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La représentation des Afro-Américains dans le cinéma américain : Analyse de trois films emblématiques

Sommaire

 

 

Le peuple afro-américain, qui est actuellement sur le point de faire partie d’une majorité au sein des Etats-Unis d’Amérique, est un peuple libre et jouissant pleinement de ses droits de nos jours. Malgré parfois la présence du comportement raciste comme nous pouvons parfois le remarquer dans les faits divers, ce peuple est considéré comme ayant des droits égaux à toute la population « blanche » devant la loi, et connait les mêmes chances d’avancée professionnelle que cette dernière. Et pourtant, ce peuple a souffert avant d’en arriver à ce stade.

 

La production culturelle américaine est prédominante à travers le monde et ses films sont connus pour leur qualité et capacité à recréer ou à inventer d’une manière inégalée des faits parfois plus vrais que nature. Cela nous amène à nous demander, comment est représenté le peuple noir dans ces films. Notre étude essayera de comprendre la place de ce peuple dans l’histoire des Etats-Unis, à travers trois films de renom que sont « In the Heat of the Night », « Mississipi burning » et « Le Majordome ». Pour cela, nous décomposerons notre étude en deux parties, qui se relateront respectivement de la place des Afro-Américains dans ces œuvres cinématographiques, et de l’impact de ces dernières auprès du public.

 

Introduction

 

 

L’Amérique est considérée comme étant un pays où règne la liberté, symbolisée par sa statue. Et pourtant, plusieurs années d’évolution ont été nécessaires pour que chaque peuple d’Amérique reçoive la liberté qui lui est due. Parmi ces individus qui ont lutté pour gagner leur liberté se trouvent les Afro-Américains, descendant des esclaves de la traite qui, actuellement, sont reconnus entant que citoyens à part entière.

 

 

L’art a toujours été l’un des moyens le plus utilisé pour exprimer les idées et les sentiments d’un artiste et en faire le miroir d’un pays. La population afro-américaine a créé depuis plusieurs années sa propre culture basée sur ses origines et également sur son originalité. Nous pouvons par exemple citer des genres artistiques qui leurs sont caractéristiques, en particulier, la musique comme la Soul, le Rythm and Blues, funk… En effet, certaines de ces musiques comme la Soul, sont connues pour avoir traités de l’esclavage et de la fierté culturelle de la population afro-américaine[1]. Ne citons par exemple que la chanson de James Brown « Say it loud, (I’m Black and I’m proud) » qui fut un cri de soulèvement dans une Amérique divisée dans la lutte des droits civiques.

 

Mais dans notre étude, nous allons plutôt nous intéresser à un autre type d’art, le Cinéma américain. Malgré qu’il ne fasse pas partie de la culture noire-américaine, nous pouvons voir que plusieurs acteurs de « couleur » tendent à s’imposer dans ce domaine. Le Cinéma, mis à par la musique est l’un de ces médiums de communication qui est non seulement représentatif d’une culture mais qui a aussi un impact très important auprès du public[2].

 

La culture américaine fait état de ses événements historiques et nous pouvons généralement voir l’apparition de ces peuples martyrisés dans les grosses productions hollywoodiennes. Cela nous amène à nous demander, quelle est la place et l’image attribuée aux Afro-Américains dans les films et quel en est le but ?

 

 

Notre travail se centrera principalement sur l’étude de la représentation du peuple afro-américain à travers trois films de renom : « In the heat of the Night », « Mississipi burning », « Le majordome ». Ils ont été choisis pour leur succès mais aussi pour les différents rôles attribués aux Afro-Américains que l’on peut aisément remarquer.

 

L’intérêt d’une étude comparative entre les trois films précédemment cités se trouve dans le fait que ces trois films ont chacun connu un certain succès malgré qu’ils relatent une histoire qui pourrait s’avérer douloureuse pour le peuple américain. De plus, comme nous l’avons déjà dit, ils mettent en scène des Afro-américains qui ont pour la plupart du temps, un rôle prépondérant dans l’intrigue. Il est aussi à noter que les histoires de ces films se centrent toutes sur la tragédie raciste qui a sévit dans les Etats-Unis durant plusieurs années.

 

 

L’étude de ces trois films devrait donc pouvoir nous donner une idée de la représentation que le monde du 7ème art a de ce peuple, mais aussi de l’histoire de ce peuple, à travers différentes périodes (étant donné que ces films sont sortis à des années assez éloignées) et à travers différent points de vue autant scénaristiques qu’historiques.

 

 

Nous diviserons notre travail en deux grandes parties. Tout d’abord, nous essayerons d’étudier les films dans leur généralité et d’analyser le type de rôle tenu par les « afro-américains » dans ces derniers.

 

Analyser le contenu de ce film par rapport au rôle que tiennent les acteurs afro-américains est nécessaire pour mieux cerner les différents points de vue que les réalisateurs ont et qu’ils veulent montrer au public sur cette population minoritaire des Etats-Unis d’Amérique. De plus, étant donné que nous réalisons une étude axée sur la représentation et les moyens de représenter l’histoire de ce peuple à travers les personnages de l’histoire, cette partie prend donc une grande importance.

 

 

Ensuite, nous tenterons d’étudier l’impact, le but de ces films et le type de message qu’ils veulent faire comprendre au public. Nous vérifierons donc évidemment la véracité historique des faits qui y sont vus et également l’influence stéréotypique de ces derniers. En effet, il arrive parfois que la fiction surplombe la réalité dans certains films et certains faits pourraient être exagérés, éludés ou complètements modifiés pour les besoins scénaristiques. De plus, si l’impact du ou des films est important auprès du public, il s’avère que c’est l’image qui ressort plus de ceux-ci par rapport à l’histoire qui aura le plus d’influence

 

 

Nous allons donc au final essayer de comprendre comment ces trois films vont, à leur façon, représenter à l’écran l’image des « Noirs » et peut être essayer de changer la vision du monde par rapport à eux.

 

 

Nous ne pouvons affirmer que cette étude s’avèrera être aboutie. En effet, malgré l’objectivité scientifique que nous avons essayé d’adopter face à l’analyse des œuvres et des situations historiques, il se pourrait que le lecteur pense que nous avons un parti pris. Néanmoins, nous avons fait de notre mieux pour garder une certaine impartialité dans notre regard avec la rigueur que cela requiert pour que chaque groupe ethnique soit traité sur un même pied d’égalité. Malgré tout, étant donné que nous parlons ici de la place des Afro-Américains dans les films hollywoodiens, il est normal que notre étude se centre sur cette minorité.

 

 

 

  1. Etude des films.

 

 

Dans les films que nous avons choisis, il s’avère que les afros américains tiennent une place importante, qui font d’eux les protagonistes principaux de l’histoire. Nous essayerons donc de voir dans cette première partie le rôle que tiennent ces Afro-Américains dans les films choisis. Ensuite nous essayerons de comprendre, toujours à travers ces films, comment et quelle est la base de cet antagonisme entre les deux peuples d’une même nation, divisés par leur couleur de peau. Nous mettrons ensuite en exergue la représentation de la pression sociale subie par les Afro-Américains dans chacun de ces films que nous allons étudier.

 

 

 

  1. Le rôle des Afro-Américains dans les différents films

 

 

La société Afro-Américaine est l’une des communautés ayant la plus soufferte (mis à part la société des amérindiens) au sein d’un pays qui se veut être reconnu comme libre, les Etats-Unis d’Amérique. En effet, étant sous la domination de la majorité « blanche », de souche européenne pour la plupart, les Afro-Américains, d’origine africaine, ont dû se battre pour obtenir la liberté tant prônée par leur pays. Issus pour la plupart des bateaux négriers déportant des esclaves en provenance d’Afrique lors de la traite d’Atlantique, les Afro-Américains étaient traités comme du bétail, une main-d’œuvre nécessaire pour les grandes plantations de tabac, de coton… Mais qu’en est-il dans les films ? Comment cette population y est représentée ? C’est ce que nous essayerons de comprendre ci après.

 

 

 

  1. In the heat of the night

 

 

Présentation du film

 

 

« In the heat of the night » est un film du genre « policier » mais surtout un film qui essaye de mettre en perspective les problèmes raciaux qui étaient omniprésents aux Etats-Unis durant les années soixantes. Ce film a été réalisé par Norman Jewison et basé sur le scénario de Stirling Silliphant. Les acteurs principaux de ce film sont Sidney Poitier dans le rôle de l’officier de police noir Virgil Tibbs, et Rod Steiger dans le rôle du shérif de la ville, Bill Gillespie.

 

 

Ce film, pour résumer, raconte l’histoire d’une enquête de police lors de laquelle un meurtre sur un homme d’affaire influent a été commis. Virgil Tibbs, attendant tranquillement le train dans le hall de la gare se fait alors arrêter par un policier en patrouille qui le suspecte, sans preuve préalable, d’avoir commis ce meurtre, à cause la forte somme d’argent qu’il avait sur lui alors qu’il était un homme de couleur. Il s’ensuit qu’après avoir eu un entretien avec le shérif, Virgil Tibbs put enfin revendiquer son innocence, étant lui-même officier de police venant de Philadelphie, et de passage dans la ville pour rendre visite à sa famille. De par son aptitude dans les affaires criminelles et étant un « expert en homicide », il fut obligé par son supérieur à rester dans la ville de Sparta afin d’aider les locaux à résoudre le crime en question. Malgré le fait que dans le Sud des Etats-Unis, la mentalité « raciste » ait encore été très exacerbée dans ces années, il accepta avec réticence la mission qui lui a été confiée. Il dût, malgré les différents préjugés, les problèmes raciaux et les différends qu’il a avec le shérif, collaborer avec ce dernier afin de résoudre ce meurtre. En effet, cette obligation de collaboration vient du fait que Virgil Tibbs, à lui tout seul ne peut avancer dans la ville sans que les habitants ne lui ferment leurs portes de par sa couleur de peau. Sans parler du fait que le shérif, non pas incompétent, mais n’ayant pas les mêmes aptitudes que l’expert en homicide, ne peut lui non plus boucler l’enquête sans l’aide de celui-ci.

 

 

Ce film, au-delà de son aspect policier, montre à quel point, il est difficile pour un individu d’origine afro-américaine, de s’imposer dans un monde où le racisme est encore présent malgré ses compétences professionnelles. Sans parler du fait que malgré ses compétences, il peut lui-même être induit en erreur par ses préjugés envers les individus racistes. Ainsi, « In the Heat of the Night » s’inscrit dans le cadre des droits civiques.

 

 

Le seul bémol à ce film est la représentation trop idéalisée de Virgil Tibbs, un individu froid, professionnel et très compétent. Nous pouvons voir ici un début de « Blaxploitation », culture qui présente l’individu noir sous un nouveau jour, et non comme les préjugés sociaux de la communauté blanche raciste le sous-entendent : violent, pervers, stupide… Sans parler du fait que malgré un certain réalisme de l’environnement dans lequel Tibbs évolue au cours de son enquête dans le Mississipi, la société blanche est représentée selon des préjugés dans la mesure où elle apparaît sous son plus mauvais jours, quasi endoctriné et abruti par ses propres idéaux.

 

 

 

            Le rôle des Afro-Américains dans le film

 

 

Ici, le rôle principal est tenu par un Afro-Américain, à savoir Sidney Poitier dans le rôle de Virgil Tibbs. Il est, ce que l’on pourrait appeler, un aperçu de la réussite sociale de l’Afro-Américain moderne. En effet, malgré le fait qu’il soit un Afro-Américain, Virgil Tibs est ce que l’on pourrait également appeler une représentation idéalisée de ce que pourrait être l’individu noir dans la société américaine. Un noir propre sur lui, dévoué à son travail, qui ne jure que par ses compétences pour réussir socialement et atteindre un niveau de vie convenable.

 

 

Ainsi, Tibbs est un Afro-Américain qui a réussi à s’intégrer dans le système des «Blancs » et qui plus est se retrouve à un poste d’expert au sein des forces de l’ordre. Dans ce film, nous pouvons remarquer à quel point il a du mal à s’entendre avec les locaux de la ville de Sparta, qui ont encore une grande réticence à la libération des « nègres ». Son jeu d’acteur, en particulier son regard envers ses pairs policiers par exemple, ou envers certains suspects qui ne se cachent pas de leurs tendances racistes, montre son incompréhension et en même temps son désir de se faire respecter entant qu’être humain.

 

 

Nous pouvons aussi remarquer, dans le film «le majordome »[3],  un clin d’œil fait au film « in the heat of the night ». Clin d’œil plutôt représentatif de l’opinion des Afro-Américains par rapport au personnage de Virgil Tibbs, qui est selon eux, est la représentation des « blancs » du noir idéal, soumis et indispensable pour les tâches ingrates. Le rôle de Poitiers et surtout ce film est donc, dans « le majordome », plutôt mal accueilli par la société noire-américaine.

 

 

Mis à part Virgil Tibbs, les seules apparitions d’acteurs noirs sont assez minimes dans le film « In the Heat of the Night » car celui-ci est centré sur la recherche d’un coupable et aucun ndividu noir n’y est considéré comme suspect. Nous pouvons éventuellement penser que le choix d’un individu « blanc » comme coupable est délibéré pour le réalisateur dans la mesure où le film est censé améliorer l’image du « noir » et montrer l’aspect « absurde » du racisme. De même le blanc peut aussi être considéré comme un criminel potentiel malgré l’aspect parfois « impulsif » de Virgil Tibbs sur certains points.

 

 

 

Ainsi, les autres Afro-Américains sont donc des personnages secondaires qui sont montrés encore soumis à l’individu « blanc » mais plutôt à la manière de serviteurs que d’esclaves. Nous pouvons hypothétiquement déduire que cette histoire peut se situer dans les années 1800-1900, après l’abolition de l’esclavage dans le Nord (première abolition datée de 1777 dans le Vermont[4]). Le personnage de Tibbs est donc un bouleversement des préjugés de la grande majorité des blancs de cette époque, un « noir » en costume cravate, sûr de lui, et fier de ses origines. Sans parler du fait que Tibbs est, par son caractère (que certains trouveront peut être un brin prétentieux), une sorte de « gentleman » élégant qui, d’une manière assez éloquente toise ses détracteurs par ses compétences.

 

 

           

  1. Mississipi Burning

 

 

Présentation du film

 

 

« Mississipi Burning » est un film réalisé par Alan Parker basé sur le scénario de Chris Gerolmo et produit par Frederick Zollo et Roert Colesberry, sorti initialement le 9 décembre 1988. Ce film est basé sur un fait réel qui s’est déroulé en 1964 dans l’Etat du Mississipi, la disparition de trois volontaires de la ligue des droits civils. Le film relate l’histoire d’un policier « blanc » qui travaille pour le FBI (Federal Burau of Investigation) qui vient à peine d’être créé. Ce jeune policier (joué par William Dafoe) va faire équipe avec un de ces ainés (Gene Hackman), originaire de la ville où ils enquêtent. Ainsi, seront opposés la « méthode systématique légaliste » quelque fois un peu violente mais toujours conventionnelle de la jeune recrue, et de l’autre, la méthode non conventionnelle mais néanmoins efficace utiliseé par l’officier plus âgé.

 

 

Ainsi, ces deux agents du FBI vont enquêter sur la disparition de trois membres du comité des droits civiques ayant disparu dans le Mississipi, plus précisément à Jessup County. L’enquête montrera l’aspect sectaire de toute la communauté « blanche » (ou du moins en grande majorité) qui soutient sans se cacher les activistes racistes, à savoir, le Ku-Klux-Klan. Il s’avère que cette enquête mènera également à suspecter et à prouver que les autorités locales soutiennent et sont membres de cette communauté raciste.

 

 

Ce film est plutôt fidèle à la réalité et relate dans son intégralité les faits qui se sont passés, avec bien sûr une certaine touche personnelle du réalisateur pour l’intrigue. De plus, ce film, qui a un penchant assez politique démontre allégrement les pratiques du FBI du président Hoover. Nous pouvons ainsi voir dans ce film certaines méthodes de manipulation, de pressions et de menaces menées par l’agence gouvernementale qui sont présentées comme nécessaire pour maintenir et faire régner l’ordre et la justice dans un Etat qui semble être figé dans le temps. Celui est très ancré dans sa mentalité raciste alors que les Etats du Nord se rapprochent plus de l’Amérique moderne que nous connaissons actuellement.

