Encadrement des étudiants en stage dans le cadre du nouveau référentiel de formation infirmier
Encadrement des étudiants en stage dans le cadre du nouveau référentiel de formation infirmier
Introduction
Dans le cadre de mon travail de fin d’études, je dois analyser une situation que j’ai observé dans le cadre de ma formation et d’apporter par la suite, une réponse à une situation problématique. J’ai décidé de me focaliser sur l’encadrement des étudiants en soins infirmiers dans le cadre du nouveau référentiel. Depuis 2009, le référentiel de la formation des étudiants en soins infirmiers appliqué depuis 1992 a été modifié. Les modifications apportées tentent de faire acquérir aux étudiants les compétences requises pour la validation du Diplôme d’Etat.
Ce nouveau référentiel compte des compétences « cœur de métier » ainsi que des compétences « transverses » qui peuvent être partagées avec d’autres professions paramédicales. De plus, le temps alloué à la formation théorique sera désormais égal à celui consacré à l’enseignement pratique à travers les stages au sein des hôpitaux. Cette formation devrait conduire l’ESI (Etudiant en Soins Infirmiers) à aiguiser son sens d’analyse et de décision afin de pouvoir adopter la bonne posture devant les multiples cas qui peuvent se présenter au sein de son service[1].
L’application du nouveau référentiel impacte sur les différentes pratiques destinées à inculquer aux ESI les savoirs requis pour pouvoir faire face à différentes situations qui peuvent se produire au sein du service. Cela s’accompagne de remaniement des approches d’encadrement des étudiants, notamment au sein des établissements de soin qui les accueille. Il nous paraît utile de ce fait, d’approfondir les différents enjeux de l’encadrement des jeunes ESI dans les hôpitaux suite à la mise en œuvre de ce nouveau référentiel.
L’objectif de cette étude est de déterminer les facteurs influençant l’encadrement des ESI au sein des hôpitaux qui constituent leur lieu de stage. En effet, l’ESI doit acquérir de nombreuses compétences ce qui requiert le déploiement de nombreuses ressources : temps, ressources humaines, etc. Or, les charges de travail dans les établissements hospitaliers sont parfois très nombreuses ce qui ne permet pas un encadrement optimal. D’autre part, des limitations au niveau des ressources peuvent exister, ce qui nus conduit à nous intéresser aux facteurs qui interviennent lorsque l’ESI apprend des savoirs expérientiels de son tuteur de stage.
Pour répondre à notre question, dans la partie consacrée à la problématisation, nous allons décrire et analyser en premier lieu les spécificités de la formation infirmière suite à la conception du nouveau référentiel de formation. Par la suite, nous allons déterminer le rôle de l’IDE (Infirmier Diplômé d’Etat) dans le domaine de l’encadrement et de la formation d’autres professionnels de santé. Par la suite, nous allons déterminer les spécificités de l’encadrement après l’application du nouveau référentiel. La deuxième partie sera consacrée à la formulation de la problématique découlant de l’étude exploratoire. A l’issue de ces différentes analyses, nous allons démontrer à la fin du document, notre positionnement professionnel.
- Problématisation
- Le référentiel de formation infirmier
- Evolution de la formation infirmière
La formation des infirmiers se démarque par une alternance entre les cours théoriques et les stages pratiques. Les objectifs visés par cette formation s’inscrivent dans la recherche de moyens permettant de mettre le lien la théorie et les pratiques. Le programme de formation des infirmiers en 1992 se basait sur les contenus de formation sans que les compétences infirmières recherchées ne soient clairement indiquées. Mais le nouveau référentiel 2009 permet de tenir compte de ces aspects et de revisiter les différentes dimensions de la formation infirmière (Roquet, 2011).
La formation des infirmiers en 1992 a été modifiée pour améliorer les soins prodigués par les infirmiers, étant donné que les démarches de soin ont toutes évoluées. Avec le vieillissement de la population et l’accroissement des besoins et des demandes en soin, les pratiques infirmières doivent être optimisées, actualisée, adaptées aux exigences et aux attentes des patients. En effet, les professionnalités doivent être adaptés aux exigences actuelles. De même, de nouvelles compétences sont attendues et sont construites. Dans ce cadre, le nouveau référentiel se base sur une approche par compétences (Roquet, 2011).
- Principal contenu du nouveau référentiel infirmier
Le nouveau référentiel infirmier se base sur le principe pédagogique de comprendre la situation ou le phénomène, d’agir par la suite et de transférer les acquis. Cela demande de la part de l’IDE une posture réflexive, évaluative et pédagogique. Cela demande entre autre, une alternance intégrative. L’enseignement comporte des unités d’enseignement contributives qui implique les sciences humaines, les sciences sociales et le droit, mais aussi les sciences biologiques et médicales. Les unités d’enseignement cœur de métier se réfèrent aux sciences et techniques infirmières et les unités d’enseignements qui permettent l’intégration des savoirs et des postures professionnelles infirmières. Enfin, les unités d’enseignement transversal comprennent les méthodes de travail et les unités d’enseignement Anglais. L’encadrement des ESI fait intervenir trois responsables de l’encadrement en stage. Il s’agit notamment du maître de stage, du tuteur de stage, du professionnel de proximité. Cependant, ces trois fonctions peuvent être assurées par une seule et une même personne. Puis, il existe le référent de stage formateur professionnel[2].
Le nouveau référentiel se fonde sur l’acquisition des compétences par les étudiants. Cette pédagogie se fonde entre autre sur la mobilisation et le croisement des savoirs et des savoirs faire dans les situations professionnelles. Mais cette démarche se particularise par la flexibilité de ses moyens et de son organisation. Par rapport à l’ancienne pédagogie de formation de l’infirmière, ce nouveau référentiel renvoie au développement de l’autonomie de l’étudiant, de sa responsabilisation. L’autonomie recherchée par le nouveau référentiel renvoie à l’autonomie professionnelle et à la capacité à prendre une décision. Bien que l’alternance ait toujours constitué une démarche de formation privilégiée dans le cadre de la formation infirmière, il a été constaté que ce nouveau référentiel permet de renforcer la complémentarité entre les IFSI et les établissements de santé. Il se focalise entre autre sur la valorisation de l’apprentissage clinique des ESI et pour améliorer la traçabilité de la formation de ces derniers[3].
Le nouveau référentiel de formation infirmier se base sur dix compétences que l’infirmière doit acquérir. Il s’agit notamment de
- L’accompagnement d’une personne dans la réalisation de soins quotidiens
- Evaluation d’une situation clinique
- Conception et conduite d’un projet de soins infirmiers
- Mises en œuvre de thérapeutiques et d’actes permettant d’établir le diagnostic
- Initiation et mise en œuvre des soins éducatifs et préventifs
- Communication et conduite d’une relation dans le cadre de soin
- Analyse de la qualité de soin et amélioration de la pratique professionnelle
- Traitement d’informations permettant d’assurer la continuité des soins
- Organisation et coordination des interventions soignantes
- Information et formation des professionnels et des personnes en formation
Bien que les compétences énumérées ci-dessus soient clairement déterminées, il a été trouvé qu’elles sont interdépendantes (Roquet, 2011).
