette étude (qu’il convient de rappeler en premier lieu). Il faut également définir les méthodes adoptées et les moyens mis en œuvre, d’une part pour ce qui concerne les entretiens préparatoires car de nombreuses informations issues de ceux-ci ont également servi dans cette étude empirique et, d’autre part pour la collecte des (autres) informations complémentaires nécessaires à la vérification de ces hypothèses de recherche.
4.1. Rappel de la problématique et formulation des hypothèses
Dans un premier temps, alors, il apparait nécessaire de rappeler la question centrale de la présente étude, pour ensuite formuler les hypothèses de recherche correspondantes.
4.1.1. Rappel de la problématique
Dans l’accompagnement social, l’aide apportée par les travailleurs dans ce domaine peut être matérielle ou humaine. Ainsi, lors d’une intervention sociale, les personnes bénéficiaires d’un tel accompagnement peuvent être orientées vers des structures particulières et spécialisées pour recevoir des soins de santé du corps ou de l’esprit. Désormais, l’être humain est un individu à part entière avec son identité propre, donc très subjectif. Ce qui implique que chacune des personnes composant la société a des besoins propres. Du coup, si l’accompagnement social fait suite à une situation problématique, les assistants de services sociaux interviennent également dans la résolution des problèmes avec les usagers. En fonction de leurs possibilités, ces assistants sociaux sont acteurs dans la recherche d’une amélioration des situations de ces usagers. Ces derniers sont, par ailleurs, assurés des règles de la confidentialité des informations qu’ils délivrent aux accompagnateurs sociaux qui s’occupent de leurs cas. Le secret professionnel et la déontologie sont à la base du métier de l’assistant de service social.
Les missions de l’assistante sociale sont tournées vers l’autre, et lors de l’entretien (avec ce dernier) il est souvent question d’altérité, de l’autre (le bénéficiaire de l’accompagnement social, en l’occurrence), mais également (voire surtout) de l’outil relationnel que peut utiliser l’assistant de services sociaux dans ses interventions. Un outil susceptible d’être utilisé à bon escient dans ce cadre est l’humour dans la façon d’aborder l’usager en étant attentif afin d’établir la juste distance nécessaire au niveau de l’accompagnement social.
Lors des différents stages que j’ai effectués, et durant les divers accompagnements réalisés à l’occasion, j’ai remarqué que la relation de confiance pouvait s’établir de manière tout à fait différente d’une personne à une autre, ce qui confirme cette subjectivité de l’accompagnement social. La communication verbale recèle de nombreux codes, et quelque fois, l’humour constitue une clé permettant de mieux comprendre l’autre. Ces réflexions m’ont conduit à m’intéresser de plus près de l’utilisation de l’humour dans la relation d’aide.
Tout cela incite à poser de nombreux questionnements à ce sujet (qu’il convient de rappeler, bien que déjà évoqué dans l’introduction) : L’humour utilisé dans la relation d’aide, peut-il être un générateur de lien social ? L’humour dans la relation d’aide, est-ce une fonction sociale ? Comment imaginer le rire et l’humour dans un accompagnement, alors que ce sont des moments plutôt graves ? L’humour peut-il être un outil dans l’accompagnement social ? Comment être en adéquation avec les principes du travailleur social et comment intégrer l’humour dans les compétences ? L’éthique et l’humour sont-ils compatibles ?
De là découle la question centrale suivante : en quoi l’utilisation de l’humour peut-elle avoir des conséquences sur le travail social ?
4.1.2. Les hypothèses de recherche
Les différents questionnements se rapportant à la problématique, évoqués ci-dessus, et les éléments théoriques de la partie précédente (du présent document) ont permis la formulation des trois hypothèses de recherche suivantes :
Hypothèse H1 : L’humour peut générer et/ou renforcer des liens sociaux dans le cadre de la relation d’aide.
Cette hypothèse découle essentiellement des différentes fonctions de l’humour dans le cadre de la relation d’aide, dont notamment avec les rôles de « rassembleur » et de « générateur de lien social » de l’humour.
Hypothèse H2 : De par la subjectivité de la conception de l’humour, le travailleur doit d’abord s’assurer que l’humour ne nuirait pas à la relation d’aide avec le bénéficiaire avant de l’utiliser comme outil d’appui à l’accompagnement social. Il doit vérifier, entre autres, la qualité de sa relation avec la personne bénéficiaire, la représentation que fait celle-ci de l’humour, et l’implication de l’humour dans la vie et les problèmes de celle-ci.
Désormais, il a été évoqué (dans la partie théorique) que l’humour pourrait avoir des impacts positifs sur les personnes qui assistent à sa réalisation, à condition que cette dernière se fait dans un cadre bien précis, qu’il convient de préciser pour le cas particulier de la relation d’aide.
Hypothèse H3 : L’humour, si bien utilise dans le contexte d’accompagnement, peut même devenir un outil de soulagement pour les personnes bénéficiaires des aides sociales, et par cette occasion, facilite le travail des professionnels des aides sociales.
Cette dernière hypothèse est, en quelque sorte, la jonction des deux hypothèses précédentes, mais en tenant compte le contexte d’accompagnement comme cas à étudier.
4.2. Choix des moyens d’investigation
Deux niveaux d’investigation (c’est-à-dire du recueil d’information « empirique » sur le terrain) sont discutés dans cette section. D’un côté, il y a eu des entretiens préparatoires, ceux qui ont permis de faire le cadrage même du thème, des questionnements et de la problématique de la présente recherche. D’un autre côté, il y a également eu d’autres investigations qui, cette-fois, ont été réalisées après avoir abordé les aspects théoriques (la partie théorique de ce document) afin de vérifier chacune des hypothèses de travail formulées en conséquence.
4.2.1. Les entretiens préparatoires
Les entretiens préparatoires ont constitué un préalable même à la réalisation de la partie théorique (la partie précédente de ce document), puisqu’ils ont mis en exergue des questions pertinentes à prendre en compte dans l’ensemble de l’étude. Dans un premier temps, les circonstances et déroulement de ces entretiens préparatoires seront exposées, et ensuite, dans un second temps, il sera question de présenter les personnes ayant participé à cette phase exploratoire.
4.2.1.1. Circonstances et déroulement des entretiens préparatoires
Pour la phase préparatoire, deux entretiens ont été réalisés auprès de deux assistantes sociales. Le premier entretien fut un formidable concours de circonstance. En effet, chaque année l’établissement de formation demandait aux élèves de première année de mettre en place un colloque sur un thème choisis. Et le thème définit cette année-là traitait de l’art dans le travail social. A la lecture du programme, j’ai reconnu le nom d’une assistante sociale qui avait écrit un livre assez drôle sur le travail social. Aussitôt, la personne en question a été contactée pour obtenir un rendez-vous et elle a accepté de me rencontrer sur l’un de ces lieux de travail. J’étais encore hésitante sur les questions que je posais, mais elle m’a raconté de nombreuses anecdotes sur sa vie professionnelle qui était assez riche.
