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Le Centre EPIDE de Lanrodec : Prise en charge des jeunes volontaires et suggestions pour une amélioration

SOMMAIRE.

 

INTRODUCTION.

 

PARTIE I : La création du centre EPIDE de Lanrodec.

 

Chapitre I : Généralités sur la création des centres EPIDE en France

A] Présentation générale des EPIDES.

1°) Des établissements publics administratifs.

2°) Des établissements de formations

3°) Des établissements à inspiration militaire.

 

B] Les activités des centres EPIDE Français.

1°) Les conditions d’admission dans des centres EPIDE.

2°) Des projets pédagogiques pour les jeunes.

3°) Un dispositif de lutte contre le chômage des jeunes.

 

Chapitre II : Le centre EPIDE de Lanrodec.

A] Les inquiétudes de la population et des élus face à la création d’un centre en Bretagne.

1°) Les conséquences psychosociales des émeutes de 2005.

2°) Le statut social des jeunes à recruter.

 

B] Spécificités du centre EPIDE de Lanrodec.

1°) Un centre EPIDE au sein d’un village très isolé.

2°) Un centre EPIDE qui ne reçoit que des jeunes étrangers à la commune.

 

PARTIE II : LA POPULATION DU CENTRE EPIDE DE LANRODEC.

 

Chapitre I : Les responsables du centre EPIDE de Lanrodec.

A] Les responsables officiels.

1°) Les responsables administratifs.

2°) les collaborateurs.

 

B] Les éducateurs spécialisés.

1°) Leurs contrats de travail.

2°) Leurs expériences professionnelles.

3°) Effectivité de leurs rôles.

 

C] Les autres cadres de contact.

1°) Le corps des enseignants.

2°) Les chargés d’insertion professionnelle.

 

Chapitre II : Les jeunes Epidiens de Lanrodec

A] Leurs caractéristiques sociales.

1°) Sentiment d’exclusion sociale.

2°) Désir d’intégration.

 

B]  Leurs situations professionnelles.

1°) Appartenance à la catégorie de « population active ».

2°) Retard dans la scolarisation.

3°)  Absence de qualification professionnelle.

 

PARTIE III : LES MISSIONS DU CENTRE EPIDE DE LANRODEC.

 

Chapitre I : Accompagnement psychosocial des jeunes recrutés.

A] Conception psychosociale  de l’accompagnement.

1°) Définition psychosociale du terme.

2°) Le métier d’accompagnateur.

 

B]  Méthodologie de l’accompagnement.

1°) La démarche à suivre pour réussir un accompagnement.

2°) Les conséquences d’un accompagnement psychosocial.

 

Chapitre II : Insertion sociale et professionnelle des jeunes recrutés.

A] A propos de l’insertion sociale des jeunes.

1°) Définition du concept.

2°) L’insertion sociale au sein du centre EPIDE de Lanrodec.

 

B]  L’objectif d’insertion professionnelle des jeunes.

1°) Généralités sur le concept.

2°) La politique d’insertion professionnelle du centre EPIDE de Lanrodec.

 

C] Le « concept de la résilience » dans l’insertion sociale et professionnelle.

1°) Définition du terme.

2°)  La résilience pour la pérennité de l’insertion sociale et professionnelle.

 

Chapitre III : La réalité pratique au sein du centre EPIDE de Lanrodec.

A] Les différentes phases de la prise en charge.

1°) La phase probatoire.

2°) La phase d’évolution.

3°) La phase d’insertion.

 

B] Le problème de la démotivation des jeunes.

1°) Le moment de la démotivation.

2°) Les causes de la démotivation.

3°) Les conséquences de la démotivation.

 

PARTIE IV : POUR UNE AMELIORATION DE LA PRISE EN CHARGE AU SEIN DU CENTRE  EPIDE DE LANRODEC.

 

Chapitre I : Un journal basé sur la théorie des moments.

A] La « théorie des moments » selon Rémi Hess.

1°) Divers conceptions du concept.

2°) Evolution historique de ce concept.

 

B] La construction du moment par l’écriture d’un journal.

1°) Les caractéristiques d’un journal des moments.

  1. Un journal écrit au quotidien.
  2. Un journal décrivant l’auteur et ses moments.
  3. Une écriture non exhaustive de l’histoire de l’auteur.

 

2°) Le rôle d’un journal des moments.

  1. Un moyen de préserver l’histoire.
  2. Un moyen de faire une autocritique présent.
  3. Un moyen de prévenir les échecs futurs.

 

Chapitre II : Le « journal des moments » comme une mesure d’accompagnement des jeunes Epidiens de Lanrodec.

A] Le rôle de ce « journal des moments » pour l’auteur même.

1°)  Pour une construction de la personnalité du jeune.

2°) Pour une amélioration de la communication entre le jeune et son accompagnateur.

 

B] La tenue d’un « journal des moments » par les jeunes Epidiens de Lanrodec.

1°) Un journal personnel à chaque jeune.

2°) Une écriture dans le but d’un partage de connaissances et d’expériences.

 

Chapitre III : Vérification de l’hypothèse de la mise en place du « journal des moments ».

A] La méthode utilisée pour la vérification.

1°) Application d’une méthode d’entretien comparative.

2°) Analyse des résultats de l’entretien.

3°) Conclusion.

 

B] Les limites à l’application de cette méthode.

1°) Les problèmes linguistiques.

2°) La différence de caractère des jeunes.

 

CONCLUSION.

 

BIBLIOGRAPHIE.

 

TABLE DES MATIERES.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

INTRODUCTION

 

Le 10 Décembre 1948, au cours de  son Assemblée Générale, l’Organisation des Nations Unies connu sous le sigle « O.N.U. » a adopté la résolution n°217A (III) portant sur la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme ou D.U.D.H. Dans cette déclaration, l’Organisation proclamait qu’il est essentiel que les droits de l’homme soient protégés par un régime de droit spécial pour que l’homme puisse vivre en liberté et développer pleinement son potentiel. A cet égard, elle était convaincue que cette Déclaration Universelle des Droits de l’Homme est un des moyens importants pour favoriser le progrès social et instaurer des meilleures conditions de vies à l’endroit de chaque être humain. Depuis, les droits énoncés dans cette déclaration sont devenus l’idéal commun à atteindre par tous les peuples et toutes les nations du monde. Par cette déclaration, plusieurs droits égaux et inaliénables sont reconnus à tous les membres de chaque famille humaine afin de leur garantir la liberté, la justice et la paix.

Le droit de jouir des droits fondamentaux inclus dans la déclaration et le devoir de les respecter s’étendent à toutes les personnes physiques sans qu’aucune discrimination sur la race, le sexe, l’âge, la religion, l’opinion, la fortune ou toutes autres situations ne puisse être faite[1]. Un des articles de cette déclaration parle du droit de chacun d’avoir un travail décent. En fait, il s’agit de son article 23 qui déclare que : « Toute personne a droit au travail, au libre choix de son travail, à des conditions équitables et satisfaisantes de travail et à la protection contre le chômage …Quiconque travaille a droit à une rémunération équitable et satisfaisante lui assurant ainsi qu’à sa famille une existence conforme à la dignité humaine … et complétée, s’il y a lieu, par tous autres moyens de protection sociale »[2]. Par la suite, le 16 décembre 1996,  une nouvelle résolution  n° 2200 de la même Organisation des Nations Unies est adoptée pour soutenir la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme ; cette résolution est connue sous le nom de « Pacte Relatif aux Droits Economiques, Sociaux et Culturels » ou « P.I.D.E.S.C. » et ce pacte a réaffirmé ce droit de chaque personne humaine à avoir un travail décent. En l’espèce, en son article 6, le pacte dispose que : « Les Etats parties au présent Pacte reconnaissent le droit au travail, qui comprend le droit qu’a toute personne d’obtenir la possibilité de gagner sa vie par un travail librement choisi ou accepté, et prendront des mesures appropriées pour sauvegarder ce droit. Les mesures que chacun des Etats parties au présent Pacte prendra en vue d’assurer le plein exercice de ce droit doivent inclure l’orientation et la formation techniques et professionnelles, l’élaboration de programmes, de politiques et de techniques propres à assurer un développement économique, social et culturel constant et un plein emploi productif dans des conditions qui sauvegardent aux individus la jouissance des libertés politiques et économiques fondamentales ».

En vertu de ces deux articles, l’Organisation Internationale du Travail (O.I.T.), une institution spécialisée de l’Organisation des Nations Unies œuvrant dans la promotion du travail décent à travers le monde, a pris sa part de responsabilité en adoptant une déclaration relative aux principes et droits fondamentaux au travail et son suivi[3]. Cette déclaration a été adopté en vue de concilier deux intérêts complémentaires à savoir stimuler les efforts de tous les gouvernements pour qu’il œuvrent dans l’instauration d’un progrès économique à travers le progrès social et de les inciter à respecter le droit au travail  de chaque personne humaine nonobstant la diversité des situations, des possibilités et des préférences de chaque pays. Cette déclaration de l’O.I.T.  n’est pas un traité international main une convention fondamentale non ratifiée donc, elle s’applique de plein droit dans tous les pays membres de l’O.I.T. sans aucun besoin de ratification spéciale de la part de ces derniers. En d’autres termes, en adoptant cette déclaration, l’O.I.T. impose à tous les pays membres une obligation de prendre des mesures gouvernementales destinées à assurer que tous les citoyens desdits pays ont des moyens d’obtenir un travail libre et conforme à sa situation personnelle mais qui leurs assurent une survie convenable. Avec cette déclaration, l’Organisation Internationale du Travail, à travers le Bureau International du Travail ou B.I.T., son représentant dans chaque pays membre, aide ces pays en mobilisant des ressources aussi bien techniques que budgétaires afin de les aider à mettre en œuvre et à respecter ce droit fondamental. La déclaration contient aussi des mécanismes de suivis et de contrôles mise à la disposition de l’Organisation pour vérifier l’implication de chaque pays dans la mise en œuvre de ce droit au travail. En effet, chaque pays a l’obligation d’envoyer au Bureau International du Travail, une fois par an, un rapport sur les modifications de la législation et les pratiques entreprises par lui pour le travail décent de tous les citoyens[4]. Mais en plus, tous les quatre ans, un rapport global doit être envoyé par tous ces Etats membres au Conseil d’Administration de l’Organisation Internationale du Travail pour rendre compte de l’évolution de l’application des normes et mesures adoptées en la matière[5]. Ainsi, avec cette déclaration, l’Organisation Internationale du Travail relève le défi que lui a lancé l’Organisation des Nations Unies qui, rappelons-nous, est celle d’assurer la promotion d’un travail décent pour toute la population à travers les gouvernements du monde.

En particulier, L’Etat Français, membre à part entière de cette Organisation Internationale du Travail  et conscient de l’importance de cette déclaration et de la situation dans laquelle elle se trouve, a décidé de prendre quelques mesures législatives et pratiques pour se conformer à cette déclaration. Parmi ces mesures, on distingue l’ordonnance du 05 Août 2005 tendant à la création de plusieurs « Etablissement Public d’Insertion de la Défense » ou EPIDE[6] au sein des communes Françaises. Comme son nom l’indique, il s’agit d’une création d’établissement qui puise sa source de l’administration publique Française. En fait, les établissements ont été créés suite à l’initiative de trois ministères du gouvernement français à savoir : le ministère de l’Emploi, le ministère de la Ville et le ministère de la Défense ; ils sont donc sous la tutelle de ces trois ministères. Du coté financement, ces établissements subsistent grâce au soutien du ministère de l’Emploi, du ministère de la Ville et du Fonds Social Européen[7]. Les EPIDE se caractérisent des autres établissements publics par sa mission. En fait, ils œuvrent pour l’insertion à la fois sociale et professionnelle des jeunes adultes français âgés entre dix-huit et vingt-cinq ans qui se trouvent confronter à des problèmes sociaux et/ou économiques et qui sont par conséquent en difficulté devant le marché complexe du monde du travail français. Mais la plus grande particularité est que les EPIDE ne reçoivent que des jeunes qui viennent de leurs propres grés et que ces derniers seront formés au moyen d’un régime plus ou moins militaires. Dans les EPIDE, des projets éducatifs globaux sont adoptés mais chaque jeune admis aura la possibilité de définir son propre projet de réinsertion au fur et à mesure de son application effective mais surtout en fonction de sa situation sociale et scolaire. Actuellement, les jeunes Epidiens sont des jeunes généralement classés dans la catégorie des « marginaux » ou du moins des jeunes en risque de désocialisation dans divers domaines de sa vie. Ensuite, l’adoption de l’ordonnance sur les EPIDE a donné naissance à plusieurs centres EPIDE dispersés dans plusieurs communes de la république française. Actuellement, on compte 19 centres EPIDE Français qui prend en charge des jeunes Français pendant une période minimum de huit mois et une durée maximum de vingt-quatre mois en fonction des besoins et de la situation du jeune à insérer. Pendant son séjour à l’EPIDE, le jeune volontaire vivra en internat au sein du centre et ne pourra sortir que chaque week-end[8].

Le présent document s’intéressera en particulier d’un centre EPIDE français situé dans la région Bretagne, plus précisément dans le village de Lanrodec. Ce centre EPIDE de Lanrodec présente quelques situations particulières surtout en ce qui concerne une phase de la prise en charge des jeunes. En l’espèce, en tant qu’éducateur spécialisé au sein de ce centre, j’ai le regret de constater un grand problème au cours de la réinsertion des jeunes volontaires notamment pendant la fin de la phase d’évolution et au début de la phase d’insertion. Il s’agit de la démotivation d’une grande majorité de ces jeunes volontaires à ce moment précis de sa formation. Cette démotivation se traduit plus exactement par une remise en question des jeunes sur leurs présences au centre et sur la possibilité d’accomplissement de son projet professionnel personnel et l’impression de n’avoir rien appris. C’est avec la problématique des raisons de cette démotivation que j’ai pu réaliser mon mémoire de master I l’année dernière. Actuellement, le présent document visant à soutenir mon projet de mémoire de master II est un travail de recherche ayant pour but de comprendre et de proposer une solution adéquate pour résoudre ce problème ou du moins restreindre le nombre de jeunes démotivés au cours de cette phase d’insertion afin que le centre EPIDE de Lanrodec puisse améliorer la prise en charge de ces jeunes adultes. Mais il s’agissait pour moi de faire des recherches non pas du coté des jeunes volontaires mais du coté de leurs prises en charges par les éducateurs spécialisés ou des cadres de contacts. Le présent travail sera donc sous-tendu par la motivation et la question sous-jacente suivante : Quel(s) accompagnement(s) l’éducateur peut-il proposer aux jeunes, lors la phase correspondant à l’insertion sociale et professionnelle durant leur séjour à l’EPIDE de Lanrodec?  Ainsi, ce présent document aura pour objet de mettre en évidence les points saillants qui mériteront d’être évoqués sur les méthodes et les moyens de prise en charge des jeunes du centre EPIDE de Lanrodec. A cet effet, quatre grandes parties vont se succéder :

La première partie rendra compte de la création du centre EPIDE de Lanrodec. Une description des généralités sur la création des centres EPIDE Français s’avère d’abord nécessaire  avant de parler du centre EPIDE de Lanrodec proprement dite.

Une deuxième partie sera par la suite consacrée à la mise en exergue de la population habitant au centre EPIDE de Lanrodec. Cette partie passera en revue les responsables de ce centre EPIDE de Lanrodec avant d’exposer tout ce qui concerne les jeunes Epidiens recrutés dans ce centre.

Ensuite, une troisième partie retiendra notre attention sur les missions du centre EPIDE de Lanrodec. Alors, un premier chapitre parlera de l’accompagnement psychosocial des jeunes recrutés. Puis, un second chapitre analysera l’insertion sociale et professionnelle de ces jeunes recrutés. Enfin, un dernier chapitre survolera la réalité pratique au sein de ce centre EPIDE de Lanrodec.

Et pour terminer, une quatrième et dernière partie sera réservée à la présentation de quelques suggestions pour une amélioration de la prise en charge au sein de l’EPIDE de Lanrodec. Dans cette partie, on proposera dans un premier chapitre la mise en place d’un journal basé sur la théorie des moments. Ce sera un journal des moments conçu spécialement pour être une mesure d’accompagnement des jeunes Epidiens de Lanrodec (Chapitre 2). Mais il y aura aussi un troisième chapitre consacré à la vérification de l’efficacité de cette suggestion.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

PARTIE I :

 

 

LA CREATION DU CENTRE EPIDE DE LANRODEC.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Généralement, la présente partie parlera des Etablissements Publics d’Insertion de la défense ou EPIDE mais plus particulièrement, le centre EPIDE de Lanrodec sera plus détaillé.

 

CHAPITRE I : GENERALITES SUR LA CREATION DES CENTRES EPIDE EN           France.

Les EPIDE ou Etablissement Public d’Insertion de la Défense sont des centres Français éparpillés dans toute la république française dans le cadre d’une insertion efficace des jeunes français qui présentent des risques de marginalisation. Du point de vue nature juridique : ce sont des établissements publics administratifs, tendant à la formation des jeunes civils suivant une inspiration militaire. Des conditions préalablement définies s’imposent pour qu’un jeune puisse y être admis et il y aura des projets pédagogiques adaptés à chaque jeune car les centres sont créés pour être un des dispositifs de lutte contre le chômage des jeunes en France.

            A] Présentation générale des EPIDES.

            Un zoom sur la nature juridique des Etablissements Publics d’Insertion de la Défense sera détaillé dans cette partie : c’est un établissement public administratif chargé de la formation des jeunes ayant des problèmes sociaux et professionnels selon une méthode militaire.

1°) Des établissements publics administratifs.

Pour la république française, l’article 34 de sa constitution autorise la création d’un nouvel établissement public par une loi ou des décrets pris par des organismes limitativement énumérés par ce même texte. Trois conditions doivent être cumulées pour qu’un  établissement puisse être un établissement public :

Premièrement, un établissement public doit  avoir une personnalité morale de droit public c’est-à-dire qu’il peut exercer les mêmes droits que la puissance publique. Il peut par exemple être propriétaire de certains biens appartenant au domaine public de l’Etat ; il a aussi le droit de faire une expropriation ; il est dès l’origine titulaire du droit d’exercer des pouvoirs de police administrative[9] et il peut aussi profiter du privilège du préalable[10].

Deuxièmement, il dépend du budget de l’Etat en matière de financement de ces travaux. En principe, chaque établissement public français a  une administration centrale qui la contrôle et qui l’alimente budgétairement. Cependant, les établissements publics français dispose d’une certaine indépendance des cotés administratif et financier dans l’accomplissement de sa mission. Souvent, l’administration des établissements publics est confiée à deux organes complémentaires : un conseil d’administration qui a le pouvoir de fixer les conditions générales de fonctionnement et une autre personne chargée de l’administration de l’établissement au quotidien. Cette personne sera soit un Président du Conseil d’administration soit un Directeur Général qui ne fait pas partie du conseil d’administration. Mais tous les établissements publics français ont une autre personne publique chargée de la contrôler en matière d’exécution de sa mission et d’affectation du budget.

Et troisièmement, il a comme mission de servir un ou des intérêts généraux mais en vertu du principe de spécialité, à chaque établissement public français est affecté un ou des services d’intérêts généraux limitativement définis par les textes de lois qui l’ont créé. En d’autres termes, le domaine d’intervention et de compétence des établissements publics français est strictement limité par la loi. Ainsi, tout établissement public doit obligatoirement avoir un statut qui détermine clairement ses fonctions et les modalités de son fonctionnement et ce statut doit être conforme au droit positif[11]. De ce fait, un établissement public peut être dissout lorsque son activité d’intérêt général n’a plus lieu d’être exercée.

En France comme dans tant d’autres pays, il y a deux types d’établissements publics à savoir les « établissements publics administratifs » ou E.P.A. et les « établissements publics industriels et commerciaux » ou E.P.I.C. sauf pour quelques exceptions où un établissement public exerce à la fois une mission de service public à caractère administratif et une activité de service public à caractère industriel et commercial. Le tableau suivant nous démontrera la distinction qui peut survenir entre ces deux types d’établissement public :

 

  E.P.A. E.P.I.C.
PERSONNEL – Ce sont des agents publics de l’Etat comme des fonctionnaires ou des agents contractuels de la fonction publique. – Ce sont des agents engagés sous des contrats de travail de droit privé ou dans des rares cas, des fonctionnaires en détachement de sa fonction.
MISSION – Activités de tutelle ou d’action sociale dans le but de servir l’intérêt général. – Production et commercialisation de produits et de services destiné à servir l’intérêt général.
GESTION  ET

COMPTABILITE

– Elaboration d’un budget de gestion suivant les règles de la comptabilité publique.

– Tenu d’un compte suivant la méthode administrative.

– Elaboration du budget de fonctionnement suivant les règles de la comptabilité privée.

–  Utilisation d’un compte de résultat pour les états prévisionnels des recettes et des dépenses.

PASSATION DE MARCHE – Le code des marchés publics français s’applique pour le choix des contractants. – Le principe est le libre choix des contractants.
RESSOURCES – Financé par les organismes publics qui l’ont créé et qui en sont les tutelles. – Redevances payées par les usagers du service public.
CONFLITS – Relève de la compétence de la juridiction administrative. – relève de la compétence de la juridiction privée.

 

Mais en pratique, des exceptions peuvent être admis dans certains établissements publics comme le cas de certains EPIC qui utilisent des fonctionnaires pour la direction de l’établissement ou certains EPA qui tiennent des comptabilités suivant la règle comptable des entreprises privés (en ayant des états prévisionnels de recettes et de dépenses).

Alors, par définition, un établissement public administratif est une personne mor   ale de droit public ayant une certaine autonomie administrative et financière vis-à-vis de son organisme de tutelle dans le but d’accomplir une mission servant un intérêt général ni industrielle ni commerciale. C’est le cas des Etablissements Publics d’Insertion de la Défense qui obéissent aux  conditions générales posées par la loi française pour ces types d’établissement public. Ainsi, les EPIDE ont une personnalité morale bien distincte, ils ont des budgets autonomes sous la tutelle de trois ministères qui ont conjointement contribué à leurs créations et bénéficient des divers privilèges appartenant à la puissance publique française et ils ont enfin une mission d’intérêt général bien distinct qui est d’assurer l’insertion sociale et professionnelle des jeunes volontaires ayant des difficultés sociales  suivant un projet éducatif global. Actuellement, il existe dans tout le territoire de la république française dix-neuf centres EPIDE créé et géré par l’ordonnance de création de l’EPIDE. En moyenne, ces centres accueillent près de trois mille volontaires chaque année.

 

2°) Des établissements de formations.

En conclusion de ce qui a été invoqué ci-dessus, les centres EPIDE de France bénéficient effectivement du statut juridique des Etablissements Publics d’Insertion de la Défense car les trois critères jurisprudentiels d’admission de cette classification y sont remplis. Rappelons-nous que ces trois critères sont l’acquisition d’une personnalité juridique bien distincte, l’octroi d’un budget et d’un pouvoir d’administration autonomes mais contrôlés et l’affectation à une mission d’intérêt général (autre qu’industriel et commercial) spécifique et bien définie.

C’est pour ce dernier critère que nous allons consacrer cette partie. En l’espèce, les EPIDE ont été créé par l’ordonnance du 05 Août 2005 pour un objectif très précis qui est celle de prendre en charge des jeunes entrant dans la catégorie des adultes avec des problèmes sociaux et/ou professionnels et de les insérer dans ce monde en les aidant à acquérir les connaissances, les diplômes et les compétences nécessaires pour ce faire. Plus précisément, l’ordonnance parle de réinsertion sociale et professionnelle des jeunes adultes par le biais de formations professionnelles et d’accompagnements sociaux adéquats. Ainsi donc, les centres EPIDE Français sont des centres de formations chargées de la formation d’une tranche d’âge bien distincte. C’est effectivement une mission d’intérêt général puisque la formation vise le plus grand nombre de jeunes possible à travers toute la république française et aucune discrimination n’est faite dans la mesure où tous les jeunes qui remplissent les conditions préalablement posées par l’ordonnance peuvent se porter candidat pour être recruter.

Depuis sa promulgation, l’ordonnance créant les EPIDE se concrétisaient par le biais de la création de plusieurs centres de formations qui organisent dans leurs locaux des programmes pédagogiques spécifiques adaptés aux jeunes qui y sont recrutés. En fait, ces établissements sont connus par la population française comme des centres chargés d’aider des jeunes en difficultés sous une méthode de « défense deuxième chance » : défense parce que la formation se fait suivant un régime d’inspiration militaire et deuxième chance puisque les centres accueillent des jeunes qui se trouvent dans des cercles vicieux de problèmes sociaux et auxquels on donne l’opportunité de se relever. En reprenant les termes de l’ordonnance de 2005, il s’agit « d’assurer l’insertion sociale et professionnelle de jeunes en difficulté scolaire, sans qualification professionnelle ni emploi, en risque de marginalisation et volontaires au terme d’un projet éducatif global, la formation dispensée contribuant à une insertion durable »[12].

Il faut maintenant noter qu’à l’EPIDE, la formation n’est pas seulement professionnelle, il y a aussi dans ces centres des formations sociales et des formations pédagogiques. Il s’agit de trois types de formations complémentaires qui contribuent fortement à la construction de la personnalité de chaque jeune pris en charge dans l’optique de leur fournir une formation sûre pour un avenir meilleur et surtout pour que les réussites acquises par les jeunes en sortant des centres EPIDE durent tout au long de leurs vies sociales et professionnelles.

A priori, parlons de la formation pédagogique puisqu’il s’agit pour le projet EPIDE de prendre en charge des jeunes adultes présentant des retards du coté de leur scolarisation. En quelques sortes, les centres EPIDE s’occupent d’une remise à niveau scolaire de ces jeunes pour qu’ils puissent correctement préparer leur avenir professionnel. Au cours de son parcours au sein des centres EPIDE, les jeunes peuvent passer des examens officiels ( généralement le CFG) pour décrocher des diplômes conformes aux diplômes de la république française même si le décrochage de ces diplômes se fait parfois avec un retard plus ou moins grand dans le temps à cause des problèmes des jeunes Epidiens. Mais cette formation pédagogique est cependant adaptée aux besoins de chaque Epidien selon son choix professionnel et sa situation personnelle.

