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L’application stratégique de la politique RSE constitue-t-elle une base d’innovation et de changement efficace au sein d’une industrie pharmaceutique en pleine mutation ?

Problématique : L’application stratégique de la politique RSE constitue-t-elle une base d’innovation et de changement efficace au sein d’une industrie pharmaceutique en pleine mutation ?

Introduction

Les industries pharmaceutiques et le secteur en général ont connu une mutation sévère dans le domaine de la recherche technologique,  depuis quelques années. En effet, l’apparition et le développement de la biotechnologie ont remis en cause le processus de fabrication des médicaments.

Par ailleurs, accompagnant cette évolution significative dans le domaine de la recherche et du développement, les systèmes de réglementation et d’organisation industrielle, se sont également vus muter afin de pallier aux besoins internationaux. Des besoins constatés surtout au niveau des pays pauvres et en voie de développement. Egalement, l’émergence des pays capables de fournir des produits à partir de molécules souches s’est positionnée sur un marché pour une concurrence beaucoup plus rude.

A cet effet, force est de constater que les grandes industries pharmaceutiques ont donné place à des firmes et des processus qui externalisent de plus en plus leurs procédés de fabrication afin de mieux répondre aux exigences du marché.

Parallèlement, les industries pharmaceutiques doivent également faire face à un engagement majeur, qui est entre autre, la Responsabilité Sociale de l’Entreprise ou RSE. Cette dernière l’oblige à se préoccuper de plus en plus des aspects sociaux et environnementaux sur les activités dans lesquelles elles s’engagent. En outre, la considération de la politique RSE devra permettre à l’entreprise pharmaceutique de valoriser ces aspects dans sa stratégie. Aussi, elles devront les relatés dans le cadre de la mise en œuvre des activités, de façon responsable et l’engageant de la manière la plus transparente possible dans l’amélioration de la vie sociétale et de favoriser la mise en place d’une pratique exemplaire.

Vu à travers ces innovations dans le domaine de la technologie et des aspects réglementaires qui doivent engager une firme pharmaceutique, des bouleversements dans le cadre de la définition stratégique et dans la politique managériale, en générale, doivent s’opérer afin de s’adapter au mieux, au contexte du marché actuel.

Ainsi, à travers ces contraintes, l’intérêt de ce travail réside dans l’analyse des relations entre ces contextes et leurs implications dans la pratique managériale des entreprises pharmaceutiques. Il en va de soi que leurs politiques stratégiques va suivre les tendances de mutations et d’innovations apportées par ces phénomènes. Mais, suivant ces constats, il nous semble utile de mettre en exergue la problématique de ce travail afin de se poser la question : l’application stratégique de la politique RSE constitue-t-elle une base d’innovation et de changement efficace au sein d’une industrie pharmaceutique en pleine mutation ?

En effet, les changements en termes de procédure de fabrication des médicaments ainsi que les exigences du marché, constituées et fixées entre autre par les consommateurs, les prescripteurs ainsi que les autorités étatiques, et la politique de sécurité et de qualité inculquées par les organismes régulateurs internationaux,  veulent que la stratégie appliquée par les firmes pharmaceutiques soient en conformité avec ces changements et ces innovations.

Afin de répondre efficacement à cette question et y trouver une réponse, notre travail se partagera en deux grandes parties.

La première nous fera relater l’état des lieux du secteur pharmaceutique, en mettant en avant les politiques qui régulent ce secteur en ce moment et les mutations et changements qui s’appliquent sur le marché. On y relatera également des stratégies globales apportées par les entreprises pour pallier à ces innovations.

Cette partie nous engagera aussi, à mettre en avant, les critères fondamentaux d’une politique RSE qui devra être appliquée au sein d’une firme pharmaceutique afin de passer au niveau de la seconde partie pour analyser en profondeur les stratégies appliquées par les industries pharmaceutiques pour assurer la mise en application de la politique RSE dans leur système de management.

 

 

Partie théorique : La mutation de l’industrie pharmaceutique dans la politique sociétale moderne

Depuis l’année 94, l’industrie pharmaceutique est en proie avec l’ADPIC ou l’accord sur les droits de propriétés touchant au commerce. Cet accord veut en effet, que les droits intellectuels soient particulièrement protégés. De ce fait, des débats relatifs à l’accès sanitaire des pays pauvres sont soulevés, que ce soit par le biais des organismes non gouvernementaux, des pays en voie de développement, ou encore par les acteurs dans le domaine de la pharmacie. Concernant ces derniers acteurs, s’ajoute à cet accord, les règlementations sur la qualité ou encore la politique sociétale de l’entreprise, qui causent de lourds engagements mais aussi, des contraintes dans la réalisation des activités. En effet, ces engagements causent préjudices dans les activités de recherches et de développement, qui ne peuvent être rentabilisées qu’à peine. Cependant, il est nécessaire de trouver un juste équilibre suivant les besoins des pays pauvres ou en voie de développement et pallier à la rentabilité des grandes firmes pharmaceutiques. A cet effet, la politique stratégique des industries pharmaceutiques doivent être bousculée et répondre à la mutation du marché.

Chapitre 1. Développement et innovation des pratiques de management          

Bouleversé principalement par l’Accord ADPIC de l’OMC, le secteur pharmaceutique se voit dans un tourbillon de changement majeur quant à la fabrication, la production et la commercialisation des médicaments. A cet effet et dans cette partie, il nous a semblé utile de mettre en avant les mutations et le développement du secteur dans la cadre de la mise en application de cet accord et de voir comment et pourquoi la protection des droits intellectuels peuvent influencer grandement la stratégie managériale des entreprises pharmaceutiques, que ce soit pour les grandes firmes internationales ou pour les pays fabricants de produits génériques.

  1. Etats des lieux

 

Dans le secteur pharmaceutique actuel, le contexte économique et le cadre règlementaire sont régis par l’ADPIC ou l’Accord sur les Aspects des Droits de Propriété Intellectuelle touchant le Commerce. Cet accord oblige les pays signataires et membres de l’OMC ou l’Organisation Mondiale du Commerce à faire valoir les droits sur la propriété intellectuelle et de les respecter. Par cet accord, les industries pharmaceutiques qui optimisent les phases de recherches et de développement, ont le droit de breveter leur produit et de garder leur brevet jusqu’à une période de 20 ans[1], avant que ce dernier ne soit assigner à une possibilité de copie générique et donc, le développement et la commercialisation de cette forme de médicament, beaucoup plus abordable sur le plan tarifaire. Les termes de cet accord constituaient jusqu’alors, une sécurisation des droits des grandes firmes pharmaceutiques sur leurs produits et ainsi, ils jouissaient d’une sécurité financière assurée jusqu’à la fin de la période de 20 ans.

 

Relatant de l’historique, l’origine de cet accord tient des revendications faites par les grandes entreprises pharmaceutiques qui voyaient leurs activités, se faire concurrencer considérablement par les pays émergents et ainsi, de leurs produits génériques et qui sont principalement vus comme, des copies des produits mères.

 

Toutefois, sous la pression des organisations internationales et les pays pauvres, les termes de ces droits se sont vus assouplir afin de donner une marge de manœuvre dans l’application de ce dit, droit.

 

Aussi, durant la conférence de l’Organisation Mondiale du Commerce qui s’est déroulée à Doha en 2001, une déclaration a été faite en vue de considérer les points ci-après :

 

  • adoption de chaque pays membre de l’OMC, d’une loi propre concernant le brevet et en vue de respecter les brevets sur les produits innovants

 

  • lancement d’une procédure d’urgence en cas de force majeure, au niveau d’un pays, pour la procuration d’une licence qui permettra d’utiliser légalement la formule mère d’un médicament. Cette procédure devra se faire au niveau du détenteur du brevet

 

  • possibilité d’assurer des importations parallèles, pour les pays qui ne peuvent produire des produits pharmaceutiques, sous réserves de fournir une licence obligatoire

 

Pour son application, ce cas de flexibilité a été suivi d’une décision relative à la déclaration de Doha, en août 2003 et d’une extension de 2 ans, en décembre 2007, pour la ratification.

 

Toutefois, l’assouplissement de ce droit, comme vu dans cette modulation des termes sur les droits des propriétés intellectuelles des produits pharmaceutiques, ne peut être appliqué que dans le cadre d’une contrainte, exprimée d’un réel besoin au niveau d’un pays en voie de développement, entre autre.

Et malgré tout, si l’on relate de cet axe et à travers les  procédures qui doivent être engagées pour se fournir des licences obligatoires, la mise en application de ces dernières est difficile car, d’un côté, l’octroi des autorisations suit des étapes très lourdes qui devront se faire, « molécule par molécule et pays par pays »[2]. Mais il y a également le rôle des Etats Unis dans le processus de négoce qui remet en cause le principe d’assouplissement des termes de l’APDIC. En effet, l’accord devra se faire dans un système de libre-échange et sous une convention bilatérale ainsi, comme exemple : « Les États-Unis ont notamment passé de tels accords avec le Chili, le Maroc, l’Amérique centrale. Une volonté s’affirme à travers ces accords, pour élargir l’étendue des brevets, de telle sorte que les nouvelles formes et nouvelles indications thérapeutiques puissent être brevetées. De même, œuvrant sur une disposition large de l’accord ADPIC qui prévoit simplement une protection des données cliniques contre tout usage commercial déloyal,  les accords de libre-échange commandent une protection de ces données pour 5, voire 10 ans. Cette protection retardera d’autant le moment où les fabricants de médicaments génériques pourront utiliser ces données, fournies par les entreprises multinationales du Nord lors de la première demande d’autorisation de mise sur le marché, pour soumettre leur propre dossier de commercialisation d’une copie. Enfin, les dispositions gouvernant l’utilisation des licences obligatoires et importations parallèles s’avèrent beaucoup plus restrictives que celles contenues dans l’accord ADPIC. »[3]

 

  1. Spécificité du secteur dans l’environnement actuel

 

 

Suivant ces bouleversements sur les droits octroyés sur les médicaments, il est tout à fait logique que les firmes pharmaceutiques revoient leurs stratégies et notamment, dans le cadre des recherches et des développements. Ainsi, on a vu récemment, une baisse des activités de recherche et de développement dans le secteur malgré un marché qui engage de plus en plus de demande. En effet, faute de retour d’investissement, les recherches et le développement de nouveaux produits, médicaments, ne peuvent plus être suffisamment rentabilisés. Par ailleurs, selon les études et les analyses récentes : « l’industrie dépense actuellement deux fois plus en recherche développement qu’elle ne le faisait il y a dix ans, et malgré cela ne produit que 2/5ème des médicaments nouveaux qu’elle produisait alors. »[4] Ce constat est surtout marqué par l’essoufflement et la remise en cause du modèle économique « blockbuster »[5]. A travers ce modèle, les grandes firmes pharmaceutiques pouvaient, entre autre, limiter la production des médicaments qui suscitaient une forte demande de la part des consommateurs, comme pour le cas du diabète ou encore de l’hypertension.

