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L’avènement d’une nouvelle communication politique : le cas de la dédiabolisation du FN

Sujet : Front National : stratégie(s) de communication d’un parti politique en pleine mutation

Titre : L’avènement d’une nouvelle communication politique : le cas de la dédiabolisation du FN

Problématique : En quoi les outils de communication mis en place par le FN permettent-ils de toucher un nouvel électorat et de dédiaboliser son image ?

Introduction

Aujourd’hui, et peut-être même depuis toujours, politique et communication sont indissociables. Pour pouvoir faire de la politique, il faut communiquer avec l’électorat, être présent sur tous les fronts et savoir se distinguer des autres partis en termes de politique de communication. La communication est donc politique, comme la politique peut être perçue comme une sorte de communication. Et le rôle que cette dernière joue dans l’univers politique est incontestable et avéré : « Nécessité d’unifier autour de valeurs communes des États à la forte démographie, accroissement de l’individualisme et bris des anciens liens sociaux et idéologiques, développement technologique : pour toutes ces raisons – et d’autres – l’exercice du pouvoir est de plus en plus dépendant des échanges communicationnels.[1] »

Le pouvoir, la politique et la communication sont intrinsèquement liés. La communication politique, elle, ne permet pas seulement de véhiculer l’image et les idéaux d’un parti mais sert également à toucher ses cibles. Pour ce faire, on note l’existence de trois partis pris impliqués par cette dernière : le tenant du pouvoir, c’est-à-dire celui qui gouverne ou le parti politique, l’électorat que l’on veut toucher et les médias qui sont actuellement le moyen de communication politique le plus utilisé au monde. Ces trois intervenants sont souvent cités dans les différentes définitions que l’on donne à la communication politique dont celle de Gerstlé[2] (2004) qui décrit cette dernière comme étant « L’ensemble des pratiques et techniques, représentationnelles et discursives, par lesquelles s’instaurent un échange et une interaction dans et entre les principales catégories de la société, à savoir les acteurs politiques, les citoyens et les intermédiaires issus de l’univers médiatique, des sondages d’opinion et des firmes chargées de gérer l’image des hommes politiques[3] »

La communication politique consiste donc en un échange entre acteurs politiques et citoyens, étayé et diffusé par les médias. Chaque parti politique essaie tant bien que mal de toucher ses cibles en usant des Nouvelles Technologies d’Information et de Communication (NTIC) et de se démarquer en étant inventif et en rivalisant d’ingéniosité dans les démarches de communication politique. Le Front National en fait partie, et notre mémoire consistera en l’étude et l’analyse des outils de communication qu’il met en place pour toucher un nouvel électorat et dédiaboliser son image. En effet, malgré une popularité accrue et des partisans de plus en plus nombreux, le FN, parti politique fondé par Jean-Marie Le Pen et actuellement dirigé par sa fille Marine Le Pen, a une image controversée qui l’incite à procéder à cette dédiabolisation.

Quels sont les facteurs sociopolitiques qui font que davantage de personnes se sentent « proches » des idées du FN ? Quels sont les mécanismes de communication et d’influence qui font que de plus en plus de gens se raccrochent au vote frontiste ? Quelle est la véritable différence communicationnelle et la « valeur ajoutée » du FN par rapport aux autres grands partis politiques ? En somme, en quoi les outils de communication mis en place par le FN permettent-ils de toucher un nouvel électorat et de dédiaboliser son image ?

Afin de résoudre cette problématique, nous avons choisi d’illustrer ce mémoire par un plan décomposé en deux parties distinctes. Intitulée « Apparition des populismes et du Front National en Europe », la première partie relatera des généralités autour du concept de communication politique, des mécanismes de communication populiste et du Front National, de ses principaux acteurs et de sa communication. Elle nous servira de préambule à la seconde partie qui étudiera plus en profondeur notre sujet. Elle sera divisée en trois chapitres dont le premier relatera des mécanismes de communication politique, plus précisément des moyens utilisés par les partis politiques pour tenter de séduire l’opinion/ l’électorat. Le second chapitre sera orienté vers les mécanismes de communication populiste, notamment l’usage des partis extrémistes des outils de communication. Le dernier chapitre de cette première partie sera consacré au cas du FN et parlera de ses principaux acteurs ainsi que de sa communication.

La seconde partie du mémoire entrera dans le vif du sujet et tournera autour du « Front National, un tournant communicationnel ». Elle sera subdivisée en trois chapitres dont le premier sera focalisé sur le changement d’image du FN, le second sur le FN en tant que parti sur tous les fronts et le dernier sur l’ère de la dédiabolisation. Cette seconde et dernière partie du mémoire nous permettra de voir comment le FN se sert de la communication politique pour dédiaboliser son image.

Première partie : Apparition des populismes et du Front National en Europe

Chapitre 1 : Les mécanismes de communication politique : les moyens utilisés par les partis politiques pour tenter de séduire l’opinion / l’électorat

Depuis plusieurs années, et peut-être même depuis jadis, la politique ne peut plus se passer de la communication. La communication politique est devenue un puissant instrument pour se faire connaître, vaincre la concurrence ou régner sur le peuple. Ce premier chapitre relatera de ses différents mécanismes, plus précisément des moyens dont les partis politiques usent pour tenter de séduire l’opinion ou l’électorat. Afin de bien s’immerger dans le contexte, nous allons le débuter par une définition des notions et concepts essentiels en communication politique.

1.      Définitions

1.1.  Qu’est-ce que la communication politique ?

Communication rime avec politique. Communiquer signifie échanger ou partager des informations, non seulement dans le but d’informer, mais aussi de faire passer un message. En politique, communiquer a plusieurs sens, et la communication politique est une notion qui a bine évolué au fil du temps. Wolton (1989) évoque cette évolution de la définition de la communication politique qui, au départ, « a désigné l’étude de la communication du  gouvernement vers l’électorat (ce que l’on appelle aujourd’hui la communication gouvernementale) ; puis l’échange des discours politiques entre les hommes politiques au pouvoir et ceux de l’opposition tout particulièrement lors de campagnes électorales.[4] »

Dans cette définition de Wolton (1989), nous constatons que la communication politique a d’abord été considérée comme une étude et qu’elle n’a impliqué que deux parties : le gouvernement et l’électorat. La communication a surtout été faite par le gouvernement à l’intention de l’électorat, et non l’inverse. La seconde partie de la définition nous montre que la communication est devenue un échange de discours politiques impliquant les hommes politiques d’un côté et leurs opposants, de l’autre. Elle est donc devenue un instrument lors de campagnes électorales, un outil servant à deux partis d’échanger et surtout de s’affronter.

Plus tard, la communication politique a pris un tournant décisif avec l’entrée en jeu des médias. Les définitions actuelles de ce concept tendent vers l’implication des médias dans le processus. Si nous nous référons toujours à Wolton (1989), il propose plusieurs définitions de la communication politique qui prennent en compte les médias, dont voici un échantillon :

  • « Intuitivement, la communication politique évoque tout ce qui a trait à la production et l’échange des discours politiques tenus parles différents acteurs et répercutés par les médias.[5]»
  • « Aujourd’hui, la communication politique englobe l’étude du rôle de la communication dans la vie politique au sens large en intégrant aussi bien les médias que les sondages, le marketing politique et la publicité avec un intérêt particulier pour les périodes électorales[6]»
  • « L’espace où s’échangent les discours contradictoires des trois acteurs qui ont la légitimité à s’exprimer publiquement sur la politique et qui sont les hommes politiques, les journalistes et l’opinion publique au travers des sondages[7]»
  • « La communication politique est un processus indispensable à l’espace politique contemporain en permettant la confrontation des discours politiques caractéristiques de la politique : l’idéologie et l’action pour les hommes politiques, l’information pour les journalistes, la communication pour l’opinion publique et les sondages.[8]»

Ces quatre définitions nous montrent que la communication politique est actuellement dépendante des médias. Si elle a pour but de communiquer, cette communication est diffusée au public par les médias qui ont désormais un rôle central dans le processus de communication et d’information. Les médias participent à la formation de l’opinion publique. Ils permettent d’étudier l’écart entre les préoccupations de l’opinion publique et la façon dont les hommes politiques se comportent. Ils servent également à analyser l’influence des sondages sur le public.

Gerstlé (2004) appuie ces définitions de Wolton (1989) en rappelant que la communication politique permet un échange et une interaction entre acteurs politiques, citoyens et médias, en ajoutant deux intervenants principaux qui sont les sondages d’opinion et les firmes qui gèrent l’image des hommes politiques[9]. Cette image est essentielle, elle permet au politicien d’asseoir sa notoriété. Le rôle de la communication politique est de véhiculer cette image et de la rendre la plus crédible et la plus positive possible.

Outre la dimension médiatique que revêt la communication politique, elle est également un instrument public, comme le rappelle encore Wolton (1989) : « La communication politique a un caractère public dans un autre sens : se dérouler devant le public qui, par l’intermédiaire du vote, vient régulièrement en trancher les débats. [10]» Le public est un élément fondamental de la communication politique. Au final, on peut dire que c’est lui qui a le dernier mot. C’est lui que les acteurs politiques tentent d’épater et surtout de persuader. Rouillot (2011) le confirme en postulant que la communication politique représente « l’ensemble de tous les efforts de communication accomplis par ceux qui cherchent à faire adhérer, soit en l’imposant par la propagande, soit en la rendant acceptable par la discussion (négociation, délibération, etc.) à des perceptions publiques qui orienteront les préférences. [11]»

Les acteurs politiques s’en servent pour obtenir le soutien de l’opinion publique durant l’exercice de leur mandat ou durant leur campagne électorale, lorsqu’ils cherchent à gagner sa confiance. Mais cette persuasion n’est pas toujours positive, elle peut revêtir une dimension dominatrice. Les acteurs politiques ne font pas que rallier l’opinion politique à leur cause ou à leur idéologie, ils assoient également une certaine domination sur le public à travers la persuasion :

Si la communication politique est une façon pacifiée de régler les conflits, elle est également stratégie symbolique de domination ; dans les deux cas, elle suppose le recours à la persuasion, entendue comme un processus de communication dont l’objectif est un déplacement des opinions sur lesquelles se fondent les prises de décision. Dès lors, la communication politique, plus que simple agrégation des préférences dans le cadre des affrontements électoraux, en permet la transformation (Kuzmanovic, 2005)[12]

La communication politique joue un rôle essentiel dans la vie politique. Véritable vitrine et instrument de rapprochement entre acteurs politiques et opinion publique, elle régit presque la vie politique. Elle se fait par une « entrée en relation verbale et non-verbale[13] » (Georis, 2005). La communication verbale et la non-verbale sont deux composants essentiels de la communication politique car la persuasion de l’électorat ne passe pas uniquement par les mots, mais également par les comportements. Et dans cette persuasion, force est de constater que la formulation des objectifs ainsi que des stratégies à suivre par l’acteur politique doit être en phase avec les attentes des électeurs. Le lecteur doit se retrouver dans la politique du candidat qui doit susciter son empathie.

Mais malgré cette stratégie de persuasion, l’opinion publique n’est pas forcément partisane de la communication politique. Sa propre image est détériorée par l’usage que les acteurs politiques en font. Georis (2005) dénonce un usage non-éthique des techniques usuelles de relations publiques, le recours à la propagande de dénonciation et à la désinformation.[14] Les acteurs politiques l’utilisent afin de susciter l’apathie de l’opinion publique pour leurs adversaires. Elle sert de moyen de disgrâce et permet de créer une identité politique négative dont ils se servent pour amadouer les partisans de leurs adversaires et les rallier à leur cause, le tout dans l’illégalité. De plus, la communication politique devient aujourd’hui un instrument de désinformation par lequel de fausses informations étayées par des faits ou des images réelles circulent. Wolton (1989) évoque une représentation faite de réserves que l’on a de la communication politique : « Elle a ‘mauvaise presse’ car elle condense tout ce que l’on peut reprocher à la politique moderne.[15] »

Au final nous pouvons tirer de ce recueil de définitions que la communication politique est une scène dont se partagent trois intervenants principaux : les acteurs politiques, les médias et l’opinion publique. Elle leur permet d’échanger, les acteurs politiques communiquent leurs idées et tentent de séduire l’opinion publique. Les médias sont les intermédiaires entre ces deux parties : ils transmettent à l’opinion publique les idées des acteurs politiques et réalisent les sondages afin de connaître leur influence sur le public. L’opinion publique, elle, décide, vote et est finalement celle qui décide de l’avenir des acteurs politiques. En fin de compte, nous voyons que ces trois intervenants sont intimement liés.

1.2.  Relation entre politique et communication

Dominique Wolton, directeur de publication de la revue Hermès qu’il a créée en 1988 et qui est publiée par CNRS Editions, fondateur de l’institut des sciences de la communication du CNRS en 2007 et directeur de ce dernier jusqu’en 2013, a profondément étudié la communication politique sous tous ses aspects. Dans La communication, un enjeu scientifique et politique majeur du 21è siècle[16], Wolton (2001) parle de la relation intrinsèque entre ces deux concepts.

Wolton (2001) recense cinq phénomènes liés à la communication : « La communication interpersonnelle ; la communication médiatisée par les techniques classiques ou nouvelles ; la communication politique ; la communication interculturelle, mais aussi les modèles d’organisation de la société, au travers les valeurs, les symboles et les représentations.[17] » Ces cinq phénomènes permettent tous d’échanger, d’informer. A travers ces derniers, les individus et les collectivités se représentent, entrent en relation les uns avec les autres et agissent sur le monde. Dans ce sens, chacun défend ses intérêts en tentant le plus possible de conserver ceux des autres.

Aujourd’hui, la société est dépendante de la communication car elle permet à ses membres d’entrer en relation les uns avec les autres. Elle a un rôle fondamental dans la vie sociale, politique et même économique, ce qui en fait un instrument de grande valeur sans lequel il serait impossible de concevoir la société. En effet, elle régit la socialisation et permet le partage ou la transmission d’informations, d’idées, d’opinions…

Sur la scène publique et politique, la communication a une fonction à différencier de celle de la propagande. En effet, si les deux ont pour vocation première d’informer-le peuple-, leurs procédés ne sont pas les mêmes. Ollivier-Yaniv (2010) oppose propagande et communication publique en rappelant que la communication publique est basée sur des principes, une réglementation à suivre, leur différence réside donc sur des chartes de déontologie «  La communication publique s’inscrit dans le cadre des missions de l’information de service public et en respecte les règles en vigueur, tant déontologiques que juridiques. Elle doit s’exercer hors de toute propagande ou falsification des faits et respecter la nécessaire transparence des informations dont elle dispose, tant à l’intention des décideurs que des usagers[18]  »

De ce fait, il est important de savoir distinguer propagande et communication, surtout dans le contexte politique. La propagande sert surtout à diffuser l’intérêt d’une personnalité politique ou d’un parti, à le faire connaître ou même à l’imposer au public. Elle fonctionne, en quelque sorte, à un sens et est souvent dénaturée du fait d’un manque de respect des lois et des règles. En effet, la propagande a tendance à être falsificatrice, à dénoncer les concurrents ou même à détruire leur identité politique de manière à les rendre « mauvais » aux yeux de l’opinion publique. Mais lorsqu’on parle de communication ou de communication publique, on retrouve un respect des règles et des valeurs. Les informations à transmettre doivent servir le peuple et non ceux qui informent.

Quant à la relation entre politique et communication, Wolton (1995) affirme que « la politique est inséparable de la communication, et d’ailleurs l’histoire de la démocratie est celle de leurs relations. […] A la limite, toute politique devient communication politique, au sens où la politique est constamment objet de débats et de communications. [19] »

Ces deux concepts sont intimement liés et indissociables, de sorte qu’il est impossible de concevoir une politique sans communication, et vice-versa. Nous pouvons l’observer à travers la manière dont les outils de communication actuels s’emparent de la politique, à l’instar de la télévision, de la presse écrite, de la radio ou encore d’Internet. Les actualités diffusées par ces derniers incluent toujours une rubrique politique, preuve que celle-ci intéresse particulièrement la communication. Et lorsque des évènements de grande envergure surviennent (élection, investiture, putsch, etc.), ce sont ces outils de communication qui les font connaître au peuple en premier. Cela contribue à l’augmentation de leur taux d’audience de sorte qu’on peut dire que la communication a autant besoin de la politique que la politique a besoin d’elle. Toutes deux se complètent et survivent l’une grâce à l’autre.

