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La migration des étudiants africains en France

La migration des étudiants africains en France

 

Introduction générale

 

 

Les phénomènes de la mondialisation et de la globalisation ont accéléré les échanges des biens et des personnes entre les pays à travers la planète. Ces avantages de l’ouverture des frontières sont multipliés par l’explosion des nouvelles technologies, notamment en ce qui concerne l’information et la communication. Ainsi, l’accès aux données et informations sur les formations disponibles dans les universités et les grandes institutions de formation dans le monde, surtout celles des pays industriels ou développés, du nord, mais aussi en développement, émergents, et du sud, a contribué à la mobilité des étudiants étrangers ou internationaux.

 

Depuis quelques décennies, la migration des étudiants à travers le monde est devenue une réalité vivante, et les rapports et études des experts et des universitaires en donnent l’ampleur. Les représentations consulaires ou diplomatiques, notamment les ambassades, recensent leurs étudiants, et les chiffres sont en constante progression. D’après les spécialistes, la mobilité des étudiants est un élément central sui doit être pris en compte pour les politiques de développement économique, industriel, technologique non seulement par les pays du nord ou industriels, mais également et surtout par les pays du sud, en développement ou émergents.

 

Certaines études du phénomène de la mobilité des étudiants étrangers mettent en lumière les concepts ou paradigmes de la fuite des cerveaux, de l’exode des compétences intellectuelles et professionnelles. Cette mobilité des cerveaux ou des compétences s’effectuent toujours des pays dits de la périphérie, c’est-à-dire moins industrialisés et moins développés, vers les pays du centre qui sont économiquement plus en avance, en d’autres termes, plus développés et industrialisés. Si les migrations pour études concernent tous les pays, certains Etats sont plus affectés par les migrations de sortie des étudiants à l’étranger, avec leurs retours au pays d’origine qui sont hypothétiques. Les nations africaines, et notamment du Maghreb, sont plus affectées par ces migrations d’étudiants dont beaucoup ne reviennent plus au pays de départ à la fin.

 

L’une des destinations de prédilection de ces étudiants d’origine africaine est la France. Les liens historiques et culturels entre la majorité des Etats africains et la France sont sans doute à la base de l’immigration pour études des étudiants africains en France. D’autres motivations plus spécifiques, plus personnelles, et plus stratégiques gouvernent sans doute cette immigration. C’est à l’éclaircissement de ces facteurs particuliers qui sous-tendent la migration pour études des étudiants africains en France qu’est consacré notre travail de recherche. Aussi, les interrogations qui suscitent les migrations pour études des étudiants étrangers en général, puis des étudiants africains en France en particulier, ont conduit à la question de recherche suivante, celle-ci, en tant que la problématique de notre recherche, est : Quelles sont les motivations profondes des étudiants africains dans leur immigration pour études supérieures en France, et qu’en est-il de leur projet d’avenir?

 

Pour apporter des éléments de réponse à ce questionnement, nous avons mené nos investigations aussi bien théoriques que sur le terrain auprès des étudiants africains en France. La trame de cette recherche est alors présentée en deux parties. La première partie traite de la migration pour études des étudiants en général, et des étudiants africains en France en particulier. Cette partie, intitulée « Approche théorique sur l’immigration des étudiants étrangers et africains en France », est scindée en trois chapitres :

Chapitre 1. La montée en puissance de la migration des étudiants étrangers,

Chapitre 2. Etat des lieux sur la migration pour études des étudiants africains en France,

Chapitre 3. Les paradigmes de quelques études récentes sur la mobilité des étudiants africains.

 

La deuxième partie, consacrée à l’étude empirique, est intitulée « Etude de terrain auprès des étudiants africains en France ». Cette partie comprend de même trois chapitres, qui sont :

Chapitre 4. La méthodologie de l’étude de terrain,

Chapitre 5. Les résultats de l’étude de terrain,

Chapitre 6. Bilan de l’expérience de migration pour études.

 

La revue de la littérature sur l’immigration des étudiants africains en France a permis d’avoir quelques pistes de recherches, et les hypothèses qui en découlent sont de deux types : générale et secondaires. L’hypothèse générale est la suivante :

H : Les étudiants africains décident de poursuivre leurs études en France, car le pays présente une opportunité d’avenir meilleur. La majorité de ces étudiants n’envisagent pas de retourner dans leur pays d’origine.

 

Les hypothèses secondaires viennent compléter et surtout approfondir cette hypothèse générale. Elles sont les suivantes :

H1 : Le fait de ne pas disposer de système d’enseignement supérieur correspondant à leurs attentes dans leurs pays d’origine pousse les étudiants africains à poursuivre leurs études en France.

H2 : Le système d’enseignement supérieur présent en France permet aux étudiants africains d’aborder le monde professionnel sur le plan international.

H3 : Les étudiants originaires des pays africains ayant signé une convention de coopération avec les France choisissent de poursuivre leurs études en France.

H4 : Les étudiants africains qui ont un projet d’avenir dans leur pays d’origine décident d’y retourner après leurs études supérieures en France.

H5 : Les étudiants dont l’avenir est incertain dans leurs pays d’origine décident de ne pas y retourner après leurs études supérieures en France.

 

En ce qui concerne l’étude de terrain, elle permet de comprendre les situations réelles des étudiants africains en France d’un côté, et de vérifier les hypothèses, d’un autre. La sélection de l’échantillon a été effectuée suivant des critères bien définis :

  • Les étudiants doivent être d’origine africaine,
  • Leur présence en France doit résulter d’une décision d’immigration pour études supérieures,
  • Les étudiants doivent être composés d’une part d’étudiants ayant un projet de retour dans leur pays d’origine après leurs études supérieures, d’une part, et de ceux ayant un projet de s’établir en France après leur études supérieurs, d’autre part.

 

Afin de garantir une meilleure représentativité, la taille de l’échantillon sera au nombre de 30, dont 15 étudiants africains projetant de retourner dans leur pays d’origine une fois leurs études supérieures terminées, et 15 étudiants africains envisageant de rester en France par la suite.

 

 

 

Partie 1. Approche théorique sur l’immigration des étudiants étrangers et africains en France

 

La mobilité des étudiants pour études est un phénomène qui connaît une très grande ampleur durant ces dernières années, et le nombre d’étudiants internationaux dans le monde est estimé de nos jours à plus de 3 millions[1]. Différentes institutions internationales en relations avec la jeunesse, comme l’UNESCO, pointent du doigt cette montée en puissance de la migration des étudiants. Certains travaux de recherche situent le véritable déclenchement de la manifestation de la migration des étudiants étrangers au début des années 1960. L’accélération de ce mouvement de la migration est portée par des facteurs liés au contexte mondial, aux progrès et innovations dans les filières de formations, et aux projets intellectuels et professionnels des étudiants.

 

Les tendances que révèlent la plupart des recherches et des publications d’une part, et qui sont détectées à travers les chiffres d’autre part, indiquent des perspectives migratoires encore plus accentuées. Quelle est l’ampleur de cette intensification de la migration pour études dans le contexte international, africain et français ? Comment les travaux de recherches appréhendent-ils cette mobilité croissante des étudiants étrangers ? Quels facteurs explicatifs et quels comportements tendancieux ces travaux mettent-ils en lumière ? Les étudiants étrangers représentant une proportion significative dans la migration pour études vers les pays industriels, quel en est l’état de la question pour ce qui concerne la mobilité des étudiants africains en France ?

 

Cette première partie explore les écrits et les travaux de recherche consacrés à ce thème de la migration pour études et de la mobilité des étudiants étrangers d’une part, et surtout des étudiants africains en France d’autre part. Elle est structurée en trois chapitres, dont le premier traite de la montée en puissance de la migration des étudiants étrangers. Les situations migratoires des étudiants africains en France sont examinées dans le second chapitre. Enfin, les paradigmes mis en évidence par certaines études récentes concernant la mobilité des étudiants africains en France seront abordés dans un troisième chapitre.

 

 

 

Chapitre 1. La montée en puissance de la migration des étudiants étrangers

 

Les cinq dernières décennies sont marquées dans le monde entier par des poussées de migration des étudiants étrangers qui enregistrent une forte croissance. Cette mobilité est sous-tendue par des contextes dont les facteurs ont servi de vecteurs d’accélération, et les tendances sont toujours à la hausse. Les pays industrialisés, notamment de l’OCDE, ont toujours été les lieux d’attraction des étudiants étrangers dans leur migration, et contribuent en partie à certains paradigmes, en l’occurrence la fuite des cerveaux. La France s’illustre comme une destination convoitée par les étudiants étrangers dans leur mobilité, et surtout les étudiants originaires d’Afrique. Ce chapitre s’attache à développer ces différentes thématiques relatives à l’augmentation de la mobilité des étudiants étrangers.

 

  1. Contexte de migration des étudiants étrangers : facteurs contextuels et tendances

 

Les mouvements migratoires des étudiants étrangers s’amplifient dans le temps, et connaissent de nos jours une extension très importante. Cette montée en puissance s’appuie sur un contexte dont les éléments essentiels sont les suivants.

 

  • Les facteurs contextuels de la montée en puissance des migrations pour études

 

Plusieurs éléments catalyseurs soutiennent la hausse de la mobilité des étudiants étrangers dans le monde. Si les étudiants de différents pays peuvent librement se déplacer pour aller étudier et suivre des formations supérieures dans d’autres pays, c’est qu’ils disposent de la liberté de mouvement, qui est un élément fondamental des droits humains, des droits de l’homme. Ceci renvoie d’abord à l’ouverture des frontières représentant le premier facteur qui accentue cette migration pour études. Avec la croissance des échanges entre tous les pays, du fait de la mondialisation et de la globalisation, et par conséquent permettant l’assouplissement des formalités aux frontières (formalités de police des frontières, formalités douanières), les migrations des étudiants internationaux ont atteint des proportions énormes. A ces facteurs relatifs à la mondialisation, à la globalisation et à l’ouverture des frontières, qui sont du ressort de l’économie mondiale et de l’évolution des règlementations internationales sur la circulation des personnes et des biens, d’autres plus intellectuels et technologiques viennent s’y ajouter.

 

Le développement des moyens d’informations et de communication, à travers les nouvelles technologies notamment des NTIC, permet aux personnes physiques et morales (étudiants, parents et familles, prescripteurs de formations, entreprises, établissements scolaires et de formations, universités) dans tous les coins du monde d’être informés, d’être au courant des évolutions des compétences, des savoirs, des filières de formations, des diplômes, des programmes de formation, de bourse, etc. Ainsi, grâce aux nouvelles technologies, les accès à l’information sur les formations et les diverses opportunités sont facilités, et les étudiants en sont les premiers bénéficiaires. Ils accèdent aux données académiques et s’inscrivent plus facilement dans des programmes de formation dans le monde entier.

 

Un autre facteur contextuel de la mobilité pour études est constitué par les stratégies, de communication sur les programmes de formations et les filières de recrutements, développées par de grandes universités et écoles dans les pays occidentaux ou développés. Ces institutions de formations et pour les études supérieures ouvrent leurs portes aux étudiants internationaux à travers les stratégies de communication et d’admission. Il en résulte la hausse de la part des étudiants étrangers dans les effectifs d’apprenants de ces établissements. Les migrations pour études enregistrent donc une accélération sous les effets de ces stratégies de communication des institutions de formations supérieures occidentales. Cette mobilité des étudiants étrangers est soutenue ou tirée vers le haut par ce marketing des établissements supérieurs des pays développés. D’autres facteurs contextuels comme les liens historiques coloniaux, ou culturels par les langues officielles (français, anglais, portugais ou espagnol) sont des vecteurs de migration pour études des étudiants étrangers vers les anciennes puissances coloniales, ou vers le pays occidental dont est issue la langue officielle.

 

  • Les tendances à la hausse de la migration pour études

 

Toutes les statistiques sont unanimes sur la hausse de la mobilité des étudiants étrangers. La croissance du nombre d’étudiants étrangers dans le monde est toujours exponentielle, et les prévisions des experts avancent des chiffres en illustration. Les effectifs des étudiants étrangers dans le monde sont en relation avec le nombre total d’étudiants. Plus ce dernier croît, plus il engendre une répercussion proportionnelle sur les effectifs des étudiants en mobilité. Or, en 2010, les pronostics émettent une progression de ce nombre total des étudiants dans le monde de 100 millions à 200 millions[2] de 2000 à 2015. La progression des étudiants étrangers est censée suivre un taux non loin de celui du total des étudiants dans le monde.

 

Cette tendance à la hausse est révélée par diverses institutions. En ce sens, l’Institut de Statistique de l’UNESCO (ISU)[3] note que de 1999 à 2004, le nombre d’étudiants mobiles dans le monde a progressé de 41%, en évoluant de 1,75 million à 2,5 millions. En 2010, l’UNESCO estime le nombre total des étudiants se formant à l’extérieur de leur pays d’origine à 3,6 millions[4], alors que pour l’OCDE, le chiffre sur les étudiants étrangers dans le monde est passé à 4,1 millions[5] soit presque un doublement de l’effectif par rapport à 2004 avec une hausse quasiment de 100%. Une représentation de ces chiffres donne l’allure de leur croissance.

 

Figure 1 : Evolution en millions du nombre d’étudiants mobiles dans le monde

 

Source : Réalisé à partir des données de l’UNESCO (2006) et de l’OCDE (2012).

La tendance actuelle dans laquelle nous examinons la mobilité des étudiants étrangers est une montée en puissance de la migration pour études. Et les experts prédisent une croissance encore plus forte de la mobilité des étudiants et des compétences.

