Le Narcissisme : Études Métapsychologiques, Impact Social et Relations Amoureuses
SOMMAIRE
Introduction | 2 | ||
Partie 1 : Autour du narcissisme | 4 | ||
Chapitre 1 : Parler de l’amour | 4 | ||
Section 1. La construction et la conception de soi | 4 | ||
Section 2. Distinction entre amour de soi et amour propre | 6 | ||
Chapitre 2 : Le narcissisme en psychanalyse | 7 | ||
Section 1 : Approche du narcissisme selon les grands auteurs | 7 | ||
Section 2 : Le narcissisme à travers le temps | 23 | ||
Chapitre 3 : La manifestation du narcissisme | 33 | ||
Section 1 : Le narcissisme sain | 35 | ||
Section 2 : le narcissisme pathologique et le narcissisme pervers | 45 | ||
Partie 2 : Impact du narcissisme | 50 | ||
Chapitre 4 : sur le sujet et sur son entourage | 50 | ||
Section 1 : sur le plan amoureux et familial | 50 | ||
Section 2 : sur le plan collégial, professionnel et politique | 55 | ||
Chapitre 5 : limites du narcissisme | 64 | ||
Section 1 : sur la personne et sur la vie en société | 66 | ||
Section 2 : quelques traitements du narcissisme | 67 | ||
Conclusion | 72 | ||
Bibliographie | 73 |
INTRODUCTION
A la suite des quelques années d’expériences sur l’homme et la psychologie, Sigmund Freud essaie de procéder à une analyse sur la métapsychologie. Les études théoriques ont abouti à une revue partielle des hypothèses et points de vue à propos des pulsions et la deuxième topique.
Le narcissisme compte parmi les découvertes du psychanalyste Sigmund Freud qui le mentionne dans ses ouvrages à partir de l’année 1910 comme dans Un souvenir d’enfance de Léonard de Vinci. 4 ans après, il revient sur la question en y apportant des approfondissements plus riches. Bien que source de controverse à cause d’une nouvelle vague d’idées portant sur la manière de distinguer ou de confondre « pulsions du moi » et « pulsions sexuelles », le narcissisme, une notion nouvelle fait alors référence à un investissement sexuel du moi lui-même. Toutefois, il s’avère que cette étude reste encore une notion difficile à cerner et couvre des sens multiples, laissant le travail de Freud comme inachevé, origine de recherche et d’autres études des chercheurs classiques et contemporains.
Nombre d’auteurs s’y sont appliqués jusqu’à ce jour. Le narcissisme devient sujet d’actualité et se place au cœur de plusieurs aspects de la vie quotidienne. Le domaine de la vie conjugale est le plus vulnérable. La scène politique ne fait pas exception. Les relations de travail ne sont pas non plus épargnées. En effet, les modalités de manifestation du narcissisme surtout dans sa version perverse témoignent d’une perpétuelle évolution, s’adaptent aux exigences, contraintes et influences des évolutions technologiques et sociales en cet ère du troisième millénaire, dominé par le culte de l’individu.
A l’instar de la recrudescence des technologies de pointe dédiée vers la communication sous toutes ses formes, et le système informationnel, des facteurs environnementaux influencent profondément le comportement, l’attitude, le mode de vie de l’individu.
Face à cet état des choses, divers changements ont lieu aussi bien dans le cadre de la vie amoureuse d’une personne que dans sa vie professionnelle. Ces changements trouvent leur origine dans le psyché et le narcissisme compte parmi les éléments influents de ce phénomène. Raison pour laquelle, cette étude se veut d’expliciter et d’approfondir la notion de narcissisme et son impact en général.
Des questions se posent alors :
Qui c’est le narcissique?
Comment le reconnaître ?
Quels critères définissent qu’un sujet est réellement narcissique par rapport à une autre pathologie qui peut avoir les mêmes traits et symptômes extérieurs ?
Comment se comporte t-il dans la vie en société ?
Toutes ces interrogations doivent aboutir à une orientation pour discerner dans quelle mesure sera-t-il capable de réussir dans les relations amoureuses avec les autres, la question principale qui fait office de problématique dans la présente étude.
Des propositions de soin et de traitements sont avancées mais il existe des limites aux succès des recommandations.
Partie 1 : AUTOUR DU NARCISSISME
Cette partie essaie de donner une topographie sur la notion de narcissisme en abordant diverses définitions proposées par les spécialistes en psychanalyse et les autres disciplines connexes depuis l’origine légendaire jusqu’au présent millénaire. Il s’agit de voir comment cette notion est perçue selon les périodes et à travers les moyens techniques et technologiques relatives à chaque ère. Le narcissisme se décline en plusieurs types compte tenu de son impact sur le comportement et l’attitude générale du sujet. Tous ces éléments seront abordés dans cette partie de l’étude.