Mais on note surtout une dépendance de la politique envers la communication étant donné que « La communication n’a pas «digéré» la politique car c’est plutôt la politique qui se joue aujourd’hui sur un mode communicationnel.[20] » Dans ce contexte, les médias jouent un rôle essentiel car en politique, ils représentent les instruments de la communication. Ce sont eux qui diffusent, informent et servent de plateforme de débat, etc. Wolton (1989), en expliquant le rôle de la communication politique, inclut les médias qui, selon lui, jouent un rôle essentiel :

Le rôle essentiel de la communication politique est d’éviter le refermement du débat politique sur lui-même en intégrant les thèmes de toute nature qui deviennent un enjeu politique et en facilitant ce processus permanent de sélection, hiérarchisation, élimination, elle apporte la souplesse nécessaire au système politique. D’abord, elle contribue à identifier les problèmes nouveaux qui surgissent, les hommes politiques et les médias jouant ici un rôle essentiel. Ensuite, elle favorise leur intégration dans les débats politiques du moment en leur assurant une sorte de légitimité. Le rôle des sondages et des hommes politiques est ici sensible. Enfin, elle facilite l’exclusion de thèmes qui ne sont plus l’objet de conflits ou sur lesquels un consensus temporaire existe. Là aussi, le rôle des médias est important par la place qu’ils accordent aux thèmes débattus sur la place publique.[21]

Cependant, cette contribution essentielle des médias a ses revers. Si les médias représentent un espace communicationnel, ils ont également tendance à pervertir cette communication. Wolton (1995) parle ici de légitimité et de représentativité. D’un côté, les médias ont fini par instituer une forme de légitimité qui passe par la présence sur ces derniers. Autrement dit, la médiatisation est devenue un gage de légitimité car tout ce qui est connu est médiatisé et ce qui est médiatisé est légitime.[22] Ce qui signifie que ce qui n’est pas médiatisé n’est pas légitime et n’est pas connu.[23]

Cela conduit à la logique de la représentativité que les médias ont créée. Aujourd’hui, tout le monde ne peut pas parler ou s’exprimer, seul celui qui est légitime peut parler, celui qui est représentatif.[24] La communication à travers les médias devient donc un conformisme. En politique, lorsqu’on veut être connu et entendu, il faut passer souvent dans les médias afin d’acquérir ces principes de légitimité et de représentativité.

1.3.  Qu’est-ce qu’un parti politique ?

Selon le Larousse en ligne, un parti est un « groupe de personnes réunies par une communauté d’opinions, d’intérêts » ou une « organisation structurée dont les membres mènent une action collective dans la société aux fins de réaliser un programme politique.[25] » De nombreux individus forment un parti. Ces derniers ont les mêmes intérêts et opinions et servent la même cause. Ils croient en la même idéologie et la véhiculent : « Un parti politique est une association organisée qui rassemble des citoyens unis par une philosophie ou une idéologie commune, dont elle recherche la réalisation, avec comme objectif la conquête et l’exercice du pouvoir. C’est donc une organisation au service d’une idée.[26] »

La conquête du pouvoir est le but d’un parti. Son idéologie n’est pas seulement partagée entre ses membres, elle doit également être partagée, transmise et surtout expliquée et défendue auprès de l’opinion publique. Et sa vocation est légitime, c’est-à-dire qu’un parti politique doit être reconnu et travaille ou participe activement dans la vie étatique, comme le souligne Offerlé (2012) : « Les partis politiques sont des organisations qui structurent le fonctionnement de la politique et du politique dans de nombreux États.[27] » De ce fait, ils sont reconnus par l’Etat, leur rôle étant inscrit dans l’article 4 de la constitution de 1958. Ils sont également régis par la loi du 11 mars 1988 relative à leur financement qui stipule qu’ils peuvent se former et exercer leur activité en toute liberté, qu’ils sont dotés de la personnalité morale, c’est-à-dire considérés comme une personne morale, et qu’ils peuvent agir en justice.

On retrouve trois sortes de partis dont les partis «  de cadre » nés au XIXe siècle et englobant des notables. En termes de position, ils se situent à droite ou au centre. Les partis « de masse », eux, sont apparus au début du XXe siècle, à l’époque où le socialisme et le communisme ont commencé à s’étendre. Ils sont à vocation sociale. Enfin, les partis d’électeurs apparus en 1960 sont des partis dans lesquels de nombreux membres se réunissent et promeuvent des objectifs consensuels[28].

1.4.  Sociologie politique et neuropsychologie politique

Le fonctionnement de la société montre que celle-ci est, en quelque sorte, régie par la politique. Loin d’être un objet de pouvoir pour un seul « politique » ou un parti, la politique s’intéresse avant tout à la cause de la majorité, au présent et au devenir des membres de la société. Définir ce qu’est la sociologie politique n’est pas anodin, étant donné que sociologie et politique sont deux notions qui s’apparentent. On pourrait assimiler la sociologie politique à l’étude ou la science de l’univers politique. Pourtant, elle va bien au-delà.

Nous tenons à souligner la corrélation entre politique et société évoquée par Bourricaud (1958) : « Sous ces  réserves  il  nous  paraît  fructueux  de  traiter tout  régime politique  comme  une  solution  ou  un  système  de  solutions à  un certain  type  de  problèmes  posés  la  société  et  qui  touchent  au maintien  de  sa  cohésion[29] »  Ainsi, la politique traite des maux de la société et cherche à maintenir sa cohésion.

La sociologie politique est donc aussi vieille que la politique elle-même. Là où l’on fait de la politique, on s’intéresse forcément à la société qui en est, en quelque sorte, la destinatrice. Dans un certain sens, la politique n’a de sens que parce qu’elle sert la société et non l’ambition d’une seule personne. La société contribue à la construction identitaire de la politique qui dépend d’elle dans une certaine mesure : « On  voit  comment  la  réalité  politique  est  pour  ainsi  dire  enveloppée  dans  une  réalité  sociale  dont  elle  révèle  et  précise  certains traits  et  au  fonctionnement  de  laquelle  elle  apporte  certaines  solutions.[30] »

1.5.  Campagne électorale et électeur

Le Petit Larousse Illustré désigne une campagne comme étant « l’ensemble concerté d’actions destinées à exercer une influence sur l’opinion, sur certaines personnes ». Ces actions sont mises en place afin de séduire l’électorat. La campagne électorale, elle, désigne « l’ensemble des opérations de propagande précédant une élection ou un référendum ; période pendant laquelle ces opérations sont autorisées.[31] » Ces opérations ou actions suivent un calendrier bien précis, un programme électoral ou un programme politique élaboré et rédigé par les candidats.

Le programme électoral en question sert à coordonner ces opérations. Il s’agit d’« un exposé général des intentions et des projets d’une personne, d’un groupe ou d’un parti. C’est un corps de proposition relative au gouvernement d’un pays qu’une personne ou un parti présente aux électeurs[32] » Les candidats doivent exposer ce programme afin que les électeurs adhèrent à leur concept. Pour ce faire, ils doivent fournir des efforts coordonnés et structurés témoignant de leur engagement et de leur volonté à occuper le poste qu’ils briguent au sein du gouvernement.

C’est durant la campagne électorale que le candidat doit se construire une image positive et rassurante susceptible d’attirer la sympathie des électeurs. Et ce n’est que durant la période de campagne électorale, qui est généralement définie et limitée, qu’il a le droit de mener des actions de propagande pour se faire élire. A titre d’exemple, la campagne officielle pour les élections législatives peut commencer à partir du vingtième jour qui précède le jour du scrutin tandis que pour l’élection présidentielle, celle-ci est ouverte le second lundi qui précède le premier tour du scrutin.[33]

Nombreux sont les moyens utilisables à des fins de campagne électorale, les médias étant les plus prisés. Ils permettent de toucher rapidement les électeurs sans aller directement à leur rencontre (la télévision, les réseaux sociaux, la radio, la presse écrite). Les candidats doivent être loyaux dans leur campagne électorale pour éviter un contentieux électoral. La réalité n’est pourtant pas aussi simple dans la mesure où dénonciations, désinformation et diffamation accompagnent souvent les actions mises en place par les personnes qui se présentent.

La campagne électorale est donc l’occasion pour les candidats de se faire connaître et de faire connaître le parti qu’ils représentent. C’est la raison pour laquelle elle doit être pensée, élaborée et menée le plus stratégiquement possible. Les partis politiques n’hésitent pas à engager des directeurs de campagne qui vont sonder l’opinion publique, déterminer ses attentes et formuler les objectifs du candidat ainsi que son « plaidoyer » en fonction de celles-ci. Parmi les actions menées durant la campagne électorale, on cite la distribution de tracts, l’organisation de réunions ou de meeting, l’apparition fréquente à la télévision (participation à des débats télévisés ou le fait d’être invité à un journal télévisé), l’affichage, etc.

Comme nous l’avons susmentionné, les électeurs sont les cibles principales des candidats durant les campagnes électorales. Selon Le Larousse en ligne, un électeur est une « personne qui peut participer à une élection[34] » Concrètement, un électeur est une personne majeure qui dispose du droit de vote et qui a un libre choix sur le candidat qui lui plaît. C’est celui qu’il faut séduire et attirer car il dispose d’un pouvoir de décision qui peut faire pencher la balance en faveur ou en défaveur d’un candidat. L’électorat est celui qui décide, comme le confirme Wolton (1989) : « La dimension visible de la communication politique constitue un principe essentiel de notre système politique où l’électorat, publiquement, décide.[35] »

Pour que l’électeur puisse décider, les candidats ont intérêt à orienter leur campagne électorale vers ses attentes. Ils doivent donc procéder à une étude approfondie des besoins de ce dernier. Et c’est par le biais de la communication politique qu’ils parviendront à le toucher : « C’est ainsi que la communication politique apparaît comme la scène sur laquelle s’échangent les arguments, les pensées, les passions, à partir desquels les électeurs font leur choix.[36] »

2.      Différentes visions et différentes communications selon les pays

2.1.  Les mécanismes de communication politique « à l’ancienne »

  • La stratégie du « porte-à-porte »

Avant la mondialisation et l’ère du numérique, la politique, et surtout le politique, usait de la stratégie du porte-à-porte. Cette dernière consiste à se rendre chez un citoyen, à le rencontrer directement et personnellement afin de le persuader et de l’influencer. Il s’agit d’une méthode fructueuse dans la mesure où aller à la rencontre des gens représente une manière très personnelle de diffuser les informations sur l’élection. Elle permet de leur montrer l’intérêt que les candidats leur portent, le fait de se déplacer eux-mêmes pour voir les conditions de vie des électeurs prouve qu’ils s’intéressent à eux et que la politique les concerne également.

La stratégie du porte-à-porte permet d’aller vers les lecteurs et de les convaincre de voter pour tel ou tel parti. Cependant, elle n’est pas uniquement utilisée par les partis politiques pour leur propagande, mais également pour « sensibiliser le public quant à son droit de vote ou comment on peut s’inscrire auprès des autorités électorales »[37] Elle sert donc à faire connaître les enjeux et l’importance d’une élection ou d’un référendum. Elle s’avère avantageuse dans la mesure où elle permet aussi de connaître les réclamations de l’opinion publique, ses besoins et préoccupations ou encore de rapporter ses plaintes.

La plupart du temps, le porte-à-porte est effectué par des bénévoles. Pour qu’il aboutisse, le site de l’ACE (Electoral Knowledge Network), un réseau servant à promouvoir les connaissances autour de l’élection, préconise le suivi d’une phase préparatoire comprenant :

  • la formation des bénévoles;
  • la mise en place d’un système de fiches;
  • l’établissement d’une stratégie de visites.[38]

Cette phase préparatoire permet de former les bénévoles à la réalité du terrain et de les préparer à toute éventualité, surtout aux situations délicates. Il faut aussi dire que certaines personnes ne sont pas accoutumées au porte-à-porte, d’autres sont quasiment contre cette pratique qu’ils considèrent comme violant leur intimité et parce qu’ils ont peur pour leur sécurité. En même temps, il existe également des quartiers peu fréquentables dans lesquels s’aventurer représenterait une menace pour les bénévoles eux-mêmes. D’où la nécessité de mettre en place une bonne stratégie en amont. Le mieux est de réaliser des publicités sur la campagne à réaliser, de faire connaître au public l’intention de réaliser du porte-à-porte et donc de le préparer. Il est également utile de mettre en place un système qui permet l’identification du bénévole avant d’arriver dans un foyer, via une carte, un badge ou un uniforme.

Actuellement, le porte-à-porte est délaissé au profit des techniques de campagne sophistiquées. Le recours aux campagnes électorales modernes  au détriment du porte-à-porte n’est pourtant pas si fructueux. En 1977, un sondage réalisé par TNS-Sofres révèle que 42% des personnes interrogées pensent que les hommes politiques se préoccupent « très peu ou pratiquement pas » de ce que les Français pensent. Ce pourcentage est monté à 85% aujourd’hui. Le Baromètre de la confiance politique du Cevipof en janvier 2013 montre également que seuls 12% des Français font confiance aux partis politiques et que moins d’un sur deux ne fait confiance ni à la droite ni à la gauche pour présider la France.[39]

Ces chiffres témoignent d’une mise à distance entre les hommes politiques et les électeurs qui, actuellement, est favorisée par le recours aux médias et aux techniques de campagne modernes plutôt qu’aux techniques anciennes qui visent à aller à la rencontre de ces derniers.

Valentin Becmeur, fondateur du Club d’Eloquence de Paris et directeur du pôle communication au sein du groupe Othello, prône les avantages du porte-à-porte et la nécessité d’y recourir par rapport aux techniques de campagnes sophistiquées. Selon cet expert, les techniques sophistiquées ont un point commun : « l’absence de contact réel entre les électeurs et les candidats à une élection. Internet connecte les utilisateurs entre eux, mais les limite en même temps à un rapport essentiellement virtuel. Le contact personnel direct, tel qu’un démarchage en porte-à-porte, permettrait donc d’augmenter la participation électorale…[40] » Si le virtuel permet de faciliter et de rendre la communication plus rapide, il empêche le contact direct qui est l’essence même de la confiance que l’opinion publique accorde aux hommes politiques. Ces derniers deviennent uniquement des images et non des personnes physiques. Ils donnent l’impression de se cacher et de ne plus se préoccuper de la réalité. Le porte-à-porte gagne à être réutilisée et fait ses preuves, à ne citer que l’exemple du président américain Barack Obama qui a gagné les élections présidentielles américaines grâce à cette stratégie.

  • L’usage des médias traditionnels : la presse écrite et la télévision

Les techniques électorales ont si bien évolué qu’aux Etats-Unis, le porte-à-porte encore utilisé dans les années 1950 a cédé sa place aux médias en 1960. En termes de presse écrite, la presse quotidienne nationale est la plus impliquée dans la politique. Les médias, surtout la presse écrite, ont acquis une importance considérable dans la vie politique dès le XIXe siècle et se sont largement développés avec l’apparition de la radio et de la télévision durant le XXe siècle.

C’est à partir des années 1920 que les « mass media » semblent conditionner les attitudes politiques ainsi que l’opinion publique. Des auteurs comme Harold Lasswell (1902-1978) ou Serge Tchakhotine en sont convaincus. Lasswell (1972), dans Propaganda Technique in World War I, avance un modèle d’analyse fonctionnaliste qu’il appelle modèle de la seringue hypodermique grâce auquel il explique comment le récepteur des informations (c’est-à-dire le lecteur, l’auditeur ou le téléspectateur) a tendance à absorber l’intégralité des informations délivrées par les médias. Cela signifie qu’il suffit à l’homme politique de diffuser son message afin d’influencer les comportements du public. Quant à Tchakhotine (1939), il démontre dans Le Viol des foules par la propagande politique que le pouvoir politique est capable d’endoctriner l’opinion publique en se servant de la propagande, notamment en l’influençant via la diffusion à répétition des messages dans les médias.[41]

Ainsi, la place des médias dans la politique semble avérée. Veyrat-Masson (2006) postule que « les médias de masse et en particulier la presse écrite se sont développés avec la démocratie. Politique et Communication sont en effet intrinsèquement liées dans les sociétés dont la liberté d’expression est au cœur. Le temps des élections qui représentent l’acte matriciel des sociétés démocratiques constitue dès lors un moment particulier, crucial, où s’exerce le rôle des médias.[42] » Leur rôle, dans ce sens, est d’aider les électeurs dans leur choix et de les informer au maximum. En règle générale, cela devrait se faire en toute impartialité, mais la réalité actuelle montre que les médias sont plutôt perçus comme des instruments d’influence.