 

  1. L’immigration des étudiants étrangers en France : le cas des étudiants africains

 

La France est un pays très demandé par les étudiants étrangers dans leur mobilité. Ces étudiants sont d’origines diverses, et notamment de tous les pays du sud et d’Asie, mais surtout d’Afrique. Les données chiffrées sur cette migration illustrent cette tendance.

 

  • La mobilité intense des étudiants étrangers en France

 

En se basant sur les chiffres du Ministère de l’Education Nationale, Ennafaa et Paivandi[6] ont montré les progressions phénoménales de la migration des étudiants étrangers en France sur au moins les deux dernières décennies. Ainsi, depuis les années 1990 jusqu’aux années 2000, le flux d’étudiants étrangers arrivant en France a globalement augmenté avec une accélération de cette hausse au début des années 2000. En effet, reconnaissent ces auteurs, de 1999 à 2004, le lot d’étudiants étrangers faisant leurs formations dans les établissements d’enseignement supérieur en France a progressé de 59%. Et pour l’année académique 2004-2005, les étudiants étrangers ont représenté 11% du chiffre total des étudiants inscrits dans le niveau supérieur en France, alors que ce taux n’était en 1998 que de 7%.

 

Cette attractivité de la France chez les étudiants étrangers est confirmée par les données de l’OCDE (2006)[7], précédemment cité, qui placent la France parmi les destinations les plus demandées dans la mobilité internationale étudiante. En 2012, la France représente le 3ème pays d’accueil des étudiants étrangers avec 271 399 étudiants, selon l’UNESCO[8].

 

La France est une des destinations très convoitées par les étudiants du monde entier. La preuve en est la grande affluence de ces étudiants qui viennent de plusieurs pays pour étudier dans l’hexagone. Près de 260 000[9] étudiants étrangers sont venus étudier en France en 2010, et les plus gros contingents sont venus de la Chine, du Maroc, de l’Algérie, de la Tunisie, du Sénégal, mais aussi de l’Allemagne, du Gabon, du Cameroun, des Etats-Unis, du Vietnam, de la Russie, du Liban, de l’Italie, et de la Roumanie. Ce sont ces pays qui fournissent les effectifs les plus importants parmi les étudiants étrangers qui viennent se former en France. La France est en réalité un pôle d’attraction universitaire et de grandes écoles pour les étudiants étrangers. La figure et les chiffres illustratifs suivants renseignent sur le niveau d’ampleur de cette migration des étudiants étrangers en France.

 

 

 

Figure 2 : La migration des étudiants étrangers en France en 2010

 

 

Source : Questions internationales : La France dans le monde (n°61-62 mai-août 2013).

© Dila

 

Seuls 3 pays devancent la France en 2010 dans l’accueil des étudiants étrangers : les Etats-Unis, le Royaume-Uni, et l’Australie. Cette tendance montre l’attractivité que le système éducatif et le contexte général français exercent sur les étudiants étrangers dans le choix de leur destination d’études.

 

Le nombre d’étudiants étrangers en France progresse continuellement, et en 2013, ce sont près de 289 000[10] jeunes de niveau post-baccalauréat qui se sont rendus au pays pour leurs études. De plus, la France a fait mieux au sein du classement des pays de destination des étudiants étrangers, car elle est passée de la quatrième place en 2010 à la troisième place en 2013. Cette fois-ci, seuls les Etats-Unis et le Royaume Uni ont mieux fait avec plus d’étudiants étrangers accueillis.

 

  • L’immigration des étudiants africains en France

 

La mobilité des étudiants affecte beaucoup plus l’Afrique que d’autres continents, du fait de plusieurs raisons et facteurs qui conduisent les étudiants africains à être plus mobiles en allant étudier dans d’autres pays. Le rapport de l’UNESCO[11] souligne que c’est l’Afrique qui possède le taux d’étudiants à l’étranger le plus élevé avec 1 sur 16, soit 5,6% des étudiants africains quittent leur pays pour suivre des formations supérieures à l’étranger.

 

Les raisons de cette mobilité des étudiants africains qu’évoquent les auteurs[12] concernent les difficultés liées à l’accès très restreint dans les universités des pays d’origine pour ces étudiants mobiles, et aussi à la médiocrité de la qualité de l’enseignement.

 

Le phénomène de la mobilité des étudiants s’observe de même dans les pays arabes, surtout dans les années 2000. L’UNESCO[13] précise que sur cinq ans, les étudiants des pays arabes qui étudient à l’extérieur de chez eux ont représenté 7% du total mondial. Et à titre d’exemple, pour le Maroc, 22% de ces étudiants sont en mobilité internationale, et leur destination favorite est la France qui accueille 43% des étudiants marocains mobiles. Le tableau ci-dessous illustre les 5 premiers pays d’origine des étudiants africains en mobilité en France en 2013-2014[14].

 

Tableau 1 : Les 5 premiers pays d’origine des étudiants internationaux en mobilité en France en 2013-2014

 

Pays d’origine Effectifs Part
Maroc 33 899 11,5%
Chine 30 176 10,2%
Algérie 21 935 7,4%
Tunisie 11 869 4,0%
Italie 9 322 3,2%

Source : MENESR-DGESIP-DRI-SIES, 2014.

 

Le Maroc représente le premier pays d’origine des étudiants internationaux en mobilité en France avec 11,5% de part pour l’année universitaire 2013-2014. Les étudiants africains détiennent une part importante dans la mobilité en France avec une dominance marocaine, algérienne, et tunisienne. Seules la Chine et l’Italie sont les pays n’appartenant pas au continent africain dans le classement.

Conclusion du chapitre 1

 

La migration pour études a connu dans le monde entier une montée en puissance, au fil des années, avec des effectifs d’étudiants étrangers toujours plus importants. Cette progression de la mobilité des étudiants étrangers est caractérisée depuis quelques décennies par un mouvement des pays du sud ou moins développés ou encore émergents vers les pays développés ou industrialisés. La mobilité s’organise depuis près de trois à quatre décennies à partir des pays moins développés vers ceux plus développés. Nous avons noté que certains éléments contextuels ont favorisé ces migrations, comme la mondialisation et la globalisation, la démocratisation des nouvelles technologies de l’information et de la communication, le marketing des institutions et établissements d’enseignement supérieur par leurs visibilités (par internet) et leurs politiques pour attirer plus d’étudiants.

 

Cette réflexion a montré que si les Etats-Unis constituent le premier pôle mondial d’accueil des étudiants étrangers, la France bénéficie de son côté d’une forte attractivité auprès desdits étudiants. Elle occupe la quatrième place mondiale (en 2010), puis le troisième rang parmi les plus grandes destinations (en 2013) de migration pour études. Les pays d’origine des étudiants étrangers venant se former en France sont variés, mais ce sont les pays maghrébins qui en constituent les premiers pourvoyeurs dans l’hexagone. Parmi ces étudiants originaires d’Afrique, ceux du Maroc se placent en tête du classement par leurs effectifs, et ils occupent ce rang depuis des années voire des décennies. Ceci illustre l’attrait des études supérieures en France auprès de ces étudiants marocains. Ensuite, viennent par ordre décroissant les étudiants algériens et tunisiens. Il en résulte que ces trois groupes d’étudiants africains (marocains, algériens et tunisiens) représentent une part très importante des migrations pour études en France.

 

 

 

Chapitre 2. Etat des lieux sur la migration pour études des étudiants africains en France

 

Les Etats-Unis, le Royaume-Uni, la France, l’Australie et l’Allemagne font partie des 10 premiers pays à recevoir des étudiants africains. Parmi les pays dans cette liste de top classement, la France est le premier pays d’accueil en ce qui concerne les étudiants africains en mobilité. En 2010, la France a accueilli environ 110 000 étudiants d’origine africaine, d’après l’UNESCO. Ce qui représente 29,2% des étudiants africains en mobilité dans le monde, 43% des étudiants en mobilité entrante en France[15].

 

Ce phénomène ne semble pourtant pas nouveau pour le pays d’accueil. En effet, les premières migrations des étudiants africains en France remontent à bien longtemps, aux années 1970 lorsque le pays lève les frontières à ses anciennes colonies obtenant récemment leur indépendance. Les étudiants de ces pays nouvellement indépendants se sont alors rendus en masse en France. L’année 1985 a été marquée par la favorisation de la migration intra-européenne, et par conséquent la restriction des immigrés en provenance des pays en dehors de l’Europe. 2 ans plus tard, le nombre d’étudiants africains en mobilité en France s’est stabilisé avec une progression plus ou moins constante. Aujourd’hui, les étudiants africains représentent une part importante des étudiants en France. Quels sont les éléments qui ont permis cette situation en matière de politiques gouvernementales ? Une illustration en chiffres de la situation des étudiants africains en France sera présentée dans ce second chapitre, suivie de la présentation des dispositifs migratoires des étudiants africains en France.

 

  1. Les chiffres sur la migration des étudiants africains en France

 

Cette section est destinée à la présentation de tous les chiffres liés à la migration des étudiants africains en France. Ces données permettent en effet de cerner le poids des étudiants africains sur le territoire français, ainsi que la place de la France dans la mobilité entrante de ces étudiants.

 

  • Aperçu globale sur la mobilité des étudiants africains

 

En 2010, le nombre total des étudiants africains en mobilité a atteint les 380 376 d’après l’UNESCO. La répartition de ces étudiants s’effectue entre plusieurs pays du monde incluant ceux d’Amérique, d’Europe, d’Asie, et même d’Afrique. Le tableau ci-dessous présente les 10 premiers pays qui font l’objet d’une mobilité entrante des étudiants africains en 2010.

 

Tableau 2 : Les 10 premiers pays d’accueil des étudiants africains en 2010

 

Source : UNESCO

La France reste le premier pays d’accueil des étudiants africains avec une part de 29,2% en 2010. La migration pour études des étudiants africains s’effectue également entre les pays d’Afrique avec l’Afrique du Sud comme second pays d’accueil sur le plan mondial, et le Maroc comme second pays d’accueil sur le plan africain. Le Royaume-Uni et les Etats-Unis accueillent les étudiants africains à hauteur de 9,7% chacun. Les autres pays d’accueil du classement sont l’Allemagne, la Malaisie, le Canada, l’Italie, et l’Australie qui détiennent tous une part inférieure à 5%. En ce qui concerne les origines des étudiants africains en mobilité dans le monde, ils sont répartis entre plusieurs pays du continent africain dont le Maroc, le Nigéria, l’Algérie, le Zimbabwe, le Cameroun, la Tunisie, le Kenya, le Sénégal, l’Egypte, et le Botswana.

 

  • La mobilité des étudiants africains en France

 

La France étant le premier pays d’accueil des étudiants africains en France, le pays représente la meilleure destination des étudiants africains lors de leur migration pour étude. Le tableau suivant présente la part d’étudiants africains choisissant la France comme destination.

 

Tableau 3 : Part d’étudiants africains choisissant la France comme pays d’accueil

 

Pays d’origine Etudiants en mobilité Etudiants en France Part
Algérie 22 465 20 066 89%
Madagascar 4 128 3 465 84%
Sénégal 11 928 9 278 78%
Gabon 5 793 4 205 73%
Maroc 42 800 27 467 64%
Tunisie 19 506 11 659 60%
Côte d’Ivoire 6 197 3 544 57%
Cameroun 20 093 6 264 31%

 

Source : UNESCO

 

L’Algérie et Madagascar sont les pays qui présentent la plus forte migration d’étudiants en France avec plus de 80% des étudiants en mobilité. En matière de classement, le premier pays qui occupe une part importante d’étudiants en mobilité entrante en France reste le Maroc, suivi de l’Algérie et de la Tunisie.

 

La majorité des étudiants africains en mobilité en France sont en provenance de Maghreb et d’Afrique sub-saharienne. Ces étudiants représentent 43% des étudiants étrangers en France[16] en 2011-2012 pour l’obtention d’un diplôme de Licence, Master, ou Doctorat.

 

Tableau 4 : Niveau d’études des étudiants africains et étrangers en France en 2012

 

Niveau Etudiants africains Etudiants étrangers
Licence 43% 45%
Master 47% 43%
Doctorat 10% 12%

Source : Ministère français de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.

En ce qui concerne les filières les plus prisées par les étudiants africains en France, il s’agit respectivement des Sciences à 31% des choix des étudiants africains, des Sciences économiques à 24%, des Lettres et Sciences humaines à 19%, du Droit et des Sciences politiques à 11%, et de la Médecine à 10%.

 

  1. Les dispositifs migratoires des étudiants africains en France : Politiques du gouvernement, accords.

 

Cette section est destinée à la présentation des politiques françaises d’accueil des étudiants africains d’une part, et des politiques africaines concernant l’envoi d’étudiants en France d’autre part.

 

  • Politiques françaises d’accueil des étudiants africains

 

Les politiques françaises en matière d’accueil d’étudiants africains sont marquées par 3 périodes bien distinctes[17] : la période favorable à la migration des étudiants africains, la période de limites de la migration des étudiants africains, et la période de sélection des étudiants africains. La première période correspond à la montée des pays nouvellement indépendants à partir de 1960. La France a ouvert ses portes aux étudiants originaires de ces pays, et ces derniers se sont rendus au pays de manière massive. Une certaine liberté de circulation en faveur de ces pays, notamment africains, a été accordée par le gouvernement français. Il convient de préciser que des étudiants en provenance d’autres pays non colonisés ont également fait de la France leur pays d’accueil pour leur mobilité[18].

