Le modèle de laïcité de l’Etat turc calqué en partie sur le concept de la liberté de religion en France pourrait-il être pris en modèle par les pays du monde oriental?
Le modèle de laïcité de l’Etat turc calqué en partie sur le concept de la liberté de religion en France pourrait-il être pris en modèle par les pays du monde oriental?
INTRODUCTION
On définit un Etat séculier comme un pays qui n’adhère pas à une religion particulière, qui ne s’adonne ni ne s’oppose à une religion particulière. De ce fait, chaque citoyen de ce pays est totalement libre de choisir sa propre croyance et pratique religieuse.
Devenu un état laïc depuis 1924, la Turquie est jusqu’à maintenant le seul pays possédant une population qui est majoritairement de religion musulmane mais qui a adopté la laïcité. De ce fait, depuis des années, cette laïcité de la Turquie suscite toujours de nombreux débats et des analyses de la part des historiens, des politiciens, des sociologues…
Appliquant un modèle de laïcité calqué sur le modèle français, la Turquie semble quelquefois avoir des soucis à gérer cette laïcité du fait de quelques ambivalences et ambiguïtés, mais jusqu’à maintenant, elle fonctionne encore sur ce régime et semble en être satisfaite.
La question qui se pose est alors de savoir si ce modèle de laïcité turc pourrait fonctionner s’il est adopté par d’autres pays musulmans dans le monde oriental.
Pour essayer d’y répondre, dans un premier temps, il nous faut voir d’abord les différentes caractéristiques de ce modèle turc et toutes ses conséquences sur la société. Nous allons après comparer ce modèle avec le modèle français, sur lequel il a été fondé, puis sur le modèle américain, un modèle de laïcité qui date de plusieurs années.
Dans une seconde partie, nous verrons comment se perçoit la liberté de la religion dans le monde oriental pour savoir par la suite si ce modèle de laïcité peut apporter les mêmes conséquences et bénéficier des mêmes applications qu’en Turquie.
Chapitre I : Le modèle séculier turc
La Turquie fait partie des pays laïcs et n’a aucune religion d’Etat. Malgré le fait qu’environ 97% de la population turque soit musulman, la Constitution turque prévoit une liberté de la religion. Actuellement un pays démocratique, ce pays arrive à concilier l’islam et la démocratie dans un modèle de laïcité.
Section I : Les principes du modèle
Le modèle de la laïcité peut différer selon les pays du point de vue de leur définition et de leur application. Dans un premier temps, il faudra qu’on définisse d’une manière générale le concept de laïcité. Nous pourrons ensuite comme se présente cette laïcité en Turquie.
1er § : Le principe de la laïcité en Turquie
- Définition de la laïcité
La laïcité se définit communément comme la séparation du milieu civil et du monde religieux au niveau d’un pays. En application à ce principe, il y a donc un autre principe qui sépare le pouvoir de l’Etat, qui est le pouvoir politique et administratif ainsi que le pouvoir religieux. [1]
Dans un Etat laïc, les opinions, convictions et croyances de nature religieuse et même de nature sectaire ne sont donc que des opinions privées et ne doivent pas avoir de rapport direct avec la bonne marche de l’Etat en question.
Si on fait une analyse bien plus approfondie, la laïcité institutionnelle a pour rôle de garantir la liberté de conscience, au-delà de la liberté de la religion. En effet, elle se réfère à toutes les options spirituelles possibles et cela intègre l’absence de religion.
De ce fait, qu’un citoyen soit croyant ou athée, il peut avoir un droit égal à l’existence au sein d’une société laïque. Cela ne veut pas dire pourtant qu’un Etat laïc est contre n’importe quelle sorte de religion, il se veut uniquement neutre. Cet Etat ne peut donc ni imposer une religion quelconque, ni interdire une autre.[2]
Il faut cependant noter que l’Etat laïc doit définir toutes les conditions liées à la libre affirmation de chaque communauté religieuse, sectaire ou même athéiste et doit assurer la coexistence pacifique de ces communautés. C’est donc une valeur à la fois universaliste et humaniste.
Il faut toutefois faire une différence entre la laïcité et la sécularisation car beaucoup de gens sont souvent en proie à des confusions en utilisant ces termes. La sécularisation selon le Petit Robert est le passage d’un bien de communauté religieuse ou d’établissement ecclésiastique dans le domaine de l’Etat ou à une personne morale de droit public ou encore le passage d’une communauté religieuse ou d’un religieux vers une vie laïque ou séculier. La sécularisation, c’est, le retrait du religieux du domaine public et sa « privatisation », l’autonomisation multiforme d’un espace profane. Si la religion n’est pas éliminée, elle a perdu son rôle unifiant des valeurs et des comportements, selon Jean-Marie Donegani « elle n’est plus qu’un des secteurs culturels d’une société au lieu d’apparaître comme le registre qui englobe tous les autres »[3].
- La laïcité en Turquie
Comme il a donc été mentionné plus haut, la Turquie est un Etat laïc et c’est d’ailleurs le seul pays à majorité musulmane qui le soit. L’origine de la laïcité de la Turquie remonte à la République fondée par le maréchal Mustafa Kemal Atatürk. Ce premier président de la République turque s’est inspiré de la Révolution française et a mis fin au règne du sultan en place en 1922. Il instaure ainsi la laïcité en Turquie à partir de 1924 avec les réformes kémalistes. Le kémalisme se traduit par une révolution politique qui a transformé l’Etat multinational Ottoman en l’Etat nation turc, devenu par la suite une Turquie moderne. Cette réforme s’identifie dans une forme d’Etat républicain ayant pour but de représenter au mieux le souhait du peuple.
Ainsi, avec la laïcité kémaliste, cela supposait également la fin de l’intrusion de la religion dans toutes les affaires d’ordre juridiques, culturelles et même éducatives. N’étant pas opposé à la religion de l’Islam, le Kémalisme était quand même hostile à la politique islamique qui régnait sur l’ancien empire Ottoman et la péninsule Arabique.[4]
En 1924, le « Diyanet » a donc été créé, il s’agit d’une Direction des Affaires Religieuses, directement rattaché au Premier Ministre et constitue le 7e budget de l’Etat. Le Diyanet est donc une institution publique qui a pour principal rôle de produire et de transmettre des connaissances religieuses. L’existence de la Diyanet n’entre pas en contradiction avec la laïcité du pays même si ça a créé parfois des controverses au niveau des experts juridiques et universitaires du pays.
Ainsi, avec la protection des libertés religieuses, il existe un mécanisme de contrôle de l’expression des revendications religieuses qui pourraient constituer des menaces sur l’ordre social.
Un des aspects originaux de l’approche du Diyanet vis-à-vis de la religion et son interprétation est le fait qu’il considère plus la religion comme un système de croyance théorique simple. L’’interprétation de l’Islam varie selon les régions géographiques et les traditions dominantes et les cultures locales. Par conséquent, la religion est considérée dans une certaine mesure comme une expérience sociale et un phénomène sociologique.
Les faits sociologiques, l’héritage historique et les expériences peuvent expliquer les limites de la liberté dans l’organisation des affaires religieuses, c’est ce qui constitue le défi que doit relever aujourd’hui le Diyanet.
La branche dominante de l’islam pratiqué en Turquie se caractérise par sa tolérance, son refus de l’extrémisme et sa compatibilité avec le sécularisme. En Turquie les dirigeants religieux ne sont pas autorisés à émettre des opinions politiques et de la même manière, la classe politique ne s’immisce pas dans les affaires religieuses.
2è § : Le fonctionnement de la laïcité en Turquie
- Dispositions légales
La laïcité de la Turquie est inscrite à l’origine dans la Constitution de 1924, qui été modifiée ensuite en 1937, et qui finalement se trouve dans la Constitution de 1982 et qui reste encore en vigueur jusqu’à maintenant.