Secundo, dans les centres EPIDE, il y a aussi des formations sociales et plus précisément des formations dites comportementales des jeunes recrutés. En l’espèce, on y dispense des formations concernant les formules générales de politesse de la vie active comme la ponctualité, la régularité par rapport aux autres et par rapport à la loi, le respect de soi et des autres, …Mais il y a aussi des formations d’instructions civiques dans le but de préparer des jeunes adultes à la fois responsable de sa vie et de sa future famille mais aussi et surtout des jeunes adultes bons citoyens de la république française. Cette formation contient des initiations et des approfondissements sur les droits et les devoirs des bons citoyens, les préventions pour la sécurité routière, la formation pour les premiers secours. Il y a même de la formation auto-école pour que les jeunes préparent l’acquisition de leur permis de conduire en étudiant la code de la route et la pratique de la conduite des automobiles. Et il faut noter que ce cours pour le permis de conduire et l’acquisition de ce permis est en partie financée par les centres EPIDE par le biais du financement du projet EPIDE moyennant une participation de la part du jeune de la somme de 150 euros.

Tertio, il y a aussi une formation professionnelle des jeunes recrutés. En fait, l’objectif final de la formation au sein des centres EPIDE est de réinsérer les jeunes dans la société dans les meilleures conditions possibles. Pour la formation professionnelle, les centres EPIDE définissent pour chaque jeune un projet professionnel personnel adéquat et conforme à la situation sociale, aux connaissances et aux expériences pratiques de chaque jeune. De ce fait, les centres EPIDE organisent aussi des stages professionnels pour chaque recruté afin qu’il puisse se familiariser avec le monde professionnel qu’il a choisi. Le but de cette formation professionnelle étant de favoriser et d’encourager les jeunes dans leur entrée dans la vie professionnelle dans les secteurs qui les intéressent. A travers cette formation, la pratique professionnelle commence au sein même du centre car les jeunes doivent participer activement aux activités de la vie quotidienne du centre qui l’accueille selon sa compétence et son projet professionnel choisi. En plus, au sein du centre EPIDE, les jeunes sont orientés vers une formation professionnelle respectant une hiérarchie d’autorité c’est-à-dire qu’on les enseigne à respecter leur supérieur hiérarchique. A la fin de la formation professionnelle, le jeune recruté doit pouvoir être en mesure de trouver un emploi conforme à sa situation et assez stable pour assurer son avenir ; mais il peut aussi bien continuer à apprendre dans des centres de formations professionnelles classiques pour puiser les ressources suffisantes pour une forte stabilité pour son avenir professionnelle et sociale. Pour cette dernière catégorie de jeune, son passage au sein d’un centre EPIDE n’était alors qu’une période de préformation professionnelle et de réinsertion sociale.

Pour conclure, les centres EPIDE offrent aux jeunes qu’ils recrutent de formations comprenant trois modules de formations à savoir une formation pédagogique de remise à niveau scolaire ; une formation sociale tendant à la réinsertion sociale du jeune ; et une formation professionnelle dans l’optique de le préparer pour le monde professionnel qui lui assurera un meilleur avenir. Mais cette formation professionnelle pourra aboutir à une préformation professionnelle du jeune qui poursuivra la préparation de son entrée dans la vie professionnelle dans un autre centre classique avec tous les autres jeunes qui n’ont pas eu de problèmes sociales ni professionnelles.

 

 

 

3°) Des établissements à inspiration militaire.

Enfin, pour parler de la nature juridique des Etablissements Publics d’Insertion de la Défense, on ne peut pas se passer de dire que ce sont des centres de formation qui agit avec un régime à inspiration militaire. Ce qui fait l’originalité des centres EPIDE est en effet ce régime militaire qui anime tout le processus de formation durant toutes les phases de ce type de formation. Ce régime militaire consiste à combiner les atouts d’un régime en internat, un régime très strict de respect des règlements intérieurs et un régime de conception individuelle et personnelle de la formation[13].

En effet, les jeunes Epidiens qui sont recrutés pour suivre des formations au sein des centres EPIDE sont des jeunes qui doivent y vivre en interne. Ce régime présente vraiment des atouts pour ces jeunes qui présentent en quelques sortes des problèmes de ruptures avec leurs sociétés d’origines. En moyenne, le séjour d’un jeune au sein d’un centre EPIDE dure dix mois (allant d’un minimum de huit mois jusqu’à un maximum de deux années). Pendant cette durée qui varie en fonction de la situation personnelle et de la capacité d’adaptation de chaque jeune, les jeunes doivent vivre en interne au sein du centre qui l’accueille et ne pourra sortir que chaque vendredi soir ou samedi matin pour y revenir soit le dimanche soir soit au plus tard le lundi matin.

Mais ce qui est original au sein des centres EPIDE est qu’une très grande partie est laissée à la discipline sportive tout au long de la formation Epidienne dans la mesure où la pratique régulière de cette discipline est obligatoire pour tous les jeunes recrutés. Cette règlementation est efficace pour ces jeunes qui, rappelons-nous sont des  jeunes civils, dans la mesure où elle permet d’améliorer la forme physique, l’esprit d’équipe et le développement de l’homogénéité sociale au sein du centre, et de réveiller les capacités intellectuelles endormies chez ces jeunes. La pratique du sport oblige aussi les jeunes à adopter une règle de vie positive dans leur vie en société tels les réveils matinaux, la ponctualité, la galanterie, …

D’autres parts, ce régime à inspiration militaire vient principalement de la contribution du ministère de la défense française dans ce projet d’installation des centres EPIDE à travers toute la république française. En effet, les Etablissements Publics d’Insertion de la Défense sont des établissements publics administratifs créés sous la tutelle de trois ministères clés de l’administration française et entre autres le ministère de la défense française. La contribution de ce ministère faisait de ces centres EPIDE un dispositif original et efficace d’insertion des jeunes en risque de marginalisation. En fait, vue la situation sociale de ces jeunes ciblés par les centres EPIDE, une rigueur est demandée pour la réussite de leur réinsertion sociale et professionnelle. Le régime militaire est le régime le plus adapté à cette situation et nombreux sont les anciens militaires en âge de retraites qui s’impliquent dans ces centres pour octroyer des formations rigoureuse aux jeunes recrutés pour la pérennité de leur réinsertion. En plus, le ministère de la défense française, hormis son rôle de tutelle au sein des établissements  Publics d’Insertion de la Défense, est l’un des organes de financement actif qui aide les jeunes dans la réussite de leur formation et de leur préparation de divers diplômes scolaires et certificats professionnels en matière de ressources financières. Mais de la forme la plus originale, ce ministère a également apporté son soutien aux centres EPIDE avec des cessions d’entreprises au profit de l’EPIDE[14]. Ces cessions se concrétisaient par l’installation de quelques centres EPIDE, par l’emprunt des sommes nécessaires à la bonne marche de ces centres,…En fait, seul dix pour cent des cessions d’entreprises au profit des centres EPIDE ne concernaient pas le ministère de la défense en 2008[15]. Pour démontrer l’importance de l’implication du ministère de la défense française dans la création et l’implantation des centres EPIDE, ce ministère a contribué dans des apports immobiliers au sein des centres EPIDE avec un budget total de près de cinquante-six millions d’euros pour une durée de deux années (2006 et 2007)[16] sana compter ces apports mobiliers qui s’élèvent à cinq cent quarante-sept millions d’euros pour la même durée[17].

Pour la réussite de la formation suivant un régime militaire, le ministère de la défense met aussi à la disposition des centres EPIDE des matériels nécessaires pour que les jeunes puissent participer aux activités militaires françaises comme la célébration des journées de commémorations militaires ; mais aussi pour que les jeunes puissent se déplacer pour les nécessités de leurs formations.

En bref, dès l’origine, les Etablissements Publics d’Insertion de la défense ont été créés pour prendre en main et réorganiser l’avenir social et professionnel de quelques jeunes adultes français en risque de marginalisation. Vu cette situation particulière de ces jeunes, un régime d’inspiration militaire en internat a été instauré pour assurer la réussite de leur prise en charge et le ministère de la défense française qui se sentait responsable de cette formation est actuellement un grand investigateur du projet en ce qui concerne les locaux. En l’espèce, ce ministère a mis à la disposition des centres EPIDE des bâtiments publics adéquats pour servir de locaux afin de les aider à mieux fonctionner dans la mesure du possible.

 

            B] Les activités des centres EPIDE Français.

L’ordonnance du 05 Août 2005 est le fondement juridique de la création des centres EPIDE. Cette ordonnance a prévu des conditions obligatoires pour l’acceptation d’un jeune dans un des centres. Définitivement admis, les jeunes suivront des projets pédagogiques adaptés à leurs cas pour atteindre l’objectif d’avoir un travail décent et lutter activement contre le chômage.

                        1°) Les conditions d’admission dans des centres EPIDE.

Depuis l’ordonnance de 2005, les vingt centres EPIDE éparpillés dans tout le territoire de la république française recrutent des jeunes adultes pour des formations objectivant un meilleur avenir social et professionnel des jeunes. Il s’agit d’un programme du gouvernement français destiné et ciblant un public très spécial. Les conditions pour être admises dans un centre EPIDE sont diverses et vont faire l’objet de notre étude au sein de la présente sous-partie.

En premier lieu, le programme est conçu pour une tranche d’âge bien défini à savoir des jeunes âgés entre dix-huit et vingt-cinq ans révolus. L’ordonnance a opté pour cette tranche d’âge parce que c’est au cours de celle-ci que les jeunes doivent sortir de l’adolescence et de la période scolaire pour passer vers l’âge adulte et l’entrée dans la vie professionnelle. Dans une classification internationale[18], à partir de l’âge de dix-huit ans, une personne entre dans la catégorie de population active et doit en conséquence commencer à avoir une source de revenue, une profession sérieuse destinée à lui assurer une survie et une prise en charge de sa famille. Du moins, vers l’âge de dix-huit ans, un bon citoyen doit avoir un projet professionnel ou étudié dans un centre professionnel spécialisé pour la préparation de son avenir professionnel.

Ensuite, les jeunes qui peuvent postuler pour un centre EPIDE doivent présenter un caractère de retard dans la scolarisation et une particularité de n’avoir aucune qualification professionnelle ni aucun emploi. Sont alors exclus de la possibilité de faire partie des jeunes Epidiens les jeunes qui suivent des parcours pédagogiques normaux selon le programme scolaire définit par le ministère de l’éducation française ; les jeunes qui ont des parcours professionnels déjà tracés ; les jeunes qui ont une quelconque qualification professionnelle notamment des diplômes, certificats ou attestations qui peuvent les octroyer un emploi ; les jeunes inclus dans la tranche d’âge mais qui ont déjà un emploi aussi instable que cet emploi soit-il.

Aussi, les centres EPIDE sont ouverts aux jeunes des deux sexes sur un principe de volontariat c’est-à-dire que ces jeunes doivent postuler pour les centres EPIDE avec leurs propres volontés sans aucune intervention de contrainte de la part de qui que ce soit ou de quoi que ce soit. Réellement, ils doivent éprouver le désir d’appartenir à un centre EPIDE mais avant ce sentiment, il doit avoir le sentiment de désirer sortir de son cercle d’échecs pour venir au centre EPIDE afin de prendre en charge son avenir avec une volonté de réorganiser sa vie tant social que professionnel. Un jeune postulant pour un poste au sein d’un centre EPIDE doit être prêt à vivre et à respecter les conditions et règlements intérieurs qui sont très strictes et rigoureux au sein de ce centre. Il doit accepter de vivre en internat et de collaborer avec les formateurs et ses collègues du centre pour la bonne marche et une bonne harmonie à l’intérieur du centre qu’il a choisi et qui accepte de le recueillir. Parmi ces règles s’inscrivent par exemple le port des tenues obligatoires selon chaque moment et chaque discipline de la formation. Ce port de tenue s’inscrit par exemple dans deux objectifs à savoir le respect des règles sociales et l’élimination de toutes formes de discriminations qui pourrait s’immiscer dans la vie en internat au sein du centre.

Exceptionnellement, une loi n° 2011-1940 votée le 26 Décembre 2011 a autorisé l’admission des adolescents mineurs âgés entre seize à dix-huit ans qui ont déjà eu affaire avec la justice dans ces centres EPIDE  mais leur admission est subordonnée à une prescription de la part du juge responsable et le jeune mineur doit en conséquence signer un « contrat de service en EPIDE » qui aura une durée minimum de six mois et maximum de douze mois. Mais le principe de volontariat subsiste toujours pour ces mineurs qui doivent témoigner expressément d’une volonté de vivre en internat avec des autres jeunes et de suivre avec bonne foi les formations dispensées au sein de l’EPIDE pour atteindre l’objectif de réinsertion sociale et professionnelle conformément à l’objectif des centres EPIDE. Pour le cas des jeunes mineurs, le directeur du centre auquel il est confié doit obligatoirement prendre connaissance de l’intégralité du parcours du jeune avant de prendre la décision de le prendre ou de le refuser au sein de son centre. Les jeunes mineurs qui sont définitivement admis dans un centre EPIDE suivront les mêmes parcours de formations et entreront dans les mêmes groupes que les jeunes majeurs ; les mêmes règlements intérieurs et les mêmes sanctions se verront appliquer à ces deux catégories de jeunes. Toutefois, des mesures d’adaptations pédagogiques et comportementales liées aux statuts personnels de chaque mineur peuvent être prises par le conseil d’admission du centre de recueil en cas de besoin. Excepté la prise en charge des jeunes mineurs par le centre EPIDE, le jeune mineur sera toujours soumis au contrôle strict d’un Juge de la Protection Judiciaire de La Jeunesse française qui travaillera en étroite collaboration avec les responsables du centre EPIDE. Cependant, le ministère de la Justice qui se doit de rémunérer l’EPIDE pour l’accueil des mineurs délinquants n’a jamais versé un seul euro. De ce fait, la prise en charge de ces jeunes a cessé récemment.

En conclusion, les centres EPIDE accueillent des jeunes adultes âgés entre dix-huit et vingt-cinq ans qui sont dans une situation de retard scolaire et n’ont, par conséquent, aucune qualification professionnelle ni aucun emploi digne de ce nom. Mais les jeunes peuvent être admis si et seulement s’ils ont conscience de la gravité de leurs situations et qu’ils éprouvent le désir de réorganiser leurs vies aussi bien sociales que professionnelles. Toutefois, la législation française a énoncé une exception où des mineurs de seize à dix-huit ans peuvent s’intégrer dans les EPIDE s’ils ont eu des problèmes avec la justice et qu’ils veulent se réintégrer socialement et professionnellement mais cette mesure exceptionnelle vient de cesser pour la simple raison que le ministère de la justice n’a pas pu respecter son engagement de payer des frais de prise en charge.

 

                        2°) Des projets pédagogiques pour les jeunes.

Ci-dessus, on a pu exposer les conditions d’admissions des jeunes dans des centres EPIDE. Mais après son admission dans un centre, les jeunes qui ont signé un contrat de service avec les centres se doivent de suivre une formation pédagogique pour sa réintégration professionnelle. On parle ici d’un parcours scolaire complet comprenant une formation pédagogique complète, personnalisée et fortement enveloppée par un accompagnement psychosocial de chaque jeune destinée à les aider à mieux appréhender son nouveau statut social. Dès le départ, des projets pédagogiques étaient admis dans le programme de prise en charge des jeunes adultes en phase de désocialisation parce que les responsables ont déjà pris conscience qu’une des causes de la désocialisation de ces jeunes étaient leurs retards scolaires. De plus, aucun projet professionnel ne pourra être adopté pour ces jeunes avant qu’ils n’obtiennent les diplômes nécessaires et les compétences requises par les entreprises.  Généralement, le programme pédagogique dispensé dans les centres EPIDE comprend deux unités principales qui sont complémentaires entre-eux à savoir : une formation de remise à niveau scolaire des jeunes et une formation en matière de civisme et de comportement vis-à-vis de la société.

En l’espèce, la formation de remise à niveau scolaire est organisée par les centre EPIDE dans l’optique de préparer le projet professionnel personnel de chaque étudiant et l’ensemble de son avenir professionnel. Dans la plupart des cas, cette formation aboutira au passage des examens officiels par les jeunes au bout d’un certains temps. Il faut noter que tous les jeunes Epidiens ne suivent pas obligatoirement le même cursus de formation scolaire puisqu’il s’agit pour chacun de compléter ce qui manque dans son parcours scolaire et surtout, la formation est attribuée à chaque jeune selon le projet professionnel qu’il veut adopter.

Ensuite, une formation civique et comportementale s’impose généralement à tous les jeunes Epidiens vu la précarité de leurs situations en matière sociale. Cette unité de formation inclut des partages de connaissances théoriques en matière d’éducation civique et des applications pratiques de ces théories au sein de l’organisation interne des centres d’accueils. En dehors de ce cours théorique et pratique d’éducation civique, la formation civique et comportementale au sein des centres EPIDE renferme aussi des enseignements comportementaux pour les premiers secours et pour le respect de la sécurité routière. Les centres EPIDE aident également les jeunes, à travers ce module de formation, à préparer les épreuves théoriques et pratiques d’obtention du permis de conduire.

 

                        3°) Un dispositif de lutte contre le chômage des jeunes.

Depuis sa création, une des conditions d’admission  des jeunes étaient leurs difficultés face au monde du travail.  Plus précisément, pour être admis, il faut que les jeunes n’ont ni aucune qualification professionnelle ni aucun emploi pour assurer leur survie. La mission principale de ces centres étaient de  réorganiser la vie sociale et professionnelle de ces jeunes recrutés pour qu’ils puissent de nouveau renouer des liens avec leurs sociétés d’origine mais surtout pour qu’ils puissent avoir des emplois décents et digne tendant à l’assurance de sa subsistance et de la subsistance de sa famille. En effet, le gouvernement français a pris conscience de la gravité de la situation d’employabilité dans toute la république dans la mesure où le taux du chômage n’a pas cessé d’augmenter, la conséquence de cette situation était la plus grave car l’absence de travail conduisait les jeunes dans des suites logiques de délinquances, d’alcoolismes, de violences et d’actes de banditismes. Ainsi, le gouvernement a pris la décision de créer ces centres EPIDE qui auront pour mission de donner une deuxième chance aux jeunes qui éprouvent le désir et le besoin de corriger ses erreurs passés et qui ont besoin d’aide pour satisfaire ce besoin. Les centres EPIDE permettaient à ces jeunes de retrouver leurs véritable place au sein de la société mais ils les aident surtout à améliorer leurs parcours scolaires et leurs compétences afin qu’ils puissent avoir des postes décents auprès des entreprises.

A travers l’ensemble de son programme de formation et d’accompagnement, les centres EPIDE offre à la fois aux jeunes une autre chance de sortir de la situation de chômage et une chance de s’éloigner de la délinquance. Effectivement, les centres EPIDE leur offre des formations civiques pour leur réintégration sociale et une formation pédagogique suivie d’une formation professionnelle pour leur réintégration professionnelle. En l’espèce, dès son admission au sein d’un centre EPIDE, divers accompagnateurs spécialisés se mettent à la disposition des jeunes pour leur guider dans le choix de leur cursus de formation pédagogique et pour les aider dans le choix de leur projet professionnel, le but étant de faciliter l’adaptation  des jeunes au secteur d’activité qu’il choisit et de favoriser leur embauche auprès des grandes entreprises agissant dans diverses secteurs d’activités. Tout au long de l’apprentissage de ce projet professionnel, l’enseignement de l’éducation civique et comportementale aide beaucoup les jeunes car cette éducation inclue un apprentissage du respect de la supériorité hiérarchique au sein du centre ainsi qu’une participation active et obligatoire de chaque jeune à toutes les tâches ménagères quotidiennes nécessaire au fonctionnement normal du centre EPIDE. A la sortie de l’EPIDE, les jeunes sont totalement préparés pour le monde du travail avec toutes les connaissances théoriques et pratiques nécessaire pour affronter ce monde. Pour la majorité des cas, ils ont les compétences nécessaires pour  bien tenir le poste qu’on lui attribuera mais ils ont aussi les qualités comportementales et civiques indispensables pour être appréciés par leurs employeurs et par leurs nouveaux collègues de travail.

Mais pour quelques minorités, le temps de passage au sein d’un centre EPIDE était insuffisant pour les préparer pour le monde professionnel. Pour ces cas, le centre les aide à s’inscrire dans les filières de formation classique conforme à son projet professionnel. En d’autres termes, il s’agit  pour les centres EPIDE de leur offrir une sorte de préformation professionnelle qu’il doit obligatoirement continuer auprès des autres établissements de formations professionnelles. Cette période de préformation correspond alors à une période d’initiation des jeunes dans un secteur d’activité choisit selon sa situation personnelle et professionnelle. Pendant cette période, les jeunes concernés apprennent les bases d’une profession mais à la fin de la prise en charge au sein de l’EPIDE, ils intègreront d’autres établissements de formations professionnelles pour approfondir leurs connaissances et acquérir les compétences nécessaires pour décrocher l’emploi prévu.

Vers la fin de l’année 2007, le taux moyen de réussite de l’insertion professionnelle des jeunes est de l’ordre de 40% [19]mais ce taux varie considérablement d’un centre EPIDE à un autre du fait de la situation d’employabilité autour de chaque centre[20]. A ce moment, les centres EPIDE a accueilli environ deux mille cinq cent jeunes. Mis à part ceux qui ont abandonné les centres en cours de chemin (environ 20% de l’effectif total)[21], huit cent d’entre eux ont pu décrocher un emploi à la sortie de l’EPIDE.  On remarque cependant que le taux d’insertion professionnelle dans les centres implantés dans le Nord (37,5%) est légèrement inférieur par rapport à ceux implantés dans le Sud (41,2%).

En résumé, une des missions principales des centres EPIDE est de donner des formations pédagogiques, civiques, comportementales et professionnelles pour les jeunes qui y sont admis dans l’optique de leur ouvrir la porte de la réussite en ce qui concerne leur avenir professionnel. Notons que l’autre mission principale des centres est d’enlever les jeunes de leurs mondes d’exclusion sociale. Vers la fin du contrat avec le centre EPIDE, deux possibilités sont ouvertes aux jeunes Epidiens: soit le centre lui aide à décrocher des emplois en C.D.I.[22] ou en C.D.D.[23] pour acquérir des expériences professionnelles ;  soit le centre aide le jeune à s’inscrire dans une filière de formation classique pour y approfondir les connaissances qu’il a acquis au sein de l’EPIDE. D’après un bilan fait à la fin de l’année 2007, la réussite de cette insertion professionnelle est de l’ordre de 40%. Ainsi, il n’y a plus aucun doute en ce qui concerne la qualification des centres EPIDE notamment en ce qu’ils sont classés parmi les dispositifs français de lutte contre le chômage et la délinquance des jeunes.

 

CHAPITRE II : LE CENTRE EPIDE DE LANRODEC.

Parmi les dix-neuf centres EPIDE en France, le centre EPIDE de Lanrodec est un centre très spécial car il est le seul centre implanté dans la région Bretagne et il est destiné à accueillir tous les jeunes en risque de marginalisation venant des quatre départements Bretons de la France. Mais son implantation a occasionné des inquiétudes spécialement pour les élus Bretons du fait de son implantation dans la région de Bretagne.

            A] Les inquiétudes de la population et des élus face à la création d’un centre en Bretagne.

A raison de la situation sociale dans toutes les régions périphériques de la république française au cours et surtout en fin de l’année 2005, la population de Lanrodec mais surtout les élus Bretons s’inquiétaient beaucoup de l’ouverture d’un centre EPIDE dans le village de Lanrodec pour deux raisons : les conséquences psychosociales des émeutes de 2005 et le statut social particulier des jeunes qui vont être recrutés dans ce centre.

 

1°) Les conséquences psychosociales des émeutes de 2005.

Par définition, les émeutes de 2005 sont un ensemble de violences urbaines qui se sont répandues et développées à travers presque toutes les banlieues françaises à partir du mois d’octobre 2005. En fait, il s’agissait de violences commises par des jeunes délinquants caractérisés par l’appartenance à la catégorie de chômeur et qui se sont produits dans les banlieues où régnaient à l’époque l’insécurité. Pendant ces évènements, quatre cibles ont été principalement attaqués à savoir les forces de l’ordre, les transports publics, les entreprises franches, les responsables et bâtiments du ministère de l’éducation. Généralement, ces violences se sont vite transformées en des affrontements entre plusieurs centaines de jeunes très violents contre les forces de l’ordre. Pendant cette période, les jeunes n’ont pas hésité à utiliser des cocktails Molotov et les forces de l’ordre ont répliqué par utilisation de balles réelles pour contrecarrer les attaques des jeunes. En plus, les jeunes ont été jusqu’à incendier des véhicules et des bâtiments publics et privés ; dévaster et saccager des écoles publics ; détruire des maisons associatives ; menacer les passagers des transports publics.

Cette violence perturbatrice de l’ordre public française a duré environ trois semaines et constituait la plus dangereuse violence urbaine de France depuis 1968. C’était un phénomène catastrophique d’envergure nationale puisqu’elle avait commencé dans la commune de Clichy sous-bois s’est très vite répandu partout dans les banlieues de France. Plusieurs raisons ont concourus à cette rapide expansion mais c’est la manière des journalistes français mais surtout mondiaux de médiatiser les premières manifestations était la plus grande cause. Il y a par exemple des journalistes anglophones qui n’ont eu aucune connaissance sur les situations réelles au sein des régions de France mais qui a participé à la médiatisation de cet évènement[24] ; ils ont ainsi fait une fausse interprétation de la situation voire même une exagération de ce qui s’est réellement passé, ce qui a causé beaucoup de confusion pour les jeunes des banlieues et les ont incité à agir conformément aux nouvelles faussement interprétés. Cependant, les responsables et les citoyens présents dans les lieux d’affrontements  constatait que derrière ce catastrophe se cachait divers problèmes sociaux qui unifiaient tous ces banlieues françaises et cette réalité s’ajoutait à cette fausse médiatisation pour devenir les principales causes de la rapide expansion de l’émeute de 2005. En fait, le taux de chômage et d’alcoolisme dans ses banlieues s’accroît de plus en plus et les jeunes se transformaient majoritairement en des bandits violents à cause de l’alcool et de la drogue. Les violences s’étaient généralement transmis de commune en commune et chaque jour, le nombre de commune touché augmente à grand pas. La médiatisation de l’évènement était surtout devenue politique et s’échelonnait au niveau mondial car aucun autres pays n’avait encore connu une émeute d’une aussi grande envergure en matière de durée et de nombre de commune touchée.

