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Gestion des Déchets dans l’Urbanisme Parisien : Enjeux et Perspectives Durables

Introduction

La gestion des déchets est au cœur de nombreux débats actuellement. Ceci vient du fait que la production de déchets a fortement augmenté depuis la fin de la Deuxième Guerre Mondiale. En parallèle avec l’augmentation exponentielle de la production de déchets, les différentes évolutions technologiques ont conduit à la création de différentes substances de plus en plus toxiques dans les déchets. Ainsi, les déchets actuels n’ont pas la même composition que les déchets qui ont été produits auparavant. Par conséquent, les populations sont de plus en plus conscientes de la nécessité de protéger l’environnement et de gérer durablement les déchets.

Dans les années 1970, le droit de la gestion des déchets a été établi dans le but de réduire les impacts négatifs des déchets sur l’environnement. La gestion des déchets consiste à trouver des solutions aux problèmes qui peuvent survenir dès la production de déchets jusqu’à son élimination finale. Les différents stades de la gestion de déchets sont interdépendants (Weber, 1995). Bien que la conscientisation des populations sur les contraintes inhérentes aux déchets soit effectivement récente, les alternatives qui ont été mises en place dans le but de réduire leur propagation et de les valoriser ont déjà été déterminées depuis longtemps. La valorisation des déchets n’est pas une pratique nouvelle.

La gestion des déchets dans le département de Paris a connu une très longue histoire. En effet, les rues de Paris étaient infestées par les odeurs nauséabondes produites par les amoncellements d’ordures. Il a été observé que les déchets qui étaient jetés dans les voies publiques pouvaient même être des excréments humains. Les riverains commençaient par la suite à avoir envie d’améliorer la propreté de leur ville. La mentalité des Parisiens en ce qui concerne l’hygiène publique a fortement évolué. Cette nouvelle perception est attribuée particulièrement aux travaux de Pasteur.

Depuis les années 1970, la propreté urbaine impose le respect de la propreté dans les villes. Il a été stipulé que les villes ne devraient pas présenter de détritus. Aucune odeur ne devrait porter atteinte à la propreté de l’air à Paris même si la ville comportait déjà des incinérateurs de déchets et des décharges qui étaient particulièrement localisées à la périphérie de la ville. Les populations étaient encouragées à faire des collectes sélectives de leurs déchets et de valoriser l’ensemble de leurs déchets. A cela s’ajoute le phénomène de l’urbanisation de la capitale (Forot, 2007). L’urbanisme et la prise en conscience de la propreté sont deux notions qui interagissent entre elles et qui contribuent à l’élaboration du visage de Paris tel que nous la connaissons aujourd’hui.

La présente étude a pour objectif de trouver les différentes interactions qui existent entre le phénomène d’urbanisme et la gestion des déchets. Elle vise entre autre à trouver les différents moyens qui peuvent être envisagés dans le but de pouvoir gérer les déchets dont la production dans les zones urbaines ne cesse d’augmenter ces dernières années.

Notre étude se divise en deux parties distinctes. La première partie traite la notion de l’urbanisme. Après avoir défini la notion d’urbanisme, nous allons analyser l’impact de ce phénomène sur la production de déchets et les perspectives d’un urbanisme durable. Ensuite, nous allons analyser la notion de gestion de déchets.

La deuxième partie de notre étude se focalise sur la gestion des déchets du département de Paris. Nous allons étudier la production et la nature de déchets qui sont trouvés à Paris pour analyser par la suite les différents enjeux inhérents à la gestion de déchets de Paris. A l’issue de cette étude, nous allons proposer des méthodes qui peuvent être utilisées dans le cadre de transport et de traitements de déchets.