Voici les principes qui régissent cette laïcité :
- Les religions ne doivent pas être des agents dominants ou effectifs dans les affaires publiques.
- La disposition de la liberté sans restriction pour les croyances religieuses des individus et la liberté religieuse sont sous la protection constitutionnelle.
- La prévention de l’abus et l’exploitation de la religion est essentielle pour la protection de l’intérêt public.
- L’Etat a le pouvoir d’assurer la fourniture des droits et libertés religieux comme le protecteur de l’ordre public et des droits.[5]
Ainsi, l’Etat turc organise et contrôle entièrement la communauté des croyants, plus précisément les adeptes de l’islam. Le Diyanet contrôle également toutes les mosquées, les mausolées ainsi que les couvents. Les formations des imams et des muezzins au niveau des écoles de prédicateurs ou au sein de la nouvelle Faculté de théologie moderne d’Istanbul sont aussi surveillées par cette entité, elle supervise les ouvrages pour l’enseignement de l’islam, les différents livres de prière ainsi que les divers manuels de morale religieuse…
Il existe plus de 72.000 imams en Turquie et ils ont un statut de fonctionnaire c’est-à-dire qu’ils sont payés et formés par l’Etat. En outre, leurs prêches hebdomadaires sont écrits par des fonctionnaires qui travaillent au sein du Diyanet.
Le Diyanet possède ainsi un moyen de contrôle permanent sur le système clérical et peut orienter la vie religieuse du pays. Ceci démontre alors une certaine mainmise de l’Etat sur la religion et révèle une certaine continuité du système comme pendant la période de règne de l’Empire Ottoman.
Voici le préambule de la Constitution de la République Turque qui résume en gros les lignes directrices de la vie de ce pays :
PREAMBULE (Source : www.bleublancturc.com)
La présente Constitution, qui reconnaît l’existence éternelle de la patrie et de la nation turques et l’intégrité indivisible du grand Etat turc, conformément au concept de nationalisme et aux principes et aux réformes mis en œuvre par Atatürk, fondateur de la République turque, guide immortel et héros incomparable;
– prenant appui sur la détermination de la République turque, en tant que membre estimé de la famille des nations du monde et jouissant de droits égaux aux leurs, à perpétuer son existence, à atteindre le bien-être et le bonheur matériel et spirituel et à s’élever au niveau de la civilisation contemporaine;
– considérant que, vu la suprématie absolue de la volonté nationale, la souveraineté appartient sans conditions ni réserves à la nation turque et qu’aucune personne ou institution habilitée à l’exercer au nom de la nation ne peut enfreindre la démocratie libérale spécifiée dans la présente Constitution ni l’ordre juridique défini en fonction de ses exigences;
– considérant que la séparation des pouvoirs n’implique pas un ordre de préséance entre les organes de l’Etat mais consiste en l’exercice exclusif par chacun d’eux de compétences et fonctions étatiques déterminées assorti d’une forme civilisée de coopération et de division du travail, et qu’il n’existe de préséance qu’au profit de la Constitution et des lois;
– considérant qu’aucune opinion ou pensée ne peut se voir accorder protection à l’encontre des intérêts nationaux turcs, du principe d’indivisibilité de l’entité turque du point de vue de l’Etat et du territoire, des valeurs historiques et spirituelles inhérentes au peuple turc, ni du nationalisme, des principes, des réformes et du modernisme d’Atatürk, et qu’en vertu du principe de laïcité, les sentiments de religion, qui sont sacrés, ne peuvent en aucun cas être mêlés aux affaires de l’Etat ni à la politique;
– considérant que chaque citoyen turc bénéficie, conformément aux impératifs d’égalité et de justice sociale, des droits et libertés fondamentaux énoncés dans la présente Constitution, et possède dès sa naissance le droit et la faculté de mener une vie décente au sein de la culture nationale, de la civilisation et de l’ordre juridique et de s’épanouir matériellement et spirituellement dans cette voie;
– considérant que l’ensemble des citoyens turcs ont en commun leur sentiment de fierté et de gloire nationales, partagent les joies et peines nationales, les droits et devoirs envers l’entité nationale, les bonheurs et les malheurs, et qu’ils sont associés dans toutes les manifestations de la vie nationale, et ont le droit d’exiger une vie paisible, dans le respect absolu de leurs droits et libertés réciproques et tenant compte des sentiments de fraternité et d’amour sincère dont ils sont animés mutuellement et de leur désir confiant pour la « Paix dans le pays, paix dans le monde »;
est livrée et confiée PAR LA NATION TUROUE à l’amour pour la patrie et la nation des enfants turcs épris de démocratie, en vue d’être comprise conformément à L’ESPRIT, A LA FOI ET A LA RESOLUTION qui l’animent et interprétée et appliquée en ce sens dans le respect et la loyauté absolue envers sa lettre et son esprit.
- Les conséquences de la laïcité turque
L’arrivée au pouvoir d’Atatürk a vu l’apparition de toute sorte de réformes dites kémalistes. Parmi les plus importantes c’est l’abolition du sultanat pour passer vert une république turque. Avec cela, il y a eu donc également l’abolition du califat qui était une des particularités de l’Empire Ottoman.
Des réformes sociales ont été alors prises dans le même sens pour marquer la laïcité du pays et se détacher de tout ce qui se rattachait encore à l’Empire Ottoman. Il y a par exemple l’interdiction du port du Fez, une coiffure portée par des groupes ethniques et religieux durant l’Empire Ottoman du XIXe siècle. Au niveau de l’éducation, toutes les écoles religieuses ont été interdites et des centaines d’écoles primaires et secondaires ont été mises en place.
La modernité s’est installée peu à peu grâce aux infrastructures érigées comme les laboratoires, les bibliothèques, les restaurants, les grandes écoles et les facultés, les lycées de commerce,…
La laïcité turque a apporté des effets très positifs et importants sur la société. On peut citer par exemple le droit de vote accordé aux femmes dès le début des années 30, la révolution linguistique qui a permis de lutter efficacement contre l’analphabétisme.
Toutefois, jusqu’à maintenant, cette laïcité turque suscite parfois des crises du fait qu’elle s’éloigne trop de la sécularisation européenne qui requiert davantage de pluralisme et de libéralisme religieux réels. D’après certains professeurs qui ont analysé les causes de cette crise récurrente, cela remonte aux réformes apportées par Kemal Atatürk car il a imposé à la fois un modèle juridique et d’autres reformes comme l’écriture, la tenue vestimentaire…, des réformes qui apparemment manqueraient de bases sociales.[6]
Le port du voile crée toujours une polémique suscitant depuis toujours de nombreux questionnements. En effet, en 1991 par exemple, une jurisprudence de la Cour Constitutionnelle avait émis que pour des étudiantes, au niveau des universités, « se couvrir le cou et les cheveux avec une voile ou un foulard pour des raisons de convictions religieuses » constituait un délit puisque c’était contraire à la constitution. Or en 2008, le Parlement a adopté une loi qui autorisait le port de voile à l’université, loi qui par la suite a été jugée anticonstitutionnelle par la Cour constitutionnelle.
Section II : La laïcité turque face aux conceptions occidentales
Il est clair que la laïcité turque tire ses origines de conceptions occidentales d’un Etat laïc et notamment le modèle français de laïcisation. On peut ainsi trouver de nombreuses similitudes entre ces modèles. Toutefois, il existe également des divergences qu’ont ne peut nier et qui suscite les analyses de certains historiens.
1er§ : Laïcité turque et laïcité française : similitudes ou divergences ?
- Les similitudes
La laïcité française est un concept qui remonte à l’époque de la Révolution française même si la Loi de séparation des Eglises et de l’Etat n’a été adoptée qu’en 1905. Cette loi place ainsi toutes les églises sur un même pied d’égalité du point de vue juridique. Ceci constitue la première similitude de cette laïcité française avec celle de la Turquie.