Pour revenir sur le début de l’évènement, les mouvements de rue commençait dans la commune de Clichy-sous-Bois pendant la soirée du 27 Octobre 2005. Les premiers mouvements attaquaient violemment les forces de l’ordre et les sapeurs pompiers que les jeunes ont rendu responsable de la mort de deux jeunes garçons. Rappelons que ces deux jeunes ont tenté de cambriolé une installation électrique[25] et y ont trouvé la mort. Alors que les jeunes de la commune ont imputé ces morts à une faute policière, le gouvernement français a exempté le gardien de la paix de cette faute d’où le mécontentement des jeunes amis des victimes. Par la suite, il y avait des éclatements de gaz lacrymogène à l’intérieur d’une mosquée alors qu’à ce moment, les musulmans de la commune étaient en ramadan ; ce qui a aggravé la situation dans cette commune. Depuis cette nuit, les violences contre les policiers et les pompiers continuaient et s’étendaient même jusqu’aux autres responsables de la commune. Ensuite, les épisodes de violences se sont rapidement répandus dans les quartiers et les communes voisines. Le 01 Novembre 2005, les violences ont atteint la ville de Paris. Les vagues de violences n’ont pu être maîtrisés que le 17 Novembre 2005 avec un très lourd bilan[26] pour plusieurs communes et villes de la France. De ce lourd bilan, on évaluait le coût total des dégâts à plus de deux cent millions d’euros[27].

Mais ce qui nous importe pour ce projet est surtout la conséquence de cette émeute de 2005 sur la population française. Suite aux destructions de bâtiments et de dégâts matériels causés par les affrontements, beaucoup d’entreprise ont dû fermer leurs portes et plusieurs travailleurs ont été en situation de chômage technique d’où une augmentation du taux de chômage dans plusieurs villes et communes. En plus, plusieurs établissements scolaires et de formations professionnelles ont été dévastés donc plusieurs enfants et jeunes français se trouvaient devant un problème de scolarisation et une perte de chance de trouver un emploi. Mise à part la destruction, plusieurs investisseurs étrangers ont quitté le pays par peur et plusieurs pays étrangers ont sensibilisé leurs touristes d’éviter la France, cela va donc sans dire que la situation économique française a été fortement touchée et ruinée par les émeutes de 2005. Mais la plus grande remarque est que les violences se sont essentiellement produites dans les quartiers les plus handicapés de la France dans la mesure où ces quartiers  rassemblent en lui de forts taux de chômage, de graves échecs scolaires, de puissantes délinquances juvéniles, et la présence d’un grand nombre d’immigrants. Face à cette constatation, le gouvernement de Dominique de Villepin[28]a pris spécialement plusieurs mesures d’accompagnement de ces quartiers défavorisés en matière d’emploi et de projets professionnels, le but étant d’ôter les jeunes délinquants de leurs cycles d’échecs et de pauvretés infernales. En même temps, plusieurs personnalités civiles et politiques[29] du pays parlaient d’injustice sociale au détriment de ces jeunes des banlieues au lieu de parler d’insécurité sociale.

En somme, les émeutes de 2005 étaient un évènement catastrophique d’une envergure nationale pour les français mais qui a aussi attiré l’attention du monde entier. Comme conséquence, des problèmes sociaux ainsi que des dégradations économiques s’inscrivent. Mais les responsables politiques, sociaux et gouvernementaux s’unissent pour déclarer que les principales causes de ces émeutes étaient le problème d’intégration à l’emploi dans les banlieues françaises, la disparité de l’origine de la population dans ces quartiers et l’existence d’une injustice sociale et d’une certaine discrimination dans les sociétés françaises. Pour eux, il s’agissait alors d’une révolte populaire qui devait être résolu par des décisions de correction de cette injustice sociale. Ainsi, le Président Français de l’époque : Jacques CHIRAC annonçait une mesure d’accompagnement social des jeunes des quartiers les plus défavorisés pour les aider à avoir des emplois décents et stables. Cette mesure a été reprise par le gouvernement par la mise en place effectif de nombreux dispositifs tendant à cet accompagnement. Parmi eux, on pourra compter la mise en place des centres EPIDE dans plusieurs quartiers des communes les plus démunies étant donné que l’ordonnance de création qui a créé ces centres a été votée bien avant cette situation, le 05 Août 2005.

Cependant, il a fallu plusieurs années pour le rétablissement des bâtiments et de la situation économique et sociale dans tous les villages qui ont été touchés par les violences urbaines. La population de ces quartiers était alors fortement terrorisée et les conséquences psychologiques de cette violence rendaient la population hostile à toute forme de dispute et d’affrontement. Cette situation était même allée jusqu’à ce que la population se méfie considérablement et pratiquement de tous les jeunes immigrants dont elle ne connaissait pas l’origine sociale. Ainsi, de la proposition du gouvernement d’implanter des centres EPIDE destinés à accueillir des jeunes en risque de marginalisation dans les communes en situation de problèmes face à l’emploi, les réactions populaires sont majoritairement des refus ou des doutes par peur de la situation personnelle des jeunes à recruter dans ces centres.

 

2°) Le statut social des jeunes à recruter.

Selon l’ordonnance de création des centres EPIDE, un jeune ne peut être admis dans un centre que s’il se trouve dans une situation de risque de marginalisation. Cette situation implique que tous les jeunes qui habiteront les centres EPIDE seront forcément des jeunes qui détiennent en eux des forts  risques de révolte contre leurs éducateurs et même contre la société à tout moment. Ainsi, la population française en générale émet des réserves et des doutes sur la possibilité de réussite de cette mission de réintégration sociale et professionnelle que les centres EPIDE veulent atteindre. Spécialement pour le cas du centre EPIDE de Lanrodec qui est un centre installé au sein d’un département Breton, l’ensemble des élus Bretons avaient eux aussi émis des doutes sur cette implantation.

En effet, la commune de Lanrodec était le seul département Breton qui avait accepté d’héberger un centre EPIDE puisque les autres départements ont formellement refusé l’implantation d’un tel centre essentiellement à cause des caractéristiques sociales des jeunes qui doivent y être recrutés. Comme un bref historique, rappelons que la Bretagne est une entité française caractérisée géographiquement et culturellement par la forte unanimité de sa population. La population y est appelée les « Bretons » ; elle occupe une partie extrême de l’Ouest de la France. Actuellement, la Bretagne désigne une région administrative française [30]composée de quatre départements appelés les « quatre départements Bretons ». Mais il s’agissait d’une simple inquiétude puisqu’en pratique, depuis sa création en 2006, il n’y avait encore eu aucun incident qui s’identifierait à une révolte populaire ou à une violence urbaine qui a éclaté au sein de ce centre. Il faut quand même remarquer que le centre EPIDE de Lanrodec était alors créé pour accueillir principalement les jeunes désocialisés en risque de marginalisation dans les sociétés de la région Bretagne. Ainsi, le centre EPIDE de Lanrodec abrite des jeunes Bretons en difficulté face au marché du travail et qui se penche vers la délinquance et la violence pour vivre. L’absence de violence et de révolte au sein du centre EPIDE de Lanrodec vient surtout du statut de ces jeunes qui certes sont des jeunes en situation d’écart par rapport à la société mais qui sont par conséquent des jeunes volontaires c’est-à-dire des jeunes qui ont demandé de leurs propres grés à être intégrés dans les centres car ils éprouvent le sentiment de vouloir sortir de ces problèmes sociaux, de réorganiser leurs vies, et de se réinsérer dans leurs sociétés d’origine. De par cette exigence de volontariat pour l’admission au sein du centre, les jeunes qui y sont admis ont adopté une certaine maturité dans la poursuite de leurs formations.

Mais le gouvernement n’était pas insensible à cette inquiétude de l’ensemble de la population et spécialement des élus Bretons quant au statut social des jeunes à recruter ; c’est pourquoi, il a pris des mesures de prévention des éventuels troubles. Effectivement, pour être définitivement admis au sein d’un centre EPIDE, chaque jeune doit signer un contrat spécial avec son centre d’accueil, le contrat sera conclut pour une durée maximum de vingt-quatre mois. Ce contrat stipule que le jeune contractant  accepte de vivre en internat chez son centre d’accueil et d’y respecter toutes les mesures d’organisation internes et externes tendant à la bonne marche du centre et à la réussite de la formation de l’ensemble des jeunes comme le port des tenues vestimentaires, le respect des autorités supérieures au sein du centre, la poursuite de bonne foi des formations pédagogiques, civiques et professionnelles dispensées au centre. Ce contrat inclut également que le jeune doit collaborer activement et positivement pour que son passage au sein du centre lui emmène vers une réintégration totale de sa vie sociale et professionnelle. En contrepartie, les jeunes percevront chacun une allocation de trois cent euros (montant actuel) par mois dont une partie est retenue par le centre et ne sera versée aux jeunes que vers la fin de leur prise en charge. En plus, ils bénéficient aussi d’une prise en charge sociale et médicale au sein du centre. Toute forme de discrimination est aussi interdite au sein de chaque centre EPIDE. Toutes ces dispositions sont prises pour que les jeunes puissent commencer à sentir une sortie de la pauvreté et une sensation d’être prise en charge par la société dès son entrée dans le centre.

 

            B] Spécificités du centre EPIDE de Lanrodec.

Mise à part cette inquiétude de la population française et des Bretons en particulier, deux particularités du centre EPIDE de Lanrodec fait du centre EPIDE de Lanrodec un centre très spécial : c’est un centre implanté dans un village isolé mais aussi un centre qui ne reçoit que des jeunes étrangers à la commune et plus précisément les jeunes venant des quatre départements Bretons.

 

                        1°) Un centre EPIDE au sein d’un village très isolé.

La région Bretagne est une des vingt et un régions de la France continentale. Au total, les quatre départements[31] formant cette région renferment environ trois millions d’habitants répartis dans une superficie totale de vingt-sept mille deux cent huit kilomètre carré. Par son nombre d’habitants, la région Bretagne est la septième région de la France. C’est une région caractérisée par l’activité agropastorale notamment la plus grande région française de production de céréales, d’élevage porcin et bovin, ainsi que de production laitière.

Pour cette région, l’EPIDE de rattachement des jeunes désocialisés est le centre EPIDE de Lanrodec. Comme tous les autres centres EPIDE, il s’agit d’une institution destinée à accompagner des jeunes Bretons en situation de retard scolaire et en difficulté face au marché du travail vers une réinsertion sociale et professionnelle. Au sein de ce centre, on donne une deuxième chance aux jeunes désocialisés de réorganiser sa vie à tous les niveaux. Le centre s’est implanté dans le village de Lanrodec puisque c’est le seul village qui a accepté ce type d’institution même si la région Bretagne, une grande région en difficulté sociale et professionnelle, doit être favorable à l’implantation de ce type d’institution.

Ce centre EPIDE de Lanrodec a  commencé à accueillir des jeunes en 2006 et en moyenne, il pourra héberger quatre-vingt-dix volontaires à la fois. Plus précisément, le centre EPIDE de Lanrodec est implanté dans un local loué par le ministère de la défense au sein du département des Côtes d’Amor, au milieu entre la ville de Brest et de la ville de Rennes. En fait, son implantation est mieux expliquée par le schéma qui suit :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

En ce qui concerne la création de ce centre EPIDE de Lanrodec, on peut dire que la population locale y a démontré beaucoup de désaffection et d’indifférence vu que seul le village de Lanrodec qui n’est qu’un village sans intérêt et très isolé qui a accepté de l’héberger alors que ce sont les autres villages plus peuplés donc ayant plus de jeunes à resocialiser doivent avoir plus de motivations à accueillir un tel centre. En d’autres mots, la population Breton ne s’est pas montrée très enthousiaste pour accueillir un centre EPIDE car le centre n’a pas pu être implanté dans un village plus animé que le village de Lanrodec alors que dans ce village, aucun jeune n’habite. Certes, ce village de Lanrodec s’implante près de la Route Nationale n°12 mais il n’y a aucune école, aucun établissement de formation professionnelle ni aucune entreprise dans ce village. Ainsi, les jeunes émigrent vers les autres villages plus animés pour y trouver  des activités plus intéressantes. La conséquence est que les jeunes Epidiens du centre de Lanrodec ne sont pas des originaires du village mais ce sont majoritairement des jeunes qui viennent des quatre départements Bretons.

En plus, le lieu d’implantation du centre ne doit pas être un problème vu l’emplacement du village tout près d’une route nationale sauf que pour préparer l’autonomie des jeunes, les responsables du centre rencontrent beaucoup de difficultés car même l’octroi des permis de conduire par les jeunes s’avèrent difficile en l’absence d’établissement de formations. Les jeunes sont alors obligés de prendre les transports en communs pour rejoindre leurs lieux de travails ou de stages professionnels. Les difficultés résident alors sur le travail de l’autonomie des jeunes en matière de transports. En outre, il n’y a qu’un seul bus par jour qui passe par ce village de Lanrodec.

 

                        2°) Un centre EPIDE qui ne reçoit que des jeunes étrangers à la commune.

Généralement, le centre EPIDE de Lanrodec reçoit des jeunes volontaires d’origine française métropolitaine. Il s’agit surtout des jeunes originaires des quatre départements bretons mais il y a aussi de plus en plus de jeunes venant des autres quartiers comme les quartiers de la politique de la ville et des Nouveaux Quartiers Prioritaires. En effet, la majorité des jeunes candidats qui demandent à être intégrés dans le centre EPIDE de Lanrodec sont des Bretons mais depuis 2011, de plus en plus de jeunes non Bretons postulent. Il s’agit surtout des jeunes d’origine Mahoraise[32]. Les chiffres démontrent qu’en 2011, 7,41% des jeunes qui postulent pour la formation au sein du centre EPIDE de Lanrodec sont des jeunes d’origine Mahoraise. Le rapport annuel du centre a par contre manifesté une hausse de ce pourcentage pour l’année 2012 où 13,38% des jeunes sont originaire de Mayotte[33].

Aussi, le centre EPIDE de Lanrodec accepte d’accueillir, depuis sa création, des jeunes gens handicapés et il collabore étroitement avec un centre spécialisé dans la formation des handicapés  pour la formation de ces derniers. Les critères d’adhésion sont la détection d’une difficulté cognitive importante ou d’une certaine lenteur particulière. Mais il faut noter que quelques fois, des handicapés sortent du centre EPIDE de Lanrodec sans obtenir ni un emploi ni une formation professionnalisant. En pratique, ces jeunes handicapés sont eux aussi originaires des autres villes et villages mais jamais de Lanrodec.

Ce sont les conseillers des missions locales qui sont recensés comme les plus grands instructeurs qui orientent les jeunes à rejoindre ce centre ; elles sont à l’origine de 38,5% des candidatures qui viennent au centre EPIDE de Lanrodec. Mais 30,1% des candidatures sont des candidatures spontanées c’est-à-dire que les jeunes viennent de leurs propres initiatives suite à des informations qu’ils ont de la part des particuliers ou des médias. Mais le Centre d’Information et de recrutement des Forces Armées conseillent aussi certains jeunes qui désirent intégrer ce centre au cas où ces derniers n’arrivent pas à remplir les conditions exigées pour un engagement militaire (exemple : insuffisance de niveau scolaire, Insatisfaction des conditions physiques,…).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

PARTIE II :

 

 

LA POPULATION DU CENTRE EPIDE DE LANRODEC.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Au sein du centre EPIDE de Lanrodec, comme dans tous les autres centres EPIDE de France, deux types de populations vivent et essayent de vivre au mieux leur cohabitation dans le but d’obtenir des résultats de plus en plus fructueux : il y a d’un coté l’ensemble des personnels responsables du centre et de l’autre coté les jeunes Epidiens qui y sont admis.

 

CHAPITRE I : LES RESPONSABLES DU CENTRE EPIDE DE LANRODEC.

Comme tout établissement obéissant au statut d’établissement public administratif mais spécialisé dans la formation professionnelle des jeunes adultes en risque de marginalisation au sein de la République Française, le centre EPIDE de Lanrodec dispose de responsables officiels, d’éducateurs spécialisés et de responsables techniques nécessaires à la bonne marche de l’établissement.

 

            A] Les responsables officiels.

Sont compté parmi les responsables officiels les responsables administratifs, les collaborateurs occasionnels et les encadreurs.

 

1°) Les responsables administratifs.

Le centre EPIDE de Lanrodec est un établissement public civil mais non pas militaire même si le régime de formation au sein du centre a une inspiration militaire. Le centre dispose d’un directeur civil qui est le premier responsable dans toutes décisions concernant l’admission ou non d’un jeune dans le centre. Il est aussi le premier responsable en ce qui concerne le coté administration du centre, en d’autres termes, il est chargé de l’administration du centre au quotidien. Toute décision administratif du centre doit obligatoirement passer par lui et doit obtenir son aval avant de pouvoir être mise en exécution.

A ses cotés, le directeur du centre bénéficie de l’aide d’une équipe de personnel administratif entre autres un conseil d’admission qui décide avec lui de chaque cas des jeunes qui postulent pour le centre EPIDE de Lanrodec. Ce conseil d’admission est aussi important car la plus grande responsabilité qui incombe aux responsables du centre était de bien choisir les jeunes qui ont des véritables motivations d’y entrer ; il faut qu’ils arrivent à détecter les jeunes mal intentionnés et les jeunes qui n’ont pas encore les vraies motivations pour réussir.

Mais comme le centre EPIDE de Lanrodec est un établissement public de type administratif comme tous les autres centres EPIDE, la règle est qu’il doit toujours être soumis au contrôle d’une autre personne publique. Pour le cas des centres EPIDE français, le contrôle est assuré par leurs autorités de tutelle  vu qu’ils bénéficient d’une tutelle administrative de trois ministères appartenant au gouvernement Français tels que le ministère de la défense, le ministère de l’emploi et le ministère de la ville.

 

2°) Les collaborateurs.

Les entreprises sont les principaux collaborateurs qui travaillent étroitement avec les centres EPIDE français y compris le centre EPIDE de Lanrodec. En fait, c’est l’Etat Français qui fait des campagnes de sensibilisation pour que les entreprises nouent des partenariats avec les centres  EPIDE. Le but de cette collaboration est de faciliter la formation et la réinsertion professionnelle des jeunes Epidiens. Le partenariat entre les deux organismes se fait à plusieurs niveaux. Dès fois, l’entreprise propose directement des aides au centre en matière de formation professionnelle en envoyant des formateurs ou en offrant des matériels nécessaires à la  formation. Mais quelques fois, l’entreprise investit en présentant des offres d’emplois ou des stages aux jeunes Epidiens vers la fin de leurs séjours au centre. Enfin, les entreprises prennent parfois la décision de soutenir les EPIDE dans l’accomplissement de leurs missions par des actions de mécénat[34] au profit des jeunes qui en ont besoin par l’intermédiaire des centres EPIDE. Mais il faut remarquer que les partenariats entre les entreprises et les centres EPIDE s’organisent en fonction des régions d’implantation des centres c’est-à-dire que ce sont les entreprises et les centres EPIDE qui sont implantés dans une même région qui collaborent ensemble. Mais spécialement, quelques grandes entreprises Françaises ont signé des contrats de partenariats à long terme avec les centres EPIDE au niveau national. Parmi ces entreprises, on pourra citer le groupe COLAS ; la Fédération Française du Bâtiment ou F.F.B. ; la Fédération Nationale des Travaux Publics ou F.N.T.P. Suite à ces partenariats, l’octroi de postes intéressantes et stables devient facile pour les jeunes qui ont convenablement terminé leurs parcours Epidiens ; les entreprises offrent réellement des chances aux jeunes sortis des centres EPIDE puisqu’ils ont confiance à la formation que ces jeunes ont acquise au sein de l’EPIDE vu qu’ils y ont acquis des formations à la fois pédagogiques, civiques et professionnelles. Mais dans les contrats de partenariats entre les entreprises et les centres EPIDE, il est stipulé qu’il incombe aux centres EPIDE de veiller à ce que chaque étudiant soit vraiment prêt à affronter le monde du travail avant de les présenter à une entreprise quelconque. Généralement, les centres ont besoin d’une période de quatre à huit mois pour assurer cette bonne préparation des jeunes[35]. Mais dès que possible, les centres s’efforcent de négocier des stages d’immersion de courtes durées pour chaque jeune auprès des entreprises qui travaillent avec eux.

Deuxièmement, les collectivités territoriales peuvent être aussi comptées parmi les collaborateurs des centres EPIDE. En effet, touchées par les enjeux sociaux et l’objectif de fournir une deuxième chance d’insertion professionnelle au profit des jeunes, elles nouent quelques fois des partenariats financiers avec les centres EPIDE de leurs ressorts géographiques respectifs mais elles jouent le plus souvent le rôle de médiateurs entre les centres EPIDE, les centres de formations professionnelles classiques ainsi que les entreprises à proximité des centres. Par ailleurs, dès le premier projet d’implantation d’un centre EPIDE au sein d’une commune donnée, les conditions de faisabilité technique du projet sont déterminées à partir des facteurs suivants : l’existence d’un large bassin d’emploi dans cette commune, la présence d’au moins un établissement de formation et d’insertion professionnelle à proximité et la possibilité d’accès du centre par un maximum de public.

Puis, il y a aussi les Bureaux de Service National et les Centres de Service National français sont aussi des partenaires qui aident les centres EPIDE dans la poursuite de leurs missions. En l’espèce, ces deux organismes organisent une fois par an des « journées Défense et Citoyenneté ou J.D.C. » au cours desquelles les jeunes peuvent passer des tests tendant à détecter leurs retards scolaires et ayant pour but de les orienter vers les organismes adéquats à leurs réadaptations. Ensuite, si des jeunes s’avèrent correspondre au profil de recrutement dans les EPIDE, un autre organisme appelé « Conseil National des Missions Locales ou C.N.M.L.» les orientent et les aident à s’inscrire dans le centre EPIDE de son ressort géographique, une convention visant à renforcer ce type de partenariat a été signé entre le C.N.M.L. et l’EPIDE en 2007[36].

Enfin, les organismes de formation professionnelle sont  aussi des grands partenaires des centres EPIDE. Effectivement, dans le cadre de sa mission, un centre EPIDE ne peut pas se passer des services de plusieurs centres de formations professionnelles travaillant dans divers secteurs d’activités qui pourront intéresser les jeunes Epidiens. En plus, il ne faudra pas oublier de mentionner qu’une partie des personnels travaillant au sein des centres EPIDE viennent de l’Association Nationale pour la Formation Professionnelle des Adultes ou A.F.P.A.[37]. Ainsi, les organismes de formations professionnelles jouent un grand rôle de partenaire pour la réussite de la réinsertion professionnelle des jeunes tant recherché au sein des centres EPIDE car elles œuvrent directement en fournissant aux centres des ressources humaines et matérielles.

 

            B] Les éducateurs spécialisés.

Pour être un éducateur spécialisé, la loi a prévu des parcours scolaires ainsi que des expériences professionnelles spéciaux pour que leurs rôles soient effectifs. Les mêmes conditions s’appliquent aussi aux éducateurs spécialisés du centre EPIDE de Lanrodec.

 

                        1°) Leurs contrats de travail.

Pour être admis comme éducateur spécialisé  au sein d’un centre EPIDE, un postulant doit remplir certaines conditions personnelles telles qu’avoir une aptitude médicale de pratiquer toutes les disciplines sportives, avoir une capacité personnelle d’adaptation à la vie avec des jeunes à problèmes au sein d’un centre fermé aux publics extérieurs.

En matière de contrat de travail, un encadreur de l’EPIDE doit signer un contrat de travail de droit public pour acquérir un statut d’Agent Non Titulaire de l’Etat. Il n’est pas alors un fonctionnaire mais seulement un agent contractuel de l’Etat qui doit renouveler son contrat selon une période préalablement définie par le contrat initial[38].  Chaque contrat aura une durée maximum de trente-six mois précédée d’une période d’essai de trois mois renouvelable une seule fois avant le premier contrat. La législation ne priorise en aucun cas ces gens en ce qui concerne les modes de recrutements à la fonction publique. Au total, un encadreur de l’EPIDE doit travailler trente-neuf heures par semaines et a droit à cinq semaines de congé payé par année complète de service mais selon les nécessités de son service, il doit accepter les éventuels changements d’horaires sous réserve que ces changements ne doivent pas aboutir à une régression des droits déjà acquis  par ce dernier. Pour les contrats de travails de tous les encadreurs, le contrat prévoit aussi une clause de mobilité mais ne prévoit par contre aucune possibilité de prise en charge du logement par l’organisme employeur.

 

                        2°) Leurs expériences professionnelles.

Pour les éducateurs spécialisés, le recrutement se fait en fonction des postes libres au sein du centre requis et selon les compétences personnelles et les expériences professionnelles de chaque candidat à l’emploi. Dans la généralité, les personnels recrutés sont souvent des anciens militaires retraités ou en situation de disponibilité vis-à-vis de la fonction publique mais dans des rares cas, ce sont des personnes civiles ayant une très grande disponibilité en matière d’emploi du temps, une solide expérience professionnelle en matière d’encadrement de jeunes adultes et une forte capacité personnelle de s’investir dans son emploi. Le choix qui se porte généralement sur les anciens militaires s’explique par le régime suivi par les centres EPIDE qui rappelons-le est un régime à inspiration militaire. En plus,  un éducateur  spécialisé ne pourra réussir à accomplir sa mission au sein d’un centre EPIDE que s’il est animé par une grande motivation et une forte implication dans la mesure où cette mission est d’aider des jeunes adultes qui éprouvent le désir de retrouver une place au sein de sa société d’origine à satisfaire ce désir. Cette motivation s’ajoutera alors aux conditions de recrutement des éducateurs spécialisés.

