« L’Asthme : Caractéristiques, Prise en Charge et Rôle de l’Éducation Thérapeutique
SOMMAIRE
INTRODUCTION | 2 | ||
CHAPITRE I. L’ASTHME : CARACTERISTIQUES PATHOLOGIQUES | |||
SECTION 1. DEFINITION DE L’ASTHME | 3 | ||
SECTION 2. LA CRISE D’ASTHME | 5 | ||
CHAPITRE II. NECESSITE D’APPREHENSION DE L’ASTHME | 7 | ||
SECTION 1. DIAGNOSTIC: SEVERITE DE L’ASTHME | 7 | ||
SECTION 2. LE TRAITEMENT | 9 | ||
CHAPITRE III. SUPPORT D’EDUCATION THERAPEUTIQUE | 11 | ||
SECTION 1. POURQUOI L’EDUCATION THERAPEUTIQUE | 11 | ||
SECTION 2. LES DIFFERENTS SUPPORTS D’EDUCATION THERAPEUTIQUE | 12 | ||
CONCLUSION | 14 |
INTRODUCTION
L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) estime actuellement 300 millions d’asthmatiques dans le monde. En France, une étude réalisée par l’Institut HARRIS INTERACTIVE en mai 2009 sur un échantillon de 995 personnes représentatives de la population française, révèle que une personne sur deux est concernée directement ou indirectement par l’asthme. Ainsi 12% des personnes interrogées déclarent être asthmatiques et 9% d’entre elles ont un enfant asthmatique. L’asthme est une maladie qui peut apparaître à tout âge : 25% des personnes asthmatiques interrogées ont eu les premiers symptômes avant l’âge de 6 ans et 34% le sont devenues après 20 ans[1].
Ces statistiques indiquent une prévalence effective de cette maladie dans la vie de la population (mondiale). L’asthme est une maladie chronique, variable dans le temps, marquée par des épisodes réversibles de dyspnée aiguë (difficultés respiratoires) avec sifflements. Si l’asthme du grand enfant est bien caractérisé, la définition de l’asthme du nourrisson n’est pas consensuelle. Cela peut conduire à des diagnostics erronés de bronchites, bronchiolites, pneumopathies… qui retardent la mise en œuvre d’un traitement adapté. Cette petite définition montre les caractéristiques de l’asthme selon le porteur de la maladie, dépendant de l’âge et/ ou de son état : l’asthme chronique, allergique, d’effort[2].
Le diagnostic de l’asthme nécessite une assistance médicale. Et il n’existe pas encore de remède contre l’asthme. Il nécessite une prise en charge régulière, et requiert une bonne connaissance de ses caractéristiques afin de bien le maîtriser et repousser ses limites. Son traitement se fait selon la sévérité initiale de la maladie et en fonction des contrôles réguliers prescrits. Des éducations thérapeutiques sont également conseillées afin de maîtriser les crises qui surviennent. C’est dans cette optique que cette étude est conduite, posant comme question centrale la conception et l’utilisation d’un support d’éducation thérapeutique pour des patients asthmatiques.
Le fait est que l’asthme demeure une principale cause de morbidité et de mortalité chez l’enfant et ce dans nombreux pays[3]. Toutefois, la possibilité de vivre étant asthmatique est une réalité mais qui dépend de la capacité à maîtriser les crises et de la régularité des suivis et contrôles de la maladie. Cela étant, l’utilisation de support d’éducation thérapeutique permet aux patients asthmatiques d’appréhender au mieux leurs pathologies, d’objectiver leurs connaissances sur leurs maladies afin de les rendre plus autonomes. Si la maitrise au quotidien de leurs pathologies chroniques est meilleure alors le risque de crise sera d’autant plus faible.
Il s’avère alors primordial de faire un exposé des caractéristiques de l’asthme (Chapitre I), de la nécessité de prise en charge de la maladie (Chapitre II) et des bienfaits du support d’éducation thérapeutique (Chapitre III) afin d’en conclure et de vérifier les hypothèses soutenues. La méthodologie appliquée concerne dans la majeure partie des recherches et documentations effectuées sur internet.
