La dimension quantique du Coaching. Théories Quantiques et Réalité du Coaching – L’apport des sciences modernes
Thème : La dimension quantique du Coaching. Théories Quantiques et Réalité du Coaching – L’apport des sciences modernes
Problématique : En quoi l’apport de la physique quantique permettrait-elle d’optimiser un processus de coaching ?
Plan
Introduction
1. UNE DIMENSION AUTRE
1.1. Genèse de la Physique Quantique
1.1.1. Limites de la Physique Classique
1.1.2. Physique Quantique
1.2. Sciences Physiques vs Sciences Humaines
1.2.1. Différence épistémologique majeure
1.2.2. Méthodes et contraintes similaires
2. L’ETUDE DU DEDANS
2.1. Le Corps
2.1.1. Le corps dans le Taoïsme
2.1.2. Le corps a-t-il une biologie quantique ?
2.2. L’âme
2.2.1. Définition et justification sémantique
2.2.2. La pensée est-elle quantique ?
3. L’ETUDE DU DEHORS
3.1. Les Champs Quantiques
3.1.1. Théorie quantique des champs
3.1.2. Théorie de l’Actualité (C.G. Jung et W.E Pauli)
3.1.3. Théorie du Dédoublement
3.2. Une information vivante ?
3.2.1. Expérience de la Trans-méditation (WDC)
3.2.2. Expérience des mots croisés
3.2.3. Les archétypes
4. L’ETUDE DU TOUT
4.1. Les fentes de Young
4.2. Le principe de superposition quantique
4.3. Probabilité quantique
4.4. L’ordre A + B B + A
4.5. Anagramme (Klein)
Conclusion
Bibliographie
Introduction
Les découvertes scientifiques ont toujours heurté la réalité du moment. De la sortes, lorsque que Galilée grâce aux travaux de Copernic détermine que la terre tourne autour du soleil à plus de 100,000 Km/h ; outre le perfectionnement de la révolution Copernicienne ; lui qui n’avait jamais dépassé les 30 ou 40 Km/h a dû certainement connaître une dissonance majeure entre la réalité du monde et la sienne propre.
De nos jours cette physique classique de Galilée à Newton apparait comme aisément imaginable grâce en partie à nos connaissances et à nos expériences. De cette manière, imaginer la terre en suspension se déplaçant à 100,000 Km/h fait partie à présent de notre réalité. Il apparait ainsi que les avancées scientifiques influenceraient le niveau d’existence de l’être humain grâce notamment à une certaine familiarisation avec les applications technologiques de celles-ci qui changent notre quotidien et notre réalité de la vie sur Terre.
Mais qu’en est-il aujourd’hui, où les nanotechnologies ont remplacées celles qui étaient visible? Quel lien, l’être humain entretient-il avec les sciences modernes comme la physique quantique qui se trouve partout mais sous forme de boite noire et donc inaccessible ? Il apparait à mes yeux essentiel pour l’évolution humaine de s’emparer de ces données, de cette ouverture et de cette nouvelle dimension.
Comme le propose Otto Neurath vers 1930 dans sa thèse titrée « Physicalisme », la physique quantique semble être la discipline la plus proche à atteindre l’unité générale des sciences. L’exploration et l’appropriation de cette discipline pourrait permettre au Coaching, considéré comme discipline transversale, certaines validations ou remises en questions lui permettant ainsi peut-être une belle évolution.
De prime abord, le lien entre Coaching et Physique Quantique n’apparaît pas comme une évidence: Mais de quoi parle-t-on lorsque l’on parle de physique quantique ? Existe-il une analogie possible entre ces deux disciplines ? Et si tel est le cas, quels concepts (parmi les sciences humaines et les courants philosophiques) étayent cette analogie ?
Mais alors que plus de 25 ordres de grandeurs séparent les objets d’étude de la physique quantique et de la relation d’aide: quel rapport peut-il bien y avoir entre les sciences de l’infiniment petit et une discipline transversale des sciences humaines ? La connaissance des théories quantiques permettrait-elle de mieux comprendre le vivant dans son échelle macroscopique ?
Cette étude vise à démontrer la dimension quantique du coaching en répondant à ce questionnement. Nous tenterons alors d’élucider en quoi l’apport de la physique quantique permet-elle d’optimiser un processus de coaching ? Et comment utiliser cet apport pour mieux appréhender le métier de coach ?
Etant donné, le caractère très spécifique de la physique quantique nous décrirons dans une première partie cette dimension autre en exposant les étapes de sa conception avant de la différencier de la physique classique et de la rapprocher dans le même temps des sciences humaines.
Nous tenterons ensuite à conjuguer l’ensemble des apports de la physique quantique avec le métier de coach en étudiant de manière distincte :
Le dedans – le client et son rapport avec lui-même;
Le dehors – le client et son rapport avec le monde;
Le tout – la relation coach/client.
UNE DIMENSION AUTRE
Dans cette première partie, il y a lieu de se concentrer sur le cadre général de l’étude. Ainsi, il faut appréhender les éléments fondamentaux de la théorie quantique, avant de s’intéresser aux éventuels points de jonction entre la Physique Quantique et les Sciences Humaines, puisqu’il s’agit de justifier l’implication de cette théorie dans le domaine du coaching.
Genèse de la Physique Quantique
Il faut dire que l’émergence de la Physique Quantique (en tant que discipline intégrée aux Sciences Physiques) est en quelque sorte propulsée par les réponses insatisfaisantes offertes par la Physique Classique (en désignant par-là l’ensemble des outils dont s’usent auparavant les physiciens – avant la mécanique quantique) pour expliquer certains phénomènes pourtant bien réels. Ainsi, il importe de faire un survol de quelques-uns des limites remarquables de la Physique Classique dans l’explication de ces phénomènes, et cela devrait par la suite mettre en évidence l’entrée en scène de la Physique Quantique dans toute la complexité toujours évoquée de cette dernière.
Limites de la Physique Classique
Les descriptions faites par Philippe Cristofari plutôt chronologiques des découvertes dans le domaine des Sciences Physiques sont très parlantes à propos de ces limites mises en vigueur depuis la fin du XIXème siècle (la narration de Michel Crozon dans « Un siècle de Quanta » est aussi riche d’explication ). Désormais, à cette époque, Newton (avec la Mécanique qui explique les mouvements des corps matériels) et Maxwell (en ce qui concerne la théorie sur l’électromagnétisme : optique, électricité et magnétisme) semblent avoir « pratiquement » établi tout ce qu’il fallait démontrer dans les lois de la nature. « Pratiquement », puisque la communauté scientifique dans ce domaine espère que les deux principales zones d’ombre nécessitant d’alors d’être examinées (à savoir, l’effet photoélectrique et le rayonnement du corps noir) seront également expliquées et formalisées en se basant sur les outils (dont les lois et théories) déjà élaborées.
En fait, concernant le rayonnement du corps noir , « la propriété que possèdent les corps d’émettre de l’énergie sous forme de radiations électromagnétiques, lorsqu’ils sont chauffés, ou d’absorber les radiations extérieures, varie extrêmement avec leur nature et avec la longueur d’onde du rayonnement » . Une préoccupation était de trouver la relation existant entre l’énergie rayonnée ρ du corps, les longueurs d’onde ν = c / λ composant le rayonnement (c étant la célérité de la lumière), et la température T avec laquelle le corps est chauffé. Les travaux de John William Strutt Rayleigh et James Jeans, à la fin du XIXème siècle, se heurtent à l’incompatibilité de leur formule avec le contexte de l’ultraviolet (« catastrophe ultraviolette »). Il s’avère alors que la thermodynamique n’a pas été à la hauteur pour expliquer le phénomène et il a fallu attendre que Max Planck établisse, en 1900, la loi selon laquelle un électron en mouvement périodique d’une fréquence donnée émet ou absorbe de l’énergie rayonnante seulement par fragments nommés « quantas ».
C’est ensuite sur cette base qu’Albert Einstein, en 1905, introduit le concept de « photon » dont l’énergie (q) est fonction de la fréquence de la lumière monochromatique donnée (q = ћ ν). Dès lors, la conception de la lumière a considérablement été bouleversée : celle-ci, considérée auparavant comme un phénomène exclusivement ondulatoire, devient ainsi un objet corpusculaire (un flux de photons). Mais, la découverte a davantage modifié les idées reçues sur ce point, notamment à travers l’expérience des fentes d’Young.
Sans encore entrer dans les détails de cette expérience particulière (ce sujet sera abordé surtout dans la quatrième partie de la présente étude – cf. 4.1 Les fentes de Young), il faut dire que celle-ci a permis de statuer sur le paradoxe de la dualité onde-corpuscule de certains éléments fondamentaux, dont la lumière. En se référant aux explications d’un des pères fondateurs de la Physique Quantique, Niels Bohr, le prix Nobel de Physique en 2012, Serge Haroche, affirme ainsi : « Les aspects ondulatoire et corpusculaire correspondent en fait à deux descriptions du monde qui ne sont pas contradictoires, mais complémentaires » . La logique de la physique classique en est complètement bouleversée : si la logique apparente veut qu’une entité (y compris celle subatomique) doive être soit une onde, soit un corpuscule, la réalité stipule que la particule subatomique soit à la fois ondulatoire et corpusculaire, tout en étant ni onde ni corpuscule (dépendant de la façon dont elle est observée).
Il y a lieu aussi de mentionner deux importantes considérations concernant les particules en mouvement dans la Physique Classique qui, vraisemblablement vérifiées dans le monde du visible à l’œil nu, n’apparaissent plus valables dans le monde de l’infiniment petit :
D’une part, il y a la possibilité d’attribuer à la fois, à tout instant, une position bien déterminée x ⃗(t) et une vitesse v ⃗(t) à une particule en mouvement ; mais cela n’est plus possible pour des petites particules telles que les atomes, les électrons, les photons, etc.
D’autre part, les conditions initiales de la particule (dont x ⃗(0) et v ⃗(0)) déterminent de manière complète du système au fil du temps. Cela indique alors le caractère « déterministe » de la Physique Classique.
En effet, pour ces très petites particules, Werner Heisenberg établit, en 1927, le « Principe d’incertitude » (ou encore « Principe d’indétermination ») stipulant qu’il n’est pas possible de préparer un système formés de ces particules dans un état de manière à ce que leurs positions et la quantité de leur mouvement soient instantanément bien définies. Désormais, avec de telle particule, il est plutôt question de « probabilité » de la trouver en un point bien déterminé, c’est-à-dire qu’il est impossible d’obtenir a priori une information précise sur la position de cette particule.
