ETUDE D’IMPACT DU « CONTENU LOCAL ou LOCAL CONTENT » DANS LES SOCIETES ETRANGERES EXPLOITANT DANS LES PAYS PETROLIERS D’AFRIQUE.
ETUDE D’IMPACT DU « CONTENU LOCAL ou LOCAL CONTENT » DANS LES SOCIETES ETRANGERES EXPLOITANT DANS LES PAYS PETROLIERS D’AFRIQUE.
TABLE DES MATIERES
1) Le paradoxe de la « malédiction du pétrole » et l’émergence du contenu local 4
2) Définition, principe et objectif du contenu local 7
3) Les limites de la mise en œuvre du contenu local 10
1) Les conséquences de la mise en œuvre du contenu local sur l’entreprise 14
2) Les stratégies d’entreprises face au contenu local 17
- Méthodologie 22
- Présentation de la méthode 22
- Une méthode qualitative 22
- Collecte de données 25
- Choix de la population étudiée : échantillonnage 25
- Elaboration des questionnaires 25
- Organisation de l’entretien 26
- Avantages et limites de la méthode 26
- Résultats et discussion 27
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 2 : Extrait des grilles d’analyse de la cohérence des résultats. 23
Tableau 3 : Données concernant notre premier thème « le répondant ». 28
Tableau 4 : Résultats de l’enquête sur le second thème « concept du local content ». 31
Tableau 5 : Détermination des conséquences et contraintes du contenu local 34
Tableau 6 : les limites du local content d’après les entreprises. 40
LISTE DES FIGURES
Figure 1 : Evolution des coûts de production de pétrole et de gaz conventionnels. 15
Introduction
Tout le monde en est arrivé au terme que les prochaines années seront placées sous le signe de l’instabilité économique, de la volatilité des prix et, même les plus optimistes en conviennent, d’une croissance durablement en berne (CGI, 2012).
Dans ce contexte, il est confirmé que dans cet environnement économique dégradé, les tensions géopolitiques vont s’exacerber concernant l’accès à des ressources que nous avons voulu croire inépuisables, en premier lieu les sources d’énergies primaires mais aussi les matières premières, l’eau, les terres rares et les terres cultivables. C’est dans ce contexte que les entreprises vont malgré tout devoir continuer à acheter, produire, vendre et dégager des profits (CGI, 2012).
Auparavant, les revenus issus du pétrole profitaient surtout les exploitants étrangers qui investissent moyens financiers et techniques dans son extraction. Le concept du contenu local ou local content (LC) n’est apparu que très récemment avec les conscientisations des pays producteurs de la surexploitation et de l’enrichissement à sens unique des exploitants dans le secteur.
Ainsi, le problème s’est évolué du coté des entreprises exploitants qui réalisent moins de bénéfices outre la réduction de compétitivité internationale résultant de la mise en place du LC.
C’est dans ce contexte que la présente étude tende à répondre à la question problématique suivante : en quoi l’obligation légale du contenu local (local content) peut-elle impacter sur les sociétés dans les pays pétroliers, et quelles sont les solutions que celles-ci ont mises en place pour faire face aux contraintes découlant de cette obligation ?
L’étude se déroulera en trois parties en présentant tout d’abord le cadre de l’analyse, c’est-à-dire la notion du contenu local avec les enjeux de sa mise en œuvre sur les entreprises. On enchainera ensuite par la partie méthodologique qui décrira les procédés et moyens utilisés pour réaliser des entretiens directs sur terrains. Et finalement, la troisième partie présentera les résultats et interprétations des données collectées.
L’approvisionnement en pétrole constitue une des principales préoccupations de plusieurs pays dont les Etats-Unis constituent le principal importateur. Etant donné que la production tend à diminuer au niveau de ce pays, il a été constaté qu’il devient de plus en plus dépendant de la production de pétrole chez d’autres pays. Ainsi, le monde s’est tourné vers l’Afrique pour s’approvisionner en pétrole. A partir de 1990 jusqu’en 2004, la production de pétrole dans les pays africains a augmenté de 40%. Ainsi, les pays pétroliers africains produisent 10 millions de barils par jour.
L’augmentation de la demande en pétrole dans les pays africains constitue une stratégie adoptée afin d’éviter la dépendance envers les anciens fournisseurs de pétrole. Par ailleurs, il a été constaté que le pétrole produit en Afrique est de meilleure qualité puisqu’il ne contient que très peu de soufre et qu’il est léger.[1].
Le pétrole, l’or noir, a été une source de convoitise pour les pays exploiteurs. Pour les pays producteurs africains, l’or noir constitue un espoir de développement. Ainsi, les peuples espèrent que la filière pétrole va créer des emplois et conduire à l’amélioration de la situation économique de leurs pays. Cependant, l’exploitation du pétrole semble avoir produit l’effet contraire. Les pays producteurs africains semblent toujours souffrir des mêmes maux endémiques que l’avant pétrole. Dans la grande majorité des cas, les pays pétroliers se trouvent confrontés à la multiplication des confits violents, à l’émergence de régimes autoritaires et à la stagnation du développement social du pays (Hoinathy, 2013).
Ce fait semble être corrélé d’une part, à l’inaptitude de ces Etats à profiter des revenus générés par les ressources pétrolières pour réduire le taux de pauvreté. Cette constatation traduit entre autre, l’incapacité des Etats pétroliers africains et plus particulièrement, ceux qui se sont investis depuis longtemps dans la pérennisation de cette filière, à diversifier leurs économies. Certes, le pétrole constitue une importante source de devises étatiques, mais cette filière connaît certaines crises, ce qui souligne la nécessité de diversifier l’économie (Hoinathy, 2013).
La malédiction du pétrole semble aussi être liée à la mauvaise gestion de la manne pétrolière. Il a été constaté en effet, que des zones d’ombres persistent en ce qui concerne la gestion de la ressource pétrolière. A cela s’ajoute la vulnérabilité des institutions et leur incapacité à renforcer le suivi de la gestion de cette ressource. Ainsi, les contrôles ne sont pas ou sont peu fiables lorsqu’il s’agit de budgétiser les revenus pétroliers. Ainsi, la gestion de la manne pétrolière se fait de manière non démocratique.
Etant donné le manque de contrôle, les revenus pétroliers pourrait susciter la convoitise et le conflit entre les hommes politiques et les hommes d’affaires. Dans cette optique, l’exploitation du pétrole dans les pays producteurs africains pourrait conduire à un renforcement de la corruption. Pour illustrer ce fait, au Nigéria, Congo Brazzaville et en Guinée Equatoriale, la gestion des revenus pétroliers est conclue entre les compagnies pétrolières et le Président. Le chef d’Etat est personnellement impliqué dans la supervision des transactions financières. Dans ce cadre, la budgétisation des revenus pétroliers n’a pu avoir lieu ou a été mal fait dans de nombreux pays pétrolier comme l’Algérie, le Cameroun, etc. Les revenus découlant du pétrole sont par la suite détournées pour soutenir les régimes autoritaires en place, ce qui se solde souvent, par des conflits armés[2].
La malédiction pétrolière pourrait aussi découler d’une mauvaise gouvernance. Etant donné que le prix du pétrole ne cesse d’augmenter au niveau international, de nombreux pays pétroliers font l’illusion de créer de la richesse et tendent par la suite à faire des prêts colossaux et effrénés, ce qui provoque un fort niveau d’endettement (Diangitukwa, 2009).
Il n’existe pas de considération des deux parties lors de l’exploitation des ressources pétrolières. Dans la grande majorité des cas, les exploiteurs tirent de nombreux avantages au détriment de la vie sociale de la communauté dans laquelle se trouvent les gisements. Pour illustrer ce fait, le Delta du Niger a produit du pétrole. Et pourtant, cette région est marquée par une grande vulnérabilité. Les ressources ont été exploitées et détournées par les grandes puissances, alors que les populations locales souffrent de pauvreté. Mis à part l’inégalité d’accès aux revenus des ressources pétrolières, il a été trouvé que les populations locales souffrent aussi d’une déstructuration menant à la mafiocratie et au renforcement de la corruption (Paraut, 2009).
La malédiction du pétrole se manifeste entre autre par les différentes instabilités politiques. En effet, l’exploitation des ressources naturelles et du pétrole en particulier semble être corrélée au conflit. Les rentes pétrolières ont été détournées à des fins politiques et plus précisément pour soutenir les régimes autoritaires. Les rentes pétrolières par exemple ont servi au financement des guerres au Brazzaville en 1993 et en 1997(Pourtier, 2007). Il semblerait donc que le développement fondé sur les ressources naturelles soit corrélé avec la mondialisation et les guerres civiles dans les pays en développement.
Il a été admis que la dépendance d’un pays envers ses exportations de matières premières constitue le principal facteur de guerre civile chez les pays en voie de développement. Puis, il y a d’autres facteurs qui favorisent aussi l’éclatement des conflits dont la dispersion géographique de la population, l’histoire du pays et plus particulièrement, les conflits civils qui se sont produits au sein du pays dans le passé, la taille de la diaspora, la croissance démographique, la faible scolarisation des peuples, la pauvreté et la composition ethnique et religieuse de la population. Etant donné que la dépendance envers les matières premières soit les principales raisons des conflits, la diversification des activités économiques semble constituer une alternative permettant de réduire les risques d’éclatement des guerres civiles.
Il a été constaté entre autre, que l’exploitation des ressources naturelles ne permet pas aux entreprises de se délocaliser. Mais ce fait s’accompagne de pillages puisque les ressources ne sont pas protégées et se trouvent donc exposées à des forts risques de pillages et de surexploitation. Les acteurs politiques peuvent donc détourner les différentes rentes provenant de l’exploitation de ces ressources pour financer le gouvernement ou les armées d’insurgés. Les rebelles peuvent aussi s’approprier des rentes provenant de cette exploitation pour se financer.
La mondialisation pour sa part, intervient dans la réduction des frontières entre l’Etat et le marché, ce qui permet aux acteurs militaires, politiques et gouvernementaux, de tirer profit des ressources qui peuvent être pillées pendant les guerres. Les ressources sont par la suite, redirigées vers les marchés internationaux et particulièrement, dans les pays industrialisés où elles seront utilisées comme matières premières dans le processus de production des entreprises. Il faut noter cependant, que si les pays développés constituent les principaux demandeurs de matières premières les grands groupes transnationaux constituent les principaux acteurs d’extraction et de transformation de ces matières[3].
Mais peu à peu, les parties prenantes ont pris conscience des enjeux de l’extraction de pétrole dans ces pays producteurs africains et ont consenti à mettre en œuvre des stratégies permettant d’éviter les détournements de la rente pétrolière pour les leaders ou les acteurs politiques. Cette tendance découle entre autre de la sensibilisation des entreprises pétrolières et gazières en ce qui concerne leur responsabilité sociale et environnementale. A cela s’ajoute la nécessité de mettre en œuvre le contenu local[4].
Le monde a été témoin des différents impacts du non considération du contexte local lors de l’exploitation des différentes ressources naturelles comme le pétrole, le gaz, etc. La première constatation a été faite au Pays-Bas, où les exportations de gaz ont conduit à l’appréciation de la monnaie suivie d’une importante inflation. L’instabilité économique n’a pas permis aux entreprises manufacturières de proposer des prix bas tant au niveau du marché intérieur qu’au niveau du marché extérieur. Mais contrairement à ce qui se passe au Pays-Bas, les pays en voie de développement comme l’Afrique n’arrivent pas à contrôler toutes les mutations économiques et sociales entraînées par la forte entrée de nouveaux revenus.
Les pays en développement qui jouissent de la présence de ressources naturelles enregistrent une croissance supérieure à la moyenne mais qu’ils n’arrivent pas à gérer. En effet, le PIB augmente sans que la pauvreté en soit réduite. Et pourtant, la société actuelle est une société de consommation. Celle-ci va encore augmenter dans les années à venir ce qui nécessite une augmentation des offres et des demandes. Mais cela devrait aussi augmenter suffisamment les rentes provenant des ressources naturelles de manière à pouvoir sortir théoriquement 540 millions de personnes de la pauvreté.