 

Aussi, ce modèle de production « blockbuster » est nettement remis en question par les industries pharmaceutiques, du fait des points ci-après :

 

  • Les pays riches engagent, implicitement, les firmes pharmaceutiques à réduire les marges à travers la diminution des dépenses en assurance maladie

 

  • Les pratiques, comme l’octroi de cadeau au niveau des praticiens, afin de favoriser le circuit de distribution et ainsi, la visibilité des produits, sont devenus interdites

 

  • Les normes de positionnement sur le marché des produits sont de plus en plus restrictives, concernant la sécurité et la qualité de ces derniers

 

A cet effet, les grands laboratoires des industries pharmaceutiques se sont vus obliger d’adopter une stratégie qui optimise des recherches sur des molécules beaucoup moins performantes et ainsi, de se donner le droit d’éliminer toutes molécules jugées non efficace et de ne plus se restreindre à des processus d’analyse langoureux et coûteux comme auparavant.

 

Par ailleurs, avec le développement, le profil épidémiologique des pays en voie de développement se voit également muter. En effet, dans ces pays, et suivant l’étude faite par PWC (PriceWaterHouseCooper) en 2007, l’amélioration de revenues au sein de la population, augmentera la demande en termes de médicament luttant contre les maladies chroniques. Ce qui impliquera une étude approfondie du marché, en vue de considérer les facteurs socio-culturels et environnementaux des cibles, afin d’en optimiser les phases de recherches et de développement.

 

  1. Constat sur la mutation des valeurs et les innovations dans le secteur
  2. Adaptation au contexte des pays pauvres

 

La première adaptation qui pouvait être apportée au contexte et à la mutation des valeurs, dans le secteur, et que pouvait imaginer les firmes pharmaceutiques dans leurs politiques stratégiques, est la fusion-acquisition. Cette stratégie pouvait, à cet effet, contribuée efficacement à la mise en valeur et l’exploitation des brevets possédés par la firme avec laquelle on fusionne.

 

Tableau 2. Principale fusion et acquisition du secteur

 

Source : donnée de Toully et aillii, 2002 inséré dans le document de P. Abecassis et N. Coutinet, Industrie pharmaceutique, les conditions d’un nouveau paradigme technologique

 

Toutefois, malgré que cette stratégie soit idéale pour accélérer les procédures de possession de licence obligatoire, dans l’exploitation d’un médicament, il ne règle pas les problèmes, dans le fond. A cet effet, un autre modèle avancé par les études faites par PriceWaterHouseCooper (PWC) en 2007 met en avant, la possibilité d’une modification structurelle, au sein des firmes pharmaceutiques, dans le cadre des procédures de recherche et de développement.

 

Suivant les recommandations de cette analyse, les experts de PWC mettent en avant les actions comme :

 

  • La réduction des coûts de R&D[6] à travers la mise en valeur de procédés pluridisciplinaires qui permettent de mettre en avant les traitements les plus efficaces

 

  • La rupture nette du développement des blockbusters en équilibrant les efforts financiers sur les recherches en cours

 

  • L’amélioration de la collaboration avec les autres acteurs du secteur de la santé incluant, les gouvernements mais également, les professionnels de la santé ainsi que les organismes non gouvernementaux

 

Suite à ce constat et en référence à ces recommandations, les grandes firmes pharmaceutiques ont compris qu’il fallait mettre de côté la stratégie de mise en valeur de la stratégie sur les blockbusters et ainsi, d’adopter une politique qui puisse répondre beaucoup plus, aux besoins des pays pauvres et en voie de développement. Ainsi, parmi les stratégies adoptées :

 

  • Les grandes firmes pharmaceutiques ont favorisé leurs stratégies en délocalisant les centres de recherche au niveau des pays émergents, comme le cas chez Novartis, Roche ou encore GlaxoSmithKline, qui ont créées un annexe de leurs firmes en Asie[7]. A travers cette stratégie, les entreprises pharmaceutiques peuvent répondre aux besoins locaux des consommateurs, qui sont d’autant plus, d’une grande potentialité. Par ailleurs, ces firmes peuvent s’appuyer sur un coût d’investissement en R&D, amoindri

 

  • Le développement des partenariats entre les grandes firmes pharmaceutiques et les professionnels de la santé, les ONG et les états au niveau des pays pauvres et des pays en voie de développement, ont favorisé l’amélioration du développement structurel des procédés de recherches pour un meilleur accès aux médicaments dans ces pays

 

  1. Enjeu stratégique de la mutation et des stratégies d’adaptation

 

Par rapport à ces innovations apportées par les grandes firmes pharmaceutiques, dans leurs politiques de développement et les initiatives qu’elles ont apportées, des enjeux majeurs sont à considérer :

 

  • Le premier est, le développement des approches mettant en valeur la collaboration entre plusieurs acteurs dans les projets de santé. Dans ce principe, il faudra favoriser la coopération avec les ONG qui ont de plus en plus d’influence dans la politique sanitaire locale. Il est aussi nécessaire de collaborer avec les organismes internationaux locaux, tels les organismes des Nations Unies ou encore les branches de la Banque Mondiale. Par ailleurs, à travers cette stratégie, appelée, horizontalisation des actions de santé, les grandes firmes pharmaceutiques peuvent se rapprocher des marchés locaux, beaucoup plus porteurs, et de présenter sur le marché, des produits à moindre coût. Cette stratégie d’horizontalisation et d’éparpillement des ressources en recherche et développement, permettra aux pays hôtes de mieux contrôler les actions et les activités de ces entreprises et ainsi, de favoriser la transparence et la responsabilisation de ces dernières

 

  • En second lieu, il est utile d’ôter le cloisonnement des disciplines de santé afin de mieux évaluer et de prévoir les besoins des pays pauvres. A cet effet, il n’est plus nécessaire de suivre l’approche ancienne qui optimisait les procédures de recherche, maladie par maladie et traitement par traitement. Ainsi, suivant une bonne étude contextuelle des pays pauvres, les facteurs environnementaux ainsi que les critères de pauvretés devront apporter des réponses adéquates pour décloisonner le système et ainsi, d’optimiser les résultats des recherches

 

  1. Le développement stratégique de l’industrie pharmaceutique

 

  1. La stratégie multi partenariat

 

Derrière les facettes de la mutation technologique, la stratégie d’éparpillement des procédés fabrication et de R&D ainsi que des engagements demandés aux grandes firmes pharmaceutiques, des conflits juridiques subsistent entre les pays en voie de développement et les industriels dans le domaine de la production pharmaceutique. Aussi, des experts comme Gewertz et Amado en 2004, ont avancé l’hypothèse que seule une stratégie coopérative pourrait pallier et solutionner efficacement à ces conflits. Ainsi, leurs recommandations seraient que les gouvernements de  ces pays ainsi que, les organisations incluant les ONG en charge de la santé assument une bonne partie des risques économiques engagés dans les procédures de développement et de production de médicaments spécifiques. Parallèlement, les industries pharmaceutiques devront s’engager à promouvoir et à mettre en exergue des « obligations morales plus importantes » et en aidant ces pays à réduire voire, éliminer les sanctions prises dans les procédures de non-respect des droit intellectuels sur les produits pharmaceutiques et même, de l’importation parallèles de ces derniers.

 

Toutefois, compte tenu de l’importance des droits intellectuels sur les médicaments, d’autres solutions ont été avancées afin de trouver des compromis pour la conservation de ces droits et l’appui des pays pauvres et en voie de développement à s’acquérir des produits pharmaceutiques adéquats.

 

Ainsi, le tableau ci-dessous nous relate des compromis avancés durant un débat facilité par l’IPPPH[8] et l’INSEAD[9] et rapporté par M. Hunter en 2003.

 

Tableau 2. Compromis entre les acteurs locaux et le brevet pharmaceutique

 

Source : M. Hunter, 2003 présentée dans la RSE : une nouvelle régulation de l’aide au développement ? Bruno Boidin, P.5

 

Dans ce cadre, pour l’effectivité de la réalisation et de la mise en œuvre, le partenariat entre les firmes pharmaceutiques et les organismes publics et privés doivent paraitre dans les démarches d’application de ces compromis. Ce partenariat permettra également aux industries pharmaceutiques de pallier à la réduction forcée des investissements en R&D, faute de rentabilité, tout en optimisant ce processus en faveur des besoins des pays pauvres et en voie de développement.

 

En outre, afin d’optimiser cette stratégie de partenariat, les termes du partenariat peuvent se faire de diverses façons pour permettre la réalisation de ces compromis :

 

  • Engagement du secteur public et privé du pays, à réunir des fonds ainsi que des compétences et des expertises adaptées

 

  • Engagement des firmes pharmaceutiques à « assumer leur part de responsabilité dans les domaines du travail, des droits de l’homme et de l’environnement. »[10]

A travers ce principe de partenariat, les engagements  des organismes internationaux peuvent être également mis en valeur vu que ces derniers, à l’instar de l’OMS[11]  et l’ONU[12], en sont favorables et elles les relatent en ces termes : « des objectifs partagés ainsi que des ressources, risques et récompenses combinés. Ce sont des collaborations volontaires qui se construisent sur les forces et les compétences de chacun des partenaires, qui permettent une meilleure allocation des ressources et qui permettent d’atteindre des résultats bénéfiques sur une période durable.»[13] A cet effet, la généralité de ce principe est vue positivement par tous les acteurs ainsi que les parties prenantes et chacun perçoit, de ce fait, un résultat « gagnant-gagnant » pour le pays et pour l’industrie pharmaceutique.

 

  1. Les principes de la « gestion partenariale »[14]

 

Afin de bien situer les enjeux de la stratégie multi partenariat que devrait adopter les firmes pharmaceutiques pour pallier aux défis de la mutation du secteur, il serait opportun de voir et de comprendre les principes de la gestion partenariale dans la littérature afin de l’adapter au mieux, dans le cadre du travail.

 

Terme utilisé pour la première fois dans les travaux de littérature de P.Selzick en 1957,[15] la gestion partenariale trouve ces fondements suivant un constat qui est que « les entreprises en peuvent rester à l’écart des attentes qui émergent au sein des acteurs qui les entourent. »[16] Dans une structure de plus en plus moderne et où il est constaté que ces termes sont de plus en plus fondés, on a ainsi vu un développement progressif de la gestion partenariale mais aussi, son institutionnalisation. Pour cela, les entreprises et les organismes gouvernementaux et non gouvernementaux ont, progressivement, pris en compte les valeurs du partenariat et de l’environnement de ces acteurs, afin de les gérer efficacement et pour le bien de ces activités.

 

Rojot, en 1997[17]appui cette idée et avance même qu’il est utile pour les entreprises et les organismes d’intégrer ce principe dans ces objectifs et de ne pas se focaliser, seulement, sur les recherches de l’intérêt et de l’efficacité. Ainsi, on prenant en compte les facteurs d’engagement relatés dans le principe de a gestion partenariale, la viabilité de l’entreprise et le positionnement de son image au sein d’une société moderne où les parties prenantes, les consommateurs mais surtout les organisations gouvernementales et non gouvernementales, sont devenues des partenaires de stratégiques très importants. Ainsi, il en va de la survie des entreprises, de considérer et de gérer efficacement le partenariat avec ces derniers.