Elle avait débuté son métier en polyvalence de secteur et y avait travaillé pendant des années, puis, elle avait décidé de travailler en qualité d’assistante sociale du personnel. Son poste se partageait sur plusieurs établissements, et nécessitait de fréquents déplacements. Durant ces années, elle avait rencontré des situations « cocasses » qu’elle avait voulues partager avec le public ; son but étant de faire découvrir un métier méconnu qui avait la réputation d’être « triste », « difficile » et « détesté ». Elle aimait son métier et racontait le plaisir qu’elle avait chaque jour à rencontrer des personnes « formidables » qui, malgré leurs difficultés, trouvaient des ressources insoupçonnées en eux. Les moments de joies qu’elle partageait avec certains.
Le second entretien a été réalisé avec une jeune assistante sociale qui travaillait en milieu hospitalier au contact des malades. Là aussi, ce fut un plaisir de l’interroger. D’ailleurs, c’est en la voyant évoluer parmi ses collègues, que la pertinence de l’interview est apparu : elle savait mettre une petite touche d’humour dans ses échanges avec les autres et ses interventions étaient appréciées de ses collègues. Plus tard, j’ai su que le thème de son mémoire de fin d’étude porte sur « l’humour ! » Ses collègues, bien que surprises par le thème, n’étaient pas déconcertées de la relation faite entre humour et travail social car dans la pratique, les relations humaines sont différentes d’une personne à une autre et demeurent en constante adaptation. L’humour, bien que, souvent présent, n’est pas toujours perceptible au premier rendez-vous, et la relation de confiance se créée étape par étape.
Après l’avoir interrogé sur sa pratique professionnelle et l’humour, nous avons parlé de l’intérêt de la personne accompagnée, de la dignité de la personne et de la nécessité du bien-être moral. Nous sommes en adéquation avec le fait que le souci de l’autre ne se satisfait pas de l’existant mais se traduit par la recherche d’un mieux–être, pour et avec la personne.
La substance du travail social c’est l’autre et cela implique la reconnaissance et le respect de l’autre. L’accompagnement a pour objectif de permettre à chacun, quel que soit le niveau de difficultés qu’il rencontre de faire des choix responsables. En effet, il est important de respecter la décision de l’usager sans pour autant oublier que la liberté humaine se trouve dans la réalité de la vie et qu’elle n’a de sens et de valeur que lorsqu’elle s’articule à la responsabilité de sa vie. Malgré le côté sérieux de la conversation, l’échange fût émaillé de notes d’humour.
4.2.1.2. Les personnes ayant participé aux entretiens préparatoires
Quelques assistantes sociales ont pu participer aux entretiens préparatoires ; elles ont à leur compte des expériences professionnelles assez probantes pour offrir des idées riches et diversifiées pour l’étude, surtout qu’elles ont travaillé dans des cadres relativement différents.
Valérie : Assistante de service sociale à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales. Elle a exercé pendant 7 ans comme Assistante sociale en polyvalence de secteur
Exerce son métier depuis 20 ans
Justine : Assistante de service sociale dans un service hospitalier. Exerce son métier depuis 2 ans.
Floriane : Assistante sociale depuis 4 ans dans un service hospitalier
Chantal : Psychologue depuis 12 et Assistante sociale depuis 25 ans dans un service hospitalier
Florence : Assistante sociale depuis 3 ans
4.2.2. Cadre de l’étude empirique
Deux types d’information ont été exploités dans le cadre de la présente étude empirique, en cherchant à répondre à la problématique de cette recherche. D’une part, il y a les entretiens individuels semi-directifs réalisés auprès de quelques professionnels de l’accompagnement social. D’autre part, il y a les expériences propres auxquelles j’ai assisté sur le terrain de l’assistance sociale, celles-ci sont généralement utilisées, dans cette partie, à titre d’illustration pour renforcer les idées mises en avant à travers les entretiens individuels.
La réalisation d’entretien (plutôt que d’autres méthodes d’investigation, comme l’enquête dans le cadre d’une étude quantitative, par exemple) est notamment motivée par la nature et le type d’information à recueillir pour répondre à la problématique. En effet, il s’agit essentiellement de rassembler les informations qualitatives, c’est-à-dire des données dont les variables et leurs modalités ne sont pas encore déterminer avec précision à l’avance.
Suite aux nombreux entretiens réalisés pour mon mémoire, j’ai extrait celui de Chantal qui débute et termine son parcours professionnel par la profession d’assistante de service sociale. Elle obtient son diplôme d’assistante de service social en 1975. Puis, 7 ans après, elle entame des études en psychologie. Par la suite, elle obtient son DESS en 1987. Cette nouvelle profession de psychologue constitue une parenthèse dans sa carrière puisqu’elle revient exercer son premier métier d’assistante sociale. Aujourd’hui, âgée de 60 ans et après avoir travaillé dans de nombreux services hospitaliers, elle termine son parcours professionnel dans le service de cancérologie.
Lors de l’entretien, il a beaucoup été question de la relation d’aide, de l’accompagnement et de l’autre. L’assistante sociale se sent investie d’un rôle protecteur vis-à-vis de l’usager. Les différents échanges ont laissé entrevoir un réel souci du bien-être des personnes suivies. En effet, l’empathie est très présente dans la relation d’aide, mais chacun des interviewés ont rappelé la nécessité de maintenir une juste distance. Au-delà de l’identité ou du respect de la dignité humaine, l’altérité donne la légitimité à l’autre d’exister avec ses différences dans une société qui ne saurait subsister sans la contribution de chacun. Mais parmi tous ces concepts, celui de l’accompagnement prend tout son sens dans le cadre du travail social.
Une limite manifeste de la méthodologie adoptée dans cette recherche est le fait de n’avoir considéré que les travailleurs sociaux (surtout qu’il s’agit d’un seul type de ces travailleurs : assistante sociale). Il aurait été préférable et plus pertinent pour l’étude de pouvoir recueillir également les avis des bénéficiaires de l’accompagnement social, en l’occurrence. Mais, les contraintes (notamment en termes de temps) n’ont pas permis cette démarche. Néanmoins, les informations issues des entretiens avec les assistantes sociales ont été relativement riches et variées.
Chapitre 5. Analyse des résultats
Ce chapitre est consacré à l’analyse des informations recueillies à travers l’étude empirique (c’est-à-dire les propos des interviewés et des expériences propres du chercheur) en vue de vérifier chacune des hypothèses de recherche. Ainsi, pour faciliter l’exploitation des résultats des investigations, chacune des trois sections du présent chapitre traite de chacune de ces trois hypothèses de recherche.
5.1. L’intérêt de l’humour dans la relation d’aide : générer, entretenir et renforcer les liens sociaux entre professionnels et bénéficiaires d’aide sociale
La Loi 2002-2 de rénovation et de modernisation de l’action sociale met l’usager au centre de l’action sociale et médico-sociale en lui accordant la parole et la liberté de choix. Ainsi, elle incite une dynamique d’innovation et renouvelle le sens de l’offre de service social. Cette loi insiste sur la reconnaissance et le respect du droit de l’individu et met en avant la nécessité d’offrir une prise en charge de qualité, personnalisée, contractualisée et en cohérence aux besoins véritables de l’usager. Ceci implique l’indispensabilité de la contribution active de ce dernier et le responsabilise comme auteur de son propre projet[57].
