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Le microcrédit en France: un outil d’insertion professionnelle et de lutte contre la précarité

PARTIE III – DEMARCHE METHODOLOGIQUE : 

Le microcrédit en France: un outil d’insertion professionnelle 

et de lutte contre la précarité

 

Afin de confirmer ou infirmer nos hypothèses d’étude, un travail de recherche d’information auprès des professionnels et acteurs de la microfinance est nécessaire. Pour ce faire, nous avons opté pour la méthode qualitative: notre objectif étant de pouvoir cerner le phénomène du microcrédit en France en confrontant nos hypothèses à la réalité du secteur.

 

Cette démarche sera possible principalement, grâce aux entretiens d’experts du secteur de la microfinance. Toutefois, nous prendrons en considération aussi, les autres styles d’interviews tels que les conférences, colloques,… qui se dérouleront prochainement.

 

Les entretiens d’experts quant à eux seront semi-dirigés. Ce choix d’entretien nous permettra de poser les bases de l’entrevue à travers un guide d’entretien que l’on aura mis en place.

 

Néanmoins, ce dernier ne peut être considéré comme définitif, et pourra être modifié et enrichi au fur et à mesure des interviews que l’on réalisera. En effet, il est possible qu’au cours des interactions, de nouvelles interrogations puissent apparaître et de ce fait ajouter des questions au cours de l’entretien.

 

A – Enquête sur terrain

Ce mémoire n’a pu être élaboré sans des recherches approfondies, notamment par la lecture de plusieurs documents expliquant les impacts du microcrédit sur l’économie française en général, les avantages, les inconvénients, les difficultés, etc…

 

Ces documents ont pu être obtenus par deux principales sources :

 

-Internet : des livres numériques, et des rapports d’analyse sont désormais accessibles en ligne, sur internet. Et surtout que la question touchant au domaine du crédit en général, et du microcrédit en particulier ne cesse de connaitre de l’ampleur, même actuellement, les sources internet sont celles les plus mises à jour pour fonder l’analyse.

 

-Bibliothèque : il existe néanmoins des sources bibliographiques et des œuvres qui ne sont pas accessibles en ligne, pour question de protection de la propriété intellectuelle, ou à cause de l’ancienneté de l’ouvrage, je suis alors partie à leur recherche dans les Bibliothèques où j’ai pu faire la rencontre avec de nombreux livres intéressants qui retraçaient explicitement les utilités et les revers des microcrédits sur l’économie, notamment sur l’économie des pays développés et des pays en voie de développement. J’ai pu aussi, de la même façon, recueillir les avis de plusieurs auteurs dans le domaine.

 

Certes, après avoir fait les compilations documentaires, j’ai déjà acquis quelques connaissances, et j’ai pu comprendre comment fonctionne le système de la microfinance.

 

Mais ces connaissances ont pu être perfectionnées par de réelles descentes sur terrain. Je me suis alors aperçu que les lectures et les recherches documentaires ne donnent que des visions purement théoriques, mais les réalités pratiques ne peuvent être perçues que par des contacts directs sur terrain avec des professionnels dans le domaine de la microfinance.

 

Ces contacts directs sur terrain étaient alors mis en œuvre par la réalisation d’un entretien semi-directif auprès de plusieurs acteurs connus dans le domaine de la Microfinance.

 

1 – Choix de l’outil : enquête semi directive

Dans le cadre de la réalisation de cette étude, les connaissances théoriques et les réalités pratiques, associées avec les spécificités dans les propos et avis énoncés par les interviewés, sont à la base de l’élaboration de ce mémoire. 

 

Avec cette méthode de recherche, je pense avoir élaboré un mémoire retraçant les principes théoriques, tout en tenant compte des réalités pratiques rencontrées par les personnes interviewées, qui sont toutes concernées par le thème de cette étude.

 

Pour ce faire, le type d’entretien choisi a été l’entretien semi directif.