Le régime laïc en France suppose une obligation fondamentale de l’Etat qui est d’assurer la liberté de conscience et de protéger l’individu contre toute pression morale ou physique exercée sous couvert d’une prescription religieuse ou spirituelle[7]
La laïcité française repose sur trois principales caractéristiques. D’abord, elle repose sur une institutionnalisation de la séparation entre Eglise et Etat qui est le fondement de l’exercice d’une véritable liberté de conscience. Elle est ensuite le produit du combat des idéologues de la laïcisation. Enfin, la laïcité a pour effet une déchristianisation croissante de la société française, à la place, on assiste à une mosaïque religieuse et culturelle.[8]
Malgré cette déchristianisation, l’Eglise catholique a développé des formes multiples d’intervention sociale qui pourraient expliquer ses fortes réticences à accepter un islam qui est solidement établi comme seconde religion en France et très présent dans la société française.
Il faut également mentionner que le système judiciaire durant le régime kémaliste a été claqué sur le système français. Une similitude flagrante qu’on ne peut nier est la relégation de la religion dans le rang de la sphère privée, tant en France qu’en Turquie. L’affaire du foulard islamique reste un débat qui témoigne de cette similitude car on assiste à une absence de la religion dans la sphère publique. En effet, cela indique un parallélisme entre les deux conceptions tout en révélant la centralité du problème de l’éducation et des femmes dans les débats qui concernent la laïcité.
En France, les débats sur le foulard sont plutôt liés aux problèmes d’immigration et de multiculturalisme. Il y a eu des revendications de la part des étudiantes musulmanes qui a fortement suscité des réactions de la part des laïcs tant en France qu’en Turquie.
Cela se justifie par le fait que la laïcité dans les deux pays se caractérise par une sécularisation de l’espace public et une suppression des symboles et des pratiques religieux, l’espace public étant considéré comme une cité de la modernité, principale finalité du choix de la laïcité. En outre, cette espace public doit exclure les pratiques et les signes religieux.
Dans un tout autre domaine, résultant cependant de l’application de cette constitution laïque, nous allons prendre comme exemple un domaine où on peut avoir également des similitudes qui découlent de cette laïcité. Le processus d’implantation de la finance islamique suppose en effet de nombreuses similitudes au niveau de la France et de la Turquie.
La majorité des banques sont conventionnelles et à capitaux nationaux, elles évoluent dans un secteur où les structures de régulation bancaire sont pareilles. En outre, les demandes de financement constatées dans les deux nations semblent provenir des mêmes phénomènes, notamment un important déficit public, des projets d’investissement de PME ou de grands groupes industriels, des infrastructures des collectivités territoriales.
Il faut également mentionner que les banques turques ne reposent pas sur un argumentaire éthique et religieux en définissant leur stratégie sur le partage des pertes et des profits, de même qu’au niveau de la dimension participative, tout cela pour rester conforme au principe de laïcité. [9]
On peut affirmer aujourd’hui que la laïcité, autant en France qu’en Turquie suscite encore et toujours des remises en cause du fait de l’évolution de la situation et du désir de chacun d’accéder à cet espace public de manière individuelle ou collective, notamment on peut citer les minorités et les femmes en Turquie parallèlement aux musulmans en France, les partisans de la laïcité en France parallèlement aux partis islamiques en Turquie.
- Les divergences
Même s’il y a toutes ses similitudes, la laïcité en Turquie a pris des dimensions multiples vraiment différentes au mode de fonctionnement français, notamment dans les domaines politique, juridique, culturel et social. En vérité, la base sur laquelle la notion de laïcité en France repose, c’est-à-dire la neutralité de l’Etat qui conduit finalement à la démocratie, n’est pas la même qu’en Turquie où la laïcité signifie plutôt la laïcisation de l’islam et la non neutralité de l’Etat, une sécularisation qui a été imposée à la base à la société.
En effet, il est évident que la place donnée à l’Etat n’est pas partout identique et la forme sociale de religion diffère également. L’islam ne connaît pas de véritable clergé et n’a donc pas instauré un anticléricalisme de la même forme que ce qui existe France.
Pour comprendre les fondements de la laïcité turque, revenons un peu au début du XXe siècle, à l’époque du déclin de l’Empire ottoman. A ce moment là, la Turquie était un empire multiconfessionnel et pluriethnique où coexistaient la loi islamique (seriat) et la législation impériale (kanûn). Son système juridique provenait des influences de l’Asie centrale, de l’Empire arabe, persan et byzantin. C’était le Sultan qui assurait la gestion des rapports du politique et du religieux car c’est lui qui dominait l’institution religieuse et détenait en même temps le pouvoir politique. De ce fait, la laïcité turque résulte d’un compromis politique et juridique admis par les constitutionnalistes qui souhaitaient placer la politique au dessus du religieux mais tout en gardant l’islam, religion d’Etat à ce moment là, présent dans la politique. Ceci constitue une grande différence avec la laïcité française.[10]
En 1950, le Parti républicain n’est plus au pouvoir et on assiste à la fin du régime kémaliste. Le Parti démocrate arrive ainsi au pouvoir sous la direction de Celâl Bayar et Adnan Menderes. Des mesures sont adoptées par ce nouveau régime pour assouplir les mesures laïques appliquées lors du régime kémaliste. Il y a donc eu un rétablissement de l’appel à la prière et de l’enseignement du Coran en arabe, l’éducation religieuse a été rétablie dans les écoles publiques, il y a eu également un assouplissement des normes vestimentaires et du port du voile, on a commencé également à tolérer la polygamie et les usages des vêtements traditionnels.
Cependant, ce système démocratique, souvent traité de système discriminant, va être rapidement déstabilisé à cause d’un coup d’Etat en 1960 soutenu par les élites turques. Finalement, une nouvelle constitution, apparue en 1961, va être adoptée, certes plus libérale mais toujours en proie à des instabilités.[11]
A cause de tout cela, la laïcité de la Turquie contemporaine résulte d’un ensemble de compromis entre l’islam et la modernité. On assiste alors à l’existence de 4 pôles qui essaient de trouver un terrain d’entente pour la bonne marche de la société. D’abord, le pôle de la laïcité kémaliste (parti de gauche) est encore représenté grâce à l’armée qui défend les principes de la laïcité autoritaire. Ensuite, il y a les partis conservateurs du centre-droit et de droite qui ont pu récupérer un symbole de l’islam et une partie de l’électorat religieux. Après, il y a les adeptes de la prédication religieuse qui ont constitué également une force politique en créant des importantes confréries sunnites, cette entité accepte tantôt la séparation de la religion et de la politique et tantôt la suppression de tout contrôle de l’Etat sur la religion. Le quatrième pôle est constitué par le Parti de l’ordre national devenu après le parti de la Prospérité qui, il représente aujourd’hui la principale force qui conteste la politique de la laïcité tout en revendiquant une identité musulmane politique et sociale.
La laïcité en France est beaucoup plus ouverte dans le sens où on assiste à une reconnaissance et une garantie de la pluralité des confessions, des langues et des groupes ethniques, qui expriment la concrétisation du pacte laïque. En Turquie par contre, cette pluralité initiale a été souvent été niée par l’Etat et la nation. En effet, la Turquie a toujours été soumise à une certaine poussée islamiste et en même temps une crise de la modernité.
Le conflit qui existe ainsi se crée entre les musulmans laïques qui estiment que la religion est affaire privée, d’où l’utilisation du terme « relégation de la religion dans la sphère privée »[12] et les musulmans antilaïques qui estiment que l’islam doit tout gérer, même la vie publique.
2e§ : La laïcité turque et le modèle américain
La conception de la laïcité aux États-Unis est que l’Etat doit mettre en avant la religion dans le but de garantir le respect des différentes religions. Et pourtant, il n’est pas à cacher que l’appartenance à une religion constitue une adhésion au tissu social.