 

 

Dans ce film, nous avons donc toujours affaire à un thriller assez sombre basé sur une affaire réelle menée par un duo de policiers qui sont obligés, malgré le fait qu’ils aient des méthodes et avis contraires, de coopérer pour mener à bien leur mission. L’aspect sectaire de toute cette communauté, qui comme l’indique même un personnage du film, montre pourquoi et comment cette haine contre les Afro-Américains est transmise d’habitants en habitants et de génération en génération. Haine qui se transmet par l’éducation depuis la tendre enfance, renforcée par la société et l’autorité corrompue qui soutient la ségrégation et le KKK.

 

 

 

Le rôle des Afro-Américains dans le film

 

 

Les Afro-Américains, dans ce film ne tiennent qu’un rôle secondaire. En effet, ces derniers sont particulièrement présentés comme des victimes dans la réalité de leur quotidien. Nous pouvons voir ici des « nègres » comme son sens raciste le laisse comprendre, misérables, esclaves et sans possibilité de faire face à ses oppresseurs. Sont également présentés des Afro-Américains qui craignent les « blancs » au point de vouloir protéger ceux-ci afin de ne pas subir leurs courroux en cas de problème. Nous pouvons aussi y qu’ils n’ont confiance qu’en eux-mêmes et aux volontaires des droits civiques, et ont peur du changement par peur de trouver quelque chose de pire à la situation qu’ils vivent.

 

 

Les Afro-Américains n’ont pas de réelle présence dans ce film et sont presque éclipsés par l’intrigue créée dans les personnages principaux. Ainsi, l’histoire est centrée sur « les gentils » sous les traits des agents du FBI et les « méchants » qui sont les autorités protégeant le KKK. Ici, la seule référence faite par rapport au noir et qui est la plus présente est leur aspect de victime impuissante tout au long du film.

 

 

Nous pouvons aussi remarquer dans ce film le lien qu’il y a entre la religion chrétienne et les Noirs-Américains. Malgré le fait que cette religion soit celle de leur oppresseur, il est intéressant de voir qu’ils l’aient adoptée. Qui plus est, cet aspect chrétien de la communauté noire américaine montrent quand même une certaine volonté d’intégration dans cette société qui les oppresse voir, l’unité de la foi entre les deux « races » malgré leur antagonisme.

 

 

De plus, les « Noirs », présentés comme chrétiens, en tenant compte du fait que le KKK croit également agir au nom de Dieu, rend encore plus dramatique la souffrance de la minorité. Cela accentue également la cruauté et l’extrémisme du racisme, la manipulation que subissent les membres de cette communauté pour maintenir sa supériorité sur une autre race. Une scène montrant les locaux « noirs » sortant de l’église et attendus par des membres du KKK pour un lynchage collectif accentue encore plus la cruauté subie par les Afro-Américains. Scène qui, pour ajouter au drame montre un jeune garçon noire priant Dieu pendant que les éléments racistes « s’amusaient » à martyriser les siens. Lui-même fut battu pendant sa prière, en représailles contre les informations qu’il a pu révéler aux agents du FBI.

 

 

La seule fois où les Afro-Américains font preuve de courage et relèvent la tête dans ce film se trouve être durant la scène où le jeune garçon dont nous avons parlé antérieurement, outré par le fait que les deux officiers recherchent les coupables dans la communauté « noire », leur laisse penser qu’il serait plus judicieux de chercher les coupables parmi les autorités locales. Mais aussi lors de l’enterrement du jeune noir appartenant à la ligue des droits civiques qui fut retrouvé par les agents du FBI.

 

 

Ce film est comme qui dirait, un bon thriller dans la mesure où il retranscrit bien une ambiance sombre dans le domaine de la conspiration, la manipulation psychologique… Mais les « noirs » ne tiennent pas un rôle prépondérant et sont relégués à un second degré, représentés comme des « bêtes » apeurées face à la supériorité des « blancs ».

 

 

Nous pouvons voir néanmoins un début de vent de révolte après la découverte des corps des trois victimes du KKK et en particulier lors de la commémoration de la mort du jeune noir qui faisait partie de la ligue de la défense des droits civiques. En effet, cela est dû au fait que l’Etat du Mississipi cautionne la ségrégation par différents moyens comme la séparation des cimetières des « Blancs » et des « Noirs ».

 

 

 

 

  1. Le majordome

 

 

Présentation du film

 

 

« Le Majordome » est un film américain produit et réalisé par Lee Daniels et sorti durant le courant de l’année 2013. Film dramatique ayant rencontré du succès auprès du public, il aborde un style autobiographique car il est librement inspiré d’un histoire vraie. Cette histoire est celle d’un majordome (comme le titre l’indique), nommé Cecil Gaines, qui servira au sein de la Maison Blanche sur la période de 1952 à 1986 et qui verra défiler huit présidents à la tête des Etats-Unis d’Amérique.

 

Ce film, plutôt émouvant, présente un bon casting avec, en rôle principal, Forest Whitaker qui incarne Cecil Gaines, l’animatrice d’émission à succès Oprah Winfrey dans le rôle de Gloria Gaines (sa femme), David Oyelowo  et David Banner dans les rôles respectifs de Louis Gaines et Earl Gaines, leurs fils. Nous pouvons aussi remarquer la chanteuse pop Mariah Carrey dans le rôle mineur de Hattie Pearl. Sans parler de Robbin Williams dans le rôle du président Dwight Eisenhower.

 

 

Comme nous pouvons le voir, « Le Majordome » est donc issu une de l’une de ces grosses productions américaines qu’est la « Weinstein Company ». Nous pouvons supposer que le scénariste de film, Danny Strong s’est basé en particulier sur l’article paru dans le Washington Post du 7 novembre 2008 titré : « A Buttler Well Served By This Election », à l’occasion de l’élection du président Obama. Cet article écrit par Wille Haygood est donc la base même de l’idée du film qui a été transformé pour une perspective plus mélodramatique afin de servir le commerce américain.

 

 

Bien au-delà de cet aspect commercial propre aux grandes productions américaines, nous pouvons néanmoins remarquer une bonne reproduction de la vie des Noirs Américains dans ce film. En effet, le personnage de Cecil Gaines, à la fois attachant et troublant représente à lui seul la lutte silencieuse qu’a effectuée la population Afro-Américaine pour se faire respecter en tant qu’être humain malgré le statut de « serviteurs ». Dans la même lignée que « In the Heat of th Night », nous apprécions ici un Afro-Américain fier de ses origines, qui a réussi à évoluer dans la société grâce à ses compétences et à ses efforts. Cette perspective est quand même moins idéalisée par rapport au premier film dont nous avions parlé étant donné que Cecil Gaines, contrairement à Virgil Tibbs garde cet aspect sympathique et cette présence malgré que son rôle soit de s’effacer derrière les personnes qu’il sert.

 

 

Nous pouvons aussi voir que ce film essaie de retranscrire l’ambiance vécue par les jeunes Afro-Américains dans la conquête de leurs droits. Malgré le fait que cette histoire relate en partie la période d’après l’abolition de l’esclavage, nous pouvons aisément ressentir la pression sociale qui s’exerce sur la minorité « noire » face à une société raciste. Sans parler du fait que, malgré que Cecil Gaines ait habité dans le Nord des Etats-Unis, il n’a pu évoluer dans la société qu’en servant les « blancs ». Le point le plus intéressant est la représentation de la vie de la jeunesse Afro-Américaine de cette époque, partagée entre la défense des valeurs afro-américaines et l’allégeance à un pays « appartenant » aux « blancs » entrant en guerre contre le Vietnam.

 

 

Ce film s’inscrit dans le cadre historique de manière à rappeler, de nos jours, le chemin arpenté par le peuple « noir » pour jouir entièrement de ses droits. Il essaye également, de graver dans la mémoire du spectateur que le « pays de la liberté » ne s’est pas construite en un jour et n’était pas toujours été la société égalitaire que nous connaissons aujourd’hui sans la lutte des individus qui n’ont pas eu la chance de naître avec cette égalité par rapport au reste de la société.

 

 

 

Le rôle des Afro-Américains dans le film

 

 

Les Afro-Américains, dans ce film, tiennent un rôle prépondérant. En effet, centré exclusivement sur l’histoire de Cecil Gaines, ce film se veut donc être une reconstitution de faits historiques. Dans ce film, nous pouvons retrouver les faits qui ont mené vers la conquête des droits des Afro-Américains.

 

 

Nous verrons donc ici deux sortes d’Afro-Américains dans un conflit intergénérationnel. La première génération, celle de Cecil Gaines se trouve être en proie entre le besoin de protéger leur famille qui vit une meilleure vie que celle qu’ils ont vécu. Sans parler du fait qu’ils souhaitent donner l’éducation qu’ils n’ont pas pu avoir à leurs enfants pour que ceux-ci puissent évoluer au mieux dans la société.

 

 

La seconde génération quant à elle est celle des enfants. Une partie de cette génération, essaye de gagner plus de liberté en s’intégrant à des groupuscules activistes qui luttent pour la reconnaissance des  droits des Afro-Américains dans le Sud et dans tous les Etats-Unis. Nous verrons le grand frère se portant volontaire dans un de ces groupes universitaires qui lutte de manière active pour le droit des « Noir ». Nous pouvons également remarquer qu’au fil des années, ces jeunes Afro-Américains se retrouvent au final dans des groupes assez violents comme celle des « Black Panthers (Party)». Fondé en 1966 par Bobby Seale et Huey P. Newton, nous verrons comment, après une prise de conscience sur l’aspect trop violent de ce groupe et l’absence de sentiments qu’il ressent en la compagnie de son amante (aussi membre du groupe), le fils ainé de Cecil gaines va les quitter. En effet, ce groupe a fini par s’effondrer sous l’effet de la pression du FBI et de ses conflits internes.

 

 

Au final, nous verrons ces jeunes et en particulier ce fils aîné attaquer les « blancs » par le savoir comme l’a fait Mandela contre l’Apartheid, grâce à son savoir dans le domaine juridique. Nous le verrons par exemple se présentr entant que sénateur et même se joindre aux actions de révolutionnaires tel Martin Luther King et même Malcolm X.

 

 

Nous verrons aussi dans la seconde génération, des jeunes qui essayent de s’intégrer et de gagner le respect des blancs par la participation aux causes de l’Etat comme la guerre au Vietnam. Mais nous verrons qu’il sera mort en vain pour une guerre que les Etats-Unis ont finis par perdre.

 

 

Cecil Gaines sera donc, sans le vouloir un combattant silencieux pour le droit des « noirs » aux Etats-Unis de par le de travail qu’il exécutera au sein de la Maison Blanche, digne du meilleur majordome « blanc ». Son aide entant que serviteur des différents présidents aura, au fil du temps, une grande influence sur la vision du « noir » par les différents chefs d’Etat. Vision qui sera enfin matérialisée par l’invitation par la femme de Nixon, de Gaines et sa femme pour un gala où il ne sera plus un serviteur mais un invité comme les autres parmi les « blancs » tout au long de la soirée. Sans parler de son influence dans la lutte pour les droits des noirs dans le choix de nombreux présidents qui se référeront à l’attitude des différents serviteurs de la Maison Blanche comme Gaines pour prendre les décisions concernant les révoltes des Afro-Américains aux Etats-Unis.

 

 

  1. De ces trois films

 

 

Au final, dans ces trois films, nous avons des visions différentes de la population Afro-Américaine. Dans « In the Heat of th Night », nous pouvons résumer que l’individu « noir » est caricaturé en un individu élégant, professionnel, compétent et froid, l’idéal du fonctionnaire « blanc » américain. En effet, nous voyons donc dans ce film un « noir » plus proche des blancs mais néanmoins fier de ses origines et en quête de reconnaissance dans une ville du Mississipi encore très empreinte au racisme.

 

 

Dans « Mississipi Burning », nous verrons des Afro-Américains effacés par la présence de « supers agents » du FBI qui enquêtent sur la disparition des défenseurs de droits civiques dans le Mississipi. Ainsi, nous verrons surtout la misère de la minorité « noire » qui essaye de garder cette situation plutôt que de se révolter face à l’injustice, par peur des représailles de la majorité blanche. Peur d’autant plus crédible de par le fait que l’autorité de la ville est fortement influencée par le KKK.

 

 

Enfin, dans « Le Majordome », nous apprécierons l’évolution d’un jeune « noir » du Mississipi qui réussira à monter petit à petit les échelons pour devenir enfin de compte serviteur au sein de la Maison Blanche. Nous pouvons apercevoir ce noir qui essaye toujours de protéger son peu de bonheur et dont les enfants seront l’une des sources de la révolution des Afro-américains. Nous verrons donc dans ce film la différence de mentalité entre les générations de cette minorité par l’asservissement de la première qui pourtant lutte dans son silence et l’action de la seconde génération qui dépasse parfois le cadre moral et répond parfois par la violence la haine et la pression sociale qu’elle subit. Nous avons donc dans « Le Majordome » un savant mélange des genres qui permettra à chaque « noir » de se retrouver dans les différents personnages. Néanmoins ce film est tourné vers tous afin de comprendre la place qu’a gagnée le peuple Afro-Américaine dans une lutte pour sa part de liberté.

 

 

 

  1. La suspicion et la fracture entre deux peuples

 

 

 

Dans ces deux films, les thèmes récurrents sont le racisme et ses différentes manifestations. Mais peut-on parler de racisme dans le cadre de ces films ? Quelle a été au final le rôle de ce comportement dans la vie de la population Afro-Américaine et comme est elle représentée dans ces œuvres ? C’est ce à quoi nous nous attèlerons à répondre dans cette partie.

 

 

 

  1. La race et la fracture sociale

 

 

La race ne devient vraiment qu’un élément de classification de l’être humain qu’à partir du courant du 17ème siècle[5]. Carl von Linné fut l’un des premiers scientifiques à classer le genre humain selon la couleur de leur peau à laquelle il attribue des spécificités intellectuelles générales que nous pouvons voir comme suit[6] :

 

 

  • L’ « Europaeus albus » de couleur blanche qu’il considère comme un individu intelligent, élégant,  sanguin, dominé par lois et inventif,

 

 

  • L’ « Americans luridus » de couleur basanée qui est pour lui un défenseur de la liberté, tenace, déterministe, irascible et dominé par les coutumes,

 

 

  • L’ « Asiaticus liridus » de couleur jaunâtre qui se caractérise par son comportement arrogant et avare, plutôt mélancolique et dominé par les opinions,

 

 

  • L’ « Afer Niger » de couleur noire, qu’il voit comme un être à l’attitude flegmatique, un être rusé, dominé par sa paresse et ses caprices.

 

 

 

Nous voyons donc ici que les préjugés prédominent dans ce type d’études scientifiques qui n’est fondé au final que sur des critères arbitraires. Et pourtant c’est ce genre de préjugés qui ont fait que la population « noire », se retrouve en bas de l’échelle de classification des races, juste après les individus d’origine asiatique. Bien sûr, nous ne citons ici qu’une seule des innombrables études scientifiques qui ont eu lieu au cours de ce siècle et qui montrent la prédominance de la race blanche sur l’ensemble des différentes couleurs de peau.

 

 

La couleur de peau est donc devenue un élément de classement du genre humain. Dans les films que nous avons pu voir, nous avons pu remarquer la souffrance de ces peuples minoritaires qualifiés de « nègres », qui subissent l’hégémonie de la science et la culture européenne. Néanmoins, certains personnages de ces films tendent à contredire ces préjugés de manière à ce que les caractères que l’on attribue au « blanc » puissent également être attribués au noirs et inversement.