Aussi, s’il existe des réalités physiques auxquelles l’observation de l’expérimentateur ne les perturbe pas, il en est tout autrement pour les choses plus éloignées de la vie quotidienne, lorsque la vitesse se rapproche par exemple de celle de la lumière (ainsi, une particule dont la durée de vie est a priori courte verra cette dernière sensiblement augmentée lorsqu’adopte une vitesse proche de celle de la lumière, dans des accélérateurs de particules). Ainsi, les physiciens font face à des objets particulièrement différents en manipulant les particules subatomiques qui ne peuvent plus être parfaitement associées à des matières solides : ce sont des « quantas », des paquets d’énergie en constante transformation et de transmutation. L’observation n’est pas (ou n’est plus) neutre, toute mesure effectuée affecte le système et modifie en conséquence la grandeur à mesurer.
De plus, la possibilité d’analyser des objets séparés et parfaitement indépendants, valable dans le monde macroscopique, n’est plus possible dans la dimension subatomique. Les principes de causalité locale et de séparabilité sont complètement remis en cause car, l’expérience faite par Alain Aspect en 1982 (ainsi que celle de Nicolas Gisin en 1997 sur une plus grande distance) a montré l’existence de connexion non locale entre des particules qui sont apparemment interdépendantes bien que séparées et très éloignées les unes des autres. En fait, ces particules ont préalablement (à l’expérience) entré en interaction et chacune d’elles a, depuis, gardé des informations sur les autres, un phénomène non encore expliqué par la Physique Classique jusqu’ici.
En somme, il faut reconnaitre ainsi la limite de la Physique Classique à expliquer des phénomènes d’une toute autre dimension de la vie, nécessitant de faire appel à de nouvelles théories, même si celles-ci sont parfois gênantes pour les habitués des « théories classiques ». Il n’est pas alors étonnant de voir Albert Einstein assez perturbé par ces nouvelles théories auxquelles il a largement contribué le développement, surtout à l’idée que « la nature joue aux dés », ce qui l’a conduit à publier, avec Podolsky et Rosen, en 1935 le fameux « paradoxe EPR » , toujours un sujet de débat dans la communauté scientifique, en considérant par exemple la réponse directe de Niels Bohr la même année .
Physique Quantique
Il est possible de désigner la Physique Quantique comme un ensemble de théories s’appuyant plus particulièrement sur la mécanique quantique. Cette dernière, qui serait « née fortuitement » selon Roger Balian , est une branche de la Physique qui a pour vocation l’étude et la description des phénomènes fondamentaux œuvrant dans les systèmes physiques, notamment ceux à l’échelle atomique et subatomique.
Le physicien, Serge Haroche, cite quelques-unes des caractéristiques attribuées à la Physique Quantique. D’abord, il y a la précision extrême avec laquelle elle décrit les interactions entre les photons et les électrons au niveau de l’électrodynamique quantique. De plus, la cohérence entre théorie et expérience est très remarquable sur le plan quantitatif. Ensuite, la Physique Quantique serait en mesure de réunir trois des quatre forces fondamentales à travers un formalisme unique, à savoir l’électromagnétisme et les interactions forte (énergie nucléaire) et faible (radioactivité). Une perspective se dessine déjà sur l’inclusion de la force gravitationnelle dans cette unification via la théorie quantique des cordes, pour compléter le tableau. Puis, il y a aussi l’universalité de la Physique, grâce aux propriétés de la théorie quantique qui stipule que les particules telles que les photons, les atomes, les molécules, etc. seraient les mêmes partout dans l’Univers. Enfin (sans être exhaustive dans l’énumération), il y a le rapprochement et la cosmologie faits par la théorie quantique entre l’infiniment petit et l’infiniment grand, en insistant sur la similitude profonde entre les phénomènes originels (dont le « Big Bang ») et les expériences quantiques faites dans les accélérateurs de particules géants.
Par ailleurs, la Physique Quantique est très souvent considérée comme la science de l’infiniment petit (atomique et subatomique). Cette considération tient essentiellement à la focalisation des recherches en Physique Quantique sur la Physique atomique, puis en Physique moléculaire et en Physique nucléaire, durant les trente premières années de son apparition. Serge Haroche étend ce champ à l’infiniment grand, c’est-à-dire allant des cordes microscopiques (de l’ordre de 35 ordres de grandeur en dessous du mètre, des éléments qui seraient les constituants élémentaires de l’Univers) au rayonnement micro-onde (26 ordres de grandeurs au-dessus du mètre).
Cependant, le principe fondamental de la Physique Quantique, celui de la « superposition des états », reste difficile à assimiler lorsque confronter à l’échelle macroscopique. En fait, ce principe stipule que s’il est possible pour un système d’exister dans des états différents, il est aussi possible de le trouver instantanément dans ces différents états, vraisemblablement suspendu entre des réalités différentes. Il en est par exemple de l’électron d’un atome d’hydrogène qui « se trouve dans une superposition d’une infinité de positions possibles autour de son noyau » . La transposition de ce phénomène à l’échelle macroscopique est problématique, illustrée par une expérience de la pensée d’Erwin Schrödinger, l’expérience du « chat de Schrödinger » . La question qui se pose sur l’application au système « atome + chat » du principe de superposition d’états, faisant en sorte que le chat pourrait se trouver suspendu entre deux états, mort et vivant. « Le paradoxe du chat de Schrödinger consiste en ce que le sens commun nous indique que le chat est soit vivant soit mort, tandis que la mécanique quantique prédit, semble-t-il, que le chat n’est ni vivant ni mort » . Le débat à ce sujet est jusqu’alors atténué par la considération du phénomène de « décohérence », expliquant qu’une superposition d’états dans le monde macroscopique n’a qu’une durée de vie très courte, la nature faisant toujours un choix entre ces états suivant les règles de super-sélection.
Au niveau application, Serge Haroche affirme que « par la connaissance approfondie qu’elle nous donne des phénomènes qui s’y produisent, elle nous fournit des moyens d’action, de calcul et de diagnostic d’une puissance et d’une précision auparavant inimaginables » . Ainsi, certes, les principes de « l’ordinateur » ne sont pas étrangers aux siècles d’auparavant (en citant par exemple la machine de Pascal), de même que le principe de la programmation (en faisant référence à Babbage dans le courant du XIXème siècle) conduisant à l’élaboration de grosses machines dans l’époque après-guerre. Cependant, il a fallu attendre la naissance du transistor et son intégration en très grand nombre dans un matériau semi-conducteur pour que les applications de l’ordinateur explosent à l’échelle observée au XXIème siècle, une réalisation pratique « tributaire d’une technologie inconcevable pour un esprit pré-quantique » . Il convient aussi de citer le laser qui se base sur un effet quantique, trouvant une multitude d’utilisation dans la vie quotidienne (lecture des disques compacts, lecture des codes-barres, microchirurgie, télécommunication par fibres optiques, etc.). De même, il convient aussi de parler de la mesure précise du temps (horloges atomiques, servant aussi dans les technologies du Global Positioning System ou GPS), ou encore de l’Imagerie médicale par résonance magnétique ou IRM, des exemples de technologies quantiques.
En somme, il faut admettre que la Physique Quantique, bien qu’apportant des explications très probantes à des phénomènes dépassant le champ de la Physique Classique, renferme des questionnements dont l’appréhension est difficile (voire impossible) pour les non-initiés. Pourtant, les apports de la Physique Quantique pourraient être substantiels, et cela non seulement dans le domaine de la Physique mais s’étendant à d’autres, dont celui des Sciences Humaines.
Sciences Physiques vs Sciences Humaines
Se cantonner dans la dimension des Sciences Physiques Classiques ne serait donc pas sans conséquence sur les rapports que devraient avoir celles-ci avec d’autres disciplines scientifiques, dont certainement avec les Sciences Humaines. En effet, avec ces dernières, qui pourraient en quelque sorte être considérées comme une base des réalités du coaching, la considération de l’une ou de l’autre entre « versions » classique et quantique des Sciences Physiques impacts sur les approches et les méthodes utilisées pour expliquer les phénomènes scientifiques qui se réalisent au niveau individuel et social de l’Homme, tant du point de vue épistémologique qu’à l’égard des méthodes et contraintes qui s’imposent dans l’explication de ces phénomènes. Les propos de Michel Bitbol (Bitbol, 2009) sont assez riches d’éléments pour comprendre ce que révèle une analyse comparative et critique entre les Sciences Physiques et les Sciences Humaines.
Différence épistémologique majeure
En fait, Michel Bitbol parle d’un « mode simplificateur » (voire simpliste) lorsque l’auteur désigne l’opposition faite entre les deux disciplines scientifiques (Science Physiques et Sciences Humaines) qui stipule que « seules les choses décrites par la physique sont réelles, et que tout le reste, en particulier les processus individuels et sociaux dont s’occupent les sciences humaines, n’en est qu’un épiphénomène d’un genre plus ou moins sophistique » . Il s’agit ici de dénoncer une volonté d’établir une hiérarchie à la hâte entre ces deux disciplines, dans le sens où les Sciences Humaines ont seulement à se conformer aux théories de la Sciences Physiques, mais à l’auteur toujours d’insister que cela ne représente qu’une seule possibilité (parmi tant d’autres) pour la pensée dans ce cadre.
Désormais, Michel Bitbol souligne que ce choix même de la seule Physique Classique pour entamer les analyses entre les deux disciplines scientifiques ne peut qu’être erroné, c’est même une des sources de confusion. « Tant qu’on s’en tient à la physique classique et a son paradigme épistémologique, on peut accepter la stricte dichotomie entre sciences de la nature et sciences humaines que la tradition herméneutique a sans cesse affirmé » . Dans ce cadre, les sciences de la nature expliqueraient des processus des phénomènes physiques réels, alors que les sciences humaines s’appuient sur d’éléments probables, ceux relevant de ce que pourrait comprendre un sujet vis-à-vis d’autrui. Dans cette perspective, les sciences physiques se chargent de l’explication d’un « milieu étranger » (à l’observateur qui réalise l’expérience, essentiellement), tandis que les sciences humaines s’intéressent aux interactions mêmes du sujet (y compris l’observateur) dans l’expérimentation avec cet autrui, la société.