Cependant, l’atteinte de cette réduction de la pauvreté requiert certaines conditions dont la mise en place de la bonne gouvernance, l’amélioration et le développement d’infrastructures afin d’attirer les investisseurs, l’optimisation de la compétitivité des pays producteurs de matières premières. Si les infrastructures permettent d’attirer les investisseurs, les fiscalités trop lourdes pourraient les empêcher d’investir. Ainsi, les différents projets doivent aussi s’accompagner de la révision de la fiscalité et de la réduction des différents risques sociaux, économiques et politiques au sein du pays. Et comme ce sont les acteurs étrangers qui étaient intervenus jusque là pour réaliser les travaux, le développement suppose aussi le développement de la formation et de l’éducation des acteurs locaux.
En d’autres termes, les gouvernements des pays détenteurs de ressources naturelles doivent faire preuve de transparence dans la gouvernance. Les résultats des différentes interventions doivent être directement visibles par les populations. Le contenu local pourrait être favorisé pour optimiser les résultats perçus par les populations locales en ce qui concerne les activités pétrolières[5].
Tordo et al. (2013) définissent le contenu local comme étant le partage d’emploi ou de vente à chaque niveau de la chaîne de production de pétrole. Il faut impliquer dans ce cadre, l’extraction d’huile et la raffinerie. L’entreprise qui doit réaliser le contenu local doit être présente localement ou doit être détenue par un acteur local. Le contenu local pourrait être considéré comme étant la vente, la valeur ajoutée à l’économie du pays producteur, réalisée par les compagnies locales ou les compagnies appartenant à des acteurs locaux. Mais il pourrait aussi correspondre à l’approvisionnement du pays en infrastructure par la compagnie pétrolière.
Le contenu local également appelé local content consiste à donner de la valeur aux populations des zones productrices de pétrole, mis à part les royalties et les obligations fiscales. Ceci constitue une obligation pour les entreprises qui travaillent dans le secteur pétrolier et parapétrolier. Le non respect du contenu local pourrait conduire à un refus d’opérabilité de l’entreprise. En d’autres termes, le contenu local constitue une stratégie de création de valeur pour les populations locales. Ceci se fait par différentes actions : création d’emplois, formation des mains d’œuvre, ouverture des centres de production, formation des sous-traitants, transferts de connaissances et de technologies. Mais toutes ces actions ont pour objectif d’augmenter le niveau de vie de la population.
Le contenu local constitue de ce fait, une stratégie permettant aux deux parties, les entreprises internationales et les communautés locales de tirer profit des avantages financiers découlant de l’activité pétrolière. Pour l’entreprise, c’est une démarche qui permet de pérenniser son activité, mais pour les populations locales, la mise en place du contenu local permet d’élever le niveau de vie, de réduire la pauvreté et d’augmenter leurs connaissances et leur situation financière. L’adoption du local content permet entre autre, aux entreprises de tirer profit de l’image positive d’une entreprise responsable[6].
Le contenu local répond au besoin de transparences des pays fournisseurs plus particulièrement, au niveau des dépenses et des approvisionnements en matière de pétrole[7]. Il est nécessaire dans ce cadre, de déterminer des stratégies permettant de mettre en œuvre et de suivre l’application du contenu local dans la chaîne de production. Au Kazakhstan, une méthode permettant de déterminer le contenu local a été déterminée en 2010. Cette démarche permet de définir l’implication du contenu local dans la création d’emplois et de services et dans l’approvisionnement en bien. Ceci consiste à faire un suivi du contenu local réalisé par les détenteurs de contrats et le contenu local délivré par les entrepreneurs de premier rang, afin de déduire la composante étrangère du travail ou du bien (Tordo et al., 2013).
Le contenu local doit être durable pour permettre un niveau de vie élevé pour les populations concernées. Ce fait a été constaté au Brésil qui a mis au point une politique de contenu local et des réglementations permettant d’augmenter à la fois, les recrutements, la répartition de biens et des services.
En Indonésie, le contenu local se base sur les objectifs des compagnies pétrolières. Ces dernières doivent réaliser des actions permettant de développer les communautés locales telles que :
- Coopérer avec les petites entreprises et rendre autonome les fournisseurs domestiques en les élevant au rang de partenaire
- Obtenir de la certification OHSAS 18 000 ou SMK/ISO 14000
- Contribuer au développement communautaire ou développement des responsabilités sociales
- Implanter de service après vente en Indonésie.
La réalisation d’au moins un de ces objectifs permet à l’entreprise pétrolière de rendre effective son contenu local (Tordo et al., 2013).
Le contenu local est amené à se développer pour les années à venir puisque les Etats interviennent principalement dans sa mise en œuvre. Cette approche constitue, en effet, une démarche stratégique puisque l’augmentation du contenu local permet de créer de la valeur au niveau national en produisant des biens qui pourraient être exportés. En intervenant sur la création d’emplois, le contenu local permet aussi de réduire le taux de chômage au sein d’un pays (Tordo et al., 2013).
Le contenu local contribue entre autre à éradiquer certains problèmes auxquels, les communautés locales et l’Etat se heurtent à savoir, les problèmes relatifs à la pollution, les répercussions des activités pétrolières sur les autres secteurs d’activité qui pourraient encore intervenir dans le développement de l’Etat et la perte de ressources. Les gisements pétroliers s’accompagnent souvent de conséquences environnementales importantes, dont le contrôle nécessite encore des investissements et de la mise en place de politiques de déchets. En se focalisant sur le secteur pétrolier, les travailleurs des autres secteurs pourraient être négligés au profit du secteur le plus porteur, mais la mise en place du contenu local permet de considérer toutes les parties prenantes (Tordo et al., 2013).
La mise en place du contenu local pourrait être favorisée par les gouvernements des pays pétroliers pour faire face aux failles observées au niveau du marché. Dans la mesure où le contenu local permet de favoriser l’apprentissage des acteurs locaux, il permet aux entreprises du secteur pétrolier d’avoir les mains d’œuvres requises pour accomplir leur travail. En d’autres termes, il contribue à améliorer la performance de l’entreprise. Or, quand celle-ci est plus performante et plus compétitive, elle peut faire face aux différentes fluctuations du marché (Tordo et al., 2013).
Enfin, le contenu local pourrait être optimisé par l’Etat pour soutenir des causes sociales. La première d’entre elles est la création d’emplois. Le secteur pétrolier nécessite de nombreux investissements, ce qui restreint fortement le nombre d’employés qui peuvent être recrutés. Par ailleurs, la mise en œuvre de ce contenu local pourrait aussi contribuer pour compenser les impacts négatifs créés par le lancement d’activités pétrolières au sein d’un pays. Il est établi, en effet, que les communautés qui habitent près des gisements de pétrole doivent recevoir des compensations temporaires et permanentes pour les dommages qu’elles pourraient subir à cause de la mise en place de cette activité (Tordo et al., 2013).
Le contenu local a pour objectif de mettre en œuvre des stratégies permettant d’optimiser les emplois et les activités permettant de générer de hautes valeurs ajoutées. Il constitue une autre démarche permettant de sécuriser les emplois directs et indirects et d’impliquer les acteurs locaux dans la chaîne de prestation de services. Dans cette optique le contenu local devrait aussi conduire à développer les compétences des acteurs locaux, ainsi que le transfert de technologique et le recrutement de mains d’œuvre, voire même la coopération avec les industries de proximité pour les grands projets.Le contenu local doit être adopté pour les entreprises pétrolières et parapétrolières pour assurer le développement économique et réduire la pauvreté. En générant des emplois directs ou non, le contenu local permet, d’une part, de promouvoir les compétences productives, mais aussi de développer les infrastructures et l’efficacité des institutions locales[8].
La politique de contenu local varie en fonction des pays et en fonction des entreprises pétrolières ou parapétrolières qui interviennent. Les situations sociales, économiques et politiques des pays sont en effet à prendre en compte lors de l’établissement de ces politiques de contenu local. Cette approche permet de mieux contribuer au développement local. Pour illustrer ce fait, Shell Gabon tente de procéder au contenu local à travers l’identification des différentes opportunités qui se présentent pour les différents niveaux de la chaîne d’approvisionnement pour développer les communautés locales. Mais sa démarche d’élaboration d’une politique de contenu local a été réalisée en coopération avec le Ministère du Pétrole au Gabon. Ce contenu local est propre à Shell Gabon et ne peut pas être fidèlement appliquée à d’autres pays ou d’autres compagnies industrielles dans d’autres pays comme l’Asie, le Nigeria ou l’Egypte[9].
Le gouvernement tient en général un rôle important dans la détermination du contenu local afin de privilégier sa position envers les investisseurs. Dans la grande majorité des cas, la politique du contenu local s’inscrit à long terme et peut être parallèlement considérée avec les stratégies de développement du pays. Cependant, dans certains cas, il est possible que le gouvernement n’intervienne que très peu dans la mise en œuvre de la politique de contenu local. Les investisseurs travaillent dans la limite de la compétitivité globale et en fonction des ressources à la disposition de la compagnie pétrolière.
Il faut noter cependant, qu’il n’existe pas de définition qui peut être internationalement reconnue pour le terme contenu local. Ce dernier constitue à la fois un outil et un objectif que chaque pays et chaque entreprise veut atteindre pour développer les communautés locales. De même, les pratiques déterminées dans le cadre du contenu local changent d’un pays à un autre. L’élaboration de la politique de contenu local se fonde, de ce fait, sur la détermination des besoins des communautés locales en matière de développement économique et les objectifs principaux à atteindre. Les répercussions de l’atteinte de ces objectifs sur l’économie du pays constituent une des valeurs retenues pour évaluer l’efficacité de la politique de contenu local d’un pays[10].
Le contenu local semble être une stratégie qui profite à toutes les parties prenantes. Et pourtant, cette initiative peut aussi comporter certaines limites. Elle pourrait, en effet, conduire à réduire les marges de manœuvre des entreprises. Ainsi, les entreprises subissent uniquement, les effets négatifs du contenu local. Le contenu local implique des exigences de la part des gouvernements. Dans cette optique, les entreprises doivent se conformer à des cahiers de charges qui sont parfois difficiles à respecter.
Le contenu local ne porte pas uniquement atteinte aux entreprises mais aussi aux communautés locales. En effet, cette démarche peut être mise en place par les entreprises pour cacher leurs corruptions. L’entreprise peut en effet favoriser un partenaire et détourner les rentes pétrolières. Ceci s’est produit en Angola. Des hauts dignitaires ont mis en œuvre des exigences de contenu local pour la sous-traitance pétrolière. Mais ils ont partiellement détourné les bénéfices découlant du pétrole[11].
La mise en œuvre du contenu local répond à des besoins de transparence concernant les dépenses et les approvisionnements en biens et en services. Cependant, il est difficile de déclarer le contenu local puisque les données ne sont pas uniformes. La question de confidentialité des données rapportées peut aussi être affectée par la déclaration du contenu local[12].
Le contenu local peut avoir des conséquences imprévues. Dans certains cas, les mesures prises dans le cadre d’un contenu local pourraient réduire les devises perçues par l’Etat. D’autre part, la hausse des exigences requises pour respecter le contenu local peuvent décourager les investisseurs étrangers à entreprendre des activités au sein des pays qui mettent en œuvre une politique de contenu local. Puis, il pourrait aussi réduire les intérêts stratégiques de l’Etat dans la mesure où les investisseurs stratégiques pourraient ne pas apprécier ou ne pas être en mesure de tenir compte du cahier des charges (Tordo et al., 2013).