 

Pour la mise en œuvre et dans le secteur qui nous intéresse dans ce travail, deux approches peuvent conduire le principe de gestion partenariale et refléter la motivation des acteurs à promouvoir le principe du partenariat, à savoir :

 

  • La gestion partenariale intégrée, qui implique la participation effective des partenaires des firmes pharmaceutique, en donnant un rôle prépondérant à l’état ainsi qu’aux divers organismes étatiques et non gouvernementaux, dans le processus de prise de décision, d’élaboration des plans d’actions, de la mise en œuvre mais aussi, du suivi et du contrôle de cette mise en œuvre. Pour ce faire, les deux parties peuvent se donner des références indicatifs à travers des indicateurs de partenariat bien précis intégrant, les apports des parties prenantes dans pour favoriser les actions de recherches et de développement nécessaire pour le secteur de la santé du pays, mais aussi, des indicateurs de performances quant à l’implication de la firme pharmaceutique dans le respect des facteurs sociaux et environnementaux

 

  • La gestion partenariale découplée, qui induit l’un ou les partenaires à, théoriquement, accepter les besoins et les recours de son environnement externe tout en se réservant de les appliqués, effectivement en pratique. Il en va du rôle de l’une des parties de suivre la conformité des réalisations et des conventions entreprises entre les deux parties, afin de ne pas nuire à l’enjeu du partenariat. Ceci, pourrait mener à une révision progressive des compromis entre les deux parties afin de mener à bien les actions

 

 

 

 

 

Chapitre 2. RSE, le développement pratique dans l’industrie pharmaceutique

 

Selon l’avis de la Commission Européenne, le RSE ou la Responsabilité Sociétale de l’Entreprise est un « concept dans lequel les entreprises intègrent les préoccupations sociales, environnementales et économiques de leurs activités et dans leurs interactions avec leurs parties prenantes sur une base volontaire. »[18]

 

Les débats autour de la RSE se sont faits suivant les évolutions et les mutations des valeurs pour ainsi, devenir un principe essentiel dans le développement et le système managérial des entreprises.

 

De ce concept, les firmes pharmaceutiques doivent mettre en valeur leurs stratégies et leurs engagements en  termes de respects sociaux et environnementaux, afin de se rendre viable et crédible au sein d’une société moderne, plus attentive et soucieuse sur ces points.

 

Ainsi, face aux enjeux majeurs du développement durable et suivant les intérêts relatés par les institutions étatiques, les ONG ainsi que de la population locale à cet égard, ce travail nous permettra de voir en détail le rôle de la RSE dans la régulation et le contrôle des activités des entreprises pharmaceutiques, mais également, l’impact de sa considération  et de sa mise en œuvre dans le système de management de ces dernières.

 

  1. RSE, une pression institutionnelle pour le développement durable

 

Avec la mutation des idées et des mentalités, la société moderne montre un nouveau visage qui met en valeur un rôle prépondérant des institutions et des organismes internationaux. En effet, ces organismes sont des acteurs majeurs au sein d’un pays, qui influencent et édictent les politiques stratégiques en vue de permettre un développement durable pour l’Etat. A cet effet, il est à constater que ces institutions et organisations internationales sont des acteurs majeurs dans la définition et l’élaboration des textes et principes réglementaires qui régulent un secteur. Tel est le cas du secteur pharmaceutique, actuellement.

 

  1. La pression des institutions internationale pour la responsabilisation des entreprises pharmaceutiques

 

De nos jours, de nombreux textes font références à la RSE et s’engagent pour la promotion de cette dernière. La base de ces textes se fait surtout sur des points qui dirigent les entreprises pharmaceutiques à se faire guider dans la démarche de mise en application des principes de la RSE.

 

Par contre, chaque entreprise est libre d’appliquer ces principes sans être imposée par quiconque. Toutefois, pour une bonne collaboration et par principe de partenariat dynamique avec les pays hôtes, les institutions et organismes internationaux proposent des actions incitatives afin de considérer la politique RSE chez les entreprises pharmaceutiques.

 

Ainsi, on a des textes qui régulent et mettent en avant, des principes qui permettent de créer un environnement favorable pour optimiser les activités des firmes pharmaceutiques, dans le cadre de la stratégie RSE, qui sont dégagés par l’OCDE, de l’ONU mais aussi, de la Commission Européenne. Tous ces textes, dans leurs concepts, sont relatés afin de favoriser l’implication des entreprises pharmaceutiques dans les RSE, et afin d’optimiser le partenariat avec le parties prenantes. A travers ces principes, nous pouvons, entre autre, relater les points ci-après :

 

  • Pour l’OCDE ou l’Organisation de Coopération et de Développement Economique, cette organisation donne droit aux gouvernements de créer des espaces qui leurs permettent de faire des partages d’expérience et de discuter de divers problèmes relatés dans le domaine économique et « en faveur du développement durable, de l’emploi et des échanges reposant sur la coopération internationale et visant le bien-être de tous »[19]. Par ailleurs, dans son engagement, l’OCDE collabore avec les gouvernements locaux en vue d’analyser et de mettre en avant les points qui favorisent le changement économique, la mutation sociale mais aussi, les changements environnementaux. De part cette mission de l’OCDE, les gouvernements formulent leurs recommandations et les font part au niveau des entreprises pharmaceutiques travaillant sur leurs territoires. Ainsi, les principes de l’OCDE à l’égard des entreprises sont résumés par les onze points ci-dessous :

 

Encadré 1. Principes directeurs de l’OCDE

 

Source : Extrait du site internet de l’OCDE, rubrique “notre mission” : http://www.oecd.org/fr/apropos/

 

  • Pour l’ONU, la mise en application de la RSE, réside suivant un « Pacte mondial » qui s’adresse de fait aux dirigeants des entreprises, comprenant les firmes pharmaceutiques. Ainsi, à travers ce pacte, Koffi Annan, en 1999 a clairement soulevé durant son discours à Davos que : « Par la manière dont vous menez vos affaires, vous pouvez favoriser directement le respect des Droits de l’Homme, ainsi que l’instauration de conditions de travail acceptables et de normes écologiques minima. Vous pouvez faire de ces valeurs universelles le ciment de vos entreprises mondiales, car chacun dans le monde les reconnaîtra comme siennes. Vous pouvez, dans vos entreprises, faire en sorte que les droits de l’homme soient respectés et veiller à ne pas vous faire les complices de violations de ces droits. »[20] Ainsi, ce Pacte mondiale veut responsabiliser les entreprises pour que ces dernières considèrent un peu plus les impacts sociaux et environnementaux de leurs activités à travers la valorisation de 4 points majeurs qui sont, le droits de l’homme, la protection environnementale, les conditions de travail ainsi que la lutte contre la corruption. Toutefois, il revient aux entreprises d’appliquer ou non le pacte en s’engageant entre autre, à travers les points relatés dans l’encadré ci-après :

 

Encadré 2. Les points de fonctionnement du Pacte mondial

 

Source : extrait du site officiel des Nations Unies http://www.unglobalcompact.org/languages/french/

 

  • Pour la Commission Européenne, dans son Livre Vert, cette institution incite également l’engagement volontaire des entreprises à favoriser des démarches et des principes transparents et responsables dans leurs stratégies de développement. A la différence des principes directeurs de l’OCDE qui impliquent le rôle fondamental des gouvernements, et de l’ONU qui s’adressent surtout aux dirigeants d’entreprise, le Livre vert de la Commission Européenne favorise, quant à lui, le partenariat afin de « promouvoir un cadre européen pour la responsabilité sociale de l’entreprise. »[21] Dans son contenu, ce document vise à mettre en valeur l’utilité d’une collaboration entre les entreprises et toutes les parties prenantes, incluant, la collectivité locale, les organismes internationaux, les partenaires techniques et financiers mais également le gouvernement local, afin d’améliorer le bien commun.

 

  1. Le développement durable pour le secteur pharmaceutique

 

Dans le secteur pharmaceutique, l’industrie est actuellement en proie avec une remise en question considérable du business modèle, de sa règlementation et de sa régulation. En effet, elle se heurte à divers phénomène comme la pharmacovigilance, qui l’engage à des procédures de contrôle des médicaments continuelles afin de prévoir les risques d’effets indésirables. Mais il y a également, les questions de tarifications et bien évidements, le dilemme sur les brevets.

 

Par ailleurs, l’industrie pharmaceutique fait également face à diverses interpellations sociales très élevées que ce soit en termes de procédure de recherche, de principe d’éthique, d’accès aux médicaments ou encore au respect de l’environnement et des soins. Ce secteur est en effet devant des crises de confiance très forte, suite aux récents évènements, tels que les constats sur le médicament « médiators » ou encore, le manque de transparence et de réactivité devant le phénomène du virus H1N1. Cependant, comme le dit Didier Tabuteau : « L’industrie pharmaceutique est un peu comme la langue d’Esope.
Elle peut être le pire des secteurs car ses déviances affectent la
santé publique. Elle peut aussi être une industrie d’excellence capable de
défendre ses dossiers et ses intérêts sans excès, ni mauvaise foi.
Elle abrite de plus souvent des chercheurs qui sont de
véritables “croisés” du progrès médical »[22]

 

En effet, dans le monde actuel, cette industrie est victime de questions d’intégrité et de confiance majeure. Certes, elles doivent survivre et donc, faire des profits mais aussi, il leurs est impératif de garantir la sécurité des malades, consommateurs, et de trouver des motivations éthiques en ce qui concerne les évolutions médicales. De là, la politique et l’intégration de la politique RSE tient tout son sens car, les activités de l’industrie pharmaceutique ne devraient pas se limiter au simple fait de faire des bénéfices, mais bien, de s’engager à faire avancer la médecine dans le but d’améliorer la santé public.