Chapitre I. L’ASTHME : CARACTERISTIQUES PATHOLOGIQUES
L’asthme est une maladie fréquente. Il survient à tous les âges de la vie et retentit sur la vie quotidienne (scolaire, professionnelle, personnelle). L’asthme touche environ 3 à 6 % de la population et débute environ entre 5 et 15 ans.
Section 1. DEFINITION DE L’ASTHME
On peut considérer quatre niveaux de définition de l’asthme : définition clinique, fonctionnelle, étiologique et anatomopathologique[4].
L’asthme se traduit, cliniquement parlant, par des symptômes de brève durée (quelques heures) survenant par accès avec des sibilants, plus souvent nocturnes que diurnes, résolutifs spontanément ou avec un traitement. Ces symptômes sont variables et récidivants. Les plus typiques de l’asthme sont la toux (surtout chez l’enfant) exacerbée la nuit, les sibilants récurrents, la dyspnée et l’oppression thoracique récurrente.
La définition fonctionnelle évoque la mise en évidence d’un trouble ventilatoire obstructif (TVO), à un moment ou un autre, est indispensable au diagnostic. Ce TVO est variable et réversible. Plusieurs méthodes peuvent être utilisées pour l’objectiver : la spirométrie, la mesure du débit expiratoire de pointe (DEP). Lorsque le TVO ne peut être mis en évidence et en cas de doute diagnostique, la mesure d’une hyperréactivité bronchique est parfois indiquée.
Certains auteurs ont défini l’asthme comme une bronchite chronique desquamative à éosinophiles. Une inflammation des voies aériennes polymorphe, diffuse et réversible, existerait et la présence d’éosinophiles activés en serait la principale caractéristique. L’existence de polynucléaires éosinophiles au niveau du sang périphérique ou dans l’expectoration serait le témoin de cette inflammation.
On distingue classiquement l’asthme extrinsèque ou allergique, maladie à composante génétique de nature immunologique, et l’asthme intrinsèque non allergique plus fréquent à la cinquantaine et moins bien connu. D’une façon plus générale, l’asthme est un syndrome multifactoriel où intervient une composante génétique (probablement polygénique) et environnementale.
Plusieurs chercheurs et professionnels de la médecine, et surtout des spécialistes de l’asthme ont essayé de donner une définition à cette maladie qu’est l’asthme. Toutes ces définitions s’accordent aux termes que l’asthme concerne une maladie inflammatoire des bronches, caractérisée par une difficulté respiratoire à l’expiration, associée à des sibilants et/ou de la toux. Il se déclare à tout âge, apparaît, disparaît, ou persiste avec une variabilité imprévisible. Il est conditionné par le rétrécissement intermittent des bronches sous l’effet d’un spasme de leurs muscles lisses et d’une obstruction par les sécrétions bronchiques.
Il existe différentes formes d’asthme : l’asthme chronique qui représente la majeure partie des cas d’asthme, l’asthme allergique et l’asthme d’effort[5].
- L’asthme chronique
Il s’agit d’une hyperactivité chronique des bronches peu soumise aux agents extérieurs. L’inflammation est chronique souvent d’installation lente et progressive.
Généralement présent depuis l’enfance, il peut se manifester dans les premières années de l’enfance par des crises d’asthmes répétées ou des bronchites sifflantes chroniques. Dans ce cas, il s’agit d’une aggravation du syndrome asthmatique, qui prend un caractère chronique (alors qu’il existait jusqu’à cette aggravation un facteur déclencheur). Du fait de l’installation lente et progressive de l’inflammation, celle-ci peut passer inaperçue, notamment parce que le malade a le temps de s’habituer à la gène respiratoire et perd progressivement la notion de « normalité » respiratoire, jusqu’à ce que la gêne deviennent trop envahissante dans la vie du malade. Non traité cette forme d’asthme évolue généralement en insuffisance respiratoire.
