docudoo

La poupée artistique, objet fétiche ou objet transitionnel (à travers les poupées d’Oskar Kokoschka, Hans Bellmer, Louise Bourgeois et Niki de Saint Phalle)

La poupée artistique, objet fétiche ou objet transitionnel (à travers les poupées d’Oskar Kokoschka, Hans Bellmer, Louise Bourgeois et Niki de Saint Phalle)

 

INTRODUCTION

 

Par définition, une poupée est un jouet qui peut avoir une figure humaine, destiné aux petites filles. Une poupée artistique par contre, comme son nom l’indique est un objet d’art qui est réalisée sous forme de pièce unique ou juste en petit nombre et qui fait généralement l’objet de collection.

Les poupées artistiques sont très appréciées dans certains pays, notamment au Japon, aux Etats-Unis, en Allemagne, en Angleterre… Les plus intéressés par ces objets sont surtout les collectionneurs. La particularité de ces poupées est qu’elles sont imaginées et créées par des artistes. En plus les matériaux utilisés pour les réaliser peuvent être bien variés, il peut s’agir de porcelaine, de tissus, de matériaux synthétiques, de papier mâché, de bois… Ce sont des objets qui requièrent beaucoup d’originalité et de créativité de la part de l’artiste.

Ainsi, on peut trouver plusieurs catégories de poupées artistiques. Quelquefois, il est difficile de discerner une poupée qui va servir de jouet à un enfant d’une poupée artistique qui va servir d’objet d’art car elles peuvent parfois présenter quelques similarités.

Une question se pose alors de savoir : pourquoi les gens portent-ils autant d’intérêt à ses poupées artistiques ? A quoi ces objets peuvent-ils bien servir pour qu’on y attache autant d’importance dans ces pays là ? Pour répondre à ces questions, il est nécessaire d’avoir une vision particulière qui permettrait de donner des explications précises sur le sujet.

Plusieurs auteurs ont essayé de soumettre leur point de vue à ce sujet. Chacun évoque une vision différente de l’utilité, des effets et des principales attributions de la poupée artistique. A travers cet écrit, nous aurons ainsi la possibilité de comparer les diverses perceptions et de répondre à la problématique : la poupée artistique est-elle plutôt un objet fétiche ou un objet transitionnel. Notre analyse portera donc surtout sur des critiques psychanalytiques puisque c’est grâce à cela qu’on pourra mieux expliquer chaque vision.

Dans un premier temps, nous analyserons d’après un point de vue psychanalytique la poupée considérée comme un objet fétiche, après lorsqu’elle est considérée comme un objet transitionnel. Nous pourrons ensuite voir de près et critiquer les œuvres de quelques auteurs à cet effet. Nous terminerons par déterminer la perception de cette poupée artistique aujourd’hui, dans le monde moderne.

 

 

Première Partie : Analyse du cas

  1. Analyse critique sur les œuvres des auteurs

Dans cette première partie, nous allons d’abord apporter des généralités, ensuite on continuera à entrer plus en détails avec des visions plus psychanalytiques sur le thème en question. Après avoir abordé une analyse plus globale, nous verrons un à un les points de vue de quatre auteurs qui ont élaborés des œuvres se rapportant aux poupées. Cette analyse critique nous permettra par la suite d’en tirer les points communs, les similarités entre les idées ainsi que les contradictions possibles.

  1. La poupée en tant qu’objet fétiche du point de vue psychanalytique

 

  1. Définition du fétichisme :

Par définition, un objet fétiche est un objet auquel on attribue des vertus magiques[1]. Pour d’autres c’est le nom qu’on donne aux objets chers aux peuples primitifs ou aux choses qui sont chez eux un objet de culte. Il désigne également tout objet auquel on attribue avec superstition la propriété de porter bonheur.[2] D’une manière générale, c’est donc un objet qui possède que l’on chérit du fait d’un pouvoir qu’on lui attribue et qui produit un effet positif sur notre vie.

Le fétichisme, dans le sens global du terme, fait référence au culte d’un objet fétiche. Au sens figuré, il relate une confiance aveugle que certains individus inculquent à des gens comme leurs partisans, leurs élèves, leurs disciples… C’est une valeur plus forte donc que le respect d’un chef de groupe, elle va au-delà puisqu’on a plutôt à faire avec de l’adoration et une loyauté sans limite.

D’un tout autre point de vue, le fétichisme renvoie à une déviation sexuelle qui consiste à considérer une partie du corps ou un objet qui n’ont pas en eux-mêmes de pouvoir érotique comme objet sexuel. [3]

Le point commun  à toutes ces définitions est qu’un objet fétiche peut prendre différentes formes selon les croyances et les habitudes de chaque individu. Un simple objet pour la majorité des gens peut donc être un objet fétiche pour certains et avoir une très grande importance dans sa vie.

 

  1. Les objets fétiches

Aussi vrai que le fétichisme peut prendre plusieurs formes, les objets fétiches peuvent se présenter sous plusieurs formes. Chez l’enfant, un objet fétiche n’a pas la même signification que l’objet fétiche que les adultes considèrent pendant l’acte sexuel. En effet, pour un enfant, c’est un objet qui est très important pour lui, qui peut le suivre partout où il va et sans quoi il ne sent pas à l’aise. Cet objet peut être un nounours, un mouchoir, une poupée… Pour certains enfants, le sentiment qu’ils portent à l’égard de cet objet peut être d’une très grande importance. Dépendant de l’enfant, l’objet fétiche peut être réclamé tout le temps ou seulement dans des situations particulières comme par exemple lorsqu’il va dormir.

Lorsqu’on parle de fétichisme de nature sexuel ou érotique par contre, les objets fétiches sont les objets qui peuvent procurer des plaisirs soit par un contact seulement visuel, soit par contact physique. Cela peut être des chaussures, des vêtements, des lingeries… L’intérêt de l’objet ici est donc d’accroître l’excitation sexuelle.

Pour les personnes superstitieuses, les objets fétiches peuvent également avoir une signification différente. En effet, elles estiment que ces objets peuvent leur apporter la chance, le bonheur ou les protéger du malheur. Dans ce cas, il peut s’agir d’un fer à cheval, d’une patte de lapin… Dans ce cas ci, c’est la croyance qui détermine l’intérêt important que l’on porte à cet objet.

Il est évident que dans tous ces cas, le point commun de l’objet fétiche est l’importance qu’on lui accorde et un certain besoin de l’objet dans un moment particulier.

 

  1. Le fétichisme et la psychanalyse :

Le psychanalyste autrichien Sigmund Freud a sorti une définition du fétichisme d’un point de vue psychanalytique. Selon lui, le fétichisme est lié à l’animisme et à une conception magique du monde. En plus de cela, c’est également une expression sexuelle dans la mesure où c’est une composante de l’érotisme[4].

Freud a établit une théorie psychanalytique comme quoi le fétichisme résulte d’un sentiment de manque chez un sujet ; notamment d’un point de vue sexuel, l’objet fétiche va servir de substitut à un organe que le sujet ne possède pas. En effet, il paraît que le fétichisme est lié au phénomène de castration c’est-à-dire à un certain « manque » de la femme, le fétichiste utilise donc le fétiche pour remplacer l’organe absent. D’après lui donc, le fétichisme serait la plupart du temps exclusivement masculin.

La psychanalyse explique donc le fétichisme par le complexe de castration. Freud a émis une théorie telle que le fétichiste a tellement peur de la castration qu’il est obligé de croire que les femmes possèdent également un pénis, même s’il sait pertinemment que ce n’est pas vrai. L’objet fétiche va donc représenter ce pénis féminin qui manque en agissant comme un tranquillisant.[5]

Néanmoins, cette hypothèse n’est pas toujours validée puisqu’il existe de nombreuses formes de fétichisme. Ce dont on peut en tirer c’est que l’objet fétiche sert donc à combler un manque pour pouvoir ressentir un bien-être.

 

  1. La poupée en tant qu’objet fétiche

Premièrement, si on parle donc d’une simple poupée qui va servir de jouet, elle peut devenir un objet fétiche pour l’enfant dans la mesure où cette poupée est chère à l’enfant. Mais cela ne s’arrête pas là, tous les enfants peuvent jouer à la poupée sans pour autant que celle-ci devienne un objet fétiche. L’objet fétiche va au-delà d’un simple jouet, ça peut être un moyen pour l’enfant de s’affirmer et de se construire une personnalité. C’est un objet qui lui procurera un sentiment de sécurité, de confort et de plaisir.

Pour une enfant, la poupée peut devenir bien plus qu’un simple jouet. Elle peut être une sorte de personnage qu’elle associe à une personne de son entourage ou à elle-même. Par exemple, lorsqu’elle borde la poupée, elle fait une sorte de projection avec une mère qui borde son enfant. Bref le fait qu’elle s’occupe de cette poupée le renvoie à une mère qui s’occupe de son enfant et plus précisément sa mère en s’occupant d’elle.

Ainsi, dans le cas où on lui enlève cet objet, ça crée un sentiment de manque, d’instabilité dans sa vie, de la tristesse ou de la frustration.

Deuxièmement, si on ne parle plus de la poupée en général mais des poupées spécifiques à certains pays, communautés ou culture, la signification de l’objet en tant que fétiche est vraiment différente. Prenons par exemple la poupée de vengeance qui existe dans certaines tribus africaines[6]. Ces fétiches africains sont des objets utilisés en magie noire et destinés à nuire à quelqu’un en portant atteinte à son corps, à ses biens, à sa réputation… et même à sa vie. Cette poupée fabriquée en terre cuite est faite pour être cassée par la suite ou être percée par une aiguille au niveau du cœur. La véracité de ces rites n’a pas encore été prouvée scientifiquement, toutefois, il y a eu des cas où la personne ciblée, se trouvant en état consciente, meurt à la suite d’un dysfonctionnement de l’appareil circulatoire, suivi d’une hypotension. Ici, la poupée semble donc être investi de pouvoir maléfique que lui attribue celui qui l’utilise.

Troisièmement, si on considère le fétichisme sexuel, la poupée devient un objet par lequel l’individu est attiré, cette attirance peut se manifester par un désir de se donner à un acte sexuel avec la poupée, un contact entre les poupées elles-mêmes ou même un plaisir sexuel ressenti juste à l’idée d’une transformation d’une autre personne ou de la personne même en poupée. Il peut également s’agir uniquement de fantasme.

 

  1. La poupée en tant qu’objet transitionnel du point de vue psychanalytique

 

  1. Définition de l’objet transitionnel :

L’objet transitionnel se définit comme étant un objet que le jeune enfant utilise pour se construire une présence rassurante.[7] Selon Donald  Winnicott, c’est le premier objet que l’enfant possède et qu’il ne partage avec personne d’autre. Cet objet ne fait pas partie du corps du bébé mais il ne peut pas encore concevoir ce qui appartient à l’environnement, c’est d’ailleurs pour cela que cet objet est appelé transitionnel. Toutefois, l’enfant peut déjà créer, inventer, imaginer et concevoir l’objet et en même temps exprimer une relation affectueuse.

Cet objet se définit comme transitionnel puisqu’il permet le passage d’un état subjectif vers un état objectif. En effet, lorsque l’enfant sera plus grand, il commencera à lâcher peu à peu la relation qui le lie à cet objet au profit des jouets et à d’autres activités. Vu que la maturation du cerveau n’est pas encore faite, l’enfant a besoin d’avoir quelque chose à portée de main pour le rassurer.

Appelé aussi « doudou » dans la vie quotidienne, cet objet devient une nécessité pour l’enfant lorsque la mère n’est plus aussi présente que lors des premiers mois de l’enfant. Cela permet alors de l’aider à surmonter l’absence de sa mère, de se consoler, de l’aider à dormir et de se sentir en sécurité et rassuré même si sa mère n’est pas là.

  1. Les types d’objets transitionnels :

L’objet peut être de différentes formes : un jouet, une tétine, une peluche, un mouchoir, un bout de tissu…,  peu importe du moment que cette chose puisse aider l’enfant à franchir une étape de sa vie où tout est encore nouveau pour lui. Généralement, c’est un objet banal, la plupart du temps ayant une texture douce, qu’on a introduit dans son environnement de manière intentionnelle mais qui devient par la suite pour lui quelque chose dont il ne peut plus se passer.

Il peut arriver que ce doudou engendre des désagréments pour les autres, par exemple du fait de sa saleté ou d’une odeur qui s’y dégage, et pourtant, pour l’enfant cela ne signifie pas la même chose pour l’enfant. Pour lui, cet objet le rassure car il le connaît très bien, et même ces inconvénients comme l’odeur ou la saleté, il les associe déjà à l’objet en question.[8]

La perte de cet objet peut s’avérer être un vrai drame pour l’enfant. La capacité à surmonter cette étape peut être différente pour chaque enfant. En effet, le sentiment affectueux qui le lie à cet objet peut devenir si important qu’il en devient si dépendant. Pour certains, par contre,  cette perte peut devenir le début d’une nouvelle étape de sa vie et le faire abandonner carrément cet objet.