 

 

Nous pouvons aisément voir dans le film le « Majordome » que seuls les individus un peu moins « Noirs » sont parmi ceux qui ne travaillent pas dans les champs mais plutôt comme domestiques. De même dans « In the Heat of The Night », nous pouvons voir que la mentalité « blanche » est emprunte de ces préjugés. En effet, il s’avère qu’à la vue de Virgil Tibbs, plusieurs individus « Blancs » sont étonnés de voir ses capacités. Le commissaire lui-même,  travers son comportement montre à quel point il est subjugué par le savoir-faire de Tibbs et démontre même une certaine admiration. En effet, nous pouvons supposer que la population blanche a toujours en tête ce préjugé que les « Noirs » sont des sauvages, des individus dépourvus d’intelligence si bien que la vue de Virgil Tibbs, dont la prestance et les qualités sont bien loin de ces préjugés leur fait perdre leurs repères. Nous pouvons même dire que cette vision est dérangeante dans la mesure où elle touche à leurs convictions et croyances personnelles.

 

 

Nous comprenons donc ici pourquoi il y a une telle fracture entre les deux peuples dans la mesure où la couleur de peau est devenue au cours des années un moyen de classification de l’espèce humaine. Cette fracture encore plus grande de par la valeur pseudo-scientifique des ouvrages qui traitent de ces différences entre les peuples. Nous mettrons ici en guise d’exemple, les Indiens d’Amérique qui sont parmi les premiers à avoir occuper le sol américain, qui ont également été victimes des préjugés dans les approches scientifiques : « À la fin du 18e siècle, un juriste et éducateur de la zone frontalière nommé Hugh Henry Brackenridge (1748-1816) traduisait les sentiments populaires de l’époque quand il décrivit les Indiens comme des  êtres ayant « des formes humaines… (mais), écrit-il, …ils ont un caractère  qui s’approche de celui du démon. » Il attribuait aux autochtones une habileté  inhérente, presque  surnaturelle, de corrompre l’innocence de la société blanche et de la pervertir dans la sauvagerie. Au Canada, le père de la politique fédérale d’assimilation dans les première partie du 20e siècle, le poète bien connu, et Surintendant adjoint des Affaires indiennes, Duncan Campbell Scott, qui donnait l’impression de  compassion à l’égard de l’Indien, utilisait pourtant ces adjectifs abusifs lorsqu’il se référait aux autochtones: « sauvage », « excité », « désespéré », « rusé », « traître », « superstitieux », et « brutal » (Titley, 1986). Au mieux, il considérait les autochtones comme des êtres primitifs et enfantins ayant un constant besoin  de l’aide paternelle du gouvernement: certains autochtones ont-ils raison de  soupçonner que ce sentiment est toujours  bien présent au sein de l’appareil gouvernemental à tous les niveaux? Ce sont ces perceptions, généralisées dans le public, qui expliquent en partie cette obsession de vouloir noyer les autochtones dans la grande marmite de la civilisation occidentale. D’où le développement de la politique d’assimilation… »[7].

 

 

C’est donc cette assimilation de la population « Noire » à celle de la population occidentale que nous verrons en particulier dans le film « In the Heat of the Night » où Virgil Tibbs sera aligné aux valeurs de la société occidentale. Le poids de l’héritage de son origine Afro-Américaine se fait néanmoins ressentir une fois arrivé dans la partie sud des Etats-Unis en rencontrant des américains « blancs » ayant un très fort caractère raciste.

 

 

C’est dans le film « Mississipi Burning », que nous voyons la fracture entre ces deux communautés. En effet, la place de l’Afro-Américain est celle de l’esclave maltraité dans la mesure où nous ne voyons ici que des individus souffrant de l’autorité de la population blanche locale et en particulier des autorités appartenant au Klan.

 

 

Mais l’impression de fracture est encore plus grande dans l’apparition des deux agents du FBI, qui essayent de réparer les torts des individus de leur « race » mais aussi et surtout, dans la recherche d’une justice qui n’est pas influencée par le KKK. Ainsi l’aide apportée par ces deux agents montre à quel point la situation de la ville où ils enquêtent est alarmante sur différents plans. L’insécurité et la peur exercée sur les « Noirs », dans cette perspective est soulignée par les passages à tabac mais aussi par les meurtres et tentatives de meurtre commis auprès de ceux qui souhaitent les aider et les sortir de leur situation misérable.

 

 

« Mississipi Burning » montre dans toute son envergure, le cercle vicieux qui prédomine dans une société raciste. En effet, comme le souligne l’un des personnages, ils ont été éduqués dans cette haine de la population noire ce qui fait qu’il est difficile pour eux de sortir de ce comportement.

 

 

De plus, il est encore plus difficile pour eux d’aider cette population à cause de l’emprise que les autorités dominées par le KKK ont sur eux malgré parfois une volonté d’évolution, de changement de point de vue par rapport au racisme. La menace de représailles est encore plus présente pour les « Blancs » qui essayent d’aider les « Noirs ». Nous voyons donc dans ce film, non seulement une fracture entre le peuple Afro-Américain et « Blanc » mais aussi entre « Blancs ». Nous avons donc d’un côté les blancs puritains ancrés dans la tradition ethnocentrique et de l’autre des « Blancs » plus ouverts qui acceptent de reconnaître l’humanité des « Noirs » et leur égalité par rapport à eux. Dans ce film, les « Noirs » restent des « nègres » qui craignent les « Blancs » et qui sont unis entre eux dans leur détresse et dans leur peur.

 

 

Dans le film « Le Majordome », la fracture entre les « Noirs » et les « Blancs » est toujours présente malgré le fait qu’une grande majorité du film se déroule après l’abolition de l’esclavage. En effet, la seule période où nous voyons encore le courant de l’esclavagisme dans ce film se trouve être durant l’enfance et l’adolescence de Gaines. Néanmoins l’idée de fracture se trouve être présent dans les rapports sociaux. Dans le Nord, malgré le fait que le nègre soit accepté comme n’importe quel être humain, il apparait toujours comme un individu au service du « blanc » mais sur un ordre plus humain. Nous voyons donc ici un « Noir » élégant mais qui travaille pour  améliorer la condition du « Blanc ».

 

 

Cette  fracture présentée dans le film est encore plus accentuée dans le Sud où les habitants montrent allègrement leur réticence face aux individus de couleur. En effet, nous pouvons aisément voir qu’il y a des endroits réservé aux « Blancs » et des endroits réservés aux « Noirs ». Ainsi, ces faits ont été représentés pour montrer l’aspect ségrégationniste et faire prendre conscience de l’inégalité que la société contribue à populariser. Nous pouvons voir durant une scène, le groupe d’étudiant auquel appartient le fils ainé de Gaines qui va s’asseoir sur la place réservée aux « Blancs » dans le bar et le refus des employés de les servir. Ce refus, encore ici, est une marque de fracture entre les deux peuples, une catégorisation du genre humain issue du racisme. Nous pouvons aussi voir que les transports en commun et différents autres endroits utilisés en commun sont scindés pour qu’il y ait une place attribuée aux « Blancs » et une autre aux « Noirs ».

 

 

Ainsi, l’idée de fracture est fortement perçue dans ce film, surtout à la vue de la bataille qui oppose des Afro-Américains aux forces de l’ordre, appartenant probablement à de vraies images d’archives qui ont été incrémentées au montage pour améliorer l’impact de la réalité des événements historiques.

 

 

  1. La peur du « Noir »

 

 

Comme nous pouvons le voir dans ces différents films, les individus de couleur sont pour la plupart descendants de la traite des esclaves en Atlantique, pour les besoins de la société « Blanche » en main d’œuvre pour les cultures de coton et/ou de tabac… Ainsi, le lourd passé de la population « Afro-Américaine » l’a poursuivi car cette situation d’esclave est finalement ancrée dans les mœurs occidentales. Si bien qu’il leur est devenu difficile de se détacher de la conception que les Afro-Américains puissent être traités différemment que comme des esclaves, des bêtes, des incultes…

 

 

Le racisme, sociologiquement parlant se préoccupe peu de la notion de race[8]. Cela tient du fait que, est considéré comme race, ce que les racistes veulent bien regrouper comme étant une race, selon les convenances sociales. Et ici, les convenances, dans les Etats-Unis représentés dans ces films, se basent sur la couleur de la peau. En effet, dans d’autres circonstances, nous pouvons voir le racisme comme un critère d’ordre religieux comme ce fut le cas dans le combat d’Hitler face aux Juifs. Cela tient du fait que, comme nous pouvons le voir dans le film mais aussi dans la réalité, l’être humain est un animal social qui a besoin de se retrouver dans un groupe et se différencier d’un autre groupe.

 

 

Ainsi, constituer un groupe signifie aussi être capable de définir ceux qui en font partie de ceux qui n’en font pas partie.    Il y a « eux » et « nous ». La question qui se pose alors est de

savoir  quelle  attitude  adopter  face  à  ceux  qui  ne  font  pas  partie  du  « groupe ». Théoriquement, il y a tout un spectre de réponses possibles, allant du rejet total de l’autre à l’acceptation. Les réponses les plus fréquentes sont cependant l’hostilité, la crainte ou la méfiance.   Constituer un groupe signifie  la possibilité de distinguer entre  les membres et les non-membres. Cette distinction peut très vite devenir « mise à part », « isolement », « séparation »,  « discrimination »  ou  « ségrégation »,  en  développant  notamment  ce qu’on appelle la « mentalité de groupe », soit un sentiment de confort en compagnie des membres du groupe et d’inconfort avec ceux qui n’en font pas partie. Cette « mentalité de groupe »  renforce  alors  les  réactions  élémentaires  de  méfiance  ou  de  crainte  envers l’inconnu  ou  l’étranger  que  l’on  peut  déjà  observer  dans  la  nature  et  qui  à  la  longue deviennent des mécanismes de défense presque innés. »[9]

 

Il y a donc, par force des choses discrimination et auto-préférence qui permettra au groupe de distinguer le « nous », de « l’autre ».

 

Voilà pourquoi, « c’est à partir de conceptions plus ou moins théorisées de l’idée de communauté, au nom d’une identité tribale, nationale, culturelle ou religieuse qui se voudrait étanche à tout métissage extérieur que se bâtissent les différentes versions du racisme »[10] .

 

 

Dans le film « In the Heat of the Night », le personnage de Virgil Tibbs représente une menace pour ses pairs de couleur blanche dans le Sud des Etats-Unis. En effet, nous pouvons voir un sentiment de suspicion et d’étonnement. Tel fut le cas dans plusieurs scènes comme durant le moment où il détermine qu’un suspect arrêté par le shérif est innocent car ce dernier est gaucher. Sa manière de juger qu’il est gaucher, par le toucher des muscles du bras du suspect est assez étonnant à voir, et relève pourtant d’une bonne connaissance scientifique de la musculature. Sa manière de démontrer l’innocence du suspect lui a valu d’être mis en prison par le shérif, qui s’est senti non seulement humilié mais aussi menacé par les connaissances de cet individus « Noir » qui soutient fortement que le suspect appréhendé n’a commis aucun tort.

 

Nous pouvons voir ce sentiment de suspicion lorsque Tibbs fut appréhendé quand il a attendu son train, assis dans le hall de la gare juste pour la raison qu’il est noir et qu’il a sur lui une somme assez conséquente d’argent. En effet, pour l’agent en service qui l’a arrêté, il est rare de voir un « Noir » gagner autant d’argent dans la partie Sud des Etats-Unis.

 

 

Ce sentiment de suspicion s’est aussi fait sentir quand Tibbs a été emmené par le shérif chez le légiste pour réaliser une analyse du corps de la victime. En effet, face à la stature et à la couleur de sa peau, le médecin et son assistant furent assez inquiets. Mais une fois qu’il a réussi à déterminer la cause de la mort et la date exacte de la mort de la victime, il y eut une certaine incompréhension du médecin légiste par rapport aux faits que Tibbs a pu annoncer.

 

 

Dans le film « Mississipi Burning », ce sentiment de suspicion est par contre celle ressentie par les « Noirs » envers les « Blancs ». En effet, le sentiment qui se dégage de celle des « « Blancs » se rapproche plus de la haine et du dégout envers les Afro-Américains qu’ils extériorisent par la violence. Une violence qui est matérialisée par la menace, les coups et le meurtre. De leur côté, les « Noirs » ont un sentiment de peur et de suspicion de par la pression que le KKK fait peser sur leurs épaules.

 

 

Ce sentiment de suspicion mais aussi de peur est forte car nous pouvons voir que ceux qui sont défendre la justice dans la localité sont en fait des membres du KKK. Si bien que, quand les deux agents du FBI essayent de recueillir des informations et des témoignages sur les faits qui se sont passés auprès de la communauté noire, cette dernière évite et garde le silence pour se protéger. Ainsi, les agents du FBI ont pu déterminer qu’un vieux couple afro-américain pouvait témoigner contre le shérif pour agression mais qu’ils ne souhaitaient pas le faire par peur et le dire par suspicion envers ces agents.

 

 

Dans le film « Le majordome » le sentiment de suspicion se laisse sentir entre les partisans de la révolution « Noire » et ceux qui étaient contre. D’un côté les « Blancs » suspectent les noirs de vouloir aller vers la violence pour faire respecter leurs droits.

 

 

D’un côté, les « Noirs » suspectent les « Blancs » de vouloir employer la force pour étouffer le mouvement mis en route. Sans parler que les « Blancs » se suspectent et se détestent entre eux et les « Noirs » font de même. La dissension entre les blancs se fait ressentir lors du discours donné par John F. Kennedy pour signifier son soutient à reconnaître les droits des « Blancs » aux « noirs » qui précède son assassinat. D’un autre la dissension entre les « Noirs » est présentée sur la manière de faire reconnaitre leurs droits. Nous pouvons donc voir la suspicion de Gaines envers son fils ainé par rapport au fait qu’il ne suit pas ses cours à l’université mais s’adonne à des pratiques douteuses au sein des groupes révolutionnaires, ce qui s’avérait exact. Mais aussi la suspicion du fils ainé envers son père de soutenir la domination des « Blancs » et de se soumettre à eux par peur de représailles. Ce sentiment est également perceptible au sein des groupes révolutionnaires qui doutent des méthodes utilisées pour faire valoir leurs droits, ce qui a justement mené à sa perte le mouvement des « Black Panther Party ».

 

 

 

  1. De ces différents films

 

 

La peur et la suspicion sont donc les sentiments omniprésents qui sont présentés dans ces différents films. En effet, l’un finalement, engendre l’autre et inversement. Non seulement, ces sentiments minent les deux côtés, « Noirs » et « Blancs », mais créent aussi une dissension de courant et d’opinion au sein des différentes ethnies.

 

 

Nous pouvons voir à quel point le racisme peut engendrer une incompréhension et un manque d’ouverture psychologique chez les victimes et ceux qui les martyrisent. La peur de l’autre et la peur de l’inconnu, l’impossibilité d’évoluer vers l’autre et de découvrir les possibilités offertes par la communication avec l’autre sont des éléments qui ont bridé la mentalité des Etats-Unis durant cette période.

 

 

En effet, nous avons donc voir d’un côté des individus conditionnés par la peur et de l’autre des individus conditionnés par la haine et le plaisir de dominer. Ce cercle vicieux qui constitue le racisme est difficile à surmonter comme le montrent les différents films que nous avons pu étudier.

 

 

Néanmoins, dans le film « Le Majordome » nous avons pu voir comment ce sentiment a pu être dépassé par chacun des deux camps, à sa manière, parfois à travers l’usage de la violence ou à travers l’utilisation de l’intelligence et de la communication. Ces leçons à retenir que nous offre ce dernier film est justement l’un de ses points forts, qui va au-delà de l’aspect purement descriptif du « Noir » idéal dans « In the Heat of the Night » et du soutient à la politique du FBI dans le film « Mississipi Burning ».

 

 

Les scénaristes, ont quand même parti pris sur la lutte contre le racisme en tournant parfois en dérision l’aspect glauque que prend la répression des « Noirs » aux Etats-Unis, comme dans notamment « Mississsipi Burning ». De même la dérision est de mise dans le film « In the Heat of the Night » dans le comportement des différents professionnels du milieu policier de la ville de Sparta face aux compétences que présente Tibbs dans la mise en évidence des faits qui le mèneront, avec le shérif, à résoudre son enquête.