Chapitre 1 : PARLER DE L’AMOUR
Le développement de l’amour de soi commence à partir de l’environnement dans lequel l’enfant grandit. Il dépend de l’amour que les parents prodiguent à l’enfance. C’est sur cet amour que reposent l’estime que l’on a de soi-même et celui des autres. L’amour de soi est donc bien l’assise de l’estime de soi le plus caché et le plus intime.
Section 1. LA CONSTRUCTION ET LA CONCEPTION DE SOI
Les études menées sur la conception de soi ont aboutis à l’établissement de divers construits idéologiques par des chercheurs, notamment la distinction entre « soi collectif et soi individuel » (Trafimow, Triandis, & Goto, 1991), ou les « conceptions interdépendante ou indépendante de Soi » (Cross & Madson, 1997 ; Markus & Kitayama, 1991). Ces études sont surtout parties d’une idée de différenciation interculturelle ; en effet, on a pu constater que la construction personnelle de chaque individu se fait sous l’influence de la culture.
- Image de soi et idéaux du Moi
Cette image de soi, on ne peut se la représenter qu’à travers le regard des autres ; S’aimer revient à tomber amoureux de sa propre image, laquelle se forme selon des identifications successives d’aspects rencontrés à l’extérieur. L’excès du narcissisme serait cependant régulé par le Moi afin d’en éviter les effets néfastes, mais les objets extérieurs dans lesquels le narcissique déverserait une part de sa libido seraient sélectionnés selon leur grande ressemblance avec le sujet.
Freud pousse le raisonnement plus loin en se demandant si la libido entière peut passer dans l’investissement d’objets extérieurs : est-ce là son destin ? Le développement du Moi consiste à s’éloigner du narcissisme primaire, mais engendre une aspiration intense à recouvrer ce narcissisme, lors duquel l’enfant était lui-même son propre idéal. Le sujet se crée un substitut du narcissisme perdu, que l’on peut nommer de deux manières selon ce à quoi il se rapporte : le Moi-idéal est doté de l’ancienne toute-puissance dont bénéficiait le Moi réel, l’idéal du Moi et le modèle parfait aux valeurs héritées des instances parentales et de la société en générale. L’idéalisation de l’objet fragilise le sujet qui abandonne alors son Moi au profit d’une part du monde extérieur, ou bien introjecte cette part (objet) selon un mode d’identification désigne, de ce fait, comme une identification narcissique
- Libido du moi (narcissique) et libido d’objet
Opérer un choix d’objet homosexuel, comme le montre l’analyse du Président Schreber, ou bien se détourner du monde extérieur dans un repli total sur soi, telles sont les figures cliniques qui incitent Freud à envisager l’existence d’une libido du Moi, inverse de la libido d’objet puisqu’il s’agit d’une seule et même pulsion régie par la conservation d’énergie au sein de l’appareil psychique.
Ainsi on pourrait reconnaître dans l’amour passionné le summum de la libido d’objet ne laissant pas de place à l’amour de soi, et à l’inverse, le narcissisme poussé à son paroxysme dénue d’intérêt libidinal tout objet extérieur. La même énergie investit tantôt le Moi, tantôt un objet, chacune de ces attitudes grandit en appauvrissant l’autre. Un équilibre serait considéré comme normal, un surinvestissement libidinal vers l’objet ou vers le Moi serait de nature beaucoup plus dangereuse pour l’individu. Le « vrai » narcissique se décolle du monde et n’a d’yeux que pour lui-même ; mais pour s’aimer soi-même, encore faut-il avoir une représentation suffisante de soi.
- L’imitation sociale
Le développement du comportement de l’individu se fait en fonction du contexte social de son environnement. Cela se fait généralement suivant une forme d’adaptation. On parle notamment de mimiques et postures (Chartrand & Bargh, 1999). Elles peuvent être copiées soit sur l’individu avec lequel nous somme en interaction, dans le but de maintenir une relation positive avec autrui, soit lors d’une interaction avec des inconnus dans un but adaptatif (Chartrand & Bargh, 1999).
Le taux d’imitation sociale peut être augmenté ou diminué selon la conception du Soi (Van Baaren et Al, 2003). L’individu indépendant, autocentré, indépendant du contexte, est moins sujet à l’imitation automatique de mimiques que l’individu interdépendant, connecté avec autrui et dépendant au contexte.
En effet, la dépendance au contexte ou conception interdépendante du Soi rend pertinents pour l’adaptation sociale les éléments de l’environnement dont le partenaire fait partie, tandis que l’indépendance les rend non pertinents. Les conceptions du Soi ont donc une influence sur nos comportements d’imitation sociale, au moyen du processus de dépendance au contexte.