La dernière compétence de l’infirmière intéresse particulièrement notre étude. L’infirmière mise à part ses missions dans la prise en charge et le soin des patients est engagé dans le cadre de la formation d’autres personnes. Dans ce cadre, l’infirmier peut parfois encadrer les stagiaires. Il doit faire un accord avec le cadre infirmier du service et collaborer avec des institutions de formation. L’IDE doit accueillir et encadrer les stagiaires au sein du service. Dans le cadre de l’encadrement des étudiants en soins infirmiers (ESI), l’infirmier doit collaborer avec les institutions de formation. Après l’accord, il doit disposer d’outils d’évaluation du stagiaire qui va lui permettre de suivre les progressions de ce dernier. Le projet de service permet de désigner l’infirmier référent dans le cadre de l’accompagnement du stagiaire (Lelièvre, 2003).
- Les impacts du nouveau référentiel sur la formation de l’infirmier
L’application de ce nouveau référentiel infirmier conduit à des réformes au niveau de la pédagogie et des différentes démarches permettant de transmettre le savoir au jeune ESI. Il modifie entre autre les différentes visées de la formation infirmière. En ce sens, la formation se concentre sur la formation d’une personne autonome, responsable et réflexive. Or, cela nécessite que le professionnel de santé lui-même soit apte à analyser les situations et à prendre des décisions découlant de son observation et de son analyse de la situation.
D’autre part, l’application du nouveau référentiel infirmier permet de professionnaliser le parcours de l’infirmier afin que sa formation puisse lui attribuer différents savoirs dont le savoir-faire. Il devrait entre autre conduire à l’acquisition d’attitudes et de comportements par l’étudiant en se basant d’abord sur l’optimisation des stages mais aussi par le biais des unités d’intégrations qui correspondent aux situations professionnelles. L’analyse de la situation professionnelle permet en effet à l’étudiant de connaitre ce qui se passe réellement sur le terrain et de ne pas trop se focaliser sur les données théoriques issues de sa formation dans les institutions.
A travers cette nouvelle démarche de formation, l’étudiant est plus impliqué. Il peut dans ce cadre mobiliser les savoirs théoriques et méthodologiques. Mais il permet aussi d’acquérir des connaissances et des compétences, en même temps que des habiletés gestuelles et techniques permettant d’accomplir les actes de soins ou encore, d’utiliser les matériels qui sont à sa disposition et dont il aurait besoin pour prendre en charge le patient[4].
- Le concept d’IDE
- Cadre législatif mentionnant les missions de l’IDE
Les différentes missions de l’IDE ont été mentionnées par la loi du 31 mai 1978 stipulant que celui-ci a des rôles qui lui sont propres et qu’il peut exercer en toute liberté. Mais la mission de l’IDE consiste entre autre à mener des actions permettant de prévenir, d’éduquer les patients et leurs proches en matière de santé, et enfin, de former ou d’encadrer. Dans cette optique, les fonctions de l’IDE peuvent être classées dans trois catégories notamment
- Les fonctions autonomes de l’infirmières englobant le diagnostic infirmier, la conception d’initiative de soin, son organisation et sa mise en œuvre
- Les fonctions de dépendance, impliquant les actions qui sont dictées par les prescriptions du médecin
- Les fonctions interdépendantes encourageant les infirmiers à collaborer avec d’autres professionnels notamment, dans le domaine éducatif et social (Lelièvre, 2003).
Mais cette dernière mission de l’infirmière nous intéresse plus particulièrement.
Ce rôle de l’infirmier a été aussi souligné par l’article 9 du décret n° 93 – 345 du 15 mars 1993. Mais pour pouvoir accomplir cette mission, la circulaire DGS n°05/92 du 9 décembre 1992 apporte de précisions en mentionnant que la présence d’un IDE lors de l’accomplissement de certains actes par les étudiants infirmier est parfaitement souhaitable. Ainsi, le rôle de l’infirmier dans le domaine de l’encadrement des ESI est de préparer celui-ci à exercer le métier[5].
- La formation de l’IDE
Le titre d’Infirmier Diplômé d’Etat permet à l’individu de réaliser des actes très diversifiés. Dans le domaine de la formation des patients et de leurs proches mais aussi dans le domaine de l’encadrement d’autres professionnels, les IDE doivent détenir certaines compétences. Afin de pouvoir former les étudiants, il est nécessaire que l’IDE suive des formations.
Avant d’obtenir son diplôme, l’infirmier doit suivre une formation dans les IFSI (Institut de Formation en Soins Infirmiers) afin d’acquérir les connaissances requises pour assurer sa mission. Mais l’accomplissement de certains actes de soins requiert des connaissances spécifiques qui ne peuvent être acquises que dans le cadre d’une formation spécifique. Ensuite, pour s’assurer que les savoirs soient bien mis à jour dans le cadre d’une perpétuelle évolution des pratiques infirmières, il est nécessaire que l’IDE suive une formation continue. Cette dernière permet d’actualiser les connaissances et de maitriser les nouvelles techniques de soin ou les nouveaux gestes (Lelièvre, 2003).
- Les compétences de l’IDE
L’application du nouveau référentiel de formation de l’infirmière s’accompagne aussi des modifications au niveau de la démarche pédagogique déployée par les infirmières pour encadrer les ESI. Ceci constitue en effet une approche par compétence, ce qui implique une remise en question de leur propre pratique par les soignants qui encadrent les étudiants. Les infirmières doivent de ce fait déployer plus de réflexions sur leurs pratiques professionnelles.
L’application du nouveau référentiel de formation infirmière suppose entre autre que le statut de l’infirmier tuteur change. En effet, ce dernier ne constitue pas uniquement un expert en soins infirmiers, mais il doit entre autre devenir un expert en sciences infirmières. Dans cette optique, les tuteurs doivent plus se focaliser sur les principales théories et courants pédagogiques que sur les théories de soins afin de pouvoir transmettre leurs savoirs et leurs connaissances aux ESI. Or, cela ne peut être réalisé à moins que le tuteur n’acquière de nouvelles connaissances et des compétences dans le domaine de l’encadrement.
Du point de vue pédagogique, l’infirmier tuteur doit se focaliser sur une pédagogie d’accompagnement et une pédagogie d’adulte pour encadrer les ESI. La pédagogie d’accompagnement suppose qu’il tienne compte du projet de l’étudiant et n’agisse pas unilatéralement dans la formation. La pédagogie d’adulte implique pour sa part, l’expérience professionnelle et personnelle de l’ESI. Les différents propos et les démarches d’apprentissage doivent être cohérents afin que l’ESI n’évitent certaines situations qu’ils ne maîtrisent pas. L’infirmier tuteur ne se contente pas uniquement de montrer une situation professionnelle auquel, l’ESI pourrait être confronté dans sa carrière, mais entreprend aussi une formation par l’action et par la coopération avec d’autres professionnels de santé. Enfin, cette démarche de formation nécessite une remise en question perpétuelle des pratiques de soins de l’infirmière et de l’autoévaluation[6].
