docudoo

La finance islamique est-elle si dissociable de la finance dite conventionnelle ?

Titre : Finance islamique et éthique
Problématique : La finance islamique est-elle si dissociable de la finance dite conventionnelle ?
Introduction
L’efficacité du système financier capitaliste semble ne jamais avoir été remise en question jusqu’en 2008 où la crise économique a commencé. La crise des subprimes a conduit à des pertes économiques considérables, accentuée par l’interdépendance des institutions financières. Alors que de grandes banques telles que Lehman Brothers faisaient faillite, que des mesures étaient prises pour limiter l’inflation et que le système financier tout entier était bouleversé, la crise économique n’a pas touché les banques islamiques. Cette constatation a suscité la surprise et a interpellé les financiers sur la nécessité d’ajouter une dimension éthique à la finance conventionnelle.
Dès lors, la finance islamique a été utilisée comme référence. Elle a été même considérée comme étant une alternative à la finance conventionnelle qui a montré des failles et qui a conduit à la crise économique . L’engouement du monde pour la finance islamique pourrait découler du fait qu’il espère trouver en elle, les principes moraux et éthiques qui auraient pu limiter voire éradiquer les causes de la crise économique. Il a trouvé en elle, un autre angle de vue qu’elle n’a jamais ou qu’elle a peu considérée auparavant notamment, l’aspect éthique de la finance.
La finance islamique pourrait être considérée comme étant une autre manière de faire ou de penser la finance. Dans cette étude, nous allons essayer de déterminer si la finance islamique pourrait vraiment se dissocier de la finance conventionnelle. Notre objectif est de déterminer les différentes caractéristiques de la finance islamique et de déterminer par la suite si elle est similaire ou non à la finance conventionnelle. S’inscrivant dans le domaine financier, nous tentons également de déterminer si la finance islamique pourrait vraiment générer de la richesse, des bénéfices par rapport à la finance conventionnelle.
Pour répondre à notre question, nous allons présenter le fil de notre réflexion sur trois parties distinctes. La première partie se focalise sur le cadre conceptuel de la finance éthique. Dans cette partie, nous allons montrer les corrélations entre l’éthique, la morale et le droit, trois concepts qui sont souvent confondus. Puis, nous allons présenter une finance islamique notamment, ses caractéristiques, ses principes fondamentaux afin de mieux l’appréhender. Ensuite, la deuxième partie porte sur la détermination des caractéristiques de la finance conventionnelle comparée à la finance islamique. Dans cette partie, nous allons confronter différents éléments conventionnels et islamiques. La dernière partie va se focaliser sur l’analyse des sources de faiblesses et des menaces qui pèsent sur la finance islamique.
Partie 1 : Cadre conceptuel de la finance éthique
1. Les démarches possibles pour appréhender la finance éthique
1.1. L’aspect moral de l’économie
• Qu’est-ce que « l’éthique » de manière générale ?
De Finance (1988) donne une définition du mot en se basant sur l’étymologie du terme. L’éthique vient du mot grec ethos signifiant coutume, façon d’agir, ou encore caractère. L’auteur note entre autre que ce mot a la même équivalence que le terme « morale » en étymologie. Le terme renvoie à la description des différentes mœurs d’une société ou d’une communauté déterminée. L’éthique se trouve de ce fait intimement lié à la morale, ce qui renvoie à certaine valeurs propres à un individu concernant les normes qui régissent le comportement de l’individu dans un contexte bien précis. Ceci implique l’orientation ou les principes moraux qui conditionnent les comportements, les pensées et les agissements d’un individu. L’éthique ne considère donc pas uniquement les différents comportements de l’homme mais tend aussi à les diriger. Le fait de diriger les comportements ou certains mœurs d’une société sous-entend, que les moralistes apportent leurs jugements concernant ces pratiques et de les corriger si besoin est afin que l’homme vive correctement et vive bien. L’auteur souligne de ce fait, que l’éthique implique une analyse et une proposition d’alternative pour les problèmes moraux au sein de la société. De Finance (1988) définit l’éthique comme étant « la science de ce que l’homme doit faire pour vivre comme il doit vivre, pour être ce qu’il doit devenir, pour qu’il atteigne sa valeur suprême, pour qu’il réalise dans sa nature ce qui se présente comme la justification de son existence, ce vers quoi et pour quoi il existe ».
Mais l’éthique ne peut pas se limiter uniquement au simple fait de considérer ce qui est bon de ce qui est mal, de ce qui est morale de ce qui ne l’est pas. L’éthique n’est pas innée chez l’homme, ce qui le contraint à l’adopter pour pouvoir vivre mieux. Elle provoque la relation qui est établie entre l’individu et son environnement, mais elle suppose aussi que l’homme modifie sa perception et sa représentation de ce qu’il voit, des situations, des choses, des évènements. L’éthique suppose que l’individu renouvelle la conscience de soi et des valeurs qui vont l’accompagner pendant toute sa vie. Cela s’inscrit dans le cadre de l’expérience éthique. Le changement intervient quand l’autre apparaît et que le moi le discerne. Le moi va donc se lancer dans l’analyse de l’autre, ce qui va le changer. L’éthique est donc la résultante des interactions entre le moi et l’autre (Bastiani, 2012).
Il faut remarquer que l’homme est né sans éthique, mais que cette dernière est possédée suite à ces interactions. Ces relations au sein de la société, ses différents comportements, l’homme devient plus humain lorsqu’il adopte l’optique éthique. Vu sous cet angle, l’éthique correspond au lieu de rencontre du moi avec l’autre, pour changer le comportement et pour pouvoir mieux vivre au sein de la société, mais également, un lieu d’ouverture à un nouveau comportement. Cela conduit aussi au changement de sa perception du monde ainsi que de l’image de lui-même (Bastiani, 2012).
Cochinaux (2008) inscrit l’éthique comme étant l’aboutissement de la morale. En effet, les différentes règles morales qui sont établies au sein de la société permettent à l’individu de connaître les comportements éthiques ou non. L’éthique ne correspond pas à un ensemble de règles qui régit les différents comportements de l’individu, mais plutôt comme une force amenant à la résolution des problèmes. L’éthique peut être considérée au niveau de l’acte commis par une personne, ce qui renvoie à une action éthique ou non éthique. Mais elle peut également être analysée au niveau de l’être qui va décider quant au comportement qu’elle veut adopter pur atteindre un certain objectif (être ce qu’il veut devenir).
Au sein de l’entreprise, l’éthique renvoie à ce qui est acceptable en se basant sur le fait que le comportement des acteurs qui composent cette organisation soit raisonnable ou non. Cela nécessite l’existence de catégories morales ou des valeurs d’entreprises, qui régissent les comportements, les agissements des employés, des dirigeants. Ainsi, les entreprises se basent sur la capacité des différents acteurs de l’entreprise à analyser le comportement qui éviterait les conflits au sein de l’entreprise. Il est estimé que tout être humain est apte à juger ses actes, la situation à laquelle il se trouve confronté et son comportement. Les employés peuvent de ce fait juger si leurs comportements sont éthiques ou non éthiques. Par exemple, une entreprise dans les différentes activités qu’elle mène doit toujours respecter certains principes moraux fondamentaux tels que le respect de la dignité de l’homme, le respect des droits fondamentaux de l’homme, etc. L’éthique au sein de l’entreprise conduit au respect mutuel entre les différents acteurs qui constituent l’entreprise. Mais dans ce cas, l’éthique ne découle pas forcément d’un document écrit précisant les comportements à adopter ou non, puisque chacun est désormais apte à connaître le comportement et l’attitude qu’il pourrait adopter au sein de l’entreprise afin d’éviter les dysfonctionnements de l’organisation. Mais dans certains cas, les dirigeants d’entreprises fixent les règles afin de pouvoir réglementer les comportements abusifs ou non éthique au sein de l’entreprise (Dion, 2007).
• Définition du terme « moral »
Le dictionnaire français Larousse en ligne propose quatre définitions du terme « morale » dont :
« – Ensemble de règles de conduite, considérées comme bonnes façon absolue ou découlant d’une certaine conception de la vie
– Science du bien et du mal, théorie de comportements humains, en tant qu’ils sont régis par des principes éthiques
– Enseignement qui se dégage de quelque chose, conduite que l’évènement ou le récit invite à tenir
– Conclusion, en forme de morale, d’une fable, d’un écrit »
Nous voyons d’après ces différentes définitions avancées par le dictionnaire Larousse, que la morale renvoie à des règles ou des leçons à retenir suite à la constatation d’une situation. Il nous semble donc que la conception de ces règles résultent de certaines expériences de vie de l’individu qui lui permettent de faire des efforts pour avoir certaines attitudes ou comportements jugées comme bons, ou tolérables au sein de la société et d’éviter les comportements qui sont qualifiés de « mauvais » puisqu’ils portent préjudice à l’image de l’individu ou à son rapport à la société.
Nous avons vu d’après la définition étymologique du terme « éthique » que ce dernier pouvait être assimilé à la notion de morale. Cependant, André Comte-Sponville cité par Cochinaux (2008) souligne qu’il existe une différence entre les deux termes. La morale se référerait aux lois et aux règles qui régissent une société alors que l’éthique est à appréhender au niveau des sentiments tels que l’amour. Cependant, ce sont deux notions complémentaires qui permettent à l’individu d’intégrer une société et de trouver sa place au sein de cette société. Les règles morales qui ont été au début c’est-à-dire pendant l’enfance, ont été transmis des parents aux enfants ont été ancrés au plus profond de l’être et conditionnent désormais ses pensées, son attitude, son comportement, son rapport à la société, etc. Mais Kant cité par Baudart (2004) semble ne pas voir en la morale un ensemble de règles qui régissent la société, mais aussi un système de normes et de valeurs universels qui sont basés sur la raison de l’être humain. Ainsi, la morale se base sur la connaissance de la loi par l’individu et des devoirs qui sont entraînées par cette loi.
Ricœur (1990) soutient la réflexion d’André Comte-Sponville et affirme que l’équivalence entre l’éthique et la morale ne peut pas être acceptée même du point de vue étymologique puisque si l’éthique a des racines grecques, la morale a des racines latines. Mais pour soutenir sa réflexion, l’auteur parle de l’éthique comme les faits qui sont jugés bons, tandis que la morale renvoie à des obligations, des contraintes, des interdits. De ce fait, la morale pourrait aussi impliquer la déontologie dans le domaine professionnel. La morale est établie au sein de la communauté afin de pallier à des gestes abusifs, à des violences ou à des injustices.
La morale constitue une nécessité pour l’être humain parce que ce dernier possède toujours ses propres règles qui régissent son attitude et son comportement. La morale se base selon Baudart (2004), sur trois règles notamment :
– l’obéissance des règles et des coutumes de la société à laquelle appartient l’individu, le respect de la religion et la modération de l’opinion qui permet d’éviter le fanatisme
– la décision ferme de l’individu en ce qui concerne les conduites et les jugements
– la modification du désir de l’individu au lieu de changer l’environnement dans lequel il vit, ce qui suppose une flexibilité et une capacité d’adaptation de la part de l’individu, couplée à une maîtrise de soi
Mais à l’instar de l’éthique telle qu’elle a été considérée par de Finance, la morale devrait aussi aboutir au bonheur et au bien-être de l’homme.
Saint Thomas d’Aquin pour sa part décrit la morale comme étant l’étude de la manière avec laquelle, l’homme doit vivre afin de connaître une heureuse finalité. Dans ce cadre, la morale considère la finalité des comportements de l’homme. La morale se réfère aux différentes attitudes et comportements que l’homme devrait adopter pour pouvoir accéder à la béatitude. Cela suppose que l’homme, cet être doté de raison se lance dans des actes mais en raisonnant et en faisant preuve de volonté. Cette volonté devrait conduire l’homme à l’accomplissement de bons actes. La morale conduit à la considération du devoir être. Comment l’homme devrait-il agir ? Comment devrait-il faire ? Mais il n’existe pas de lois indiquant comment chaque homme doit se comporter. Ainsi, la morale suit la description psychologique de l’acte de l’homme (Gilson, 1998).
La morale semble donc découler de la perception des différentes obligations, des différents devoirs que l’homme doit accomplir. Les devoirs moraux que l’homme doit accomplir sont très nombreux et peuvent revêtir différentes formes. Par exemple, il y a la morale de charité qui permet à l’homme de ne pas uniquement chercher du profit pour lui-même, mais de partager aussi son bien à ceux qui sont plus vulnérables par rapport à lui. L’homme est un être qui est sensé donner toute sa sollicitude à son prochain quand ce dernier manque de ressources ou quand il a besoin de conseils, etc. Mais la morale ne pourrait être uniquement considérée uniquement au niveau de ce qui pourrait être accomplie d’une manière universelle comme les actes de charité, mais surtout, au niveau individuel. En effet, la moralité de l’individu va le pousser à mener des actes, à accomplir ses devoirs dans le cadre du développement de la société. La morale oriente aussi bien la perception de l’individu que son comportement.
Cependant, s’il est admis que la moralité ne peut être standardisée pour tous les individus et pour toutes les sociétés, il devrait y avoir de nombreuses pratiques morales au sein d’une même société. Dans cette optique, une sélection des pratiques morales est réalisée par chaque société. Le maintien d’une pratique ou d’une conduite morale au sein de la société est assuré dans ce cas, par les impacts positifs qu’elle a apportés dans la vie sociétale, et pour son utilité. Cela permet non seulement à la société de survivre, mais également, de se distinguer des autres. La moralité ne découle pas de quelques règles uniquement qui se sont développées pour donner naissance à d’autres règles morales, mais d’un ensemble de préceptes et de devoirs.
La multitude de principes moraux amènent à une contradiction entre les différentes perceptions des individus entre eux et des sociétés entre elles. En effet, une pratique jugée morale pour une communauté, peut être complètement immorale pour une autre. Dans ce cas, le dilemme repose sur le fait de savoir qu’est-ce qui est moral et qu’est-ce qui est immoral ? Pour le savoir, il est nécessaire de considérer, d’analyser les règles morales d’une société par rapport à certaines conditions expérimentales afin de connaître par la suite, les conditions ayant été à l’origine de la pratique morale .
• Définition du terme « économie » et « droit »
Le Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales (CNRTL) définit l’économie comme étant « l’art de gérer » notamment la fortune et de la préserver. L’économie renvoie principalement à la richesse, à une fortune qu’il convient de la générer d’abord, de la faire augmenter et de la préserver par la suite. Mais l’économie en tant qu’ « art de gérer » implique aussi une gestion des biens acquis par un ménage. Nous entendons souvent le terme, « faire des économies » pour désigner les différentes démarches qui nous permettent de préserver nos acquis et de dépenser le moins possible. Dans ce cas, l’économie pourrait signifier, administration. L’économie suppose une gestion et une administration permettant d’augmenter le rendement d’une activité, tout en déployant le moins de ressources possibles.
CNRTL propose entre autre de définir l’économie comme étant l’ « ensemble de ce qui concerne la production, la répartition, et la consommation des richesses et de l’activité que les hommes vivant en société déploient à cet effet ». Cette définition est adoptée dans le domaine de l’économie politique qui établit des modélisations des conduites collectives pouvant affecter la production, et les échanges de produits
Giraud (2005) définit l’économie comme étant les différentes démarches qui permettent de créer et de partager des richesses pouvant être appréhendées au niveau monétaire. L’économie peut être appréhendée au niveau de l’Etat, de l’entreprise ou des individus. En effet, ces dernières années, cette notion renvoie aux différents besoins de l’homme et des ressources qui sont à la disposition de l’homme pour atteindre ses objectifs. Mais dans cette optique, l’économie ne peut que renvoyer une fois de plus à l’étude des comportements rationnels humains. Ainsi, l’économie inclut des sciences humaines et sociales telles que la sociologie, la psychologie, ou encore les sciences politiques.
Giraud (2005) souligne entre autre les différents éléments des fondements théoriques des études économiques. Il s’agit notamment des objets économiques représentés par les richesses matérielles et les moyens permettant de les créer ; les actes économiques qui englobent la production, les échanges, la consommation, l’épargne ; et les acteurs économiques qui peuvent être des individus ou des collectivités qui réalisent des actes économiques et dont le comportement peut influencer l’économie. En général, les acteurs peuvent être des acteurs privés ou l’Etat.
Vatin (2008) propose de définir l’économie comme étant un acte de gestion qui se particularise par le calcul de manière explicite ou implicite. Cet auteur fait entre autre, un rappel concernant les liens entre l’économie et les relations sociales. Ces relations sociales se réfèrent aux différentes relations concrètes qui sont établies entre les individus composant une société et dont fait partie les relations économiques. Dans ce cadre, il existe quatre types de relations économiques
– La relation de possession ce qui renvoie à l’acquisition, la possession d’un bien, de richesse, en tenant compte des droits du propriétaire du bien.
– La relation de valeur qui implique la contribution ou la rétribution de chaque individu dans le processus d’acquisition de richesses.
– La relation impliquant la production de richesse et leur acquisition, la détermination des salaires, les relations de travail qui est fondée principalement sur la détermination du salaire minimum
– La relation par laquelle, la richesse est acquise, ce qui suppose des échanges, des transactions, des transferts et les conditions d’attribution de richesse (Bensimon, 1996).
Mais dans ces différentes relations et dans le processus d’acquisition de ces biens et de leur protection, le droit de chaque individu existe. Ceci nous amène à définir la notion de droit.
Le dictionnaire français Larousse donne sept propositions pour définir le terme droit. Le droit peut être perçu comme un « ensemble de règles qui régissent les rapports des membres d’une société », mais cela implique la légalité de tous les citoyens. Dans les processus de création de richesse, les différents comportements des individus dans le cadre de l’acquisition de biens devraient être contrôlés ou régis par des règles pour éviter les injustices, chacun étant un ayant droit à la richesse. Le droit peut désigner entre autre, la science qui vise à étudier les règles.