 

L’entretien semi-directif a été spécialement choisi parmi tant d’autres méthodologies de recherches car il permet de recueillir des résultats qualitatifs, tout en mettant l’interviewé dans la possibilité de développer et d’orienter ses affirmations, grâce à la liberté d’action qui lui est offerte au cours de l’interview. 

 

Ceci car, contrairement à l’entretien directif, l’entretien semi-directif n’enferme pas le discours de l’interviewé dans des questions prédéfinies, ou dans un cadre fermé. Les questionnaires n’ont pas été formulées de façon fermée afin d’instaurer une certaine liberté d’expression et de réflexion chez l’interviewé. Ce qui fait que plusieurs informations touchant au monde de la Microfinance ont pu être recueillies au cours de ces interviews.

 

2 – Méthodologie de mise en œuvre de l’interview semi-directif

 

a-Déroulement global de la réalisation de la méthode d’entretien choisie

Au cours de ces interviews, j’ai trouvé qu’il a été à la fois important et intéressant d’avoir préparé un guide d’entretien qui a défini les principales grandes lignes de discussion, les grandes lignes du thème ont pu ainsi être intégrées dans le fil discursif de l’interviewé. L’interview dans un entretien semi directif est donc plus animé et les affirmations plus authentiques.

 

Concernant le déroulement de l’entretien, l’entretien semi-directif débutera selon les normes des entretiens non directifs. Il sera donné à l’interviewé une consigne de départ plus ou moins vague, sans préciser la réponse attendue. 

 

C’est ainsi que l’interviewé exposera ses idées sur la base de cette consigne de départ en suivant sa propre logique et son propre raisonnement. Ce sera uniquement à la fin de la première exposition d’idées que les avis de l’interviewé sont reformulés afin de constituer la réponse voulue.

 

b- Méthode quantitative

Dans le cadre de la collecte des données, le nombre de questions est limité à 4/5 afin de ne pas provoquer la lassitude chez les personnes interviewées à la fin du questionnaire, d’autant plus que beaucoup d’entre elles sont des questions ouvertes nécessitant une réponse détaillée.

 

c- Méthode qualitative

La réalisation de la démarche empirique a dû respecter certains principes afin de respecter des objectifs qualitatifs.

 

L’interview des populations a été intéressante et a permis d’aboutir à des opinions différentes sur un même point. En effet, pour les cinq types de populations interviewés, les réponses ont été diversifiées, ce qui a rendu la recherche encore plus enrichissante, et a conduit à des résultats qualitatifs.

 

Il convient de préciser qu’à la fin de cette phase d’entretien non directif, une reformulation de synthèse sera faite, afin de conclure toutes les informations recueillies par l’exposé de l’interviewé, et c’est aussi ainsi qu’on introduit les sous-thèmes du guide non abordés spontanément par l’interviewé. Et cela toujours dans l’objectif d’obtenir des résultats de qualité.

 

3 – Populations interviewées

En effet, quatre types d’intervenants ont été interviewés dans le cadre de cette étude :

 

  • Banques et les établissements de Microfinance
  • Représentants du Pouvoir Public
  • Représentants des Agences de Notation spécialisées
  • Ménages français

 

4 – Les guides d’entretien

Dans le cadre de la réalisation de cette étude empirique, notamment les entretiens semi-directifs, il a été important de préparer un guide d’entretien qui définira les grandes lignes de discussion, les grandes lignes du thème seront ainsi intégrées dans le fil discursif de l’interviewé.