 

La seconde période est marquée par la mise en place de lois plus restrictives en matière d’accueil des étudiants étrangers, principalement africains. Cette décision résulte du fait que la France ait dû faire face à diverses crises économiques et que le nombre d’étudiants français ne cesse d’augmenter. Au début des années 1970, le gouvernement a mis en place des dispositifs migratoires permettant de limiter la migration des étudiants africains et de favoriser ceux des pays européens. Ainsi, des contrôles sont effectués avant l’inscription des étudiants étrangers dans les établissements supérieurs français.

 

La dernière période concerne celle de la sélection des étudiants africains qui peuvent étudier en France. L’objectif de cette sélection est de ne recevoir que les étudiants africains pouvant apporter de la valeur à son pays d’accueil. Cette politique a eu comme conséquence la diminution des effectifs d’étudiants africains sur le territoire français. C’est à partir de l’année 2006 que cette politique est officialisée. En effet, la France a instauré une carte de séjour dite « Compétences et Talents »[19] octroyée à toute personne susceptible de contribuer au développement du pays. L’entrée des étudiants africains et étrangers est ainsi conditionnée par la sélection des meilleurs éléments par tous les établissements supérieurs de l’Hexagone.

 

Aujourd’hui, la France conclut des accords bilatéraux et des conventions spécifiques avec certains pays d’Afrique. Ces accords marquent la relation qui existe entre les 2 parties et définissent également les conditions de migration des étudiants originaires du pays africain pour étudier en France.

 

  • Politiques africaines d’envoi d’étudiants en France

 

L’UNESCO a relevé le fait que plus de 5% des étudiants africains ont la possibilité de continuer leurs études à l’étranger.        Ces étudiants optent principalement pour l’Europe de l’Ouest. Il a également été constaté que l’Afrique subsaharienne et le Maghreb décident d’envoyer ses étudiants spécialement en France. En 2007, 51% des étudiants étrangers présents dans les établissements supérieurs français sont d’origine africaine.

 

L’objectif principal d’envoyer les étudiants africains étudier en France est pour l’Afrique l’acquisition de compétences, et la formation de futures élites. Il n’existe pas de politique générale sur le continent africain en ce qui concerne l’envoi des étudiants à l’étranger, qu’il s’agisse de la France ou d’autres pays. Toutefois, chaque pays dispose de sa propre politique en matière de mobilité sortante de ses étudiants. Il a été constaté que pour la France, l’accueil d’étudiants africains est conditionné par l’existence de conventions spécifiques entre l’Hexagone et le pays africain. Cette situation s’explique par le fait que les pays africains développent des relations complexes avec la France. En effet, le rapport entre les pays africains et l’Hexagone ne se limite pas au domaine politique et économique, mais s’étend aussi sur le plan culturel, compte tenu du fait que ces pays sont en grande partie des anciennes colonies françaises.

 

Ainsi, les étudiants africains en mobilité entrante en France sont issus des pays ayant signé des conventions bilatérales spécifiques avec la France pour pouvoir y envoyer leurs étudiants. Les principaux pays concernés sont le Maroc, le Sénégal, et l’Algérie. La relation entre la France et le Maroc n’est plus un mystère, d’autant plus qu’il représente la nationalité étrangère la plus présente en France en matière d’étudiants. Au début des années 1990, les 2 pays ont ratifié un accord sur la coopération dans le domaine de l’enseignement pour les étudiants marocains résidant en France. D’où la place du Maroc comme premier partenaire de coopération universitaire de la France. 16 ans plus tard, les deux pays ont signé un second accord sur la déclaration conjointe sur l’emploi et la formation.

 

Le Sénégal est également un des pays africains ayant conclu des accords avec la France, et leur relation a été fondée bien avant celle de la France et du Maroc. En 1970, les 2 pays ont signé plus d’un accord  de coopération en ce qui concerne l’enseignement supérieur. 30 ans plus tard, ces liens ont été renforcés grâce à la signature de la convention de Co développement. D’autres pays africains ont aussi signé des accords avec la France pour permettre à leurs étudiants de s’y rendre pour les études.

 

Conclusion du chapitre 2

 

La migration pour études des étudiants africains en France s’avère être un cas particulier dans l’histoire de la migration internationale. Elle fait l’objet de plusieurs enjeux pour les 2 pays notamment dans le domaine politique, économique, mais également culturel. L’histoire tient également une place importante dans cette relation entre la France et l’    Afrique compte tenu du fait que la plupart des pays d’origine des étudiants africains en mobilité en France sont d’anciennes colonies de l’Hexagone.

 

Il a été constaté que si la France demeure le premier choix de destination des étudiants africains, c’est parce que celle-ci a développé un lien spécifique avec leurs pays d’origine. Le cas du Maroc en est une preuve. La signature de plusieurs accords a permis à ce pays maghrébin d’envoyer massivement ses étudiants en France. Il en est de même pour le Sénégal. De son côté, la France vise à un niveau élevé des connaissances pour les étudiants étrangers en mobilité entrante dans le pays et met en place diverses étapes pré sélectives pour n’accueillir dans son territoire que les meilleurs étudiants.

 

Ce second chapitre a également permis de comprendre que la France attire principalement les étudiants africains d’origine maghrébine et subsaharienne. Toutefois, chacun de ces pays dispose de sa propre politique en matière d’envoi d’étudiants en France. Ce qui mène à dire que le dispositif en Afrique est très aléatoire. Une autre question fondamentale se pose par la suite : qu’en est-il de la suite de la migration des étudiants africains en France ?

 

 

 

 

 

 

Chapitre 3. Les paradigmes de quelques études récentes sur la mobilité des étudiants africains

 

Face au développement de la mobilité des étudiants étrangers dans le monde, et souvent du ramdam médiatique que certains experts des institutions internationales (Banque mondiale, FIM, UNESCO, …) mais aussi des universitaires entourant le thème de la fuite des cerveaux et des compétences qui en découle, diverses études récentes ont abordé la question. Ces travaux ont tenté d’expliciter les tenants et les aboutissants des migrations pour études ou des étudiants étrangers. Les interrogations auxquelles ces recherches sur la mobilité des étudiants étrangers ont voulu proposer des éléments de réponses portant indifféremment sur l’ampleur et la nature de la fuite des cerveaux, sur les motivations de ces jeunes dans leurs migrations, ou encore sur les facteurs qui déterminent les retours et les non-retours de ces étudiants migrants dans leurs pays d’origine.

 

Nous voulons porter ici un regard succinct sur ces concepts ou paradigmes traités par ces travaux de recherche sur les migrations pour études, pour comprendre les explications qui les élucident. Dans cette optique, les recherches qui associent la fuite des cerveaux aux migrations pour études sont examinées dans un premier temps. Ensuite, les travaux qui tentent de théoriser les motivations des étudiants étrangers dans leurs migrations sont approchés. Enfin, nous tentons de comprendre les fondements du retour et du non-retour des étudiants migrants en scrutant les études qui ont abordé ces thématiques.

 

  1. La migration pour études et la fuite des cerveaux

 

Plusieurs travaux de recherches ou de livres ont sans doute traité du thème de la fuite des cerveaux à travers la migration pour études. Nous retenons ici les deux auxquels nous avons eu accès dans nos recherches et qui paraissent abordables. Il s’agit d’abord des études faites par Rhida Ennafaa et Saeed Paivandi[20] à partir des enquêtes effectuées en 2005 par l’Observatoire de la Vie étudiante (OVE) de Paris auprès des étudiants étrangers. Nous étudierons ensuite les éléments sur la fuite de cerveaux développée par Paul Ginies et Jean Mazurelle[21] dans leur livre sur les migrations des étudiants africains vers les pays développés.

 

  • Le concept de la fuite de cerveaux lié à la migration pour études et à l’attractivité du pays d’accueil

 

Les deux auteurs Rhida Ennafaa et Saeed Paivandi [22] ont tenté de cerner le concept de la fuite des cerveaux en analysant les travaux précédents sur ce thème, et en se basant sur les propres recherches réalisées en 2007 et 2008. Ils se sont aussi référés aux enquêtes menées par l’Observatoire de la Vie Etudiante (OVE)[23] en France. De ces travaux, ils ont tirés les enseignements sur les différentes appellations du phénomène, sur sa définition ou sa signification, et sur ses logiques ou ses formes de manifestations.

 

Ainsi, la fuite des cerveaux est encore désignée par certains auteurs comme exode des cerveaux ou exode des compétences. Tous les auteurs soulignent que la fuite des cerveaux peut être appréhendée comme les flux migratoires des personnes qualifiées à travers le monde, et surtout qui quittent leur pays d’origine (souvent moins développés) pour aller s’installer dans d’autres pays (plus développés ou plus attractifs sur divers plans : économiques, professionnels, scientifiques, sociaux, industriels, etc.). Rhida Ennafaa et Saeed Paivandi distinguent deux modalités de la fuite des cerveaux : celle liée aux migrations pour études, et celle qui résulte de l’attractivité qu’exercent les pays développés.

 

  • La migration pour études comme source de la fuite des cerveaux

 

Pour la première approche de la fuite des cerveaux, c’est surtout durant les études à l’étranger, et ainsi lors des migrations pour études que cette fuite se réalise. Cette réalisation de la fuite se déroule de diverses façons (durant les études supérieures à l’étranger par les pertes que les pays d’origine subissent du fait des absences desdits étudiants, à la fin des études et après avec l’obtention des diplômes lorsque les étudiants diplômés ne reviennent pas dans leurs pays d’origine, mais s’installent dans le pays d’accueil ou ailleurs, qui sont mieux pourvoyeurs d’opportunités professionnelles ou de meilleures conditions de vie).

 

En ce sens, les enquêtes réalisées par plusieurs travaux indiquent la réalité de cette fuite des cerveaux par le non-retour des étudiants étrangers dans leur pays de départ. Cette fuite de cerveaux lors des études à l’étranger intervient de différentes manières. Soit la fuite de cerveaux intervient de façon temporaire, durant les études où les étudiants étrangers mènent en même temps une carrière professionnelle ou un travail salarié. Soit, elle se réalise à la fin des études, où les étudiants étrangers prolongent leur séjour par un travail professionnel, et ne rentrent pas immédiatement, temporairement ou définitivement. Dans tous les cas, les compétences professionnelles et les qualifications acquises par les étudiants étrangers ne profitent pas à leur pays d’origine, mais sont monnayées « au plus offrant » dans les pays où les études à l’étranger sont faites.

 

  • L’attractivité des pays développés florissant comme facteur de fuite des cerveaux

 

La deuxième approche met en avant le fait que c’est l’attractivité, que les pays occidentaux ou développés ou dits « du centre » exercent sur les citoyens des pays moins développés ou du sud ou dits « de la périphérie », qui est le vecteur de la fuite des cerveaux. Dans ce second volet, l’exode des compétences est assujetti aux meilleures conditions de vie, sociales, professionnelles, économiques que les pays plus attractifs sont susceptibles de proposer aux étrangers migrants. Rhida Ennafaa et Saeed Paivandi[24] font référence aux multiples travaux de recherches qui ont développé cette conception de la fuite des compétences. La fuite des cerveaux dans ce cas est alors une réalité unilatérale, dans une mobilité qui n’a pas prévu un « aller » et un « retour » dans le projet initial de départ, mais plutôt un aller simple. L’intention est alors manifeste d’aller s’installer dans le pays du centre ou développé, plus attractif sur plusieurs plans et dès le début.

 

 

 

 

  • Le concept de la fuite de cerveaux lié au non rétention des élites intellectuelles

 

Le concept de la fuite des cerveaux est fortement mis en exergue dans les recherches de Paul Ginies et Jean Mazurelle[25] qui déplorent le regrettable scénario que vit le continent africain : voir ses cerveaux (étudiants, jeunes ayant atteint le niveau d’instruction universitaire, chercheurs et universitaires) émigrer vers d’autres continents. Pour nos deux auteurs, la fuite des cerveaux africains est effective du fait que l’Afrique ne retient pas son élite intellectuelle. Ces auteurs se basent sur les données chiffrées de l’Institut de Statistique de l’UNESCO (ISU)[26] pour faire leur analyse. Selon eux, la fuite des cerveaux en Afrique intervient par les émigrations pour études des étudiants africains (qui ont deux volets), et par les émigrations des compétences professionnelles africaines.

 

  • La fuite des cerveaux par les émigrations pour études des étudiants africains

 

La première forme de manifestation de la fuite des cerveaux s’observe dans le départ ou la migration des étudiants pour suivre des formations supérieures à l’étranger, notamment dans les pays développés ou industrialisés et/ou encore émergents. Cette fuite de cerveaux est ainsi le fait que les personnes capables d’acquérir des connaissances intellectuelles et désireuses de le faire s’exilent vers l’extérieur. C’est tout le processus de la migration (émigration) pour études qui sous-tend la fuite des cerveaux. Car, durant la période de formation à l’étranger, les compétences intellectuelles de ces acteurs étudiants émigrés pour les études ne sont plus mises à disposition de son milieu d’origine, de son pays de provenance. Toute l’Afrique, du fait de l’inexistence d’établissements de formation supérieure de haut niveau et de qualité dans diverses filières, est affectée par cette fuite des cerveaux.

 

  • La fuite des cerveaux par les émigrations des compétences professionnelles africaines

 

Les auteurs Paul Ginies et Jean Mazurelle ont analysé une autre catégorie de la fuite des cerveaux : celles des compétences professionnelles. Celles-ci, notamment les ressources humaines qualifiées dans des domaines de compétences pointues comme les technologies indispensables aux services de base à la population (gestion de l’eau, énergie renouvelable moderne, infrastructures de communication de qualité, …), sont nécessaires pour le développement de l’Afrique. Ces compétences professionnelles sont détenues par les élites formées dans les grandes écoles nationales ou à l’étranger. Si les africains détenteurs de ces compétences émigrent vers les pays développés ou industriels pour de meilleures situations professionnelles, ils alimentent la fuite des cerveaux, et privent leurs pays des savoir-faire indispensables pour accompagner le développement de ces derniers.

