La Contention Physique des Personnes Âgées en État d’Agitation : Une Exploration du Vécu Infirmier
Table des matières
1.2. Les différents types de contention. 3
1.3. Les indications et les contre-indications de la contention physique. 4
1.4. Les complications possibles de la contention physique. 4
1.5. Notion d’éthique sur la contention physique. 4
2.2. La contention physique en tant que soin. 5
3.2. Les facteurs favorisant l’agitation des personnes âgées. 6
3.3. Les conséquences des actes d’agitation. 6
4.1. Définition de la personne âgée. 7
4.2. Les caractéristiques du grand-âge. 7
1.2. Présentation de l’échantillon. 8
III. Synthèse et question de recherche. 10
LA CONTENTION PHYSIQUE DE LA PERSONNE AGEE
Introduction
Dans le cadre de la formation en soins infirmiers, il nous est demandé de réaliser un travail écrit, un travail d’initiation à la recherche. Dans ce travail, je choisis de parler de la contention physique des personnes âgées car j’ai fait face à cette situation lors de mon stage en milieu hospitalier.
Ce travail débute par une situation que j’ai observée en formation pratique, une situation qui s’est déroulée au cours de ma deuxième année de formation et lors de la prise en charge d’un patient atteint de la maladie d’Alzheimer. Je me suis interrogée sur cette situation car je me suis rendue compte que la contention physique du patient n’a fait qu’aggraver son agitation. C’est pour cette raison que ce travail concerne le vécu infirmier face à la contention physique d’une personne âgée en état d’agitation.
Après avoir parlé de la situation d’appel, je présenterai mon questionnement et ma question de départ. Ensuite, j’exposerai la synthèse de mes recherches documentaires à travers le cadre théorique, suivi des résultats d’enquête dans la partie exploratoire.
Situation d’appel
Lors de mon dernier stage, en deuxième année de formation infirmière, en gastro-entérologie, un patient de 83 ans fut hospitalisé pour altération de l’état général. Ce patient était autonome et cohérent sur le plan spatio-temporel.
Le diagnostic annonçait un début d’atteinte par la maladie d’Alzheimer. De plus, ce patient est aussi porteur d’une infection urinaire. Il fut alors mis en isolement-contact comme le préconisait le protocole du service. De ce fait, il fut installé dans une chambre individuelle au fond du couloir avec pour unique vue les murs gris d’un autre bâtiment.
Malgré les explications fournies, le patient ne supportait pas de rester enfermé dans sa chambre. Par conséquent, il en sortait régulièrement, justifiant sa sortie par l’absence de visite et le manque d’activités.
Face à ses indénombrables sorties, l’équipe pluridisciplinaire, à savoir l’infirmière et le médecin, décida de lui mettre une contention pour l’empêcher de sortir de sa chambre.
Par la suite, le comportement du patient s’aggrava dans la mesure où il se mit à s’agiter. Plus les jours passaient, plus son agitation était importante. En effet, malgré la contention physique, il parvenait à se déplacer, en s’agrippant à tout ce qu’il pouvait accrocher et se retrouvait à nouveau dans le couloir, exposant ses germes aux autres patients.
De ce fait, l’équipe estima qu’il se mettait en danger. C’est ainsi que le médecin, prévenu, lui prescrit un sédatif anxyolitique en si besoin pour palier à son agitation.
Le patient était alors contentionné pendant tout le reste de la durée de son séjour. Par la mise en place de cette contention physique et l’administration du sédatif, le patient avait perdu une partie de son autonomie, et son agitation était toujours présente, voire accentuée. Il continuait à recevoir les soins nécessaires à sa prise en charge, mais leur déroulement étaient compromis par son agitation.
Cette situation m’a marquée. Quelques jours plus tard, je retrouvais ce même patient, qui avait dès lors quitté le service de gastro-entérologie pour être admis dans un établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes. Il était toujours en isolement contact, non contentionné et les soins étaient prodigués sans difficultés.
Cette situation m’a amenée à me poser plusieurs questions.
– Comment, selon le lieu de soins, un résultat identique peut-il être obtenu sans que le recours à la contention physique soit nécessaire face à des patients présentant une agitation ?
– Existe-t-il des moyens pour palier à cette dernière mis à part la contention physique ?
– La contention fait-elle l’objet d’une concertation par l’équipe soignante mettant en évidence les complications qu’elle pourrait engendrer ?