- La notion d’encadrement
- Définition et objectifs de l’encadrement
La définition de l’encadrement nous renvoie à la considération des différentes démarches de sa mise en œuvre. En effet, la mise en place d’une démarche d’encadrement suppose la création d’un environnement regroupant toutes les conditions permettant à l’étudiant de réussir ses études et à développer son autonomie au niveau intellectuel, scientifique et professionnel. La création de cet environnement revient au directeur de recherche, aux directions des départements qui vont accueillir le stagiaire mais aussi, aux responsables de programmes d’études supérieures. Mais dans le cadre de l’encadrement, l’étudiant joue aussi un rôle important. Dans cette optique, les responsabilités sont partagées entre les différents acteurs. Chaque acteur va contribuer à la création de cet environnement propice à la réussite de l’étude de l’étudiant (Prégent, 2001).
- Principales modalités d’encadrement
L’encadrement des ESI fait partie des missions de l’infirmier. Dans ce cadre, les ESI sont sous la responsabilité de l’établissement de formation et de l’infirmier surveillant. Il appartient à ce dernier de surveiller les compétences et les connaissances acquises par l’ESI afin de ne pas commettre d’erreurs lors de l’accomplissement des soins. L’infirmier doit scrupuleusement vérifier l’état des connaissances et des aptitudes de l’encadré avant de lui permettre de réaliser des gestes de soins. D’autre part, lors de la transmission de savoirs aux ESI, l’IDE est tenu de contrôler les préparations et les traitements qui sont administrés aux patients. La formation et les compétences de l’élève doivent impérativement être décelées par l’IDE. Afin de pallier aux éventuels accidents, les IDE doivent être présents lors de l’accomplissement de gestes techniques par l’ESI. Ceci permet entre autre à l’IDE de contrôler si l’ESI maîtrise effectivement le geste technique (Lelièvre, 2003).
L’infirmier référent doit s’assurer que les actes accomplis par l’ESI soient bien en adéquation avec son niveau d’étude. L’infirmier référent doit être présent pour assurer le contrôle direct de l’ESI. Cette règle est de rigueur lorsque l’élève est amené à faire un acte invasif ou lorsqu’il transfère le patient dans une autre unité et qu’un contrôle d’identité et l’établissement d’une fiche de liaison doit être fait. Pour assurer une meilleure qualité de l’encadrement de l’ESI, l’infirmier référent doit travailler avec le tuteur afin de pouvoir évaluer l’ESI. Par ailleurs, le nombre d’ESI que l’infirmier peut prendre en charge varie en fonction de ses charges. Il faut noter entre autre, que l’encadrement des ESI ne doit pas être accompli par des IDE intérimaires. Les ESI ne peuvent pas non plus faire un encadrement entre eux[7].
L’établissement d’une relation entre ESI et IDE nécessite la considération des besoins et des profils des ESI. Ces derniers se caractérisent par leurs hétérogénéité tant au niveau de l’âge qu’au niveau de leur origine géographique. Ils montrent entre autre, une hétérogénéité au niveau de leur niveau d’étude, de leur expérience dans le domaine de la santé ou dans un tout autre domaine professionnel. Dans ce cadre, les besoins des ESI en matière de formation peuvent être très diversifiés au même titre que leur motivation.
Dans le cadre de sa formation, l’ESI est amené à appliquer les actes de soins qu’il a connu par le biais de sa formation à l’IFSI. Cela passe par l’acquisition d’habileté gestuelle permettant le développement de savoir-faire. Mais cette situation le confronte aussi à la personne soignée ce qui lui permet d’évaluer tant ses compétences relationnelles que ses comportements, son savoir faire et son savoir-être[8].
Pour pouvoir encadrer l’ESI, l’IDE doit faire preuve d’une bonne capacité de discernement, d’évaluation et de communication. Lors de l’accueil de l’ESI, les compétences relationnelles de l’infirmier référent vont permettre à l’ESI de se mettre à l’aise. Pour l’IDE, c’est une occasion pour évaluer le niveau de l’ESI lors de son arrivée en stage. Lors de l’accueil, l’IDE doit être en mesure d’évaluer les acquis de l’ESI ainsi que les choses qui lui restent à maîtriser. Cette première évaluation permet de connaitre les stratégies permettant de personnaliser l’encadrement de l’étudiant.
Lors de l’accueil de l’ESI, l’IDE doit rappeler les règles de l’établissement et les comportements à adopter devant une situation. L’IDE se charge entre autre de la réalisation d’un bilan intermédiaire de la progression de l’ESI lors des soins, accompagnée d’une évaluation écrite réalisée devant l’infirmier référent et l’ESI. Il se charge entre autre de faire le bilan de stage lorsque ce dernier se termine. Ce bilan est aussi réalisé par l’étudiant[9].
- Lieu et outils d’encadrement
L’encadrement de l’étudiant se déroule dans les établissements hospitaliers où il est amené à côtoyer les professionnels de santé et où il est exposé à différentes situations professionnelles réelles qui vont lui permettre de connaitre les savoirs et les connaissances à développer, l’attitude et la compétence à disposer pour agir de manière efficace devant telle ou telle situation. L’organisation de ce stage est faite par les IFSI et les responsables des structures d’accueil[10].
Le portfolio
L’encadrement des ESI nécessite le déploiement d’outils permettant de suivre la progression de l’étudiant et d’ajuster par la suite les démarches pédagogiques. Parmi ces outils, le portfolio constitue un outil essentiel de traçabilité et d’évaluation des acquisitions progressives de l’étudiant[11]. Le portfolio correspond à une collection de travaux et de réflexions par les étudiants. Ainsi, il montre toutes les compétences ayant été développées par l’infirmier lors de sa formation.
Cet outil aide aussi bien l’étudiant que le tuteur et le référent de suivi pédagogique. Le portfolio permet à l’étudiant de s’impliquer de plus en plus dans le processus de son propre apprentissage en tenant compte de ce qu’il a acquis et de ce qu’il lui reste encore à faire. Dans ce cadre, il constitue un outil d’auto-évaluation et de l’analyse de la progression. C’est un outil permettant à l’étudiant de réfléchir, sur le mode d’apprentissage et les pratiques professionnelles qu’il doit maitriser.
