La peur de chuter chez les personnes âgées : Prévalence, enjeux et perspectives de prise en charge
PLAN
INTRODUCTION
- Situation d’appel et motivations
- Auto questionnement
2.1. Pré-enquête théorique
2.1.1. Personne âgée et perte d’autonomie
2.1.2. Notion de besoin
2.2. Pré-enquête pratique
2.3. Piste de réponses
- Phase de rupture
- Question de départ
CADRE CONCEPTUEL
- La personne âgée
1.1. Définition : cadre médico-social et épidémiologique
1.2. Approche sociologique de la dépendance
- La chute des personnes âgées
2.1. Données épidémiologiques
2.2. La conception de la chute
2.2.1. Les causes de la chute
2.2.2. Les conséquences de la chute
2.3. Prévention et prise en charge
- Le rôle de l’infirmier
3.1. L’infirmier et les soins infimiers
3.1.1. Cadre législatif
3.1.2. L’infirmier en service de soins de suite et de réadaptation
3.2. La relation soignant-soigné
PROBLEMATIQUE
CONCLUSION
GLOSSAIRE
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
INTRODUCTION
En France, les décès des suites d’une chute chez les personnes âgées de plus de 65 ans remonte jusqu’à 9300 chaque année, les deux tiers étant des femmes, d’après les chiffres et données épidémiologiques de l’Institut de Veille Sanitaire, avec un nombre réel de chutes des personnes âgées est de 450 000.
Les chutes font partie intégrante de la vie quotidienne et représentent jusqu’à 80% des accidents habituels quant aux sujets de plus de 65 ans, la moitié des sujets de plus de 85 ans et un tiers des sujets de plus de 65 ans faisant une chute au moins à domicile, essentiellement. En 2005, une enquête de l’INPES (Institut National de Prévention et d’Education pour la Santé) compte une personne âgée sur quatre subissant au moins une chute au cours de l’année sur les personnes âgées de 65 à 75 ans, soit 23,8%[1].
- Situations d’appel et motivations
Lorsque j’ai engagé ma réflexion quant au choix du thème de mon Travail de Fin d’Etude, c’est tout naturellement qu’il s’est orienté en direction de la personne âgée. La qualité de vie chez les personnes d’un âge avancé est un thème auquel on attache de plus en plus d’importance, notamment au vu des ces réalités suscitées, et pour lequel il existe une majeure préoccupation dont l’objectif est d’obtenir une population d’anciens saine et autonome le plus longtemps possible. De plus, me rapprocher de nos aînés et leur consacrer du temps dans le cadre de cette étude m’apporteront toujours des bienfaits et des améliorations que je pourrais mettre en application au cours de l’exercice professionnelle de santé auquel j’aspire.
Durant les 11 années qui ont précédé le début de ma formation infirmière, j’ai exercé en tant que navigante dans une compagnie aérienne qui, 4 mois par an, desservait l’aéroport de Lourdes afin d’y amener des pèlerins. Ces voyageurs n’étaient autres que des personnes âgées pour la plupart, accompagnées d’infirmières. C’est à l’occasion de ces voyages que j’ai véritablement découvert le métier d’infirmière, et ce grâce aux échanges et à l’aide que je pouvais apporter au personnel soignant. Il est évident que chaque individu est unique, cependant je trouvais à ces personnes âgées un point commun : toutes manifestaient une peur de chuter. Elles pouvaient exprimer, ou non, cette peur, mais dans tous les cas, refusaient de se déplacer en cabine pour se rendre aux toilettes pendant les trajets aériens, ce qui nous a valu bon nombre de désagréments.
Lorsque j’ai commencé ma formation d’infirmière, j’ai effectué des stages, en SSIAD, maison de retraite, SSR et chirurgie digestive, j’ai, bien entendu, retrouvé une population de personnes âgées caractériser par cette peur de chuter, pour la plupart. Je me souviens notamment de Madame S. âgée de 69 ans, hospitalisée pour ablation d’un ganglion axillaire droit bénin. Cette patiente autonome, vivait avec son époux dans leur appartement au premier étage de leur résidence. Elle avait comme antécédent une hypertension artérielle depuis 3 ans traitée, et une anxiété depuis environ une dizaine d’années, également traitée. Après son intervention, la patiente s’est mise à solliciter de l’aide pour tous ses déplacements, ce qui m’a interpellé car à son entrée, lors de la constitution de son dossier administratif, celle-ci n’avait signalé ni la peur de chuter ni aucune chute antérieure. Après quelques échanges, la patiente m’a confiée être tombée à deux reprises durant ces deux derniers mois. Elle a rajouté qu’elle ne l’avait pas signalé à la structure par peur et honte.
Je me rappelle aussi Monsieur D. hospitalisé en soins de suite et de réadaptation pendant un mois, après un épisode d’arythmie cardiaque. Le patient âgé de 76 ans, autonome et vivant seul à son domicile, avait pour antécédent pathologique une cardiopathie ischémique apparue il y a 22 ans et traitée. Durant son séjour, le patient n’exprimait pas verbalement sa peur de chuter, cependant il se montrait précautionneux dans ses gestes et déplacements et disait ne plus se souvenir de sa dernière chute. Néanmoins, il affirmait avoir peur de chuter lorsque la question lui été posée.
Je dois dire qu’avant mes diverses expériences de stage, je pensais que la peur de chuter chez la personne âgée n’était pas fondée, qu’il s’agissait tout simplement d’une façon d’attirer l’attention.
En mettant en lien ces différents constats qui m’ont permis d’affiner le thème général de mon objet de recherche, je m’interroge notamment sur : « Pourquoi l’infirmier(ère) a du mal à appréhender l’évaluation du besoin de la personne âgée ? »
- Auto-questionnement
Pour étayer notre question, on a besoin d’aller sur le terrain en vue d’aider à construire notre question de recherche définitive. L’enquête consiste alors à recueillir des avis, à se plonger sur des écrits professionnels et médicaux identifiés par la confrontation de la pertinence et de la faisabilité de la recherche.
2.1. Pré-enquête théorique
2.1.1. Personne âgée et perte d’autonomie
Avec les progrès technologiques, la durée de vie de la population tend à s’allonger, contribuant et incitant la mise en exergue du fait social du phénomène du vieillissement de la population. Aujourd’hui, environ le quart des Français sont âgés de plus de 60 ans, prévoyant un effectif futur d’environ un million de personnes en situation de dépendance.
- Définition de la perte d’autonomie
Etre autonome, par étymologie, se définit par le fait d’avoir la capacité de s’auto-gouverner, d’avoir le choix et d’envisager, d’être libre dans ses actions, son agrément ou non, selon sa décision. Cette capacité diminue, à cause de l’avancée de l’âge ou pour des raisons médicales, notamment de handicap. En termes général, dépendance, impliquant le besoin d’aide, et perte d’autonomie, c’est-à dire la perte de son libre-arbitre, sont complémentaires. Ainsi, la perte d’autonomie contribue à la dépendance. Dans un cadre législatif, la Charte des droits et libertés de la personne âgée dépendante existe pour assurer le respect de leur autonomie.
En France, ce sont les personnes âgées de plus de 60 ans qui seront concernées par la dépendance. L’INSEE définit la dépendance comme étant « le besoin d’aide des personnes de 60 ans ou plus pour accomplir certains actes essentiels de la vie quotidienne. Elle est liée non seulement à l’état de santé de l’individu, mais aussi à son environnement matériel : une personne âgée se déplaçant difficilement sera très dépendante, voire confinée chez elle, si elle habite en étage dans un immeuble sans ascenseur, mais plus autonome dans le cas contraire »[2].
- Approche médicale de la perte d’autonomie
Comme vu précédemment, l’autonomie d’une personne offrant la faculté d’être indépendant physiquement, psychiquement et socialement, sa perte renvoie à la perte de cette faculté.
A domicile ou en institution, les personnes âgées, généralement, sont les principales victimes de la perte d’autonomie.
L’OMS[3] affirme que:
- « la déficience correspond a toute altération d’une structure ou d’une fonction anatomique, physiologique ou psychologique »;
- « l’incapacité est définie par une réduction de la capacité à effectuer une activité d’une façon et dans les limites considérées comme normales pour un être humain », et est souvent secondaire à une déficience ;
- « le handicap est défini comme un désavantage pour un individu résultant d’une déficience ou d’une incapacité qui limite ou interdit l’accomplissement d’un rôle considéré comme normal pour un être humain (compte tenu de l’âge, du sexe et des facteurs socioculturels) ».