– La contention physique peut-elle devenir une forme de maltraitance ?
Toutes ces questions m’ont menée à ma question de départ :
Quels moyens l’infirmier peut-il mettre en place pour éviter la contention physique à la personne âgée agitée ?
I. Cadre théorique
1. La contention
1.1 Définition
1.1.1 Selon l’ANAES (Agence Nationale d’Accréditation et d’Evaluation en Santé)
« La contention est utilisée le plus souvent pour prévenir les chutes, pour contenir l’agitation et pour limiter la déambulation, cette pratique de la contention physique des personnes âgées s’est développée de façon importante, presque insidieusement, au fil du temps. Des dispositifs de contention existent et le choix offert est de plus en plus large »[1].
La contention physique, appelée aussi contention passive, se caractérise par l’utilisation de tout moyen et matériel ainsi que de toute méthodes et de tout vêtement qui empêche ou limite les capacités de mobilisation volontaire de tout ou d’une partie du corps dans le seul but d’obtenir de la sécurité pour une personne âgée qui présente un comportement mal adapté ou estimé dangereux.
1.1.2 Définition dans le Larousse
Selon le Larousse, la contention est un « procédé thérapeutique permettant d’immobiliser un membre, de comprimer des tissus ou de protéger un malade agité »[2].
Il s’agit d’un « procédé employé pour immobiliser les animaux domestiques afin d’effectuer un diagnostic, de mettre en œuvre un traitement ou de pratiquer une intervention chirurgicale »[3].
1.2. Les différents types de contention
On peut distinguer plusieurs sortes de contention physique des personnes âgées
– la contention posturale : elle permet de maintenir d’une attitude corrigée et est utilisée dans le cadre d’un traitement rééducatif.
– la contention active : elle est réalisée le plus souvent par un masseur kinésithérapeute qui, après une période d’alitement prolongée du patient, prépare la verticalisation.
Outre la contention posturale et la contention active, il y a aussi la contention physique, appelée aussi contention passive.
Mais en plus, il existe aussi d’autres moyens de contention tel que :
– les contentions architecturales
– les contentions électroniques
– les contentions pharmacologiques (ou médicamenteuses)
– les contentions psychologiques
1.3. Les indications et les contre-indications de la contention physique
Selon Palazzolo[4], la contention physique est indiquée afin de maitriser l’agitation sévère ou la violence du patient. Elle est une mesure prophylactique d’intervention, c’est-à-dire un acte effectuée dans le but, par exemple, de réduire les stimuli extérieurs à la demande du patient ou chez un patient psychotique.
Selon Desarzens A.[5], la contention physique est contre-indiquée si elle est faite à titre de punition ou pour le confort de l’équipe soignante afin de réduire son anxiété. De même, elle est contre-indiquée si on y a recours par manque de personnel. Les pathologies circulatoires ou cardiaques, les pathologies respiratoires ainsi que l’atteinte traumatique sont des facteurs qui contre-indiquent la contention physique.
1.4. Les complications possibles de la contention physique
La mise en œuvre de la contention physique[6] peut présenter des complications, entre autres :
– des lésions cutanées
– des troubles du rythme cardiaque
– une déshydratation
– de la douleur
– des troubles ostéo-tendineux
– de la colère, voire une révolte du patient
1.5. Notion d’éthique sur la contention physique
Compte tenu de son principe, la contention physique est liée à une limitation de la liberté du mouvement alors qu’il s’agit d’un droit fondamental du patient. Je souhaite reprendre ici ce qu’a dit Gilles Devers : « il n’y a pas une violation du droit (de liberté) car la contention physique est guidée dans un but thérapeutique et limitée à ce qui est strictement nécessaire »[7].
Il est nécessaire de tenir compte du rapport bénéfice / conséquence, plus précisément bénéfice / risque avant de prendre la décision de mettre sous contention un patient. Il est important de procéder à une évaluation du bénéfice attendu. Par ailleurs, le patient doit être informé sur les raisons pour lesquelles il doit être mis sous contention selon la charte du patient hospitalisé.
2. Le concept des soins infirmiers
2.1. Le rôle infirmier
Selon l’ANAES, les pratiques actuelles montrent que ce sont les infirmières qui initient le plus souvent la contention d’un sujet âgé. Cependant, tous les auteurs et experts consultés admettent, compte tenu des risques à gérer, qu’un jugement clinique et une prescription médicale sont nécessaires. Ils précisent, comme pour l’étape « décision de la contention », qu’une collaboration étroite entre médecins et équipe soignante est primordiale afin de bien concevoir un traitement dans ses différentes dimensions, en associant toutes les compétences d’une équipe multi-professionnelle.
