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La Dynamique de la violence du régime de Sékou Touré envers l’ethnie Peulh

La Dynamique de la violence du régime de Sékou Touré envers l’ethnie Peulh

Sommaire
I. Introduction 3
Partie I : Cadrage théorique de la politique en Guinée 4
A. Sociologie et historique politique de la Guinée 4
1. Première république : Sékou Touré (1958-1980) 4
2. Deuxième et troisième république : Lansana Conté (1984-2008) 5
3. Quatrième république : Conseil National pour la Démocratie et le Développement (CNDD) – Moussa Dadis Camara : Le « Dadis Show » 7
4. Cinquième république : Alpha Condé 9
B. Ahmed Sékou Touré: mythes et réalité 10
1. Sékou Touré : le règne de la terreur 10
C. Violence politique en Guinée sous Sékou Touré 12
1. Violence de l’Etat 12
Partie II : Discussion sur la violence du régime de Sékou Touré envers l’ethnie Peulh 13
A. Situation politique de la Guinée : 13
1. Analyse géopolitique de la Guinée 13
2. Guinée : une nation plurielle, problème de l’Identité ethnique 16
B. Les Peulhs 20
1. Un peuple sans frontières 20
2. Un peuple marginal 21
C. Sékou Touré face aux Peulhs 24
1. Le complot Diallo Ibrahima 24
2. Le complot Peuhl : assassinat de Diallo Telli 25
3. Le complot des enseignants 26
4. Discours de la haine de Sékou Touré 27
II. Conclusion 34
III. Bibliographie 35
IV. Annexes 36

 

I. Introduction
Le recours à la violence est devenu caractéristique en Guinée, sa voie vers la démocratie étant marquée par l’utilisation de la violence comme outil politique contrairement au fait de favoriser un dialogue calme et serein.
Les différents régimes qui se sont succédé ont opté pour la répression par l’intimidation et par une violence cruelle de façon officielle.
L’historique politique de la Guinée est alors empli de violence choisie publiquement par le pouvoir contre les réels ou prétendus opposants et même une ou des populations pour des raisons exclusivement politiques.
Pendant 26 ans, Sékou Touré a mené un régime totalitaire, en soumettant le peuple à son pouvoir et son idéologie issue d’un parti unique le PDG, qui s’est traduit par l’usage systémique d’élimination physique, notamment envers l’ethnie Peulh.
De 1959 à 1984, pourquoi et surtout comment peut s’expliquer la politique sanglante de la Guinée qui a été à l’origine de la mort par tortures : pendaison, exécution, diète … de milliers de personnes ? Plusieurs hypothèses qui seront développés tout au long du travail peuvent être avancées.
De prime abord, il est essentiel de comprendre et de pouvoir expliquer pourquoi Sékou Touré se sentait menacé par les Peulhs. Ensuite, il est intéressant de se pencher sur le contexte international de la Guinée à l’époque, notamment sa position géopolitique. Enfin, subséquemment aux deux premières hypothèses sera dégagé les facteurs principaux de la dynamique de la violence du régime de Sékou Touré envers l’ethnie Peulh, à savoir : la perception de Sékou Touré des Peulhs, que sont-ils ? Pourquoi sont-ils perçus comme une menace ? Quelles sont les principales actions démontrant cette violence de Sékou Touré envers eux ?

 

Partie I : Cadrage théorique de la politique en Guinée
A. Sociologie et historique politique de la Guinée
1. Première république : Sékou Touré (1958-1980)
Jeune leader syndicaliste dès 1945, c’est ainsi que Sékou Touré a débuté sa carrière politique et préparer son élection via l’action syndicale qui a été utilisée comme pilier au Parti Démocratique de Guinée (PDG) qu’il dirigera en 1953.
Il est à rappeler que la République de Guinée, premier pays de l’ex-Afrique occidentale française a obtenu son indépendance internationale grâce au Référendum du 28 septembre 1958 et particulièrement à Sékou Touré.
Son élection en 1958 selon la loi-cadre de 1956 fait suite à son opposition à la colonisation en appelant à voter non au référendum, autrement dit à rejeter la proposition d’adhérer à la Communauté française, qui l’emportera massivement. La Guinée accède alors à l’indépendance le 02 octobre 1958 de manière pacifique : sans violence ni effusions de sang, Sékou Touré est alors considéré comme un héros en Afrique aux dépens de Kwame Nkrumah.
Dés lors, Sékou Touré dirigea la Guinée avec une main de fer, une dictature à parti unique en s’accaparant tous les facteurs économique et politique de la Guinée : le règne de la terreur commence en ayant pour objectif l’élimination de tout réel ou prétendu opposant politique.
En effet, afin de consolider son pouvoir, Sékou Touré a fait appel à des agents de la police secrète, des informateurs spéciaux, des membres des milices du PDG (Parti démocratique de Guinée) et même des militaires de l’armée … pour pouvoir arrêtés, torturés et exécutés les réels ou présumés opposants de son gouvernement.
Sékou Touré a ainsi appliqué un régime autoritaire sur une période de 26 ans durant laquelle il y régnait en maître absolu, faisant fi des principes tant de la démocratie que du droit.
En frustrant les citoyens de leurs libertés via sa violente répression et en traquant sans répit les opposants qui ont préféré s’exiler en France ou Sénégal, Sékou Touré s’est attaqué principalement aux Peuls qui auraient bénéficié surtout de la politique colonial, en matière d’éducation.
Le dictateur Sékou Touré a constitué une alliance avec les Malinkés, lui-même étant un Malinké, et les Soussous. Ces deux ethnies étant par ailleurs les principaux membres qui occupaient les postes du pouvoir de l’Etat ou celui de l’armée.
La justice qui était entre les mains du pouvoir n’était pas alors indépendante. Cette situation regrettable encouragera la continuité des sévices, des outrances sur les citoyens pendant le régime suivant et le gouvernement de transition.
Le Camp Boiro surnommé le « Goulag » était la célèbre prison où un grand nombre de personnes aurait été exécuté. D’ailleurs, bon nombre d’intellectuels Peuls ont péri dans le Camp Boiro (Barry1, Barry 2, Barry Diawandou) ou ont été simplement assassinés comme Diallo Telli, l’ancien Secrétaire Général de l’OUA.
La terreur de l’oppression fut telle qu’à l’époque, beaucoup de Guinéens ont fui leur pays.