En somme, la conception de la notion de dépendance est attribuable à la situation d’une personne ayant besoin de faire appel à une autre dans l’accomplissement des actes de la vie quotidienne, comme la toilette, l’habillement, l’alimentation, …
A l’origine de la perte d’autonomie, ce sont les maladies qui touchent le plus les personnes âgées, et orientent la prise en charge médicale de la perte d’autonomie des sujets âgés. Elles touchent notamment :
- le système nerveux central : pathologies dégénératives,
- les vaisseaux : pathologies vasculaires cérébrales, les arthropathies,
- le psychique : maladies dépressives, les troubles psychologiques,
- les os : séquelles de fractures,
- le système ORLO : pathologies ophtalmologiques et auriculaires.
Devant à une personne sujette à une perte d’autonomie, la médecine prend en charge les aspects de la dépendance de la personne afin d’en connaître les étiologies, et d’établir la relation entre maladie et dépendance. Cependant, cette recherche est complexe mais obligatoire, avant toute intervention et aide.
A ce jour, un système contribuant à l’évaluation de la dépendance a été mis en place en France, ayant comme objectif la définition du degré de dépendance d’une personne âgée. Il s’agit de la grille AGGIR (Autonomie, Gérontologie Groupe Iso Ressources).
La nécessité de recourir à la grille AGGIR concerne :
- la mesure de la perte d’autonomie permettant à la personne âgée et son entourage de situer le degré d’autonomie et de maîtriser les difficultés qui en découlent, afin de les prendre en charge ;
- la prise de décision, suite à la connaissance du degré de perte d’autonomie, et son adaptation aux solutions existantes pour pallier au manque ;
Ainsi, la grille concerne l’évaluation du degré de dépendance de la personne âgée. Ce système de classification, utilisé par l’APA (Allocation Personnalisée d’Autonomie) dans le cadre de l’attribution des allocations, s’est imposé comme étant un outil de référence quant à l’évaluation de la perte d’autonomie. Ces degrés sont répartis en six « Groupe Iso-Ressources » ou GIR. Les niveaux sont répartis comme ceci[4] :
Niveaux
|
Caractéristiques |
GIR 1 | Correspond aux personnes confinées au lit, y compris les personnes en fin de vie dont les fonctions mentales sont considérablement altérées, nécessitant une présence indispensable et continuelle d’aidants |
GIR 2 | Comprend deux catégories :
– Les personnes qui restent prostrées au lit ou dans un fauteuil, mais dont les fonctions mentales sont partiellement altérées et pour lesquelles la pratique des activités de la vie courante suffit à la prise en charge; – Les personnes dont les fonctions mentales sont usées, mais les capacités de déplacement sont conservées |
GIR 3 | Comprennent les sujets âgés dont l’autonomie mentale est conservée, l’autonomie motrice partiellement, et dont la prise en charge consiste en l’assistance quotidienne et régulière des soins, notamment corporels |
GIR 4 | Constitué par deux catégories de personnes :
– Les personnes âgées qui ont besoin d’aide pour leur transfert mais peuvent se déplacer seules, une fois levées. En général, elles ont besoin d’aide pour l’habillage et la toilette, mais s’alimentent seules ; – Les personnes âgées qui ont besoin d’aide pour les soins corporels mais qui n’ont pas aucun problème moteur |
GIR 5 | Comprennent les personnes âgées qui sont capables d’assurer toutes seules leur déplacement, alimentation, habillage, mais ont besoin d’aide de façon ponctuelle pour des actes tels que le ménage, la préparation du repas, la toilette |
GIR 6 | Les personnes de ce groupe ont conservé leur autonomie pour les actes spécifiques de la vie courante. |
En termes de prise en charge, elle peut se faire :
- A domicile : la prise en charge est axée sur l’analyse des besoins, dépendant du niveau de dépendance, l’objectif de la prise en charge étant d’offrir une vie confortable et en accord avec son envie de rester parmi les siens, à la personne. Cette prise en charge est variable selon, toujours, le degré de dépendance, notamment :
- Si le sujet est incapable de se déplacer : l’aide consistera surtout à prendre en charge les taches ménagères et le repas à domicile,
- Si le sujet reste prostré dans son lit ou dans son fauteuil : il faut recourir aux aides à domicile, auxiliaire de vie, voire même des kinésithérapeutes à domicile.
Ce type d’intervention engage le déplacement des professionnels (médecins, infirmiers, kinésithérapeutes) au domicilie de la personne âgée pour les soins et le suivi thérapeutique.
Aussi, le recours à des professionnels spécialisés, assistantes sociales et psychologues peut se révéler être nécessaire pour cerner le rôle de la famille et des aidants dans cette intervention, et de définir ainsi donc les relations familiales. La participation de la famille est essentielle dans la prise en charge de la dépendance d’un sujet âgé, car cette participation, contribue à la rupture de l’isolement de la personne âgée, car relevant du bénévolat.
Famille et services médico-sociaux sont donc complémentaires. Il est donc, à cet effet, obligatoire d’informer la famille sur l’existence et les possibilités des aides à domicile, tout en considérant le maintien et l’entretien d’un discours de soutien psychologique quant aux responsables de la prise en charge.
- En institution : le choix des institutions est important et est orienté selon le degré de perte d’autonomie de la personne âgée :
- Les foyers logements : sont réservés pour les personnes isolées mais sans incapacité importante,
- Les maisons de retraite sans section médicale : concernent les personnes à incapacités modérées à moyennes,
- Les EHPAD ou SSR, ou maisons de retraite médicalisée : sont spécifiques aux lourdes incapacités.
Toutefois, peu importe le type d’institution choisi, toute prise en charge nécessite une organisation et une approche multidisciplinaire et une équipe polyvalente, à laquelle la coordination et la collaboration sont obligatoires à l’efficience de la prise en charge et au bien-être du patient.
2.1.2. Notion de besoin
Le besoin est défini de la façon suivante : « Ce qui est nécessaire ou indispensable »[5]. Le rôle propre de l’infirmière repose sur les quatorze besoins fondamentaux de Virginia Henderson parmi lesquels figure le besoin de communiquer.
Ce dernier explique que chaque être humain a le droit de communiquer avec les autres et ainsi d’établir des relations d’ordre familial, amical, professionnel ou encore amoureux.
Maslow, dans sa pyramide, décrit également la sexualité comme un besoin physiologique.
Si l’on regroupe ces deux définitions, le besoin d’établir des relations parfois très intimes est donc indispensable à la survie du patient, ou de n’importe quel être humain.
Il est donc bien au même rang que le besoin de manger ou de respirer et devrait donc être pris autant en compte.
L’infirmière prenant soin des patients dans leur globalité, son rôle sera donc également de veiller à ce que rien n’entrave les relations des personnes âgées dont elle s’occupe.
2.2. Pré-enquête pratique
- Méthodologie
Il s’agit ici d’aller sur le terrain en vue d’aider à étayer les questions de départ et de construire notre question de recherche définitive.
L’enquête consiste alors à recueillir des avis, identifiés par la confrontation de la pertinence et de la faisabilité de la recherche.
A cet effet, l’enquête a été réalisée en milieu de soins de suite et de réadaptation SSR, selon trois entretiens auprès de trois infirmières Madame L., madame C. et Madame D., dont le parcours permet de se positionner par rapport à la prise en charge auprès de la personne âgée. Leurs expériences montrent qu’il n’y pas que les plus anciennes diplômées qui exercent dans ces services. Les jeunes diplômées ont des avis différents et aussi intéressants, les uns comme les autres. Les entretiens se sont déroulés de façon individuelle, selon une durée respective de 20 minutes chacun.
Un guide de questionnement à été proposé aux interviewées pour réaliser les enquêtes de façon qualitative dans le but de laisser les sujets s’exprimer selon leurs propres mots. En effet, ce type d’interview permet d’orienter les réponses selon le thème de notre travail, tout en laissant le recul nécessaire aux interviewées pour valider notre recherche.
- Résultats
Pendant l’enquête, par rapport au sujet concernant le moyen d’évaluation de la dépendance, Madame L. affirme que c’est la grille AGGIR qui constitue le moyen d’évaluation de cette perte d’autonomie, tandis que Madame C. affirme qu’il existait d’autres moyens d’évaluation, notamment des tests. Quant à Madame D., elle cite pratiquement la grille AGGIR et le test Mini Mentale State (MMS).
Selon Madame L. et Madame C., avant l’annonce, au décours de la réunion médicale hebdomadaire, le médecin demande l’avis de l’équipe pluridisciplinaire qui est composée de l’assistante sociale secrétaire médicale de deux aides-soignantes deux kinésithérapeutes, une diététicienne et une infirmière. Cette équipe connait le parcours du patient depuis son arrivée. Le cadre de service est très présent et suit les patients depuis l’entrée jusqu’au jour de la sortie. Il se charge également d’organiser l’activité du service. C’est après un débriefing que la décision est prise par l’ensemble de l’équipe. L’annonce est faite par le médecin en présence d’une personne proche de la famille du patient, d’une infirmière.