 

A cet effet, les firmes pharmaceutiques se doivent de s’engager dans les points ci-après :

 

  • La gouvernance et l’éthique pour une transparence des informations. Qui implique une transparence d’information envers les patients mais aussi, les praticiens et toutes les catégories de parties prenantes. Cette transparence doit ainsi, être visible à travers la définition et l’application d’une politique sociale et environnementale adéquate

 

  • La santé et la sécurité. Ce qui peut impliquer un partenariat honnête avec les chercheurs universitaires en vue de limiter les risques d’effets secondaires sur les produits et ainsi, de garantir le rôle de la recherche et du développement mais aussi, du contrôle, dans le processus de fabrication et de mise sur le marché. Ce point l’engage également à renforcer les procédures de pharmacovigilance

 

  • Le respect de l’environnement. Qui doit engager la firme à promouvoir et garantir le respect de à travers une bonne gestion des déchets, une considération de la biodiversité ou encore la réduction de l’émanation des gaz à effet de serre

 

  • La participation dans le développement communautaire. Qui devrait l’engager à s’intégrer de plus en plus dans les projets sociaux, pour garantir une proximité avec la population de base mais aussi, de définir les besoins locaux afin d’améliorer la performance et l’efficacité des produits

 

  • La considération des droits de la personne et de la gestion optimale des ressources humaines

 

Ainsi, pour permettre un développement durable dans le secteur pharmaceutique, des enjeux majeurs devront être valorisés dans le cadre de la politique RSE d’une entreprise, à savoir :

 

  • L’amélioration de la stratégie de développement de l’innovation ainsi que du R&D

 

  • La valorisation de l’information, de l’éthique et de la transparence à l’égard des parties prenantes

 

  • L’optimisation de l’accès aux et aux produits pharmaceutiques

 

  • La contribution au bon usage et à la sécurité des produits, à travers la pharmacovigilance, la lutte contre la corruption ainsi que celle des contrefaçons

 

  • L’engagement à la protection environnementale

 

  • L’engagement à la performance sociale

 

  • L’engagement envers la société

 

  1. RSE, un élément essentiel pour le management

 

Nous pouvons démontrer sous plusieurs facteurs que malgré la forme non obligatoire de la RSE, elle est utile pour la viabilité de l’entreprise. Ainsi, même si les textes que nous avons évoqués précédemment tendent à influencer la politique stratégique de l’entreprise pharmaceutique, la mutation de son environnement et les innovations les poussent à adopter le concept, tant dans la gestion de cette dernière que dans son style de management.

 

  1. La théorie du « stakeholders »

 

Tous les documents et les analyses portant sur l’évolution du marché et du secteur pharmaceutique portent à croire qu’il est essentiel de se baser sur une approche de partie prenante ou « stakeholder », pour responsabiliser les firmes pharmaceutiques. Par ailleurs, l’adoption et l’intégration de la RSE, dans leur stratégie et politique managériale sont vues comme de réels avantages chez les industries qui les appliquent.

 

Dans cette stratégie, il est ainsi nécessaire d’intégrer une réelle participation des parties prenantes qui doivent s’impliquer largement dans cette politique managériale et qui ne devront pas faire figure de simple, éléments d’obligation morale mais comme de réels acteurs qui s’intègrent dans la prise de décision.

 

Ce rôle prépondérant des parties prenantes, vu comme de réels acteurs dans l’environnement de l’entreprise, peut être résumé par la figure ci-dessous :

 

Figure 1. Politique RSE et enjeux face aux attentes des parties prenantes

Source : Adapté selon le modèle de Freeman, 1984

 

Et pour valoriser cette approche, dans le contexte actuel et face à l’environnement changeant du secteur pharmaceutique, elle est nettement favorisée avec le principe « gagnant-gagnant ».

 

Par ce principe de « gagnant-gagnant » entre l’entreprise et les parties prenantes, il est à considérer que les profils d’évaluation de la performance de l’entreprise, ne doivent être considérés, seulement sur l’aspect strictement financier, car face au changement, le mangement doit se faire suivant d’autres principes de valeurs intégrant :

 

  • La création de valeur
  • La valeur actionnariale
  • La valeur client
  • La valeur salarié

 

En ce sens, la considération de la valeur client et de la valeur salarié apporterait à l’entreprise pharmaceutique un surplus de valeur actionnariale vu que l’amélioration de ces dernières évalueraient en profondeur, les attentes et les besoins exprimés par le client et le salarié, ce qui augmenterait l’image et le positionnement de l’entreprise dans le secteur. La prise en compte de ces principes de valeur intègrerait également l’entreprise pharmaceutique à considérer l’aspect du développement durable. Ce concept est vu par les spécialistes comme un élément majeur qui améliore la gestion des risques et ainsi, d’anticiper efficacement les contraintes dans le secteur. Par ailleurs, dans le principe « gagnant-gagnant » et dans le cadre de l’approche « stakeholder », intégré le développement durable dans le principe managérial de l’entreprise pharmaceutique aura un impact dans la réduction des coûts à long terme mais également, il optimiserait l’innovation et attribuerait un avantage conséquent sur le marché et ainsi, il améliorera, dans le temps, la performance économique et financière de la firme.

 

Aussi, si la RSE, qui considère le développement durable, est un concept qui doit être affirmé avec l’engagement et la participation des parties prenantes dans la politique stratégique de l’entreprise, il en va de soi qu’elle doit ajuster les modalités de l’entreprise face aux attentes de la société, à travers, la considération des points de préoccupations sociales, environnementales et économiques dans sa stratégie mais aussi, de la mise en place d’un système de management adéquat pour mettre en valeur cette stratégie.

 

  1. Les intérêts de la considération de la démarche RSE pour l’entreprise

 

Suivant les théories relatées ci-dessus, on peut avancer plusieurs bénéfices et intérêts de la firme pharmaceutique dans le cadre de la mise en application de la démarche RSE. En effet, avec le contexte changeant actuel et le devoir des entreprises pharmaceutique de considérer les besoins et les attentes des pays pauvres et en voie de développement, elles sont obligées de trouver la bonne mesure pour pouvoir exercer le métier dans l’environnement mondial. Par ailleurs, comme le dit le Président de Novartis : « il n’est pas impossible que la liberté d’exercice de notre métier dans les pays développés finisse par dépendre de l’attitude que nous aurons eu face aux problèmes du tiers monde. »[23]

 

A travers ce constat, on peut relater que les entreprises pharmaceutiques sont vulnérables et que ces besoins en ressources se doivent de considérer son environnement social et économique mais également les parties prenantes.

 

Aussi, en optimisant la démarche RSE dans sa politique managériale, une entreprise pharmaceutique peut espérer les bénéfices ci-après :

 

  • Une anticipation et une meilleure gestion des risques qui assurera ainsi, une continuité de l’exploitation, une meilleure évaluation des risques environnementaux et juridiques, une amélioration de la relation sociale mais aussi, une amélioration de l’image de l’entreprise et ainsi, un gain de confiance

 

  • Une optimisation des coûts que ce soit, dans le cadre de la considération des impacts environnementaux ou dans l’optimisation des procédés à travers l’éparpillement mondial de la structure de fabrication

 

  • Une amélioration de la position concurrentielle à travers l’adaptation à l’innovation ainsi que le développement de la stratégie et la gestion partenariale

 

  • L’optimisation de la gestion des ressources humaines en engageant un système de management participatif et une réelle adhésion du personnel dans le projet d’entreprise

 

Nous résumerons ces bénéfices et ce système managérial influencés par un environnement changeant et dons, une meilleure anticipation des risques à travers la considération des démarches RSE, par la figure ci-après :

 

Figure 2. Gestion des risques et saisie des opportunités

 

Source : Document Pôle RSE de Leem, Delphine Caroff

 

 

 

  1. Législation régulatrice pour la mise en application de la RSE (norme, règlementation, cadrage juridique)

 

Dans la régulation des activités des entreprises pharmaceutiques en matière de la mise en application de la RSE, celle-ci trouve principalement ces sources dans les réglementations basées sur les principes directeurs de l’OCDE mais aussi, le Livre vert de la Commission Européenne. Ainsi, pour le cas de la France, cette mise en application a vu l’apparition de nouveaux cadres légaux et réglementaires à travers la loi Grenelle 2.

 

Cette nouvelle loi tient du fait d’un réel engagement relaté chez les entreprises françaises et notamment dans le secteur pharmaceutique, dans la mise en application de la démarche RSE. En effet, par l’implication des entreprises dans cette démarche, les facteurs environnementaux et sociaux sont de plus en plus considérés dans les règles du marché et le positionnement des entreprises. Cette démarche est d’autant plus aperçue comme un réel avantage concurrentiel plutôt qu’une simple obligation ou contrainte assignée par les réglementations et les législations en vigueur. Ainsi, force est de constater que les démarches engagées par les grandes firmes pharmaceutiques en permis d’intégrer le rôle des parties prenantes comme, les partenaires techniques et financiers, les organismes internationaux, le pouvoir public et les gouvernements locaux mais également les salariés et leurs délégués, dans le processus de mise en œuvre. Ce qui a permis d’engager des actions innovantes dans le processus de fabrication et de commercialisation des produits pharmaceutiques et la considération des critères d’appropriation des médicaments pour les pays pauvres et en voie de développement.

 

Par ailleurs, pour évaluer à bon escient les réalisations faites dans le cadre de la démarche RSE, les rapports annuels des diverses firmes pharmaceutiques font nettement part des informations entreprises dans le cadre de cette démarche. Aussi, dans le cadre de la mise en avant de ces informations, à l’issu de la loi et de la réglementation sur le Grenelle de l’environnement du 12 juillet 2010, les entreprises pharmaceutiques sont particulièrement obligées de faire une déclaration concernant la quantité et l’usage des substances en état de nano particule. Il leur est également important de faire part de toutes informations relatives aux dangers que ces particules pourraient engendrer et du degré d’exposition des salariés dans le cadre de sa manipulation.[24]

 

Dans son article 187, cette loi mentionne également les obligations de la firme à améliorer la gestion de ses déchets et principalement ceux, concernant les DASRI ou Déchets d’Activité de Soins à Risques Infectieux qui sont produits essentiellement par les patients qui pratiquent de l’automédication. En outre, pour la mise en application de cet article, la firme devra collaborer efficacement avec les syndicats comme le SFRL[25] ou encore le SNITEM[26], afin de mettre en place un éco-organisme en charge du contrôle de ce point. En outre, dans la considération des enjeux environnementaux au sein des entreprises pharmaceutiques, l’article 75 de la loi incite ces dernières à donner des bilans de carbone et à faire les recommandations et les plans adéquats pour réduire la consommation d’énergie dans leurs processus de fabrication.

 

L’article 225 met en exergue l’obligation de la firme à faire des rapports sociaux et environnementaux dans leurs rapports de gestion annuels. Cet article est suivi de fait par celui de l’article 227, impliquant la société mère à prendre en charge les points de défaillance de ses filiales en cas de non-respect des procédures environnementales et parallèlement, l’article 247 implique cette dernière à mettre en place un comité de suivi de site ou de ses filiales qui présentent des risques particuliers de pollutions industrielles et technologiques.

