La vision du père et l’expression de la vie sentimentale chez les femmes libanaises âgées de 25 à 35 ans
La vision du père et l’expression de la vie sentimentale chez les femmes libanaises âgées de 25 à 35 ans
Introduction
L’analyse psycho-organique est une psychologie récente fondée dans les années 70. A son origine, Paul Boyesen, un psychanalyste qui a poursuivi les études de sa mère et les a élargies en vue de parvenir à la création d’un courant différent reposant sur l’étude du corps. Souvent décrite comme étant une psychothérapie analytique et corporelle, l’analyse psycho-organique travaille avec et sur le corps du patient : le corps est un concentré d’émotions, de sensations et de souvenirs que l’on peut réveiller grâce à cette thérapie. L’émotion joue un rôle important dans cette analyse, comme Gerda Boyesen l’a déjà confirmé dans la Psychanalyse Biodynamique : toute la dynamique des fluides de l’organisme est mobilisée par notre vie émotionnelle[1]. En d’autres termes, le corps est fait d’émotions et l’analyse psycho-organique se propose de les découvrir et de les explorer pour parvenir aux sentiments.
Nous choisissons de nous intéresser à cette psychologie pour sa récence, mais surtout parce que le sujet reste très peu exploré. Nombreux sont ceux qui sous-estiment ce courant ou ne le connaissent tout simplement pas. Notre but est donc de le faire connaître, mais aussi de révéler ses points positifs et négatifs afin que le lecteur puisse en faire son propre jugement. Nous souhaitons avant tout mettre en évidence sa contribution sur le plan psychologique : sentimental, émotionnel et relationnel. D’un point de vue scientifique, nous sommes motivés par le fait que les recherches liant l’analyse psycho-organique et la vision du père et l’expression de la vie sentimentale chez les femmes libanaises de 25 à 35 ans sont quasi-inexistants. Il s’agit d’un sujet non exploré mais dont l’intérêt scientifique est considérable puisque l’analyse psycho-organique peut expliquer et exposer le fait que ces femmes se trouvent inconsciemment enfermées dans le complexe d’Electre : elles recherchent leur père chez leur partenaire et en font leur idéal masculin.
Notre recherche est donc originale et a une visée à la fois scientifique et psychologique. Dans cette partie théorique, nous tenterons d’établir un lien entre notre sujet et l’analyse psycho-organique. Pour ce faire, nous choisissons d’étudier les ouvrages qui s’y réfèrent et leur contribution. Nous diviserons cette partie en trois grandes sections. La première concernera les femmes libanaises et le célibat. En premier lieu, nous livrerons une définition du célibat, puis, nous présenterons les deux types existants avant de nous focaliser sur les femmes et leur vision du célibat, la vision de la femme dans les pays arabes et le noyau familial dans les pays arabes et le rôle parental dans la formation du soi.
La seconde section traitera de la femme, du romantisme et du fétichisme. Nous définirons ce qu’est une femme phallique, exposerons le romantisme féminin et l’image du père. La dernière section concernera l’analyse psycho-organique. Nous réaliserons un bref historique, exposerons les fondements et caractéristiques de l’analyse psycho-organique, parlerons de son importance dans le domaine relationnel/sentimental et terminerons par la cristallisation du patient.
- Les femmes libanaises et le célibat
- Définition du célibat
Le dictionnaire Larousse en ligne définit le célibat comme « l’état de quelqu’un en âge de se marier, et qui ne l’est pas ».[2]Le célibat est donc un état et un statut puisqu’est considéré comme célibataire toute personne non mariée, plus précisément qui n’a jamais été mariée de sa vie. D’un point de vue juridique, la loi considère le célibataire comme étant celui non inscrit dans un registre matrimonial, celui qui n’a jamais pris pour conjoint un tiers devant l’Etat, la loi et la religion. D’un point de vue général et social, est considéré comme célibataire celui qui n’est pas engagé auprès d’une tierce personne ou celui qui n’a tout simplement pas de vie amoureuse. De ce fait, le célibataire est donc celui qui n’a jamais été marié et ne l’est pas alors qu’il est en âge (il peut avoir un partenaire avec lequel il n’est pas engagé ou ne pas en avoir du tout) ou celui qui n’a pas de vie sentimentale ni de relation amoureuse.
- Deux types de célibat
- Le célibat par choix
Le Liban est un pays traditionnel dans lequel le taux de célibat est très certainement un des plus hauts au Moyen-Orient (85%). Nombreux sont les facteurs expliquant ce taux ainsi que le célibat prolongé, et le choix en fait partie. Au Liban, l’âge moyen pendant lequel les femmes se marient est également des plus élevés : environ de 27 ans et même de 29 ans à Beyrouth[3]. La plupart du temps, elles choisissent de rester célibataires par amour de l’indépendance. Cela se traduit par un succès financier qui ne se combine pas au mariage et à la procréation sous prétexte que ceux-ci limiteraient cette indépendance[4]. De plus, les filles et femmes libanaises actuelles sont plus instruites que les hommes, ce qui fait qu’elles se sentent plus confiantes et plus concernées par leur carrière qu’elles placent au premier plan avant les désirs ou l’obligation du mariage, passé un certain âge (32 ans, l’âge limite du célibat des femmes au Liban)
- Le célibat « provisoire »
Ce choix ne s’ouvre cependant pas à toutes les femmes car certaines n’arrivent tout simplement pas à construire une vie en dehors de la maison familiale. Cela s’explique par un refus de quitter le cocon familial, un attachement parfois « démesuré » aux parents, une peur de l’extérieur, des hommes ou de l’idée du mariage, d’échouer en tant qu’épouse et mère ou de ne pas savoir en être une. Il se peut aussi que ce célibat provisoire soit motivé par la situation actuelle des parents qui n’ont plus l’âge de travailler ou ont une situation financière décadente. Dans ce cas, ces femmes restent célibataires pour subvenir à leurs parents, mais elles sont quand même rattrapées par leur âge et les mœurs sociales, ce qui fait de ce mode de célibat un célibat provisoire.[5]
En effet, la société libanaise voit les femmes comme étant destinées au mariage, ce qui la conduit à pointer du doigt les « vieilles filles » et même à les renier. D’un autre côté, les hommes ne sont pas réellement attirés par les célibataires endurcies, ce qui réduit leur chance d’entrer dans le mariage. Conscientes de ces faits, ces femmes ne s’attachent pas corps et âme au célibat et finissent par accepter et chercher l’idée du mariage, contrairement à celles qui restent célibataires par choix.