La prescription médicale de la contention physique
Comme toute prescription médicale, elle doit être écrite, horodatée et mentionner l’identification du prescripteur.
Les motifs de la contention, sa durée prévisible, les risques à prévenir, le programme de surveillance ainsi que le matériel de contention sont indiqués dans la prescription médicale et avec tous les détails correspondants. En l’absence d’un médecin et dans les cas d’urgence, cette prescription peut être effectuée a posteriori et confirmée dans les plus brefs délais par un médecin.
La plupart des auteurs proposent une validité de la prescription à 24h. Au-delà de cette durée, il est nécessaire de procéder à une évaluation de l’état clinique du sujet âgé et de l’efficacité de la contention. Cette évaluation est essentielle dans le but de vérifier que la mesure en question est adéquate.
Il est intéressant de souligner que la pose de contention sous quelque forme que ce soit (y compris les barrières du lit) ne peut être faite sans prescription médicale. Il s’agit d’un acte médical et par conséquent, la prescription est une obligation.
2.2. La contention physique en tant que soin
Plusieurs débats ont souligné une question qui fait l’objet de plusieurs controverses : la contention physique est-elle un soin ?
Pour contribuer à apporter une réponse à cette question, Friard a dit que « l’isolement ne pourrait être une mesure thérapeutique qu’en repérant les indications, les contre-indications, les effets thérapeutiques recherchés, les effets secondaires et les dosages »[8].
Palazzolo a dit que « pour considérer la contention physique comme thérapeutique, elle doit être employée ‘avec l’intention d’empêcher un patient de se faire du mal ou d’en faire aux autres’ »[9].
3. L’agitation
3.1 Définition
D’ après le dictionnaire de l’académie française (8ème édition), l’agitation est l’état de ce qui est agité.
En médecine, l’agitation est un mouvement continuel du corps engendré par une inquiétude morale ou par une cause physique.
D’après le Larousse, l’agitation est « un trouble profond qui se manifeste extérieurement ; émotion, excitation ». [10]
3.2. Les facteurs favorisant l’agitation des personnes âgées
Il existe des facteurs qui favorisent plus ou moins l’agitation des personnes âgées. Il s’agit surtout des facteurs qui sont en relation avec leur démence et les troubles du grand âge. On peut citer :
- Les causes organiques
Elles sont nombreuses et peuvent comprendre les désordres métaboliques (déshydratation, hypoglycémie ou autres), les conséquences d’une hémorragie ou d’une fièvre, une intolérance médicamenteuse ou une poussée d’insuffisance cardiaque.
- Les causes toxiques
Elles sont également nombreuses. On peut citer comme exemples les troubles sensoriels ou moteurs, l’interaction entre divers médicaments, un sevrage en barbituriques ou en benzodiazépines. L’administration de médicaments tels que les opiacés, les corticoïdes ou les anti-parkinsoniens.
- Les causes psychiatriques
Elles regroupent différents états cliniques, entre autres l’agitation anxieuse, l’agitation confuse, l’agitation délirante, l’agitation dépressive et l’agitation hypomaniaque.
3.3. Les conséquences des actes d’agitation
L’agitation des patients ont toujours des conséquences aussi bien pour eux que pour les aidants formels et informels. Comme conséquences les plus évidentes, on peut citer :
– l’altération de la qualité de vie du patient
– la diminution de la qualité des soins
– l’augmentation de la fatigue et du stress des soignants et de la famille
– l’institutionnalisation précoce en établissement spécialisé
– la favorisation de s’isolement du patient
4. La personne âgée
4.1. Définition de la personne âgée
D’ après le dictionnaire de la santé et de l’action sociale (Foucher, 2004) :
« Est une personne âgée, toute personne plus âgée que la moyenne des autres personnes de la population dans laquelle elle vit »[11].
Dans l’opinion courante, ce concept sous-entend souvent que cette personne n’a pas d’activité rémunérée et qu’elle peut avoir des capacités diminuées.
Ce groupe de personnes a été institutionnalisé en 1981 avec la création d’un secrétariat d’Etat chargé des personnes âgées.