Bien que les causes réelles restent à ce jour sujet à discussion, une hypothèse prédominante veut que cette forme d’asthme soit causée par une réaction auto-immune. C’est-à-dire que le système immunitaire du malade s’attaquerait à ses propres bronches, entretenant ainsi dans le temps l’inflammation.
- L’asthme allergique
En général caractérisé par la survenue d’une ou plusieurs crises causées par une réaction excessive des bronches du malade à un agent extérieur (le plus souvent allergisant). Il s’agit de la forme d’asthme la plus grave sur le court terme, le degré de réaction bronchique pouvant être particulièrement important et parfois mortel.
La crise d’asthme allergique se manifeste par une obstruction soudaine et de progression rapide des voix bronchiques, le malade en crise s’étouffant par suffocation (l’impossibilité d’expirer correctement empêchant une nouvelle inspiration) et manque d’oxygène dans le sang (l’impossibilité d’expirer empêchant l’apport d’oxygène, du à l’inspiration, et saturant l’organisme en dioxyde de carbone).
Cette forme d’asthme peut évoluer en asthme chronique, notamment si l’exposition à allergène est constante et de longue durée.
La crise d’asthme est toujours une urgence médicale engageant le pronostic vital et nécessite une prise en charge spécifique.
- L’asthme d’effort
Il s’agit d’un asthme se manifestant par crise survenant pendant un effort physique. La cause est définie comme un effort traumatisant pour les bronches. C’est-à-dire un effort sollicitant particulièrement les bronches et/ou effectué dans des conditions rendant le travail des bronches plus difficile. L’effort est typiquement un cardio-training (sollicitant le système cardiaque en particulier donc la respiration). Les facteurs environnementaux aggravant cette forme d’asthme, sont le froid, le vent et un milieu peu ventilé. Le froid et le vent, en favorisant l’inflammation bronchique, favorisent également la crise.
Ce type d’asthme est parfois isolé ou parfois associé à un asthme chronique ou allergique, devenant ainsi une complication du type d’asthme d’origine. Des crises d’asthmes pourraient être facilitées par un stress intense. En effet, le stress à pour effet d’accélérer le rythme cardiaque et de développer un syndrome d’hyperventilation, facilitant ou aggravant l’asthme.
Section 2. LA CRISE D’ASTHME
L’asthme est une maladie qui se traduit par des spasmes des muscles de la paroi des voies aériennes, conduisant à un rétrécissement de celles-ci qui rend la respiration difficile. On identifie parfois les facteurs déclenchant d’une crise d’asthme, comme une allergie, la prise de certains médicaments, un phénomène infectieux…
- Les symptômes
Les symptômes de l’asthme sont en relation directe avec l’obstruction et l’inflammation: oppression respiratoire, essoufflement, sifflements expiratoires, toux. Ces signes ont une valeur particulière lorsqu’ils surviennent la nuit et provoquent le réveil ou encore à l’occasion (ou juste après) des efforts. Le plus souvent, les asthmatiques sont capables de traiter eux-mêmes leur crise, à l’aide de médicaments (broncho-dilatateurs) qu’ils connaissent bien. Néanmoins, parfois ils sont dans l’impossibilité d’accéder à leurs médicaments (du fait de l’importance de la crise, de l’oubli des médicaments, d’un déplacement…). Ils ont alors besoin de votre aide.
Une crise d’asthme s’apparente à :
- Des difficultés respiratoires, avec une phase d’expiration très prolongée ;
- Un sifflement lorsqu’elle expire ;
- Une angoisse ou une agitation ;
- Une difficulté à parler et à chuchoter ;
- Une toux sèche.