Selon Habermas, « les théories des sciences naturelles se présentent comme des systèmes d’énoncés sur les états de choses, tandis que, dans les sciences humaines, la relation complexe entre énonces et états de choses est déjà préalablement présente dans les états de choses analysés » . Autrement dit, les sciences de la nature peut « se distinguer » complètement de leur objet et de ses moyens d’étude, si les sciences humaines ne pourraient point se défaire du lien liant leurs objets d’étude et les méthodes utilisées à cette fin. De plus, Von Kempski, cité par Habermas lui-même, fait une opposition entre la nature probabiliste des objets des sciences de l’homme, d’une part, et le caractère réel des objets de référence de la physique théorique.
Michel Bitbol situe alors l’essence du problème, la véritable source d’erreur conduisant à cette opposition qui est pourtant réductrice, pour ensuite essayer de remettre les vraies bases d’analyse : un changement paradigmatique de la Physique Classique vers la Physique Quantique. En effet, l’auteur affirme que « les deux différences épistémologiques majeures qui viennent d’être répertoriées entre la science de la nature et les sciences humaines se trouvent en partie annulées lorsque les sciences de la nature passent du paradigme de la physique classique à celui de la physique quantique » . Dans cette lancée, cette autre voie, l’auteur veut se tenir surtout aux méthodes de la recherche scientifique largement plus que l’importance qu’il convient d’attribuer aux contenus auxquels de telle recherche devrait aboutir.
Méthodes et contraintes similaires
Ainsi, Michel Bitbol met en avant le caractère évolutif des contenus des sciences, de même qu’une ontologie laisse toujours place à une autre au fil du temps ; quant aux méthodes, elles s’approfondissent et se généralisent. Cela devrait alors permettre « d’identifier les contraintes communes qui ont fini par aboutir à des prescriptions méthodologiques partagées par les théories physiques les plus avancées et par les sciences humaines » , à souligner par-là la version « moderne » plutôt que classique des Sciences Physiques. Deux rapprochements sont à mettre au premier plan dans cette autre approche :
D’un côté, il y a des limites qualifiées de fondamentales dans le matériau expérimental de la physique quantique au niveau de la dimension macroscopique, plus précisément dans distinction entre l’objet de l’exploration et les moyens pour ce faire, entre l’objet de désignation et les normes relatives à de telle désignation. Ces limites rapprochent alors, avec les Sciences Humaines, la Physique Quantique qui doit désormais admettre que l’observation peut impacter sur les phénomènes observés. « Comme les sciences humaines, la physique quantique traite d’une situation ou l’acte épistémique est coextensif à son domaine d’étude » .
D’un autre côté, découlant de ce qui vient d’évoquer, il y a aussi l’indéterminisme, c’est-à-dire l’incapacité relative de la Physique Quantique à décrire de manière déterministe, tel de l’extérieur les propriétés des éléments d’un domaine étudié. Il y a lieu alors de parler de « prévision probabiliste » (vecteur d’état) dans les recherches expérimentales et technologiques. « Comme les sciences humaines, la physique quantique concentre son activité théorique sur l’identification de potentialités permettant d’orienter des opérations efficaces, et non plus sur la mise en évidence d’actualités supposées indépendantes des instruments d’intervention » .
La psychologie du philosophe danois Harald Hoffding aurait probablement guidé Niels Bohr dans l’interprétation de la théorie quantique : « Au lieu que la théorie quantique ait joue le rôle de « fondement » ontologique pour les sciences, y compris humaines, ce sont à l’inverse les sciences humaines qui, par la voix de Hoffding, ont offert à la théorie quantique naissante un modèle de positionnement épistémologiques non-standard » . Parmi les traits caractéristiques de ce modèle, il y a, par exemple, la « loi des relations » qui stipule que tout état mental n’existe pas sans considération des relations que ceci entretient avec d’autres états mentaux, de même que les particules atomiques et subatomiques sont uniquement connues et comprises en termes de relations . De même (un autre exemple), à côté du principe d’indéterminisme de la Physique Quantique, la psychologie introspective se heurte au manque d’engagement complet du sujet lorsqu’il entre dans une action d’exploration de son activité mentale (comment vouloir et examiner avec efficience les raisons de ce vouloir sans affecter le plein engagement dans ce dernier, par exemple).
En somme, toutes ces considérations donnent des idées sur une certaine transposition de méthodes d’exploration dans les deux disciplines scientifiques en question, du moment que la Physique Classique fait place à une théorie quantique. Mais, ces considérations donnent aussi intérêt à étudier ce qui est intrinsèque à soi (le « dedans ») et ce qui en est extrinsèque (le « dehors », de manière à avoir potentiellement d’autres angles d’approche du coaching.
L’ETUDE DU DEDANS
Afin d’étudier l’implication de la théorie quantique dans le domaine du coaching, il importe de l’entamer à partir de l’individu dans son être, formé de corps et de conscience.
Le Corps
Le livre intitulé Le Tao de la Physique, écrit par le physicien Fritjof Capra, publié pour la première fois en 1975, est considéré par plusieurs auteurs comme étant un point de départ de ce qu’ils nomment le « mysticisme quantique », bien que les prémices de celui-ci sont attribués aux fondateurs mêmes de la théorie quantique. En fait, il s’agit pour Capra de développer des principes issus de la rencontre de la physique contemporaine, intégrant la théorie quantique, et les sagesses et les traditions orientales. « Capra démontrait que les métaphysiques orientales serrent de près la science contemporaine et qu’elles peuvent « familiariser » avec les aperçus de la physique relativiste et quantique. Lorsqu’il parle de « mystique », il faut donner à ce terme l’acception de « conscience expérimentale » qu’il a dans le contexte oriental initiatique, à savoir la visée d’une « illumination » ressaisissant la réalité dans sa double dimension (ou son double éclairement) à des fins de connaissance intégrale » » .
Certes, ce point de vue de Capra n’est pas partagé dans la Communauté scientifique, mais d’autres ouvrages célèbres et approuvés par de très nombreux scientifiques semblent venir soutenir les thèses de ce physicien. Il en est par exemple de l’ouvrage Le corps quantique de Dr Deepak Chopra (dont la première édition date de 1989) qui tente d’expliquer la guérison (plutôt mystérieuse) de certains individus dont la médecine conventionnelle ne donnait plus que quelques mois d’espérance de vie, notamment en parlant de cancers et de maladies cardiaques ou chroniques. Les explications données par le Dr Chopra s’appuient essentiellement sur les connaissances en médecines anciennes et en Physique Quantique. Ainsi, il développe quelques notions très prisées aussi parmi les « thérapeutes quantiques », à savoir :
La communication « intercellulaire » que seule la Physique Quantique est en mesure d’expliquer.
La dualité en soi, existant entre le corps et l’esprit, qui est d’ailleurs une analogie à la dualité onde-particule de la mécanique quantique. Cette dualité en soi peut permettre de réveiller des nouvelles énergies internes, fortement curatives.
La non-autosuffisance de la Science en termes de connaissance, nécessitant de trouver un paradigme complémentaire ; c’est un principe découlant de celui d’incertitude d’Heisenberg de la théorie quantique. Le Dr Chopra propose alors l’Ayurveda qui est une combinaison de textes sacrés édictant des principes (comprenant les cinq éléments ou encore les trois « doshas », par exemple) dans la marche vers un bien-être relativement durable.
L’influence de la conscience sur la matière, et ainsi de la décision de l’observateur sur sa propre guérison. Cela est un parallèle fait avec le rôle de l’observateur dans le monde quantique, cet acteur agissant sur la matière objet de son observation.
L’essence des théories sur lesquelles s’appuient ces propos fait référence à un élément central, celui du corps quantique. Une possibilité d’approfondir cet élément est offerte par l’étude du corps dans le Taoïsme.
Le corps dans le Taoïsme
« Le tao n’est pas une substance ou un quelconque substrat. Il est la « voie », c’est-à-dire le processus immatériel qui engendre tout ce qui existe, y compris l’énergie, la matière, la vie et la pensée » . Le terme chinois « tao » peut prendre diverses significations telles que « voie », « chemin », « flux » ou « flot », mais généralement, il sous-tend une idée de mouvement, d’écoulement, d’évolution et de transformation progressive, d’où une autre traduction du mot par « processus » ou encore par « le Devenir ». « Le Taoïsme peut se définir par la recherche d’une harmonie entre l’Homme et la nature : le monde est conçu comme le fruit de deux moitiés complémentaires : le Yin et le Yang. Le Yin est femelle, sombre, docile, associé à la nuit. Le Yang, lui, est mâle, clair, fort, lié au jour. Chacun à besoin de l’autre pour être en harmonie, en équilibre » .
« Le tao est le processus cosmique, la logique universelle de déploiement. […] . Cette logique même est le tao. Elle s’exprime selon des modalités très différentes d’un être à l’autre, mais c’est elle qui régit toute l’évolution universelle. C’est elle, le tao : la logique processuelle qui pousse à ce que tous les potentiels s’accomplissent et se réalisent, s’actualisent et se déploient. Si l’on se réfère au sens étymologique du mot (anima, en latin), le tao est l’âme cosmique, ce qui anime la totalité organique du cosmos » . Parallèlement à ce que révèle la Physique Quantique dans l’impossibilité de tout déterminer (en parlant par exemple de la position et la vitesse d’une particule, de manière ponctuelle et instantanée), la philosophie chinoise refuse de tout définir (un ensemble de mots, pour elle, n’implique qu’une signification tautologique de ce que l’on veut définir), et le terme « tao » fait désormais partie de ces concepts indéfinissables. Mais, cela ne veut pourtant pas dire que le tao ne peut pas être pratiqué ; bien au contraire, « le taoïsme se déploie comme une sagesse de vie plutôt que comme une philosophie de discours » . D’ailleurs, dans la philosophie chinoise, plutôt que de le connaitre ou le comprendre, il importe de vivre en harmonie avec le tao, « en lui, pour lui et par lui » .
Il faut comprendre que « la pensée chinoise rassemble le corps et l’esprit dans une totale unité, organique et harmonieuse, où rien n’est mal, sale, vil ou laid. Le corps sans l’esprit est mort, l’esprit sans le corps est stupide » . En tenant compte de la théorie quantique, cet « esprit », c’est le « corps quantique ». « Le corps et le corps quantique doivent être confondus, fixés au niveau de points précis, permettant une harmonie énergétique, physiologique, magnétique et même spirituelle ; si une brèche se produit entre ce corps et son corps quantique, alors, l’esprit a plus de mal à reconnaître l’organe physique qui s’est détaché ou qui est en train de se détacher du corps quantique ; Et donc, ce corps quantique a plus de liberté dans l’espace spirituel, et plus de perméabilité et de sensibilité à certaines choses ; mais, moins de contact avec le corps physique » . Cela explique alors les problèmes rencontrés par un sujet au niveau sanitaire. Même si le « corps quantique » peut transmettre des messages de manière à réparer de tels problèmes, ces messages n’arrivent plus à destination, ou bien ceux-ci sont parasités par divers facteurs.