 

  1. Les paradigmes de retour et de non-retour

 

Les phénomènes de retour et de non-retour des étudiants étrangers dans leur pays d’origine qu’on associe à la fuite de cerveaux, sont traités par certains travaux récents. C’est dans cette optique que Mamadou Gando Barry[27] a consacré sa thèse à cet aspect de la migration pour études. Dans les études que nous avons évoquées dans les pages antérieures, Rhida Ennafaa Rhida et Saeed Paivandi ont aussi analysé cette dimension de la mobilité des étudiants étrangers. Le retour et le non-retour sont mis en évidence avec des grilles de lectures pour mieux les appréhender.

 

  • Le concept de retour et de non-retour lié à la présence d’opportunités d’évolution

 

C’est avec les recherches effectuées au Canada et en Guinée pour sa thèse que Mamadou Gando Barry a conduit des investigations aussi bien théoriques qu’empiriques sur le retour ou non des étudiants migrants guinéens au Canada. Dans une première étape, l’auteur a fait le pont sur les travaux existants sur le sujet. Ensuite, il a mené des enquêtes auprès d’un échantillon des étudiants guinéens ayant migré au Canada pour études, et qui sont rentrés en Guinée ou sont restés au Canada. Les résultats de ces enquêtes ont fourni des éclairages sur les phénomènes de retour et de non-retour. Certains étudiants ont ainsi opté pour le non-retour et l’installation au Canada. D’autres ont décidé de rentrer au pays (en Guinée) à l’issue de leurs formations au Canada.

 

Pour ceux des étudiants qui sont rentrés chez eux, les principales raisons ou motivations de leur retour sont liées aux liens familiaux maintenus au pays d’origine, aux attentes ou possibilités ou perspectives d’emploi et de promotion, ou encore à la volonté de servir leur pays. Sur le terrain au pays, l’insertion familiale s’est effectuée sans difficulté. Mais, l’insertion sociale, avec les pratiques oubliées ou dont on a plus l’habitude, a été plus difficile. L’insertion professionnelle a été plus intéressante, car le séjour au Canada et le diplôme sont très valorisés au pays. Pour les étudiants guinéens migrants qui ont décidé de rester au Canada, les motivations de ce choix sont, d’abord, les meilleures opportunités professionnelles (meilleur emploi mieux rémunéré) qu’offre le pays d’accueil. Ensuite, la préoccupation de rester au Canada pour offrir aux enfants un meilleur système éducatif a également influencé le choix du non-retour. Les raisons du non-retour sont aussi en relation avec les facilités offertes par le Canada aux diplômés d’origine étrangère de s’y installer après l’obtention du diplôme. L’enquête a montré que les étudiants qui sont restés au Canada, n’ont pas définitivement abandonné l’idée du retour, mais que celle-ci est simplement repoussée à une échéance plus lointaine. Le non-retour des étudiants étrangers migrants au Canada est une sorte de fuite des cerveaux ou des compétences, car les raisons professionnelles sont les premières motivations de ce phénomène.

 

  • Le concept de non-retour pour cause d’absence d’opportunité d’évolution dans les pays d’origine

 

Comme pour l’analyse de la fuite des cerveaux, Rhida Ennafaa Rhida et Saeed Paivandi[28] se sont basés sur l’enquête de l’OVE de 2005 pour leur recherche sur le non-retour des étudiants étrangers venus se former en France.

 

Dans un état des lieux sur le thème du non-retour des étudiants, à travers les travaux existants, les deux auteurs (Ennafaa et Paivandi) ont relevé les principales motivations des étudiants migrants en France, pour ne pas retourner chez eux : « la pauvreté des universités locales, le faible niveau technologique et l’insuffisance chronique des infrastructures, l’accès difficile à l’information, l’absence de moyens et de programmes de recherche, la désertification culturelle, la corruption, le sous-développement chronique, les crises politiques et économiques, la dégradation du cadre de vie »[29]. Ensuite, les travaux antérieurs ont relevé la caractéristique principale de l’étudiant étranger qui opte pour le non-retour : c’est un étudiant avancé dans les études, souvent de niveau doctorat. A titre d’exemple, le taux de non-retour des étudiants marocains formés dans les grandes écoles françaises est de 60%.

 

Les résultats de l’enquête OVE, qu’analysent les deux auteurs, révèlent que ce sont les étudiants migrants en France et originaires d’Asie qui sont les plus portés sur le retour chez eux après leurs études. Ils sont près de 45% à vouloir retourner chez eux. Les étudiants maghrébins sont proportionnellement plus nombreux à vouloir rester en France avec un taux de 37%. Les étudiants étrangers indécis sur ce retour sont du Moyen-Orient (42% de leur total), de l’Afrique subsaharienne (41%).

 

Nous pourrons dire, d’une manière générale, que les raisons du non-retour sont similaires chez tous les étudiants étrangers, mais que les étudiants africains en général, et surtout maghrébins en particulier, sont ceux qui optent le plus pour le non-retour.

 

 

Conclusion du chapitre 3

 

L’exploitation de la littérature ou des publications sur le thème de la migration pour études a mis en évidence la multiplicité des travaux existants. Certaines dimensions du thème sont plus approfondies que d’autres dans ces recherches, et nous avons voulu, sans viser l’exhaustivité, porter un regard sur les paradigmes les plus approchés par les travaux récents. Les 2 aspects que nous avons retenus de la migration pour études, et qui sont « la fuite des cerveaux, et le retour ou le non-retour », ont fait l’objet de quelques investigations que nous venons de présenter. Les travaux récents de Rhida Ennafaa et Saeed Paivandi (2008) d’une part, et de Paul Ginies et Jean Mazurelle (2010) d’autre part, ont donné des grilles de compréhension de la fuite des cerveaux. Pour les deux premiers auteurs, la fuite de cerveaux chez les étudiants étrangers en France, encore appelée exode des cerveaux ou des compétences, intervient aussi bien durant le séjour qu’à l’issue de celui-ci. Elle prive les pays d’origine des compétences intellectuelles et professionnelles dont ils ont besoin pour leur développement. Il y a aussi la fuite des compétences professionnelles, lorsque ce sont les pays développés qui exercent une attractivité sur les professionnels des pays moins développés. Paul Ginies et Jean Mazurelle insistent eux sur la fuite des cerveaux que subit le continent africain par ces migrations pour études, et qui retardent de plus l’Afrique en l’appauvrissant en matière grise.

 

Le paradigme du non-retour est traité par Rhida Ennafaa et Saeed Paivandi, d’une part et par Mamadou Gando Barry d’autre part. Pour celui-ci, le retour est lié aux possibilités d’insertion professionnelle, familiale et sociale mais aussi à la volonté de servir son pays. Le non-retour est sous-tendu par les possibilités de meilleurs emplois dans le pays d’accueil, le vœu d’une meilleure éducation pour les enfants, mais toujours avec un retour envisagé dans le futur lointain.

 

 

 

Partie 2. Etude de terrain auprès des étudiants africains en France

 

La partie théorique sur l’immigration des étudiants africains en France permet d’avoir une idée en ce qui concerne le résultat qui pourrait en découler de la recherche, notamment en ce qui concerne les motivations des étudiants étrangers à poursuivre leurs études supérieures en France, ainsi que leur projet de retour ou de non-retour dans leur pays d’origine. La suite logique de cette étape est l’étude empirique qui correspond au travail que nous avons réalisé nous-même. Elle permet de vérifier si les informations obtenues vont dans le sens de la logique théorique, ou si elles sont en total contradiction avec cette dernière.

 

Ainsi, cette seconde partie de notre mémoire est consacrée à la présentation de l’étude de terrain réalisée auprès des étudiants africains poursuivant leurs études supérieures en France. Elle a pour objectifs d’apporter des réponses aux questions liées aux motivations de ces étudiants africains à poursuivre leurs études supérieures en France, à la décision de retourner  dans leur pays d’origine une fois les études terminées et les diplômes obtenus, et à l’option de demeurer en France après leurs études supérieures.

 

Une fois ces éléments obtenus, il convient de présenter le bilan de l’expérience de migration estudiantine. Cette étape permet de prendre en compte de l’écart entre les études réalisées antérieurement, et celles que nous avons effectué sur le terrain, récemment. Ce bilan est également nécessaire pour comprendre la situation réelle des étudiants africains en matière de mobilité en France. La présente partie est conclue par la présentation de l’aspect novateur de notre recherche ainsi que des limites et pistes de recherches liées à l’immigration des étudiants africains en France.

 

Cette partie est composée de trois chapitres. Le premier correspond à la présentation de la méthodologie de l’étude de terrain. Le second met en évidence les résultats obtenus suite à la réalisation de l’étude de terrain. Le dernier chapitre traite du bilan de l’expérience de migration pour études.

 

 

 

 

Chapitre 4. Méthodologie de l’étude de terrain

 

La méthodologie se présente comme un moyen permettant de confronter les idées. Ces dernières sont à la fois issues de l’expérience et de l’imagination, aux données concrètes, dérivés de l’information. Elle a pour finalité de confirmer, de nuancer, ou encore de rejeter ces idées de départ[30]. Elle présente également la manière à travers laquelle l’étude a été réalisée. Dans notre cas, elle se porte sur la migration des étudiants africains pour étudier en France.

 

Afin de mieux comprendre la démarche adoptée, il s’avère indispensable de réaliser une mise en contexte de ladite étude, de présenter les outils ainsi que la population d’enquête, et de préciser le déroulement des entretiens.

 

  1. Le contexte de l’étude de terrain

 

La mise en contexte de l’étude de terrain revient à rappeler la problématique, ainsi que les hypothèses qui en découlent, à présenter la méthode de collecte des informations et l’échantillon, ainsi que le déroulement de l’entretien.

 

  • Rappel de la problématique et des hypothèses

 

Dans le cadre de notre recherche, la problématique est la suivante : Quelles sont les motivations profondes des étudiants africains dans leur immigration pour études supérieures en France, et qu’en est-il de leur projet d’avenir?

 

Cette problématique est engagée sur le thème principal de notre mémoire, qui est « La migration  des étudiants africains en France ». Le but est dans un premier temps de comprendre les raisons qui incitent les étudiants africains à poursuivre leurs études supérieures en France. Dans un second temps, il s’agit de connaitre leurs intentions une fois leurs études terminées et les diplômes obtenus.

 

En réponses à ce questionnement, l’hypothèse générale est lié au fait que les étudiants africains poursuivent leurs études en France parce qu’ils y trouvent une opportunité d’avenir meilleur. La majorité d’entre eux choisissent de demeurer en France par la suite.

 

Pour approfondir cette hypothèse, les hypothèses secondaires sont les suivantes :

H1 : Le fait de ne pas disposer de système d’enseignement supérieur correspondant à leurs attentes dans leurs pays d’origine pousse les étudiants africains à poursuivre leurs études en France.

H2 : Le système d’enseignement supérieur présent en France permet aux étudiants africains d’aborder le monde professionnel sur le plan international.

H3 : Les étudiants originaires des pays africains ayant signé une convention de coopération avec les France choisissent de poursuivre leurs études en France.

H4 : Les étudiants africains qui ont un projet d’avenir dans leur pays d’origine décident d’y retourner après leurs études supérieures en France.

H5 : Les étudiants dont l’avenir est incertain dans leurs pays d’origine décident de ne pas y retourner après leurs études supérieures en France.

 

Ainsi, ces pistes de recherches nous permettent de sélectionner les faits à observer. D’où la nécessité de choisir la méthodologie de recherche la plus adaptée pour notre étude de terrain.

 

  • Choix et justification de la méthodologie

 

Etant donné le fait que l’étude vise à comprendre les raisons qui incitent les étudiants africains à poursuivre leurs études supérieures en France, ainsi que les raisons qui les motivent de retourner ou non dans leur pays d’origine, nous sommes dans une démarche exploratoire. De ce fait, l’approche qualitative est la plus adaptée.

 

Ce choix résulte du fait que nous recherchons à comprendre un phénomène qui est la migration des étudiants africains en France, et non à démontrer un fait. L’exploration se plie à une démarche qualitative, tandis que la vérification répond à une approche quantitative, qui ne correspond pas à notre étude.

 

  1. Outils et population d’enquête

 

La présentation des outils ainsi que de la population d’enquête revient à mettre en évidence la méthode à partir de laquelle les informations ont été collectées, et l’échantillon sur lequel l’étude est portée.

 

  • Méthode de collecte d’informations

 

Répondre à la problématique nécessite la récolte de données sur le terrain. Dans un premier temps, il convient de choisir le terrain et construire l’échantillon pour ensuite collecter les données et les analyser. Pour avoir les informations les plus pertinentes possibles, elles seront collectées grâce à des entretiens semi-directifs.

 

Cette forme d’entretien permet en effet d’orienter l’interlocuteur tout en le laissant s’exprimer. Toujours dans le souci d’obtenir des données pertinentes et en lien avec notre problématique, un guide d’entretien est préparé en amont. Il est présenté dans le tableau ci-dessous.

 

Tableau 5 : Guide d’entretiens semi-directifs

 

Thèmes Questions
1/ Les motivations des étudiants africains pour poursuivre leurs études en France 1-      Comment vous est venue l’idée de migrer pour la suite de vos études ?

2-      Pourquoi avez-vous choisi la France et comment s’est passé l’arrivée et l’accueil en France ?

3-      Dans quelle université avez-vous fait vos études ?