Larousse définit le droit comme étant la « faculté, légalement ou réglementairement reconnue à quelqu’un par une autorité publique, d’agir de telle ou telle façon, de jouir de tel ou tel avantage ». Ceci renvoie au droit fondamental tels que le droit de s’exprimer, de voter, de garder le silence, etc.
Un autre aspect du droit est « la possibilité morale qu’on a d’agir de telle ou telle manière ». Ceci renvoie par exemple au droit pour la personne d’être respecté pour ce qu’il est, et le non droit des autres de négliger les efforts, etc. Mais cette possibilité n’est pas uniquement appréhendée au niveau moral. Ainsi, le droit renvoie à « la permission donnée à quelqu’un, par une autorité quelconque, de faire quelque chose ». Dans ce cas, le droit pourrait renvoyer à une autorisation pour réaliser une tâche précise. Avoir le droit de faire quelque chose signifie, être autorisé à effectuer cette tâche précise. Le droit selon Larousse, est aussi « ce qui confère un pouvoir, une prérogative, un titre, une autorité considérés comme légitimes » ou des « impôts, taxe ».
Le droit pourrait être appréhendé au niveau philosophique ou juridique. Etant donné que l’homme appartienne à une société bien déterminée, caractérisée par des échanges réciproques et des relations entre les différents individus qui la composent, les rapports réciproques entre ces individus déclenchent inexorablement, des obligations envers autrui. Le droit de ce fait, implique une réciprocité entre les individus et non pas forcément sur la sanction ou l’interdiction de faire tel ou tel acte (Rouland, 1991).
Le terme « droit » renvoie souvent à la notion de justice, ou de réglementations qui permettent de coordonner, d’harmoniser, de contrôler la communauté. Le dictionnaire juridique décrit le droit comme un ensemble de dispositions spécifiques à un Etat qui permettent de contrôler et de déterminer le statut des personnes et des biens et des différents conflits qui pourraient se présenter en cas de mauvais rapport entre les personnes publiques et privées. Cette définition permet de subdiviser le droit en droit international privé et en droit international public. Ceci permet de dire alors que le droit joue un rôle dans le contrôle des rapports entre les individus. Par conséquent, il pourrait constituer aussi un moyen politique.
• Conclusion : la différence entre la morale, l’éthique et le droit
Aussi bien la morale que l’éthique et le droit, conduisent tous au bien-être de l’homme. Ils visent tous à aider l’homme à adopter un comportement qui lui permette de bien vivre et de mieux vivre. Cependant, ce sont trois notions distinctes mais complémentaires pour aider l’homme à s’accomplir. La morale et l’éthique découlent des expériences de vie de l’individu, de son raisonnement, de sa capacité de discernement qui lui permet non seulement d’évaluer si un acte est bon ou mauvais, mais aussi de repérer les différentes voies qui pourraient le conduire vers la réussite.
La morale se trouve à l’origine des différentes éthiques dans le cadre où elles découlent d’une expérience que l’individu a vécu et dont il tire une leçon, ce qui suppose un bon raisonnement et une capacité de l’individu à s’auto évaluer. La morale peut être instituée au sein d’une collectivité suite à différents faits qui se sont produits dans cette communauté, la démarche qu’elle a prise pour résoudre les problèmes et les failles au niveau de la démarche qu’ils ont adoptée. A la fin, la collectivité ou encore l’individu peut avoir sa propre liste de valeurs morales qui régissent son comportement et qui façonnent de plus en plus sa manière de penser. L’éthique ne peut pas exister sans la morale et la morale ne peut pas être appliquée qu’à travers les comportements éthiques adoptés dans le secteur sanitaire, dans le secteur financier, etc.
L’éthique suppose que la société tend à construire, à façonner d’une certaine manière, le comportement de l’homme afin qu’ils soient tous éthiques. Elle se réfère beaucoup plus à une orientation des différents comportements de l’homme. Or, le comportement de l’homme est conditionné par les différentes valeurs morales qui changent en fonction de l’individu et de la société elle-même. Mais une fois de plus, elle nécessite cette capacité de discernement de afin que ses comportements ne dépassent pas la limite du tolérable et que ces activités permettent la progression de l’entreprise.
La droit, dernière condition contribuant à l’épanouissement de l’individu renvoie souvent à la justice, au jugement d’un fait, d’un individu, ou d’un évènement. Le droit est attribué afin de pouvoir harmoniser et de contrôler les différents comportements de l’individu. Le droit constitue une balise pour assurer l’équité et la transparence au sein d’une société mais il permet entre autre de réduire les écarts qui peuvent exister entre les différents individus qui constituent la société. Le droit peut s’inspirer de la moralité des évènements qui se sont produits au sein d’une communauté. L’application du droit va de pair avec le respect des valeurs morales et des comportements éthiques de l’individu. Un comportement éthique peut harmoniser les relations entre les différents individus qui composent la société alors qu’un comportement non éthique provoque des instabilités et des pertes pour la communauté. Ceci permet d’illustrer le fait que le droit ne peut être séparé de la morale et de l’éthique et que ces trois notions conduisent tous à la modification des comportements de l’individu au sein de la société afin qu’il puisse être acceptée par la société elle-même, mais également pour que la justice règne et soit appliquée par tous.
1.2. Principales approches d’éthiques
• L’éthique financière conventionnelle par l’approche du protestantisme
L’éthique financière conventionnelle se réfère à l’ensemble de conseils, de déontologies permettant de limiter la faillite du système économique mondial. Dans cette optique, il est intéressant de remarquer que l’éthique financière a vu le jour la première fois avec Aristote qui a intégré la notion d’une économie légitime représentée par l’économie domestique et impliquant l’art d’acquérir les richesses. Cependant, il est évident que la recherche sans cesse de richesse conduit à la fin à la démesure, correspondant à une forme de violence. Elle se manifeste notamment par des spéculations sans mesure qui finissent par conduire au déséquilibre politique et à la menace d’un transfert incontrôlable du pouvoir à certaines personnes au détriment de la communauté (Stiegler, 1993).
Le capitalisme qui gagne de plus en plus de terrain dans la société actuelle, semble n’accorder aucune importance à la notion de morale ou d’éthique. Dans ce cadre, les hommes d’affaires, les employés, les investisseurs, les bailleurs de fonds semblent se lancer dans une vraie course ayant pour seul objectif d’accumuler autant que faire se peut, le plus de profits possibles. Mais cet esprit capitaliste est omniprésent dans la société actuelle qui, désormais, adopte une considération sociale positive à la richesse. Dans ce contexte, quelle est la place de l’éthique ? Comment la croyance religieuse et les lois financières interagissent-elles ?
La Réforme a permis de donner une signification religieuse aux activités temporelles de l’homme. Ainsi, le protestantisme stipule que le chrétien doit accomplir ses devoirs dans ce monde, en fonction de ce que la société lui assigne et qui deviennent par la suite, sa vocation. Luther soutient aussi que la volonté de Dieu pour l’homme est d’accomplir ses devoirs, mais dans cette optique, les métiers licites plaisent à Dieu et constituent une voie pour le salut. La Réforme a conduit à l’augmentation des récompenses religieuses suite à l’accomplissement du travail et des devoirs du fidèle chaque jour.
La croyance a été considérée comme influençant le système économique qu’est le capitalisme. Si le capitalisme implique l’utilisation du capital pour générer des profits, l’esprit chrétien se concentre beaucoup plus sur la morale, les biens célestes. Dans cette dernière acception, la richesse pourrait être considérée comme étant un danger, amenant de multiples tentations, ce qui fait d’elle, un moyen de perdition de l’homme. Ainsi, la recherche de la richesse ne peut pas être l’objectif principal de l’homme vu que cet objectif est contraire à la morale et que la richesse serait même vile par rapport au Royaume de Dieu.
Cependant, certains courants de pensées protestantes telles que le calvinisme ne s’oppose pas à la recherche de la richesse. Ainsi, l’ascétisme protestant stipule que ce qui est immorale ne réside pas uniquement sur la recherche de l’augmentation de profits ou de richesses, mais plutôt au niveau du repos ressenti dans l’acquisition de biens matériels, la jouissance permise par sa possession mais également, les conséquences néfastes qu’elle pourrait engendrer. Parmi ces dangers, il y a l’oisiveté, les péchés charnels, la consécration de ses ressources pour rechercher des biens matériels au détriment des biens célestes. La richesse ne pourrait être source de grâce à moins qu’elle ne découle du travail de l’Homme. L’objectif du chrétien dans cette optique, est donc de travailler pour créer de la richesse pour Dieu, pour faire croître son Royaume, et non pas pour suivre la voie de la perdition. Par ailleurs, ce travail devrait être l’objectif de la vie terrestre, moyen permettant la subsistance individuel et communautaire.
Le travail occupe de ce fait, une place importante aussi bien pour la communauté que pour l’individu. Son utilité morale est évaluée en fonction des profits qu’il génère à la communauté et plus particulièrement, l’avantage économique qu’il procure. Quand le travail s’inscrit dans le cadre de la réalisation du devoir de l’homme, alors la recherche de profits découlant de lui est moralement justifiée et ordonnée. Ce courant de pensée résulte de la considération de la parabole concernant le serviteur qui a causé la colère de son maître par sa résignation à ne pas utiliser et faire fructifier le talent que Dieu lui a procuré. Le talent pourrait être assimilé au sou que le serviteur devrait faire fructifier pour la gloire du Seigneur.
L’ascétisme protestante a permis de mettre le frein à la consommation d’objets de luxe, mais a permis aussi de mettre fin à la restriction de l’éthique traditionnaliste en ce qui concerne le désir d’acquérir. L’acquisition de richesses devient de ce fait légale, mais également légitime puisqu’elle constitue aussi la volonté de Dieu. Elle a conduit entre autre à l’exploitation de la richesse à de fins utilitaires, ce qui implique la notion de consommation éthiquement permise. Cette pensée limite la malhonnêteté et la recherche instinctive et de manière immorale, de l’argent. Or, les contraintes et les différentes restrictions en ce qui concerne la consommation de cette richesse ou de ces biens, suppose que ces derniers devraient être considérés comme étant des capitaux qu’il convient d’investir .
Cependant, la valeur spirituelle et l’éthique financière semblent s’estomper sous la trop grande importance du capitalisme. Par ailleurs, il a été donné que les conditions économiques actuelles ne permettent pas le don, ni la réalisation des principes d’éthiques. En effet, le don qui pourrait être faite en rédemption du péché par exemple, s’inscrivent dans le cadre de l’anéconomie, chose qui est en totale contradiction avec la notion même d’économie (Stiegler, 1993).
Par ailleurs, l’éthique semble même se heurter à la définition des différentes exploitations de la monnaie elle-même. Cette dernière constitue en effet, une réserve et une source de pouvoir privé, impliquant la notion de souveraineté monétaire. L’argent est également un moyen d’échange et signe de vie. Il est également un médiateur et un élément intermédiaire garantissant la souveraineté politique. Dans ce cadre, la recherche de la richesse et son augmentation ne s’inscrit pas dans le cadre d’une éthique ou dans un code déontologique. Cela remet en question la corrélation même de l’économie rationnelle avec l’acte de foi. D’autre part, si l’homme doit rechercher les origines de l’argent, du capital qui est investi dans le cadre d’un développement économique, les moyens pour le faire restent très restreints. Il est impossible de déterminer l’origine exacte de l’argent, ce qui ne permet pas de voir la monnaie « sale » ou « propre ». (Stiegler, 1993).
• L’éthique financière islamique
En arabe, l’éthique vient du mot « akhlâq » qui signifie en français morale, ce qui pourrait sous-entendre le fait que l’Islam assimile l’éthique à la morale. Mais elle implique toujours des valeurs confessionnelles. Elle peut également se référer aux principes, valeurs et les différents principes moraux dont la fraternité et le bien-être. La finance éthique revoie au financement des activités économiques pour des activités qui sont jugées comme bonnes. Dans ce cadre, l’éthique financière islamique se caractérise de la finance conventionnelle qui ne cherche dans les différentes opérations financière, que la rentabilité.
L’éthique financière islamique se base sur la Chari’a, ce qui permet de catégoriser les différents actes du musulman en actes obligatoire ou wâjib, recommandé ou mandoûb, permis ou moubâh, blâmable ou makroûh et illicite également désigné sous le terme harâm. Les actes visant à augmenter les avantages sont ceux qui sont obligatoire, recommandé ou permis. Les deux dernières catégories d’actes visent pour leur part à réduire autant que faire se peut, les inconvénients .
La morale est à la base de l’éthique en finance islamique parce que l’économie islamique est considérée comme étant divine. Le droit dans ce cadre résulte du Coran, de la Sunna et de l’ijmâa correspondant aux consensus des musulmans en ce qui concerne un point. Dans ce cadre, il est admis que la richesse provient et appartient à Dieu. Mais les biens que possède l’homme ne peuvent pas lui rester pour toujours. Il est nécessaire de considérer la propriété des autres, ce qui permet de limiter les vols. Cette pensée implique entre autre, le libéralisme économique, la rationalisation des dépenses, la nécessité de participer au développement économique, la préservation et la mise en place de la justice sociale la protection de l’environnement et enfin, l’investissement d’argent et la lutte contre la thésaurisation. Les banques islamiques ont pour objectif d’aider les personnes qui sont socialement vulnérables et d’assurer par ailleurs, la cohésion au sein de la société (El Qasem, 2012).
Etant basée sur la Chari’a, la finance islamique permet la prise de risque par les investisseurs sans pour autant encourager les prises de risques inutiles et incertains. C’est ainsi que la finance islamique ne permet pas de faire les spéculations qui peuvent entraîner beaucoup plus de mal que de bien. Ceci se réfère à ce qui est appelé gharar, signifiant incertitude, ignorance ou tromperie, qui conduit à une déception (El Qasem, 2012).
La Chari’a permet le développement d’avantages tout en réduisant les inconvénients de l’acte. Elle permet de veiller à la justice et à la stabilité au sein de la communauté mais condamne les actes injustes et le déséquilibre communautaire. L’éthique de la finance islamique pourrait aussi se baser sur deux notions principales que sont le Zakât ou aumône, et le Rîba (Belabes, 2010).
Le Zakât implique l’aumône, la redistribution des biens, ce qui suppose la reconnaissance de la propriété d’une personne. Personne ne peut partager ou donner quelque chose à moins qu’il n’en soit le propriétaire, mais l’acquisition d’une richesse suppose aussi des responsabilités sociales de l’individu en fonction de sa situation économique. Le Zakât est collecté et distribué par l’Etat. La redistribution permet de faire un partage de l’argent notamment, ceux qui ont été thésaurisés. Le Zakât permet entre autre de réduire les dépenses inutiles et les impacts négatifs des activités illicites sur la société. En redistribuant la richesse, il existe beaucoup plus de bénéficiaire notamment parmi les personnes qui sont socialement vulnérables, ce qui permet de mettre en place et de préserver la paix civile et la cohésion sociale. Il permet entre autre d’établir une vie communautaire marquée par la confiance, la solidarité et l’intérêt mutuel (Belabes, 2010).
La Chari’a stipule que l’homme d’aujourd’hui va utiliser les ressources au même titre que les générations futures ce qui le contraint à satisfaire ses besoins actuels et de considérer aussi l’état des ressources qui seront utilisées par les générations futures. La réalisation du Zakât implique une équité, ce qui veut dire que chaque chose détient un rôle particulier qui contribue au développement de l’ensemble auquel il fait partie. Ainsi, tout le monde doit être respecté pour ce qu’il accomplit au sein de la société et pour ce qu’il est. Dans ce cadre, la part de Zakât diffère selon l’individu puisque chacun accomplit un acte en poursuivant un objectif spécifique et mobilise pour ce faire, ses compétences intrinsèques (Belabes, 2010).
Le ribâ pour sa part, implique les différents échanges actuels et à venir. Mais ce terme se réfère beaucoup plus à la recherche de biens à court terme plutôt que de chercher le bien à long terme. Mais le Zakât tend beaucoup plus à avoir une vision de l’avenir qu’une vision à court terme. Dans le système financier islamique, les actes présents permettent de préparer l’avenir, ce qui encourage les banques islamiques à financer les activités qui permettent d’améliorer la qualité de vie sur du long terme (Belabes, 2010).
Le ribâ est une des causes de l’instabilité de l’économie réelle en les résultats à court termes. Cela conduit à l’accumulation des richesses au niveau de certaines personnes seulement au détriment des autres et conduit entre autre au mauvais partage des risques entre les différents acteurs de la société. En se basant sur l’économie virtuelle, il permet de faire des achats sans pour autant payer ou de produire ou de vendre sans pour autant acquérir le bien (Belabes, 2010).
Bien que le Coran et la Sunna soient à la base de l’éthique financière islamique, il a été constaté que certains auteurs du 8ème jusqu’au 12ème siècle tels qu’Ibn Al Muqaffa, Miskawayh, etc. se sont intéressés à cette question. Le premier auteur par exemple a exposé la joie et la satisfaction obtenue suite à l’enrichissement de manière honnête. Al Jâhiz dénonce pour sa part l’avarice qui ne permet pas la générosité de l’individu envers les pauvres.
1.3. Les écoles de pensée islamique
• Les trois principales visions de la religion Islamique : le chiisme, le sunnisme et le kharidjisme
Le kharidjisme
Le kharidjisme est né du conflit qui opposa Ali, le cousin et le gendre de Mahomet, et Mu’âwyia, qui gouvernait Damas et qui était le parent du calife ‘Uthmân, mort assassiné en juin 656. Le conflit s’est terminé par la résignation d’Ali quand son adversaire a mis des feuilles du Coran au bout des lances. Mais certains de ses partisans n’ont pas accepté le fait qu’Ali ait accepté le compromis, ont décidé de ne plus l’appuyer et ont fondé les khâridjites dont la signification étymologique est « sortant ». Les khâridjites dénoncent le fait que le califat et la préséance ne se base sur l’origine de la personne et sur sa richesse. De ce fait, ils réclament que tous les croyant se trouvent sur le même piédestal et soient traités de la même façon. Bien que cette première secte découlant de l’Islam comptait des fidèles qui étaient moins extrémistes et ont accepté le califat de Mu’âwiya, d’autres parmi eux se sont montré particulièrement révoltés. Selon ces derniers, les musulmans ont le droit de se révolter contre les califes qui ont commis des fautes graves. Ils affirment entre autre, que les musulmans dans ce cas, peuvent librement choisir leurs califes sans tenir compte de leur origine et de leur descendance.