Par ailleurs, après leurs recrutements et tout au long de l’exécution de leurs contrats de travails, les éducateurs spécialisés au sein des centres EPIDE recevront régulièrement des cycles de formations professionnelles spécifiques  ainsi que des stages professionnels tendant à améliorer leurs aptitudes et leurs connaissances sur leurs métiers, leurs connaissances des jeunes à accompagner, tous ceux-ci afin de mener à bien et à terme leurs missions.

 

                        3°) Effectivité de leurs rôles.

En moyenne,  les éducateurs spécialisés sont au nombre de trois pour un effectif de 90 jeunes adultes. Ainsi, ils sont spécialisés pour accompagner quotidiennement les jeunes durant leurs séjours au sein de l’EPIDE. Pour rappel, les Epidiens sont tous des jeunes adultes qui ont des problèmes quelconques vis-à-vis de leurs familles et/ou de leurs proches. Les éducateurs spécialisés s’occupent de l’éducation civique des jeunes afin que ces derniers puissent se remettre de leurs écarts avec leurs proches et de savoir bien se comporter vis-à-vis de tout le monde vers la fin de leurs cursus de formations. Ce sont les responsables qui travaillent étroitement avec les jeunes et vers qui les jeunes devront se tourner en premier lieu s’ils rencontrent des problèmes pendant leurs périodes d’adaptation, de formation et de réinsertion. Ils devront passer le maximum de temps avec les jeunes, bien communiquer avec eux pour essayer de détecter tous les problèmes qu’ils rencontrent et de discuter avec eux des meilleures solutions à prendre pour supprimer les difficultés. En fait, ce sont eux qui sont responsables de définir avec les jeunes de l’orientation professionnelle de chacun après des longs entretiens avec chaque jeune concerné. En d’autres termes, une importante capacité d’implication personnelle dans son métier  est demandée de la part de ces éducateurs spécialisés parce que leurs principales fonctions  devront s’apparenter à celles des parents pour ces jeunes désocialisés ; ils sont réellement les parents de substitution de ses jeunes.

 

C] Les autres cadres de contact.

Parmi les responsables officiels et hormis les responsables administratifs, le centre EPIDE de Lanrodec recrutent aussi des autres cadres de contacts qui sont regroupés dans le corps des enseignants, le corps des chargés de l’insertion professionnelle.

 

                        1°) Le corps des enseignants.

A part les conditions générales de recrutement et de contrat de travail qui s’identifie à ceux des éducateurs spécialisés, rien n’est à signaler sauf qu’ils sont responsables de la remise à niveau scolaire des jeunes selon la situation personnelle de chacun et qu’ils ont des spécialités et des expériences professionnelles diverses dans plusieurs disciplines et ils sont recrutés selon les besoins de chaque centre EPIDE. Sinon, pour chaque catégorie d’enseignants, des diplômes spécifiques sont requis ; tel est le cas par exemple des enseignants de formation générale qui ont besoin de diplôme de licence pour pouvoir postuler ou des enseignants en informatique d’avoir un diplôme de Bac plus deux en informatique au minimum avant de présenter leurs dossiers de candidature.

Il faut quand même rappeler que les cours de remise à niveau scolaire au sein des centres EPIDE diffèrent d’un Epidien à un autre et sera dispensé selon les besoins et la situation personnelle de chacun. Les enseignants de chaque discipline prennent alors les jeunes selon son choix d’orientation professionnelle et selon les manques que ces derniers ont à combler.

 

                        2°) Les chargés de l’insertion professionnelle.

Enfin, une dernière catégorie de responsables pédagogiques au sein de l’EPIDE se nomme : « équipe chargée de l’insertion professionnelle des jeunes ». Cette équipe est chargée de la détermination et de l’approbation du projet professionnel personnel de chaque jeune. Chaque responsable de l’insertion professionnelle prend en charge un nombre limité de jeune et commence à le prendre en charge à partir de la phase d’insertion. Il s’occupe de former le jeune pour que celui-ci soit prêt à affronter le monde du travail à tous les niveaux au moment de sa sortie à l’EPIDE. Les chargés de l’insertion professionnelle reçoivent une formation spécifique en interne au sein de l’EPIDE pour avoir les plus amples connaissances et informations au sujet de son métier. Ces chargés de l’insertion professionnelle sont les responsables de l’EPIDE qui travaillent étroitement avec les partenaires externes tels que les entreprises et les établissements de formations professionnelles. Ils ont la responsabilité de réactiver la motivation des Epidiens en cas de découragement ou de démotivation de la part de ces derniers. Et même après la fin de la prise en charge des jeunes par le centre EPIDE et quand le jeune arrive à décrocher un emploi, son chargé d’insertion professionnelle continue toujours à le suivre pour lui donner des conseils et de l’aider au mieux à s’adapter à son nouvel environnement social.

Pour être admis dans ce corps, il faut que les candidats soient motivés par un désir de recherche et une motivation de travailler en équipe. En plus, les postulants doivent avoir un diplôme supérieur ou égal au diplôme niveau V du ministère de l’Education Française. Ils doivent aussi avoir une capacité d’individualiser chaque projet professionnel personnel qui naît d’un groupe hétérogène de jeunes à problèmes. Mais les personnes ayant une expérience professionnelle solide en matière de formation professionnelle et une connaissance avérée en ce qui concerne le monde du travail français seront prioritairement recrutées dans l’optique de faciliter l’adaptation professionnelle en cas de nouveau recrutement.

 

CHAPITRE II : LES JEUNES EPIDIENS DE LANRODEC

Selon les dispositions de l’ordonnance du 02 Août 2005, ce ne sont pas tous les jeunes français qui peuvent être admis dans les centres EPIDE. Le recrutement se fait avec des strictes conditions contenant des caractéristiques sociales spéciales et des situations professionnelles précaires.

            A] Leurs caractéristiques sociales.

            Ce sont principalement des jeunes marginaux venant de la région Bretagne c’est-à-dire des quatre départements Bretons comme on l’a vu ci-dessus. Le statut social de ces jeunes recrutés au sein du centre EPIDE de Lanrodec est fragile car ce sont des jeunes qui ressentent de l’exclusion de la part de leurs sociétés d’origines mais qui éprouvent des désirs de réintégration dans ces sociétés.                 

1°) Sentiment d’exclusion sociale.

Effectivement, les jeunes Epidiens de Lanrodec sont des jeunes ayant des problèmes en ce qui concerne leurs rapports avec leurs sociétés d’origine soient parce qu’ils ont des problèmes familiaux ou parce qu’ils sont classés par sa société d’origine parmi les délinquants ou encore parce qu’ils ont des problèmes quelconques avec la drogue. En fait, au début de leurs parcours au sein du centre, les jeunes passent obligatoirement par une phase appelée « une phase d’observation »[39] qui est d’une durée maximale de deux mois. Durant cette phase, l’éducateur spécialisé chargé de l’accompagnement du jeune observe de près les comportements de ce jeune et tente de commencer des entretiens personnels avec lui. En général, l’éducateur commence à avoir une idée ses problèmes personnels et sociaux vécus par le jeune pendant cette phase et pourra par conséquent aborder le premier processus d’accompagnement social et comportemental de ce dernier.

Généralement, ces jeunes se sentent exclus de sa société ou plus précisément de sa famille d’origine pour aboutir dans cette situation de marginalisation où ils se trouvent. Par définition, le mot exclusion signifie « l’action d’exclure quelqu’un en le chassant d’un endroit où il avait précédemment sa place ou en le privant de certains droits »[40]. En 1974, ce terme a été pris par René Lenoir[41] dans son ouvrage intitulé  « Les exclus, un français sur dix », au sein duquel  il désigne comme inclus dans une situation d’exclusion les « inadaptés physiques », les « débiles mentaux » et les « inadaptés sociaux ». Plus précisément, René Lenoir ne parle pas exactement d’exclusion mais d’inadaptation et il dit que : « Dire qu’une personne est inadaptée, marginale ou associable, c’est constater simplement que, dans la société industrielle et urbanisée de la fin du 20ème siècle, cette personne, en raison d’une infirmité physique ou mentale, de son comportement psychologique ou de son absence de formation, est incapable de pourvoir à ses besoins, ou exige des soins constants, ou représente un danger pour autrui, ou se retrouve écartée soit de son propre fait, soit de celui de la collectivité »[42]. En d’autres mots, pour cet auteur, ces inadaptés sont  incapables  de pourvoir personnellement à leurs besoins et se trouvent isolés de la collectivité soit par leurs propres méfaits  soit par la faute de la collectivité. Effectivement, au sein du centre EPIDE de Lanrodec, les jeunes Epidiens sont des inadaptés sociaux qui ont besoin d’aide pour réussir à satisfaire leurs besoins matériaux et affectifs car ils se retrouvent dans une situation d’isolement par rapport à sa société d’origine. En fait, plusieurs situations peuvent être à l’origine de cette inadaptation. Pour les jeunes Epidiens, on peut citer les difficultés d’accès aux logements et aux soins ; les ruptures familiales mais aussi et parfois les problèmes conjugales ; les soucis professionnelles avec le chômage, la précarité de l’emploi, l’absence de titre ou de diplôme. En un mot, les différentes formes de crises du lien social risquent de déclencher ce processus d’inadaptation. De ce fait, on associe facilement l’exclusion sociale à la notion de pauvreté et de précarité, qui en constituent une des causes essentielles. A ce propos, le Conseil des Ministres Européens définit, en 1984, les pauvres comme des « personnes dont les ressources matérielles, culturelles et sociales sont si faibles qu’elles sont exclues des modes de vie minimaux acceptables dans l’État membre où elles vivent »[43].

Ensuite, l’exclusion social peut être aussi due à une dégradation de la situation d’une personne par exemple  quand celle-ci vient de perdre son emploi et entre dans la catégorie des chômeurs, il va y avoir un cumul de difficultés et de relâchement dans sa vie qui aboutira à une rupture de son lien social avec les autres. C’est Emile Durkheim qui a définit ce lien social dans un de ses ouvrages comme les normes et les règles qui régissent les rapports sociaux entre les individus[44] ; ce sont des valeurs communes, des pensées et des croyances qui représentent de manière collective une société donnée. Par extension de cette définition, une personne qui ne veut pas ou ne peut pas se conformer à ces normes et ces règles, que cette réaction soit volontaire ou non, est appelée « en rupture avec le lien social » donc « un exclu ». Mais Serge PAUGAM parle de cette situation d’exclusion avec le terme de « disqualification sociale » qui désigne mieux la situation des jeunes Epidiens de Lanrodec. En effet, ce sociologue déclare qu’être socialement disqualifié désigne le fait de ne pas participer pleinement à la vie économique et sociale  de sa société[45]. Il explique que le risque de disqualification sociale est grand chaque fois que le lien de l’individu avec le milieu de travail s’affaiblit. Mais Serge PAUGAM ajoute qu’être socialement disqualifié ouvre aussi la voie vers la marginalisation. En effet, c’est le cas des jeunes Epidiens de Lanrodec qui n’ont pas de revenu stable et qui n’ont pas le pouvoir et la capacité de satisfaire ses besoins vitaux ; à cette rupture avec le monde du travail s’ajoute ensuite celle de la rupture avec la famille car les marginaux ont surtout la tendance de quitter leurs régions natales pour vagabonder quelques part pour fuir les réprobations sociales[46]. Majoritairement, ces jeunes Epidiens en risque de marginalisation se considèrent comme « des incapables » et « des fainéants » et déroutent vers des problèmes d’alcoolisme[47] et de délinquance juvénile.

Heureusement que les centres EPIDE ont été créé pour se substituer accompagner ces jeunes disqualifiés, exclus, et en risque de marginalisation. Les éducateurs spécialisés du centre d’accueil travaillent comme des travailleurs sociaux qui accompagnent ces jeunes dans leurs processus de réadaptation et de réintégration sociale. Ils seront les premiers responsables qui entrent en contact avec les jeunes Epidiens au moment où ils entrent dans le centre pour suivre le cursus. Ils utilisent généralement la méthode d’entretien individuelle aussi fréquente que possible pour entamer la discussion et pour commencer à comprendre les problèmes de chaque jeune.

 

2°) Désir d’intégration.

Il faut alors remarquer que la majorité de  ces jeunes marginaux du centre EPIDE de Lanrodec ont vécu des dizaines d’échecs mais ils reviennent à la conscience et éprouve de nouveau le désir d’appartenir à la société et de reprendre leurs vies en main. Ils ont généralement des difficultés financières et ont besoin d’un travail stable pour survivre, surmonter les expériences stigmatisantes de rupture avec la société et viser une place plus décente auprès de cette société. Devant l’impossibilité d’avoir un travail conforme à la norme suite à l’absence de diplôme et de qualification professionnelle, les jeunes Epidiens ont une forte motivation au retour à l’emploi car ils présument que c’est la meilleure manière de se réintégrer socialement. Cette forte motivation leur permet de faire rapidement un choix de formation professionnelle ; d’après certains témoignages de leurs parts, ils sont motivés car ils éprouvent le besoin « de vivre enfin comme tout le monde ». Dans la majorité des cas, ces jeunes Epidiens de Lanrodec ne demandent que peu de travail de la part de leurs tuteurs car ils sont aptes à se débrouiller eux-mêmes. Il suffit de les faire entrer dans le monde de l’éducation et de la formation, de les enseigner les bonnes manières de se comporter et d’acquérir leurs confiances et ils tracent ensuite avec indépendance le parcours à suivre pour la réussite. En d’autres termes, il faut les placer au bon moment à l’endroit où il faut pour qu’ils puissent décider et prendre sa vie en main.

Cependant, il faut noter la présence de quelques cas exceptionnels dans le centre EPIDE de Lanrodec. Il s’agit de quelques jeunes qui n’ont pas encore cette forte motivation mais qui veulent intégrer le centre pour être assisté et pour avoir de l’aide. Pour ces cas, le premier travail des tuteurs est de repérer ces jeunes qui compliquent leurs histoires pour inciter la compassion des services sociaux. Ces jeunes sont constamment dans la demande et ne font qu’inventer des histoires farouches dans le but de se faire aider. Ce type de jeune Epidien requiert un très long processus d’accompagnement social avant de changer d’attitude et de pouvoir travailler leurs aptitudes physiques et mentales pour les bonnes causes soit l’acquisition d’un travail stable et la réintégration sociale.

Mais il faut également parler des traumatismes vécus par ces jeunes qui se retrouvent en rupture avec le monde du travail et avec sa famille. En effet, ces jeunes s’ouvrent à la réinsertion sociale et professionnelle pour sortir de l’impasse de cette double rupture aussi traumatisante que violente. Il s’agit alors pour les centres EPIDE de déclencher un processus de changement chez les jeunes pour qu’ils réagissent contre les échecs et entrent vers un processus de réintégration sociale et professionnelle, tous ceci dans une relation d’aide et de confiance mutuelle entre le jeune en question et le centre d’accueil à travers le tuteur désigné.

Toutefois, il ne faut pas oublier que les centres EPIDE y compris le centre de Lanrodec sont particuliers dans la mesure où il n’accueille que des jeunes volontaires. En d’autres mots, ces jeunes doivent primordialement éprouver des désirs de changer dans un sens positif pour pouvoir être admis dans un tel centre. Quelques soit le sexe du jeune, il peut s’inscrire dans un centre EPIDE de son choix et de préférence de son ressort géographique quand il satisfait les conditions générales préalablement stipulées par l’ordonnance de création des centres EPIDE.

Mais le plus important parmi les conditions d’admissions au sein d’un centre EPIDE est que les jeunes doivent prendre la décision de s’inscrire auprès des centres de leurs propres grés. Pour l’ensemble des centres, le recrutement se fait tous les deux mois et chaque jeune voulant s’intégrer doivent attendre cette échéance fixe pour pouvoir être recrutée. Le plus important est que les jeunes ne soient pas victimes de contrainte de la part de qui que ce soit dans sa décision. Mais cette absence de contrainte ne suffit pas à constituer ce volontariat, mais il faut encore que le jeune ressent le besoin et éprouve le désir de prendre sa vie en main et de renouveler son environnement personnel, social, psychologique et professionnel. C’est la condition sine qua none pour la réussite du parcours Epidien d’un jeune parce qu’en éprouvant ce besoin et ce désir de réintégration, il aura les motivations et les énergies nécessaire à sa réinsertion. Par ailleurs, lors du recrutement des jeunes Epidiens, on ne peut jamais minimiser cette condition de volontariat parce qu’elle assurera le maintien du jeune dans le centre EPIDE de Lanrodec étant donné  toutes les règles qui s’y rapportent tels le port de tenue vestimentaire obligatoire, le respect des horaires, l’assiduité dans la poursuite des cours et des formations dispensés.

 

            B]  Leurs situations professionnelles.

Rappelons-nous que le centre EPIDE de Lanrodec accueille surtout des jeunes Bretons appartenant à la catégorie de la population active mais qui présentent du retard dans la scolarisation et par la logique des choses, ce sont des jeunes qui n’ont pas de qualifications professionnelles.

                        1°) Appartenance à la catégorie de « population active ».

            La condition d’âge est une condition nécessaire à l’admission d’un jeune dans le centre EPIDE de Lanrodec. Un jeune Breton désirant s’inscrire à ce centre doit avoir au moins dix-huit ans et au plus vingt-cinq ans révolus au moment de son inscription. Ainsi, si un jeune dépasse son vingt-cinquième anniversaire au jour de son inscription, il ne sera pas reçu et le même cas se présentera pour les jeunes de moins de moins de dix-huit ans sauf pour le cas des mineurs qui ont eu des problèmes avec la justice et dont le juge cautionne particulièrement son admission au sein d’un centre EPIDE. Mais on a déjà vu ci-dessus que cette exception est actuellement interrompue du fait de l’inexécution de sa part du contrat par le ministère de la justice[48].

Vers cet âge (18 à 25 ans), ces jeunes ciblés par les centres EPIDE sont des jeunes qui doivent entrer dans la catégorie de la population active Français. On entend par « population active » un citoyen Français qui a un emploi stable et bien rémunéré, capable de lui faire survivre et de préparer son avenir personnel tel que la fondation d’une famille par le mariage par exemple mais surtout un citoyen qui participe positivement dans le perfectionnement de son économie nationale.

 

                        2°) Retard dans la scolarisation.

            Les jeunes Epidiens de Lanrodec sont tous des jeunes en situation de marginalisation. En d’autres termes, ce sont des jeunes qui n’ont pas terminé en bonne et dû forme les parcours scolaires classiques au sein de la république française. En fait, ils ont ratés les diplômes scolaires soient à cause de leurs délinquances au moment de  l’adolescence soit à cause de problèmes familiaux. Parmi eux, il y a par exemple des jeunes qui ont eu des parents divorcés ou des parents alcooliques. Il y a aussi des jeunes qui ont été victimes de violences sexuelles de la part de ses parents, beaux-parents ou familles proches et qui ont eu besoin d’une prise en charge spéciale mais qui n’ont pas eu cette chance à son jeune âge. Ils ont pour ces raisons déraillés sur le plan scolaire et ne peut pas alors bénéficier d’un travail décent à cause de l’absence de diplômes scolaires. Mais il y a aussi ceux qui ont choisi les mauvais chemins dans la prise en charge de son avenir, ils ont par exemple choisi de vivre avec la drogue ou la prostitution et ont décidé de rompre tout lien avec sa famille et d’arrêter l’école. Quoiqu’il en soit, lorsqu’ils s’inscrivent au centre de Lanrodec, les responsables du recrutement s’assurent bien de leurs volontés de changer et déterminent en avance leurs motivations avant de les engager.

 

                        3°)  Absence de qualification professionnelle.

La finalité de la prise en charge au sein de l’EPIDE de Lanrodec est que vers la fin du cursus de réinsertion prévue par le centre, le jeune pourra avoir les qualifications nécessaires pour obtenir un emploi décent et stable capable d’assurer l’avenir social et professionnel du jeune et de sa future famille. Il va donc sans dire que pour que le passage au sein de l’EPIDE soit nécessaire, le jeune Breton ne doit pas encore avoir un emploi au moment où il veut intégrer le centre en question. Comme on l’a vu ci-dessus, les jeunes Epidiens de Lanrodec sont tous des jeunes qui ont des retards par rapport à leurs scolarisations. Il y existe même des jeunes qui n’ont aucun diplôme et qui n’ont suivi aucune formation professionnelle. Or, du fait des révolutions industrielles et de la mondialisation, la conséquence logique du retard dans la scolarité et de l’absence de diplôme est l’absence de qualification professionnelle et donc l’appartenance à la classe professionnelle des chômeurs. C’est ainsi que le centre s’efforce de corriger au mieux ces retards scolaires présents dans la vie professionnelle et sociale de ces jeunes afin de pouvoir organiser des projets professionnels et de réaliser ces projets pour arriver à leurs réinsertions sociales et professionnelles.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

PARTIE III :

 

LES MISSIONS

DU CENTRE EPIDE DE

LANRODEC.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

En termes de missions, le centre EPIDE de Lanrodec a mis en place deux objectifs spécifiques qui sont l’accompagnement psychosocial et l’insertion à la fois sociale et professionnelle des jeunes recrutés. Dans la réalité, trois phases sont prévus dans le parcours de chaque jeune mais un problème survient particulièrement au sein du centre EPIDE de Lanrodec notamment au moment du passage de la deuxième phase à la troisième phase de la prise en charge de la majorité des jeunes.

 

CHAPITRE I : ACCOMPAGNEMENT PSYCHOSOCIAL DES JEUNES RECRUTES.

Selon la discipline choisie, le mot « accompagnement » pourra avoir plusieurs significations mais ce qui nous intéressera ici est de savoir la manière dont la psychologie et la sociologie a conçu ce terme et aussi de se demander s’il existe une méthodologie uniforme en matière d’accompagnement dans ces deux disciplines.

            A] Conception psychosociale  de l’accompagnement.

Il s’agit ici d’associer la définition sociologique et la définition psychologique du mot « accompagnement » pour obtenir la définition psychosociale du terme et de définir ensuite les tenants et les aboutissants du métier d’un accompagnateur.

                        1°) Définition psychosociale du terme.

Selon la conception de Maëla Paul, parler du  thème d’accompagnement n’est pas une chose facile dans la mesure où ce terme peut être défini de différentes manières selon la discipline qui la définit et/ou la personnalité de la personne qui veut en concevoir une définition. Mais une conception de ce terme par les psychologues et par les sociologues sera nécessaire pour notre projet. Au sein de l’EPIDE de Lanrodec, comme dans tous les autres centres EPIDE, l’accompagnement doit commencer par  un accompagnement personnel de chaque jeune pour aboutir à la réussite d’un accompagnement professionnel de ce même jeune.

Dans le dictionnaire, le mot « accompagnement » signifie « ajouter quelques chose à autres choses »[49]. Selon une conception initiatique du terme, accompagner signifie changer le statut d’une personne par l’usage de différents techniques usuels, à la fin de l’accompagnement, la personne accompagnée doit être détachée d’un monde passif pour devenir une personne active et autonome au sein du monde auquel on l’a inséré[50]. En réalité, accompagner un jeune est un long processus ou une démarche à suivre comprenant des dialogues et des entretiens réguliers pendant un certain délai et le résultat devront être que le jeune accompagné arrive à bien comprendre les problèmes de son existence, à décider de construire son avenir d’une meilleure manière par ses propres initiatives.

En matière sociale, le souci qui doit soutenir l’idée d’accompagnement est celui du lien de l’individu qui est un être social avec la société à laquelle il appartient. L’accompagnement est alors une intervention dans la vie sociale de l’intéressé au moment où celui-ci passe par une période difficile sur ce plan social. En d’autres termes, l’accompagnement doit commencer au moment où ce dernier trouve des difficultés à s’intégrer dans sa société d’origine et il se doit d’aboutir vers une insertion sociale correcte  mais il doit passer par un processus où la personne devient autonome et arrive à prendre seul la décision en ce qui concerne sa manière de s’insérer. Ainsi, un accompagnement social doit être toujours temporaire c’est-à-dire qu’il a un début et une fin et entre ce début et cette fin, l’accompagnement doit décrire un déplacement de l’accompagné de partir d’un problème vers une solution concrète qu’il a lui-même tracer. C’est d’ailleurs cette notion de temps qui diffère l’accompagnement de la notion de « Compagnon » qui est un lien créé entre deux individus et qui est destiné à les unir sans limite en matière de temps. En la matière, l’accompagnement ne consiste pas à inculquer une nouvelle personnalité à la personne  accompagnée mais de dégager les bonnes qualités qui existent en lui et qui pourrait lui aider dans son insertion. Mais un accompagnement social n’est pas autonome en soi, il doit être assisté par un autre accompagnement dit psychologique pour être efficace.

Ensuite, en matière psychologique, l’accompagnement implique une relation étroite et personnelle entre l’accompagnateur et l’accompagné. Effectivement, la réussite de l’accompagnement d’une personne exige à la fois une implication personnelle de la part de  l’accompagnateur et de la part de l’accompagné. Cette implication doit se définir comme l’instauration d’une confiance mutuelle entre les deux acteurs de l’accompagnement étant donné que cette confiance sera basée sur un respect, une écoute réciproque et une coopération afin que les qualités personnelles de l’accompagné puissent ressortir et construire son avenir. Mais il faut remarquer que la forme la plus simple de l’accompagnement psychologique est cet accompagnement qui met en relation deux personnes car il se peut que l’accompagnement psychologique d’une personne nécessite la participation de deux ou plusieurs accompagnateurs. Et le temps est le principal outil utilisé pour réussir l’accompagnement psychologique d’une personne. En effet, avant d’être prêt à affronter convenablement le monde extérieur, un accompagné doit passer une période d’entretien plus ou moins longues avec son accompagnateur. Mais pour commencer l’accompagnement, il faut que celui qui veut engager l’action fasse le premier geste nécessaire dans l’optique d’instaurer le climat de confiance entre les deux acteurs de l’accompagnement ; il appartient alors à l’accompagnateur social d’entreprendre le premier contact avec le jeune accompagné.