- Les similitudes
Comme tout concept de laïcité, le modèle américain est un des pionniers de cela puisque dès le Premier amendement en 1791 et de la Constitution américaine en 1787, il a été demandé la séparation de l’Eglise et de l’Etat. La conséquence de cet amendement suppose la non-ingérence entre l’Etat et les Eglises. Même si l’amendement ne mentionne pas directement la séparation, il contient deux « clauses religieuses » notamment le non-établissement des religions et la liberté de conscience.
Même si le modèle turc de la laïcité repose en grande partie sur le modèle français, une des similitudes de ce modèle avec le modèle américain est le fait que son application s’est fait dès le début de manière radicale et affirmant le coté séparatiste. En effet, il a été décidé que les pouvoirs publics ne subventionnaient plus les écoles confessionnelles, la non-application de ceci porterait donc atteinte à la Constitution. Ceci nous rappelle ce qu’on a pu déjà voir concernant la Turquie, même si pour elle, les décisions sont plus autoritaires et radicales, à savoir la suppression des écoles religieuses.
Un autre point commun entre ces deux modèles est aussi la recherche constante d’arriver in fine à la modernité. Même si pour les Etats-Unis, ce n’est pas la laïcité qui définit cet objectif, on ne peut nier que le peuple américain évolue depuis toujours dans une société moderne.
Dans une autre optique plus en relation avec les conséquences de la laïcité au niveau des deux pays, on peut mentionner l’existence d’une certaine discrimination au niveau de la société. En effet, particularité de la laïcité aux Etats Unis, et c’est qui les différencie du modèle turc est cette invocation de Dieu qui est très présente au sein de la société américaine. On assiste ainsi à une exclusion des minorités non chrétiennes, notamment athées tout comme en Turquie on dénote une certaine exclusion des minorités non musulmanes.
- Les divergences
On peut entendre souvent dire qu’aux Etats Unis, c’est l’Etat qui est laïque mais la société, elle, est religieuse. L’invocation constante de Dieu, certes symbolique parfois, ne se constate pas dans la société turque. Cette omniprésence de la référence à Dieu et à la Bible se voit bien au niveau de la société : d’abord, les pièces et les billets américains contiennent la mention « in God we trust » (en Dieu, nous avons confiance) ; ensuite dans les procès aux tribunaux, les témoins ont l’obligation de jurer sur un document sacré se référant à une religion particulière.
Ce que les chercheurs ont pu constater toutefois, c’est que cette omniprésence de Dieu au niveau de la société ne se réfère pas à un Dieu en particulier. C’est-à-dire que ce Dieu tout le temps invoqué ne s’attache pas à un culte défini mais juste un point commun où converge la croyance du peuple américain. Et cette croyance crée le lien social entre eux, c’est d’ailleurs pour cela que les agnostiques et les athées semblent toujours exclus de cette société.
Le véritable problème avec ce modèle américain, c’est que la laïcité suppose, en principe, une liberté d’expression, ce qui devrait mettre tout le monde sur un même pied d’égalité, plus précisément entre les croyants et les athées. Et pourtant, il semble que la place des athées dans la société américaine crée encore des difficultés sociologiques.[13]
Si on compare au point de vue du fonctionnement du système, il y a certes beaucoup de différences entre les applications de la laïcité dans les deux systèmes. Aux Etats Unis, pour n’importe quel congrégations religieuses ou clergé, tous les besoins sont assurés par les adeptes du clergé, et de ce fait, l’organisation de chaque entité relève de ses adeptes. Contrairement à cela, en Turquie, c’est la Diyanet, un organe de l’Etat qui contrôle les organisations des affaires religieuses.
YYYYYYYY
Bref, on peut tirer de tout ceci que le modèle séculier turc est assez particulier même s’il présente quelques similitudes avec des modèles occidentaux. Ce qu’il faut tenir compte cependant c’est le fait que jusqu’à maintenant c’est encore le seul pays dans le monde arabe à adopter cette laïcité.
Et même si cela a toujours été source de conflits et de crises, la Turquie évolue encore dans ce sens tout en essayant à chaque fois de trouver des moyens pour résoudre ces difficultés, tout en alliant la démocratie avec cette laïcité.
Chapitre II : Le modèle séculier turc peut-il être transposé aux autres pays musulmans ?
Dans cette partie, nous allons alors voir pourquoi jusqu’à présent il n’y a que ce seul pays musulman qui a adopté ce régime et dans quelles mesures on pourrait transposer ce modèle dans les autres pays arabes. Pour ce faire, il faudra d’abord analyser le concept de la liberté de culte dans ces pays musulmans puisqu’on a pu remarquer depuis le début que la laïcité turque est essentiellement basée sur cette laïcisation de l’Islam. Nous continuerons par la suite à voir le lien qui pourrait exister entre le concept de la laïcité et la démocratisation au niveau de ces pays musulmans.
Section I : La question de la liberté de culte dans les autres pays musulmans
D’après le 18e article de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, chaque personne a droit à une liberté de pensée, une liberté de conscience et une liberté de religion. De même cela suppose donc la liberté de changer de religion et de conviction, la liberté de manifester sa religion ou a conviction de manière individuelle ou collective. A cause de cela, l’enseignement, les pratiques, l’accomplissement des rites et les cultes peuvent être exécutées en toute liberté.
D’autre part, la Déclaration du Caire sur les Droits de l’Homme dans l’Islam a apporté certaines modifications à cet article pour obtenir une expression consensuelle des droits de l’homme du point de vue de l’islam, caractérisée par une forte imprégnation religieuse. Rien que par l’existence d’une telle déclaration, il est clair que le monde musulman gère différemment la liberté de choisir sa religion et d’en changer.
1er§ : Etat des lieux
Peut-on parler alors de liberté de culte lorsque l’Etat impose de manière directe ou quasi-directe la religion que le pays doit suivre ? L’existence d’une religion d’Etat donne-t-elle encore le droit à la liberté de culte ?… Telles sont les questions qu’il faut que l’on se pose pour mieux analyser l’état des lieux de la liberté de culte dans ces pays musulmans.
- Influence de la religion sur l’aspect politique
Dans la majorité des pays musulmans du monde oriental, l’existence d’un ministère chargé des Affaire religieuses est très courante. Ce ministère se charge de la supervision et du financement des infrastructures religieuses du pays. De plus, les imams et les personnes qui travaillent dans les mosquées sont des fonctionnaires et sont des salariés de l’Etat.
Dans certains pays musulmans, comme en Arabie Saoudite par exemple, il existe une police religieuse qui possède certains pouvoirs comme de faire appliquer les codes vestimentaires islamiques, de contrôler si les gens respectent bien l’heure de fermeture de magasins pendant les heures de prières, de faire la saisie des marchandises prohibées qui sont considérées comme anti-islamiques…[14]
Il est évident donc que l’Etat intervient en grande partie dans l’organisation de la religion, notamment l’islamisme, au niveau de ses pays. De ce fait, on considère la religion musulmane la plupart du temps sous un aspect politique plutôt que sur le plan de la tradition religieuse. D’ailleurs ce n’est pas pour rien qu’on désigne l’islamisme comme religion d’Etat dans ces pays là.
Malgré l’existence de minorités non-musulmanes dans ces pays arabes, les musulmans semblent tout contrôler. Les textes et les lois qui régissent la liberté de culte ne sont pas toujours bien définis, ce qui fait que les non musulmans ne savent pas trop s’ils pratiquent leur culte de manière légale ou dans une quasi-clandestinité.
Bien plus rude encore, il y a quelquefois des restrictions appliquées pour les communautés non-musulmanes, comme le fait de recevoir des membres d’un clergé venant de l’étranger pour leur ministère dans le pays ; ou aussi le fait de faire du prosélytisme, c’est-à-dire faire la propagande de la religion pour attirer de nouveaux adeptes quand on n’est pas musulman, qui est illégal la plupart du temps.