Les objets transitionnels présentent des caractéristiques communes même si chaque enfant choisit le sien [9]:

  • D’abord l’objet peut être lié au sevrage même si dans certain cas, il est présent bien après la fin de cette étape.
  • Ensuite, c’est l’enfant lui-même qui le choisi et il n’est pas changeable
  • L’objet devrait disposer d’une certaine chaleur, être assez consistant, être mobile, pouvant émettre une vitalité et une réalité propre à lui
  • L’enfant devra être capable de le manipuler puisqu’il ne s’agit pas d’une hallucination
  • Dans certains cas, cet objet peut devenir un objet fétiche et être présent dans la vie de la personne même en étant adulte

 

  1. L’objet transitionnel et la psychanalyse :

Donald  Winnicott était un pédiatre qui a développé cette notion d’objet transitionnel. Cette notion, selon lui, appartient au domaine de la psychanalyse dans la mesure où l’objet transitionnel agit comme un substitut maternel pour l’enfant, c’est un objet qui lui ne fait pas partie de son corps mais qui lui appartient.

L’absence de la mère, même pour juste quelques instants peut susciter une angoisse pour l’enfant. L’objet transitionnel prend donc une place de l’illusion qui va aider l’enfant grâce à une présence symbolique de sa mère.

Winnicott a longuement étudie la relation entre la mère et son enfant. Ainsi, il a pu remarquer que lorsqu’un enfant veut exprimer sa faim, il pleure, crie ou grogne… et il sait par expérience qu’il va avoir droit incessamment au sein de sa mère ou au biberon. A ce moment là, l’enfant peut commencer à croire que ce sein peut faire partie de lui car il peut l’avoir à chaque fois qu’il le veut car le sein qu’il a fantasmé crée en lui une certaine illusion qui ne lui permet plus de différencier la réalité intérieure et extérieure. C’est cette illusion qui se situe donc entre la subjectivité et l’objectivité, la zone est aussi appelée espace transitionnel. L’objet transitionnel conduit donc l’enfant d’un état fusionnel avec sa mère vers un monde distinct de lui.[10] Grâce à cet objet, l’enfant se sent en confiance puisqu’il se trouve dans un domaine d’expérience déjà vécue. En effet, l’enfant se trouve entre deux mondes qu’il ne cerne pas encore très bien : le monde intérieur qui se résume à son corps et le monde extérieur qui est tout l’environnement qui l’entoure. La fonction de l’objet transitionnel est de servir de pont entre ces deux mondes pour que l’enfant sorte de lui-même.[11]

Une fois que l’enfant sera plus apte à porter de l’intérêt pour d’autres choses et être plus imaginatif, il se détachera peu à peu de l’objet transitionnel et commencera les diverses étapes d’apprentissage. Le concept de l’objet transitionnel s’inscrit donc dans un modèle psychanalytique qui explique l’état de transition pour passer d’un état à un autre.

 

  1. La poupée en tant qu’objet transitionnel:

Pour l’enfant, l’objet transitionnel peut donc être une poupée. Généralement, c’est une poupée en chiffon car d’après les descriptions ci-dessus, l’objet devrait être doux et facile à manipuler. Initialement, la poupée a pour vocation d’être un jouet pour les petites filles. Mais pour l’enfant en bas âge qui ne peut pas encore concevoir le concept du jeu, la poupée, sera considérée comme objet transitionnel dans la mesure où c’est ce qu’il aura choisi. Il ne jouera pas avec elle, il se contentera de la sucer et de la mordiller et la considèrera comme un petit morceau de sa mère.

A fil des temps, lorsque l’enfant grandit, la poupée ne représentera plus la même chose pour l’enfant. En effet, une fois que le cerveau de l’enfant commence à interpréter ce qu’il observe, il pourra se rendre compte de la similarité qui existe entre l’anatomie de la poupée et son anatomie. La petite fille commencera alors par imiter ce que font les grandes personnes en l’appliquant sur sa poupée, elle va la coiffer, la changer, la border…

Ainsi, au fur et à mesure de la croissance de l’enfant, la poupée aura une signification différente pour elle. Dépendant des périodes et de l’environnement auquel l’enfant est exposé, la poupée peut devenir pour les petites filles un objet de soin de beauté, des figurines d’histoires, …

D’un point de vue assez différent, on peut parler de la poupée d’empathie ou poupée « reborn ». Ces poupées, ressemblant réellement à de vrais bébés sont utilisées dans les traitements de la maladie d’Alzheimer. Dans le cadre d’une thérapie alternative, la poupée va donc jouer un rôle d’objet transitionnel qui permettra au sujet de retrouver des souvenirs ou des émotions. Les études ont démontré que la poupée aide la personne à calmer ses angoisses, le rassurer et le responsabiliser. Plusieurs maisons de retraite Alzheimer ont déjà recours à ses poupées et les résultats sont assez intéressants.

 

  1. Analyses critiques

A partir de maintenant nous parlerons davantage des poupées artistiques et de ce qu’elles représentent. Pour ce faire, l’analyse critique portera sur les œuvres de quatre personnes qui ont chacun leur point de vue à ce sujet. Mais avant d’entrer en détail sur ces œuvres relatives aux poupées, il est nécessaire de relater une petite biographie de la personne ainsi qu’une généralité sur toutes ses œuvres.

  1. Louise Bourgeois

 

  1. Ses œuvres et son histoire

Louise Bourgeois était une artiste française qui a été naturalisée américaine ayant épousé un historien d’art américain. Etant à la fois plasticienne, elle était surtout célèbre pour ses sculptures.

Née en 1911 à Paris, elle y passe toute son enfance auprès de ses parents, d’un frère et d’une sœur. Ses parents avaient comme activité la restauration des tapisseries anciennes et pourtant elle a toujours nié que cela n’était pas déterminant pour sa carrière. Elle a commencé toute petite à aider ses parents dans leurs affaires en faisant des dessins pour les tapisseries. Il arrivait qu’elle remplace le dessinateur attitré lorsque celui-ci était absent et ça lui procurait un sentiment d’être utile au sein de la famille. [12]

Une histoire a marqué son enfance, le fait d’avoir remarquer la relation intime qui existait entre son père et sa nounou anglaise alors que sa mère laisser passer. Elle s’est alors sentie humiliée et dévalorisée par son père et s’est comparée à Eugénie Grandet. Cette histoire est déterminante dans sa vie puisqu’elle s’adonnera plus tard dans un engagement féministe.

Ayant fait des études en mathématiques supérieures après le baccalauréat, elle croyait que cela remettrait un peu plus d’ordre et de logique dans sa vie. Mais finalement, elle trouvait que sa vie familiale présentait trop de tensions et lui provoquait de l’anxiété. Pour sortir de cette constante anxiété, elle décida alors de commencer à étudier l’art à Paris et a continué dans plusieurs établissements et grandes écoles d’art avec des professeurs qui étaient des artistes de renom.

En 1938, elle épouse un historien d’art américain et s’installe à New York avec lui. Elle commence alors à côtoyer le milieu des surréalistes et c’est le début d’une longue carrière artistique.

Ses premières œuvres, notamment des dessins, des peintures et des gravures étaient en relation avec la procréation, la naissance et la maternité. Il s’agissait par exemple d’un buste en brique, d’une cage thoracique en forme d’escalier et de porte, d’une maison à colonne sur les épaules… Bref, elle aimait bien mélanger l’anatomie avec l’architecture et adorait le concept de « femme-maison ». Elle a fait sa première exposition personnelle à New York en 1945 en présentant douze peintures. La particularité de ces peintures résidait dans ses goûts pour associer des éléments incongrus comme par exemple un corps de femme qui se termine par une maison. Certains conservateurs ont affirmé que ces mélanges du géométrique et de l’organique, d’une certaine rigidité avec de la malléabilité représentent la structure psychique de Louise qui est faite de contrastes.

Louise s’est surtout consacrée à la peinture au début, en 1947, elle commence à s’intéressée à la sculpture. Elle commença par des œuvres qui avaient un aspect de totems sinueux et lisses, qui résultent de son entourage surréaliste. L’intérêt pour le totem en bois résulte d’un sentiment de manque de sa part puisqu’elle se trouve loin de sa famille et de ses anciens amis qu’elle a laissé en France. Elle commence alors à créer des personnages avec les totems qui, selon la forme américaine, permet d’exorciser le mal du pays.[13]Pour Louise, la sculpture est un moyen de relier l’environnement et les œuvres entre elles.

Les œuvres de l’artiste à cette époque relataient la verticalité et une certaine rigidité car elle utilisait le bois de séquoia pour travailler. Un peu plus tard, elle commence à utiliser des matériaux plus souples comme le plâtre et le latex. A partir de là, la tendance de ses œuvres vire à des œuvres biomorphiques et des œuvres en relation avec le nid, le refuge. Elle a commencé également à travailler sur des œuvres qui impliquent les parties sexuelles du corps humain notamment la forme du pénis ou les seins.

Au début, elle ne faisait pas trop d’exposition de ses œuvres personnelles, ce n’est qu’à partir des années 70 qu’elle commence à vraiment apprécier ce qu’elle fait. Elle s’intéresse à des thèmes qui deviennent toujours présents, à savoir : la sexualité, la féminité, la solitude, la famille, l’adolescence… Après la mort de son mari et de son père, elle va commencer à connaître le succès grâce à ses œuvres qui sont maintenant réalisées avec des objets et des matériaux très variés.

Le principe de l’œuvre de Louise Bourgeois repose en grande partie sur la métamorphose qui explique l’ambiguïté des matériaux, des formes et du sens. Même dans les années 90, Louise n’arrêtait pas de réaliser des œuvres spectaculaires comme les chambres magiques appelées « les Cells ». Cette œuvre représente beaucoup d’objets qui lui sont proche et qui suscitent en elle beaucoup de souvenirs.

L’araignée est également une figure qui revient fréquemment dans les œuvres de Louise. En fait, elle identifie sa mère avec une immense araignée qui est pour elle un symbole des tapisseries que sa mère réparait, représenté par l’araignée qui tisse sa toile et tout ce qui s’y rattache.

Grâce à ses œuvres, Louise voudrait que ses spectateurs puissent revivre des anciennes peurs qui sont en relation avec des fureurs de figures parentales, puis de transformer cette angoisse en un vrai plaisir esthétique avec la sublimation artistique que produit l’œuvre en question.

Les œuvres de Louise reposent souvent sur des théories émises par des psychanalystes. En effet, une de ses œuvres, intitulées « I do, I undo, I redo, je fais, je défais, je refais » suit une logique qui renvoi aux pulsions agressives d’un nourrisson face à sa mère avec l’action de défaire et refaire. Cette une des théories psychanalytiques émises par Mélanie Klein.[14]D’après Marie-Laure Berdanac, conservateur française, par contre, le travail artistique peut agir comme une réparation et une restauration dans tous les sens possibles des termes.

 

  1. Critique psychanalytique des poupées de Louise Bourgeois

D’après ce qu’on a pu constater, Louise Bourgeois était une artiste qui ne se contentait pas de faire uniquement de la peinture ou de la sculpture. Ses inspirations étaient si vastes en fonction de ce qu’elle traversait. Ainsi, si on parle de poupées, Louise en fabriquait également.

S’intéressant également à la couture, Louise a réalisé des poupées de chiffons fabriquées avec des tissus aux couleurs désolants qui ont été choisis expressément. Ces poupées ressemblaient aux poupées voodoos qui étaient transpercées avec des aiguilles pour exorciser les peurs, les peines et les angoisses.

Ayant des allures tristes, les poupées de Louise symbolisent la fécondité, pas au sens joyeux que suppose la maternité mais plutôt à tout l’aspect triste et difficile que représente l’accouchement d’un enfant. Ainsi, Louise voudrait faire passer le message qu’à travers toute sorte de difficultés, des souffrances et des blessures, il est toujours possible de tout transformer en énergie créative.

Vers la fin de sa carrière, vu qu’elle ne pouvait plus travailler avec certains des matériaux qu’elle avait l’habitude d’utiliser, elle a commencé à faire des poupées de chiffon. Les poupées étaient plutôt rondes mais sensuelles, aux aspects inquiétants et émouvants à la fois. Parmi ses œuvres célèbres figurent des poupées de chiffons enlacées très poignantes.

Elle crée des poupées avec toute sorte de têtes et également avec des figures rembourrées. Elle a fait aussi des poupées en argiles ou en plastiques qui reprennent le concept de la « femme-maison ». La plupart des personnages qu’elle réalise semble être hystériques et plutôt abîmés.

On peut citer parmi ses œuvres le « seven in bed » qu’elle a faite en 2001 et qui est formé de 7 poupées de chiffon entrelacées ou encore le « couple » en 2002. Le « seven in bed » relate l’histoire de l’enfance de Louise où tous les dimanches matins, elle était blottie dans le lit de ses parents avec ses frères et sœurs.  Le « couple », par contre,  est fait de deux personnages nus qui sont suspendus dans le vide par un fil[15]. Fait avec de l’éponge rose, la couleur ajoute de la douceur et accentue la nudité des amants. La signification de cette couleur pour Louise est le symbole de la sympathie et de l’acceptation de soi-même, le fait que les corps s’enlacent montre ainsi que l’acceptation est réciproque.