4-      Dans quels domaines avez-vous fait vos études ?

2/ Les perspectives d’avenir A/ Le projet de retour

1-      Quand comptez-vous partir de la France ?

2-      Pourquoi avez-vous décidé de rentrer au pays ? Avez-vous hésité ?

3-      Pourquoi ne pas avoir décidé de rester comme certains étudiants étrangers ?

B/ Le projet d’établissement en France

1-      Après l’obtention de votre diplôme, êtes-vous retourné au pays ?

2-      Racontez-moi votre parcours géographique depuis l’obtention de votre diplôme.

3-      Comment vous est venue l’idée de demeurer en France après votre formation ? Et pourquoi avez-vous décidé de rester en France ?

4-      Qu’est-ce qui a influencé votre choix ? Avez-vous hésité ?

5-      Avez-vous rencontré des problèmes pour rester en France ? Si oui, lesquels ?

6-      Diriez-vous que la politique de l’immigration française a influencé votre décision de rester en France ? Si oui, comment ?

7-      Avez-vous regretté à un moment donné votre décision de demeurer en France ?

3/ L’insertion professionnelle 1-      Parlez-moi de votre expérience d’établissement et d’insertion.
4/ Liens avec le pays d’origine 1-      Quels sont vos rapports avec la famille restée au pays ?

2-      Envisagez-vous de retourner un jour au pays d’origine ? Si oui, pourquoi ? Si non, pourquoi ?

5/ Autres éléments 1-      Avez-vous quelque chose à ajouter par rapport à votre séjour en France, à l’adaptation en général ?

 

Source : Investigations personnelles.

 

  • Présentation de l’échantillon

 

La recherche n’étant pas basée sur une représentativité statistique, notre objectif est d’avoir un échantillon varié d’étudiants africains (âge, sexe, nationalité, niveau d’études, filières et domaines d’études). L’échantillon respecte ainsi le principe de la diversité, en respectant les critères de sélection les plus pertinents au regard de notre problématique.

 

La taille de l’échantillon est de 30, avec 15 étudiants africains ayant comme projet d’avenir le retour au pays d’origine, et 15 étudiants africains le non-retour. Ainsi, le terrain choisi est les étudiants et les universités en France. Les interlocuteurs sont les étudiants africains qui ont immigré pour études supérieures en France.

 

  1. Déroulement des entretiens

 

L’entretien semi-directif est la méthode déployée pour collecter les informations auprès de l’échantillon. Il permet en effet d’avoir un entretien structuré sans influencer les réponses de l’interlocuteur. L’entretien commence par des questions ouvertes qui abordent le sujet au sens large pour permettre à l’interlocuteur de donner son point de vue.

 

L’entretien se termine par une reformulation des idées principales afin d’être sûr d’avoir dégagé le bon contenu. Les entretiens sont réalisés de manière individuelle, et uniquement en face à face avec chaque étudiant africain. Les entretiens ont été organisés de sorte de durer au maximum une heure chacun. Toutes les données sont ensuite retranscrites sur Word[31], ce qui permettra par la suite de passer à la phase analyse.

 

Conclusion chapitre 4

 

Ainsi, la présentation de la méthodologie de l’étude de terrain offre une visibilité et un éclairage sur la manière dont cette dernière a été réalisée. Nous adoptons une approche qualitative dans notre démarche, compte tenu du fait que la problématique est engagé sur la compréhension d’un phénomène lié notamment aux raisons profondes qui incitent les étudiants africains à poursuivre leurs études supérieures en France, mais également celles qui les poussent à retourner dans leur pays d’origine ou les incitent à rester en France.

 

La définition de cette méthodologie permet par la suite de faciliter la réalisation de l’étude de terrain, notamment en ce qui concerne la collecte des informations auprès des échantillons, et par la suite, la réalisation de l’analyse des données obtenues.

 

 

 

Chapitre 5. Les résultats de l’étude de terrain

 

La réalisation de l’étude de terrain, suivant la méthodologie définie, a permis l’obtention de plusieurs informations. En d’autres termes, les entretiens semi-directifs réalisés auprès des étudiants africains concernant leur migration estudiantine en France ont permis d’apporter des réponses quant à notre problématique de départ.

 

La présentation des résultats dans ce chapitre a été conditionnée par une phase d’organisation en amont, c’est-à-dire après la retranscription des résultats sur l’outil approprié. L’intérêt d’une analyse est de donner un sens aux données collectées. D’où la nécessité de la réalisation d’un travail d’ordonnancement, de classification, et de comparaison. Les informations obtenues suite à cette organisation à l’issu de l’étude du terrain sont ainsi mis en évidence dans ce chapitre, à savoir les différentes motivations des étudiants africains dans leur migration pour études en France, leur décision de retour au pays d’origine, et leur option de non-retour.

 

  1. Les motivations des étudiants africains de poursuivre leurs études supérieures en France

 

Cette première section est dédiée à la présentation des différentes motivations des étudiants africains avec lesquels nous nous sommes entretenus. Elle traite de ce fait chacune des questions liées au premier thème de notre entretien, qui est intitulé « les motivations des étudiants africains pour poursuivre leurs études en France ». Il convient en premier lieu de présenter le profil des étudiants qui ont fait l’objet de notre étude, puis de présenter leurs motivations dans un second lieu, avant de réaliser un aperçu sur leurs choix en matière d’universités et de domaines d’études.

 

  • Présentation des profils des étudiants africains faisant l’objet de l’étude de terrain

 

Les étudiants africains ayant fait l’objet de notre étude sont de nationalités différentes, comprenant tous les genres, ainsi que d’âges différents. Le tableau ci-dessous présente ainsi de manière détaillée ces profils.

 

Tableau 6 : Profils des étudiants africains en migration pour études en France

 

 

Source : Obtenus à partir des résultats de l’étude de terrain.

 

Ainsi, comme le tableau l’indique, l’étude a été réalisée auprès de 30 étudiants africains de 5 nationalités différentes dont la majorité (au nombre de 9) sont originaire d’Algérie, suivis de 7 étudiants originaires du Maroc, 6 étudiants tunisiens, 5 étudiants du Sénégal, et 3 du Cameroun.

 

En ce qui concerne le genre, de manière générale, nous avons fait en sorte d’avoir le même effectif d’étudiants masculins et féminins. Toutefois, la parité varie en fonction des pays d’origine. Les pays comme le Maroc, l’Algérie, et le Cameroun présentent une dominance masculine des étudiants, tandis que ceux de la Tunisie et du Sénégal sont majoritairement composés de gent féminine.

 

Les étudiants africains sur lesquels notre étude se porte ont une tranche d’âge entre 19 ans et 30 ans. Le Maroc dispose de l’étudiant le plus jeune (19 ans) et les étudiants les plus âgés sont originaires du Sénégal et du Maroc également (30 ans).

 

Ainsi, l’échantillon est composée de manière à avoir des variétés dans chaque critère, et de ne pas se fier à un critère spécifique qui ne permet pas d’avoir une vision plus large concernant le sujet abordé.

 

  • Les motivations des étudiants africains

 

Dans cette sous-section, sont présentés l’origine de l’idée de migrer en France, les raisons du choix par les étudiants africains, ainsi que le déroulement de l’arrivée et de l’accueil, comme le présente le graphique suivant.

 

Figure 3 : Eléments concernant la motivation des étudiants africains pour poursuivre leurs études en France

 

 

Source : Obtenus à partir des résultats de l’étude de terrain.

 

L’idée de poursuivre les études en France émane de différentes sources pour les étudiants africains. La première source qui est effective pour 33% des étudiants africains est l’influence extérieure. Cette influence est due aux informations que les étudiants ont obtenues sur Internet ou à la télévision, ou encore dans les magazines, concernant l’étude en France. Ces dernières ont fait naitre auprès de ces étudiants l’envie de poursuivre leurs études en France. 27% des étudiants ont de leur propre gré choisi cette option d’étudier en France. 23% ont été influencé par les étudiants étrangers, notamment africains, qui effectuent déjà ou ont déjà effectué leurs études en France. Ces derniers, de ce fait, recommandent la France à cette part d’étudiants. Enfin, 17% des étudiants ont été envoyés en France à l’initiative de leurs parents.

 

En ce qui concerne les réelles motivations qui ont poussé les étudiants africains à poursuivre leurs études en France, la majorité partage l’avis qu’une telle décision leur garantit une possibilité d’avenir meilleur, et ce, sur tous les plans. En effet, pour ces étudiants, le fait d’avoir un diplôme décerné par les universités français leur ouvre plusieurs portes dans le monde professionnel. 87% des étudiants poursuivent leurs études en France étant donné le fait qu’ils ne trouvent pas de formation correspondant à leurs attentes dans leur pays d’origine. 80% de ces étudiants considèrent l’importance et la valeur du système d’enseignement supérieur français. 63% présentent une certaine attractivité pour la France, et cette attractivité ne réside pas uniquement sur le plan estudiantin, mais également culturel, économique, et social. 40% des étudiants sont motivés à étudier en France, car cette dernière leur propose une certaine facilité d’accès, notamment à travers le Campus France. Enfin, 20% des étudiants décident de poursuivre leurs études en France compte tenu du fait qu’ils ont déjà un projet dans leur pays d’origine, nécessitant un renforcement de compétences à l’international. Ces projets concernent principalement la création d’entreprises ou la succession dans une entreprise familiale.

 

Le déroulement de l’arrivée et l’accueil en France des étudiants africains s’avèrent de manière générale sans trop de difficultés, d’autant plus qu’il s’agit de leur première expérience en matière de voyage en France. Pour plus de la moitié des étudiants, soit 57%, l’arrivée et l’accueil se sont déroulés normalement, sans incidents particuliers. 30% des étudiants ont apprécié l’expérience et considèrent que tout s’est très bien déroulé. 13% de ces étudiants ont fait face à des difficultés lors de leur arrivée en France, notamment en matière d’adaptation et de procédures.

 

Ainsi, les motivations des étudiants africains ainsi que leurs impressions en ce qui concerne la poursuite de leurs études en France varient selon les circonstances et les cas de chaque étudiant. Toutefois, il a été constaté qu’une telle décision est due au fait qu’étudier en France est bénéfiques pour eux et pour leurs projets d’avenir, chose dont ils ne pourraient pas obtenir en restant dans leur pays d’origine.

 

  • Choix de l’université et du domaine d’études

 

Comme le fait de trouver la formation adéquate et répondant aux besoins des étudiants en France est l’une des raisons qui les incitent à venir y étudier, il convient d’analyser ce type de formation, notamment en ce qui concerne l’université choisi et le domaine d’études. Le graphique ci-dessous présente ces éléments.

 

 

 

 

Figure 5 : Universités et filières choisies par les étudiants africains en France

 

 

Source : Obtenus à partir des résultats de l’étude de terrain.

 

Les 30 étudiants qui ont fait l’objet de notre étude poursuivent leurs études dans 5 universités dont Descartes Paris 5 avec 30% des étudiants, Paris 1 Panthéon-Sorbonne pour 23% des étudiants, Jean Monnet Saint-Etienne pour 20% des étudiants, Claude Bernard Lyon I pour 17%, et Pierre Mendès-France Grenoble pour 10%

 

Les principales filières choisies sont le Droit (23%), l’Economie (20%), et les Sciences humaines (17%). La Médecine et la Technologie sont étudiées par 10% des étudiants chacune. Les Lettres et la Science par 7% des étudiants chacune, et les Mathématiques et l’Humanité par 3% des étudiants.

 

 

 

 

  1. La décision du retour au pays d’origine

 

A la fin de leurs études, certains étudiants africains choisissent de retourner dans leur pays d’origine. Dans le cadre de notre étude, il concerne la moitié de l’échantillon. Les raisons de ce choix sont présentées dans cette seconde section, avec le délai entre la fin de l’étude et la date de retour, ainsi que les explications justifiant une telle décision.

 

  • Le délai effectif de retour

 

Le délai effectif de retour correspond à la durée entre la fin de l’étude, plus précisément l’obtention du diplôme, et le départ de la France pour le pays d’origine. Le tableau ci-dessous présente ce délai.

 

Tableau 7 : Délais de retour de chaque étudiant dans leur pays d’origine

 

 

Source : Obtenus à partir des résultats de l’étude de terrain.

 

Pour 40% des étudiants africains projetant de retourner dans leurs pays d’origine, les délais varient en fonction du choix de la date de départ, ainsi que des circonstances. Pour 40% des étudiants, le départ de la France est effectif après quelques jours seulement (entre 2 et 5 jours) de la sortie des résultats. Ces étudiants n’attendent donc pas la sortie des diplômes avant de rentrer chez eux. Par ailleurs, certains prévoient de revenir pour se présenter à la sortie de promotion. 27% des étudiants africains poursuivant leurs études en France prévoient de partir de la France une semaine après l’obtention de leur diplôme. Ils ajoutent que ce délai leur permet de mettre en ordre leur situation en France et de se préparer à leur retour dans leur pays d’origine.

 

La présence des étudiants africains en France est conditionnée par la durée de séjour qui leur est autorisée. C’est la raison pour laquelle 20% des étudiants retournent dans leur pays d’origine une fois leur Visa expiré. Cette durée varie en moyenne entre 3 à 10 jours. Enfin, 13% des étudiants envisagent de prolonger leur retour au pays d’un mois de plus, car ils souhaitent profiter de la France et y passer des vacances.

 

Ainsi, les étudiants attendent environ jusqu’à 30 jours avant de partir de la France pour rejoindre leur pays d’origine. Il est possible qu’entre temps, certains d’entre eux changent d’avis et décident d’opter pour le non-retour.