 

Pour la mise en application, l’encadré ci-après nous montre les informations utiles qui doivent paraitre dans le  rapport RSE :

 

Encadré 3. Informations sociales à publier

 

Source : Reporting RSE, les nouvelles dispositions légales et réglementaires, question 7, P.15

 

Pour ce qui est des normes qui visent la RSE, on peut donc, citer sur le plan international, par convention :

 

  • Les principes directeurs de l’OCDE à l’intention des firmes internationales
  • La déclaration se faisant entre l’OIT ou Organisation internationale du travail, les firmes internationales et la politique sociale
  • La convention N° 69 de l’Organisation Internationale du travail
  • Le GRI ou Global Reporting initiative
  • Le Pacte mondiale des Nations Unies
  • Le livre vert de la Commission Européenne
  • Les ISO 9001/14000/OHSAS 18001/26000
  • La loi Grenelle 2
  • L’agenda 21
  • La loi qui vise l’évaluation des entreprises dans le cadre environnementale et social

 

 

Partie empirique : La RSE dans la stratégie des industries pharmaceutique : illustration des pratiques par étude de cas comparative des industries à connotation RSE

 

L’industrie pharmaceutique est un secteur vaste au sein duquel plusieurs paramètres suggèrent la nécessité d’adaptation au contexte,  qu’il soit économique, social ou environnemental. Avec les engagements entrepris par les grandes firmes pharmaceutiques, dans le cadre de la mise en application de la politique RSE, nous consacreront cette partie à analyser la pratique de 3 grandes industries que sont, Sanofi-Aventis, GSK et Novartis afin de faire une étude comparative et ainsi de dégager des réponses adéquates, en suivant la logique apportée dans notre partie théorique.

 

  1. Méthodologie : présentation des critères de collectes de données, de traitement et d’analyses

 

Suivant la logique apportée dans notre étude théorique, en ce qui concerne la mise en application de la RSE dans les 3 principales firmes pharmaceutiques qui ont fait l’objet de notre étude, nous allons focaliser nos comparaisons sur la stratégie de stakeholder de chacune d’entre elle mais aussi, les stratégies d’association sur la mutation et les innovations de l’environnement du secteur face aux enjeux des pays pauvres et en voie de développement. Nous constaterons de ce fait, en quoi cette innovation et les principes de la mutation à travers l’intégration de la politique RSE dans la stratégie des entreprises ont permis leurs développements et leurs adaptation dans le marché pharmaceutique.

 

Afin de bien peaufiner notre analyse, nous avons choisi de faire une démarche exploratoire en effectuant des études documentaires sur les trois firmes. Pour ce qui est de l’échantillon de firmes choisies, nous avons surtout cadré l’analyse sur les grandes industries pharmaceutiques françaises et de GSK qui a également une filiale en France. Ceci, parce que ces derniers font parties des entreprises qui ont également, entrepris la démarche RSE dans leur politique stratégique et qu’à cet effet, elles disposent de ressources d’informations nécessaires qui peuvent répondre à notre problématique de départ.

 

A partir de l’exploitation de ces documents, nous pourrons ainsi soulever les bases pratiques assurées par ces firmes pharmaceutiques qui nous conduirons à relater les impacts de la politique RSE au sein des industries pharmaceutiques et les concepts qui la conduit pour en faire un élément de management efficace pour le développement de la structure et du marché.

 

  1. Résultats

 

  1. Principes et applications de l’approche Stakeholder chez les 3 firmes

 

Dans ce premier volet d’analyse, nous allons voir quels ont été les points les plus pertinents qui illustrent les actions de gestion partenariale effectuées par les 3 groupes ces dernières années.

 

  • Le partenariat avec les parties prenantes chez GlaxoSmithKline

 

Pour Patrick Desbiens, Président du laboratoire GSK en France : « Soutenir le développement de nos collaborateurs et de nos parties prenantes auprès desquels nous sommes engagés »[27] est la mission principale de la compagnie en termes de gestion de partenariat.

 

A travers cette affirmation, GSK met ainsi en valeur, la collaboration avec toutes les parties prenantes qu’elles soient des salariés au sein même de la firme ou éparpillées dans ces filiales et même dans, la collaboration avec les institutions gouvernementales et non gouvernementales dans les pays où la société possèdent des filiales.

 

Ainsi, pour le cas de la France, GSK s’engage principalement sur les points ci-après :

 

  • Une implication considérable des collaborateurs dans le projet sociétal et environnemental de l’entreprise

 

  • Une sensibilisation des collaborateurs face aux divers risques qui pourraient être liés au travail qu’ils entreprennent

 

  • Une pratique optimale de l’égalité des chances dans l’environnement interne de l’entreprise (pour les salariés dans le développement professionnel) et son environnement externe (accès aux médicaments, et actions au niveau des pays pauvres et en voie de développement)

 

  • L’optimisation du système de formation pour le développement de chaque collaborateur

 

A l’international, ces engagements sont beaucoup plus large et implique une valeur d’équité et d’inclusion de tous les collaborateurs, à travers :

 

  • L’optimisation de la diversité et de l’insertion

 

  • L’optimisation des stratégies sociales à l’interne de l’entreprise afin de favoriser l’épanouissement de ces derniers

 

  • L’engagement des collaborateurs dans les actions sociales et caritatives pour avoir une cohésion d’équipe et optimiser la dynamique de l’entreprise

 

A travers ces engagements, GSK fait part de quelques réalisations telles que :

 

  • Présence de laboratoire en Algérie, Belgique, Canada, France et dans plus de 100 avec 98 000 collaborateurs

 

  • Initiative en Afrique subsaharienne pour implanter d’autres sites en appui aux fabrications locales déjà présentes au Kenya, Nigéria et en Afrique du Sud

 

  • Engagement à travers le programme « Antiope » qui accompagne le parcours des personnes atteintes de cancer

 

  • Elaboration et application d’une charte de partenariat entre GSK et les professionnels du secteur santé

 

  • Mise à jour du code de conduite de la firme

 

  • Elaboration d’une charte de lobbying qui a vu l’intégration de l’ONG internationale Transparency international

 

  • Partenariat entre GSK et l’ONG Save the Children qui engage toute l’équipe de la firme dans des collectes de fond pour l’appui à l’ONG sur une période de 5 ans

 

  • Intégration d’employés en situation de handicap qui constituent actuellement 4% de la population salariale de la firme

 

  • Le partenariat ASAQ entre Sanofi Aventis et la DNDI

 

Chez Sanofi Aventis, cette approche est surtout marquée, dans le cadre de la mise en application de la politique RSE, par le partenariat du groupe avec l’initiative, DNDI ou Drugs for Neglected Disease Initiative (Initiative pour le développement de médicaments pour les maladies négligées). Cette initiative est un programme qui a été lancé par l’organisme international MSF ou Médecin Sans Frontière, en 2005.

 

Par principe, le but de ce partenariat est entre autre, l’union de la compétence afin d’optimiser les recherches sur un médicament qui lutte contre le paludisme. De cette combinaison des compétences a vu l’apparition de l’ASAQ qui est une association de molécule intégrant l’AS ou Artesunate et l’AQ ou Amodiaquine. Ce médicament a vu le jour pour une prise plus simple et ainsi, facilitera la guérison du paludisme chez les pays pauvres et en voie de développement. C’est également un médicament simple d’utilisation et qui peut être ingéré par un adulte comme par un enfant. Ainsi, ce médicament, à travers le partenariat des deux parties a su mettre en valeur les besoins les plus profonds de la population de base.

 

L’encadré ci-après nous fera part des termes du partenariat engagé entre Sanofi Aventis et DNDI.

 

Encadré 4. Rôle des deux partenaires dans la mise en œuvre du projet ASAQ

 

  Source : Bruno Boidin, la RSE, Illustration, P.8

 

Par cette initiative partenariale, les résultats ci-après ont été relatés dans le cadre de la démarche RSE :

 

  • Création d’un médicament antipaludique qui sera à développer avec un procédé industriel. Ce qui a permis une injection de fond de hauteur de 25 millions d’euros par Sanofi Aventis pour un R&D au niveau de son usine à Maroc[28]

 

  • Développement du médicament sur une durée de 3 ans avec un partenariat signé en 2005 et un médicament disponible en 2007

 

  • Mise en vente sur le marché privé, notamment les officines, avec plus de 1,2 millions de traitements recensés[29] et qui est perçue par le responsable du programme paludisme de Sanofi Aventis comme, « le médicament est un succès car il est le plus simple à prendre »[30]

 

  • Mise en vente sur le marché public avec l’implication des ONG et des institutions gouvernementaux à travers un procédé d’achat qui se fait par appel d’offre

 

  • Distribution du médicament à moins de 1 dollar sur le marché. Qui a vu une implication très forte de DNDI dans le négoce de prix

 

  • Obtention de la pré-qualification du médicament auprès de l’OMS

 

  • Le partenariat Coartem entre Novartis et l’OMS

 

Pour la firme pharmaceutique Novartis, l’objectif du partenariat avec l’OMS était également dans le cadre de la lutte contre le paludisme. Ainsi, en 2001, l’OMS a permis la vente de Coartem sur le marché public avec des molécules dérivées de l’artemisinine et de lumanfétrine.

 

De ce partenariat, on a vu des rôles bien précis entre les deux parties et qui sont relatés dans l’encadré suivant :

 

Encadré 5. Rôle de Novartis et de l’OMS dans le projet Coartem

 

 Source : Bruno Boidin, la RSE, Illustration, P.1

 

Suite à ce partenariat, les résultats ci-après ont été obtenus :

 

  • 100 millions de production par an depuis 2007 avec une durée de partenariat illimité entre Novartis et l’OMS, selon un communiqué de presse en 2006

 

  • Vente à perte de Coartem qui s’est vendu à 1 dollar au lieu de 2,4 dollar, que le Président et Administrateur Délégué du Conseil d’administration de Novartis déplore, en 2004, en ces termes : « la nécessité impérieuse d’un traitement antipaludique à la fois très efficace et peu cher, notamment dans les pays pauvres, a motivé notre décision de fournir Coartem® à perte. »[31]

 

  • Initiative et mise sur le marché, de Coartem, dans les zones géographiques les plus à risques appelé « zones endémiques pharmacorésistantes »

 

Cependant, il est a signalé qu’en 2004, des termes de turbulence ont été relatés entre les deux partenaires du fait du non atteinte des objectifs initiaux et surtout, en rapport avec le nombre de médicaments distribués. Nous pouvons relater ce gap par le tableau ci-après :

 

Tableau 3. Gap relaté sur la distribution de Coartem

 

Sources : Pierre Hazan, Libération, 2004 ; Novartis, communiqué de presse, 2006

 

  1. Partage d’information et politique d’accès pour les pays en voie de développement

Afin de bien analyser les apports stratégiques des 3 groupes sur leurs actions au niveau des pays en voie de développement, il nous a semblé utile d’axer notre étude comparative suivant des questions pertinentes qui relatent de leurs avancées en matière de démarche RSE. Ainsi, cette partie de l’étude se basera sur les actions de développement durable apportées au niveau des pays en voie de développement et, qui sera principalement axée sur quatre points :

  • La performance sociale
  • La performance sociétale
  • La performance économique
  • La performance environnementale

 

Pour ce qui est des questions d’analyses, elles feront référence à la politique stratégique de ces firmes dans la démarche RSE et notamment, en ce qui concerne, leurs politiques et engagements, la gestion des ressources humaines, les actions appliquées ainsi que les impacts.

 

  • L’accès aux soins dans les pays en voie de développement met-il en avant des politiques bien claires chez les 3 groupes ?