- Les femmes et leur vision du célibat
- Une vision négative
Le célibat est mal perçu au Liban, surtout lorsque la femme est en âge de se marier ou a déjà largement dépassé cet âge. De même, dans leur globalité, les libanaises tendent plutôt à espérer être demandées en mariage, ce qui fait donc du célibat une situation transitoire vers le mariage. De ce fait, le célibat représente un phénomène anormal puisque la femme est prédestinée au mariage. Cela explique le fait que même si certaines se complaisent dans le célibat, cela ne dure jamais plus longtemps qu’il ne le faut, étant donné que le fait d’être vieille fille est un point négatif pour celles qui cherchent un mari : les hommes préfèrent les jeunes filles en bonne santé qu’ils considèrent comme étant plus aptes à la procréation.
- Une vision moderne
Une vision plus moderne du célibat émerge actuellement au Liban : la perception du célibat comme étant un moyen de s’épanouir individuellement, de réussir sans dépendre d’un homme. Ce constat part du principe que les jeunes femmes libanaises sont de plus en plus instruites et fréquentent assidûment l’école, plus que les hommes même, ce qui les conduit à vouloir affirmer leur indépendance vis-à-vis de la gent masculine.
Dans une interview pour La Revue du Liban, le Dr Marie-Thérèse Khair Badawi, une psychologue libanaise, estime que l’engouement des libanaises envers le célibat s’explique par l’autosuffisance financière et l’indépendance qu’il leur procure, lorsqu’elles s’épanouissent professionnellement.[6]
- Le mariage, une norme sociale
Que ce soit au Moyen-Orient ou au Liban en particulier, le mariage est la norme dominante.[7]. Les nombreuses évolutions telles que le célibat endurci, l’âge moyen au premier mariage très élevé, le mariage mixte ou même l’homosexualité ne viennent pas à bout d’une société impitoyable envers les vieilles filles ou le célibat prolongé. Ainsi, la société attend des femmes qu’elles se marient et procréent, le but du mariage étant la fondation d’une famille.
- La vision de la femme dans les pays arabes
- Vision de la femme par rapport à elle-même
Les femmes arabes sont souvent décrites comme étant des victimes, des spectatrices dominées par les hommes et recluses aux tâches ménagères, à leur rôle d’épouse dévouée et de mère, etc. Cependant, la femme arabe se valorise plus qu’elle n’est valorisée. Elle a des souhaits d’émancipation, veut investir la scène publique, veut accéder à l’instruction etc. pour pouvoir avoir des droits plus ou moins égaux à ceux des hommes. Elles accèdent de plus en plus à l’éducation et malgré l’interdiction de fréquenter les espaces publics, elles résistent et envoient également leurs filles étudier.[8] Elles luttent particulièrement pour leurs droits qui sont non seulement bafoués mais aussi méconnus et non appliqués. Partout au Moyen-Orient (en Egypte, au Liban, etc.), la révolution des femmes se fait de plus en plus oppressante et inquiète les autorités.
Au Liban, par exemple, les femmes militent depuis des années pour leurs droits en termes de nationalité : elles ne disposent pas de droit à la nationalité. Leur lutte a conduit, en 2012, à la création d’un comité interministériel chargé d’étudier les façons de faire avancer les droits des femmes au Liban, ce qui a un peu amélioré leurs conditions.[9] En Egypte, le Groupe International d’Etudes et de Réflexion sur la Femme en Islam (GIERFI) a été créé en 2008 en faveur de l’émancipation de la femme sous le joug de la religion et de l’autorité islamique et musulmane.[10]
- Vision, perception et évaluation de la femme par l’homme
Dans les pays arabes, l’islamisme est le courant religieux en vigueur et domine fortement autant la société que les femmes. Cependant, les hommes se servent de cette religion pour édicter eux-mêmes des règles en défaveur de l’émancipation des femmes. La tradition fait qu’ils traitent les femmes de manière inférieure, en relation avec leur domination patriarcale associée au pouvoir.
De ce fait, les femmes sont perçues comme de simples objets, des épouses et des mères de famille, bref des ménagères qui ne doivent pas paraître dans les espaces publics mais seulement dans la sphère privée, c’est-à-dire à la maison, et qui transmettent les valeurs aux enfants et les éduquent, alors qu’elles-mêmes n’ont pas le droit à l’éducation extérieure, à l’école ou à l’université. La discrimination et la ségrégation sexuelle sont un lot quotidien pour ces femmes, un lot pesant attribué par les hommes. Cependant, la réalité actuelle fait que certains hommes commencent à ouvrir les yeux et accompagnent les femmes arabes dans leur lutte pour leurs droits.
- Vision de la femme par la société
La société, surtout lorsqu’elle est traditionnelle, est impitoyable envers la femme arabe. C’est la société qui exige le plus qu’elle conserve le port du voile et l’oblige à se marier, en conformité avec la perception du mariage et de la famille comme étant une norme, une obligation sociale. La société juge la femme et se montre impitoyable face à ses luttes, à ses formes de résistances et de transgression lorsqu’elle souhaite voir son émancipation être accordée. C’est du point de vue social que les droits de la femme sont les plus bafoués : la société édicte les règles et se propose comme étant une surveillante permanente qui rend compte des faits transgressifs de la femme auprès des autorités et se charge même, quelques fois, de la sanctionner. A titre d’exemple, le dévoilement est adopté par celles qui militent pour leur accès aux espaces publics. Celles qui osent se dévoiler ou porter mal le voile en public sont fustigées, pointées du doigt et même moquées par la société.
- Le noyau familial dans les pays arabes et le rôle parental dans la formation du soi
« La famille musulmane se caractérise par six traits principaux : elle serait ‘étendue, patrilinéaire, patrilocale, patriarcale, endogame et occasionnellement polygame’[11] » Les pays arabes étant majoritairement musulmans, les familles sont donc essentiellement dominées par le père, d’où les objectifs patrilocal, patrilinéaire, patriarcal, etc. La domination masculine est omniprésente dans ces pays et l’homme, le mari ou le père dispose des pleins pouvoirs au sein de sa famille. La femme est un être particulièrement opprimé et dépendant de l’homme : elle n’a pas le droit de divorcer de sa propre initiative, d’avoir un passeport si son père ou son mari n’est pas d’accord et n’a pas de garantie contre la violence.[12]
Dans la famille, le père est le noyau central et domine tel un chef d’Etat domine la société. La tradition décrit l’homme comme étant l’autorité absolue dans la famille et son pourvoyeur. Il lui est donc totalement dévoué, la protège et voit comme un affront et une atteinte à sa valeur les luttes en faveur de l’émancipation de la femme ou de l’égalité hommes-femmes. La construction de soi dans ces pays est surtout assurée par les mères du fait qu’elles sont assignées à cette tâche. Le fait qu’elles sont chargées de l’éducation des enfants sous-entend qu’elles doivent leur transmettre les valeurs traditionnelles et religieuses mais aussi patriarcales. Si les femmes sont celles qui conversent le plus avec les enfants, les conseillent et les éduquent, les hommes se cachent derrière elles. Elles font des femmes leurs intermédiaires : les valeurs qu’elles véhiculent et enseignent sont donc celles de leur mari ou père.