La presse écrite, elle, semble actuellement dépassée par la télévision, et encore plus par Internet. Dumartin et Maillard (1999) rapportent une enquête permanente sur les conditions de vie des ménages de l’INSEE datant d’octobre 1999 indiquant que trois Français sur quatre ne lisent jamais de quotidien national et que deux sur trois ne lisent qu’occasionnellement la presse quotidienne régionale.[43] Il y a plus de 20 ans de cela, les Français n’étaient déjà donc pas des lecteurs de la presse écrite. Gerstlé (2004) estime que « lire un quotidien n’est pas une habitude ancrée chez les Français, qui se placent loin derrière les Scandinaves, les Japonais, les Britanniques et les Allemands.[44] »

Cet auteur ajoute que l’Association mondiale des journaux montre que la France est au 28è rang mondial pour le taux de pénétration de la presse quotidienne. Le manque d’engouement pour la lecture de la presse écrite explique en partie le déclin de ce média traditionnel dans la vie politique et le moindre recours à celui-ci face à la télévision par les politiques.

Pino et Marchand (2007) ont mené une enquête sur l’usage des médias traditionnels dont la presse écrite et la télévision dans le système politique. En ce qui concerne la presse écrite, ils la décrivent comme une source d’information de meilleure qualité qui couvre davantage d’événements de façon plus approfondie.[45] La presse écrite est donc considérée comme étant plus qualitative, plus fiable et plus détaillée. Ces deux auteurs recensent quatre types de presse dit « classiques » sur lesquelles ils ont basé leur étude :

  • les grands quotidiens généralistes nationaux qui attirent des lecteurs plutôt intéressés par la politique (Le Figaro, Le Monde, Libération, La Croix)
  • la presse quotidienne régionale qui ne porte pas spécifiquement sur des intérêts politiques mais plutôt sur des intérêts diversifiés afin d’informer un lectorat local et de forger le lien social (La Dépêche du Midi, O Toulouse)
  • les magazines d’informations générales (L’Express, Le Nouvel Observateur, Le Point, Le Monde Diplomatique)
  • la presse satirique (Charlie Hebdo, Le Canard enchaîné)

La population étudiée dans le cadre de cette enquête a été constituée de 210 étudiants de l’Institut universitaire de technologie de Toulouse et de Tarbes ainsi que de l’Université des sciences sociales de Toulouse 1. L’enquête a été menée une semaine avant le premier tour des élections régionales du 21 mars 2004. Les répondants ont été constitués à 71% de femmes et à 29% d’hommes âgés de 18 à 25 ans. Il leur a été demandé s’ils lisaient ces journaux et d’indiquer sur une échelle en cinq points la fréquence de leur lecture, allant de jamais à systématiquement.

La figure ci-dessous traduit les réponses à la question posée :

Figure 1. Score moyen de pratique de la presse écrite en 5 points (jamais, rarement, parfois, souvent, systématiquement). Source : Pino M., & Marchand P., Dis-moi quels médias tu préfères, je te dirai comment tu votes, Communication, Vol. 25/2, 2007, pp. 36-78.

D’après cette figure, les étudiants compris dans la tranche d’âge des 18 à 25 ans ne sont pas vraiment intéressés par la lecture de la presse écrite relatant de la politique. Le journal le plus lu reste La Dépêche du Midi qui n’est cependant lue que parfois par 28,6% des répondants et souvent par 26,7%. Nous avons choisi ces statistiques portant sur les habitudes de lecture des étudiants étant donné que les partis politiques actuels misent sur ces jeunes électeurs sur lesquels reposent l’espoir de la nation.

Quant à l’usage de la télévision, on note une médiatisation de l’homme politique. Ce dernier se sert de la télévision pour construire ou soigner son image, et parfois aussi pour détruire celle de ses concurrents. Dans certains cas, la télévision a aidé des candidats à remporter leur campagne électorale, à l’instar de John F. Kennedy qui aurait battu Richard Nixon car il a mieux utilisé la télévision durant les débats qui ont opposé ces deux candidats.[46] Chauveau (2003) explique l’engouement pour la télévision et l’apparition télévisée par l’influence des conseillers en communication. Ces derniers jouent le rôle de « gourous de la com’ » en mettant en place des stratégies médiatiques censées être en faveur des candidats. Le recours au marketing politique, les publicités et toutes les apparitions télévisées sont mis en œuvre afin de gagner le cœur du public. Et cela a marché durant un certain temps. Mais actuellement, bien que la télévision garde une certaine place dans le cœur des électeurs, force est de constater qu’elle a un concurrent de taille dont la diffusion d’informations semble « presque » illimitée : Internet.

Dans l’enquête menée par Pino et Marchand (2007), on note une forte hausse du nombre d’émissions politiques en France. Le journal télévisé de 20 heures sur la première chaine (TF1) ou sur la seconde (France2) reste la principale source d’informations. Considéré comme étant une émission politique traditionnelle, ce dernier attire surtout des spectateurs seniors. Les répondants à l’enquête de Pino et Marchand (2007) montrent un intérêt plus accru pour les journaux télévisés que pour la presse écrite, y compris pour l’émission satirique intitulée Les guignols de l’info. Cependant, ils sont moindres à suivre des émissions politiques traditionnelles. Les émissions politiques dans lesquelles des personnalités politiques sont invitées sont les plus regardées par les jeunes électeurs : 41,9% des interrogés (On ne peut pas plaire à tout le monde, Vivement dimanche). Ils ne sont que 18,6% à regarder plus souvent que la moyenne des émissions politiques traditionnelles telles que Ripostes ou France Europe Express. On note surtout un engouement pour les émissions satiriques et divertissantes telles que Les guignols de l’info.

Ces dernières sont les plus prisées, mais on observe surtout une moindre proportion qui s’intéresse particulièrement à la politique ou à l’actualité télévisée : seul un répondant sur cinq montre de l’intérêt pour les émissions politiques traditionnelles. Ainsi, nous voyons que si la télévision a auparavant été le théâtre de campagnes électorales fructueuses, elle est actuellement de moins en moins regardée, surtout par les jeunes, lorsqu’on parle d’émissions politiques ou de journaux télévisés relatant de la politique.

  • La propagande « sur terrain »

La propagande politique, quant à elle, reste d’actualité. Pour rappel, la notion de propagande a été utilisée pour la première fois en 1622 par une institution catholique à Rome, via la publication par le Vatican de Congregassion de propaganda fide dédié à la propagation de la foi par les missionnaires.[47] Son usage en politique a été favorisé par l’arrivée du suffrage universel au début du XXe siècle. Les politiques s’en sont servis pour attirer et orienter le plus  grand nombre d’électeurs.

La propagande est certes un moyen de faire de la communication politique, mais ce sont deux notions totalement différentes. La propagande est une forme de manipulation qui vise à faire adhérer les électeurs à la vision d’un seul parti ou d’un seul candidat. Durandin (1982) la décrit comme étant un moyen pour « modifier la conduite des gens[48] ». Jowett et O’Donnell (1986) ajoutent une précision à cette affirmation en disant que la propagande cherche à modifier la conduite des gens dans le sens voulu par le propagandiste.[49] Ainsi, nous voyons que les candidats s’en servent donc dans leur seul intérêt, afin que les électeurs les suivent. Et dans ce concept, elle a tendance à œuvrer dans l’illégalité, à se servir des mensonges. Elle essaie de persuader l’opinion publique en lui transmettant un message teinté de mensonge et ne lui donne aucunement la chance de pouvoir le rejeter.[50]

La différence entre communication politique et propagande repose sur le fait que les candidats qui font la promotion d’eux-mêmes sur terrain livrent un message à sens unique auquel les électeurs n’ont d’autre choix que de se conformer. Il s’agit donc d’un moyen de persuasion, de manipulation et d’endoctrinement à la fois. Elle endoctrine car elle amène l’électorat à penser ou à agir selon les visions du candidat. C’est dans ce sens qu’on associe la propagande au totalitarisme.

Bien qu’elle reste d’actualité, la propagande est mal vue et est de moins en moins utilisée. A titre d’exemple, depuis les années 1990, les partis politiques l’ont bannie de leur stratégie. [51] La propagande sur terrain consiste à réaliser des descentes sur le terrain en vue d’influencer l’électorat. Le discours utilisé est souvent mensonger afin de faire adhérer le maximum de partisans. Il est centré sur les besoins fondamentaux des électeurs afin que ces derniers soient pris aux pièges dans un discours politique qui, au final, ne vise que l’intérêt de son émetteur. La propagande peut prendre la forme de meetings ou de manifestations dans les rues mais peut également se faire à la télévision ou même sur internet (cyberpropagande). Elle utilise les rumeurs qui constituent son outil de prédilection et permettent souvent de construire l’identité d’une société et peuvent donc facilement atteindre ses membres.

2.2.  Les mécanismes de communication politique 2.0

Actuellement, la communication politique est fortement marquée par l’usage des stratégies digitales. Eyries er Poirier (2013) parlent de communication politique 2.0[52], une communication politique qui se fait essentiellement sur Internet. C’est à partir de 2002 que les partis politiques ont commencé à se servir massivement des outils Internet tels que les sites et les forums[53]. On note une présence massive des hommes politiques sur Internet, via la création de sites web, de blogs personnels ou sur les réseaux sociaux. Ces derniers leur permettent d’échanger et d’interagir directement et librement avec l’électorat. Ils constituent un moyen plus rapide et sûr d’échanger directement avec les électeurs en comparaison à la télévision. En effet, il y a plus d’échange et d’interaction avec l’électorat lorsqu’on est présent sur Internet, contrairement à la présence télévisée qui ne permet au candidat que de s’exprimer au peuple sans un retour immédiat ni un échange direct avec lui.

La communication politique sur internet a pour avantage un moindre coût pour une présence permanente. Ce média peu coûteux est aujourd’hui assailli par les politiques, mais également par la presse qui y voit un moyen plus facile et rapide, presque instantané, de diffuser des informations : « En effet, à mesure qu’Internet accède au statut de média de masse, les partis politiques et les organes de presse traditionnels construisent leur présence sur le réseau à l’aide de sites qui reproduisent leurs choix politiques ou rédactionnels et qui traduisent l’étendue de leur notoriété en dehors du net lui-même.[54] »

  • L’usage des réseaux sociaux

Dans leur stratégie de communication, les hommes politiques du monde entier s’emparent des réseaux sociaux. Twitter et Facebook constituent les principaux réseaux sociaux dans lesquels ils s’expriment et séduisent leur électorat sans limite.

  • Twitter, premier réseau social d’expression et de séduction

D’après Badau et Eyries (2014), « Les réseaux sociaux (en l’occurrence Facebook et Twitter) encouragent les réactions citoyennes, facilitent la diffusion de certains propos ou de certaines idées, ils sont en cela de véritables caisses de résonance qui permettent d’amplifier les émotions […] mais aussi les idées des différents partis politiques.[55] » Twitter est un réseau social qui permet de s’exprimer et de conquérir un nouvel électorat. Il sert surtout à diffuser des informations via le procédé de « retweet ». Celui-ci consiste à reposter et à faire suivre la publication d’une personne afin que celle-ci soit lue par un maximum de gens.

Eyries et Poirier (2013) ont réalisé une étude empirique sur la campagne électorale présidentielle de 2012 en France et celle pour les élections provinciales au Québec. Pour ce faire, ils ont étudié les données récoltées à partir des comptes Twitter officiels de Nicolas Sarkozy et de François Hollande, ce qui a permis de connaître l’usage de ce réseau social par les politiques en France.

Il en ressort que Twitter est utilisé dans un but informatif avant tout. Les candidats s’en servent donc pour diffuser de nombreuses informations dans le but de séduire et de persuader leur électorat ou de nouveaux électeurs. En France, Twitter s’inscrit dans une sphère d’activité plus professionnelle. Il est utilisé pour convaincre l’opinion publique, surtout les jeunes, d’aller voter.[56] Il permet également aux candidats de mobiliser leurs partisans et de médiatiser leur campagne.

  • Facebook, pour une meilleure interaction entre homme politique et électorat

Facebook est un des réseaux sociaux les plus utilisés par les politiques. Il offre de nombreux avantages tels qu’une meilleure interactivité entre l’homme politique et l’électorat et des échanges multidirectionnels. De plus, actuellement, se trouver sur Facebook est un gage de modernité pour le politique. Ce réseau social lui permet d’échanger directement avec son électorat, ce dernier s’inscrivant dans une sphère personnelle.[57]Environ 1 milliard d’individus se trouvent sur Facebook dont 25 millions de Français, ce qui incite les politiques à s’emparer de cet outil de communication numérique.

Les candidats français sont de plus en plus nombreux sur Facebook car il leur permet d’entretenir une image plus moderne. En effet, il serait incommode pour les électeurs modernes d’aujourd’hui que leur candidat ne possède ni compte ni page Facebook qu’ils pourraient suivre. Ce réseau social constitue également un large champ sur lequel la concurrence se fait rude, celui qui y est présent assoit donc sa notoriété. De plus, Facebook permet aux candidats de prendre la parole et de diffuser leurs messages instantanément. Et ils obtiennent des réponses à ces derniers presque aussi instantanément, d’où une meilleure interaction entre politiques et électeurs. Ils peuvent donc obtenir des réactions immédiates de la part de leurs partisans, mais également de leurs adversaires ou de ceux qui n’adhèrent pas à leur cause, étant donné que tout le monde peut répondre à leurs publications.

L’avantage de Facebook est le gain de jeunes électeurs, un fait qui n’est plus vraiment possible avec les médias classiques ou traditionnels. Ces derniers sont constamment présents dans les réseaux sociaux, notamment sur Facebook, ce qui permet d’attirer plus rapidement et plus facilement leur attention. Mais l’usage de Facebook par les politiques français est plus récent par rapport aux politiques américains. On pense notamment à Barack Obama qui a mené des actions « Social Media » de grande envergure sur ce réseau social en 2008 alors que les hommes politiques français ne s’en sont réellement servis que depuis 2012.[58]

      3. Le rôle de l’influence

      3.1. Le concept de manipulation et l’endoctrinement

La communication politique est très souvent associée aux concepts de manipulation et d’endoctrinement. Dacheux (1999) affirme que « la communication est souvent accusée de pervertir le jeu démocratique. Elle tend à désinformer et manipuler les citoyens (Woodrow, 1991), à substituer la séduction à l’information (Bougnoux, 1995), à transformer l’espace public en « image publique » (Virilio, 1988) et même, à préparer l’avènement d’une société totalitaire en sapant les fondements de la représentation (Sfez, 1988), etc.[59] »

D’après Georis (2005), la manipulation est un concept apparu au XVIIe siècle et concerne l’usage d’un objet en alchimie. Elle consiste en une mise en scène visant à éclipser la conscience[60]. C’est un procédé proche du lavage de cerveau dans le sens où le manipulateur joue avec la conscience de la personne manipulée pour y introduire de fausses informations qui vont venir cacher les vraies. Pour ce faire, les politiques se servent des mass medias pour manipuler et séduire l’électorat.

En politique la manipulation peut prendre différentes formes et se servir de divers outils tels que la force, le neuromarketing via les images subliminales, etc. Cependant, elle a une action limitée dans le temps et finit toujours par être cernée. La propagande est la forme de manipulation la plus rejetée en communication politique. Lorsque ses tentatives de manipulation aboutissent, elles conduisent très souvent à l’endoctrinement.