Pour le tuteur, le portfolio permet d’apprécier les acquisitions antérieures de l’étudiant et d’optimiser et de personnaliser par la suite les conditions d’apprentissage. Par ailleurs, cet outil permet aussi au tuteur de connaitre la progression du tutoré dans le cadre de la formation. Pour le référent de suivi pédagogique, le portfolio permet de faire un bilan des acquisitions par validation auprès de la Commission d’Attribution des Crédits et de réajuster par la suite, le parcours de stage. Ainsi, le portfolio constitue un élément essentiel pour la formation de l’ESI dans la mesure où il permet de faire une supervision de l’avancée de l’étudiant[12].
Par ailleurs, le portfolio constitue aussi un outil de dialogue entre l’étudiant et son maître de stage, son tuteur de stage, le professionnel de proximité et enfin, le formateur référent de stage. Ce portfolio permet de connaitre en effet, le parcours de formation de l’étudiant, les éléments d’analyse de pratique de l’étudiant en stage. Le portfolio permet entre autre de formaliser le niveau de compétences acquises par l’étudiant ainsi que sa progression en stage. Ces progrès sont notés par le tuteur et l’équipe d’encadrement[13]. Le portfolio est tenu par l’étudiant mais il doit le mettre à la disposition de tous les professionnels qui interviennent dans le cadre de sa formation. Au cas où il rencontre des problèmes dans la tenue de ce portfolio, il doit solliciter l’aide de son formateur référent[14].
Les professionnels de service assurent l’encadrement direct. Ces professionnels sont désignés par le maître de stage en tenant compte de leur disponibilité, de leurs objectifs pédagogiques et de leurs charges de travail. Les professionnels de service sont constitués par les infirmiers de service qui doivent aider les étudiants à acquérir leurs compétences. Ils se chargent entre autre de l’accompagnement de l’ESI dans le cadre de l’apprentissage des gestes professionnels. Mais ces infirmiers de service constituent entre autre une interface entre l’étudiant et le tuteur[15].
Par ailleurs pour faire l’évaluation de l’étudiant, l’IDE fait une évaluation clinique destinée à connaitre les différentes acquisitions de l’apprenti pendant son stage. Ces acquisitions sont mentionnées dans le portfolio. En ce qui concerne l’évaluation théorique de l’étudiant, l’acquisition d’une unité d’enseignement requiert l’obtention d’une moyenne pour chaque unité d’enseignement[16].
Il faut noter cependant, que l’encadrement des ESI n’engage pas uniquement l’étudiant, mais aussi, le soignant lui-même. Ainsi, un autre outil est mis à la disposition de ce dernier afin qu’il puisse évaluer sa capacité à encadrer l’ESI et à actualiser l’encadrement des ESI. Il s’agit notamment du guide d’autoévaluation du dispositif d’encadrement en stage des étudiants infirmiers. Il facilite l’autoévaluation par les professionnels encadreurs. Ce guide est fourni aux professionnels de terrain et pour chaque stage afin de pouvoir déterminer les modalités d’organisation de la formation[17].
Le guide de suivi de progression de l’étudiant
Comme son nom l’indique, ce guide permet de faire un suivi de la progression de l’étudiant durant son stage et notamment en matière d’acte, d’activité, de techniques de soins et de compétences. Pour ce faire, les référents et les formateurs peuvent utiliser le tableau d’acquisition d’actes, activités et techniques de soins. Ce tableau est fourni à l’ESI au début du stage mais il est rempli par l’infirmier de service à la demande de l’ESI quand il décèle une progression dans le cadre de son stage. Dans cette optique, l’appréciation de l’avancée de l’étudiant dépend de son implication et de sa participation dans le domaine de son apprentissage. En d’autres termes, les actes réalisés par l’étudiant peuvent être observés, pratiqué guidé ou pratiqué seul[18].
La charte encadrement
La charte d’encadrement permet de déterminer les engagements des étudiants et des professionnels qui se chargent de les former, et les conduites à tenir au cas où ces engagements n’ont pas été honorés par l’une ou l’autre partie. La charte permet de déterminer le cadre d’apprentissage de l’ESI et se trouve à la base du travail d’appropriation du savoir par l’ESI. Elle doit être mise à la disposition des différents acteurs intervenant dans la formation de l’infirmier. Ce document mentionne les différentes démarches de gestion des absences, des règles d’hygiènes qui sont imposées par l’établissement, ainsi que la ponctualité et l’assiduité de l’ESI[19].
Le bilan intermédiaire d’encadrement
Le bilan intermédiaire d’encadrement de l’étudiant infirmier constitue aussi un moyen pour connaitre la progression de l’ESI dans sa formation. Ce bilan expose les critères d’évaluation des pratiques et des connaissances de l’étudiant. Dans cette optique, une évaluation simple des acquis est mentionnée. Elle est par la suite suivie de commentaires permettant de discerner les difficultés rencontrées par l’ESI dans la réalisation d’un acte ou d’un processus. Mais il existe aussi une partie dans laquelle, les spécificités des services sont mentionnées. Une partie du bilan est réservée à l’observation permettant d’approfondir l’évaluation et d’apporter de nouveaux éléments qualitatifs. Le bilan de mi-stage permet d’optimiser les échanges et le dialogue entre l’étudiant et son formateur, et de fixer les objectifs de progression de l’ESI. Cet outil permet entre autre d’améliorer l’organisation. A partir de ce bilan, il est désormais possible de déterminer les objectifs de progression de l’étudiant[20].
- Spécificités de la relation entre l’encadreur et l’encadré
Pour comprendre les caractéristiques des relations entre l’encadreur et l’encadré, il nous semble utile de déterminer de prime abord, ce qu’est l’ESI, ses besoins et ses attentes. L’ESI ne peut accomplir les activités professionnelles que dans le cadre de son programme d’étude et sous la supervision de son formateur. Mais dans la réalisation de ces activités, l’ESI doit se référer aux obligations déontologiques appliquées. Son programme d’étude lui permet d’accomplir les activités professionnelles exercées par les infirmiers mais parfois aussi, dans le cadre de l’ajustement du plan thérapeutique infirmier. Quand il exerce en tant qu’employé d’établissement, l’ESI peut faire des activités relatives aux soins généraux d’hygiène, de bien-être et de confort[21]. Dans le cadre de sa formation, la contribution de l’ESI peut se manifester à travers ses efforts pour acquérir ses propres compétences[22].
Dans cette relation, l’IDE encadre l’ESI mais la réussite de cet encadrement dépend de l’implication de l’apprenant dans sa propre formation. Dans ce cadre, l’ESI doit faire régulièrement une auto-évaluation qui va lui permettre de connaitre ses acquis et les points qu’il doit encore maitriser. Cette autoévaluation va permettre à l’IDE référent de faire une évaluation de l’étudiant. Sinon, il peut se baser sur l’entretien avec l’ESI[23].