Il a été observé qu’il est difficile d’aligner les moyens à la disposition des entreprises et la politique mise en place par l’Etat en ce qui concerne le contenu local. Si le contenu local impose par exemple la formation de ses employés, il est nécessaire de fournir une formation adéquate pour que les attentes de l’entreprise soient satisfaites. Et pourtant, la formation fournie par l’entreprise n’est pas toujours suffisante pour s’assurer que les employés ont acquis des connaissances de base suffisantes pour accomplir leurs missions. Ainsi, l’Etat devrait aussi faire des efforts pour améliorer ses systèmes d’éducation. Et pourtant, ce fait n’est pas toujours observé chez de nombreux pays pétroliers africains (Tordo et al., 2013).
De même, la fiscalité qui doit être respectée par les entreprises qui investissent dans le domaine du pétrole doit être adaptée aux bénéfices qu’elles reçoivent. La mise en place du contenu local nécessite une amélioration de la supervision des actions de chaque partie prenante mais aussi de la régulation des compétitions entre les différentes compagnies pétrolières qui peuvent cohabiter au sein d’un même pays (Tordo et al., 2013).
A cela s’ajoutent les limites causées par la nécessité que l’entreprise se soumette aussi aux régulations internationales. Cependant, ces règlements ne sont pas toujours en adéquation avec ce que les entreprises vivent. Les règlements internationaux peuvent intervenir pour réduire le volume pouvant être diffusé par la compagnie à l’échelle internationale. Ainsi, les entreprises ont besoin de l’appui des Etats dans lesquels elles s’implantent pour leur fournir les conditions nécessaires pour respecter les règles imposées par les institutions internationales concernant le secteur pétrolier (Tordo et al., 2013). Certes, les gouvernements peuvent avoir des rentes provenant de la manne pétrolière, et faire bénéficier à leurs peuples, les savoirs issus des grandes entreprises. Pourtant, cette démarche pourrait aussi conduire à des inflations comme ce qui s’est passé au Pays-Bas (Tordo, 2007).
Vu l’importance des exigences des Etats en matière de contenu local, de nombreuses entreprises pétrolières ont mis leurs propres politiques de contenu local. Mais celle-ci ne peut être réalisée dans toutes les régions où elles sont implantées. Il n’existe donc pas de processus standard en matière de contenu local pour les entreprises et les démarches sont très hétérogènes. Certaines démarches ont conduit aux résultats espérés mais d’autres ont encouragé la corruption. En effet, certains investisseurs peuvent faire des « négociations » avec les acteurs locaux lors de la prise de décision et restreignent les bénéfices au profit de quelques acteurs seulement. Le népotisme et la corruption sont encore très fréquents dans certains pays comme l’Angola et le Nigéria.
Par ailleurs, les résultats provenant des investissements ne sont pas palpables directement, ce qui a découragé certaines entreprises pétrolières ou parapétrolières. Etant donné que le contenu local comporte différentes dimensions, cette démarche doit engager plusieurs parties prenantes[13]. Mais cette démarche pourrait se heurter à l’insuffisance de la culture du dialogue social.
Les contenus locaux peuvent être déjà intégrés dans la législation des pays exportateurs de pétrole comme le Kazakhstan. Cependant, leur application reste encore à revoir. Le manque de régulations au niveau des pays producteurs limitent fortement la réussite de la mise en œuvre du contenu local. D’autre part, l’application de ces règles varie et elles constituent parfois l’objet de nombreuses interprétations qui peuvent porter à confusion. A cela s’ajoute l’instabilité politique, sociale ou économique du pays exportateur qui pourrait affecter le développement du contenu local[14].
Le contenu local est mis en place pour contribuer au développement de la région dans laquelle est implantée le gisement de pétrole. Pourtant, la contribution réelle du contenu local au développement des acteurs locaux est souvent remise en question. Par ailleurs, les exigences du contenu local pourraient être trop importantes à tel point que les projets et les investissements relatifs à l’exploitation du pétrole pourraient être freinés. Les coûts de la mise en œuvre du contenu local pourraient affecter la rentabilité de l’activité si bien que de nombreux investisseurs tentent de trouver les moyens pour contourner le contenu local ou tout au moins, de réduire ses effets néfastes (Merrow, 2011).
La mise en place du contenu local nécessite la mise en place de certaines infrastructures. Au Nigeria, l’application du contenu local s’est heurtée à l’incapacité des banques locales à assurer le financement de projets de grande taille relatif à l’exploitation du pétrole. Les acteurs locaux ne possèdent pas des structures d’affaires qui leur permettent de se lancer dans de tels projets. D’autre part, les infrastructures permettant d’accueillir le projet n’étaient pas disponibles, ce qui a découragé les investisseurs, au même titre que le faible développement du marché de capitaux[15].
Les confusions en ce qui concerne les objectifs et les différentes démarches à entreprendre dans le cadre de l’application du contenu local limitent fortement son application au niveau des pays exportateurs. Ceci s’accompagne souvent de l’insuffisance de la sensibilisation, de l’éducation et de l’information des acteurs locaux en ce qui concerne le secteur pétrolier et la notion de contenu local. Ces acteurs locaux qu’ils soient privés ou publics ne connaissent pas toujours, les lois en vigueur qui régissent l’exploitation du pétrole. L’application du contenu local n’est pas équitable dans les différentes régions et pour les différents acteurs. Etant donné que ce sont les petits investisseurs qui n’arrivent pas à surmonter les difficultés causées par la mise en œuvre du contenu local, ils se plaignent souvent de l’incapacité de l’Etat à aider et à protéger les fournisseurs locaux[16].
Il a été constaté que le contenu local devrait aussi permettre de développer les acteurs et les entreprises locales. Et pourtant, force est de constater que cet objectif ne peut pas toujours être atteint. Au Brésil par exemple, la mise en place du contenu local n’a pas permis le développement des entreprises locales. Elle n’a pas permis de créer les emplois espérés par les communautés locales. Il semble que la contribution de l’industrie pétrolière à offrir des emplois aux communautés locales soit limitée. Ceci pourrait provenir du fait que l’industrie du pétrole et du gaz soient encore très jeunes dans certains pays. Ainsi, leur développement requiert encore du temps. De même, il s’avère toujours difficile de trouver des fournisseurs fiables, et répondant aux critères voulus. Par conséquent, la qualité des prestations et des biens qui sont proposés aux clients n’arrivent pas toujours à satisfaire ceux-ci[17].
L’application du contenu local et ses retombées sur les communautés locales devraient être mesurées afin de connaître l’efficacité de cette approche dans la réduction de la pauvreté. La réalisation d’une mesure des conséquences du contenu local sur un pays ou une région données devrait entre autre, conduire à l’identification des causes des résultats négatifs ainsi que des démarches à entreprendre pour corriger le défaut ainsi discerné. Or, cette mesure nécessite l’identification d’indicateurs permettant d’évaluer d’une part, le respect des obligations de contenu local et ses influences sur la réduction de la pauvreté dans la région considérée.
Etant donné que le concept de contenu local soit effectivement récent, il n’existe pas encore de définition acceptée par tous les acteurs au niveau international. De même, les pratiques permettant sa mise en place pourraient aussi être variées en fonction de la situation politique, économique, sociale et culturelle de la région où l’industrie pétrolière ou parapétrolière va s’implanter. L’absence de ces indicateurs n’incite pas trop les entreprises à appliquer le contenu local. Certaines entreprises sont tentées de donner des fausses informations en ce qui concerne leur obligation fiscale[18].
Le contenu local a été mis en œuvre dans l’espoir d’apporter plus de bénéfices aux acteurs locaux. Mais force est de constater que les résultats attendus ne sont pas toujours obtenus. Pour illustrer ce fait, la politique de contenu local mené au Nigeria n’a pas permis d’apporter des modifications notables et notamment, des améliorations dans le domaine de l’augmentation de la participation des acteurs locaux dans l’exploitation industrielle. D’autre part, cette politique n’a pas permis d’augmenter l’utilisation des nouvelles technologies par les populations locales. Ces différentes constatations sont reliées au manque au niveau des programmes de contenu local. Les exigences et les pré-qualifications sont insuffisantes pour permettre aux parties prenantes d’agir correctement. A cela s’ajoute le manque de fonds et d’équipements dans le cadre de l’éducation des populations locales. Le financement pose un problème majeur pour les PME, ce qui ne permet pas l’amélioration de l’efficacité de la politique de contenu local (Bellema, 2010).
Le contenu local oblige les entreprises pétrolières et parapétrolières à faire des recrutements massifs d’employés locaux. Elles doivent désormais atteindre un quota fixé par l’Etat. Cette démarche a été mise en place par Technip pour respecter le contenu local, mais aussi, pour avoir une certaine image positive et une avancée par rapport aux entreprises concurrentes qui se focalisent sur les conséquences de l’activité pétrolière sur la vie de la communauté locale. Mais le recrutement d’acteurs locaux s’avère difficile à réaliser puisque les candidats locaux ne possèdent pas toujours de l’expérience avec les activités pétrolières. Dans cette optique, les entreprises peuvent soit recruter des Ghanéens expatriés qui ont acquis des connaissances et des expériences dans le domaine du pétrole. Or, cette première option pourrait causes des conflits d’intérêts dans la mesure où les communautés locales exigeraient le recrutement d’employés qui vivent au Ghana au détriment des expatriés.
Pour pallier aux différentes tensions sociales qui pourraient exploser au sein de la communauté, les entreprises comme Technip par exemple, ont choisi de former leurs salariés. La formation des ingénieurs a été réalisée en partenariat avec deux universités technologiques. Ceci a permis de constater que les Ghanéens ont bénéficié d’une formation académique proche de celle attribuée dans les autres pays étrangers. La différence réside sur le fait que la formation au Ghana n’est pas professionnalisant. Ainsi, l’approche de la formation s’avère indispensable pour disposer d’une ressource humaine qualifiée et compétente pour répondre aux besoins de l’entreprise.
Pour favoriser l’expérience qui est insuffisante chez les Ghanéens, Technip oblige les étudiants à faire un stage dans leur filiale et dans ses sites en France. Ceci lui permet d’avoir le choix pour les meilleurs candidats. Cette approche développée par Technip lui a permis d’accéder à un contrat en vue d’élargir le champ pétrolier TEN, ce qui conduit encore à augmenter le recrutement de salariés par l’entreprise[19].
Les différents engagements de l’entreprise pour respecter le contenu local entraîne inexorablement des coûts techniques et des coûts indirects qui peuvent parfois être coûteuse pour l’entreprise. Or, cela pourrait affecter la rentabilité de l’activité et la réalisation du projet lui-même.
L’évolution de la tendance des coûts de production est représentée sur le schéma suivant :
Figure 1 : Evolution des coûts de production de pétrole et de gaz conventionnels
Source: Energy Funds Advisor, 2012[20]
Ce schéma montre qu’il existe trois types de coûts supportés par les entreprises pétrolières et gazières :
- les coûts liés aux industries de services,
- les coûts liés à la géologie et
- les coûts produits par le contexte politique et juridique.
Nous voyons que les coûts liés à la technologie et à l’innovation vont être fortement réduits pour les années à venir. Cependant, les coûts liés à l’ingénierie et aux capacités de construction ainsi que les coûts liés aux ressources humaines vont aussi augmenter jusqu’en 2020. Une fois passée cette période, les coûts liés aux ressources humaines vont rester neutres.
Dans le domaine des coûts liés à la géologie, nous pouvons constater que les entreprises vont faire d’importants investissements pour surmonter les enjeux liés à la localisation des champs et à la profondeur de l’eau. Le premier enjeu va connaître une forte hausse après 2020 tandis que le problème lié à la profondeur de l’eau va encore continuer d’augmenter même au-delà de 2020.
En ce qui concerne les coûts liés au contexte politique et juridique, il a été démontré que les coûts liés au contenu local vont fortement augmenter jusqu’en 2020, avant de connaître une hausse modérée après. Les coûts relatifs aux contrôles de l’Etat vont progressivement augmenter jusqu’en 2020, puis après, ils vont fortement augmenter.