- La femme, le romantisme et le fétichisme
- La femme phallique
- Définition
La femme phallique est une expression courante en psychanalyse. L’adjectif phallique dérive du nom phallus dont la signification est symbolique chez Lacan : il désigne le phallus comme un symbole, notamment de la virilité et de la domination masculine.[13] Deux définitions différentes existent pour désigner la femme phallique. La première a été proposée par Laplanche et Pontalis en 1976 : « femme fantasmatiquement pourvue d’un phallus[14] ». D’un point de vue anatomique, cela peut sembler déconcertant. De nombreuses théories tournent autour de l’attribution d’un phallus à la femme car la définition ci-dessus la caractérise comme étant porteuse d’un phallus. Parmi ces théories, nous allons en distinguer quelques unes :
- le phallus en question peut être externe ou interne. Le phallus interne est une théorie de Boehm (1926) qui avance que la femme aurait gardé le phallus à l’intérieur de son corps lors du coït.[15]Le phallus distingue l’homme de la femme : étant dépourvue de celui-ci, la femme s’en approprie donc un durant l’acte sexuel.
- Freud (1927) explique que l’enfant, suite à la découverte de l’absence du phallus chez sa mère, se complait dans le fétichisme pour combler ce vide.[16]
Ces théories nous révèlent que l’absence du phallus (de l’organe génital) marque la différence sexuelle entre l’homme et la femme. En suivant la théorie de Lacan, nous nous rendons compte que le phallus représente donc la domination, ce qui nous amène à la seconde définition de la femme phallique : une femme dominante et autoritaire, qui fait figure masculine. Cette seconde définition rejoint celle de la femme phallique proposée par Laplanche et Pontalis, dans la première version de leur Vocabulaire de la Psychanalyse sortie en 1967 : « une femme qui a des traits prétendument masculins, femme autoritaire par exemple, ceci sans que l’on sache quels sont exactement les fantasmes sous-jacents[17] » La femme phallique fait également figure de narcissisme et de virilité, comme le confirment Zola et al. (1880) dans Les soirées de Médan[18], qui font de Mme de Plémoran l’incarnation de la femme phallique par ses attributs sadiques et son comportement viril.[19]
Les femmes actives, épanouies professionnellement, sûres d’elles, indépendantes et qui font plus autorité chez elles que les hommes sont des femmes phalliques. Elles sont particulièrement actives et se trouvent être autonomes financièrement, sans besoin d’un homme, selon la docteure en psychologie et psychanalyste Marie-Christine Laznik[20]. Cette dernière ajoutant que l’association de ces traits à la beauté rend la femme encore plus phalliquement lourde étant donné que la beauté elle-même est phallique. La beauté représente un atout de séduction capable de faire fléchir nombre d’hommes, et même de femmes dans de nombreux cas. Une intellectuelle épanouie professionnellement, qui gagne assez d’argent pour ne pas avoir à en réclamer de la part d’un homme et qui détient une grande beauté en est un exemple typique. En somme, la femme phallique est une femme qui réussit sans besoin d’aide ou de présence masculine. Elle peut donc être une célibataire endurcie qui ne se projette ni dans le mariage ni dans la vie de famille, ou qui se marie et fonde une famille mais devient le noyau de celle-ci et son chef. Son autorité excède celle de son conjoint, elle est davantage crainte et respectée par ses enfants et son partenaire que ce dernier.
- Raisons évidentes et sous-jacentes
Dans le cadre de notre étude, nous allons prendre en considération la seconde définition de la femme phallique, celle de femme aux traits caractéristiques masculins et qui fait autorité, toutefois, nous n’écarterons pas la première, du moins dans cette sous-section. Il peut exister plusieurs raisons apparentes à cet état. En ce qui concerne les raisons évidentes, nous nous fierons à la première définition et aux recherches de Lacan et de Freud. Ils ont mis en évidence la puissance du phallus et le fait que la femme en est dépourvue. Alors, elle compense ce manque par cette autorité. Elle veut être perçue comme puissante aussi, elle veut jouir, d’une certaine manière, de la virilité masculine, celle qui l’empêche d’être considérée comme une femme objet ou comme un être inférieur à l’homme.
Les raisons sous-jacentes s’apparentent davantage à la seconde définition. Elles peuvent être liées à la déception que ce soit amoureuse ou autre. En effet, lorsque la femme se retrouve insatisfaite dans sa relation amoureuse, lorsqu’elle ne ressent pas l’implication ou la force de son partenaire, elle assouvit elle-même ses propres attentes. Ainsi, elle décide de se prendre en main et de réussir sa vie sans nul besoin de dépendre d’un homme. Il peut aussi s’agir de fierté, de refoulement (refus d’acceptation du statut de femme objet et fragile et besoin incessant de prouver ses capacités et valeurs), de recherche de soi ou encore de comblement de vide. Dans ce dernier cas, nous faisons référence au fait que l’idéal masculin de la femme, en l’occurrence son père, détient une autorité et une indépendance absolue qu’elle recherche chez ses éventuels partenaires. En leur absence, elle devient elle-même cet être puissant qu’elle recherche. La femme phallique est une idéaliste qui assouvit ses désirs lorsque ceux-ci ne sont pas comblés, que ce soit par les hommes, ou par son entourage en général. C’est une indépendante qui veut prouver son autonomie et qui en vit quotidiennement.