 

 

Ainsi, nous ne pouvons voir dans ces films la vision qu’aurait pu avoir réellement un individu qui soutient le racisme dans la mesure où ces films sont censés montrer les mauvais côtés de ce mouvement ethnocentrique. Néanmoins, il aurait été intéressant de voir le point de vue de l’autre camp s’il devait y avoir un autre parti pris. Les réalisateurs et autres concepteurs de ces films ont plus ou moins essayé de garder une certaine neutralité dans la réalité de l’environnement dans lequel se sont déroulées les histoires de manière à ne pas édulcorer une réalité fade et cauchemardesque pour tout être humain qui n’a pas connu cette époque.

 

 

 

  1. La pression sociale subie par les Afro-Américains

 

 

La pression sociale fait partie des aléas qui rythment la vie des Afro-Américains. Faisant partie d’une minorité qui vit au sein d’une majorité de « Blancs » ces Afro-Américains subissent ce que l’on a pu voir antérieurement comme un instinct de protection du groupe qui fait que les « Blancs » entrent dans un système « raciste ».

 

 

Nous nous demandons donc si cette pression sociale est réellement présente dans les films que nous avons étudiés et si elle correspond à la réalité  Nous allons donc voir dans cette partie comment s’extériorise cette pression sociale, si elle existe, dans les films que nous avons choisi d’étudier.

 

 

  1. In the Heat of the night

 

 

Dans ce film qui introduit la notion de « Blaxploitation », il est assez difficile de voir la pression sociale qui s’exerce sur les Afro-Américains. En effet, le contexte de l’enquête ne montre pas vraiment la réalité vécue par la population « noire » du Sud des Etats-Unis étant donné que le scénario est centré sur l’enquête de Virgil Tibbs, produit d’un mariage savant entre l’image idéalisée du « Noir » et d’un « Noir » quand même soumis à l’autorité des « Blancs ».

 

 

Malgré le fait qu’il soit à même de mener à bien ce type d’enquête, le shérif local sert de limite et vient même parfois à ralentir l’aboutissement de l’enquête. Il est difficile de dire que cela est dû au fait que Tibbs soit un officier noir ou bien si ce n’est son comportement parfois présomptueux qui fait sortir le shérif de ses gonds.

 

 

Il y a très peu, voire pas du tout de « Noirs » à l’écran dans ce film et qui tiennent un rôle secondaire assez important. En effet, les seuls Afro-Américains que l’on peut voir dans ce film, mis à part le personnage principal, sont des esclaves qui travaillent pour une exploitation de coton, le majordome de l’exploitant raciste et la femme qui permet à Tibbs d’appréhender le coupable.

 

L’une des pressions sociales que l’on puisse voir dans ce film est la haine que montre les membres d’un groupe raciste qui poursuit Tibbs après qu’il ait giflé le propriétaire raciste qu’il suspectait. Nous pouvons voir à traves cela les mouvements d’intimidation explicite qu’utilisait la société, en particulier dans ce cas, le Sud des Etats-Unis pour maintenir la terreur auprès des Afro-Américains. Nous voyons donc dans cette scène Tibbs se faire poursuivre par ce groupe puis sur le point de se faire lyncher. Mais heureusement, le shérif arriv avant que le combat ne dégénère et intimida ces extrémistes afin qu’ils ne s’en prennent plus à Tibbs.

 

 

« In the Heat of the Night» peut être considéré comme un bon thriller qui montre la difficulté pour un « Noir » même compétent d’imposer ses idées par rapport aux « Blancs ». Cela peut se voir dans les maintes fois où il y a eu conflit entre le personnage principal et le shérif local sur la manière de mener l’enquête malgré que les faits puissent parfois prouver que Tibbs a de bonnes raisons pour émettre un jugement qui ne plait pas souvent au shérif. Il est toujours aussi difficile d’affirmer que ce conflit et cette pression que montre la police face à cet officier noir soit dû à sa couleur de peau ou si ce n’est leur orgueil qui est blessé par le fait que ce soit un étranger qui marche sur leurs plates bandes. Le fait qu’il soit « noir » deviendrait donc dans ce cas la goutte qui ferait déborder le vase sans pour autant que ce soit la cause principale de cette pression qu’ils mettent sur Tibbs pour que ce dernier arrête de réfuter les pistes qu’ils ont trouvées.

 

 

Nous pouvons donc dire que « In the Heat of th Night » n’est pas très explicite par rapport aux réalités que subissent les « Noirs » dans les états du Sud de par le fait qu’il veut en particulier centrer l’attention sur un « Noir » propre sur lui qui pourrait être assimilé à un « Blanc ». Dans ce cas, l’image du « Noir » esclave, pris par la violence de la société, la peur et une situation sociale proche de celle d’un animal n’est pas vraiment mis en avant dans ce film.

 

 

 

  1. Mississipi Burning

 

 

« Mississipi Burning » dans cette perspective de représentation de la pression sociale subie par les Afro-Américains met l’ambiance dès la première scène sur deux lavabos. Un lavabo réservé pour les « Blancs » et un autre pour les « Noirs ». Cette scène est tout de suite représentative de la situation et de l’oppression que subissent les Afro-Américains dans la société. Cette oppression qui amène à l’exclusion de la société dans laquelle ils évoluent, en bas de l’échelle du classement europeano-centriste.

 

En effet, cette distinction, cette exclusion subie par les Noirs était bien présente aux Etats-Unis notamment par le biais des lois Jims Crow qui ont été promulguées entre 1876 et 1964, juste après la Reconstruction. Ces lois, qui par divers subterfuges légalisaient la ségrégation raciale tout en acceptant l’égalité entre les « Blancs » et les « Noirs », accentuaient l’oppression et l’exclusion des la population Afro-Américaine. Cette exclusion se manifestait dans la séparation des lieux publics en deux groupes, les lieux réservés aux « Blancs » et ceux réservés aux « Noirs »[11]. Les citoyens « noirs » d’Amérique furent donc considérés comme une classe de « sous-citoyens » qui ne pouvaient :

 

 

  • prendre le même transport en commun que les « Blancs »,

 

 

  • utiliser les mêmes matériaux que les « Blancs » mis à la disposition des gens dans les services publics (restaurants, hôtels, municipalité…)

 

 

  • aller à la même école que les « Blancs »…

 

 

 

Cette pression sociale donnant la primauté aux natifs anglo-saxons, mettait les Afro-Américains sur le même pied d’égalité que les animaux de compagnie au final comme le montraient certains panneaux de l’époque où étaient inscrites les motions « Negroes and dogs not allowed »[12].

 

 

Nous pouvons aussi voir cette oppression dans le fait énoncé par les deux agents du FBI qui stipulent que ces Afro-Américains ne sont pas au courant du fait qu’ils ont acquis le droit de vote. Et de préciser qu’ils sont peut être au courant de ce droit mais que la population « blanche », et en particulier le KKK ne leur permet pas de jouir de ce droit par la menace et par l’instauration de la peur. Ce fait est encore mis en évidence dans l’attaque perpétrée par un groupement raciste à la sortie de l’Eglise d’une communauté Afro-Américaine. En guise de représailles pour avoir donner des indices sur la possibilité de culpabilité des autorités locales concernant la disparition des 3 défenseurs des droits civiques, ces « Noirs » furent lynchés.

Nous pouvons donc supposer que ce cas là est appliqué comme une menace à toute possibilité de mouvement vers une certaine liberté que ferait la communauté « noire » locale.

 

 

Cette pression sociale se fait aussi sentir par la peur et la méfiance dans laquelle vit cette communauté comme nous l’avons déjà expliqué précédemment. En effet, nous voyons dans ce film que les « Noirs » démontrent une certaine réticence par rapport aux questions posées par les deux agents du FBI. Sentiment de peur dû au manque de confiance envers le peuple « Blanc » qu’ils voient plus comme un oppresseur plutôt qu’un libérateur. Sans parler du fait que la menace qui pèse sur eux à cause de la main mise et de l’influence du KKK dans leur localité, même si ces deux agents du FBI ont réellement le pouvoir de changer (du moins en partie) leur situation.

 

 

La pression sociale se fait aussi voir, vers la fin du film, lors de la cérémonie d’enterrement du jeune Noir qui faisait partie de la protection des droits civiques mort avec deux camarades « Blancs ». En effet, comme l’a dénoncé le chef de l’église, l’Etat du Mississipi n’accepte pas que ces trois victimes soient enterrées ensemble ou que leur mort soit commémorée au même endroit de par le fait qu’ils ont une couleur de peau différente. La pression sociale est devenue loi, comme nous l’avons déjà énoncé avec l’ensemble des décrets et règlements des lois Jim Crows. C’est cette pression sociale, au final, qui a été créée pour soumettre le peuple noir-américain a également stimulé leur révolte, comme nous le voyons à l’enterrement du jeune noir volontaire de la défense des droits civiques.

 

 

 

  1. Le Majordome

 

 

« Le Majordome » met aussi l’accent sur la terreur exercée par les propriétaires « blancs » sur leurs esclaves. En effet, dès le début de l’histoire, nous voyons l’un de ces propriétaires pour lequel travaille la famille de Gaines qui viole la mère du futur majordome dans son enfance. Nous voyons ici la détresse dans les yeux de ces yeux de ces esclaves, mais aussi la peur, la haine, la tristesse et l’incompréhension de la situation qui les tourmente.

 

 

Cette peur est compréhensible en particulier quand le père de Gaines essaye de parler avec l’individu qui a violé sa femme et qui lui a directement tiré dessus pour avoir osé le défier. Mais cela est-il représentatif de la situation de la population d’esclaves « noirs » du Sud des Etats-Unis ?

 

 

Il est à noter que la situation d’esclave fut auparavant autorisée par la Constitution de l’Union elle-même mais celle-ci n’a autorité que dans les Etats se trouvant en dessous du 36ème parallèle. Pour avoir une idée de la proportion d’esclaves aux Etats Unis, référons nous au tableau n°1.

 

 

 

 

 

 

Année

 

 

 

 

Population

 

Population noire

 

 

Esclaves

 

Noirs libres

 

Total

 

 

Pourcentage total

 

 

Total

 

Pourcentage total

 

Total

 

Pourcentage total

1790…

1800…

1810…

1820…

1830…

1840…

1850…

1860…

3.929

5308

7.240

9.638

12.866

17.069

23.192

31.443

757

1.002

1.378

1.770

2.329

2.874

3.639

4.442

19,3

18,9

19,0

18,4

18,1

16,8

15,7

14,1

698

894

1.191

1.538

2.009

2.487

3.204

3.954

17,8

16,9

16,5

16,0

15,6

14,5

13,8

12,6

59

108

187

234

320

387

435

488

1,5

2,0

2,5

2,4

2,3

1,9

1,5

 

 

 

Tableau n°1 : Proportion des esclaves noirs aux USA[13]

 

 

Il est à noter que ces esclaves constituent néanmoins une minorité dans la population des Etats-Unis ce qui fait qu’ils avaient du mal à constituer une force massive pour faire face aux injustices que la société leur faisait subir. En effet, dans certains Etats comme l’Alabama, le système pénal était utilisé pour faire en sorte qu’un individu noir étant en faute devant la loi, même si elle est mineure, se retrouvait dans un état de servage, pour les grandes compagnies de coton et de tabac. Sans parler du fait que la violence subie par la famille Gaines au sein de l’exploitation se trouve assez loin derrière les réalités parfois incompréhensibles pour la morale actuelle.

 

 

En effet, les punitions, hors du cadre légal étaient coutumières et vraiment brutales. Ainsi plusieurs noirs, esclaves ou non étaient maltraités à mort pour certains par des « Blancs » qui veulent imposer une notion de « justice » qui leur était propre. Parfois, cette extériorisation de la haine et de la justice contre les « noirs » se transformait en pogrom. Sans parler du fait que la justice soutenant la ségrégation punissait peu, voir pas du out la violence faite par les « Blancs » contre les « Noirs » et de ce fait ceux-ci se sentaient même protégés par la loi au point qu’ils fassent de cette démonstration de force, des photographies de « chasse » et des cartes postales. Faits encore plus avéré par cette citation : « entre 1889 et 1903, deux Noirs, en moyenne, étaient assassinés chaque semaine (pendus, brûlés vifs ou mutilés) »[14].

 

 

Nous pouvons donc dire que le viol et le meurtre de sang froid perpétré par le propriétaire de l’exploitation où travaillait la famille de Gaines font partie de la réalité vécue par les « Noirs ».

 

 

Nous voyons aussi l’action des groupes d’étudiants noirs qui essayent de provoquer la conscience de la société par rapport à la séparation des services pour les « Blancs » et les « Noirs ». Ainsi, nous les voyons assis à une table réservée aux « Blancs » dans un restaurant. Et les personnes en charge du service refusent de les servir. Nous voyons ici la manifestation de la pression sociale qui s’est tout d’abord voulue raisonnable mis qui, au fil de ces provocations est devenu violente. Nous voyons dans ce film, un groupe de jeunes « Blancs » qui essayent de leur faire revenir à leur place en les poussant, en faisant acte de violence et en les insultant. Ce genre de comportement a toujours été toléré dans les pays du Sud malgré l’abolition de l’esclavage, en ce  temps là. Cela est un des restes du comportement des « Blancs » qui se veulent « justiciers » face à la population « Noire », issu de la violence envers les esclaves.

 

 

Le film « Le Majordome » arrive donc plutôt bien à retranscrire au cinéma l’émotion et l’atmosphère de cette époque où les Afro-Américains n’avaient aucun droit.

 

 

  1. Analyse du contenu des films avec la réalité actuelle

 

 

 

La réalité actuelle concernant la situation des Afro-Américains semble être plus enviable à celle que nous avons pu voir dans le film. En effet, comme nous le vivons actuellement, le président actuel des Etats-Unis est un Afro-Américain. Si bien que nous nous demandons maintenant si ce genre de film a un impact ou a eu un impact sur la vision des américains de souche européenne. Nous nous intéresserons également à la manière dont ces films chamboulent ou augmentent une vision stéréotypée de la population « noire » et même de la population « blanche ». Nous essayerons également de comprendre si ces films ont pu permettre d’aider à la disparition de la discrimination raciale.

 

 

 

  1. De l’usage des stéréotypes

 

 

L’usage de stéréotype est d’habitude utilisé dans les films parlant des Noir-Américains afin de faire prendre conscience au spectateur de l’aspect parfois absurde de certains faits et de les tourner parfois en dérision. Le plus souvent, ces stéréotypes sont fortement exploités dans le domaine du rire mais aussi de la conscientisation des individus sur leurs actes.

 

 

Mais de quoi parle-t-on exactement quand nous faisons état de stéréotype ? C’est ce à quoi nous allons essayer de répondre ci-après.

 

 

  1. Généralités sur les stéréotypes.

 

 

Définitions

 

 

La notion de stéréotype est assez souvent difficile à définir dans la mesure où ce mot est utilisé dans plusieurs cas sans pour autant que son sens soit pris dans son intégralité. Pour résumer, nous allons donc nous référer à la définition suivante du stéréotype : « Les stéréotypes sont, pour simplifier, des croyances socialement partagées concernant les caractéristiques qui seraient propres à certaines catégories sociales »[15].

 

 

Ce sont ces stéréotypes et cette croyance en ces derniers qui constituent après, ce que l’on pourrait appeler comme un préjugé « racial ». « Le préjugé racial, historiquement lié aux inégalités de pouvoir, se renforçant en raison des différences économiques et sociales entre les  individus et les groupes humains, et visant encore aujourd’hui à justifier de telles inégalités, est totalement injustifié. » (UNESCO, 1978).

 

 

La source de ces préjugés raciaux est la constitution d’une conception de race, de racialisation qui est « le processus social par lequel un groupe de population est catégorisé comme une race »[16]. De ce fait, il est intéressant de constater à quel point ce processus peut être à l’origine de plusieurs critères pour catégoriser l’individu, ici non seulement à partir de la couleur de peau mais aussi à partir de ses traits comportementaux. Nous allons donc voir ci-après les stéréotypes liés aux Afro-Américains.