2. Deuxième et troisième république : Lansana Conté (1984-2008)
Suite au décès de Sekou Touré qui meurt subitement d’un problème cardiaque en mars 1984, le Colonel Lansana Conté s’approprie le pouvoir et le succède alors le mois suivant suite à un coup d’état.
Le règne de Lansana Conté, durant lequel la Guinée s’enracinera dans la violence d’état, le fondement d’un Etat criminel et la persistance de l’impunité durera alors près de 25 ans.
Le président Lansana Conté ne changera pas d’un iota le régime de son prédécesseur. Incontestablement, il continuera les répressions et les diverses injustices malgré les promesses d’un meilleur respect des droits humains.
Abus de la force contre des manifestants sans défense, torture des présumés criminels, prolongation des périodes de détention provisoire, arrestations des dirigeants et partisans de la partie de l’opposition, harcèlement et arrestations des journalistes, tout cela caractérisent son règne de 1984 à 2008.
Toutefois, la construction de parties politiques via l’institution d’une démocratie multipartite a pu être effectuée bien que les scrutins présidentiels de 1993, 1998, 2003, ne fussent pas aussi transparents qu’ils le paraissaient. D’ailleurs, ils étaient entachés de fraudes afin de permettre à Conté de rester au pouvoir et continuer son monopole.
La corruption et la pauvreté croissante et les abus du gouvernement ont alors fait réagir les citoyens.
Les associations professionnelles et la société civile organisent alors des manifestations dans tout le pays, seulement, les forces de sécurité de Conté ont à chaque fois réprimées par la violence.
De ce fait :
A Conakry, 13 rebelles ont été abattus en Juin 2006.
La garde présidentielle a même tiré à bout portant sur les manifestants non armés qui protestaient contre la dégradation de l’économie et la mauvaise gouvernance, la fusillade a alors causé la mort de 137 manifestants et plus de 1 700 blessés.
Du vol au trafic de drogue en passant par le détournement de fonds, Lansana Conté a perpétré de nombreux crimes de même que les membres du parti au pouvoir, les familles et les forces de sécurité.
Le trafic de stupéfiants entre l’Amérique du sud et de l’Europe s’opérait d’ailleurs en Guinée.
La consolidation d’un Etat criminel qui a déjà commencé lors de la première République avec Sékou Touré s’effectue ainsi lors du régime de Lansana Conté.
Effectivement, les ressources qui devraient être attribuées aux soins de santé élémentaires et à l’éducation fondamentale ont été dilapidées sans honte ni vergogne.

Les échelons supérieurs militaires recevant d’avantages illicites versaient des pots de vin aux officiers non seulement pour les calmer mais aussi dans le but de maintenir la stabilité de leur position.
De plus, Lansana Conté n’a pas bougé d’un doigt afin de stopper les abus des responsables politiques en se gardant de les poursuivre en justice.
Ainsi, comme du temps de Sékou Touré, les crimes et les exactions sont restés impunis.
D’ailleurs, selon Kpana Emmanuel Bamba, président d’ASF (Avocats Sans Frontières) Guinée : « Tout au long de l’histoire récente de la Guinée, les services de sécurité ont semblé jouir d’une protection totale. Ceux qui ont commis des abus n’ont pas été sanctionnés ni jugés conformément à la loi. Il y a eu une impunité totale pour les délits commis sous le régime Conté ».
Recevant une somme conséquente comme salaire, l’armée offrait une excellente protection à l’Etat qui ne s’inquiétait donc pas d’éventuelles poursuites dans l’avenir qui l’obligerait à assumer les conséquences de ces actes, ce qui s’est passée en définitive.

3. Quatrième république :
Conseil National pour la Démocratie et le Développement (CNDD) –
Moussa Dadis Camara : Le « Dadis Show »
Après la mort de Lansana Conté le 22 décembre 2008, un groupe d’officiers de l’armée avec à leur tête le capitaine Moussa Dadis Camara, baptisé Conseil National pour la démocratie et le développement (CNDD) s’empare du pouvoir par un coup d’état.
Une lueur d’espoir pour la Guinée quant au problème des droits humains se laisse ainsi entrevoir.
Le capitaine Dadis promet alors des élections en 2009 et s’engage à lutter contre la corruption. Hélas, le gouvernement militaire de Moussa n’a fait que renforcer le contrôle sur les affaires politiques et n’a cessé de réprimer dans la violence l’opposition.
En septembre 2009, 150 personnes ont été massacrées et plus d’une centaine de femmes ont été violées pour avoir manifesté en faveur de la démocratie.
Vols, extorsions, violence, attaques et braquages de magasins, d’entrepôts, de centres médicaux et d’habitation de jour comme de nuit caractérisent ainsi les actes perpétrés par des groupes de soldas armés.
Au cours des émissions dénommées « Dadis Show » qui étaient organisées dans le but de permettre au président de faire des apparitions, Moussa Dadis Camara proclamait lui-même des décrets tout en faisant fi du système judiciaire.
D’anciens ministres du gouvernement ont même avoué, sous la contrainte, avoir détourné des fonds publics ou avoir trempé dans le trafic des stupéfiants lors de ces « Dadis Show ».
A l’instar du Camp Alpha Yaya Diallo, un système judicaire est alors mis en place en invitant à comparaître devant un jury constitué d’officiers de l’armée les accusés et les témoins.
Bien que les amendes et des peines fussent infligées par l’armée, les soldats ayant auparavant commis des actes répréhensibles n’étaient pas mis en cause.
Pour freiner les actions des partis de l’opposition, le CNDD a alors instauré une sorte de système de censure à travers le contrôle de la liberté de réunion et d’expression. Pour se faire, les débats politiques organisés avec appels des auditeurs ou d’envoi de SMS ont été interdits à la radio.
En outre, le 28 septembre 2009, Dadis Camara a violemment réagi contre des dizaines de milliers de manifestants qui se sont rassemblés dans le stade municipal de la capitale pour contester le régime militaire au pouvoir de même que sa candidature aux élections présidentielles.
En conséquence, la garde présidentielle et des unités de sécurité ont tiré sur la foule, faisant au moins 150 morts.

De surcroît, une centaine de femmes ont subi des viols individuels et collectifs conjointement à des agressions sexuelles avec des bâtons, des matraques, des baïonnettes, des crosses de fusil.
Par ailleurs, pour dissimuler les preuves de leurs crimes, les forces armées ont enlevé les cadavres hors du stade et des morgues des hôpitaux.
Les violences du septembre 2009 ont finalement décidé les partenaires internationaux à réagir contre le régime Dadis.
Ainsi :
 Des embargos sur les armes furent alors imposés par le CEDEAO et l’Union Européenne (UE)
 Le gel des avoirs et l’interdiction de voyager à l’encontre des membres du CNDD furent institués par les Etats-Unis et l’Union Africaine (UA).
Compte tenu de ces condamnations internationales, Dadis Camara a abandonné son pouvoir.
Cependant, le 3 septembre 2009, il a été gravement atteint par la tentative d’assassinat perpétré par un officier de l’armée.
L’évacuation sanitaire de Dadis Camara hors de Guinée a ainsi permis au Général Sékouba Konaté, vice-président et ministre de la défense, de prendre le pouvoir.
Plus modéré, il s’est d’abord occupé des divisions dues à l’ethnie, aux générations et à la politique au sein de l’armée.
Avec le soutien de la communauté internationale, le général Konaté organise alors le scrutin présidentiel de novembre 2010.