Figure 1 : Seven in bed

Source : Bulle d’art

 

Nous avons pu voir à travers son histoire qu’elle a traversée des difficultés durant toute son enfance à cause de l’adultère de son père, de la passivité de sa mère et la promiscuité de sa famille qui l’étouffait. Son père volage a donc fait naître en Louise un traumatisme infantile. Elle a subit un profond trouble psychique en étant obligée de vivre dans une famille où le couple n’est pas normal car il y règne au quotidien de la jalousie, des mensonges et des trahisons.

C’est ainsi qu’elle relatait dans la majorité de ses œuvres une sorte de revendication féministe pour pallier à l’humiliation et à l’indignation faite par son père. Les poupées de Louise rappellent donc encore la lutte qu’elle a menée pour conjurer ses traumatismes et sa lutte pour ne pas sombrer dans la dépression. Elle pensait qu’avec ses sculptures et les œuvres qu’elle cousait, elle pourrait réparer toute cette situation. Selon Louise « l’aiguille est une demande pardon », la couture donc pour elle permet de réconcilier et d’effacer les déchirures.

Parmi ses œuvres, il y a également ce couple de poupées noires sans tête qui accomplit l’acte sexuel. Cette œuvre représente une métaphore de l’acculturation, phénomène qu’elle a connu lorsqu’elle a épousé un américain et est venu vivre aux Etats-Unis.

Pour résumer, les poupées de Louise Bourgeois symbolisent alors une manière de réparer des traumatismes causés auparavant grâce aux matériaux, aux formes et aux styles retrouvés dans ces œuvres qui tendent à exprimer à la fois l’esthétique, contradictoire à ses formes parfois désolantes et inquiétantes.

 

  1. Niki de Saint Phalle

 

  1. Ses œuvres et son histoire

Niki de Saint Phalle, de son vrai nom Catherine Marie-Agnès Fal de Saint Phalle était une artiste française qui était à la fois plasticienne, sculptrice, peintre et réalisatrice de films. Née en France en 1930, elle est partie vivre aux Etats-Unis avec sa famille suite à un krach boursier puisque son père était propriétaire d’une banque.

Niki était une enfant instable et perturbé par les abus d’un père incestueux. Elle a été plusieurs fois renvoyée des établissements scolaires qu’elle fréquentait et elle s’intéressait beaucoup aux grands tragédiens grecs et aux œuvres de Shakespeare et d’Edgar Allan Poe. A l’école, elle participe déjà à des représentations théâtrales et commence à écrire des pièces et des poèmes.  A l’âge de 14 ans, elle a repeint en rouge vif les feuilles de vignes qui se trouvaient sur toutes les statues de son école.

Elle a d’abord été comédienne même si elle n’a pas suivi un enseignement artistique particulier à ce sujet. Ensuite, elle a travaillé comme mannequin pour des magazines tels que « Vogue », « Life » ou « Harper’s Bazaar ». Elle épouse à l’âge de 18 ans l’écrivain  Harry Matthews et commence à peindre. Elle est encouragée par un grand peintre américain, Hugh Weiss, qui devient son mentor  pendant 5 ans. Elle cherche à rejeter les valeurs conservatrices de sa famille et trouve dans la peinture un vrai moyen de s’exprimer qui se trouver en dehors de son milieu social. [16]

En 1952, elle vient à Paris pour faire des études dans le domaine du théâtre. Un passage à Barcelone lui fait ensuite découvrir l’œuvre de Gaudi, plus précisément le Parc Güell qui a fortement marqué sa vie et notamment sa créativité artistique puisque plus tard elle a décidé de créer son propre jardin de sculptures. [17]Elle a été victime d’une dépression l’année d’après et a été hospitalisée puisqu’elle refoulait en elle une contradiction par rapport à ses aspirations d’indépendance et la vie quotidienne qu’elle menait. Mais elle s’est reprise en consacrant son temps au travail avec le soutien de nombreux artistes qui l’encouragent à développer son propre style.[18] Sa convalescence l’aide à apprécier beaucoup plus la peinture.

En 1960, après son divorce, elle décide de faire une exposition. Il s’agit d’une œuvre intitulée « les Tirs », performances lors desquelles les spectateurs participent en tirant avec une carabine des poches de couleurs qui viennent éclabousser des assemblages de plâtres. C’est cette œuvre qui la rendu célèbre même au niveau internationale et qui la fait intégrer par la suite le cercle des « nouveaux réalistes ».

Les « Tirs » constituent une représentation d’une violence matérialisée car Niki était très tourmentée par son passé. Ainsi, cette œuvre a permis d’extérioriser ses peines et sa rage car pour elle, le fait de tirer sur ces toiles était comme si elle tirait sur son père et sur la société et ça lui permettait de se libérer.

Elle commence à explorer dans ces œuvres les différents rôles que peut jouer une femme. Elle réalise alors des poupées de taille humaine faite avec du papier mâché et de la laine. Ces œuvres, qu’elle a appelées : « Nanas » représentent la femme qui subit les contraintes de la société.

Faisant partie des nouveaux réalistes, elle joue un rôle de médiatrice entre les avant-gardes française et américaine. Elle rencontre un artiste plasticien Suisse, Jean Tinguely et l’épouse en 1971. Elle travaille en collaboration avec son mari et produit plusieurs œuvres, notamment :

  • « Hon/ Elle », une sculpture de 28m de hauteur qui représente une femme couchée sur le dos avec les jambes entrelacées et à l’intérieur de laquelle les visiteurs peuvent pénétrer à traves l’entre-jambes ;
  • « le Cyclop », une grande construction de métal mesurant 22m de hauteur et qui pèse près de 300 tonnes ;
  • « Le paradis fantastique » qui est une pièce composée de 9 sculptures que Niki de Saint Phalle a peinte elle-même et de 6 machines cinétiques noires réalisées par Jean Tinguely son mari, œuvre créée à la demande du gouvernement français à l’occasion de l’expo’67 ;
  • la « Fontaine Stravinsky » ou « fontaine des automates » qui est une fontaine érigée à Paris, composée de seize sculptures qui rendent hommage aux différentes compositions de Stravinsky.

En 1972, elle réalise un film intitulé « Daddy » qui raconte la relation d’un père et de sa fille. En 1979, elle commence à construire, également avec la collaboration de son mari, le « Jardin des tarots » en Toscane, inspiré de l’œuvre de Gaudi lors de son voyage au Barcelone. Elle a travaillé sur la conception de cette œuvre durant bien des années auparavant. Cette œuvre qui rassemble des sculptures monumentales qui s’inspirent du jeu de tarots suscite un long travail et de grands investissements. Une particularité des œuvres de Niki est le fait qu’elles soient habitables et elle y a vécu durant des années et a même installé ses ateliers. Le Jardin des tarots ouvre officiellement ses portes en 1998. Niki de Saint Phalle a également publié un livre sur l’inceste en 1994 intitulé « Mon secret ».

  1. Critique psychanalytique des poupées de Niki de Saint Phalle

Pendant son enfance, Niki de Saint Phalle aimaient bien faire des assemblages avec tous les objets qu’elle pouvait récupérer. Elle commença ainsi à explorer l’ambiguïté de la condition féminine et habillait des poupées avec des couleurs plus vives et plus gaies, des poupées qui avaient déjà le corps violentés et entourées par différentes choses.[19]

Les premières poupées réalisées par Niki de Saint Phalle sont des poupées de taille humaine fabriquées avec du papier mâché et qui sont figurées en robe de mariée ou en mère parturiente. L’artiste commence à se réconcilier avec la féminité et avec la vie. Cela se ressent dans ces œuvres qui représentent le bonheur et une certaine liberté : des poupées grandeur nature qui dansent de joie, qui balancent le petit sac à main à bout de bras et qui se détachent des convenances.

Continuant sur cette voie et inspirée par la grossesse de son amie, elle commence à sculpter des femmes aux formes généreuses auxquelles elle donne un nom: les Nanas. Ces poupées, fabriquées par la suite en polyester, en papier mâché ou en grillage, représentent une femme moderne grâce à leur nom et une silhouette féminine grâce à leur forme qui met en valeur les rondeurs comme les fesses et les seins de la femme.

Dans les années 60, le mouvement féministe était d’actualité, créant beaucoup de diversités au niveau des analyses sociologiques et philosophiques. Les revendications concernent le contrôle de leur corps par les femmes en matière d’avortement et de contraception. Les féministes essaient de construire de nouveaux rapports sociaux de sexe. Ainsi, Niki de Saint Phalle pense intervenir dans ce mouvement féministe grâce à ses Nanas.[20] En effet, ces figures féminines plantureuses, recouvertes de couleur, pleines de vitalité et d’énergie semblent résister sans difficulté à l’influence que peuvent avoir les hommes sur le monde. Selon elle, «Les hommes sont très créateurs. Ils ont inventé toutes ces machines de l’ère industrielle, mais ils n’ont aucune idée de la manière d’améliorer le monde».[21]Par la suite, les scènes évoquées par ces Nanas représentent également des enfants, des héros, l’amour et la diversité.

Les Nanas de Niki faites en fil de fer, en laine et en papier mâché ont été exposés pour la première fois à Paris en 1965. Au fil des années ces Nanas sont présentes partout dans des grandes villes du monde entier, notamment à New York, Washington, Bruxelles, Allemagne, Tokyo, Paris,  Amsterdam, Los Angeles, Zurich, Genève…

 

Figure 2 : Nana – Sculpture de Niki de Saint Phalle – Lieu : Leibnizufer, Hanovre, Allemagne

Source : Photographe Pär Henning, Suède

Une de ses œuvres établie à Stockholm, Hon (ou Elle en suédois), est qualifiée de « Mère des Nanas ». En effet, cette œuvre est monumentale avec ses 28 mètres de long, 9 mètres de large et 6 mètres de hauteur. Elle ouvrait sa vulve au public, qui doit donc pénétrer dans le vagin de la femme pour visiter l’intérieur où se trouve un bar, une vidéothèque, un planétarium, un cinéma… Cette œuvre a suscité beaucoup de questionnements et d’interprétations de nature psychanalytique.

D’un point de vue psychanalytique, les œuvres de Niki de Saint Phalle antérieur à 1965 représentaient toujours une certaine agressivité, reflétant la violence qu’elle avait subit durant son enfance. A travers ses œuvres, elle voulait exorciser ses démons. Elle voulait également se révolter face à des causes comme le sexisme qui d’ailleurs l’a poussé à intégrer le mouvement féministe.

Par la suite, elle commence à vivre pleinement et heureuse au côté de son nouveau mari qi partage la même passion qu’elle. Elle commence également à réaliser son rêve par les débuts de la construction du jardin de sculptures. Ces œuvres relatent donc cette joie de vivre et cette liberté d’être.

Bien plus tard, grâce au livre qu’elle a publié, elle a pu se libérer d’un poids qu’elle devait porter durant toute sa vie, celle de l’humiliation et des violences qu’elle a subit étant petite à cause de son père. Le drame de l’inceste a marqué toute sa vie et a créé toute cette agressivité reflétée dans ces premières œuvres comme les Tirs.

Pour cette artiste donc, les poupées artistiques sont des marques de rupture entre une vie remplie de drame, de violences, de revendications et de désespoir et une nouvelle vie où peut régner le bonheur, le bien-être et la liberté. Les poupées sont devenues ainsi une référence dans la carrière de Niki de Saint Phalle, et même après sa mort, on continue à admirer ses œuvres monumentales à travers les rues dans certains pays.

 

  1. Hans Bellmer

 

  1. Ses œuvres et son histoire

Hans Bellmer était un français d’origine allemand né en 1902 en Silésie, l’actuelle Pologne. C’était un artiste complet car il était à la fois peintre, graveur, sculpteur, dessinateur et photographe. Il était une figure très célèbre du mouvement surréaliste.

A la demande de son père, il commence à travailler très jeune dans une aciérie puis après dans une mine de charbon. Il incitait ses compagnons à la révolution et à failli fini en prison. Sous l’influence du peintre Böklin, il décide de se consacrer à la peinture. A partir de 1923, il commence à étudier à la Technische Hochschule de Berlin. Il y rencontre ainsi les initiateurs du dadaïsme et plus précisément l’artiste dadaïste Walter Serner et le peintre allemand George Grosz. Ce dernier l’encourage dans le domaine du dessin et l’incite à porter un regard critique sur le monde qui l’entoure.[22]

Il entame ensuite l’étude des différents grands peintres célèbres de la fin du Moyen Âge et notamment Dürer. Il commence également à lire les œuvres de Freud et de Baudelaire. Il commence en 1925 à se rapprocher des artistes surréalistes et participe ainsi aux différentes expositions organisées par ce mouvement.