Lors de l’entretien, l’IDE doit collecter les données permettant d’optimiser l’encadrement de l’ESI en portant un regard aux acquis et aux manques de l’étudiant et de connaitre par la même occasion si l’ESI a déjà effectué un stage dans le même domaine. Etant donné que l’ESI soit aussi un acteur important dans le domaine de sa propre formation, il est nécessaire que l’IDE tienne compte des objectifs et des priorités de l’ESI. Après cette première démarche, l’IDE procède à la construction des objectifs en considérant les réalités du terrain, de la structure, des besoins de l’apprenant et de ses priorités. Les objectifs fixés doivent être réalisables.
Par la suite, l’IDE organise et planifie l’encadrement. En ce sens, il doit tenir compte des objectifs de stage généraux définis par l’IFSI. La structure et l’organisation de la formation doit tenir compte entre autre de la formation et des objectif de stage, de l’organisation de soins et du planning du personnel mais aussi, de la motivation des autres professionnels de santé pour encadrer l’étudiant. Etant donné que l’ESI va intégrer une équipe soignante, alors il convient que l’IDE considère la conception de l’encadrement des stagiaires par l’équipe qui va les accueillir.
Ce n’est qu’après ces différentes étapes que l’IDE procède à l’encadrement proprement dit. Mais cela ne peut se faire à moins de mobiliser certaines capacités dont une compétence relationnelle permettant d’optimiser la relation entre le formateur et le formé. Cela nécessite aussi une capacité de communication entre les deux acteurs et leur aisance à s’exprimer. La qualité de l’encadrement dépend essentiellement des capacités pédagogiques et de l’organisation du formateur. Les résultats des différentes démarches d’encadrement mises en place par l’ESI doivent être suivis afin de connaitre l’efficacité de l’encadrement et les nouvelles aptitudes acquises par l’ESI[24].
Dans le cadre de la relation entre l’IDE tuteur et l’ESI tutoré, certaines conditions sont nécessaires. Ainsi, la relation entre l’IDE et l’ESI s’inscrit dans le cadre d’un accompagnement, ce qui réduit les écarts perçus entre le statut d’IDE et d’ESI. Quand l’IDE se met au même niveau que l’ESI, alors il peut l’écouter, le comprendre et adapter les stratégies qu’il met en place pour personnaliser et adapter l’encadrement. Cette démarche permet d’établir la confiance entre ESI et IDE. La confiance mutuelle conditionne l’autonomie de l’ESI ainsi que la réflexivité des deux acteurs. La critique mutuelle ou l’autocritique permet d’améliorer entre autre le savoir-être et le savoir-faire des ESI[25].
- Problématique
- Synthèse de l’étude exploratoire
Dans le cadre de notre problématisation, nous avons pu observer que la mise en œuvre du nouveau référentiel infirmier a conduit à des changements notables de la conception de la formation infirmière elle-même. Celle-ci se concentre désormais sur l’acquisition de compétences par l’infirmier. Ainsi, la professionnalisation du parcours de l’ESI est au centre de ce nouveau référentiel de formation. Pour ce faire, l’ESI doit être mise en contact avec des patients dans un contexte de situation professionnelle réelle. L’encadrement de l’ESI est assuré par l’IDE qui va favoriser ses compétences pédagogiques et ses connaissances dans ce domaine.
L’encadrement fait partie des missions de l’infirmière. Mais l’accomplissement de celle-ci demande une certaine posture aussi bien de la part de l’ESI que de la part de l’IDE pour établir une relation de confiance. Dans ce cadre, il est essentiel que l’IDE parvienne à discerner les besoins, les acquis de l’ESI en matière de formation. Mais cela demande aussi une capacité relationnelle de la part de l’IDE afin qu’il puisse se mettre au niveau de l’ESI pour gagner sa confiance et le stimuler à s’exprimer.
L’encadrement suppose entre autre que l’IDE arrive à faire le suivi des impacts des stratégies d’encadrement qu’il a mises en place. Ceci nécessite le déploiement de certains outils dont le plus important est le portfolio. Mais il existe d’autres outils qui permettent de tenir compte des différents acquis de l’ESI et de prendre des décisions en ce qui concerne les démarches d’amélioration de l’encadrement par la suite. La mise en place d’outil d’évaluation et de suivi de l’ESI constitue une autre démarche d’amélioration de son encadrement.
A l’issue de cette problématisation, nous pouvons donc retenir que l’IDE doit disposer de compétences pédagogiques qui lui permettent de transmettre les savoirs aux ESI. Entre autre, il doit disposer d’une bonne compétence relationnelle qui lui permet d’établir une relation de confiance avec l’ESI et de favoriser par conséquent les échanges qui sont à la base du développement des compétences et de l’acquisition des différents savoirs. Cela nous conduit à la détermination de quatre savoirs essentiels qui pourraient être déployés par l’IDE dans le cadre de l’encadrement de l’ESI :
- Les savoirs pratiques permettant à l’IDE de transmettre les savoirs et différents acquis issus de ses années d’expérience à l’ESI afin que celui-ci devienne un professionnel de santé.
- Les savoirs théoriques renvoie aux aptitudes de l’IDE à mobiliser les savoirs théoriques et pédagogiques qui lui permettent de concevoir un plan pour encadrer les infirmiers.
- Les savoirs cliniques pour leur part, renvoie à leur capacité à analyser les situations cliniques qui pourraient être exploitées par l’IDE lors de l’encadrement de l’ESI. En effet, plusieurs situations peuvent se présenter au sein d’un établissement et au sein d’un service. Evidemment, tous ces cas ne peuvent pas être abordés dans le cadre du stage de l’ESI à cause de la contrainte temps. Il s’agit donc de former l’ESI à partir de situations les plus fréquentes et les plus représentatives de ce qui pourrait se passer au sein de l’établissement.
- Les savoirs éthiques sont importants dans la mesure où tous les actes infirmiers doivent se réaliser dans le respect total du patient et dans le respect de l’éthique. Ainsi, lors de la formation de l’ESI, l’IDE n’est pas uniquement amené à inculquer les gestes techniques à l’ESI, mais aussi à aider ce dernier à accomplir ses actes dans le respect de la personne, dans le respect des codes déontologiques et éthiques de la profession infirmière
- Formulation de la question de recherche et de l’hypothèse
Les capacités de l’IDE conditionne dans ce cas, la réussite de l’encadrement de l’ESI. Le rôle d’encadreur exige que l’IDE assure plusieurs fonctions à la fois. Dans cette optique, il est amené à la fois à soigner et à apprendre l’ESI. Cet apprentissage en situation clinique permet de mettre l’ESI dans une situation de travail réelle et pourtant, cette démarche pourrait comporter des risques d’erreurs dans la mesure où elle pourrait porter atteinte à la santé du patient à prendre en charge. A cela s’ajoute les contraintes liées à la charge de travail de l’infirmier dans un contexte d’augmentation des demandes en soins et la réduction du nombre d’infirmiers. L’accompagnement des ESI suppose entre autre que l’IDE référent soit en mesure de poser les bonnes questions permettant à l’apprenant de prendre du recul réflexif par rapport à la situation qu’il observe. La posture et les compétences de l’IDE conditionnent la transmission de savoir aux ESI et l’établissement de la relation pédagogique[26].