L’endoctrinement représente le fait d’imposer des règles de conduite ou de pensée à un individu en vue de lui faire adopter une attitude ou une doctrine précise. Il s’agit d’une forme plus élaborée et plus évoluée de manipulation par laquelle un candidat obtient toute l’attention d’un électeur. Ce dernier se retrouve enrôlé dans les causes pour lesquelles le candidat milite et devient même un membre fervent et très actif de sa lutte. L’endoctrinement est mauvais du point de vue moral dans le sens où il enlève tout pouvoir de décision à la personne enrôlée. En effet, celle-ci devient entièrement adepte de l’opinion du candidat si bien qu’elle le suit presque aveuglément. Cela peut être négatif pour l’électeur qui finit par adhérer entièrement aux concepts du candidat bien que ceux-ci puissent être contraires à ses principes ou même aux principes de la société.

  • La persuasion et la mobilisation

D’après Ollivier-Yaniv (2010), « en démocratie, la propagande, la communication politique et la manipulation sont des notions qui servent à caractériser la circulation des discours politiques entre les professionnels de la politique et les citoyens, au moyen des médias de masse et avec un objectif de persuasion ou d’imposition de sens.[61] » Cette affirmation nous montre qu’en politique, la persuasion ou l’imposition de sens est la finalité des discours politiques.

La communication politique devient une scène de persuasion. Valentin Becmeur insiste sur le fait que la persuasion des indécis et la mobilisation des abstentionnistes sont deux stratégies fondamentales en politique. Ce sont ceux qui hésitent et ceux qui ne votent pas ou ne veulent pas voter qu’il faut persuader et mobiliser. Que l’on soit de la droite ou de la gauche, il est important d’amener ces indécis à se positionner en notre faveur.

Cependant, il ne faut pas mélanger persuasion et mobilisation mais savoir choisir entre les deux. La persuasion repose grandement sur la propagande qui, elle-même, repose sur une coopération « supposée » entre journalistes et hommes politiques. Supposée, car elle n’est jamais réellement dévoilée par ces derniers.

Quitte à choisir entre persuasion et mobilisation, Valentin Becmeur préconise la mobilisation qui repose sur deux moyens dont la mobilisation par le discours et celle par le terrain.[62] La première consiste en une mise en exergue de thèmes de campagne censés provoquer l’enthousiasme des électeurs de son camp et hausser leur taux de participation tandis que la seconde repose sur l’organisation d’une multitude d’actions militantes de terrain destinées aux abstentionnistes de son propre camp. Les deux moyens visent donc avant tout les partisans du camp du politique. Internet peut également représenter un autre moyen de mobilisation. Serfaty (2003) parle des sites d’information sur Internet comme étant des outils de mobilisation.[63] En effet, loin de seulement informer les gens, leurs créateurs s’en servent très souvent pour mobiliser leurs partisans. La censure étant plutôt difficile à mettre en place sur Internet les aide à parvenir à cette mobilisation.

Chapitre 2 : Un cas particulier, celui du FN. Zoom sur ses principaux acteurs et sa communication

  1. Les causes de l’apparition du FN

Contrairement à ce que l’on pense, ce n’est pas Jean-Marie Le Pen qui a fondé le Front National. Ce front a été créé par de jeunes fascistes de l’« Ordre Nouveau », un groupe interdit en 1973 suite à une attaque de la Ligue Communiste lors d’une de ses réunions contre l’immigration sauvage, en 1972. Ce projet visait à unir l’extrême droite, les groupuscules néo-fascistes et la droite antigaulliste. Composé par de jeunes inexpérimentés, il a été repris par Jean-Marie Le Pen qui avait plus d’expérience et de nombreux contacts avec les politiques bourgeois.

Les motivations des créateurs du FN étaient nombreuses. Il s’agissait de rebelles qui voulaient se liguer contre le système en place. Ils avaient une idéologie politique nouvelle et voulaient fuir la crise économique. Marginaux politiques, ces groupes sont sortis de l’ombre afin de participer à la compétition électorale dans le cadre des élections législatives de 1972. La dédiabolisation a commencé au moment où le parti a été fondé. En effet, il a tenu à effacer les symboles du groupuscule, à redéfinir son programme et à abandonner la violence afin de se construire une image partisane normalisée.

Dans ce sens, il a lutté en vue de s’extraire de l’extrême droite dans laquelle il était inscrit et à s’éloigner du néofascisme réputé pour sa violence. Le choix de faire de Jean-Marie Le Pen son président résulte d’une volonté de normaliser le parti, ce dernier étant, à l’époque, une personnalité politique beaucoup plus respectable et consensuelle de l’extrême droite que les dirigeants de l’Ordre Nouveau.

  1. Les différents acteurs du FN
    • Jean-Marie Le Pen et les médias

Jean-Marie Le Pen, né le 20 juin 1928 à la Trinité sur Mer dans le Morbihan, est le fils d’un pêcheur et d’une fille de paysans. Issu d’un milieu modeste, il est diplômé d’études supérieures de sciences politiques et a une licence en droit. Le parcours politique de Jean-Marie Le Pen débute en 1956 lorsqu’il est élu député de la Seine. Il s’est présenté deux fois comme candidat aux élections présidentielles de 2002 et de 2007. Il a été vaincu par Jacques Chirac lors du second tour des présidentielles de 2002 avec 82,06% de voix contre 17,94%. En 2007, il est arrivé 4ème avec 3 870 000 voix.[64]

Jean-Marie Le Pen, durant la présidence du FN, a été une personnalité politique extrêmement médiatisée. Jenifer Devresse, Chercheuse au Département des Arts et Sciences de la Communication (Ulg) et auteure de Le Pen sous presse paru chez L’Harmattan, dépeint la relation entre cet ancien président du FN devenu Président d’honneur du parti en 2011 et les médias comme étant un apprivoisement progressif. Jean-Marie Le Pen a énormément travaillé son image et a peu à peu apprivoisé les médias. Mais ses apparitions médiatiques ont d’abord été peu nombreuses et ne se sont accentuées que lors de sa montée électorale. Les médias l’ont surtout fait connaître pour ses fameux « mots » qui scandalisaient le monde politique et médiatique.[65]

On note une fascination des médias pour le personnage de Jean-Marie Le Pen durant son règne au sein du FN. Ces derniers ont, d’une certaine manière, contribué à sa montée électorale jusqu’en 2002. Cependant, ils dénonçaient et fustigeaient déjà le FN à cette époque. En même temps, ils ont discrédité le président du FN célèbre pour son racisme. Marginalisé par les médias, il a pourtant acquis une certaine légitimité et une représentativité grâce à leurs actions. Il s’est, de ce fait, posé comme candidat antisystème et protestataire.

L’évènement majeur dans la relation entre Jean-Marie Le Pen et les médias reste, sans aucun doute, le célèbre « dimanche noir » de 2002 qui a contribué à faire des médias une énorme entreprise de propagande contre le Front National. Ces derniers ont commencé à le décrire comme une menace absolue pour la démocratie et la République, surtout s’il était élu. Cet évènement a valu au FN d’être condamné moralement et stigmatisé par les médias, et donc par l’électorat que ces derniers ont réussi à convaincre.

Aujourd’hui, Jean-Marie Le Pen jouit d’une présence médiatique plus effacée, surtout en comparaison à sa fille, l’actuelle présidente du FN. Les articles le concernant dans les médias traitent surtout de sa relation tumultueuse et de ses désaccords avec sa fille Marine Le Pen et sa façon de diriger le FN. Ces conflits opposant le père et la fille concernent les changements apportés par celle-ci qui vont à l’encontre de l’idéologie de son père et qui détruisent les traditions du FN telles que le célèbre défilé du 1er mai dédié à la commémoration de Jeanne d’Arc qu’elle a décidé de supprimer cette année.

  • Florian Philippot : communicant, stratège, spindoctor

Florian Philippot est une des personnalités les plus influentes du FN. A tout juste 35 ans, ce sortant du HEC et de l’ENA est passé de militant patriote auprès de Jean-Pierre Chevènement en 2002 à vice-président du Front National qu’il intègre en 2011[66]. Il va, tour à tour, occuper des postes stratégiques au sein de ce parti depuis son adhésion jusqu’à aujourd’hui.

 

  • 2011, directeur stratégique de la campagne présidentielle de Marine Le Pen

Marine Le Pen, pressentant les qualités exceptionnelles de Florian Philippot qu’elle rencontre en 2009, en fait son directeur stratégique de campagne lors de l’élection présidentielle en 2011. Ce haut fonctionnaire à l’Inspection générale de l’administration (IGA, rattaché au ministère de l’intérieur) fait alors ses preuves en tant que directeur technique dont les capacités à pondre des notes complètes sur tous les sujets impressionnent tant Marine Le Pen que ses collègues. Il dirige donc la campagne présidentielle de Marine Le Pen en 2011 aux côtés de Philippe Olivier, directeur politique et de Steeve Briois[67]. Il se distingue par sa faculté à pondre des notes rapidement sur tout, à argumenter ainsi qu’à discourir.[68]

 

  • 2012, porte-parole du Rassemblement bleu Marine (RBM)

L’ascension de Florian Philippot au FN continue. Suite à sa nomination en tant que directeur stratégique de la campagne présidentielle de Marine Le Pen, il obtient le poste de chargé de la stratégie et de la communication de ce parti en 2012. Commence alors pour lui de nombreuses visites des milieux médiatiques et, en parallèle, le développement du Rassemblement Bleu Marine (RBM) aux côtés de Bertrand Dutheil de la Rochère. Ses apparitions médiatiques ont pour but de recueillir le plus de contacts en vue d’un développement rapide et assuré du RBM.

A l’origine du RBM, on retrouve Paul-Marie Coûteux, un énarque (technocrate) proche de Marine Le Pen. La création de ce rassemblement est ensuite annoncée par Marine Le Pen en personne durant le congrès fondateur du SIEL en mars 2012. Son lancement officiel se fait en décembre 2012 durant une conférence de presse à l’Assemblée nationale. Le rassemblement vise à attirer le plus de candidats FN ou de partisans du parti pour les législatives.[69] Il a ainsi présenté 572 candidats durant les élections législatives de 2012. Florian Philippot y occupe la fonction de porte-parole permanent et celle de porte-parole de campagne législative aux côtés de Louis Aliot. En tant que porte-parole, il choisit une stratégie de communication visant à faire connaître le RBM à travers des apparitions médiatiques à des fins de persuasion. Le but est de conquérir les 32% de Français qui adhéraient à la vision du FN en 2012.

  • 2012, vice-président du FN chargé de la stratégie et de la communication

En 2012, Florian Philippot accède à la vice-présidence du FN et est chargé, à ce titre, de la stratégie et de la communication du parti. Dans une étude de la stratégie de ce jeune énarque, le journal en ligne Le Figaro la dépeint comme étant une stratégie de croissance interne contraire à celle de Jean-Marie Le Pen[70]. Quant à sa stratégie de communication, elle est basée sur des apparitions médiatiques trop nombreuses qui finissent par attiser la haine de ses propres collègues ou par faire naître de nombreux soupçons du côté de l’électorat.

En effet, Philippot devient une personnalité médiatique, « la seule personnalité médiatique »  du FN en dehors de sa présidente Marine Le Pen. Il est omniprésent dans les médias et assure presque le monopole entier de l’expression publique du FN. Il présente les grandes lignes du projet du FN, s’occupe de placer des candidats aux postes stratégiques du parti et soigne son image à travers la France et le monde. Il apporte un souffle nouveau et jeune au FN, ce qui n’est pas sans attirer la jalousie de ses pairs.

  1. Un nouveau visage, une nouvelle communication : Marine Le Pen

En 2011, Jean-Marie Le Pen se retire de la présidence du Front National. Dès avril 2010, deux candidats se présentent en vue de lui succéder : Marine Le Pen, sa fille qui était alors vice-présidente du FN et députée européenne et Bruno Gollnisch, son ex- numéro 2 qui, lui aussi, était vice-président du parti et député européen. Marine Le Pen représente, pour le parti, un nouveau visage, un « nouveau look » moins raciste et plus libéral[71] (Milquet, 2011). Ses actions de dédiabolisation du FN ont débuté en 2007 lorsqu’elle a mis une jeune fille arabe sur une affiche du parti durant les élections présidentielles de 2007.

Elle triomphe de son adversaire Bruno Gollnisch en janvier 2011 et accède à la présidence du FN avec 67,5% des voix. A peine un mois après son investiture, elle se retrouve en tête pour la présidentielle de 2012 avec 24% des intentions de vote face à Nicolas Sarkozy qui en a récolté 21%. De là, les médias ne lâchent plus Marine Le Pen et évoquent le « phénomène Marine Le Pen »[72] qui pourrait réussir à faire du FN un grand parti national incontournable et fréquentable, contrairement à son père (Milquet, 2011). Le changement d’image du FN a alors débuté.

Pour résumer son parcours, Marine Le Pen est la troisième fille de Jean-Marie Le Pen, née en 1968. Elle intègre le FN à 18 ans et commence à fréquenter le milieu de la politique vers la fin des années 1980. En 1993, elle se présente pour la première fois aux législatives et récolte 11% des voix dans le 17è arrondissement de Paris. Elle contribue à rendre le FN plus populaire en présidant l’association « Génération Le Pen » en l’an 2000. En 2007, Jean-Marie Le Pen en fait sa directrice de campagne durant les présidentielles. Dès lors, elle commence une « stratégie  de nettoyage » de l’image du FN auprès des Français.[73]

Jusqu’à aujourd’hui, elle continue cette stratégie de popularisation du FN. Son image connaît un franc succès grâce à deux raisons :

  • Le fait de véhiculer une image « populaire » basée sur la simplicité et l’usage d’un nom moins bourgeois dans les médias, celui de Marine au lieu de son véritable prénom Marionet.
  • Le fait d’apporter un aspect social au FN et de vouloir en faire un véritable parti populaire et de masse dans lequel on peut trouver les classes laborieuses composées d’ouvriers ou de chômeurs et la classe moyenne précarisée.

La stratégie de communication de Marine Le Pen passe donc par le fait de soigner son image en apparaissant dans les médias comme une personne simple, en effaçant l’image bourgeoise que le FN a toujours véhiculé. C’est grâce à cette nouvelle communication que Marine Le Pen arrive à attirer ses électeurs. En même temps, cette image reste « une image traditionnelle de femme politique. Cependant émerge une représentation inédite, en corrélation avec la présence de plus en plus prégnante du discours privé dans la sphère publique, et marquée par le lien entre l’idéologie populiste et un certain idéal de la ‘virilité’.[74] » Cela signifie que Marine Le Pen ne diffère pas vraiment des autres femmes politiques enrôlées dans cet univers par filiation et par envie de changement.

La communication est le point fort de Marine Le Pen. Elle mise sur cette dernière pour se construire une image plus populaire que ce soit pour elle-même ou pour son parti qu’elle cherche à tout prix à « dédiaboliser ». Sa stratégie de communication repose sur un adoucissement de l’image de son parti en recrutant des gens normaux afin de le rendre le plus normal possible.

  1. Glissement du Front National au Rassemblement Marine

Dès la prise de pouvoir de Marine Le Pen au sein du FN, les changements sont radicaux et révolutionnent les ambitions et l’idéologie du parti. Des thèmes « républicains » tels que la laïcité sont repris et retravaillés afin d’avoir une image plus humaine aux yeux de l’opinion publique. Le FN glisse donc progressivement vers un Rassemblement Marine qui prône la popularité, sa présidente faisant office de candidate « antisystème ». Le parti attire les classes défavorisées grâce à cette image de candidate antisystème. Il est considéré depuis plusieurs années en France ou en Belgique comme un véritable parti rebelle et antisystème.

On note une grande différence entre le FN dirigé par Jean-Marie Le Pen et celui dirigé par sa fille qui tourne désormais autour des idéologies de celle-ci. Si son père est reconnu pour son antisémitisme, son racisme et ses sorties qualifiées de « haineuses », Marine Le Pen s’emploie à donner une image plus respectable et humaine à son parti. Elle se sert essentiellement des médias (de la télévision, d’internet, de la presse écrite, de la radio) pour y parvenir. Et ces derniers commencent à dépeindre une candidate FN « nationaliste fréquentable face à un Bruno Gollnisch raciste et fasciste, dans la lignée de Jean-Marie Le Pen. Certains médias français vont même jusqu’à affirmer qu’elle ne se situe pas à l’extrême-droite mais qu’elle incarne plutôt une droite ‘dure’ ou même simplement une droite patriote.[75] »

Cette première partie du mémoire nous permet de voir que la communication politique est une scène sur laquelle s’échangent politiques, médias et opinion publique. Censée être neutre, celle-ci est pourtant utilisée à des fins de persuasion et d’enrôlement de nouveaux partisans. Les propagandes, les apparitions médiatiques, la stratégie du porte-à-porte sont des outils de communication utilisés à cet effet. En politique, une bonne communication permet de changer les choses, d’asseoir son image ou de s’en construire une nouvelle, comme le fait le Front National. Sa présidente, Marine Le Pen, se sert principalement de la communication à travers les médias afin de dédiaboliser son parti. Qu’en est-il réellement ? Nous détaillerons ce parti devenu un « tournant communicationnel » dans la seconde partie de notre travail.