Soigner le corps (physique) en agissant directement sur lui (par stimulation sensorielle, par exemple), il est possible de rétablir le contact entre celui-ci et le corps quantique, permettant alors au sujet de se sentir agréablement mieux. Autrement dit, le corps physique se met au contact du corps quantique, donnant lieu à de très bon résultat, mais force est de constater que cela nécessite toujours l’intervention de facteurs externes (les dispositifs thérapeutiques de stimulation sensorielle, par exemple). En revanche, la pratique de la méditation transcendantale « met le corps quantique vers l’avant et on lui permet de prendre contact avec le corps physique, le résultat est impressionnant et sans facteurs externes ; tout se passe à l’intérieur de la personne c’est le corps qui se guérit lui-même et qui utilise ses propres moyens pour soigner les maux dont le corps physique souffre » . Lao Tseu préconise alors ainsi : « Accorder le corps et l’âme afin qu’ils voguent à l’unisson et ne se séparent pas » .
Tout cela donne un aperçu du potentiel d’un individu qui, au-delà du visible et de la logique de la physique mécanique (classique), peut s’inspirer des phénomènes quantiques et notamment du pouvoir de la conscience et de la pensée sur son être. Ce sujet, lorsque conscient de ce potentiel, puis décide de le saisir pour devenir maître de son destin, peut essayer d’atteindre la parfaite harmonie entre son corps quantique (sa pensée, son esprit) et son corps physique. L’accompagnant (le coach) joue alors un rôle central pour accompagner ce sujet dans cette démarche afin d’oser atteindre une toute autre réalité de sa vie, de franchir le pas menant vers la concrétisation de la pensée de l’individu, aussi difficile et impossible qu’elle soit cette autre réalité aux yeux du sujet d’auparavant. Il est alors important pour l’accompagnant de convaincre le sujet de s’ouvrir à cet autre monde afin de quitter son positionnement d’auparavant. Une méditation permettant de connecter le corps quantique avec le corps physique serait alors synonyme de « vouloir » pour l’accompagné.
A force de s’asseoir pour contempler, accepter et décider d’atteindre une toute autre conception de la vie (celle meilleure, quelle que soit la difficulté que le sujet pense devoir à faire pour l’atteindre), la conviction du sujet ne peut qu’être renforcée. Cela aidera celui-ci à gagner plus d’assurance, et le corps (physique) suivra plus aisément le même cheminement, en harmonie avec le corps quantique.
Tout cela accorde un aperçu du potentiel du parallèle fait entre la théorie quantique avec des phénomènes réels à l’échelle humaine et impactant évidemment sur le bien-être de l’homme dû à une meilleure gestion de sa pensée, sa conscience. Une question reste en suspens pour véritablement se convaincre de l’implication de la théorie quantique dans la vie d’un humain : cette théorie ne se limite-t-elle pas dans le domaine de la physique à proprement parler ? Pourrait-elle vraiment s’incruster dans le domaine de la biologie ?
Le corps a-t-il une biologie quantique ?
Désormais, Lambert, Chen, et al. se posent un certain nombre de questionnements intéressants qu’ils ont fini par répondre, au moins en partie dans leur article : « la mécanique quantique peut-elle jouer un rôle dans la biologie ? […] y a-t-il des systèmes biologiques qui utilisent la mécanique quantique pour effectuer une tâche qui ne peut être faite de façon classique ou peut accomplir cette tâche plus efficacement que même le meilleur équivalent classique ? En d’autres termes, certains organismes profitent-ils de la mécanique quantique pour avoir un avantage sur leurs concurrents ? […] Dans quelle forme apparaissent habituellement ces effets quantiques ? » .
Ces auteurs étudient ensuite quelques exemples remarquables montrant le rôle des effets quantiques dans la biologie. Les constats montrent que, dans certains cas, ces effets quantiques sont même à mesure d’aider ou d’améliorer une fonction biologique. L’un des plus manifestes et célèbres de ces cas concerne de transport quantique cohérent d’énergie en photosynthèse, cette dernière étant un phénomène fournissant de l’énergie pour la quasi-totalité de la vie sur la planète terre. Généralement, cette énergie (sous forme de photons) est captée par des antennes de faible captation en tant que stimulation électronique qui sera ensuite transportée vers un centre de réaction dans lequel la séparation des charges crée des formes d’énergie chimique relativement stable.
La structure des dispositifs de captation des de la lumière varie d’un organisme à un autre, et cela reflète l’intérêt pour ces organismes photosynthétiques de s’adapter suivant leurs conditions physiologiques ainsi que leurs habitats naturels. Il en est, par exemple, des bactéries au souffre vert (green-sulphur bacteria) avec une très grande antenne « chlorosome » leur permettant d’évoluer dans des conditions de faible luminosité. Le transfert d’énergie, allant de l’antenne vers le centre de réaction, de ces bactéries est réalisé grâce à une structure spécialisée nommée complexe Fenna-Matthews-Olson (FMO) qui transporte pratiquement la totalité des photons captés, même en présence d’excitations électroniques intermédiaires très courtes.
Ce complexe protéinique qu’est le FMO présente désormais des signatures de transfert d’énergie quantique cohérent. Les auteurs susmentionnés expliquent :
« Engel et al ont observé des preuves directes de la présence de la cohérence quantique sur des échelles de longueurs appréciables et des échelles de temps dans le complexe FMO. En 2007, ils ont présenté l’observation spectroscopique, à basse température (77K), de la dynamique quantique cohérente (c’est-à-dire des superpositions cohérentes évoluant dans le temps) d’une excitation électronique à travers de multiples pigments dans le complexe FMO. Depuis ce temps, une énorme littérature a vu le jour, et d’autres expériences suggèrent que la cohérence n’est pas négligeable même à température ambiante, jusqu’à 300fs. Si une dynamique quantique cohérente est présente à température ambiante dans le complexe FMO (et d’autres parties d’un appareil de prélèvement de lumière), à quoi sert-il ? […] une efficacité de transport plus élevée est la réponse typique et une grande variété de modèles théoriques ont été utilisés pour expliquer si, comment et pourquoi la nature utilise la cohérence quantique pour déplacer cette excitation électronique à travers le complexe FMO plus efficacement Que classiquement possible » .
Il a été démontré que les gains d’efficacité fournis par les modèles quantiques comparés au modèle classique pour cette expérience sur le FMO ne sont que d’une faible proportion. Mais, cela suffirait largement pour un être vivant, telle que cette bactérie, pour survivre dans des conditions de très faible luminosité.
Un autre exemple de la biologie quantique concerne la magnéto-réception aviaire, l’aimantation donnant une capacité pour certaines espèces migratrices de naviguer en utilisant le champ magnétique terrestre. Les auteurs citent à titre d’illustration les robins européens qui dispose d’un sens magnétique agissant comme une boussole inclinée et insensible à la polarité. Des chercheurs ont proposé une explication plausible concernant ce dispositif qui serait à base de mécanisme de pair de radicaux (radical-pair mechanism) en tant que boussole chimique biologique : c’est une paire de molécules qui ont chacune un électron non-apparié, une paire créée par un processus photochimique dans des états corrélés : des singlets ou bien des triplets. Sans entrer dans les détails expliquant le phénomène, les auteurs affirment que « les principales propriétés du modèle de pair radical proposé pour la magnéto-réception des oiseaux dépendent de la mécanique quantique ; par conséquent, cela peut représenter une pièce fonctionnelle de matériel quantique biologique » .
Après analyse d’autres phénomènes biologiques similaires (dont le tunnel dans les systèmes biologiques, les photorécepteurs, etc.), les auteurs finissent par conclure : « Certes, la nature peut récolter l’énergie d’une manière extrêmement efficace, sentir des champs magnétiques faibles et créer des esprits humains suffisamment complexes pour pouvoir poser ces questions. Maintenant, des preuves préliminaires suggèrent que la nature peut également tirer parti des effets quantiques pour améliorer l’efficacité, ou la fonctionnalité, de certains de ces exploits étonnants » .
Il faut souligner que ces études ne sont pas singulières. Plusieurs autres recherches ont été entamées et présentent des résultats qui convergent vers de telle conclusion. A citer par exemple le résumé des travaux d’Abbott et al. est révélateur à ce point :
« La cellule vivante est un système de réplication et de traitement de l’information qui est rempli de nano-machines naturellement évoluées, qui à un certain niveau, requiert une description mécanique quantique. À mesure que l’ingénierie quantique et la nanotechnologie se rencontrent, une utilisation accrue sera faite de structures biologiques, ou d’hybrides de systèmes biologiques et fabriqués, pour la production de nouveaux dispositifs pour le stockage et le traitement de l’information et d’autres tâches. Une compréhension de ces systèmes à un niveau mécanique quantique sera indispensable » .
En somme, il faut admettre que la vie sur terre n’est pas étrangère à la mécanique quantique. Même si des recherches sont nécessaires pour prouver l’implication de la théorie quantique à l’échelle de l’homme, tout ce qui vient d’être exposé avance déjà que cela n’est plus dans le domaine de l’impossible. Par ailleurs, si le corps physique peut être sujet à d’expérimentation quantique (à travers la biologie quantique), qu’en est-il de la pensée, du corps quantique ?
L’âme
Il importe de justifier, dans un premier temps, de la pertinence de tenir compte de la notion de pensée (âme, esprit, corps quantique) dans une recherche scientifique. Ensuite, il y a lieu de s’interroger sur le caractère quantique de ce concept de pensée, c’est-à-dire d’appréhender les éléments insistant sur l’intégration de la théorie quantique dans les recherches en psychologie, en l’occurrence.
Définition et justification sémantique
Un autre élément intrinsèque à l’individu est le corps quantique (en reprenant le parallèle fait entre la Physique quantique et la conception orientale de l’homme), c’est-à-dire « l’esprit » ou encore « l’âme ». En se référant aux premiers domaines scientifiques ayant exploré ce concept, dont la psychologie (et plus tard la neuropsychologie, en particulier), on utilise surtout le terme « conscience ». La philosophie s’est aussi beaucoup penchée sur la question et a établi plusieurs courants de pensée servant de base dans les recherches relatives à ce domaine. C’est ainsi qu’ont émergé des conceptions allant de la considération exclusive de la matière jusqu’à l’acceptation de l’existence de « l’esprit » (appelé « conscience ») du cerveau, ce dernier étant considéré comme un système matériel extrêmement sophistiqué et hautement développé .