Mais le kharidjisme a connu également, des schismes profonds. En effet, il comporte quatre grands courants de pensées ayant adopté plusieurs doctrines. Les extrémistes sont constitués par les azraqites de Mésopotamie et de Perse. Ils pensent qu’il appartient au musulman de se révolter quand il est témoin d’une quelconque forme d’injustice, ce qui les a conduit vers le terrorisme fanatique. Ainsi, les territoires dans lesquelles vivaient les autres musulmans étaient considérés comme impies, ce qui leur donnait droit de s’attaquer aux personnes peu importe leur âge et leur statut, et aux biens de ces derniers. La violence a toujours marqué les différentes manifestations des azraqites.
Pour répondre à cette vague de violence, un autre groupe a été créé en Arabie Centrale, rassemblant des azraqites modérés. Ce groupe n’acceptait pas que le meurtre politique soit légitimé sous prétexte de protéger la religion. Le fait de ne pas passer à la violence pour les najadât, ne traduit pas une faiblesse pour ce groupe, mais montre par contre, l’hypocrisie. Cependant, leur théorie n’a jamais pu être concrètement mise en application parce que pour conquérir le pouvoir, ils avaient recours principalement aux armes.
Un autre groupe est aussi venu répondre à la violence des azraqites. Il s’agit des ibadites qui sont aussi des extrémistes, mais qui ne montrent pas trop de violence comme le font les azraqites. A l’instar des najadât, ils n’acceptent pas le meurtre politique et tolèrent la réserve mentale. Mais les sofrites montrent néanmoins une intransigeance. Aujourd’hui, le kharidjisme a faibli mais il n’a pas pour autant, été démoli par les différents schismes et les conflits entre les kharidjites eux-mêmes. Néanmoins, ils sont encore rencontré en Mzab, en Algérie et au Djerba, en Tunisie. Le sultanat d’Oman présente une forte occurrence de kharidjites qui représente 75% de la population locale.
Le khardijisme qui subsiste actuellement pensent devoir montre plus de rigueur pour être l’élu de Dieu, mais, ils ne se dressent pas pour autant contre le capitalisme. Le sultanat d’Oman s’est même construit une puissance pétrolière avec la découverte de plusieurs gisements pétroliers. En Algérie aussi, le kharidjites ont développé une commerce fructueuse. Selon les ibadites en effet, le salut est obtenu suite à la prière, à une vie de prière et au travail, ce qui ne donne pas d’accès à l’oisiveté et à la prodigalité. Les ibadites condamnent cependant, le luxe, le tabac, l’alcool, l’argent gagné et de recours au réinvestissement. Enfin, la réussite pour ces peuples est obtenue grâce à l’entraide mutuelle entre les différents individus de la communauté et entre les membres de la famille. Mais en s’imposant comme de véritables gardiens des coutumes ancestrales, les ibadites omanais et mozabites tiennent à garder les coutumes en ce qui concerne l’exclusion sociale de la femme, qui ne doivent pas quitter leur pays ni même entrer dans certains cercles réservés aux hommes. Dans leurs pays, les femmes ibadites doivent porter une voile. Une autre forme de cette pensée conservatrice des kharidjites se manifeste par leur tenue vestimentaire qui hérite des habits des anciens, ainsi que leurs objectifs à toujours se tenir séparés des autres musulmans.
Les kharidjites sont considérés comme étant, des puritains, des protestants de l’Islam, mais ils tiennent avant tout, des rôles politiques en se dressant contre les chiites et les sunnites. Ils incarnent entre autre, la révolte sociale, ce qui probablement, ne laissait pas insensibles les plus démunies de la société, l’insurrection politique caractérisée par leur refus d’être dirigés par des califes qui ont fait des fautes graves. Cependant, ils refusent toute forme de compromis et n’arrivent de ce fait, à trouver que des solutions moyennes. Aujourd’hui, ils ne représentent plus que 1% environ de la communauté islamique et ils constitués majoritairement d’ibadites. Ils sont considérés comme étant l’origine du schisme au sein de l’Islam et de l’apparition de violence au sein de la communauté musulmane .
Le chiisme
La mort du Prophète comme nous l’avons souligné au début de cette partie, a causé un schisme au sein des musulmans. Ainsi, le sunnisme s’est opposé au kharidjisme et les partisans d’Ali sont devenus les chiites. Pour ces derniers, la désignation du calife qui devait régner sur l’empire et qui devrait aussi assumer le rôle de chef religieux devait se faire soit par l’élection, soit par la sélection d’un des membres de la famille du Prophète. Le chiisme constitue de ce fait, avant d’être un fait religieux, est un fait spécifiquement arabe (Thual, 2007).
Les chiites sont majoritairement duodécimains, et admettent que la succession de Mahomet est assurée par les douze Imams dont le dernier s’est occulté à Samara. Il s’agit d’un mouvement eschatologique qui attend le retour du Douzième Imam. La venue de ce dernier va marquer selon les chiites, une époque messianique de justice. Mais il existe aussi d’autres formes de chiismes qui se sont succédé. Les plus puissants au début étaient représentés par les ismaéliens, considérant la fin de l’Imamat avec le septième Imam. Les Zaydites au Yémen pour leur part, considère que cette époque s’est terminée avec le cinquième imam. Mais les chiites ismaéliens actuellement sont indianisés et dont la figure la plus célèbre est l’Aga Khan, leur chef spirituel. Ces chiites ne tiennent pas et ne s’impliquent pas dans des situations politiques, contrairement aux chiites duodécimains (Thual, 2007).
Le courant chiite est beaucoup plus impliqué dans le domaine politique que religieux depuis sa création jusqu’à maintenant. De nombreux musulmans se sont sentis déçus après la mise en place du nouveau régime califal, ce qui semble renforcer encore le courant de pensée chiite selon lequel, le pouvoir revient de droit aux descendants du Prophète. Mais ceci a conduit à la considération du chiisme comme étant une secte propageant une théologie hérétique (Millimono, 2009).
Persécutés, marginalisés par le pouvoir politique, les chiites ont adopté la doctrine de la Justice Sociale qu’ils désignent comme étant le sixième pilier de l’Islam. C’est ainsi que les chiites rassemblent beaucoup plus les pauvres, et les peuples Perses qui ont subi la conquête arabe et turque, les intellectuels qui n’ont pas été reconnus par la société, en d’autres termes, ceux qui se sentent opprimés. Avec cette position politique et sociale, le chiisme est considéré comme étant une révolution (Millimono, 2009).
Contrairement aux sunnites qui se focalisent sur le passé du Prophète qu’ils jugent comme étant un exemple dont ils s’inspirent pour mieux vivre, les chiites cherchent plus le sens caché des Ecrits Saints. C’est ainsi, qu’ils utilisent la technique d’interprétation appelée ta’wîl pour comprendre le sens du Coran. Mais dans cette optique, ils ont besoin d’être éclairé par l’Imam. Par conséquent, les chiites accordent beaucoup d’importance et respectent les imâms qu’ils considèrent comme étant un intermédiaire entre le spirituel et le temporel, mais également entre le Prophète et les fidèles (Millimono, 2009).
Un imâm est désigné soit par primogéniture, soit par désignation d’un fils par son père. Le chiisme se fonde sur une philosophie prophétique. Ainsi, les imâms sont considérés comme étant les personnes détenant la connaissance des sens cachés des Ecrits et qui se chargent par la suite de transmettre son savoir aux fidèles qui en sont dignes. Vu sous cet angle, le chiisme est structuré et montre une hiérarchisation des rôles et des statuts. L’imâm se trouve à la tête. Il doit montrer un comportement irréprochable. C’est une personne qui a été impérativement instruite dans la religion. Contrairement au calife, l’imâm possède des pouvoirs aussi bien temporels que spirituels. Par sa vie, son comportement, ses dires et tout ce qu’il entreprend, il doit manifester la présence divine parmi les hommes par l’intermédiaire du walî (Millimono, 2009).
Selon le courant de pensée chiite, l’homme possède une intuition qui lui permet de distinguer le Bien et le Mal. Ainsi, il est libre arbitre dans le choix des actes qu’il va faire, alors que cette acception est sujet de débat dans le monde islamique. Contrairement aux autres courants de pensées islamique, les chiites considèrent aussi le Coran comme étant une création. Les chiites n’acceptent pas tous les hadiths, les récits, les traditions et toutes les pratiques qui ont été reconnues comme étant appliquées par le Prophète (Millimono, 2009).
Le sunnisme
Le sunnisme constitue la grande majorité des musulmans. Bien qu’ils se soient dressés contre les kahridjites et les chiites, les sunnites ne sont pas les partisans de Mu’âwiya. Les sunnites considèrent que seuls les prophètes sont impeccables dans leur comportement, dans leur vie, dans leurs dires et dans la réalisation de leur mission, ce qui n’est pas le cas des Imâms et des califes. La considération du sunnisme comme étant une communauté à part a commencé lors de la fin du règne oumayyades et au commencement de l’ère ‘abbâside (Gardet, 1977).
Les sunnites au début vivaient avec les chiites, et il a vécu également avec les kharijites, avant de connaître des conflits provoquant la séparation. Le sunnisme s’est distingué des deux autres courants de pensées islamiques dans la première moitié du IIIème siècle. A cette époque, elle est devenue une famille spirituelle. Mais les sunnites se sont aussi divisés, donnant naissance à plusieurs doctrines et écoles juridiques et religieuses (Gardet, 1977).
Du point de vue juridique, il y a
– Les Hanafites qui estiment que la cause ou le principe permet de justifier le jugement d’un homme.
– Les Mâlikites qui tentent de rassembler le consensus des savants, les raisonnements par analogie, le jugement personnel, le recours aux coutumes en dehors de ceux qui sont purement islamiques et la nécessité de protéger l’intérêt général.
– Les Shâfi’ites qui soulignent la nécessité d’un consensus vivant sans pour autant se fier au jugement personnel. De ce fait, cette école met l’accent sur l’importance du raisonnement par analogie.
– Les Hanbalites qui s’attachent à la religion des Anciens, et n’acceptent aucun consensus mis à part ceux consentis par les Compagnons de Mahomet.
Les sunnites appartiennent en principe à l’un de ces quatre écoles juridiques. Ces dernières forgent la mentalité et conditionnent en même temps, les rites et les relations sociales (Gardet, 1977).
Les écoles théologiques pour leur part, se rapportent à l’étude de la parole de Dieu ou de la parole sur Dieu. Ces écoles tentent de mettre en relation, les arguments rationnels et la protection de la foi. Le sunnisme comporte deux courants de pensées théologiques qui sont :
– L’ash’arisme qui protège la transcendance divine et n’acceptent pas de ce fait, l’efficacité des causes secondes. Ils nient en d’autres termes, la liberté de l’homme et le libre arbitre parce qu’il ne représente qu’une acquisition venant de Dieu aussi bien pour le bon que le mauvais acte. Ainsi, Dieu agit sans qu’il n’y ait des raisons compréhensibles pour l’homme et que celui-ci ne devrait pas chercher à comprendre.
– Le Mâturîdite qui accorde plus d’intellectualisme et de psychologie dans les courants de pensées théologiques. Il admet à l’instar de son prédécesseur, que Dieu est bien à l’origine des différents actes de l’homme mais que celui-ci attribue une qualification morale à chacun de ses actes. C’est ainsi que le fait de connaître ce qui est bien ou non tient de la préscience divine.
Pour le musulman, les doctrines juridiques et théologiques se confondent. La mentalité musulmane comprend deux composantes qui sont l’ilm al-kalâm qui admet l’importance de la raison. Les Ash’arites tout comme les Mâturîdites considèrent la raison comme étant, un critère de la Loi religieuse. Dans cette corrélation, la raison sert les valeurs absolues véhiculées par la Loi, avec l’objectif de prouver (Gardet, 1977).
Le hanbalisme pour sa part se focalise sur les données de la foi, sans tenir compte des arguments rationnels. La seule preuve acceptée par ce courant de pensée est le texte scripturaire. Ainsi, les données de la foi et les valeurs morales conditionnent la conception de solutions juridiques. Mais les hanbalistes accordent beaucoup d’importance à certaines valeurs telles que la justice, la sincérité qui permettent de sauver l’esprit (Gardet, 1977).
Les courants de pensées peuvent diverger et pourtant, les sunnites vont essayer de trouver un consensus, une modération dans le cadre de la considération de valeurs issues de différentes provenances. Ainsi, les Ash’arites peuvent se dresser à la fois contre le fait que l’homme est le seul responsable de ses actes et aussi contre le courant de pensée selon lequel, l’acte de l’homme est une contrainte venant de Dieu. Cette attitude s’inscrit dans le cadre de la recherche du « juste milieu ».Le sunnisme se montre très intransigeant en ce qui concerne les doctrines et n’autorise par les outrances doctrinales. Mais il accepte que l’accomplissent d’un fait ne peut survenir à moins que Dieu ne l’ait voulu. Les sunnites admettent la faillibilité de l’homme, de l’imâm et du calife. Mais il tient à l’équilibre en se fiant au raisonnement et à la conformité des traditions (Gardet, 1977).
Contrairement aux chiites qui utilisent le ta’wil pour interpréter les textes coraniques, le sunnisme considèrent les interprétations des chiites comme étant de ésotérique. A l’instar du ta’wil, les sunnites se fient au tafsîr également appelée exégèse explicative. De même, les sunnites ne montrent pas de hiérarchisation comme le chiisme (Gardet, 1977).
• Explication des fondamentaux de l’éthique financière islamique
L’éthique financière islamique puise ses origines des Ecrits Coraniques stipulant que l’argent vient de Dieu et ne peut pas par conséquent, faire l’objet d’un échange. Selon la pensée islamique, l’homme est responsable de ses richesses. La responsabilité de l’homme dans implique qu’il gère bien sa richesse et qu’il ne fasse pas de gaspillages ni des excès qui favorisent l’appauvrissement ou la réduction de l’argent qui devrait circuler au sein de la communauté. L’argent est un bien matériel sur lequel, l’homme ne peut pas s’appuyer éternellement, mais il doit uniquement veiller à ce que ce bien matériel génère de la valeur ajoutée. L’augmentation de profit et la protection des biens temporels constituent des actes parfaitement légitimes. Ainsi, l’enrichissement de l’homme témoigne de l’Amour et de la miséricorde divine (de Courcelles, 2010).
La gestion de la richesse suppose aussi que les investisseurs ne fassent que des investissements dont le risque est réduit. La prise de risque excessive n’est pas permise et pourtant avec l’apparition de la nécessité de l’individu à participer à la vie communautaire et l’évolution des caractéristiques du marché financier, les capitaux à risque ont été considérés comme étant légitime. Mais dans cette optique, aussi bien les risques que les gains doivent être équitablement partagés entre les différents acteurs. Dans chaque activité entreprise, la justice sociale et la solidarité constituent des conditions principales. Les relations d’affaire et le droit musulman sont mentionnés dans un contrat entre les différentes parties, mais cela nécessite l’installation d’un climat de confiance et la sincérité tel qu’il a été écrit dans le hadith : « Dieu est le troisième des deux associés tant qu’ils ne se trahissent pas. Si l’un d’eux trahit l’autre, Dieu les quittera. » (de Courcelles, 2010)
L’Islam tout comme les religions monothéistes se dresse contre l’usure qui se manifeste principalement par le prêt à intérêt alors que cette pratique est fréquente. Le Coran interdit le prêt à intérêt et l’enrichissement sans qu’il n’y existe de raisons explicites. La ribâ qui se rapproche de l’intérêt en Islam a été interdit au même titre que le maysir ou le pari, l’enrichissement suite aux jeux du hasard, et le gharar qui correspond à la spéculation dans l’incertitude. L’interdiction de la perception et du versement de l’intérêt vient du fait que les risques ne sont pas équitablement départagés ce qui fait que seul, le débiteur les endosse. La spéculation est particulièrement interdite lorsqu’elle se fonde sur la vente des biens matériels n’appartenant pas à soi. La transaction financière islamique se fonde donc sur des actifs tangibles afin de ne pas faire des transactions qui ne prennent pas compte de l’économie réelle. Les activités illégales et non éthiques tels que tabac, l’armement, l’alcool qui sont interdits par le Coran ne devraient pas faire l’objet d’investissement (de Courcelles, 2010).
Dans la détermination des actes licites et illicites, le Chari’a tient compte d’abord de la propriété, du mode de financement, de l’activité proprement dite et les conséquences de cette dernière sur la santé et l’environnement. Dans ce cadre, il est impossible de financer les activités acquises par le vol, la contrefaçon, l’escroquerie, etc. Les activités financées illégalement par exemple par de l’argent blanchi, ne peuvent être financées. Le financement des activités qui sont déjà illégales comme la prostitution, la vente de drogue, la pédophilie, les jeux de hasard n’est pas réalisable. En ce qui concerne les impacts de l’activité sur la santé et l’environnement, les activités qui détruisent l’environnement, ou qui peuvent porter atteinte à la santé de l’homme ou des animaux ne peuvent être financées (Belabes, 2010).