 

  • Guide d’entretien des représentants des Banques et des Etablissements de Microfinance

 

GUIDE D’ENTRETIEN POUR LES BANQUES ET LES EMF
QUESTION POSEE OBJECTIF DE LA QUESTION (hypothèse à démontrer)
Quelle catégorie de population et de classe sociale vient généralement recourir au financement par Microfinance ? Identifier la couche de population ciblée par les acteurs de la Microfinance
A votre avis, le microcrédit est-il réellement un instrument « efficace » de lutte contre la précarité? Justifiez votre réponse La place du microcrédit dans l’économie sociale et dans l’économie générale du pays
Le microcrédit a-t-il un avenir dans un pays tel que la France? Quelles sont les conditions de son efficacité ? Discuter sur l’avenir du microcrédit dans les pays développés

 

  • Guide d’entretien des Représentants du Pouvoir Public

 

GUIDE D’ENTRETIEN POUR LES REPRESENTANTS DU POUVOIR PUBLIC
QUESTION POSEE OBJECTIF DE LA QUESTION (hypothèse à démontrer)
Quelle catégorie de population et de classe sociale doit chercher un financement par microcrédit ? Identifier la couche sociale ciblée par les avantages procurés par le financement par microcrédit
A votre avis, en quoi le microcrédit pourra-t-il être qualifié d’instrument « efficace » de lutte contre le chômage et la précarité?  Justifier la place que tient la microfinance dans la lutte contre le chômage et la précarité
Estimez vous qu’une intervention du pouvoir public est-elle nécessaire dans le cadre de ce financement par microcrédit? Identifier les avantages de l’intervention du pouvoir public dans le système d’octroi de crédit par microfinance
Le microcrédit a-t-il un avenir dans un pays tel que la France? Discuter sur l’avenir du microcrédit dans les pays développés

 

  • Guide d’entretien des Représentants des Agences de Notation spécialisées

 

GUIDE D’ENTRETIEN POUR LES AGENCES DE NOTATION SPECIALISEES
QUESTION POSEE OBJECTIF DE LA QUESTION (hypothèse à démontrer)
Quelles sont les missions des ANS dans le système d’octroi de crédit par Microfinance Retracer les liens logiques entre ANS et Microfinance
Quels sont les avantages de l’intervention de l’ANS dans le système d’octroi de crédit? Identifier les différents bénéficiaires
Quelles seraient les conditions de l’efficacité de l’intervention des ANS? Identifier les modes d’intervention, ainsi que les difficultés éventuelles dans l’accomplissement de ses missions par l’ANS
Le microcrédit a-t-il un avenir dans un pays tel que la France? Quelle serait la place des ANS dans cet avenir? Discuter sur l’avenir du microcrédit dans les pays développés

 

  • Guide d’entretien des Ménages français
GUIDE D’ENTRETIEN POUR LES MENAGES Français
QUESTION POSEE OBJECTIF DE LA QUESTION (hypothèse à démontrer)
Précisez votre sexe, âge, et emploi Indentification de la personne interviewée
Quels sont les motifs qui vous ont poussés à recourir à ce mode de financement par microcrédit? Identifier les raisons et motifs de recours au microcrédit
Lors de la souscription du financement, avez-vous eu des objectifs? Le microcrédit vous a-t-il aidé à atteindre ces objectifs? Place du microcrédit dans l’amélioration de la situation individuelle des emprunteurs
Le microcrédit est un instrument de lutte contre la précarité et le chômage : qu’en pensez-vous? Cette affirmation est-elle bien fondée? Et quelles seraient les conditions requises pour que cette affirmation soit justifiée Discuter sur l’avenir du microcrédit 

 

B – Analyse qualitative des résultats de l’enquête

L’objet de cette partie est de résumer les réponses aux questionnaires posés aux personnes interviewées, dans le cadre de la réalisation de la partie empirique.

 

1 – La place du microcrédit en France selon les Banques et les établissements de Microfinance

 

a- La couche de population ciblée par les acteurs de la Microfinance

Comme les institutions de Microfinance tentent d’intervenir dans le cadre de la réalisation de quelques objectifs de l’OMD, dont essentiellement la réduction de la pauvreté et l’instauration d’un partenariat pour le développement, la couche de population ciblée par les acteurs de la Microfinance ne peut donc être que la partie de la population qui se trouve en besoin de financement, du fait de sa situation de précarité, de pauvreté et de chômage.