Cette loi inscrit le professionnel dans le devoir de tout mettre en œuvre pour offrir à l’usager un accompagnement individualisé et au regard de la dignité humaine, cette personne a droit au respect, à une écoute attentive. Dans cette démarche, il faut toujours interroger la pratique de la profession.
D’un point de vue individuel, il peut être intéressant d’intégrer l’utilisation de l’humour à sa pratique afin de se distancier de situations difficiles. Cela permet de mieux communiquer et apporte de la bonne humeur. Les professionnels du social qui utilisent l’humour a déclaré lors des entretiens que c’est un élément supplémentaire pour dynamiser la relation d’aide, apaiser les tensions et dédramatiser les problèmes. Un travailleur social doit avoir une certaine distanciation vis-à-vis de la personne accompagnée, cependant cette bonne distance ne l’empêche pas d’être empathique.
L’humour n’est pas une fin en soi mais fait partie d’un tout. Il est possible de travailler sans l’humour, mais il est probablement évident que la mise en relation est plus simple avec lui. Dans un contexte où la société évolue sans cesse, il s’agit de donner du sens à la pratique professionnelle dans un environnement paradoxal. Le seul moyen de rester dans le cadre d’un humour réussit et respectueux est de se mettre à la place de l’autre. Il est important d’associer humour et empathie.
D’un point de vue collectif, l’humour est déjà présent dans les équipes, et peut-être même indispensable afin de relativiser, et dépasser le stress dans l’environnement professionnel. Lors des échanges avec les partenaires, l’humour ouvre des portes et rend les personnes plus réceptives, et plus abordables. Cela créé des relations avec des bases solides. Souvent les « non » se changent en « oui » avec un peu d’humour. Dans un environnement paradoxal ou le travail d’équipe ne va pas de soi et doit se réaliser dans un espace de négociation toujours à construire, l’humour permet de réussir là où quelquefois le sérieux n’aboutit pas. « Il y a ainsi de véritables enjeux à initier des approches inter et transdisciplinaires afin de permettre la mise en œuvre de démarches d’accompagnement qui donneront aux usagers une place d’auteur. L’éthique est au cœur des pratiques, favorisant une réflexion sur le sens et la réalisation d’un but commun dans le respect et la prise en compte des différentes identités professionnelles »[58].
5.2. Les conditions de réalisation de l’humour dans l’accompagnement social
La personne interviewée parle d’une parenthèse effectuée dans sa vie professionnelle et de sa difficulté à s’approprier, à son retour, les nouvelles notions et les nouvelles démarches qui sont intervenues dans le travail social.
L’accompagnement social nécessite une adaptation constante à l’autre. Cette démarche pourrait seulement aboutir positivement lorsque conjuguer avec la considération de l’autre en tant que partenaire et véritable acteur à part entière. Ceci met en avant deux conditions indispensables de la réussite de l’accompagnement social, à savoir : d’un côté, celle de renoncer à la suprématie professionnelle, c’est-à-dire le refus de faire à la place de l’autre, et d’un autre côté, celle de s’appuyer sur les potentialités de l’autre. Le travailleur social doit donc accepter que l’accompagnement social (et le travail social en général) ne peut se réaliser qu’en présence de l’autre. L’autre correspond au concept philosophique de « l’altérité » qui est largement représentée dans la relation d’aide.
Ces propos rappellent celui de Jean-Paul Sartre, pour qui « autrui c’est l’autre, c’est-à-dire le moi qui n’est pas moi »[59] et l’être humain ne prend conscience de sa propre existence que sous le regard de l’autre.
Dans sa relation avec la jeune Sophie, l’assistante sociale interviewée, Chantal, était attentive aux besoins d‘une jeune femme qui ne se situaient pas au niveau d’un dossier social, ni d’une aide financière, mais résidaient bien dans une relation d’écoute et de soutien ainsi qu’à un besoin d’évasion par le rire.
Par ailleurs, il y a lieu de faire une distinction entre l’altérité et la tolérance, comme le fait entendre Jean-Louis Lascoux[60], Président de la Chambre Professionnelle de la Médiation et de la Négociation (CPMN — EPMN), ayant travaillé dans le cadre de la médiation professionnelle. Ainsi, pour cet auteur la tolérance signifie une attitude qui ne veut pas se mêler des affaires d’autrui, tandis que l’altérité va dans le sens opposé en faisant attention à l’autre et le respect fondamental. Il l’explique en ces termes : « avec la tolérance, ma liberté s’arrête là où commence celles des autres, justifiant ainsi le regard qui se détourne au nom de l’idée que je ne dois pas me mêler des affaires des autres […] avec l’altérité, ma liberté s’étend au travers de celle des autres, impliquant l’attention aux autres, le respect fondamental et l’ingérence dans les situations identifiées comme portant atteinte aux droits fondamentaux des humains d’être eux-mêmes et chacun différent »[61].
Ce fut alors dans ce sens que l’assistante sociale interviewée s’est intéressée au physique et à l’image que renvoie la mère d’une jeune femme décédée, et non pas au sujet de sa visite. Par cette approche, elle s’est intéressée à la personne qui est en souffrance en lui apportant un apaisement dans ses douloureuses pensées.
Mais, en revenant aux propos de Lascoux[62], qu’est-ce que le respect fondamental ? Le respect est un sentiment de considération qui va au-delà de la simple politesse. Le respect renforce les liens et rassemble car il contribue à la cohésion sociale et à l’éthique du bien.
La professionnelle parle aussi du respect à accorder à toute personne quelle que soit sa situation, lorsqu’elle évoque la douleur de ceux qui reçoivent une annonce de maladie, alors que la jeune femme et elle, riaient aux éclats. Loin de leur demander de cesser de rire, le professeur du service leur à demander de baisser d’un ton. Il reconnaît ainsi le droit à chacun d’être différent et laisse la liberté à chacun de l’exprimer personnellement. Certains sont capables d’utiliser l’humour dans les situations les plus dramatiques alors que d’autres en sont incapables. Cela implique ainsi le respect de l’autre au regard de sa différence. L’accompagnement social doit être adapté à la personnalité de chacun. C’est une relation individuelle et personnelle qui implique un respect de la confidentialité de la part du professionnel.
En ce qui concerne ce qui nous lie ensemble, Sandra Laugier, fait référence au phénomène de globalisation qui amène à repenser la philosophie et l’éthique du « care ». « Au-delà du souci des proches, il faut interroger notre relation avec des inconnus, des personnes d’autres régions du monde dont parfois nous dépendons (pour nos ressources, nos objets). Ainsi grâce aux nouvelles technologies, ces liens éloignés prennent de plus en plus d’importance ». En effet, l’éthique est une réflexion sur les valeurs qui motivent nos actions. Elle s’intéresse à nos rapports avec autrui. Pour s’appliquer, l’éthique se base donc, sur les relations que nous avons avec autrui. Levinas dit d’ailleurs que « l’éthique n’est pas une recherche de perfectionnement ou d’accomplissement personnel mais c’est la responsabilité à l’égard d’autrui à laquelle le moi ne peut échapper »[63].