- Le romantisme féminin
- L’image du prince charmant
Comme son appellation l’indique, le prince charmant est celui qui charme, celui qui possède un charme incomparable. On le retrouve très souvent dans les contes de fées : issu de très bonne famille –royale-, il est paré de tous les atouts de la séduction et de toutes les qualités dont toutes les jeunes filles rêvent. Mais comme son nom l’indique, il s’agit surtout d’un personnage de contes de fées et non d’une personne réelle. Il n’est donc pas à confondre avec l’homme parfait puisqu’il n’existe tout simplement pas, alors que l’homme parfait, pour une femme, pourrait exister, selon ses critères et ses besoins. Le prince charmant est considéré comme un mythe.
Le prince charmant est une idéalisation, un idéal masculin avec lequel la femme formera un tout parfait, celui qui épousera la femme à la perfection. Ce dernier est recherché par les femmes jusqu’à un certain stade de leur vie, surtout durant leur adolescence et l’entrée dans l’âge adulte. Une fois qu’elles comprennent qu’il n’existe pas, nombreuses sont celles qui abandonnent cette quête et font de celui que leur cœur choisit leur prince charmant. Cela suppose donc qu’au final, le prince charmant sera celui qui saura faire d’une femme une femme, sans avoir besoin de physique fort avantageux, de richesse ou encore de qualités fort impressionnantes.[21]
Selon Dubois (2007), il existe des femmes qui fantasment et d’autres qui ne fantasment pas. Ces dernières, « qui n’ont pas de fantasmes érotiques et/ou pornographiques, rêvent au prince charmant. Celles-ci particulièrement auront été ou sont encore des dévoreuses d’Arlequins ou autre littérature ou cinéma ou télé-roman du même genre. » [22] Ainsi, le prince charmant peut donc être le fruit d’une lecture abondante de romans à l’eau de rose dans lesquels les auteurs attribuent divers attributs exceptionnels à l’homme idéal. Dubois (2007) poursuit son explication en ajoutant que ce type de femmes a tendance à critiquer leur conjoint : « La compétence du géniteur-pourvoyeur est jaugée à l’aulne d’Arlequin ; le prince charmant devient la mesure de toute chose. L’homme réel est totalement disqualifié par l’homme fantasmatique.[23] ». Rêver du prince charmant n’est donc pas tout à fait positif dans la mesure où la femme qui ne le rencontre pas a tendance à comparer son conjoint avec cet idéal irréel.
- Les attentes ou l’image que la femme a du partenaire/homme idéal
Le prince charmant ne fait pas figure d’homme idéal puisqu’il n’existe que dans les contes de fées. Toutefois, les femmes aiment également à rechercher l’homme idéal qui, lui, a plus de chances d’exister dans la réalité. L’homme idéal, contrairement au prince charmant, est pourvu de qualités plus réalistes. Ainsi, un homme peut être jugé comme l’homme idéal dès qu’il rejoint certains critères ou tous les critères qu’une femme recherche chez un homme. Ces critères varient d’une femme à une autre, que ce soit en type ou en degré. Un sondage effectué par Parship (leader européen des rencontres par affinités) révèle que pour les Françaises célibataires, l’homme idéal doit en premier lieu avoir la capacité de vivre en harmonie en couple (82%), être compréhensif (80%) puis partager les mêmes valeurs qu’elles (70%)[24]. Un autre sondage montre que le physique n’est pas le premier critère de sélection pour l’idéal masculin puisque 72% des répondantes à ce dernier préfèrent et recherchent un homme normal[25] plutôt qu’un homme au physique d’acteur. Dans tous les cas, l’homme idéal varie d’une femme à une autre.
- L’image du père
- Le complexe d’Electre
Par définition, le complexe d’Electre est un « complexe structurant de l’identité sexuelle chez la petite fille, fait d’attachement au père et d’hostilité envers la mère (C.G. Jung).[26] ». La théorie a été inventée par Carl Gustav Jung qui l’a déduite du comportement d’Electre, un personnage de la mythologie grecque, qui, pour sauver son père, a tué sa mère. De par la définition, nous voyons que ce sont les petites filles qui en sont victimes et qu’elles manifestent un intérêt des plus accrus à leur père tout en repoussant leur mère. Bien que Carl Jung ait pensé créer une symétrie inverse du complexe d’Œdipe (attachement de l’enfant de sexe masculin pour sa mère et répulsion envers son père), Freud ne semble pas de cet avis mais « maintient la proposition d’un complexe d’Œdipe féminin, fait d’attachement primitif à la mère et fondé sur le primat du phallus, comme chez le garçon.[27] » Le complexe d’Electre est récurrent chez les petites filles mais s’estompe peu à peu jusqu’à disparaître au fil du temps.
- Le rôle du père dans la formation de l’image de soi et l’image du père idéal
Paquette (2004) avance que la mère a toujours été placée au centre de l’éducation et du développement de l’enfant, écartant presque l’investissement direct et indirect du père sur sa santé et son développement psychologique. Cependant, les enfants qui grandissent continuellement ou partiellement sans leur père peuvent être confrontés à des problèmes d’adaptation sociale.[28]En l’occurrence, le père participe au développement de l’enfant, qu’il s’agisse du garçon ou de la fille. Mais de nombreuses études mettent en évidence la relation père-fille et l’impact de celle-ci sur la vie d’enfant, d’adolescente et d’adulte de la fille.[29] Dans son ouvrage Père-fille[30], le psychanalyste Didier Lauru explique que c’est le père lui-même qui façonne sa fille et la modélise : « Ce que j’ai voulu montrer dans ce livre, à travers différents récits d’analyse, c’est comment le père, à la manière d’un sculpteur devant un bloc de pierre, anticipait la femme en devenir dans la petite fille et l’aidait à advenir. Son regard, plus ou moins valorisant, est ce qui l’autorisera à accomplir sa féminité ou, au contraire, l’en empêchera[31] ». L’adaptation sociale mais aussi le développement autant physique que psychologique d’une fille sont influencés par son père.
Selon Paquette (2004), « considérant l’évolution du statut social de la femme au cours des vingt dernières années, on peut sans nul doute croire qu’une relation père-fille de qualité puisse avoir un effet positif sur l’adaptation des filles à leur environnement.[32] » Une fille qui tisse un lien de complicité avec son père dès son enfance et qui reçoit de lui toute l’attention et l’amour dont elle a besoin et/ou a envie deviendra donc une bonne personne. L’inverse peut tout autant arriver : un délaissement de la part de son père peut nuire à son développement.