- La cause
L’hérédité entre pour une grande part dans le développement de l’asthme. Les allergènes (essentiellement pollen, acariens, squames d’animaux, poussière domestique, moisissure, …) déclenchent une réaction anormale des voies aériennes. La pénétration de ces corps étrangers entraîne une agression des cellules de revêtement de l’intérieur des bronches à l’origine d’une libération de substance chimique possédant une action sur les muscles bronchiques. Une autre substance possédant une action retardée est responsable de l’œdème et de l’hypersécrétion. On constate une augmentation importante de plusieurs variétés de globules blancs : les éosinophiles, les basophiles et les mastocytes qui sont les principales cellules intervenant dans l’inflammation d’origine allergique. Les facteurs déclenchant les crises peuvent être :
- L’exercice physique, surtout si l’air est froid
- Les infections respiratoires
- L’inhalation de polluants
- La prise de médicament contenant de l’aspirine ou des molécules antibiotiques
- Types de crises et affectation de l’asthme
L’asthme peut également être classé crise et affectation :
- L’asthme saisonnier dont les crises sont rapprochées à une certaine période de l’année
- L’asthme allergique ou extrinsèque qui est ou familiaux d’allergie.
- L’asthme intrinsèque s’observe surtout chez l’adulte. L’asthme médicamenteux est provoqué par certains médicaments : l’aspirine, les anti-inflammatoires, les bêtabloquants, la morphine, la pénicilline et certains autres antibiotiques.
- L’asthme à l’origine d’angéite (inflammation des vaisseaux) : cette maladie relativement rare correspond à une variété d’asthme pouvant révéler une angéite (maladie de Wegener, maladie de Churg-Strauss).
- L’asthme d’effort et plus particulièrement l’asthme intrinsèque de l’adulte est susceptible de survenir après un effort s’accompagnant de difficultés expiratoires (sortie de l’air des poumons).
- L’asthme du nourrisson et du petit enfant est un état de mal asthmatique constitué de crises subintrantes (récidivantes et survenant avant que la précédente soit terminée), s’accompagnant d’une obstruction des bronches très sévère. Son installation se fait soit très rapidement soit progressivement.
- L’asthme de l’enfant et de l’adolescent est dû à l’inhalation d’antigènes, spécifiquement des pollens, provoquant chez l’asthmatique une réaction immunitaire à l’origine de la libération d’une substance broncho-constrictrice (qui ferme le diamètre des bronches) et vaso-active (agissant sur les vaisseaux). Cette variété d’asthme se rencontre essentiellement chez les jeunes présentant des antécédents personnels la plus fréquente des maladies chroniques, touchant environ 6 à 10 % de la population de moins de 15 ans. Cette maladie est en constante augmentation depuis 1960.
- L’état de mal asthmatique est composé de crises subintrantes (crises excessivement rapprochées, chacune commençant alors que la précédente n’est pas encore finie).
- L’asthme aigu grave de l’enfant est une urgence vitale
Chapitre II. NECESSITE D’APPREHENSION DE L’ASTHME
L’éducation thérapeutique est centrée sur le patient asthmatique. La compréhension par le patient des finalités de la prise en charge de sa maladie est nécessaire à la prévention des complications et au maintien de sa qualité de vie. Cette prise en charge passe par un contrat et/ou un compromis avec le patient qui vise à améliorer l’adhésion aux différents aspects de la prise en charge de l’asthme. Les études portant sur l’adhésion concernent surtout la prise médicamenteuse et peu l’ensemble des compétences que le patient est amené à acquérir et à maintenir dans le temps[6].
La haute autorité de la santé (HAS) préconise des recommandations concernant les modalités de suivi médical au long cours des patients asthmatiques. Il concerne exclusivement les adultes et les adolescents.
Les objectifs sont :
– de définir les critères de suivi des patients asthmatiques
– d’évaluer la place des examens complémentaires au cours du suivi : débit expiratoire de pointe (DEP), explorations fonctionnelles respiratoires (EFR) incluant les gaz du sang, radiographie thoracique, examens biologiques (éosinophilie sanguine, éosinophiles dans l’expectoration induite)
– de définir les patients à risque d’asthme aigu grave et de mort par asthme
– de proposer des modalités de suivi de la tolérance et de l’observance des traitements
– de proposer un schéma d’adaptation du traitement de fond
– de proposer un calendrier de suivi médical
de préciser les spécificités du suivi des asthmes professionnels
Section 1. DIAGNOSTIC : SEVERITE DE L’ASTHME
Le diagnostic est la première approche pour connaître l’asthme. A ce stade les médecins donnent une idée de la gravité ou non du cas et prescrivent un début de traitement et de contrôle régulier afin de prévenir les risques de crise. Le diagnostic de l’asthme peut se faire par sa symptomatologie. Cependant, les mesures de la fonction respiratoire, et en particulier la réversiblité de l’obstruction bronchique améliore beaucoup le diagnostic. Le but de la prise en charge de l’asthme doit être le contrôle de la maladie.