On parle souvent de troisième et quatrième âges sans que ces termes aient une signification administrative précise. Le troisième âge se situe autour de la retraite, avec généralement le maintien d’une vie sociale active. Le quatrième âge est celui du grand âge souvent caractérisé par des situations de dépendance.
Le Flammarion médical sous la direction du Pr Michel Leporrier (Flammarion, 2003) ajoute :
« Notion courante, sans base physiologique ou médicale. Désigne le plus souvent des personnes ayant dépassé la soixantaine ou plus généralement l’âge de la retraite. La proportion de personnes de plus de 60 ans ou de plus de 65 ans est un indicateur du vieillissement des populations. […] »
4.2. Les caractéristiques du grand-âge
Le grand âge est associé à quelques caractéristiques :
– l’existence de stigmates de vieillissement : diminution des capacités physiologiques, grande sensibilité aux médicaments
– la présentation non spécifique de maladies : retard au traitement des pathologies curables
– la présence de maladies multiples : polymédication, difficulté à établir les priorités quant au traitement.
– les difficultés de communication en raison de la surdité, de l’aphasie, de la démence, et parfois des valeurs et de la culture.
– les troubles d’adaptation dus au stress : difficultés de s’adapter aux pertes correspondant au vieillissement.
5. Les moyens
D’après le Larousse, le moyen désigne « les capacités dont on dispose pour faire quelque chose, en particulier ressources, matériel »[12].
En dehors de la prescription médicale, les moyens mis en œuvre par les soignants sont considérés comme des petits moyens[13]. De ce fait, la terminologie laisse penser qu’il s’agit de solutions dont les valeurs sont moindres. Leur efficacité se trouve ainsi ignorée, d’autant plus qu’ils n’ont pas toujours fait l’objet d’évaluation de leur efficacité.
II. Partie exploratoire
Dans cette partie exploratoire, je présenterai les résultats de mes travaux personnels réalisés sur terrain afin d’en comparer les résultats avec ce que j’ai trouvé dans mes recherches documentaires.
1. Méthode de recueil de données
1.1. Choix de l’outil
J’ai décidé d’opter pour un entretien en tant qu’outil dans cette partie exploratoire. En effet, cet outil m’a paru plus pertinent qu’un questionnaire car il permet de relancer la personne interrogée ou de la recadrer en cas d’éloignement par rapport au sujet. L’entretien facilite l’expression et permet de faire un recueil de données, ce qui favorise la verbalisation.
1.2. Présentation de l’échantillon
J’ai réalisé les entretiens auprès de neuf infirmières qui exercent dans différents services. J’ai particulièrement fait le choix de m’entretenir avec des professionnels d’anciennetés différentes afin de faire une comparaison lors de l’analyse des réponses qu’ils ont données aux questions que j’ai posées.
Les questions de l’enquête et leurs objectifs sont présentés à l’Annexe 1. Les réponses données par les infirmières sont présentées à l’Annexe 2.
2. Analyse des entretiens
Pour l’analyse des entretiens, je choisis de faire une analyse par thème, c’est-à-dire par question afin de voir et de mettre en évidence tous les détails qui ont pu être annoncés par les infirmières.
- Identité et informations personnelles concernant la population interrogée
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La figure 1 me permet de dire que la population interrogée est majoritairement formée de femmes. On pourrait donc prétendre que l’exercice de la profession infirmière auprès de personnes âgées attire plus particulièrement les femmes. | ||||
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La figure 2 nous montre que la majorité des personnes interrogées ont plus de 25 ans d’expérience. Cela signifie que les infirmiers travaillant avec les personnes âgées sont des professionnels très expérimentés. | ||||
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La figure 3 nous renseigne sur la durée de l’expérience des infirmiers dans la structure de prise en charge des personnes âgées. La majorité des professionnels a entre 6 et 15 ans d’expérience dans la structure. Cela peut s’expliquer par le fait que le service en question demande beaucoup de professionnalisme et de l’habileté.
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- Les raisons pour lesquelles les personnes interrogées ont travaillé auprès des personnes âgées
Trois infirmiers sur les neuf interrogés ont fait le choix de travailler auprès des personnes âgées. Ils l’ont particulièrement choisi pour le côté relationnel des soins à donner à cette catégorie de patients. Les six infirmiers n’ont pas choisi de travailler auprès des personnes âgées mais ils y sont par le hasard ou parce qu’il n’y avait pas d’autres postes.