Nicolas Malebranche doute de la certitude de l’homme qui juge selon ses propres pensées et d’après ses inclinaisons : « nous ne connaissons pas les autres, en tout cas pas directement mais par simple conjecture […] nous conjecturons que les âmes des autres hommes sont de mêmes espèces que la nôtre. Ce que nous sentons en nous-même nous prétendons qu’ils le sentent »[64]. La personne interviewée dit que grâce à sa sensibilité, elle ressent l’autre et que ce ressenti fait partie de la circulation de l’air. Le fait d’être attentif à l’autre et la qualité de la relation lui permet d’avoir des antennes réceptives. Cela fait partie du respect qu’elle accorde à l’autre dans une situation douloureuse et angoissante.
Le professionnel dit dans l’interview qu’il faut ressentir l’autre, tout comme le philosophe et sociologue allemand Max Sheller[65] qui emploie le mot sympathie et plus exactement la compréhension affective des émotions d’autrui et la perception de l’autre qui est un ensemble de sensations sensorielles.
Dans le travail social, être en empathie, signifie être en capacité de ressentir les émotions d’une autre personne et de se mettre à sa place. C’est la volonté d’essayer de ressentir et de comprendre les besoins de l’autre personne comme si on était cette autre personne. Cet état, permet de considérer et de comprendre une situation de manière authentique et sans jugement. L’identification dont parle la personne dans l’interview est plus profonde car elle semble vouloir se mettre à la place de l’autre afin de ressentir, elle-même, les émotions de l’autre.
Dans l’accompagnement social, la juste distanciation est nécessaire. Quand on parle de distance on est dans le recul. La distance c’est l’intervalle qui sépare deux personnes. Cela ne suppose pas d’être éloigné. C’est la façon dont se déplace le curseur dans la relation entre l’usager et le professionnel. Il y a une distance adaptée et la compétence va reposer davantage sur la capacité du professionnel à se distancier sur la position du curseur. La distance n’est pas l’objectif à atteindre mais le bon équilibre que le professionnel va trouver entre l’implication personnelle au sein d’une relation d’aide et son auto protection personnelle. C’est-à-dire à quel moment le professionnel prend-il un risque ?
Plus loin, cette professionnelle parle du besoin de consoler qu’elle ressent devant la détresse de l’autre, de l’élan qui la pousse à toucher l’autre et éventuellement l’embrasser. Merleau-Ponty et Marcel, parlent de « ces liens vitaux qui se tissent entre moi et autrui, l’âme et le corps, l’homme et l’Être en vue de dépasser toute dualité. Le désir de toucher n’est qu’un rapport charnel avec la chair du monde. Moi et autrui nous appartenons au même tissu charnel »[66]. En cela, les deux auteurs expliquent que « moi et autrui », c’est-à-dire les hommes sont de la même race humaine et ce point commun les pousse l’un vers l’autre.
Par ailleurs, il ressort de l’interview l’idée que l’accompagnement est une pratique d’humanisation qui permet de soutenir, une personne et de ne pas l’abandonner. L’accompagnement c’est une relation entre deux personnes qui se reconnaissent.
Désormais, Mathilde Duranquet, spécialiste en travail social et en psychologie sociale, définit la relation comme une relation inter personnelle engageant l’affectivité du travailleur social et de ses clients. Elle n’induit pas forcément la froideur mais repose sur l’attitude fondamentale du travailleur social, c’est-à-dire sur son état d’esprit à l’égard de certaines valeurs. Il est nécessaire de rester dans le cadre déontologique. La dynamique de relation caractérisée par le processus d’inter action entre la dualité des personnes. L’usager en difficulté et en demande et le travailleur social, personne singulière chez qui la réception de la démarche de la personne va éveiller des émotions, des sentiments et ainsi favoriser des attitudes.
Dans son besoin de contact et d’échange, la jeune femme accompagnée est dans cette même recherche. Elle s’entoure de ses amis ou de l’assistante sociale pour converser sur le mode de l’humour parce que cela lui fait du bien.
5.3. L’accompagnement par l’humour
Lors d’un entretien social, le patient à qui je présentais les caractéristiques de soins de suite et de réadaptation semblait un peu inquiet quant à la destination de l’orientation qui lui semblait quelque peu éloigné, lorsque son voisin de chambre s’est approché en se frottant les mains et lui a dit sur un ton sérieux « ça sent les vacances ! » la relation faite entre une hospitalisation et les vacances étaient tellement opposée, que nous avons tous les trois sourit à cette superposition d’image. Le patient, un peu plus serein m’a dit : il a beaucoup d’humour ce monsieur, moi je n’en n’ai pas du tout ! Je lui ai rétorqué que même s’il ne savait pas l’exprimer, il le comprenait très bien puisqu’il savait en rire. Cette scène met en évidence que toutes les personnes ayant été présentes dans cette chambre avaient toutes une représentation positive de l’humour, bien que chacun a eu une capacité d’expression différente de l’humour.
Les staffs médicaux sont des lieux où s’exprime une forme d’humour très bienveillante ou sont rapportés les mots d’esprits des patients. L’équipe disciplinaire qui s’y réunit échange aussi bien sur le traitement thérapeutique que sur la situation psychosociale du patient. Lors d’une de ces réunions, un médecin rapporte que l’un des patients avec lequel il discutait, lui dit à propos de son voisin de chambre dont le comportement l’excédait : « Mais docteur, pourquoi vous essayez de le sauver ? Vous perdez votre temps avec lui ! Vous n’avez qu’à le laisser mourir ! Il fait le contraire de tout ce que vous lui prescrivez » ! Toute l’équipe a souri de cette évidence. Evidemment le patient exprimait son incompréhension devant la situation de ce malade qui se moquait de mourir maintenant ou plus tard, face à un médecin qui s’appliquait à le soigner malgré tout. Mais la mission d’un médecin est de soigner et de sauver.
J’ai lu sur les réseaux sociaux un article qui traitait du rire à l’hôpital et de certains services hospitaliers pédiatriques qui font appels aux clowns pour faire rire les enfants. Le témoignage de la fondatrice de l’association « le rire médecin », Caroline Simonds, apparait très intéressant : celle-ci, en voulant devenir médecin, a croisé l’humour et ne l’a jamais quitté. Aujourd’hui, à 62 ans, elle continue à faire le clown pour provoquer le rire chez les petits malades. Elle raconte avoir voulu cesser de faire mal pour faire du bien. L’accompagnement du soin par le rire est maintenant une pratique largement utilisée aussi bien pour sa fonction créatrice de lien que pour son usage libérateur, surtout lorsqu’une personne réussit à plaisanter de situation angoissante ou déprimante. L’humour dans le contexte d’un moment de soin est alors rassurant, car c’est l’humour de l’instant. Cependant, il doit être manié avec la plus grande précaution en tenant compte de l’histoire de la personne, de sa maladie et du moment propice. Les professionnels qui utilisent l’humour constatent que celui-ci semble procurer au patient une certaine forme de plaisir, ou à minima, réduit les sentiments pénibles, tels que la gêne ou la souffrance.