 

  • Les motivations pour retourner au pays d’origine

 

La décision du retour vers le pays d’origine résulte d’un fait, d’une explication. Les raisons qui justifient un tel choix de la part des 15 étudiants africains souhaitant revenir dans leur pays d’origine sont présentées dans la graphique qui suit.

 

Figure 6 : Motivations des étudiants africains au retour au pays d’origine

 

 

Source : Obtenus à partir des résultats de l’étude de terrain.

 

D’après le graphique ci-dessus, les 4 raisons qui poussent les étudiants africains à retourner chez eux après leurs études sont l’espoir d’une meilleure situation professionnelle, la succession, les liens familiaux, ainsi que le projet d’entreprenariat.

 

40% des étudiants qui projettent de retourner dans leur pays d’origine ont opté pour ce choix compte tenu du fait qu’ils espèrent une meilleure situation professionnelle à leur retour. En effet, étant armé d’un diplôme octroyé par l’Etat français, ils ont plus de chance d’intégrer les grandes entreprises ou firmes internationales implantées dans leur pays, et accéder à un poste supérieur, de direction ou de cadre, avec un salaire motivant. Tous ces éléments leur permettent d’améliorer leur niveau de vie et leur situation dans leur pays d’origine.

 

27% des étudiants optent pour le retour dans le pays d’origine compte tenu du fait qu’ils y sont attendus pour prendre les rênes des entreprises de leurs parents. Pour ces étudiants, l’étude supérieure réalisée en France leur permet de mener à bien leur accès au pouvoir dans leur entreprise. Cette décision a d’ailleurs été prise dès le départ, avant même de se rendre en France.

 

20% des étudiants souhaitent retourner chez eux, car ils ont des liens de famille qu’ils ne souhaitent pas briser en restant en France. Ces liens concernent notamment le mariage, et l’attachement aux parents. Pour ces étudiants, le fait de rester en France ne fait pas partie de leur option.

 

Enfin, 13% des étudiants tiennent à retourner dans leur pays d’origine étant donné le fait que, comme ceux qui succèdent à la direction de l’entreprise de leurs parents, ils ont également un projet à mettre en œuvre dans leur pays. Il s’agit notamment de la création de leurs propres entreprises. Afin d’acquérir des compétences nécessaires à cet effet, ils ont réalisé des études supérieures en France.

 

 

  • Déroulement de la prise de décision

 

Le choix de retourner dans le pays d’origine présente pour ces étudiants africains une prise de décision dont la certitude varie d’une personne ainsi que d’une circonstance à l’autre. C’est ce que nous allons comprendre à travers le graphique ci-dessous.

 

Figure 7 : Prise de décision de retour au pays d’origine

 

 

Source : Obtenus à partir des résultats de l’étude de terrain.

 

Ainsi, 40% des étudiants prévoyant de retourner dans leur pays d’origine à la fin de leurs études n’ont fait preuve d’aucune hésitation dans leur choix. Ils sont surtout attachés au fait que leur avenir se trouvent dans leur pays. De plus, ce sont les étudiants qui ont prévu de créer une entreprise, et de diriger les entreprises représentant leur héritage dans leur propre pays.

 

33% des étudiants africains qui envisagent de rentrer chez eux ont fait part de leur hésitation dans la prise de décision. Ils ont même ajouté qu’il est possible qu’ils changent d’avis si les circonstances et opportunités le leur permettraient. Ces étudiants sont, de manière générale, peu attachés à leur pays d’origine.

 

Enfin, 27% des étudiants africains ont choisi de retourner au pays avec une certaine hésitation. Pourtant, en procédant au bilan des avantages et des inconvénients de l’option de rester en France, ils ont réalisé que la meilleure option est de rentrer au pays.

 

Ces résultats mènent à la conclusion que lorsque les étudiants n’ont pas de raisons importantes pour retourner dans leur pays d’origine, ils ont tendance à étudier l’option de demeurer en France, même si cela ne correspond pas à leur décision de départ. Le projet d’avenir et l’attachement familial sont les principales raisons qui incitent les étudiants africains à retourner dans leur pays d’origine.

 

 

 

 

  1. L’option de demeurer en France

 

Le projet de non-retour des étudiants africains dans leur pays d’origine, une fois leurs études terminées, fait partie de notre sujet d’étude. En effet, nombreux sont les étudiants qui décident de quitter leur pays d’origine pour poursuivre des études supérieures dans un pays d’accueil, et qui, par la suite, décident de ne plus rentrer chez eux pour diverses raisons. C’est précisément le cas pour les 15 autres étudiants africains en France qui ont fait l’objet de notre étude de terrain.

 

Cette section est consacrée à la présentation du parcours de l’étudiant après ces études, la démarche dans la prise de décision de ces étudiants ainsi que leurs motivations à rester en France, pour terminer avec leurs points de vue en ce qui concerne la politique de l’immigration française.

 

  • Parcours des étudiants africains après l’obtention de leur diplôme

 

L’obtention du diplôme, pour les étudiants africains, marque la fin de leur expérience estudiantine en France. C’est à partir de ce moment qu’ils ont la liberté de choisir la tournure que va prendre leur vie. Les étudiants africains qui décident de ne plus revenir dans leur pays d’origine effectuent cependant des déplacements. Ces derniers sont présentés dans le tableau qui suit.

 

Tableau 8 : Parcours réalisés par les étudiants africains décidant de rester en France après l’obtention de leur diplôme

 

Déplacement Effectif %
Déplacement vers le pays d’origine 11 73%
Déplacements à l’intérieur de la France 9 60%
Déplacement à l’extérieur de la France[32] 4 27%
Sans déplacements 3 20%

 

Source : Obtenus à partir des résultats de l’étude de terrain.

 

D’après le tableau, 73% des étudiants africains qui ont opté pour le non-retour ont déjà été en déplacement vers leur pays d’origine après leurs études. Les principales raisons de leur voyage sont les visites familiales, les vacances, et les préparations administratives.

 

60% des étudiants africains ont réalisé des déplacements uniquement dans l’Hexagone depuis l’obtention de leur diplôme. Ces voyages sont de nature touristique ou professionnelle, car les étudiants, dans leur démarche, sont également  la recherche d’emplois en France, et n’hésitent pas à se rendre dans d’autres villes pour ce faire.

 

27% des étudiants qui ne projettent pas de retourner dans leur pays d’origine ont réalisé des déplacements vers d’autres pays. Les natures de ces déplacements sont touristiques, familiales, et également professionnelles. En effet, certains étudiants se rendent dans des pays étrangers par envie de découverte, tandis que d’autres s’y rendent parce qu’un membre de leur famille s’y trouve et que ce dernier les ont invités. D’autres étudiants encore souhaitent prolonger et étendre leur expérience à l’internationale et visitent d’autres pays évolués. Les principales destinations de ces étudiants sont alors l’Espagne, l’Italie, et le Canada.

 

  • Motivations de non-retour dans le pays d’origine des étudiants africains

 

La décision de non-retour dans le pays d’origine, ainsi que celle de demeurer en France résulte d’une source d’idée, d’une ou de plusieurs raisons mais également d’influences. Le graphique ci-dessous met en évidence tous ces éléments pour illustrer le cas des 15 étudiants africains qui ont décidé de rester en France.

 

Figure 8 : Eléments de motivation de non-retour des étudiants africains

 

 

Source : Obtenus à partir des résultats de l’étude de terrain.

 

Les sources qui ont influencé la décision de non-retour dans les pays d’origine des étudiants africains en France sont de 3 natures : l’influence extérieure, la décision personnelles, et l’influence des autres étudiants étrangers déjà installés en France.

 

L’influence extérieure est à hauteur de 40%. Ces étudiants sont attirés par la culture, le style de vie, ainsi que les avantages présentés par la France à travers différents supports tels que l’Internet, les reportages et magazines, les mouvements culturels ou encore la vie quotidienne observée par les étudiants. Tous ces éléments ont éveillé auprès des étudiants africains l’envie de demeurer en France.

 

La décision personnelle est également une source d’idée de non-retour des étudiants africains dans leur pays d’origine. Ainsi, 33% d’entre eux ont pris conscience de l’intérêt de rester en France. C’est en grande partie le résultat d’une envie de changement, de découverte, et d’évasion.

 

Enfin, bon nombre d’étudiants étrangers vivent déjà en France. Le partage d’expérience de ces étrangers avec les étudiants africains ont permis à ces derniers de comprendre la situation et de cerner les avantages de demeurer en France après les études. Le fait de constater que des étudiants ont réussi à mener à bien leur installation en France les encourage de ce fait à procéder de la même manière.

 

En ce qui concerne les raisons justifiant la décision de non-retour dans le pays d’origine pour ces étudiants africains, elles représentent l’espoir d’un meilleur avenir que celui réservé pour ces derniers dans leur pays d’origine. La totalité des étudiants ayant fait l’objet de notre étude de terrain ont partagé cet argument. Cette condition de vie meilleure se traduit par une meilleure situation financière, un épanouissement dans un environnement sain et évolué, avec une situation économique stable, une possibilité de carrière professionnelle florissante, et un style de vie moderne et aisé.

 

La seconde raison apportée par 87% des étudiants souhaitent s’installer en France est l’opportunité d’avoir une carrière à l’international. Le fait de détenir un diplôme officiel français permet à ces étudiants africains l’ouverture des portes pour un avenir professionnel international, à commencer par le décrochage d’un travail en France. Or, s’ils décidaient de retourner dans leur pays d’origine, ces chances et opportunités peuvent être réduites.

 

80% des étudiants africains avouent être attirés par la France. En effet, pour ces personnes, l’Hexagone exerce une importante force d’attractivité, et ce, sur tous les plans, ce qui leur incite à vouloir rester dans le pays et à s’y attacher. A partir de cet instant, ils considèrent la France comme leur pays d’origine.

 

Finalement, la dernière raison de non-retour de 53% des étudiants africains en France dans leur pays d’origine est le fait que ce dernier ne présente aucun lien d’attachement pour eux. En effet, en retournant dans leur pays, aucun projet d’avenir n’a été envisagé. Ce qui les incite encore plus à rester en France. Le retour n’a même pas été prévu lors de la migration pour études de ces étudiants africains.

 

Alors, sans valeur d’attachement et de projet d’avenir concret, les étudiants africains préfèrent demeurer en France où la situation et les conditions de vie sont très attractives, tout en présentant un avenir prometteur.

 

  • Déroulement de la prise de décision

 

Tout comme le choix de rentrer dans le pays d’origine, le choix de demeurer en France résulte d’une prise de décision. Cette dernière peut être prévisible, imprévisible, avec ou sans hésitations, comme le présente le graphique ci-dessous.

 

Figure 9 : Prise de décision de non-retour dans le pays d’origine pour les étudiants africains en France

 

 

Source : Obtenus à partir des résultats de l’étude de terrain.

 

Dans la majorité des cas, les étudiants africains (53%) qui ont choisi de demeuré en France ont déjà envisagé cette option dès le départ, c’est-à-dire avant même d’entamer leurs études à l’étranger. La prise de cette décision s’est effectuée avec conviction. Ces étudiants ont ainsi choisi d’étudier en France et de s’y installer par la suite. Leurs efforts ont alors été axés sur la recherche d’option permettant le non-retour, plutôt que la préparation à retourner dans leur pays d’origine.

 

27% des étudiants africains optant pour le non-retour dans leur pays d’origine après leurs études en France ont prévu de ne plus rentrer chez eux, mais cette décision a été prise avec hésitations, compte tenu du fait qu’ils y sont attachés à travers des liens familiaux ou encore culturels. Cependant, après avoir constaté l’écart entre la situation dans leur pays et d’origine et celle de la France, ainsi qu’après avoir vécu une expérience intéressante et enrichissante en France, ils ont confirmé leur envie de s’installer dans l’Hexagone.

 

Pour 20% des étudiants, le non-retour n’a pas été prévu au départ. Mais avec la découverte de la France et des opportunités qu’elle leur offre, ces étudiants africains ont décidé d’opter pour le non-retour. Au départ, ces étudiants n’ont alors prévu ni de retourner dans leur pays d’origine après leurs études, ni de rester en France. Ils se sont laissés tenter par l’expérience, de sorte de prendre une décision à la fin de leurs études. Si l’expérience n’a pas été intéressante, et s’ils jugent qu’un meilleur avenir leur est réservé dans leur pays, ils seraient rentrés chez eux. Mais comme ce fut le contraire, ils ont décidé de demeurer en France.

 

  • Expériences de l’installation en France

 

Si les étudiants africains décident de demeurer en France, c’est qu’une démarche de prise de décision a été entamée. Celle de l’installation en France, dans le cas où l’option de non-retour est envisagée, est une autre histoire. Le graphique qui suit illustre les expériences vécues par ces étudiants en matière de démarche d’installation en France.

 

Figure 10 : Témoignages des étudiants africains concernant l’installation en France

 

 

Source : Obtenus à partir des résultats de l’étude de terrain.

 

Dans leur démarche d’installation en France, 60% des étudiants ont affirmé avoir rencontré des difficultés compte tenu des longues démarches et procédures administratives. Parmi ces étudiants dont l’installation en France n’a pas été facile, 11% ont éprouvé des difficultés à se détacher de leur pays d’origine.

 

40% des étudiants africains ayant opté pour le non-retour ont constaté que les démarches d’installations ont été faciles pour 2 principales raisons. La première concerne le fait que 67% de ces étudiants ont eu d’excellents résultats scolaires durant leurs études supérieures en France. Ainsi, ils ont aisément trouvé un moyen pour argumenter leur intention d’installation. D’autant plus que la France favorise les meilleurs éléments lors de la sélection des dossiers des immigrants. La seconde raison réside sur le fait que les conventions existantes entre la France et leur pays d’origine ont permis la facilité de leur installation en France.