 

 

 

La menace créée par les stéréotypes

 

 

La possibilité d’une menace ou d’un impact quelconque créé par les stéréotypes a été mis en évidence par en 1995 par Claude Steel et Joshua Aronson qui sont tous les deux de l’Université de Stanford (USA). En effet, ces deux chercheurs se sont intéressés à l’impact des stéréotypes sur la réussite académique de la population « noire » des Etats-Unis d’Amérique. Selon certains stéréotypes créés surtout à cause du passé et des préjugés liés à l’esclavage, les « Noirs » auraient des capacités intellectuelles plus basses que les « Blancs ». Pour mener à bien leur étude, ils ont eu à leur disposition un groupement d’individus Noirs et Blancs qui ont dû réaliser un test universitaire composé de 27 items. L’un des groupes était informé que ces tests avaient pour but de mesurer leurs capacités intellectuelles et le second groupe informé seulement par le fait que ces tests servaient juste à recueillir des données scientifiques sur les mécanismes intellectuels en jeu pour la résolution de problèmes verbaux. Ils ont réussi à travers cette expérience vérifier l’hypothèse que quand le test est présenté comme lié au concept de mesure intellectuelle, les « Noirs » avaient des résultats décevants, alors que quand il n’est pas fait mention de l’aspect intellectuel du test, les résultats de l’examen des « Noirs » se rapprochait des résultats des « Blancs »[17].

 

 

Steele a donc émis les conclusions suivantes concernant l’influence des stéréotypes sur la population noire-américaine[18] :

 

  • « La menace du stéréotype est une menace généralisée qui n’est pas relative à la psychologie d’un groupe social particulier. Elle affecterait les membres de n’importe quel groupe social cible d’un stéréotype négatif connu de la plupart.

 

  • Le déclencheur de cette menace résiderait dans le risque qu’éprouve un individu de se voir juger en fonction du stéréotype négatif de son groupe. Donc, diminuer, dans la situation, la possibilité d’être jugé en fonction de ce stéréotype diminuerait la pression ressentie et son impact sur les performances.

 

 

  • Ce serait ce même mécanisme qui explique les variations dans le degré de menace du stéréotype ressenti entre les différentes catégories sociales et les diverses situations d’évaluation.

 

  • L’effet de la menace du stéréotype serait indépendante de la croyance qu’aurait la personne cible du stéréotype concernant le fait que celui –ci soit vrai pour son groupe, ou pour lui personnellement,

 

 

  • La large dissémination dans la société des stéréotypes rendrait inutile toute tentative d’infirmation de ceux-ci par une amélioration des performances, cet effort pour infirmer le stéréotype devant être répété dans chaque situation évaluative. »[19]

 

 

L’utilisation des stéréotypes n’est pas réellement évidente à remarquer dans ces différents films. En effet, pour réussir à faire état de l’ensemble des stéréotypes ainsi utilisés, il est nécessaire de se référer à l’ensemble des stéréotypes les plus utilisés au sein dans le monde du 7ème art. C’est ce que nous verrons ci-après.

 

 

  1. Le stéréotype général du Noir

 

 

Dans le domaine de l’art et de la science

 

 

Le stéréotype du noir est fortement présent dans plusieurs œuvres artistiques et scientifiques. Nous pouvons par exemple citer l’étude de Carl von Linné[20] qui voit le « Noir » comme un être paresseux, flegmatique, rusé, capricieux et le « Blanc » comme un individu intelligent, élégant,  sanguin, respectueux des lois et inventif.

 

 

Mis à part ces stéréotypes pseudo-scientifiques, nous pouvons également remarquer plusieurs autres ont été utilisés dans l’industrie du cinéma américain comme survivance d’un passé miné par l’esclavage et par une fracture entre les « Blancs » et les  « Noirs ». Parmi les plus connus nous pouvons citer ceux-ci[21] :

 

  • L’oncle Tom, qui est un « Noir » caricaturalement doux, gentil, vieux et dévirilisé par le rapport d’autorité qu’il a avec ses maîtres. Il est donc l’image emblématique de l’esclave et de la servitude.

 

  • Le « Coon » ou « Zip Coon », qui est un « Noir » bête, ayant une démarche nonchalante que l’on a par exemple pu voir en la personne de l’acteur Theodore Moroe Andrew Perry plus connu sous le nom de Stepin Fetchit dans le monde du cinéma.

 

  • Le « Mulatto », qui n’est pas vraiment considéré comme un « Noir » mais qui a des origines afro-américaines. Contrairement à ses pairs, il a les traits plus caucasiens et a une meilleure diction avec une peau plus claire. Il vient généralement du nord des Etats-Unis, des villes industrielles et souffre d’un conflit d’identité, essayant de se faire passer pour un blanc mais se fait tout de même démasquer. La société américaine a toujours pris en compte le degré de clarté de la peau pour choisir les nègres de maison » ayant un teint de peau plus clair et les « nègres des champs » au teint de peau plus foncé. De même le niveau d’ascension sociale dépend du teint de l’individu.

 

  • « Mammy », ce stéréotype est l’égal féminin de l’oncle Tom. Généralement comme une nounou, satisfaite de son sort, joviale, qui s’occupe de la maisonnée, habillée en haillons et dont les phrases sont ponctuées d’un « Yes ma’sa » (yes master) ou « Yes m’am » (yes madam). Nous pouvons citer l’apparition de cette caricature dans plusieurs « Tom et Jerry ».

 

  • L’un des stéréotypes les plus connus est celui de « Buck », le «Noir » tout souriant qui ne se cache pas d’afficher ses penchants sexuels pour les femmes et généralement des femmes « Blanches ». Il est ainsi associé, contrairement à l’oncle Tom comme un animal, est grand et a le teint foncé.

 

 

La notion « d’animal » comme caractéristique de l’homme « Noir » a été très présent dans la pensée américaine comme le démontre cette citation tirée d’une autobiographie : « we [the slaves] were all ranked together at the valuation. Men and women, old and young, married and single, were ranked with horses, sheep, and swine. There were horses and men, cattle and women, pigs and children, all holding the same rank in the scale of being, and were all subjected to the same narrow examination »[22] […] « Our food was coarse corn meal boiled. (…) It was put into a large wooden tray or trough, and set down upon the ground. The children were then called, like so many pigs, and like so many pigs they would come and devour the mush ; some with oyster-shells, others with pieces of shingle, some with naked hands, and none with spoons. »[23].

 

 

Le Noir-Américain est fortement dévalué dans ce qu’il est et n’a pas toujours été considéré comme un être humain. Mais dans les films que nous avons étudiés, quelle est la place de ces stéréotypes ?

 

 

 

            Les stéréotypes vus dans « In the Heat of the Night »

 

 

« In the Heat of the Night » essaye de briser ces stéréotypes, auprès des spectateurs. En effet, Virgil Tibbs est un autre stéréotype qui ne fut pas encore vraiment connu en ce temps. Stéréotype du « Blaxploitation », il se rapproche plus de la définition donnée par Cal von Linner du « Blanc ». Ainsi, loin d’être paresseux, flegmatique il est plutôt un « Noir » sanguin, travailleur, inventif, compétent, élégant, en somme, plusieurs termes mélioratifs peuvent lui être attribués. Ses défauts se trouvent dans son impulsivité et sa manière parfois hautaine de démontrer la supériorité de ses compétences.

 

Dans ce film, nous tombons néanmoins sur l’altération du cliché de la « Mammy », en la personne d’une femme plutôt mince mais néanmoins joviale, et plutôt élégante, fière de ses origines afro-américaines, avec son bandana et sa robe à pois, qui essaye durant un certain temps de protéger le coupable sur le point de se faire appréhender par Gaines.

 

 

 

Les stéréotypes vus dans « Mississipi Burning

 

 

« Mississipi Burning », quant à lui, essaye de recréer l’authenticité sans faire l’usage de stéréotypes de l’Afro-Américain. Plutôt que de nier, d’améliorer ou de soutenir les préjugés de chacun, ce film essaye juste de reconstituer les faits tels qu’ils sont ou auraient pu être lors de l’enquête du FBI sur la disparition des trois jeunes volontaires de la ligue des droits civiques. Les « Noirs » n’étant pas non plus les personnages principaux ni les personnages secondaires les plus importants, il a surement été préférable pour les réalisateurs de ne pas tenter d’améliorer la vision des spectateurs sur ces individus, mais plutôt de montrer tel quel la peur et la pression sociale qu’ils ont subies.

 

 

 

Les stéréotypes vus dans « Le majordome »

 

 

 

De son côté, « Le Majordome » tombe presque parfois dans le cliché subtil de « l’oncle Tom » et du « Mulatto » dans le personnage de Gaines. Gaines, se retrouve comme un « Noir » doux, gentil, prenant de l’âge et qui perd sa virilité face à ses employeurs. Sans compté le fait qu’ayant la peau plutôt claire, ce dernier se retrouve (grâce aussi à l’éducation qu’on lui a inculqué durant son enfance), comme nègre de maison. Nous voyons en fin de compte son ascension sociale et la proportion que finalement prend son personnage au cours de l’histoire.

 

L’amant de sa femme également, rappelle vaguement le cliché du « Black Buck », peu civilisé et proche de l’animal, qui ne se cache pas de ses pensées parfois immorales. Néanmoins, dans l’histoire, il a jeté son dévolu sur la femme de Gaines (plutôt que sur une blanche), et vers la fin du film, nous apprendrons même qu’il fut tué pour avoir couché avec la femme d’un autre individu. Sur le plan physique, le personnage ne se rapproche de « Buck » mais il s’avère que malgré tout, le profil psychologique correspond en grande partie à ce cliché.

 

 

Le reste des personnages, peuvent être considérés comme ne tombant pas dans des clichés mis à part l’apparition furtive, parmi le personnel de la Maison Blanche, d’une femme ronde et plutôt joviale que l’on pourrait associer à la caricature d’une « Mammy », à la manière d’une nounou à laquelle la famille du président confierait leurs enfants.

 

 

En fin de compte, les deux films, à savoir « In the Heat of the Night » et « Le Majordome » prend en compte, peut être inconsciemment certains clichés du cinéma américain en associant le personnage ou en le dissociant complètement de ceux-ci. « Mississipi Burning », quant à lui, met plus l’accent sur la reconstitution des faits réels si bien qu’il évite de se référer à de tels préjugés. Néanmoins, nous pouvons remarquer par contre, le stéréotype de la communauté sectaire blanche dans ce dernier[24].

 

 

 

  1. De l’impact de ces films sur le public

 

 

  1. Etude théorique sur l’impact des films

 

 

       La question du succès

 

Le succès d’un film n’est pas toujours garanti, peu importe le budget qui y est alloué, le thème abordé ou son genre ? Mais pour quel raison des individus vont-ils, ou pas apprécier ou regarder un film ? Nous allons essayer d’aborder un point de vue psychologique plutôt que marketing dans cette partie. En effet, ces trois films qui ont été réalisés à des époques différentes n’ont certainement pas connu les mêmes types de stratégie de diffusion marketing ou, les mêmes techniques de production. Voilà pourquoi une approche plus axée sur la psychologie paraît être plus appropriée.

 

 

Si nous nous référons au signifiant psychanalytique du cinéma, nous pouvons dire que c’est la perception. Contrairement à la littérature qui ne fait entrer que l’imagination par les graphèmes et l’écriture. Même si le cinéma se rapproche d’une certaine façon à la peinture ou à la photographie, ces derniers ne prennent pas en compte diverses dimensions comme le mouvement ou le temps. Par rapport à la musique et à d’autres formes d’expression, le cinéma inclut plusieurs autres dimensions de perception et est en quelque sorte la synthèse de différentes sortes d’arts. Le seul art qui soutient les mêmes effets que le cinéma est le théâtre, car il implique la création d’un événement autant visuel qu’auditif produit en présence des spectateurs. Néanmoins, la qualité de perception, l’environnement offert dans le contexte de ces deux arts est différent car le cinéma offre bien plus de possibilités sur plusieurs points.

 

 

Ce qui offre le succès aux films sur le plan psychologique est qu’ils sont tels des miroirs. Mais contrairement aux miroirs qui reflètent un objet, ce miroir que représente le cinéma projette tout sauf le spectateur lui-même et se rapproche donc d’une vitre qui représente un monde qui est souvent familier au spectateur. En effet, dans les films que nous avons pu voir, plusieurs individus peuvent se représenter dans l’environnement projeté. Par rapport aux films que nous avons pu étudier, certains « Noirs » peuvent se placer à la place des personnages principaux à travers l’environnement, la discrimination qu’ils peuvent parfois subir dans leur environnement….Ainsi, le spectateur se représente lui-même souvent dans le film et l’histoire à travers les personnages, dans ce miroir[25].

 

Il est important que le spectateur s’identifie souvent avec le personnage du film, même s’il fait partie d’une fiction. En effet, certains caractères du personnage peuvent coïncider avec celui du spectateur ce qui accentue le rapprochement. Il arrive même que le spectateur s’identifie plus ou moins à l’acteur, en dehors du rôle qu’il interprète dans un film[26].

 

Ce qui a donc pu faire le succès de ces films, auprès de la population autant « blanche » qu’afro-américaine est donc sa capacité à représenter l’histoire. En effet, nous pouvons apprécier une certaine rectitude avec le déroulement historique des événements ayant marqué les Etats-Unis d’Amérique. Dans Mississipi Burning, nous pouvons apprécier la retranscription plus ou moins sombre et authentique de l’atmosphère de cette époque. Il en est de même pour le Majordome qui, étant ancré au réel avec la narration linéaire historique permet à tous, américains ou non, « Blancs » ou « Noirs » de se rappeler ou de découvrir l’histoire même des Etats-Unis à travers la vie de Cecil Gaines. In the Heat of the Night, quant à lui retranscris bien les problèmes rencontrés par la population noire américaine dans la reconnaissance dans le milieu professionnel. En effet, il se heurte à chaque fois à la hiérarchie « blanche », et à des collègues « blancs » qui n’acceptent pas ses capacités professionnelles.

 

 

Tout comme le ferait une photographie, le cinéma essaye de représenter dans ces différents films le monde réel. Nous voyons à travers le film le monde réel malgré que l’ensemble reste fictionnel. En effet, les films jouent donc sur la perception de notre représentation de la réalité. La capacité de ces films et qui font leur succès auprès de la population se trouve dans son aptitude à engendrer chez le spectateur une illusion de réalité et l’absence de fiction dans les personnages et les événements qui y sont dépeints.

 

 

Les films que nous étudions, se basant sur la représentation des réalisateurs des problèmes raciaux rencontrés par la population afro-américaine  travers différentes époques de l’histoire des Etats-Unis, essayent donc de gérer le réalisme de l’environnement et du comportement des différents personnages tout en y intégrant une trame scénaristique quasi-fictionnelle.

 

La manière que ces films ont de jauger les limites et l’action de la réalité sur la fiction fait leur charme et leur intérêt car nous pourrons y retrouver, en particulier, les stéréotypes racistes auxquels les spectateurs peuvent généralement se référer. En effet, nous voyons dans ces films différents comportements, allant du dédain à la haine entre deux peuples d’un même pays, mais aussi leur évolution à travers le temps et l’espace. C’est la retranscription des comportements, en dehors de la reproduction de l’histoire du pays à l’écran qui donne à ces différents films leur réalisme.

 

Ce n’est bien sûr qu’une illusion de réalisme car il est difficile de concrètement reproduire au cinéma l’ambiance ou le comportement de toute une population comme dans Mississipi Burning. Nous pouvons supposer que les réalisateurs se sont juste basés sur des bribes de témoignages historiques sur les comportements des habitants du Sud des Etats-Unis et se basent même peut être sur des préjugés qui peuvent correspondre à la conception du spectateur de ce que pourraient être ces comportements.