 

Les EMF ont cité quelques exemples : les jeunes en chômage, les femmes itinérantes qui ont des projets qui requièrent financement, …

 

b – A votre avis, le microcrédit est-il réellement un instrument « efficace » de lutte contre la précarité? Justifiez votre réponse

A l’unanimité, les EMF ont affirmé que le microcrédit, via le micro financement, est incontestablement un instrument efficace de lutte contre la précarité. Les raisons citées en sont les suivantes : 

 

-Les EMF attribuent des « micro »crédits qui correspondent exactement aux besoins en crédit des populations défavorisées,

-Les EMF prennent en compte les moyens et conditions de solvabilité des populations défavorisées, contrairement aux grandes Banques,

-Les EMF financent des projets, des idées, des innovations, sans toujours demander des garanties équivalentes aux sommes demandées.

-Les EMF essaient de débloquer les fonds dans les meilleurs délais

 

Aussi, compte tenu de ces raisons, le microcrédit a cette faculté de lutter efficacement contre la précarité.

 

c – Le microcrédit a-t-il un avenir dans un pays tel que la France? Quelles sont les conditions de son efficacité ?

Certes, la microfinance est plus sollicitée dans les pays en voie de développement où la majeure partie de la population est en situation de précarité et de chômage, mais elle recèle aussi plusieurs avantages dans les pays développés, comme la France. Ceci car, même si le pays, dans son ensemble, est développé, il y a une certaine partie de la population qui se trouve en besoin de financement, afin qu’elle puisse accéder à un niveau de vie plus aisé. Les missions des établissements de microfinance s’inscrit dans le financement de cette partie de la population.

 

2 – La place du microcrédit en France selon les représentants du Pouvoir Public

 

a – Quelle catégorie de population et de classe sociale doit chercher un financement par microcrédit ?

Les EMF ne sont pas habilités à rejeter les demandes de financement pour des motifs subjectifs, mais objectivement, la classe sociale qui doit être favorisée dans le cadre de l’attribution de crédit par microfinance doit être la couche de population défavorisée : les hommes et femmes en chômage, les familles en situation de pauvreté et qui disposent de plusieurs enfants à charge, … 

 

Cette couche de la population convient d’être favorisée du fait que la raison d’être même des EMF est d’éradiquer la pauvreté et de contribuer à l’amélioration des conditions de vie de la population en situation de difficulté.

 

b – A votre avis, en quoi le microcrédit pourra-t-il être qualifié d’instrument « efficace » de lutte contre le chômage et la précarité?

Le microcrédit est un instrument efficace de lutte contre le chômage et la précarité dans les conditions ci-après : 

-En finançant des projets, le microcrédit crée de l’emploi, ne serait-ce que pour le bénéficiaire du crédit qui trouvera son projet financé.

-En voyant ses projets financés, la population en situation de pauvreté, avant la demande de crédit, trouvera son niveau de vie s’améliorer par les rentrées d’argent générées par le nouveau projet.

 

c – Estimez vous qu’une intervention du pouvoir public est nécessaire dans le cadre de ce financement par microcrédit?

Les représentants interviewés ont estimé que cette intervention du pouvoir public est nécessaire, mais doit toutefois avoir une limite et être règlementée.

 

Ceux qui ont soutenu la nécessité de l’intervention du pouvoir public ont estimé que le pouvoir public doit être un régulateur, un conseiller ou un financeur des EMF dans le cadre de l’octroi des prêts. Ses missions doivent toutefois se limiter à ces domaines afin de respecter la « liberté d’action » des EMF dans le cadre de l’accomplissement de leurs fonctions.

 

d- Le microcrédit a-t-il un avenir dans un pays tel que la France?

A l’unanimité, les représentants interviewés ont soutenu que le microcrédit a toujours un avenir dans un pays tel que la France.