Deuxième partie : Le Front National, un « tournant communicationnel »

Chapitre 1 : Le changement d’image du FN

  1. Les leviers de changement d’image du FN : une meilleure réputation et une image favorable

 

  • Le FN, premier parti ouvrier avec 43% des votes des ouvriers aux élections européennes

Le FN est un parti en profond changement. Il a commencé à se focaliser sur les questions sociales en 1990. La création du « Front national de la jeunesse » dirigé par Samuel Maréchal a changé la donne, le FN est devenu un parti anti-impérialiste et un défenseur des travailleurs. La stratégie de ce parti en ce sens a été récompensée par un vote qui tend de plus en plus vers ses convictions : en 1995, plus de 30% des ouvriers ont voté FN durant les élections présidentielles ; ils sont passés à 35% en 2012[76] et à 43% durant les régionales de 2015.

En 2011, sa présidente Marine Le Pen s’est exprimée publiquement à Nice et développant un programme associant socialisme et nationalisme (Reynié, 2011). Elle s’adresse particulièrement aux classes populaires et moyennes, aux salariés ainsi qu’aux petits patrons du commerce et de l’industrie et de l’artisanat, aux salariés du secteur privé et du secteur public dont elle déclare prendre la défense[77]. Des thèmes dénonçant l’immigration ou l’insuffisance de salaire à l’origine du haut taux de chômage sont abordés dans ce discours empreint de populisme patrimonial.

Camus (2012) parle d’une banalisation de la sociologie de vote du FN[78] qui est devenu un parti apprécié par les ouvriers en premier lieu et par les jeunes ensuite. Parmi les votants pour Marine Le Pen, les votes d’adhésion ont été les plus marquants : 40% des électeurs ayant voté pour elle souhaitaient la voir élue tandis que 67% considéraient que la candidate répondait à leurs préoccupations.[79] Delwit (2012) parle d’un électorat « popularisé et périphérisé » du FN qui, en 2012, obtient ses meilleurs scores dans un électorat résidant dans les zones rurales et péri-urbaine et ses pires scores auprès d’électeurs vivant dans une grande ville.[80]

Dès son investiture, Marine Le Pen s’emploie à faire de son parti un véritable parti populaire dans lequel on retrouve les classes laborieuses et la classe moyenne précarisée : celles des ouvriers, des chômeurs, des personnes en situation de précarité, etc. La présidente du FN se montre comme étant la porte-parole de la classe ouvrière et mise sur des thèmes qui lui sont chers tels que le besoin de sécurité, d’emplois ou de logements[81] pour gagner de plus en plus leur voix. Sa stratégie de communication s’adresse donc en premier lieu aux ouvriers.

Et ces derniers rendent hommage aux gestes du FN qu’ils considèrent actuellement comme le parti le plus populaire, devant le Parti Communiste Français qui possédait ce statut auparavant. Le FN devient un parti anticapitaliste et antimondialiste en guerre contre les puissances de l’argent et proche des plus démunis. Le changement de cap du FN a même permis au parti de recueillir d’anciens partisans du Parti Socialiste (PS) ou du Parti Communiste Français (PCF).

De ce fait, les votes durant les scrutins électoraux législatifs ou présidentiels montrent une tendance accrue pour le FN chez les ouvriers. En 2014, par exemple, les ouvriers ont voté pour les candidats du FN durant les élections européennes à hauteur de 43% dont 38% des employés et 37% des chômeurs, affirme le site du Parti Communiste International. Les sociologues, à travers ce vote, qualifient le FN de « premier parti ouvrier[82] »

Guilluy (2014) explique le vote des ouvriers pour le FN par une division en deux de la France : d’une part, on retrouve la métropole riche dans laquelle des « élites néolibérales triomphantes » qui votent à droite ou socialiste résident et, d’autre part, il y a la périphérie dans laquelle vit une population solidaire composée d’ouvriers, de petits patrons et de paysans qui sont marginalisés et laissés pour compte et ont tendance à voter de plus en plus pour le FN.

Pour ce géographe, ce vote pour le FN traduit une volonté de se défendre face à leur condition de vie : «Ainsi, contrairement à ce que l’on écrit et dit un peu partout, le diagnostic «par le bas» (désigné comme « populiste ») n’est pas le fruit d’un comportement irréfléchi, d’une radicalisation irrationnelle ou d’une protestation superficielle. Il s’agit bel et bien d’une analyse objective des retombées de choix économiques et sociétaux précis»[83]. Les classes populaires se rassemblent donc autour du FN qui a désormais le monopole dans la lutte contre la mondialisation. Guilluy (2014) le confirme : « Partout, ce sont les nouvelles classes populaires qui portent la vague frontiste. Ouvriers, employés, femmes et hommes le plus souvent jeunes et actifs partagent désormais le même refus de la mondialisation et de la société multiculturelle[84] »

Le graphique ci-dessous montre la tendance du vote du FN selon la profession :

Figure 2. Vote en fonction des professions (Elections régionales de 2015). Source : http://tempsreel.nouvelobs.com/politique/elections-regionales-2015/20151208.OBS0971/elections-regionales-qui-a-vote-fn.html

Ce graphique montre que le FN est particulièrement populaire chez les ouvriers, mais qu’il gagne également du terrain chez les agriculteurs artisans et les professions intermédiaires. Cependant, il faut tenir compte de plusieurs facteurs tels que les abstentionnistes, mais surtout du « type » d’ouvrier votant pour le FN. En effet, comme l’explique Mayer (2013), ce ne sont pas les ouvriers les plus précaires qui ont voté pour le FN en 2012, ceux-ci ayant plutôt voté à gauche, mais les ouvriers non-précaires qui ont un petit patrimoine et un statut.[85] Ainsi, le FN est populaire auprès des ouvriers, mais pas de tous.

  • Le FN, un parti national qui gagne toute la France (et non plus confiné dans le Sud et le nord-est)

 

Le FN est un parti qui gagne actuellement toute la France, contrairement aux sondages d’il y a quelques années qui en faisaient un parti confiné dans le Sud et le Nord-est de la France. Lors du premier tour des élections régionales de 2015, il a enregistré un score historique avec 27,73 % des voix, soit plus de 6 millions de voix. Le parti se place en tête dans six régions dont le Nord-Pas-de-Calais-Picardie, les PACA, le grand-Est, le Centre-Val de Loire, la Bourgogne-Franche Comté et le Languedoc-Roussillon-Midi Pyrénées.[86] Le FN a donc pris la tête dans 6 régions sur 13 à la veille du 1er tour des élections régionales, et bien qu’il ait échoué, notamment face aux républicains qui ont gagné les régions Nord-Pas-de-Calais-Picardie et PACA, on note une expansion de ce parti national dans toute la France.

Si le FN a gagné le cœur des ouvriers, des jeunes et même des femmes qui votent, Jeanneau (2014) note une différence entre le profil de ces derniers sur l’intégralité du territoire français. Une enquête de l’Ifop réalisée entre mai et juillet 2013 montre que les électeurs habitant dans le Nord-est ne sont pas de la même classe sociale que ceux issus du Sud-est de la France. En effet, ceux du Nord-est sont plus populaires et on un penchant pour le discours social de Marine Le Pen, ceux dans le Sud-est regroupent les retraités, agriculteurs, commerçants, artisans, chefs d’entreprise, artisans, professions libérales et cadres supérieurs.[87] Dans tous les cas, le FN rassemble de plus en plus d’électeurs dans tout l’Hexagone.

 

  1. Le Front National en route vers un nouvel électorat

 

  • L’impact de la nouvelle communication sur les tranches électorales

 

La nouvelle communication du FN est basée sur une volonté de normalisation, une envie de faire basculer l’image assez négative du parti vers une image plus populaire et respectable. Pour ce faire, divers moyens sont déployés par le parti qui se sert à la fois de la télévision et des réseaux sociaux pour séduire un nouvel électorat.

 

Le FN cible un nouvel électorat composé essentiellement de jeunes et d’ouvriers, ses fidèles dont il souhaite renforcer la présence et auprès desquels il cherche un soutien infaillible. La stratégie de communication employée à cet effet semble fonctionner car ces derniers constituent ses principaux électeurs. La classe moyenne et la classe précarisée sont également ciblées par ce parti qui n’hésite pas à renforcer sa présence dans les zones périurbaines pour rencontrer ses futurs électeurs. Les discours télévisés, les débats et les apparitions publiques servent à véhiculer des thématiques liées à la sécurité, à la perte d’emploi, à l’immigration et au changement. Bref, le FN reprend des idées de la gauche pour conquérir des électeurs assoiffés de changement et qui sont désormais de plus en plus nombreux à le suivre.

 

La stratégie de communication du parti repose sur une dédiabolisation en vue de parvenir à cette normalisation. Actuellement, on observe une baisse de la réticence envers ce parti qui, du temps de Jean-Marie Le Pen, a été fustigé de par son antisémitisme et son racisme presque démesurés. Milquet (2011) parle d’un changement d’image réussi du FN rendu possible grâce à Marine Le Pen. Le parti est actuellement perçu comme social et plus fréquentable, comme un défenseur des travailleurs français et bénéficiant d’une meilleure réputation grâce à ses arguments sur la laïcité. Si le scepticisme demeure chez certains journalistes, d’autres croient voir une forme de démocratisation du FN dans les changements qui y ont été opérés.[88]

 

Les électeurs semblent de plus en plus séduits par cette nouvelle communication visant à faire du FN un parti plus fréquentable. Durant les élections européennes, par exemple, pas plus d’un Français sur deux ne s’est montré indigné par le fait que le parti soit arrivé en tête des scrutins. Ainsi, 51% d’entre eux n’ont pas de sentiments négatifs à l’égard de cette victoire. Parmi ces derniers, 27% ont déclaré être satisfaits de cette victoire tandis que 24% se sont déclarés indifférents face à celle-ci. Le pourcentage de mécontents représente 49%.[89]

 

Dans un dossier intitulé « 2007-2011 : le retour du Front National », Jérôme Fourquet, directeur adjoint du département opinion et stratégie d’entreprise de l’Ifop et Damien Philippot, directeur de clientèle au sein du département opinion et stratégie d’entreprise de cet institut de sondage, parlent d’une popularité en forte croissance du FN dans « les segments traditionnellement plus favorables que la moyenne au Front National (comme les catégories  populaires,  les  hommes,  les  personnes  peu  diplômées  ou  encore  les sympathisants  de  droite),  mais  également  une  popularité  en  construction  parmi  d’autres catégories  de  la  population  traditionnellement  plus  rétives  (les  cadres  et  professions libérales, les femmes, les plus jeunes et même les sympathisants de gauche ou d’extrême gauche).[90] »

L’élection de Marine Le Pen à la présidence du FN en 2011 ainsi que la médiatisation de plus en plus accrue du parti ont conduit à ce gain de nouvel électorat. Une enquête Ifop pour le compte de France Soir en mars 2011 montre même que 45% des interviewés, et 50% parmi les proches de l’UMP, voient le FN comme un « parti comme un autre » ; tandis que 59% des Français le voient comme un parti qui traite de sujets et de thématiques qui les préoccupent et 35% comme un parti qui propose des solutions efficaces aux problèmes du pays.[91]

  • L’argument de l’insécurité, de la perte d’emploi et de revenus : des thèmes récurrents pour convaincre

 

Déjà à la création du FN en 1972, Jean-Marie Le Pen a choisi l’insécurité et l’immigration comme thèmes de prédilection, aux côtés de l’islam, du déficit public, de la globalisation, de l’Europe et de l’euro, des riches et des banquiers que ce politicien abhorre particulièrement.[92] (Reynié, 2011). Des années plus tard, sa fille Marine Le Pen reprend le même combat en misant sur l’insécurité et la perte d’emploi et de revenus.

 

Dans ce contexte, elle multiplie ses apparitions à la télévision ou sur Internet afin de dénoncer l’immigration de laquelle découle la misère, le chômage et l’insécurité en France. En termes d’insécurité, elle prône l’arrêt de l’immigration ainsi que l’usage des méthodes classiques recommandées jadis par son père. A cet effet, elle privilégie le retour à la peine de mort ainsi que la mise en application de la tolérance zéro en termes de crimes et de délits. Elle encourage le recours à l’armée au lieu de la police en cas de grandes violences et se dit prête à renvoyer les immigrés dans leur pays d’origine s’ils commettent des crimes ou certains délits ou à leur enlever leur nationalité française, pour ceux qui en possèdent.[93] En termes d’insécurité, l’insécurité culturelle fait également partie des préoccupations du FN, notamment de Marine Le Pen qui pense qu’une partie de la population française souffre d’une détérioration de la cohésion nationale à cause de l’immigration.[94]

 

La perte d’emploi est un autre axe d’intervention privilégié par le Front National. Le Projet Présidentiel de Marine Le Pen en 2011 appelle à faire de l’emploi une priorité nationale pour les détenteurs de la nationalité française : « Les entreprises se verront inciter à prioriser l’emploi, à compétences égales, des personnes ayant la nationalité française[95] »

 

Toutes ces stratégies figurent dans les grandes lignes du programme du FN qui en fait la promotion sur Internet, à la télévision ou dans la presse écrite. Et elles paient car l’insécurité et la perte d’emploi font partie des principales motivations de vote des électeurs du FN, surtout des jeunes, comme le montre le graphique ci-dessous :

Figure 3. Motifs de vote chez les 18-30 ans. Source : http://tempsreel.nouvelobs.com/politique/elections-regionales-2015/20151208.OBS0971/elections-regionales-qui-a-vote-fn.html

L’emploi arrive en tête de ces motivations (18%), suivi de la sécurité (17%) et de l’immigration (15%).

  • La perte du statut social : un puissant outil du FN

Le FN se démarque par les thèmes qu’il traite. Si en 2007, Nicolas Sarkozy et l’UMP ont concurrencé ce parti en privilégiant la sécurité, l’identité nationale et l’immigration, elles restent les thèmes de prédilection du FN, couplés à un sujet qui tient particulièrement à cœur pour Marine Le Pen : la perte du statut social. Les discours prononcés par la présidente du FN convergent tous dans ce sens, à l’instar de celui qu’elle a tenu le 12 mars 2011 à Six-Fours dont voici un extrait : « à l’intérieur du pays, chacun de nous vit ou craint pour ses enfants le déclassement social ; les professionnels ont le même sentiment devant ce qui leur apparaît être la dévalorisation de leur travail ou de leur métier ; chaque Français un temps soit peu lucide perçoit quotidiennement les signes de l’affaissement de notre pays, de notre civilisation et des valeurs dont nous sommes les porteurs.[96] »

La peur du déclassement social est un argument de taille sur lequel Marine Le Pen joue pour gagner l’électorat. Les classes populaires et les petites classes moyennes sont les cibles de son programme. Le FN joue sur les valeurs culturelles afin de faire pencher la balance vers lui. Ces valeurs concernent principalement l’immigration, le multiculturalisme, la sécurité, le rôle des femmes ainsi que l’homosexualité, des sujets qui préoccupent davantage le peuple – surtout les classes populaires et moyennes- que les enjeux socio-économiques liés à la redistribution des richesses ainsi qu’à l’intervention de l’Etat dans l’économie.

Les ouvriers sont les plus conservateurs lorsqu’il s’agit de valeurs culturelles liées à la vie en société. C’est en 1990 que le FN a décidé de se démarquer de la gauche en misant sur ces thèmes, Marine Le Pen n’a fait que les perpétuer et les renforcer. Comme Mayer (2013) l’a précédemment expliqué, ce sont les ouvriers non précaires qui votent pour le FN. L’auteure explique ce choix par le fait que ce sont eux qui ont le plus à perdre en termes de déclassement social. Ils ont plus peur de perdre le peu de statut qu’ils ont contrairement aux plus précaires qui n’en ont pas vraiment. Ces gens craignent d’être « tirés vers le bas ».