 

Historiquement, si on exploite les rapports RSE de Sanofi Aventis, Novartis et GSK, les actions relevant de la démarche RSE ne datent pas d’hier. En effet, l’accès au soin dans les pays en voie de développement a déjà été initié chez Sanofi Aventis depuis l’année 1988 dans le cadre du programme d’éradication de la poliomyélite GPEI ou le Global Polio Eradication Initiative. Chez GSK, en 1994, la firme a appuyé le programme d’aide humanitaire d’urgence à travers des dons de médicament, et Novartis a était l’un des premier a signé le Pacte mondial de l’ONU, en 2000 et qui a vu un aboutissement sur l’accord de partenariat avec l’OMS à travers le projet Coartem, destiné surtout pour les PED.[32]

 

En 2008, le groupe GSK a fait part d’un rapport qui met en avant sa stratégie afin d’optimiser l’accès aux médicaments. Ainsi, parmi les affirmations les plus positives pour la mise en application de cette stratégie, la firme avance que :

 

  • il est de leur devoir ainsi que des autres firmes pharmaceutiques de rendre accessible, le plus possible, les médicaments dans les PED et pour le long terme

 

  • il est nécessaire de faire des investissements de R&D pour les maladies que subissent particulièrement les PED

 

  • il est primordiale de faire une réflexion sur les brevets et de rendre flexible leurs procédures d’accès afin d’optimiser les ressources en R&D pour les maladies endémiques au niveau des PED

 

  • il est essentiel de soutenir les états et les gouvernements pour l’amélioration du système sanitaire dans les PED et ne pas se contenter de la production et la fourniture de médicament

 

Chez Sanofi Aventis, elle affirme que le développement durable est un devoir indéniable. Toutefois, la firme veut maintenir la loi et les droits sur les propriétés intellectuels mais en regardant les faits, pour une adaptation optimale dans les pays émergents, les PED et les pays les moins avancés ou PMA. Aussi, pour optimiser cette stratégie, Sanofi Aventis, dans ces actions, veut :

 

  • Améliorer son développement dans les PED à travers un renforcement des actions et de son implantation dans les pays émergents

 

  • Développer la politique « Patient 21 » dans le cadre du développement durable. Cette politique met l’accent sur l’accès direct au soin dans les PED

 

Pour le groupe Novartis, nous pouvons mettre en exergue les engagements réels et très impliqués de la firme en matière d’accès aux soins au niveau des PED. Ceci se reflète par son implication démontrée dans la signature du Pacte mondiale de l’ONU, aboutissant à un partenariat avec l’OMS pour la lutte contre le paludisme et la mise sur le marché des PED, du produit Coartem. Ces initiatives sont d’autant plus, réalisées par la firme dans un total esprit de volontariat.

 

  • Comment se fait la gestion de l’accès au soin dans les PED ?

 

Pour l’entreprise Sanofi Aventis, la firme a dédié une direction spéciale en vue de manager l’accès aux soins. Par ailleurs, cette structure interne est dotée d’un budget élevé à plus de 9 millions d’euros et composé d’une trentaine de collaborateurs. Cette gestion se fait également à travers le partenariat avec MSF dans le cadre du programme DNDI et la mise en place d’un portefeuille spécial dédié aux produits destinés au PED.

 

Chez Novartis, la firme a mis en place deux structures qui se chargent de la R&D en faveur des PED, à savoir NVGH ou institut de recherche de vaccins et NITD, qui est un institut responsable des recherches sur les maladies tropicales. Dans cette pratique, le système managérial de la firme a pour but d’optimiser les recherches sur des vaccins et les traitements adaptés sur les cas endémiques des PED et de fournir une licence pour une structure locale partenaire, en vue de développer et mettre le produit sur le marché et de rendre abordable leurs accès en termes de prix.

 

Pour GSK, le groupe a mis en place un filial spécial pour le management des PED. Ce filial est rattaché directement au département de recherche et de développement de la maison mère dont le principal objectif est la rentabilité économique et social associée à un apport considérable sur la santé publique. GSK en association avec Pfizer, a également mis en place au partenariat en vue d’optimiser les recherches sur la VIH. Par ailleurs, ce partenariat, sous forme de coopération a beaucoup plus d’impact dans le temps, vu que la structure bénéficie d’un financement à long terme des deux groupes suivant leurs chiffres d’affaires.

 

  • Comment a été appliquée la politique de prix dans les PED ?

 

D’une manière générale, il est a signalé que la définition des prix les PED revient à bien connaitre l’environnement économique et social de chacun d’entre eux. Ainsi, il est essentiel que la stratégie de la partie prenante œuvre dans ce sens afin d’exploiter au maximum des données de base émanant du gouvernement local et des ONG œuvrant dans ces pays. Mais dans la base, chaque firme parle de « prix différenciés », pour les PED et les pays développés.

 

Aussi, pour GSK, les moyens entrepris pour permettre ce prix différencié repose sur un contrat de partenariat avec les organismes internationaux et le gouvernement local, qui doivent se faire sur le long terme. Le principe de partenariat repose, de ce fait, dans l’optimisation de la production en volume afin d’en réduire le coût. A cet effet, GSK favorise la distribution à travers des réseaux existants, comme le partenariat avec des ONG, pour permettre une large diffusion de ces produits à un volume conséquent.

 

Sanofi Aventis, optimise également le partenariat avec le gouvernement et les ONG, dans le même principe que GSK.

 

Pour ce qui est de Novartis, son action, en ce sens, n’est pas claire car le groupe affirme seulement qu’il fait part d’une aide pour les PED car ces derniers n’ont pas la possibilité d’accéder à ces produits.

 

  • Quelles sont les actions RSE et les mesures d’accompagnement mis en place ?

 

Dans le cadre social, Sanofi Aventis à travers sa direction de mécénat a géré une cinquantaine de programmes dans plus de 37 pays et en collaboration avec 40 ONG et 12 hôpitaux pour une aide financière à hauteur de 10 millions d’euros, en 2008.[33] La mise en œuvre de ces programmes s’aligne de fait avec les actions de solidarité engagées directement par les filiales du groupe. Ainsi, on a vu les actions d’aides humanitaires effectuées par le groupe en Chine, au Cuba, mais également au RD Congo, en Haïti ou encore en Inde et en Myanmar.[34]

 

Dans ces mesures d’accompagnement, le groupe évoque également et met en œuvre des « outils de formation et d’information à la lutte contre le paludisme à destination des personnels de la santé des communautés à travers des documents et des formations qualifiantes. »[35] Dans ces programmes d’appui social et dans le cadre de la RSE appliquée au niveau des PED, Sanofi Aventis fait également, des investissements dans des programmes de microassurance dans les pays malgache et béninois.

 

Dans la mise en application par le groupe pharmaceutique GSK, l’accès durable aux soins est le maître mot de sa stratégie pour l’application de la politique RSE dans les PED. Des investissements sur des infrastructures utiles pour le développement d’un système sanitaire performant ont été ainsi, réalisés. Par ailleurs, afin d’accompagner efficacement ces programmes d’investissement, GSK fournit les formations adéquates pour les personnels médicaux dans les PED. A cet effet, plus de 8000 personnels de la santé ont eu droit à ces formations, en Afrique de l’Est avec plus de 173 pays bénéficiaires.[36]

 

Enfin, Novartis œuvre principalement par l’intermédiaire de son organisation sociale qui est la Fondation Novartis pour le développement durable qui a été dotée de 9 millions d’euros, rien qu’en 2008 dans le cadre de la mise en œuvre des activités Think Tank qui ont pour but d’améliorer la qualité sanitaire de la population de base, et ainsi, sa qualité de vie[37].

 

 

  1. Discussion

 

  1. Applications de la politique RSE

 

Andrew Witty, le Chief Executive Officer de GlaxoSmithKline a affirmé que : «  Chez GSK, nous sommes convaincu que conduire des actions de manière éthique et responsable est essentiel à la réussite de notre entreprise. Nous avons déjà fait un long chemin, mais nous savons que nous pouvons encore aller bien au-delà en continuant sans cesse à nous remettre en question. » Par ces paroles, ce cadre de GSK affirme sa volonté et la volonté de l’entreprise à entreprendre et à continuer de faire évoluer la politique RSE au sein de l’entreprise.

 

Par ailleurs, les efforts fournis par chacune des trois firmes que sont GSK, Novartis et Sanofi Aventis, sont plus que palpables, en termes de RSE et leurs actions apportent des valeurs ajoutées indéniables dans les PED. Toutefois, l’engagement stratégique n’est pas le même pour chaque firme. En effet, en si on se réfère aux informations contenues dans chacun des rapports sur la RSE de ces industries pharmaceutiques, l’engagement est plus poussé chez GSK et elle vise sur des stratégies à long terme, comme le relate les axes d’entreprise RSE qu’elle engage et les chiffres relatés ci-dessous :

 

 

 

 

 

 

 

Encadré 5. Chiffres clés GSK 2011

 

 

Source : Rapport RSE GSK, 2011

 

Suivant l’analyse de ces documents, on peut apercevoir concrètement la volonté de GSK à intégrer cette politique RSE dans sa stratégie managériale. Quant aux deux autres firmes que sont Sanofi Aventis et Novartis, malgré leurs engagements conséquents relatés dans les PED[38] et les PMA[39], il est perceptible que ces dernières tâtonnent encore dans l’intégration de la politique RSE dans leurs stratégies ainsi que leurs modèles économiques.

 

Cependant, pour le cas de Sanofi Aventis, de 2008 à 2012, des progrès conséquents ont été remarqués et principalement, suivant les axes relatées par la figure ci-dessous et mettant en avant sa stratégie en matière de RSE :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Figure 1. Axes RSE et priorités de Sanofi Aventis

 

 

Source : Rapport RSE Sanofi Aventis, 2012

 

Suivant le contenu de son rapport, Sanofi Aventis affiche ainsi, beaucoup plus d’engagement en termes de RSE malgré des objectifs qui ne se focalisent que sur le court et moyen terme.

 

Malgré tout, même si on a pu exploiter ces divers documents, la comparaison a été laborieuse du fait de la différence de stratégie et de politique de chacune des entreprises mais également, le manque d’indicateur de suivi précis dans les documents de reporting.

 

  1. Qualité, durabilité et les enjeux à travers la politique RSE

 

Dans une économie où la ressource économique s’avère être faible, l’accès au médicament ne doit pas seulement se refléter sur des données et des initiatives quantitatives. En effet, si la majeur partie d’une population jouit du volume nécessaire en médicament et que leurs qualités sont à risques voir douteuses ou que d’un côté la distribution n’est pas optimale ou n’est pas en temps voulu, alors les indices d’évaluation des impacts ne sont pas réunis. Tels est le premier constat relaté dans les informations soulevées par les rapports des firmes pharmaceutiques à travers leurs partenariats et les engagements qu’ils font part dans les PED et PMA.

 

 

  • Manque de durabilité dans les perspectives d’action

 

Nous définirons ici le terme durabilité comme l’impact à long terme des actions sur l’état sanitaire de la population.