Selon le professeur américain Samuel Huntington, la politique contemporaine au niveau mondial se caractérise par une ère de guerres musulmanes et plus précisément des guerres entre les musulmans et les non-musulmans. En outre, les états musulmans sont souvent associés au phénomène du terrorisme.[15]
Dans les versets du Coran, il existe de nombreuses exhortations à la guerre, certes sainte, mais qui reste toutefois des manœuvres militaires caractérisées par des massacres, des opérations sanglantes…Ce genre de situation suscite beaucoup de polémiques. Beaucoup de gens se demandent ainsi on peut considérer l’Islam comme une religion et le considérer comme tout autre religion par fidélité au principe de la liberté de conscience.
- L’islam comme religion d’Etat
On désigne par religion d’Etat la religion ou la profession de foi qui est officiellement adopté par un Etat. L’implication de l’Etat dans le soutien apporté à cette religion d’Etat peut être différente pour chaque Etat. En effet, il peut juste s’agir d’un soutien purement financier, ce qui suppose une liberté de pratique pour d’autres cultes. Dans d’autres cas, il arrive que l’Etat vienne à interdire la pratique d’autres religions que celle de l’Etat et même en arrive à la persécution des adeptes des autres cultes.
Pour marquer alors ces différences, essayons de voir plusieurs cas qui vont pouvoir mieux expliquer ce concept de religion d’Etat.
En premier lieu, voyons le cas du Maroc. La Constitution marocaine définit l’islam comme une religion d’Etat, cela signifie qu’elle garantit à tous le libre exercice du culte. Ainsi, le Roi est à la tête de son royaume mais il est également le chef suprême des musulmans du pays. En essayant de toujours contrebalancer l’influence grandissante des islamistes, on assiste plutôt à une influence conservatrice sur l’évolution du pays.[16]
Pour le cas de l’Egypte, on a assisté pendant longtemps à des discriminations contre les non-musulmans concernant le droit de la famille, la liberté religieuse, l’accès aux fonctions publiques, la liberté de culte… La Constitution du pays présente l’islam comme religion de l’Etat et que les principes de la loi islamique constituent la principale source de la législation. On assiste ainsi à une forme d’intégrisme par exemple au niveau de l’enseignement universitaire.[17]
En Irak, la Constitution a proclamé l’islam comme religion d’Etat depuis 1970. Cette Constitution garanti une liberté de culte et interdit toute forme de discrimination religieuse. On assiste à la présence de deux grands groupes qui sont les Chiites et les Sunnites. D’une part, les Chiites sont majoritaires et sont beaucoup attachés à la pratique de leur religion. D’autre part, les Sunnites, certes en minorité, exercent une prépondérance politique et sociale qui se fait nettement remarquer. Jusqu’à maintenant, on parle de nationalisme en Irak comme force motrice de la nation, auparavant, c’était le rôle de la religion puisqu’il ne devrait pas y avoir deux branches au niveau de l’islam. Il faut noter que des divergences entre les chiites et les sunnites existent depuis déjà très longtemps et elles sont présentes dans de nombreux pays musulmans, et également en Turquie.[18]
Le dernier cas que nous allons prendre pour illustrer cette religion d’Etat est celui de l’Algérie. Puisque l’islam est une religion d’Etat dans ce pays, certains articles dans le code pénal stipulent les diverses sanctions qui sont liées au non respect de certaines préceptes de l’Islam. Toutefois, ce qu’on peut noter c’est que beaucoup d’algériens ne respectent pas ces préceptes et l’Etat ne se donne pas les moyens d’appliquer ses sanctions. Par exemple, parmi les cinq piliers de l’Islam, on dénote l’obligation d’effectuer les cinq prières quotidiennes alors que tous les jours, des millions d’algériens ne le font même pas.
Bref, chaque pays interprète, applique et adopte l’Islam comme religion d’Etat à sa manière, selon chaque société et selon les lois en vigueur dans le pays. Le point commun à tous ses pays cependant c’est la différence entre d’autres pays qui n’ont pas cette religion d’Etat. En effet, pour les pays musulmans qui ont l’Islam comme religion d’Etat, les textes et les lois en vigueur relatifs à l’Islam doivent être scrupuleusement respectés sous peine de sanctions comme l’emprisonnement. Cela suppose quand même une sorte de contradiction au niveau de la liberté de religion et de la liberté de conscience.
Avec un fort ancrage de l’islam comme religion d’Etat donc, il est assez difficile de croire ces pays musulmans puissent un jour adopter un régime de laïcité dans leur pays respectif. Toutefois, ce qu’on remarque dans le monde actuel c’est que la tendance mondiale vers la modernité touche tous les pays, y compris les pays musulmans. Peu à peu, les sociétés musulmanes sortent des valeurs traditionnelles et négligent même certains principes dictés par le Coran. Cela peut-il alors signifier que les gens ont envi d’autre chose ? Et pourquoi pas une neutralité, c’est-à-dire une monde où l’influence de la neutralité ne serait pas constamment présente dans leur vie.
2e§ : Les autres pays musulmans ont-il réellement besoin de la laïcité ?
Nous avons pu voir dans le paragraphe précédent certains aspects et certaines applications de l’islam dans certains pays musulmans qui l’adoptent comme religion d’Etat. On ne peut nier que cette religion d’Etat apporte souvent des conséquences comme les discriminations et des conflits sociaux au niveau du pays. En effet, il semble toujours que des catégories, souvent minoritaires, doivent subir l’influence grandissante de l’islamisme.
- Conditions d’application de la laïcité dans les pays du monde arabe
Dans les pays musulmans, l’influence de l’islam sur la vie de la société est tellement importante qu’il y a toujours une relation très étroite entre l’Etat et la religion musulmane.
L’existence d’autres religions et d’autres croyances, même en minorité, dans les pays arabes, fait que l’application de la laïcité peut s’avérer une bonne idée. Si on prend par exemple les chrétiens qui vivent en Orient, c’est clair qu’ils se sont intégrés dans ce monde musulman, toutefois, ils ne sont pas totalement libres d’affirmer leur religion et de mettre en avant cette différence religieuse.
Le passage vers la laïcité conduirait, selon les chercheurs, à une pleine citoyenneté, une possibilité d’action libre au niveau de la société et une participation effective aux affaires publiques. Dans ce cas, l’identité d’une personne ne se baserai donc plus sur sa religion mais plutôt de sa citoyenneté. Etre arabe ne signifierait donc pas forcément être musulman, on pourrait être arabe et appartenir à la communauté culturelle mais être chrétien au niveau confessionnel. Si on prend le cas de la Syrie, c’est le premier pays arabe qui a supprimé la mention de l’appartenance à une religion quelconque sur la carte d’identité nationale.
Selon les hommes de la Nahda, une mouvance caractérisée par sa quête du retour aux sources de l’islam tout en permettant une réinterprétation suivant la modernité, l’islam est essentiellement lié au pouvoir civil et à la société civile. L’islam peut donc très bien s’accorder avec un modèle de laïcité, de démocratie ou de sciences modernes puisque d’après Mohammad Abduh, un célèbre juriste égyptien fondateur du modernisme islamique, l’islam n’a pas de pouvoir religieux. De plus, l’islam s’est bien accommodé au fil des années avec des sociétés tribales, des sociétés pastorales, des Etats bureaucratiques, des Etats hiérarchiques, des Etats mercantiles et commerciaux. On peut en tirer donc que l’islam peut montrer une certaine clairvoyance, de la souplesse ainsi qu’un réalisme pragmatique.
Depuis des années, des personnages importants dans l’histoire ont marqué cette recherche d’une forme destinée à contourner l’islam et à vivre dans un monde plus moderne. Il y a eu d’abord de Syrien Sati al-Husri qui est le fondateur du Nationalisme arabe laïque moderne, une force politique importante durant l’après Deuxième Guerre. Durant cette période, les courants nationalistes laïques ont beaucoup augmenté.