Si auparavant, les pères n’ont pas vraiment été très présents dans la vie de leurs filles et s’ils passaient plus de temps avec leurs fils qu’avec leurs filles[33], la réalité actuelle fait état d’une relation père-fille plus fusionnelle. Colin-Simard (2003), journaliste à Elles et à Psychologies, s’est intéressée de près à cette relation dans l’ouvrage « Pères d’aujourd’hui, filles de demain ». Elle a mené des enquêtes auprès de pères et de filles pour définir cette relation et en est venue à la conclusion suivante : « Si, dans la toute petite enfance, la mère jette les bases de l’univers intime de sa fille, le père lui montre comment le transcender. Par la fascination qu’il exerce sur elle, il l’attire à l’extérieur de sa sphère personnelle, lui donnant ainsi une dimension sociale. Spontanément, l’enfant adhère aux valeurs de son père[34] »
Le père, par ses encouragements, ses compliments et par sa simple présence transforme sa fille, conduit à son épanouissement et contribue à faire d’elle qui elle est. Mais cette relation fusionnelle n’est pas sans failles, elle évolue au fil des années et peut être alimentée par des malentendus ou des querelles père-fille. La tendresse, l’affection et l’aide apportées par le père durant l’enfance se transforment en méfiance, en surprotection, en blâme et parfois même en un point de rupture au fur et à mesure que la petite fille grandit. De petite princesse, elle passera à l’enfant rebelle surprotégée et toujours mises en garde par un père qui prend conscience de son évolution vers l’âge adulte. La fusion se transforme en gêne et le père qui se rend compte que sa fille n’est plus dans l’âge des « câlins » finit par lui témoigner de moins en moins d’affection et de plus en plus de réprobation. De héros recherché, il mue en protecteur fui.[35]
- L’influence de l’image du père dans les relations sentimentales
Les livres témoignent également d’un fait : le père, ou son image, a une influence considérable sur la vie sentimentale de sa fille. Dans La fille de son père, Véronique Moraldi, spécialiste de l’analyse des liens familiaux et de leur impact sur les comportements des adultes et Michèle Gaubert, psychothérapeute experte des maux des adolescents et des rapports parents-enfants, précisent que le père est le premier idéal masculin de sa fille.[36] Selon ces deux spécialistes, le père est le premier amour de sa fille et cela la conduit à choisir ses fréquentations à partir de ce modèle. De ce fait, il influencera toute sa vie, jusqu’à ses relations sentimentales, que ce soit par ses actions ou ses inactions. Une fille cherche son père dans son partenaire une fois arrivée à l’âge adulte ou peut aussi le fuir, cela dépendra de la relation qu’ils ont entretenue et de son impact sur elle.
Didier Lauru renchérit en ajoutant que « le père sera l’homme idéal de son imaginaire, celui dont elle cherchera le regard dans ses amours futures, ce premier regard d’un homme posé sur elle. Que son partenaire ressemble à papa ou qu’il soit exactement son contraire, c’est lui qui aura servi de référence[37]. » Le père sert donc de base à la recherche de l’homme idéal pour sa fille. Elle s’intéressera aux hommes qui ont son regard et qui la traitent de la manière dont il l’a toujours traitée. Le jugement du père quant à ses fréquentations l’emporte également sur sa fille. Ainsi, Didier Lauru explique que les jeunes femmes qu’il reçoit durant ses séances de psychanalyse sont persuadées qu’elles ne se sentent pas en paix si leur père ne valide pas leur choix amoureux. L’amoureux qui ne convient pas au père devient donc problématique à leurs yeux. Il peut aussi arriver qu’elles ne sollicitent pas réellement son approbation, mais qu’elles ne souhaitent tout simplement pas les décevoir en matière d’hommes. Ainsi, ceux qu’elles fréquentent entrent dans les critères du père ou lui ressemblent.
Sellam (2005) explique que la raison du choix d’un amoureux par une fille a un rapport avec son père ou sa famille. Et lorsque la relation entre la femme et l’homme se détériore et que l’amour est un échec (un échec déclaré par la femme), il arrive que ce soit lié à cette relation père-fille et à ce sentiment, à ce besoin irascible de toujours vouloir contenter le père ou de le rechercher chez le partenaire. Lorsque la déception s’installe, la relation amoureuse prend une tournure désastreuse. Tout est une question d’inconscient : c’est au plus profond de son inconscient que la femme modélise l’homme idéal en fonction de son père[38].
- L’analyse psycho-organique
- Historique
Ginger[39] (2007) définit l’analyse psycho-organique (APO) comme étant l’« association d’une approche psychanalytique et d’un intérêt porté au corps. Cette approche prend en compte l’aspect relationnel avec le psychothérapeute. Les outils d’intervention comprennent la parole, l’analyse des rêves, le travail corporel, la respiration, le mouvement et la créativité.[40] » L’APO fait partie des nouvelles thérapies et des principales méthodes du courant humaniste[41] ou existentiel. De ce fait, l’APO fait partie de ces thérapies qui prennent en compte la conjugaison du corps avec le ressenti du client, son comportement ou son environnement. Dans l’APO, la relation entre l’analyste psycho-organique et son patient détient une place prépondérante.
On doit l’APO à Paul Boyesen qui l’a créée dans les années 70 en s’inspirant de la psychologie biodynamique[42] en se basant sur les théories reichiennes et leur aboutissement : Wilhelm Reich (1897-1951) a « ouvert une perspective importante à la psychanalyse, en montrant que l’on peut aussi atteindre l’inconscient à travers le corps[43]. » Les recherches de Reich ont montré que les muscles du corps peuvent garder le souvenir, la mémoire de certains évènements, de sensations, etc., et qu’en s’y prenant correctement, on peut atteindre la névrose en se servant du corps comme d’un langage.[44] La découverte de Reich est le fondement même des travaux de Gerda Boyesen (1922-2005) qui, à partir de celle-ci, a pratiqué une technique psycho-corporelle appelée Psychologie Biodynamique en 1975.
Par la suite, Paul Boyesen (1948), fils de Gerda Boyesen, a apporté sa propre contribution aux travaux de sa mère et a développé ses propres concepts parmi lesquels nous retrouvons le PIT (mère symbolique et mère réelle, père symbolique et père réelle, amant-amante, moi névrotique et Soi).[45] Il s’est inspiré des travaux de Reich, de Freud, de Jung et de sa mère pour pousser un peu plus loin ses recherches et fonder un courant dérivé de la psychologie biodynamique bien qu’étant inspiré de celle-ci, une psychologie appelée analyse psycho-organique basée sur le Cercle psycho-organique.