D’une manière générale, je peux donc dire que les infirmiers n’ont pas vraiment de préférence à travailler auprès des personnes âgées.
- L’agitation chez les personnes âgées
Tous les infirmiers ont avoué qu’ils font souvent face à des personnes âgées agitées. Seule une infirmière sur les neuf interrogés a dit qu’elle pratique l’humanitude en cas d’agitation du patient. Les autres infirmiers ont recours à la contention après avoir parlé de l’agitation au médecin qui, au préalable réajuste le traitement.
Interrogés sur les causes probables de l’agitation des personnes âgées, les infirmiers ont répondu que les maladies dégénératives sont les plus fréquentes, entre autres l’Alzheimer. Mais il y a aussi l’angoisse, l’incompréhension de l’environnement dans lequel il se trouve, l’anxiété, la douleur, la confusion et dans certains cas un traitement inadapté, c’est-à-dire un surdosage.
Je peux donc en conclure que la contention est assez fréquente lors de la prise en charge de la personne âgée agitée. Cela est dû à l’agitation des patients pour de multiples raisons essentiellement liées à l’âge.
- La contention physique et ses complications
Tous les infirmiers interrogés ont déclaré avoir déjà eu recours à la contention physique et même si cela leur déplait. Certains infirmiers ont cependant dit qu’ils n’ont recours à la contention physique qu’en cas d’échec des autres approches mises en place. La majorité des infirmiers ont dit que les raisons de la contention physique sont les risques de chutes, les violences, les déambulations diurnes et nocturnes ainsi que les risques de fugue. Toutefois, les infirmiers sont conscients des complications de la pratique, vu que la plupart d’entre eux ont répondu que les résultats de la contention ne sont pas toujours satisfaisants car il y a même aggravation de l’agitation.
Malgré le fait que les infirmiers soient conscients des conséquences de la contention physique, ils la pratiquent. Cependant, la pratique aggrave le problème et les personnes âgées deviennent même plus agitées.
III. Synthèse et question de recherche
Je constate qu’il y a des différences entre le pôle théorique et la partie exploratoire que j’ai présentés dans ce travail.
Il est assez fréquent d’entendre parler de la contention physique des personnes âgées en cas d’agitation de celles-ci. En théorie, l’idéal est de n’avoir recours à cette pratique que dans le cas où les autres moyens s’avèrent inefficaces. Mais dans la pratique, force est de constater que les infirmiers ont souvent tendance à pratiquer la contention physique, avec pour explications que c’est le seul moyen pour éviter les accidents et surtout les risques que peut induire l’agitation des patients. La majorité des infirmiers a avoué avoir recours à ce moyen physique par prescription médicale.
Contrairement à l’effet recherché, la contention physique a pour conséquence d’aggraver l’agitation des personnes. Ayant constaté ce problème fréquemment rencontré en milieu de soins, j’ai choisi comme question de départ Quels moyens l’infirmier peut-il mettre en place pour éviter la contention physique à la personne âgée agitée ?
Cependant, lors des entretiens avec les infirmiers, je n’ai pas nécessairement trouvé une réponse à ma question de départ. Toutefois, les infirmiers ont avoué ne pas avoir de moyens, autres que la contention physique, en cas d’agitation des personnes âgées. En effet, ont-ils mentionné, le but de la contention physique est de protéger le patient, comme l’a expliqué l’auteur dans un livre intitulé « L’infirmière et les soins palliatifs » : « quelle qu’en soit sa forme, elle est toujours utilisée dans le but de ‘protéger’ le patient ou de ‘se protéger soi-même’, comme une mesure logique ou à laquelle on a recours par défaut »[14]. Mais il faut toujours se rappeler qu’une contention a des risques et un coût.
Avant de conclure ce travail, je me demande alors : Si les infirmiers ne disposent d’aucun moyen efficace pour éviter la contention physique de la personne âgée agitée, alors quelle pourraient être les émotions des soignants en pratiquant la contention physique à une personne âgée ? Telle pourrait être ma question de recherche et qui ouvre à un travail ultérieur.
Conclusion
Ce travail de fin d’études m’a été enrichissant tant au niveau des connaissances théoriques qu’au niveau de la pratique. En effet, j’ai pu avoir un certain nombre de connaissances se rapportant à la contention physique. Suite à mon questionnement, j’ai cherché du temps pour approfondir ma réflexion sur ce sujet en traitant les divers concepts. De plus, les entretiens auprès des infirmiers ont été enrichissants. J’ai pu porter une réflexion sur les moyens qui pouvaient être mis en place pour les infirmiers afin d’éviter la contention physique de la personne âgée agitée.