En 1933, avec l’arrivée au pouvoir d’Hitler, Hans Bellmer décide d’arrêter tout travail social qui puisse être utile à cet Etat Nazi. Hans Bellmer mène une rébellion contre l’autorité politique en place et ainsi que l’autorité de son père. Il fantasme sur une de ses cousines, Ursula, qui n’a que 15 ans. Il décide ainsi de construire une poupée grandeur nature aux formes étranges, désarticulée et pourtant érotique. Cette poupée était pour lui un moyen de se rebeller contre les Nazis. Ces derniers d’ailleurs ont qualifié cet œuvre d’ « art dégénéré »[23]

Il fabrique une deuxième poupée en 1937, dans cette œuvre, les désarticulations au niveau de l’anatomie de la femme semblent encore s’intensifier. Il a fait des expositions de ses œuvres en France, Aux Etats-Unis et même au Japon.

A la mort de sa femme en 1938, il décide de quitter Berlin tout en fuyant les Nazis. Il s’installe alors à Paris et travaille comme graveur et dessinateur. Il y rencontre des artistes surréalistes qui interprètent ses œuvres comme étant une nouvelle façon d’ouvrir l’esprit des gens à leurs fantasmes inconscients.

Ayant pris comme source d’inspiration les poupées mobiles de Dürer qui étaient exposées au Kaiser Friedrich Museum de Berlin, il explore toutes les possibilités de l’anatomie du désir dans ses œuvres. La poupée qui est alors son objet fétiche devient une création de référence pour exprimer l’érotisme dans le monde contemporain.

Toutefois, au début de la Deuxième Guerre Mondiale, il a été emprisonné au Camp des Milles, camp de concentration française, avec d’autres artistes comme Wols, Springer et Max Ernst, car il était un ressortissant allemand. Il s’échappe de ce camp et vit par la suite dans la clandestinité car il n’avait pas pu s’exiler aux Etats-Unis.

L’artiste continue ses œuvres et demeure toujours hanté par la recherche de la manière d’exprimer à travers elles « l’anatomie du désir » érotique. Ces œuvres sont alors  toujours des poupées désarticulées, sexuées et recomposées qui représentent toute sorte de fantasmes. Il les met en scène et en fait des séries de photos. C’est surtout grâce à ces photos, des gravures, des gouaches et des dessins qui ont des connotations plutôt érotiques et sexuelles que Hans Bellmer va se faire remarquer.

En 1942, il réalise une toile intitulée « Tour menthe poivrée à la mémoire des petites filles goulues » qui représente des corps de femmes ligotés. Il organise sa première exposition personnelle en 1943.

En 1949, il publie ses photographies dans un ouvrage intitulé  les « jeux de la poupée » accompagné par un poème écrit par Paul Eluard. C’est grâce à cet ensemble de photos aquarellées et le fait de les associer à ce poème que Hans Bellmer a été classé comme artiste surréaliste. Cette œuvre assez étrange représente des images violentes, cruelles et pourtant très actuelles qui conduit le spectateur dans un monde assez inquiétant. Toutes ses photographies sont peintes à l’aniline par un de ses amis Christian d’Orgeix et par lui-même.

Les œuvres de Hans Bellmer découlent dans la majorité des cas d’une imagination érotique obsessionnelle qui se focalise sur la poupée sexuée qu’il a fabriquée de ses mains. Dans la plupart de ces œuvres, les corps de la femme sont démontés, désarticulés, mutilés et reconstruits par la suite de façon monstrueuse et finalement ils sont déformés, ficelés et pénétrés.[24]

Il illustre dans ses œuvres d’autres artistes comme le Marquis de Sade, a qui il dédie vers la fin de sa vie un ensemble de gravures ; l’écrivain Georges Bataille et le poète français Lautréamont qui, tous étaient célèbres pour des œuvres liés à l’érotisme, à des actes de violence et de cruauté.

 

  1. Critique psychanalytique des poupées d’ Hans Bellmer

Il est nécessaire d’abord de rappeler que Hans Bellmer était classé parmi les artistes surréalistes. D’après la définition du surréalisme, c’est un automatisme psychique pur qui permet d’exprimer comment fonctionne réellement la pensée. Ainsi, c’est la pensée qui contrôle tout et non la raison, ni des préoccupations morales ou éthiques, ni des valeurs culturelles.  Le surréalisme tend à ruiner définitivement tout autre mécanisme psychique et peut les remplacer dans la résolution des différents problèmes de la vie[25]. Ainsi donc, cela pourrait expliquer toute l’étrangeté des œuvres de cet artiste qui sont parfois associées par une dérive psychanalytique au vocabulaire de la perversion.

La première poupée réalisée par Hans Bellmer en 1938 est le départ de toute une série d’œuvres assez troublantes parfois. La « Poupée » est une œuvre provocante qui devient un instrument pour une autre ambition et une autre investigation. Grâce à cette poupée, qui suppose une réflexion inédite sur le corps, il existe une multiplicité de possibilités au niveau de l’anatomie qui est donc capable de créer une « re-physiologie » quant aux vertiges de la passion et peut même arriver à inventer des désirs.[26] Cette œuvre permet à l’artiste de toujours pousser plus loin son investigation sur l’anatomie de l’inconscient physique, il cherche donc ainsi à matérialiser sous une forme physique l’image du désir et du fantasme.

Allons d’abord décrire cette fameuse poupée : « La Poupée »  est une sculpture en bois d’environ 1,40 mètre représentant une jeune fille multiforme. Cette grande poupée avait des membres qui pouvaient être articulés les uns aux autres par des boules. Son ventre constituait également une grosse boule sur laquelle pouvait s’articuler deux bas-ventres et quatre hanches qui s’articulent à quatre cuisses, s’articulant à leur tout à quatre jambes. Le buste qui contenait plusieurs seins, la tête et le cou étaient amovibles.

L’artiste peut jouer avec son œuvre en multipliant les variations avec les divers éléments qui constituent son corps : décapitée, amputée aux genoux, devenue monstre à quatre jambes dont deux en haut et deux en bas articulées à la boule du ventre. Il photographie ces diverses variations et dans divers endroits : dans les bois, dans le grenier, sur un parquet, sur un matelas… Grâce à toutes ses possibilités, Hans Bellmer soutient qu’il a découvert la « mécanique du désir » et a pu enfin démasquer ce qu’on entend par « inconscient physique ». La poupée paraît enfantine et pourtant elle est victime de perversions sadiques, de viol et de violence, démembrée,… L’artiste souhaite au fait voir la femme accéder « au niveau de sa vocation expérimentale »

La question qui se pose alors c’est d’où peut venir toute cette inspiration et toutes ses idées si étranges ? Si on suit bien son histoire, l’élément déclencheur qui a poussé Hans Bellmer à construire cette première poupée est un ensemble de frustration causé par un mécontentement et une rébellion contre des autorités qu’il n’appréciait guère. D’abord par celle d’Hitler et des Nazis qui ont fini par avoir le pouvoir, ensuite par celle de son père, alors qu’en même temps, il commençait à avoir des vues sur sa cousine et c’est d’ailleurs de là qu’est né tous ses fantasmes.

Figure 3 : FANTOMATIK: Les jeux de la poupée – Hans Bellmer

Source : Dr Bony Bünz

La Poupée de Bellmer est assez proche du concept Freudien relaté dans « Das Unheimliche » ou « L’inquiétante étrangeté » qui analyse un malaise qui est né d’une rupture dans la rationalité rassurante de la vie quotidienne. Ce concept relate un doute qui émane d’un  objet animé mais sur lequel on se pose la question de savoir si c’est réellement un être vivant, ou encore d’un objet sans vie mais dont on se demande si cet objet pourrait-il s’animer.

En effet, cette œuvre peut donc être placée à la frontière qui sépare l’érotisme et la mort, celle qui sépare l’animé et l’inanimé. Elle s’assimile également aux œuvres incandescentes et froides comme celles de Bataille ou de Sade et semblent échapper à son temps c’est-à-dire qu’elles paraissent venir d’un monde totalement différent qu’on ne connaît pas encore.[27]

 

  1. Oskar Kokoschka

 

  1. Ses œuvres et son histoire

Oskar Kokoschka était un artiste peintre expressionniste autrichien qui était également graveur et écrivain. Née en 1886 en Autriche, il va étudier au Kunstgewerbeschule, l’Ecole des arts appliqués de Vienne et assiste aux cours des professeurs Gustav Klimt, C.A Czeschka et B. Löffer.

Kokoschka n’appréciait pas le « Jugendstil » c’est-à-dire l’art nouveau qui émettait de nouvelles idées dans le domaine de la décoration, de l’architecture et du dessin, et cela a engendré des conséquences sur son travail alors qu’il travaillait pour un atelier de production d’ameublement, la Wiener Werkstätte. Cet atelier réunissait à la fois des artistes, des architectes et des designers.

Il a commencé ainsi à composer des vers dramatiques : « le sphinx et l’épouvantail » et l’espérance des femmes ». Ces deux œuvres montrent déjà son intérêt pour l’expressionnisme. La Wiener Werkstätte publie le premier livre de Kokoschka en 1908 qui s’intitule «  Die traümenden Knaben » ou les garçons rêveurs qu’il illustre avec 8 lithographies couleurs. Il effectue en même temps des travaux graphiques et scéniques pour un cabaret, le Fledermaus. Il commence également à écrire des pièces à la fois tragiques et grotesques qui le mènent vers l’aspect expressionniste au théâtre.[28]

L’architecte Loos, le fait introduire dans les milieux littéraires et artistiques où il rencontre des personnalités qui vont lui servir de modèles. Après quoi, il va alors réaliser une suite de portraits dits « psychologiques » de ces personnalités, des portraits qui vont le rendre célèbre car qualifiés comme une création très originale dans le monde de l’Expressionnisme viennois. Ces portraits représentent des personnages qui semblent être livrés à un doute intérieur et à des grimaces qui semblent dévoiler et stigmatiser leur fragilité. [29]

Oskar est très marqué par certaines œuvres du peintre Romako et de Klimt qui était à la fois son professeur, notamment ses premiers dessins de nus. Il était également intéressé par l’art provenant de l’Extrême-Orient.

A partir de là, Oskar devient un représentant de l’expressionnisme qui est alors conçu comme un mouvement universel. Il réalise ainsi des portraits qui se concentrent surtout sur la tête et le torse qui sont disposés de manière étrange, dans un espace qu’on ne peut percevoir. Selon lui, il dépouille le sujet en question de son enveloppe charnel pour pouvoir dégager les éléments psychologiques de l’existence de l’homme. Dans ses premiers portraits déjà, on peut discerner une intention de projeter vers l’extérieur ce que peuvent ressentir les images en leur intérieur.

Jusqu’à une certaine période, l’artiste accorde beaucoup d’importance à la présence des graphismes dans ces tableaux.  Après en voyage en Suisse qu’il a effectué avec Loos, il a été marqué par le paysage des sites alpestres et décide de peindre des paysages. C’est d’ailleurs à ce genre de peinture qu’il consacrera son temps plus tard.

Il part vivre a Berlin en 1910 et se rend vite célèbre grâce à ses œuvres, à partir de ce moment là, les gens pouvaient remarquer que sa vie intime se reflétait de plus en plus dans son œuvre, par exemple avec l’  « Autoportrait » avec Alma Mahler, la femme qu’il aime et avec qui il va vivre des échanges épistolaires passionnés.

En 1915, Oskar est mobilisé dans les combats durant la Première Guerre Mondiale et se retrouve gravement blessé. Il s’installe à Dresde pour se soigner et où il réside pendant près de sept ans. Il est durant cette période nommé professeur à l’Académie de Dresde et travaille pour le théâtre et l’opéra.

Cette période l’a incité à changer de vision et de technique dans la conception de ses œuvres. Ainsi, ses tableaux se caractérisent plus par une matière dense, avec une certaine expression pathétique et des grandes plages de couleurs vibrantes. Il a commencé à être un paysagiste car le paysage devenait son domaine de prédilection appuyé  par les nombreux déplacements qu’il a réalisés.

Il réalise une poupée à l’image de son ancienne maîtresse Alma Mahler qui était tombé enceinte du poète autrichien Franz Werfel.

Ces écrits frappent les gens à cause d’un rythme plutôt brusque et désordonné ainsi qu’une spontanéité excessive. Il était alors considéré par les Nazis comme un artiste dégénéré si bien que le gouvernement a décidé de confisquer ses œuvres. Il est venu alors s’installé en Angleterre et est devenu un britannique en 1947.

Ses œuvres connaissent par la suite des concurrents, notamment le décorateur et le lithographe qui travaillent en même temps pour les décors et les costumes pour la célèbre œuvre de Mozart la Flûte enchantée et pour le Bal masqué de Verdi.

 

  1. Critique psychanalytique des poupées d’Oskar Kokoschka

D’après l’histoire, Oskar était l’amant exclusif d’Alma Mahler, c’était un amant fébrile et jaloux. Alma a décidé un jour de mettre un terme à cette relation et c’est là qu’Oskar vécut la rupture comme un deuil traumatique qu’il qualifiait de « fantôme tyrannique ». Il était ainsi envahit par une terreur primitive de devoir vivre dans la solitude et c’est pour cela qu’il a confectionné la poupée à l’effigie d’Alma.