L’explication de l’interaction et/ou la corrélation entre la matière et l’esprit, le cerveau et la conscience ne peut alors que très complexe, du fait de ce caractère sophistiqué même du cerveau. Dans les sciences physiques, en tant que sciences fondamentales, il est question de relations causales en termes d’interactions, soit les quatre types d’interactions fondamentales à savoir : électromagnétiques, faibles, fortes, et gravitationnelles. La difficulté réside dans les approches plutôt descriptives découlant des corrélations empiriques entre les états matériels et mentaux qui ne peuvent pas alors être classées de relations causales, d’où il est commode de parler tout simplement de relations (sans nécessairement en préciser leurs sens) entre l’esprit et la matière.
Dans les recherches sur ce domaine, cette relation est représentée souvent par des interactions directes entre les états matériels du cerveau d’une part, et les états mentaux de la conscience d’autre part. « Cela fournit un cadre minimal pour étudier la réduction, la survie ou les relations d’émergence […] qui peuvent produire des images monistes et dualistes. Ce point de vue prétend qu’il est à la fois nécessaire et suffisant pour explorer et comprendre le domaine matériel, par exemple le cerveau, afin de comprendre le domaine mental, la conscience » . Une considération moniste consiste notamment à écarter tout besoin de discuter des états mentaux car considéré comme épi-phénoménal, faisant alors abstraction des corrélations pourtant existantes du point de vue légitime entre esprit et cerveau.
Ces approches réductionnistes sont très critiquées du point de vue de leur validité à travers des arguments « qualia » en insistant sur l’incapacité des explications purement matérialistes d’intégrer de manière correcte le caractère subjectif de l’expérimentation relative à un état mental. En effet, il existe certainement un écart non négligeable entre les narrations d’un sujet de l’expérience et celles d’une personne uniquement observatrice, d’où la notion de « difficile problème de la conscience » .
D’ailleurs, il existe des relations (encore) directes entre les états matériels et mentaux qui peuvent être conçues de façon non-réductrice, dont principalement les « variantes d’émergence ». « Les états mentaux et / ou les propriétés peuvent être considérés comme émergents si le cerveau matériel n’est pas nécessaire ou pas suffisant pour les explorer et les comprendre. Cela conduit à une image dualiste (moins radicale et plus plausible que le dualisme cartésien) dans laquelle subsistent les résidus si l’on tente de réduire le mental au matériau » .
Devant ces différences d’approches (ce ne sont d’ailleurs que des exemples parmi d’autres) de la relation entre les états matériels et mentaux, un constat essentiel mérite d’être évoqué : toutes ces approches se réfère, au moins implicitement, aux états de superposition quantique. Ce constat découle d’une logique : « En ce qui concerne la physique quantique, il ne peut y avoir aucun doute raisonnable que des événements quantiques se produisent et sont efficaces dans le cerveau comme ailleurs dans le monde matériel – y compris les systèmes biologiques. […] Il est assez plausible que les décisions libres conscientes (« libre arbitre ») soient problématiques dans un monde parfaitement déterministe, de sorte que le caractère aléatoire quantique pourrait effectivement ouvrir de nouvelles possibilités de libre arbitre » . En d’autre mot, l’étude de la conscience ne peut pas écarter la théorie quantique. Cela permet ensuite d’aborder la question sur le caractère quantique de la pensée elle-même ?
La pensée est-elle quantique ?
Pour répondre à l’affirmative à cette question, il y a lieu de considérer certains défis dans la construction des modèles de la cognition humaine. Les travaux Wang, Busemeyer, et al. donnent des éléments de réflexions intéressants à ce sujet .
D’abord, il y a le défi de formalisation des concepts psychologiques des conflits, de l’ambiguïté et de l’incertitude. Désormais, les modèles traditionnels de cognition supposent qu’une personne se trouve, à tout instant, dans un état définitif relativement à certains jugements et connaissances. Néanmoins, il faut admettre que l’état réel du sujet n’est pas véritablement connu du modélisateur pour un instant donné, ce qui veut dire que le modèle à élaborer ne peut qu’attribuer à une réponse cognitive une probabilité pour cet instant. L’incapacité du modélisateur de connaitre de manière exacte la trajectoire suivie par le sujet conduit donc à un type de modèles nécessairement stochastique. La théorie quantique offre alors la possibilité d’aller au-delà des modèles déterministes classiques en permettant au sujet de se trouver dans un état techniquement indéfini à tout moment, c’est-à-dire dans un état de superposition. C’est ainsi, par exemple que Diederik Aerts met en avant certains modèles enregistrant des valeurs non nécessairement définies lors des mesures psychologiques (en citant par exemple les mesures relatives à « l’effet Guppy d’adhésion » . « Dans ce sens, la modélisation quantique nous permet de formaliser l’état d’un système cognitif en passant par le temps dans son espace d’état […] jusqu’à ce qu’une décision soit prise, moment auquel l’état s’effondre à une valeur définie » .
Ensuite, il y a le défi de formalisation de la sensibilité aux mesures du système cognitif. En fait, les modèles traditionnels supposent que ce qui est mesuré et enregistré à un instant donné reflète l’état du système cognitif peu de temps avant cette mesure. Or, il ne faut pas nier que ce qui est mesuré intègre aussi l’interaction de ce système avec les dispositifs de mesure utilisés, ce qui correspond à la théorie quantique, dépassant le cadre de la théorie « classique ». Puis, il y a aussi le défi de formalisation des effets de l’ordre des mesures cognitives. En effet, une première mesure cognitive bouleverse le contexte de la mesure suivante, ce qui implique que les différentes questions ne pourront pas avoir une même probabilité de réponse, ce qui impose une probabilité relative à la séquence des réponses. Cela est en concordance à la non-commutativité des mesures, qui sont dépendant de leur ordre, dans la Physique Quantique (le principe d’incertitude d’Heisenberg découle par exemple de cette non-commutativité des mesures).
Enfin (sans être exhaustive dans l’énumération), il y a le défi relatif à la violation de certaines lois classiques de probabilité lorsqu’il est question d’études cognitives et décisionnelles. Il faut citer, dans ce sens, les axiomes de Kolmogorov qui, eux-mêmes, obéissent aux axiomes booléens de la logique, dont l’axiome distributif. Ainsi, la loi de probabilité totale (de Bayes) se révèle incompatible à de nombreuses expériences psychologiques, laissant alors la place à la théorie de probabilité quantique dérivant des axiomes de von Neumann obéissant à une logique de sous-espace (d’un espace vectoriel) et ne répondant plus à l’axiome distributif .
En conclusion, il y a des fortes raisons pour accorder de la place importante à la théorie quantique dans les comportements individuels d’un sujet. En d’autres termes, il devrait exister des circonstances où cette théorie se révèle plus efficiente que la théorie « classique » lorsqu’il s’agit d’analyser l’individu dans son être intrinsèquement, formé de corps et âme, dans le contexte d’accompagnement pour une décision à prendre bouleversant sa vie.
L’ETUDE DU DEHORS
A rappeler qu’ici, le « dehors » concerne la dimension à l’extérieur de ce qui est intrinsèque à un sujet, et plus particulièrement l’environnement extérieur à son corps (son corps physique et son corps quantique) mais susceptible d’être impacté par les influences de ce sujet. Cela peut alors concerner la dimension sociale de celui-ci, au premier plan. Dans cette perspective, la notion des « champs quantiques » donnent des idées sur le potentiel de l’individu d’influencer son environnement.
Les Champs Quantiques
Il est question, ici, de se concentrer sur le concept de champ quantique qui se révèle à travers quelques théories fondamentales : la théorie quantique des champs, la théorie de l’actualité, et la théorie de dédoublement.
Théorie quantique des champs
La théorie quantique des champs est née en 1927 avec la publication de son article fondateur sur l’électrodynamique quantique de Dirac, « La Théorie quantique de l’émission et de l’absorption du rayonnement (électromagnétique) », appliquée uniquement aux photons au tout début, puis étendue aux autres particules élémentaires. La nouveauté, ici, est l’incorporation des conceptions relativistes dans la mécanique quantique. Pour parler brièvement de la théorie de la relativité, il y a lieu de se référer à l’expérience réalisée par le physicien Michelson et le chimiste Morley : « la lumière semble se déplacer à la même vitesse par rapport à n’importe quel système de référence » . Einstein en a ensuite formulée la théorie de la relativité restreinte qui a conduit à une reconsidération des conceptions de l’espace et du temps, ce qui comme conséquence que, entre autres, le temps ne s’écoule pas de la même façon pour deux mobiles se déplaçant à des vitesses très différentes. Cette théorie ne diffère des lois de Newton que lorsque la vitesse est proche de celle de la lumière. C’est ensuite l’intégration de la gravitation dans cette théorie qui a donné la théorie de la relativité générale.
La fameuse formule ainsi développé, E = mc², signifiant que la masse peut être conçue comme une forme particulière d’énergie, implique que la désintégration de certaines particules peut générer de l’énergie cinétique, et inversement (cette dernière peut se transformer en particules). C’est ainsi que deux photons en présence d’énergie cinétique suffisante peuvent s’annihiler et donne naissance à un électron et un positron (l’antiparticule de l’électron), et inversement. Désormais, le champ électromagnétique (de Maxwell) apparait comme agent de destruction et de création de particules, dans la théorie de Dirac, ces dernières étant donc des résultats de l’action de ce champ. Les champs quantiques « remplissent tout l’espace, et dans ce sens, ils sont continus. Mais les excitations qu’ils créent – soit que nous les reconnaissons comme particules de lumière, soit comme particules de matière – sont discrètes […] À proprement parler, il n’y a pas d’espace vide, il n’y a pas de vide en physique quantique : « L’incertitude quantique, combinée avec la possibilité de processus de création et de destruction, implique un vide grouillant d’activité. Les paires de particules et antiparticules éphémères naissent et meurent » » .
Il est alors évident que tout ce qui existe, y compris les humains, baigne dans ces champs et subit les influences de ces derniers. Il existerait donc un champ informationnel qui anime et coordonne tout, créant l’harmonie entre l’infiniment petit et l’infiniment grand, en passant par les humains. De ce fait, un sujet ne peut plus se considérer totalement isolé dans son propre environnement. Les actions de ce sujet sont ainsi susceptibles d’influencer sensiblement tout ce qui l’entoure, de même que lui-même ne peut pas être totalement à l’abri des impacts des actions d’autrui. Les accompagnants devraient, dans ce sens, faire comprendre au sujet que tout ce qu’il entreprend, en commençant par ses propres pensées, influençant sa volonté et son agir, interagit avec son environnement, avec des potentiels aussi bien créateurs que destructeurs impactant sur d’autres personnes.