Mais il est difficile de prétendre que l’argent qui circule et la manière avec laquelle, la personne se l’est appropriée satisfasse aux commandements divins. C’est ainsi que l’aumône ou zakât est pratiqué par les musulmans afin de purifier sa richesse et ses revenus. Ceci est pratiqué surtout pour l’argent provenant des activités économiques. Mais cette pratique permet entre autre de faire une redistribution de la richesse et de favoriser en même temps, la justice au sein de la société. Les dettes doivent être réglées ou reportées quand le débiteur se heurte à des difficultés. Les musulmans doivent aussi consacrer une partie de la richesse dont ils disposent pour développer des activités définis par le Coran (de Courcelles, 2010).
Mais dans toutes ses activités, le Coran souligne l’importance de la raison, de la connaissance de la sagesse, de l’effort et de la lecture. Ceci pourrait supposer le fait que l’enrichissement de l’homme devrait se fonder sur ses efforts et son acharnement au travail, tout en demandant conseil à sa conscience, son intuition et en les confrontant à ses savoirs. En d’autres termes, la finance islamique encourage la considération de l’objectif poursuivi dans l’accomplissement de tel acte afin de savoir s’il pourrait être bénéfique pour l’individu mais également pour la communauté toute entière non seulement dans la vie d’ici bas, mais aussi pour l’âme (de Courcelles, 2010).
Comme n’importe quelle société financière, les banques islamiques subissent aussi les influences du marché et l’augmentation de la pression concurrentielle. Mais la finance islamique se caractérise par ses activités socioreligieuses telles que les prêts sociaux ou prêts gratuits qui contraint les débiteurs à rembourser la somme avancée sans demander des intérêts. Elle se caractérise également par la réalisation du Zakat, ou l’impôt purificateur (Galloux, 1992).
• Analyse des différences des systèmes de valeurs
Contrairement à ce qui se passe au niveau de la finance conventionnelle, la finance islamique se fonde sur les valeurs morales que sur les valeurs économiques. Ainsi, elle veille à la conformité aux Ecrits Saints Coraniques que sur les différentes prises de décisions encouragées par l’évolution du marché économique et financier du monde. Les transactions sont réalisées en fonction des principes de la Chari’a. L’argent n’est pas considéré comme un bien mais plutôt, comme un moyen permettant d’évaluer la valeur . C’est ainsi que la finance islamique refuse de financer les activités rentables mais illicites ou permettant de percevoir des intérêts . La valeur morale clamée par la finance islamique suppose le non spéculation.
Cependant, une valeur peut être considérée comme étant morale dans une société et être complètement immorale pour une société, ce qui relève de la difficulté de mettre en place un système standard de valeur aussi bien pour la finance islamique que pour la finance conventionnelle.
Aussi bien dans l’éthique de la finance conventionnelle basée sur le protestantisme que sur l’éthique de la finance islamique, le fait de travailler permet d’assurer la survie et l’accomplissement des devoirs sociaux étant donné que l’homme ne peut se soustraire à la société et à ses différents devoirs. Mais les deux éthiques soulignent aussi la moralité de faire fortune (de Courcelles, 2008).
Etant fondée sur l’Islam, la finance islamique se réfère à toutes les valeurs morales qui caractérisent les sociétés humaines. Ces valeurs peuvent dans certains cas, entrer en contradiction avec la valeur capitaliste qui se concentre beaucoup sur la maximisation de profits. Le matérialisme dans un contexte de globalisation semble avoir pris de l’ampleur, chose qui a été limitée par l’Islam qui attire beaucoup plus l’intérêt des fidèles vers la spiritualité (Saint-Prot, 2009).
La fragilité d’un système qui se concentre trop sur la génération et l’augmentation de profits a été prouvée avec l’éclatement de la crise économique mondiale en 2008, chose qui semble souligner le fait que la finance ne permet pas forcément de développer, d’augmenter l’économie réelle de l’Etat. Ainsi, la poursuite sans relâche de profits, d’intérêts ne permet pas toujours d’enregistrer de bons résultats, comparés à ce qui se passe dans le cadre de la finance éthique telle que la finance islamique. Le flux de capitaux dans le monde pourrait de ce fait être modifié par cette finance islamique (Saint-Prot, 2009).
La finance islamique se réfère à certaines valeurs qui sont aussi recherchées par la finance conventionnelle telles que la transparence, le partage équitable des gains et des pertes, l’entraide mutuelle entre les différentes parties prenantes de l’entreprise, la réussite de projets économiques collectifs (Saint-Prot, 2009).
Mais il faut noter au niveau de ce point de vue, que la communauté est composée de plusieurs individus. Ce sont donc les valeurs de chaque individu qui sont à la base du système de valeur de la communauté. Ces valeurs peuvent être la dignité humaine, la liberté, le sens de la responsabilité, la fraternité, l’altruisme, le respect des droits des autres ce qui implique le non empiètement sur la vie des autres ou sur ses droits. L’Islam se fonde sur des devoirs religieux personnels qui sont dictés par la raison . Le travail possède également une valeur considérable pour l’Islam dans la mesure où elle est à l’origine de la formation du travail. Le travail est donc obligatoire et est sacré .
1.4. Référentiel : l’éthique dans la finance conventionnelle
Nous avons dit que l’éthique se focalise sur l’étude du comportement qui devrait être adopté par l’homme ou non afin de mieux vivre. Ceci implique la connaissance du bon et du mauvais comportement qui pourrait impacter négativement sur la personne et sur son entourage. Mais il est difficile de considérer l’éthique sans mentionner le devoir qui impose à l’individu, l’accomplissement d’un acte. Evidemment, chaque acte va générer des conséquences, qui sont jugés par la personne, les dirigeants d’entreprise, la communauté. Les devoirs en général, son séparés de leurs conséquences, mais en éthique financière conventionnelle, les conséquences d’un acte, d’un devoir sont analysés au même titre que le devoir. Les objectifs poursuivis par la finance en général est de maximiser le profit et dans ce cas, il existe différents faits contradictoires qui peuvent être considérés comme étant immoral, non éthique. C’est le cas par exemple de la production d’intérêts qui consiste à générer de l’argent par l’argent, ce qui est chose contre-nature. En d’autres termes, la finance a été sujet à controverse et a toujours suscité la réaction souvent négative de la société. Pourtant, en parlant de devoir envers la société, il a été constaté que la finance est un des piliers du développement de l’Etat (Amartya, 1992).
Il serait probable et justifiée que des activités financières soient entreprises en tenant compte de ce qu’elles apportent pour l’individu et pour la société toute entière. Dans cette optique, la recherche de profits financiers pourrait conduire selon Aristote, à la création de monopole et à la multiplication de gains qui ne sera finalement pas favorable que pour certaines personnes uniquement. Dans ce cas, le gain de la société de la pratique financière est plus faible par rapport à ses pertes, ce qui ne permet pas de dire que l’activité soit moralement et éthiquement justifiée même si le profit financier est important. Ainsi, il doit exister des limites, des contraintes, qui amènent à modifier le comportement des personnes qui se lancent dans des activités financières. L’éthique aristotélicienne souligne la remise en question de la justification morale de la construction de fortune alors que l’individu n’a fourni aucun effort, l’augmentation des inégalités entre les personnes qui sont socialement vulnérable suite à certaines activités financières, et la justification éthique et morale de l’exploitation de la vulnérabilité des personnes qui ne possèdent pas ou très peu de biens pour enrichir certaines personnes qui ont déjà acquis une certaine position et un statut au sein de la société et qui peuvent de ce fait, s’attribuer des profits et des intérêts considérables (Amartya, 1992).
Pour freiner les activités qui son jugées non éthiques et qui sont pratiquées dans la finance sont freinées par les mouvements d’investissements socialement responsables. Ceci implique le droit de l’homme, le droit de chacun au travail et le respect de l’environnement. Pour évaluer si une activité est éthique ou non, les critères sociaux sont intégrés dans le cadre de la gestion financière de l’entreprise. L’éthique pourrait conduire à la punition des investisseurs qui se lancent dans certaines démarches jugées immorales. Mais le fait d’appréhender les activités ne conduisent pas toujours à des résultats positifs. C’est la raison pour laquelle, l’activiste américain Léon Sullivan a tenté de mettre en place une approche d’engagement. Avec cette nouvelle vision de l’éthique, les placements ne sont plus rejetés par contre, ils doivent tous contribuer à la modification des conduites des entreprises afin qu’elles soient socialement responsables. Ceci s’inscrit dans le cadre de l’investissement socialement responsable (Gendron et Bourque, 2003).
Puis, des évolutions se sont produites notamment avec le mouvement de protection de l’environnement et la vision du développement durable. La cause environnement s’est rapidement imposée comme étant un critère permettant de qualifier un fonds d’éthique. A cela s’ajoute d’autres critères sociaux tels que l’égalité de tous dans le travail, le respect de normes internationales en ce qui concerne le travail notamment pour les entreprises qui font des investissements et qui lancent des activités au sein de pays en voie de développement. Les fonds investis doivent entre autre être analysés au niveau de leur contribution à la vie de la communauté dans laquelle s’insère l’entreprise en question. L’acceptation des investissements socialement responsables constitue une application morale, mais dont l’origine est l’éthique, en ce qui concerne l’enrichissement et le partage de la richesse ainsi gagnée entre les différentes parties prenantes de l’entreprise. Il découle de l’investissement éthique qui se base sur la perception de chaque individu et des différentes valeurs morales qu’il possède, ce qui lui permet de faire des actes bien déterminées et de se restreindre à faire d’autres actes (Gendron et Bourque, 2003).
Le mouvement méthodiste a été à l’origine des premiers fonds éthiques au 17ème siècle. Au vu du Nouveau Testament, les fonds ne devraient pas être utilisés dans le cadre d’activités qui conduit à la souffrance de l’être humain. Puis les fonds éthiques ont continué à gagner du terrain avec le mouvement pour les droits civiques lancés par Martin Luther King. Le principe Sullivan lancé en 1977 montre sept principes sociétaux qui visent à lutter contre l’apartheid. Les fonds éthique se sont évolué suite à la théorie des parties prenantes stipulant que l’entreprise constitue un agent et qu’elle ne peut se séparer de la société aussi bien dans l’accomplissement de ses activités que dans ses relations avec les différentes parties prenante afin de vendre ses produits et ses services. Cependant, l’application des principes moraux ne sont plus considérés au niveau de l’individu, mais au niveau de l’interaction entre la société et l’entreprise elle-même, sans tenir compte des approches individuelles de l’entreprise .
2. Choix de la méthode d’analyse : l’approche de comparaison
2.1. Comparaisons entre le droit de la finance islamique et le droit de finance conventionnelle
La comparaison est une méthode consistant à faire un suivi régulier des meilleures pratiques des organisations et qui permet par la suite, de connaître les failles qui peuvent exister au niveau des différentes pratiques de l’entreprise. Cette méthode permet une analyse interne et externe des pratiques, des faits qui devrait conduire à l’élaboration de plans d’actions. La comparaison se fait principalement au niveau des produits, des services et des pratiques, qui reflètent les résultats des processus de l’entreprise afin de pouvoir les confronter aux résultats obtenus par les autres entreprises. Mais dans cette démarche, il est nécessaire de tenir compte de l’évolution et de la tendance d’évolution du marché cible, ce qui pourrait encore influencer d’une manière positive ou négative les différentes pratiques de l’entreprise. Cette analyse permet de voir les écarts qui existent entre deux organisations, deux structures, deux entreprises différentes. L’écart est mesuré sur la base des processus mis en œuvre par l’entreprise et l’entreprise qui fait office de référence. Cela passe par des analyses quantitatives et qualitatives . Il nous semble adapté de choisir cette méthode parce que nous tentons vraiment d’analyser et de confronter la finance conventionnelle et la finance islamique. Mais elle nous permet aussi de voir les différentes failles qui pourraient exister au niveau de la finance islamique qui est encore très jeune par rapport à la finance islamique. Enfin, elle nous paraît être la méthode la plus pertinente pour tirer des conclusions en ce qui concerne les recommandations pour développer la finance islamique.
• Le droit des contrats de produits financiers islamiques
Le droit islamique se fonde sur le Coran et sur la Sunna qui dictent la vie et la pratiques de tout musulman. La Sunna correspond à l’ensemble d’écrits concernant les paroles et les actes des prophètes et aussi leurs réflexions en ce qui concerne les comportements des autres. Les dires des prophètes sont collectés et transmis de génération à génération par l’ahadith. Une autre source du droit musulman est l’al ijma qui correspond aux différents consensus produits par les théologies musulmans concernant un sujet. Le Wa’d qui signifie promesse est un acte qui permet à celui qui fait la promesse de permettre à une autre personne de bénéficier du bien par l’achat ou la vente à un prix qui peut être clairement déterminé. Dans ce cas, le bénéficiaire de ce bien acquiert un droit d’option .
La Sunna constitue pour sa part, la loi législative de l’Islam et les règles coraniques. Elle donne des indications en ce qui concerne la démarche pouvant être adoptée par le musulman pour parvenir à l’enrichissement éthique et respectueux de Dieu. Elle cite notamment le commerce. Mais la Sunna ne permet pas à l’homme d’exposer sa richesse et de se vautrer dans la luxure .
La finance islamique se fonde sur le droit et la jurisprudence islamique se référant particulièrement à l’équilibre entre les différents contrats et le partage de gain.
L’Islam donne le droit à tout musulman d’être riche mais il doit rémunérer les facteurs de production ce qui implique un travail. Les facteurs de production englobent les ressources qui ont été mobilisées dans le cadre de l’enrichissement de la personne, telle que la terre, la technologie, etc. Ces facteurs de productions sont achetés par l’acquéreur de la richesse. Ensuite, il doit effectuer un travail dont la rémunération devrait être justifiée et juste. Il donne également le droit aux personnes qui sont socialement vulnérables de bénéficier d’une part de la richesse et des biens acquis par les riches par le paiement de certaines obligations ou par le biais de la charité. Le Coran donne donc un droit de percevoir et un droit de nécessiter la richesse (Hours, 1993).
Pour le musulman, le droit de propriété est attribué par l’argent qui permet à l’individu d’acquérir les biens ou les services. L’acquisition d’argent est effectuée soit par le prêt soit par le transfert d’argent. Le prêt est considéré comme étant une démarche de transfert du droit de propriété à l’emprunteur. Dans ce cadre, l’emprunteur ne doit rembourser que ce qu’il doit sans que le créancier ne lui impose des intérêts. C’est ainsi que l’intérêt sur l’argent conduit au creusement de l’écart entre les riches et les pauvres. C’est un droit de propriété injustifié parce que le droit de propriété au début de l’opération a été dépassé (Toussi, 2010).
L’intervention de la religion dans le cadre du droit financier se fait soit par l’obligation de l’individu à adopter des comportements, des modes de vie qui soient conformes aux Ecrits Saints et à la Chari’a, notamment par le biais de la Sharia board. Ces règles peuvent être appliquées directement par les autorités religieuses ou par un pouvoir séculier. Elles peuvent également être appliquées par le biais de l’influence qu’elle exerce sur la morale, sur la culture et les mœurs. Chez les musulmans, le droit et la religion sont inséparables. Pour mettre en exergue cette relation très forte, il est désormais admis que chacun des actes de l’homme est soumis à la fois à la surveillance et la justice divine qu’à la justice de l’homme (Jahel, 2001). C’est ainsi que la finance islamique dénonce les écarts entre les hommes et les transactions dans lesquelles, les rapports de force entre les deux parties sont inégales. Et pourtant, l’intérêt a été considéré actuellement comme étant le garant de la survie de la banque. Les liquidités se nourrissent des taux d’intérêt, des titrisations .
• Le droit de la finance conventionnelle
Contrairement à ce qui se passe dans la finance islamique qui tend à mélanger la religion et la finance, la finance conventionnelle tend à séparer la religion de la finance. Les différents droits en finance supposent toujours la recherche de la justice et se réfère à différentes règles morales telles que la recherche du partage de profit, la prohibition de la richesse accumulée injustement et pourtant, ces différents droits ne sont pas ou peu appliquées. Par ailleurs, l’application des règles de droit en finance suit inexorablement l’évolution du marché financier. Si le prêt à intérêt a été longtemps interdit par le Judaïsme, l’Islam et le Christianisme, il a été observé qu’il a été toujours appliqué. C’est ainsi que la religion a été destinée non seulement à interdire l’intérêt, à diffuser différentes règles limitant telle ou telle action, les règles ont été assouplies dans le cadre de la recherche de consensus permettant de trouver l’équilibre entre les différentes prestations et la protection des emprunteurs qui sont vulnérables. Cette démarche devrait entre autre permettre le contrôle de l’abus de droit, le respect d’autrui, l’assistance des personnes qui en ont besoin, etc. Bien que la religion clame la nécessité de réduire les écarts entre les riches et les pauvres et dans ce cas, tend à préserver l’équité, la prohibition de l’intérêt. L’établissement de règles de droit permet l’efficacité économique d’une entreprise ce qui implique une utilisation à bon escient des ressources afin de pouvoir maximiser autant que faire se peut la richesse (Jahel, 2001).
La finance conventionnelle a pour objectif de faire des échanges par le biais des achats ou des ventes de titres qui permettent d’accéder directement ou non à une partie de la richesse présente et future de l’entreprise. La finance conventionnelle stipule que la répartition des richesses issues d’une activité pendant une période donnée, ne peut pas être directement partagées entre les différentes parties prenantes pendant cette même période. Cela nécessite la détermination de droits sous forme d’actifs financiers qui soient partagées entre les différentes parties prenantes. Pour la finance classique, quand une personne dispose de capital, alors elle est un ayant droit. Cependant, le droit du détenteur de ce capital ne peut être que partiel notamment à cause des différentes péripéties qui se produisent lors de la répartition des ressources. Par ailleurs, le transfert de richesse n’est pas toujours une démarche facile et sûre. Dans la finance conventionnelle entre autre, le marché financier permet de structurer les droits sur la richesse à venir de l’entreprise .