Les entreprises vont donc augmenter de plus en plus leur investissement pour satisfaire le contenu local. Pour illustrer ce fait, Petrobras envisage d’augmenter sa production de pétrole. Et pourtant, l’atteinte de cet objectif ne peut se faire à moins de satisfaire le contenu local. Et pourtant, la mise en œuvre de cette démarche nécessite un important investissement parce que les exigences de contenu local augmentent aussi. Environ deux tiers des investissements de Petrobras vont être consacrés aux fournisseurs brésiliens. Le groupe entend aussi créer environ 1,5 million d’emplois et de contribuer au développement de l’industrie navale[21].
La mise en place du contenu local entraîne des coûts additionnels pour les investisseurs. Ces coûts augmentent au fur et à mesure que les exigences sont complexes et que les différentes procédures à suivre comportent des informations mal comprises ou mal expliquées. De fait, les investisseurs de petite et de moyenne taille peuvent se heurter à certaines difficultés financières pour pouvoir se conformer au contenu local (Tordo et al., 2013).
La mise en place du contenu local devrait contribuer au développement des communautés locales. Cependant, il se peut que celui-ci produise l’effet contraire. Comme la détermination des objectifs conditionne les actions à entreprendre dans le cadre de la mise en œuvre du contenu local, il est nécessaire de réaliser des réflexions sérieuses afin que les objectifs du contenu local soient bien en adéquation avec les objectifs de développement et le contexte. Au cas où les exigences du contenu local sont trop importantes pour les entreprises, il est possible que les entreprises pétrolières ne soient plus rentables ou compétitives sur le marché. Cependant, cette perte de compétitivité ne concerne pas uniquement l’entreprise pétrolière, mais aussi la compétitivité à long terme de la région productrice elle-même. Ceci augmente les risques pour les régions et les investissements requis. Il peut même conduire à la réduction des revenus perçus par les gouvernements[22].
Le contenu local constitue donc un élément clé qui conditionne les décisions d’investissement de l’entreprise. Dans certains cas, les investisseurs ne sont pas en mesure d’honorer les exigences du contenu local. Ce dernier constitue de fait, un facteur d’affaiblissement de la compagnie pétrolière et une source de diminution de son efficience. D’autre part, les entreprises doivent penser au mécanisme de partage des profits de l’entreprise avec le gouvernement hôte à travers les contrats et la fiscalité (Tordo, 2007). Les pays tendent à augmenter les profits pour les acteurs locaux au détriment des entreprises. Lors des négociations, le gouvernement détermine les taxes et les royalties que les entreprises doivent payer.
Il a été mentionné que la réussite du contenu local requiert aussi de l’engagement et des investissements de la part de l’Etat hôte. Les entreprises s’engagent d’une part, à développer les compétences des acteurs locaux et contribuent au développement durable de la région. Mais leurs actions vont devenir vaines si la corruption perdure. Ainsi, les gouvernements doivent faire des efforts en élaborant des réglementations et des programmes permettant de déterminer des bonnes pratiques. Cependant, ces derniers sont spécifiques d’un pays à un autre et parfois même, d’une région à une autre. D’autre part, l’application des lois doit faire partie intégrante des démarches d’accompagnement des entreprises à la réalisation d’un contenu local[23].
Il a été démontré que les entreprises ne sont pas toujours habilitées à la réalisation du contenu local. Les PME sont celles qui souffrent le plus du manque d’informations en la matière, ce qui ne les permet pas d’obtenir des résultats probants. D’une manière générale, les contenus locaux sont inscrits dans la politique imposée par le gouvernement hôte. Mais les petites entreprises ne peuvent pas bénéficier des avantages issus du contenu local. Ceci a été observé par exemple au Nigéria. Les différentes parties prenantes n’avaient pas beaucoup d’expérience en matière de contenu local. Ainsi, les entreprises ne présentaient pas les compétences requises, les expertises et la capacité de production ainsi que les compétitivités nécessaires pour mener à bien le contenu local. En conséquent, les revenus étaient rapatriés à l’étranger et les équipements ont été fabriqués par d’autres employés dans d’autres pays. Ainsi, la mise en place du contenu local au Nigéria donne plus d’avantages aux pays étrangers qu’aux opérateurs locaux (Aigboduwa et Oisamoje, 2013).
Bien que le contenu local soit un concept relativement récent, les entreprises cherchent des stratégies permettant de la mettre en œuvre. Dans ce cadre, elle cherche certes à se conformer aux lois existantes dans les pays hôtes, mais les investissements qu’elles ont réalisés doivent toujours contribuer à améliorer leurs résultats. Les stratégies qu’elles déterminent pour faire face au contenu local n’est pas statique et sont susceptibles de changer dans le temps. Il faut noter entre autre, que ces stratégies s’inscrivent sur le long terme et ne cherchent pas uniquement à créer de la valeur ou des profits à court termes.
Les démarches mises en œuvre dans le cadre du contenu local doivent avoir des répercussions économiques positives sur l’entreprise afin de justifier les investissements réalisés. Ainsi, l’implication du contenu local dans le programme stratégique de l’entreprise devrait être communiquée à toutes les parties prenantes afin de respecter le délai et de justifier les différentes démarches mises en place. Les intérêts commerciaux des entreprises doivent être protégés par le contenu local. Ainsi, les parties prenantes ne doivent pas uniquement se focaliser sur l’obligation de reporting interne et externe, mais viser vraiment, les intérêts des populations locales et des entreprises.
Avant de lancer une quelconque démarche, l’entreprise est amenée à déterminer de prime abord, les objectifs à atteindre. Ces derniers doivent être réalistes et faisables. La détermination des objectifs devrait considérer de fait, les capacités et les ressources à la disposition de l’entreprise pétrolière ou parapétrolière. En effet, quand les objectifs excèdent les capacités de l’industrie, les démarches déployées pour les atteindre peuvent conduire à la perte de compétitivité et de performance de l’entreprise. Une fois que les objectifs aient été déterminés, il devient plus facile de définir les stratégies et les démarches à mettre en place pour arriver aux buts fixés. Souvent, les acteurs se focalisent sur le coût et l’efficience et pourtant, ces faits ne permettent pas toujours d’avoir une vision à long terme. Il s’avère intéressant de fait d’axer les stratégies dans le cadre du développement des fournisseurs locaux pour créer de la valeur pour l’entreprise.
L’analyse du contexte local constitue entre autre, une condition permettant de déterminer les démarches à suivre dans le cadre du contenu local. Etant donné que les résultats attendus ne correspondent pas toujours aux résultats effectivement obtenus, il est nécessaire de commencer tôt le projet afin de déterminer les résultats et de mener si besoin est, des actions correctives. Il a été mentionné que l’analyse du contexte local permet d’ajuster les actions à entreprendre. Pourtant, il a été constaté que les informations qui parviennent au niveau des parties prenantes ne reflètent pas toujours les réalités du terrain. Dans ce cadre, il est nécessaire de coopérer avec les collaborateurs locaux afin de collecter les informations nécessaires et de les gérer. La communication des informations doit se faire dans le respect de la transparence[24].
Le contenu local constitue une démarche importante à laquelle, les entreprises pétrolières et parapétrolières ne peuvent pas se soustraire. D’une part, elles doivent assurer aussi bien leur rentabilité et leur performance. D’autre part, elles doivent aussi se soumettre à des obligations permettant de faire profiter les bénéfices provenant de l’activité pétrolière au peuple hôte. Les réactions et les démarches adoptée varient d’une entreprise à une autre, en fonction du contexte et de la situation de celle-ci. Mais des points communs existent. Les entreprises répondent aux différentes contraintes liées au contenu local à travers la négociation qu’elles entament avec les gouvernements pour modifier les exigences. Elles peuvent aussi réaliser un cadre légal de conformité, la mise en place de stratégies de contenu local dans le cadre des affaires et la prise d’initiatives en ce qui concerne la responsabilité sociale de l’entreprise[25].
Afin de s’assurer que les différentes décisions stratégiques de l’entreprise soient prises en compte dans le cadre de la réalisation du contenu local, les entreprises pétrolières et parapétrolières optent pour une intégration de celui-ci dans la stratégie globale de l’entreprise. Elles optent également pour la réalisation de négociations avec les acteurs locaux en ce qui concerne la fiscalité et le commerce du pétrole qu’ils exploitent au niveau du pays producteur. Les points focaux mentionnés dans le cadre du contenu local doivent être adaptés à la situation de l’entreprise.
Afin de réduire les risques, il s’avère nécessaire de partager les risques à travers les partenariats avec les entrepreneurs les plus importants. Les différents investissements communautaires doivent être adaptés aux objectifs du contenu local mis en place par l’entreprise et d’optimiser la compétitivité des fournisseurs à travers le développement de leur capacité. Ceci implique la formation des acteurs clés. Cette démarche nécessite entre autre l’acception par l’investisseur, d’un degré élevé de complexification de la chaîne d’approvisionnement. Les entreprises doivent entre autre, augmenter les opportunités d’emplois pour les acteurs locaux et de renforcer leur collaboration avec leurs pairs et les institutions. Le renforcement des capacités ne se fait pas uniquement au niveau externe, mais aussi au niveau interne, au niveau de la compagnie pétrolière et au niveau des sites dans lesquels, elles s’implantent[26].
Les stratégies adoptées par les grandes compagnies telles que Chevron, Exxon Mobil, Shell, BP et Total à partir de 2000 jusqu’en 2012 pour faire face au contenu local ont été étudiées. Ceci a permis de démontrer que les grandes compagnies optent pour la conception de programmes et d’initiatives permettant de développer et de recourir aux services rendus par les fournisseurs locaux et aux mains d’œuvre locales. Ces entreprises se sont aussi lancées entre autre dans la négociation directe avec le gouvernement local, la conformité aux normes qui sont effectives sur les pays hôtes et la considération des responsabilités sociales de la compagnie[27]. Les différentes activités réalisées par ces entreprises pour répondre aux exigences du contenu local sont résumés sur le tableau suivant :
Tableau 1 : Les principales stratégies de contenu local développées par cinq compagnies (traduction libre)
Compagnie | Stratégie appliquée | Principaux composants |
Exxon Mobil (2008) | Stratégie de contenu national | · Développement des mains d’œuvre
· Développement des fournisseurs · Investissements communautaires stratégiques |
Statoil (2010 – 2011) | Impact positif local – contenu local | · Recrutement local
· Approvisionnement local · Développement des fournisseurs locaux · Education et formation |
Total (2012) | Programme de contenu local | · Formation locale et recrutement
· Augmentation du nombre de mains d’œuvre locales · Appuis aux entrepreneurs locaux · Appuis aux petites et moyennes entreprises |
BP (2005, 2009) | Stratégies de développement du contenu local | · Développement des fournisseurs locaux
· Développement de l’expertise locale · Participation des fournisseurs locaux |
Shell (2013) | Impacts sur les communautés locales | · Création d’emplois
· Renforcement des capacités et de la technologie · Opportunités de contractualisation et d’affaires · Investissement social |
Source : Mireftekhari, 2013 [28]
Les entreprises investissent certes, dans le cadre de la réalisation du contenu local. Mais il a été constaté que les démarches de contenu local qu’elles engagent leur permettent parfois de gagner des profits. Dans ce cadre, les négociations permettent d’avoir une bonne couverture tout en permettant au pays hôte de développer les compétences de leurs acteurs locaux. Or, cela constitue aussi un bénéfice pour l’entreprise dans la mesure où les capacités et les habiletés des populations locales vont contribuer à améliorer leur performance.