Au début de notre réflexion, nous avons mentionné les différentes généralités concernant l’encadrement notamment, ses déterminants. Puis, nous avons choisi de nous focaliser sur les caractéristiques et les compétences que l’IDE devrait présenter pour pouvoir encadrer les ESI. ce point nous parait important dans la mesure où il conditionne tous les autres critères de réussite de l’encadrement de l’ESI. Maintenant, notre réflexion évolue vers la possible orientation des démarches permettant d’optimiser l’encadrement de l’ESI par l’IDE. Dans cette optique, il nous paraît utile de nous concentrer sur la formation que l’IDE doit suivre afin de pouvoir assurer sa fonction de tuteur de stage et pour pouvoir acquérir les compétences et les connaissances nécessaire pour encadrer les ESI.
Un programme de formation de l’IDE a été mis en place afin de faciliter sa mission d’encadrement. La formation a pour objectif d’aider les tuteurs à comprendre les changements induits par la refonte de la formation infirmière. Cette formation des tuteurs de stage vise entre autre à identifier le rôle et la place des différents acteurs qui interviennent dans le cadre de la formation des ESI. Elle permet entre autre d’évaluer les compétences du stagiaire et de maitriser les outils d’évaluation et de suivi des stagiaires. Cette formation s’inscrit également dans une situation professionnalisant[27]. Cependant, peu d’études se sont intéressées à l’apport réel de la formation en tuteur de stage des infirmiers.
Dans notre analyse exploratoire, nous avons déterminé entre autre que l’environnement dans lequel s’effectue la formation et notamment, l’équipe soignante dans laquelle, l’ESI va s’intégrer vont aussi conditionner l’acquisition des compétences. D’autre part, les patients vont interagir avec les soignants ce qui va développer les savoirs de ces derniers. Outre à cela, nous avons soulevé que les charges des infirmières sont déjà lourdes, ce qui pourrait porter atteinte à la qualité de l’encadrement qu’elles fournissent.
Dans ce cadre, l’amélioration de l’acquisition de compétences par les ESI nécessite non seulement, les savoirs et les connaissances de l’IDE, mais aussi l’amélioration de ses conditions et de son climat de travail et aussi, de sa formation. Dans cette optique, la question de recherche qui découle de notre réflexion est la suivante : Quelles démarches adopter au niveau de l’organisation du travail au sein des établissements accueillant les ESI et au niveau de la formation au tuteur de stage des IDE pour assurer la qualité de l’encadrement des ESI ?
Etant donné que les charges de travail de l’IDE portent souvent atteinte à sa prédisposition à encadrer les étudiants, nous avançons comme première hypothèse qu’une meilleure organisation des activités du service permet à l’IDE de consacrer plus de temps pour suivre sa formation et pour faire des échanges avec les ESI, ce qui permet d’améliorer la qualité de l’encadrement de celui-ci.
Pour tester cette hypothèse, nous pouvons envisager l’analyse de la corrélation entre les charges de travail de l’IDE et l’acquisition des compétences par les ESI qu’il encadre. La mesure des charges de travail pourrait être connue à partir de l’emploi du temps de l’infirmier, en se focalisant plus particulièrement sur les nombre d’heures pendant lesquelles, l’infirmier travaille et le temps qu’il consacre à sa propre formation et à celle de l’ESI. Ceci pourrait donner plusieurs informations notamment, la corrélation entre la charge de travail et la motivation de l’IDE à poursuivre sa formation dans le domaine de l’encadrement, ainsi que la corrélation entre la charge de travail et le temps que l’IDE peut effectivement allouer à l’encadrement de l’ESI. Cette démarche devrait aussi aboutir à la détermination du nombre d’étudiants qu’elle peut encadrer.
La deuxième variable que nous pourrons mesurer dans le cadre de la vérification des hypothèses est la compétence acquise par l’infirmière. Pour obtenir cette information, nous pourrions nous référer aux portfolios des ESI accompagnés par les IDE enquêtés. Par la suite, cette démarche devrait permettre de connaitre la proportion de compétences et de savoirs qui sont effectivement acquis par rapport à celles qui sont exigées par le nouveau référentiel de formation infirmier.
- Positionnement professionnel
- Valeur professionnelles défendues
Dans le cadre de cette étude, j’ai cherché à exposer une démarche qui pourrait permettre d’améliorer la qualité de soins prodigués au patient. En tant que future infirmière, je vais être confrontée à des situations de soins mais aussi à des situations de formation et d’informations d’autres professionnels ou de patients ou de leurs proches. L’amélioration de la qualité de soin fournie par l’infirmier nécessite que celui-ci dispose des ressources matérielles qui lui permettent de soulager les maux du patient. Mais l’utilisation efficace de ces différentes ressources nécessite une bonne maitrise de leur fonctionnement et de leurs actions au niveau du patient. L’habileté de l’infirmière à accomplir des gestes de soins conditionnent la qualité du soin qu’elle fournit au patient. Ceci souligne la nécessité de contribuer à la formation des ESI qui vont assurer la relève.
Dans l’accomplissement de son travail, l’IDE doit assumer des responsabilités personnelles. Pour illustrer ce fait, l’infirmier est responsable de la personne qu’elle prend en charge. Mais il faut noter que les connaissances de l’IDE doivent être maintenus à jour afin qu’elles puissent être exploitées dans les situations actuelles. Or, la mise à jour de la connaissance suppose une actualisation des connaissances de l’IDE, ce qui lui permet d’améliorer la prise en charge du patient. Je cherche à montrer à travers cette étude, une démarche permettant d’améliorer la qualité de soins à travers l’amélioration de la formation de l’ESI afin que celui-ci acquière toutes les compétences nécessaires à la prise en charge des patients.
Les compétences de l’ESI devrient en effet, lui permettre de prendre en charge l’individu dans sa globalité en respectant sa dignité et ses droits. La transmission de savoirs aux ESI ne consiste pas uniquement à transmettre les habiletés à accomplir un acte de soin ou à prendre la décision pertinente devant une situation définie. Elle implique aussi l’adoption d’une certaine posture, une réflexivité et l’appropriation d’une compétence relationnelle et l’application de certains codes éthiques et déontologiques dont le patient ont besoin. Il faut noter que le patient constitue l’acteur principal dans toutes les démarches adoptées par l’infirmier.
Certes, les ESI peuvent apprendre les gestes techniques et les habiletés permettant de réaliser un acte de soin. Mais dans cette optique, ils ne doivent pas réduire le patient à un simple objet de soin, qui lui fournit l’opportunité pour étudier. Le patient ne peut pas se limiter à l’organe malade. Ainsi, la prise en charge ne peut pas se restreindre à administrer des thérapeutiques, mais aussi à prendre une décision pertinente et efficace et à adopter une posture permettant de mettre en confiance le patient.