En Egypte, un autre nationaliste arabe, Gamal Abdel Nasser a conduit à dynamiser les tendances du Nationalisme arabe. Il y a également Yasser Arafat qui a conduit la révolution palestinien et Sayyid Qutb, un autre leader égyptien, qui a été certainement le plus grand penseur et stratège de l’Islam politique moderne.[19]
Aujourd’hui, le consentement à la laïcité s’instaure petit à petit de manière non officielle avec des solutions et des compromis, grâce à un modelage progressif, même s’il est clair que cela avance encore avec hésitation. Il y a eu beaucoup de déclarations qui témoignent que la laïcité a fait du chemin depuis le début de la Nahda et qu’elle est l’objet de recherches et de débats. Il y a, en effet, dans le monde arabe d’aujourd’hui une laïcité « de facto », ni tout à fait reconnue, ni tout à fait déniée, une laïcité incertaine, insuffisante et improbable, réduite à une sorte de concept qui circule mais sans épaisseur et sans réalité effective.
- Nécessité d’appliquer le modèle de laïcité dans les pays musulmans
On peut observer que l’application du modèle de laïcité devient de plus en plus une nécessité, surtout avec le phénomène de globalisation. La fin des déchirements entre les Islamistes et ce qui reste des laïcs dans la lutte anti-impérialiste est un signe de la force de ces mouvements d’indépendance dans le monde arabe. En outre, le leadership islamiste dans ce combat, comme au sein de la résistance iraquienne, sans le soutien des laïcs appréciés du Bloc Socialiste, est un indicateur de la force des racines de leur idéologie dans l’histoire, la culture et l’identité des masses populaires dans la région.
On vit actuellement dans un monde ouvert, où la globalisation intervient dans la vie quotidienne partout dans le monde. Le concept d’échanges constants entre les pays du monde entier devient monnaie courante. Bien souvent, on assiste à des chocs de culture face ce concept, toutefois, son enjeu mondial conduit à toujours trouver un terrain d’entente pour que les relations entre les pays se fassent toujours dans le respect des règles, des lois de chacun.
On ne peut toutefois ignorer qu’actuellement, la plupart des conflits armés se déroule dans la région du Moyen-Orient. Cette région du prétendu « retour du religieux » et du « désenchantement » pourrait affecter les valeurs laïques sur lesquelles vit le monde de l’humanisme et du cosmopolitisme. Actuellement, cette région se distingue par le marché mondial des religions et des idéologies politiques qui s’abritent derrière elles, par la montée d’une dangereuse communautarisation de la vie politique des sociétés et des relations internationales, facteurs qui entraînent la multiplication des conflits violents.
Il est important alors, de considérer le contexte en ciblant bien le combat pour les droits de l’homme et l’universalité des valeurs laïques, et de ne pas s’égarer dans de fausses problématiques et de faux enjeux.
D’un autre côté, on a pu démontrer jusqu’ici que la laïcité d’un pays assure à chaque culte, à chaque religion et à chaque fidèle une sécurité pour vivre pleinement sa foi et ses croyances. Lorsqu’on est étranger dans un pays, il peut arriver qu’affirmer cette foi s’avère chose difficile. Ce n’est pas le cas pour les pays laïcs puisque chacun est libre d’affirmer sa religion et c’est d’ailleurs pour cela que ça crée des difficultés parfois.
Prenons un exemple, une étude assez récente a révélé que 42% des Français considèrent désormais la communauté musulmane comme une «menace pour leur identité». Pas moins des deux tiers des personnes se classant «à droite» l’expriment d’ailleurs clairement: la population musulmane en France est pour eux «un péril». En effet, le fait que de nombreuses communautés étrangères, dans le contexte de la mondialisation, soient venus s’installer en France suscite quelques inquiétudes de la part des Français. Ceci démontre encore l’influence que peut avoir la religion musulmane même hors de son pays d’origine.
La nécessité d’instaurer la laïcité dans le monde musulman peut également provenir du fait qu’on assiste à une uniformisation tant au niveau commercial que culturel. Sur le plan commercial, c’est beaucoup plus facile grâce aux nouvelles technologies de la communication et de l’information. Sur le plan culturel par contre, c’est assez difficile de se conformer à une seule culture vu que l’on a à faire avec toute une multitude de valeurs traditionnelles, d’histoire, de croyances… différentes pour chaque pays du monde. Plus précisément si on parle de religions, on peut ainsi dénombrer tout une infinité de croyances et de religions. Le rôle de la laïcité dans ce cas serait donc de mettre toutes sortes de religion, quelque soit ses origines, sur un même pied d’égalité et que tout le monde soit libre de pratiquer sa religion peut importe où il se trouve.
Section II : La laïcité est-elle la garante d’une démocratisation des pays musulmans ?
Si aujourd’hui donc, on assiste à une migration lente vers une laïcité au niveau des pays musulmans, quelles pourraient être les conséquences directes et indirectes de cette laïcité. En Turquie, même si cela a toujours été difficile, l’instauration de la laïcité a pu faire régner une démocratie au niveau du pays. Au départ, les réformes kémalistes visaient à suivre des tendances modernistes et d’avoir un pays beaucoup plus ouverts sur le monde. Pourrait-on donc ainsi affirmer que si on adopte de manière officielle dans les pays musulmans du monde arabe, on assisterait à une démocratisation de ces pays là ? C’est ce que nous allons essayer de démontrer dans cette dernière section.
1er§ : Les expériences ratées d’une tentative de conjugaison entre laïcité et démocratie
Selon Jean Jacques Rousseau dans son ouvrage « Du contrat social », il n’est pas possible d’envisager une démocratie sans laïcité. On peut définir la démocratie comme un régime politique où c’est le peuple qui détient le pouvoir. Elle se fonde sur des principes comme la liberté des individus, l’indépendance de la justice, la consultation régulière du peuple, la pluralité des partis politiques, l’égalité devant la loi et une garantie effective des libertés fondamentales, notamment la liberté d’expression, la liberté de conscience, la liberté d’association,…[20]
- La laïcité et la démocratie : conjugaison réussie
Tout comme la Turquie est le seul pays du monde musulman qui soit laïc, c’est également le seul pays qui soit démocratique. Prenant modèle sur l’Europe occidentale, la Turquie a adopté ainsi une démocratie pluraliste. Depuis l’époque de l’Empire Ottoman, la Turquie a toujours été sensible aux défis de la modernité représentés dans le monde occidental.
La démocratisation de ce pays est étroitement liée à l’attitude des forces armées qui a permis d’imposer des réformes très audacieuses pour arriver à un état séculier, voire laïc. Avec l’affirmation du pluralisme politique vers les années 1950, parallèlement avec une certaine perte de considération du laïcisme, on a assisté à des coups d’Etat et des pressions sur le pouvoir civil visant à limiter l’avancée vers la démocratie.
Cependant, en empêchant d’instaurer un régime plutôt islamiste, l’armée protège la République laïque par des moyens pacifiques, et c’est d’ailleurs un signe de rapprochement vers les démocraties occidentales. Malgré le fait que la Turquie soit déjà en plein dans une modernité, l’évolution reste inachevée si on considère le coté économique et le coté social notamment concernant le système éducatif.[21]
L’armée joue un rôle important dans la protection de la laïcité. Certains dénoncent même le rôle excessif de l’armée dans la politique. Au fait l’armée se veut d’être la gardienne des traditions kémalistes et donc la protectrice de la laïcité. Les partis politiques que nous avons déjà mentionnés auparavant, se trouvent face à cette armée.