Concernant la prise en charge spécifique en SSR de la personne âgée, elle se fait en présence de l’infirmière et de l’aide-soignante. Une fois le patient installé, un recueil de données est réalisé à son arrivée. D’après Madame L., le premier souhait est le retour à domicile, pour la majorité des personnes âgées malgré les difficultés de santé, de peur d’être orientées en institution. Madame C. constate que les deux premières semaines sont très importantes. La personne âgée va tout faire pour améliorer son état de santé afin de pouvoir sortir. La difficulté pour certains patients vient de ce que leur état de santé ne leur permet pas de sortir, qu’ils refusent leur convalescence du fait que pour eux cela reste une structure hospitalière.
Enfin, en matière d’activités réalisées dans le service de SSR, Madame L. et C. déclarent qu’une équipe de kinésithérapeutes est présente tous les jours sauf le samedi et le dimanche. Une salle réservée à la rééducation est mise à disposition avec le matériel nécessaire pour aider les personnes âgées à récupérer un maximum d’autonomie. Le but des activités du service consiste à réaliser un relevé d’informations pour rendre autonome au maximum le patient dans son besoin quotidien (pour la toilette, le repas, lors de la séance de kinésithérapie..).
- Interprétation
La pré-enquête que nous avons réalisée révèle l’importance de la place que tient la grille AGGIR dans l’évaluation de la dépendance. En effet, il est nécessaire d’utiliser cette grille, non seulement pour avoir une idée du degré de dépendance de la personne âgée mais aussi et surtout de prendre conscience des difficultés que la personne âgée subit et d’orienter en conséquence la prise en charge la plus adaptée, et ce malgré la présence d’autres tests également utiles à la prise en charge, notamment à l’approfondissement de l’évaluation.
En outre, même si la question est juste survolée dans notre enquête, il est clair que toute personne âgée tient énormément à son lieu de vie, c’est-à-dire son domicile. A cet effet, elle néglige sa chute, ne se plaint pas, de peur d’être jugée socialement et médicalement incapable de s’auto-prendre en charge plus tard, pour être placée en institution.
La coopération de la famille dans la prise en charge du membre âgé de la famille est également soulignée, lorsque les infirmières ont souligné la présence des proches de la personne âgée lors de l’annonce de la dépendance à la famille. En effet, il s’agit d’une condition à prendre en compte absolument car influe considérablement sur le bon déroulement de cette prise en charge.
La multidisciplinarité s’avère également essentielle dans la prise en charge globale du sujet âgé. Mais plus que cette multidisciplinarité, la coopération et la collaboration des divers professionnels copte énormément et conditionne la réussite de la prise en charge ainsi que le devenir de la personne âgée, après son passage dans le service.
Enfin, la personne âgée est définitivement vulnérable, encore plus lorsqu’elle est soumise aux contraintes intrinsèques, qui lui sont liées, et extrinsèques, liées à l’environnement, qui l’expose directement au risque de chute. Cette réalité renvoie à la considération plus poussée à la fois de cette vulnérabilité, en termes de prise en charge, mais aussi de la primauté d’un minimum d’autonomie qui doit revenir à toute personne âgée, afin de lui épargner tout traumatisme psychologique.
2.3. Piste de réponses
La pré-enquête, certes nous révèle notamment la nécessité de la grille AGGIR, mais nous révèle également combien sensible est la personne âgée, et encore plus si elle est victime de dépendance. C’est tout cela d’ailleurs qui constitue la difficulté d’appréhension du personnel soignant dans la prise en charge de la personne âgée dépendante et de ses besoins.
En effet, pour le personnel soignant, entrer en contact et établir une relation efficiente avec la personne âgée dépendante constitue une des plus grandes difficultés du domaine médical. Il est requis aux professionnels un processus d’adaptation à chaque patient, en considérant de manière constante et nette le sens de l’éthique, impliquant donc une complète considération de la personne pendant l’échange, notamment le soin : « le rôle de l’intervention médicale est de remettre au premier plan la santé et non la maladie. La rencontre soigné-soignant, ce n’est pas la juxtaposition de plusieurs constats professionnels (médical, psychologique et social), c’est l’explication d’une trajectoire »[6].
En effet, la compétence technique dans l’accomplissement du soin constitue l’essentiel contre toute violation contre le droit du patient et la non considération de son besoin. A cet effet, le savoir faire dans la capacité, le langage, la promptitude et l’efficience dans les gestes sont indispensables à le prise en compte de la personne, par l’importance que ces critères octroient à la personne qui est la personne âgée dans le concept du « prendre soin », mêlant participation à une relation d’intimité dans le sens du bien être du patient tout en maintenant la distance nécessaire à une relation saine. D’ailleurs, « le maintien d’une distance rassurante, salutaire, évoquée aussi symboliquement par la blancheur de la blouse et l’usage des gants qui seront comme la membrane intermédiaire entre la peau du soignant et celle du soigné, entre moi et l’intime du corps de l’autre »[7].
Par ailleurs, outre la dépendance, la vieillesse elle-même, l’éventuelle maladie associée, fréquente, et le handicap, en termes de prise en charge, constituent des obstacles à l’autonomie de la personne[8], lesquels sont des contraintes pénibles à prendre en compte qui limitant le choix dans les possibilités, par la création de l’insécurité, la déstabilisation, la frustration, et autant de facteurs qui conditionnent la souffrance physique et morale. C’est à partir de ces paramètres, d’ailleurs, que le soignant doit se mesurer, plus précisément qu’il doit mesurer sa capacité d’adaptation à la patience, l’écoute, la vision, l’empathie et la compassion.
En outre, il se pose aussi la question exceptionnelle du vieillissement du corps soignant. En effet, la pyramide des âges des soignants sont en train de passer d’une stature « en champignon » à une « poire écrasée », d’ici à 2030. Ce bouleversement de la situation implique des obstacles qui portent sur la compétence. Actuellement, on assiste à l’émergence d’un nombre considérable de jeunes professionnels, pas assez expérimentés, qui, pourtant, devront faire face à la prise en charge d’une population âgée, dont l’affectif ne cesse d’augmenter, avec une tranche d’âge qui approche le centenaire. Ceci suppose la nécessité d’une mise en application d’un transfert de compétences entre les générations qui est essentielle face à la réalité de la population vieillissante de la France.
- Phase de rupture
Au travers de cette première phase de constatation, on a pu mettre en évidence la situation de la personne âgée face à la dépendance, notamment quant elle est sujette à la peur de chuter ou anciennement victime de chutes, ainsi que les essentiels des points qui représentent les difficultés d’appréhension du personnel soignant quant à la considération du besoin de la personne âgée. Ce qui nous amène à poser notre question de départ.
- Question de départ
A cet effet, on peut en déduire notre question de départ, suite logique de notre travail, selon : Quels moyens l’infirmier(ère) devra mettre en œuvre pour améliorer la prise en charge de accompagner la personne âgée dépendante sujette aux chutes?
CADRE CONCEPTUEL
- La personne âgée
Suivant le contexte, le concept de « personne âgée » varie. En effet, la difficulté de conceptualisation du phénomène de vieillissement réside dans la progression. D’après l’OMS[9], une personne âgée se définit à partir de l’âge de 60 ans, âge étant retenu dans le système de réglementation français, pour certaines dispositions sur les personnes âgées.
1.1. Définition : cadre médico-social et épidémiologique
La description de la personne âgée, selon les auteurs, se fait comme suit: « un être humain qui est parvenu à une étape avancée de sa vie, laquelle se caractérise par l’altération de certaines structures et fonctions de son organisme. Le vieillissement physique n’est qu’un aspect, certes le plus observable, parmi d’autres de l’évolution de cet être complexe. L’avancement en âge est souvent décrit comme un déclin. Pourtant, malgré les apparences, il peut être un processus d’épanouissement où s’affirme et se consolide l’être social, psychique, spirituel, politique, intellectuel, religieux, sentimental et philosophique qu’est la personne âgée »[10].
Dans la spécialité gériatrique, spécialement en termes de fragilité, perte d’autonomie ou présence de polypathologies, les problématiques portent particulièrement sur les sujets de 80 ans, et moins les sujets âgés de 60 à 70 ans. Pratiquement, c’est la vulnérabilité qui cerne les personnes relevant de la gériatrie, bien plus que l’âge civil. Bien effectivement, aucun âge particulier ne renvoie à l’entrée dans la vieillesse, mais plutôt à un état d’inaptitude fonctionnelle subjective ou objective selon les personnes âgées elles-mêmes.
En termes d’effectif, la part des personnes âgées de 60 ans ou plus a eu tendance à augmenter pendant une période de 50 ans, atteignant 21% actuellement.