Partie 1 : Généralités

Chapitre 1 : Le concept d’urbanisme

  • Définition et importance de l’urbanisme

L’urbanisme a commencé à prendre de l’ampleur à partir du 19ème siècle, mais il a fallu attendre le 20ème siècle pour que le terme urbanisme apparaisse. L’urbanisme désigne un acte volontaire qui se réalise dans l’espace urbain ou rural, mais également dans le temps, dans le but de créer une situation ordonnée. Cette définition implique un changement de ce qu’il y avait auparavant et de ce qui va être mis en place après. L’urbanisme vise particulièrement la commodité, l’économie et l’harmonie dans les fonctions et les relations exercées par les hommes. L’urbanisme est un « champ d’action, pluridisciplinaire par essence, qui vise à créer dans le temps une disposition ordonnée de l’espace en recherchant harmonie, bien-être et économie » (Merlin, 2009).

La notion d’urbanisme renvoie à l’organisation et à l’aménagement de l’espace dans le but de satisfaire les besoins des personnes qui l’occupent. Cette démarche implique la cohabitation d’éléments et de pratiques différentes qui œuvrent pour apporter une nouvelle structure à l’espace[1]. Cette définition rejoint celle de Haumont (1996) qui la définit comme étant « une manière de mettre bon ordre dans les différents travaux, constructions ou transformations que nous effectuerons sur notre territoire. On peut définir l’urbanisme comme l’art d’assurer une organisation harmonieuse et techniquement rationnelle de l’espace bâti ». Pour que cette organisation soit bien rationnelle, certaines conditions sont requises. Nous pouvons citer par exemple la présence de rues, la distribution d’électricité, la présence d’égouts, etc., mais il tient compte entre autre de l’aspect architectural de la ville. Plusieurs disciplines sont ainsi requises pour atteindre les objectifs : géographie, connaissance du sol, démographie, économie, architecture, génie civil, techniques de transport d’énergie, etc.

Larousse pour sa part donne les définitions suivantes pour le terme urbanisme : « art, science et technique de l’aménagement des agglomérations humaines ; Ensemble des règles et mesures juridiques qui permettent aux pouvoirs publics de contrôler l’affectation et l’utilisation des sols ». Dans cette optique, les urbanistes se basent sur différents documents techniques tels que les plans d’urbanisme, le schéma directeur, le plan d’occupation des sols, etc.[2].

Ce phénomène est intimement corrélé avec le concept de mobilité qui se traduit par l’augmentation des distances parcourues par chaque individu quotidiennement. Cette mobilité a particulièrement favorisé le développement de moyens de transport motorisés. La mobilité entraîne le développement de zones métropolitaines qui constituent des zones de forte concentration (Kaufmann et al., 2003). Mais les études de Saskia Sassen lui ont permis d’observer que cette mobilité constitue un facteur incontournable pour l’évolution de l’homme. La mobilité ne se traduit pas uniquement par le fait de parcourir des trajets, de se déplacer d’un point à un autre. Le progrès technologique et plus particulièrement Internet qui permet de communiquer avec le monde entier tout en restant chez soi constitue également une forme de mobilité[3]. Le point de vue de la sociologue et économiste va donc à l’encontre des propos qui ont été affirmés selon lesquels, l’urbanisme devrait réduire la mobilité de la population.

Saskia Sassen a soulevé la notion de ville globale. En voulant multiplier les échanges, la fluidité des capitaux, les implantations des firmes dans le monde entier, la société moderne se trouve confrontée à deux impacts principaux qui sont la mobilisation des pays développés vers les pays en développement où ils trouvent des employés à bas salaire. Mais la gestion de ces industries se trouve concentrée dans des villes centres que l’auteure appelle ville globale. Ce fait implique que les éparpillements d’industries dans le monde entier ne peuvent être gérés qu’à partir d’un seul centre décisionnel dans le but d’assurer une meilleure gestion de l’ensemble. Ces villes globales sont les lieux de développement de l’économie mondiale, des capitaux internationaux, des innovations technologiques et financières (Sassen, 1991).