4. Cinquième république : Alpha Condé
Elu président de la République de Guinée lors des élections du 7 novembre 2010, il est au pouvoir le 21 décembre 2010, le président Alpha Condé, doit prendre des mesures sévères pour résoudre les problèmes de droits humains et de gouvernance de la Guinée.
Il devra entre autres, s’engager à la réparation des victimes des exactions de l’Etat et assurer que les responsables desdites exactions ne restent pas impunis.
Né le 4 mars 1938 à Boké en Basse-Guinée, Alpha Condé a connu les sévices du régime Touré.
Il a par ailleurs déjà été emprisonné par Lansana Conté.
Condamné à mort par contumace, il s’exile et revient à Conakry le 17 mai 1991 pour être chef du rassemblement du peuple de Guinée (RPG).
« L’affaire Alpha Condé » a été célèbre. En effet, le président Alpha Condé a connu le procès que la « Cour de sûreté de l’Etat guinéen » a entamé contre lui et à la suite duquel il a été condamné à 5 ans de réclusion criminelle pour « atteinte à la sûreté de l’Etat guinéen » et « emploi illégal de la force armée ».
Le procès ayant duré 5 mois, du 12 avril 2000 au lundi 11 septembre 2000, il a été libéré le 18 mai 2001 par suite d’une grâce présidentielle.
a) Cas du Junte militaire et de l’élection présidentielle de 2010
Alpha Condé s’étant surtout préoccupé de donner le pouvoir aux civils et de procéder à des élections justes et transparentes, il s’est fait aider par les Forces Vives qui se composent de l’opposition, des syndicats et des acteurs de la société civile.
Lors des élections présidentielles organisées par la commission électorale nationale indépendante (Ceni), il remporte alors la victoire avec 52,52% de voix contre Cellou Dalein Diallo au second tour, le 7 novembre.
En présence de 13 chefs d’Etat africains et de délégations gouvernementales d’autres continents, Alpha Conté est investi président de la République de Guinée le 21 décembre 2010 à Conakry.
Promettant une « ère nouvelle » pour les guinéens, il déclare être le « Mandela de la Guinée ». D’ailleurs, le président déclare tourner le dos définitivement au passé douloureux des guinéens.
Après l’attaque des militaires de sa résidence privée de Conakry le 19 juillet 2011, Alpha Condé a été sollicité par l’ONG Reporters sans frontières afin « d’affirmer publiquement son attachement à la liberté de la presse et au respect du pluralisme des médias ».
La France lui recommandant par ailleurs de préserver la liberté de presse et d’organiser des élections législatives.

B. Ahmed Sékou Touré: mythes et réalité
1. Sékou Touré : le règne de la terreur
a) La mort de la mère de Sékou Touré
Morte lors de l’accouchement de Sékou Touré, sa mère était sous la responsabilité du Docteur Kantana.
Ce qui fut l’élément déclencheur à l’origine des arrestations de la famille Kantara, à savoir :
– Le fils du docteur Kantara, Emile Kantara a été arrêté en 1971 et placé au sein du service de la société minière Fria.
Il ne fut libéré que 7ans après, en 1978.
– Le frère cadet d’Emile Kantara, Alain Kantara a également été arrêté en 1972 pour être libéré en 1978.
– La sœur d’Emile Kantara, Maria Kantara qui a aussi été arrêté en 1971 et libérée en 1978.
b) Exécution des opposants : cas de la remise en cause du cumul des postes
Le cumul des postes a été remis en cause par Bangaly Camara, Tounkara Jean Faragué et Ca-mara Loffo.
Lors du séminaire préparatoire du 6ème Congrès du PDG à Foulayah (Kindia), le respect des règles du parti est quémander par trois (03) hauts dignitaires, à savoir : que le choix des membres soit effectué parmi les militants et que ces derniers soient élis par tous les membres du parti. Sékou Touré prévoyait pourtant de nommer Toumany Sangaré et Keita Fodéba. Il est à noter qu’auparavant, ces derniers n’avaient en aucun cas occupé de poste de responsabilité au sein du Parti.
Le cumul de poste s’avère ainsi interdit, particulièrement en ce qui concerne le poste de Président de la République et de Secrétaire Général.
De ce fait, le Conseil National de la Révolution (CNR)qui a eu lieu à Kankan en août 1963 a été converti en 7ème Congrès extraordinaire au cours duque :
– Les membres du Bureau Politique (BPN) ont été réduits de 17 à 15 avec l’exclusion de Bangaly Camara et Tounkara Jean Faragué.
– Le 08 Novembre 1964 a vu la destitution des postes de ministres de Bangaly Camara et de Tounkara Jean Faragué
– En 1965, Camara Bangaly et Tounkara Jean Faragué seront arrêtés.
Tounkara Jean Faragué sera libéré quelques années plus tard alors que Camara Bangaly n’y survivra pas.
Toutefois, Tounkara Jean Faragué sera de nouveau arrêté en 1969 avant d’être libéré.
Avec son épouse et sa fille Yolande, il sera pour une troisième fois arrêté. Leur libération n’aura lieu que trois (03) années plus tard.
– L’ancien ministre Camara Loffo fut arrêtée en décembre 1970 et fusillée le 25 janvier 1971.

En outre, un nombre important de ministres ont été tués entre 1958 à 1977, cela sans que les familles respectives puissent offrir à leur être cher de dignes funérailles, les corps des victimes ne leur ayant pas été rendus.
Parmi ces victimes ministérielles figurent :
 Barry Diawadou
 Barry Alpha Oumar
 Barry Ibrahima dit Barry III
 Bama Marcel Mato
 Bangoura Karim
 Bangoura Kassory
 Bah Mamadou Bano
 Baldet Ousmane
 Camara Bangaly
 Camara Loffo
 Camara Sékou
 Cissé Fodé
 Condé Emile
 Docteur Diallo Alfa Taran
 Docteur Diallo Alfa Amadou
 Diallo Alfa Abdoulaye Portos
 Diallo Telly
 Diop Alassane
 Dramé Alioune
 El hadj Fofana Mamadou
 Fofana Karim
 Keita Fodéba
 Kourouma Baba
 Tounkara Jean Faragué
 Savané Moricandian
 Sagno Mamady
C. Violence politique en Guinée sous Sékou Touré
1. Violence de l’Etat
La violence politique, particulièrement dans l’état africain après la colonisation est intimement liée au régime politique en place . Elle se manifeste généralement lors de dictature et/ou de régime autoritaire, notamment en cas de dictatures civiles et militaires.
D’après Guy Hermet, un régime autoritaire correspond à un « régime politique caractérisé par le refus de tolérer l’expression publique de désaccords politiques importants » .
Sékou Touré, lors de la Première République en 1958 a instauré dès sa prise de pouvoir une dictature civile de presque 26 ans. Effectivement, le président a mis en place un régime politique sans partage et policier avec une violente répression. Il tire son soutien du Parti Démocratique de Guinée (PDG), qui est un parti unique, et sur l’appuie de la Milice  en semant la terreur et la tyrannie afin de dissuader toute opposition. D’où la qualification de parti-Etat du Parti Démocratique de Guinée (PDG) de par sa politique totalitaire et de sa présence.
L’armée est ainsi devenue un outil politique soumis au parti PDG entraînant le non respect et l’indiscipline au niveau des forces armées.
La violence d’Etat de Sékou Touré a causée des arrestations arbitraires, des disparitions, des exécutions et même des assassinats politiques et de la torture, particulièrement dans le camp Boiro.