Cette méthode est connue tant en Europe qu’en dehors (notamment au Liban et au Brésil) et se focalise sur la relation entre le corps et la pensée : l’homme pense, et ses pensées sont contenues dans son corps. De ce fait, l’analyste psycho-organique part à l’écoute de la conscience et du corps du patient en même temps pour que sa thérapie aboutisse. Il ne travaille pas sur son corps mais avec son corps pour que celui-ci le conduise vers son inconscient.
- Fondements et caractéristiques de l’analyse psycho-organique
- Une psychothérapie analytique et corporelle
A l’écoute de la conscience et du corps du patient, l’analyse psycho-organique se veut révélatrice de la conscience de soi du patient. Le thérapeute accompagne son patient sur un parcours qu’il n’a pas encore exploré pour parvenir à un développement de sa conscience d’être. L’analyste thérapeutique amène le patient à travailler sur son corps. Les séances d’analyse psycho-organique diffèrent d’un professionnel à un autre pour réveiller le corps et l’amener à révéler les sentiments ressentis réellement par le patient. Besson (2007) préconise le massage pour rendre bas le niveau de stress d’un patient en vue de favoriser l’éveil de ce sentiment[46]. Le massage permet un deflux, cependant, il faut éviter tout risque de blocage de la mémoire via une libération trop abondante des flux d’hormones de stress.
Cela induit qu’il faut avoir suivi une formation sur l’analyse psycho-organique et détenir les compétences et le diplôme s’y afférant pour pouvoir pratiquer ce type de psychanalyse. Il faut user de procédés pour analyser le corps et obtenir de celui-ci des réponses ajustées à la situation. Par cette étude du corps, le thérapisant fournit à l’analyste psycho-organique les éléments nécessaires à l’identification de ses maux et lui permet de mettre en place les stratégies nécessaires pour le guérir. L’écoute du corps est donc le principal fondement de l’analyse psycho-organique.
- Le but de l’analyste psycho-organique : faire émerger l’inconscient et favoriser l’échange entre lui et le patient
Heller (2008) classe l’analyse psycho-organique parmi les psychothérapies corporelles car elle utilise de « façon explicite des techniques corporelles pour renforcer le dialogue qui s’établit entre patient et psychothérapeute sur ce qui est ressenti et représenté[47]. » L’analyste psycho-organique a un rôle crucial dans la thérapie : il « accueille le thérapisant dans ses joies et dans ses peines, respecte sa demande, son projet, son processus de changement, tant sur le plan conscient qu’inconscient.[48] »
Champ, Fraisse et Tocquet (2015) affirment que le thérapeute et le thérapisant doivent être deux êtres qui se comprennent. Pour ce faire, ils doivent se confier l’un à l’autre et s’écouter. Cette écoute et cet échange mutuels servent à établir un lien de confiance entre ces deux intervenants. Pour qu’un tel lien s’établisse, il est nécessaire qu’un engagement et une confiance émergent entre le patient et l’analyste thérapeute : « La dynamique transférentielle est le moteur du processus : des liens conscients et inconscients se tissent peu à peu entre le thérapeute et le thérapisant. Tous deux partagent leur expérience, échangent sur leur histoire, le patient dans le but d’informer le thérapeute de son état et le thérapeute dans le but de guérir son patient.[49] »
Connaître le thérapisant est donc un des objectifs premiers de l’analyste psycho-organique. Il doit garder en tête que chaque thérapisant a sa propre histoire :
Il faut savoir que le thérapisant aussi appelé voyageur au pays de soi-même et du Soi est un être poussé le plus souvent par un mal-être, un mal à dire, un mal à vivre, une crise, un conflit, une rupture, un deuil, une dépression, par diverses souffrances physiques, psychiques et spirituelles, se mettent à l’écoute d’eux-mêmes, de leur être profond, du dialogue conscient-inconscient.[50]
L’analyste psycho-organique doit aussi se connaître lui-même et mettre en place une manière d’appréhender ses patients. Son but est de parvenir à améliorer le fonctionnement psychique et social du patient[51]. Le thérapeute est donc invité à réaliser un profond travail sur soi pour pouvoir demander au patient d’en faire un à son tour.
- Rôle et importance de l’analyse psycho-organique dans le domaine relationnel/sentimental
- Une thérapie qui libère le patient de tout ce qui le bloque sur le plan sentimental
Le thérapeute invite le patient à se libérer de ses problèmes, troubles et angoisses en se livrant à cœur ouvert sur ses difficultés, ses problèmes, etc. L’échange s’établit lorsque le thérapeute travaille avec l’inconscient du patient et le sien. Dans cette relation, l’émotion est un des plus importants catalyseurs. Besson (2007) explique que face à un signal émotionnellement compétent (SEC), l’organisme déclenche « une série de réactions physico-chimiques génétiquement programmées (ensemble d’attitudes corporelles –par exemple agressives – accompagnées de modifications internes (par exemple hormonales) visant à préparer un ensemble d’actions futures : fuite, attaque, parade nuptiale… L’ensemble de ces réactions constitue l’émotion, au sens de Damasio.[52] » Ainsi, l’émotion est une série d’évènements, de sensations conservées par l’organisme et qui est réveillée par le travail (psycho-) organique. Cet éveil d’émotions favorise la création de sentiments. Ce sont ces sentiments que l’analyse psycho-organique tente de faire ressortir.
Ces sentiments mettent l’analyste au courant de ce qui peut travailler ou affecter le thérapisant. Le corps garde ces émotions et n’extériorise le sentiment qu’elles créent que lorsque l’analyste psycho-organique s’aventure à vouloir les réveiller. Une fois ces sentiments découverts, le patient lui-même prend conscient de ses propres maux qui peuvent avoir existé depuis longtemps ou être apparus récemment.
- La cristallisation du patient
- Projection des besoins et désirs sur le partenaire idéal
Le thérapisant est une personne inconsciente de son mal-être et de l’origine de celui-ci. La plupart du temps, elle n’arrive pas à l’extérioriser, c’est l’analyste psycho-organique qui favorise cette extériorisation. C’est une personne qui ne se sent pas bien dans sa peau ou traverse des crises existentielles constantes mais n’arrive pas à identifier réellement le mal qui la trouble. Les individus trop concentrés sur la recherche du partenaire idéal font d’excellents patients car l’analyse psycho-organique peut les faire se rendre compte de leur vice.