Les arguments de gravité d’une crise d’asthme pourraient être groupés en quatre rubriques :
– arguments anamnestiques permettant de mieux appréhender le génie évolutif de la maladie de fond et le mode d’installation de la crise.
– signes de détresse vitale
– signes de menace d’asthme aigu grave
– arguments de gravité tirés de l’examen clinique.
- Les signes de gravité d’une crise d’asthme[7]
- Antécédents
– asthme ancien
– asthme instable nécessitant une corticothérapie au long cours d’autant que celle-ci a été récemment interrompue
– hospitalisation récente pour crise aiguë grave
– ventilation mécanique
– intolérance à l’aspirine
- Signes de détresse (d’installation brutale ou progressive)
– Troubles de conscience
– Collapsus
– Pause respiratoire
– silence auscultatoire
- Syndrome de menace de l’Asthme Aigu Grave (s’installant en plusieurs jours) et caractérisé par:
– l’augmentation de la fréquence des crises
– l’augmentation de la gravité des crises
– la résistance des crises au traitement
– l’augmentation de la consommation de médicaments à intervalle de moins en moins libre
– la diminution progressive du débit expiratoire de pointe
- Signes de gravité immédiate (relevés par l’examen clinique)
– difficulté à parler ou à tousser
– agitation
– sueurs et/ou cyanose
– muscles sterno-cleido-mastoïdiens contractés en permanence
– fréquence respiratoire > 30c/min
– fréquence cardiaque > 120/min
– pouls paradoxal > 15 mmHg
– débit expiratoire de pointe < 50% de la théorique
– PaCO2 > 40 mmHg
– SaO2 < 92%
Pris séparément, aucun de ces arguments cliniques ne permet d’affirmer la nature grave de la crise. Cependant, plusieurs combinaisons de ces paramètres peuvent se rencontrer dans les crises graves. L’attitude consensuelle actuelle, consiste à considérer grave toute crise dans laquelle un DEP<50% de la théorique est associé à deux des autres critères cliniques de gravité.
- Les critères d’hospitalisation[8]
Une des grandes préoccupations du médecin des urgences en charge d’un asthmatique en crise, est la décision d’hospitalisation. Il est en effet très fréquent que le patient reste encore symptomatique après un traitement optimum conduit au sein du service d’urgences.
Les arguments d’hospitalisation généralement admis sont les suivants :
– La persistance d’une saturation artérielle < à 92% en air ambiant malgré les thérapeutiques administrées.
– La persistance de la contraction des muscles respiratoires accessoires.
– La présence d’un pouls paradoxal supérieur à 15 mmHg.
– Une hypercapnie > à 50 mmHg ou bien un pH < à 7,35.
– Un débit expiratoire de pointe inférieur à 50% de la valeur prédite ou bien un débit expiratoire qui ne s’améliore que légèrement sous traitement (gain de moins de 10% de la théorique).
Section 2. LE TRAITEMENT[9]
Le but du traitement pharmacologique de l’asthme est d’obtenir un contrôle optimal. Les médicaments sont divisés en deux classes : les médicaments qui soulagent la crise et les médicaments du traitement de fond.
Les médicaments qui soulagent la crise sont représentés par les béta2 mimétiques d’action rapide et brève. Ces médicaments sont utilisés en cas de symptômes asthmatiques, uniquement à la demande et à la dose minimale requise.