J’ai eu l’occasion de faire un remplacement dans un service hospitalier qui traitait de graves pathologies, mais au sein de ce service, la bonne humeur était malgré tout très présente. A la demande des patients, un livre d’or a été mis en place pour recueillir leurs remerciements, d’une part pour les soins et le travail d’équipe mis au bénéfice du patient et, d’autre part, pour leur formidable sens de l’humour qui était pour moitié responsable de leur guérison. J’ai lu plusieurs de ces témoignages de reconnaissances et tous faisaient état de la bonne humeur des professionnels. Quant aux malades eux-mêmes, il n’en manquait pas. Ainsi un patient avait écrit que les supers héros de ces enfants portaient des capes et des masques et que les siens portaient une blouse blanche et parfois des masques. Mais que ces masques ne cachaient pas les yeux qui apportaient d’abord l’espoir, le courage et enfin la joie et la bonne humeur.
L’humour est aussi une vraie thérapie pour celui qui l’utilise. Lorsque le rire fait écho à une plaisanterie, celui qui en est l’auteur se sent moins angoissé et plus à l’aise. L’humour renforce l’amour de soi et des autres. Souvent les chefs d’entreprise commencent leur discours par une histoire drôle. Si cette tactique permet de détendre l’atmosphère, elle sert surtout à mettre la foule des rieurs de son côté et fidéliser le public. Car une plaisanterie qui fait sourire ou même rire renforce l’amour propre. J’ai tenté l’expérience, lors d’une prise de parole sur une étude de population qui est une matière très sérieuse pour certains et plutôt ennuyeuse pour d’autres. Ce jour-là, j’ai capté l’attention de mes camarades de promotion en débutant mon oral avec un trait d’humour sur un sujet totalement étranger de ce qui m’était demandé. Ma première phrase fut suivie d’un grand silence, puis de nombreux sourires et même des rires ont fait écho. L’instant d’après, j’avais toute l’attention de la salle. Cela m’a valu une note très convenable et par la suite, l’attention de mes camarades à chacun de mes oraux.
Chapitre 6. Synthèse et recommandations
Ce dernier chapitre se focalise sur la synthèse de tout ce qui a été dit en étude empirique, c’est-à-dire résumé les différents points de l’analyse en répondant à la problématique de l’étude (à travers la confirmation et/ou l’infirmation de chacune des trois hypothèses de recherche). Quelques recommandations seront, enfin, émises en conséquence, à la fin du chapitre.
6.1. Répondre à la problématique de l’étude
L’analyse des informations empiriques a révélé que l’humour aide dans la construction d’une relation positive avec autrui. En effet, il permet une distanciation d’appréciation envers les situations difficiles vécues jusqu’alors afin que celles-ci n’obscurcissent pas la vision sociale : cela apaise donc la tension, non seulement pour le sujet qui se trouve dans de telles situations difficiles mais également pour l’accompagnateur social qui appréhende ce sujet avec ses problèmes. L’humour dédramatise les problèmes, et aide alors les deux parties à s’ouvrir l’une sur l’autre, à accorder une place pour autrui dans son environnement social. C’est aussi, toujours selon les informations issues de l’entretien, une façon de se faire connaitre auprès de l’autre et, de manière réciproque, de connaitre cet autre jusqu’à associer l’humour avec l’empathie. Désormais, l’humour pourrait ouvrir les portes dures, adoucir les relations tendues, rendre l’autre plus réceptif et abordable, voire réussir là où quelquefois le « sérieux » n’aboutit pas.
Il est alors possible de confirmer la première hypothèse de recherche (H1) stipulant que « l’humour peut générer et/ou renforcer des liens sociaux dans le cadre de la relation d’aide ».
Par ailleurs, le travailleur social a des rôles importants dans l’établissement d’un climat favorable à l’utilisation de l’humour dans l’accompagnement pour que celle-ci ait des impacts significativement positifs (et non négatifs) dans la relation d’aide. En fait, c’est le contexte de l’accompagnement lui-même qui requiert une constante adaptation à l’autre, c’est-à-dire à la personne bénéficiaire des aides dont l’assistante sociale est tenue d’apporter. Il ressort de l’entretien les conditions à satisfaire suivantes pour rendre l’humour un outil efficace dans l’accompagnement :
- L’altérité afin de s’oublier et devenir plus attentif aux besoins de l’autre. Cela aide le travailleur social à mieux connaitre l’autre et la disposition de celui-ci à la réalisation éventuelle de l’humour. C’est dans cette considération de l’autre que l’humour doit ensuite être réalisé car un individu ne peut vraiment construire une représentation positive de cet humour, et ainsi de celui qui le réalise, sans savoir que ce dernier manifeste cette altérité. Il s’agit alors d’une altérité à démontrée.
- L’empathie qui est, en quelque sorte, semblable à l’altérité, mais dans un degré plus profond car il s’agit de ressentir ce que l’autre ressent. Si l’altérité aide surtout à connaitre/savoir, l’empathie permet essentiellement à comprendre l’autre de la manière la plus authentique possible. Cela devrait donner au professionnel de la relation d’aide d’anticiper (au moins en partie) les impacts potentiels de l’humour chez la personne bénéficiaire.
- Le respect de l’autre (en connaissance de ses besoins), toujours dans le cadre de la démonstration de l’altérité. La notion « d’éthique » prend ici tout son sens, c’est-à-dire en se montrant responsable à l’égard de l’autre dans la construction et l’entretien de la relation d’aide. L’éthique devrait donc empêcher de franchir les frontières interdites dans l’utilisation de l’humour au niveau de l’accompagnement.
- La reconnaissance réciproque entre les deux parties, ayant établi une relation qui peut être bien plus que professionnelle. En effet, pour l’assistante sociale, il ne s’agit pas seulement de connaitre et de reconnaitre l’autre dans ses problèmes et ses besoins, mais également de montrer à cet autre les attitudes positives que ce professionnel a envers lui. Il est du devoir du professionnel de faire sentir (si ce n’est déjà le cas) chez la personne bénéficiaire d’aide un besoin de contact, d’échange ; et il arrive même que l’humour soit initié du côté de cette personne bénéficiaire.
En somme, de par la subjectivité de la conception de l’humour, le travailleur doit d’abord s’assurer que l’humour ne nuirait pas à la relation d’aide avec le bénéficiaire avant de l’utiliser comme outil d’appui à l’accompagnement social. Il doit vérifier, entre autres, la qualité de sa relation avec la personne bénéficiaire, la représentation que fait celle-ci de l’humour, et l’implication de l’humour dans la vie et les problèmes de celle-ci. La deuxième hypothèse de recherche est alors vérifiée également.
Enfin, des exemples ont confirmé l’existence d’une représentation positive de l’humour chez certaines personnes bénéficiaires, et elles semblent apprécier les gestes (en faisant de même, par exemple) dans ce sens et ont manifesté leur reconnaissance envers les auteurs de ces gestes. L’humour et le rire dans l’accompagnement libèrent l’esprit de ces personnes de leurs problèmes, leur angoisse, leur déprime, jusqu’à générer chez elles une certaine forme de plaisir. Ainsi, pour les individus souffrants, l’emploi de l’humour par l’assistante sociale constitue même un facteur de leur guérison. Certes, l’humour résout alors au moins une partie des problèmes.