Il a été constaté en effet, que les différentes stratégies de contenu local permettent aux entreprises de s’affranchir des services des expatriés dont le salaire est plus conséquent par rapport à celui des acteurs locaux. Cela contribue donc à la réduction des coûts opérationnels. Par ailleurs, le contenu local pourrait aussi être exploité par les compagnies pétrolières et parapétrolières de fréquenter les fournisseurs locaux et par la même occasion, d’obtenir de s’approvisionner plus facilement. Enfin, en collaborant avec les acteurs locaux, les entreprises peuvent désormais motiver et augmenter l’engagement des différentes parties prenantes. En d’autres termes, les investissements dans le cadre de la réalisation du contenu local devraient être utilisés pour réduire les risques qu’elles courent tout en augmentant leurs bénéfices. Ainsi, ces investissements devraient conduire à une meilleure efficience, à une réduction des coûts et à l’amélioration de la réalisation des projets par l’entreprise[29].
En bref, l’exploitation du pétrole n’apporte pas toujours de réconfort économique aux pays producteurs, ces pays restent victimes de la malédiction des ressources naturelles. En effet, l’Etat est incapable de diversifier les revenus perçus grâce au pétrole : c’est ce qu’on définit par « malédiction du pétrole ». Les exploiteurs de pétrole s’enrichissent au détriment de la main d’œuvre locale utilisée ou de la population locale qui ne perçoit qu’une partie infime du pétrole.
Le local content ou contenu local est une réponse à la malédiction du pétrole et à l’exploitation illégale de celui-ci, mais surtout à la gouvernance médiocre exercée par les pouvoirs publics, l’Etat et les autres autorités compétentes qui jouissent seuls des revenus et laissent la population livrée à elle-même, dans une pauvreté totale.
Ainsi, le contenu local a été mis en place pour régir l’exploitation pétrolière afin que cette dernière améliore le niveau de vie de la population locale. Etant donné que des grandes puissances telles que les Etats-Unis s’approvisionnent en pétrole à l’étranger et que de nombreuses entreprises pétrolières étrangères s’implantent massivement en Afrique. Ce concept constitue une aubaine pour protéger la population locale contre le manque de considération. Aussi, une création d’emploi est générée, l’embauche locale est prônée, et le niveau de vie de la population peut progresser.
De fait, le non respect du local content par ces entreprises constitue une violation de l’amélioration du niveau de vie de la population locale et conduit à une impossibilité, pour l’entreprise, d’initier ses activités dans le pays.
Les natifs ne sont pas les seuls à jouir des bienfaits du local content : les entreprises en tirent également satisfaction. En effet, non seulement elles touchent aussi un important bénéfice financier, mais elle est aussi assurée de pouvoir s’implanter à long terme et reçoit une image d’entreprise responsable. D’autres avantages sont apportés par le local content, outre ceux perçus par la population et l’entreprise. On peut citer la réduction du taux de chômage entraînant la réduction de la pauvreté, ou encore l’impact environnemental positif qui en découle puisque le contenu local permet aussi de réviser les conséquences environnementales occasionnées par l’extraction du pétrole et les procédés utilisés dans ce sens.
Si le local content est porteur d’autant de bénéfices, il n’est pourtant pas sans faille, et bien que son respect et son application soient obligatoires, il génère divers contraintes pour les entreprises qui ne tendent pas réellement à vouloir les assouvir.
- Les entreprises sont les premières à souffrir des vices du contenu local. En effet, bien que la théorie veuille qu’elles en tirent pleinement satisfaction, la réalité atteste d’une trop grande pression liée aux exigences et objectifs assignés par le gouvernement qui, dans la plupart des cas, semblent difficiles à réaliser.
- Les locaux peuvent aussi être victimes du contenu local dans le sens où des entreprises s’en servent à des fins corruptives et se livrent à un détournement des fonds générés par l’exploitation du pétrole à l’insu de la population.
Ainsi, le contenu local est un dispositif de bonne coopération entre les entreprises et l’Etat, censé avantager ces deux parties. Les entreprises recherchent le soutien de l’Etat pour se conformer aux régulations internationales et de son côté, l’Etat garantit de meilleures conditions de vie à la population.
Pour illustrer notre partie théorique, des entretiens directs effectués auprès des différents acteurs (sociétés utilisant le local content) s’avèrent nécessaire afin de confronter les informations collectées dans notre étude bibliographique aux réalités sur terrain. Pour ce faire, nous avons choisi de réaliser une enquête qualitative basée sur des entretiens semi-directifs.
Dans cette partie, nous allons, dans un premier temps, présenter la méthode à laquelle nous avons recouru. On enchainera dans un second temps par l’échantillonnage et les procédés utilisés pour la collecte de données avec ses atouts et limites.
Tout d’abord dans la méthodologie d’enquête, il faut choisir entre la méthode quantitative et la méthode qualitative.
En effet, Couvreur et Lahuede (2002 : 12) stipulent dans leur Essai de comparaison de méthodes quantitatives et qualitatives à partir d’un exemple : le passage a l’euro vécu par les consommateurs que « L’entretien semi-directif permet de vérifier des hypothèses et d’illustrer des théories en apportant un réservoir d’opinions et d’anecdotes.[30] » De fait, nous avons donc mené des entretiens semi-directifs individuels ; les répondants ayant été interrogés un par un. Mais avant de nous focaliser sur les entretiens semi-directifs, nous allons définir ce qu’est une méthode qualitative.
Dumez (2012) définit la recherche qualitative comme étant «l’analyse qui détermine la nature des éléments composant un corps sans tenir compte de leurs proportions.[31]». Ainsi, l’étude qualitative consiste donc en une analyse qui tend à découvrir pourquoi une chose est telle qu’elle est, ou tout simplement pour la connaître et en apprendre davantage sur elle. En définissant ce concept, Dumez met l’accent sur l’importance de l’opposition entre méthode qualitative et méthode quantitative.[32]
En effet, la définition que ce chercheur a proposée ci-dessus est établie à l’aide d’une comparaison entre les deux notions dites contradictoires de méthode quantitative et de méthode qualitative. Dumez (2011) stipule que la méthode qualitative est, comme la racine du terme « qualitative» l’indique, est une enquête visant la qualité. Elle recherche la qualité, elle a pour procédé et pour finalité la qualité. De ce fait, il est naturel de l’opposer à la méthode quantitative qui, avant tout, consiste en la recherche d’un nombre précis d’informations. Les hypothèses ne sont pas posées et les réponses sont déjà souvent préétablies, en d’autres termes, la méthode quantitative veut uniquement la quantité quand la méthode qualitative recherche la qualité.
Pour illustrer ceci, nous allons emprunter une fraction des grilles d’analyse de la cohérence des résultats dans l’Essai de comparaison de méthodes qualitatives et quantitatives de Couvreur et Lahuede (2002). (tableau 2)
Le questionnaire établi concerne le passage à l’euro et la manière dont les consommateurs l’expérimentent. Ici, Couvreur et Lehuede (2002) mettent l’accent sur la différence entre les réponses obtenues grâce à une étude quantitative et à une étude qualitative via un entretien semi-directif.
Le thème abordé ici est l’opinion sur la monnaie européenne et sa mise en œuvre. Nous pouvons voir, en analysant ce tableau, que les réponses obtenues en entretien quantitatif et grâce à un entretien semi-directif sont différentes. L’entretien semi-directif permet de recueillir des réponses plus détaillées, et dans ce sens, un simple complément d’information obtenu grâce à la libre expression du répondant peut être de la plus grande importance. Les entretiens semi-directifs permettent mieux aux répondants d s’étaler sur leur opinion et de les justifier, à l’instar des entretiens quantitatifs qui ne s’attardent pas dans les détails.
Tableau 2 : Extrait des grilles d’analyse de la cohérence des résultats.
Questionnaire
Quantitatif |
Entretien semi-directif
Qualitatif |
|
Opinion sur Monnaie européenne et sur sa mise en œuvre | ||
Sentiment face au passage à l’€ | Plutôt bien | On a bien été préparé. |
Ressenti lors du paiement en
euro |
Curiosité, Ne se prononce pas | Normal, Ca ne change rien de payer dans une monnaie ou une autre. |
Euro, Plus européen | NON | Peut-être mais on a toujours une identité française. |
Euro, atout, handicap/vie
quotidienne / vous même |
NSP | NSP. Cela n’a pas changé grand chose. |
Opinion sur les pièces | Belles
Repère facile Pas Pratique Conserver les centimes |
Pas pratique car trop de petites pièces
Les centimes sont nécessaires pour éviter les hausses de prix. |
Opinion sur les billets | Beau
Repère facile Pratique |
Beau
Pratique, no confusion |
Avez-vous conservé des
Francs ? |
NON | NON |
Source : Couvreur, A. et Lehuede, F. (2002)[33].
Puisque nous utilisons la méthode qualitative dans notre travail, nous allons nous focaliser uniquement sur cette dernière et délaisser la méthode quantitative. Couvreur et Lahuede (2002) détectent deux types de méthodes qualitative : celle basée sur des entretiens semi-directifs individuels et celle fondée sur des entretiens non directifs.
En marketing, l’entretien semi-directif est « une méthode d’étude qualitative basée sur la réalisation d’entretiens individuels ou collectifs durant lesquels l’animateur dicte uniquement les différents thèmes devant être abordés sans pour autant pratiquer un questionnement précis.[34] »
Il s’agit d’un entretien libre grâce auquel l’enquêteur recueille l’avis du répondant sans lui imposer un choix de réponses à l’aide de question fermées, mais plutôt par l’intermédiaire de questions ouvertes. Son but est d’amener le sujet à s’exprimer en toute liberté, à s’ouvrir sur le thème proposé sans toutefois le laisser dévier.
L’enquêteur joue donc le rôle de guide : il propose le thème et laisse son interlocuteur s’exprimer sur celui-ci tout en s’assurant qu’il ne s’écarte pas du sujet, et prend note par la même occasion. Dans les entretiens semi-directifs, même la plus infime information peut constituer une donnée importante.
D’habitude, un entretien semi-directif consiste en la proposition de thèmes bien précis. Ceux-ci sont inclus dans une grille d’entretien et sont proposés un à un aux sondés. Toutefois, il peut aussi arriver que les thèmes soient représentés par des questions précises, comme c’est notre cas. Dans ce sens, nous nous sommes efforcés de « recueillir des témoignages détaillés et individualisés afin de comprendre les logiques qui sous-tendent les pratiques, en provoquant chez les enquêtés la production de réponses à des questions précises.[35] »
Ici, nous avons collecté des opinions individuelles, en menant des entretiens individuels durant lesquels nous avons interrogé chaque répondant séparément.
L’entretien semi-directif permet de vérifier des hypothèses et d’illustrer des théories en apportant un réservoir d’opinions et d’anecdotes. Il ne s’agit pas de connaître les caractéristiques de la population, de mesurer les opinions majoritaires ou d’étudier les déterminants sociodémographiques des pratiques et des représentations mais de recueillir des témoignages détaillés et individualisés afin de comprendre les logiques qui sous-tendent les pratiques, en provoquant chez les enquêtés la production de réponses à des questions précises.
L’entretien semi-directif permet d’entrer dans le champ des représentations et des pratiques individuelles. Il permet de formaliser et de systématiser la collecte des données et permet de constituer un corpus de données homogènes rendant possible une étude comparative des entretiens.
Si telle est la méthode qualitative par entretien semi-directif individuel, la méthode qualitative basée sur les entretiens non directifs cherche à« révéler des processus sociaux ou des relations qui seront généralisés à l’ensemble de la population[36]. » Dans ce sens, elle est surtout basée sur l’individu et sa rationalité et vise à détecter ses points de vue ou ses propres représentations. Elle ne s’intéresse donc pas aux faits généralisés, mais plutôt par la compréhension ou la perception du sondé de ces derniers.
Etant donné que notre sujet porte particulièrement sur le local content au sein d’entreprises basées dans des pays pétroliers, le choix des interrogés s’est donc porté sur des représentants d’entreprises implantées dans ces pays, notamment en Angola, terrain de prédilection de notre étude.
Notre échantillon est composé de neuf entreprises implantées en Angola, exerçant dans le secteur et sont représentés par des responsables qui nous ont accordés un entretien :
- Chef de projet dans la filiale chez le LEADER DE L’OIL AND GAS en ITALIE.