La poupée qu’Oskar a fabriquée en grandeur nature se voulait de ressembler à Alma Mahler. Ainsi, elle respectait sa morphologie et ses mensurations. Oskar voulait se donner l’illusion de l’avoir encore pour lui. Finalement, l’œuvre l’a déçu puisque la poupée avait, selon lui, une peau d’ours, des genoux informes et un visage lisse qui ne pouvaient pas évoquer l’être humain.[30]

 

Figure 4 : La poupée D’Oskar Kokoschka

Source : Denis Savary

Après bien des années et ayant plusieurs fois dessinées cette poupée, il finit par l’éreinter et en soutirer le maximum de son imagination en la pressant et en la vidant d’autant qu’il n’avait pas pu le faire avec la femme qu’il aimait et qui l’avait inspiré. Finalement, il s’est alors lassé de cette femme. Oskar voulait honorer à sa manière la femme qu’il a perdue grâce à ses talents en continuant à la peindre et à l’exhiber. Il faisait des dépenses folles pour habiller cette poupée car ses tenues provenaient de grands couturiers et ses dessous de lingerie étaient les mêmes que ceux d’Alma. Il essayait de la faire ressembler à quelque chose puisqu’il n’arrivait à la faire ressembler à Alma.

Oskar arrive à faire une description parfaitement détaillée du corps de la femme, notamment ses seins, sa cage thoracique, sa bouche, ses yeux, ses paupières, la forme de son crâne… Il se retrouve dans un rapport d’intimité avec ce corps qu’il a tant aimé et qui crée en lui des fantasmes.

La poupée a été fabriquée avec certains éléments réels et organiques comme de vrais cheveux, des dents, ce qui accroît encore le caractère angoissant et étrange de cette œuvre. Mais pour Oskar, c’était un moyen de conserver sa chère disparue sur un point d’équilibre entre un jugement d’existence, autrement dit, il sait qu’elle n’existe plus et c’est tout ce qu’il en reste, mais également une foi qui est liée à un objet-fantôme disponible physiquement et qui semble le protéger de cette disparition.

La poupée peut ainsi protéger l’amant abandonné de la mélancolie. Il importe peu alors que celle-ci soit faite de chiffons et de cheveux au lieu de chair, il y a une sorte « d’émanation », dans le sens quasi mystique du terme : rien ne se perd de ce que l’objet dégage. Le fantôme devient alors « la chair du souvenir ».

Quand il faisait beau, Oskar emmenait son fétiche dans son fiacre et peignait des autoportraits en le tenant dans ses bras. Certains pourraient penser qu’Oskar vivait dans un délire total et pourtant ceci le protégeait de sombrer dans une profonde mélancolie.

La poupée pouvait également être une forme hallucinatoire avec quoi il pourrait invoquer les sortilèges pour traverser l’épreuve de la terreur. Il la considérait comme un objet-fantôme dont le contact pourrait créer une « surface illusionnaire », c’est-à-dire un passage nécessaire pour accéder à la représentation de l’absence. Louis Marin parle de cet objet-fantôme comme d’un  « figure de bord », un tracé qui permettrait une forme symbolisable.

D’après une interprétation plus poussée, le coté monstrueux de cette poupée devait provoquer beaucoup plus un effet de présence plutôt que d’un effet de réalité. C’est d’ailleurs ce que le fantôme devrait dégager d’après Schlosser, et qu’il a définit comme une forme agissante plutôt qu’une forme existante.[31] La poupée-fantôme peut ainsi réanimer la vie psychique du peintre désespéré en tant qu’intermédiaire, en tant qu’hybride comme le fantasme et en tant que position ambigüe entre ce qui est réel et ce qui est imaginaire.

Le paradoxe du fantôme s’inscrit ici dans son excès de représentabilité. Halluciner une rencontre avec Alma disparue revient à interroger la forme de « l’enveloppe psychique d’un être qui est à la fois mort et vivant » selon la formule de Freud dans la Gradiva.

Bref, Kokoschka a finalement explicité ses attentes fétichistes envers cette créature, mais s’en est finalement guéri en décapitant sa tête au cours d’une fête.

 

 

 

Pour résumer cette première partie, on peut effectivement constater que les quatre artistes présentent quelques points communs.

Les deux premières, les deux femmes : Louise Bourgeois et Niki de Saint Phalle ont toute les deux connus une enfance difficile, pleines de violences et ce qui a suscité en elle un certain esprit rebelle. Par la suite alors, les poupées artistiques qu’elles ont fabriquées sont un moyen d’exprimer une sorte de rupture avec cette rude période et pour marquer un changement de vie qui tend beaucoup plus vers le bonheur.

Pour les deux autres artistes, deux hommes, notamment Hans Bellmer et Oskar Kokoschka, ces poupées artistiques reflètent un caractère plutôt érotique, sentimental et sexuel. En effet, la poupée devient un objet qui peut susciter des fantasmes.

Pour en revenir à notre problématique de départ, on pourrait donc dire que pour les deux premiers artistes, la poupée pourrait constituer un objet transitionnel puisqu’elle permet de passer d’un état de vie assez malheureux à un autre état bien plus rempli de bonheur. Pour les deux autres par contre, la poupée s’assimilerait à un objet-fétiche puisqu’elle entraîne une certaine dépendance de l’artiste vis-à-vis d’elle, une dépendance qui serait vraiment assez proche de la perversion et de l’obsession.

 

 

 

Deuxième Partie : La perception de la poupée artistique en tant qu’œuvre d’art 

 

  1. Perception économique de la poupée artistique

La poupée artistique a fait son voyage dans le temps avant d’avoir une image presque universelle ; actuellement, elle est conçue comme une œuvre d’art et cela aussi bien du côté des amateurs (ceux qui sont fans), que du côté des créateurs (ceux les conçoivent et les fabriquent).

Dans presque tous les pays du monde, on voit créer et circuler ces poupées artistiques. La différence se situe au niveau de la spécificité des matières de fabrication et de la culture véhiculée du pays en question. A titre d’exemple, ces poupées artistiques font de la Russie un des pays le plus connu du monde. Dans cette perspective, les deux points de vue se rejoignent : l’artiste russe et l’amateur qui vient visiter la Russie uniquement pour ses œuvres d’arts.

Cette illustration nous permet d’avancer que la poupée artistique pourrait être vue comme une œuvre d’art économique.

 

  1. Industrie de la poupée artistique

Tout d’abord, notons que la base de tout investissement est la rentabilité. Et qui dit investissement dit une contrepartie financière. Donc, d’un côté, il y a même la passion pour ces œuvres, et de l’autre côté, il y a les efforts des créateurs dans le moulage de ces fameuses poupées qui méritent d’être récompensés.

 

  1. Matières utilisées

En réalité, les matières nécessaires pour fabriquer ces poupées sont très variées. Il y a le polymère, les pâtes qui sèchent à l’air libre, l’époxy, les matières synthétiques, la bourre, les stylos feutres, papier mâché, les tissus pour les vêtements, les perruques pour les cheveux, les bois (certaines poupées sont confectionnées à partir des bois secs)[32] ou la porcelaine, etc.

Faisant référence à cette liste de matériaux, force est de constater que la fabrication d’une seule poupée demande autant de moyens, surtout les moyens financiers y afférents, et demande également beaucoup plus de temps[33]. De cette constatation, il peut être dit qu’un artiste ne fabrique en moyenne que quinze (15) à vingt (20) poupées par an[34]. Et qu’en se référant à cette quantité produite et au temps imparti pour en fabriquer une, il n’y aura pas de risques que les pièces soient en série pour dire qu’elles sont presque uniques. Cela fait de ces poupées artistiques des objets rares et valeureux puisqu’elles sont irremplaçables (ce sont presque et/ou toujours des modèles uniques).

 

 

  1. Coût de création

Par ailleurs, en termes de rentabilité, une poupée vaut chère vu le rapport coût – temps lors de sa confection. Au moment de la vente, ce n’est pas surprenant de voir le prix de ces objets très coûteux. Donc, elles ne sont pas à la portée de tout le monde.

Et si on raisonne en termes de cout de confection cette fois ci, la qualité des poupées fabriquées requiert des travaux minutieux pour qu’elles soient présentables et méritent d’être un objet vraiment destiné à la collection. Par conséquent, les poupées sont très précieuses au regard de ces confectionneurs et auront également leur valeur au regard des collectionneurs. Et il se peut aussi que l’exigence des acheteurs-demandeurs eux même influencent les artistes au moment où ils façonnent lesdits matériaux de confection.

Si on ne parle que du cas des poupées russes, une évolution marquante a été constatée depuis le temps. Il y a eu même une augmentation de la quantité produite. Et les formes changent et varient avec le temps ; cela étant, la conception et la confection de ces poupées artistiques suivent aussi l’évolution technique et technologique ; et donc, la qualité s’améliore de plus en plus.

 

 

  1. Les amateurs et collectionneurs de la poupée artistique

Ce sont les collectionneurs et les amateurs de poupées qui sont les premiers clients de cette industrie de la poupée.

  1. Les amateurs des poupées artistiques

Comme nous pouvons les constater, les clients acheteurs de ces poupées artistiques sont presque des amateurs. Ces poupées ne sont pas des jouets, si l’on regarde la valeur qu’elles représentent. Selon cette perspective, elles ne sont pas faites pour les enfants en tant qu’objets servant de jouets. D’autres disent même que ces poupées «sont purement décoratives et deviennent de ce fait des objets de collection »[35].

A part cela, les poupées en question procurent du plaisir aux yeux de tous ceux qui les achètent et leur donnent de la passion en tant qu’objets de décorations. Toutefois, il ne faut pas passer sous silence qu’il y a des gens qui n’ont pas de la passion pour ces poupées mais qui en achètent uniquement pour leur beauté.

A propos de la destination ou de l’affectation de ces poupées, nous pouvons avancer qu’elles sont utilisées de diverses manières ; parmi tant d’autres, nous pouvons citer :

  • les gens «curieux » qui les achètent pour pouvoir les offrir comme cadeau ;
  • les amateurs qui font de la collection avec ;
  • les amateurs qui font de la décoration de la maison avec ;
  • les amateurs qui jouent avec ;
  • les amateurs qui les utilisent à des fins lucratives (cas des guignols) ;
  • les amateurs qui comblent leur manque avec[36], etc.

Ceci étant, nombreux sont les usages possibles de ces poupées, mais ces usages là dépendent de la perception de tout un chacun.

  1. Collectionneurs de poupées artistiques : pour la passion et en tant qu’objet décoratif

Il faut remarquer que parmi les collectionneurs des poupées, il y a les collectionneurs qui ont uniquement de la passion pour ces œuvres d’art, et il y a les collectionneurs qui les achètent juste de par la beauté de ces objets. Ces derniers sont presque toujours des femmes, qui les admirent et les exposent dans leurs salons. En fait, ce sont des bibelotiers. Que ce soit dans le premier ou dans le second cas, on les englobe dans le Collectionneur puisqu’ils les gardent et les conservent ; ils en disposent même toute une série.

Les poupées collectionnées peuvent être des figurines qui seront, après acquisition du collectionneur, exposées dans des vitrines par exemple, en tant qu’objet d’ornement, qui fait la fierté de son propriétaire.

Pour certains, les poupées artistiques sont des représentations symboliques des personnes humaines, en taille réelle (généralement, elles prennent la forme d’un bébé, ou adoptent la forme physique d’une femme). De là, elles sont destinées à amuser, à donner plaisir aux yeux en tant qu’objet de décoration ou même à assouvir certains désirs[37].

 

  1. Mise aux enchères

Il n’est pas rare que des pièces de collections ou des pièces rares soient mises aux enchères. Ici, ce ne sont pas forcément les amateurs de poupées qui sont les acheteurs. Il peut être un fan de la représentation qui est faite sur la poupée. En tant qu’objet de collection, ces poupées reflètent les vécus, les histoires et les époques de leur création. Nous pouvons en déduire que les poupées peuvent représenter la mode[38] (tenue vestimentaire), les cheveux (chignons ou tresses) de l’époque où elle a été créée par son créateur.

Par exemple, on peut voir sur internet la mise aux enchères d’une poupée représentant le chanteur allemand Tokio Hotel. Alors, les fans se succèdent pour émettre leur prix. Actuellement, la poupée en question est proposée à 690 euros[39]. Par ailleurs, les vêtements et les accessoires qu’elle porte font que c’est une miniature qui représente le look excentrique du chanteur. Il a été créé par un artiste surnommé Shéryl Designs.

Les prix ne cessent d’augmenter surtout pour les «perles » rares. Généralement, elles se vendent entre 18 000 dollars et 60 000 dollars. Faisant le rapport avec ces montants, nous pouvons dire que les prix de ces poupées font parler de leurs valeurs, de leurs beautés et du coût de leur fabrication (des travaux minutieux).

Il ne faut pas oublier non plus qu’on ne vende aux enchères que les produits rares et des pièces de collection qui marquent une époque. Et vu que les poupées artistiques sont fabriquées en quantité limitée et non pas en série, elles sont considérées comme des choses rares aux yeux des amateurs.

La poupée est un véritable œuvre d’art puisqu’elle a été faite de manière artisanale. C’est ce qui fait d’elle une chose à valeur unique et porteuse de la culture même de son pays[40]. Et c’est cette touche artisanale qui spécifie et distingue les poupées les unes des autres.