 

Cette affirmation se trouve justifiée car, comme le montre le schéma suivant, le microcrédit permet de financer plusieurs domaines d’activités dans un pays : 

 

3 – La place du microcrédit en France selon les représentants des Agences de Notation spécialisées

 

a- Quelles sont les missions des ANS dans le système d’octroi de crédit par Microfinance

Les représentants des ANS interviewés ont expliqué de la façon suivante les missions des ANS dans le cadre de l’octroi de microcrédit : 

 

-En premier lieu : l’ANS est l’intermédiaire entre l’IMF et ses partenaires : c’est en effet à travers l’intervention de l’ANS que les partenaires peuvent évaluer la performance de l’IMF et apprécier les financements qu’ils vont l’attribuer.

 

-Ensuite, la mission d’évaluation des IMF est assignée aux ANS. Cette évaluation est utile aux IMF car c’est ce qui leur permet de connaitre leurs forces et leurs faiblesses, et de les aider ainsi à s’améliorer dans l’exercice de leurs fonctions.

 

b – Quels sont les avantages de l’intervention de l’ANS dans le système d’octroi de crédit? Identifier les différents bénéficiaires

 

Parmi les avantages exposés par les représentants de l’ANS dans leur intervention dans le processus d’octroi de crédit, on peut citer : 

 

-Identification des forces de l’IMF

 

-Conscientisation de l’IMF sur ses faiblesses

 

-Aide au développement des IMF

 

Le bénéficiaire direct de cette intervention de l’ANS est donc les IMF, les bénéficiaires indirects étant les investisseurs et les populations cibles.

 

c – Quelles seraient les conditions de l’efficacité de l’intervention des ANS?

Pour que l’intervention des ANS soient efficaces, il faut que : 

 

-Les ANS acquièrent plus de crédibilité aux yeux des investisseurs et des IMF

-Les recommandations émises par les ANS soient respectées et valorisées par les IMF

-Les ANS soient autonomes par rapport aux IMF qu’elles contrôlent.

 

d- Le microcrédit a-t-il un avenir dans un pays tel que la France? Quelle serait la place des ANS dans cet avenir?

 

Les représentants de l’ANS interviewés ont tous confirmé que le microcrédit a un avenir certain et bien tracé en France. Et l’ANS tient une place primordiale dans cet avenir, dans le sens ou elle est une des pièces maitresses qui garantissent l’efficacité de l’intervention des IMF dans leurs missions de réduction de la pauvreté.

 

4 – La place du microcrédit en France selon les ménages français

 

a- Précisez votre sexe, âge et emploi

Les personnes interviewées, qui étaient prêtes à souscrire des emprunts auprès des IMF ont une tranche d’âge qui varie de 22 ans à 35 ans, de majorité féminine, sans emploi ou exerçant dans le secteur informel.

 

b- Quels sont les motifs qui vous ont poussés à recourir à ce mode de financement par microcrédit ?

 

Les deux principales raisons suivantes ont été évoquées par les personnes interviewées, en tant que motifs de leurs recours au système de financement par microcrédit : 

 

– Financement d’un projet de travail

-Subvenir aux besoins de la famille

 

c- Lors de la souscription du financement, avez-vous eu des objectifs? Le microcrédit vous a-t-il aidé à atteindre ces objectifs?

 

Les personnes qui ont recours au financement par microcrédit ont généralement pour objectif principal d’accroitre leur niveau de vie même si cela peut se présenter sous diverses formes (présentation d’un projet de travail, énumération des besoins familiaux non satisfaits par les ressources actuelles, …) 

 

d- Le microcrédit est un instrument de lutte contre la précarité et le chômage : qu’en pensez-vous? Cette affirmation est-elle bien fondée? Et quelles seraient les conditions requises pour que cette affirmation soit justifiée

 

Les personnes interviewées semblent être convaincus que le microcrédit est réellement un instrument de lutte contre le chômage et la précarité.