De ce fait, en accord avec la troisième hypothèse (H3, qui alors vérifiée) l’humour, si bien utilise dans le contexte d’accompagnement, peut devenir un outil de soulagement pour les personnes bénéficiaires des aides sociales, et par cette occasion, faciliter le travail des professionnels des aides sociales.
A la question : « Peut-on utiliser l’humour dans le travail social ? », les professionnels du travail social m’ont répondu : A condition de bien l’utiliser, l’humour facilite la parole et permet de dédramatiser. Il aide à entrer en relation, et créé la distance nécessaire à la relativisation d’une situation. L’humour c’est un partage. Mais l’humour a des limites ! Pas d’humour noir ni d’ironie.
Cette réponse apparait parfaitement convenable aux travailleurs sociaux, et c’est ainsi que la plupart d’entre eux envisage la fonction d’assistante sociale. Non pas une personne austère, mais une personne référente dont les compétences dans la relation d’aide et l’accompagnement portent assistance aux personnes en difficultés sociales tout en restant accessible.
Comme le racontent l’assistante sociale de L’EHESS (l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociale), certaines personnes ont une grande facilité d’autodérision. Face à ce monsieur atteint de polyhandicap, elle ne savait pas comment appréhender la relation, lorsque celui-ci, en soulignant les situations les plus cocasses liées à son handicap à déclencher chez elle un fou rire dont tous deux se souvienne encore. Loin de nuire à l’accompagnement, cette situation a teinté leurs échanges en moments agréables.
Un homme seul ne peut pas composer la société. Celle-ci est composée d’individus qui s’assemblent mais qui ne se ressemblent pas. Les individus sont tous différents et se côtoient dans le cadre de relations sociales à tous les niveaux qu’ils soient professionnels ou privés. La relation d’aide, c’est un accompagnement qui fait suite à une demande exprimée par autrui pour une assistance dans la réalisation d’un projet de vie. Dans la rencontre, il ne s’agit pas d’investir l’autre et d’annuler son altérité, mais de l’accepter tel qu’il est avec sa particularité. En accord avec les missions de l’institution, l’assistante de service social sait faire preuve d’une grande adaptabilité dans son travail. Prendre en compte l’altérité permet d’établir une bonne proximité avec l’autre dans un souci éthique de ne pas s’annuler devant l’autre, tout en étant dans l’acceptation de sa singularité et dans le respect de sa dignité.
Ainsi, en s’appuyant sur la déontologie professionnelle la professionnelle applique les principes éthiques tels que le principe de non nocivité et d’utilité potentielle qui implique la recherche de l’amélioration de la situation de la personne. Elle applique également les principes de liberté, égalité et de prise en compte des différences dans une recherche d’équité.
Dans un contexte économique morose, il est de plus en plus important de trouver des solutions pour rendre la société plus agréable et plus équitable. L’humour s’adresse à l’autre dans le cadre de relation humaine et cette relation suppose une correspondance avec une autre personne, un lien ou un rapport. L’utilisation de l’humour peut-être une aide pour faciliter une entrée en relation, mais peut également être une manière de désamorcer une situation conflictuelle.
Dans sa pratique l’assistant de service social est attentif à l’autre et lorsqu’il fait usage de l’humour avec l’usager, il l’utilise avec parcimonie et dans un total respect de la personne. Dans les relations avec ses collègues, le lien qui est déjà créé permet au professionnel d’être plus enclin à la pratique de l’humour, ce qui semble aider certains à évacuer plus facilement le sentiment de stress qu’ils peuvent ressentir lors de situations difficiles.
Gérard Wiel[67] et Georges Levesque[68] conclu leur ouvrage sur l’accompagnement par un titre chargée d’espoir et très réaliste qui dit « accompagner les individus aujourd’hui pour que naissent des personnes »[69]. La promesse d’une amélioration des conditions de vie d’un usager après un accompagnement social ne peut qu’être une satisfaction pour le travailleur social qui s’est investi avec la personne dans un objectif de changement.
6.2. Recommandations
L’utilisation de l’humour dans l’accompagnement social pourrait, certes, constituer un outil efficace et puissant entre les mains des travailleurs sociaux. Mais, il faut reconnaitre que, étant donnée la subjectivité de l’humour, autant pour l’accompagnateur social que pour la personne bénéficiaire, son utilisation n’est pas sans danger. En effet, l’assistante sociale, si altruiste et empathique qu’elle soit, ne peut pas prétendre connaitre et comprendre parfaitement son interlocuteur qui pourrait toujours ne pas révéler une partie de son intimité. Ainsi, il existe toujours un risque d’échec dans l’utilisation de l’humour, et cela même si ce dernier est initié par la personne bénéficiaire.
Il en résulte comme conséquence directe de ce constat que l’humour, malgré ses bienfaits pour dans le cadre de l’accompagnement, ne peut pas être intégré explicitement et de manière formelle en tant qu’outil pour les travailleurs sociaux. Autrement dit, l’humour ne peut pas (encore ?) constituer un outil formel d’accompagnement du fait de cette subjectivité de son appréciation. Néanmoins, cela ne signifie pas que son utilisation devrait être formellement déconseillée ; bien au contraire, il y a lieu de toujours considérer les impacts positifs potentiels de l’humour dans le travail de l’assistante sociale. Alors, il faudrait laisser son utilisation à l’appréciation du travailleur social en fonction de l’opportunité qui se présente et les expériences du professionnel en question (en d’autres termes, il ne faudrait pas formaliser, ni forcer l’emploi de l’humour en tant qu’outil d’accompagnement).
Il faut alors d’insister sur l’importance de la construction de compétences et d’expériences probantes et solides pour l’assistante sociale en ce qui concerne l’utilisation potentielle de l’humour. Ces compétences se construisent surtout avec une formation spécifique en la matière, c’est-à-dire que les travailleurs sociaux devraient d’abord appréhender les impacts (positifs et négatifs) potentiels de l’humour dans leurs interventions, les conditions nécessaires pour optimiser l’utilisation de cet outil, et les moyens possibles pour atténuer les éventuels effets indésirables de son usage dans l’accompagnement.
Conclusion
L’accompagnement est un concept évolutif, du fait notamment du contexte changeant de son cadre de réalisation. En tout cas, les travailleurs sociaux ont, et devront avoir, une conception qui converge vers des objectifs d’autonomisation de la personne bénéficiaire d’un tel accompagnement. Il faut tout de même insister sur le contexte d’exécution de cet accompagnement qui impose au travailleur social le renoncement à sa supériorité professionnelle pour considérer cette personne bénéficiaire comme un véritable acteur du changement de ses situations, dans les démarches menant à cette autonomisation. Toute stratégie élaborée, toute action réalisée, et tout moyen employé dans ce sens devrait alors mettre un accent sur la personne bénéficiaire de la relation d’aide ; c’est-à-dire que toute intervention devrait être relative à cette personne, et tout outil utilisé dans ce cadre devrait tenir compte de cette subjectivité.