Partie II : Discussion sur la violence du régime de Sékou Touré envers l’ethnie Peulh
A. Situation politique de la Guinée :
1. Analyse géopolitique de la Guinée
Trois (03) Guinées composent l’Afrique et se différencient par la langue officielle parlée.
 La Guinée encore appelée Guinée-Conakry (245857 km²) qui résulte de la colonisation occidentale française (francophone)
 La Guinée-Bissau ((36125 km²) qui est aussi connue comme étant la « Guinée portu-gaise » (lusophone)
 La Guinée équatoriale (28051 km²) encore connue comme la « Guinée espagnole » (hispanophone)

Figure 01 : Les 03 Guinées de l’Afrique

Ancienne colonie d’Afrique-Occidentale française (AOF), la République de Guinée encore connue sous le nom de Guinée-Conakry s’étend sur une superficie de 245 857 km² et se limite au Nord-Ouest par la Guinée-Bissau, au Nord par le Sénégal, au Nord-Est par le Mali au Sud -Ouest, par la Sierra-Leone, au Sud par le Liberia et au Sud-Est par la Côte- d’Ivoire.
Etant donné sa façade maritime, le partage frontalier de la Guinée représente une source de conflits géopolitiques.

La colonisation a d’ailleurs rassemblée dans le même territoire quatre (04) ensembles à la fois régionaux et ethniques qui se répartissent comme suit :
a) Guinée maritime ou domaine des Soussou
Habitée principalement par les Soussou, la Guinée maritime dont la capitale est Conakry représente une grande agglomération portuaire qui regroupe environ un million d’habitants.
b) Moyenne Guinée du Fouta Djalon
Principalement formée par les plateaux à étages du Fouta Djalon (500 à 1500m) qui constitue le fort des Peuls, notamment des chefs Peuls, qui représentent environ 30% de la population.
c) Haute Guinée ou le pays des Malinkés
Aussi nombreux que les Peuls, les Malinkés qui occupent majoritairement la Haute Guinée se sont accaparés le pouvoir avec Sékou Touré.
La Haute Guinée équivaut à la partie méridionale des plateaux mandingues.
d) Guinée forestière
Regroupant divers groupes ethniques qui ne se limitent pas aux frontières, la Guinée forestière s’apparente à la dorsale guinéenne qui constitue une frontière naturelle via le massif montagneux entre Liberia et la Sierra Leone.

Figure 02 : Répartition frontalière, éthique en Guinée
La Guinée est un pays riche en réserves naturelles et possède d’importantes ressources tant minérales qu’hydrauliques ou encore d’hydrocarbures. Elle représente donc un réel potentiel à exploiter. De plus, elle est principalement riche en bauxite, diamant, or, fer, cobalt, clinker, ardoise et uranium …
De plus, la Guinée est classée par la Banque Mondiale comme étant le deuxième producteur mondial de bauxite après l’Australie avec 40% des réserves mondiales .
La principale ressource halieutique repose sur la pêche. En effet, de la position de la Guinée émigre la source des principaux fleuves d’Afrique de l’Ouest dont : les fleuves Niger, Sénégal et Gambie. D’ailleurs, c’est de sa position géographique que la Guinée a reçu le titre de «Château d’eau de l’Afrique occidentale ».
En outre, la Guinée possède une importante ressource hydro-énergétique dans la sous-région ouest africaine. Elle dispose également de grandes étendues de terre à cultiver qui s’étend sur une superficie de près de 975.000 hectares, autrement dit 4,7% de la totalité du territoire .

2. Guinée : une nation plurielle, problème de l’Identité ethnique
La population de la Guinée, à l’instar des autres pays africains, se caractérise par une grande diversité ethnique mais aussi une jeunesse très marquée et une prédominance du sexe féminin.
Tableau 01 : Structure des âges de la population Guinéenne
0 – 14 ans 42%
(hommes 2 437 142/femmes 2 387 105)
15 – 24 ans 19,5%
(hommes 1 130 432/femmes 1 108 834)
25 – 54 ans 30,4%
(hommes 1 748 867/femmes 1 739 881)
55 – 64 ans 3,6%
(hommes 243 032/femmes 266 578)
65 ans et plus 3,6%
(hommes 182 084/femmes 230 428)

De plus, une estimation démographique réalisée en Juillet 2014 dénombre 11 474 383 guinéens avec un Indice de développement humain (IDH 2011): 0,344 (178°) .

Figure 03 : Population en Guinée

Dans les villes principales (2012)  :
Tableau 02 : Répartition des habitants par villes (villes principales
Conakry 2 164 282 habitants
Guékédou 346 908 habitants
Nzérékoré 280 256 habitants
Kankan 240 635 habitants
Kindia 218 160 habitants
Boké 159 152 habitants
Fria 148 557 habitants
Kissidougou 142 536 habitants
Coyah 117 329 habitants
Faranah 112 923 habitants

Les différentes migrations successives suites aux bouleversements des empires du Soudan, à savoir principalement Malinké, Soussous et Peulhs sont à l’origine de la diversité ethnique de la population guinéenne tant au niveau de l’ethnie que de la religion.
D’ailleurs, environ 80% de la population est musulmane, 3 à 5% chrétienne, le reste est ani-miste.
Il est à noter que le christianisme atteint 25% en Guinée Forestière.
D’où la répartition ethnique de la Guinée, selon l’origine ethnique et la culture  :
• Agriculteurs et pêcheurs, les Soussous qui se localisent principalement au niveau de la frange côtière en Basse Guinée avec les Bagas et les Landoumas.
• Eleveurs, les Peulhs qui occupent la Moyenne Guinée ont monopolisés la Fouta Djal-lon.
La Fouta est en effet une région idéalement propice et favorable à l’élevage.
La Moyenne Guinée est aussi habitée par les Djalonkés, Coniaguis, Bassaris, Djakan-kés.…
• Agriculteurs et commerçants, les Malinkés habitent la Haute Guinée.
Les Kourankos, les Koniankés, les Sankarankas, les Peuls du Wassoulou et les Lélés y cohabitent également avec eux.
• L’agriculture est surtout pratiquée en Guinée Forestière par les Guerzés, les Tomas et les Kissis.
Tableau 03 : Répartition ethnique et géographique en Guinée
Basse Guinée Moyenne Guinée Haute Guinée Guinée Forestière
Soussou 75 % – – –
Peul – 80 % – –
Malinké – 14 % 45 % 35 %
Forestiers – – – 80 %

 

B. Les Peulhs
1. Un peuple sans frontières
Les Peuhls, en occupant les régions de l’Est de la Guinée Béssau, bien que connus sont et forment un peuple fort de 20 millions d’individus.
Converti à l’Islam, ils partagent la même langue, une culture commune avec certaines varia-tions en fonction des régions.
D’après le scientifique sénégalais Cheich Anta Diop, la vallée du Nil eb Egypte serait le lieu d’origine de cette ethnie.
D’ailleurs, l’écrivain guinéen Tierno Monénembo (Diallo) précise que les Peuhls sont du Sinaï, dans son roman « Peuls » .
Les Peuls se targuent d’ailleurs d’être les descendants de « l’homme de Thor » qui sont partis d’une ville de Sinaï vers l’Egypte.
Ils sont initialement formés de deux clans, à savoir les Ba et les Ka.
– Les Ka ont généré les kanes tandis que les Diallo issus des Dia doivent hériter de ce surnom de guerre qui signifie « le résistant indomptable ».
En fait, comme chez les Malinkés « keita », pour souligner que « c’est un homme » est un surnom de guerre.
La présidente du Conseil National de Transition (CNT) Tabiatou Diallo, ex-militaire syndicale en a d’ailleurs fait une certitude.