Compte tenu des réalités différentes des individus vivant dans un même environnement, un même champ très vaste, il faut reconnaitre l’existence d’une multitude de champs plus restreints mais en étroite interaction avec le grand champ dans lequel ils baignent. En d’autres mots, chaque individu crée, modifie et entretien son propre champs. Il est alors important de savoir également « écouter » les champs (informationnels) qui agissent sur l’environnement de soi afin d’ajuster au besoin son propre champ de manière à instaurer une harmonie bénéfique (pour soi et pour autrui) dans de telle interaction entre champs. En quelque sorte, tout cela indique que l’homme ne peut pas se permettre de vivre dans l’individualisme exclusif, ce qui rappelle les essences de la théorie de l’actualité, chère à Wundt et soutenue de près par Durkheim pour insister sur la notion d’altruisme (par opposition à l’individualisme égoïste) comme une composante fondamentale de l’homme.
Théorie de l’Actualité (C.G. Jung et W.E Pauli)
L’intérêt de parler ici de la théorie de l’actualité réside dans le fait que le « dedans » même de l’individu ne peut que s’exprimer vers l’extérieur, en « dehors », de son corps. Désormais, la conception de « l’esprit », de la « conscience » de Durkheim est en relative contraste avec celles des courants traditionnels selon lesquelles « l’âme est une substance dont les opérations ou les facultés préexistent aux objets sur lesquels elles s’exercent (Descartes), ou les objets représentés sont accueillis par l’esprit comme par une forme vide, qui leur est antérieure (a priori) et qu’ils ne contribuent pas à faire (Kant) » . De son côté, Durkheim affirme que « l’esprit n’est pas une forme creuse que l’on peut façonner directement, comme on façonne un verre que l’on remplira ensuite […] L’esprit est fait pour penser des choses, et c’est en lui faisant penser des choses qu’on le forme » . Ainsi, la forme prise par l’esprit n’existe pas sans son contenu, variant en fonction de ce dernier. Cette conception n’est d’ailleurs qu’une continuité de la théorie de l’actualité de Wundt stipulant que « la psyché individuelle consiste tout entière dans l’activité psychique actuelle, et non pas dans un substrat séparé de cette activité et existant en soi » . En d’autres termes, c’est le contenu de la conscience elle-même qui détermine ce qu’elle est ce qui a comme conséquence que la conscience a une vocation de s’ouvrir au monde qui l’entoure (constituant le contenu potentiel de la conscience) et pouvant être façonnée ainsi.
« Tandis que la théorie substantialiste de la conscience donne lieu à un individualisme moral intransigeant, où les atomes individuels, mus seulement par leur égoïsme, ne se rencontrent que de façon fortuite et donc « aucune cohésion spirituelle, aucune vie collective […] des esprits, aucune fin spirituelle collective » n’est concevable […], la théorie de l’actualité permet de donner à l’altruisme un fondement dans la nature même de la conscience » . De ce point de vue, l’esprit dépasse les frontières de la conscience individuelle et embrasse ceux des autres hommes ; en quelque sorte, l’esprit des hommes ne peut que s’influencer mutuellement, dès lors comme dans un champ quantique informationnel ou la présence des uns constituent des contenus potentiels des esprits des autres. Durkheim renforce cette idée en soulignant que « notre conscience ne peut se nourrir exclusivement d’elle-même, […] elle ne peut pas penser à vide, mais […] il lui faut une matière qui ne peut lui venir que du monde extérieur » . De là se révèle le fondement de l’altruisme, qui est en quelque sorte le dérivé de la représentation qu’un individu fait des êtres humains, de la société et les contenus que cet individu partage avec ces autres hommes. « Une personne, ce n’est pas seulement un être qui se contient, c’est aussi un système d’idées, de sentiments, d’habitudes, de tendances, c’est une conscience qui a un contenu; et l’on est d’autant plus une personne que ce contenu est plus riche en éléments » .
En outre, la notion de champ quantique donne aussi une légitimité à la recherche d’une amélioration du propre champ de l’individu à partir des informations issues du sujet lui-même, mais collectées dans le champ plus vaste autour de lui. Sur ce point, la « théorie du dédoublement » du physicien J.-P. Garnier Malet donne des indices à prendre en considération.
Théorie du Dédoublement
Sans vouloir développer les détails de cette théorie, il est possible de la résumer en quelques phrases. Déjà, cette théorie se base sur celle de la relativité restreinte, en partant de la linéarité du « temps », celui-ci étant entrecoupé par moment par des « ouvertures temporelles » menant vers un autre espace-temps. C’est dans ce dernier que le « double » d’un individu évolue (sans que lui-même ne s’en rende compte) en tant qu’observateur ; ceci est une sorte de transposition de ce qui se passe dans l’infiniment petit : « Un dédoublement nous fait vivre dans deux temps différents, donnant ainsi la possibilité d’anticiper notre meilleur futur et de choisir les moments favorables pour chacune de nos actions » » .
Cette théorie révèle encore, entre autres, que le devenir d’un sujet dépend en grande partie des « contenus » de « l’univers » autour de lui. En fait, Garnier Malet explique l’importance de tenir compte des informations récoltées par le « double » de soi dans son observation (aussi bien dans le passé que dans le futur) pour anticiper son propre avenir tout en le contrôlant. Il faut alors savoir écouter ces informations, par exemple à travers des « intuitions » (du « déjà vu ») ou encore durant la nuit « qui porte conseil » (dans les rêves pendant le sommeil paradoxal, par exemple). En tout cas, quelle que soit l’étendue et la portée de cette théorie sur la vie d’un individu, il importe de considérer une réalité dont l’expérimentation est toujours à renouveler : un sujet doit avoir conscience du potentiel qu’il dispose dans la création, la modification et l’entretien de son futur en s’appuyant sur toutes les informations qu’il détient, aussi étrange qu’elles puissent être ou des ressources ayant permis de les recueillir.
Une information vivante ?
Il s’agit ici de considérer les phénomènes réels de synchronicité entre différents éléments matériels, notamment dans le monde du vivant. L’analyse descriptive consiste alors à se focaliser sur quelques concepts connexes dans ce domaine : la méditation transcendantale, la résonnance morphique et l’archétype.
Expérience de la Trans-méditation (WDC)
Une expérience a révélé l’effet de ce que Laurent Roussel a désigné comme la résonnance émotionnelle dans un groupe d’individus, dans le cadre d’un coaching. En fait, l’expérience en question consiste à constater les résultats des programmes de « méditation transcendantale » réalisé entre un groupe d’environ 4 000 participants, réunis à Washington entre le 7 juin et le 30 juillet 1993. L’étude a permis ensuite de confirmer l’hypothèse selon laquelle les niveaux des crimes violents dans le District de Columbia ont sensiblement baissé à la suite de cette expérimentation. La cause de cette baisse considérable du taux de criminalité serait alors attribuable à l’effet à travers le groupe de croissance de la cohérence et de la réduction du stress dans la conscience collective du District .
A Laurent Roussel alors de justifier que l’homme enregistre des mémoires émotionnelles inconscientes au fil de sa vie et ses propres expériences. A côté de sa capacité à gérer et à contrôler ces émotions, celles-ci sont toujours susceptibles de se libérer de manière inconsciente par des expériences de la vie. La résonnance vient par la suite des personnes qui portent également des mémoires inconscientes du même type que l’individu considéré à travers leurs expériences de vie. Mais, un individu peut résonner consciemment son état émotionnel vers un autre individu et les impacts peuvent avoir lieu au niveau d’un groupe partageant ainsi les mêmes types de mémoires inconscientes. Roussel rappelle alors la nature duale de la matière formant l’individu lui-même, à la fois ondulatoire et corpusculaire. De ce fait, à côté de la matière visible (formé de particules), l’univers émet aussi des ondes de fréquences précises pouvant être captées (notamment via les organes sensoriels) et décodées par l’homme, de manière à donner du sens à ces ondes informationnelles. Néanmoins, même en se focalisant sur ces informations, un individu ne peut en appréhender qu’une infime partie, les autres viennent donc s’enregistrer en tant qu’informations inconscientes.
C’est ainsi que l’homme a l’opportunité d’utiliser ces informations pour les transformer à volonté en réalité. C’est à travers la pensée qu’un individu peut « créer » son environnement, conscient et inconscient, et le potentiel de cette création est d’autant plus important dans un groupe via une résonnance émotionnelle. Il est alors question de « co-création » lorsque chaque individu participant crée sa réalité personnelle mais en cohérence les réalités des autres individus.
Un autre concept expliquant l’existence de « champ » qui interagisse avec les individus, tels des champs quantiques, concerne celui de la « résonnance morphique » de Rupert Sheldrake.
Expérience des mots croisés
Une expérience manifeste a été réalisée à l’université de Nottingham, en Angleterre, sur les mots croisés. Avant et après la parution du quotidien londonien The Evening Standard, le jeu de mots croisés de celui-ci a été présenté à différents groupes de personnes (y compris des groupes de contrôle). Il a été constaté que le groupe expérimental a pu réaliser les mots croisés le lendemain de sa parution avec nettement plus d’aisance par rapport aux groupes qui l’ont fait la veille de cette parution, sans qu’il y a la moindre communication entre les différents groupes. Quelle explication apportée à ce phénomène ?
Rupert Sheldrake parle ainsi du concept de « Résonance Morphique », présent dans la nature, aussi bien chez les vivants que les non-vivants. Dans le monde biologique, il s’agit alors de champs biologiques existant dans l’environnement des organismes vivants : « tout autour des entités biologiques existent des champs définis comme des régions d’influence dans le temps et dans l’espace » . Ces champs seraient des responsables majeurs de l’organisation de l’espace autour de ces êtres vivants. Une notion clé à retenir pour expliquer l’existence de ces champs est, entre autres, celle des champs morphogénétiques (notion largement utilisée en biologie) qui modèlent les formes biologiques : ces formes ne dépendant pas des constituants (ADN, cellules, etc.) des parties d’un être vivant (les bras et les pieds, par exemple) qui prennent pourtant des apparences très différentes.