  1. Lieu d’attraction grâce aux Poupées artistiques

Les efforts des artistes créateurs ne sont pas récompensés uniquement par la vente des pièces des poupées. Ils apprécient également que l’on s’intéresse à leurs chefs-d’œuvre. La visite d’un pays pour découvrir l’art, ou d’un salon d’exposition font également partie de la  participation et de leur fierté.

 

  1. Salon d’exposition des poupées artistiques

Considérées comme des centenaires, les poupées artistiques sont de plus en plus en vogue actuellement. Il existe désormais plusieurs techniques de fabrication, et la finition ou l’atteinte du réalisme évolue encore plus chaque jour. Il est vrai qu’elles sont faites avec des matériels artisanaux mais l’arrivée de la technologie (3D) a aidé les fabricants à y mettre un peu plus de touches modernes.

Auparavant, la technique de fabrication des poupées était tenue en secret par les artistes. De nos jours, chacun peut fabriquer sa propre poupée pour usage personnel, ou dans le but de la vendre. Par ailleurs, si ces œuvres étaient destinés uniquement aux connaisseurs, à présent, tous ceux qui sont intéressés peuvent y avoir accès, que ce soit à travers les sites internet, les vitrines des boutiques, mais aussi, lors des salons d’exposition.

Il n’est pas singulier de voir que des salons des poupées artistiques sont organisés ici et là, dans le monde entier. Et chaque jour, de nouveau pays se fait connaître à travers ses «poupées ». C’est une occasion de se faire connaître, et de faire connaître les œuvres qui ne sont pas encore connus de tout le monde. Durant les salons, les artistes peuvent partager et faire des échanges d’expériences entre eux, dialoguer directement avec les intéressés, et transmettre leur passion pour cet art.

De plus, ces salons d’exposition de poupées artistiques sont des opportunités pour se partager les savoirs faire, entre les artistes eux-mêmes. Un concours peut être organisé afin de tisser des liens entre eux.

Les créateurs peuvent même proposer des mini stages à l’endroit des visiteurs ou des amateurs des poupées artistiques. Le stage a toujours vocation de répandre le phénomène de la poupée artistique. Des formations peuvent même avoir lieu pour pouvoir aider les créateurs et les pousser un peu plus à faire valoir leurs esprits de créativité.

Il ne faut pas omettre de signaler que l’organisation de salons génère aussi du revenu pour les artistes, mais également pour la ville qui reçoit l’exposition de ces poupées artistiques. Il y aura certainement beaucoup de visiteurs venant du monde entier.

 

  1. Tourisme des Poupées

En plus, la création et la vente de ces poupées artistiques représentent des avantages en termes économiques pour ces pays fabricants. En y faisant référence, nous pouvons aborder les activités engendrées par ces objets de collection. Entre autres, il y a la rentrée de devises et le tourisme. Effectivement, et comme nous l’avons dit précédemment, l’existence de ces poupées artistiques fait connaître leur pays au monde entier puisqu’elles circulent et se vendent dans le monde à travers la collection, le salon international, les souvenirs etc.

De là, elles procurent du revenu au pays : l’achat de ces objets précieux, l’arrivée des touristes, la création d’emplois, l’exportation des produits finis etc. Toujours sur ce volet touristique, nous pouvons avancer aussi que le fait d’avoir des poupées exposées dans des musées, en tant qu’objets typiquement originaires du pays en question, et/ou lors des salons internationaux sont grandement appréciés des touristes et des amateurs. En plus, l’existence de ces parcs d’attraction tels le Disneyland Paris, le Disneyland Tokyo,… servent de patrimoine pour les pays d’accueil et leur permettent d’y exposer des poupées «figurines » attractives.

 

Bref, nombreux sont les passionnants de ces poupées artistiques, et les débouchés et les marchés ne manquent pas pour ces artistes créateurs.

 

  1. Parc d’attraction

Les poupées artistiques ont également pris place parmi les parcs d’attraction en tant qu’objets de décoration et d’amusement aussi bien pour les enfants que pour les adultes. Elles sont là pour le plaisir des visiteurs, qui se laissent inlassablement emporter à travers le monde des poupées. C’est le cas des poupées de Disneyland.

Nous pouvons dire que ce sont des poupées artistiques car elles sont créées uniquement dans le cadre du parc d’attraction ; elles sont uniques. Elles peuvent prendre l’image des personnages des dessins animés[41]. Par ailleurs, on a le temps d’observer que leur représentation nous renseigne sur les cultures, et les traditions à travers le monde. Ainsi, chaque visiteur pourrait se retrouver parmi les différentes poupées. Nous trouvons ci-après une reproduction des poupées du parc Disneyland.

Nous retrouvons toujours ici le côté économique des poupées artistiques. Elles ne sont pas vendues en pièce. C’est le fait de les visiter et de les contempler qui mérite d’être payé. C’est l’un des motifs des droits d’entrée.

L’existence des débouchés tels ces parcs d’attraction encouragent également les créateurs car les chefs d’œuvre vont être vus et exposés pour le bien des visiteurs et intéressés. Même les gens non passionnés pourront admirer leurs œuvres et de là, ils peuvent devenir des passionnés.

Figure 5 : Des poupées du parc Disneyland

Source : Capture photo lors d’une visite à Disneyland Paris

 

  1. Perception psychologique de la poupée artistique

Aujourd’hui, les poupées prennent une place de plus en plus importante dans la vie de l’humanité. Dans les parties précédentes, nous avions mentionnés que la poupée artistique n’est pas seulement un objet. Cependant, pour certains cas, elles peuvent servir de moyens pour atteindre une fin. Donc, elle se substitue à nouveau au statut d’objet.

 

  1. Concept reborning

Le reborning est l’art de créer des poupées, de sorte qu’elles ressemblent à de vrais bébés. Ce phénomène est apparu dans les années 1990, aux Etats-Unis. Ce n’est que récemment que ces poupées sont apparues en France, et les créatrices sont encore à la fois peu nombreuses et timides. Reborning signifie renaissance, c’est comme si l’on assiste à la naissance d’un nouveau-né, car tous les détails ont été faits minutieusement. Le travail esthétique produit lors de la création des poupées artistiques, provoque parfois un trouble, car elle est difficilement reconnaissable du réel. Elles sont faites de matières en silicone ou vinyle, et ont une finition hyperréaliste. Elle a été créée dans l’idée d’aider les mères qui, soit, n’ont jamais eu l’occasion de donner naissance, soit, ont eu des difficultés d’avoir des enfants, soit même, ont perdu leurs bébés. Dans ce cas de figure, force est de constater que les poupées reborn ont été créées dans le cadre de la psychologie. Donc, elles sont destinées aider les personnes ayant des troubles de personnalité, les aider à affronter la réalité telle qu’elle.

 

  1. Méthodes de création

Les poupées reborn sont créées à partir de kits, que l’on rassemble et l’on peint. On pose ses yeux, insère chaque brin de cheveux. Elles sont fabriquées minutieusement ; elles sont travaillées dans les plus moindres détails afin de ressembler à un vrai nouveau-né : les plis sur le visage, les cils, les yeux brillants, les rouges, avec perfection… Pour faire d’elles de vrais bébés, on les habille avec des vêtements de nourrissons, puisqu’elles ont les mêmes mensurations que leur version réelle.

Les bébés reborn sont assez chers, et peuvent valoir jusqu’à deux mille euros en Allemagne et dans les pays anglo-saxons[42].Lorsqu’elles sont achevées, plus précisément « nées », elles attendent d’être achetées ou « adoptées ». Alors, elles sont exposées dans des vitrines ou sur des sites internet, appelés « nurserie », dans l’attente de leur adoption. Tels de vrais bébés, les reborns ont de véritables papiers, la facture correspond à « leur fiche de naissance », où sont inscrits leur prénom, leur date de naissance, leur taille, leur poids, etc. On constate que le vocabulaire utilisé dans ce monde est assez troublant.

La poupée reborn suscite l’intérêt de bon nombre de personnes. C’est une poupée qui peut intéresser quelques catégories de personnes, que ce soit en simple amateur, ou en tant que collectionneur.

Selon la psychanalyste Claude Halmos[43], adopter une poupée reborn, c’est comme revenir à l’enfance. C’est-à-dire, prendre soin d’un objet que l’on considère comme un bébé, et que l’on cajole, on nourrit, on promène, etc. Et qu’à la fin, ou dès le début même, on s’y attache, et le confond avec un vrai bébé. Mais ça ne doit rester que dans le domaine du jeu même si telle est la réalité. Ici, le reborning sert à combler une nostalgie de l’enfance. Néanmoins, elles peuvent avoir des effets revers.

Par ailleurs, ces poupées considérées comme étant des vrais bébés pourraient même être plus appréciées. Les mères fictives les adorent car ce sont de parfaits enfants, on peut en faire tout ce qu’on veut car ils ne vont ni pleurer, ni crier. Ils restent dociles. Ainsi, elles se projettent dans un monde merveilleux avec un enfant parfait. La poupée reborn, dans ce cas-ci, compense le fait d’avoir eu une maternité frustrée ou échouée.

On dit aussi que les reborn servent à combler un manque affectif. La plupart du temps, les acheteurs des poupées reborn sont surtout les femmes d’âge mûr, qui sont en manque de maternité. Elles s’offrent des poupées afin de pouvoir combler un manque. Ce manque peut être dû à la perte d’un enfant.

En tant qu’objet d’art, la poupée-reborn est également achetée par les collectionneuses. C’est le côté artistique de la poupée ici qui prend de l’ampleur. Les collectionneuses admirent la poupée, pour l’œuvre d’art qu’elle est, et non pour sa ressemblance avec un nouveau-né. Elles ressentent un énorme plaisir rien qu’à l’idée d’en avoir, et de les voir exposées dans une chambre par exemple.

Sinon, n’importe quelle personne peut avoir le désir de posséder une ou plusieurs de ces poupées, rien que pour le plaisir. On peut s’offrir un reborn, ou bien l’offrir à une personne, en guise de cadeau.

 

  1. Avantages

Du fait de la forte ressemblance avec les bébés, les poupées reborn, sont des objets utilisés dans la photographie et dans le tournage de film. Donc, ils pourront être source de revenu pour leur «mère ». Dans ce cas, leur nom va circuler et va se connaître à travers le monde en tant que poupée actrice reborn ; et ils seront ainsi traités comme des vrais acteurs – actrices.

Ces poupées sont utilisées de plusieurs façons, en tant que doublure dans des films, mannequin de photos, ou encore mannequin d’exposition.

De plus, comme nous l’avons dit précédemment, le reborn peut satisfaire à un sentiment de manque. La poupée-reborn peut aider à guérir certaines maladies ou certains troubles. Selon certains psychiatres, les poupées-reborns ont des effets thérapeutiques sans pour autant perdre de vue les effets négatifs.

Elles peuvent remédier à certaines maladies ou à certains manques suite à des antécédents divers. Par exemple, elles peuvent aider les mères à faire le deuil de leur enfant, de façon temporaire. Parfois aussi, pour le traitement de certains patients atteints de la maladie de l’Alhzeimer. En effet, la présence ou la fréquentation avec le bébé reborn permet de faire sortir un sentiment ou un souvenir qui est refoulé.

Bref, l’existence de ces poupées reborn va soulager en quelques sortes la douleur et la souffrance des personnes ayant des troubles de personnalités ou des douloureux antécédents. Et que le fait que ces poupées ne parlent ni ne pleurent pas signifie qu’elles restent toujours un jouet qui va amuser encore plus le concerné.

 

 

  1. Inconvénients

Toutefois, elles peuvent parfois recréer un certain trouble de la personne, tel que la psychose.  Certaines femmes ont du mal à distinguer la poupée du vrai bébé. En d’autres mots, elles agissent de la même façon qu’avec un vrai bébé : se promener avec une poussette, mettre au siège arrière,… Donc, le fait d’avoir ces poupées peuvent créer des effets autres que ceux espérés. L’image ci-après nous montre un exemple de bébé reborn.

Certains pourraient interpréter le fait de vendre les reborn comme étant un acte de commerce face au malheur des gens[44]. En d’autres termes, c’est comme si on profitait de la sensibilité et de la fragilité des personnes qui ont du mal à avoir des enfants, et les faire adopter des poupées ressemblant au bébé qu’elles ont toujours tant désiré. Effectivement, certains créateurs ont le don de créer et copier des bébés sur commande, avec une photo à l’appui. Suivant ce rythme, les poupées finiront par prendre et remplacer les humains.

D’autre part, il faut avouer que ces poupées ressemblent réellement à des nouveau-nés. Cependant, des nouveau-nés immobiles, et sans vie ; ce qui nous fait tout de suite penser au cadavre d’un bébé. Donc, c’est comme si les femmes se mettent à jouer avec des corps de bébés morts.

Pour les autres personnes extérieures qui ne sont pas encore au courant de l’existence de ces poupées reborn, la vue d’un bébé reborn peut causer des malaises et des angoisses. On peut citer l’exemple d’une poupée-reborn laissée dans une voiture en plein été, dont toutes les vitres sont fermées. Evidemment que cela alarmerait les passants.