 

 

 

  1. Du succès du film

 

 

In the Heat of the Night

 

« In the Heat of the Night » est resté un classique du genre, en particulier grâce à l’acteur Sydney Poitiers, interprétant Virgil Tibbs, qui est devenu une image de l’idéal noir-américain. Ce film a été bien accueilli par la critique et le public, comme le démontrent les prix qu’il a gagnés, à savoir les Oscars du meilleur film, le prix du meilleur acteur pour Rod Steiger (le shérif), le prix du meilleur scénario adapté, du meilleur montage et du meilleur mixage de son en 1967. Il est également l’un des premiers fils à avoir été interdit pour les moins de 13 ans qui a reçu la distinction de l’Oscar du meilleur film. Il a également raflé le prix du meilleur film dramatique, du meilleur scénario, et Rod Steiger toujours celui du meilleur acteur dans un film dramatique, en 1968 lors du Golden Globes. Sans parler du prix Edgard-Allan-Poe que ce film a gagné pour son scénario et a même été sélectionné dans les années 2002 pour la National Film Registry.

 

 

 

Mississipi Burning

 

« Mississipi Burning » est un également un film qui a été bien accueilli par le public. En effet, son succès commercial lui a permis d’atteindre une recette de près de 34 603 000 de dollars au box-office des Etats-Unis alors que le budget fut seulement de près de 15 000 000 de dollars[27].

 

 

Ayant connu un grand succès, le film a reçu l’Oscar de la meilleure photographie grâce à Peter Biziou en 1989. Toujours la même année, le film a reçu l’Eddie Awards pour le meilleur montage la meilleure photographie d’un film par l’American Society of Cinematographers. Nous pouvons ajouter à cela l’ours d’argent du meilleur acteur de Gene Hackman par le Berlinale 1989. Et encore cette année, « Mississipi Burning » a reçu l’Artios Awards pour le meilleur casting d’un film dramatique, la National Board of Review Awards pour le meilleur film, réalisateur et acteur (toujours pour Gene Hackman), la meilleure actrice second rôle pour Frances McDormand, le prix de la meilleure photographie pour la British Society of Cinematographers, toujours par Peter Biziou. Il a également reçu le prix de la meilleure potographie de film pour le BAFTA 1990, le meilleur montage pour Gerry Hamblin et le meilleur son pour Bill Phillips, Danny Mickael, Robert J. Litt, Elliot Tyson, Rick Kline.

 

 

Ce film a également été nominé au Golden Globes pour le meilleur film dramatique, réalisateur, acteur dans un film dramatique, meilleur scénario en 1989. Et toujours la même année il a été nominé pour le meilleur film étranger et le meilleur acteur étranger pour le David di Donatello.

 

 

 

Le Majordome

 

Le film « Le Majordome » a aussi connu de succès auprès du public avec 167 447 716 dollars au box office mondial, 116 336 679 dollars au box-office des Etats Unis et du Canada[28]. Le film a également reçu plusieurs prix comme le The Joe Barber Award pour le meilleur portrait de Washington DC lors de la Washington DC Area Film Critics Association Awards l’année 2013. Forest Whitaker a également reçu le prix du meilleur acteur  et Oprah Winfrey le prix de la meilleure actrice dans un second rôle pour Oprah Winfrey lors de l’Africain-American Film Critics Association Awards toujours l’année 2013. Ce film a également été nominé au Festival du cinéma américain de Deauville 2013, la British Academy Film Awards 2014, la Critics’ Choice Movie Awards 2014, le Satellite Awards 2014 et le Screen Actor Guild Awards 2014.

 

 

 

  1. Du message

 

 

In the Heat of the Night

 

 

Le message du film peut être assez compréhensible par rapport à l’environnement du film. Recréer l’aspect glauque et sale des Etats-Unis durant cette histoire est assez convainquant de manière à ce que le public puisse comprendre l’appréhension de Tibbs à rester dans cette ville, mis à part son désaccord avec l’autorité locale. Le message principal de ce film pourrait être interprété comme une déstigmatisation du passé cet Afro-Américain qui a  réussi à évoluer dans la société américaine blanche.

 

 

Nous pouvons aussi supposer le fait que le but de ce film est de montrer la possibilité de communauté entre l’Homme « Blanc » et l »Homme « Noir », une possibilité de coopération et de vivre ensemble malgré la pression du reste de la société. C’est ainsi que nous avons une idée et une possibilité de vision de cohabitation du peuple « Blanc » et du peuple Afro-Américain. Le réalisateur essaye d’imposer cette image et cette possibilité d’évolution auprès du public.

 

 

 

Mississipi Burning

 

 

Nous pouvons donc voir que ce film a été très bien accueilli auprès du public et de la critique. L’impact du message devrait donc être assez conséquent. Dans ce film, nous retrouvons toujours ce Sud des Etats-Unis qui semble sale et hostile à la population noire. Ainsi, nous pouvons supposer que le message du film se base surtout sur la reconstitution des faits passés. Ainsi, les réalisateurs de ce film ont cherché à faire rappeler au monde la cruauté mais aussi, d’une certaine manière, l’absurdité du comportement de la population blanche de cette contrée du Mississipi.

 

 

Nous pouvons aussi supposer que ce film a pour but de faire ouvrir les yeux sur l’influence de la société sur une population ignorante. Ainsi, les chefs du KKK et qui font partie des autorités locales manipulent l’opinion publique et la renforcent. Sans parler du fait qu’il est également exposé dans ce film les conséquences de cette haine envers la population « noire » et l’atmosphère lourde que cela crée au sein d’une société qui pourrait éventuellement vivre en paix sans l’influence de ces préjugés.

 

 

 

Le Majordome

 

 

Ce film est donc également apprécié par la critique si nous nous référons aux différents trophées et aux nominations qu’il a pu avoir. Mis à part l’aspect dramatique du film, nous pouvons voir que l’histoire de Gaines essaye de retracer l’histoire des « Noirs » dans la conquête de leurs droits les plus basiques. Ainsi, ce film invite chacun, et surtout les Américains à se remettre en question par rapport au chemin que chaque peuple a emprunté pour arriver à la société dans laquelle ils vivent de nos jours. De même, elle invite la population actuelle à réfléchir sur les moyens d’améliorer la relation entre les « Blancs » et les « Noirs» afin que les erreurs du passé ne soient pas répétées et que tous les sacrifices effectués par les révolutionnaires, tous ceux qui ont lutté pour la libération et la reconnaissance des droits des « Noirs » n’aient pas été vains. Ce message est donc celui d’un espoir d’une évolution de la mentalité humaine en particulier par rapport aux discriminations raciales.

 

 

  1. De la place de ces films dans la lutte contre la discrimination raciale

 

 

Etude théorique de l’impact des films

 

 

Pour avoir une idée de l’impact possible des films auprès de la population, il serait plus juste de se référer à une étude scientifique, si cet impact existe vraiment. En effet, selon une telle étude a déjà été menée dans les années 77-78. En se basant sur 126 heures de programmes sur trois chaînes américaines, des scientifiques ont chronométré la durée où des individus « Noirs » ; « Blancs » apparaissant simultanément et ayant une interaction entre eux. Parmi les caractéristiques pris en compte sont comptés la teneur de la scène. Evidemment, les personnages d’origine américano-européenne apparaissaient en grande majorité dans ces scènes tandis que ceux d’origine afro-américaine assez rarement ce qui fait que leur interaction était quasi inexistant et ne tenait que de l’ordre de 1,5 à 3,6% du temps total des programmes télévisés.

 

Dans 70% des scènes diffusées, nous pouvons remarquer que les afro-américains avaient un statut supérieur aux individus « blancs » et avaient donc un certain rang hiérarchique. Les scientifiques estimaient que seulement 13% des séquences mettant en scène cette situation montrait une relation amicale ou une relation où prédomine le respect mutuel entre les deux ethnies. De plus, comme nous avons pu le voir dans le film « In the Heat of the Night », une grande majorité des relations interethniques qui y sont présentés reviennent à une relation de collaboration pour la poursuite d’un but commun ne laissant ne laissant pas vraiment de place à une relation qui pourrait évoluer vers un semblant d’amitié. En effet, ce type de relation n’était mis à l’écran que l’ordre de 10% du temps de programmation en général. Et pourtant les relations entre « Blancs » » laissaient transparaître sur 47% du temps, la possibilité d’une relation amicale en dehors de tout aspect professionnel.

 

Nous pouvons voir dans une grande majorité des films que nous avons présentés cette situation qui montrait en grande majorité qu’un « Noir » et un « Blanc » pouvaient avoir une relation professionnel, ou qu’un « Noir » pouvait avoir un statut professionnel supérieur aux « Blancs » ou égal aux « Blancs » mais qu’un rapprochement est presque inexistant. En effet, nous voyons qu’aucun de ces films n’est basé sur une idylle entre ces deux ethnies américaines ou même une amitié profonde. Néanmoins, dans « In th Heat of the Night », il est appréciable de voir un semblant de rapprochement entre le héros et la femme de la victime, lorsque celui-ci lui tient la mais juste pour la consoler. De même dans le « Majordome », nous pouvons apprécier le rapprochement entre le héros avec certains présidents américains, notamment le défunt John Fitzgerald Kennedy.

 

Si nous nous référons à l’étude réalisée sur la diffusion américaine et ses impacts, les scientifiques ont pu démontrer que les téléspectateurs afro-américains assidus pensaient que les « Noirs » étaient bien intégrés à la société des Etats-Unis d’Amérique si bien qu’ils pensaient même être nombreux dans la classe moyenne américaine. Les téléspectateurs assidus  « Blancs », par contre pensaient également à tord que les « Noirs » avaient un bien meilleur niveau social et niveau d’étude. De même, ceux qui regardaient les journaux télévisés qui mettaient en cause des « Noirs » dans des événements tragiques avaient une plus mauvaise idée de cette ethnie. Il est bien sûr plus simple de rappeler que la vision ethno-centrée de la population a tendance à placer tout individu qui n’appartient à son propre groupe ethnique dans une vision simplifiée qui fait qu’ils se ressemblent (cas de la vision sur les asiatiques, qui pour nous (Blancs ou Noirs) se ressemblent tous). Si bien que notre avis sur toute une ethnie pourrait être influencé par un simple stéréotype que nous pourrions avoir de celle-ci sans arborer une vision plus complexe de l’individualité humaine. Les films peuvent donc, à force de jouer sur les stéréotypes, qu’ils soient positifs ou négatifs, peuvent faire sortir toute vision de la logique que l’individu appliquerait à l’analyse qu’il fait sur sa propre ethnie. Celle-ci sort donc de la normalité et renforce encore plus les distances sociales. Ainsi, nous pouvons voir dans deux de ces films, à savoir « In the Heat of the Night » et « Le Majordome » que les personnages principaux restent avant tout fidèles à leur travail et ont une certaine éthique personnelle. Cette qualité attribuée aux héros afro-américains tend à positiver la vision des téléspectateurs mais également à créer un écart de jugement  entre la réalité et la fiction. Nous pouvons donc supposer que l’abus de cette qualité tend également à créer un écart social entre les ethnies. De même, la manière dont est représentée la population blanche tend à renforcer la méfiance de la population afro-américaine envers celle-ci.

 

Le racisme peut être un fléau si nous considérons la souffrance psychologique et physique qu’endure la communauté discriminée pour ce qui fait de lui un être humain. L’humanité, la seule race que l’on peut considérer est censée donc ne faire qu’une. Si nous considérons l’idéologie raciste, nous pouvons avancer le fait qu’elle est centrée sur la « pureté de la race » et implique une phobie du métissage si nous nous basons sur un point de vue universaliste[29].

 

 

Le racisme, au-delà de la différence biologique est l’observation même d’un comportement, créant le stéréotype pour créer un groupe d’appartenance lié ensuite à une spécificité biologique. En effet, « le racisme est en somme une donnée culturelle, sociale et historique »[30]. De même, elle est accompagnée d’une « dévalorisation, généralisée et définitive, de différences réelles ou imaginaires, au profit de l’accusateur et au détriment de sa victime afin de justifier une agression ou un privilège. »[31].

 

 

Comme nous avons pu le voir, plusieurs de ces stéréotypes sont présents dans une grande majorité des œuvres de cinéma américain des années 1900. Mais les films que nous avons étudiés et qui s’inscrivent dans le cadre de la lutte contre le racisme peuvent-ils vraiment aider à effacer ces stéréotypes ? C’est ce que nous allons analyser dans cette dernière sous partie en mettant en évidence la notion d’antiracisme et les solutions préconisées pour lutter contre les discriminations.

 

 

  1. L’antiracisme et les solutions pour lutter contre la discrimination

 

 

La notion d’antiracisme

 

Les films que nous étudions peuvent-ils vraiment permettre de lutter contre le racisme ou bien sont-ils juste là pour retracer l’histoire d’un pays à travers une fiction ? Il n’est évidemment pas simple de jauger du caractère antiraciste d’une œuvre dans la mesure où la notion en elle-même est assez difficile à définir.

 

Pour pouvoir ainsi dire si les œuvres en question donnent l’impression qu’elles permettent de lutter contre les comportements racistes ou de les dénoncer, il nous faut donc nous référer théoriquement à des études concernant ce sujet.

 

 

L‘antiracisme se veut être tout type de mouvement, d’idéologie qui lutte pour l’abolition du racisme et qui essaye de promouvoir l’égalité[32]. Mais admettre l’existence de la notion de race et de sa typologie ne revient-elle pas au fond  à accepter la catégorisation de l’individu à partir de ses spécificités biologiques ?

 

 

Malgré qu’il ait été prouvé qu’il n’existe pas de fondement scientifique de la notion de racisme, l’antiracisme américain suggère néanmoins que la notion de « race » reste une réalité sociale. C’est sur cette base que se défend l’antiracisme pour justifier les classifications raciales utilisées empiriquement afin de lutter contre le racisme. Ainsi, ces classifications antiracistes et néanmoins scientifiques se basent sur des données quantifiables de catégorisation afin de marquer l’appartenance « raciale » d’un individu[33]. Ce phénomène est appelé « la racialisation » et est : « a dialectical process by whick meaning is attributed to particular biological feaures, as a result of which individuals may be assigned to a general category of persons which reprocduces itself biologically »[34].

 

 

Cette théorie raciale est fondée sur le fait que la notion de race est vraiment présente dans les relations sociales aux Etats-Unis et qu’il existe, objectivement une vraie différence physique objective entre les individus d’origine différente. Ce qui fait que, pour les racistes, mais aussi pour les antiracistes, la « race » est une réalité.

 

 

L’antiracisme est pourtant paralysé par le fait qu’il essaye de trouver ses fondements dans un certain naturalisme tout en essayant de réfuter scientifiquement la notion de « race » d’où un paradoxe dans ses pensées et ses actions pour valoriser l’égalité entre les différentes « races ».

 

 

Parmi les problèmes de cette racialisation présente dans les mouvements antiracistes est la prise en compte de la théorie raciale « raciste » qui nécessite l’acceptation d’une catégorisation raciale entre les individus. Cela accentue l’effet de fracture entre les peuples et d’inégalité. Cette théorie qui a été développée par les racistes et toujours utilisée même dans l’antiracisme « …was, and continue to be, chosen by political representatives, community activists, social cientists, and laypersons for various purposes. Indeed, the very claim that race is a potent force in society reflects this choice. Is is itself part of the dissemination of racial classification »[35].

 

 

L’antiracisme tombe donc dans un cercle vicieux qui tend à intensifier la notion de race pour qu’il y ait une « égalité » entre ces races. Ainsi, toujours présente aux Etats-Unis (mais aussi à travers le monde) et toujours présente dans les concepts antiracistes, la notion de « race» tend à se renforcer.

 

 

Chacun de ces films, malgré leur volonté de dénoncer la cruauté du  système dans lequel ont vécu les deux ethnies et mettant en la race « blanche » comme étant une race supérieure, il est à noter que la notion de race en elle-même est trop présente et prononcée pour être antiraciste.

 

Dans le film « In the Heat of the Night », nous pouvons remarquer que le héros est stigmatisé par le fait qu’il soit afro-américain tout au long du film. Malgré le fait qu’il soit une représentation soignée du genre afro-américain, nous pouvons ressentir tout au long du film que la population de cette époque et une grande majorité des personnages blancs sont en quelque sorte méfiant envers lui de par sa race. Nous pouvons également  noter que le personnage lui-même est exaspéré envers le comportement de la population « blanche » envers lui. Evidemment, ce film prend pour fer de lance le fait qu’un individu d’origine afro-américaine peut être aussi compétent que n’importe quel « blanc » sur le plan professionnel. Et pourtant, souligner le fait que les deux races se valent montre qu’il y a donc bel et bien une race à valoriser et que l’humain n’est pas réellement représenté à l’écran de manière indifférente. Cette représentation du noir qui se veut être valorisant pourrait même attiser les foudres des individus plus traditionnalistes qui peuvent craindre que l’afro-américain puisse lui prendre son travail.