La plupart du temps, ces personnes émettent des critères de haut niveau pour définir le partenaire idéal. Elles placent en lui leurs ultimes espoirs et leurs attentes sont presque exagérées. Cependant, ces individus ne sont pas toujours conscients de leur état et ne s’en rendent compte que lorsque l’analyste psycho-organique les amène à ouvrir leur inconscience et à voir à l’intérieur. La plupart du temps, le partenaire idéal n’existe pas. Les femmes projettent donc leurs besoins et leurs désirs sur les personnes qui partagent leur vie sentimentale. Cette projection peut conduire leur partenaire à un refus, à la dépression du fait de ne pas être à la hauteur de la conjointe, etc. La femme, elle, se trouve constamment déçue parce que ses désirs ne sont pas toujours assouvis et que rien n’est fait selon ses exigences. Le couple que les deux personnes forment devient bancal, mais ces raisons restent inconnues à la femme.
En se livrant à une séance d’analyse psycho-organique, elle est invitée par le thérapeute à partager sa vie et à se confier à lui. En retour, l’analyste discute aussi de son propre vécu avec la patiente pour la mettre dans un situation de confort et de confiance et lui faire révéler d’elle-même ses sentiments les plus enfouis via l’échange. Pour y parvenir, la patiente doit être bien détendue, d’où l’utilité du massage qui est un excellent moyen de détente. Une fois que son corps est détendu, ses pensées se délient et font preuve d’une clairvoyance qui amène la patiente à se rendre compte de ses maux.
- Le patient est rebuté par l’idée du travail personnel/travail sur soi
Le travail sur soi, l’introspection ou le travail personnel est l’ennemi des thérapisants en analyse psycho-organique. Les femmes qui recherchent le partenaire idéal ou qui recherchent leur père dans leur partenaire ne sont pas forcément conscientes de ce mal-être. Toutefois, la recherche du prince charmant trahit une enfance malheureuse ou une insatisfaction résultant du fait que les hommes qui ont croisé sa route jusque-là ne correspondent pas à leur idéal masculin, c’est-à-dire leur père. Le fait que le thérapisant ne soit pas conscient de son mal résulte du fait qu’il n’aime pas travailler sur lui-même. Ce travail sur soi est pourtant important car il mène à la connaissance de soi et donc à la transformation, au changement.[53] Il peut être effrayé par ce qu’il va découvrir ou ne pas vouloir le découvrir de peur d’être déçu ou de ne pas vouloir l’accepter. Ainsi, c’est une personne qui ne possède pas de réflexivité et qui attend de l’analyse psycho-organique qu’elle l’amène à son inconscient et qu’elle le sonde.
Dans les séances habituelles de psychanalyse ou de psychothérapie, le thérapeute invite le patient à se livrer, allongé sur son divan. Le thérapeute ne participe pas directement, c’est-à-dire qu’il ne s’implique pas personnellement. Dans le cas de l’analyse psycho-organique, le thérapisant est invité à se livrer via une analyse corporelle ou organique, avec une participation directe de l’analyste psycho-organique. Ce thérapeute se confie au thérapisant qui, inconsciemment, réalise ce travail sur soi qui l’horripile tant. Ce travail sur soi lui permettra de se rendre compte qu’au fond, ses relations sentimentales non abouties sont le résultat de cette recherche permanente et insistante de l’homme idéal sur lequel le patient se focalise depuis son enfance ou depuis peu, sans qu’il s’en soit rendu compte auparavant. L’analyse psycho-organique réveille donc des sentiments dont le thérapisant ignorait l’existence et permettra à l’analyste de mettre en place une voie de guérison pour son cas.
Conclusion
L’analyse psycho-organique est une voie corporelle qui utilise le corps comme révélateur de sentiments enfouis et inconnus pour le thérapisant. L’analyste psycho-organique travaille d’abord avec le corps de son patient puis avec son inconscient lorsque le corps permet de l’atteindre. Une fois l’inconscient réveillé, le patient prend conscience de ce qu’il traverse et de ce qui le tourmente. Le travail sur le corps n’est pas facile, raison pour laquelle l’analyse psycho-organique exige l’établissement d’un lien de confiance et d’un échange abouti entre thérapisant et thérapeute. En l’absence de ce lien, la thérapie ne peut avancer. En effet, ce lien est la clé pour amener le thérapisant à s’ouvrir et à travailler sur soi, un concept qui l’effraie et qu’il fuit.
Parmi les nombreux problèmes et difficultés qu’un thérapisant peut traverser, on retrouve la recherche du prince charmant ou du partenaire idéal. Dans la plupart des cas, le thérapisant, qui, dans notre mémoire, est surtout une femme, recherche chez son partenaire son premier amour : son père. L’image du père qui lui a tout donné reste ancrée au fond d’elle et crée en elle les différents critères de sélection qu’elle utilise pour trouver son partenaire idéal. La thérapisante n’est pas consciente de ce fait, l’analyse psycho-organique l’amènera donc à s’en rendre compte.
Bibliographie
Ouvrages
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[1] Heller, M. (1991). Les émotions : un parcours littéraire pour psychothérapeutes (conférence donnée à Paris) dans Besson, J. (ed.) (1992), Manuel d’enseignement de l’École Française d’Analyse Psycho-Organique, tome 2, p. 12—158.
[2] http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/c%C3%A9libat/14010
[3] Revue du Liban : http://www.rdl.com.lb/1999/3700/liban.htm
[4] http://www.rdl.com.lb/1999/3700/liban.htm
[5] Ibid.
[6] Ibid.
[7] Drieskens, B. (2008). Les métamorphoses du mariage au Moyen-Orient : Introduction : sur le mariage, Presses de l’Ifpo, pp.7-12.
[8] Naber N., Martin-Munos, G. et Lamrabet, A. (2011). Dossier : Femmes dans le monde arabe, de la « révolution silencieuse »à la révolution tout court, disponible sur l’URL http://www.lcr-lagauche.be/cm/index.php?view=article&id=1966:dossier-femmes-dans-le-monde-arabe-de-la-l-revolution-silencieuse-r-a-la-revolution-tout-court&option=com_content&Itemid=53
[9] http://www.idrc.ca/FR/Resources/Publications/Pages/ArticleDetails.aspx?PublicationID=1119
[10] Naber N., Martin-Munos, G. et Lamrabet, A. (2011). Dossier : Femmes dans le monde arabe, de la « révolution silencieuse »à la révolution tout court, disponible sur l’URL http://www.lcr-lagauche.be/cm/index.php?view=article&id=1966:dossier-femmes-dans-le-monde-arabe-de-la-l-revolution-silencieuse-r-a-la-revolution-tout-court&option=com_content&Itemid=53
[11] De Bel-Air, F. (2008).Mariage tardif et célibat au Moyen-Orient : quels enjeux ?, Presses de l’Ifpo, n°2, pp.119-150.