Désormais, « ces champs possèderaient une mémoire qui leur est propre et qui dépend des formes passées. Ils évoluent, ont un caractère historique et une mémoire. […] Toutes les espèces ont ainsi une mémoire collective » . Cela explique alors le fait que des rats ayant fait un certain apprentissage dans un laboratoire situé à New-York ont vraisemblablement permis à d’autres rats se trouvant à Londres et en Australie de réaliser plus facilement le même apprentissage. Plus le nombre de rats ayant réalisé l’apprentissage premier est élevé, plus facile encore ont été les apprentissages dans les autres localités postérieurement. De plus, d’autres expériences réalisées sur le non-vivant révèlent également l’existence du phénomène en dehors du monde biologique (concernant la cristallisation, par exemple). Sheldrake généralise alors le phénomène à l’échelle de l’univers, en passant par l’homme : « dans l’organisation des sociétés, des écosystèmes des planètes, des galaxies et de l’univers tout entier » .
Il en résulte que, l’homme devrait pouvoir faire un apprentissage plus aisé d’un tout nouveau concept si d’autres humains en a déjà fait l’expérience auparavant. A différence des champs évoqués dans les sections précédentes, la transmission (d’information) non-matérielle par résonance morphique n’implique pas de transfert d’énergie, et l’héritage génétique n’explique qu’une partie de ce transfert d’informations. Par ailleurs, ce concept de résonnance morphique se rapproche, voire se confond avec celui des « archétypes » du grand psychologue suisse, Carl Jung.
Les archétypes
Ce concept d’archétype rentre désormais dans le cadre de la notion de « synchronicité » introduite par Carl Jung, puis étudiée conjointement avec le physicien Wolfgang Pauli. Ce phénomène de synchronicité se réalise sans aucun lien de causalité entre les divers phénomènes qui sont en corrélation. En fait, il existerait deux types de synchronicité. Le premier se caractérise par une « coïncidence signifiante » s’effectuant entre les psychismes des deux sujets qui se connaissent bien mais se trouvant à deux endroits éloignés l’un de l’autre. Ainsi, par exemple, des jumeaux, membres d’un couple ou d’une même famille, amis, etc. peuvent être amenés à réaliser un ou plusieurs actes parfaitement synchronisé au même moment, sans s’être préalablement consultés. Le second type concerne une coïncidence signifiante, cette fois, entre un état physique et un état mental dans une corrélation par un sens commun. C’est par exemple lorsqu’un individu fait une rencontre, comme par « coup de chance » (car la probabilité de survenance de cet évènement est généralement très petite), avec une circonstance qui répond parfaitement à son besoin (conscient ou non).
« Les phénomènes de synchronicité montrent, comme la physique quantique, qu’il n’y a pas de frontière entre la subjectivité de la personne qui observe et le monde observé. Notre subjectivité se projette dans le monde extérieur. Il n’existe donc pas de réalité objective en dehors de nous » . L’archétype s’inscrit dans ce type de synchronicité. Voici quelques explications de ce phénomène :
« Les représentations archétypiques qui apparaissent dans les fantaisies, les rêves, les idées délirantes et les illusions des individus, ont leur origine dans l’archétype qui, en lui-même, échappe à la représentation, forme préexistante et inconsciente qui semble faire partie de la structure héritée de la psyché et peut, par conséquent, se manifester spontanément partout et en tout temps » . « Le fait que l’archétype échappe à la représentation semble analogue à l’objet quantique, par exemple l’atome, qui échappe à toute représentation et peut être seulement “représenté” par un objet mathématique tel que la fonction d’onde ou le champ quantique » . « L’archétype en lui-même est vide; il est un élément purement formel, rien d’autre qu’une facultas praeformandi (une possibilité de préformation), forme de représentation donnée a priori » . Ainsi, de même qu’une particule n’existe en tant que telle qu’en ayant été détectée, seules les formes des représentations sont héritées ; aussi, de même que la fonction d’onde ou le champ quantique ne peut devenir conscient, la véritable essence de l’archétype non plus car elle est transcendante.
En conclusion, à propos du « dehors », Giuseppe Vitiello, en décrivant un modèle quantique dissipatif du cerveau, souligne que le monde extérieur à soi est juste l’environnement. « La source d’information, c’est-à-dire l’environnement, est représentée par un système qui est en même temps une copie du cerveau. Donc, dans un certain sens la source coïncide avec le récepteur » . Ce qui fait que la subjectivité d’un sujet est projetée dans son environnement, ce dernier devenant identique à de telle subjectivité ou encore une représentation de celle-ci. En tout cas, il y a lieu de reconnaitre que le « tout », allant de l’infiniment petit à l’univers tout entier, en passant par l’homme en tant qu’ensemble formé de corps physique et de conscience, est quantique. La dernière partie de ce travail synthétise alors tout cela dans une étude du « tout », c’est-à-dire d’une manière holistique.
L’ETUDE DU TOUT
Dans cette quatrième et dernière partie du présent travail de recherche, il est question de synthétiser l’étude en démontrant que de telle étude ne peut pas se faire acceptablement qu’en considérant tous les éléments de manière holistique. Quelques principes de la théorie quantique méritent d’être revus à cet effet. Une vue plus synthétique devrait aussi sortir de la considération de l’anagramme de Klein et Perry-Salkow.
Les fentes de Young
L’expérience d’Young réalisée au tout début du XIXème siècle consiste à percer deux trous dans un dispositif opaque, espacés d’une certaine distance, pour laisser passer une lumière provenant d’une source lumineuse. Les résultats peuvent ensuite appréciés sur un écran placé derrière le dispositif « troués ». Il apparait alors que l’écran ne présente pas deux taches lumineuses, mais plutôt une alternance de bandes sombres et lumineuses, une sorte de franges, ces dernières disparaissant lorsque l’un des deux trous est bouché. Cette expérience donne des résultats similairement analogues lorsqu’on utilise n’importe quelle particule quantique à la place de la lumière.
La Physique Quantique explique alors ce phénomène par la dualité, à la fois corpusculaire et ondulatoire, de ces particules. En effet, il apparait qu’un électron prenne à la fois cette double nature : prenant l’apparence corpusculaire mais se comportant également comme une onde qui interfère avec d’autre onde en présence. Ainsi, la matière toute entière (y compris les vivants, dont les humains), étant formée de particules quantiques, se comporte ainsi, c’est-à-dire qu’avant même d’être « perçue » comme un corpuscule, la matière est d’abord constituée d’un ensemble d’ondes. C’est ensuite au moment de la prise de mesure, d’une observation que ces ondes prennent la forme matérielle (corpuscule) telle qu’elle est vue par l’homme.
Il n’est pas ainsi étonnant que le corps physique et le corps quantique (l’esprit, la conscience) de l’homme soit en interaction profonde et continue, à travers ces ondes. De plus, il y a lieu de tenir compte également dans de telle interaction de toutes les ondes, non pas seulement celles relatives à soi (provenant uniquement de son corps), mais aussi celles issues de l’environnement extérieur à soi. C’est seulement en considérant les interactions de toutes les informations du « dedans » (à l’intérieur de soi) et du « dehors » (à l’extérieur de soi) que l’étude d’un phénomène concernant à un individu peut être efficiente, susceptible d’aider à accomplir une ou plusieurs actions cohérentes et bénéfiques pour cet individu et son entourage. Désormais, en comprenant cela, toute étude de l’homme ne peut plus écarter toutes les autres composantes du milieu dans lequel vit cet individu. Dans une autre perspective, toute étude de ce milieu ne peut plus être totalement objective du fait des interactions évidentes de celui-ci avec les vivants qui y habitent.
Ainsi, un programme d’accompagnement devrait tenir compte non seulement l’individu accompagné (en tant qu’être formé de corps physique et de conscience), mais aussi, au moins, son environnement, dont la société dans laquelle il vit. Le fait de n’observer que des phénomènes matériels n’implique pas en l’inexistence de tout ce qui ne l’est pas, et le principe de superposition quantique renforce cette idée.
Le principe de superposition quantique
Une propriété des ondes est leur capacité à se superposer, à s’interférer : tels des vecteurs, les fonctions d’onde s’additionnent (vecteurs d’état) donnant alors une autre fonction d’onde (un vecteur d’état). « Ainsi, si une première fonction d’onde “localise” une particule en un point A de l’espace et si une deuxième fonction d’onde “localise” cette même particule en un autre point B de l’espace, la somme des deux fonctions d’onde “localisera” la particule aux deux points A et B. La particule sera donc “localisée” en deux endroits en même temps » . von Neumann explique ensuite, en 1932, qu’un processus de mesure (permettant « d’observer » les résultats de l’expérience quantique, de voir « dans quel état » la particule se trouve alors qu’elle devrait être en état de superposition, à la fois dans les deux endroits au même moment) provoque « l’effondrement » ou la « réduction » de la fonction d’onde. En d’autres termes, il y a réduction de la fonction d’onde en un seul état, celui ainsi mesuré.
D’autres explications arrivent plus tard pour expliquer l’impossibilité « d’observer » dans le monde macroscopique de cette superposition d’états (des particules quantiques). Ainsi, en 1957, Everett, avec sa théorie des « états relatifs » propose que le processus de mesure récolte un seul état parmi les possibles sans qu’il y ait cette réduction de fonction d’onde, c’est-à-dire que la conscience humaine enregistre un seul des vecteurs d’état (celui qui est pour elle la plus classiquement possible) sans empêcher la superposition de continuer d’exister. Puis, en 1970, Zeh (et Zurek en 1981), introduit la notion de « décohérence » qui considère l’interaction entre du système quantique formé par la particule (à mesurer) et les appareils de mesure. Il en résulterait une perte d’information quantique transportée par le système. En tout cas, les explications récentes (y compris celles de Mensky en 2005) convergent vers la reconnaissance que cette superposition d’états existe réellement, quel que soit le rendu du système de mesure utilisé.
Tout cela accorde une importance grandissante à la prise en considération de toutes les composantes d’un phénomène à étudier de manière holistique. En effet, ce qui est seulement observé relève de la conscience qui pourrait ne pas prendre en considération de certains faits qui sont pourtant réels, voire en contradiction avec ce que cette conscience a appréhendé. L’accompagnement (coaching) d’un individu ne pourrait donc pas pleinement réussir (atteindre un certain nombre d’objectifs, par exemple) sans tenir compte de toutes les composantes visibles (ce qui est observé par la conscience de l’observateur et du sujet) ou non (dont les informations inconscientes) comme formant un tout : l’individu et l’environnement dans lequel il vit.