Dans ce sens, DUEE et REBILLARD déclarent : « La population des 75 ans et plus sera ainsi multipliée par 2,5 entre 2000 et 2040, pour atteindre plus de 10 millions de personnes en France…. Chez les hommes comme chez les femmes, le taux de dépendance reste faible jusqu’à 75 ans, puis augmente rapidement avec l’âge. L’âge moyen des dépendants est de 78 ans pour les hommes et 83 ans pour les femmes »[11].
1.2. Approche sociologique de la dépendance
Le concept de dépendance est assez difficile à cerner, connaissant les domaines qu’elle peut recouvrir. Notamment, elle peut être liée, notamment à une pathologie, à un handicap social, à état psychologique, social ou physique.
DURKHEIM[12], en 1895, identifie l’utilisation du terme de dépendance comme étant un mot « qu’on emploi couramment et avec assurance, comme s’ils correspondaient à des choses bien connues et définies, alors qu’ils ne réveillent en nous que des notions confuses, mélanges indistincts d’impressions vagues, de préjugés et de passions ». Selon le dictionnaire, la dépendance se définit comme étant la « situation de personne qui dépend d’autrui. Néanmoins, le concept de dépendance doit être reconnu comme faisant souvent référence à la vieillesse.
Cette conception des personnes âgées selon le terme de dépendance a été soulevée pour la première fois en 1973, par DELOMIER, selon lequel « le vieillard dépendant a donc besoin de quelqu’un pour survivre, car il ne peut, du fait de l’altération des fonctions vitales, accomplir de façon définitive et prolongée, les gestes nécessaires à la vie »[13].
A cet effet, on peut dire que l’idée de dépendance retrouve le début de son utilisation négative vers les années 70. Selon l’article 2 de la loi du 24 Janvier 1997, la définition conceptuelle en « la dépendance mentionnée au premier alinéa est définie comme l’état de la personne qui, nonobstant les soins qu’elle est susceptible de recevoir, a besoin d’être aidée pour l’accomplissement des actes essentiels de la vie, ou requiert une surveillance régulière ». Malgré la loi du 20 Juillet 2001, relative à l’allocation d’autonomie, cette conception n’a pas changé.
Cette attribution de la dépendance à une idée incapacitante relève du cadre médical. En parallèle, MEMMI[14], en 1979, définit la dépendance comme étant « une relation contraignante plus ou moins acceptée, avec un être, un objet, un groupe ou une institution, réels ou idéels, et qui relève de la satisfaction d’un besoin ». De par cette définition, l’auteur attribue une vérité de la condition de l’homme lui-même à la dépendance. En effet, « l’on ne peut pas ne pas être dépendant ».
- La chute des personnes âgée
Afin de connaître les risques encourus par la personne âgée victime de chute à répétition, il nous est nécessaire de définir la chute, ainsi que survoler les causes, puis les conséquences.
En France, parmi les accidents de la vie courante les plus fréquents chez les personnes âgées, les chutes sont les plus fréquentes. Les conséquences peuvent être sérieuses, notamment avec une notion d’hospitalisation dans 27 % des cas chez les sujets entre 65 et 70 ans et 44 % des cas au-delà de 90 ans.
2.1. Données épidémiologiques
Selon la littérature, la chute est définie comme « le fait de se retrouver involontairement sur le sol ou dans une position de niveau inférieur par rapport à sa position de départ ».
D’après les données de SHELDON[15], sur les personnes âgées de plus de 65 ans :
- 45% des femmes
- et 25% des hommes sont victimes de chutes.
Selon d’autres auteurs, la prévalence est comprise entre 28 et 35% des personnes âgées.
Concernant la fréquence, il semble que les femmes soient deux fois plus sensibles aux chutes, fréquence à augmentation linéaire avec l’âge jusqu’à un taux de 50% des femmes de plus de 85 ans.
En termes d’accidents domestiques, les chutes représentent 61% chez les personnes de plus de 65 ans[16].
En réalité, l’inexactitude de ces chiffres résident dans le fait que bon nombre des personnes âgées ne signalent pas leurs chutes à leur médecin ou à leur entourage, et vont même jusqu’à les cacher volontairement par peur d’être vues comme incapables de vivre seules encore à leur domicile.
Toutefois, en parallèle avec ces chutes à domicile, les chutes en milieu institutionnel sont également très fréquentes. Dans ce sens, une étude a montré que 45% des sujets en institution ont fait au moins une chute.
Les décès liés aux chutes sont également assez fréquentes, surtout chez les personnes sujettes aux chutes à répétition. En effet, il semble que 64% des sujets ayant fait six chutes ou plus, en institution, sont décédés pendant une étude. Selon d’autres sources, 90% de personnes de plus de 85 ans décéderaient au décours d’une chute.
2.2. La conception de la chute
Comme vue précédemment, les chutes font partie de la vie courante des personnes âgées dans leur quotidien.
2.2.1. Les causes de la chute
On peut classer les origines de cette chute selon qu’elle soit d’ordre environnemental ou médical.
- Les causes environnementales
Dans ces causes, on note par exemple l’état des chaussures qui sont mal adaptées, la trop grande amplitude des vêtements, mais également un aménagement insuffisant dans le domicile même. Elles seraient à l’origine de la moitié des causes de chute chez la personne âgée, et se trouvent être plus importantes chez les sujets âgés de 65 à 75 ans.
En général, les chutes à domicile relèvent de plusieurs facteurs de risque, parmi lesquels on distingue :
- Les facteurs intrinsèques : qui admettent le vieillissement (réduction de la mobilité, trouble de l’équilibre, notion de chute antérieure, vision détériorée), une éventuelle pathologie, et la notion de prise de médicaments ;
- Les causes extrinsèques : constitués par l’environnement (matériel, social et familial), le comportement à risque (habitude alimentaire et toxique).
- Les causes médicales
La gravité des chutes dans cet ordre étiologique dépend de la pathologie en soi. En général, les pathologies liées aux chutes sont d’ordre cardiaque ou vasculaire.
Parmi ces causes médicales, on distingue :
- L’hypotension orthostatique : dont l’expression sémiologiquese traduit par des vertiges lors du passage rapide de la station couchée ou assise à la station debout. En termes de causes de chutes, elle est l’une des plus fréquentes chez les personnes très âgées (de l’ordre de 10 à 15 % des chutes). Cette pathologie est liée à des problèmes vasculaires, notamment au niveau des jambes, une usure du contrôle de la pression sanguine aboutissant à une tension artérielle trop basse, se manifestant après un repas copieux. Souvent, elle constitue un des effets indésirables au décours d’un traitement médical précis.
- La syncopeou perte de connaissance passagère : attribuable à débit de perfusion sanguin insuffisant du cerveau. Les origines sont diverses, mais les étiologies bénignes sont de nature cardiaque, notamment en rapport avec le rythme cardiaque ;
- Les accidents vasculaires cérébraux : qui peuvent être d’ordre ischémique transitoire se caractérisant par des vertiges ou une soudaine faiblesse musculaire entraînant la chute, mais également d’ordre hémorragique (hématome sous-dural) ou encore découlant des effets indésirables de traitements médicamenteux en cours ;
- Les déséquilibres métaboliques : notamment dans le cas d’une hypoglycémie, la chute peut être entraînée par des vertiges et une faiblesse musculaire. Cette hypoglycémie est généralement secondaire à une alimentation insuffisante ou déséquilibrée, un traitement mal ajusté chez le diabétique, par exemple. Des déséquilibres des concentrations sanguines de potassiumou de calcium peuvent être également observables et secondaires à une maladie ou un traitement, se traduisant par des troubles de la vigilance et de l’équilibre, origine d’une chute[17].
2.2.2. Les conséquences de la chute
Après une chute, le pronostic du sujet est défini par le temps passé au sol. Dans ce sens, il a été noté que parmi les chuteurs, 40 à 50% de ceux qui ont passé plus d’une heure au sol décèdent au cours de l’année suivant la chute.
La chute en soi n’a rien de particulier mais c’est l’augmentation de l’âgé et la réduction de la mobilité, parallèlement qui en font la gravité. A cet effet, une simple petite chute à 80 ans relève de la gravité et peut avoir des conséquences à la fois multiples et sérieuses.