– Nafissation Diallo issu de Labé, n’est pas à confondre avec Cellou Dalein Diallo mal-gré l’homonyme, ils ne sont pas de la même famille, ce qui contredit les rumeurs qui sont propagés dans Conakry.

– Les Diallo sont de Labé, de la région la plus islamisée d’Afrique de l’ouest ayant comme capitale Fouta Djallon, selon l’explication d’Alpha Mohamed Lope Sow, pro-fesseur d’histoire à Paris, dans son livre « Ethnies et société islamique en Afriquen un paradoxe ? » Le cas du Fanta Dyallo guinéen du  XVIème ay XXème siècles, l’Harmattan 2007 »

– Jouant un rôle prépondérant dans l’islamisation, les Diallo ont vu leur nom propulsé au rang de la noblesse.
D’où l’engouement des gens pour arborer ce patronyme.
Ce qui fait que tous les Diallo ne sont pas forcément issu d’une même famille.
Toutefois, comme Diallo est comme un titre de noblesse, les descendants des princes des za-niyas (écoles religieuses et monastères) de Mamon ou de Medina Gonase adoptent le nom pour se moquer de « leurs esclaves », les Ba.
C’est alors devenu un jeu entre les différents patronymes Peuhls et même au-delà comme chez les Serréres, une ethnie du Sénégal d’où est issu Léopold Sédar Senghor, le poète Président.
2. Un peuple marginal
La brève colonisation s’échelonnant sur 100 ans, la Guinée française était sous le gouvernement de Faidherbe.
Les européens prennent alors les Peuls comme des mahométans, à l’instar de leurs raisons maures et touaregs.
La hiérarchisation accentuée dans la société Peuls est un handicap pour les européens dans leur compréhension de ce peuple hormis le problème de langue.
De ce fait :
– La France opta pour une politique « diplomatique » et commerciale dans sa relation avec les états Peuls indépendants.
Pour harmoniser sa politique, la France créa alors un gouvernement général de l’Afrique occidentale française pour gérer les trois colonies : le Sénégal, le Soudan et la Guinée, toutes concernées par le Futa Djaloo.
D’où l’émergence d’une résistance diplomatique matérialisée par plusieurs signatures de traités comme celui du « Commerce et D’amitié » de 1881 conclu entre les Almami et Bayre et imprégné de l’impérialisme français à l’égard du Fuuta Djaloo.

– Afin de faire face aux deux puissances impérialistes que sont la France et l’Angleterre, les Almami ont eu l’intelligence de signer avec eux à la fois des traités empêchant l’une et l’autre d’avoir l’exclusivité du commerce, affichant ainsi une certaine indépendance tout en marquant leur souveraineté.

– Les dirigeants du pays rejettent la version française du traité du 1881 et se montrent allergiques à toute notion de contrôle et d’ingérence d’une puissance étrangère.

– De même les visées expansionnistes ultérieures (Colonne Plate 187-1888, Colonne Levasseur 1888, Colonne Audéoud 1988), la mission Briquelot (1888-1889) d’Archinard échouèrent devant les incrédulités des Almami sur les intentions pacifiques de la France.

Le mot d’ordre étant « la France aux français et le Fuuta Djaloo au Peuls ». La France se trouve ainsi priver de toute base légale d’intervention face à cette fronde nationaliste.
D’ailleurs, les Almami ont érigé une résistance militaire pour contrer la France dans son désir d’expansion au Soudant en s’alliant à Samori, adversaire de cette dernière.  La France s’est alors résignée à remettre à plus tard l’éventualité d’une occupation militaire en menant une politique d’expansion pacifique à travers les lettres d’apaisement qu’Archinard adressait aux Almami.
C’est ainsi qu’en jouant sur le conflit d’intérêt franco-français, franco-anglais, le Fuuta Djaloo a préservé sa souveraineté.

Le décret du 11 juin 1865 promulguant le gouvernement général de l’Afrique occidentale française concernait par ailleurs 3 colonies : le Sénégal, le Soudan et la Guinée.
Chaque colonie ayant sa propre politique vis-à-vis de l’état Peuls encore indépendant, des frictions et des conflits entre elles ont en découlés.
Derrière leur naïveté apparente en politique, les Almami ont su néanmoins tiré profit des contradictions franco-françaises dans le but de contrer la main mise de leur pays.
Une résistance sociale est ainsi née chez le petit peuple Peul. Elle consiste au rachat des captifs et l’interception des caravanes.
La France a donc du se résoudre à inciter les captifs à s’enfuir et à se libérer de leurs propriétaires Peuls pour se les approprier après.
Ayant lancé le concept de Féodalité, les français ont ouvert le procès du régime tout en légitimant l’intervention militaire afin d’occuper le pays en jouant sur les rancœurs et les frustrations du petit peuple.
Le 14 novembre 1896, la défaite de Bokar Biro, successeur de son oncle Soriya Ibrahima mort en 1890, devant les français a marqué le déclin du pays.
La période coloniale n’a pris fin qu’en 1958 après le Référendum du 28 septembre de cette année.
– 1958 – Les années 60 ont vu l’émergence des nouvelles générations insoumises, les Jiyaabe et les descendants des Boyrouré qui ont occupé la scène politique dans différents pays à l’instar de Mamadou Dia, propulsé Président du Conseil du gouvernement au Sénégal, qui a été déni en 1962 suite à des rumeurs de coup d’état.
– En 1960, Ahmadou Ahidjo accède à la magistrature suprême au Cameroun.
– De 1983 à 1987, le Burkina-Faso a à sa tête le président Thomas Sankara.
En Guinée, la répression des opposants par le régime dictatorial de Sékou Touré a entrainé la fuite d’un million de Peuls vers le début des années 70. Ce qui explique que de nos jours, la diaspora Peuls a élu domicile aux Etats-Unis, au Canada, en Angleterre, en France, au Portugal et aux îles Cap-Vert, à part ceux qui se sont établis aux pays africains limitrophes.

Le communautarisme n’a pas sa place chez les Peuls.
Les autorités sont d’ailleurs élues garant de l’alternance politique.
Selon Tierno Monénembo avant l’islamisation, le régime matriarcat était respecté.
Après Dieu et la vache venait la femme donnant le lait qui est sacré chez les Peuls. Cependant, l’islamisation a tout bouleversé entre les XIe et XVIIè siècle.
Les traditions musulmanes se répandent partout, seuls les Peuls Bororos de Niger pratiquent encore les coutumes matriarcales instituant une fiancée d’honneur à un garçon qui devait faire en sorte que la fille reste vierge jusqu’au mariage.
Aujourd’hui, les femmes sont plus libres dans leurs choix surtout dans les villes.
D’après André Arcin, ils viennent de la lisière nord du Sahara et même du sud du Maroc, les Peuls sont donc partis d’Egypte.
Pour Tauxier, ils viennent du sud de l’Algérie et auraient émigrés de leur pays d’origine vers le VIème siècle avant l’ère chrétienne.
Quant à Béranger-Féraud, Verneau et d’autres, ils ont pris la route septentrionale dans leur exode.
Selon Motel, ils viennent du sud Sahara. Vers le XIIIème siècle, ils ont atteint la vallée du fleuve Sénégal en migrant d’Est en Ouest.
Tous les historiens sont cependant unanimes pour dire que des Peuls se sont sédentarisés et ont crée des petits états théocratiques comme le Macina au Mali, le Futa-Toro et le Fuuta Djaloo en Haute Guinée.