Probabilité quantique
En fait, les fonctions d’onde ne représentent pas des quantités physiques réelles (comme la masse, la température, etc.), mais seulement utilisées pour déterminer les probabilités de détection (d’où, on les appelle aussi « amplitudes de probabilité »). Désormais, la théorie quantique décrit l’aléa comme composante intrinsèque de la nature (et non pas dépendante de l’ignorance ou de la connaissance de l’observateur, selon une conception déterministe de la nature) : « Même si je connais les conditions initiales, je ne peux pas prédire ce qui va arriver avec certitude à un certain électron » . Il faut tout de même préciser que cette caractéristique aléatoire (de la nature) se réfère à des évènements quantiques individuels, tandis que le comportement des ensembles de ces évènements est statistiquement déterminé.
Il faut alors dire que cette probabilité (liée à une amplitude de probabilité) diffère fondamentalement de la « probabilité classique ». En effet, la loi de probabilité totale (dont la limite est manifeste, par exemple dans le cadre de certaines études cognitives et décisionnelles ) ne s’applique plus nécessairement dans le contexte quantique. « Contrairement aux modèles classiques, les modèles quantiques nous permettent de décrire les systèmes cognitifs comme non décomposables, et il se peut que les probabilités par paires ne puissent pas être dérivées d’une distribution de probabilité conjointe commune »
La probabilité quantique est relative à la fonction d’onde qui peut interférer, y compris de manière destructive : c’est l’interférence d’un individu avec les différentes composantes de son environnement qui influence tout son être et les actions qu’il réalise. Toute prédiction des évènements concernant cet individu ne peut plus se baser sur le postulat que les probabilités « élémentaires » associées à ces différentes composantes soient indépendantes (c’est-à-dire qu’elles sont relatives à des évènements incompatibles). Cela veut dire que la réussite d’un individu par rapport à un objectif précis ne dépend plus seulement de cet individu, mais de toutes ces composantes auxquelles il convient de « travailler », d’influencer afin d’obtenir des résultats optimaux.
L’ordre A + B B + A
Comme déjà mentionné plus haut (cf. 2.2.2 La pensée est-elle quantique ?), les effets d’ordre des mesures cognitives est un défi majeur dans le sens où le fait de répondre à une première question influe certainement sur la réponse d’une deuxième question dans la recherche psychologique et d’opinion publique. Cela accroit la place de la probabilité (conception non-déterministe) dans les domaines de la psychologie : il n’est plus possible de définir une probabilité commune à toutes les réponses de l’ensemble des questions d’une enquête (équiprobabilité). Au lieu de cela, il convient plutôt d’attribuer une probabilité à chaque ordre possible des questions. C’est la non-commutativité des mesures dans ce domaine.
Cette non-commutativité découle entre autres du principe d’incertitude d’Heisenberg qui souligne la non-neutralité d’une mesure sur le système sur lequel elle devrait s’appliquer. Une conséquence de cette non-neutralité est l’implication obligatoire de tout observateur dans toute mesure qu’il désire effectuer. Un accompagnant, par exemple, ne peut que s’engager substantiellement dans une relation établie avec l’accompagné : la présence du premier ne peut jamais être stérilisée du point de vue du second. Par ailleurs, le principe de non-commutativité implique aussi qu’une stratégie adoptée dans la relation d’accompagnement pourrait mener vers un résultat essentiellement différent de celui des autres stratégies. En tout cas, rien n’est déterminé à l’avance, tout est question de probabilité, sans pour autant dire que l’on ne peut pas estimer les résultats possibles pour telle ou telle stratégie.
Anagramme (Klein)
En guise de synthèse pour tout ce qui vient d’être évoqué, un exemple pouvant être qualifié de métaphorique (bien que l’on se demande si le hasard y dispose véritablement une place) est celui de « l’anagramme ». En fait, parmi d’autres, le physicien Etienne Klein et le pianiste et auteur Jacques Perry-Salkow, dans leur ouvrage intitulé Anagrammes renversantes ou Le sens caché du monde, semblent attirer l’attention sur une sorte de coïncidence difficile à assumer en être une. En effet, ces auteurs citent de très nombreux expressions et phrases qui ont des anagrammes dont le sens et le contexte de chaque pair sont remarquablement convergent, voire les mêmes.
Certes, il faut admettre que les combinaisons possibles des lettres formant un mot, une expression ou une phrase n’ont pas toutes un sens, du moins, celui compréhensible par ceux qui jouent avec ces mots et/ou ceux qui en apprécient les résultats. Cependant, comme le montre les différents auteurs ayant travaillé dans ce domaine (à citer aussi, par exemple, Raphaël Enthoven et Jacques Perry-Salkow dans leur ouvrage Anagrammes pour lire dans les pensées), à force de longuement réfléchir et de persévérer dans la recherche, il est possible de trouver au moins une anagramme dont le sens et le contexte rime parfaitement avec le mot, l’expression ou la phrase original. Bien qu’il est parfois difficile de trouver une anagramme pour les mots courts, il est possible d’étendre la possibilité (la probabilité) en assemblant ces mots élémentaires.
La vie d’une personne avec l’environnement qui l’entoure peut ressembler à une phrase formée de très nombreux mots dont seul leur assemblage cohérent peut donner du sens. Il faut reconnaitre qu’il est difficile de trouver une reformulation cohérente (ayant le sens commun recherché) de cette vie (de cet individu). Mais, l’important c’est de trouver la meilleure composition, et dans le « bon ordre », de ces différentes composantes élémentaires qui forme sa vie, puisque c’est l’atteinte des objectifs fixés qui importe ; c’est la finalité qui permet de juger de l’efficacité et l’efficience d’une stratégie par rapport à une autre. En tout cas, il ne faut pas oublier que les composantes évoquées ici concernent non pas seulement les éléments observables (par des moyens et des mesures classiques, c’est-à-dire de manière consciente) par le sujet et/ou par d’autres observateurs. Il faut y inclure aussi tout ce qui existe dans l’environnement, même si certaines réalités sont parfois difficiles à concevoir, voire impossible à imaginer avec une « pensée classique ». Tout acteur de l’accompagnement (coach) doit prendre en considération cette réalité.
Conclusion
Cette étude se permet d’emprunter les outils de la Physique Quantique pour parler d’optimisation dans le contexte d’accompagnement ou coaching. Il faut dire que c’est un exercice assez difficile dans le sens où la théorie quantique introduit plusieurs concepts et points de vue très en contraste avec les conceptions du monde « traditionnelles » ou « classiques ». Les premiers intérêts de procéder ainsi résident essentiellement dans une certaine incapacité des théories de la Physique Classique à expliquer plusieurs phénomènes pourtant réels. En fait, il est démontré que la théorie quantique régit bien le fonctionnement du monde, allant de l’infiniment petit à l’infiniment grand, en passant par les réalités macroscopiques à l’échelle humaine.
Il apparait aussi que l’émergence de la Physique Quantique a permis un certain rapprochement des Sciences Naturelles (dont la Physique) avec les autres disciplines scientifiques, dont les Sciences Humaines. En effet, si la Physique Classique est traditionnellement considérée dans sa suprématie au niveau de ses contenus (en tant que science exacte, objective, expliquant tout phénomène existant, etc.) vis-à-vis de ces autres disciplines scientifiques, la théorie classique a mis en lumière que la Physique partage notamment avec les Sciences Humaines des méthodes similaires. De plus, les deux disciplines sont, toutes deux, soumises à des mêmes contraintes majeures, dont l’implication de toute observation (et ainsi de l’observateur) dans les expériences effectuées, ainsi que l’indéterminisme dans la description des éléments du domaine qu’elles étudient.
L’étude du « dedans », c’est-à-dire de l’homme de manière intrinsèque, révèle que ce dernier est composé d’un corps physique et d’un corps dit « quantique », qui est l’esprit, la conscience ou la pensée de l’individu. Il est montré que ces deux composantes sont en étroite interaction. De plus, l’implication de la théorie quantique dans ces deux composantes est aussi une réalité d’expérience scientifique, ce qui implique, dans une première conclusion que cette théorie devrait être à mesure d’apporter quelque chose de substantiel et de positif dans les conditions de vie d’un humain. Par exemple, des expériences montrent que des comportements suivant des modèles quantiques sont relativement plus efficients et bénéfiques pour certains vivants par rapport à d’autres comportements qualifiés de « classique ». De même, il est admis dans les recherches en psychologie que la théorie quantique résout de nombreux paradoxes et défis sur le plan de la modélisation des phénomènes cognitives.
Pour sa part, l’étude du « dehors », c’est-à-dire ce qui est extrinsèque à l’individu, son environnement, révèle l’existence des champs quantiques. Désormais, quelques théories (théorie quantique des champs, théorie de l’actualité et théorie de dédoublement) s’accordent à dire que tout individu dispose son propre champ dans le sens où il influence de manière substantielle son environnement, qu’il en soit conscient ou non. En retour, cet individu n’est pas à l’abri des influences de cet environnement sur sa personne, même dans son être intérieur (son « dedans »). De même, plusieurs expériences démontrent l’existence d’une certaine synchronicité entre deux ou plusieurs éléments (non nécessairement en communication préalable), entre deux ou plusieurs humains. La théorie de la résonnance morphique de Rupert Sheldrake montre, par exemple, que les humains (entre autres) « héritent » les compétences des autres hommes, bien qu’il n’existe de relation entre eux que d’être de la même espèce vivante. Le concept d’archétype de Carl Jung présente aussi l’existence d’une synchronicité similaire.
Enfin, quelques propriétés et principes de la théorie quantique s’accordent à dire que, pour l’optimisation de l’étude et de l’accompagnement d’une personne, il faut le faire de manière holistique. En effet, il ne suffit pas de tenir compte de l’individu pris isolément, bien que cela en constitue une démarche nécessaire, mais il faut aussi l’appréhender dans son environnement qui interagit fortement avec lui. Egalement, dans cette perspective, tout programme d’accompagnement doit tenir compte, non seulement des éléments observables car le fait de ne pas observer certains phénomènes (pourtant réels et prouvés par l’expérimentation) ne signifie pas que ces derniers n’existent pas. L’expérience de la fente d’Young et le principe de la superposition quantique renforce cette idée. Le concept d’amplitude de probabilité, de probabilité quantique, souligne aussi l’importance de considérer toutes les composantes de l’environnement de l’individu conditionnant sa réussite dans l’atteinte des objectifs qu’il s’est fixé. Enfin, le principe de la non-commutativité dans la théorie quantique et l’exemple métaphorique de l’anagramme (de Klein et Perry-Salkow) insistent sur la cohérence des actions dans l’optimisation du processus d’accompagnement.
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