Parmi ces conséquences, on distingue[18] :
- Les conséquences immédiates : essentiellement d’ordre physique, à type de contusion, hématome, luxation, voire fracture,
- Les conséquences secondaires : sont attribuables à la durée du maintien au sol prolongé et à son immobilisation :
- Le sujet contraint et maintenu au sol, selon une position inconfortable, est soumis à une importante pression affligée à certaines parties du corps par des points de pression prolongés, sans possibilité de changement de position. En conséquence de cette pression constante et exagérée, la circulation sanguine n’est plus normalisée à cause des vaisseaux sanguins écrasés, occasionnant un état d’hypoxie progressif à tous les tissus de l’organisme, aboutissant à la longue à la formation d’escarre, correspondant à la nécrose des tissus dus au manque d’oxygène ;
- L’immobilisation contribue à la formation de caillot de sang dans les veines. Cette pathologie est appelée phlébite, et occasionne l’obstruction de la veine concernée et l’écoulement normal du sang. C’est cette stagnation du sang dans les veines qui favorise la formation de caillot. En particulier, la phlébite au niveau des membres inférieurs est la plus grave, en rapport avec une embolie pulmonaire, principale complication et conséquence de la migration du caillot dans les veines pulmonaires ;
- L’écrasement musculaire de façon prolongée contribue à la destruction des cellules musculaires. La conséquence de cette destruction cellulaire aboutit à la libération du contenu cellulaire dans la circulation sanguine. Cette pathologie correspond au syndrome de rhabdomyolyse. Lorsqu’elle est massive, une rhabdomyolyse engage le pronostic vital du sujet par l’apparition d’une insuffisance rénale aiguë et d’une hyperkaliémie brutale retentissant sur la fonction cardiaque ;
- Le sujet longtemps immobilisé est également exposé au risque d’hypothermie, qui correspond à une baisse de la température corporelle en dessous de 35°C. Cette baisse se fait de manière progressive dans le cas d’une exposition prolongée au froid ;
- Absence de suivi thérapeutique : La personne maintenue au sol n’a plus accès à son traitement habituel. On assiste alors à une rupture de traitement et à une absence de suivi thérapeutique surtout si le maintien au sol se prolonge. Selon le degré de la pathologie pour laquelle le sujet est traité, les conséquences de cette absence de prise en charge thérapeutique peuvent être graves.
Outre ces conséquences, la chute, chez une personne âgée revêt d’autres formes de conséquences. En effet, les conséquences psychologiques et sociales sont considérables et ne doivent pas être mises de côté, et ce, malgré le fait même que la chute n’aurait occasionné aucune blessure physique. Celles-ci peuvent survenir même si la chute n’a occasionné aucune blessure. Ce sont ces conséquences qui sont à l’origine du placement en institution des personnes âgées[19].
- Les conséquences psychologiques : la chute, mais en particulier, le maintien prolongé au sol, tout en étant totalement impuissant et incapable de se relever, engage un sentiment d’angoisse, d’anxiété mais surtout de grande appréhension quant à la possibilité d’une éventuelle seconde chute. En effet, le sujet n’a plus confiance en ses capacités et sombre très vite, comme dans tout état de perte d’autonomie, dans un syndrome dépressif, notamment tristesse, manque de motivation, troubles de l’appétit, du sommeil, etc. Quelques fois, à ces conséquences psychologiques peuvent être associées troubles neuromusculaires secondaires à la limitation volontaire des activités, et se traduisant par des troubles de la posture et une difficulté dans les déplacements et les mouvements, contribuant à la formation d’un cercle vicieux. Cet état desyndrome post-chute justifie la prescription et le recours à un traitement médical pour rendre au patient ses facultés de mouvements et de déplacements ;
- Les conséquences sociales : les conséquences qui découlent de la chute sont issues des conséquences psychologiques contribuant à l’appréhension du sujet dans une éventuelle prochaine chute. En effet, comme vu précédemment, la personne âgée perd confiance en ses capacités et réduit automatiquement ses sorties et ses déplacements. Ceci, associé au sentiment de dépression, aboutit à une restriction des contacts sociaux, à l’isolement favorisant un appauvrissement de la vie sociale et une dépendance important à l’égard des proches ou des aides à domicile. Ainsi, ces conséquences découlent mais aggravent, également, les conséquences psychologiques de la chute.
Ainsi, les conséquences des chutes, surtout psychologiques, chez la personne âgée la rattrape par rapport au vieillissement, ses capacités, et la soumet également à un éventuel traumatisme quant à l’avenir concernant la répétitivité des chutes et l’appréhension sociale de son entourage sur son aptitude à vivre seule.
2.3. Prévention et prise en charge
En termes d’accompagnement, toute personne âgée victime de chutes répétées a droit à une intervention associant plusieurs axes de prise en charge, quel que soit son lieu de vie :
- la révision de la prescription des médicaments, voire la correction ou le traitement des facteurs prédisposant modifiables (facteurs environnementaux de risque de chute),
- le port des chaussures adaptées, notamment à talons larges et bas (2 à 3 cm), avec des semelles fines et fermes,
- la pratique régulière de la marche et/ou toute autre activité physique,
- un apport calcique alimentaire (1 et 1,5 gramme par jour),
- le recours à une aide technique en rapport avec le trouble locomoteur,
- la correction d’une éventuelle carence en vitamine D,
- le recours à un traitement anti- ostéoporotique, en cas d’ostéoporose vrai.
Outre ces recommandations, il est également à considérer l’éducation de la personne âgée elle-même et de ses aidants en vue de s’assurer la bonne efficience de la prise en charge.
Enfin, une aide technique peut s’avérer nécessaire :
- un travail de l’équilibre postural statique et dynamique,
- un renforcement de la force et de la puissance musculaire des membres inférieurs,
- une stimulation des afférences sensorielles ou l’apprentissage du relevé du sol,
- des séances d’auto-rééducation, encadrés par un professionnel (ergothérapeutes et psychomotriciens).
A partir du moment où une personne âgée fait au moins deux chutes dans une période de 12 mois, le caractère répétitif de la chute est définie. En cas de chute, en particulier de chutes répétées, la prise en charge doit être rapide et adaptée selon chaque patient[20].
- Les signes de gravité
Avant tout acte, il convient de détecter tout signe de gravité devant toute personne âgée victime de chute, notamment les signes de gravité mettant en jeu le pronostic vital de la personne. Ces signes peuvent être classés en trois catégories, en fonction:
- Des conséquences de la chute ;
- De la pathologie responsable de la chute ;
- Du caractère répétitif de la chute.
Dans cette recherche, les premiers signes de gravité à rechercher sont ceux liés aux conséquences de la chute et/ou aux pathologies responsables de la chute, nécessitant une prise en charge spécifique immédiate. Automatiquement, les signes de gravité sont en rapport avec :
- les traumatismes physiques : fractures, luxations, hématomes, traumatismes de faciaux, lacérations cutanées,
- l’immobilisation au sol avec séjour au sol supérieur à une heure (rhabdomyolyse, hypothermie, escarres, pneumopathies d’inhalation et déshydratation,
- les signes d’un syndrome post-chute ou de désadaptation psychomotrice, complication fonctionnelle source d’incapacité motrice, psychologique et/ou cognitive totale ou partielle,
- la maladie aiguë responsable de la chute : accidents vasculaires cérébraux, pathologie cardiaque, maladies infectieuses, hypoglycémie chez les diabétiques,
- la récidive : élevé en cas d’augmentation récente de la fréquence des chutes, de nombre de facteurs de risque ≥ 3, de trouble de l’équilibre et/ou de la marche,
- la gravité potentielle liée à une nouvelle chute par l’identification systématique des situations à risque (ostéoporose avérée, prise de médicaments anticoagulants, isolement social et familial),
- les facteurs exposant à un risque de récidive de chute grave : notamment la peur de chuter, la restriction des activités de la vie quotidienne, l’existence d’un syndrome post-chute, la prise en charge interprofessionnelle de la personne âgée.
- Les facteurs de risque de chute
Il existe des facteurs prédisposant à la chute qu’il est nécessaire de rechercher :
- L’âge supérieur à 80 ans,
- Le sexe féminin,
- L’existence éventuelle d’antécédents de fractures traumatiques,
- La polymédication : susceptible d’induire une chute,
- La prise de médicaments cardio-vasculaires,
- La présence d’un trouble de la marche et/ou de l’équilibre,
- Toute anomalie des membres inférieurs : diminution de la force et/ou de la puissance musculaire, arthrose des membres inférieurs et/ou du rachis, anomalie des pieds incluant déformations des orteils et les durillons, troubles de la sensibilité des membres inférieurs,
- Une baisse de l’acuité visuelle
- Un syndrome dépressif.
- Le rôle de l’infirmier
3.1. L’infirmier et les soins infirmiers
C’est Virginia HENDERSON (1897-1996) qui pose véritablement en 1960 les soins infirmiers comme une réponse aux besoins fondamentaux de chaque personne.
Elle définit les soins ainsi : « les soins consistent à apporter à la personne malade, ou en santé, de l’aide dans l’exécution des activités liés à la satisfaction des besoins fondamentaux.