De ce fait, l’utilisation de l’humour comme outil de l’accompagnement social n’échappe pas à cette règle. Désormais, et paradoxalement, à côté de l’individualisation de l’humour, celui-ci est aussi de nature social, au moins au regard des acteurs qu’il implique pour sa réalisation (il faut au moins deux personnes pour qu’il soit véritablement de l’humour). Ainsi, la conception de l’humour dépend à la fois de chaque individu en présence (celui qui réalise l’humour et celui ou ceux qui assistent à cette réalisation) et de la société, contexte de réalisation de l’humour (l’appréhension de ce dernier étant influencée par l’environnement culturel). Par ailleurs, les impacts (positifs et/ou négatifs) de l’humour au niveau social peuvent aussi être appréciés dans les rôles de celui-ci en tant que « générateur de lien social », « rassembleur », mais également « facteur de distanciation » (vis-à-vis des réalités souvent négatives).
L’étude empirique dans le cadre de la présente recherche a permis de démontrer que l’humour peut générer, entretenir et/ou renforcer des liens sociaux car il a une potentialité dans la création de climat plus propice à l’émergence et à la favorisation d’une relation sociale positive. L’humour pourrait même servir d’alternative au « sérieux » lorsque ce dernier ne parvient pas à cet objectif de socialisation. Il faut tout de même que le travailleur social satisfasse un certain nombre de conditions pour établir un cadre de réalisation optimale de l’humour avant de l’utiliser en tant qu’outil au niveau des relations d’aide. Peuvent être cités parmi les éléments de ces conditions préalables à l’utilisation positive de l’humour dans l’accompagnement social : l’altérité, l’empathie, le respect de l’autre, de la part du travailleur social ; de même, il devrait y avoir une reconnaissance mutuelle des deux parties (le professionnel et la personne bénéficiaire de l’aide sociale). Autrement, l’emploi de l’humour par l’assistante sociale en tant qu’outil dans l’accompagnement risque de produire des effets contraires aux objectifs voulus des interventions pour la personne bénéficiaire. Au contraire, l’utilisation optimale de l’humour (c’est-à-dire, respectant les conditions nécessaires pour positiver les effets de celui-ci) pourrait être largement bénéfique à la personne demandant l’aide sociale (en soulageant sa souffrance, en lui permettant de voir au-delà de ses problèmes, par exemple) et, par-là même, un soutien substantiel aux interventions du travailleur social.
Toutefois, il y a lieu de souligner que, en considération de la subjectivité profonde de réalisation et de l’appréciation de l’humour, le risque d’échec (c’est-à-dire d’une mauvaise représentation de l’humour de la part de la personne bénéficiaire) existe toujours, même si les conditions de réalisation positive de l’humour semblent être réunies. En effet, le professionnel n’aura toujours qu’une connaissance relativement limitée de la personne bénéficiaire malgré les efforts effectués dans ce sens (qui ne fait alors que réduire le risque en question). En conséquence, il n’est pas question de désigner l’humour comme outil formel dans l’accompagnement, et son utilisation reste alors relative aussi bien à la circonstance qu’aux individus en présence. Alors, plutôt que d’encourager son utilisation, il est plutôt nécessaire que les travailleurs sociaux soient conscients des avantages et des inconvénients « potentiels » de son usage et de laisser ainsi ces professionnels décider de l’emploi de cet outil, suivant l’opportunité qui se manifeste devant eux.
Personnellement, je suis consciente que l’humour ne peut pas être présent dans toutes les situations. Dans ma future profession je serais confrontée à des difficultés et des ressenties telles que la peur, la honte, la tristesse, l’humiliation, la souffrance, la violence, l’agressivité et bien d’autres sentiments. Mais, je pense que tout cela fait partie de l’humain, et que dans tout être humain il existe une certaine dose d’auto dérision, et qu’il suffit d’être humble, ne pas se sentir supérieur et ne pas oublier de témoigner du respect envers celui qui est en face. L’humour est sans doute éthique, puisqu’il fait du bien quand est utilisé à bon escient.
Finalement, au regard de la limite de la présente recherche (qui ne considère nécessairement que les avis d’assistantes sociales), il apparait une piste pour approfondir cette étude la prise en compte des idées émanant d’autres acteurs de l’accompagnement, dont celui des personnes bénéficiaires. Une étude quantitative devrait également effectuée pour avoir plus de précision sur le cadre de réalisation de l’humour dans l’accompagnement social.
Bibliographie
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[1] Besson, G. (2010). L’humour, ressource personnelle et collective dans l’action sociale. Vie sociale(2), 49-58. doi:10.3917/vsoc.102.0049, p.58.
[2] Séry, M. (2015, janvier 7). Georges Wolinski, dessinateur érotomane et pessimiste. Récupéré sur Le Monde: http://www.lemonde.fr/societe/article/2015/01/07/george-wolinski-dessinateur-erotomane-et-pessimiste_4550894_3224.html.
[3] France Inter. (2015, septembre 4). L’humoriste Sylvie Joly est morte. Récupéré sur France Inter: https://www.franceinter.fr/culture/l-humoriste-sylvie-joly-est-morte.
[4] Bouquet, B., & Riffault, J. (2010a). Introduction. Vie Sociale(2), 7-10. doi:10.3917/vsoc.102.0007
[5] Séry, M. (2015, janvier 7). Op.cit.
[6] Lacroix, G. (2007). Les euphorismes de Grégoire. Récupéré sur Le Monde: http://dicocitations.lemonde.fr/citations/citation-126455.php.
[7] Laufer, L., Roux, A., & al. (2015). L’humour et le rire. Champ psy.
[8] Zürcher, M. (1995). Histoire de la sociologie et théorie sociologique I : Les philosophies de l’histoire et le marxisme. Fribourg: Université de Fribourg – Département des Sciences Sociales, p.97.
[9] Georges Elgozy, Auteur de De l’humour, Paris : Denoël, 1979
[10] Bouquet, B., & Riffault, J. (2010). L’humour en action : des travailleurs sociaux racontent… Vie sociale(2), 77-82. doi:10.3917/vsoc.102.0077, p.77.
[11] Joris, A.-F. (2010). L’humour dans la relation d’aide. Témoignages d’Assitants de services sociaux. Le sociographe(33), 59-66. doi:10.3917/graph.033.0059, p.61.
[12] Chantal : Assistante sociale et psychologue, lors d’un entretien dans le cadre de la présente étude.
[13] Saint-Jean, M., Mias, C., & Bataille, M. (2003, mars 1). L’accompagnement de l’implication dans le projet issu du bilan de compétences des salariés en activité. (I. n. (INETOP), Éd.) L’orientation scolaire et professionnelle, 32(1), 97-122. doi:10.4000/osp.3189, p.98.
[14] Robertis, C. d. (2005, décembre). L’accompagnement : une fonction du travail social. Récupéré sur OASIS – Le Portail du Travail Social: http://www.travail-social.com/spip.php?page=imprimer&id_article=533.
[15] Ibid.
[16] Ibid.