[12] Ibid.
[13] J. Lacan, Écrits, Paris, éd. du Seuil, 1966, p.694
[14] Laplanche, J. et Pontalis, J-B. (1976). Vocabulaire de la psychanalyse, Presses Universitaires de France, Paris.
[15] Boehm (F.). (1926). Homosexualität und Odipuskomplex, in Internationale Zeitschrifl fiir Psychoanalyse, XII, 66-79.
[16] Freud (S.). (1927). Fetischismus. G.W., XIV, 312 ; S.E., XXI, 152-3.
[17] Vocabulaire de la psychanalyse
[18] Zola, E., De Maupassant, G., Huysmans, J.-K., Céard, H., Hennique, L. et Alexis, P. (1880). Les soirées de Médan, Georges Charpentier.
[19] Fonyi Antonia. Les Soirées de Médan : un livre à lire. In: Romantisme, 1999, n°103. pp. 97-111.
[20] http://blogs.lexpress.fr/the-autist/2012/09/10/psychanalyse-des-theories-sexuelles-machistes-et-dangereuses/
[21] http://sante.journaldesfemmes.com/psychologie/interview/0709-prince-charmant.shtml
[22] Ph.D. Dubois, J.-J. (2007). Comprendre le malheur : Sans amour tout est inceste : une perspective psycho-chamanologique, Osmora Inc., 446 pages.
[23] Ibid.
[24] Etude menée par PARSHIP, leader européen des rencontres par affinités, auprès de plus de 1 000 personnes âgées de 18 à 65 ans : http://www.parship.fr/recherche-de-partenaire/portrait-robot-du-partenaire-ideal.htm
[25] http://www.virginradio.fr/insolite-le-portrait-robot-de-l-homme-ideal-selon-les-femmes-a392023.html
[26] http://www.psychologies.com/Dico-Psycho/Complexe-d-Electre
[27] Ibid.
[28] Paquette, D. (2004). « La relation père-enfant et l’ouverture au monde », Enfance, Presses Universitaires de France, Vol. 56, p. 205-225.
[29] Appleton, W.S., Fallon, N. et Daco, P. (1983). Pères et filles : Le complexe d’Électre, Marabout service, 224 pages
[30] Lauru, D. (2006). Père-Fille : Une histoire de regard, Albin-Michel,
[31] http://www.psychologies.com/Famille/Etre-parent/Pere/Interviews/Pere-fille-le-premier-regard-d-un-homme
[32] Paquette, D. (2004). « La relation père-enfant et l’ouverture au monde », Enfance, Presses Universitaires de France, Vol. 56, p. 205-225.
[33] Parke, R. D., & Suomi, S. J. (1981). Adult male infant relationships : Human and non human primate evidence. In K. Immelman, G. W. Barlow, L. Petronovitch, & M. Main (Eds). Behavioral development (pp. 700-725). New York : Cambridge University Press.
[34] Colin-Simard, V. (2003). Pères d’aujourd’hui, filles de demain, Anne Carrière, 270 pages.
[35] http://www.signesetsens.com/psycho-communication-les-relations-pere-fille-jacques-salome-etre-co-auteur-de-sa-vie.html
[36] Gaubert, M. et Moraldi, V. (2011). La fille de son père. La relation père-fille : mode d’emploi, Les Éditions de l’Homme, 272 pages.
[37] http://www.psychologies.com/Famille/Etre-parent/Pere/Interviews/Pere-fille-le-premier-regard-d-un-homme
[38] Sellam, S. (2005). Le sens caché des desordres amoureux-Œdipe et Electre démasqués par les dates, Bérangel, 336 pages.
[39] Serge Ginger est psychologue clinicien, psychothérapeute didacticien, fondateur de l’École Parisienne de Gestalt (EPG), président de la Fédération internationale des Organismes de Formation à la Gestalt (FORGE), secrétaire général de la Fédération Française de Psychothérapie et Psychanalyse (FF2P), « Registrar » de l’European Association for Psychotherapy (EAP), président de la Commission européenne d’Accréditation (TAC) des instituts de formation des 41 pays membres. Auteur de plusieurs ouvrages, traduits en 12 langues.
[40] Ginger, S. (2007). Les psychothérapies non psychanalytiques, Colloque FNAPSY « Psychiatrie et société » mercredi 10 octobre 2007, au Ministère de la Santé, p. 4.
[41] Les psychothérapies humanistes : Gestalt, approche centrée sur la personne, analyse transactionnelle, psychodrame, thérapies psychocorporelles, etc. Elles sont souvent combinées de manière éclectique ou intégrative, et représentent au total entre 20 % et 40 % des thérapies, selon les pays. in Ginger, S. (2007). Les psychothérapies non psychanalytiques, Colloque FNAPSY « Psychiatrie et société » mercredi 10 octobre 2007, au Ministère de la Santé, p. 1
[42] Ginger, S. (2006). L’évolution de la Psychothérapie en Europe, Congrès international de Psychothérapie de Tokyo, Août 2006, p.6
[43] Champ, E., Fraisse, A. et Tocquet, M. (2015). L’analyse psycho-organique: Les voies corporelles d’une psychanalyse, Editions l’Harmattan, 16.
[44] Ibid.
[45] Id., p.19.
[46] Besson, J. (2007), Le travail organique en analyse psycho-organique, Colloque international de Sigulda (Lettonie).
[47] Heller, M. (2008). Les psychothérapies corporelles: Fondements et méthodes, De Boeck Supérieur, p.13.
[48] Champ, E., Fraisse, A. et Tocquet, M. (2015). L’analyse psycho-organique: Les voies corporelles d’une psychanalyse, Editions l’Harmattan, p.27
[49] Ibid.
[50] Ibid.
[51] Besson, J. et Brault, Y. (2012). La relation psychothérapeutique – Existence, identité, histoire, L’Harmattan, Préface de Michel Heller.
[52] Besson, J. (2007), Le travail organique en analyse psycho-organique, Colloque international de Sigulda (Lettonie).
[53] Rugira, J.-M. (2008). La relation au corps, une voie pour apprendre à comprendre et à se comprendre : pour une approche perceptive de l’accompagnement, Cercle interdisciplinaire de recherches phénoménologiques, Volume 3, 2008, pp. 122 à 143, Université du Québec à Rimouski.
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