 

Ainsi, encore une fois, l’expérience de l’installation en France diffère d’un étudiant à l’autre pour ces étudiants africains qui ont choisi de ne plus rentrer chez eux. Il a toutefois été retenu que les étudiants présentant un intérêt spécifique au pays de par leurs compétences et leurs éventuels apports, ainsi que ceux originaires des pays ayant signé une convention avec la France bénéficient d’une facilité d’installation dans le territoire français.

 

Conclusion du chapitre 5

 

Les résultats de notre étude de terrain ont permis de donner plus de visibilité quant à la situation des étudiants africains en migration estudiantine en France. Ils ont également permis de mieux comprendre les raisons qui ont incité ces étudiants à se rendre en France, ainsi que le concept réel du retour et du non-retour. Si les principales motivations de la migration pour études de ces étudiants africains en France sont l’opportunité d’un meilleur avenir et de l’attractivité exercée par le pays, ceux qui décident d’y rester ont bien pris conscience du fait qu’ils ne bénéficieraient pas des mêmes avantages en retournant chez eux. En ce qui concerne les étudiants qui ont opté pour le retour, ils considèrent que les démarches qu’ils suivront seront plus faciles en retournant dans leur pays d’origine, et que leur avenir y est déjà tracé et bien certain.

 

 

 

 

Chapitre 6. Bilan de l’expérience de migration pour études

 

La réalisation de l’étude de terrain est nécessaire pour comprendre la situation réelle des étudiants africains en migration pour étude en France. En effet, l’approche théorique a servi d’avoir des pistes de réponse à la problématique, mais c’est l’approche pratique qui apporte les réponses de la réalité actuelle.

 

Cependant, il convient de réaliser une comparaison entre ces deux résultats, afin de réaliser si la réalité est la théorie présentent une similarité, et que la situation des étudiants africains en mobilité entrante en France pour les études supérieures est proche de ce qui a été imaginé, ou contrairement, sont loin de refléter ce que la littérature tend à présenter.

 

Ce dernier chapitre de notre mémoire est, de ce fait, destiné à la comparaison de ces deux approches, et est composé de trois sections. La première est consacrée à l’étude des convergences et différences entre les recherches antérieures et celles récentes. La seconde section met en exergue les éléments additionnels qui ont été apportés grâce à notre recherche. Enfin, la dernière section traite les limites et les pistes qui feront l’objet d’éventuelles recherches futures.

 

  1. Convergences et différences entre notre recherche et les recherches antérieures

 

Cette section est consacrée à la comparaison de la théorie et de la pratique concernant les motivations et les facteurs qui sous-tendent l’immigration pour études supérieures des étudiants africains en France, et leur projet d’avenir. En d’autres termes, il s’agit de comparer les hypothèses de départ sont valables dans la réalité du terrain.

 

  • Convergences et différences entre l’hypothèse générale et les résultats du terrain

 

L’hypothèse générale sur laquelle s’est basée notre recherche tend à affirmer que les étudiants africains décident de poursuivre leurs études en France parce que le pays présente une opportunité d’avenir meilleur pour ces derniers. A cela s’ajoute le fait que ces étudiants n’envisagent pas de revenir chez eux. En consultant les résultats des études de terrain qui sont présentés dans le chapitre précédent, il convient de conclure que cette hypothèse générale n’est confirmée que de manière partielle.

 

En effet, le fait que la France offre une meilleure opportunité d’avenir pour les étudiants africains est vrai. Toutefois, en entrant dans les détails, il existe d’autres raisons qui incitent les étudiants africains à étudier en France, et qui sont en lien avec leur pays d’origine. En ce qui concerne le fait que les étudiants africains qui sont en mobilité pour études supérieures en France décident de rester dans le pays, l’hypothèse est également confirmée de manière partielle, car il existe bien des étudiants qui projettent de retourner dans leur pays d’origine pour diverses raisons, attaché à des ambitions ou aux valeurs familiales.

 

Ainsi, de manière générale, notre hypothèse de départ confirme bien les réalités du terrain, Cependant, d’autres éléments ne sont pas pris en compte dans cette piste de réponse à la problématique.

 

 

 

  • Convergences et différences entre les hypothèses secondaires et les résultats du terrain

 

Nos recherches de départ ont permis de mettre en évidence 5 hypothèses secondaires. Ces dernières seront étudiées une à une et comparée avec les résultats de notre étude de terrain dans ce qui va suivre.

 

  • H1 : Le fait de ne pas disposer de système de formation supérieure correspondant à leurs attentes dans leur pays d’origine pousse les étudiants africains à poursuivre leurs études en France.

 

Cette hypothèse est confirmée, étant donné le fait que dans notre étude précédente, 87%[33] de l’échantillon étudiée proposent cette réponse comme motivation profonde pour poursuivre les études supérieures en France.

 

  • H2 : Le système de formation supérieure présent en France permet aux étudiants africains d’aborder le monde professionnel sur le plan international.

 

Cette seconde hypothèse est également confirmée. Dans la justification du choix des étudiants africains ayant opté pour le non-retour, 87% d’entre eux évoquent l’idée d’opportunités de carrière internationale grâce aux études supérieures réalisées en France[34].

 

  • H3 : Les étudiants originaires des pays africains disposant d’une convention ou coopération avec la France choisissent d’y poursuivre leurs études.

 

Le sujet n’a pas été évoqué par les étudiants africains sur lesquels notre étude de terrain a été portée, notamment en matière de motivation et de facteurs de choix. Cependant, il a été précisé que le fait de disposer d’une convention inter-Etats faciliterait l’installation en France pour ces étudiants[35].

 

  • H4 : Les étudiants africains qui ont un projet d’avenir dans leur pays d’origine décident d’y retourner après leurs études en France.

 

Cette hypothèse est confirmée par l’étude de terrain. 20% des étudiants africains ayant un projet d’avenir dans leur pays d’origine décident d’opter pour le non-retour[36].

 

  • H5 : Les étudiants africains dont l’avenir est incertain dans leur pays d’origine décident de ne pas y retourner.

 

Cette hypothèse est confirmée de manière partielle compte tenu du fait que les étudiants qui ne présentent pas d’attachement à leur pays d’origine décident également de ne pas y retourner[37].

 

 

 

  1. Aspect novateur de notre recherche

 

La présentation de l’aspect novateur de notre recherche consiste à présenter les autres éléments que notre étude de terrain a fait ressortir et que les pistes de recherches de départ n’ont pas évoqués.

 

  • Les motivations profondes des étudiants africains de poursuivre leurs études supérieures en France

 

La décision d’opter pour une étude supérieure en France de la part des étudiants africains viennent d’une source d’idée. En d’autres termes, un facteur a influencé cette prise de décision. Il peut s’agir d’un élément externe, notamment la société et les médias, comme d’un élément interne, dans le cas de certains étudiants africains, la décision émanant de leurs parents. La décision peut également découler d’une décision personnelle venant de l’étudiant suite à un constat. Par ailleurs, le partage d’expérience avec les autres étudiants se présente aussi comme origine de l’idée de migration estudiantine en France pour les étudiants africains.

 

En ce qui concerne l’accueil et l’arrivée des étudiants africains en France, la question d’adaptation est également à considérer. En effet, les étudiants ayant rencontré le plus de difficultés durant leur arrivée et ceux qui ont du mal à s’adapter aux circonstances.

 

  • La décision de retour au pays d’origine

 

Dans la prise de décision de retour, certains étudiants africains font face à une certaine hésitation avant de choisir. C’est la raison pour laquelle ils établissent un diagnostic avant de prendre une décision définitive qui correspondra à celle qui est la plus favorable pour ces étudiants.

 

En plus du fait de disposer d’un projet d’avenir, les étudiants décident de rentrer chez eux après leurs études supérieures en France pour deux autres raisons. La première est le fait d’imaginer qu’ils pourront avoir un meilleur statut sur le plan professionnel et social une fois de retour chez eux. La seconde correspond au fait que certains étudiants sont attachés aux valeurs familiales et ne peuvent envisager de ne plus revoir leur famille[38].

 

  • La décision de non-retour et le choix de demeurer en France

 

La prise de décision de non-retour est également le résultat d’un diagnostic pour certains étudiants africains. Il arrive en effet, que les étudiants changent d’avis en cours de route et décident finalement de demeurer en France une fois leurs études terminées, alors que cela ne correspond pas du tout à ce qui a été prévu au départ.

 

Toutefois, l’installation de ces étudiants en France nécessite également une longue démarche et procédure avant d’être validée. La meilleure manière de faciliter l’installation en France est de se présenter comme étant un élément indispensable pour le pays sur différents volets, tels que le culturel, l’économique, ou le professionnel. Il est également plus aisé de demeurer en France si le pays d’origine est en partenariat avec l’Hexagone.

 

  1. Limites et pistes de recherches

 

Dans un premier abord, il a été constaté que notre étude présente une convergence avec les hypothèses de départ, compte tenu du fait que la majorité d’entre elles ont été confirmées par les résultats du terrain. Des différences ont également relevées, puisque certains éléments n’ont pas été pris en compte dans la recherche antérieure. Ces éléments ont ainsi été présentés dans la section qui a précédé la présente. Cependant, nos études et recherches présentent également des limites qui nécessitent la réalisation de nouvelles recherches.

 

Ainsi, notre étude n’a pas permis de comprendre 5 circonstances en matière de migration des étudiants africains en France. La première consiste au fait d’analyser la situation des étudiants africains et les circonstances auxquelles ils sont confrontés durant leurs études supérieures en France, sur le plan organisationnel, social et financier. En effet, il n’est toujours pas évident de vivre dans un pays étranger et de s’y adapter facilement. Comment ses étudiants africains affrontent la vie quotidienne dans une contrée étrangère ?

 

Le second élément qui n’a pas pu être considéré dans le cadre de notre étude est la situation des étudiants africains qui ont choisi d’opter pour le non-retour, mais qui n’ont pas réussi compte tenu des difficultés et des contraintes administratives que présente la France en matière de migration estudiantine. Comment se sont déroulées leur retour au pays, et comment ont-ils géré leur déception ?

 

La troisième circonstance coïncide avec le fait que certains étudiants africains ont opté pour le retour dans leur pays d’origine mais se trouvent dans l’incapacité d’y revenir pour diverses raisons, telles le fait d’avoir décroché un emploi en France, ou d’y rester contre leur gré puisque la situation financière est bien meilleure. Comment gèrent-ils le fait de vivre dans un pays étranger sans en ressentir réellement le besoin ?

 

Le quatrième point concerne le changement d’avis dans le choix des étudiants africains entre le retour ou le non-retour. Comment ces étudiants gèrent-ils le changement de programme après la réalisation de leurs études supérieures en France ?

 

Et enfin, le cinquième et dernier élément correspond au fait que certains étudiants choisissent de ne plus retourner dans leur pays d’origine après leurs études, mais en même temps, ils décident de ne pas s’installer en France non plus. Quelles sont les démarches qui leur ont permis d’accéder à un autre pays et comment se déroulent leur installation ?

 

Telles sont alors les limites qui n’ont pas pu être abordées durant notre étude, et qui nécessiteraient d’être relancées dans le cadre de recherches ultérieures.

 

Conclusion du chapitre 6

 

Pour conclure, le bilan de l’expérience de migration pour étude des étudiants africains en France nous a permis de constaté que nos hypothèses de départ de sont pas éloignées de la réalité du terrain, mais que notre recherche a été plus enrichissante compte tenu du fait que des éléments additionnels ont été relevés lors des entretiens semi-directifs.

 

De plus, notre étude a également permis de cerner la situation réelle des étudiants africains en migration pour études en France, et de comprendre leur point de vue. Toutefois, certains points n’ont pas pu être éclairés et serviront de questionnement pour de futures recherches.

Conclusion générale

 

 

En guise de conclusion générale, la montée en nombre des étudiants africains migrant en France pour poursuivre leurs études supérieures a suscité notre intérêt sur le sujet concernant la migration des étudiants africains en France. A cela s’ajoute le fait que la France, à plusieurs années consécutives, se présente comme la meilleure destination des étudiants africains pour une mobilité pour étude. Ainsi, nous avons décidé d’approfondir le sujet en orientant nos recherches sur les motivations profondes de ces étudiants africains concernant la poursuite de leurs études supérieures en France, mais également sur leur projet d’avenir, une fois leurs études terminées.

 

Les recherches et les revues de documents littéraires nous ont permis d’avoir des pistes en réponses à la problématique de notre mémoire. La première piste étant basée sur le fait que les étudiants quittent leur pays d’origine pour étudier en France parce que ce dernier présente une meilleure opportunité pour ces derniers, et qu’au final, ils décident d’y rester. La situation réelle semble cependant plus complexe et nombreux sont les éléments qui entrent en jeu dans la motivation de poursuivre des études supérieures dans l’Hexagone pour les étudiants africains, tels que la situation dans laquelle se trouve leur pays d’origine et les contextes permettant un avantage ou, au contraire, un désavantage. De plus, certains étudiants africains sont encore attachés à des valeurs familiales.

 

Par ailleurs, la prise de décision dans le choix entre le retour et le non-retour dans le pays d’origine est influencée par plusieurs facteurs et éléments. Au final, les étudiants ne considèrent que ce qui est le mieux pour eux. Cependant, il a été constaté que le choix de retourner dans le pays d’origine est défini à l’avance. Les étudiants partent ainsi dans l’espoir d’avoir une meilleure situation et de réaliser un projet une fois de retour chez eux. La migration en France a de ce fait été réalisée pour permettre d’acquérir des compétences, à exploiter dans le pays natal.