En somme, un accompagnement social est une assistance spéciale accordée à une personne donnée dans le but de corriger un problème d’intégration  sociale qui s’est implanté dans sa vie. Mais un accompagnement social nécessite toujours un accompagnement psychologique dans la mesure où un accompagnateur doit réussir à récupérer la confiance de l’accompagné pour que ce dernier puisse de nouveau se confier et faire apparaître ainsi ses valeurs et ses capacités personnelles car ce sont ses atouts personnels de l’accompagné qui vont construire son avenir au sein de sa société. Alors, un accompagnement social doit consister en une action de valorisation de ce qui est bon et exploitable chez une personne et qui peut l’aider à se réintégrer dans sa société d’origine.

Au sein du centre EPIDE de Lanrodec, les jeunes admis sont tous des jeunes qui ont des problèmes avec leurs sociétés d’origine et qui ressentent à ce moment de jeunesse adulte le besoin de se réintégrer dans ces sociétés. Dès son premier jour au sein du centre, un jeune sera pris en charge par un tuteur qui prendra en charge principalement le coté psychologique du jeune mais l’objectif final de cette prise en charge est que le jeune arrive à renouer des liens avec sa société car il est un être social mais il doit aussi réussir à obtenir un emploi, ou une formation décent capable d’assurer son avenir, il est aussi capable de créer des liens de voisinages normaux avec son environnement professionnel. Par conséquent, un soutien et un appui matériel notamment en matière d’hébergement, de santé et de mobilité sont accordés aux jeunes Epidiens toujours dans ce dessein d’accompagnement social dispensé dans les EPIDE.

 

2°) Le métier d’accompagnateur.

Depuis quelques années, plusieurs idées divergent de divers auteurs dans le but de définir ce qu’est le métier d’accompagnateur. Pour certains, être accompagnateur est un nouveau métier qui nécessite de nouvelles capacités et de nouvelles compétences pour ce qui veulent le pratiquer. Pour d’autres, il s’agit d’un métier naturel qui n’est pas à apprendre ou à expérimenter mais qui est acquis dès la première expérience professionnelle par ce qui a un don pour ce métier. Ce qui unifie ces divers auteurs est que le métier d’accompagnateur nécessite beaucoup d’efforts d’écoute et de parole de la part des acteurs de l’accompagnement afin qu’ils puissent ensemble trouver un terrain d’entente et bâtir une confiance mutuelle entre-eux.

En surcroît, le métier d’accompagnateur consiste à jouer plusieurs rôles dans la vie de l’accompagné. Ainsi, il faut que l’accompagnateur conduit l’accompagné avec une implantation d’une certaine idée d’exercice d’autorité pour l’obliger à prendre une certaine direction. L’accompagnateur doit aussi être le guide dans la mesure où il aide et conseille sans aucune autorité apparente l’accompagné à s’orienter vers cette direction. Aussi, il faut qu’il escorte son apprenti c’est-à-dire qu’il doit fournir, en sa faveur, des mesures de protection, de défense, de soutien psychologique et d’assistance corporel pour que ce dernier puisse avoir la confiance dont il a besoin pour aller de l’avant dans sa réintégration. Au sein du centre EPIDE de Lanrodec, les accompagnateurs sociaux sont les tuteurs et ils sont soit des éducateurs spécialisés soit des anciens militaires; Pour être recruté pour ces postes, on a déjà invoqué dans un chapitre ci-dessus les conditions légales et professionnelles d’admissions[51]. En fait, chaque tuteur est engagé pour s’occuper de quelques jeunes (limité en nombres) pour leurs accompagner dans divers domaines tout au long de leurs parcours au sein du centre. Tout au début de son arrivée au sein du centre, le jeune doit passer par une première phase dite phase probatoire où  son Tuteur doit commencer à lui parler, à programmer des entretiens avec lui afin que les démarches de prise en charge sociale et professionnelle du jeune puissent être déclenchées. En d’autres mots, cette phase probatoire consiste en l’observation des comportements du jeune tendant à la reconstruction du passé et de l’histoire personnelle de celui-ci afin que chaque responsable du centre puisse prendre les mesures nécessaires pour adopter les programmes adaptés à la personne du jeune en matière sociale et professionnelle. Mais à la fin de la phase probatoire, le métier d’accompagnateur social assuré par les éducateurs spécialisés ne s’arrêtent pas vu qu’ils sont chargé non seulement de la formation civique des jeunes et mais aussi des entretiens nécessaires à la création et au suivi de l’évolution du projet personnel professionnel du jeune.

Effectivement, le jeune Epidien doit réussir une réinsertion sociale avant de pouvoir être réinséré professionnellement. En effet, l’apprentissage d’un bon comportement vis-à-vis de la société est très important pour le parcours du jeune puisque même s’il acquiert les diplômes et les qualifications nécessaires pour intégrer une bonne profession stable, il ne faut pas oublier qu’un nouvel emploi crée pour le jeune une nouvelle société où il doit pouvoir être intégré mais où il doit aussi pouvoir y vivre aisément et conformément aux exigences comportementales requises par la profession. Ainsi, les cours théoriques d’éducations et d’instructions civiques dispensés au sein du centre et qui sont assurés par les accompagnateurs sociaux ou éducateurs spécialisés sont les parties les plus importantes dans la mesure où ils permettent aux jeunes d’acquérir les qualités nécessaires pour vivre en bon terme avec son voisinage social et professionnel. En fait, ces cours théoriques vont par la suite être appuyés par des expériences pratiques au sein même du centre parce que les jeunes devront y vivre en internat tout au long de leurs cursus et ils doivent par cette occasion, y commencer à appliquer les cours d’éducations civiques pour commencer à vivre en harmonie avec les autres jeunes et les responsables du centre. Les jeunes Epidiens signent un contrat en entrant dans lequel il promet de tisser des liens de voisinages normaux et agréables avec ces semblables et de fournir tous les efforts nécessaires pour faire ressentir aux responsables qu’ils respectent les autres surtouts les autorités supérieurs et les disciplines intérieurs préalablement définis au sein de son centre d’accueil.

En bref, le métier d’accompagnateur social ou d’éducateur spécialisé n’est pas une chose facile pour les agents recrutés au sein des centres EPIDE ; ce métier nécessite autant d’implication personnelle, de motivation mais aussi d’adoption d’une démarche méthodologique appropriée pour être réussie.

            B]  Méthodologie de l’accompagnement.

            Dans une intervention de 2004 intitulée « Accompagnement et formation », Maëla Paul dénombrait trois modèles d’accompagnement pour la formation des jeunes ; ces modèles sont très importants dans la mesure où il aura des conséquences effectives sur le comportement psychosocial futur du jeune accompagné.

 

                        1°) La démarche à suivre pour réussir un accompagnement.

Selon Maëla Paul[52], quand l’objectif de l’accompagnement social contient des finalités professionnelles, trois processus clés doivent être suivies pour réussir cet accompagnement : une individualisation du ou des problèmes du jeune accompagné ; autonomisation de ce jeune vis-à-vis du monde professionnel ; et une socialisation c’est-à-dire une insertion professionnelle du jeune accompagné. Dans cette optique, pour un accompagnement des jeunes Epidiens vers l’emploi, trois modules de formations sont dispensés au sein du centre EPIDE de Lanrodec : il s’agit d’une insertion sociale suivie d’une orientation professionnelle pour atterrir vers une formation professionnelle.

Pour l’insertion sociale, on a déjà vu que le jeune doit collaborer avec son tuteur et travailler avec lui pour identifier les obstacles qui ont réussi à écarter le jeune de sa société. Ensuite, par des démarches méthodologiques spécifiques, ils doivent ensemble construire le plan adapté à la situation du jeune et qui aboutira à la réintégration sociale de ce dernier. Après qu’un plan de réinsertion sociale soit définit, le jeune doit commencer à penser à une activité professionnelle qui l’intéresse et discuter avec son tuteur de la possibilité d’accomplissement de ce rêve. En général, le choix et la définition de son activité professionnel futur doit émaner personnellement du jeune mais son tuteur en lien avec son chargé d’insertion professionnel peut l’aider, le guider et le conseiller dans la mesure du possible pour lui éviter de plonger dans de nouvelles erreurs qui compromettrait de nouveau son avenir social et professionnel. Cette orientation professionnelle se fait selon une démarche spécifique appelée : « Activation du Développement Vocationnel et Personnel »  adopté par le centre et tendant à la définition d’un projet personnel professionnel de chaque jeune. Enfin, quand le jeune a réussi la phase de l’adoption de son projet professionnel, il doit ensuite commencer sa formation professionnelle tendant à l’acquisition des qualités personnelles et des compétences qui lui sont nécessaires pour la bonne tenue de son futur emploi. Mais la formation professionnelle incluse aussi des offres de stages au profit des jeunes au sein des entreprises conformes à leurs projets.

Dans le centre EPIDE de Lanrodec, le principal outil utilisé par les éducateurs spécialisés pour aborder leurs jeunes et pour les accompagner dans leurs cursus de formations est l’entretien. Il s’agit d’une démarche sociologique destinée à comprendre la nature, la personnalité, le passé, les sentiments, le comportement et le désir d’une personne en particulier. Cet entretien doit être mené de manière subjective par l’éducateur spécialisé c’est-à-dire que selon la personnalité et le comportement de chaque jeune,  l’entretien doit se conformer aux personnalités et aux comportements de chaque jeune et ne doit jamais être unanimes. Effectivement, selon le cas de chaque jeune et le moment choisi pour l’entretien, l’entretien peut être non directif [53]c’est-à-dire un entretien qui laisse la personne interrogée exprimée ce qu’elle ressent sana lui poser aucune question. Mais l’entretien peut aussi être semi-directif[54] c’est-à-dire que l’enquêteur pose certaines questions sur un ou des thèmes définies et qui tend à préciser l’objet et le but de l’entretien. Ce type d’entretien vise alors à éviter de parler de certains thèmes qui sont préalablement exclu par l’enquêteur  et à parler par contre de certains thèmes qui sont inclues dans les questions que l’enquêteur pose à l’enquêté. Mais l’entretien peut être aussi  un entretien directif[55] c’est-à-dire que des questionnaires précis sont préparés par l’enquêteur et l’obtention de réponses précises pour ces questions est utile pour la réussite de ce type d’entretien. Ce qui fait par contre l’unanimité dans la méthodologie des entretiens au sein du centre EPIDE de Lanrodec est que l’entretien se fait toujours selon une méthode d’entretien individuel[56] c’est-à-dire que l’éducateur spécialisé mène toujours des entretiens avec un seul jeune à la fois mais jamais des entretiens collectifs sauf pour les sujets qui concernent la majorité des jeunes et qui ne visent pas la construction de leurs projets professionnels personnels.

 

                        2°) Les conséquences d’un accompagnement psychosocial.

En fait, toute démarche d’insertion professionnelle nécessite toujours un accompagnement social. Un échec de l’accompagnement social conduit irréversiblement à un échec de l’insertion professionnel du jeune Epidien. En fait, l’accompagnement au sein de l’EPIDE de Lanrodec est à la fois psychologique, social mais surtout professionnel et ces trois dimensions d’accompagnements sont complémentaires car ils visent un seul but qui est d’enlever les jeunes de leurs statuts de marginaux vers une situation où ils seront en mesure de prendre en charge leurs avenirs tant sociales que professionnelles. Toutefois, il faudra rappeler que l’accompagnement psychosocial est nécessaire pour la réussite de l’avenir professionnelle du jeune mais il ne garantira pas pour autant que le jeune aura les compétences et les expériences nécessaires pour tenir son projet professionnel pérenne.

En effet, outre l’accompagnement psychosocial de chaque jeune qui ne prendra fin qu’au terme de son cursus au sein de l’EPIDE , il faudra qu’il passe aussi par un long processus de resocialisation et de formation professionnelle destinée à lui préparer pour le monde professionnel qui nécessite des technicités et des compétences particulières selon le genre d’activité choisi. Ainsi, les conséquences de l’accompagnement psychosocial commencent par une meilleure appréhension de son histoire personnelle et de sa société par le jeune avant de se tourner vers une apprentissage de celui-ci  des  savoir-vivre et savoir-être destinés à mieux se comporter au sein de la société et de pouvoir s’adapter facilement à son environnement quelques soit les circonstances qui entourent sa vie quotidienne et sa profession.

 

CHAPITRE II : INSERTION SOCIALE ET PROFESSIONNELLE DES JEUNES RECRUTES.

            Excepté le concept de l’accompagnement qui est une phase importante durant le séjour d’un jeune Epidien au sein du centre EPIDE de Lanrodec, ce centre prévoit aussi des programmes d’insertions à la fois sociale et professionnelle de ces jeunes pour renforcer leurs formations. Ces programmes de réinsertion sociale et professionnelle désignent le processus mis en œuvre et  permettant à un jeune de réintégrer sa société d’origine par l’appropriation des normes et des règles de cette société.

            A] A propos de l’insertion sociale des jeunes.

En matière d’insertion sociale, diverses conceptions sont admises dans plusieurs ouvrages de divers auteurs célèbres. Il nous importe alors d’adopter un point de vue en définissant ce qu’on appelle « insertion sociale » pour le présent document et pour les centres EPIDE avant de parler du programme d’insertion sociale au sein du centre EPIDE de Lanrodec.

 

 

                        1°) Définition du concept.

D’une manière générale, le concept d’insertion doit englober tous les rapports de la personne avec son environnement social. C’est alors un processus plus ou moins long qui consiste à donner une place et à assurer la position sociale d’une personne vis-à-vis de la collectivité à laquelle elle doit appartenir. Après un processus de réinsertion, la personne insérée requiert une position stable, utile et décente vis-à-vis de sa société. Mais ce processus d’insertion ne peut pas être dissocié du concept de socialisation parce que quelques soit la discipline dans laquelle une personne veut être insérée, elle doit y être intégrée en tenant compte d’un ensemble de valeurs, de normes et de règles communes qui régissent cette société d’intégration. En d’autres mots, la socialisation est le premier processus à déclencher en cas de souhait de réinsertion. La socialisation se définit comme un processus d’apprentissage qui permet à un individu de s’adapter et de s’intégrer dans son environnement social et de savoir vivre en société[57]. Selon les sociologues, il y a la socialisation primaire qui consiste à réintégrer une personne dans son cercle familial et il y a la socialisation secondaire qui consiste en une insertion d’un individu dans un espace scolaire et/ou professionnel. Mais toute socialisation qu’elle soit primaire ou secondaire nécessite de la part du réinséré un minimum de contrôle émotionnel, l’acquisition d’une attitude de coopération et de compréhension, la capacité d’écoute et aussi des stratégies de résolution des conflits.

En matière sociale, l’insertion se veut être « une action visant à faire évoluer un individu isolé ou marginal vers une situation caractérisée par des échanges satisfaisants avec son environnement»[58]. L’insertion sociale doit  alors regrouper plusieurs dimensions tels que la famille, le professionnel, le logement, la culture, la santé, l’économie, l’éducation…[59] pour être satisfaisante. Certains sociologues comme Stéphane BEAUD et Michel PIALOUX insistent sur la pertinence du rôle des professionnels de l’insertion comme les travailleurs sociaux pour la réussite de l’insertion d’un individu dans la mesure où ces derniers ont les capacités et les compétences nécessaires pour le soutien matériel et moral de ces individus victime d’exclusion. Il peut parfois arriver que le concept d’insertion sociale puisse être utilisé pour intégrer une personne dans un groupe ou un milieu social différent de celui dont ils sont originaires.

En bref, la réinsertion sociale peut être le fait d’insérer quelqu’un à nouveau dans la société à laquelle il a déjà appartenu auparavant mais il peut aussi être un processus pour faire entrer une personne dans une société nouvelle dans laquelle elle doit appartenir pour son développement personnel. Quoiqu’il en soit, ce processus doit permettre à la personne de se rapprocher ou de devenir membre d’un autre groupe plus grand par l’ajustement de son comportement aux normes et valeurs de la collectivité à laquelle elle veut appartenir. Toutefois, cette réinsertion sociale requiert de la part de l’individu à réinsérer une volonté et une action réelle de s’insérer et de la part de la collectivité une capacité de recevoir cet individu comme un membre.

 

2°) L’insertion sociale au sein du centre EPIDE de Lanrodec.

Depuis toujours, les efforts déployés par les centres EPIDE y compris celui de Lanrodec pour la réinsertion sociale des jeunes volontaires s’appuient sur une politique de partenariats avec les travailleurs sociaux et les entreprises locales hormis les disciplines et formations internes tendant à corriger les comportements personnels respectifs de chaque jeune.

Pour le centre EPIDE de Lanrodec, le travail et le respect des disciplines et règlements intérieurs du centre constituent des valeurs essentielles pour la réussite de l’insertion professionnelle de chaque jeune. En fait, au sein de ce centre, la majorité des jeunes recrutés n’ont jamais eu d’activités professionnelles et donc ne perçoivent aucune ressource pour survivre. Et la conséquence psychologique de cette situation ne doit pas être minimisée  puisque elle occasionnera des blessures morales et des complexes d’infériorité rendant difficile le déclenchement d’une réinsertion sociale. Ainsi, le rôle de chaque tuteur est à la fois de resocialiser, d’insérer socialement et professionnellement chaque jeune au moyen d’un accompagnement aussi individualisé que possible. Mais cet accompagnement doit se faire dans son sens humaniste c’est-à-dire en considération constante que les jeunes à réinsérer sont des citoyens ayant des droits et des obligations mais qui ont besoin d’aide pour pouvoir mettre en harmonie ses droits et ses obligations et de se conformer à sa société.

Mais dans la pratique, quelques soit les efforts fournis par les tuteurs pour l’accompagnement des jeunes, la volonté et l’implication de ces derniers jouent aussi un grand rôle vu la complexité du travail à accomplir. En d’autres termes, les démarches de l’insertion sociale doit être programmés autour de la personne à réinsérer mais non autour des problèmes que ce dernier a rencontré mais elles doivent surtout être basée sur une confiance réciproque entre le tuteur qui doit faire de son mieux pour motiver le jeune et le jeune qui doit tout mettre en œuvre pour la réussite de son insertion. De ce fait, il faudra qu’un espace de dialogue puisse interférer entre l’accompagnateur et le jeune dans la mesure où le jeune puisse réfléchir sur sa situation, exprimer ses choix personnels en matière d’orientation professionnelle et de projet d’avenir sous la haute surveillance, protection et correction de son tuteur responsable. Il s’agit alors pour le tuteur de faire comprendre aux jeunes qu’ils ont le droit d’appartenir à une société et d’y jouir des droits en tant que citoyens de la république française mais il faut aussi et surtout qu’ils arrivent à accepter qu’ils ont aussi des devoirs qu’ils doivent impérativement respectés et effectués envers cette même société. En fait, une insertion sociale doit permettre à chaque inséré de se détourner de son image de dévalorisation de ses capacités et de ses compétences. Il faut que l’accompagnement social dispensé par les tuteurs puisse arriver à conscientiser les jeunes sur ses qualités personnelles, ses potentialités et ses ressources positives mais ce travail requiert une volonté de se confier de la part du jeune à réintégrer.

Il faut aussi noter que l’insertion sociale d’un jeune Epidien nécessite la prise en compte de la situation personnelle de celui-ci dans son intégralité et sa transversalité. Effectivement, le but de l’EPIDE étant de faire acquérir un emploi décent et stable aux jeunes pour qu’ils puissent subvenir à leurs propres besoin et assurer la survie de sa famille et cet objectif doit passer par la réinsertion sociale des jeunes. Ainsi, le rôle des tuteurs est de conseiller et d’aider les jeunes Epidiens pour qu’ils arrivent à organiser l’ensemble de sa vie notamment en matière d’organisation familiale, de moyen de déplacement, de logement, de motivation psychologique, d’assurance sociale …

Au sein du centre EPIDE de Lanrodec comme dans tous les autres centres EPIDE français, cette insertion sociale qui sera mis en œuvre par un accompagnement psychosocial personnalisé de chaque jeune est formalisée par la signature d’un contrat synallagmatique[60] entre le jeune volontaire et le centre d’accueil. Pour le jeune volontaire, son engagement consiste à mettre en œuvre toutes les démarches nécessaires pour l’aboutissement de sa formation et pour le rétablissement de sa situation sociale et professionnelle. Réciproquement, le centre s’engage à lui fournir les moyens et les outils nécessaires pour la réussite de la réinsertion du jeune. Il faut enfin noter que le contenu de la démarche d’insertion est défini par le jeune avec l’aide de son tuteur personnel mais cette démarche pourra être réajustée au fur et à mesure des réalités et des problèmes éventuels. Vers la fin de l’insertion sociale, le jeune doit pouvoir agir seul, prendre seul des décisions sur sa vie, exprimer ses choix vis-à-vis de la société et expliquer ce choix dans le sens de le justifier auprès de la collectivité pour éviter les ruptures de communication. Ces qualités peuvent être englobées dans le terme d’ « autonomie » mais ce concept d’autonomie doit aussi inclure une capacité pour le jeune de pouvoir se tourner vers cette société pour requérir de l’aide en cas de problèmes. En somme, ce qui définit l’insertion sociale au sein du centre EPIDE de Lanrodec est la finalité à atteindre en la matière notamment faire du jeune Epidien un véritable citoyen français capable de défendre ses droits et d’accomplir ses devoirs envers la société mais ce jeune doit aussi et surtout devenir un être social en dépit de sa citoyenneté.

 

            B]  L’objectif d’insertion professionnelle des jeunes.

D’après ce qu’on a vu plus haut[61], les centres EPIDE ont été créés comme des dispositifs de lutte contre le chômage en France. Ainsi, un des plus grands programmes de ces centres est de prévoir un programme d’insertion professionnelle. Mais il importe en premier lieu d’évoquer quelques généralités sur le concept d’insertion professionnelle avant de rendre compte du programme d’insertion professionnelle au sein du centre EPIDE de Lanrodec.

 

                        1°) Généralités sur le concept.

Obtenir un travail stable est à la fois source d’autonomie financière et origine d’une indépendance nécessaire à un individu pour choisir et délimiter son avenir tant social que professionnel. En d’autres mots, en atteignant un certain stade de stabilité en matière de travail, un individu passera du statut d’adolescent sous la responsabilité de ses parents vers le statut d’adulte responsable c’est-à-dire un statut de citoyen à part entière au sein de sa nation. Par extension, un individu en âge adulte ne peut bénéficier de la confiance de sa collectivité d’origine à défaut d’acquisition d’une stabilité dans le marché du travail. Il va alors sans dire qu’une personne qui ne peut pas décrocher un emploi digne de ce nom se sentira obligatoirement  mal ou même exclu vis-à-vis de sa société. En plus, l’appartenance de telle ou telle personne à la catégorie des sans emplois ou chômeurs devra être perçu comme un problème d’envergure nationale puisque le chômage conduit une personne systématiquement à des actes de banditismes et/ou d’alcoolismes nuisibles pour la société et la nation à laquelle celle-ci appartienne. En principe, chaque pays du monde a des dispositifs de lutte contre le chômage par des moyens d’insertion professionnelle pour prendre en charge les sans emplois.  Par définition, une insertion professionnelle est « un processus qui permet à un individu d’entrer dans le marché complexe du travail dans des conditions favorables à l’obtention d’un travail stable capable de lui assurer une survie personnelle et familiale »[62]. Cependant, selon les sociologues, la démarche d’insertion professionnelle doit commencer par une volonté personnelle de celui qui a un problème en matière d’emploi, elle nécessite une totale implication ainsi que de fortes motivations de sa part. Mais elle doit passer par la suite par un processus de détermination de l’orientation professionnelle que l’individu à insérer définit. Puis, il doit y avoir une démarche de formation professionnelle tendant à l’acquisition des savoirs, des savoir-êtres et des savoir-faire nécessaire pour le métier choisi. Toutefois, cette période de formation professionnelle peut être facilitée par l’aide d’un professionnel du métier c’est-à-dire d’un chargé de formation professionnelle, la finalité étant que celui qui veut être inséré professionnellement obtienne les qualifications, certificats, attestations et/ou diplômes et les qualités personnelles nécessaires à sa nouvelle orientation professionnelle. Effectivement, chaque diplôme et chaque certificat professionnel acquise constitue pour chaque candidat à l’insertion professionnelle un gage pour le  futur employeur, une bonne manière  pour son titulaire d’être recruté par les grandes entreprises, mais aussi une chance pour ce dernier d’obtenir un travail stable et décent.

 

                        2°) La politique d’insertion professionnelle du centre EPIDE de Lanrodec.

Au sein du centre EPIDE de Lanrodec, les démarches d’insertion professionnelle vont toujours de paires avec les démarches d’insertion sociale. Certes, la possibilité de décrocher un emploi stable et décent est possible à la seule condition que le jeune Epidien acquiert la formation professionnelle adéquate mais la capacité de garder cet emploi nécessite une réussite de la formation comportementale incluse dans les démarches d’insertion sociale. C’est de cette constatation que la notion d’ « insertion socioprofessionnelle » est retenue par les centres EPIDE. En d’autres termes, l’insertion sociale est un des préalables nécessaires pour une insertion professionnelle  dans le sens où elle assurera l’adoption d’un comportement approprié à la société à laquelle on veut adhérer.

Effectivement, au sein du centre EPIDE de Lanrodec, les jeunes Epidiens commencent par des entretiens individuels spécialisés adaptés à son cas. Ces entretiens sont assurés par des tuteurs qui sont des accompagnateurs sociaux. Ensuite, le jeune définit avec ce tuteur un projet professionnel qu’il veut adopter pour préparer son avenir professionnel et social. Toutes ces démarches prouvent que l’insertion sociale prime l’insertion professionnelle au sein du centre EPIDE qui continue de dire qu’un jeune Epidien ne réussira pas à garder son travail s’il ne détient pas les capacités nécessaires pour la préservation d’une relation sociale. Ce n’est qu’après quelques mois de séjour à l’EPIDE que le jeune commence à entrer en contact avec son monde professionnel et que les démarches pour son insertion professionnelle commencent. A partir de cet instant, l’insertion professionnelle du jeune comprendra la définition d’un  projet professionnel personnel ; la participation à des cours de remise à niveau scolaire et des cours de formations techniques et professionnelles selon l’activité choisie ; le passage par un premier stage d’immersion professionnel au sein de l’entreprise conformément au projet professionnel définit et enfin, le passage de plusieurs stages professionnels nécessaires à l’acquisitions des connaissances, des compétences et des expériences utiles pour la réussite de l’insertion professionnelle. L’insertion professionnelle d’une jeune Epidien de Lanrodec prendra fin au moment où celui-ci arrive à décrocher un emploi stable suivant ses compétences ou quand il arrive à intégrer un centre de formation professionnelle conforme à son projet professionnel et capable de lui fournir les moyens nécessaires pour obtenir un bon emploi.