 

Dans le film « In th Heat of the Night », nous avons plus affaire à une reconstitution des faits si bien que la représentation des « Noirs » dans ce film se veut être le plus authentique possible. Néanmoins, nous pouvons voir que le réalisateur essaye d’améliorer et de mettre en exergue le drame de l’histoire à travers l’aspect misérable des afro-américains et la cruauté des membres du KKK. Les afro-américains sont représentés sous leur aspect le plus faible attendant patiemment que la communauté « blanche » n’assouvisse ses vices les plus obscurs.

 

Dans le film « Le Majordome », le parcours du héros en lui-même montre une forte exagération de  l’aspect « travailleur » qui se suffit à son statut. En effet, Cecil Gaines est un modèle de servitude envers la race « blanche » et creuse l’écart entre la vision du « blanc » dominant et du « noir » dominé. Cette vision intègre encore plus la vision du stéréotype dans la pensée des spectateurs de par les choix de facilité pris par le héros tout au long de l’histoire, sauf peut être lorsqu’il décide de démissionner une fois arrivé à un âge avancé.

 

L’antiracisme américain devient en fin de compte vulnérable étant donné que le racisme en lui-même peut trouver ses fondements dans les mêmes principes. En émettant une opposition à l’infériorité des individus d’origine africaine sur le sol américain et en refusant donc la supériorité de ceux d’origine européenne, les abolitionnistes ont permis aux racistes de justifier la présence de la ségrégation raciale dans le Sud des Etats Unis par l’imposition du système « Seperate But Equal », comme nous avons pu le voir dans les films que nous avons étudiés. Ainsi, est donnée la possibilité pour les « Noirs » d’aller voter et de faire les mêmes choses que les « Blancs » (s’ils ne sentent pas menacés par l’exercice de ce droit) mais dans des endroits qui leurs sont réservés. Il aura fallu près d’une centaine d’années de pratiques pour que l’abolition de cette ségrégation soit effective malgré que la population afro-américaine ait été considéré comme un peuple libre de tout type d’esclavage depuis longtemps, à travers « l’égalité culturelle ».

 

 

C’est ainsi qu’est né de l’antiracisme la valorisation de « l’identité raciale » noire pour que la culture propre à la population afro-américaine ne soit pas assimilée par la culture des « Blancs ». Le but fut de redonner à la « culture noire » son identité à travers l’histoire des victimes de cette ségrégation et de l’esclavage. Cela  pourtant pour effet de détruire leur « image de soi » qui a été nommé le « Blackness »[36].

 

 

L’ambigüité par laquelle se manifeste l’antiracisme a permis au racisme lui-même de proliférer sous des formes respectables voire antiracistes. La contradiction instaurée par l’antiracisme fait émerger un questionnement sur les actions à réaliser et les moyens à mettre en œuvre pour éradiquer cette discrimination.

 

 

Les deux notions étant sensiblement liées entre elles vient de la notion commune qu’elles prennent en compte, c’est-à-dire la théorie raciale et le système de racialisation. De même, si la race doit être considérée comme une identité culturelle, le clivage entre les différents individus ne ferait qu’augmenter de par le fait que la fierté d’appartenance à un groupe ethnique favoriserait la discrimination entre les humains.

 

 

Certains antiracistes pensaient que considérer la « race afro-américaine » comme telle et revendiquer son égalité à la race « blanche » améliorerait sa condition de vie. Et pourtant, comme nous l’avons déjà expliqué antérieurement, les pro-racistes ont détourné cette revendication pour que naisse  le ségrégationnisme. Mais c’est en conservant la « notion de race » que les abolitionnistes se sont alliés à leurs pires ennemis sans pour autant prendre conscience du nouveau problème qu’ils étaient entrain de créer.

 

 

En effet deux pièges se sont ouverts à l’antiracisme :

 

  • Le premier étant la valorisation de la race noire, qui se rapproche d’un racisme différencialiste

 

  • Le second est la dogmatisation de l’universel, projection abstraite d’un ensemble de normes, qui peut finir par une projection de l’identité culturelle entant que norme imposée à « l’autre » afin qu’il puisse être considéré comme un égal. Il y a donc ici, appropriation de l’idéologie colonialiste qui a permis à la société occidentale de s’imposer dans plusieurs pays étrangers, un effet d’assimilation.

 

 

La voie vers le racisme est donc empruntée au point que les individus et institutions soutenant le racisme peuvent être amenés à utiliser une stratégie antiraciste pour accentuer un clivage entre les races.

 

Nous pourrons donc voir à travers cela plusieurs stratégies pseudo-universalistes qui bloquent l’antiracisme en le privant d’un espace de communication qui lui est propre.

 

Le but de l’antiracisme devrait donc être de « penser le fait communautaire dans une perspective universaliste qui permette de redonner à l’individu concret, incarné, sa valeur essentielle et existentielle, ce qui implique une identité référentielle, culturelle et/ou communautaire »[37].

 

 

Cette tâche presque est difficile à réaliser étant donné que dans cas, il serait important de considérer l’autre comme un être à part entière ayant ses propres spécificités culturelles, tout en le considérant comme son égal mais aussi son supérieur dans sa différence. Le paradoxe créé par « l’antiracisme » lui-même doit donc être résolu pour accéder à un réel environnement de respect, d’égalité et de partage entre les différentes origines ethniques constituant la population américaine mais aussi les divers pays du monde.

 

 

Si nous nous référons donc aux écrits ainsi cités, nous pouvons dire que faire d’un film une ouvre antiraciste est quasi impossible. En effet, cette notion étant en elle-même difficile et les armes qui lui sont propres se rapprochant du racisme sur certains points ne permet pas de créer une stratégie applicable au monde du 7ème art. Ces trois films ne font donc en réalité quer retracer l’histoire du peuple américain et dénoncer les erreurs du passé sans pour autant entrer dans un cadre que l’on pourrait qualifier d’antiraciste.

 

 

Les causes d’une inégalité sociale 

 

 

L’inégalité sociale présente dans les films que nous avons présentés est en généralité causée par la différence d’origine des individus. Nous pouvons y voir un processus d’exclusion dans le processus social par le biais de l’utilisation des théories raciales. En effet, la discrimination découle des préjugés et stéréotypes que nous avons pu énoncer qui sont basées sur la hiérarchie des valeurs de la race et des cultures. Cela va influencer le rapport entre le travailleur « immigré » et le travailleur « autochtone ».

 

 

Dans une approche purement critique, adoptée par divers sociologues européens la culture n’est en fait qu’un prétexte pour justifier l’exclusion raciale pour que les populations de « couleur » ne puissent pas accéder à certaines ressources qui profitent à la société « Blanche ».

 

 

Dans une approche purement fonctionnaliste, adoptée par contre par les penseurs américains, la culture n’est pas qu’un prétexte mais est le fondement de l’aspect discriminatoire des relations entre les « Blancs » et les « Noirs ». En effet, selon le schème fonctionnaliste, pour que l’individu puisse réussir, il est important qu’il arrive à intégrer les valeurs culturelles de son pays d’accueil[38]. De ce fait, cette théorie conçoit que l’égalité entre les peuples immigrés et les peuples autochtones ne dépend que de l’assimilation de la culture de ces derniers par la population immigrée. Et pourtant, cela finit par découler, comme nous l’avons déjà cité, par un processus d’assimilation sans le respect de l’identité culturelle de l’autre.

 

 

La question d’assimilation était d’ailleurs difficile à comprendre au temps de l’esclavagisme américain étant donné que l’accès à l’éducation par la population « noire » était quasi nulle et la probabilité que celle-ci évolue dans un autre but que pour servir les « Blancs » était quasi faible.

 

De plus, l’assimilation qui consiste en l’abandon de se propres valeurs culturelles pour survivre à la discrimination et la mise en marche de la société. Cela passe par une dévalorisation identitaire qui peut finir par un déni de Soi.

 

 

Contrairement à l’assimilation, nous pouvons voir la théorie différentialiste, qui est l’affirmation de Soi et la revalorisation de l’identité culturelle. Ce mouvement est intégré dans la sociologie américaine par le nom de « pluralism » et/ou de « survivalism » pouvant également être un facteur de réussite.[39]

 

 

Néanmoins, face à la différence raciale basée sur les préjugés, le différencialisme est, comme nous avons pu le développer également, proche du racisme différentialiste qui par contre augment le clivage entre les « races ».

 

Cela nous amène à nous demander quels sont les moyens mis en œuvre pour empêcher cette discrimination durant les années 1900 aux Etats-Unis et si cela avait réellement eu une incidence dans la vie des habitant des Etats-Unis, et si les films en question s’inscrivent dans cette optique, en particulier les « In the Heat of the Night » et « Mississipi Burning ».

 

 

Les décisions prises par les sciences sociales américaines durant les années 1900 pour lutter contre la discrimination

 

 

Ce n’est que vers 1920 que diverses stratégies ont été proposées pour lutter contre la discrimination. Ces stratégies, comme nous le savons n’est pas parfaite étant donné que le principe lié à l’antiracisme lui-même n’est très ambigu. Mais la lutte contre la discrimination ne veut pas forcément inclure la lutte antiracisme uniquement mais toute forme discriminatoire qui empêcherait la prise en compte de la valeur culturelle et identitaire d’un groupe dans toute son envergure.

 

 

Etant donné que l’action est envisagée pour lutter contre ce fléau, la discrimination a d’abord été vue dans son aspect interrelationnel en délaissant l’aspect structurel de la société dans laquelle évoluent les individus discriminés mais en prenant compte de l’aspect comportemental des parties prenantes. Ainsi la discrimination est définie, à cet usage comme un comportement qui exprime le besoin de marginaliser un groupe en se référant à des stéréotypes et préjugés raciaux. Et pourtant étant donné que préjugés et attitudes sont des termes neutres, il est important de spécifier que certains préjugés peuvent mettre en valeur un aspect positif autant qu’un aspect négatif. Nous pouvons prendre l’exemple du préjugé d’une majorité des étrangers, que les parisiens sont des individus raffinés comme la ville dans la quelle ils habitent, alors que d’autres provinces de la France voient d’un mauvais œil les parisiens. De plus un préjugé est souvent utile dans une démarche de connaissance.

 

 

Vers 1970, les sciences sociales élaborent une théorie sur les « effets discriminatoires », en considérant la discrimination comme le résultat du comportement discriminatoire. Ainsi les sciences sociales en sont revenues à l’analyse structurelle de la société pour comprendre le phénomène de discrimination. Cette sociologie essaye de se défaire de l’aspect moral en réalisant une approche « objective ». Ainsi, « discrimination is an analytical concept, not a moral term »[40].

 

 

Il est intéressant de voir que pour mesurer la discrimination, les scientifiques ont examiné des écarts statistiques entre les groupes et cela a été utilisé en particulier dans le domaine de l’emploi. Mais la controverse que cela peut créer est dû au fait qu’une telle méthode comparative demanderait l’utilisation de très grands échantillons mettant en jeu plusieurs dimensions complexes dont il est difficile d’assurer une certaine exhaustivité.

 

 

Et pourtant mesurer cette discrimination est essentiel de manière à cerner les différents problèmes qui causent cette discrimination et les différents moyens qui permettent d’y remédier. Ainsi, plusieurs problèmes n’ont pas permis aux scientifiques d’émettre des postulats stratégiques parfaits à cause de la difficulté de mesure de la prévalence de la discrimination.

 

 

Voyons donc quelles ont été les solutions proposées aux Etats-Unis durant cette période. Bien-sûr, nous nous intéressons uniquement dans notre étude à la région Nord américaine  sans parler du fait que certaines solutions prévalant la revendication de l’égalité sont devenus de l’ordre institutionnel. D’autres, par contre ayant eu une certaine portée politique sont juste restés dans le domaine de la revendication. Et ces revendications se sont renouvelées au fil du temps depuis les années 20. Malgré tout il à noter que certaines de ces solutions sont fortement influencées par un certain racisme séparatiste revendiqué par les Afro-Américains eux-mêmes.

 

 

Parmi ces solutions, nous pouvons citer le Black Power[41] qui est fondé sur :

 

  • Les modèles de psychologie clinique et l’anti-intégrisme noir

 

  • Un modèle révolutionnaire marxiste radical

 

 

Ces « deux schèmes dont les conclusions logiques devraient se contredire dans le cadre d’un Etat-nation, mais dont la contradiction est surmonte par le discours du Black power. Ce dernier fait en effet intervenir la séparation racio-institutionnelle comme moyen incontournable d’atteinte de l’égalité, non pas individuelle, mais entre les deux groupes-races en présence (Les Américains blancs et les Afro-Américains) »[42]

 

Le Black Power, pose problème dans la manière ou sa revalorisation de la race « noire » utilise justement cette conception de culture de la race. Ainsi, la population de la clase moyenne « noire » est mis à mal par ceux qui soutiennent le Black Power dans la mesure où ceux-ci ont intégré les valeurs individualistes et d’égalité que les « blancs » soutiennent.

 

 

La Black Power essaye, dans sa manifestation la plus radicale, de prôner une prise de pouvoir pour une institution séparée entre la population afro-américaine et la population américaine « noire ». Cela devait en principe redonner à la population « noire » un moyen de se reconstruire après les problèmes qu’elle a subis. Ainsi, elle pourra être prise dans toute la valeur de sa culture. Sans parler du fait que le Black power souhaite faire rappeler au monde asiatique et africain de la communauté de leur passé, sous le joug de la colonisation des « Blancs » et de se soulever contre cet impérialisme et en appelle en fin de compte à une « guerre raciale ».

 

 

La notion d’égalité dans le contexte du Black Power est mal vue dans la mesure où elle inclurait le fait que le « Noir » et le « Blanc » sont au final « pareils » ce qui amènerait à une assimilation de la culture afro-américaine à la culture américaine blanche. Dans ce cas, la personnalité des individus et leur culture risquerait de disparaître.

 

 

L’un des autres emblèmes du mouvement Black Power est celle de la supériorité du caractère afro-américain et l’infériorité de la race « blanche ». Nous voyons donc ici une vision raciste utilisée pour le profit de la culture « noire » alors que les propagandistes du Black Power voient dans cette vision un emblème de l’antiracisme. En effet, de par l’oppression qu’elle a subie, la population « noire » voit donc plus le racisme comme un acte des « Blancs » pour la suprématie de leur race plutôt que comme une idéologie qui scinde la population américaine en deux groupes raciaux.

 

 

Le Black power demande donc au final une prise du pouvoir par le peuple noir soit une sorte de vengeance personnelle pour leur propre suprématie et contre la race « blanche ». En effet, « le discours racialisant du Black Power réfère à une évidence objective pour l’américain moyen, noir ou blanc, puisqu’il postule l’existence de races différentes, lesquelles par définition impliquent un caractère biologique, ce qui justifie que chacune évite les mélanges génétiques »[43].

 

 

Mis à part les revendications du Black Power, plusieurs solutions institutionnelles sont apparues. Néanmoins le problème de ces solutions institutionnelles qui se veulent plus neutres que le Black Power est dû à leur approche assimilationniste, basée sur l’égalité individuelle. « À l’inverse, les solutions aux inégalités proposent des interprétations de la discrimination raciale fondées sur l’observation de disparités statistiques entre groupes raciaux ou déclarés tels, sans égard aux comportements postulés les avoir produites ni aux individus personnellement victimes de ces comportements, tel qu’ordinairement exigé par les cours de justice dans la perspective de l’égalité individuelle »[44]

 

De même il est intéressant de remarquer l’incertitude juridique qui impose à l’Etat et à la Cour Suprême de rendre justice par rapport à l’obligation de lutter contre les inégalités entre les groupes en réalisant un jugement prenant en compte la « race » de manière non individuelle à la partie la moins favorisée plutôt qu’une réparation individuelle de la victime d’un tort.