Ces personnes pourraient accomplir ces activités sans aides si elles en possédaient la force, la volonté et les connaissances nécessaires ». C’est le concept des soins infirmiers.
Jean WATSON dit que « les soins infirmiers sont souvent inspirés par le principe de la sollicitude (caring) qui définit le climat du soin et qui selon lui englobe les aspects scientifiques, humanistes, instrumentaux et expressifs ainsi qu’une signification tous indissociables les uns des autres dans l’acte de soins ».
En définitif, l’infirmier se définit come une personne habilitée à donner au malade les soins nécessités par leur état et à participer à diverses actions liées à la préservation de la santé[21].
3.1.1. L’infirmier en service de soins de suite et de réadaptation
Les Soins de Suite et de Réadaptation (SSR) constituent, actuellement, une unité à part entière qui s’occupent de consolider et de réorienter la prise en charge du patient ayant perdu momentanément sa capacité d’autonomie après une situation aiguë pour permettre son retour à domicile ou dans une structure adaptée à sa prise en charge après stabilisation de son état.
D’une manière générale, les soins de suite peuvent être classés selon deux approches[22]:
- soins de suite polyvalents : qui accueillent tout type de patient au terme d’un séjour hospitalier pour une affection aiguë médicale ou chirurgicale.
- soins de suite spécialisés : qui prennent en charge les patients dont l’affection nécessite un suivi médical bien spécifique (orientation gériatrie, orientation cardiologie, orientation nutrition).
Selon l’OMS, la réadaptation se définit par «l’application coordonnée et combinée de mesures dans le domaine médical, social, psychique, technique et pédagogique, qui peuvent aider à remettre le patient à la place qui lui convient le mieux dans la société et/ou à lui conserver cette place »[23]. D’après les décrets 2008-377 et 376 du 17 avril 2008, l’activité de soins de suite et de réadaptation a pour objet de « prévenir ou de réduire les conséquences fonctionnelles, physiques, cognitives, psychologiques ou sociales des déficiences et des limitations de capacité des patients et de promouvoir leur réadaptation et leur réinsertion. Elle comprend, le cas échéant, des actes à visée diagnostique ou thérapeutique ».
Le personnel infirmier tient, sans doute, un des rôles les plus importants au sein de l’équipe des SSR car ce sont ses moyens d’intervention qui font la particularité de l’apport des soins au processus. En effet, il garantit la qualité et la sécurité des soins et s’assure que les droits du patient soient respectés.
Ainsi, ses activités sont classées selon quatre domaines :
- La gestion des soins courants directs et indirects : comprenant
- la continuité des soins
- l’attribution des soins techniques relevant de son rôle propre et sur prescription médicale
- la connaissance des besoins fondamentaux ainsi que les changements physiques et psychologiques des patients
- la mise à jour de la planification des soins
- la délégation aux aides soignants dans la limite de ses compétences reconnues
- l’organisation des examens complémentaires prescrits
- l’organisation d’une « présence continue » : afin de répondre à tout moment aux besoins des patients
- la gestion des informations : par la transmission orale et écrite des informations
- la formation et la recherche : par la participation aux travaux de réflexion et de recherche dans le cadre des démarches d’amélioration continue de la qualité des soins.
Mais surtout et par-dessus tout, il doit revêtir de grandes qualités relationnelles pour bien être à l’écoute de son patient et répondre au mieux à ses besoins.
Ainsi, l’infirmier est un professionnel de santé, dont le métier est de prodiguer des soins infirmiers. Les soins infirmiers sont définis au sens large comme « une attention, une application envers quelqu’un ou quelque chose[24]». Le mot soin prend alors le sens de « moyens par lesquels on s’efforce de rendre la santé à un malade ». Tels que définis par le Conseil international des infirmières, « les soins infirmiers représentent les soins prodigués, de manière autonome ou en collaboration, aux individus de tous âges, aux familles, aux groupes et aux communautés – malades ou bien-portants – quel que soit le cadre ». Un soin est de qualité quand il est délivré de manière courtoise, répond aux besoins du patient et dont le coût est à la hauteur du service demandé.
3.1.2. Cadre législatif
Suivant le code de la santé publique (Décret du 29 Juillet 2004), tous les actes infirmiers y sont référencés. Ils sont définis comme tels :
- rôles propres selon l’article R – 4311-5 : il s’agit d’actes infirmiers visant à assurer le confort et l’éducation de la personne soignée et de son entourage. L’infirmier accompagne la personne soignée dans la réalisation des actes de la vie quotidienne.
De plus l’ensemble des soins liés aux fonctions d’entretien et de continuité de la vie, visant à compenser partiellement ou totalement un manque, une diminution d’autonomie d’une personne ou d’un groupe de personnes, définit le rôle propre de l’infirmier en France.
- rôles sur prescription médicale : selon l’article R – 4311-7 : ce sont des actes infirmiers accomplis sur prescription médicale (administration des traitements médicamenteux, soins techniques physiques, respect des consignes médicales).
Ainsi les soins infirmiers nécessitent les compétences suivantes :
- la qualité technique des gestes réalisés avec dextérité.
- la qualité relationnelle qui est le cœur du soin.
Ces critères permettent la qualité des soins. Ils en existent bien d’autres mais ces deux- là sont fondamentaux.
L’exercice de la profession d’infirmier requiert le sens de l’analyse, de l’organisation, de la réalisation de soins ainsi que leur évaluation, le sens de la contribution au recueil des données cliniques et épidémiologiques et des actions de dépistage. Elle occasionne également la participation à des actions de prévention, de formation et d’éducation à la santé. Ainsi, les soins infirmiers peuvent être préventifs, curatifs ou palliatifs et exigent donc des qualités techniques et relationnelles, mais surtout de la volonté.
L’obligation du devoir est également régie par le code de la Santé Publique sur la continuité des soins : « Dès qu’il a accepte d’effectuer des soins, l’infirmier ou l’infirmière est tenu d’en assurer la continuité, sous réserve des dispositions de l’article R-4312-41 [25]».
Ces critères permettent la qualité des soins. Ils en existent bien d’autres mais ces deux- là sont fondamentaux.
La qualité des soins est définie par le code de la santé publique selon que « les soins infirmiers, préventifs, curatifs ou palliatifs, intègrent qualité technique et qualité des relations avec le malade [26]».
Walter HESBEEN propose cette définition : « Une pratique soignante de qualité est celle qui prend du sens dans la situation de vie de la personne soignée et qui a pour perspective le déploiement de la santé pour elle et pour son entourage. Elle relève d’une attention particulière aux personnes et est animée par le souci du respect de celles-ci ».
En somme, un soin est de qualité quand il est délivré de manière courtoise, répond aux besoins du patient et dont le coût est à la hauteur du service demandé.
3.2. La relation soignant-soigné : une relation d’aide
En France, le cadre règlementaire de la relation d’aide se réfère au code de la santé publique[27]. Dans sa définition la plus simple, le terme relation signifie « la rencontre de deux personnes ». Pour que cette rencontre ait lieu, les deux personnes doivent se reconnaitre et se respecter comme des êtres humains égaux. C’est l’essence des soins infirmiers de la relation du professionnel de santé et d’une personne. Tout naît de cette rencontre. La relation d’aide est le fil conducteur des soins infirmiers, la base de confiance que le soigné met dans le soignant. Il s’agit d’une relation bilatérale et non unilatérale[28].
Cette relation d’aide en soins infirmiers désigne les processus par lesquels l’infirmier va pourvoir prendre le rôle d’aidant auprès d’une personne en difficulté afin de l’aider à surmonter une crise. Elle se différencie de l’aspect relationnel en soins infirmiers. Pour un professionnel, la relation d’aide est avant tout un savoir être. La relation est centrée sur la personne en demande ou en souffrance. Elle permet de l’accompagner dans son parcours de vie. Le point culminant de la relation d’aide est de reconnaître le ressenti de la personne soigné, reconnaître ses affects, ses émotions, c’est la reconnaître en tant qu’être humain.
C’est à Carl ROGERS, dont l’approche repose sur une philosophie humaniste, que nous devons la théorie de la relation d’aide[29]. Dans sa philosophie, la relation avec l’autre est primordiale, elle est un instrument de guérison, mais aussi une aide à la réalisation de soi pour la personne soigné. La relation d’aide est donc un soin.
Il pourra s’agir entre autre d’un accompagnement pour aider un patient dans son face à face avec la réalité, lui donnant les points d’encrages constructifs (besoin, désir et demande de la part du patient). Une relation d’aide entre le soignant qui est l’aidant et le soigné qui est l’aidé est une relation soignant/soigné. Elle se fait habituellement autour d’un soin. Dans le milieu psychiatrique elle doit se positionner surtout lors de l’entretien, en laissant de côté nos perceptions, certaines habitudes sans projection ni interprétation et nos références culturelles. L’objectif étant de comprendre dans un premier temps le ressenti de l’autre, de faire passer l’acceptation de soi par l’autre. Ceci est déterminant car le refus, signifierait rejet, avec le risque de repli du patient.