            C] Le « concept de la résilience » dans l’insertion sociale et professionnelle.

Ce concept de résilience est un concept encore psychosocial qui s’impose pour la réussite et la durabilité de l’insertion sociale et professionnelle des jeunes Epidiens de Lanrodec. Mais qu’appelle-t-on « Concept de résilience »?

 

1°) Définition du terme.

Selon la discipline choisie, le terme « résilience » peut avoir nombreuses définitions. Mais ce qui nous intéressera pour le présent document est sa définition en matière de psychologie et de sociologie puisque ce sont les domaines qui touchent l’insertion sociale et professionnelle des jeunes Epidiens de Lanrodec.

En matière psychologique, il s’agit d’un phénomène qui consiste pour un individu de se reconstruire suite à un évènement tragique qui a détruit sa vie[63]. En fait, l’individu vient de vivre une situation dramatique et il se trouve dans une situation de dépression psychologique. Souvent, il requiert de l’aide de la part d’un ou plusieurs professionnels pour sortir de cette dépression et surmonter l’évènement. Il s’agit d’une reconstruction de sa personnalité et de ses capacités personnelles à affronter la vie. Littéralement, le mot « résilience » vient du verbe latin « resilio » qui signifie « rebondir ou résister au choc ou à la déformation ». Ce concept a été utilisé par la psychologie pour la première fois en 1939 par deux sociologues américaines : Emmy Warner et John Bowlby. En l’espèce, les deux sociologues travaillaient à Hawaï à l’époque pour s’occuper de plusieurs enfants à risque psychopathologique et qui sont condamnés à présenter des troubles mentaux. Le terme était utilisé pour désigner certains d’entre ces enfants qui ont pu démontrer certaines qualités psychologiques personnelles qui ont réussi à les sauver de ces troubles mentaux. La résilience est alors en quelques sortes des qualités individuelles acquises par certaines personnes et qui leurs permettent de vaincre les situations difficiles. Par extension, les individus qui ont la capacité de résilience ont le pouvoir de faire face à toutes les situations et de dépasser son état précaire actuel. En France, c’est le psychiatre et psychothérapeute Boris Cyrulnik qui a développé ce concept pour la première fois vers les années 1980 après avoir observé le cas des survivants vivant dans les camps de concentration française[64]. Pour lui, ce terme désigne l’aptitude d’un corps à résister aux pressions et à reprendre sa structure initiale, c’est aussi  la capacité à vivre, à réussir, à se développer en dépit de l’adversité. En fait, ce concept se substitue au terme « invulnérabilité » qui désignait des personnes qui ne sont jamais submergés par les problèmes mais qui arrivent toujours à les surmonter.

En matière sociale, la résilience est l’ensemble des thérapies (médicales ou non) mise en œuvre par la société ou par l’individu pour corriger une situation critique qui met l’individu en question en face d’une difficulté vis-à-vis de la collectivité. En d’autres mots, il s’agit d’un ensemble de processus qui viennent casser une ambiance négative dans la vie d’une personne et qui la redirige vers l’autre sens c’est-à-dire vers une tendance positive. Il s’agit d’une reflexe acquise par l’homme de part son histoire mais non d’une reflexe innée c’est-à-dire que chaque personne, selon son passé, a des divers degrés de capacité de résilience. Le rôle des professionnels est tout simplement de réveiller, d’orienter, de conseiller la capacité de résilience de chacun pour qu’il ne se perd pas dans son choix. La résilience est une sorte de thérapie reconstructrice qui consiste à effacer les images négatives qu’une personne a pour lui-même et à lui démontrer qu’il a des qualités personnelles capable de lui faire sortir de cette impasse. Mais on peut définir aussi la résilience comme la capacité pour une personne de faire face à une situation sociale difficile, à rebondir face à ces situations. Généralement, cette capacité de résilience est acquise dès son enfance par un individu qui a des relations saines avec sa famille, ses amis et sa société d’origine. Une bonne communication est alors une grande et principale source de capacité de résilience stable. Dans le sens contraire, les enfants qui ont eu des problèmes de communications ne peuvent généralement pas avoir une bonne capacité de résilience quand ils deviennent des adultes. Majoritairement, ces enfants à problèmes réagissent mal face aux situations sociales et/ou personnelles difficiles.

En somme, si on parle du concept de résilience pour la discipline de psychosociologie, il s’agit de l’ensemble des mesures prises par l’individu et la collectivité pour détacher un individu de sa situation de problème social vers un meilleur statut social par le travail de son coté psychologique en faisant sortir ses qualités personnelles ainsi que ses compétences individuelles.

 

                        2°)  La résilience pour la pérennité de l’insertion sociale et professionnelle au sein du centre EPIDE de Lanrodec

A  priori, le projet EPIDE est un projet humaniste destiné à observer et à aider les jeunes recrutés du point de vue de sa citoyenneté. Il est fondé sur la certitude que chaque individu possède des qualités, des ressources ainsi que des talents et une capacité pouvant lui permettre de reconstruire et d’assurer son avenir tant social que professionnel en passant par une solide formation au niveau social mais surtout en matière professionnelle.

Et d’après ce qu’on a vu ci-dessus, la résilience est la capacité d’une personne de surmonter des épreuves tragiques et douloureuses de sa vie. Or, on a aussi déjà exposé plus haut que les jeunes Epidiens de Lanrodec sont des jeunes qui traversent tous des périodes difficiles[65]. Sans exception, ils demandent à intégrer les EPIDE dans le but de trouver de l’aide pour pouvoir dépasser les cycles d’échecs qu’ils viennent de traverser. Sur le plan social, ces jeunes Epidiens se trouvent, au moment de rejoindre l’EPIDE, en rupture de communication avec ses parents et/ou sa famille et dans la plupart des cas, en rupture avec ses amis d’enfance mais se rallient contrairement à des groupes de délinquants et de marginaux pour fumer des joints, alcool ou pour former des groupes de bandits. Au niveau scolaire, ils sont retard vis-à-vis des autres jeunes adultes de leurs sociétés parce qu’ils n’ont pas eu le temps et les moyens de continuer leurs études ; ce retard peut être la faute du jeune qui a choisi la mauvaise route au moment de l’adolescence mais il peut être aussi l’œuvre de ces parents ou de ces proches qui sont parfois des alcooliques irresponsables qui n’ont pas su donner ce que leurs enfants ont besoin pour continuer leurs études. Sur le plan professionnel, les jeunes adultes volontaires de Lanrodec commencent à entrer dans l’âge adulte c’est-à-dire à appartenir à la population active mais faute de diplôme ou de qualification professionnelle, ils ne peuvent pas trouver des emplois ou même s’ils en trouvent, ce sont des petits boulots de rien du tout qui n’arrivent pas à satisfaire leurs besoins fondamentaux.

De tous ces récits, on peut déduire toutes les difficultés par lesquelles ces jeunes Epidiens de Lanrodec passent. Au début du parcours EPIDE, chaque jeune doit signer un contrat par lequel il accepte de contribuer activement et même de faire tout son possible pour aider lui-même à se reconstruire ; en contrepartie, le centre EPIDE qui l’accueille accepte de le prendre en charge, de fournir les aides, les moyens et les matériels nécessaire pour qu’ils puissent remonter son niveau scolaire, obtenir des diplômes et des certificats professionnelles, recevoir des qualifications professionnelles nécessaires pour le métier qu’il a choisi lui-même lors du début de son parcours Epidien ou même décrocher un emploi stable et décent capable d’assurer sa survie et celle de sa famille. A cet effet, le centre EPIDE de Lanrodec a défini des règlements intérieurs que les jeunes Epidiens ont l’obligation de suivre à la lettre pour une bonne relation au sein du centre mais les responsables ont aussi prévu des programmes et des projets professionnels tendant à la réussite de l’insertion socioprofessionnelle de chaque jeune. Hormis ces programmes préalablement défini, les tuteurs responsables ont aussi besoin de travailler le coté « résilience » de chaque jeune pour qu’ils acquièrent l’autonomie et l’indépendance nécessaire à survie au moment où ils quitteront le centre d’accueil. En effet, la durée de formation au sein du centre EPIDE est limitée car elle ne peut excéder une durée de vingt-quatre mois. Ainsi, le jeune doit se débrouiller seul après cette durée. Certes, le centre EPIDE ne l’abandonnera pas avant que le jeune décrochera un emploi stable ou du moins, il aura intégrer un centre de formation professionnelle destiné à lui assurer l’obtention d’un emploi stable après quelques moments. Mais pour garder cet emploi et aussi sa relation nouvelle avec sa société, un jeune Epidien a besoin d’intégrer en lui une forte capacité de résilience c’est-à-dire qu’il doit avoir les forces nécessaires pour surmonter les difficultés, pour garder une relation saine avec son environnement social et/ou professionnel quelques soit les difficultés. Mais on a vu que cette capacité de résilience est une reflexe acquise automatiquement par chacun selon ses expériences personnelles en matière de communication mais les accompagnateurs sociaux ont juste le rôle de réveiller les capacités de résilience qui se sont endormies dans les individus en difficultés. Comme les tuteurs des jeunes Epidiens sont des professionnels, ils ont les techniques et les méthodes efficaces pour ce travail de la capacité de résilience des jeunes Epidiens de Lanrodec. Mais pour pérenniser les efforts que les deux parties au contrat EPIDE ont fournis, il faut qu’ils consacrent plus ou moins de temps à travailler et à réveiller cette capacité de résilience de chaque jeune. Ainsi, à la sortie de l’EPIDE, le jeune a toutes les compétences et qualifications nécessaires pour décrocher un emploi stable et pour renouer de nouveaux liens avec sa société mais ils ont aussi la force psychologique nécessaire pour faire valoir ses qualités personnelles en dépit des problèmes qui pourraient éventuellement naître de nouveau dans leurs vies.

 

CHAPITRE III : LA REALITE PRATIQUE AU SEIN DU CENTRE EPIDE DE LANRODEC.

Ainsi donc, des programmes d’accompagnement psychosocial associé à des programmes d’insertion sociale et professionnelle sont offerts aux jeunes internes du centre EPIDE de Lanrodec. En réalité, la formation de ces derniers se fait en trois phases successives. Malheureusement, on constate une démotivation de la majorité des jeunes en entrant dans la troisième phase de cette formation.

 

            A] Les différentes phases de la prise en charge.

La durée de la prise en charge d’un jeune Epidien au sein du centre EPIDE de Lanrodec peut varier entre huit mois au minimum et vingt-quatre mois au maximum selon la situation personnelle et la capacité d’apprentissage de chaque jeune. Pendant cette période plus ou moins courte, chaque jeune doit passer par trois phases obligatoires à savoir la phase probatoire, la phase d’évolution et la phase d’insertion.

 

                        1°) La phase probatoire.

C’est la première phase du parcours EPIDE. Le passage d’un jeune par cette phase est limité dans le temps car le jeune ne doit pas y rester que pendant deux mois au maximum. Cette phase est consacrée à l’évaluation générale du jeune venu. Pendant cette période, le tuteur désigné pour s’occuper d’un jeune essaie d’observer les comportements de celui-ci, de discuter avec lui de son histoire personnelle et de sa motivation de venir rejoindre le centre. En pratique, puisqu’il s’agit de commencer des entretiens et une relation sociale, le jeune n’est pas encore très confiant et ils continuent à se méfier de son tuteur qui est une personne qu’il n’avait pas encore connu auparavant. Les entretiens n’y sont donc pas encore tellement révélateurs mais il s’agit pour le professionnel de construire une relation de confiance mutuelle en apportant de l’assurance au jeune qu’il va l’aider au mieux. Il s’agit aussi de démontrer une compréhension et une attitude positive quelques soit l’attitude du jeune.

Au sein du centre EPIDE de Lanrodec, au cours de cette phase, les responsables doivent arriver à détecter les freins psychologiques, sociaux et matériels qui doivent être corrigés pour la réussite de la prise en charge Epidienne. Au bout des deux mois de cette phase, le tuteur doit recueillir le plus d’informations possibles et avoir le plus précis images possibles en ce qui concerne le jeune adulte afin de pouvoir définir un premier Conseil d’orientation et de formation pour le jeune en question. Mais pour ce faire, le professionnel doit pouvoir faire le point sur les problèmes scolaires, les savoir-faire et les savoir-être qui se trouvent à l’intérieur de chaque jeune mais ces atouts et ces faiblesses seront valorisés par des tests mis en évidence par les formateurs d’enseignement général et/ou technique et les chargés d’insertion professionnelle.

Aussi, pendant cette phase, l’ensemble des responsables du centre doit s’entraider pour l’observation des comportements de chaque nouveau recruté puisqu’il faut savoir que ce jeune ne se confiera pas totalement dès ce début du parcours et il faut que les professionnels puissent tirer des conclusions selon l’observation quotidienne de son comportement. Il s’agit alors de recueillir le plus de connaissances et d’informations possibles concernant le jeune pour bien préparer la suite de son parcours afin de ne pas perdre trop de temps dans l’observation. Entre-autres, il s’agit de la phase la plus difficile aux yeux du tuteur. Dans tous les centres EPIDE, les tuteurs utilisent un outil spécifique appelé « Projet Educatif et Professionnel » pour établir le bilan initial de chaque jeune et les membres de l’équipe d’éducateur peuvent avoir accès à ce document pour y compléter ce qu’il remarque de particulier selon les compétences de chaque responsable. Ce projet doit comprendre en permanence des écrits sur l’évolution du jeune, sur les projets mis en œuvre pour sa formation, sur le métier qu’il a choisi, sur les moyens qu’il détient entre ces mains et sur les moyens dont il a encore besoin d’acquérir pour la réussite de son projet professionnel. En somme, le Projet Educatif et Professionnel renferme toutes les informations nécessaires pour la connaissance du jeune. A la simple lecture de ce projet, un lecteur peut avoir une vision d’ensemble précise sur le passé, le présent et le futur d’un jeune.

Enfin, vers la fin de cette phase, une méthode est mise en œuvre par le tuteur pour définir le projet professionnel du jeune volontaire. Il s’agit de l’« Activation et le Développement Vocationnel et Personnel » de chaque volontaire c’est-à-dire que l’adoption d’un projet professionnel doit toujours prendre en compte la vocation personnelle de chaque jeune. Ainsi, à la sortie de cette phase, le jeune déterminera son choix professionnel et commencera à définir quelle est la faisabilité et l’échéancier de son projet professionnel.

 

 

                        2°) La phase d’évolution.

Après cette première phase d’évaluation survient une seconde phase d’une durée minimum de quatre mois et d’une durée maximum de sept mois appelé : la phase d’évolution. La durée est variable puisqu’la réussite de cette phase dépendra de la situation personnelle du volontaire notamment son niveau scolaire, ses besoins en ressources matériels et financiers et sa capacité à réaliser son projet professionnel.

Cette phase comprendra les séances de formations générales, techniques et comportementales des jeunes tels que les formations de remise à niveau scolaire, les formations sur le code de la route et les permis de conduire, les formations d’éducations civiques et comportementales, les formations en informatiques et l’initiation aux formations professionnelles selon le projet professionnel adopté. De surcroît, le jeune aura pendant cette phase l’occasion d’améliorer et /ou de développer sa relation sociale au sein du centre car il y aura la faculté de communiquer avec les différents formateurs de son centre d’accueil et il aura aussi l’occasion de construire des relations de confiance avec son tuteur personnel et ces jeunes semblables. Mais la personnalisation de son projet va aussi permettre à lui conscientiser sur l’importance de son implication et de sa motivation personnelle pour la réussite de son projet professionnel. L’ensemble de son intégration dans une nouvelle société qui lui permet d’espérer un nouvel avenir professionnel et de sa prise de conscience que son avenir se situe entre ses mains lui assurera une ouverture vers un cercle de confiance réciproque avec ces formateurs, son tuteur et ses collègues du centre.

De plus, le jeune commencera à travailler sur son projet pendant cette deuxième phase. Ainsi, il commencera à rencontrer et à découvrir le milieu professionnel qu’il a choisi ; il sera présenté à son entreprise et passera son premier stage appelé : « stage d’immersion » auprès de celui-ci. Il approfondira alors l’élaboration de son projet professionnel personnel selon les codes de l’entreprise d’accueil et les plus amples informations qu’il y a recueilli lors de son stage d’immersion. Vers la fin de cette phase, le jeune doit passer son premier stage professionnel qui lui ouvrira peut-être une opportunité d’emploi.

 

                        3°) La phase d’insertion.

Enfin, une dernière phase avant que le jeune quitte le centre EPIDE ; c’est la phase d’insertion où le jeune devra avoir toutes les relations de confiance et de communication nécessaire pour assurer le bon déroulement de son projet. Cette phase n’a pas de durée exacte mais dépend de l’avancement du projet de chaque étudiant et de la capacité d’autonomie de chacun des volontaires.

Dès le deuxième mois de cette phase, les chargés d’insertion professionnelle commence à prendre en charge le jeune. Ils commencent par faire le bilan de l’avancement du jeune sur le coté scolaire et professionnel en mettant en exergue les compétences acquises et en détectant les problèmes qui restent à corriger pour la réussite du projet. En plus, les démarches pour la recherche d’un emploi seront activées à ce moment ; ces démarches comprendront l’apprentissage des techniques de rédaction des Curriculums Vitae et des lettres de motivations. ; la lecture et la compréhension des diverses offres d’emplois qui s’ouvrent pour chaque candidat ; la pratique de plusieurs simulations d’entretiens embauche. Ensuite, les moyens pour la réalisation du projet professionnel choisi par le jeune volontaire seront aussi mis à leurs dispositions. En réalité, cette phase d’insertion ne commence effectivement qu’après que le jeune volontaire a réalisé son premier stage pratique en entreprise. Il faut alors noter que pendant cette phase, le jeune commence les démarches pour chercher un emploi ou trouver le centre de formation professionnelle adapté à son cas d’une manière autonome. Toutefois, il bénéficiera encore de soutien individuel de la part des chargés d’insertion professionnelle en cas de besoin. Cette phase prend fin au moment où le jeune décrochera un emploi conforme à son projet professionnel ou entre dans un centre de formation professionnelle pour approfondir ces connaissances pour la réussite de son projet professionnel. Tout au plus, après le départ d’un jeune de son centre d’accueil, le centre EPIDE continuera à lui fournir les aides et soutiens qui lui sont nécessaire pour une durée maximum de trois mois.

 

 

            B] Le problème de la démotivation des jeunes.

En tant qu’éducateur spécialisé au sein du centre EPIDE de Lanrodec, je constate un sérieux problème qui concerne  les jeunes Epidiens de ce centre lors de la fin de leurs phases d’évolutions et surtout au début de leurs entrées dans la phase d’insertion : il s’agit d’une sensation de démotivation qui touche presque tous les jeunes volontaires du centre de Lanrodec.

                        1°) Le moment de la démotivation.

Le mot « démotivation »  doit exprimer l’antonyme de la motivation qui se définit comme : « l’ensemble des mécanismes biologiques et psychologiques qui permettent le déclenchement de l’action, l’orientation, l’intensité et la persistance»[66]. En entrant au sein du centre EPIDE, les jeunes arrivent avec presque la même motivation qui est de recevoir de l’aide pour améliorer leurs niveaux scolaires et leurs capacités à obtenir un emploi et de pouvoir sortir de leurs situations de fragilités sociales. Par extension, on peut dire que les jeunes Epidiens rejoignent le centre parce qu’ils prennent conscience qu’ils sont dans une situation difficile ; ils sentent aussi que leurs qualités personnelles sont sous-exploitées donc ils veulent obtenir de l’aide. Mais après quelques mois au sein du centre et en entrant dans la phase d’insertion, le jeune volontaire prend conscience que l’aide fournie par le centre ne durera pas éternellement et que bientôt, il devra partir pour affronter seul sa vie puisque rappelons-nous que pendant cette période, il a déjà passé un premier stage pratique au sein de l’entreprise et il aura alors pris conscience de l’importance des difficultés qu’il pourra rencontrer en cours de route.

Au cours de ce moment précis, le jeune commence à prendre peur, à craindre de partir seul et de revenir dans sa situation initiale. En fait, au début du parcours EPIDE, il acquiert la motivation par la prise de conscience que sa situation présente est insatisfaisante mais qu’il pourra l’améliorer dans une future proche par son intégration au sein du centre EPIDE. Mais face au premier résultat du lancement du projet professionnel choisi qui est plutôt insatisfaisant, ce qui est normal vu le manque d’expérience professionnelle, il commence à douter et remettre en cause la possibilité de réussite de ceci.

 

2°) Les causes de la démotivation.

Etant un éducateur spécialisé au sein du centre EPIDE de Lanrodec, j’ai pris conscience que les jeunes volontaires se démotivent suite à des déceptions perçues lors de la mise en pratique au sein de l’entreprise des formations professionnelles théoriques dispensées au sein du centre EPIDE. Mais comme un éducateur digne de ce nom, j’ai poussé mes constatations vers une interrogation de pourquoi ces jeunes rencontrent-ils des déceptions au cours de cet instant ou plus précisément pourquoi ressentent-ils des démotivations au cours de ce moment précis ? Pour avoir des réponses précises à cette question et en guise de recherche pour mon master I, j’ai passé à la pratique d’un entretien exploratoire de trois jeunes au moyen d’un entretien semi-directif pour pouvoir analyser leurs sentiments à cet instant et d’en déduire la réponse à mon questionnement.

En l’espèce, j’ai pu constater que ces trois jeunes ont tous ressentis de l’abandon de la part de leurs accompagnateurs au moment où ils entraient dans la phase insertion du parcours. Effectivement, la règle est qu’à partir de ce moment, on doit laisser petit à petit les jeunes se débrouiller seul pour qu’ils puissent accomplir sa destinée avec indépendance. Mais en racontant leurs histoires personnelles vécues depuis leurs existences, depuis leurs arrivées au centre pour terminer de leurs histoires au moment où ils passaient dans les entreprises pour leurs premiers stages professionnels, je constate que les jeunes restent encore en pleine phase de socialisation au début de la phase d’insertion et qu’on doit encore leurs accorder de l’aide pour avancer dans ce processus. Par phase de socialisation, on entend un processus de construction de leurs identités sociales ainsi que professionnelles. Au cours de cette phase de socialisation, chaque jeune apprend à agir, à penser et à bien se comporter vis-à-vis de sa société et il a besoin de guide et de conseil pour s’y adapter et terminer le processus. En d’autres mots, au moment de l’entrée dans la phase d’insertion,  le jeune n’a pas encore totalement fini de reconnaître sa place au sein de sa nouvelle société et requiert encore du soutien de la part de ces accompagnateurs avant de pouvoir se placer et se reconnaître au sein de sa collectivité professionnelle. A ce propos, le sociologue G.H. Mead a écrit que : « Plus on est soi-même, plus on est intégré dans un groupe ». Ainsi, le processus de socialisation des jeunes n’arrivent à terme que lorsqu’ils arrivent enfin à reconnaître sa place au sein de sa société socioprofessionnelle.

Mais quelques fois, le jeune se démotive par déception car en étant accompagné par son tuteur tout au long des deux premières phases, il croît avoir dépassé sa situation de détresse. Mais au moment où on le lâche vers une indépendance par rapport à son monde social et professionnel, il perd les repères et tourne en rond.  En plus, avec l’encadrement des tuteurs, il se sent en sécurité car il peut se confier et il se sent écouter à travers les entretiens réguliers mais au moment où il commence les stages et les formations professionnelles, il sent de l’abandon parce que les entretiens diminuent pas à pas.

Enfin, les jeunes Epidiens se démotivent en entrant dans la phase d’insertion puisque c’est à ce moment qu’il essaie de trouver sa place au sein de la profession qu’il a choisi. Cependant, les supérieurs hiérarchiques au sein des entreprises ne sont pas tous des assistants sociaux ou des éducateurs spécialisés ; ils ne se préoccupent guère de la situation personnelle du stagiaire et lance parfois des propos ou des comportements blessants vis-à-vis de ces des jeunes. Ce qui rend l’adaptation socioprofessionnelle du jeune volontaire un peu ou même très difficile au point où il veut abandonner.

 

                        3°) Les conséquences de la démotivation.

Il s’agit alors de conclure que les jeunes volontaires du centre EPIDE de Lanrodec se démotivent autour du cinquième mois de leurs présences dans le centre. Les conséquences possibles de cette démotivation peuvent aller du retour vers la situation de départ, de la remise en question du projet professionnel choisi et même du désir d’abandonner le centre pour revenir vers la case départ c’est-à-dire la marginalisation, l’absence de qualification professionnelle et de diplôme.

C’est alors autour de cette question de démotivation et des conséquences néfastes qui pourront y résulter que moi et ma tutrice ont présumé la nécessité de faire écrire un journal à chaque jeune afin qu’il puisse y écrire tous ces sentiments et ses impressions à chaque moment qu’il passe au sein du centre EPIDE de Lanrodec. Le but de cet écrit étant de faire relire à son propriétaire son journal au moment où il risque d’être démotivé. Ainsi, le journal pourra agir en lui rappelant ses motivations passées, les choses qui se sont améliorées depuis son entrée à l’EPIDE, les sens de son choix d’orientation professionnelle, …

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

PARTIE IV :

 

 

 

POUR UNE AMELIORATION DE LA PRISE EN CHARGE

AU SEIN DU CENTRE EPIDE DE LANRODEC.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

En effet, conscient de l’importance de ce problème de démotivation des jeunes du centre et de mon rôle d’éducateur spécialisé, j’ai pris l’initiative de faire des recherches dans le but de le résoudre et cette mémoire de Master II constitue une occasion adéquate pour cette recherche. Le résultat étant de proposer la mise en place d’un journal basé sur la théorie des moments comme une nouvelle mesure additive d’accompagnement des jeunes Epidiens de Lanrodec.