Par ailleurs, dans ma carrière future, je serai amenée à encadrer et à former aussi d’autres ESI, à faire des échanges avec mes collègues et à former aussi leurs patients et leurs proches. Ainsi, cette étude me permet d’approfondir les points essentiels à tenir en compte pour améliorer l’encadrement des jeunes ESI. A travers la présente analyse, j’ai pu mettre en évidence les différentes difficultés que le formateur pourrait rencontrer lors de l’encadrement.
La posture d’infirmier référent constitue une posture particulière qui implique l’adoption d’un comportement particulier et de la considération singulière de l’ESI afin d’établir une relation de confiance et d’établir une échange fructueux avec lui. L’encadrement suppose en effet, que l’infirmière se mette au même niveau que l’encadré pour pouvoir communiquer avec lui. Dans cette optique, l’empathie qui est développée dans le cadre de la compétence de l’infirmier dans le domaine de la communication, est aussi requise pour accompagner l’ESI. Il ne s’agit pas uniquement de favoriser l’acquisition de savoirs, savoir faire, compétences mais aussi, de développer le respect chez l’ESI et de le mettre réellement dans une situation professionnelle pour qu’il puisse agir de manière efficace lorsqu’une situation pareille se manifeste.
La posture d’IDE référent est une position subtile dans la mesure où elle pourrait s’inscrire dans une démarche d’accompagnement de l’ESI dans sa lancée. Pourtant, cette posture suppose aussi un guidage de l’ESI pour que ce dernier puisse orienter ses actes. Cela demande une certaine capacité d’adaptation et de discernement de la part de l’IDE. En effet, il doit s’adapter et adapter ses pratiques pédagogiques au profil de l’ESI qui se tient devant lui. Cette étude me permet donc d’aborder cet aspect de l’encadrement de l’ESI par l’IDE.
- Analyse de la situation de départ et des acquis actuel
Avant de pouvoir analyser la situation de départ, il nous semble pertinent de présenter d’abord cette situation. La situation qui nous a interpellés se déroule au Soins de Suite et de Réadaptation (SSR) lors de ma quatrième semaine de stage du semestre 4. Une infirmière diplômée en 1993 m’a encadrée pour la première fois sur une ponction veineuse. Lors du bilan de fin de journée, elle complète la feuille de suivi d’acte en indiquant « soins acquis ». Cependant, elle ne fait apparaître aucune compétence en lien avec l’acte réalisé. Elle m’explique alors qu’elle ne maîtrisait pas ce nouveau procédé d’évaluation puisqu’elle n’a bénéficié d’aucune formation jusqu’à ce jour.
Pour ma part, j’étais satisfaite de la manière avec laquelle j’avais réalisé le soin dans sa globalité. Mais j’ai été déçue qu’aucune compétence ne soit ressortie de ce soin. Par ailleurs, j’ai l’impression d’être peu questionnée par l’infirmière. Pourtant, son questionnement aurait pu optimiser une position réflexive permettant d’enrichir les savoirs et d’établir le lien entre mes différents savoirs.
En nous référant à cette situation de départ, nous nous apercevons que malgré la mise en place de toutes les dispositions permettant à l’IDE d’encadrer les ESI, ce rôle n’est pas toujours assuré de manière optimale. Dans le cas qui nous a interpellés, l’infirmière a déjà eu son diplôme avant la mise en place de la réforme au niveau de la formation infirmière. Cela a conduit à la limitation de ses compétences pour encadrer l’ESI. Il faut noter cependant que dans l’accomplissement de ses missions, l’infirmier est amené à mettre à jour ses connaissances. Dans notre cas, l’infirmier n’a pas été apte à s’adapter à la situation. Ceci ne traduit pas forcément le fait qu’elle n’ait pas suivi une formation. Par ailleurs pour pouvoir encadrer et transmettre le savoir, il est nécessaire de suivre une formation permettant de tenir le rôle de tuteur de stage.
Par contre, ceci pourrait montrer une faille au niveau de la manière dont les tuteurs ont été formés. De prime abord, le système qui a été utilisé lors de leur formation montre des différences avec le système qui est appliquée actuellement. Cela attire notre attention sur un autre point qui pourrait compléter notre réflexion : la capacité d’adaptation de l’IDE au nouveau référentiel ou leur motivation pour adopter cette réforme et à l’appliquer lors de l’encadrement de l’ESI. Nous pensons en effet, que les changements au niveau du système n’est pas toujours motivant pour les personnes impliquées. Par ailleurs, la mise en œuvre de ces changements n’est pas toujours chose aisée. Ceci pourrait être la raison pour laquelle, les dispositifs permettant de former les tuteurs de stages peuvent encore montrer des failles. La difficulté à s’adapter à ce système pourrait entre autre se refléter à travers la difficulté pour les établissements qui accueillent les ESI à s’organiser pour alléger les charges de travail des infirmiers référents.
A l’issue de notre étude, nous avons pu mettre en évidence la nécessité d’adaptation de l’organisation des soins et des formations des ESI au contexte exigé par le nouveau référentiel. Ceci pourrait supposer la nécessité de mettre en place des mesures permettant de renforcer la formation des tuteurs de stage.
Conclusion
Notre étude porte sur l’encadrement des étudiants en stage dans le cadre du nouveau référentiel de formation infirmier. Dans cette optique, nous avons montré les modifications de la formation des ESI induite par le nouveau référentiel infirmier qui mobilise une approche centrée sur la compétence. L’objectif de ce nouveau référentiel est donc l’acquisition de la compétence par l’infirmier. Dans ce cadre, l’IDE assure la formation des ESI en assurant le rôle du professionnel de proximité. Pour pouvoir encadrer l’IDE doit déployer certaines compétences dont la capacité à discerner les besoins de l’ESI en termes de formation en évaluant les acquis et les manques de formation de l’ESI. L’encadrement mobilise les compétences pédagogiques et relationnelles de l’IDE pour lui permettre de transmettre son savoir à l’ESI.
Cependant, force est de constater que l’IDE peut disposer de toutes les compétences requises pour encadrer les jeunes ESI mais que leur démarche échoue. Ainsi, des facteurs extrinsèques interviennent aussi dans l’encadrement de l’ESI. Cela implique l’amélioration de l’organisation des activités au sein du service et l’amélioration de la formation de l’IDE pour qu’il acquière les compétences requises pour pouvoir encadrer l’ESI. Il pourrait être intéressant d’approfondir les facteurs de motivation ou les facteurs de récalcitrance de l’IDE à adopter le nouveau référentiel de formation infirmier. Nous pouvons envisager dans le cadre d’une étude plus approfondie, d’étayer notre réflexion par des données empiriques auprès des infirmiers référents. Ceci pourrait nous permettre entre autre de déterminer les facteurs qui pourraient rendre difficile la démarche d’encadrement par l’IDE.