Pour illustrer l’importance du déclassement social, Cartier et al. (2008) ont mené une enquête sur les « petits-moyens » résidant en banlieue pavillonnaire. Les résultats prouvent que les foyers résidant dans une commune en voie de périurbanisation peuvent voir d’un mauvais œil l’implantation de familles issues des grands ensembles car elles pourraient tirer le quartier vers le bas et créer un déclassement social.[97]

Le déclassement social est avant tout le fruit du déclin économique qui génère une disparition du tissu social, comme c’est le cas dans l’ancienne ville minière de Hénin-Beaumont, dans le Pas-de-Calais, dans laquelle le FN pourrait triompher lors des prochaines élections municipales. Les mineurs ont déserté cette dernière au profit de l’implantation d’une population précarisée vivant essentiellement de prestations sociales. En outre, les difficultés économiques engendrent un retour à la campagne dans laquelle les Français issus de la classe moyenne s’implantent car leur situation ne leur permet plus de vivre en ville ou en banlieue. Ce sont ces ménages périurbains[98] que le FN cible en particulier dans ses discours de persuasion. Le parti mise sur l’enjeu immobilier que leur implantation à la campagne entraine.

 

Les chiffres le prouvent : une enquête de l’Ifop pour le compte du journal le Monde en février 2012 et portant sur les agglomérations de plus de 200 000 habitants montre une sous-représentation des intentions de vote pour le FN dans les villes et les banlieues dans leur sillage et une surreprésentation de celles-ci dans les endroits situés à 50 km de l’agglomération[99]. La stratégie du FN vise les endroits marginalisés par l’Etat ou ceux souffrant de déclassement social. Delwit (2012) le confirme en soulignant que le FN tente d’élargir « son audience à des classes moyennes en perte de repères, fragilisées et inquiètes de leur déclassement[100] »

L’électorat du FN se situe donc dans les départements et régions limitrophes de l’Ile-de-France (l’Yonne, l’Aisne, l’Eure ou la Picardie) dans lesquels le parti renforce sa présence médiatique par le biais de meetings, de débats télévisés, etc. Ces lieux considérés comme se situant entre la métropole et la campagne sont habités par des gens de la classe moyenne. Le FN se considère comme le porte-parole de ces derniers qui partent de leur demeure pour travailler en ville tout en se sentant exclus de son attraction. Les zones rurales désertées par les services publics tels que la poste ou la gendarmerie et touchées par la crise sont également ciblées par le FN car leurs résidents ressentent un abandon de l’Etat. Habitées par des agriculteurs, des employés de bureau ou des fonctionnaires, elles constituent un terrain nouveau et frais dans lequel le FN puise ses nouveaux électeurs.[101]

  • Une communication ciblée, dédiée à la jeunesse

Outre les catégories moyennes, les jeunes sont également une cible privilégiée par le FN. Le changement d’image et l’embauche de visages plus jeunes au sein du parti, à l’instar de Florian Philippot, visent à les attirer. A ce titre, le FN privilégie la carrure ou l’intelligence de ses recrues à leur expérience politique, le but étant de donner une chance à la jeunesse et à ses idées novatrices. La communication du FN repose sur les médias tels que la télévision, mais surtout sur le digital qui permet d’attirer un maximum de jeunes électeurs. A cet effet, le parti use de thèmes actuels, chers et qui préoccupent particulièrement la jeunesse française afin de la convaincre : l’emploi, l’insécurité et l’immigration.

Et cette stratégie de communication fonctionne car le FN est actuellement un parti adulé par les jeunes français. Durant les élections européennes de 2014, les jeunes de moins de 35 ans ont été particulièrement nombreux à voter pour ce parti (30%) par rapport aux plus de 60 ans (21%) ou à l’ensemble des électeurs ayant voté (25%), rapporte un sondage Ipsos-Steria[102]. Dans ce cadre, 37% des personnes qui n’ont pas le bac ont également voté FN contre 11% de ceux ayant un bac+3. Le FN est le premier parti chez les jeunes de 18-24 ans (35%) qui recherchent surtout du changement en matière de politique. Antimondialistes, ces derniers se sentent proches du FN antisystème. Le schéma suivant montre la sociologie des électorats dans laquelle on peut voir clairement une forte propension de personnes au faible diplôme qui votent pour le FN :

 

 

Figure 4. Sociologie des électorats. Source :

http://www.publicsenat.fr/lcp/politique/regionales-front-national-tete-chez-ouvriers-jeunes-1157186

 

Chapitre 2 : Un parti sur tous les fronts

  1. Stratégie de déplacement (congrès, défilé du 1er mai, universités d’été, déplacements internationaux)

Le FN se démarque des autres partis par des descentes sur terrain. En effet, si les autres partis accentuent leur présence dans les médias et sur internet, le FN joue sur tous les terrains et a compris que pour arriver à être vu comme un parti populaire à part entière, l’important est de se rapprocher du peuple, d’aller à sa rencontre.

Salomé Legrand, une journaliste de France TV Info (en ligne), a analysé la stratégie médiatique du FN à travers sa présidente devenue une véritable personnalité, une « star » qui fait l’image du parti en entier. La présidente du FN use de la stratégie de déplacement pour montrer au peuple et à ses futurs électeurs qu’elle se soucie réellement de leur sort. Ses déplacements sont toujours suivis de séances d’autographes et de dédicaces, de prises de photos, de réceptions de cadeaux ou encore de « bises » avec ses partisans. Ils sont presque surmédiatisés. Elle en fait la promotion de sorte à ce qu’elle soit accueillie en fanfare par ses partisans.

 

La présidente du FN sait à présent jouer avec son image et mise là-dessus pour rendre son parti plus populaire. Elle fait la promotion de son parti ainsi que de sa dédiabolisation par l’intermédiaire de nombreux déplacements dans le cadre des activités du FN.

 

Le congrès du FN constitue un motif de déplacement pour les membres du FN. Ce dernier se réunit tous les 3 ans et voit la participation de centaines de cadres et de militants pour le parti. Ils se réunissent dans le but d’élire le Comité Central et le Président du Mouvement. Il constitue également une réunion de travail durant laquelle les membres du parti conçoivent les plateformes électorales de ce dernier. C’est l’occasion pour ces derniers de se rencontrer, d’échanger et pour le parti de prouver son sérieux et son savoir-faire en matière de politique. Chaque congrès se passe dans une ville différente. En 2007, par exemple, il s’est tenu à Bordeaux les 17 et 18 novembre. Jean-Marie Le Pen a été réélu président du FN durant ce 13è congrès. Le 14è s’est tenu à Tours les 15 et 16 janvier 2011, Marine Le Pen a été élué durant ce congrès. Le dernier en date, c’est-à-dire le 15è, s’est tenu à Lyon les 29 et 30 novembre 2014. Marine Le Pen a été réélue durant ce dernier.[103]

 

Outre le congrès, le défilé du 1er mai constitue également un évènement majeur dans la stratégie de déplacement du FN. Il s’agit d’une coutume instaurée dans les années 80 durant laquelle les membres et militants du parti défilent en l’honneur de Jeanne d’Arc. Chaque année, ces derniers se retrouvent à Paris dans le cadre de ce défilé, et ils viennent du monde entier. Le FN en profite pour affirmer sa dédiabolisation, comme l’a fait Marine Le Pen en 2011. Cependant, cette tradition annuelle a été annulée cette année au profit d’un « grand banquet patriote » toujours en l’honneur de Jeanne d’Arc. Ce dernier consiste en un banquet durant lequel les prises de paroles seront mises en avant, des temps de parole conclus par la présidente du FN. Les raisons du remplacement du défilé traditionnel par ce banquet national sont d’ordre sécuritaire, assure Florian Philippot.

 

L’université d’été est également une autre activité dans le cadre de la stratégie de communication du Front National. Organisée chaque été, la dernière a été effectuée à Marseille en 2015 et a été l’occasion, pour la présidente du FN, de lancer la campagne des élections régionales d’une manière symbolique. Les thèmes de prédilection du parti ont été abordés durant cette université d’été, notamment l’islam et l’immigration.

 

Enfin, les déplacements internationaux complètent les stratégies de communication du FN. Effectués par Marine Le Pen, ils permettent au parti de chercher du soutien à l’international et de s’imposer comme un grand parti qui ne se contente pas seulement d’une présence nationale. Marine Le Pen se déplace à l’étranger depuis son investiture en 2011 au sein du parti : déplacement aux Etats-Unis en 2011, voyage d’une semaine au Canada, notamment au Québec, en mars 2016, déplacement en Outre-Atlantique en 2016, au Royaume-Uni en 2016. Ces déplacements permettent également au parti de gagner un nouvel électorat et de prouver qu’il est ouvert à tous. Néanmoins, ces derniers ne produisent pas toujours les résultats escomptés, la présidente du FN essuyant souvent un refus durant ces derniers.

 

  1. Stratégie médias (temps de parole, interdépendance médias et FN à traitement médiatique)

 

Depuis qu’elle dirige le FN, Marine Le Pen cible les médias dont elle se sert comme atout afin de dédiaboliser son parti et de conquérir de nouveaux électeurs. Ainsi, le parti entier devient dépendant des médias, et les médias se nourrissent de cette dépendance, ce qui crée une interdépendance entre les deux parties. Les membres les plus influents du FN, à savoir sa présidente ainsi que son vice-président chargé de la stratégie et de la communication Florian Philippot, redorent le blason du parti à travers leurs apparitions médiatiques de plus en plus nombreuses. Florian Philippot devient même critiqué pour son omniprésence à la télévision.

 

Marine Le Pen fait la promotion de son parti en s’invitant sur les plateaux des télévisions et dans les rendez-vous politiques et tire profit de la « vue à la télé ». Sa stratégie repose sur la popularité, elle aime faire parler d’elle, et donc de son parti. Les médias constituent sa première cible en termes de stratégie de communication. Elle vise les émissions les plus regardées et les plus importantes afin de s’assurer qu’on la voit à la télévision. Lors d’une interview réalisée par le journal Le Monde, un membre de la direction du FN a confié que « L’essentiel, c’est que les gens voient Marine Le Pen à 19h15 quand ils regardent leur JT régional sur France 3 et que le journal local en parle, Il faut dire que des vedettes politiques françaises qui vont dans des lieux comme ça, il n’y en a pas beaucoup… »

 

Sa stratégie de dédiabolisation repose essentiellement sur les médias. En octobre 2015, elle s’en est servi pour les empêcher de qualifier le FN de parti d’extrême droite, l’image et la perception qu’elle tente à tout prix d’effacer de la tête des électeurs et du monde. Son parti se sert d’elle et de son image afin de parvenir à sa normalisation. Actuellement, Marine Le Pen affiche une certaine réserve envers les médias dans lesquels elle n’apparaît plus autant qu’avant. La relation entre les médias et Marine Le Pen est compliquée, cette dernière les accusant de « caricaturer » régulièrement ses affirmations.

Les réactions des médias face au FN diffèrent également. Le politiste Alexandre Dézé, en s’adressant à Matthieu Ecoiffier du journal Libération en ligne, estime que les médias accordent une attention démesurée à ce parti et qu’ils ont, d’une certaine manière, participé à son succès.[104] Trois médias ont particulièrement été ciblés comme étant responsables du succès du FN lors du premier tour des élections régionales en 2015 : La Voix du Nord, BFMTV et RMC. Arnaud Mercier, professeur à l’Institut Français de Presse (université Panthéon-Assas, s’est adressé au Figaro en décrivant la relation entre le FN et les médias comme étant turbulente, le parti accusant les médias d’être particulièrement durs avec lui et de le maltraiter[105].

Et pourtant, bien que le FN se dise « victime » des médias, il dépend d’eux autant que les médias dépendent de lui. Les actualités sur le FN, surtout en période électorale, permettent aux médias d’augmenter leur taux d’audience. Les personnalités du FN, elles, se servent des médias pour affirmer leur stratégie de dédiabolisation. Nous avons précédemment vu que Florian Philippot et Marine Le Pen sont les représentants du FN les plus présents sur la scène médiatique, que ce soit radiophonique ou télévisuelle.

Ce sont les deux cadres du FN les plus omniprésents dans les médias. Ils donnent, de ce fait, l’impression de toujours voir ce parti sur le devant de la scène médiatique. Leur omniprésence est telle qu’en 2014, ils ont remporté la palme de la plus forte présence dans les matinales, selon le classement du Lab d’Europe 1[106]. Cependant, cette présence s’explique de manière très simple, rapporte l’Express. En effet, les membres du FN ne sont que 5 à répondre aux invitations des journalistes, alors que ceux des Républicains sont 25. Ce petit nombre donne l’illusion d’une apparition répétée et d’une jouissance des médias de ce parti.[107]

Eric Dupin, journaliste et auteur d’ouvrages tels que Voyage en France, Seuil, Paris, 2011, et La Victoire empoisonnée. Et maintenant ?, Seuil, 2012, a étudié le temps de parole des membres du FN dans les médias. Il qualifie Florian Philippot d’habitué aux interviews matinales, ce dernier ayant été quatre fois l’invité des émissions matinales en décembre 2013. Durant ce mois, le Lab d’Europe 1 a recensé 8 passages des personnalités du FN dans les émissions matinales, un chiffre pourtant minime face aux interventions de personnalités de l’UMP (37) ou encore à celles du PS qui sont chiffrées à 66. Parmi les personnalités du FN les plus présentes dans les médias, outre Marine Le Pen et Florian Philippot, on retrouve la députée Marion Maréchal-Le Pen et le vice-président du parti Louis Aliot. A cet effet, ils procèdent à une médiatisation de thématiques sécuritaires[108] (Née, 2012) censées persuader et rassurer leur électorat.

Cependant, bien que les médias s’intéressent au FN et à sa présidente, ils ne procèdent pas à une enquête en profondeur sur le parti[109]. On n’y trouve donc pas de statistiques réelles ni sérieuses sur le mouvement. Pour certains auteurs tels que Machuret (2012), Marine Le Pen, et donc son parti, doit tout aux médias, bien qu’elle s’acharne à être dure envers eux[110]. Pour d’autres, le « nouveau » FN n’est qu’une illusion nourrie et entretenue par les médias qui sont fascinés par ce dernier[111] (Crépon, Dézé et Mayer, 2015)

Le tableau ci-dessous recense le temps d’antenne des partis politiques français en juin 2013, que ce soit à la radio ou à la télévision :

Temps d’antenne
dans les journaux d’information (juin 2013)
Radio

Europe Ecologie – Les Verts (EELV) : 1 h 54
Front de gauche (FG) : 1 h 09
Front national (FN) : 1 h 48
Parti socialiste (PS) : 11 heures
Union pour un mouvement populaire (UMP) : 10 h 27

 

Télévision

 

Chaînes d’information continue :

EELV : 2 h 05
FG : 2 h 52
FN : 6 h 13
PS : 13 h 22
UMP : 24 h 25

Chaînes généralistes :

EELV : 0 h 18
FG : 0 h 16
FN : 0 h 11
PS : 1 h 01
UMP : 1 h 53

 

Tableau 1. Temps d’antenne dans les journaux d’information. Source : CSA, « Relevé du temps d’intervention des personnalités politiques », rubrique « Le pluralisme hors période électorale ».

Ce tableau nous montre que le FN bénéficie d’un temps d’antenne assez important (6 h 13) dans les chaînes d’information continue à la télévision. Celui-ci est moindre dans les chaînes généralistes (0h11).