 

Nous pouvons retracer notamment dans le film « Le Majordome » a été l’un des films mettant le mieux en scène les manifestations du Black Power. En effet, nous pouvons par exemple noter le fait que le fils aîné de Cecil Gaines entra, par rébellion envers son père mais aussi par refus de soumission à la suprématie « Blanche », entrer au sein des Black Panthers. Cette communauté  plutôt extrémiste dans ses actions, qui essayait tant bien que mal de faire respecter l’originalité de la population afro-américaine mais également de créer un vent de rébellion au sein de celle-ci. Nous comprendrons donc pourquoi cette communauté qui avait tendance à aller à l’encontre de l’ordre social, s’est retrouvée, comme dit dans le film démantelé par le FBI, et pourquoi le fils de Cecil Gaines a décidé que les moyens mis en place par cette communauté n’état pas réellement efficace pour faire valoir les droits de la population afro-américaine.

 

 

 

 

  1. De l’impact possible des films dans la lutte contre la discrimination

 

 

In the Heat of the Night

 

 

« In the Heat of the Night », comme nous l’avons déjà résumé, raconte l’histoire d’un officier « noir » venant du Nord des Etats-Unis qui arrive dans une ville à l’ambiance sale de l’Etat du Mississipi. Nous voyons donc ici, un « Noir » propre sur lui-même et se rapprochant de la culture « blanche » qui arrive dans un endroit où la réticence  envers les gens de « couleur » est encore très forte.

 

 

Dans cette perspective, Virgil Tibbs est ce qu’on appelle la réussite sociale du « Noir », non pas grâce à sa couleur de peau plus clair mais par grâce à son labeur pour acquérir ses titres de noblesse dans l’enquête sur les homicides. Nous pouvons donc voir en cet officier le produit d’un assimilationnisme exacerbé sur plusieurs points. Tout d’abord, nous avons dans cette histoire, un « Noir » élégant, toujours habillé en costume cravate dans toutes les scènes. Ensuite, nous avons un individu bien payé, ce qui peut être synonyme d’une réussite professionnelle et certainement donc, d’une réussite sociale. Ensuite, le film met en scène les différends entre cet officier avec le shérif local, qui n’est pas à proprement parler un « raciste », mais un individu ayant des préjugés envers les Afro-Américains.

 

 

Nous pouvons donc dire que « In the Heat of the Night » prend parti sur l’idéologie assimilationniste occidentale pour redonner valeur à l’individu d’origine africaine. En effet, les caractéristiques propres au personnage, comme nous l’avons déjà énoncé se rapproche plus de ce que les préjugés racistes occidentaux, qualifierait le « Blanc ». Ainsi, le personnage joué par Sydney Poitiers est en quelque sorte un « Noir » qui a abandonné une grande partie de la culture « noire » de par le fait qu’il a réussi à s’intégrer dans la société occidentale. Il est vrai qu’il ressent une certaine rancœur envers l’attitude des locaux, et qu’il soit « fier » de ses origines afro-américaines, mais il n’est en réalité que la transformation de la culture « noire », vers une culture « entre-deux » qui se rapproche plus de l’individualisme « blanc », qui ne jure que par le pragmatisme et les compétences individuelles.

 

 

La promotion de cette idéologie se fait également par le biais d’un message d’espoir. En effet, nous voyons qu’au début, malgré le fait que Virgil Tibbs ait les compétences nécessaires pour mener à bien cette enquête, ses pistes sont toujours réfutées et niées par le shérif. Et pourtant, comme nous pouvons le voir à la fin du film, il y a un certain sentiment de reconnaissance et de respect qui émane de ce dernier envers l’officier noir pour l’aide qu’il a donné afin de clore l’affaire. Sans parler du fait qu’à force d’efforts, cet officier « noir » réussit à se faire entendre par ses pairs qui soulignons le, sont originaires de l’Etat où la réticence envers les »Noirs » est très forte.

 

 

Nous pouvons également remarquer une scène troublante où Tibbs essaye de consoler la veuve de la victime, laissant penser à un rapprochement possible entre une femme « blanche » et un « noir », sans que cela n’ait l’air d’une fausse réalité. De par ce fait, il y a ici mise en valeur de la possibilité d’égalité entre Tibbs et la victime quant à la capacité d’avoir des affinités avec la veuve.

 

 

Ainsi le message d’espoir que porte ce film est que par l’assimilation des valeurs culturelles du « Blanc », l’individualisme, le travail…, l’individu de « couleur » peut avoir une vie sociale épanouie et atteindre une réussite professionnelle.

 

 

 

Mississipi Burning

 

 

« Mississipi burning » s’inscrit plutôt dans la réhabilitation de l’image du « Blanc » et de l’égalité institutionnelle. Nous avons ici, deux agents du FBI qui vont essayer tout d’abord de retrouver les coupables de la disparition de 3 volontaires du comité des droits civiques. Au fil de l’enquête, ceux-ci vont quand même s’investir émotionnellement face aux problèmes créés par le KKK au sein de la communauté où ils mènent leur enquête.

 

 

D’un côté, nous avons la violence perpétrée contre les « Noirs », et de l’autre celle contre les « Blancs » qui essayent de rétablir l’ordre et la justice. Cela ne va donc pas laisser indifférents les héros de cette histoire qui vont user de méthodes non conventionnelles pour lutter contre cette organisation « raciste » extrémiste.

 

 

Ainsi, nous pouvons plutôt voir dans ce film, une manière de montrer que ce ne sont pas tous les hommes « blancs » qui sont en cause dans la perpétuation du racisme. De plus, les membres du KKK sont en grande partie déshumanisés de manière à ce que la partie la plus sombre de l’histoire du racisme dans ce film soit concentrée sur eux, les habitants « blancs » de la communauté étant seulement des victimes de la société influencée par le KKK. Nous pouvons voir cela à la manière dont la femme d’un des membres de cette organisation va aider les deux agents du FBI à mettre son mari sous les verrous, étant lasse de toute cette violence qu’elle trouve injuste. Sans parler du fait que le mari et ses amis finissent par la battre au point qu’elle doive être amenée à l’hôpital. Nous voyons dans ces scènes la victimisation des autres « blancs » et la déshumanisation, voir la mise en marge des membres du KKK. Cette victimisation du reste de la communauté « blanche » est encore plus mise en valeur à la manière dont la femme qui a été battue explique qu’elle et les autres habitants n’ont connu que cette haine envers les « Noirs » comme éducation et manière de vivre depuis leur enfance.

 

 

La scène la plus marquante est la descente de tout le peuple noir dans les rues afin d’enterrer le corps du jeune noir disparu combattant pour les droits civiques. Parmi toute cette communauté afro-américaine, nous voyons l’un des agents marcher avec eux, sans peur des reproches que peuvent lui faire le reste de la communauté « blanche ». Nous voyons la comme un message à la révolte contre le racisme et au soutient d’une minorité « blanche » qui doit donner l’exemple pour lutter contre la discrimination.

 

 

Ici, le message d’espoir ne se trouve pas dans le changement de la population « noire » mais plutôt dans le changement du point de vue de la société « blanche », dans la possibilité d’évolution de la mentalité pour enfin considérer les Afro-Américains comme un peuple dans toute son identité culturelle. Nous voyons même durant le discours du chef de l’église lors  de cet enterrement un début de révolte qui se rapproche d’un discours contre les oppresseurs pouvant être assimilé au début d’une idéologie semblable au mouvement Black Power.

 

 

Le Majordome

 

 

« Le Majordome », ne s’inscrit pas à proprement parler dans l’un des mouvements que nous avons cités. En effet, plutôt proche d’un rappel historique, nous voyons à travers ce film l’évolution de la perception de la communauté « noire » par les « blancs mais aussi l’évolution des actions entreprises par la minorité « noire »  pour atteindre une réelle indépendance et reconnaissance.

 

 

De ce fait, « Le Majordome » est plutôt un film qui est destiné à une génération qui n’a pas connu le contexte de l’évolution de la communauté noire afin de la conscientiser sur le chemin réalisé par les deux parties afin d’arriver  l’état où les notions de « racisme » sont à notre époque.

 

De même ce film permet aux plus âgés de faire un point sur le chemin parcouru, de comprendre, de pardonner les erreurs du passé et de ne plus les réitérer.

 

 

Au final ces 3 films, tout en parlant de faits communs sont différents sur plusieurs points mais visent toujours à faire baisser les barrières de la « race » à leur manière.

 

 

  1. Comparaison des films afro-américains avec la réalité de la vie de la population afro-américaine actuelle

 

 

Afin de vérifier si ce genre de film a réellement eu un impact avec la vie des afro-américains de nos jours, il serait intéressant de faire l’état de lieu de l’évolution

 

 

Conclusion

 

 

La population noire américaine a, comme nous avons pu le constater durant cette étude, été victime d’un système où la majorité européenne dictait ses règles. D’un autre côté, cette majorité européenne, elle aussi a été victime d’une manière de penser, d’une idéologie rétrograde qui s’éloignait de l’humanisme et l’élégance qu’on lui connait. L’histoire ne peut être changée, mais l’avenir reste encore à écrire.

 

 

C’est dans cette optique de changement que ces trois films ont été créés. Faisant de leur mieux pour réhabiliter l’image de la population noire, mais aussi de faire rappeler son histoire et les erreurs du passé, ces films ont un impact sur la vision même de l’histoire. Plutôt fidèle à l’Histoire telle que nous la connaissons, ces films retracent, néanmoins avec une certaine subjectivité les faits qui ont été les plus marquants du peuple noir américain. De même, malgré l’effort de lutter contre le racisme, ces films, revêtent le noir- américains de certains stéréotypes sans pour autant que ceux-ci soient flagrants.

 

 

Les différentes périodes à laquelle ont été créés ces films, marquent aussi l’évolution de la pensée américaine sur la représentation des « Noirs » à recréer pour le public en général. En effet, le premier fil « In the Heat of the Night » montre une volonté des réalisateurs de faire changer la vision de la population blanche, mais aussi de faire évoluer la mentalité de la population noire afin que celle-ci se rapproche des idéaux « Blancs ». Le second film, « Mississipi Burning », se concentre surtout sur la réhabilitation de l’image de l’autorité américaine dans la lutte contre le racisme, à travers le FBI qui se veut être une justice pour tous, autant pour les « Blancs » que les « Nègres ». Le troisième film, « Le Majordome », se rapproche du rappel de l’histoire à travers un mélodrame hollywoodien.

 

 

Ces films, sont donc plutôt de bons médiums de communication pour faire valoir les droits de tout être humain et l’égalité entre chacun d’eux. La possibilité d’une vie meilleure, d’une évolution dans les mentalités sont toujours mis en relief dans ces films, de manière  à faire voir à chacun que l’avenir en quelque sorte ne dépend de leur volonté à changer.

 

 

Bibliographie

 

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http://boxofficemojo.com/movies/?id=butler.htm, consulté le 5 mai 2014.

 

 

 

 

 

[1] Peter Guralnick, Sweet soul music, rhythm & blues et rêve sudiste de liberté, Allia, Paris, 2004.

[2] McGraw-Hill, Understanding Media: The Extensions of Man, New-York, 1964

 

[3] Film que nous étudierons également et dont nous parlerons ultérieurement

[4]Jacques Binoche, Histoire des États-Unis, p. 103 ; Bernard Cottret, La Révolution américaine : La quête du bonheur 1763-1787, Paris, Perrin, 2003, p. 425.

 

[5] Guillaumin, C. (1972a),  L’idéologie racistte. Genèse et langage actuel, Paris, Mouton.

[6]Von, Linné, C., (1735), Systema Naturae

[7] Ibid, p. 16-17.

[8] Hurbon, L., (2000), L’insurrection des esclaves de Saint-Domingue (22-23 août 1791), Actes de la table rone internationale de Port-au-Prince, Paris : Les éditions de Karthala.

[9] Icard, J.-C., Perspectives sur le racisme au Québec, Novembre 2001, p. 12.

[10] Tarnero, J., (1995), Le racisme,  Edition Milan, p. 29.

[11] Leslie V. Tischauser, (2012), Jim Crow Laws, ABC-CLIO.

[12] Johnson, E., A., (1904), Light Ahead For The Negro, Paperback, 2 octobre 2007.

[13] Source : « Historical Statistics of Th United States : 1789-1945 », 1919, p. 25-27.

[14] Howard Zinn (2002), Une histoire populaire des États-Unis. De 1492 à nos jours, Agone, p. 361

[15] Gabarot F., La menace du stéréotype, Université de Genève.

[16] Gordon, Marshall (dir.) (1994).  The Concise Oxford Dictionary of Sociology, Oxford, Oxford University Press.

[17] Steele, C. M., & Aronson, J. (1995). « Stereotype threat and the intellectual test performa of african americans », Journal of Personality and Social Psychology, 69, 797-811.

[18] Spencer, S. J., Steele, C. M., & Quinn, D. M. (1999). Stereotype threat and women’s math performance. Journal of Experimental Social Psychology, 35, 4-28.

[19] Gabarot F., La menace du stéréotype, Université de Genève, p. 4.

[20] Que nous avons eu l’occasion de citer précédemment.

 

[21] Vu sur http://darktoonz.wordpress.com/2012/02/12/petite-typologie-des-stereotypes-noirs-du-cinema-americain/, consulté le 1er mai 2013.

[22] Frederick Douglass, Narrative of the Life of Frederick Douglass, an American Slave, Written by Himself, Library of America College Editions, May 1996, chapitre 8, p.46.

 

[23] Ibid, p. 33.

[24] Nous ne pourrons malheureusement pas approfondir ce sujet sous peine de nous éloigner de notre étude initiale concernant la population afro-américaine.

[25] Chritian Mets, Loving the Cinema ; Identification, Mirror ;Disavowal, Fetishism

[26] Idem

[27] http://www.boxofficemojo.com/movies/?id=mississippiburning.htm, consulté le 5 mais 2014.

[28] http://boxofficemojo.com/movies/?id=butler.htm, consulté le 5 mai 2014.

[29] Ledoyen, A., (1998), Le racisme, des définitions aux solutions : un même paradoxe, Commmission des de la personne et des droits de la jeunesse, Québec, 3 février.

 

[30] Memmi, A., (1982), Le racisme, Paris, Gallimard, collection Idées, p. 40.

[31] Ibid, p. 98.

[32] Pascal Bruckner, (2009), « L’antiracisme, nouvelle idéologie des dictatures. », Libération, 1 mars.

[33]Webster, James, W., StG., (1992), The Racialization of America, New York, St-Martin’s Press, p. 44.

[34] Miles, R., ‘1988), Racism, London, Routledge and Kegan Paul, p. 76.

[35] Op. Cit. Webster (1992), p. 31.

[36] Cross, William, M., E., (1991), Shades of Black Diversity in African-American Identity, Philadelphia, Temple University Press.

[37] Ledoyen, A., (1998), Le racisme, des définitions aux solutions : un même paradoxe, Commmission des de la personne et des droits de la jeunesse, Québec, 3 février, p. 55.

[38] Glazer, N., (1987), Affirmative Discrimination-Ethnic Inequality and Public Policy, Harvard University Press.

[39] Wienfeild, M., Ethnicity and Ethnic Relations in Canada, 1985, Toronto, Butterworhs : 65-86.

[40] Yinger, « Prejudice : Social discrimination », International encyclopedia of the social sciences, New York, MacMillan.

[41] Carmichael, S., and Charles, V. Hamilton, (1967), Black Power, New York, Vintage Books.

[42] Ledoyen, A., (1998), Le racisme, des définitions aux solutions : un même paradoxe, Commmission des de la personne et des droits de la jeunesse, Québec, 3 février, p. 70.

[43] Ibid, Ledoyen, A., (1998), p. 72.

 

[44] Atherton, J. (1983), « Ethnicity and the Law », in M. Lecomte et C. Thomas (eds), Le facteur ethnique aux Etats-Unis et au Canada, Lille, Presse de l’Université de Lille III et PUL, p. 67.

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