C. Sékou Touré face aux Peulhs
1. Le complot Diallo Ibrahima
Le complot contre-révolutionnaire pro-français d’avril 1960 a été découvert par les autorités, donnant lieu à une centaine d’arrestations et à la mort d’une dizaine de personne torturées dont l’avocat Ibrahima Diallo, inspecteur du travail et l’imam de Coronthie et El Hadji Lamine Kaba.
Il est à remarquer cependant qu’aucun lien particulier n’existait entre Diallo et les autres prévenus comme l’Imam de Corinthie.
L’ancien président de l’Association des étudiants guinéens en France, Diallo avait par ailleurs traité de manière un peu vulgaire le député Sekou Touré au milieu des années 50, toutefois on ne sait pas pourquoi l’imam a été impliqué dans ce complot.
Ce que l’on peut en tirer c’est que les futurs complots en Guinée se construiront selon ce schéma : l’amalgame.
Effectivement, à en croire Mamadou Dia, premier ministre du Sénégal dans le temps, le complot aurait impliqué plus ou moins son pays selon son témoignage « quand Sekou Touré a parlé de complots organisés à partir du Sénégal, tout le monde a ri. On disait que c’était encore une invention de sa part. Mon devoir était de faire une enquête. Alors, j’ai fait fouiller toute la frontière. Et on a découvert les fameuses munitions, les tracts (…) qui étaient destinés à la contre-révolution (…) Il y avait bel et bien complot. J’ai fait arrêter des suspects, des Guinéens qui vivaient à Dakar, et un militaire français qui était chef de l’organisation ; il résidant à Saint-Louis où je l’avais fait interner. On l’a fait évader »

2. Le complot Peuhl : assassinat de Diallo Telli
Pour se débarrasser de ses opposants ou des personnalités gênantes, Sekou Touré a organisé des « complot Peul » et s’attaque principalement aux Peuls qu’il accuse d’avoir mis Diallo Telli au pouvoir.
Il met alors le prévenu Diallo Telli à la « diète noire », le privant d’eau et de nourriture pour ensuite procéder à son interrogatoire dans une « cabine technique » où des instruments électriques sont posés sur les parties sensibles du corps (technique suivie de décharges électriques).
Diallo Telli a connu la « diète noire ». Pourtant, il a négocié avec Sekou Touré qui lui a promis de publier ses « vraies déclarations » s’il accepte de lire ses « aveux » d’abord.
Le 12 février 1977, Diallo Telli connaît une nouvelle fois la « diète noire » dans une cellule blindée qui ne peut laisser passer l’air alors qu’à cette période la température dans les cellules était comprise entre 45 et 50°.
Diallo Telli, en tant que musulman, remontait le moral des autres détenus et utilisait un chapelet de boules de pains séchés.
Il est resté lucide et réaliste jusqu’à ses dernières minutes dans la cellule 52 du camp Boiro le 1er mars 1977. Touré est venu en personne constater la fin tragique de Diallo Telli.
Comme Diallo Telli est un décédé « noble », des parties de son corps ont été prélevées pour servir de « sacrifices » avant son enterrement dans une fosse commune.
Il est à noter que même après la mort du dictateur Touré, Diallo Telli n’a pas pu avoir une sépulture décente
Ainsi, premier secrétaire général de l’OUA, Boubacar Diallo Telli mourut de la « diète noire » dans la cellule 52 du camp Boiro crée par Ahmed Sekou Touré.
Premier secrétaire général de l’OUA, Diallo Telli mourut tragiquement des suites d’une « diète noire » dans un des sinistres camps crées par Ahmed Sékou Touré

3. Le complot des enseignants
Par le « complot de novembre 1961 », les enseignants ont demandé que leur revenu soit revalorisé.
Du fait que ce sont les membres du syndicat national des enseignants qui ont organisé le complot de novembre 1961, ce complot n’est donc pas contre-révolutionnaire comme celui d’avril 1960.
Ce dernier revendique la revalorisation des traitements des enseignants et le maintien du logement gratuit.
Mais le 19 novembre 1961, le bureau du syndicat national des enseignants est traduit devant la Haute Cour par le bureau politique du PDG.
Le secrétaire général, Koumandian Keita et Mamadou Traore dit Ray Aritra, militant révolutionnaire, membre cofondateur du PDG – RDA sont condamnés à 10 ans de prison.
L’historien Djibril Tamsir Niane, Mountaga Balde et Hasmiou Balde, de hauts cadres ainsi que Ibrahima Kaba Bah, professeur de physique sont condamnés à plusieurs années de prison.
Ces condamnations ont fait éclater des troubles à Kindia, Labé et à Conakry. La population multiplie la manifestation. Les lycéens entrent en grève le 24 novembre 1961 et affrontent les milices de JRDA, soutenues par les étudiants africains installés à l’étranger.
La fédération des étudiants d’Afrique noire en France (FEANF) en dénonçant la répression de Touré n’accorde plus son soutien au président.

4. Discours de la haine de Sékou Touré
Les discours de Sekou Touré, les 6, 21 et 27 août 1976 étaient des plus infâmes.
Les extraits suivants montrent d’ailleurs des discours d’un homme de mauvaise foi inspiré par la notion anti-scientifique de race.
a) Extrait 1
« En effet, l’on sait qu’à la naissance du Parti Démocratique de Guinée, le Fouta était menacé, tragiquement menacé de nombreux travers sociaux. Nous avions visité cette province guinéenne de long en large et nous nous étions aperçu que l’alcoolisme menaçait, réellement la population du Fouta, y compris les marabouts qui remplissaient leurs bouilloires de bière ou de vin. Ne parlons pas des jeunes et encore moins des intellectuels: consommer l’alcool était devenu alors, le critère de l’évolution à l’époque. C’est le Parti Démocratique de Guinée qui a mis fin à ce mal, qui l’a dénoncé sans pitié. C’est également le Parti Démocratique de Guinée qui, sans arriver à la détruire, a beaucoup atténué, la débauche dans le Fouta. C’est le Parti Démocratique de Guinée qui a dénoncé le vol devenu alors chose courante. A Conakry, à cette époque, lorsque dix voleurs se trouvaient devant un commissaire ou devant le tribunal, l’on comptait au moins 8 ressortissants de la Moyenne-Guinée. C’est un fait vécu et vous pouvez consulter la statistique des condamnés pour vol. »

b) Extrait 2
« Nous disons donc que toutes les Régions de la Moyenne-Guinée doivent vivre désormais l’atmosphère de la Révolution populaire et démocratique. En plus de la force de nos arguments que partagent les intellectuels militants honnêtes de la Moyenne-Guinée, nous utiliserons la force brutale contre ceux qui ont des yeux pour ne pas voir et des oreilles pour ne pas entendre. Ils ‘sauront qu’on n’a jamais eu peur d’eux, qu’on les respectait, mais que, comme ils n’aiment pas le respect, nous leur présenterons ce qu’ils aiment, la force brutale !
Puisque c’est le racisme qui est utilisé pour mettre le pays à la disposition de l’impérialisme néo-colonialiste, nous devons tout faire pour la déraciner. Nous ne prions plus personne, nous nous imposons ; cela est clair ! Ceux -qui croient que les responsables du P.D.G. ont peur, n’ont rien compris à l’histoire. La peur réelle qui nous étreint, la peur que nous avons partout, c’est la peur d’avoir peur ! Et c’est pourquoi, l’adversité des racistes, nous la recherchons désormais ! Nous voulons, partout, croiser le fer avec eux !…. »