Avoir réussi à établir un lien avec le patient est donc déterminant dans mon rôle propre qui est un lien utile indispensable de soin.
Selon Walter HESBEEN, le concept du prendre soin désigne « cette attention particulière en vue de venir en aide au patient, de contribuer à son bien-être, de promouvoir sa santé. On observe ainsi combien la concrétisation de cette aide sera tributaire de la représentation que le soignant a de la Santé. L’attention s’inscrit dans la perspective d’apporter de l’aide à la personne, donc d’apparaitre comme un professionnel aidant pour celle-ci dans sa situation singulière et en utilisant les compétences professionnelles qui caractérisent les acteurs de telle ou telle profession ».
D’autre part, selon celui-ci « Le réel respect d’autrui n’est pas fondé sur les différences, mais bien sur l’équivalence de dignité reconnue à chaque personne, quelles que soient leurs caractéristiques. Par essence, les êtres sont tous différents et présentent tous des particularités qui leurs sont propres (…). Il ne s’agit donc pas de respecter la différence de l’autre, mais bien de respecter cette autre en la singularité de son existence. [30]»
Cette relation a pour objet d’apporter une réponse à la souffrance psychologique du patient, en l’aidant à reconnaitre et comprendre ses troubles, à accepter et assumer au mieux sa maladie.
La confiance réciproque du soignant et du soigné doit en général s’obtenir dès le premier contact à l’accueil. L’infirmier doit posséder ces 3 critères : le savoir, le savoir-faire, et également un savoir-être. C’est cet ensemble qui va aider à instaurer une relation de confiance entre le soignant et le soigné. Le soignant doit avoir une attitude gracieuse, aimable, joviale, douce, qui va favoriser l’approche et donc de mise en confiance du patient. L’infirmier doit être disponible pour écouter et créer le climat de confiance indispensable pour une bonne relation.
PROBLEMATIQUE
La théorie de la relation avec le patient contribue à la réalisation pratique du soin centré sur le patient. Toutefois, il est difficile et non évident d’être face à la complexité et la sensibilité en la personne du sujet âgé, situation d’autant plus difficile que ce dernier soit en situation de dépendance, victime de chute ou face à une peur de chuter, qui lui enlève son autonomie, de toutes les manières.
La question se pose alors quant à la mise en application de cette relation d’aide qui unie le patient au soignant, notamment : « Quels sont les concepts liés à la relation soignant-soigné que l’infirmier doit mettre en place pour la prise en charge de la personne âgée? ».
CONCLUSION
Au terme de ce travail, il apparaît clair que la prise an charge des personnes âgées doit être plus considérée. L’augmentation perpétuelle des sujets âgés et le vieillissement de la population confirment cette réalité. En effet, de par le vieillissement, processus physiologique par lequel tout homme doit passer, se reflète comme étant une fatalité à la race humaine mais qui la rattrape dans son désir de développement tendant à négliger les personnes âgées. Le problème apparaît d’autant plus important que la population française est vieillissante, et implique également la population soignante.
Dans ce sens, la réalité de la vie quotidienne de ces personnes âgées est représentée par les chutes, les chutes qui marquent à la fois le vieillissement physique et les incapacités psychiques à s’auto-assurer à l’avenir. A cet effet, les chutes, même anodines et sans grande conséquence, représente un traumatisme important pour la personne âgée qui la subit.
C’est d’ailleurs pour cela que tous les moyens doivent être mis en œuvre pour le confort de cette catégorie de personnes. Le rôle de l’infirmier, en SSR, est particulièrement mis en avant dans l’accompagnement de la prise en charge de cette perte d’autonomie, à la fois technique mais surtout psychique et psychologique.
Au regard de tout cela il apparaît, particulièrement, difficile d’appréhender l’avenir de la santé en France, que cela soit en termes de population que de prise en charge, sans parler des dépenses de santé qui se verront certainement augmentées. Il y a donc ici uns piste en termes d’amélioration, notamment dans les compétences techniques, mais aussi sur le côté humain du soin. Dans ce sens, le concept d’humanitude commence, de nos jours, à émerger en termes de prise en charge du patient. Ceci constituerait d’ailleurs un prolongement logique à une étude ultérieure de notre travail.
GLOSSAIRE
AGGIR : Autonomie, Gérontologie, Groupe Iso-Ressources
APA : Allocation Personnalisée d’Autonomie
EHPAD : Établissement d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes
INPES : Institut National de Prévention et d’Education pour la Santé
INSEE : Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques
GIR : Groupe Iso-Ressources
MMS : Mini Mentale State
OMS : Organisation Mondiale de la Santé
SSIAD : Services de Soins Infirmiers A Domicile
SSR : Soins de Suite et de Réadaptation
BIBLIOGRAPHIE
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- SEN A. (2002) : Ethique et Economie, Puf, Paris
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- Dictionnaire Hachette Edition illustrée du 6 Février 2005, ligne 10, p 819
- GE Santé, Soins de Suite : Classification, www.soins-de-suite.info, Communication 2006- 2012
- ANAES, Soins de suite et de réadaptation, Définition, Champ règlementaire des établissements des SSR, Paris, p.2-3.
- ANADI, les soins infirmiers selon la classification NIC/NOC, 2004
- Walter HESBEEN, La réadaptation, Aider à créer de nouveaux chemins. Editions Sell Arslan, 2001, p23.
- L’article R-4312-30 du décret du 29 Juillet 2004 du code de la Santé Publique relatif aux rôles infirmiers.
- Code de la Santé Publique relatif à l’exercice de la profession, article R 4311-2, 2004.
- Article R.4311-5 du livre III auxiliaires médicaux profession infirmier chapitre premier section 1. Acte professionnel ou décret n° 2004-802 du 29 Juillet 2004
- Source Wikipédia encyclopédie livre : www.wikipedia.org / fr.wikipedia.org/wiki/relation-d-aide-en-soins-infirmiers + autre source Hildegarde
- Carl ROGERS, La relation d’aide et la Psychothérapie Editions Sociales Françaises, Paris, 1970
- has-sante.fr.
ANNEXES
QUESTIONS A POSER AFIN DE RECHERCHER LES SIGNES DE GRAVITE[31]
Il est recommandé, en cas en chutes répétées, de poser systématiquement des questions standardisées afin d’identifier un ou des signes de gravité.
Pour rechercher les signes de gravité à l’interrogatoire, il est recommandé de poser à la personne âgée et/ou à son entourage proche des questions visant à identifier :
– les conséquences de la chute,
– la pathologie responsable de la chute et
– le risque et le terrain à risque de chute grave.
Elles portent sur la dernière chute, mais aussi sur celles dont se souviennent le chuteur et/ou son entourage, notamment celles survenues en présence de témoins.
- Questions portant sur les conséquences de la chute :
- Y a-t-il eu un traumatisme physique ?
- Le séjour au sol a-t-il dépassé une heure ?
- La personne a-t-elle pu se relever seule après la chute ?
- La personne a-t-elle pu se tenir debout sans aide après la chute ?
- La personne a-t-elle peur de faire une nouvelle chute ?
- Questions portant sur la pathologie responsable de la chute :
- Y a-t-il eu un malaise et/ou une perte de connaissance au moment de la chute ?
- Y a-t-il eu un déficit neurologique sensitivomoteur constitué ou transitoire ?
- Y a-t-il eu un trouble de la conscience ?
- Y a-t-il eu un vertige (en donnant la définition du vertige au patient : sensation erronée de déplacement rotatoire de l’espace ou du corps dans l’espace) ?
- Y a-t-il eu un état fébrile ou une pathologie infectieuse précédant la chute ?
- Y a-t-il eu prise d’un médicament hypoglycémiant ?
- Questions portant sur le risque et le terrain à risque de chute grave :
- Y a-t-il eu une augmentation de la fréquence des chutes ces dernières semaines ?
- La personne a-t-elle une ostéoporose sévère ?
- La personne prend-elle un (ou des) médicament(s) anticoagulant(s) ?
- La personne vit-elle seule ?
- La personne a-t-elle des aides à domicile ?
Examen clinique à faire afin de rechercher les signes de gravité ?