La réalisation de ce travail n’a pas été simple, vu qu’il n’y a que très peu d’ouvrages qui traitent d’une thématique similaire. Le thème n’a pas été facile à traiter, vu que la contention physique est un sujet qui fait de nombreuses controverses. De plus, il n’a pas été facile pour les infirmiers de parler librement de la contention physique qui est encore considérée par nombreux comme un sujet tabou.
Bibliographie
Association Française de Protection et d’Assistance aux Personnes Agées (AFPAP). « La contention physique des personnes âgées ».
http://www.afpap.org/infocontentions.htm
DESARZENS A, LAHANQUE I, du 28 février 2011, les moyens d’isolement ou de contention
DEVERS G. Les droits des patients en psychiatrie, objectif soins, janvier 2012, n°202
Douleurs iatrogènes : les petits moyens – Soins – Editions Masson Hors-série décembre 2005
- GBEZO B. Les soignants face à la violence. Paris : Lamarre, 2005
Friard. « L’isolement en psychiatrie : séquestration ou soin ? »
Larousse en ligne
PALAZZOLO J. Contention et perspectives thérapeutiques. Santé mentale, Mars 2004, n°86
PALAZZOLO J, contention : état des lieux, Santé mentale, Mars 2004, n°86
Annexe 1 : Le questionnaire de l’enquête
Question de départ : Quels moyens l’infirmier peut-il mettre en place pour éviter la contention à la personne âgée agitée ?
Q1) Depuis combien d’années êtes-vous diplômé ?
→ comparer les différents points de vue d’infirmiers avec une expérience différente, afin de noter une différence de pratique.
Q2) Quel est votre âge ?
Q3) Depuis combien de temps travaillez-vous dans cette structure ?
→ L’intérêt de cette question pour moi, est de voir si un automatisme s’installait avec le temps, si les plus anciens prenaient des initiatives et si a contrario, les plus jeunes infirmiers employés se référaient plus facilement au protocole, médecin et prescription.
Q4) Qu’est-ce qui vous a amené à travailler auprès des personnes âgées ?
→ La volonté de travailler auprès des personnes âgées impacte-t-elle sur l’approche de la contention physique ?
Q5) Etes-vous confronté à des patients agités ?
Si oui que mettez-vous en place pour ces patients ?
→ Le but de cette question est de voir si l’agitation des patients est fréquente, comment est-elle prise en charge et si le recours à la contention est systématique ou s’il y a d’autres étapes avant la contention
Q6) Selon vous, quels sont les facteurs qui peuvent être responsables de l’agitation chez une personne âgée ?
→ Les buts de cette question sont de :
- découvrir les différents facteurs susceptibles d’expliquer une agitation
- en fonction du facteur évoqué, quelle prise en charge est effectuée ?
- Donc si le facteur diffère, la prise en charge est-elle différente ?
Q7) Avez-vous déjà eu recours à la contention physique ?
Si oui dans quelles circonstances ?
→ Le but est de comprendre si le recours à la contention physique auprès de personnes âgées est fréquent. Cette question permet de voir dans quelles situations font-ils appel à la contention physique, et donc de voir si selon la circonstance, le recours à la contention physique est systématique.
Q8) Connaissez-vous les complications que peut induire la contention physique ?
→ Je souhaite savoir si les infirmiers pensent aux conséquences sur la personne de l’utilisation de la contention physique.