2.2. Mise en comparaison des fonds charias compatibles et fonds ISR
Les fonds ISR et les fonds charia ou fonds islamiques appartiennent tout deux aux fonds confessionnels ou fonds religieux. L’investissement pour ces deux fonds évoqués se fonde sur des critères extra financier et à l’instar des fonds philanthropiques, les fonds ISR et les fonds charia distribuent une quote-part de leur revenus pour aider les défavorisés. Les fonds Charia comme leur nom l’indique, sont des fonds qui exigent une gestion conforme avec les principes de la Chari’a. La vérification de la conformité de la gestion des fonds islamiques aux principes de la Chari’a suscite l’intervention du Conseil ou du conseiller Charia. Les actifs islamiques ne doivent pas être mélangés aux actifs conventionnels. Le gestionnaire des actifs islamiques doit se confirmer sur la tangibilité des bases des différentes opérations ce qui implique qu’il n’utilise les espèces que quand ces dernières ont été créditées sur un compte. Les fonds islamiques se distinguent des fonds conventionnels par leur politique d’investissement, leur comptabilisation et leur évaluation et surtout, par le biais de la purification des revenus qui n’est pas observée dans la finance conventionnelle.
Les fonds islamiques ne sont investis que dans les activités conformes à la Charia. Pour ce faire, il existe des filtres d’investissements islamiques négatifs qui indiquent si la société se conforme à la Charia à travers ses activités. Le suivi et la vérification de cette conformité aux principes de la Charia sont effectué à partir de la date de prise de décision d’investissement et se poursuit tout au long du contrat. Le filtre est appliqué au niveau de l’activité commerciale et au niveau de la structure financière de l’entreprise. Si l’entreprise ne remplit pas les différents critères permettant de qualifier ses activités de conformes à la Charia, alors son actif doit être revendu. Mais il existe aussi des cas où l’entreprise se lance dans des activités qui ne sont pas forcément illicites et pourtant, ils tirent profits issus des activités qui ne sont pas conformes à la Charia. Dans ce cas, les investissements peuvent être autorisés à condition que les dividendes découlant des activités illicites soient purifiées.
La purification peut se faire de différentes manières. Ainsi, il est possible que certaines entreprises pour purifier les dividendes obtenues suite aux activités illicites paient un montant forfaitaire de purification qui s’élève en général à 5%. Les revenus impurs doivent être évalués pour chaque fonds, ce qui permet de déterminer le pourcentage et de connaître les revenus. Après la purification, l’administrateur de fonds doit communiquer la valeur nette des actifs. Les montants issus de la purification sont distribués aux organismes qui font des actes de bienfaisance ou être reversés dans les fonds philanthropiques qui sont consacrés à cet effet.
En ce qui concerne la structure financière de l’entreprise, la politique de conformité aux principes de la Charia suppose que les entreprises cibles ne présentent pas de dettes conventionnelles et d’intérêts. Pourtant, dans la pratique, ces conditions ne sont pas remplies par les entreprises, ce qui contraint les experts de la finance islamique à tolérer ces faits sous certaines conditions. Ainsi, les dettes de l’entreprise doivent être inférieures à 33%en moyenne du capital boursier sur les douze derniers mois.
Au niveau de la comptabilisation et de l’évaluation des actifs financiers islamique, le gestionnaire doit s’assurer que le système de valorisation soit bien fondé afin de pouvoir espérer des résultats précis. La valorisation des actifs financiers comme les actifs financiers conventionnels peut se faire par l’intervention des valorisateurs spécialisés. Mais les modèles de valorisation appliquées à ces actifs doivent être régulièrement revus .
L’ISR ou investissement socialement responsable est réalisée dans le cadre du développement durable qui découle de l’équilibre entre la cité, de l’environnement et de l’économie. L’homme se trouve au centre du développement durable. L’entreprise influence cet équilibre en agissant sur ces différents acteurs et de connaître les conséquences d’un des effets de ces facteurs sur la richesse de l’entreprise. A l’instar des fonds charia, les fonds ISR se basent aussi sur des critères extra-financiers pour faire des évaluations avant de prendre la décision d’investissement. Les critères peuvent être environnementaux ou sociaux, mais le choix de se focaliser plus sur l’un ou l’autre des critères dépend des différents évaluateurs.
En général, les entreprises cibles sont évaluées en fonction des critères d’analyse suivant : les ressources humaines, les droits humains, le respect de l’environnement, la gouvernance de l’entreprise, l’engagement de l’entreprise à assumer ses responsabilités envers la société et les différentes parties prenantes et les relations entre le client et son fournisseur (Lasida et al., ).
La gestion des fonds ISR repose sur l’approche best in class et best effort. Mais dans la plupart des cas, la gestion best in class est la plus prisée pour gérer les fonds ISR. Certaines activités peuvent être considérées comme étant socialement non responsables vu leurs importants impacts sur l’environnement telles que la chimie, la construction automobile, les activités pétrolières. En effet, même si ces activités conduisent à des impacts négatifs sur l’environnement et ne contribuent pas de ce fait au développement durable vu qu’ils détériorent les ressources qui devraient être préservées pour les générations futures, leur contribution au progrès de la société est indiscutable. Le domaine de la chimie par exemple est à l’origine de la construction de différents objets, de l’invention de plusieurs formules ou techniques permettant d’améliorer la production. Dans ce cas, les fonds ISR peuvent être investis dans les activités des entreprises dans ces secteurs. Par contre, les fonds seront consacrés aux meilleures entreprises, ce qui implique l’évaluation de leur performance qui se manifeste par leur capacité à réduire la pollution découlant de leur activité, celles qui sont aptes à développer les énergies renouvelables et celles qui essayent d’améliorer autant que faire se peut leur prestation.
La gestion par l’approche best effort considère les différentes obligations relatives à la construction financière de portefeuilles ce qui conduit à la diversification des investissements. La sélection des investisseurs se basent sur les entreprises qui montrent un intérêt pour l’amélioration sociale, environnementale, la gouvernance d’entreprise. L’approche best effort suppose que les financiers cherchent à obtenir une rentabilité adaptée au risque encouru qui est maximisé. Ainsi, les entreprises sont encouragées à modifier leur comportement en fonction de ce que recherchent les investisseurs notamment, en adoptant un comportement socialement responsable. Cependant, certains gestionnaires ont dénoncé l’apport du comportement sociétalement responsable sur la génération de valeur par l’entreprise. Ce courant de pensée a conduit les gestionnaires des fonds ISR à autoriser tous les types d’investissements et de les encourager en contrepartie à adopter des comportements plus respectueux de l’environnement et de la société.
La gestion des fonds ISR suppose que l’offre réponde bien aux attentes du marché. Actuellement, uns fonds est choisi en fonction de l’attente culturelle, de la valeur du souscripteur. Certes, la performance financière du fonds constitue un des critères de choix, mais le souscripteurs considèrent aussi les critères non financiers.
Si les fonds Charia suppose un équilibre de partage des dividendes, les fonds ISR nécessitent aussi le respect de l’équilibre entre les différentes parties prenantes de l’entreprise tels que les actionnaires, les clients, les fournisseurs, les distributeurs, etc. Mais la pérennité de l’entreprise dépend entre autre de la qualité telle qu’elle est perçue par les consommateurs. Ceci contraint les entreprises à trouver le bon équilibre entre la qualité, le prix, la valeur du produit qui sera perçue par le client .
Tout comme les fonds islamique, les fonds ISR semblent aussi découler des différents principes religieux. C’est ainsi que dans ses débuts, les fonds ISR adoptaient une démarche d’exclusion des activités immorales telles que l’alcool, le tabac et la pornographie. Une autre similitude entre les deux fonds réside sur les objectifs qu’ils poursuivent notamment, en ce qui concerne l’amélioration des conditions de vie de l’homme, la prévention des menaces au niveau de l’environnement. Les principes de base des fonds ISR viennent compléter ou confirmer ce qui a été stipulé par les fonds charia. La responsabilité sociale de l’entreprise implique le respect des droits des travailleurs, ce qui ne contredit pas les différentes affirmations de la Charia.
Les deux types de fonds rejettent la discrimination des hommes en fonction de son appartenance raciale, de la couleur de sa peau, de ses valeurs morales et culturelles. La charia s’oppose aussi à la corruption. Elle interdit le travail forcé qui est aussi condamné par les fonds ISR dont les fondements sont tirés par les conventions de l’Organisation Internationale du Travail (OIT).
Il a été remarqué cependant que les fonds charias et les fonds ISR visent les mêmes objectifs mais ils présentent aussi des différences notables. Les fonds islamiques se focalisent sur l’activité de l’entreprise alors que les fonds ISR tiennent compte des pratiques non financières de l’entreprise. Dans le cadre des critères d’analyse des entreprises cibles, les fonds charia excluent les jeux de hasard alors que ces pratiques ne sont pas interdites par les fonds ISR. D’autre part, les deux fonds ont deux définitions très différentes pour appréhender l’incertitude et le risque. Parfois aussi, les indices et les ratios de solvabilité sont déterminés de différentes manières. Mais les différences des deux parties peuvent être considérées comme étant des opportunités pour avoir des éléments complémentaires . Par ailleurs, il a été trouvé que dans certains pays asiatiques tels que la Malaisie, l’Indonésie et le Singapour, les fonds éthiques sont inspirés de la Charia, contrairement à ce qui se passe dans les pays occidentaux qui s’inspirent du christianisme pour construire les fonds ISR .
2.3. Formulation de l’hypothèse
Nous avons montré que la finance islamique et la finance conventionnelle poursuivent les mêmes objectifs. Dans un contexte de globalisation, il est évident que la finance islamique qui est encore jeune s’inspire des produits proposés par la finance conventionnelle. Quand la globalisation s’applique à certains marchés financiers, la finance islamique va donc être obligée de s’y adapter et de reprendre par la suite certaines pratiques de la finance conventionnelle. Les normes éthiques des pays non musulmans peuvent parfois montrer des similitudes avec les principes de la Charia. Par ailleurs, si la finance islamique tente à travers le zakât d’aider les plus démunis, il a été constaté que la finance conventionnelle montre aussi des évolutions qui ont conduit à l’établissement des investissements socialement responsables qui ont émergé plus récemment. Mais la finance conventionnelle a été témoin de l’apparition depuis plus de cent ans, des fonds chrétiens qui se penchent aussi sur les mêmes bases que le zakât d’aider les pauvres.
Les deux types de finances tentent sur la base de certaines règles morales, éthiques et religieuses, d’attirer les clients qui auraient pu ne pas être attirés par les autres types d’investissements qui visent uniquement la recherche et la maximisation des profits au détriment de ceux qui sont vulnérables dans la société. La finance conventionnelle peut aussi dans certains cas, à l’instar de la finance islamique, se base sur des principes inspirés de la religion mais dans le but de répondre aux attentes et aux exigences des investisseurs. Tous les deux considèrent la finalité de l’activité, la rémunération et tentent de connaître le lien entre la rémunération et le risque/rendement .
La pratique de la finance islamique actuellement est similaire avec celle de la finance conventionnelle. Pratiquée dans les pays non musulmans, la finance islamique doit s’adapter aux conditions du marché local. Une autre similitude a été évoqué en ce qui concerne la finance islamique et la finance conventionnelle : il s’agit du prêt participatif qui pourrait correspondre au moudarabah ou le partage de risques. La finance mutualiste se bas sur certaines bases de la finance conventionnelle pour créer les différentes assurances. Dans ces différents produits, les principes de la finance occidentale se rapprochent de ceux de la finance islamique. Ainsi, la finance islamique a été construite pour attirer les clients musulmans qui ne peuvent investir que dans les activités conformes aux principes de la Chari’a. Les similitudes entre les deux formes de finances se confirment à travers le fait que certaines banques non islamiques possèdent des dépôts compatibles avec la Charia au même titre que les banques islamiques.
Les deux types de finance proposent les mêmes types de produits. Pour illustrer ce fait, le produit de la mousharaka ressemble à une joint venture dans lequel, le client devient le manager de la mousharaka qui va racheter sa part. Le rachat dépend de la valeur de l’entreprise dans le marché financier, puis, les parts rachetées vont être revendues. Cette pratique pourrait être assimilée au risk management de la finance conventionnelle qui permet aux entrepreneurs de faire des prêts en fonction de leur participation au capital. La seule différence réside sur le fait que la finance conventionnelle ne se base pas sur la ribâ mais sur les opportunités du marché pour lancer les produits. Néanmoins, il a été constaté que certaines banques conventionnelles se basent aussi sur la ribâ pour lancer leurs transactions et arrivent de ce fait, à devancer les banques islamiques .
Au vu de ces différentes constatations, notre hypothèse s’annonce comme suit : La finance islamique tend à converger vers la finance conventionnelle et n’apporte pas de réelle valeur ajoutée aux investisseurs mis à part le critère religieux.
2.4. Les différents critères retenus dans l’analyse
• Fortes ressemblances entre certains produits de la finance conventionnelle
La finance islamique montre plusieurs similitudes avec la finance conventionnelle. La finance islamique serait par conséquent, une réplique de la finance conventionnelle mais qui se caractériserait par l’ajout de certaines contraintes ou Lois permettant de se conformer à la Charia. De ce fait, il existe des produits qui sont assimilés ou qui trouvent leur correspondance avec les produits financiers islamiques. Pour illustrer ce fait, le mudaraba qui permet à l’entreprise de s’affranchir de toutes les pertes et d’avoir du capital, contre son savoir-faire et son capital humain, peut être assimilée au contrat accordé par la finance conventionnelle en ce qui concerne les sociétés en commandite. D’autre part, la musharaka dans laquelle, la banque donne un capital et un ou des partenaires pour le lancement d’un projet. Au début du contrat les bénéfices tout comme les pertes sont départagées entre les deux parties, ce qui donne à chacune d’entre elles de pouvoir gérer le projet. Ce produit pourrait être assimilé au joint-venture chez la finance conventionnelle . L’ijara permet à la banque de disposer de biens et de les fournir aux clients à condition que ceux-ci paient un loyer. Cela correspond au leasing dans la finance conventionnelle .
Chatti (2010) a mentionné la ressemblance entre les modes de financement participatifs de la finance islamique et le technique de financement appliquée par les banques occidentales et qui est connue sous l’appellation capital-risque ou venture capital. Par conséquent, il est possible donc de lancer l’un ou l’autre de ces techniques de financement plus particulièrement pour les musulmans qui exigent des produits financiers charia compatible. Aussi bien le capital risque que le financement participatif procède au partage de pertes et de profits. Dans le cas du capital risque, le jeune entrepreneur est aidé et accompagné par le capital- risqueur, ce qui correspond beaucoup plus à une relation de partenariat qu’à une relation entre un banquier et son client. C’est la raison pour laquelle, les pertes et les profits sont partagés entre les deux acteurs. La même constatation est faite en ce qui concerne la moudaraba et la moucharaka. Les deux modes de financement sont soumis aux mêmes risques qui sont la faillite, les risques liés à la rentabilité, le risque d’illiquidité.
En ce qui concerne le mode de financement, dans les deux cas, le remboursement du capital dépend de la performance de l’entreprise cible, ce qui pourrait correspondre à un apport en fonds propres. Néanmoins, il existe des nuances en ce qui concerne le délai de l’investissement. Pour le capital-risque, l’investissement est délimité par le temps tandis que ce cas n’est pas retrouvé dans le cadre du financement participatif. Des nuances sont également observées au niveau des objectifs des deux techniques d’investissement. Le capital risque cible les projets qui génèrent des plus-values importantes. Le même but est poursuivi par la finance islamique à la seule différence qu’elle cible aussi des objectifs sociaux.
• La moralisation de certains produits financiers conventionnels
La finance conventionnelle telle qu’elle est souvent considérée comme n’ayant d’autres intérêt que les profits personnels, s’est penchée de plus en plus à la moralisation de ces différents produits et des activités. Elle tend également à montrer cette moralisation à travers son mode de fonctionnement. Il a été trouvé en effet, que la finance conventionnelle cherche à protéger le respect des droits fondamentaux de l’homme, le respect de la déontologie. La finance conventionnelle se focalise entre autre pour protéger les clients en leur rapportant les informations, en limitant le taux d’intérêt qui pourrait être appliquée à différentes opérations de crédits.
Tout comme la finance islamique, la finance conventionnelle tient à établir un bon rapport entre la nature et l’individu, en établissant des activités qui peuvent impacter négativement au niveau de l’environnement naturel de l’homme. La moralisation des pratiques financières conventionnelles se reflète à travers la protection de la vie privée des clients, l’attention portée à la protection de la donnée individuelle, la mise en place et l’application de déontologie lors de l’accueil des clients .
La crise financière qui s’est produite en 2008 a montré combien la finance conventionnelle est fragile et cette fragilité a été attribuée notamment au gouffre laissé par le manque d’éthique, de valeur morales dans la finance traditionnelle. C’est la raison pour laquelle, les entrepreneurs se sont focalisés sur les banques islamiques pour s’assurer de la protection contre les différents risques qui se sont produits pendant la crise financière de 2008.
Mais ce n’est pas seulement cet évènement qui a créé la focalisation des acteurs sur la moralisation des produits financiers et de la commercialisation des produits non seulement au niveau de certains pays, mais à l’échelle mondiale. La mondialisation de l’économie a conduit en effet à l’augmentation du recours au paradis fiscaux, ce qui pourrait souligner la nécessité de moraliser les pratiques financières afin que les entreprises ne cherchent pas uniquement à faire des profits pour eux-mêmes et leurs proches au détriment de toutes les autres parties prenantes de l’entreprise .