Les médicaments du traitement de fond comprennent les médicaments antiinflammatoires au rang desquels on trouve les corticoïdes inhalés, les antileucotriènes, le cromoglycate et le nedocromil. Les béta2 mimétiques de longue durée d’action et la théophylline font partie du traitement de fond. Ces médicaments sont pris régulièrement pour contrôler l’asthme et prévenir les exacerbations.
- Traitement de fond de la maladie asthmatique
Deux approches sont possibles :
– la première consiste à débuter la thérapeutique de fond au palier le plus haut de manière à obtenir un contrôle rapide de la maladie, puis à la réduire jusqu’à la détermination du traitement minimal optimal ;
– la seconde est de commencer le traitement au palier le plus approprié au degré de sévérité de la maladie et de réviser le traitement « vers le haut » le cas échéant, c’est-à-dire si le contrôle est insuffisant.
Un suivi régulier par des consultations médicales est essentiel. Il est proposé que le traitement soit revu tous les 3 à 6 mois. Creer et al. soulignent l’insuffisance de suivi et l’absence trop fréquente de décroissance de la thérapeutique en cas de contrôle de la maladie (opinion d’auteur). Il n’existe cependant aucune donnée précise dans la littérature permettant de recommander une fréquence particulière de consultations. Cette fréquence est fonction, d’une part, de la difficulté à obtenir le contrôle, d’autre part, de la sévérité de la maladie.
Si le contrôle de la maladie se maintient depuis au moins 3 mois, il est possible d’envisager une réduction progressive au palier thérapeutique inférieur. Auparavant, il faut revoir avec le patient la technique d’inhalation, l’observance et le contrôle de l’environnement. Le traitement est renforcé lors d’une exacerbation ou allégé une fois le contrôle obtenu de manière durable.
- Traitement de la crise
Les patients à risque de développer une crise grave mortelle doivent bénéficier d’une prise en charge particulière. Il s’agit des personnes :
– jeunes de milieux défavorisés vivant dans les zones urbaines ;
– ayant recours aux corticoïdes systémiques ;
– présentant des antécédents de séjour en réanimation et/ou d’intubation pour asthme ;
– fragiles sur le plan psychologique, déniant leur maladie ;
– qui n’adhèrent pas au traitement.
- Traitement des exacerbations
Le traitement des exacerbations associe des béta2 mimétiques d’action rapide et brève, des corticoïdes par voie générale et de l’oxygène si le patient est hypoxémique. Les anticholinergiques inhalés peuvent être utilisés en complément des béta2 mimétiques. La théophylline n’est pas recommandée en complément des béta2 mimétiques, mais uniquement en cas d’indisponibilité de ces derniers. L’adrénaline est réservée en cas de choc anaphylactique ou d’œdème de Quincke.
On peut résumer le traitement médicamenteux comme suit :
– traitement de fond : les glucocorticoïdes inhalés ± les béta2 mimétiques de longue durée d’action et les antileucotriènes ;
– traitement de la crise : les béta2 mimétiques d’action rapide et brève ;
– traitement de l’exacerbation : les béta2 mimétiques d’action rapide et brève et les glucocorticoïdes par voie générale.
Chapitre III. SUPPORT D’EDUCATION THERAPEUTIQUE
L’éducation du patient est un processus par étapes, intégré dans la démarche de soins, comprenant un ensemble d’activités organisées de sensibilisation, d’information, d’apprentissage et d’aide psychologique et sociale, concernant la maladie, les traitements, les soins, l’organisation et procédures hospitalières, les comportements de santé et ceux liés à la maladie, destinés à aider le patient (et sa famille) à :
– comprendre la maladie et les traitements,
– collaborer aux soins,
– prendre en charge son état de santé et favoriser un retour aux activités normales
Dans le cadre de l’éducation du patient, il est conseillé aux personnes asthmatiques, lors des consultations chez leur médecin généraliste, en milieu spécialisé, à l’hôpital, dans le cadre d’un centre spécifique ou d’un réseau de soins, d’apprendre à différencier les nombreux types d’asthme, de connaître le traitement de fond et le traitement de la crise d’asthme. Il est également conseillé d’apprendre à différencier une inflammation des bronches de la fermeture du calibre de celles-ci (bronchospasme).