- Project-manager dans une SOCIETE DE CATERING.
- Directrice commerciale chez SAFETY EQUIPMENTS AND SEA SÉVICES CONGO.
- Chef de département CONSTRUCTION SUBSEA chez TOTAL
- Responsable contrat pour BOLLORE
- General Manager pour JOBARTIS, un site d’emploi basé en ANGOLA
- Directeur logistique dans une société d’ingénierie, conception de projet (Préfère rester ANONYME)
- Directeur Général chez SAFRIC
- Fondateur et Directeur logistique chez ANGOFLEX, une entreprise de service dans le domaine pétrolier et gazeux
En ce qui concerne les questionnaires, ils sont basés sur la problématique générale de notre étude : « En quoi l’obligation légale du contenu local (« local content ») impacte les sociétés dans les pays pétroliers, et quelles solutions ont elles mises en place pour faire face à ses contraintes? »
Ils sont ensuite répartis en quatre thèmes pour diriger les réponses à nos objectifs.
- Le thème I présente tout d’abord le répondant (représentant une société) avec ses fonctions au sein de l’entreprise nous permettant d’évaluer par la suite son point de vue.
Le premier thème est à titre présentatif, c’est-à-dire qu’il concerne uniquement la personne interviewée et l’entreprise dans laquelle il travaille. Il sert à collecter des informations en vue de connaître un tant soit peu l’entreprise et la fonction qu’il y occupe.
- Le thème II informe sur le Concept du local content
Le second thème concerne la compréhension (la définition) du concept de local content par l’interrogé et son existence au sein de l’entreprise qu’il représente.
- Le thème III renseigne les conséquences et contraintes du local content
Le troisième thème traite des contraintes exercées par le local content sur les entreprises et l’impact de sa mise en place et de ces complexités.
- Le thème IV révèle les limites du local content
Le dernier thème traite des limites de ce concept et de la perception exacte de celui-ci par l’interrogé en fonction de ce qu’il vit au sein de la société qu’il représente.
Pour collecter les données, nous avons procédé par des entretiens en direct auprès des responsables sus cités. Les réponses fournies par les interviewés ont alors été enregistrées et retranscrites, selon qu’ils nous en aient donné l’autorisation.
Les réponses fournies ont ensuite été regroupés dans une grille de dépouillement dans le but de déceler une tendance au niveau de ces dernières et de le comparer entre elles.
La grille de dépouillement est un outil commode dans le traitement de résultats d’entretiens semi-directifs. Elle consiste en un tableau dans lequel sont repris les thèmes ou questions et les réponses y correspondant, selon chaque interviewé.
De par la définition de la méthode qualitative que nous avons fournie, nous pouvons tirer que cette méthode est plus appropriée à notre travail.
Les entretiens semi-directifs sont réputés plus précis, les réponses obtenues sont plus précises et complètes. Ils sont utiles lorsqu’on souhaite recueillir des informations de qualité.
En effet, pour un entretien quantitatif, l’essentiel est d’avoir un maximum de données pour valider statistiquement une hypothèse, les réponses n’ont donc pas besoin d’être précises et doivent au contraire se conformer à des approximations préétablies. Les questions fermées utilisées débouchent sur des réponses nettes de type OUI, NON ou NE SAIT PAS.
Comme avantage de la méthode qualitative utilisée dans notre cas, l’entretien semi-directif nous permet d’avoir des informations claires et complètes nous permettant de comprendre le phénomène étudié.
L’entretien semi-directif réalisé en face-à-face permet également de percevoir en direct les ressentis du répondant. L’enquêteur peut donc voir comment l’interrogé réagit face à telle ou telle question, qu’est-ce qu’il ressent face à tel ou tel thème, etc.
Ici, les sentiments sont dévoilés et non masqués, l’enquêteur peut donc réellement savoir ce que le répondant pense de telle ou telle chose, ce qui est pratique quand on souhaite recueillir des informations de qualité.
Néanmoins comme limite de notre enquête, les responsables interviewés occupaient des fonctions différentes auprès de leur société respective, ce qui peut contribuer à la divergence des réponses obtenus et à la précision des réponses selon qu’ils occupent des postes stratégiques ou uniquement de la communication externe (variant du responsable contrat et responsable commerciale au directeur général).
Les données collectées lors de nos entretiens sont regroupés dans la grille de dépouillement ci-après selon les 4 thèmes établis dans notre méthodologie.
- Thème 1 : le répondant
La présentation de chaque société ainsi que leur opinion concernant les perspectives d’avenir de leur société ont été dirigées selon 5 questions préétablies pour notre entretien représenté dans le tableau 3 ci-après.
- Quelle est votre société et quel poste occupez-vous dans celle-ci?
- Depuis quand et pour quelles raisons votre société est implantée en Angola?
- S’agit-il d’une filiale ou d’une société indépendante ?
- Combien comptez-vous d’employés à ce jour et quelle est la proportion d’expatriés et de locaux ?
- Quelles sont les perspectives d’avenir pour votre société dans ce pays?
Tableau 3 : Données concernant notre premier thème « le répondant ».
ENTREPRISES | 1. Quelle est votre société et quel poste occupez-vous dans celle-ci? | 2. Depuis quand et pour quelles raisons votre société est implantée en Angola? | 3. S’agit-il d’une filiale ou d’une société indépendante ? | 4. Combien comptez-vous d’employés à ce jour et quelle est la proportion d’expatriés et de locaux ? | 5. Quelles sont les perspectives d’avenir pour votre société dans ce pays? |
SOCIETE DE CATERING | Project manager | 2005 | Filiale d’une société Française | 900 employés dont 50 expatriés | Pays en forte croissance : continuer à gagner des parts de marché. |
SAFETY EQUIPMENTS AND SEA SÉVICES CONGO | Directrice commerciale | 2004.
Actionnaires d’une société locale souhaitant développer une activité safety et opportunité de rachat d’une société locale. |
Société indépendante | 60 employés | Situation confortable car un seul concurrent qui n a pas le même niveau de certification |
BOLLORE | Responsable contrat | 2008 : présent dans plusieurs pays en Afrique, dont en Angola à cause de la croissance de ce continent, surtout de l’Angola. | Filiale, le groupe Bolloré est français | Bolloré Africa Logistics compte en tout 25 000 employés avec un effectif en hausse constante.
Difficile de fournir l’effectif pour l’Angola mais proportion stable avec 5ù d’expatriés |
Implanter davantage la société dans le marché de la logistique et des transports, devenir l’opérateur référent. |
LEADER DE L’OIL AND GAS EN ITALIE | Chef de projet | Une vingtaine d’années
|
Filiale | 300 employés, dont 60% d’Angolais. | Augmentation la production. |
JOBARTIS | General Manager | Créé en Angola il y a 3 ans pour cause de vide et de demande en parallèle | Société indépendante. | 9 employés dont 3 expatriés. | Consolider la marque qu’est Jobartis Devenir le leader des sites d’emplois. |
ANONYME | Directeur logistique dans une société d’ingénierie, conception de projet (Préfère rester anonyme)
|
Pas de précision | Filiale angolaise d’une société Française.
Un des leaders européens des services dans les domaines du génie électrique, mécanique, climatique. |
Nombre d’employés varie beaucoup en fonction des projets en cours | De gros projets en vue, c’est un pays très prometteur. |
SAFRIC | Directeur Général | 1982 | Filiale | Employés : 62 Expatriés : 4 (environ 6%) | Développement endogène uniquement consolidation des acquis. |
ANGOFLEX | Fondateur et Directeur logistique Une Entreprise de service dans le domaine pétrolier et gazeux | Technip depuis 2000
Angoflex depuis 2002 |
Filiale de Technip & Sonangol (société nationale pétrolière en Angola) | 300 employés et environ 3% à 4% d’expatriés (70% d’expatriés à la création de la société) | Nouveaux blocs en cours d’exploration dans le sud. |
TOTAL | Chef de département Construction Subsea chez Total | 60 ans car pays à fort potentiel | Filiale, mais les filiales sont des sociétés indépendantes | Environ 2000 personnes. | Faire des affaires !
Projet Kaombo de TOTAL. |
Source : auteur
Interprétation des résultats (thème 1) :
- l’implantation de ces sociétés en Angola s’est effectuée depuis 60 ans (la plus ancienne) jusqu’à nos jours (près de 3 ans pour la plus récente). On peut en conclure que la mise en place du contenu local n’entrainait pas au retrait d’installation des investisseurs étrangers en Angola malgré les points négatifs reconnus et les difficultés encourues pour mettre en place cette nouvelle stratégie.
- la majorité des entreprises enquêtées (6 sur 9) sont des filiales qui s’implantent directement en Angola pour améliorer leur part du marché en exploitant de l’amont en aval de la filière.
- Le nombre total des employés varie selon la taille de l’entreprise, toutefois la majorité de la main d’œuvre est fournie par les locaux.
- Finalement, comme perspective dans le secteur : le point commun est l’identification du potentialité de la région en affaires, certaine entreprise affirme même une « situation confortable ».
- Thème 2 : Concept du local content
Concernant les propos des sociétés enquêtées sur l’interprétation du contenu local, les 3 questions suivantes ont été élaborées comme guide d’entretien :
- Comment définiriez-vous le « local content »?
- Est-ce une préoccupation quotidienne pour votre entreprise?
- Le « local content » est- il une démarche volontaire dans votre entreprise?
Tableau 4 : Résultats de l’enquête sur le second thème « concept du local content »
ENTREPRISES | 1. Comment définiriez-vous le « local content »?
|
2. Est-ce une préoccupation quotidienne pour votre entreprise? | 3. Le « local content » est- il une démarche volontaire dans votre entreprise? |
SOCIETE DE CATERING | Pas simple à décrire,
concept général qui incite fortement les entreprises à travailler avec des partenaires locaux et des employés locaux. |
Pas d’actions quotidiennes en faveur du LC mais une pensée générale quotidienne | Oui, bien que ce soit une obligation, nous voulons être exemplaires |
SAFETY EQUIPMENTS AND SEA SÉVICES CONGO | Part d’actionnariat local dans une société étrangère lors de son implantation,
part d’expatriés contre locaux, priorité à l’intégration locale |
Société congolaise avec une part d’actionnariat étranger | Volontaire et surtout encadrée par le cadre législatif qui impose un certain nombre de directives |
BOLLORE | Concept flou et source de problème | Non | Oui, Bolloré a depuis le début voulu favoriser le travail avec les locaux, que ce soit en termes d’emplois ou de collaboration. |
LEADER DE L’OIL AND GAS EN ITALIE | Pourcentage du travail donné aux employés locaux et aux compagnies locales. | Oui | Volontaire, c’est la politique dans toutes les filiales du groupe |
JOBARTIS | Obligation d’utiliser des personnes/ services/ biens locaux. | Oui, si on veut exister ici, le local content est une préoccupation quotidienne | Oui, une volonté d’aider le pays dans lequel on s’implante. Ce qui est plus dérangeant c’est que cela soit transformé en contrainte légale |
ANONYME | Obligation légale censée permettre au pays accueillant des rapports plus équilibrés entre la société et la communauté locale.
Priorité à l’embauche des locaux.
|
Non, mais récurrente. | Oui et non ; priorité à l’embauche locale mais l’application de la loi demande plus qu’une simple volonté d’intégration. |
SAFRIC | Obligation faite aux acteurs privés, et notamment pétroliers, d’investir localement et de donner la préférence à des fournisseurs locaux. | Non | Non, et c’est pourquoi l’application d’une règle de local content requiert souvent de forcer la main |
ANGOFLEX | Travailler avec des compagnies et des employés locaux » | Oui, en vue de s’améliorer | Oui => le directeur de la société est Angolais |
TOTAL | Collaborateurs originaires du pays dans lequel le travail est effectué | Oui, et à long terme | Oui =>anticiper les demandes réglementaires. |
Source : auteur
Interprétation des résultats (thème 2) :
Dans la majorité, le concept local est perçu comme une obligation dans la mise en place d’une collaboration directe et effective auprès de la population locale en employant des locaux, en travaillant avec les compagnies locales. Toutefois, la complexité de cette stratégie a été reconnue par la plus part, une société sur neuf le définit même comme un « concept flou et source de problème ».