 

En ce qui concerne les étudiants africains qui décident de demeurer en France, leur choix découle de 2 circonstances bien distinctes. La première résulte du fait qu’ils ont prévu dès le départ de s’installer en France une fois leurs études supérieures achevées. La seconde circonstance correspond au fait que les étudiants qui n’ont rien prévu au départ finissent par décider d’opter pour le non-retour après leurs études supérieures. L’attractivité de la France les encourage de plus en plus à abandonner leur pays d’origine.

 

Ainsi, dans cette optique, il a été constaté que rares sont les étudiants qui décident de rentrer dans leur pays d’origine pour apporter leurs compétences au profit du développement de ce dernier, notamment sur le plan économique. D’autant plus que les élites et les meilleurs ont tendance à rester en France, compte tenu du fait que la politique d’immigration de cette dernière encourage vivement leur installation dans l’Hexagone ainsi que leur contribution au développement du pays. Quels dispositifs les Etats africains devront mettre en place afin de réduire les fuites des cerveaux, et par conséquent, accélérer leur développement économique ?

 

 

 

Références bibliographiques

 

 

« 3 600 000 étudiants internationaux. L’essentiel des chiffres Clés », 7 juin 2013, Campus France,  www.campusfrance.org, http://www.iedu.fr/blog/

 

– BERTRAND Yann, « La France plébiscitée par les étudiants étrangers », Mercredi 20 novembre 2013,

http://www.franceinfo.fr/actu/education/article/la-france-plebiscitee-par-les-etudiants-etrangers-299985

 

– BHATTACHARYYA Shona, MUNTZER Julien, TERRIER Gilles, « À la rencontre des étudiants étrangers à Paris », 29.09.2014,

http://www.france24.com/fr/20140922-france-paris-ville-du-monde-etudiants-europeens-erasmus/

 

– BLANC Quentin, « La France, 4ème destination des étudiants étrangers », 06.11.2012,

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Annexe 1 – Retranscription de l’entretien d’un étudiant marocain envisageant de retourner dans son pays d’origine après ses études supérieures en France

 

 

Kabir Maamoun, étudiant d’origine marocaine, âgé de 25 ans, étudie les Sciences Humaines à l’université Descartes Paris 5 France, en vue de l’obtention de son diplôme de Master.

 

  1. Les motivations des étudiants africains pour poursuivre leurs études en France

 

  • Comment vous est venue l’idée de migrer en France pour poursuivre vos études ?

 

Mon père possède une entreprise œuvrant dans le domaine du BTP au Maroc. Etant fils unique, il est évident que ce soit moi qui prenne les rênes de l’entreprise plus tard. Mon père et moi-même avons réalisé que pour que je puisse être à la hauteur de ce que la société attende de moi, je dois réaliser des études à l’étranger, et mon père a choisi la France.

 

  • Pourquoi avez-vous choisi la France, et comment s’est passé l’arrivée et l’accueil dans le pays ?

 

Mon père et moi avons choisi la France étant donné le fait qu’il s’agit d’un pays qui est intéressant pour construire un avenir, et qui dispose d’une multitude d’offres universitaires, donc qui propose des formations que je ne trouverai pas au Maroc. En plus, dans le cas de notre pays, avec les accords et conventions, il m’est plus facile d’y entrer que de pénétrer d’autres pays. Sans oublier bien sûr le fait que je dois approfondir mes connaissances pour pouvoir gérer plus tard mon entreprise.

 

  • Dans quelle université avez-vous fait vos études ?

 

A l’université Descartes Paris 5.

 

  • Dans quels domaines avez-vous fait vos études ?

 

Ma filière est les Sciences Humaines.

 

  1. Perspectives d’avenir

 

Quels sont vos projets d’avenir ?

 

Après mes études, je retournerai bien évidemment au Maroc pour poursuivre mon programme qui est lié à la succession de l’entreprise de mon père.

 

  • Quand comptez-vous partir de la France

 

Il a été convenu avec mes parents que je passerai encore un mois en France après l’obtention de mon diplôme, mais cette fois-ci, pour profiter des vacances.

 

 

 

 

  • Pourquoi avez-vous décidé de rentrer au pays ? Avez-vous hésité ?

 

En aucun cas je n’ai hésité à rentrer chez moi sachant que je vais bientôt être à la tête d’une entreprise et rendre mon père fier de moi.

 

  • Pourquoi ne pas avoir décidé de rester comme certains étudiants étrangers ?

 

Je ne peux pas me le permettre vu l’enjeu que représente mon retour au pays pour notre entreprise. C’est mon avenir.

 

 

 

Annexe 2 – Retranscription de l’entretien d’une étudiante camerounaise envisageant de demeurer en France après ses études supérieures

 

 

Charlotte Ayissi, étudiante d’origine camerounaise, âgée de 26 ans, a étudié les Lettres à l’université Jean Monnet Saint-Etienne.

 

  1. Les motivations des étudiants africains pour poursuivre leurs études en France

 

  • Comment vous est venue l’idée de migrer en France pour poursuivre vos études ?

 

C’est une décision que j’ai prise moi-même parce que j’ai senti le besoin d’évoluer dans un environnement meilleur.

 

  • Pourquoi avez-vous choisi la France, et comment s’est passé l’arrivée et l’accueil dans le pays ?

 

D’abord, comme je l’ai dit, pour un avenir meilleur. Ensuite, il y a peu de formations qui m’intéressent réellement au Cameroun. Je trouve aussi que la France est un beau pays.

 

  • Dans quelle université avez-vous fait vos études ?

 

J’ai étudié les Lettres à l’université de Saint-Etienne, Jean Monnet.

 

  • Dans quels domaines avez-vous fait vos études ?

 

Les Lettres.

 

  1. Perspectives d’avenir

 

Quelles sont vos perspectives d’avenir ?

 

Je compte trouver un travail en France et m’y installer définitivement.

 

  • Après l’obtention de votre diplôme, êtes-vous retournée au pays ?

 

Non, je ne suis pas encore retournée au pays depuis.

 

  • Racontez-moi votre parcours géographique depuis l’obtention de votre diplôme.

 

Je me suis déplacée un peu partout en France pour trouver du travail. J’étais à Nantes, à Marseille, à Lyon, et à Paris.

 

  • Comment vous est venue l’idée de demeurer en France après votre formation ? Et pourquoi avez-vous décidé d’y rester ?

 

Comme je l’ai dit, il s’agit de ma propre décision et volonté. Je souhaite améliorer ma condition de vie et me forger une carrière solide, reconnue à l’international.

 

  • Qu’est-ce qui a influencé votre choix ? Avez-vous hésité ?

 

Encore une fois, l’envie d’une meilleure vie et situation. Non, je n’ai pas du tout hésité, je l’ai choisi.

 

  • Avez-vous rencontré des problèmes pour rester en France ? Si oui, lesquels ?

 

Oui, j’ai rencontré des difficultés tout de même. Surtout pour la préparation des paperasses. Cela prend beaucoup de temps.

 

  • Diriez-vous que la politique de l’immigration française a influencé votre décision de rester en France ? Si oui, comment ?

 

Non, la politique n’a pas influencé ma décision.

 

  • Avez-vous regretté à un moment donné votre décision de demeurer en France ?

 

Pas du tout, et j’en suis même fière.

 

  1. L’insertion professionnelle

 

  • Parlez-moi de votre expérience d’établissement et d’insertion

 

Pour ce qui est de l’établissement, comme je l’ai dit, cela a été difficile et plutôt long. En ce qui concerne l’insertion, je pense qu’elle s’est déroulée normalement.

 

  1. Liens avec le pays d’origine

 

  • Quels sont vos rapports avec la famille restée au pays ?

 

J’ai été élevée par ma tante. Elle me considère comme l’une de ses filles.

 

  • Envisagez-vous de retourner un jour au pays ? Pourquoi ?

 

J’envisage d’y retourner un jour, mais uniquement pour les vacances et pour rendre visite à ma tante.

 

  1. Autres éléments

 

  • Avez-vous quelque chose à ajouter par rapport au séjour en France, à l’adaptation générale ?

 

Je pense qu’il est toujours difficile pour un étudiant étranger, surtout africain, de s’adapter facilement à la culture du pays. Tout semble aller très vite en France.

 

[1] L’essentiel des Chiffres Clés 9, Septembre 2014, Campus France.

[2] « Les chiffres », Courrier Campus France, n°15, Mai – Juin 2010, http://www.ressources.campusfrance.org

[3] Institut de Statistique de l’UNESCO (ISU), cité par GINIES Paul et MAZURELLE Jean, L’Afrique forme ses élites. Histoire d’une réussite, L’Harmattan, 2010.

[4] « La France, 4ème pays d’accueil des étudiants étrangers », http://www.e-orientations.com/actualites/la-france-4eme-pays-d-accueil-des-etudiants-etrangers-11448

[5] OCDE (2012), « Combien d’étudiants suivent une formation à l’étranger et où vont-ils ? », dans Regards sur l’éducation 2012 : Panorama, Éditions OCDE. http://dx.doi.org/10.1787/eag_highlights-2012-9-fr  ; www.oecd-ilibrary.org/combien-d-etudiants-suivent-une-formation-a-l-e

[6] ENNAFAA Ridha et PAIVANDI Saeed, « Le non-retour des étudiants étrangers : au-delà de la « fuite des cerveaux » », Formation emploi [En ligne], 103 | juillet-septembre 2008, mis en ligne le 12 décembre 2009, consulté le 02 octobre 2014. URL : http://formationemploi.revues.org/2356

[7] OCDE (2006), op. cit.

[8] L’essentiel des chiffres clés n°9, Septembre 2014, Campus France.

[9] « Les étudiants étrangers en France en 2010 », Questions internationales de mai – août 2013.

http://www.ladocumentationfrancaise.fr/cartes/monde/c001486-les-etudiants-etrangers-en-france-en-2010

[10] PIQUEMAL Marie, « La France attire toujours plus d’étudiants étrangers », Libération.fr, 20 novembre 2013, http://www.liberation.fr/societe/2013/11/20/la-france-attire-toujours-les-etudiants-etrangers_955110

[11] Institut de Statistique de l’UNESCO (ISU), cité par GINIES Paul et MAZURELLE Jean, L’Afrique forme ses élites. Histoire d’une réussite, L’Harmattan, 2010.

[12] GINIES Paul et MAZURELLE Jean, op., cit.

[13] Institut de Statistique de l’UNESCO (ISU), op. cit.

[14] MENESR-DGESIP-DGRI-SIES, L’essentiel des chiffres clés n°9, Septembre 2014, Campus France.

[15] MESR-DGSIP/DGRI-SIES et MEN-MESR DEPP.

[16] D’après le Ministère français de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.

[17] Michèle Tribalat (2010), Les yeux grands fermés : L’immigration en France, Denoël.

[18] Jean Magniadas (2009), Les enjeux des migrations internationales au début du XXIe siècle, Note de la Fondation Gabriel Péri réalisée en partenariat avec la revue Recherches internationales.

[19] Fondement textuel : articles L. 317-1, L. 317-2, L. 317-3, et L. 317-4 nouveaux du CESEDA.

[20] ENNAFAA Ridha et PAIVANDI Saeed, « Le non-retour des étudiants étrangers : au-delà de la « fuite des cerveaux » », Formation emploi [En ligne], 103 | juillet-septembre 2008, mis en ligne le 12 décembre 2009, consulté le 30 mars 2015. URL : http://formationemploi.revues.org/2356

[21] GINIES Paul et MAZURELLE Jean, L’Afrique forme ses élites. Histoire d’une réussite, L’Harmattan, Paris, 2010.

[22] ENNAFAA Ridha et PAIVANDI Saeed, op. cit.

[23] Voir : Les enquêtes de l’Observatoire de la Vie Etudiante (OVE) auprès des étudiants étrangers inscrits dans les universités françaises, 2005.

[24] ENNAFAA Ridha et PAIVANDI Saeed, op. cit.

[25] GINIES Paul et MAZURELLE Jean, L’Afrique forme ses élites. Histoire d’une réussite, L’Harmattan, Paris, 2010.

[26] Institut de Statistique de l’UNESCO (ISU), 2006.

[27] BARRY Mamadou Gando, « La migration pour études : l’expérience de retour des diplômés guinéens dans leur pays d’origine après une formation au Canada », Thèse pour l’Obtention du grade de Philosophiae Doctor (Ph.D) en Sociologie, Faculté des études supérieures et postdoctorales, Faculté des Arts et des Sciences, Département de Sociologie, Université de Montréal (Canada), novembre 2011.

[28] ENNAFAA Ridha et PAIVANDI Saeed, « Le non-retour des étudiants étrangers : au-delà de la « fuite des cerveaux » », Formation emploi [En ligne], 103 | juillet-septembre 2008, mis en ligne le 12 décembre 2009, consulté le 30 mars 2015. URL : http://formationemploi.revues.org/2356

[29] ENNAFAA Ridha et PAIVANDI Saeed, idem.

[30] Zihisire Modeste Muke, La recherche en sciences sociales et humaines, L’Harmattan, 2012.

[31] Deux entretiens sont retranscrits en annexe. Cf. Annexes 1 et 2.

[32] Déplacement hors pays d’origine.

[33] Cf. figure 3.

[34] Cf. figure 8.

[35] Cf. figure 10.

[36] Cf. figures 3 et 6.

[37] Cf. figure 8.

[38] Certains étudiants africains qui étudient en France sont déjà mariés et ont laissé leur conjoint ou conjointe dans leur pays d’origine.

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