CHAPITRE I : UN JOURNAL BASE SUR LA THEORIE DES MOMENTS.

Avant de discuter de la construction du moment par l’écriture d’un journal, une analyse de la « théorie des moments » de Rémi Hess s’avère être une obligation pour une suite logique du présent œuvre.

 

            A] La « théorie des moments » selon Rémi Hess.

Pour Rémi Hess, diverses conceptions du concept « Théorie des moments » sont admises d’après les dire du célèbre Monsieur Henri Lefebvre car le concept s’est beaucoup évolué depuis le moment de sa conception jusqu’en 2008, date où Rémi Hess écrit la thèse.

 

1°) Divers conceptions du concept.

Le concept de « théorie des moments » est obtenu à partir de l’assemblage de deux mots français qui sont : la théorie et le moment. Avant de définir ce concept de « Théorie des moments », je crois qu’il serait utile et même nécessaire de définir un à un ces deux mots qui le forme.

Dans son ouvrage parlant d’Henri Lefebvre et de la théorie Lefébvrienne, Rémi HESS donne deux définitions du mot théorie à savoir : « un ensemble organisé de principe, de règles, de lois scientifiques, visant à décrire et à expliquer un ensemble de faits »[67] ou « un ensemble des principes, des concepts qui fondent une activité, un art et qui en fixe la pratique »[68]. Mais à travers ce document, le mot théorie n’était apparemment pas abordé plus longuement car sa définition n’a fait l’objet que d’un petit paragraphe. Alors, passons maintenant à la définition de  l’autre mot qui est le moment.

A premier abord, le moment se définit comme « un espace-temps d’une certaine durée et  d’une certaine épaisseur »[69] mais qui se diffèrera selon chaque type de moment. Dans le langage familier, le moment s’entend  essentiellement comme un “ intervalle ” de temps plus ou moins court par rapport à une durée totale, un bref instant par rapport à un espace de temps plus grand[70]. En effet, il y a le moment historique qui est un espace-temps vu sous l’angle d’une dynamique temporelle. Il y a aussi le moment anthropologique qui est un espace-temps observé de façon spatiale. Il y a aussi d’autres moments comme le moment logique qui touche le domaine de la mécanique ou celui de la dynamique. En anthropologie, le moment a une certaine épaisseur dans l’espace et dans le temps notamment en ce qu’il peut se diviser en moment de repas, moment de travail, moment de formation, … Selon Hegel et quelques autres anthropologues, la détermination du moment est le moyen de pouvoir singulariser un individu ou un groupe d’individu de la collectivité à laquelle il appartient. Selon la synthèse d’Henri Lefebvre, le moment est stable lorsqu’il cumule et accumule les vécus instantanés de chaque individu ou groupe d’individu en les organisant dans des formes de dimension temporelle et spatiale. Ainsi, la construction du moment dépend de l’activité et du pouvoir d’agir de chaque individu.

Mais sans incidence avec ces plusieurs définitions des deux mots « théorie » et « moment », Rémi HESS parle aussi de diverses conceptions du concept « théorie des moments » dans son célèbre livre qui parle d’Henri Lefebvre et d’une pensée du possible : théorie du moment et construction de la personne.

De prime abord, Rémi Hess continue l’œuvre d’Henri Lefebvre à travers cet ouvrage de 2008. Henri Lefebvre était un historien qui a décidé de jouer avec les mots pour ouvrir une possibilité d’avoir de l’espérance pour le futur à travers un petit retour vers le passé et une minutieuse observation de la situation présente, il s’agit pour lui de la pensée du possible. Et en continuant cette œuvre Lefébvrienne, Rémi Hess qui est un sociologue a déduit que l’adoption d’une théorie des moments par une personne peut lui aider à la construction de sa personnalité. A travers cet ouvrage, l’auteur essaie de rassembler dans un même livre deux disciplines différentes mais complémentaires à savoir la sociologie et l’histoire pour adopter une grande théorie des moments qui est également conçue comme une théorie de l’espérance au sein de laquelle chaque personne peut choisir de construire son avenir sur la base de ces expériences personnelles passé et de ces comportements vis-à-vis du présent. En fait, depuis qu’il était étudiant à l’université en 1967, Rémi Hess était déjà passionné par les œuvres d’Henri Lefebvre qui était son professeur et qui était devenu son directeur de mémoire. Depuis  ce temps, il était nourri par la pensée du possible qui est une théorie Lefébvrienne et en effectuant des recherches en la matière, il a pu découvrir plusieurs autres théories qui en dépendent mais qui n’ont pas été publié par Henri Lefebvre peut être à cause d’une insuffisance temporelle. Mais en poussant ces recherches, Rémi Hess décide enfin de se focaliser sur les moments Lefébvriens pour lui rendre hommage au moment de la célébration des centenaires d’Henri Lefebvre aux alentours des années 2000.

Parmi les théories Lefébvriennes que Rémi Hess a développé en quelques années, la théorie des moments est la plus grande dans la mesure où il s’y est consacré depuis 1988[71]. Cette théorie qui parle du moment avait été initiée par Henri Lefebvre en 1924[72] et elle avait été omniprésente dans toutes ces œuvres. Parmi les contributions de Rémi Hess sur cette théorie, on peut signaler celui du chapitre dans lequel il a développé « le moment du journal et le journal des moments » dans lequel il invente le journal comme un moyen qui permet dans la pratique de critiquer le quotidien d’un individu dans le but de l’améliorer dans le futur si le philosophe Henri Lefebvre n’a effectué en la matière qu’une recherche théorique. En d’autres termes, Henri Lefebvre était le théoricien du possible mais Rémi Hess a conçu la pratique de cette théorie. Pour Rémi Hess, le but dans l’écriture de ce livre était de mettre dans les mains de chaque personne un outil pour réorganiser les problèmes et les contradictions de sa vie actuelle pour en construire une possibilité d’améliorer le futur. L’auteur veut démontrer qu’un individu peut fournir les efforts nécessaires dans une mesure du possible pour utiliser les ressources qu’ils détiennent dans le moment présent pour agir sur son futur et y apporter des changements dans le sens positif de la construction d’une personnalité solide et compétente. Pour Rémi Hess, il ne faut pas se laisser figer par les contraintes de la vie actuelle mais il faut prendre sa vie en main et se reculer un peu pour avoir de l’élan, le but étant de pouvoir réorganiser le futur dans la mesure où ce moment futur serait la résultante de l’assemblage des difficultés et des dispersions du moment présent. Le futur doit être un tout, une unité acquise suite à des conduites et des réflexions actives de son quotidien par celui qui veut s’approprier de son moment.

La nature humaine veut que tout le monde agit sur son moment présent mais chacun a sa façon d’agir : il y a ceux qui agissent de manière active et ceux qui agissent passivement. Selon Rémi Hess, celui qui réussira est celui qui réagit activement c’est-à-dire celui qui ne laisse pas le hasard construire son futur mais qui décide de rassembler les savoirs, les savoir-faire et les savoir-être acquis de son expérience passé et présent pour définir et délimiter ce qui se passera dans sa vie dans le futur proche et/ou lointain. En fait, à chaque moment qu’un individu passe auprès de sa famille ou auprès de ses amis ou même au cours de sa vie professionnelle par exemple, chaque individu doit arriver à construire et à améliorer sa personnalité car à travers son comportement, on peut dégager sa manière de manger, sa manière de s’amuser, sa manière d’aimer, … Pour la théorie des moments, l’enjeu est alors d’objectiver et de critiquer le moment présent pour avoir une vision anticipative et amélioratrice de ce qui se passera dans le futur.

D’autres parts, Henri Lefebvre a opté pour une théorie dans laquelle il explique que le moment est une sorte de reconstruction du passé par un individu dans l’instant présent, son but étant de faire une synthèse du temps qu’il a perdu et du contenu de ce temps perdu pour en reconstruire un nouveau moment comparable et identifiable. Alors, on peut décrire comme moment un temps par lequel un individu fait l’effort de synthétiser le passé et le présent afin d’en construire une nouvelle unité profitable et nécessaire à sa survie dans le moment à venir. En plus, la théorie des moments est pour Henri Lefebvre et repris par Rémi Hess, l’assemblage de trois moments particuliers à savoir l’universel, le particulier et le singulier. Dans son ouvrage de 2008, Rémi Hess explique que l’universel est un tout qui englobe le particulier et le singulier. Ensuite, le particulier est une unité appartenant à cette universalité et qui ne pourrait être compris que par rapport aux autres particuliers formant cet universel à un moment donné et précis. Ainsi, l’universel est alors perçu comme la totalité des particuliers. Herbert Marcuse est ensuite celui qui a parlé de la relation qui existe entre l’universel et le singulier[73]. Le singulier est une unité encore particulier qui diffère un moment particulier d’un autre moment tout aussi particulier ; plus précisément, le singulier est le particulier qui a reçu une individualisation ou une personnalisation de la part d’un individu quelconque mais bien défini. En bref, le singulier est une unité particulière et individualisée d’un moment quelconque ; le particulier se voit comme un assemblage de ses singularismes individualisés en une unité confus toujours par rapport à un moment donné ; enfin, l’universel est le tout qui se décomposera en plusieurs particularités en considération du moment où on parle. Ces trois moments qui forment les moments dialectiques de la théorie des moments forment alors un ensemble indissociable. Pour mettre en relation ces trois moments dialectiques avec les autres conceptions de la théorie, le futur de l’universel dépend alors de l’activité de chaque individu formant  le particulier mais le singulier est celui qui assure et prépare le devenir du particulier et de l’universel dans la mesure où il décrit des efforts individuels et personnels de chacun de ses membres.

Pour résumer ces diverses conceptions du concept de la « théorie des moments » selon la première partie de l’ouvrage de Rémi Hess poursuivant l’œuvre d’Henri Lefebvre, le moment est un évènement, un instant, un lapse de temps très court qui marquera la vie de chaque individu. La détermination de ce moment est assez importante pour chaque unité individuelle dans la mesure où celle-ci permettra à un individu d’évaluer  son passé, de mettre en valeur ses qualités présentes, de corriger les dispersions et les imprudences qu’il a commis et de construire à travers la synthèse de tous ces constats un tout solide et irréversible capable d’assurer un meilleur avenir pour celui qui exploite ces différents moments au maximum. Mais l’auteur prévient les lecteurs que cette construction de la personne à travers la théorie des moments nécessite des efforts particuliers de la part de tout un chacun dans la mesure où l’assemblage de tous ces efforts singuliers et particuliers de chaque individu assurera le bon fonctionnement futur et des résultats meilleurs pour l’universalité c’est-à-dire la collectivité ou la société à laquelle les singuliers et les particuliers appartiennent. En l’espèce, Henri Lefebvre est celui qui a parlé de manière théorique de ce concept à travers tous ces ouvrages publiés mais c’est Rémi Hess qui a fourni l’outil nécessaire pour la mise en pratique de cette expérimentation sur la théorie des moments en initiant l’écriture du journal du moment.

 

2°) Evolution historique de ce concept.

Depuis 1924, Henri Lefebvre a commencé à publier des ouvrages décrivant cette théorie des moments. Mais depuis ce moment, le concept s’était retrouvé en constante évolution notamment en 1959 lorsque l’auteur a rompu avec son parti politique et en 1962 quand il a utilisé ce concept pour traverser sa pensée politique du dogmatisme stalinien.

En 1924, la première théorie des moments était une théorie idéaliste en ce sens qu’elle attaque le mysticisme comme étant une pensée théologique et métaphysique donc irréelle et affirme que ce mysticisme ne peut pas être un moyen de s’approprier des moments passés et présents mais constitue par contre  un moyen de se figer dans le passé et de devenir passif. A cette époque, Henri Lefebvre suggère l’application d’une théorie des moments fondée sur une pensée humaniste qui constitue d’après lui, la seule pensée valable pour aider les individus à mieux évaluer le passé et le présent et prendre en charge son futur. En 1946, Henri Lefebvre publie ensuite un nouvel ouvrage qui critique son ancienne conception et établit une nouvelle manière de le concevoir selon l’existentialisme. A ce moment, il opte pour la conception de tous les moments dans son universalité car identifier chaque moment dans son particularité conduirait les individus à se détacher de la réalité et à se pencher vers la métaphysique de façon pratique mais non pas théorique. Alors selon cette conception existentialisme du concept de la théorie des moments, le moment peut être observé de manière singulière selon la situation qui se présente mais il ne doit jamais être observé en dehors du concept universel du moment car ni le moment singulier ni le moment particulier ne retrouvera son véritable sens que par rapport au moment universel qui l’entoure. En somme, Henri Lefebvre conçoit le risque pour un individu d’idéaliser un moment précis de sa vie, ce qui risquerait son blocage sur ce moment s’il continue d’observer un moment de sa vie de manière singulière et autonome.

Par la suite, dans son ouvrage intitulé « le somme et le reste », Henri Lefebvre parle à plusieurs reprises et dans la majorité de ces chapitres de la théorie des moments, il s’agit en fait d’une évolution de ce concept. Dans cet ouvrage, l’auteur met en exergue le rôle du langage et l’importance de la parole sur la construction de la personnalité de chaque personne. La parole peut contenir des évènements inutiles mais contient aussi des moments importants capables de prendre part à l’amélioration de sa personnalité.

Enfin, Henri Lefebvre s’est rallié à la pensée de Kierkegaard qui divise la vie de chaque être vivant en  plusieurs moments notamment en une phase esthétique et érotique ; une phase éthique et enfin une phase religieuse. Chaque personne passe d’un moment à l’autre d’une manière plus ou moins logique dans la mesure où quand un individu rencontre un problème dans une phase et qu’il n’arrive pas à le résoudre, il passe automatiquement vers une autre phase. C’est ainsi que l’individu dérive vers la phase religieuse au dernier moment de sa vie c’est-à-dire avant de mourir.

 

            B] La construction du moment par l’écriture d’un journal.

Pour démontrer que l’écriture d’un journal des moments emmène à la construction du moment précis de la vie de chaque être humain, Rémi Hess a développé dans son ouvrage de 2008 les caractéristiques et les rôles d’un journal des moments sur la vie de tout et chacun.

 

                        1°) Les caractéristiques d’un journal des moments.

En l’espèce, un journal des moments se caractérise par la régularité du moment de son écriture et le contenu non exhaustif de ce qui y est écrit.

 

  1. Un journal écrit au quotidien.

Le journal doit être écrit au jour le jour car le but est de transcrire dans un écrit le vécu quotidien  de chacun et de construire un outil permettant à un individu de se souvenir, de se rappeler de son impression et de ses sentiments au moment précis où il a écrit. En général, pris par l’habitude de vivre quotidiennement, un individu peut faire un acte ou s’abstenir de le faire sans s’en rendre compte de l’importance et/ou des conséquences de celle-ci sur sa vie future. Ainsi, un individu peut facilement tomber dans le regret ou dans le vide concernant un acte positif ou négatif qu’il a fait. En principe, devant un échec, un individu regrette quelques et en situation de réussite, il se sent satisfait. Mais quoiqu’il en soit, une situation ou un moment peut faire naître une interrogation puisque l’homme ne sera jamais parfait et il voudra toujours améliorer ce qu’il a au moment présent. Il importe alors de préciser l’importance et l’opportunité d’écrire un journal des moments pour chaque individu ; journal dont l’objet sera de préserver par écrit ce que l’individu a vécu à chaque moment qu’il vit.

Le journal doit aussi être écrit au jour le jour c’est-à-dire à intervalle régulier selon les disponibilités de l’auteur mais globalement, il doit être écrit à quelques instants près du moment précis où l’acte qui doit être retenu s’est passé. En effet, seul un petit décalage horaire est accepté car on doit écrire au moment où on vit ou on pense. Il faut respecter cette condition pour pouvoir être sûr de la spontanéité de l’acte, de la force et de l’exactitude des sentiments, et de l’impartialité dans l’écriture. Le journal doit alors être écrit pour soi-même et l’auteur doit rester impartial pour fausser son impression au moment où il relira son journal.

 

  1. Un journal décrivant l’auteur et ses moments.

Le journal du moment est un journal qui doit être écrit personnellement par l’auteur au moment  où il ressent le besoin d’écrire quelques choses pour le préserver. En effet, dans l’écriture d’un journal des moments, il ne s’agit pas d’écrire pour soi-même mais aussi de penser à faire relire ce journal par d’autres personnes, le journal du moment est alors différent du journal intime qui est écrit par l’auteur pour lui-même et pour y inscrire les moments intimes de sa vie. Cependant, comme dans le journal intime, le sujet du journal du moment est son auteur et le journal doit transcrire les moments forts intimes ou non de sa vie.

Dans un premier temps, le journal du moment doit être écrit pour soi-même et en guise de souvenir et de pérennité de son histoire de vie. Mais il faut aussi rappeler qu’au moment de la relecture de son journal du moment, l’auteur peut se sentir comme une autre personne devant son écrit car dans la majorité des cas, entre le moment de l’écriture et le moment de la relecture, l’état physique et l’état psychologique de l’auteur fait l’objet d’un grand décalage. Ce décalage peut être facilement compris comme quand une personne regarde une photo de son enfance, il reconnaît en même temps que c’est lui-même mais il ne peut pas concevoir le changement et n’arrive pas à comprendre pourquoi il a tant changé.

Secundo, le journal du moment est un écrit qui doit aussi être destiné à la lecture d’autrui. Ainsi, il ne doit contenir aucune information intime et personnelle de la part de l’auteur mais il doit par contre être un écrit destiné à l’accumulation de toute l’histoire de vie de la personne. En plus, il doit poursuivre le but de servir de références pour les autres et de fournir tous les éléments nécessaires à la compréhension de ce qui y est écrit. Le moment de l’écriture du journal du moment est alors un moment propice pour l’auteur vu que le journal du moment peut jouer plusieurs rôles notamment de préserver l’histoire quotidienne de l’auteur et de raconter à autrui qui pourrait être intéressé son sentiment à chaque moment précis de sa vie.

 

  1. Une écriture non exhaustive de l’histoire de l’auteur.

Certes, le journal du moment transcrit quotidiennement l’histoire de la vie d’une personne  de manière à ce qu’on puisse revisiter toute l’histoire et comprendre les sentiments et les actions de l’auteur à la seule lecture de son journal du moment même si on ne connaît même pas personnellement l’auteur. Mais il faut rappeler que l’écriture d’un journal du moment ne peut jamais être la description totale de celui qui a écrit. En fait, l’auteur d’un journal du moment écrit majoritairement au moment où il ressent des moments forts de tristesse, de soulagement, d’angoisse, de douleurs, d’incertitudes ou de fort besoin de se confier.

Mais quelques parts, un individu qui écrit son journal du moment essaie toujours de raconter ou plus ou moins de résumer les grands moments de sa vie selon la façon dont il voit les choses et la manière dont il compte gérer ses sentiments. Mais comme chaque être vivant a sa propre manière de réfléchir et d’agir, le contenu d’un journal du moment ne peut pas être le même pour chaque auteur. Il faut alors que celui qui écrit reste le plus sobre et réaliste possible car il doit se contenter de décrire ce qu’il ressent et ce qui l’anime au moment où il écrit. L’indication du moment doit être aussi précise que possible dans la mesure où l’écriture ne peut jamais être exhaustive c’est-à-dire que l’écrit ne pourra jamais rendre compte de tous les évènements de la vie de l’auteur, il ne sera qu’une écriture sélectionnée de manière volontaire ou non par celui qui a écrit. Et il ne pourra pas entrer dans les plus petits détails de sa vie car il se contentera de mettre en exergue les situations et les moments qui ont marqué sa vie. Tout au plus, le journal du moment ne peut qu’explorer un ou deux évènements de sa vie mais ne peut jamais toucher tous les domaines de sa vie en un jour. Mais l’écriture d’un journal du moment ne pourra être intéressante si on le relit au jour le jour, le rôle de ce journal consiste à rappeler à la personne ce qui s’est passé dans sa vie mais surtout, selon Rémi Hess qui a initié cette méthode pour servir de pratique à la théorie des moments d’Henri Lefebvre, le journal du moment est utile pour construire la personnalité de son auteur. Enfin, du point de vue anthropologique, le journal du moment d’un auteur qui sera relu par les autres servira d’outils pour la conservation historique de l’histoire. En effet, l’assemblage de plusieurs journaux du moment au sein d’une entité ou d’une universalité bien définie pourra aider les historiens à reconstruire l’histoire d’un peuple ou d’une entité quelconque.

 

2°) Les rôles d’un journal des moments.

En fait, un journal des moments est trop important dans la mesure où c’est un moyen permettant de faire un zoom sur le passé ; de s’autocritiquer au moment où on lit et/ou écrit le journal ; mais aussi de mieux réfléchir à travers son passé pour prévenir les éventuels échecs du futur.

  1. Un moyen de préserver l’histoire

Commencer à écrire un journal des moments s’avèrent généralement difficile pour chaque auteur surtout quand il s’agit d’une exigence de la part d’un établissement scolaire et/ou de formation. Mais dans des cas où un individu rencontre un problème majeur au cours de sa vie, il peut arriver qu’il soit bloqué par ce problème et a besoin d’aide pour le surmonter. En effet, quand on parle d’aide, la majorité pense à un autre individu qui doit agir avec et au profit de ce qui a besoin d’aide, une autre personne qui guide une autre dans la bonne direction. Mais les professionnels de la littérature et de la sociologie ont rapporté que c’est seulement à partir de l’échec d’une personne que celui-ci pourra tirer une réussite solide. A ce propos, Patrick Brun a confirmé l’exactitude de ce parole dans un texte qu’il a écrit en 2010 notamment quand il dit que : « Une conscience blessée de manques peut devenir, sous certaines conditions, une conscience de création de vie nouvelle »[74]. Ainsi, dans le journal des moments, la  personne qui écrit doit atteindre l’objectif de conserver dans ces écrits le plus d’histoire possible tendant à reconstruire son passé pour que ces histoires deviennent de quelques manières que ce soit une sorte d’aide-mémoire pour l’auteur et ses lecteurs. Ainsi, chaque personne peut revivre son passé au travers la relecture de son journal du moment.

 

  1. Un moyen de faire une autocritique présent.

Par expérimentation pratique sur l’écriture du journal des moments, au cours de l’écriture, l’auteur est souvent tenté de retourner de quelques pages avant de pouvoir continuer l’écriture. Le fait est qu’en faisant ce petit retour, l’auteur du journal du moment participe d’une manière ou d’une autre à sa formation. En fait, l’auteur peut arriver à un moment de sa vie à désespérer et à se détacher de son objectif parce qu’il se croit être dans une situation de pause ou qu’il veut avancer d’une manière trop rapide alors que certaines chose à accomplir nécessite une durée plus ou moins longue et une certaine patience.

En l’espèce, le journal du moment doit aussi jouer le rôle de transcrire dans un petit carnet les vécus actuels de l’auteur en plus de raconter son histoire de vie. Mais en vivant à jour le jour l’histoire de sa vie par la relecture de son passé et la confrontation de celle-ci avec sa vie quotidienne, l’auteur pourra tirer des conséquences positives notamment à travers la critique de soi c’est-à-dire qu’il pourra faire un projet d’avenir en opérant par une autocritique de sa situation et de ses compétences actuelles et présentes.

  1. Un moyen de prévenir les échecs futurs.

Plus précisément, le journal du moment a véritablement une fonction anticipatrice dans la vie de celui qui écrit correctement. En effet, on a déjà vu que tenir un journal des moments et le relire peu de temps après peut conduire une personne à comprendre le pourquoi et le comment de son évolution et/ou de son blocage.

Essentiellement, la relecture du journal des moments doit conduire une personne à vouloir corriger quelques mots ou quelques phrases de son journal ; ce qui veut sans doute dire qu’en relisant son journal, la personne en question y a retrouvé des fautes ou des échecs qu’elle veut corriger et ne plus refaire. C’est cette même hypothèse qui nous conduit à dire que tenir un journal des moments est pour un individu un moyen de prévenir les échecs futurs. La raison est qu’au moment de la relecture, l’auteur a bénéficié d’un assez large espace-temps au cours duquel il a pu se repositionner sur une situation auquel il a vécu avec des fortes impulsions. Ainsi, au moment de la relecture, il aura l’occasion de retenir à tête reposé toutes les corrections nécessaires pour une meilleure appréhension de sa vie dans son futur.

 

CHAPITRE II : LE « JOURNAL DES MOMENTS » COMME UNE MESURE D’ACCOMPAGNEMENT DES JEUNES EPIDIENS DE LANRODEC.

Toujours en tant qu’éducateur spécialisé au sein du centre EPIDE de Lanrodec et en tant qu’apprenti chercheur, je pense que la mise en place d’un journal des moments au profit des jeunes Epidiens de Lanrodec  pourrait constituer une méthode efficace en matière d’accompagnement psychosocial de ces derniers et s’inscrira dans une optique d’amélioration de la prise en charge des jeunes au sein du centre EPIDE de Lanrodec mais aussi dans un but de leur éviter le problème de la démotivation en entrant dans la phase d’insertion.

 

            A] Le rôle de ce « journal des moments » pour l’auteur même.

Pour les jeunes Epidiens du centre EPIDE de Lanrodec, l’écriture de ce journal des moments pourra leurs aider à la construction de leur personnalité mais ce sera aussi un très bon outil de communication entre les jeunes en risque de démotivation et leur accompagnateur personnel.

 

 

 

1°)  Pour une construction de la personnalité du jeune.