Bibliographie
- Lelièvre, N. 2003. Les obligations de l’infirmier : responsabilités juridiques et professionnelles. Heures de France, Paris, 126p.
- Prégent, R. 2001. L’encadrement des travaux de mémoire et de thèse. Conseils pédagogiques aux directeurs de recherche. Ecole Polytechnique de Montréal, Québec, 78p.
- Roquet, P. 2011. L’institutionnalisation et la professionnalisation de l’alternance : Des processus différenciés. In : Maubant, P., Clénet, J. et Poisson, D. (Eds.), Débats sur la professionnalisation des enseignants. Les apports de la formation des adultes. Presses de l’Université du Québec, Canada, pp. 247 – 265.
[1] Formation en IFSI. Présentation du programme de formation des étudiants en soins infirmiers, http://www.infirmiers.com/etudiants-en-ifsi/la-formation-en-ifsi/presentation-nouveau-programme-etude.html
[2] Evolution et réforme de la formation infirmière, http://www.reseauilhup.com/IMG/pdf/ILHUP_Formation_IDE_Aubry_20091130.pdf
[3] Agence Régionale de Santé Bourgogne. 2009. Guide pour les professionnels des terrains de stage accueillant des étudiants en soins infirmiers, 1ère partie, http://www.sante.gouv.fr/IMG/pdf/Guide_d_encadrement_des_etudiants_infirmiers.pdf
[4] Agence Régionale de Santé Bourgogne. 2009. Guide pour les professionnels des terrains de stage accueillant des étudiants en soins infirmiers, 1ère partie, http://www.sante.gouv.fr/IMG/pdf/Guide_d_encadrement_des_etudiants_infirmiers.pdf
[5] Moisy, M. 2001. L’infirmier, formateur de ses pairs : réalités et perspectives, http://www.infirmiers.com/pdf/memoiremarieclaude.pdf
[6] Arfe, E., Despiau, F., Huot, M. et Bombail, M. 2012. « L’approche par compétences dans la formation des infirmiers », Soins, 57 (768) : 19 – 21, http://www.em-consulte.com/en/article/755161
[7] IFSI Instituts de Formation. Encadrement de l’étudiant en soins infirmiers, http://www.syndicat-infirmier.com/Encadrement-de-l-etudiant-en-soins.html
[8] Moisy, M. 2001. L’infirmier, formateur de ses pairs : réalités et perspectives, http://www.infirmiers.com/pdf/memoiremarieclaude.pdf
[9] IFSI Instituts de Formation. Encadrement de l’étudiant en soins infirmiers, http://www.syndicat-infirmier.com/Encadrement-de-l-etudiant-en-soins.html
[10] Moisy, M. 2001. L’infirmier, formateur de ses pairs : réalités et perspectives, http://www.infirmiers.com/pdf/memoiremarieclaude.pdf
[11] Evolution et réforme de la formation infirmière, http://www.reseauilhup.com/IMG/pdf/ILHUP_Formation_IDE_Aubry_20091130.pdf
[12] Agence Régionale de Santé Bourgogne. 2010. Guide pour les professionnels des terrains de stage accueillant des étudiants en soins infirmiers. 2ème partie, http://www.sante.gouv.fr/IMG/pdf/partie_2_GUIDE_encadrement_etudiants_infirmiers.pdf
[13] Evolution et réforme de la formation infirmière, http://www.reseauilhup.com/IMG/pdf/ILHUP_Formation_IDE_Aubry_20091130.pdf
[14] Agence Régionale de Santé Bourgogne. 2010. Guide pour les professionnels des terrains de stage accueillant des étudiants en soins infirmiers. 2ème partie, http://www.sante.gouv.fr/IMG/pdf/partie_2_GUIDE_encadrement_etudiants_infirmiers.pdf
[15] Agence Régionale de Santé Bourgogne, 2009. Guide pour les professionnels des terrains de stage accueillant des étudiants en soins infirmiers. 1ère partie, http://www.sante.gouv.fr/IMG/pdf/Guide_d_encadrement_des_etudiants_infirmiers.pdf
[16] Evolution et réforme de la formation infirmière, http://www.reseauilhup.com/IMG/pdf/ILHUP_Formation_IDE_Aubry_20091130.pdf
[17] Agence Régionale de Santé Bourgogne, 2009. Guide pour les professionnels des terrains de stage accueillant des étudiants en soins infirmiers. 1ère partie, http://www.sante.gouv.fr/IMG/pdf/Guide_d_encadrement_des_etudiants_infirmiers.pdf
[18] Agence Régionale de Santé Bourgogne. 2010. Guide pour les professionnels des terrains de stage accueillant des étudiants en soins infirmiers. 2ème partie, http://www.sante.gouv.fr/IMG/pdf/partie_2_GUIDE_encadrement_etudiants_infirmiers.pdf
[19] Agence Régionale de Santé Bourgogne. 2010. Guide pour les professionnels des terrains de stage accueillant des étudiants en soins infirmiers. 2ème partie, http://www.sante.gouv.fr/IMG/pdf/partie_2_GUIDE_encadrement_etudiants_infirmiers.pdf
[20] http://www3.chu-rouen.fr/NR/rdonlyres/572AE40B-37B3-4893-B8C7-2C50FEBFFA51/0/Bilanintermediarepresentation2.pdf
[21] Etudiante en soins infirmiers ou en sciences infirmières, http://www.oiiq.org/sites/default/files/uploads/pdf/admission_a_la_profession/etudiant/fiche-etudiante.pdf
[22] Garçon, A. 2010. Parce que nous avons tous été stagiaire, http://www.infirmiers.com/pdf/tfe-adrien-garcon.pdf
[23] IFSI Instituts de Formation. Encadrement de l’étudiant en soins infirmiers, http://www.syndicat-infirmier.com/Encadrement-de-l-etudiant-en-soins.html
[24] Moisy, M. 2001. L’infirmier, formateur de ses pairs : réalités et perspectives, http://www.infirmiers.com/pdf/memoiremarieclaude.pdf
[25] Garçon, A. 2010. Parce que nous avons tous été stagiaire, http://www.infirmiers.com/pdf/tfe-adrien-garcon.pdf
[26] Manson-Clot, M., Pahud, P., Müller, R., Dederding, B. et Héliot, C. 2005. « L’infirmière de référence : positionnements sur la pratique d’encadrement », Recherche en soins infirmiers, 2 (81) : 28 – 55, http://www.cairn.info/revue-recherche-en-soins-infirmiers-2005-2-page-28.htm
[27] Perrodet, M. 2012. L’encadrement par l’apprentissage en stage de l’étudiant infirmier dans le nouveau programme, http://www.infirmiers.com/pdf/tfe-maxime-perrodet.pdf
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