[17] Trémintin, J. (2007, février 15). Réflexion sur l’accompagnement et la responsabilité. Récupéré sur Lien Social: http://www.lien-social.com/Reflexion-sur-l-accompagnement-et-la-responsabilite.
[18] Ibid.
[19] Hamann, E., Nguyen, M. T., & al. (2010). Positionnement professionnel et éthique dans le travail d’équipe. Les Cahiers de l’Actif(402-403), 209-2019, p.212.
[20] Trémintin, J. (2007, février 15). Op.cit.
[21] Ibid.
[22] ASESMS. (2010, janvier). Accompagnement social. Récupéré sur Service social et établissement médico-social: http://asesms.unblog.fr/2010/01/13/accompagnement-social/.
[23] MAIS. (2016). Définition de l’accompagnement social. . Récupéré sur Mouvement pour l’Accompagnement et l’Insertion sociale (MAIS): http://www.mais.asso.fr/content/définition-de-laccompagnement-social.
[24] Ibid.
[25] Claude Galien, médecin grec de l’antiquité.
[26] Corre, A., Deterne, M., & Berro, M. (2013). Le rire dans tous ses éclats. Récupéré sur TPE sur le rire: http://tpe-le-rire-dans-tous-ses-eclats.e-monsite.com/pages/iii-le-rire-est-il-intemporel-et-universel.html.
[27] Rubinstein, H. (1983). Psychosomatique du rire. Rire pour guérir. Paris: Laffont, p.53.
[28] Menendez, N. M. (2016, février). L’humour et le rire du Moyen-Age aux Temps Modernes. Récupéré sur Nathalie Martinez Menendez’s Blog: https://nathaliemartinezmenendez.wordpress.com/2016/02/#_ftnref4.
[29] Ibid.
[30] Ibid.
[31] Ibid.
[32] Henri Bergson, philosophe français
[33] Bergson, H. (1950). Le rire. Essai sur la signification du comique. Paris: Presses universitaires de France.
[34] Stora-S, J. (2005). Rire ensemble : la comédie et son public. Revue de psychothérapie psychanalytique de groupe, 15-26. doi:10.3917/rppg.044.0015.
[35] Degoy, L. (1994, janvier 25). Le mot d’esprit, l’humour, la mort et Freud selon Sarah Kofman. Récupéré sur L’Humanité: http://www.humanite.fr/node/72124.
[36] Ibid.
[37] Justine. (2014, janvier 27). Peut-on analyser l’humour ? Récupéré sur madmoiZelle: http://www.madmoizelle.com/humour-analyse-psycho-226600.
[38] Ibid.
[39] Colet, L. (1852, juillet 22). Voir les choses en farce est le seul moyen de ne pas les voir en noir. Rions pour ne pas pleurer. Récupéré sur Le Figaro: http://evene.lefigaro.fr/citation/voir-choses-farce-seul-moyen-voir-noir-rions-pleurer-69121.php.
[40] Brisac, G. (2015). Rire pour ne pas pleurer. L’Esprit du temps. doi:10.3917/cpsy.067.0009.
[41] Gendrel, B., & Moran, P. (2005, novembre 22). Un humour ou des humours. Récupéré sur Fabula: http://www.fabula.org/atelier.php?Un_humour_ou_des_humours.
[42] Piguet, B. (2009, octobre). L’Humour Anglais (Tentative de définition). Récupéré sur PECAS: http://pecas.free.fr/humouranglais.htm.
[43] Taubes, I. (2015, février 13). L’humour, une vraie thérapie. Récupéré sur HYPNOSE ERICKSONIENNE et EMDR: http://www.hypnobulan.org/page/7.
[44] Ibid.
[45] Ibid.
[46] Scutenaire, L. (1962). Humour. Dans P. G., Le Petit Philosophe de Poche. Paris: Le livre de poche ; cité par Morel, D. (2010). Une intelligence relationnelle. L’humour comme autorisation. Le sociographe(33), 25-31. doi:10.3917/graph.033.0025.
[47] Poilâne, O. (2015, novembre 10). L’humour, une relation d’excellence ! Récupéré sur Journal des Palaces: http://www.journaldespalaces.com/actualite-45562-L-humour-une-relation-d-excellence-.html.
[48] BREVES SOCIALES. (2013, janvier 8). Rapport sur la qualité de vie (8/01). BREVES SOCIALES, pp. http://www.campus-electronique.fr/CultureGeneraleSanitaireSocial/Joindre/Breves2013Social.pdf.
[49] Desproges, P., & al. (2010). De l’humour et du rire dans le travail social. Vie sociale(2). Récupéré sur http://www.cairn.info/revue-vie-sociale-2010-2.htm.
[50] Justine. (2014, janvier 27). Op.cit.
[51] HOUELLEBECQUE Correspondance entre les écrivains HOUELLEBECQUE et P.H LEVY dans ennemis publics, 2008.
[52] Dumas, I. (2014, juillet 2). Rire noir, rire gris. Récupéré sur Houellebecq au milieu des gouffres humains: https://houellebecqblog.wordpress.com/tag/rire/.
[53] Degoy, L. (1994, janvier 25). Le mot d’esprit, l’humour, la mort et Freud selon Sarah Kofman. Récupéré sur L’Humanité: http://www.humanite.fr/node/72124.
[54] Taubes, I. (2015, février 13). Op.cit.
[55] Ibid.
[56] Ibid.
[57] Hamann, E., Nguyen, M. T., & al. (2010). Op.cit.
[58] Hamann, E., Nguyen, M. T., & al. (2010). Op.cit., p.209.
[59] Universalis. (2016). ALTÉRITÉ, philosophie, Sartre et la conscience pour autrui. Récupéré sur Universalis: http://www.universalis.fr/encyclopedie/alterite-philosophie/5-sartre-et-la-conscience-pour-autrui/.
[60] Lascoux, J.-L. (2008). Et tu deviendras médiateur et peut-être philosophe. Bordeaux: Médiateurs éditeurs.²
[61] BlueDuende. (2014, mars 15). Coaching, Éthique et Déontologie : Liberté. Récupéré sur Blue Duende: http://blueduende.com/?p=300.
[62] Lascoux, J.-L. (2008). Op.cit.
[63] Crispi, V. (2015). L’interculturalité. Le Télémaque(47), 17 – 30. doi:10.3917/tele.047.0017.
[64] Malebranche. (1965). De la Recherche de la Vérité (éd. 1974, Vol. Tome 1). Vrin, p.259.
[65] Tabutaud, D. (2013). Nature et formes de la sympathie – Contribution à l’étude des lois de la vie affective – Max SCHELER. Nantes: Université de Nantes.
[66] Granade, G. C. (2007). La phénoménologie du corps et de l’intersubjectivité incarnée chez gabriel Marcel et Merleau-Ponty. Position de thèse. Paris: Université Paris-Sorbonne, p.3.
[67] Gérard Wiel : Professeur de psychopédagogie, formateur à l’IUFM de Lyon
[68] Georges Levesque : maître de conférences à l’université de Rouen
[69] Wiel, G., & Levesque, G. (2009). Penser et pratiquer l’accompagnement : accompagnement et modernité : de la naissance a la fin de vie. Chronique sociale.
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