Annexe 2 : Réponses des infirmiers au questionnaire
|
Infirmière A
(F) |
Infirmière B
(M) |
Infirmière C
(F) |
Infirmière D
(F) |
Infirmière E
(F) |
Infirmière F
(F) |
Infirmière G
(M) |
Infirmière H
(F) |
Infirmière I
(F) |
Q1 | 36 | 34 | 33 | 31 | 17 | 15 | 8 | 7 | 4 |
Q2 | 57 | 56 | 53 | 56 | 42 | 48 | 42 | 38 | 50 |
Q3 | 12 1/2 | 20 | 5 | 20 | 8
mois |
13 | 8 | 3mois | 11 ans en tant qu’AS
4 ans en tant qu’IDE |
Q4 | J’ai fait tous les services de l’hôpital | Le hasard | La vacation des postes | Le hasard | La population vieillissante, ce sont les plus hospitalisés | Le contact avec eux, leur isolement | Il n’y avait pas d’autres postes. | Le relationnel dû à leur vécu | D’ abord le hasard et ensuite le plaisir car il y a plus de relationnel |
Q5 | Oui
On en parle au médecin qui réajuste les traitements, sinon ceintures au fauteuil, barrières etc.. |
Oui
contention sur prescription médicale
|
Oui aide relationnelle et contentions par prescription médicale | Oui
Barrières de protection, traitement et contention en accord avec la famille et sur prescription médicale
|
Oui :
Climat de confiance, ambiance calme, sécurisé l’entourage du patient |
Négociation, détourner leur attention de leur colère, mise en sécurité (barrières, sangles…) | La présence, le calme et l’écoute | Oui : en 1er le dialogue pour essayer de les calmer, sinon passer le relais | Souvent.
Je pratique l’ humanitude car j’ai été formé à cette approche |
Q6 | Pathologies dégénérescentes
Alzheimer et autres |
L’angoisse, l’incompréhension de son environnement, le refus de son état | L’anxiété, la douleur, l’insomnie, la démence, la désorientation. | Maladie d’Alzheimer et autres pathologies psychiatriques, confusion, incompréhension de l’entourage, constipation et traitement inadapté | Pertes des repères, traitement non adapté (surdosage) maladies. | Perte de repères, organisation du service changeante, différents avec voisins de chambre. | L’incapacité à se recentrer avec une perte de sa conscience générant une perte de repères, l’incompréhension d’une nouvelle envie. Une frustration | Son état de santé si maladie en progression, si nouvelle inattendue ou le déroulement de la journée | Constipation, deshydratation, rétention urinaire l’ incompréhension dans la communication, le bruit |
Q7 | Oui même si cela me déplait.
Pour les patients en danger et risque de chutes |
Oui en cas d’agitation intense impossible à calmer | Oui sur des patients très perturbés, agressifs mais sur prescription médicale | Maladie d’Alzheimer et autres pathologies psychiatriques, confusion, incompréhension de l’entourage, constipation et traitement inadapté | Oui car ils se mettaient en danger ou étaient dangereux pour les autres. | Oui sur patient violent avec voisin de chbre ou soignant. | Oui sur les patients mettant leur vie ou celle des autres en danger | Oui sur personne agitée déambulant ou violente. | Souvent en SB : risque de chutes, fugues, (MDR non sécurisée et ouvertes et peu d’effectifs) |
Q8 | Oui : perte d’autonomie, décès, strangulation, hématomes.
Réévaluation tous les jours. |
Plus ou moins une agitation + importante | Oui ; perte d’autonomie, | Oui, risque de lésions par strangulation, escarre par manque de mobilité et augmentation de l’agitation. | Plus d’agitation hématomes au niveau de la contention et risque de blessures et fractures | Hématomes, stress augmenté, colère accentuée | Sur un corps déjà fragilisé les conséquences peuvent être dangereuses pour l’intégrité morale (perte de confiance etc.) et physique. | Plus d’agitation, violence verbale ou physique. | Les rétractions, mobilité réduite, constipation et plus d’agitation |
[1] Association Française de Protection et d’Assistance aux Personnes Agées (AFPAP). « La contention physique des personnes âgées ».
http://www.afpap.org/infocontentions.htm
(Consulté le 26 mars 2014)
[2] Larousse en ligne
http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/contention/18580
(Consulté le 26 mars 2014)
[3] Ibid
[4] PALAZZOLO J. Contention et perspectives thérapeutiques. Santé mentale, Mars 2004, n°86
[5] DESARZENS A, LAHANQUE I, du 28 février 2011, les moyens d’isolement ou de contention
[6] Ibid
[7] DEVERS G. Les droits des patients en psychiatrie, objectif soins, janvier 2012, n°202, p 14
[8] Friard. « L’isolement en psychiatrie : séquestration ou soin ? »
[9] PALAZZOLO J, contention : état des lieux, Santé mentale, Mars 2004, n°86, pp 30 – 35
[10] http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais
[11] Journal officiel du 4 juillet 1985
[12] Larousse en ligne
http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/moyens/53036
[13] Douleurs iatrogènes : les petits moyens – Soins Hors-série décembre 2005 – Editions Masson
[14] E. GBEZO B. Les soignants face à la violence. Paris : Lamarre, 2005
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