La moralisation des produits financiers pourrait se refléter à travers le développement de l’apparition et l’émergence de finances éthiques qui répondent ou tentent de répondre à l’impératif efficacité économique de l’entreprise ainsi qu’aux nécessités environnementales et sociales non seulement au niveau national, mais aussi au niveau international. Cependant, cette moralisation n’est pas parfaite. Elle est encore en pleine évolution et se heurte à différents enjeux notamment, la difficulté à mettre en place des pratiques dites « éthiques » alors que la notion porte à confusion. Les comportements éthiques sont nombreux et évoluent de temps en temps, ce qui ne permet pas de dresser des standards sur lesquels se référer. La communication des informations semble très difficile et des coûts supplémentaires doivent être assumés par la banque pour les recherches d’informations supplémentaires qu’elle doit mentionner dans son rapport. Les coûts supplémentaires peuvent également être causés par la nécessité de mettre en place différentes filtres permettant de filtrer les investissements. Certes, il s’agit pour les institutions financières de se conformer à des comportements éthiques, à proposer des produits qui soient moralement acceptables. Mais à part cela, il est nécessaire que l’institution soit pérenne, ce qui nécessite le ciblage de clients présentant la plus forte potentialité. Avec plus ou moins de difficultés, la finance a fait des efforts pour moraliser ses pratiques, ses comportements, ses activités et ses produits (Razafitombo, 2006).
• Accélération de l’innovation financière
L’innovation est devenue un mot-maître pour la société actuelle, tant elle est mentionnée par les clients comme étant un des critères permettant de juger de la potentialité d’un produit, d’un service et d’une entreprise. L’innovation a permis certes d’explorer de nouvelles voies permettant d’améliorer les produits tout en réduisant les coûts qui doivent être assumés par l’entreprise. Mais l’innovation va toujours de pair avec l’évolution de la technologie. Ce paramètre st à l’origine des différents rapports de l’individu avec le temps et l’espace. Le progrès technologique a été à l’origine de la création d’un espace virtuel, qui ne permet pas à l’individu de faire une appréciation de la situation en fonction de ce qu’il possède, mais en fonction de ce qu’il devrait posséder alors que le marché des échanges est très instable. Ce progrès est également à l’origine de la montée en nombre de paradis fiscaux et de la domiciliation de sociétés ou d’activités. Les différents montages permettent à l’entreprise de s’affranchir des contraintes sociétales alors que cette démarche est condamnable et ne peut être considérée comme étant éthique. La technologie permet aux investisseurs de faire des calculs et des prévisions qui vont lui donner la tendance du marché, ce qui pourrait supposer que c’est la machine qui remplace de plus en plus l’homme dans le cadre de l’appréciation du risque, ce qui pourrait le conduire à la ruine (Ploix, 1993).
Dans le domaine de la finance conventionnelle, l’innovation constitue aussi une condition permettant aux banques de rester pérennes et d’attirer le plus de clients possibles. Elle conditionne l’évolution des marchés. Sa réalisation dépend des conditions économiques générales dans l’Etat où l’institution financière est implantée et aussi aux conditions macroéconomiques qui vont inciter l’entreprise à se lancer dans un processus d’adaptation des méthodes de financement. Au niveau financier, l’innovation ne peut pas être pure mais découle d’un processus hybride. Dans ce cadre, la création de nouveaux produits financiers se fait par la combinaison de plusieurs processus. Ceci conduit à l’élargissement de la gamme de produits proposés aux clients. Contrairement à ce qui se passe au niveau de l’innovation industrielle, l’innovation financière n’est pas protégée par le brevet, alors que les mesures permettant de créer ces nouveaux produits sont souvent très faciles à copier et donc, accessibles et imitables pour les concurrents (Poulle, 2011).
Il a été constaté entre autre que l’innovation financière est entreprise lorsque l’entreprise se trouve confrontée à certains types de contraintes qui sont les contraintes réglementaires, l’augmentation de la pression concurrentielle, les risques découlant de la volatilité des taux d’intérêts et des taux de change. Pour s’affranchir de ces différents obstacles, les institutions financières se trouvent dans l’obligation de se lancer dans l’innovation financière. La théorie de la dynamique de l’innovation et de la réglementation stipule que l’innovation financière permet de s’affranchir des réglementations existantes ce qui conduit l’entreprise à s’adapter à la situation qui se présente. Mais cette théorie suppose aussi que l’innovation financière s’accompagne de la modification des réglementations, ce qui pousse les entreprises financières à contourner encore ces nouvelles règles par de nouvelles innovations (Poulle, 2011).
De 1990 jusqu’en 2000, il a été trouvé que les innovations financières se sont multipliées considérablement. Cela se manifeste notamment par la diversification des offres produits. Avant les années 1990 par exemple, les clients ne s’intéressaient pas à l’allocation, mais ces derniers temps, avec la crise financière, ils se sont intéressés aux fonds d’allocation active .
• Les éléments de convergences : les produits islamiques ayant une éthique semblable aux produits conventionnels
Etant donné que la finance islamique et conventionnelle poursuivent les mêmes objectifs, il n’est pas étonnant de voir qu’elles ont développé des produits similaires. Cherif a fait une comparaison pour voir les différents actifs et passifs représentés dans le tableau ci-dessous.
Bilan actif banque conventionnelle vs banque islamique (source : Cherif Karim)
Banque conventionnelle Banque islamique
Actif circulant
Titres négociables
Prêts standard
Découverts
Autres avances Actif circulant
Cash

Investissement
Financement musharaka
Financement mudaraba
Murabaha interbancaires de CT
Ventes à crédit
Salam
Isitisna’a
Murabaha

Investissement actions, immobiliers

Actif mobilisé Actif mobilisé
Participation
Immeubles Participation (musharaka)
Immeubles
Diminishing musharaka

Partie 2 : Les principes fondamentaux et fonctionnement de la finance conventionnelle
1. Les principes fondamentaux
1.1. Les activités
Au début, les institutions financières avaient pour principales activité, de recueillir des fonds qui seront déposés et investis ou empruntés par les investisseurs dans le cadre de leur projet. Mais avec l’entrée du monde dans la mondialisation, les institutions financières ne se sont plus contentées d’offrir des opportunités de financement des activités de certaines entreprises qui sont les plus prometteuses en général, mais tentent entre autre de faire des collectes de fonds qui seront ensuite versés dans le cadre de crédits à la consommation, au logement ou destinés aux entreprises. Les institutions financières peuvent aussi chercher à mieux se positionner sur le marché financier afin de connaître les différentes démarches qui pourraient être utilisées dans le cadre du financement locale des portefeuilles de titres locaux.
Les activités des banques diffèrent en fonction de leurs statuts, et de leur structure. Les banques internationales se lancent dans la collecte de dépôts d’un pays. Les fonds ainsi collectés sont reversés pour financer des prêts à d’autres pays. Pour faire ses opérations internationales, la banque internationale mobilise les fonds collectés au niveau de son marché interne pour effectuer des activités transfrontalières. Par contre, la banque mondiale rassemble des fonds provenant de marchés étrangers pour financer les emplois locaux à travers les moyens à la disposition de la population locale .
Les institutions financières comme leur nom l’indique, proposent à leurs clients des financement à court et à long terme. Mais avec le concept de mondialisation, elles ont dû adapter leur stratégie et leurs offres pour qu’ils puissent s’adapter aux besoins des clients. Ceci a conduit à l’émergence de produits dérivés. Dans le cadre d’un financement à court terme, l’objectif des institutions financières est de rétablir rapidement les flux de trésoreries. Pour la demande de financement à long terme, l’objectif poursuivi est de financer à long terme les différents projets, les investissements .
1.2. Histoire récente
Si la finance conventionnelle a été considérée comme étant un système financier stable, les évènements de 2008 ont démenti les différentes pensées concernant la finance conventionnelle. Ces derniers temps, la finance conventionnelle a été délaissée au détriment de la finance islamique. Désormais, cette dernière a fait l’objet de nombreuses études. Alors que la finance conventionnelle s’essouffle, la finance islamique a été considérée comme étant une alternative .
1.3. Les évolutions et changements, fonds ISR (Investissement Socialement Responsable)
La finance conventionnelle se lançait dans les activités de créances, de financement de projets jugés porteurs. Mais au fil du temps, les activités des entreprises qui venaient vers les institutions financières se sont diversifiées et ont intégrés par la suite, des activités illicites. Dans les années 1920, les Quakers, mouvement religieux anglican n’a pas voulu faire un dépôt au sein d’une institution financière qualifiée de « sin stock ». Le mouvement a par la suite créé le premier fonds éthique qui se focalise plus sur les retombées des activités de l’entreprise sur la société, mais ils ont aussi clamé le rejet de financement des entreprises qui se lancent dans l’armement et l’alcool (Lasida et al., 2009).
Les fonds ISR sont nés de l’émergence de la responsabilité sociale de l’entreprise, dans les années 1980. Cette notion a mis en exergue en effet la nécessité pour l’entreprise de considérer non seulement les profits et les valeurs créées pour les seuls actionnaires de l’entreprise sous prétexte qu’ils prennent des risques et qu’ils sont les propriétaires des sociétés. Cela a conduit à la mise en place d’une éthique permettant de considérer la place d’un plus grand nombre d’actionnaires. L’intégration des fonds ISR dans le cadre des projets d’entreprise a été à l’origine de la modification du comportement des dirigeants d’entreprise et renvoie à l’idée de la rentabilité de l’investissement sans condition (Lasida et al., 2009).
Après les fonds ISR, la société actuelle est témoin du développement d’autres types de fonds qui sont qualifiés de « thématiques ». Les fonds thématiques tendent à proposer des produits et des services aux entreprises en fonction des thématiques de leurs activités, dont la plus importante est l’environnement (Lasida et al., 2009).
1.4. Quelques notions d’éthique commerciale
Au sein de l’entreprise, les dirigeants peuvent demander aux employés d’adopter des comportements qui ne sont pas forcément mentionnés dans le cadre de la réglementation de la société, mais des comportements qui obéissent à l’éthique, à des principes moraux. Les comportements envers les clients sont particulièrement soignés par les dirigeants d’entreprise. Un des comportements adoptés par les dirigeants d’entreprises pour satisfaire leurs clients consistent à leur proposer des produits qui répondent à leurs besoins et qui soient créatifs. Pour ce faire, ils adoptent différents types de communication et investissent dans le cadre de la recherche et développement afin de pouvoir développer des produits et des services innovants, mais surtout, pour pouvoir proposer aux consommateurs, des produits utilitaires qu’ils peuvent utiliser dans leur vie quotidienne. Parmi les valeurs morales qui pourraient être appréciée dans le cadre d’une relation avec les consommateurs, il existe la courtoisie, l’honnêteté et l’équité (Dion, 2007). Comme éthique commerciale, il est également possible de prendre pour exemple la justice commerciale qui se réfère à l’échange équitable. Il s’agit de la recherche d’une équité entre les personnes qui font des échanges. Les deux parties doivent concerter afin de déterminer les différentes règles d’échanges qui régissent leur activité d’échange. L’éthique suppose aussi que les deux partenaires établissent les conditions ou les critères qui leur permettent de déterminer la part qui revient à chacun lors de l’obtention du profit (Toung, 2009).
2. Fonctionnement de la finance conventionnelle
2.1. Les rôles des institutions financières conventionnelles
Les institutions financières internationales jouent un rôle important dans le cadre de la régulation du système financier. Elles assurent la stabilité financière et la stabilité des prix, notamment par le biais de l’intermédiation classique. Celle-ci suppose les prêts et les dépôts effectués par des clients non financiers pour les établissements de crédits (Patat, 2000). La régulation du système financier dépend de la politique de contrôle micro prudentielle qui renvoie au contrôle des établissements de crédits tels que les banques, les entreprises d’investissements. Ce système vise à ce que les crédits accordés aux clients soient solides et solvables et que le consommateur soit protégé contre les différents risques liés au marché.
Le système de régulation financière suppose entre autre, une politique de supervision macro prudentielle impliquant la nécessité de mettre en place des réglementations et des institutions qui soient aptes assurer le bon fonctionnement des banques et du système financier. Au cas où il y aurait une crise comme celle qui s’est produite en 2008, les institutions financières devraient aussi constituer un prêteur. La régulation du système financier repose donc sur la qualité de l’institution bancaire (Mishkin et al., 2010).
Les institutions financières conventionnelle ont par ailleurs pour objectif de soutenir l’économie. C’est la raison pour laquelle, elles s’engagent à appuyer les projets des particuliers et des entreprises. Ceci devrait conduire au développement de l’économie .
2.2. L’offre et la demande
L’offre et la demande dépendent de la situation du marché boursier. En effet quand, le prix est supérieur à la valeur fondamentale du titre, la demande décroît. La bulle spéculative apparaît quand il existe une différence notable et qui dure entre le cours et la valeur fondamentale (Orléan, 1999).
2.3. La désintermédiation financière
La désintermédiation désigne l’acte par lequel, les investisseurs opèrent directement via le marché financier sans passer par les intermédiaires bancaires ou financiers. Elle correspond à un financement par émission de titres qui caractérise pourtant l’endettement. Or, la désintermédiation est à l’origine du déclin des activités des institutions financiers et des banques qui doivent trouver d’autres produits pour attirer les clients, notamment par les bancassurances (Mezza, 2007).
2.4. Une déconnexion entre la finance et l’économie réelle
Une des caractéristiques ayant été attribuée à la finance conventionnelle et qui a été désignée comme étant l’un des facteurs qui conduit à la perte de l’entreprise résident sur la déconnexion de ce genre de finance de l’économie réelle .
3. Moyens d’investissement
3.1. Les actions
Les investissements en actions sont adoptés dans le cadre d’un placement à long terme (elle peut durer 8 ans). Une action correspond à un titre de propriété, correspondant à une fraction du capital social de la société et qui peut être négociée. Les actions sont utilisées pour financer les entreprises, à échanger les titres pour les investisseurs. Cependant, ce genre d’investissement comporte également des risques liés à la fluctuation de sa valeur boursière en fonction de l’offre et de la demande, et en fonction de la fiabilité de l’entreprise selon les investisseurs, à générer des bénéfices. L’action permet d’accéder soit à une plus-value, soit à un dividende. Mais comme tout autre investissement, elles peuvent faire courir aux investisseurs un risque de perte en termes de capital ou en termes de moins-value. Par ailleurs, le rendement de tels moyens d’investissent ne peut pas être assuré puisqu’il est conditionné par la capacité de la société à engendrer des bénéfices non pas actuellement, mais surtout à l’avenir. L’investissement en action peut se faire directement par l’achat des actions d’une société, ou par l’achat de part d’OPCVM .
3.2. Les obligations
Les obligations sont des titres de créances qui sont adoptées lors d’un investissement à moyen ou à long terme. Dans ce mode d’investissement, l’emprunteur lance une obligation sur le marché primaire pour une durée de vie déterminée allant de 2 à 50 ans. Mais il va rembourser les intérêts pendant l’obligation, et le capital à l’échéance de celle-ci.
Le rendement de l’obligation dépend de la durée de vie de l’obligation, de la solvabilité de l’emprunteur et des intérêts qu’il va offrir. Tout dépend du risque que l’emprunteur est prêt à prendre pour décrocher un rendement favorable. Un investissement en obligation permet de gagner soit une plus-value, soit un coupon également appelé revenu .
Les obligations sont achetées à l’émission. Après, elles deviennent cotées en bourse ce qui donne la liberté à un particulier de les racheter sur le marché secondaire. Souvent, les obligations les plus fréquemment rencontrées sont les obligations assimilables du trésor. L’investissement par le biais des obligations a été mise en place afin que les particuliers puissent lancer leurs projets même s’ils n’ont qu’un faible montant d’investissement.
Les obligations peuvent entre autre être achetées lors des investissements dans des OPCVM. Le capital dans ces cas sont investis dans d’autres obligations sur son portefeuille titre ou sur le contrat d’assurance vie. Mais la fixation du prix des obligations reste encore floue puisqu’il dépend du taux de marché. Quand le taux augmente, le prix de l’obligation diminue .
3.3. Les fonds de placements
Les fonds de placements sont des portefeuilles de valeurs mobilières pouvant se glisser sous différentes enveloppes telles la SICAV, les fonds commun de placement. Les fonds de placement peuvent être des fonds actions, des fonds obligations et des fonds monétaires. Les fonds actions sont destinés aux sociétés cotées permettant d’obtenir des plus-values. Les dividendes issus des actions sont par la suite reversés dans les fonds.
Les fonds obligataires comme leur nom l’indique, sont investis sur des obligations. Ce genre d’investissement attribue des droits sur les obligations et les titres qui constituent le portefeuille de fonds. Par rapport aux fonds actions, ces fonds sont moins volatils et offrent des revenus réguliers.
Les fonds monétaires sont adoptés pour des investissements à très court terme. C’est un investissement qui ne comporte que très peu de risque et dont le rendement est aussi intéressant que celui des autres types d’investissements .
Les fonds de placement sont utilisés pour diversifier le portefeuille de l’investisseur. Mais cette démarche est accomplie par un gestionnaire de fonds qui va se charger entre autre de faire les décisions d’investissement. C’est un investissement qui ouvre la voie à de nouveaux marchés qui étaient auparavant moins accessibles.
En ce qui concerne l’évaluation du niveau de risque dans le cadre d’un investissement dans les fonds de placement, les risques dépend de la concentration démographique de ces fonds. Dans ce cas, les fonds investis en Chine, en Brésil et en Russie par exemple sont beaucoup plus soumis à de fréquentes fluctuations par rapport aux fonds qui sont investis en Europe. Par ailleurs, les caractéristiques des fonds de placement déterminent aussi le niveau de risque de l’investissement. Ainsi, les fonds investis en actions sont beaucoup pus risqués par rapport aux fonds investis en obligations .
3.4. Les fonds de private equity et de capital risque
Le private equity également connu sous l’appellation capital-investissement est un investissement institutionnel dans des entreprises privées. Il vise à financer le développement, la transformation et l’expansion de ces entreprises. Plus fréquemment, ce mode d’investissement se présente sous forme de capital risque ou venture capital et les leveraged buy-out ou LBO. Le capital risque correspond à des investissements faisant appel à la création et à l’innovation. Par contre, le LBO implique l’acquisition d’une grande part d’une entreprise cible en adoptant un mode de financement par la dette.