Concernant sa mise en œuvre, certaines entreprises y procèdent volontairement pour contribuer au développement du pays producteur de pétrole (6 sur 9), tandis que le reste (3 sur 9) le perçoit comme un engagement primordial pour exploiter dans le pays.
- Thème 3 : Conséquences et contraintes du local content.
Finalement, les 7 questions suivantes ont été posées afin de déterminer concrètement les impacts du contenu local auprès de notre échantillon :
- Quelles contraintes le « local content » créent elles à la société? Ex: Gouvernance, nombre d’employés étrangers, sous traitants, personnel peu qualifié, visas…
- Comment de fait, assurer profit et rentabilité pour l’entreprise en respectant le « local content » si celui-ci devient trop exigeant?
- L’obligation légale du « local content » a-t-elle des conséquences sur la pérennité de l’entreprise ?
- En Angola les sociétés doivent être à majorité détenues par les Angolais; avec qui vous êtes-vous associés?
- Ces associés sont-ils actifs dans la gouvernance de l’entreprise? Sur une échelle de 1 à 10 (1 passif, 10 proactifs)
- Vous aident-ils à simplifier certaines démarches auprès des administrations et des autorités locales? Sur une échelle de 1 à 10 (1 passif, 10 proactifs) ?
- Comment réagissent vos employés locaux et expatriés face à ces obligations liées au « local content »?
Tableau 5 : Détermination des conséquences et contraintes du contenu local
ENTREPRISES | 1. Quelles contraintes le « local content » créent elles à la société?
|
2. Comment de fait, assurer profit et rentabilité pour l’entreprise en respectant le « local content » si celui-ci devient trop exigeant? | 3. L’obligation légale du « local content » a-t-elle des conséquences sur la pérennité de l’entreprise ? | 4. En Angola les sociétés doivent être à majorité détenues par les Angolais; avec qui vous êtes-vous associés? | 5. Ces associés sont-ils actifs dans la gouvernance de l’entreprise? Sur une échelle de 1 à 10 (1 passif, 10 proactifs) | 6. Vous aident-ils à simplifier certaines démarches auprès des administrations et des autorités locales? Sur une échelle de 1 à 10 (1 passif, 10 proactifs) ? | 7. Comment réagissent vos employés locaux et expatriés face à ces obligations liées au « local content »? |
SOCIETE DE CATERING | Qualité et assiduité du personnel=>
peu impliqué dans le travail |
Le gouvernement ne doit pas plus durcir ce local content => L’Angola a besoin d’expatriés, sans eux, le pays ne se serait pas autant développé | Oui : sans local content, on ne peut plus travailler => besoin de la main d’œuvre locale, pas besoin d’employés très qualifiés
LC : employés locaux coûtent très chers LC moins pressant=>plus de compétitivité entre locaux et expatriés |
Pas de réponse | Pas de réponse | Oui, ils nous aident bien sûr. | Angolais = plutôt satisfaits de ce LC
Expatriés = travaillent beaucoup plus mais ne sont pas payés proportionnellement. |
SAFETY EQUIPMENTS AND SEA SÉVICES CONGO | Obligation d’intégrer les contraintes locales à la vie de l’entreprise et à ses décisions stratégiques.
Chercher du personnel qualifié et s’il n’est pas possible d’en trouver, faire du transfert de compétence |
Evaluer la situation et ses bénéfices qui peuvent être au-delà de la rentabilité financière mais une question d’image pour l’entreprise vis-à-vis de ses clients | Oui : l’association avec un actionnaire ou une société locale peut mal finir | Pas de réponse | Pas de réponse | Pas de réponses | Pas de réponses |
BOLLORE | Le local content ne créé de contraintes que celles que l’on veut s’imposer | Le local content ne créé de contraintes que celles que l’on veut s’imposer =>c’est à la société et à l’équipe directrice de faire les bons choix en termes d’employés ou de collaborateurs.
|
Pas de réponse | Des partenaires locaux. Bolloré fonctionne comme cela dans tous les pays d’Afrique. | 5 : travail de collaboration. | Oui : cette collaboration permet de simplifier et de clarifier certaines démarches administratives, l’administration angolaise est bien plus compliquée que la française ! | Collaboration et coopération entre tous nos employés. Pas de favoritisme => faire avancer l’entreprise ensemble |
LEADER DE L’OIL AND GAS EN ITALIE | Contraintes présentes à tous les niveaux : nombre d’employés, de sous traitants, … | Réorganiser les structures=> mix d’expatriés et de locaux dans tous les services
Mettre en place des processus de formation. Il ne faut pas séparer les services « blancs/noirs ». |
Non, si nous réorganisons les structures | La société appartient à 100% à la maison mère. | N/A | N/A | Au moment de la création, c’était très difficile =>différence entre mentalités |
JOBARTIS | Contraintes de gouvernance, problèmes et difficultés de visas. question de l’emploi de personnel peu ou pas qualifié (loi : 75 à 80% des employés d’une société = angolais, alors que l’éducation en Angola est mauvaise)
|
C’est une contrainte oui mais le business reste rentable.
C’est juste une barrière de plus. |
Je ne pense pas. C’est un peu inversé : plus ton entreprise est établie, plus tu peux respecter les règles. | Société est au nom d’un angolais=>prête-nom | 0: Absolument passif | 0 : Non | Problème principal : efficacité au travail
Dans l’ensemble : tout le monde travaille bien. |
ANONYME | Problème de gouvernance, contraintes en terme de nombre d’employés et parfois difficulté de gestion de personnel peu voire pas qualifié | Arriver à respecter la contrainte légale sans en devenir l’esclave | Pas vraiment, si ce n’est que le local content permet une intégration de l’entreprise dans le pays=>si cela se passe bien, avoir l’appui d’un pays est toujours utile pour sa pérennisation. | SONANGOL, société pétrolière nationale. | 6 | 6 : Oui, SONANGOL nous apporte un soutien non négligeable | Petite boîte=>pas de grande quantité de personnel=> aucune tension=>travail en équipe. |
SAFRIC | Aucune, sauf difficultés créées par le gouvernement pour embaucher de la main d’œuvre compétente,
ie : non-délivrance de visas, etc. |
Aucune contrainte sauf difficultés créées par le gouvernement pour embaucher de la main d’œuvre compétente, ie : non-délivrance de visas, etc. | Oui, si la réalisation des prérogatives de l’Etat est en décalage avec les obligations faites aux entreprises. (Ie. : exiger l’utilisation d’une main d’œuvre locale, quand l’Etat n’investit pas suffisamment dans l’éducation et la formation, etc.)
|
Pas d’associé angolais : Il n’existe aucune loi obligeant les entreprises à s’associer avec des angolais => règle plutôt informelle | N/A. | N/a. | Pas d’influence du LC sur les relations de nos employés. |
ANGOFLEX | Problèmes de visa, la formation des locaux
forte augmentation des prix, salaires =>difficulté de conserver les employés formés |
Principal problème du LC : absentéisme.
Quantité de travail d’un expatrié=celle de 3 employés locaux |
On va aujourd’hui vers une entreprise 100% angolaise ! On verra. | Angoflex est détenue à 70% par TECHNIP et à 30% par SONANGOL.
SONANGOL est minoritaire mais ils sont 5 au comité des directeurs contre 3 pour TECHNIP. |
5 : pas très actifs | Niveau administratif, SONANGOL ne nous aide pas. | Inquiétudes quant aux embauches de techniciens compétents et aux sources d’approvisionnement. |
TOTAL | LC non appliqué : Difficulté d’obtenir des visas ; Pénalité
LC appliqué : cherté des projets (plus de supervision, de temps, qualité du travail perfectible, peu d’expérience et jeune âge), risques HSE (culture safety très différente) |
Anticipation, investissement dans la formation. Demander des subventions au gouvernement. | Oui, dans la mesure où les projets deviennent de plus en plus chers, et le prix du baril baisse, la rentabilité diminue.
LC : diminue la rentabilité, au contraire de la main d’œuvre bon marché dans les industries manufacturières. |
Personne en tant que société, et avec le concessionnaire sur l’exploitation et des partenaires (autres majors). | N/A, mais si on doit évaluer sur les projets, et juste les partenaires : 7 | Oui, pour les contrats (ils valident les contrats des sous traitants des compagnies pétrolières) (Conflit d’intérêt), mais je ne sais pas à quel niveau. | Pas de conflits particuliers mais quelques jalousies dues au statut souvent plus élevé des expatriés. Nous aidons beaucoup nos employés locaux : bonnes couvertures maladie, obtenir des prêts pour un achat immobilier,… |
Source : auteur
Interprétation des résultats (thème 3) :
- Comme principale conséquences de la mise en place du LC, l’emploi des locaux (angolais) était reconnu très utile dans la réalisation des démarches administratives et légaux. La pérennité de l’entreprise dépend effectivement des employés, du partenariat et collaboration entre état et sociétés.
- Néanmoins, il a été révélé que ces actionnaires ne sont pas du tout actif quant-à la gouvernance de l’entreprise. Concernant le problème de discrimination et de favoritisme au travail, il a été reconnu que cette contrainte existe toujours aboli mais n’entrave quand même pas au bon déroulement de la collaboration.
Concernant les contraintes de la mise en place du LC :
- Les premières contraintes identifiées se situaient sur l’incompétence des locaux étant donné leur faible niveau de scolarisation et d’éducation, outre l’absentéisme et l’insuffisance d’assiduité qui ont été nettement signalés.
De ce fait si l’entreprise s’efforce de recourir à leur embauche à 70 à 80%, les couts de productions augmentent considérablement avec la formation des employés, transfert de compétences.
D’un autre coté a été signalé le problème d’obtention de visa et de pénalité si les sociétés ne respectent pas les engagements du LC.
On doit également signaler le fait que 2 entreprises sur 9 ont reconnu que l’application du LC ne doit pas obligatoirement présenter des contraintes si l’on se réfère à la législation.
- Ainsi, ces sociétés proposent une rectification du contenu du LC en augmentant le taux des expatriés tolérés et en investissant plus dans les formations
- Thème 4 : Les limites du local content.
Finalement, afin de déterminer les limites du LC selon notre échantillon, les 6 questions suivantes ont été posées :
- Quels sont donc les enjeux du « local content » pour le pays? Pour les politiques?
- Pensez-vous que le « local content » soit un bienfait pour le développement des entreprises?
- D’après vous, il y a-t-il un lien entre « local content » et corruption? Si oui lequel?
- Pensez-vous que la volonté principale du renforcement de la politique de « local content » soit davantage pour favoriser les communautés locales que pour enrichir ceux qui la mettent en place?
- Même question, sur une échelle de 1 à 10? (1 étant pour favoriser uniquement les communautés locales, 10 étant uniquement pour un enrichissement personnel)
- Le « local content », qu’en pensez-vous réellement ?