Pour rechercher les signes de gravité, il est recommandé de faire systématiquement un examen clinique ciblé à toute personne faisant des chutes répétées (grade C). Cet examen doit rechercher :
- les signes cliniques liés aux conséquences de la chute :
– rechercher des douleurs aiguës à la palpation du rachis, des côtes, des membres inférieurs, une impotence fonctionnelle et/ou une déformation d’un membre inférieur, un trouble de la conscience, et/ou un traumatisme de la face, et/ou une lacération cutanée de grande taille et/ou dépassant l’hypoderme,
– examiner la capacité à maintenir une posture stable en position debout, en condition statique et dynamique, en évaluant la rétropulsion, l’appréhension à la station debout et la présence d’une rigidité oppositionnelle ou extrapyramidale axiale et/ou généralisée,
– réaliser deux tests fonctionnels standardisés et chronométrés évaluant la marche et l’équilibre;
- les signes cliniques liés à la pathologie responsable de la chute :
– ausculter le cœur et les poumons,
– rechercher un déficit neurologique sensitivomoteur, un syndrome extrapyramidal et une ataxie à l’aide d’un test de Romberg,
– mesurer la température corporelle.
Cet examen clinique est recommandé quel que soit le contexte de la chute et quel que soit le lieu de prise en charge. Il n’existe pas de données suffisantes permettant de recommander une hiérarchisation des différents items proposés ci-dessus. Il pourra être complété en fonction des signes d’appel et des particularités liées aux antécédents ou au tableau clinique au moment de la chute.
Examens paracliniques à demander pour rechercher les signes de gravité ?
Pour rechercher les signes de gravité, il est recommandé de faire les examens complémentaires suivants à toute personne faisant des chutes répétées :
- s’il y a une douleur aiguë et/ou une impotence fonctionnelle : faire des radiographies osseuses de la zone considérée ;
- si la personne est restée au sol plus d’une heure : doser les CPK et la créatinine sérique ;
- s’il y a une notion de malaise et/ou une perte de connaissance : faire un ECG standard 12 dérivations ;
- si la personne est diabétique : mesurer la glycémi
Il est recommandé de ne pas faire une imagerie cérébrale en dehors d’une indication précise reposant sur les données de l’examen clinique.
LES CRITÈRES D’ÉVALUATION DE LA GRILLE AGGIR
L’évaluation se fait sur la base de dix critères relatifs à la perte d’autonomie physique et psychique. Seules ces dix variables, dites discriminantes, sont utilisées pour le calcul du GIR :
- Cohérence : converser et/ou se comporter de façon sensée ;
- Orientation : se repérer dans le temps, dans les moments de la journée et dans les lieux publiques;
- Toilette : se laver seul ;
- Habillage : s’habiller, se déshabiller, se présenter ;
- Alimentation : manger les aliments préparés ;
- Élimination : assumer l’hygiène de l’élimination urinaire et fécale ;
- Transferts : se lever, se coucher, s’asseoir ;
- Déplacements à l’intérieur du domicile ou de l’établissement : mobilité spontanée, y compris avec un appareillage ;
- Déplacements à l’extérieur : se déplacer à partir de la porte d’entrée sans moyen de transport ;
- Communication à distance : utiliser les moyens de communication, téléphone, sonnette, alarme…
Sept autres variables sont également évaluées, sans toutefois intervenir dans le calcul du GIR:
- Gestion : gérer ses propres affaires, son budget, ses biens ;
- Cuisine : préparer ses repas et les servir ;
- Ménage: effectuer l’ensemble des travaux ménagers ;
- Transport : prendre et/ou commander un moyen de transport ;
- Achats : acquisition directe ou par correspondance ;
- Suivi du traitement : se conformer à l’ordonnance du médecin ;
- Activités de temps libre : pratiquer des activités sportives, culturelles, sociales, de loisirs ou de passe-temps.
Seuls les quatre premiers GIR de la grille nationale permettent de bénéficier de l’APA.
Toutefois, les personnes classées en GIR 5 et 6 peuvent néanmoins prétendre au versement de prestations d’aide ménagère, soit via leur régime de retraite soit par l’aide sociale départementale.
L’évaluation se fait sur la base de dix-sept variables
– Dix variables dites « discriminantes »se rapportent à la perte d’autonomie physique et psychique sont utilisé pour le calcul du GIR : Cohérence, orientation, toilette, habillage, alimentation, élimination, transfert (se lever, se coucher, s’asseoir), déplacement intérieur extérieur, communication à distance.
– Sept variables dites « illustrative » : Elles concernent la perte d’autonomie domestique et sociale. Ces variables n’entrent pas dans le calcul du GIR mais apportent des informations utiles à l’élaboration du plan d’aide : gestion personnelle de son budget et de ses biens, cuisine, ménage, transport, achats, suivi du traitement.
Chacune de ces variables se déclinent en trois degré d’appréciations :
A : fait seul les actes quotidiens
B : fait partiellement
C : ne fait pas
GUIDE DE QUESTIONNEMENT DE L’ENQUETE
Question n°1 : Par quel moyen évalue-ton la dépendance de la personne âgée ?
Question n°2 : Comment se fait l’annonce lorsque le patient est en situation de perte d’autonomie ?
Question n°3 : Avez-vous une prise en charge spécifique d’accueil de la personne âgée le premier jour ?
Question n° 4 : Quelles sont les activités réalisées dans votre service ?
[1] Chutes des personnes âgées, http://www.invs.sante.fr/publications/2005/accidents_vie_courante/accidents_vie_courante.
.
[2] M. DUEE, C. REBILLARD, « La dépendance des personnes âgées : une projection en 2040 », Données sociales, Insee, 2006.
[3] OMS, Classification des concepts de déficience, incapacité et handicap, 1980.
[4] AGGIR, www.capretraite.fr, 2012.
[5] www.larousse.fr
[6] GUILLET P. (2007) : Le dialogue des âges, Histoires de bien vieillir, coll. Sur le champ, Gallimard.
[7] HAUTENAUVE L. (2007) « Témoignages : L’intime », Gérontologie et Société, n° 122, septembre, p 211.
[8] SEN A. (2002) : Ethique et Economie, Puf, Paris
[9] WHO, Dossier de l’Organisation mondiale de la santé, relatif aux personnes âgées, 2012.
[10] LAUZON S. et ADAM E. : La personne âgée et ses besoins. Seli Arslan, Paris, 1997.
[11] M. DUEE, C. REBILLARD, La Dépendance des personnes âgées : une projection en 2040, Données sociales – La société française, édition 2006, p. 613-614
[12]DURKHEIM E., Les règles de la méthode sociologique, 1895.
[13] Y. DELOMIER, Le vieillard dépendant-approche de la dépendance. Revue de la gérontologie 1973, N°12, Septembre 1973, p.9.
[14] A. MEMMI, La dépendance, Paris, Editions Gallimard, 1979.
[15] J. ALLARD – Chutes. In ARCAND M., HÉBERT R. (ed) Précis pratique de gériatrie. 111-121. Edisem, Québec, 1987.
[16] Infor Santé – La prévention des chutes à domicile, dossier à l’attention des aides familiales. Mutualité Chrétienne St Michel, Bruxelles, 1995.
[17] Les causes des chutes chez les personnes âgées, www.sante.axaprevention.fr, 2010.
[18]Chutes personnes âgées : un accident fréquent aux conséquences graves, www.minifone.fr.
[19] Les conséquences des chutes chez les personnes âgées, www.sante.axaprevention.fr, 2010.
[20] Société Française de Gériatrie et de Gérontologie, HAS, Évaluation et prise en charge des personnes âgées faisant des chutes répétées, Recommandations, 2009.
[21] Dictionnaire Hachette Edition illustrée du 6 Février 2005, ligne 10, p 819.
[22] GE Santé, Soins de Suite : Classification, www.soins-de-suite.info, Communication 2006- 2012.
[23] ANAES, Soins de suite et de réadaptation, Définition, Champ règlementaire des établissements des SSR, Paris, p.2-3.
[24] ANADI, les soins infirmiers selon la classification NIC/NOC, 2004
[25] L’article R-4312-30 du décret du 29 Juillet 2004 du code de la Santé Publique relatif aux rôles infirmiers.
[26] Code de la Santé Publique relatif à l’exercice de la profession, article R 4311-2, 2004.
[27] Article R.4311-5 du livre III auxiliaires médicaux profession infirmier chapitre premier section 1. Acte professionnel ou décret n° 2004-802 du 29 Juillet 2004
[28]Source Wikipédia encyclopédie livre : www.wikipedia.org / fr.wikipedia.org/wiki/relation-d-aide-en-soins-infirmiers + autre source Hildegarde PEPLAU.
[29] Carl ROGERS, La relation d’aide et la Psychothérapie Editions Sociales Françaises, Paris, 1970
[30] Walter HESBEEN, La réadaptation, Aider à créer de nouveaux chemins. Editions Sell Arslan, 2001, p23.
[31] www.has-sante.fr.
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