Juste une fraction des partis de gauche soutient cette armée et se montre comme des protecteurs de la laïcité kémaliste, les autres partis plus conservateurs tiennent à garder également les grands principes du kémalisme, ils sont donc bien favorables à la laïcité. On peut citer par exemple le Parti de la Prospérité ou Refah qui est un parti islamiste conservateur et démocrate qui a essayé de se conformer aux normes européennes sans pour autant oublier ses origines islamistes.[22]
On assiste en 1997 à une pression qui a été faite par des groupes puissants qui forment une coalition laïque, composés notamment de l’armée, de la justice, de la presse, des milieux d’affaires, les divers syndicats et les femmes. Après cela, la Turquie a eu droit à un nouveau gouvernement laïc mais anti-islamiste.
La présence actuelle d’une troisième partie qui est la partie civile a changé les choses puisque le Parlement est alors doté d’un parti républicain du peuple, un parti social démocrate. On assiste cette fois ci à une réislamisation au niveau des catégories socioprofessionnelles supérieures puisque la majorité de ceux qui forment ce parti sont des entrepreneurs qui possèdent des organisations puissantes.
- B) La laïcité et la démocratie : Cas des pays où la conjugaison a raté
D’autres pays n’ont toutefois pas eu la même réussite. L’Irak par exemple, après la création d’un régime laïque en 1960 par le parti bass, n’est jamais parvenu à devenir un état démocratique. Avec l’arrivée au pouvoir de Saddam Hussein en 1979, et son régime qui semblait être une dictature qu’autre chose, la combinaison entre laïcité et démocratie n’a jamais pu avoir lieu. Il faut dire que laïcité implique démocratie et vis versa et qu’un Etat séculier ne pourra jamais combiner avec un régime dictatorial.
Comme en Irak, l’instauration d’un régime à la fois laïque et démocratique n’a jamais vu le jour en Tunisie. En effet le pays a toujours été dirigé par des dirigeants autoritaires. Habib Bourguiba le premier président de la République tunisienne au pouvoir de 1957 à 1987 appliquait un régime despotique et policier. Bourguiba ne voulant pas d’un régime laïc, il voulait réformer l’Islam. Son successeur Zine el-Abidine Ben Ali suivant cette politique en faisait de même. Ce qui au final empêchait l’établissement d’un Etat séculier.
Le cas de l’Egypte est semblable à celui de l’Irak et de la Tunisie avec le régime autoritaire d’Hosni Moubarak qui a été récemment destitué. Hosni Moubarak est considéré comme le leader du monde arabe. Sa politique est de faire de l’Egypte un modèle pour tous les pays Arabes ce qui finalement a empêché la constitution d’un Etat laïque en Egypte.
La laïcité d’un Etat doit obligatoirement passer par la démocratie. Les cas de l’Irak, de l’Egypte et de la Tunisie n’ont pas pu être positifs car ils ont tous connu des dictateurs qui empêchaient l’instauration et d’un Etat démocratique, et d’un régime laïc.
En effet, le concept de laïcité est étroitement lié à celui de la liberté d’opinion et d’expression. La raison pour laquelle nombre de pays musulmans n’ont pas réussi à conjuguer la laïcité avec la démocratie c’est le fait qu’il n’y a pas réellement de démocratie dans ces pays là. Il faut noter que beaucoup d’état arabes et musulmans sont dirigés par des dictateurs qui restreignent, voire suppriment la liberté d’opinion et d’expression qui sont pourtant l’une des principes fondamentaux de la démocratie. Tant que des régimes autoritaires et dictatoriaux dirigent ces pays il sera impossible d’y instaurer une laïcité de l’Etat.
2e§ : Le rôle de la laïcité dans les sursauts révolutionnaires récents du monde arabo-musulman
L’hiver 2011 a été la scène de plusieurs sursauts révolutionnaires dans le monde arabe. Il est clair que c’est un phénomène « contagieux » puisque mis à part les deux renversements de deux grands régimes dictatoriaux en Egypte et en Tunisie, on a assisté également à des soulèvements populaires dans certains pays du monde arabo-musulman.
- L’aspect des sursauts révolutionnaires
Les sursauts révolutionnaires qu’on a pu voir récemment dans le monde arabo-musulman résultent de plusieurs facteurs, on peut citer : l’autoritarisme, la corruption, le népotisme, le gaspillage, le sous-développement des populations malgré le fait que les personnages qui se trouvent au pouvoir sont dotés de fortunes colossales. Tel est le cas de l’Egypte où on a pu dénoter la présence de huit milliardaires au niveau du gouvernement et du parti qui dirige le pays.
Le problème c’est que les mouvements de protestation tendent à atteindre d’autres pays de la région vu qu’on est en présence d’une situation commune de servitude des peuples. C’est ce qu’on peut voir déjà en Jordanie, en Lybie, au Bahreïn, en Algérie… La majorité des dirigeants dans ces pays arabes sont des militaires qui veulent rester jusqu’au pouvoir jusqu’à leur mort. C’est pour cela que le peuple pense que les coups d’Etat sont les seules solutions pour sortir de cette situation.
La question que l’on se pose est de savoir si de telles actions de révoltes peuvent au final déboucher sur des réelles démocraties ? On peut déjà affirmer que jusqu’à maintenant, ces actions révolutionnaires n’ont pas apporté les résultats attendus, on a plutôt assisté à des affrontements entre les protagonistes.[23]
Si on revient sur le cas de l’Egypte, il existe plusieurs forces en présence qui sont plus ou moins à l’origine de ses sursauts populaires, mais ce qui a le plus marqué c’est le collectif de la jeunesse de la place Tahrir qui n’est même pas un mouvement structuré appartenant à une force politique particulière.
On assiste à peu près au même cas pour ce qui s’est passé en Tunisie. La Tunisie a connu en fait beaucoup de malaises au niveau du régime dirigeant : corruption, népotisme, régime autoritaire du dirigeant en place, censure, pas de liberté d’expression,… La révolution qui a mené à la chute du régime de Ben Ali va ainsi pouvoir instaurer une liberté d’expression, totalement inconnue dès lors qui se perçoit comme une renaissance à la vie. En outre, le caractère exemplaire de cette révolution a pu servir de modèle et va encore servir de modèles pour d’autres pays qui se trouvent dans le même cas. Finalement, on pourra peut être assisté à une révolution à caractère universel.
Les soulèvements qui ont eu lieu récemment dans huit pays arabes résultent surtout des actions exercées par leur dirigeant en utilisant leur surarment, en réprimant leurs concitoyens au lieu de se prévenir contre les vrais ennemis.
Voyons pour en finir le cas de Bahreïn, il s’agit surtout d’une révolution née d’un éternel conflit entre les Chiites et les Sunnites. La réclamation se fonde sur plusieurs revendications et notamment la démission d’un Premier Ministre qui occupait déjà son poste depuis près de quarante ans.
Un point commun à tous ses sursauts révolutionnaires qu’il ne faut pas oublier, c’est le rôle joué par les réseaux sociaux comme Facebook et Twitter.
La laïcité est une des approches qui a toujours été refusé par les dictateurs de ces pays où ont lieu les soulèvements populaires. L’autoritarisme et la dictature qu’ils imposent supposent ainsi un manque de neutralité dans la manière de diriger le pays et c’est une des raisons qui ont fait émerger tous ces actions de révoltes. En effet, la laïcité aurait pu faire asseoir, d’après ce qu’on a pu voir dans le paragraphe précédent, un régime plus démocratique au niveau de ces pays.
- B) Les perspectives d’évolution de cette situation
Il est clair que dans de nombreux pays du monde, la démocratie est devenue une exigence universelle. Les mouvements récents qui ont conduit à la chute des régimes en place en Tunisie et en Egypte semblent marquer le début d’une vague de mouvements qui ont pour objectif : la liberté, la fin de l’autocratie, le refus de la corruption et du népotisme, du chômage, de la misère sociale…
Il faut préciser que les initiateurs des coups d’Etat sont des mouvements de jeunes qui n’ont même pas de parti politique mais seulement motivés par la soif de liberté, qui ne sont même pas préparer pour diriger le pays après la révolution.