L’interaction qui existe entre l’urbanisme et la mobilité se traduit entre autre par le fait que la mobilité implique un déplacement vers une activité ou un besoin. Ceci nécessite la planification des transports dans le développement urbain, pour assurer l’harmonie entre les différentes structures existantes. Dans cette optique, les Schémas de Cohérence Territoriales (SCOT) constituent l’aire d’influence de la métropole ou de la région urbaine. Les SCOT ont pour mission de réduire l’extension urbaine et les besoins en transport de la population en déterminant les principaux centres urbains et les centres urbains secondaires. La connexion de ces derniers aux transports en commun est établie. Dans la conception et la réalisation d’un projet d’urbanisme, la planification du développement et le renouvellement urbain devrait être en accord avec les infrastructures de transports. Les priorités des réseaux de transports devraient être entre autre hiérarchisées. En d’autres termes, l’urbanisme devrait considérer l’équilibre des besoins entre la mobilité et la protection de l’environnement. Dans cette optique, les urbanistes visent à coordonner l’utilisation de tous les types de transport, et de trouver des alternatives pour réduire l’utilisation de l’automobile tout en veillant à ce que les personnes à mobilité réduite aient accès aux transports publics (Agence Française de Développement, 2010).

D’autre part, l’urbanisme pourrait provoquer une diminution des inégalités de mobilité chez les populations périurbaines. Les conditions de déplacement, les infrastructures routières par contre, peuvent diminuer le développement des aires urbaines. Vu sous cet angle, il est indiscutable que l’urbanisme et la mobilité sont étroitement liés, mais en outre, ces deux facteurs influent l’un sur l’autre ce qui implique une complémentarité entre l’urbanisme et l’infrastructure de transport dans le cadre d’un aménagement du territoire[4].

L’urbanisme poursuit plusieurs objectifs. Il veille sur l’équilibre entre le renouvellement urbain, la maîtrise du développement urbain, le développement de l’espace rural, et la préservation des espaces destinés aux activités forestières et agricoles, la protection des espaces naturels, dans le respect des objectifs d’un développement durable.

L’urbanisme tente entre autre à diversifier les fonctions urbaines et la mixité sociale dans l’habitat urbain et dans l’habitat rural. Pour ce faire, les projets d’urbanisme doivent prévoir des capacités de construction et de réhabilitation suffisante pour satisfaire les besoins actuels, et futures. Les urbanistes doivent veiller entre autre à protéger l’intérêt général dans leurs projets, les équipements publics, et assurer un équilibre entre l’emploi et l’habitat. Les plans d’urbanisme doivent cibler la diversité commerciale, la préservation des commerces de détail et de proximité, les moyens de transport et la gestion des eaux.

Les projets d’urbanisme doivent viser une utilisation plus économe et équilibrée des espaces naturels, urbaines, périurbains et ruraux. Nous avons affirmé que l’urbanisme a été corrélé avec la mobilité, parce que les populations traversent un long parcours avant d’arriver chez eux ou dans l’industrie où ils travaillent, d’où la nécessité de moyens de transports. Or, une forte utilisation de ces moyens de transports ne manque pas d’impacter sur l’environnement, et sur la santé des usagers. L’urbanisme tente alors de maîtriser les besoins de déplacements et de circulation automobile, tout en préservant la qualité de l’air, de l’eau, du sol et du sous-sol, des écosystèmes, des espaces verts, des milieux, des sites et des paysages naturels ou urbaines. A cela s’ajoute la nécessité de réduire les nuisances sonores, la protection et la préservation des ensembles urbains particuliers et du patrimoine bâti. Les urbanistes tentent entre autre de prévenir et de réduire les risques naturels prévisibles, les risques technologiques, les pollutions, et les nuisances de toute nature[5].

Les différents objectifs tentent de mettre en place un espace où règne l’harmonie. Il révèle les efforts qui ont été mis au point dans le but de réduire autant que possible les impacts négatifs de l’urbanisme sur le bien-être de l’individu et de la population toute entière. Toutefois, il a été observé que ce phénomène reste encore incontrôlé et constitue une source de différents inconvénients. L’urbanisme est un phénomène qui prend plus de plus d’ampleur de nos jours. Pour illustrer ce fait, les études réalisées par le WWF ont permis de déterminer que l’urbanisme conduit à la disparition de l’équivalent d’un département par an pour la construction de maisons, de route, ou encore des zones d’activités. L’urbanisme a également provoqué l’étalement de la zone urbaine ce qui implique le fait que les frontières des villes sont de plus en plus repoussées à la périphérie. Ce phénomène a provoqué de nombreuses modifications au niveau du mode de vie des habitants. Les coûts de mobilité deviennent de plus en plus onéreux à cause de la forte demande de mobilité et de transport. Les ressources financières et les capacités foncières sont en même temps modifiées[6].