Ce moyen de financement est adopté dans le cas des grands investisseurs institutionnels pour diversifier leur portefeuille d’investissement. Avec ce moyen de financement, les individus espèrent bénéficier d’une bonne opportunité de retours pour les investissements qu’ils ont faits. De plus, elle permet de stabiliser la croissance de l’entreprise comparée aux fluctuations que connaît le marché financier. Les fonds private equity sont fréquemment observés chez les entreprises qui travaillent dans le domaine de la technologie de l’information, de la biotechnologie et de l’énergie propre.
Les participations appliquées dans le cadre d’une private equity sont maintenues par des fonds spécialisés. Les investissements par le biais des private equity, s’étalent en général sur les délais plus longs allant de 3 à 8 ans en général. Le fonds private equity ne sont pas accessibles au grand public ce qui impose une communication et une bonne information. Les réglementation et les la surveillance des situations de l’entreprise est réalisée par des organismes de régulation tells que l’AMF, Le SEC et la FSA, mais également par des associant ayant pour objectif des intérêts des investisseurs et de la société dans le cadre de l’émission de titre financier.
Les private equity comportement des risques qui peuvent parfois être compensés par une espérance de croissance exceptionnelle. La répartition des investissements permet d’accompagner et de financer la croissance des jeunes entreprises. Mais il constitue aussi un sujet à controverse, et plus particulièrement, la LBO qui est considéré souvent comme étant à l’origine des licenciements massifs, de la recherche de profits à court terme pour l’entreprise cible et impacte sur la pérennité de celle-ci à long terme. La réalisation de la LBO se fait en effet dans certains cas par le biais d’un processus accéléré pour augmenter la valeur de l’entreprise, ce qui se manifeste au début de l’opération par une bonne rentabilité et une grande compétitivité des entreprises acquises par les LBO.
Toutefois, les investissements par les fonds pricate equity semble répondre aux attentes des jeunes entreprises qui possèdent des projets innovantes et ambitieuses et qui pourtant, sont considérées comme étant trop risqué. De ce fait, les entreprises ainsi jugées peuvent ne pas accéder aux autres types de financements. En ce qui concerne la LBO, ils montrent une grande stabilité face aux différentes crises qui peuvent se manifester au niveau du marché .
Partie 3 : La finance islamique et la nécessité de convergence
1. Les principes fondamentaux
1.1. Les activités
Comme toutes les autres institutions financières, les banques islamiques ont aussi pour activité de financer les activités des particuliers et des collectivités et des entreprises tout en respectant les règles de la religion musulmane notamment la Charia qui interdit l’intérêt et qui clame la responsabilité sociale de l’investissement de l’entreprise. C’est une finance qui se veut éthique et à travers ses démarches et son comportement, les banques islamiques tentent de ne pas faire des spéculation, et de ne pas toucher aux interdits tels que l’élevage porcin, la pornographie, l’alcool, l’armement, le jeux du hasard, la prostitution . A travers cette vision de la finance islamique, nous pouvons constater que la finance assume deux activités bien distinctes qui sont d’assurer les activités financières et de veiller à accomplir des œuvres permettant de faire évoluer la société.
Les activités ont pour objectif d’augmenter la richesse et d’augmenter le capital productif par le biais de l’esprit d’entreprise. L’appui et le financement de projets des jeunes entrepreneurs supposent entre autre une création d’emploi. Mais les profits issus de ces activités doivent être partagés équitablement entre les différents ayant droit. Enfin, les activités doivent permettre de s’affranchir le gaspillage d’argent et la thésaurisation (Martens, 2001).
1.2. Le Gharar et du Maysir
Le Gharar et le Maysir sont deux interdits par la Chari’a. Le gharar est un bien échangé qui présente un caractère hasardeux ou incertain qui se produit quand l’argent est issu de la vente de marchandise qui n’a pas été mentionnée de manière précise, ou lorsqu’il découle d’une transaction conclue alors que le prix de la marchandise n’a pas encore été fixé précisément. Il y a gharar lorsque la transaction fait intervenir une marchandise qui n’est pas encore à la disposition du vendeur ou quand le transfert de propriété s’est réalisé au hasard. Rapporté à la finance conventionnelle, le gharar pourrait correspondre aux produits ou transactions présentant de fortes incertitudes telles que les Futures, les swaps ou les subprimes.
Le Maysir pour sa part renvoie aux jeux de hasard ou à aux transactions qui dépendent d’évènements hasardeux. Le contrat conclu entre l’emprunteur et le prêteur doit montre des termes fondamentaux précis comme l’objet, le prix, le délai d’exécution et le nom des contractants. Ceci s’oppose donc à la finance conventionnelle qui permet aux entreprises de faire des ventes alors qu’elles ne possèdent pas les produits, les spéculations et les prêts à intérêts. Le Maysir et le Gharar sont donc interdits par la Charia à cause du fait qu’ils pourraient occasionner des fausses prévisions de l’évolution du marché. Par ailleurs, ces interdits sont mis en place dans le cadre du financement de l’économie réelle et non pas seulement virtuelle .
1.3. La tangibilité de l’actif
L’actif utilisé par les investisseurs doit être tangible et clairement identifiable. L’opération financière doit s’appuyer sur des actifs tangibles, matériels, à la disposition de celui qui se lance dans l’opération .
1.4. Quelques notions d’éthique commerciale
L’enrichissement n’est pas interdit par les lois islamiques mais son obtention nécessite que le détenteur du bien travaille. Par ailleurs, l’individu est encouragé à accroître sa richesse. Le commerce pourrait être une condition permettant de construire sa richesse, mais dans ce cadre, le commerçant devrait faire des activités licites et ne pas vendre des produits qui vont à l’encontre de la Charia. La consommation ne devrait pas être une activité mondaine, mais devrait chercher à retrouver l’identité islamique du produit (Haenni, 2008).
2. Fonctionnement de la finance islamique
2.1. Les rôles des banques islamiques
Les banques islamiques comme toute autre institution financière vise des objectifs financiers, soutenir le développement économique de l’Etat. Mais elles tiennent surtout des rôles sociaux, et religieux dans le cadre de la valorisation du travail et la recherche non seulement du profit pour soi mais aussi pour toute la communauté. Le rôle sociale de la finance islamique est donc de veiller au partage équitable de la richesse et la mise en place de valeurs morales permettant de modifier le comportement des générations actuelles et à venir .
2.2. Les spécificités
Contrairement à ce qui se passe chez la finance conventionnelle, la finance islamique ajoute un aspect religieux, moral et éthique aux activités financières. La finance islamique permet de faire des investissements sur la base d’actif tangible tandis que la finance conventionnelle donne un peu plus de liberté. Les banques conventionnelles proposent à leurs clients, les contrats de dépôts dans lesquels, les montants qui peuvent être pris par l’investisseur sont déterminés. Au niveau de la finance islamique par contre, les montants des dépôts sont garantis, et la rémunération se fait sur la base d’un modèle de partage de résultats du portefeuille d’investissement.
Tout comme la finance conventionnelle, la finance islamique vise à maximiser ses profits. Les revenus issus des contrats de dépôts conventionnels et islamiques peuvent être similaires mais les démarches qui ont conduit à l’obtention de ce revenu dans la finance conventionnelle diffèrent de celle observée dans le finance islamique. Dans le cas d’une finance islamique, le revenu est obtenu suite à une interdiction de la rémunération des dépôts retirés. Pour la finance islamique, la rémunération des déposants est contingente alors qu’elle est déterminée à l’avance pour la finance conventionnelle. Les contrats de dépôts sont imposés dans le cas de la finance islamique tandis qu’ils sont adoptés dans le cadre d’une augmentation de l’utilité pour les déposants, dans le cadre de la finance conventionnelle.
La banque conventionnelle a besoin de beaucoup de fonds propres pour rester pérenne mais qu’elle nécessite aussi moins de dépôts. Si la finance islamique se base sur une portefeuille liquide tandis que la finance conventionnelle se focalise sur le volume d’actifs courts et à l’actif total .
2.3. L’intermédiation
L’intermédiation chez les banques islamiques se fait à un taux zéro, ce qui permet de la classer parmi la finance libre d’intérêt. Elle rassemble les techniques afin que l’agent économique puisse répondre à ses besoins actuels et futurs sans pour autant demander une rémunération sous forme d’intérêts (Jouaber-Snoussi, 2012).
2.4. Le conseil de Charia et les produits financiers Charia compatible
Les conseils de la Charia ou Charia board rassemble les théologiens musulmans qui étudient le caractère halal des produits qui circulent sur le marché. Ils ont mission de vérifier qu’un produit est bien conforme aux principes de la Charia. Les membres de la Charia Board ont également fait des études en finance ce qui les permet de connaître si les produits proposés par les établissements bancaires sont bien Charia compatible .
L’intervention de la Sharia Board semble être confirmée par l’expansion notable de la finance islamique notamment, chez les pays non musulmans, ce qui les contraints à analyser la conformité du produit à la Charia. Le Comité de conformité à la Chari’a est indépendant dans ses prises de décision et les dires de ce comités à l’issue de son étude doit être respectée par l’ensemble l’établissement financier.
Le Sharia board conseille et accompagne les institutions financières qui souhaitent s’orienter dans la finance islamique, dans l’élaboration des contrats et des produits respectant le droit musulman. Ce Comité se charge aussi d’étudier la documentation légale et les caractéristiques des produits Sharia compatibles. Il donne son avis en cas de restructuration de produits de l’établissement financier. Mais leur intervention ne se limite pas uniquement à l’analyse des produits qui vont être lancés sur le marché, mais surtout, de faire un audit régulier pour s’assurer que le produit garde toujours sa conformité avec les principes de la Sharia. Enfin, le Sharia board décide des mesures qui devraient être entreprises dans le cadre de discernement de la non-conformité du produit aux règles islamiques ou au refus des investisseurs à suivre les conseils. Un rapport annuel est effectué afin de connaître la progression de l’établissement financier islamique .
3. Moyens d’investissements
3.1. Les actions, obligations et indices islamiques
Avec les fonds par action, les profits sont obtenus suite à une vente au rachat d’une action et à sa revente à un prix plus supérieure. De telle démarche est contradictoire aux principes de la Charia. Les dividendes qui découleraient de ces pratiques deviendraient en effet, impurs, même si l’activité de l’entreprise est halal.
Avec la progression de la finance islamique, des indices islamiques ont été développés pour évaluer les fonds Charia compliant. Ces indices permettent de tenir compte des zones géographiques, des secteurs d’activités et de leur niveau de capitalisation des institutions financières. Les indices islamiques mettent en place des méthodes de tri de titre permettant de faciliter la sélection de l’institution financière. Pour illustrer ce fait, l’indice Dow Jones Islamic Market Index (DJIM) permet d’évaluer si les activités de l’entreprises sont compatibles avec la Sharia dans le cas de l’achat d’actions.
Par ailleurs, il y a le Dow Jones Islamic Sustainability Index qui indique les critères d’investissement conforme à la Chari’a et qui puissent aussi répondre aux exigences en matière de développement durable afin de lier la Sharia avec l’ISR. Le Global Islamic Index Series permet de voir les titres des affaires conformes à la Sharia. Les indices FTSE Global Islamic Index Series permettent de suivre les performances des sociétés qui présentent des activités conformes à la Chari’a .
3.2. Les Sukuks (obligations)
Les Sukuks correspondent au financement obligataire pour les entreprises qui veulent s’orienter dans la finance islamique. Ce sont des produits financiers à échéance fixe. Il donne le droit de propriété sur les actifs de l’investisseur mais le porteur gagne en contrepartie du profit découlant du rendement de l’actif. Il s’agit d’un investissement similaire aux asset-backed securities. Les Sukuks n’impliquent pas pour autant, le versement d’intérêts.
Le Sukuk constitue un moyen pour mobiliser l’épargne de l’entreprise ou d’un particulier sans générer ou verser des intérêts. Cette démarche est particulièrement adoptée pour le financement immobilier. Dans ce cas, une société ad hoc échange le bien contre le crédit-bail. Les loyers obtenus suite au crédit-bail permettent de rémunérer les porteurs de Sukuks. C’est une opération qui permet de partager les risques notamment, les risques de crédit de l’émetteur et les risques liés aux actifs qui sont assumés par la société ad hoc.
Les Sukuks permettent de ce fait, de faire une titrisation qui soit conforme aux règles de la finance islamique. La réalisation du Sukuk peut se faire de différentes manières mais les plus connus sont le Sukuk al Ijara qui correspond à un asset- backed qui ne comporte pas de garantie de remboursement, la Sukuk al Musharaka qui est un asset- based présentant une garantie, le Sukuk al Wakala/Mudaraba. Le Sukuk peut être émis par l’Etat ou par une société ou une entreprise financière .
3.3. Les fonds de placements islamiques
Les fonds de placement Chariah Compliant présentent des similitudes avec les fonds de placement conventionnels. Leur structure est conditionnée par la réglementation des pays dans lequel, ils se trouvent. Mais leur spécificité réside au niveau de leur création. Les fonds de placement Charia Compliant sont issus des études de la Sharia Board qui prononcent une fatwa afin de valider le montage. Les conditions de contrat entre l’investisseur et les fonds doivent se conformer à la religion musulmane telle que l’absence de garantie de capitale, le partage de risques et de gains, etc. Aucun processus interdit ne devrait se produire pendant la tenue de compte et la gestion des fonds. Toutes les actions menées dans le cadre de la construction du portefeuille devrait se référer à l’éthique musulmane.
Durant la vie du fonds de placement, le Sharia board s’assure de la conformité du fonds aux éthiques islamiques. Pour ce faire, le Comité fait un audit périodique effectué par des cabinets de conseils spécialisés en finance islamique et le Sharia Board. Au cas où la pureté a été discernée, il est nécessaire de purifier les revenus illicites. Les actions non conformes à la Sharia doivent être éliminées du portefeuille. Les revenus découlant de la cession des titres sont désormais illicites et doivent être purifiés par leur versement dans les actes de charité ou donné à une organisation caritative. La purification peut également se faire par le versement d’une partie des plus-values à un organisme reconnu d’utilité publique. La purification symbolique doit être faite tous les ans par le gérant du fonds .
3.4. Autres produits financiers
Mais il existe aussi d’autres produits financiers tels que
– Le murabaha qui est un contrat de vente à tempérament. Dans cette opération, l’actif est vendu à un financier islamique qui va se charger à son tour, de le revendre à condition que le prix puisse être payé à termes .
– L’ijara ou la commission qui correspond à un crédit-bail ou à un leasing. Dans ce cas, la banque achète des biens qu’elle va faire louer par les clients qui vont devenir les propriétaires à condition qu’il a fini de rembourser les sommes versées à un compte épargne. Mais cela se solde par la prise de la totalité des risques par le client.
– Le taajir correspond à une location ou à un leasing consistant à acheter les matériaux et les équipements qui vont être attribués à l’entrepreneur à condition que sa rémunération soit déterminée à l’avance.
– La vente reportée ou bai mouajjal mentionné dans un contrat contenant les différentes modalités permettant de revendre les biens et matériaux achetés par la banque à un co-contractant. Le contrat dure de deux à quatre ans .
4. Les insuffisances de la finance islamique
4.1. Les défis pour les pays musulmans
L’expansion de la finance islamique a conduit à des perturbations en ce qui concerne la conformité du comportement des financiers. Mais si les objectifs initiaux ont été de développer des produits conformes aux normes Charia et à inciter à suivre un mode de vie moralement tolérable, le mélange de la finance avec la religion ne manque pas de susciter la suspicion des observateurs externes. Ainsi, les institutions financières qui sont exclusivement ou partiellement islamiques ne se conforment pas toujours à la Chari’a aussi bien pour les banques existantes que celles qui sont encore nouvelles. .
4.2. Le gap à combler dans la création d’opportunités d’investissements
La finance islamique refuse certaines activités interdites. De plus, la concurrence entre les différents courants de pensées musulmans commence à se creuser. Ainsi, les banques islamiques conservatrices sont localisées dans le Golfe Persique et le Maghreb tandis que l’Asie tend à être plus libérale. Ainsi, le modèle de finance islamique conservatrice et traditionnaliste du Golfe tend à dominer, ce qui risque de provoquer la dispersion des institutions financières islamiques. Par conséquent, l’offre ne pourrait pas tenir .
4.3. Disparités et désaccords pour institutionnaliser la finance islamique
La finance islamique est relativement jeune, ce qui n’a pas permis de déterminer des standards en ce qui concerne leurs valeurs, leurs produits, leurs critères de sélection, etc. Cela a conduit à des conflits au sein même des banques islamiques et à l’émergence de plusieurs finances islamiques. Les conflits peuvent par exemple provenir du fait que pour une même activité, la conformité de celle-ci à la Charia reste encore un sujet de débat entre un camp qui l’accepte comme étant Sharia compliant et un autre camp qui ne l’accepte pas .
4.4. Le manque d’efficacité des produits financiers islamiques
Le manque de liquidité constitue une faiblesse des banques islamiques. Elles ne peuvent pas s’appuyer sur des marchés secondaires pour gérer leur liquidité. Par ailleurs, leurs actifs sont spécifiques, ce qui ne les permet pas d’être négociés ou titrisés facilement. Pour faire face à ces enjeux, les banques islamiques s’appuient plus sur les banques occidentales qui ont développées rapidement des produis de refinancement Charia compatible. Le refinancement dans la finance conventionnelle se fait par les dépôts à vue. Cela implique le rallongement de la maturité des passifs et pourtant, les banques islamiques n’ont d’autres issues que d’augmenter leur volume de fonds propres alors que ceux-ci sont déjà élevés.