Le site officiel du FN, quant à lui, livre une liste impressionnante de vidéos et d’apparitions dans les médias du FN dont voici un extrait afin d’illustrer l’importance de la communication par la télévision pour ce parti dans sa stratégie de dédiabolisation et de persuasion :

  • Marine Le Pen est l’invitée de « Bourdin 2012 » sur BFM TV et RMC 25 octobre 2011
  • Marine Le Pen sur BFM-TV 23 mars 2015
  • Marine Le Pen dans « La Matinale » de Canal+ 24 octobre 2011
  • Débat régionales en NPDCP : Marine Le Pen sur Europe 1 et I>Télé28 octobre 2015[112]
  • Florian Philippot sur Radio Classique 6 mai 2016
  • Aurélien Legrand sur France Bleu 107.1 4 mai 2016
  • Gilbert Collard sur LCP 3 mai 2016
  • Florian Philippot sur I>Télé 3 mai 2016

En ce qui concerne le nombre de vidéos provenant des médias, le site en compte 2 462, en plus de 91 conférences de presse, de 371 débats, de 106 discours, de 289 interventions et de 200 reportages (chiffres au 07 mai 2016).[113]

  1. Stratégie digitale (réseaux sociaux, site internet, emailing)

Outre les déplacements et les médias télévisés, le FN assure également une omniprésence sur Internet. Le Rassemblement Bleu Marine, à titre d’exemple, a été lancé sur Internet et dans les réseaux sociaux avant de devenir une association. Le site Internet rassemblementbleumarine.fr a été mis en ligne en mai 2012. La stratégie digitale du Front National repose sur une communication numérique dans laquelle on retrouve l’usage d’un site internet officiel, des réseaux sociaux (dont Facebook et Twitter sont les plus actifs) et d’emailing, ces derniers étant quotidiennement actifs. Le parti s’en sert pour une communication instantanée et permanente avec ses partisans, mais également entre ses différents membres.

 

Rappelons que l’image si controversée du parti a été initiée et nourrie par Jean-Marie Le Pen et ses arguments racistes et polémiques. Actuellement, le FN réalise une stratégie de dédiabolisation afin d’effacer cette image et de devenir plus populaire. Sa stratégie digitale reposant essentiellement sur les réseaux sociaux lui sert à toucher plus d’électorat, surtout les jeunes qu’il veut séduire en étant particulièrement actifs sur ces réseaux sociaux. Il faut dire que plus de 50% des membres de Facebook sont des jeunes (chiffre datant de 2012). Ainsi, le FN a entrepris une importante stratégie digitale par la création d’un secrétariat à la communication numérique en 2012. A ce titre, le parti a créé des comptes Facebook, Twitter, Google+, Youtube, Dailymotion et Flickr. Le parti semble avoir créé une stratégie numérique plus efficace que les autres partis politiques français, comme en témoignent les figures suivantes pour le cas des réseaux sociaux Facebook et Twitter :

 

 

 

Figure 5. Présence des différents partis politiques sur Facebook. Source : http://heking.ekingads.com/datavisu/index.html

 

Figure 6. Le Front National sur les réseaux sociaux. Source : http://heking.ekingads.com/datavisu/index.html

 

 

Figure 7. Présence des différents partis politiques sur Twitter. Source : http://heking.ekingads.com/datavisu/index.html

D’après ces figures, le FN est en tête de liste des partis politiques les plus présents sur Facebook, devant l’UMP, et arrive à la seconde place en termes de présence sur Twitter, derrière l’UMP. Quant au nombre d’abonnés sur la page Facebook du parti, ils sont plus de 200 000, le nombre d’utilisateurs en France étant recensé à 28 millions. Le parti profite d’une présence constante sur les réseaux sociaux, notamment sur Facebook, en mettant en place une stratégie bien ficelée. Un community manager est chargé de poster des articles sur la page Facebook du FN. Les internautes peuvent les commenter sans que ce dernier ne réponde à leur commentaire ou n’intervienne. Les commentaires ne font l’objet d’aucun filtre anti-insultes, ils sont donc entièrement libres. Les publications y sont nombreuses.

 

Aujourd’hui, la page Facebook du FN est une des plus suivies de la classe politique française et comptabilise plus de 940 000 likes. En outre, les membres du FN disposent presque chacun d’un compte Facebook ou d’une page dans laquelle ils sont très actifs. Ils disposent également de sites web, à l’instar de Marine Le Pen (MarineLePen.fr) dont le site web est entièrement consacré à la dédiabolisation de son parti. Celui-ci contient, entre autres, des vignettes vidéo résumant les apparitions médiatiques de la présidente du FN, des communiqués de presse officiels, etc.

 

Ce second chapitre nous montre que le FN a déployé une stratégie de communication basée sur le déplacement, les médias ainsi que les réseaux sociaux afin de se constituer une image plus positive et surtout de séduire un nouvel électorat composé essentiellement de jeunes. Un autre objectif se cache derrière ces stratégies : l’aboutissement de la dédiabolisation du FN. Nous parlerons de cette dédiabolisation dans le dernier chapitre de notre mémoire.

Chapitre 3 : L’ère de la dédiabolisation

L’auteur Alexandre Dézé a longtemps étudié le Front National et est devenu un spécialiste réputé en la matière. Selon Dézé (2015), la dédiabolisation de ce parti est une expression rhétorique politique apparue vers la fin des années 1980 et utilisée par les responsables du FN afin de répondre aux critiques « diabolisantes » concernant ce parti[114], surtout sous le règne de Jean-Marie Le Pen. Ces critiques résultent des propos antisémites, racistes et polémiques proférés par ce dernier.

Contrairement aux idées reçues, la dédiabolisation n’est pas apparue avec le début du règne de Marine Le Pen en 2011 à la tête du FN. Visant à rendre plus respectable et à éloigner le FN de l’extrême droite, cette action a été, selon Dézé (2015), initiée depuis la création du parti en 1972. Rappelons en effet que les créateurs du FN sont des responsables du mouvement nationaliste-révolutionnaire « Ordre nouveau » qui ont eu pour objectif de créer un parti politique légaliste avec l’intention de participer aux élections législatives de 1973.[115] Le mouvement a donc été fondé sur un principe de changement, le parti voulant se détacher de la dénomination d’extrême droite et de sa relation avec l’Ordre nouveau, une organisation néo-fasciste de l’époque. Nous voyons aujourd’hui que les idéaux du parti sous le règne de Marine Le Pen restent les mêmes : s’affranchir de l’extrême droite et s’éloigner de l’image négative associée au parti. Le terme dédiabolisation, lui, a été introduit par Le Monde le 02 septembre 1989 dans un article sur le FN. Le parti a choisi, lors de son université d’été, de dédiaboliser son image. Qu’en est-il de cette dédiabolisation actuellement ?

 

  1. Déception et désespérance politique à banalisation / dédiabolisation du FN

 

  • Les stratégies de dédiabolisation du FN utilisées par Marine Le Pen

 

  • Reprise du projet de Bruno Mégret, numéro 2 du FN dans les années 90

 

Bien qu’elle ne soit pas l’instigatrice proprement dite de la dédiabolisation du Front National, le règne de Marine Le Pen constitue l’ère de la dédiabolisation du parti. En effet, c’est sous sa présidence que toutes les activités et la stratégie de communication du Front National se focalisent presque essentiellement sur cette banalisation ou dédiabolisation. Les stratégies qu’elle met en place ne sont pourtant pas nouvelles.

 

Crépon (2014) les a minutieusement étudiées et a relevé de nombreuses similitudes entre ces dernières et le programme intitulé « 300 mesures pour la renaissance de la France » proposé par Bruno Mégret, ancien numéro 2 du FN, à la veille des législatives de 1993. Selon cet auteur, les différences entre le programme de Mme Le Pen et celui de Mégret sont moindres et reposent essentiellement sur de nouvelles mesures sociales telles que la hausse du salaire minimum. Les deux ont pour idéologie l’identité nationale : vaincre le chômage via la priorité nationale lors de l’embauche, sortir de l’euro et de l’Union Européenne pour renouer avec la croissance ou encore expulser les immigrés afin de vaincre l’insécurité.[116]

 

En outre, d’autres mesures prises par Mégret ont également été reprises par Marine Le Pen. Dans les années 1990, cette personnalité du FN a mis en place une construction du parti « par le bas », le FN s’est donc implanté dans des petites communes de 10 000 à 100 000 habitants. En outre, il a également fait en sorte à ce que de nombreux conseillers et maires soient élus, a conclu des alliances locales avec la droite pour tenter de détruire l’UMP et a essayé de séduire de jeunes énarques ayant suivi une certaine formation universitaires et des hauts fonctionnaires[117]. A l’époque, Mégret n’a pas bénéficié du soutien de Jean-Marie Le Pen qui a vu en lui un rival. Ce qui n’est pas le cas de Marine Le Pen qui a exactement repris les mêmes projets et a été soutenu par l’ancien président du FN.

 

  • Inspiration des stratégies de Fortuyn et Wilders aux Pays-Bas : Défense en faveur de la liberté et de la civilisation occidentale

La stratégie de dédiabolisation utilisée par le FN s’inspire également des stratégies de Fortuyn et Wilders pour les Pays-Bas[118]. Ces derniers ont fait en sorte d’être vus comme les meilleurs défenseurs des libertés et de la civilisation occidentale. Dans ce sens, Marine Le Pen a procédé à une récupération des Lumières, de la Révolution française, de Robespierre et de la République que les fascistes français et Jean-Marie Le Pen ont toujours diabolisé.[119]

Cependant, ces néerlandais ont défendu des causes plus extrêmes qui ne figurent pas encore parmi les convictions de la présidente du FN, à l’instar des droits des homosexuels. Par contre, le FN tolère moyennement l’homosexualité, on le voit par l’intégration d’un certain nombre de conseillers politiques gays dans le parti. Ce fait a conféré à la présidente du FN la réputation de « libérale » en termes de mœurs.

Le FN a également vendu un « féminisme au rabais » aux médias. Ainsi, il se montre d’accord avec le divorce des femmes et avec le fait qu’elles travaillent ou élèvent seules leurs enfants. Il se dit même d’accord avec l’avortement de ces dernières. La défense des droits des femmes a permis à ce parti de gagner un électorat féminin alors qu’il était essentiellement masculin auparavant. Les femmes votant pour le parti sont surtout des femmes occupant des postes mal rémunérés, à temps partiel ou précaires.[120]

  • Le rôle du ciblage ethnique et de la laïcité dans la communication du FN

La stratégie de communication du FN passe également par un ciblage ethnique et une laïcité qui semblent attirer l’électorat. Marine Le Pen idéalise la France et considère qu’elle est envahie par l’Islam et les musulmans. Ce concept a été emprunté à l’extrême droite populiste néerlandaise. Le FN cible dont les musulmans parce qu’ils sont migrants et parce qu’ils pratiquent une religion non occidentale. Cela fait partie de la favorisation de la laïcité, une conception chère à sa présidente. Mais au final, cette laïcité semble abriter une lutte antimusulmane grâce à laquelle le FN gagne de la respectabilité démocratique et républicaine auprès des médias.

 

Marine Le Pen semble jouer sur la haine de l’Islam et des musulmans présente depuis longtemps au sein de la population française. Cependant, cette haine cache un racisme anti-Arabes[121]. (Milquet, 2011) Elle reprend une idéologie d’extrême droite qui vise à combattre et à s’opposer à l’introduction d’une culture différente de la culture traditionnelle française et européenne dans l’Hexagone. Un risque de perte d’identité nationale est véhiculé par cette culture différente étant donné qu’elle apporte une nouvelle religion, un mode de vie et une pensée différents de ceux des Français. Ainsi, le FN déguise sa lutte antimusulmane derrière une laïcité qui, au final, cible surtout l’Islam et non le catholicisme.

  1. Ascension du FN

L’ascension du FN est un sujet de débat et fait l’objet même de nombreuses recherches depuis des années. Rappelons-le, c’est lors des élections européennes de 1984 que le parti a étonné le monde pour la première fois en obtenant 11% des suffrages. Bien qu’il n’ait jamais gouverné au niveau national, ce parti connaît aujourd’hui un succès de plus en plus affirmé. Mayer et Perrineau (1996) ont essayé d’expliquer ce succès en usant de la sociologie électorale, notamment en réalisant des enquêtes quantitatives et qualitatives qui permettent de comprendre pourquoi les électeurs votent FN.

Deux facteurs explicatifs du vote pour le FN ont émergé de ces enquêtes :

  • Les électeurs sont sensibles aux thèmes de prédilection du FN qui sont l’immigration, l’insécurité, le chômage et la baisse du pouvoir d’achat
  • Le FN est un parti contestataire, le vote FN représente donc un « ras-le-bol » contre le pouvoir en place, une soif de changement, une volonté de s’opposer aux élites que le parti considère comme étant incapables et responsables du déclin français.[122]

Perrineau (2003) qualifie l’ascension du FN comme étant un signe de « désenchantement démocratique[123] » L’électorat montre, à travers ce vote, qu’il en a assez de la corruption ou des conflits d’intérêt qui nourrissent la politique actuelle. Il se tourne donc vers un parti antisystème qui lutte justement contre ces faits. Il voit dans le FN le parti qui pourra apporter un véritable changement.

 

Cependant, les électeurs sont passés d’un vote de contestation contre le pouvoir actuel vers un vote d’adhésion. Ces votes d’adhésion sont exprimés par les jeunes qui se sentent plus proches de l’idéologie du FN qui a su s’adapter à l’évolution des sociétés modernes. Le parti se montre plus libéral, moderne et plus tolérant envers les homosexuels et défenseur des femmes, des thèmes chers aux jeunes. Et ce sont ceux nés après 1975 ou 1978 qui votent le plus pour ce parti, des électeurs qui ont connu et vécu l’immigration.[124]

 

En même temps, la montée de ce parti est due à sa stratégie de communication qui consiste à tirer profit des contextes actuels. Le parti formule ses objectifs et établit son programme en fonction de ces contextes. Ainsi, si la crise économique détruit le pays, le FN s’en sert comme outil de persuasion. Les thèmes sont orientés autour de cette dernière, raison pour laquelle certains électeurs considèrent que ce parti propose des solutions aux problèmes réels de la société. Le discours national-populiste est l’outil dont le FN se sert pour séduire ceux qui sont touchés par la crise. Il s’agit, la plupart du temps, de populations marginalisées par la modernisation et la mondialisation. C’est la raison qui conduit les sociologues à considérer le FN comme un parti banalisé qui s’adresse aux plus démunis.

 

  1. Préconisations et limites

Le FN est un parti qui intéresse tant les auteurs que les lecteurs, les sociologues ou les politologues. Ils cherchent tant à analyser ce parti que Dézé (2012) en vient à écrire qu’ « aucun parti en France n’a été autant étudié que le FN ces trente dernières années[125] » (p. 19). Aujourd’hui, ce parti mise sur un changement d’image pour devenir plus humain et moins stigmatisé par l’électorat.

Il se sert essentiellement de la communication politique afin d’y parvenir. La communication est l’instrument de prédilection par lequel il espère parvenir à ses fins. Aujourd’hui, le Front National se trouve sur tous les fronts. Sa communication digitale est chargée : ses différents comptes sur les réseaux sociaux sont actifs en permanence, de même que son site internet, et véhiculent tous la dédiabolisation du parti. D’un autre côté, sa présidente multiplie les déplacements afin d’obtenir le soutien d’autres Etats ou politiques et de se rapprocher de ses électeurs. A côté de cela, les personnalités du FN, à l’instar de Florian Philippot, ne manquent pas les occasions d’apparaître à la télévision pour promouvoir cette dédiabolisation.

De plus en plus de personnes semblent séduites par cette dernière. En janvier 2013, seuls 43% de personnes considèrent le FN comme un danger pour la démocratie, alors qu’ils étaient 70% dans les années 1990 (sondage TNS Sofres). Cependant, la stratégie de normalisation du FN a ses limites et ne touche pas tous les Français. 65% d’entre eux ont une mauvaise opinion de sa présidente tandis que 77% la considèrent d’extrême droite malgré ses communications visant à prouver le contraire, 71% la trouvent agressive, 62% la considèrent comme démagogique et 58% la qualifient de raciste.[126]

Et l’usage de la communication politique peut avoir ses revers. Censée être neutre et impartiale, celle-ci est utilisée par le FN en vue de se dédiaboliser et de véhiculer des thématiques haineuses telles que l’anti-islamisme. On note également un « flirt dangereux » entre le parti et les médias. Ces derniers peuvent le promouvoir le jour d’avant et le pointer du doigt celui d ‘après. Il serait donc imprudent pour ce parti de miser entièrement sur les médias pour sa dédiabolisation.