D’autres faits qui permettent de témoigner de l’ampleur de cet urbanisme est l’augmentation exponentielle de la population urbaine. En effet, la population urbaine est passée de 25% en 1960, à 77,4% de la population totale en 2007. Les zones urbaines se développent de manière incontrôlable. 60 000 hectares de terres par an sont devenus des zones urbaines, mais cette modification ne manque pas d’impacter sur le secteur agricole. Les espaces agricoles et naturels sont fragilisés et réduits. La mobilité a entre autre augmenté au même titre que les déplacements en voiture. La régulation du développement urbain repose sur une bonne articulation entre l’urbanisme et le déplacement, selon les principes de l’article L 121-1 du Code de l’Urbanisme (Jourdan, 2003). L’élaboration d’habitat dans ces zones de forte concentration a conduit à une forte consommation d’énergie et à une importante émission de gaz à effet de serre. A cela s’ajoute les modifications du paysage et la réduction du potentiel nourricier des terres cultivables[7].

L’urbanisme structure donc les environnements sociaux, physiques et économiques de la population. Il conditionne en même temps, le fonctionnement de la ville. Un urbanisme non contrôlé conduit parfois à l’accentuation des inégalités sociales qui se traduisent par des logements médiocres, des mauvaises qualités de vie, la pauvreté, la pollution, le chômage, l’inaccessibilité de l’emploi, des services et des biens (Barton et Tsourou, 2000). Si au début l’urbanisme voulait mettre une organisation et prévoir les différents impacts de l’industrialisation sans cesse galopante dans les pays occidentaux, il a été observé que ce phénomène a complètement déformé l’ancienne structure des villes avec les mutations socio-économiques et technologiques. L’organisation de l’espace a été fortement modifiée. L’économie tertiaire se focalise beaucoup plus sur les services, l’information, le tourisme urbain. Mais ces différentes réformes ne manquent pas d’impacter sur la ville[8]. La forte

[1] Qu’est-ce que l’urbanisme ? http://www.cc-senonais.fr/urbanisme_definition.php

[2] Urbanisme, http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/urbanisme/80668

[3] Recherche : Repenser l’espace urbain comme sui nous étions nous-mêmes des villes, http://www.bafu.admin.ch/dokumentation/umwelt/12222/12230/index.html?lang=fr

[4] Larose F. 2011. Vers un urbanisme soutenable pour les mobilités quotidiennes, http://base.citego.info/fr/corpus_analyse/fiche-analyse-62.html

[5] Article L1221-1 du Code de l’urbanisme.

[6] Urbanisme pour une ville désirable, http://www.wwf.fr/s-informer/campagnes/urbanisme-pour-une-ville-desirable

[7] Qu’est-ce que l’urbanisme durable ? http://www.parcs-naturels-regionaux.fr/upload/doc_telechargement/grandes/CR%20sem%20Urbanisme.pdf

[8] Levy A. Quel urbanisme face aux mutations de la société post-industrielle ? vers un urbanisme transactionnel, http://www.google.mg/url?sa=t&rct=j&q=impact+d%27urbanisme&source=web&cd=9&ved=0CFQQFjAI&url=http%3A%2F%2Fhalshs.archives-ouvertes.fr%2Fdocs%2F00%2F12%2F04%2F58%2FDOC%2FOu_va_l_urba.doc&ei=0RymUJqSD4nP0QWhyIHQAw&usg=AFQjCNF9MveSdy6pcgS4Gq0mxN1cQXpGsA

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