 

En effet, si on relate de la gestion partenariale entre DNDI et Sanofi-Aventis, l’un comme l’autre organisme ne met pas en valeur les conditions optimales pour une amélioration et une optimisation des actions, à travers la gestion institutionnelle de l’accès au soin. En effet, s’ils font part de ces actions, elles vont aller au-delà des objectifs principaux. Toutefois, on peut faire part de quelques recommandations afin d’avoir cette contribution pour le long terme :

 

  • Bien équiper les laboratoires. Cette initiative a été entreprise. Toutefois, afin de garantir une pérennité des actions, l’entretien et la maintenance devront se faire régulièrement afin d’avoir des actions continues et sur le long terme. Ce qui suppose un financement régulier à ce niveau

 

  • Optimiser les compétences locales. En ce sens, il faut valoriser les compétences des chercheurs locaux et continuer à optimiser les échanges avec les experts des différents pays. Mais dans ce cas, il faut mettre des balises afin d’éviter les risques de fuite de cerveau

 

  • Développer des outils favorables pour une bonne collecte des données. Que ce soit en faveur de la pharmacovigilance, la lutte contre les contrefaçons ou encore les copies ne possédant pas de licence favorable mais aussi, pour avoir les données de base concernant les effets et l’efficacité des médicaments, ces outils permettraient d’améliorer les initiatives sur le long terme

 

Dans le cadre de l’approche de partenariat entre Novartis et l’OMS, la relation est plutôt distendue et dans le principe, l’un comme l’autre a suscité une envie d’initiative basée sur le long terme. Ceci se reflète par une mesure d’accompagnement qui s’est cadrée par la mise en place de projet avec les institutions locales, en les incitants à la culture de l’armoise qui est le constituant de base du Coartem.

 

Parallèlement, Novartis a permis un transfert de compétence afin que les pays ciblés par le programme aient une autonomie dans la production du médicament. Mais, encore ici, les modalités de transfert des compétences ne sont pas mis en avant, et force est de constater que malgré tout, la compétence de fabrication dans ces pays cibles, qui sont particulièrement des pays africains, dépend toujours de Novartis.

 

Pour résumer, la gestion partenariale dans le cadre de la démarche RSE est essentielle. Cependant, sa mise en application n’a pas été approfondie dès de départ, ce qui peut causer un manque de pérennité des actions et ainsi, de durabilité. Par ailleurs, quelques soient les initiatives relatées à travers les actions partenariales des 3 grandes firmes pharmaceutiques dans les PED, les objectifs ne font pas reflet à une réelle appropriation locale et stagnent sur des actions ponctuelles.

 

Dans le cadre de la démarche RSE et en terme de mangement face à la mutation et les innovations, il est ainsi nécessaire de considérer ces points de durabilité lors de la définition des objectifs et des actions, afin de pérenniser les actions et ainsi, d’avoir des impacts positifs, tant sur la performance économique et social de la société que dans le développement durable.

 

  • La confiance et la qualité des médicaments

 

« La tendance actuelle des marchés des médicaments destinés au tiers monde est d’exiger des fabricants des prix de plus en plus bas ; soit pour des raisons purement économiques, soit plus insidieusement pour des problèmes d’image ou d’influence politique. […] Quoi qu’il en soit, essayer de toujours obtenir des médicaments moins chers sans pour autant mettre en place des systèmes rigoureux d’assurance qualité entraîne de plus en plus un nivellement de la qualité par le bas. »[40] Tel est l’avis d’un pharmacien dans le principe de valorisation de la qualité sur le marché des PED.

 

Ce point relève que, malgré un approvisionnement optimal des médicaments, les systèmes de contrôles ne sont pas stricts de la part des pays destinataires. Le problème est que les firmes responsables de la production des médicaments, ayant eu des licences favorables des firmes mères, axent leurs objectifs principaux à l’exportation et la production massive. Un manque de rigueur dans le système de contrôle est ainsi à déplorer. Toutefois, dans le cadre de la démarche RSE, si une firme veut redorer son image ou s’assurer de respecter les démarches RSE dans ces initiatives, les produits, mêmes génériques, mais dérivés de leurs molécules mères, devront subir des contrôles-qualité optimaux afin d’en garantir l’efficacité et la performance.

 

  • Limites de l’approche de partie prenante dans la démarche pratique

Dans sa conception et à travers le principe « gagnant-gagnant » que l’approche veut apporter, la RSE est vue comme une réponse idéale. En effet, les engagements et les initiatives des grandes industries pharmaceutiques dans les PED  et leurs installations dans ces pays reflètent le changement même du développement économique et social. Par ailleurs, l’approche est vue de bon œil par les autres grands groupes multinationaux mais également, des institutions internationales et de même, des personnalités de renoms tels, Koffi Annan durant son mandat de Secrétaire Général des Nations Unies ou encore de Bill Gates.

Cependant, dès sa conception, en adoptant le principe « gagnant-gagnant » sous des formes de base de la démarche RSE, ces grandes firmes imposent cette vision aux acteurs locaux, tels le gouvernement local et les ONG. Le principe suppose une stratégie de management qui pousse la firme pharmaceutique à entrainer, implicitement, les organisations et institutions locales, à développer la politique et les valeurs d’une entreprise privé.

En effet, dans le fond, l’approche stakeholder aura comme but, l’optimisation de la performance économique de la firme, nécessaire au développement. Cette performance économique voulue dans la pratique par les grandes entreprises pharmaceutiques peut néanmoins, se transposer dans les normes internationales. En effet, engager les parties prenantes à travers la démarche RSE revient à optimiser les performances individuelles et sociales d’une entreprise. Ainsi, dans un cadre plus global et plus large, la firme entrainera les parties prenantes locales dans sa politique managériale et en vue de promouvoir et de permettre une adhésion de ces dernières dans le projet d’entreprise. Malgré tout, dans  la mise en œuvre de ce principe, l’esprit de négoce doit subsister afin de valoriser le principe « gagnant-gagnant », tout en supposant qu’en tant qu’entreprise à la recherche de profit, des valeurs restent non négociables chez une firme pharmaceutique.  De ce fait, la mise en œuvre de l’approche ne se fera que sous l’une de ces conditions, pour la firme :

  • Pas de remise en question des valeurs de la firme pharmaceutique durant les procédures de négoce avec les parties prenantes

 

  • Impact sociaux et environnementaux où la firme peut avoir des marges de manœuvre

 

  • Recommandations de mise en œuvre de la politique RSE pour la performance de l’entreprise dans le secteur pharmaceutique

 

Sur un autre point, pour la mise en œuvre de la démarche RSE des firmes pharmaceutiques, il serait opportun de bien clarifier la politique d’accès au soin et ainsi d’optimiser les informations pour que :

 

  • Chaque firme s’assure que les enjeux et les leviers d’actions dans le secteur pour un accès optimal au soin dans les PED soient connus et compris de tous, que ce soit les collaborateurs, les salariés ou chaque catégorie de parties prenantes

 

  • Les données contenues dans les rapports reflètent explicitement les engagements en termes de mise en œuvre des plans d’action en faveur de la démarche RSE, en utilisant, le moins possible, des termes techniques et en déclinant les résultats sur les apports et les impacts des différents plans d’action et programme

 

  • La comparaison se fasse plus facilement dans l’analyse de rapports, les firmes devraient adopter une forme commune sur la présentation des rapports

 

Pour ce qui est du système de management, la transparence sur les budgets octroyés aux divers programmes entamés dans les PED devront être soulignés. Il en est de même pour les ressources humaines et matérielles dans le cadre de la gestion et la mise en œuvre des divers programmes en rapport avec cette politique RSE. Ainsi, il serait nécessaire de :

 

  • Mettre en place des indicateurs quantifiables et vérifiables qui peuvent justifier et comparer les efforts engagés dans les actions, en rapport avec la RSE

 

  • Coordonner les indicateurs pour qu’ils mettent en avant les activités de développement et de RSE, sans nuire au besoin de confidentialité de l’entreprise

 

  • Mettre à disposition des lecteurs, un tableau récapitulant les actions menées et les mesures d’accompagnement, les partenaires qui se sont engagés dans la démarche et leurs apports, le nombre de bénéficiaires des projets entamés ainsi que le montant des investissements sur chaque programme

 

Toutes ces recommandations auront comme objectifs, d’optimiser les démarches RSE, afin :

 

  • D’avoir une meilleure prévision des risques et d’optimiser leur gestion

 

  • De gérer efficacement son image et sa réputation au niveau mondial

 

  • D’améliorer le positionnement sur le marché international et l’intégration sur les marchés locaux

 

  • D’améliorer les opérations et les procédures de R&D

 

  • D’améliorer les capacités à faire face aux changements, aux innovations et à la mutation du secteur pharmaceutique

 

  • D’optimiser les relations avec les gouvernements et les organismes internationaux

 

  • Les perspectives de la démarche RSE dans le secteur pharmaceutique

 

En ayant parcouru la mise en œuvre de la politique RSE dans trois firmes pharmaceutiques, nous avons pu mettre en exergue que la plus grande lacune réside dans le système d’information de ces dernières. Néanmoins, devant la mutation du marché et les innovations et les changements relatés, il est important que les firmes pharmaceutiques intègrent la RSE dans le modèle de business afin de garantir leur développement et de considérer un plus large marché que ce soit par la fidélisation des pays développés ou la conquêtes des pays émergents et les PED/PMA, qui constituent un réel potentiel de marché en terme de volume de consommation et de partenariat pour améliorer et imposer son image. De ce fait, afin d’optimiser la réalisation de la démarche, il faut :

 

  • Eviter de considérer la démarche RSE comme un simple outil de communication

 

  • Analyser au fond les activités à mener pour assurer la crédibilité au sein du marché et ainsi, pérenniser les activités

 

  • Optimiser les échanges et les dialogues à travers sa mise en œuvre mais aussi, améliorer le système de négoce pour un impact conséquent sur le secteur sanitaire

 

  • Mener les actions vers une mutation des valeurs afin d’avoir un usage juste des produits

 

  • Assurer une transparence des informations sur les procédures de recherches et sur les produits, afin de rassurer les parties prenantes et les mettre en confiance

 

 

Enfin, on peut affirmer que les relations entre les partenaires et les firmes pharmaceutiques sont de réels facteurs de développement du secteur dans les PED et qu’ainsi, la mise en œuvre de la politique RSE est primordiale. Cependant, il faudrait avoir une vision à long terme dans la conception de cette stratégie et du principe « gagnant-gagnant » afin d’optimiser le développement économique de l’entreprise face aux changements de l’environnement du secteur et donc, des nouveaux enjeux économiques. Aussi, toujours dans les perspectives, deux approches peuvent être mises en valeur dans le système managérial :

 

  • L’approche contractualiste qui aura une référence sur l’éthique. A travers cette approche, l’idée part du constat qu’une entreprise suppose et hésite toujours, en tant que personne morale. Ainsi, elle va surtout externaliser ses responsabilités au lieu de les internaliser, à travers la mise en place de divers contrats et en vue de favoriser la « production privée des politiques publiques. »[41] Cette externalisation se fera, par ailleurs, avec le concourt des fondations privées, tel est le cas de Novartis

 

  • L’approche instutionnaliste qui affirme les actions en RSE des firmes comme une réelle contribution dans la réalisation d’activité pour le développement durable. Ainsi, en son sein, elle aura une vraie structure sociale avec des fonctions sociales. Cette structure aura d’autant plus, une réelle implication dans la mise en valeur du bien collectif et aura un rôle prépondérant dans la veille des actions entreprises dans le respect total de la démarche RSE. Cette approche est beaucoup plus mise en avant et viabilisée chez GSK et Sanofi-Aventis

 

 

 

 

 

Conclusion

 

            Avec le travail que nous avons effectué, nous avons mis en exergue les besoins d’introduire la démarche RSE dans la gestion et le management des firmes pharmaceutiques suivant les principes du développement durable mais aussi, face à la mutation du marché.