A part cela, les banques islamiques tendent à se concentrer étant donné qu’elles ciblent une clientèle spécifique et rare. Elles dépendent donc d’un nombre restreint de déposants institutionnels et ne peuvent pas non plus s’appuyer sur de nombreuses contreparties bancaires à cause de leur restriction en ce qui concerne les produits halal. Leurs produits sont peu diversifiés par rapport à ceux de la finance conventionnelle vu qu’elles ne prennent et ne commercialisent que des produits conformes à la Charia. A cela s’ajoute la contrainte de se conformer à une structure financière qui ne les permet pas de payer un montant élevé d’intérêts .
Conclusion
A l’issue de cette analyse, nous avons pu exposer les différentes caractéristiques de la finance islamique : ses potentialités, sa place sur le marché financier actuellement et les probabilités en ce qui concerne sa place sur le même marché dans quelques années. Nous avons pu voir que la finance islamique se base sur des principes éthiques, des valeurs morales et religieuses qui ont fait sa particularité dans un monde où, seule la maximisation de la richesse domine. Cette particularité a été à l’origine de sa résistance à la crise financière qui a touché l’Europe en 2008 car, avec l’interdiction de l’investissement sur des économies fictives, irréelles, sur des données intangibles lui ont permis d’échapper à la bulle spéculative qui a fait effondrer les banques occidentales. Par ailleurs, cette constatation a encouragé les financiers conventionnels à remettre en question la notion d’éthique, de morale et de droit, dans le cadre de la finance et de l’économie pour éviter la répétition des crises.
Et pourtant, la finance islamique est encore jeune, ce qui ne lui confère pas les différentes expériences acquises par les banques conventionnelles. Certes, les banques islamiques permettent de se conformer à des principes religieux, et pourraient constituer une alternative à la finance traditionnelle. Néanmoins, elles n’attirent que très peu de consommateurs et présentent aussi des lacunes qui sont comblées par les banques occidentales. Notre hypothèse selon laquelle, la finance islamique ne diffère de la finance conventionnelle que par le caractère religieux se trouve de ce fait rejetée. Les banques islamiques et les banques conventionnelles présentent de nombreuses similitudes et même au niveau des valeurs morales et de l’éthique, suite à l’émergence de la finance éthique qui n’est pas un mouvement récent. Il est constaté que les deux types de finances poursuivent les mêmes objectifs et pourtant, elles ne peuvent pas être similaires.
Les banques islamiques et les banques occidentales se différencient par les produits qu’elles proposent à leurs clients, par leur structure et aussi par leur mode de financement. La banque islamique est restreinte par le fait qu’elle ne peut pas verser ni prendre des intérêts, et ne peuvent pas faire des investissements sur des activités non conformes à la Charia. Or, l’intérêt constitue une source vitale pour la finance. Le manque de liquidité et l’absence de structure leur permettant de faire face à ce manque de liquidité obligent les banques islamiques à considérer les banques conventionnelles. Outre à cela, le comportement halal de certains agents financiers islamiques a été remis en question. Nous pourrions dire alors que la finance islamique possède des potentialités mais qu’elles montrent aussi des faiblesses qui méritent d’être considérées. Cela ouvre la voie à plusieurs champs de recherches : Comment pallier au problème de liquidité des banques islamiques ? Comment améliorer les produits financiers islamiques ? Quelles sont les démarches permettant d’optimiser la diversification de produits des banques islamiques ?
Bibliographie
Ouvrages
– BAUDART Anne, La morale et sa philosophie, VRIN, France, 2004, 124p.
– BASTIANI Flora, La conversion éthique : Introduction à la philosophie d’Emmanuel Levinas, L’Harmattan, Paris, 273p.
– BENSIMON Guy, Essai sur l’économie communiste, L’Harmattan, Paris, 1996, 271p.
– COCHINAUX Philippe, L’éthique, Fidélité, Belgique, 2008, 132p.
– DE COURCELLES Dominique, Globale diversité : Pour une approche multiculturelle du management, Editions de l’Ecole Polytechnique, Palaiseau, 2008, 262p.
– DE FINANCE Joseph, Ethique générale, Editrice Pontificia Università Gregoriana, Rome, 1988, 448p.
– DION Michel, L’éthique de l’entreprise, nouvelle édition, Fides, Québec, 2007, 451p.
– EL QASEM Fayza, La finance islamique : marqueur d’identité versus marqueur idéologique ? in : GAUTIER Laurent (Ed.), Les discours de la bourse et de la finance, Frank &Timme, Berlin, 2012, pp.15 – 26.
– GARDET Louis, Les hommes de l’Islam. Approche des mentalités, Editions complexes, Bruxelles, 1977, 445p.
– GILSON Etienne, Saint Thomas, Textes sur la morale, Librairie philosophique J. VRIN, France, 1998, 386p.
– HOURS Bernard, Islam et développement au Bangladesh, L’Harmattan, Paris, 1993, 189p.
– LASIDA Elena, LECOURT Virginie et RENOUARD Cécile, Finance éthique et solidaire et bien commun, in : MABILLE François (Ed.), Finance et bien commun, Le Manuscrit, 2009, (1), pp. 83 – 134.
– MEZZA Luc, Croissance et développement au XXe siècle, in : MONTOUSSE Marc (Ed.) Analyse économique et historique des sociétés contemporaines, Cours et sujets corrigés, 2ème édition, Bréal, Paris, 2007, pp. 106 – 163.
– MILLIMONO Christine, La secte des assassins XIe – XIIIe siècle, Des « martyrs » islamiques à l’époque des croisades, L’Harmattan, Paris, 2009, 262p.
– MISHKIN Fréderic, BORDES Christian, HAUTCOEUR Pierre-Cyrille, LACOUE-LABARTHE Dominique et RAGOT Xavier, Monnaie, banque et marchés financiers, 9ème édition, Pearson Education France, Paris, 2010, 924p.
– ORLEAN André, Le pouvoir de la finance, Odile Jacob, Paris, 1999, 275p.
– POULLE Jean-Baptiste, Réflexions sur le droit souple et le gouvernement d’entreprise. Le principe « se conformer ou expliquer » en droit boursier, L’Harmattan, Paris, 2011, 407p.
– RAZAFITOMBO Héry, Placements éthiques et relations de travail : un repositionnement, in : LEYMARIE Stéphane, SAUTRE Gérard et SOLLE Guy (Eds.), Relations de travail et organisations : plaidoyer (s) pour une lecture paradoxale, Peter Lang, Hochfeldstrasse, 2006, pp. 133 – 145.
– ROULAND Norbert, Aux confins du droit : anthropologie juridique de la modernité, Odile Jacob, France, 1991, 318p.
– SAINT- PROT Charles, La bataille pour les valeurs spirituelles. In : AZZOUZI Abdelhak (Ed.), L’alliance des civilisations et la diversité culturelle : De la stratégie à l’action, L’Harmattan, Paris, 2009, pp.95 – 105.
– TOUNG Richard, Ethique économique et endettement extérieur dans les pays de la CEMAC, L’Harmattan, Paris, 2009, 346p.
– TOUSSI Ali, Le taux d’intérêt dans un système financier islamique, L’Harmattan, Paris, 2010, 122p.
Articles
– AMARTYA Sen, « Ethique et finance », Revue d’économie financière, (20), pp. 259 – 285.
– BELABES Abderrazak, « Le lien entre finance et économie islamiques via le modèle principiel « ZR » », Etudes en économie islamique, 2010,4 (1), pp. 15 – 37.
– CHATTI Mohamed, « Analyse comparative entre la finance islamique et le capital-risque », Etudes en économies islamiques, 2010, 4(1), pp. 65 – 95.
– DE COURCELLES Dominique, « La finance islamique : éthique et intelligence de la globalité », Etudes en économie islamique, 2010, 4 (1), pp. 1 – 14.
– GALLOUX Michel, « Economie et religion : le projet financier islamiste », L’Homme et la société, 1992, (105 – 106), pp.79 – 91.
– GENDRON Corinne et BOURQUE Gilles, « Une finance responsable à l’ère de la mondialisation économique », L’économie politique, 2003, 2 (18), pp. 50 – 61.
– HAENNI Patrick, « L’économie politique de la consommation musulmane », Etudes et analyses, 2008, (18), pp. 1 – 18.
– JAHEL Selim, « Droit des affaires et religions », Revue internationale de droit comparé, 2001, 53 (4), pp. 879 – 910.
– JOUABER-SNOUSSI Kaouther, « La finance islamique », La découverte « Repères », 2012, p. 3 – 4.
– PATAT Jean-Pierre, « La stabilité financière, nouvelle urgence pour les banques centrales », Bulletin de la Banque de France, 2000, (84), pp. 49 – 61.
– STIEGLER Barbara, « Ethique financière et violence du capitalisme », Revue d’économie financière, 1993, (26), pp. 303 – 329.
– MARTENS André, « La finance islamique : fondements, théorie et réalité », L’actualité économique, 77 (4), pp. 475 – 498.
– PLOIX Hélène, « Il faut relancer une réflexion sur l’éthique financière », Revue d’économie financière, 1993, (26), pp. 297 – 302.
– THUAL François, « Le croissant chiite : slogan, mythe ou réalité ? » Hérodote, 2007, 1 (124), pp. 107 – 117.
Source Internet
– ARJALIES Diane-Laure, Qu’est-ce que l’investissement socialement responsable ? Cahier n° 2010- 11. Ecole polytechnique, Centre national de la recherche scientifique, http://poseidon01.ssrn.com
– BADIBANGA Sébastien, Finance islamique : une solution à la crise économique ? 2013, http://www.afrik.com/finance-islamique-une-solution-a-la-crise-economique
– BLIN Patrick, Islam, éthique et capitalisme à l’heure de la globalisation financière : l’hypothèse d’une « troisième voie » islamique en débat, http://doc.sciencespo-lyon.fr/Ressources/Documents/Etudiants/Memoires/Cyberdocs/MFE2012/blin_p/pdf/blin_p.pdf
– BRACK Estelle, Islamic banking and finance in France, MPRA Paper n°23481, http://mpra.ub.uni-muenchen.de/23481/
– CHERIF Karim, La finance islamique : Analyse des produits financiers islamiques, Travail de Bachelor HES, http://doc.rero.ch/record/11387/files/Travail_de_Bachelor_verion_finale.pdf
– DECLAYE Anne-Laure, JOSELIN Franck et NAIMI Jean-Charles, Dix ans d’accélération sans précédent de l’innovation financière, 2011, http://www.agefi.fr/articles/dix-ans-d-acceleration-sans-precedent-de-l-innovation-financiere-1167362.html
– DEHEUVELS Thierry, ISR : un concept en devenir, http://www.persee.fr/articleAsPDF/ecofi_0987-3368_2006_num_85_4_4139/article_ecofi_0987-3368_2006_num_85_4_4139.pdf
– DELCAMBRE Anne-Marie, Les khâridjites, les protestants de l’Islam, Clio, Février 2003, http://www.clio.fr/BIBLIOTHEQUE/les_khAridjites_les_protestants_de_l_islam.asp
– DESQUILBERT Jean-Baptiste et KALAI Fédi, La banque conventionnelle et la banque islamique avec fonds propres : contrats de dépôt et partage du risque de liquidité, http://cenf.univ-paris1.fr/fileadmin/Chaire_CENF/Banque_conventionnelle.pdf
– D’HAUTEFORT Delphine, Finance islamique et investissement socialement responsable : entre comptabilité et complémentarité, 2010, http://www.agefi.lu/mensuel/Article.asp?NumArticle=13142
– DURKHEIM Emile, Définition du fait moral, http://classiques.uqac.ca//classiques/Durkheim_emile/textes_2/textes_2_09/definition_fait_moral.pdf
– http://www.larousse.fr/
– GECHEVA Krassimira et GILKES Guillaume, Enjeux et opportunités du développement de la finance islamique pour la place de Paris : Dix propositions pour collecter 100 milliards d’euros, http://www.etudes-fiscales-internationales.com/media/00/01/1704560976.pdf
– GUESSOUM Abderrazak, Le système social en Islam, in : BENDJILALI Boualem (Ed.), Les sciences de la Chari’a pour les économistes, Actes de séminaire n° 44, Banque Islamique de Développement, 1998, pp. 296 – 302, http://www.irtipms.org/PubText/111.pdf
– GIRAUD Pierre-Noël, Qu’est-ce que l’Economie ? 2005, http://www.cerna.ensmp.fr/Documents/Enseignement/CoursInitiationEco/Chapitre1-2005.pdf
– GIRAUD Pierre-Noël, 2009, Le commerce des promesses. Petit traité sur la finance moderne, http://www.bernardguerrien.com/PNGiraud.pdf
– HASSOUNE Anouar, La solvabilité des banques islamiques : Forces et faiblesses, http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ecofi_0987-3368_2003_num_72_3_4884
– LAHLOU Abderrahmane, Les fondements légaux du système économique islamique, in : BENDJILALI Boualem (Ed.), Les sciences de la Chari’a pour les économistes, Actes de séminaire n° 44, Banque Islamique de Développement, 1998, pp. 303 – 322, http://www.irtipms.org/PubText/111.pdf
– LAIR David, La Mondialisation : un défi pour les paradis fiscaux, http://www.theses.fr/2007PA020041
– McCAULEY Robert, RUUD Judith et WOOLDRIDGE Philippe, Mondialisation de l’activité bancaire, Rapport trimestriel BRI, mars 2002, https://www.bis.org/publ/qtrpdf/r_qt0203fre_e.pdf
– MENETREY Sylvain, La finance selon la Charia, 2011, http://www.largeur.com/?p=3368
– RIASSETTO Isabelle, « Le contenu du guide de bonnes pratiques de fonds d’investissement islamiques de l’association luxembourgeoise des fonds d’investissement (ALFI) », Les cahiers de la finance islamique, 2013, (4), pp. 89 – 105, http://ribh.files.wordpress.com/2013/03/cahier_fi_04.pdf
– RICŒUR Paul, Ethique et morale, 1990, http://www.ucllouvain.be/cps/ucl/doc/ebim/documents/Ricoeur__Ethique_et_morale.pdf
– SI ABDELHADI Amar et TOUBACHE Ali, Les enjeux de la finance islamique, 2009, http://www.iefpedia.com/france/wp-content/uploads/2009/09/LES-ENJEUX-DE-LA-FINANCE-ISLAMIQUE-Si-abdelhadi-Amar1.pdf
– THOREAU François-Louis, L’investissement socialement responsable en Europe. Rôle et méthodes de l’analyse sociale de l’entreprise, Maîtrise en Sciences économiques, 2004, http://www.flthoreau.be/files/thoreau_isr.pdf
– VATIN François, « L’économie comme acte de gestion. Critique de la définition substantive de l’économie ». Sciences de la société, 2008, (73), pp. 164 – 184, en ligne, http://cat.inist.fr/?aModele=afficheN&cpsidt=20141499
– http://www.cnrtl.fr/definition/%C3%A9conomie
– WEBER Max (1904 – 1905). L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme, http://classiques.uqac.ca/classiques/Weber/ethique_protestante/Ethique_protestante.pdf
– http://www.dictionnaire-juridique.com/definition/droit.php
– Financement islamique, http://thatswhy.isdb.org/irj/go/km/docs/documents/IDBDevelopments/Internet/thatswhy/fr/sukuk/islamic-financing.html
– La réception de la finance islamique en France, http://www.revue-banque.fr/banque-detail-assurance/article/reception-finance-islamique-en-france
– Techniques et outils pour des analyses comparatives efficaces, http://www.lomag-man.org/gestion%20stock_wms/microsoft%20word%20-%20techniques%20et%20outils%20decision.pdf
– Finance islamique et finance classique : une distinction superficielle ? 2011, http://www.contrepoints.org/2011/06/28/32690-finance-islamique-et-finance-classique-une-distinction-superficielle
– Marchés financiers et intermédiation financière, http://www.sffp.asso.fr/dictionnaire/index.php/March%C3%A9s_financiers_et_interm%C3%A9diation_financi%C3%A8re
– La finance islamique au secours de la finance classique, http://www.agoravox.fr/actualites/economie/article/la-finance-islamique-au-secours-de-48930
– Financement de l’économie réelle, http://www.bnpparibas.com/banque-responsable/rse/responsabilite-economique/financement-economie-reelle
– http://www.comprendreavecaxa.fr/
– Comment acheter des obligations ? http://droit-finances.commentcamarche.net/contents/974-comment-acheter-des-obligations
– Types de fonds de placement, http://www.boursedeparis.fr/centre-d-apprentissage/les-fonds-de-placement/types-de-fonds-de-placement
– Quelques conseils judicieux pour bien investir en fonds de placements, Sicav et autres Opcvm, http://leblogalupus.com/2009/11/29/quelques-conseils-judicieux-pour-bien-investir-en-fonds-de-placements-sicav-et-autres-opcvm/
– Qu’est-ce que le private equity ? http://www.vernimmen.net/ftp/Q&A_PE_franc_22_11_11.pdf
– http://www.lafinanceislamique.com/
– Interdiction du gharar et du maysir, http://blacredit.com/index.php?option=com_content&view=article&id=177&Itemid=211
– Le rôle de la banque islamique, http://www.aslim-taslam.net/article.php3?id_article=113
– http://www.finance-muslim.com/2009/04/role-fonctionnement-sharia-board/comment-page-1
– Les indices islamiques, http://fr.financialislam.com/les-indices-islamiques.html
– Les fonds de placement Shariah Compliant, http://www.acerfi.org/articles/les-fonds-de-placement-shariah-compliant_49.html
– Qu’est-ce que la finance islamique ? http://www.economie.gouv.fr/cedef/finance-islamique
– Finance et microfinance islamiques, https://www.lamicrofinance.org/content/article/detail/25401
– Tout ce qu’il faut savoir sur la finance islamique, http://www.easybourse.com/bourse/pedagogie/fiche/tout-ce-quil-faut-savoir-sur-la-finance-islamique-157/les-defis-a-relever-pour-la-finance-islamique-161

Nombre de pages du document intégral:64

24.90

Retour en haut