 

Toutefois, elles affirment que des conditions doivent être respectées afin qu’elles soient de réels bénéficiaires des offres des IMF.

 

Une des premières conditions requises est la confiance. Les IMF doivent avoir confiance à leurs clients que ces derniers auront la capacité et les moyens de les rembourser, une fois leurs activités lancées. D’autant plus que les différentes études et expériences montrent que les clients des IMF arrivent toujours, dans la majorité des cas, à accroitre leur niveau de vie grâce aux prêts contractés. Par exemple, une étude de l’ADIE (Association pour le Développement et L’Initiative économique) a affirmé que : « Un chômeur coûte 13 000 euros par an et même 33 000 euros si tous les frais indirects sont pris en compte. Or une personne à qui l’on prête 2 000 euros pour lancer son affaire réussit le plus souvent à créer son propre emploi. Chacun y trouve son compte »

 

La deuxième condition de réussite de prêts contractés est la rationalisation des taux d’intérêts. 

 

En effet, une étude réalisée par le CGAP (Groupe consultatif d’assistance aux plus pauvres) a montré que le taux médian pratiqué par les IMF dans 36 pays est de 26,4 % (des taux qui sont certes sont plus faibles que ceux pratiqués par les usuriers, mais qui restent encore assez élevés par rapport aux taux pratiqués par les grandes Banques). Ce qui ne laisse que peu de marge de manœuvre aux prêteurs.

 

C – Résumé de l’enquête

La réalisation de ces interviews permet d’affirmer que : 

 

-Le microcrédit peut être un instrument efficace de lutte contre la précarité et le chômage

 

-Les populations qui ont recours aux services des IMF sont généralement des femmes, en situation de chômage ou exerçant dans le secteur informel

 

-Des conditions sont requises pour que le microcrédit puisse efficacement lutter contre la précarité et le chômage : 

L’intervention du pouvoir public en tant que régulateur, conseiller et financeur

L’intervention des ANS en tant qu’autorités de contrôle et conseillers des IMF

La rationalisation des taux pratiqués et la confiance accordée aux publics doivent être renforcées.

D – Discussion et confrontation des données recueillies avec les hypothèses de départ

 

a- Hypothèse 1

L’inclusion bancaire appelle à un meilleur ciblage du public concerné.

Elle permet, grâce à des outils comme le microcrédit, de réduire les inégalités en intégrant les populations démunies; de participer à l’essor économique, à travers la création d’emploi et par conséquent à une intégration au monde du travail. 

L’inclusion bancaire favorise donc l’insertion économique et la cohésion sociale.

 

Discussion :

Il est certain qu’un meilleur ciblage du public concerné est requis. Ce public concerné regroupe la partie de la population qui se trouve en situation de « fragilité sociale ». Par exemple, le tableau suivant effectue une liste des couches de populations qui s’adressent généralement aux IMF.

 

Une fois que cette couche de la population obtient le financement des IMF, elle aura les moyens d’accroitre son niveau de vie, via le financement de ses activités ou projets, et via le retour à l’emploi.

 

Aussi, dans ce sens, la première hypothèse est confirmée, dans le sens où le microcrédit permet une mobilisation de l’énergie créatrice de la population.

 

Mais il est certain que les IMF ne peuvent pas agir seules dans le cadre de la réalisation de cette mission de lutte contre le chômage et la précarité, diverses Institutions doivent venir les appuyer, dont notamment les grandes Banques. Cette collaboration Banque-IMF peut se matérialiser sous diverses formes : 

 

  • La banque soutient l’IMF sous forme de mécénat
  • La banque met à disposition son infrastructure à l’institution
  • La banque refinance l’institution de microfinance
  • La banque prend une participation dans l’institution de microfinance
  • La banque met en place un fonds d’investissement en microfinance

 

L’Etat a aussi un important rôle à jouer dans l’appui des IMF. Le schéma suivant montre par exemple les diverses formes d’interventions étatiques : soutien budgétaire, incitation, réglementation, coordination : 

 

b – Hypothèse 2

La reconnaissance du microcrédit en tant qu’outil de lutte contre la précarité et le chômage passe par une meilleure visibilité du produit. 