Section 1. POURQUOI L’EDUCATION THERAPEUTIQUE ?[10]
L’asthme est une cause majeure de morbidité et de mortalité dans le monde. Le Global Initiative for Asthma (GINA) a été créé pour améliorer les connaissances sur l’asthme parmi les professionnels de la santé, les représentants de la santé et le grand public et pour améliorer la prévention et la prise en charge grâce à une concertation mondiale. Les buts du GINA sont de préparer des rapports scientifiques sur le traitement et la prévention de l’asthme, encourager la distribution et l’adoption de ces rapports, et assurer la promotion d’une collaboration internationale pour la recherche sur l’asthme.
Oppedisano et al. Citent plusieurs facteurs qui influencent la mortalité et la morbidité liées à l’asthme dont plusieurs d’entre eux pourraient être corrigés par une éducation appropriée :
- la sous-estimation de la sévérité de l’asthme sans préciser si la sévérité est sous-estimée par le patient ou par le médecin ;
- un traitement inapproprié avec une surutilisation des bronchodilatateurs et une sous-utilisation des médicaments anti-inflammatoires ;
- une augmentation de l’exposition à des allergènes environnementaux ;
- l’inobservance du traitement ;
- un délai trop long avant un recours médicalisé.
Le but des programmes d’éducation est donc de pallier ces facteurs et d’éviter les principaux risques de la maladie asthmatique que sont le décès, l’évolution vers le handicap respiratoire et le retentissement sur la vie quotidienne avec comme corollaire l’absentéisme scolaire et professionnel. Dans la méta-analyse de Gibson et al. portant sur l’efficacité de programmes éducatifs structurés, les études analysées montraient une amélioration des connaissances du patient vis-à-vis de sa maladie, mais le bénéfice en termes de morbidité, de diminution de la mortalité, de qualité de vie et de conséquences sociales était peu démontré.
Gibson et al. avançaient comme explication à ce succès limité une prise en charge sous-optimale, un suivi court (de l’ordre de 1 an) et un effet de « contamination » des groupes contrôles par les interventions d’éducation. Par exemple, la mesure du DEP était utilisée comme critère de résultat dans le groupe contrôle dans plusieurs études, ce qui limitait la portée du plan d’autogestion.
Pour apprécier l’efficacité de tels programmes, les critères de jugement seraient la morbidité, la mortalité, le taux d’admissions, le taux de consultations médicales, le nombre de jours d’absentéisme, mais aussi des critères qualitatifs comme la mesure de la qualité de vie. Les recommandations canadiennes insistent sur l’intérêt de ces programmes d’éducation chez les patients asthmatiques à haute morbidité, c’est-à-dire hospitalisés (sans précision du nombre d’hospitalisations) ou ayant recours de manière fréquente aux consultations médicales.
Section 2. LES DIFFERENTS SUPPORTS D’EDUCATION THERAPEUTIQUE
Aujourd’hui la santé est considérée comme un service pour lequel les usagers et les associations de patients demandent de mieux connaitre les modalités et les finalités des démarches santé. La loi du 04 mars 2002 confère aux patients des droits nouveaux, dont la possibilité de participer à des décisions thérapeutiques qui les concernent, à partir des connaissances qui leur ont été transmises. Cette approche vise à responsabiliser les patients en leur permettant d’être des utilisateurs avisés du système de santé. Cette politique a pour but de favoriser les comportements individuels pouvant contribuer à réduire le risque de maladie et d’accident. Elle tend à développer des actions d’information et d’éducation pour la santé et actions d’éducation thérapeutique[11].
A cet effet, dans l’objectif d’appréhender les risques de l’asthme et afin de détenir une maîtrise effective de la maladie, la connaissance de la maladie par le patient en est la meilleure approche, fondement même de toute politique thérapeutique. Le discours du médecin généraliste[12] préconise les moyens d’information et de communication pour familiariser les patients avec leur maladie. Autres que la conception de brochures, la création de sites internet consacrés au sujet et la tenue de diverses conférences et portes ouvertes d’information, l’initiative de la création des écoles de l’asthme est un premier pas pour accompagner les personnes atteintes de l’asthme.