De ce fait, ces pays arabes doivent alors faire face à de nombreux défis dans un avenir proche pour que les actions qui ont été menées puissent vraiment apporter les résultats escomptés.[24]
Le premier défi est de construire des États de droit et de réussir la révolution économique. On assiste à une sécularisation des sociétés, une généralisation de l’enseignement et une flambée des prix des denrées alimentaires. La société civile qui est en place mérite une traduction politique pour pouvoir bien s’organiser. En plus de cela, il ne faut pas ignorer l’importance de l’armée qui a encore un rôle central qui possède déjà des privilèges bien acquis au niveau de la société. Il y a également l’intégration du régime islamiste qui dépend du caractère du changement qui sera ou non réellement démocratique.
L’autre défi consiste à trouver de nouvelles élites qui pourraient être capables de remplacer les anciens personnages qui ont pendant longtemps appliqué des régimes autoritaires. Il faudra également constituer de nouveaux gouvernements. Le problème actuel est que ses élites deviennent rares et difficiles à identifier, c’est vrai qu’il y a les porte-paroles des mouvements qui s’autoproclament mais sont-ils capable de diriger un pays de manière correcte et d’appliquer vraiment la démocratie ?
Cette situation était prévisible puisque la plupart du temps, les régimes autoritaires ne font pas de place à la relève. Certes il sera difficile de gérer la situation avant qu’un régime stable puisse se mettre en place, d’autant plus que le monde arabe est encore marqué par le poids des tribus et les différences régionales comme ce qu’on voit au Yémen ou au Lybie.
Il sera encore difficile de croire alors que le monde arabo-musulman va connaître prochainement un régime démocratique généralisé même si il est déjà en bonne voie pour y arriver.
Voici un aperçu des conséquences des affrontements :
Au Bahreïn :
Source : www.7sur7.be
En Egypte :
Source : www.temoignages.re
CONCLUSION
Le monde ne cesse de connaître des affrontements et des guerres dans le seul objectif de vivre dans la sérénité, la paix et une totale liberté. C’est un phénomène qui a existé depuis fort longtemps, ce qui diffère c’est les raisons, les motivations, les formes d’affrontements…
L’approche par la laïcité est d’après ce que nous avons pu voir depuis le début est porteuse de neutralité. Même si ce n’est pas toujours très évident et même si quelquefois cette neutralité n’est pas encore totale, c’est toujours un moyen de mettre tout le monde : la société, peu importe son origine, sa religion, ses croyances… sur un même pied d’égalité.
En effet, le problème résidera toujours s’il y a des catégories qui se sentiront lésées, opprimées, vivant dans une misère, obligées de se vouer à des principes qui diffèrent totalement de leur conviction… Cela va toujours créer des envies de révoltes et de coup d’Etat.
Le cas de la Turquie avec sa laïcité est un modèle assez spécial pour le monde arabo-musulman. Même la Turquie n’arrive pas jusqu’à maintenant à bien gérer ce régime et faire asseoir une vraie démocratie. C’est clair que les autres pays de la région sont encore très loin de cela.
Comme le dit le proverbe : « Rome ne s’est pas fait en un jour ». Cela se fera surement petit à petit. Les révolutions récentes sont le début d’une longue lutte acharnée pour la quête de la démocratie généralisée. La tendance est assez positive et le mouvement mené par les jeunes actuels montre leur volonté d’accéder à un avenir meilleur, où règnerait enfin une totale liberté de pensée, de conscience et d’expression ; un avenir où la vie d’un pays ne sera plus voué à la volonté d’une seule personne ou d’une seule entité dominatrice, avide de pouvoir et ne pensant qu’à s’enrichir.
BIBLIOGRAPHIE
Les ouvrages :
- Rapport de la Commission de réflexion sur l’application du principe de laïcité dans la République – B. Stasi, 2003
- Institution de la laïcité et déchristianisation de la société française – Pierre BRÉCHON
- Le modèle turc : une référence pour l’implantation de la finance islamique en France ? – Isabelle Chapellière – La revue du financier
- Laïcité – Jean Paul Burdy et Jean Marcou – Cahiers d’études sur la Méditerranée orientale et le monde turco-iranien, n°19, janvier-juin 1995
- Que sais-je : La laïcité, PUF, 1996
- Le choc des civilisations, Odile Jacob, Paris, 1997
- La laïcité et l’Islamisme dans le Monde Arabe – Article de Sukant Chandan, journaliste et analyste politique indépendant, publié par Palestine Chronicle, le 4 octobre 2007.
- Armée, laïcité et démocratie en Turquie – François VINOT, Cahiers d’Etudes sur la Méditerranée Orientale et le monde Turco-Iranien
- La Turquie – Dossier établi par Aurore RUBIO, étudiante en troisième cycle de Droit et d’Histoire.
Les articles :
- Définition de la laïcité – Yves Pialot – 12/06/2005
- Illusion de la laïcité turque – VINCENT PELLEGRINI
- La Turquie et l’Europe – Article paru le Mercredi 14 juillet 2010 sur universalis.over-blog.com
- Bataille autour de « l’islam religion de l’Etat » en Egypte – article écrit par Sami Aldeeb
- Le sursaut populaire arabe est la première révolution démocratique du siècle – Article écrit par René Naba
- Quel avenir pour les révolutions arabes ? – Article écrit par Pierre-Jean Luizard
Sites Internet :
- wikipedia.org
- diyanet.gov.tr
- over-blog.com
- bibliomonde.com
[1] Laïcité – Définition dans Wikipédia
[2] Définition de la laïcité – Yves Pialot – 12/06/2005
[3] Les mots de la laïcité – Patrick Cabanel
[4] Kémalisme – Définition dans Wikipédia
[5]Moderate Perception of Islam and the Turkish Model of Diyanet – www.diyanet.gov.tr
[6] Islam et laïcité en Turquie – Olivier Abel – Migrations Société, mai 2000
[7] Rapport de la Commission de réflexion sur l’application du principe de laïcité dans la République – B. Stasi, 2003
[8] Institution de la laïcité et déchristianisation de la société française – Pierre BRÉCHON
[9] Le modèle turc : une référence pour l’implantation de la finance islamique en France ? – Isabelle Chapellière – La revue du financier
[10] Illusion de la laïcité turque – VINCENT PELLEGRINI
[11] Laïcité – Jean Paul Burdy et Jean Marcou – Cahiers d’études sur la Méditerranée orientale et le monde turco-iranien, n°19, janvier-juin 1995
[12] La Turquie et l’Europe – Article paru le Mercredi 14 juillet 2010 sur universalis.over-blog.com
[13] Que sais-je : La laïcité, PUF, 1996
[14] Liberté de la religion en Arabie Saoudite – Source : Wikipédia
[15] Le choc des civilisations, Odile Jacob, Paris, 1997
[16] Maroc, L’Etat et la religion – Article paru su www.bibliomonde.com
[17] Bataille autour de « l’islam religion de l’Etat » en Egypte – article écrit par Sami Aldeeb
[18] Chiites et Sunnites en Irak – Emmanuel Buchot – Source : Universalis
[19] La laïcité et l’Islamisme dans le Monde Arabe – Article de Sukant Chandan, journaliste et analyste politique indépendant, publié par Palestine Chronicle, le 4 octobre 2007.
[20] Démocratie – Définition sur Wikipédia
[21] Armée, laïcité et démocratie en Turquie – François VINOT, Cahiers d’Etudes sur la Méditerranée Orientale et le monde Turco-Iranien
[22] La Turquie – Dossier établi par Aurore RUBIO, étudiante en troisième cycle de Droit et d’Histoire.
[23] “Le sursaut populaire arabe est la première révolution démocratique du siècle” – Article écrit par René Naba
[24] Quel avenir pour les révolutions arabes ? – Article écrit par Pierre-Jean Luizard
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