Enfin, du point de vue sociologique et éthique, la création des poupées reborn soulève plusieurs questions de moralités.

 

Figure 6 : Un bébé reborn de la boutique Babybuntins Nursery

 

  1. Poupées silicones

Les poupées silicones sont des poupées artistiques car elles sont crées à l’unité et parfois sur commande. C’est-à-dire que chaque poupée est unique[45]. A part son unicité, elles sont d’un réalisme insaisissable. Elle aide les gens à voir et à vivre dans «un monde parfait », loin des trahisons et de la souffrance. Donc, tout comme les bébés reborn, les poupées silicones sont créées pour des besoins psychologiques. Dans certains pays comme le Japon, ces poupées arrivent à avoir la place occupée par les femmes dans la vie des hommes.

Figure 7 : Une poupée silicone

 

  1. Méthodes de création et clientèle cible

Les techniques de création des poupées sont de nos jours très sophistiquées. Elles sont faites et érigées sur commande des clients. Par voie de conséquence, la finition dépasse largement notre imagination. Les poupées, faites en silicone, sont d’une beauté extraordinaire. Elles ressemblent à des vraies jeunes filles vivantes. Elles sont belles, elles ont une bonne présentation physique. Des artistes créent des corps de femme avec des détails approfondis. Par exemple, un squelette métallique articulé est intégré à la poupée afin qu’elle puisse réaliser plusieurs postures.

Quant aux méthodes de fabrication, ces poupées sont réalisées avec plusieurs combinaisons, divers matériaux rendant possible la parfaite ressemblance aux êtres vivants. Il y a une ressemblance trompeuse puisqu’à la seule différence avec les êtres humains, les poupées silicones n’ont pas de vue. Elles ont tout pour être une personne vivante ; elles ont des organes visibles extérieurement[46].

La clientèle de ces poupées est constituée de particuliers, de différents âges (la plupart des cas, ce sont des personnes âgées de plus de 40 ans), toutes couches sociales confondues (même si ces poupées ne sont pas à la portée de tout le monde), partout, dans le monde. Comme preuve, nous pouvons consulter sur la boutique en ligne de Doll Story qu’une poupée est vendue à partir de 6100 euros. Ce prix est raisonnable dans le sens où les travaux à effectuer ont été minutieux et que les matériaux utilisés sont variés.

 

Souvent, lorsqu’on dit poupée silicone, c’est son utilisation en tant qu’objet sexuel qui vient directement à l’esprit. Car, nombreux sont les sites qui proposent des modèles de poupées, selon l’attente de la clientèle. Elles symboliseraient une présence affective et aideraient à mieux affronter le vécu de toute personne concernée.

Cependant, les poupées silicones peuvent être destinées au mannequinat. Elles sont parfois utilisées pour des catalogues ou des magasins de lingeries ou de prêt-à-porter, mais également peuvent servir de décoration par les photographes, designers et stylistes professionnels. Cela signifie qu’elles ne sont pas créées que pour des désirs charnels ; elles ont d’autres affectations à des fins commerciales comme ce qui ont été stipulées précédemment.

Il existe aussi des collectionneurs d’art, qui s’approprient des poupées afin d’en faire un objet de décoration, en tant qu’œuvre d’art.

Enfin, dans le domaine de l’événementiel, ces poupées silicones sont pareillement appréciées.

On aperçoit sur le tableau suivant les mensurations proposées par une boutique en ligne. Bien entendu, ces poupées sont réservées uniquement aux adultes, et interdites au moins de 18 ans…

 

Tableau 1 : Mensurations de poupées

Source : www.dollstory.eu

 

  1. Avantages

Comme nous avons vu précédemment, les poupées silicones servent de doublure dans des tournages de film, ou encore de mannequin pour les photographes puisque ce sont des poupées-femmes. Nous n’avons plus besoin de trouver et de payer des vrais mannequins. Il suffit juste d’acheter des poupées silicones sur mesure ou de passer des commandes. Et sous cet angle, elles seront traitées comme des vrais êtres humains, comme des vraies actrices car elles ont leur propre nom.

De surcroît, elles servent à assouvir les désirs de certaines personnes qui ont vécu des relations regrettables durant leur existence. De ce fait, l’existence de ces poupées apaise la conscience de certaines personnes. C’est pourquoi les clients émettent leur avis et leur souhait, quel genre de personne veulent-ils, au moment de la commande. Ceci étant, c’est un des moyens, comme le cas des poupées reborn, pour soutenir et aider psychologiquement les personnes en difficulté.

Bref, elles peuvent remplacer les femmes dans certaines circonstances. Et son remplacement a une limite : là où on a besoin d’une personne bien «vivante ». En somme, la mutation devrait rester à ce stade là.

 

  1. Inconvénients

De prime abord, on constate que les poupées silicones remplacent les femmes dans presque tous les domaines. Dans la vie de tous les jours, il n’y a presque plus de limites. Les hommes se contentent de la beauté «extraordinaire » de ces poupées et par conséquent, ils vont oublier l’existence des femmes réelles. Ceci va créer une situation de dépendance vis-à-vis des objets irréels.

De surcroît,  la mentalité humaine change avec la fabrication de ces poupées silicones, vu du côté de son utilité sexuelle. Les poupées arrivent à dépasser les femmes et à leur voler la place qui leur est due naturellement. D’emblée, ces poupées représentent une Femme parfaite vu sa beauté physique (beauté sur commande) ; et donc, elles défient la beauté naturelle.

Le plus inquiétant est cette manie de remplacer le réel par l’irréel. Il est devenu tout à fait normal de nos jours de substituer l’homme par un objet. Un objet, qui avec lequel on peut faire ce que l’on veut et que l’on peut jeter à tout moment une fois las de son usage. Et que seule la population des pays développés se trouve confrontée à ce problème de dépendance.

Le risque est de faire tomber l’utilisateur dans un monde à part, un monde parfait qu’il a crée lui même à partir de son imagination. Il serait ensuite difficile de revenir et d’affronter la réalité telle qu’elle. Et là, ce phénomène va créer un autre problème auquel on doit trouver une solution soit disant «artificielle » pour essayer d’y faire face.

 

  1. Conservatrice de tradition

Les poupées artistiques ont certes des valeurs représentatives pour chaque pays fabricant. Elles peuvent refléter la valeur traditionnelle du pays en question. Aussi, sont-elles l’un des moyens pour préserver la culture dudit pays face à la mondialisation et surtout face à l’influence de la culture étrangère venant des autres pays (par l’arrivée en masse des produits importés). Donc, c’est un des moyens pour préserver et sauvegarder la culture du pays.

  1. Sauvegarde de la pratique ancestrale, la religion des pratiquants le vaudou 

En parlant de culture justement, ces poupées sont des représentations symboliques de l’histoire ou des personnages célèbres ayant vécu ou dirigé le pays en question. Par ailleurs, étant une représentation culturelle, elle peut refléter également la religion existante et dont pratique la population du pays en question. Vu sous cet angle là, nous pouvons dire que dans certains endroits, les poupées réincarnent des personnages ancestraux auxquels on croit et on respecte.

Nombreuses sont les utilisations possibles des poupées artistiques, comme nous l’avons déjà mentionnées mainte fois. Donc il appartient à tout amateur d’y voir son intérêt. Par exemple, il y a l’intérêt de sauvegarder la pratique ancestrale ; il y a les Plangonophiles[47] ou les collectionneurs de ces poupées artistiques ; il y a l’intérêt de préserver les cultures nationales. Et nous allons expliquer un à un ces quelques intérêts.

Au départ, et du point de vue historique, les poupées artistiques servaient à symboliser les cultes, particularités d’une région. Et dans la plupart des cas, elles gardent encore cette image. Il en est ainsi des localités où les gens confectionnent des poupées pour pouvoir adopter des symboles des images cultuelles, un «être surnaturel et tout puissant[48] ». Dans ces cas de figure là, les poupées ont une signification culturelle liée à des manifestions rituelles.

A titre d’exemple, nous pouvons encore citer la pratique du culte Vaudou dans certains endroits du monde comme en Haïti, dans certains pays d’Afrique et dans certains autres endroits dans les quatre coins du monde.

En parlant de vaudou, il s’avère indispensable de rappeler que ce culte est encore maintenu et encore pratiqué de nos jours[49]. Il est même considéré comme une religion (à moitié magique) pour ses pratiquants. Et pour pouvoir la pratiquer, ils ont besoin de ces poupées «artistiques ».

Le vaudou est une source de paix et non pas le reflet de la torture et de la destruction comme pensent les non pratiquants de ce culte ; et cela d’après les points de vue des pratiquants. Toujours d’après ces derniers, le vaudou est une croyance basée sur une lignée des dieux. Comme toute culture, elle évolue avec le temps et s’adapte aux changements engendrés par l’évolution du monde d’aujourd’hui.

En faisant une étude comparative de la culture vaudou avec d’autres cultures, nous pouvons dire que le vaudou est une culture tout comme tant d’autres. Elle possède des dieux comme ceux des cultures grecque et romaine[50]. De ce fait, pour ses pratiquants, le vaudou est une religion vivante. Il a la capacité et la faculté de répondre à leurs aspirations ; voilà pourquoi la pratique de cette culture est encore maintenue aujourd’hui. Et même les chrétiens ne peuvent pas s’en passer. A titre de preuve, «dans les années 1950, le Vatican a fait la paix avec le culte Vaudou. Les percussions et mélodies Vaudou sont même intégrées dans les cérémonies et messes dans les églises catholiques[51]».

 

  1. Les poupées russes

Les poupées russes représentent un authentique patrimoine culturel de son pays d’origine. Ces poupées conjuguent à la fois l’art et la tradition. Les poupées russes traditionnelles sont celles qui sont fabriquées en série, que l’on achète pour le plaisir des yeux, ou que l’on offre en cadeau. Tandis que celles qui sont artistiques sont créées par de grands artistes, et dont la décoration est merveilleuse. Elles sont très estimées par les collectionneurs.

« Les poupées gigognes ou poupées russes, sont fabriquées à partir d’éléments de taille de plus en plus réduites, fabriquées en bois, et sont creuses. »[52] Ces poupées sont composées de plusieurs poupées creuses qui s’emboîtent les unes aux autres, de manière à ce que chacune englobe une autre de plus petite taille. La plus grande représente la mère, et le plus petit est le dernier enfant ou le bébé. A l’origine, elles étaient conçues en tant qu’objet ludiques et de pédagogie pour les enfants. C’est l’enseignement de la filiation qui est transmis par ces poupées russes.

Elles ont vu le jour en 1900, lors d’une grande foire universelle à Paris. Depuis, ces poupées n’ont cessé de faire entendre parler d’elles. En effet, les poupées russes ont connu beaucoup d’évolution et d’amélioration, si l’on regarde la qualité de sa fabrication. De simples poupées, elles sont devenues de véritables objets d’art, qui fait la renommée et la fierté de son pays.

Des artistes produisent des poupées de grande qualité, à la grande satisfaction des collectionneurs à travers le monde. Pour eux, il existe même des écoles de l’art de la poupée russe. Grâce à cette école, la création des poupées russes évolue continuellement, et ainsi elle permet d’offrir à cet art un remarquable avenir. Mais surtout, pour la Russie qui sauvegardera son patrimoine.

 

 Figure 8 : Poupées gigognes artistiques

 

 

  • PERSPECTIVES D’AVENIR DES POUPEES ARTISTIQUES

Aujourd’hui, on perçoit les poupées artistiques comme une œuvre d’art. Mais force est de savoir le devenir de ces poupées. Ceci nous conduit à ces quelques perspectives.

 

  1. Donner vie à une poupée

Jusqu’à ce jour, on n’a assisté à aucun clonage humain. En effet, la technique du clonage est théoriquement facile, cependant, pratiquement difficile. Pour avoir obtenu un clonage de la brebis Dolly, il a fallu créer 250 clones en recueillant le plus d’ovocytes possibles.

Nous devrions savoir qu’accepter la production des clones, c’est accepter de vivre avec des hommes sans âme, ni sentiment. Cela pourrait être également le risque pour l’homme de donner vie à une poupée. Bien que le créateur de la poupée affirme que chaque poupée est différente et unique, il ne peut pas prétendre donner une âme à la poupée qui est un objet immobile et sans vie.

Les artistes créateurs des poupées sont transportés par l’émotion d’avoir généré un œuvre d’art. Ils ne peuvent que s’extasier devant la beauté de leur œuvre. Il est vrai que lorsqu’on côtoie un objet que l’on a crée, on peut avoir le sentiment d’être uni avec lui, même, voire de communiquer avec, car il existe un lien entre le créateur et le créé.

C’est pourquoi, lorsqu’un artiste fabrique une poupée, il imagine ce qui pourrait être la vie de la poupée. Il devine les goûts, les vêtements qu’elle porterait, les activités qu’elle entreprendrait, ses humeurs, et bien d’autres caractéristiques communs à l’homme. L’artiste donne une âme à sa poupée.