En effet, en étant un secteur très dynamique, l’industrie pharmaceutique est toutefois, sujette à des controverses quant à ces principes de gestion et de transparence des informations. De plus, c’est un secteur qui est source de perception inégalitaire entre les pays du Nord et du Sud soit, les pays développés et les PED/PMA.

Ainsi, nous avons analysé l’émergence et la mise en application de la démarche RSE dans le concept du développement durable, surtout au niveau des PED. Nous avons, de ce fait, insisté sur les approches de mise en œuvre par les grandes firmes pharmaceutiques afin d’optimiser la réalisation, que ce soit, à travers les engagements avec les parties prenantes et la gestion partenariale, les démarches socio-économiques à travers les actions, programmes et initiatives sociales dans les PED que par le système de transmission des informations et le reporting à travers l’analyse de ces documents. Par ailleurs, suivant le principe « gagnant-gagnant », les organismes internationaux incitent les firmes pharmaceutiques à collaborer avec les parties prenantes locales pour être beaucoup plus responsables dans leurs actions et permettre un accès plus concret, aux soins, suivant les besoins réels des patients et des pays ciblés. De ce fait, en apercevant les réels enjeux économiques contenus sur les initiatives engagées dans les PED et par l’intermédiaire d’une meilleure collaboration avec les parties prenantes, les grandes firmes pharmaceutiques ont compris les enjeux de la démarche RSE dans leur développement économique. Aussi,  ces dernières ont une tendance à adapter leurs modèles économiques suivant cette mutation afin d’être plus visibles sur le marché et moins impactant en terme de négativité sur le plan social, environnemental et qualité des produits.

Cependant, le secteur pharmaceutique est caractérisé par son changement perpétuel et les enjeux économiques que perçoivent les firmes dans le développement de leur positionnement sur le marché. Ainsi, la comparaison entre les modèles de mise en œuvre de la démarche RSE au sein des entreprises GSK, Novartis et Sanofi-Aventis, nous a semblé optimal pour dégager des réponses favorables suivant notre problématique de départ.

A cet égard, l’étude de cas et la comparaison nous a permis d’illustrer dans sa globalité la mise en application de la démarche par les entreprises pharmaceutiques. Par ailleurs, si une conception éthique et beaucoup plus durable dans la gestion du secteur est plus qu’utile, la réalité reflète cette tendance mais pas avec la transparence la plus totale ni un engagement reflétant la durabilité. En effet, malgré une adhésion forte des firmes pharmaceutiques, relatées dans les initiatives et les programmes sur lesquelles elles s’engagent, les interrogations sur le sens, la pérennité et la durabilité de ces derniers, demeurent.

En outre, si une firme veut apporter des initiatives bien conçues et bien à point au niveau des pays ciblés, il est de leur devoir de considérer le principe de développement durable afin d’agir de manière responsable dans leur démarche. Il est aussi, important de considérer le rôle de parties prenantes et d’optimiser les partenariats avec les organismes internationaux et le gouvernement local afin de favoriser la collecte de donnée et ainsi, maximiser les impacts positifs de l’accès aux soins pour la population cible. Tout ceci tient du rôle stratégique de la structure de management de l’entreprise qui devra s’adapter au maximum au contexte local, tant sur la gestion financière, des ressources humaines que sur la gestion partenariale, du développement économique, ou encore, de la gestion des programmes sociocommunautaires.

Néanmoins, comme l’entreprise est confrontée à un marché rude et sujet à des polémiques, en s’engageant dans la démarche RSE, cette dernière devra lui permettre, non seulement de développer son modèle économique et sa viabilité financière mais également, son image à travers la qualité de ses produits et des services sociaux dans lesquels elle s’engage.

En résumé, l’intégration de la politique RSE dans la stratégie de l’entreprise pharmaceutique peut s’avérer être un enjeu majeur pour son développement économique et afin qu’elle puisse s’adapter au mieux au contexte changeant et évolutif du marché. En effet, la démarche, associée au concept de développement durable, est la clé d’un système de management plus global, mettant en valeur le respect des besoins de chaque individu et de chaque pays, pour un modèle économique plus performant, sans nuire à la valeur principale d’une entreprise qui est entre autre, la recherche de profit.

 

 

Bibliographie

  • 1997, Mondialisation et accès aux médicaments, perspectives sur l’Accord ADPIC de l’OMC – Série « Economie de la santé et médicaments », Organisation Mondiale de la Santé, P. 19-50
  • 2012, La responsabilité sociale de l’entreprise, C’est quoi ? c’est pourquoi ? Charles KAZAZ, présentation powerpoint, slide 2 à 15
  • 2004, P. Abecassis et N. Coutinet, Industrie pharmaceutique : les conditions d’un nouveau paradigme technologique, P.3-18
  • 2007, Alexandra Quinio, Reporting des entreprises pharmaceutiques en matière d’accès aux soins dans les pays en développement, à propos de RSE et développement, P.10-35
  • 2012, MEDEF, Reporting RSE, Les nouvelles dispositions légales et réglementaires, comprendre et appliquer les obligations issues de l’article 225 de la loi Grenelle 2, P.6-48

 

Liste des acronymes

ADPIC Accord sur les droits de propriétés touchant au commerce
ASAQ Artesunate Amodiaquine
CE Commission Européenne
CSR Corporate societal responsability
DD Développement durable
DNDI Drugs for Neglected Disease Initiative
GB Grande Bretagne
GES Gaz à effet de serre
GPEI Global Polio Eradication Initiative
GSK GlaxoSmithKline
INSEAD Institut Européen d’Administration des Affaires
IPPPH Initiative on Public-Private Partnership for Health
MSF Médecin sans frontière
NITD Novartis Institute for Troical Diseases
NVGH Novartis Vaccines Institute for Gobal Health
OCDE Organisation de Coopération et de Développement Economique
OMC Organisation mondiale du commerce
OMS Organisation mondiale de la santé
ONG Organisation non gouvernementale
ONU Organisation des Nations Unies
PED Pays en voie de développement
PMA Pays les moins avancés
PWC PriceWaterHouseCooper
R&D Recherche et développement
RDC République Démocratique du Congo
RSE Responsabilité sociétal de l’Entreprise
SFRL Syndicat des fabricants de réactifs de laboratoire
SNITEM Syndicat national de l’industrie des technologies médicales
USA United States of America
USD United States Dollar
VIH Virus d’immunodéficience humaine

 

 

 

 

 

 

[1] Apps.who.int, mondialisation et accès aux médicaments. Perspectives sur l’Accord ADPIC de l’OMC

[2] Bruno Boidin, La RSE : une nouvelle régulation de l’aide au développement

[3] Guennif et Chaisse (2007, p. 17], cité Bruno Boidin dans la RSE : une nouvelle régulation de l’aide au développement ? P.2

[4] Source : PriceWaterHouseCooper, Chiffres concernant les groupes américaines « Pharmaceutical Research and Manufacturers of America », soit un ensemble de sociétés ayant dépensé en 2006 environ 43 milliards d’USD, alors que les sociétés n’appartenant pas à ce groupement en ont dépensé 12,2 milliards PWC, 2007, p. 6

[5] Blockbusters : médicaments générant des chiffres d’affaires de plus de 1 milliard de dollars par an. Miquel et Doré, 1981

 

[6] R&D : Recherche et développement

[7] PWC, 2007, P.30

[8] IPPPH : Initiative on Public-Private Partnership for Health

[9] INSEAD : Institut Européen d’Administration des Affaires

[10] Buse et Waxman, 2001

[11] OMS : Organisation Mondiale de la Santé

[12] ONU : Organisation des Nations Unies

[13] United Nations Fundation and Work Economic Forum, 2004

[14] Adaptation suivant le concept d’Arcimoles, 2001, pp.94-97

[15] Selznick P. [1957], Leadership in administration, Raw, Peterson and Co, cité par D’arcimoles, 2001, p. 95

[16] Bruno Boidin : La RSE : une nouvelle régulation de l’aide au développement, encadré n°1, P.6

[17] Rojot J. [1997], Théorie des organisations, Encyclopédie de gestion, Economica, p. 3337-3370, cité par D’arcimoles, 2001, p. 95

[18] 2001, livre vert de la Commission Européenne

[19] Extrait du site internet de l’OCDE, rubrique “notre mission” : http://www.oecd.org/fr/apropos/

[20] Kofi Annan, extrait du discours du 31 janvier 1999, Forum économique de Davos.

[21] Vocation du Livre Vert, Commission Européenne, disponible sur le site officiel Europa [en ligne] http://europa.eu/legislation_summaries/

[22] Didier Tabuteau, Les contes de Ségur, cité par Alain de Weck sur pseudo-sciences.org, mai 2011

[23] Le monde, 2004, Président de Novartis

[24] Article 185 de la loi Grenelle 2 sur l’environnement, 2010

[25] SFRL : Syndicat des fabricants de réactifs de laboratoire

[26] SNITEM : Syndicat national de l’industrie des technologies médicales

[27] Rapport RSE GSK France, 2011

[28] [DNDi – Sanofi-Aventis, Shotlist, 2007]

[29] Source: DNDi, Sanofi-Aventis [2007], Contribution of DNDi and FACT Partners, “Act with ASAQ”, http://www.actwithasaq.org/en/asaq4.htm

 

[30] Information recueillie par Lucie Lesaffre le 24 octobre 2007

[31] (Novartis, communiqué de presse, 2006).

[32] PED : Pays en voie de développement

[33] Rapport sur le développement durable 2008 de Sanofi Aventis, P.15

[34] Rapport sur le développement durable 2008 de Sanofi Aventis, P.17

[35] Rapport sur le développement durable 2008 de Sanofi Aventis, P.17

[36] Rapport d’activité de GSK, 2008

[37] Rapport d’activité Novartis, 2008

[38] PED : Pays en voie de développement

[39] PMA : Pays les moins avancés

[40] J.Y. Videau [2007, p. 4]

[41] La RSE par Bruno Boidin, P.14

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