La méconnaissance du grand public conduit certaines personnes à rester dans leur environnement reclus, n’osant pas ainsi se lancer dans la création d’entreprise par manque d’information ou par peur des contraintes administratives et légales. D’où l’intérêt de la pérennisation des programmes d’accompagnement et de suivi.

Cette visibilité passe également par une implication accrue des pouvoir publics au regard du cadre légal.

 

Discussion 

Pour une meilleure visibilité des produits de la microfinance, le schéma suivant montre des exemples de stratégies que peuvent adopter les acteurs de la microfinance : 

 

Cette hypothèse est aussi confirmée, dans le sens où, par les IMF de proximité (crédit solidaire, caisse villageoise, ONG, association, …), la population se trouve informée de l’existence de ces IMF et peut recourir à l’appui desdites IMF afin d’améliorer sa situation.

 

c – Hypothèse 3

L’avenir du microcrédit en France dépend d’une meilleure connaissance de son impact. Cette connaissance passe par la mise en place d’outils de suivi, de pilotage et de reporting adaptés à au contexte français.

Favoriser les études liées à ce dernier, permet d’apprécier davantage ses performances, afin de contribuer à son objectif principal qui est l’insertion professionnelle.

 

Discussion

Les IMF ont été mises en place afin de contribuer à la réalisation d’au moins un des objectifs de l’OMD : lutte contre la précarité et le chômage. Mais l’hypothèse selon laquelle les IMF ne peuvent valablement accomplir cette mission sans l’existence de dispositifs de pilotage de suivi et de reporting est vraie. Et cette mission de pilotage, de suivi et de reporting des IMF est généralement assignée aux ANS ou Agences de notations spécialisées.

 

D’abord, avant chaque exercice, les IMF doivent connaitre et avoir des objectifs précis. Les objectifs sont en effet la clé de voute de la réussite d’une organisation, puisque c’est par la définition de ces objectifs que la vision commune sera instaurée, et que les tâches de chaque collaborateur, compte tenu de chaque objectif et sous objectif, seront clairement déterminées. L’atteinte de ces objectifs sera ensuite le garant de la performance de l’IMF, conformément à l’adage : « Celui qui n’a pas d’objectifs ne risque pas de les atteindre ». 

 

La procédure à suivre dans le cadre de mise en place des objectifs est la suivante : 

 

Faire le point sur le concept de l’objectif (l’environnement de la microfinance, analyse des différentes législations sur le prêt, …)

 

Formuler l’objectif (Lutte contre la précarité, réduction du chômage, …)

 

Spécifier l’objectif (Identification des cibles, couche de la population à privilégier, …)

 

Déterminer les étapes à suivre pour aboutir à l’objectif (Politiques de proximité à adopter, détermination des taux d’intérêts, …)

 

Mettre en place un cadre de suivi de l’objectif

 

Il est certain que, sans ces objectifs, l’IMF ne peut pas fonctionner efficacement car n’aura pas de visions claires. Il appartiendra ensuite aux ANS de procéder à l’évaluation de tous les IMF, compte tenu de ces objectifs qu’elles ont établies elles mêmes (en conformité aux objets, raisons d’êtres des IMF).

 

En effet, l’évaluation peut être définie comme une activité qui présente comme but la mesure ou le jugement de valeur relative de la contribution d’une entité à l’évolution de l’environnement au sein de laquelle elle est amenée à exercer ses missions, et dans laquelle elle est appelée à être efficace. La réalisation de cette évaluation revient à l’ANS qui doit, pour ce faire, disposer d’outils efficaces d’évaluation.

 

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