Elles ont un rôle essentiel mais restent particulièrement méconnues. Les écoles de l’asthme, présentes dans toute la France, permettent de s’initier à un véritable processus d’éducation thérapeutique. Ces établissements, souvent intégrés dans des structures hospitalières, ont vocation à donner de bonnes bases quant aux prises de son traitement et des règles à suivre suivant l’état de l’asthme du patient : en somme, donner des clés pour mieux apprivoiser sa maladie[13].
L’éducation des patients proposée dans les écoles de l’asthme est réellement considérée aujourd’hui comme faisant partie intégrante du traitement car elle a largement prouvé son efficacité. En effet, il existe de nombreuses études par le monde qui ont montré que les personnes asthmatiques ayant bénéficié de l’éducation s’en sortent beaucoup mieux : leur asthme est mieux contrôlé, elles ont moins de crises, moins de gênes respiratoires la nuit, sont moins souvent hospitalisées et ont moins d’absences à l’école ou au travail. Ces résultats ont conduit les autorités de santé françaises (HAS www.has-sante.fr , DGS www.sante.gouv.fr ) à mener une réflexion afin d’inciter les professionnels de santé à mettre en place des structures d’éducation et encourager les malades à participer à ces formations[14].
CONCLUSION
Plus le patient est informé de sa maladie, plus il est apte à mettre en œuvre les moyens préconisés à la maîtrise de sa maladie. Ce qui se justifie par les divers outils et programmes, avancés par de nombreuses organisations et associations, tant locales, gouvernementales et internationales. Etant donné que l’asthme est une maladie chronique, qu’il touche un grand nombre de la population, et qu’il constitue jusqu’à présent une cause principale de mortalité, la meilleure solution mais non la plus facile à gérer et la maitrise de cette maladie par le patient. Toute action se base sur les techniques d’information du patient à partir du diagnostic jusqu’au contrôle.
Par ailleurs, la loi même semble en appui aux méthodes d’éducation thérapeutique du patient, ce qui constitue plus ou moins une réforme de la pratique de la médecine, se traduisant par la responsabilité d’information du médecin et l’implication du patient en exerçant son droit d’information. Tout support est bénéfique tant qu’il vise à aider au contrôle de la maladie.
BIBLIOGRAPHIE
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[2] fr.wikipeedia.org.
[3] The Global Initiative for Asthma (GINA).
[4] Agence Nationale d’Accréditation et d’Évaluation en Santé (ANAES), Éducation thérapeutique du patient asthmatique – adulte et adolescent, juin 2001.
[5] fr.wikipedia.org
[6] Agence Nationale d’Accréditation et d’Évaluation en Santé (ANAES), Éducation thérapeutique du patient asthmatique – adulte et adolescent, juin 2001.
[7] Souheil ELATROUS, Jalel KNANI, Fekri ABROUG, EVALUATION DE LA GRAVITE D’UNE CRISE D’ASTHME.
[8] Souheil ELATROUS, Jalel KNANI, Fekri ABROUG, EVALUATION DE LA GRAVITE D’UNE CRISE D’ASTHME.
[9] Agence Nationale d’Accréditation et d’Évaluation en Santé (ANAES), Éducation thérapeutique du patient asthmatique – adulte et adolescent, juin 2001.
[10] Agence Nationale d’Accréditation et d’Évaluation en Santé (ANAES), Éducation thérapeutique du patient asthmatique – adulte et adolescent, juin 2001.
[11] Jean Calop,Samuel Limat,Christine Fernandez, Pharmacie clinique et thérapeutique.
[12] J. Foucaud, M. Koleck, M. Versel, O. Laügt, A. Jeannel, A. Taytard, L’éducation thérapeutique de l’asthmatique : le discours du médecin généraliste, Revue des Maladies Respiratoires, Vol 20, N° 1 – février 2003.
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