Tableau 6 : les limites du local content d’après les entreprises
ENTREPRISES | 1. Quels sont donc les enjeux du « local content » pour le pays? Pour les politiques? | 2. Pensez-vous que le « local content » soit un bienfait pour le développement des entreprises? | D’après vous, il y a-t-il un lien entre « local content » et corruption? Si oui lequel? | 3. Pensez-vous que la volonté principale du renforcement de la politique de « local content » soit davantage pour favoriser les communautés locales que pour enrichir ceux qui la mettent en place? | 4. Même question, sur une échelle de 1 à 10? (1 étant pour favoriser uniquement les communautés locales, 10 étant uniquement pour un enrichissement personnel) | 5. Le « local content », qu’en pensez-vous réellement? |
SOCIETE DE CATERING | Le pays doit avoir une politique de LC, les sociétés étrangères doivent aider le gouvernement à former la population. | Oui=> il ne faut pas que cela se renforce car les effets pervers s’amplifieront. | On se sert de l’un pour avoir l’autre. Pousser le LC= politiquement correct | 7 | Utile=>Pays=corrompu par le pétrole=>chacun s’établit ses propres limites. | |
SAFETY EQUIPMENTS AND SEA SÉVICES CONGO | Jouer un rôle actif dans le développement du pays par les investissements étrangers | Dépend du pays des interlocuteurs | Non | Mix des deux | 5 | Un cadre de champs d’action pour la maîtrise du développement économique d’un pays.
L’idée est bonne et juste mais peut être détournée à des fins personnelles…
|
BOLLORE | Pays : ne pas passer à côté de la croissance et de l’explosion économique qui se joue en ce moment sur le territoire angolais.
Alors au sortir de la guerre, avec l’arrivée de très nombreuses sociétés étrangères, LC= moyen de faire activer les choses pour les locaux, de les intégrer plus rapidement au marché du travail. |
Chez nous 80% des cadres sont africains et cela ne nous pose aucun problème, bien au contraire | Grande question pour tous les pays d’Afrique, et d’ailleurs, croyez-vous que la politique de discrimination positive en France soit plus bénéfique aux populations immigrées qu’à la cote des politiques ? | Dépend des pays | LC=pourquoi pas=>Les sociétés étrangères ne peuvent pas s’implanter dans un pays sans jouer avec les règles du pays, lorsqu’on arrive en territoire conquis, cela ne fonctionne pas. | |
LEADER DE L’OIL AND GAS EN ITALIE | Augmenter les capacités du pays pour que celui ci commence à faire les choses par lui-même. | Oui, du moment qu’un plan est établi au préalable. | Je ne connais pas quelle est la vraie dynamique du local content.
Je n’ai jamais vu de corruption mais cela peut arriver je pense. |
Pas de réponse | Une opportunité pour les sociétés étrangères de faire du business, un pari pour le futur de la société qui crée de nombreuses opportunités. | |
JOBARTIS | Enjeu : pas essentiellement pour les politiciens qui souhaitent garder une main mise sur leur richesse. La loi vise avant tout à les enrichir et si cela aide également la population, et bien tant mieux. | LC= pas de soucis, mais c’est aussi un nid à conneries.
L’exemple même est la nouvelle loi visant les transitaires qui doivent désormais être également posséder à 51% par des angolais |
Il y a un lien évident | Non : la mise en place du local content vise à enrichir les politiques. Ce sont ceux qui créent les lois ici qui en sont les principaux bénéficiaires. | N/A | LC= pourquoi pas, mais en tant que démarche volontaire pas sous contrainte légale, démarche logique et visant avant tout à aider et à améliorer les conditions de vie de la population locale.
Il faut sortir du « local content » qui est à l’heure actuelle une vraie barrière, une contrainte et aller plutôt vers une favorisation du local. |
ANONYME | Revenir sur ce qui a été fait durant de nombreuses années : le pillage des richesses des pays dit « tiers », au profit d’entreprises et de pays étrangers.
Enjeu certain pour les gouvernements des pays d’accueil. |
Contraindre une entreprise à collaborer davantage avec le pays dans lequel elle se base est un bienfait, surtout pour celles qui jusque-là n’avaient aucun rapport avec les locaux.
En revanche, est-ce que le LC est un bienfait pour le développement des entreprises ?… Cela reste à voir
|
C’est du moins de cette manière que cette loi a été « vendue » aux entreprises et à la population locale. | 9 | Rien= une loi, une obligation légale à laquelle toute entreprise étrangère doit se soumettre si elle souhaite travailler sur le territoire angolais. Nous faisons dès lors de notre mieux pour la respecter. | |
SAFRIC | LC=un des piliers du process d’ « angolanisation », qui est un concept plutôt populiste et largement utilisé par les politiques. | Oui, si les deux bords jouent le jeu. | On va rester positif et considérer que l’application des mesures de local content sont faites au bénéfice des angolais et des entreprises, et non pour enrichir certains caciques qui auraient un avantage certain à ce que ces mesures soient mises en place… | 7 | Je doute que les règles de local content soient pour l’instant dans un schéma gagnant-gagnant. | |
ANGOFLEX | LC= avenir du pays =>changer ce phénomène d’absentéisme et augmenter le niveau de la main d’œuvre. | Oui, vous êtes obligé d’avoir de la main d’œuvre locale, sans ça vous ne pouvez pas travailler. Etat= moins regardant sur le ratio d’employés expatriés sur les sociétés non pétrolières comme la construction par exemple. Ici tout ce qui touche au pétrole est critique. | Nous avons ce livret sur l’éthique de la société et il y a une bonne partie sur la lutte contre la corruption. S’il y a de la corruption, nous n’y participons pas. | 5, dans le doute… | 70% des locaux travaillent bien.
20% ne se soucient pas du travail. 10% sont complètement absents. Loi= protège les employés=> il est très difficile de licencier. |
|
TOTAL | Très importants : consommation et revenus en hausse, développement des compétences, plus d’indépendances. | Oui dans un premier temps car cela permet d’obtenir certains contrats, mais à terme, c’est pour plus d’indépendance et donc un risque non négligeable pour les sociétés étrangères | La sensibilité à la corruption n’est pas la même du côté local content, donc il y en a plus, mais le changement des cultures va dans le bon sens, à terme il ne devrait pas y en avoir. Il y aura une phase transitoire | C’est lié, les communautés locales sont liées à la politique qui s’enrichit.
Le but est avant tout d’être indépendant pour être plus riche. |
Pas de réponse | Très bonne chose d’un point de vue humain => développement, éducation, indépendance, meilleure acceptation de l’activité pétrolière.
Mais à terme il y a de gros risques pour que l’indépendance soit exacerbée, que la société étrangère soit rejetée et qu’il y ait une mauvaise gestion, et aussi une envolée de la corruption… le temps nous le dira. |
Source : auteur
Interprétation des résultats (thème 4) :
Tout d’abord, toutes les sociétés ont reconnu que le LC contribue effectivement au développement du pays producteur du pétrole, sa mise en place doit améliorer les niveaux de vie de la population en améliorant les revenus et en participant au développement de compétences.
A l’inverse concernant les bienfaits pour le développement de l’entreprise, les réponses aussi indirectes soient elles stipulent que le LC profite plus à la localité qu’aux exploitants.
Concernant ses limites proprement dits, bien que le LC s’efforce d’aider la population locale dans la création d’emplois et amélioration des revenus, certaines personnes et entités le détournent à leur faveur pour se justifier ou en tirer profit personnellement, ce qui remet en cause l’efficacité de la mise en place du LC en Angola ? Contribue –t-il effectivement au développement de tout le pays ?
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[2] El Moussaoui, H. 2008. La « malédiction » du pétrole en Afrique, http://www.libreafrique.org/node/437
[3] Aknin, A. 2009. « Le développement durable peut-il conjurer la « malédiction des ressources » ? », Mondes en développement, 4 (148), pp. 15 – 30, http://www.cairn.info/revue-mondes-en-developpement-2009-4-page-15.htm
[4] Teisserenc, N. 2013. Contenu local : une priorité pour les pétroliers, http://economie.jeuneafrique.com/entreprises/entreprises/energie/20841-contenu-local-une-priorite-pour-les-petroliers-.html
[5] Krajka, D. 2013. Les pays producteurs peuvent-ils échapper à la malédiction des matières premières ? http://indices.usinenouvelle.com/matieres-premieres/les-pays-producteurs-peuvent-ils-echapper-a-la-malediction-des-matieres-premieres.4934
[6] Fiestas, H. Le local content : une panacée à la « malédiction » du pétrole ? http://communautes.agefi.fr/investissement-socialement-responsable/le-local-content-une-panacee-a-la-malediction-du-petrole
[7] Déclarer le contenu local dans le contexte de l’ITIE, http://eiti.org/files/SWG/French_World_Bank_SWG_Paper_Local_Content_Reporting_April_2012.pdf
[8] Contenu local : vision pour la RDC, http://www.miningreview.com/wp-content/uploads/i/OilGas/Christian-Bin-Issa.pdf.
[9] Continuer à consolider nos actifs en toute sécurité, Shell World, avril 2014, http://s01.static-shell.com/content/dam/shell-new/local/country/gab/downloads/pdf/shell-world-magazine/shell-world-gabon-magazine-avril2014.pdf
[10] Khama, S. 2012. Local content policies in Sub-Sahara’s minerals, oil and gas (MOG) sector. A discussion paper for the Africa Progress Panel (APP) Meeting, Genève, 28 novembre 2012, http://africaprogresspanel.org/policy-papers/politiques-de-contenu-local-dans-le-secteur-des-minerais-du-petrole-et-du-gaz-en-afrique-subsaharienne/
[11] Fiestas, H. Le local content : une panacée à la « malédiction » du pétrole ? http://communautes.agefi.fr/investissement-socialement-responsable/le-local-content-une-panacee-a-la-malediction-du-petrole
[12] Déclarer le contenu local dans le contexte de l’ITIE, http://eiti.org/files/SWG/French_World_Bank_SWG_Paper_Local_Content_Reporting_April_2012.pdf
[13] Esteves, A., Coyne, B. et Moreno, A. 2013. Local content initiatives : Enhancing the subnational benefits of the oil, gas and mining sectors, http://www.resourcegovernance.org/sites/default/files/RWI_Sub_Enhance_Benefits_EN_20131118.pdf
[14] Domjan, P. 2004. « The supplier development in the oil and gas sector of Kazakhstan », Background paper n°5, http://siteresources.worldbank.org/INTKAZAKHSTAN/Resources/Backgroundpaper5_SupplierDevelopment_April2004.pdf
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[18] Suivi de contenu local et des obligations fiscales des compagnies minières au Cameroun : Cas du projet du diamant de Cameroon and Korea Mining Incorporation, Mobilong, Est Cameroun, http://www.relufa.org/documents/suiviobligationscontractuellesCKMining.pdf
[19] Davesne, S. 2014. « Technip recrute local au Ghana », L’Usine Nouvelle, n° 3367, http://www.usinenouvelle.com/article/technip-recrute-local-au-ghana.N244846
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[21] Grasland, E. 2011. Les ambitions sans limite du brésilien Petrobras, http://www.lesechos.fr/25/02/2011/LesEchos/20878-040-ECH_les-ambitions-sans-limite-du-bresilien-petrobras.htm
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[23] Esteves, A., Coyne, B. et Moreno, A. 2013. Local content initiatives : Enhancing the subnational benefits of the oil, gas and mining sectors, http://www.resourcegovernance.org/sites/default/files/RWI_Sub_Enhance_Benefits_EN_20131118.pdf
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[29] Mireftekhari, S. 2013. Local content strategy, solution for successful global oil and gas projects in emerging economies, http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0301421514003632
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, Le Libellio d’ AEGIS, Vol. 7, n° 4, pp. 47-58.
[32] Id.
[33] Essai de comparaison de méthodes quantitatives et qualitatives à partir d’un exemple : le passage à l’euro vécu par les consommateurs, p.97.
[34] Définitions Markeitng (2013). Définition Entretien semi-directif, http://www.definitions-marketing.com/Definition-Entretien-semi-directif.
[35] Couvreur, A. et Lehuede, F. (2002). Essai de comparaison de méthodes quantitatives et qualitatives à partir d’un exemple : le passage a l’euro vécu par les consommateurs, Cahier de recherche n° 176, Centre de Recherche pour l’Etude t l’Observation des Conditions de Vie (Crédoc), p. 12, http://www.credoc.fr/pdf.php?param=pdf/Rech/C176
[36] Ibid., p. 16.
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