c) Extrait 3
« Puisque dans plusieurs familles peuhles, le pays a attribué des bourses à 1, 2, 3, voire 4 de leurs enfants qui, au terme des études, ont trahi la Nation pour se réfugier ailleurs et combattre le régime guinéen. Devons-nous continuer à leur accorder des bourses ? »
d) Extrait 4
« Ce sont ces traîtres qui induisent toujours en erreur les autres Peuples, les Peuples d’Afrique, les Peuples européens, les Peuples américains quand il s’agit d’apprécier la situation guinéenne. Ils font plus de mal à la Guinée que l’impérialisme et le néocolonialisme, parce que se réclamant de la Guinée, ils donnent un semblant d’authenticité à leurs mensonges flagrants. Ce sont des traîtres à leur Patrie, rien d’autre.
Mais disons-nous la vérité. Il faut que la trahison soit extirpée et bannie définitivement du comportement du Peulh. Il faut enfin sauver cette partie de la Guinée, car il s’agit d’un problème de fond. Le mal que font ces traîtres-là est profond. Si aujourd’hui, la Guinée ne peut s’entendre ni avec la Côte d’Ivoire, ni avec le Sénégal, la responsabilité principale en incombe vraiment à qui ? A eux seuls, cadres Peulhs ! 1 Mais soyez sûrs que lorsque le Peulh ivoirien, le Peulh sénégalais accèderont à la liberté, ils écraseront et conduiront à leurs tombeaux tous les cadres racistes Peulhs qui habitent Abidjan ou Dakar ! Soyez en sûrs !
Ce sont eux également qui induisent toujours en erreur les gouvernements français, américain, allemand. Tous les gouvernements désireux de traiter avec là Guinée sont intoxiqués par leurs informations mensongères débitées à longueur de journée, à la seule fin de décourager ces pays dans leurs intentions louables vis-à-vis du Peuple guinéen.
Ils sont sans Patrie, ces racistes Peulhs forcenés, parce qu’ils se disent ne pas être des Noirs . Ils sont encore et toujours à la recherche de leur Patrie. Ils ne peuvent pas avoir de Patrie, parce qu’ils n’ont pas une ligne de conduite exigeant l’accomplissement de devoirs sacrés. Aliénés qu’ils sont, ils ne pensent qu’à l’argent, et pour eux. C’est pourquoi, nous devons être d’accord de ne plus accorder de pitié aux traîtres. Plus de pitié pour les racistes, plus de pitié pour les saboteurs ! »

e) Extrait 5
« Ils ne voulaient pas de l’indépendance, ces Peulhs et ils ont humilié notre Peuple avec un vote massif de « OUI ». Au lieu d’en avoir honte, ils veulent encore détruire notre indépendance. Cela ne se fera plus jamais, et s’il faut que toute la Guinée se mette encore debout, couteaux, marteaux et fusils en mains pour les supprimer, les amener au tombeau et les ensevelir, la Guinée assumera ses responsabilités ! C’est la déclaration de guerre ! Ils veulent d’une guerre raciale ? Eh bien nous nous sommes prêts ; quant à nous, nous sommes d’accord, et nous les anéantirons immédiatement, non par une guerre raciale, mais par une guerre révolutionnaire radicale.
Nous disons donc que ces racistes ont présenté les traits de « Cheytane » avec la trahison, le mensonge, la division et puisque le combat est engagé contre « Cheytane », que nous voulons à tout prix enterrer, nous saurons enterrer ce qui reste de racistes au Fouta. Nous sommes déterminés à libérer le Fouta. Nous répétons que si le Fouta na pas été libéré le 28 Septembre 1958, désormais il sera libéré par la Révolution.
Quiconque violera désormais les consignes de l’honnêteté sociale, de la justice sociale en se livrant à des manifestations racistes, vous avez le pouvoir, Camarades militants, de l’égorger sur place et nous en assumons la responsabilité devant le Peuple de Guinée. »

f) Extrait 6
«  Un autre fait que vous avez dû observer et qui est à l’honneur de la femme Peulhe, c’est qu’elle épousera volontiers le Soussou, le Malinké, le Forestier, mais par contre rarement l’homme Peulh épousera une Soussou, une Malinké, une forestière ! Est-ce vrai ou faux ?
(Réponse unanime de l’assistance : c’est vrai !)
Cette attitude constitue-t-elle du racisme oui ou non ?
– (Réponse unanime : oui c’est du racisme !)
– Alors, Camarades, faites confiance à la Révolution qui écrasera tous les racistes !
“Quiconque fera du racisme sur le sol béni de Guinée aura lui-même signé son acte dé départ définitif.”
“Aussi, nous ajoutons que vendredi prochain, dans les mosquées de chaque P.R.L. la « Fatiha » sera récitée collectivement pour maudire les racistes et les conduire à l’échec retentissant, pour maudire ceux qui les soutiennent en Côte d’Ivoire, au Sénégal et dans le monde, afin qu’ils aient toujours honte et que la Révolution Guinéenne, au sein de la communauté progressiste ne connaisse que le triomphe et la victoire. »

g) Extrait 7
« Cependant, vers 1959, un an après, l’Amérique se manifeste. Tenez-vous bien, car nous avons tu volontairement cette affaire, mais il est temps de la rendre publique. L’Amérique s’est donc manifestée, et a envoyé comme aidé à la République de Guinée, 5000 tonnes de riz, dans des sacs portant l’inscription: « don du Peuple américain aux populations du Fouta ». Nous avions besoin du riz, mais en votre nom nous avions été obligés de dire aux Américains : ce riz, c’est du sable inconsommable par la Guinée, renvoyez-le chez vous et sachez qu’il y a le Peuple Guinéen, mais qu’il n’y a pas de Peuple Foula ici !
Mais, analyse faite, nous avons compris que les Américains avaient été induits en erreur par Telli Diallo ! C’était en effet Telli qui était l’ambassadeur de Guinée aux États-Unis. Alors, devant la réaction noble et énergique du Gouvernement Guinéen, les Américains eux-mêmes ont fini par rectifier l’erreur, et toute l’aide ultérieure accordée à la Guinée se plaçait désormais dans le cadre de la dignité définie par la Guinée. Là également, voyez et jugez le rôle de la trahison, le rôle du racisme joué à l’extérieur par certains enfants du pays.
Sur le plan intérieur, les choses doivent être claires. L’année derrière, c’était la guerre de classes pour enterrer « Cheytane 75 ». Cette année, c’est la guerre de classer pour enterrer définitivement le racisme peulh.  Retenez-le bien: Le racisme peulh, nous devons lui donner un enterrement de première classe, un enterrement définitif. Prêt pour la Révolution ! »