On irait alors se demander si le phénomène de la conception de ces poupées n’irait pas jusqu’à accélérer le processus de fabrication des clones. L’homme irait faire une commande clone, comme il irait acheter une simple poupée. Un clone qui vivra parmi tous les membres de la famille.

Ce clone pourrait être la réplique d’une personne disparue, comme ce fut le cas pour les poupées reborn. Imaginons des bébés clones, qui sont animés  tel un vrai bébé, et que la mère considère réellement comme tel. Ou bien, une personne qui comblerait un manque affectif, nous citons ici le cas des poupées silicones. Ce serait de vraies femmes qui satisferont les volontés d’une autre personne.

Nous devons savoir que le concept du clonage humain constitue une violation aux deux principes fondamentaux du droit de l’homme : le principe de parité entre les êtres humains et le principe de non-discrimination.

Le principe de la parité est bafoué car il y a une domination de l’homme par l’homme. Tandis que le principe de non discrimination s’effectue sur le fait de dicter les critères souhaités sur la future personne : « la poupée-clone ».

 

  1. Mondialisation : le maintien de la valeur des poupées

Les poupées sont, comme nous l’avions vu, des conservatrices de traditions et de valeurs. A travers les poupées artistiques, les pays peuvent se sentir fiers car ce sont des objets d’art. En tant qu’objet d’art, elles sont les tenantes d’une valeur.

En guise d’exemple, les poupées russes sont de véritables patrimoines pour la Russie. Elles sont le fruit d’une histoire du pays. Par conséquent, chaque poupée artistique fabriquée représente en quelque sorte l’ambassadrice de la Russie à travers le monde. Il existe plusieurs collectionneurs de poupées russes dans différents pays, et donc des ambassadrices répandues pour véhiculer les valeurs de la Russie.

Maintenant, la menace de la mondialisation peut faire disparaître toute ce mythe. Effectivement, le phénomène de mondialisation participe à l’épanouissement des hommes et au rapprochement communautaire. Cependant, elle pourrait nuire à certaines valeurs culturelles et morales traditionnelles. Elle permet à chaque pays d’investir n’importe où il veut, quand il veut, et tout ce qu’il veut produire,…

Si nous prenons le cas des produits chinois, qui envahissent le marché mondial. Les poupées gigognes se feront englober par la vague de la mondialisation. Il s’agit plus précisément des possibilités de copies de ces œuvres d’art par ce pays émergent. Lorsque les poupées russes seront fabriquées par des Chinois, elles perdront toutes la valeur que l’on avait cité précédemment.

Après l’engloutissement du marché chinois, les poupées ne seront plus aptes à représenter leur pays de manière authentique. On assiste à un phénomène de déperdition de valeurs.

 

  1. Poupée remplace l’homme d’ici peu

L’évolution de la science pourrait conduire à l’évolution des poupées. Elles ne pourraient pas nécessairement prendre vie. Il se pourrait qu’elle remplace peu à peu l’homme dans certaines tâches quotidiennes. Il existe des personnes sans compagnies et qui se satisfont de la simple présence d’une poupée inanimée. Et si, elle le devenait…

C’est le cas au Japon, qui est le premier pays dans la robotique industrielle et robotique humanoïde. Ils ont déjà créé le bébé robot CB2,  ainsi que Repliee Q2[53], la femme androïde. Pour être plus clair, ce sont des robots qui peuvent effectuer des tâches ménagers, des aides pratiques, etc.

Comme nous le savons, le Japon est un pays à population vieille. Afin d’assurer que chaque personne âgée soit bien pris au soin, ils ont inventé des robots qui remplaceront l’aide soignante, et s’occuper de faire la rééducation d’un patient.

Si l’on va plus loin, on pourrait projeter de croiser les poupées avec ces types de robots. On aura devant nous une poupée à visage humain, de taille réelle, mais en plus, serait pourvue de mobilités et de voix.

Cela pourrait causait le début d’un phénomène d’asocialisation, où des personnes commencent à ne plus s’adapter à la vie sociale, car ce sont des objets animés, et non des humains qu’elles fréquentent.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

CONCLUSION

 

La perception de la poupée a fortement évolué ; elle n’est plus comme autrefois, où elle se résumait à un objet fétiche ou de transition. La poupée artistique d’aujourd’hui a atteint une valeur plus matérielle. Elle est matérialisée par l’homme qui l’utilise. Pour d’autres, elle a atteint le monde du réel, et mène parfois à confusion.

Contrairement aux autres objets d’art, les poupées artistiques sont exposées, de manière à ce qu’elles soient bien aperçues. On les retrouve sur les sites internet spécialisés, dans les vitrines des boutiques, mais également lors des expositions ou centre d’attraction.

Chaque personne intéressée peut s’offrir ou offrir une poupée, car elles sont accessibles, bien sûr, moyennant une certaine somme d’argent qui peut varier de centaines à plusieurs milliers d’euros. Et là encore, les acheteurs peuvent être de simples personnes jusqu’à des collectionneurs, en passant par les amateurs.

Par ailleurs, pour l’artiste qui le crée, chaque poupée est unique. Il crée la poupée, comme Dieu a crée l’homme. Dès sa conception, l’artiste lui donne une âme, une vie. C’est sur ce point que la poupée d’art se différencie de la poupée-jouet.

En effet, quel que soit la forme de la poupée, elle dispose d’une âme qui la différencie des autres poupées. Par conséquent, chaque poupée est unique. C’est d’ailleurs le sens même de la poupée artistique. La poupée artistique s’impose devant l’homme. Elle n’est pas un objet-jouet qui se laisserait dominer, et qui serait confondu avec tout autre objet de divertissement.

Cependant, nous assistons aujourd’hui à une prolifération du matérialisme de l’homme. Les besoins humains sont matérialisés, que ce soit dans le concept du reborning ou l’utilisation des poupées silicones. A l’aide de ces poupées, il est parfois possible d’imaginer la présence d’une véritable personne, car l’évolution de la technologie génère la prolifération de multiples matières et techniques de fabrication des poupées.

Les poupées prennent des formes humaines hyperréalistes. C’est surtout le cas des bébés reborn et des poupées silicones. Ces deux types de poupées sont remarquablement réalisés et méritent de s’aligner parmi les plus grands chefs-d’œuvre de l’humanité. Une autre similarité est qu’elles sont parfois prises pour des objets en remplacement d’une personne qui vit.

L’homme se réfugie dans un monde parfait qu’il a créé lui-même et refuse d’affronter la réalité. Malheureusement, les poupées qui ont servi naguère à des fins d’éducation pour nos enfants, sont devenus des objets pour combler certains manques auprès des adultes, qui veulent à tout prix dépasser la dimension du réel.

Si l’homme commence à dépendre d’un objet afin de retrouver la sérénité, comment ressemblerait le monde, dans quelques années si l’artiste créateur rassemblerait son savoir avec la science afin de créer de véritables clones ? Recherche de perfectionnisme ou fuite vers l’irréel ?

 

 

BIBLIOGRAPHIE

 

Ouvrages

  • Claude Halmos, « Grandir, Les étapes de la construction de l’enfant, Le rôle des parents. », 2010.
  • Michel Mogniat, « Le fétichisme » –  Edition électronique 2007
  • Klaus E. Müller et Ute Ritz-Müller, « La Magie dans l’Âme / Rites Charmes et Sorcellerie » (trad. de l’allemand Robert Hasterman et Jean-Léon Muller) – Edition Könemann (4 avril 2000)
  • Philippe BRUYERE, « Fonction paternelle et cadre rééducatif » – C.A.P.S.A.I.S Option G
  • Louise Bourgeois, «Destruction du père, reconstruction du père » –Ecrits et entretiens (1923-1997), édition française, Lelong éditeurs, 2000

 

Sites internet

  • wikipedia.org
  • linternaute.com
  • ptidico.com
  • mediadico.com
  • conseil-psy.fr
  • docteurclic.com
  • praxisa.com
  • com
  • nikidesaintphalle.com
  • fluctuat.net
  • nouvellesimages.fr
  • moreuw.com
  • lemondedesarts.com
  • ainsi-bloggait-zarathoustra.fr
  • artisanat-russe.blogspot.com
  • books.google.mg
  • caloudolls.designblog.fr
  • dollstory.eu
  • francesoir.fr
  • heresie.com
  • jumeaux-kaulitz02.skyrock.com
  • leblogbebe.com
  • paroledepate.canalblog.com
  • robotshop.com

[1] Définition sur www.linternaute.com

[2] Définition sur definition.ptidico.com

[3] Définition sur www.mediadico.com

[4] Le fétichisme – Michel Mogniat – Edition électronique 2007

[5] Fétichisme Sexuel : Particularité, Perversion ou Déviance ? – Article paru sur www.conseil-psy.fr

[6] La Magie dans l’Âme / Rites Charmes et Sorcellerie – texte de Klaus E. Müller et Ute Ritz-Müller ; (trad. de l’allemand Robert Hasterman et Jean-Léon Muller) – Edition Könemann (4 avril 2000)

[7] Définition de Wikipédia

[8] Le doudou – Article paru sur www.docteurclic.com

[9] Marie-France Balta – L’objet transitionnel

[10] Le Doudou : Objet Transitionnel – Fiche parue sur www.praxisa.com

[11] Fonction paternelle et cadre rééducatif  – Philippe BRUYERE – C.A.P.S.A.I.S Option G

[12] Biographie de Louise Bourgeois – Source Wikipédia

[13] Présentation de Louise Bourgeois – Parcours exposition – Site du Centre de Pompidou

[14] Destruction du père, reconstruction du père – Louise Bourgeois – Ecrits et entretiens (1923-1997), édition française, Lelong éditeurs, 2000

[15] Couple  (Louise Bourgeois) – Perrine Le Querrec – Article paru sur bulbe.com

[16] Biographie de Niki de Saint Phalle sur arts.fluctuat.net

[17] www.nikidesaintphalle.com

[18] Biographie de Niki de Saint Phalle – Article paru sur www.nouvellesimages.fr

[19] Niki de Saint Phalle – Description sur le forum enviedailleurs.forumpro.fr

[20] Niki de Saint Phalle et ses «nanas» –  Kathrin Holenstein – Swissinfo

[21] Documentaire «Niki de Saint Phalle» de Peter Schamoni (1966)

[22] Biographie de Hans Bellmer – Article paru sur www.moreuw.com

[23] Biographie de Hans Bellmer – Wikipédia

[24] Hans Bellmer – Article paru sur  www.lemondedesarts.com

[25] « Manifeste du surréalisme », André Breton,  1924, in « Œuvres complètes, tome 1 », Gallimard, Bibliothèque de La Pléiade, Paris, 1988,

[26] Hans Bellmer – Anatomie du désir – Site du Centre de Pompidou

[27] Portée de l’œuvre – Hans Bellmer – Wikipédia

[28] Biographie d’Oskar Kokoschka – Article paru sur www.moreuw.com

[29] Oskar Kokoschka – Article dans l’Encyclopédie Larousse

[30] La poupée d’Oskar Kokoschka – Article paru sur www.blogspot.com

[31] Fédida (2000)

[32] paroledepate.canalblog.com

[33] Selon l’interview effectué à un artiste français Virginie Ropars : «Cela est variable en moyenne il faut 80 heures de boulot, mais ça peut aussi prendre plus de temps surtout s’il y a de la broderie, là je peux aller jusqu’a 200 à 250 heures ». Cf. site idem

[34] Idem 2

[35] books.google.mg

[36] Cas des poupées reborn et des poupées silicones

[37] Comme c’est le cas des poupées silicones

[38] Parce que les poupées sont vendues vêtues

[39] http://jumeaux-kaulitz02.skyrock.com

[40] Elles jouent le rôle d’ambassadrice de la mode. Cf. le site caloudolls.designblog.fr

[41] Comme par exemple la poupée à l’image de Peter Pan au Disneyland Paris

[42] www.francesoir.fr

[43] Claude Halmos, auteur de « Grandir »

[44] http://ainsi-bloggait-zarathoustra.fr

[45] Comme les humains, chacun est unique

[46] Les poupées silicones ont des seins ; elles peuvent faire certains mouvements

[47] Ce mot d’origine latin n’existe plus dans le vocable d’aujourd’hui

[48] www.heresie.com

[49] Selon Wikipédia, Le culte Vaudou compte environ 50 millions de pratiquants dans le monde. On trouve en 2011 de nombreuses communautés Vaudouisantes dans le monde entier, majoritairement sur le continent américain, et aux Antilles. Il existe en Europe des communautés plus discrètes mais néanmoins actives tel que le Hounfor bonzanfè, ou le Hounfor Konblanmen. Depuis peu le Vaudou s’étend également au Canada où de nombreuses communautés ont vus le jour et tentent de mettre ce système de croyance au devant de la scène.

[50] A titre d’exemple, selon fr.wikipedia.org : il y a l’Agaoué ou l’esprit des océans. C’est comme le Poséidon le dieu des océans

[51] fr.wikipedia.org

[52] http://artisanat-russe.blogspot.com

[53] www.robotshop.com

Nombre de pages du document intégral:53

24.90

Retour en haut