Au moment de mener les recherches sur cette hypothèse d’utiliser le journal des moments comme un outil de formation et d’accompagnement des jeunes Epidiens de Lanrodec, je me suis penché sur le concept de Rémi Hess de cette théorie des moments. En fait, le journal des moments, selon Rémi Hess est écrit pour être relu au moment où on en a besoin. Généralement, le moment propice de la relecture est le moment où le jeune rencontrera des difficultés et ne sait plus comment réorganiser sa vie. A ce moment, il reliera son journal et obtiendra peut-être les réponses nécessaires à ces questionnements. Le fait pour lui de pouvoir faire une auto-synthèse  de son passé et de pouvoir se rendre compte de son pouvoir et de sa capacité au moment présent. Un journal du moment qui sera imposé dans la vie d’un jeune Epidien au moment où il rencontrera des problèmes de réadaptation et de réinsertion socioprofessionnelle en entrant dans la phase d’insertion lui permettra peut être de comprendre l’évolution de son parcours et de son comportement tendant à lui cadrer de toute tentative de démotivation.

 

2°) Pour une amélioration de la communication entre le jeune et son accompagnateur.

De surcroît, le journal du moment est aussi conseillé aux jeunes surtout à ceux qui ont des problèmes particuliers de honte en matière d’entretien verbal. En principe, le tuteur aborde les jeunes au moyen d’entretien individuel mais le problème est pour ces professionnels de trouver le terrain d’entente avec le jeune car de par sa situation antérieure de marginalisation et de sentiment d’exclusion sociale, il n’set pas facile d’obtenir leur confiance pour qu’ils confessent ses problèmes réels.

En cas de difficultés en matière d’entretien, le tuteur peut alors suggérer aux jeunes d’écrire ce qu’il ressent et ce qu’il doit raconter parce que parfois, il serait plus facile de se confier dans un carnet plutôt que de dire à haute voix et devant une autre personne ses sentiments surtout quand il s’agit de blâmer tout le monde (ses parents, sa famille, ses amis, sa société) de vous avoir abandonner.  Ensuite, le journal du moment sera alors apporté au tuteur pour être lu mais dans mon hypothèse, je crois qu’il serait mieux que le tuteur lise le journal avec l’auteur. Ainsi, une relation d’aide et de confiance ainsi que de compréhension mutuelle sera né entre le jeune auteur du journal et le tuteur qui essaiera de bien se tenir, de comprendre et d’aider le jeune en question à synthétiser son histoire, à comprendre son passé et son évolution et à construire une nouvelle personnalité.

 

            B] La tenue d’un « journal des moments » par les jeunes Epidiens de Lanrodec.

Mais d’un autre coté, ce journal des moments qui sera écrit personnellement par chaque jeune selon une méthode préalablement défini par les responsables de l’accompagnement  au sein du centre EPIDE de Lanrodec sera aussi un moyen par excellence de partage de connaissances et d’expériences entre les jeunes eux-mêmes.

 

                        1°) Un journal personnel à chaque jeune.

En effet, le journal du moment que j’envisage de mettre en place comme un outil supplémentaire d’accompagnement des jeunes Epidiens de Lanrodec sera un journal qui sera personnel à chaque jeune c’est-à-dire que chacun des jeunes volontaire tiendra un journal qui lui sera personnel et dans lequel il pourra et même devra écrire ses sentiments et raconter ses moments forts. Selon la nature et la personnalité de chaque jeune, il racontera ses tristesses, ses joies, ses déceptions, ses espérances, ses objectifs, ses besoins, … mais l’important est qu’il tienne un journal qui lui permettra de reconstruire plus tard son vécu du passé. Mais le principal but étant qu’il tracera son avenir en dépendance de sa manière de corriger les erreurs de son passé et de faire des critiques constructifs de son moment présent. C’est ainsi et seulement ainsi que Le journal du moment pourra jouer le rôle d’outil de construction de la personnalité d’une personne, selon le concept de Rémi Hess.

 

                        2°) Une écriture dans le but d’un partage de connaissances et d’expériences.

Mais il ne faut pas cependant oublier est que ce qui diffère un journal des moments d’un journal intime est que la première est écrit par l’auteur pour son intérêt personnel mais aussi pour le donner à la lecture d’autrui tandis que le second est écrit par l’auteur pour décrire ses moments intimes et secrets dont il veut garder pour lui seul.

Ainsi, le journal des moments est écrit pour être lu et relus des autres. A travers cet écrit, l’auteur ne doit pas se contenter de raconter son histoire de vie et ses moments forts car ce n’est pas important pour les autres. Il s’agit pour l’auteur d’écrire de manière à ce que les autres qui seront alors les lecteurs de son journal des moments puissent y tirer des conclusions, y soutirer des informations tendant à lui éviter de refaire les mêmes erreurs et de lui permettre de copier sur les bonnes choses dont ils pourront trouver dans ce type de journal. En d’autres termes, le journal des moments doivent renfermer des partages de connaissances et d’expériences nécessaires aux personnes autres que l’auteur.

 

CHAPITRE III : VERIFICATION DE L’HYPOTHESE DE LA MISE EN PLACE DU « JOURNAL DES MOMENTS ».

Pour pouvoir affirmer l’efficacité de la mise en place de ce journal des moments, une vérification de cette hypothèse s’impose.

 

            A] La méthode utilisée pour la vérification.

Pour la vérification, j’ai opté pour une méthode d’entretien comparative c’est-à-dire que j’ai divisé les jeunes dont j’ai la prise en charge en trois groupes. Le premier groupe mettra en place l’écriture du journal des moments en discutant du contenu avec l’accompagnateur au début; le deuxième groupe écrira aussi un journal des moments mais sans aucun accompagnement dès le premier écrit ; le dernier groupe continuera la même méthode d’accompagnement sans écriture de journal des moments. A la fin de l’expérience, on examinera les résultats des entretiens et on tirera les conclusions.

 

1°) Application d’une méthode d’entretien comparative.

Pour l’expérimentation, j’ai divisé les jeunes volontaires appartenant à mon groupe en trois sous-groupes dont j’ai consulté au cas par cas selon trois méthodes et/ ou approche différentes.

Avec le premier groupe, j’ai mis en place l’écriture d’un journal des moments pendant une durée limitée mais dans un premier temps, j’étais là pour les accompagner et les guider dans l’écriture et je les abandonnais petit à petit à une écriture personnelle et indépendante. Il s’agissait alors pour moi de les faire entrer dans ses moments avant de les abandonner dans ces mêmes moments. Ensuite, un entretien semi-directif, c’est-à-dire un entretien personnel dans lequel j’ai posé des petites questions sur eux et sur la manière et les difficultés de l’écriture du journal des moments, est imposé à chaque jeune du groupe qui devra alors lire et relire avec moi ce qui est écrit dans son journal.

Avec le deuxième groupe, je les ai demandés d’écrire un journal des moments quotidiennement mais je ne les ai ni guidés ni relus ce qui y est écrit. Il n’y avait pas d’entretien semi-directif et les jeunes volontaires ont tenu leur journal des moments de façon totalement indépendante.

Pour le troisième et dernier groupe, j’ai continué de travailler avec les démarches Epidiennes normales et classiques notamment dans le cadre d’entretien individuel habituel par échange de mots et je ne les ai jamais proposé la tenue d’un journal des moments. Ce groupe est appelé le groupe témoin.

Mais il faut quand même noter que ces groupes sont tous des jeunes qui viennent d’intégrer la phase d’insertion au sein du centre.

 

2°) Analyse des résultats de l’entretien.

Vers la fin de l’expérimentation et de l’entretien de chaque groupe, il s’agissait pour moi de vérifier mon hypothèse de recherche c’est-à-dire que j’ai essayé d’apporter des réponses et des éclaircissements à la question suivante : est-ce que la tenue de l’écriture du journal des moments a réussi à apaiser les sentiments de démotivations et de dépressions qui s’insurgent dans la vie des jeunes Epidiens volontaires au moment où ils devront entrer dans la dernière phase du parcours EPIDE c’est-à-dire dans la phase d’insertion.

 

3°) Conclusion.

D’après cette expérimentation, j’ai pu constater qu’en effet, la tenue d’un journal des moments a agi sur la démotivation des jeunes dans la mesure où celle-ci a assuré une reproduction parfaite de l’histoire de vie du jeune à partir de son entrée à l’EPIDE. Par la relecture, les jeunes qui ont tenu des journaux de moment se rend automatiquement compte des qualités personnelles et des améliorations comportementales ; cette situation les a encouragé à ne pas désespérer et à reprendre leurs vies en main.

 

            B] Les limites à l’application de cette méthode.

Il faut cependant noter que dès le départ, l’application de cette méthode d’écriture du journal des moments comporte des limites à savoir les différences linguistiques ainsi que les différences de caractères des jeunes internes au sein du centre EPIDE de Lanrodec.

 

                        1°) Les problèmes linguistiques.

En l’espèce, on a déjà vu ci-dessus[75] que le centre EPIDE de Lanrodec ne reçoit que des jeunes volontaires venus des quatre départements bretons mais aussi des autres régions à proximité comme la région Mahoraise et Comorienne. Cela va alors sans dire que ces jeunes ont des origines ethniques et linguistiques différentes. En d’autres termes, ces jeunes ne parlent pas tous les mêmes langues mais comme le centre est implanté au sein de la république française et créé par l’initiative du gouvernement Français, la langue officielle y est alors la langue française.

Au cours de l’expérimentation de la pratique du journal, j’ai pu constater que le problème linguistique est un grand problème qui peut constituer un obstacle à l’écriture du journal par les jeunes volontaires. En effet, l’inaptitude à comprendre et à parler la langue française peut être un frein à l’écriture dans la mesure où les jeunes volontaires qui n’ont pas des connaissances suffisantes en matière de grammaire, d’orthographe et autre ne veut pas écrire de peur que les autres vont découvrir leurs incapacités et leurs incompétences. Les autres enseignants et formateurs du centre pensent que les jeunes volontaires font des fautes et sont pauvres en vocabulaire par manque de lecture et de curiosité.

 

                        2°) La différence de caractère des jeunes.

Chaque jeune Epidien a sa propre personnalité et peut alors affronter son problème de différentes manières. Le peur et la manque de confiance en soi et aux autres sont des sentiments qui règnent pour la majorité de ces jeunes Epidiens. Pour certains, ce peur qui existe constitue un frein pour son développement et la réussite de son projet professionnel. C’est le cas des jeunes qui ne veulent pas s’exprimer et dont il serait très difficile pour les tuteurs d’aborder. En d’autres termes, les moyens utilisés par les tuteurs pour aborder les jeunes et établir des relations de confiance avec eux sont pour la plupart des temps celui de l’entretien individuel donc, il faut que le jeune parle et confie ses problèmes et ses soucis à son tuteur. Mais étant un éducateur spécialisé au sein du centre EPIDE de Lanrodec, je constate que quelques jeunes volontaires, de par leurs natures, n’arrivent pas à bien s’exprimer et éprouvent du mal pour se confier au tuteur par la parole.

Toutefois, il y a aussi des jeunes volontaires qui éprouvent des difficultés dans l’écriture de son journal. Quand ces jeunes parlent, le tuteur arrive à les comprendre mais quand il écrit, ils ont du mal à pouvoir s’exprimer car de par leurs natures, ce sont des jeunes volontaires qui préfèrent parler directement de leurs soucis au lieu de les écrire. En fait, il y a des jeunes qui refusent d’écrire parce qu’ils ne veulent pas qu’on sache ce qui les rongent de l’intérieur et qu’ils ont peur que le tuteur arrive à tout démasquer à travers ces écritures du journal des moments. Nonobstant ces cas, il y a des jeunes volontaires qui admettent ne rien comprendre sur le sens de ces écrits mais qui retrouvent du bonheur par ces derniers en ce sens qu’ils se sentent comme dans un univers de défoulement au moment où ils écrivent.

Certes, des problèmes subsistent autour de ce concept d’écriture du journal des moments par les jeunes mais selon les analyses de cette hypothèse pratique de l’écriture du journal, je crois qu’il suffit de bien expliquer le pourquoi et l’importance de tenir ce type de journal, de les motiver à écrire pour les persuader parce que je me suis rendu compte à travers mon expérimentation pratique que tous les jeunes Epidiens volontaires ont une capacité d’écrire et de tenir correctement un journal du moment.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

CONCLUSION.

 

 

La création des centres EPIDE Français qui est un sigle signifiant Etablissement Public d’Insertion de la Défense s’inscrit, pour le gouvernement français, dans une trajectoire de dispositif de lutte contre le chômage des jeunes adultes français. Actuellement, la France compte dix-huit centres de ce genre qui s’occupent des jeunes Français âgés entre dix-huit et vingt-cinq ans mais qui sont originaires des quartiers dits « fragiles ». Les jeunes accueillis par les centres EPIDE ont des caractéristiques communes à savoir un retard dans la scolarisation, un risque de marginalisation, une absence de qualification professionnelle, un état de chômage absolu. Parmi ces centres sont comptés le centre EPIDE de Lanrodec qui est un centre implanté au sein d’un village appartenant à la région Bretagne. Il s’agit d’un centre implanté dans un village très isolé et dont les jeunes accueillis sont donc des jeunes étrangers par rapport au village d’accueil. Les principales missions de ces centres EPIDE est de fournir les aides nécessaires tant matériels que techniques au profit de ces jeunes dans l’optique de les insérer socialement et professionnellement ces jeunes. Mais il ne faut pas oublier que l’intégration au sein d’un centre EPIDE est conditionnée par un état de volontarisme de la part de chaque jeune car le parcours au sein de l’EPIDE se fait selon une discipline d’inspiration militaire et le régime est un régime d’internat.

Au total, la durée de formation d’un jeune au sein d’un centre EPIDE ne peut excéder une durée totale de vingt-quatre mois. Pendant son passage, le jeune doit passer par trois phases à savoir la phase probatoire, la phase d’évolution et la phase d’insertion. Mais en travaillant comme éducateur spécialisé ou tuteur au sein de ce centre EPIDE de Lanrodec, j’ai pu déceler un problème de démotivation des jeunes au moment où il entre dans la troisième phase du parcours. Conscient de ma responsabilité et poursuivant un but de présenter une mémoire de master I, j’ai effectué en 2012 un travail de recherche tendant à la compréhension de la cause de cette démotivation des jeunes à ce moment précis. Ensuite, dans l’optique de continuer et d’avancer ma recherche, j’ai maintenant pu mener un autre travail de recherche tendant à proposer une solution pour éviter ou du moins diminuer le pourcentage de jeune qui se démotivent au moment de l’entrée dans cette phase.

En l’espèce, j’ai pris l’initiative d’expérimenter la pratique de l’écriture d’un journal des moments par le jeune au moment où il entrera dans cette dernière phase de son parcours ? En fait, selon Rémi Hess, la théorie des moments est importante dans la mesure où il faut qu’une personne tienne un journal du moment pour pouvoir construire sa personnalité par la synthèse du passé, du présent et des anticipations du futur de son histoire de vie. En effet, l journal du moment aura pour rôle de préserver l’histoire, de critiquer constructivement le présent et de prévenir des échecs  futurs. En application de cette théorie, j’ai fait tenir par un groupe de jeune dont j’ai la charge au sein du centre de Lanrodec un journal des moments avec lequel je les ai expliqués et enseignés l’utilité de ce journal pour qu’ils arrivent à surmonter les problèmes présents dans sa vie à travers la relecture de son journal avec moi. Le résultat étant que les jeunes a pu construire par le biais de ce journal du moment leur propre personnalité mais la relecture de ce journal avec les jeunes a aussi instauré une relation de confiance entre moi, leur tuteur et ces jeunes. De ce fait, je peux conclure que la tenue d’un journal des moments serait bénéfique pour aider les jeunes à lutter contre ce sentiment de démotivation et de dépression au moment d’entrer dans la phase d’insertion. Cependant, des problèmes subsistent quand à la pratique de cette écriture du journal des moments par les jeunes Epidiens pendant la troisième phase de son existence au sein du centre EPIDE de Lanrodec tels que les difficultés linguistiques et les différences de caractères des jeunes. Ces problèmes requièrent alors des recherches plus poussées pour être résolu. Que faut-il faire alors face à ces problèmes ?

 

BIBLIOGRAPHIE.

 

Ouvrages

 

  • CLOT Yves, « Travail et pouvoir d’agir », Presses Universitaire de France, Paris, 2008, 312 p.
  • DUBAR Claude, La socialisation, construction des identités sociales et professionnelles, 2ème édition revue, Paris : Armand Colin, 1996
  • FOURNIER Geneviève, « L’insertion professionnelle : vers une compréhension dynamique de ce qu’en pensent les jeunes », Faculté des sciences de l’éducation de l’Université Laval, 2008.
  • HESS Rémi, La pratique du journal : l’enquête au quotidien, Paris, 2° éd. Téraèdre, 2010
  • HESS Rémi, Henry Levebvre, une pensée du possible. Théorie du moment et construction de la personne.2008.
  • HESS Remi et ILLIADE Kareen, Moment du journal et journal des moments, suite à Janusz Korczak, Moments pédagogiques, trad. D’Ana Royon, Paris, Anthropos, 2006
  • PAUL Maëla, « Le concept d’accompagnement », Note de synthèse effectuée à partir d’une intervention de l’auteur en avril 2004.
  • WEIGANG Gabrièle et HESS Remi: « La relation pédagogique »

 

Cours

CORMERY Anne-Claire, Le journal : clinique de l’institution et travail social, Séminaire du journal de recherche, Paris8 : IED Master 1, année universitaire 2012/2013

 

[1] Article 2 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme du 10 Décembre 1948.

[2] Alinéa 1 et 3 de l’article 23 de la déclaration Universelle des Droits de l’Homme du 10 Décembre 1948.

[3] Déclaration de l’OIT relative aux principes et droits fondamentaux au travail et son suivi : Conférence Internationale du Travail, 86ème session, Genève, 18 Juin 1998.

[4] Déclaration de l’OIT relative aux principes et droits fondamentaux au travail et son suivi : Conférence Internationale du Travail, 86ème session, Genève, 18 Juin 1998, page 10.

[5] Déclaration de l’OIT relative aux principes et droits fondamentaux au travail et son suivi : Conférence Internationale du Travail, 86ème session, Genève, 18 Juin 1998, page 11  et 12.

[6] www.cnml.gouv.fr

[7] Notons que le Fonds Social Européen est un organe de l’Union Européenne créé en 1957 par le traité de Rome ; il œuvre principalement pour la promotion de l’emploi et soutient la mise en œuvre des stratégies Européennes pour l’Emploi.

[8] www.cnml.gouv.fr

 

[9] Rappelons-nous que La police administrative est l’activité de l’administration française qui vise à prévenir les éventuels troubles à l’ordre public. Elle se diffère de la police judiciaire qui vise par contre à réprimer les infractions commises qui ont troublés l’ordre public.

 

[10] C’est Monsieur Maurice Hauriou qui a parlé pour la première fois du « privilège du préalable » comme un principe de droit qui permet à l’administration de prendre des prérogatives de droit par ses propres moyens sans besoin de demander l’avis ou l’autorisation des juges. Ces décisions sont exécutoires de plein droit donc produit des effets sans aucune intervention du juge.

 

[11] Le droit positif est le droit en vigueur au moment où le statut est établi par l’établissement.

[12] Ordonnance du 20 Août 2005 créant les Etablissements Publics d’Insertion de la défense.

[13] www.cnml.gouv.fr

[14] Décrets n° 2006-381 du 30 mars 2006 et n° 2006-1485 du 29 novembre 2006 portant apport au profit de l’EPIDE d’immeubles domaniaux.

[15] Information du dossier de Presse EPIDE en date du 25 Mai 2012.

[16] Information du dossier de Presse EPIDE en date du 25 Mai 2012.

[17] Information du dossier de Presse EPIDE en date du 25 Mai 2012.

[18] Classification selon l’Organisation Internationale du Travail ou O.I.IT.

[19] Bilan des Centres EPIDE en matière d’insertion professionnelle, fin Février 2008.

[20] Notons qu’on entend par « situation d’employabilité » le rapport entre le nombre d’entreprises existant dans un lieu géographique donné et le taux de chômage dans ce même lieu.

[21] Bilan des Centres EPIDE en matière d’insertion professionnelle, fin Février 2008.

 

[22] C.D.I. signifie Contrat à Durée Indéterminée.

[23] C.D.D. signifie Contrat à durée Déterminée.

[24] D’après une étude de Raphaël CANET de l’Université d’Ottawa, 18 novembre 2008.

[25] C’est Nicolas Sarkozy, à l’époque Ministre de l’Intérieur Français qui a déclaré que l’acte des deux jeunes étaient une tentative de cambriolage ; il a ainsi exclut toute faute policière de la part du gardien de la paix pour la mort de ces deux jeunes gens.

[26] Les médias annonçaient  plus de trois cent bâtiments publics incendiés, huit mille neuf cent soixante-treize  voitures incendiés, cent vingt six policiers blessés en plus de trois policiers  et quatre civils décédés (Le Figaro, Février 2007). Par la suite, le ministère de l’Intérieur affirmait officiellement ce bilan.

[27] D’après une étude de Raphaël CANET de l’Université d’Ottawa, 18 novembre 2008.

[28] Monsieur Dominique de Villepin était à l’époque le Premier Ministre Français.

[29] Parmi eux, il y a par exemple Monsieur Lilian THURAM, un footballeur appartenant à l’équipe national française et membre du Haut Conseil à l’Intégration Français.

[30] En France, une région administrative désigne

[31] Les quatre départements de la région Bretagne sont : le Finistère à l’Ouest, les côtes d’Armor au nord, le Morbihan dans le sud et l’Vilaine à l’Est.

[32] On appelle des jeunes Mahoraises, des jeunes qui sont originaires du département de Mayotte.

[33] Bilan des Centres EPIDE en matière de recrutement, 2012.

 

[34] Une action de mécénat est une action qui consiste pour une entreprise de verser un pourcentage de son bénéfice pour soutenir une action ou un projet de bienfaisance.

[35] Dossier de Presse EPIDE : 25 Mai 2012.

[36] Il s’agit de la convention du 27 Mars 2007 qui pourrait être consultée dans le site internet du gouvernement français.

[37] Il s’agit en fait d’une Association

[38] Article 4 de la loi  Française n° 84-16 du 11 janvier 1984 sur le statut des Agents Non Titulaires de l’Etat.

[39] Dossier de Presse EPIDE de 2012.

[40] Le Robert, Dictionnaire pratique de la langue Française, mai 2005.

[41] René LENOIR était un célèbre homme politique français de l’époque (Les années 1970).

[42] Lenoir R., « Les exclus, Un français sur dix », Paris, Seuil, 1974, page 30.

[43] http://onpes.gouv.fr/IMG/pdf/Travaux2000_1-1-pauvrete_precarite_exclusions-Loisy-2.pdf, page 25, consulté le 25 mars 2013.

[44] Emile Durkheim, père fondateur de la sociologie française, in-« De la division du travail social ».

[45] KARSZ Saül. L’exclusion, définir pour en finir. Paris : Dunod, 2000. (P.8)

[46] PAUGAM Serge. Op Cit P.9 (P.16)

[47] Enquête réalisée par ORNELLA  Bertrand, in- « Alcool Assistance Lot-et-Garonne ».

[48] En fait, le ministère de la justice n’a jamais payé les ressources nécessaires pour permettre le financement de la prise en charge de ces jeunes mineurs par les centres EPIDE alors que cette participation financière du ministère de la justice a été préalablement stipulée dans la loi initiale qui a énoncé cette exception.

 

[49] Définition tiré du dictionnaire HATIER, imprimé en Belgique par Casterman, Octobre 1998.

[50] « Le Concept d’accompagnement », Note de synthèse effectuée à partir de l’intervention de Maëla  Paul  en Avril 2004, dirigé par Michel FABRE.

[51] Voir Partie II ; Chapitre I ; sous-partie B.

[52] « Le Concept d’accompagnement », Note de synthèse effectuée à partir de l’intervention de Maëla  Paul  en Avril 2004.

[53]  Pascal FUGUIER, “Les approches compréhensives et cliniques des entretiens sociologiques”, Interrogations n°11.

[54]  Pascal FUGUIER, “Les approches compréhensives et cliniques des entretiens sociologiques”, Interrogations n°11.

 

[55]  Pascal FUGUIER, “Les approches compréhensives et cliniques des entretiens sociologiques”, Interrogations n°11.

[56] Tshannen Olivier, L’entretien collectif en contexte (2011).

[57] Bertrand Schwartz, L’insertion professionnelle et sociale des jeunes, La Documentation française, 1981.

[58] Définition selon l’IDRIS ou  « Index International et Dictionnaire de la Réadaptation et de l’Intégration Sociale ».

[59] Le dictionnaire critique d’action sociale, Jean-Yves BARREYRE.

[60] On entend par « contrat synallagmatique » un contrat signé par deux parties et qui fait naître des obligations réciproques entre les deux parties. Ainsi, c’est l’obligation consignée par une  partie qui détermine la volonté de l’autre partie à s’engager et vice-versa.

[61]  Cf. Partie I ; Chapitre I et sous-partie B.

[62] Florence LEFRESNE, « Les jeunes et l’emploi », La Découverte, collection « Repères », 2003.

[63] « Le ressort de la Résilience », La Croix, 30 novembre 2012, p.23.

[64] Boris Cyrulnik, in-« Les merveilleux malheurs », édition Odile JACOB, 1999.

[65] Cf. Partie II, Chapitre 2.

[66] Joseph NUTTIN, Théorie de la motivation humaine : de besoin au projet d’action, Paris: PU

[67] Grand dictionnaire encyclopédique Larousse, en 10 volumes, 1985, p. 10193.

[68] Rémi HESS, « Théorie des moments et construction de la personne », 2008.

[69] Signification étymologique tiré de la langue allemande.

[70] Jacques ARDOINO, «  des moments et du temps », 2001.

[71] Rémi HESS, « Théorie des moments et construction de la personne », 2008.

[72] Gabriele WEIGAND,  Professeur d’université à Karlsruhe (Pädagogische Hochschule), en philosophie et histoire de l’éducation.

 

[73]  Marcuse Herbert, « L’ontologie de Hegel et la théorie de l’historicité », trad. de l’allemand par G. Raulet et H. A. Baatsch, Paris, 1972, pp. 124-125.

[74]  Patrick Brun, « Savoir de vie, savoirs scolaires dans la formation des adultes en difficulté d’insertion socioprofessionnelle », VEI Enjeux, n°123,  page 164, décembre 2000.

 

[75] Cf. partie I, Chapitre 2, Sous-partie B.

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