II. Conclusion
Subséquemment à la mort subite du député Yassine Diallo de la Guinée à l’Assemblée nationale française, le 14 avril 1954, des élections partielles pour remplacer son poste vacant sont effectuées. Dans ce scrutin du 27 Juin 1954 Barry Diawadou l’emporte avec 149.497 voix contre 85.8808 voix pour Sékou Touré sur 254.722 suffrages exprimés. En prônant la triche de son adversaire, Sékou Touré contredit les résultats en mobilisant ses militants et en usant de la violence si nécessaire. C’est donc ainsi qu’à pris naissance le régime totalitaire basé sur la violence de Sékou Touré.
Principalement dirigé contre l’ethnie Peuhl, la violence éprouvée par Sékou Touré vis-à-vis d’eux pourrait s’expliquer non seulement par la menace de son pouvoir par ces derniers mais aussi suite aux ouï-dires d’éventuels complots contre le régime de Sékou Touré. De plus, les Peulhs, par le commerce et particulièrement le commerce de l’élevage, les Peulhs symbolisent le pilier du pouvoir économique.
En outre, le contexte international de l’époque conjointement à la position géopolitique de la Guinée serait les principaux enjeux dans cette violence politique. Sékou Touré est un socialiste, un révolutionnaire qui devait faire face à de nombreux défis à l’époque. Il est l’un des précurseurs de la théorie du socialisme révolutionnaire africain. Il existerait donc une covariante entre le contexte de guerre froide, ces théories socialistes nouvelles et spécifiques à l’Afrique comme le veulent leurs pères fondateurs (Senghor, Sékou Touré, Nkrumah) et la nature violente de son régime. D’ailleurs, de 1958 à 1984, les diverses utilisations de la milice militaire pour ses propres fins et s’assurer du contrôle exécutif, législatif et juridique du régime par la mise au point de complots dont « le complot Peuhl » et les discours de la haine de Sékou Touré.
La Guinée indépendante semble sous estimé ses atouts, dont les élites guinéennes au profit de la soif du pouvoir et craint principalement les débats et discussion autrement dits, les expressions d’avis de façon pacifique. Avec le profond enracinement de la violence d’Etat de la Guinée, dans quelle(s) mesure(s) ce lourd héritage encore d’actualité pourra-t-il contribuer à l’évolution de la Guinée ?

 

III. Bibliographie
[1] « La fin des colonies. Afrique 1960 », L’Histoire, février 2010, n° 350.
[2] « La France face à la décolonisation », TDC, 2002, n° 840.
[3] « La lutte entre le régime du PDG et son opposition », Sylvain Soriba Camara http://konakryexpress.wordpress.com/2013/07/21/guinee-comment-expliquer-la-nature-tortionnaire-du-regime-de-sekou-toure/
[4] Almeida-Topor Hélène d’, L’Afrique au XXe siècle, Armand Colin, 2003.
[5] Ba Konaré Adamé, Petit précis de remise à niveau sur l’histoire africaine à l’usage du président Sarkozy, La découverte, 2008.
[6] Brunel Sylvie, « L’Afrique dans la mondialisation », Documentation photographique, La Documentation française, 2005, n° 8048.
[7] Chrétien Jean-Pierre (dir.), L’Afrique de Sarkozy, un déni d’histoire, Karthala, 2010.
[8] Cooper Frederick, L’Afrique depuis 1940, Payot, 2008.
[9] Coquery-Vidrovitch Catherine et Moniot Henri, L’Afrique noire de 1800 à nos jours, PUF, 2005.
[10] Droz Bernard, « La décolonisation », Documentation photographique, La Documentation française, 2008, n° 8062.
[11] Droz Bernard, Histoire de la décolonisation au XXe siècle, Éditions du Seuil, 2006.
[12] Gassama Makhily (dir.), 50 ans après, quelle indépendance pour l’Afrique ?, Philippe Rey, 2010.
[13] http://www.campboiro.org/bibliotheque/hrw/vecu-dans-obscurite/vecu-dans-obscurite.html#sekou-toure-regne-terreur
[14] http://www.webguinee.net/sekou_toure/index.html
[15] M’Bokolo Elikia (dir.), Afrique noire. Histoire et civilisations, tome 2 : Du XIXe siècle à nos jours, Hatier-AUF, 2008.
[16] Michel Marc, Décolonisations et émergence du tiers-monde, Hachette supérieur, 2005.
[17] Michel Marc, Essai sur la colonisation positive. Affrontements et accommodements en Afrique noire (1830-1930), Perrin, 2009.
[18] Perville Guy, De l’Empire français à la décolonisation, Hachette éducation, 1991.
[19] Smouts Marie-Claude (dir.), La situation postcoloniale. Les postcolonial studies dans le débat français, Presses de Sciences Po, 2007
[20] Jean-Marie Mathieu. note p.21 in Les Bergers du soleil, l’Or Peul, éd. DESIRIS, 1998, Paris

IV. Annexes
Annexe I : Aperçu géographique de la République de Guinée

Annexe II : Ethnies et langues parlées en Guinée
Ethnie Population Pourcentage Langue Affiliation
Peul (Poular) 4 963 000 40,9 % poular (Peul) famille nigéro-congolaise – OA

Maninka (Malinké) 3 445 000 28,4 % malinké (et variétés) famille nigéro-congolaise – M

Soussou 1 373 000 11,3 % soussou famille nigéro-congolaise- M

Kissien 545 000 4,4 % kissi (du Nord) famille nigéro-congolaise- OA

Kpelle (Guercé) 538 000 4,4 % kpellé (guercé) famille nigéro-congolaise- M

Toma 247 000 2,0 % toma famille nigéro-congolaise- M

Kono 158 000 1,3 % kono famille nigéro-congolaise- M

Dialonké 111 000 0,9 % dialonké (yalunka) famille nigéro-congolaise- M

Koranko 105 000 0,8 % koranko (kuranko) famille nigéro-congolaise- M

Manon 100 000 0,8 % manon (mano) famille nigéro-congolaise- M

Baga 87 000 0,7 % baga (et variétés) famille nigéro-congolaise- OA

Mandingue 77 000 0,6 % mandingue (manya) famille nigéro-congolaise- M

Lélé 48 000 0,3% lélé famille nigéro-congolaise- M

Mandeni 41 000 0,3 % soussou famille nigéro-congolaise- M

Jahanka 35 000 0,2 % jahanqué (jahanka) famille nigéro-congolaise- M

Ziolo 30 000 0,2 % ziolo famille nigéro-congolaise- M

Landouman 25 000 0,0 % landouman famille nigéro-congolaise- OA

Mikifore 23 000 0,0 % mogofin famille nigéro-congolaise- M

Bassari 18 000 0,0 % bassari (oniyan) famille nigéro-congolaise- OA

Koniagi 17 000 0,0 % koniagi (wamey) famille nigéro-congolaise- OA

Bandé 12 000 0,0 % bandé (bandi) famille nigéro-congolaise- M

Kakabé 12 000 0,0 % kakabé famille nigéro-congolaise- M

Badjara 11 000 0,0 % badjara (badyara) famille nigéro-congolaise- OA

Nalou 10 000 0,0 % nalou famille nigéro-congolaise- OA

Fulakunda 5 700 0,0 % poular famille nigéro-congolaise – OA

Libanais 5 200 0,0 % arabe libanais chamito-sémitique (sémitique)

Autres 78 900 0,6 % – –
Total (2014) 12 121 600 100 % – –

 

 

 

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