Conclusion

La communication et la politique sont deux concepts sur lesquels la société se fonde. La politique permet de la régir et se sert de la communication pour y parvenir. Communiquer est logique, naturel et commun à tous les mortels. C’est un acte qui permet la diffusion et l’échange d’informations. Pour pouvoir se démarquer de ses concurrents, un candidat ou un parti politique doit miser sur la stratégie de communication qu’elle mettra en place. A cet effet, elle doit avoir une bonne connaissance de la communication politique, de ses avantages et de ses limites.

Nous avons vu au cours de ce travail que la communication politique représente une scène sur laquelle trois intervenants échangent : le politique, les médias et l’opinion publique. Le politique se sert des médias pour transmettre son idéologie et ses convictions à l’opinion publique. A cet effet, il n’utilise pas la communication politique dans l’unique but d’informer l’opinion publique, mais surtout en vue de la persuader, de la manipuler, de la mobiliser et de l’endoctriner.

Nombreux sont les moyens de communication utilisés à cet effet : le porte-à-porte, les propagandes sur terrain, le recours aux médias traditionnels tels que la radio, la télévision ou la presse écrite, et la présence permanente sur les réseaux sociaux dans le cadre d’une politique 2.0.

La communication politique sert donc aussi à construite l’identité ou l’image d’un parti politique. Dans le cas du Front National, elle contribue à la dédiabolisation de ce parti. Ce dernier a su tirer profit des avantages de la communication politique en vue de normaliser et d’humaniser son image. Pour rappel, celle-ci est controversée et stigmatisée à cause de son ancien président Jean-Marie Le Pen qui est jugé comme étant trop porté sur le racisme et l’antisémitisme.

Dans ce mémoire, nous avons choisi d’étudier en quoi les outils de communication mis en place par le FN permettent de toucher un nouvel électorat et de dédiaboliser son image. Ces outils sont constitués de déplacements, d’usages des médias et des réseaux sociaux. Ces stratégies de communication ont pour objectif de toucher un nouvel électorat : les jeunes. Pour ce faire, elles véhiculent les principes de dédiabolisation du FN qui essaie de se rapprocher des électeurs par tous les moyens en usant de thématiques telles que l’immigration, le chômage et l’insécurité.

Le parti se sert de l’image de sa présidente autour de laquelle une véritable stratégie de communication a été bâtie. Celle-ci se déplace autant en France qu’à l’étranger, apparaît souvent dans les émissions politiques et se montre active sur les réseaux sociaux afin de véhiculer une image plus respectable de son parti. Son vice-président chargé de la stratégie et de la communication Florian Philippot représente le parti dans les médias et s’occupe de déployer la dédiabolisation.

Le FN est un parti qui sait tirer profit des bienfaits de la communication politique afin de rehausser son image. Cependant, il est loin d’y parvenir car si les médias lui permettent d’élargir ses stratégies de dédiabolisation, ils contribuent aussi à sa « diabolisation ». Cela montre que la communication politique a quand même ses limites et que bien que le FN rivalise d’ingéniosité pour qu’elle contribue à sa dédiabolisation, le chemin vers sa normalisation est encore long, les Français étant encore sceptiques face à un changement total de ce parti.

Bibliographie

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[1] Viau E., Gingras, A.-M. (dir.), « La communication politique : état des savoirs, enjeux et perspectives »Communication, Vol. 24/1, 2005, pp. 266-270.

[2] Jacques Gerstlé est professeur au département de science politique de l’Université Paris 1 (Panthéon-Sorbonne), membre du Centre de Recherche Politique de la Sorbonne (Umr-CNRS) et responsable du Diplôme d’Etudes Supérieures Spécialisées en Communication Politique et Sociale.

[3] Gerstlé J., La communication politique. Paris : Armand Colin, 2004.

 

[4] Wolton D., La communication politique : construction d’un modèle, Hermès, La Revue, n°4, 1989, p. 28.

[5] Ibid.

[6] Ibid.

[7] Ibid., p. 30

[8] Ibid., p. 35

[9] Gerstlé J., op. cit.

[10] Wolton D., op. cit. p.34.

[11] http://www.le-politiste.com/2011/11/la-communication-politique.html

[12] Kuzmanovic D., La communication politique, Communication et organisation, 26, 2005, pp. 263-270.

[13] Georis V., La communication politique, Etopia (Centre d’animation et de recherche en écologie politique), 2005, p. 1.

[14] Ibid., p.8

[15] Wolton D., op. cit. p.28

[16] Wolton D., La communication, un enjeu scientifique et politique majeur du 21e siècle, Revue de l’année sociologique, vol. 51, n°2, Paris : Presses Universitaires de France, 2001.

[17] Ibid.

[18] Ollivier-Yaniv C., De l’opposition entre « propagande » et « communication publique » à la définition de la politique du discours : proposition d’une catégorie analytique, Quaderni, n°72, 2010, p. 87-99.

[19] Wolton D., Les contradictions de la communication politique, Hermès, n°17/18, Paris : CNRS, 1995, p.107.

[20] Wolton D., (1989). op. cit. p. 33

[21] Ibid., p. 36

[22] Wolton D., (1995), p. 115

[23] Ibid., p. 114

[24] Ibid., p. 116

[25] http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/parti/58364

[26]http://www.vie-publique.fr/decouverte-institutions/citoyen/participation/parti-politique/qu-est-ce-qu-parti-politique.html

[27] Offerlé M., Les partis politiques, Paris : Presses Universitaires de France, 2012.

[28]http://www.vie-publique.fr/decouverte-institutions/citoyen/participation/parti-politique/qu-est-ce-qu-parti-politique.html

[29] Bourricaud, F., Science politique et sociologie. Réflexions d’un sociologue, Revue française de science politique, 8ᵉ année, n°2, 1958, p. 264.

[30] Ibid., p. 276.

[31] http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/campagne/12543/locution?q=campagne#151684

[32] Makombo M., Programme électoral, dans Binda N. (dir), Marketing et stratégie d’action d’un parti politique, Kinshasa : IFEP, p. 37.

[33]http://www.vie-publique.fr/decouverte-institutions/citoyen/participation/voter/election/comment-deroule-campagne-electorale.html

[34] http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/%C3%A9lecteur_%C3%A9lectrice/28178

[35] Wolton D., op. cit., p. 34

[36] Ibid.

[37]  http://aceproject.org/main/francais/ve/ved04c.htm

[38]Ibid.

[39] https://www.contrepoints.org/2013/12/13/149678-strategie-politique-technique-electorale-porte-a-porte

[40] Ibid.

[41] http://www.le-politiste.com/2011/11/linfluence-des-medias.html

[42] Veyrat-Masson I., Les recherches sur les campagnes électorales à la télévision, Les temps des médias, n° 7, pp. 289-301.

[43] Dumartin S., & Maillard C., Le lectorat de la presse d’information générale, Insee Première, 1999.

[44] Gerstlé J., Presse écrite et comportements politiques : Analyse empirique de l’influence (cours).

[45] Pino M., & Marchand P., Dis-moi quels médias tu préfères, je te dirai comment tu votes, Communication, Vol. 25/2, 2007, pp. 36-78.

 

[46] Chauveau A., L’homme politique et la télévision. L’influence des conseillers en communication», Vingtième Siècle. Revue d’histoire, no 80, 2003, pp. 89-100.

[47] Georis V., La communication politique, Etopia (Centre d’animation et de recherche en écologie politique), 2005, p. 7.

[48] Durandin G., Les mensonges en propagande et en publicité, Paris : Presses Universitaires de France, 1982, p. 13.

[49] Jowett G. S. & O.Donnell V., Propaganda and Persuasion, London : Sage, 1986.

[50] Dacheux E., Action et communication politique : une distinction impossible ? », Communication et organisation, 15, 1999, disponible sur http://communicationorganisation.revues.org/2225

[51] http://olivier-moch.over-blog.net/article-la-communication-politique-108268328.html

[52] Eyries A., & Poirier C., Une communication politique 2.0, Communication, Vol. 32/2, 2013.

[53] Pontoise M., Communication politique et communication électorale sur l’Internet. Master 2 Recherche : Droit de la communication / Communication politique et communication électorale sur l’internet. Université Panthéon Assas Paris II, 2007.

[54] Serfaty V., La persuasion à l’heure d’internet. Quelques aspects de la cyberpropagande, Vingtième Siècle. Revue d’histoire, no 80, 2003, pp. 123-131.

[55] Badau H. M. & Eyriers A., Communication politique et réseaux sociaux : Les élections présidentielles 2014 en Roumanie sous la loupe de Twitter et de Facebook, Communication, technologie et développement, n°2, octobre 2015, p. 98.

[56] Eyriers A. & Poirier C., op. cit.

[57] Eyries A., & Poirier C., Une communication politique 2.0, Communication, Vol. 32/2, 2013.

[58] http://www.lautremedia.com/blog/medias-sociaux/politique-2-0/

[59]Dacheux E., Action et communication politique : une distinction impossible ? », Communication et organisation, 15, 1999, disponible sur http://communicationorganisation.revues.org/2225

[60] Georis  (005), op. cit. p.6

[61] Ollivier-Yaniv C.,  Discours politiques, propagande, communication, manipulation, Mots. Les langages du politique, n° 94, ENS Éditions, 2010, p. 31.

[62] https://www.contrepoints.org/2013/12/13/149678-strategie-politique-technique-electorale-porte-a-porte

[63] Serfaty., V., op. cit

[64] http://www.jeanmarielepen.com/p/biographie.html

[65] Médias et politiques. Entretien avec Jenifer Devresse, Chercheuse au Département des Arts et Sciences de la Communication (Ulg), p. 4.

[66] http://www.frontnational.com/membres/florian-philippot/

[67]http://droites-extremes.blog.lemonde.fr/2011/10/06/fn-qui-fait-vraiment-quoi-dans-la-campagne-2012/

[68]http://www.lefigaro.fr/politique/2012/07/13/01002-20120713ARTFIG00523-l-ascension-fulgurante-de-florian-philippot-au-fn.php

[69] http://lahorde.samizdat.net/2016/01/19/rip-rbm-vie-et-mort-du-rassemblement-bleu-marine/

[70]http://www.lefigaro.fr/vox/politique/2015/02/06/31001-20150206ARTFIG00395-fn-la-strategie-philippot-pour-les-nuls.php

[71] Milquet J., Le phénomène Marine Le Pen et le Front National Vers une mutation démocratique ou une simple stratégie de communication ?, Bruxelles : Centre permanent pour la Citoyenneté et la participation (CPcP), Collection “ Au Quotidien ”, 2011, p. 8.

[72] Ibid., p. 9.

[73] Ibid., p. 10

[74] Boudillon J., Une femme d’extrême droite dans les médias. Le cas de Marine Le Pen, Mots et langages du politique, 2005, pp. 79-89.

[75] Milquet A., op. cit. p. 12.

[76] Jeanneau L., Pourquoi ils votent FN, Alternatives Economiques, n° 332, février 2014.

[77] Reynié D., Le tournant ethno-socialiste du Front National, Etudes, vol. 11, Tome 415, 2011, pp. 463-472.

[78] Camus J.-Y., Le front national français : Entre projet de normalisation démocratique et positionnement anti-système,  Anuari del conflicte social, 2012,  p. 503.

[79] Ibid. p. 502

[80] Delwit P., Le Front National, Les partis politiques en France, 2012, p. 195.

[81] Ibid., p. 11

[82] http://www.pcint.org/03_LP/511/511_seisme-electoral.htm

[83] Guilluy C., La France périphérique, Comment on a sacrifié les classes populaires, Paris : Flammarion, 2014, coll. Champs-Actuel, pp. 90-91

[84] Ibid., p. 87.

[85] Mayer N., Les effets politiques de la crise : le vote des personnes pauvres et précaires en 2012, Informations sociales n° 180, novembre-décembre 2013.

[86] http://tempsreel.nouvelobs.com/politique/elections-regionales-2015/20151208.OBS0971/elections-regionales-qui-a-vote-fn.html

[87] Jeanneau L., Pourquoi ils votent FN, Alternatives Economiques, n° 332, février 2014.

[88] Milquet J., op. cit. p. 32.

[89] http://www.ipsos.fr/decrypter-societe/2014-05-25-europeennes-2014-comprendre-vote-francais

[90] Fourquet J., & Philippot D., 2007-2011 : le retour du Front National, IFOP -Département Opinion et Stratégies d’Entreprise, 2011, p. 5.

[91] Ibid.

[92] Reynié D., Le tournant ethno-socialiste du Front National, Etudes, vol. 11, Tome 415, 2011, pp. 463-472.

[93] Milquet J., op. cit. p.17.

[94] Camus J-Y., op. cit. p. 506.

[95] Delwit P., op. cit. p. 197

[96] Milquet J., op. cit., pp. 24-25.

[97]Cartier M., Coutant I., Masclet O. & Siblot Y., La France des « petits-moyens ». Enquête sur la banlieue pavillonnaire, Paris : La Découverte, 2008.

[98] Guilluy C., Fractures françaises, Bourin, 2010.

[99] http://www.scienceshumaines.com/front-national-les-raisons-d-une-ascension_fr_31658.html

[100] Delwit P. (dir.), Le Front national. Mutations de l’extrême droite française, Bruxelles : Éditions de l’Université de Bruxelles, 2012, p.112.

 

[101] Ibid.

[102] http://www.lefigaro.fr/elections/europeennes-2014/2014/05/26/01053-20140526ARTFIG00014-ces-electeurs-qui-ont-fait-du-front-national-le-premier-parti-de-france.php

 

[103] http://www.frontnational.com/le-congres/

 

[104]http://www.liberation.fr/france/2015/12/11/alexandre-deze-les-medias-accordent-une-attention-demesuree-au-fn_1419687

[105]http://www.lefigaro.fr/vox/medias/2015/10/22/31008-20151022ARTFIG00266-le-fn-et-les-medias-petite-histoire-d-un-couple-turbulent.php

 

[106] Le Lab d’Europe 1 publie chaque mois un palmarès des invités politiques des émissions matinales à la radio et à la télévision. Cette statistique ne prend en compte que les personnalités ayant effectué au moins deux passages au cours du mois : http://lelab.europe1.fr

[107]http://www.lexpress.fr/actualite/politique/elections/montee-du-fn-les-medias-sont-ils-responsables_1743339.html

[108] Née E., L’insécurité en campagne électorale. Paris : Honoré Champion, 2012 (Essais, 18), 258 p.

[109] Crépon S., Enquête au cœur du nouveau Front National. Son état major, son implantation locale, ses militants, sa stratégie. Nouveau Monde Editions, 300 p.

[110] Machuret P., Dans la peau de Marine Le Pen. Paris : Seuil, 2012, Essais (H.C.), 204 p.

[111] Crépon S., Dézé A. & Mayer N., Les faux-semblants du Front national : sociologie d’un parti politique. Paris : Presses de Sciences Po.

[112] http://www.frontnational.com/terme/medias/

[113] http://www.frontnational.com/categorie-videos/medias/

[114] Dézé A ;, La « dédiabolisation ». Une nouvelle stratégie ? dans Crépon S., Dézé A. & Mayer N. Les Faux-semblants du Front National : sociologie d’un parti politique, Presses de Sciences Po, 2015, p. 28.

[115] Ibid., p. 33.

[116] Crépon S., Le Front national a-t-il vraiment changé ? Lettre n° 62, mai 2014.

[117] http://www.mondialisme.org/spip.php?article2080

[118] La Fable de l’illégalité (1998-2007) : sans-papiers, immigration et intégration forcée aux Pays-Bas, Editions Ni patrie ni frontières, 2008, 358 pages.

[119] http://www.mondialisme.org/spip.php?article2080

[120] Jeanneau L., Pourquoi ils votent FN ? op. cit.

[121] Milquet J., op. cit., p.15.

[122] Mayer N. & Perrineau P., Le Front national à découvert. Paris : Presses de Sciences po, 1996, 418 pages.

[123] Perrineau P., Le Désenchantement démocratique. La Tour d’Aigues : Editions de l’Aube, 2003, 311 pages.

[124] http://www.scienceshumaines.com/front-national-les-raisons-d-une-ascension_fr_31658.html

[125] Dézé A., Le Front national : à la conquête du pouvoir ? Paris : Editions Armand Colin, 2012, p. 19.

[126] Jeanneau L., op. cit.

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