Source : Clémentine BRY, Stéréotype, Concept de Soi et performance à une tâche – Schéma des conceptions du Soi (Markus et Kitayama, 1991)
Section 2. DISTINCTION ENTRE AMOUR DE SOI ET AMOUR PROPRE
Parler de l’amour de soi et de l’amour propre implique à se référer à un père instigateur de l’analyse de la relation entre ces deux phénomènes, Jean-Jacques Rousseau.
« L’amour de soi, qui ne regarde qu’à nous, est content quand nos vrais besoins sont satisfaits ; mais l’amour-propre, qui se compare, n’est jamais content et ne saurait l’être, parce que ce sentiment, en nous préférant aux autres, exige aussi que les autres nous préfèrent à eux, ce qui est impossible. Voilà comment les passions douces et affectueuses naissent de l’amour de soi, et comment les passions haineuses et irascibles naissent de l’amour propre.
Ainsi, ce qui rend l’homme essentiellement bon est d’avoir peu de besoins et de peu se comparer aux autres ; ce qui le rend essentiellement méchant est d’avoir beaucoup de besoins et de tenir beaucoup à l’opinion. Sur ce principe, il est aisé de voir comment on peut diriger au bien ou au mal toutes les passions des enfants et des hommes. Il est vrai que ne pouvant vivre toujours seuls, ils vivront difficilement toujours bons : cette difficulté même augmentera nécessairement avec leurs relations, et c’est en ceci surtout que les dangers de la société nous rendent les soins plus indispensables pour prévenir dans le cœur humain la dépravation qui naît de ses nouveaux besoins. »
On distingue chez l’homme, selon Rousseau, l’amour de soi qui se traduit par un phénomène naturel et l’amour propre qui est un état culturel.
« L’amour de soi est une inclination de la nature visant la conservation et l’épanouissement de l’être. L’amour de soi, en tant qu’affect primitif, est, selon Rousseau, universel. Aucun homme n’y échappe. L’homme est contraint d’assurer le propre soin de sa personne, il en va de sa survie.
Toutes nos passions découlent ainsi de cette disposition et exigence naturelle, et la culture s’en mêle. L’homme civilisé, en ne vivant pas seul, se trouve être en compétition avec son prochain, et une fois ses besoins primaires satisfaits, il se préoccupe bien plus d’être reconnu que de pitié.
L’amour de soi, sous le coup de pressions culturelles, devient amour-propre. Le paraître se substitue désormais à l’être. L’homme dénaturé devient bientôt esclave du jugement des autres. Il est prêt à tout, à la haine, la vengeance. Ainsi, l’amour de soi est amoral car naturel, alors que la culture ne peut se passer de morale, sinon elle devient une barbarie civile par la confrontation des amours-propres. »
Chapitre 2. LE NARCISSISME EN PSYCHANALYSE
Ce chapitre explore la notion de narcissisme dans sa signification, son historique évolutive dans le temps par l’intermédiaire des approches des auteurs qui ont étudié le sujet.
Section 1 : APPROCHE DU NARCISSISME SELON LES GRANDS AUTEURS ET LE DSM-IV
L’utilisation du mot narcissisme constitue source de divergence d’idées et de confusion. Freud a fait la différence entre un concept naturel, normalement sain et un concept qui tend vers la notion de pathologie dans la structure de la personnalité, et désigne ainsi le narcissique à titre de patient. Il faut avouer que la personnalité d’un individu résulte de plusieurs éléments. L’interaction de plusieurs paramètres qualifiés d’émotionnels inhérents à la connaissance et à l’instinct détermine les traits caractéristiques de la personnalité. Les mobiles de sa réactivité, sa perception personnelle du monde, don mode de réflexion portant sur son entourage et son environnement, proche et éloigné découlent de l’agencement de ces divers facteurs.
Le fonctionnement et l’implication de ces traits de caractères à travers les agissements et les attitudes de l’individu se manifestent à deux niveaux qui sont l’unicité et la stabilité. L’unicité permet de le différencier parmi d’autres individus tandis que la stabilité fait référence à l’état permanent de cet individu quel que soit la circonstance, l’âge, le lieu ou la société ayant des impacts directs sur lui.
Quant à la notion de pathologie, elle n’intervient que lorsque l’individu se trouve un incident particulier à travers lequel il exprime des répliques inadéquates, considérées comme origine d’un tourment éprouvé par ce sujet. De même, quand il devient inflexible, voire trop rigide dégénérescence importante au sein de la société dans laquelle il évolue.
L’Organisation Mondiale de la santé à travers la 10è révision de la CIM 10 ou classification Internationale des Maladies donne la définition comme suit : « Modalités de comportement profondément enracinées et durables consistant en des réactions inflexibles à des situations personnelles et sociales de nature très variées, il représente des déviations extrêmes ou significatives des perceptions, des pensées, des sensations et particulièrement des relations avec autrui par rapport à celles d’un individu moyen d’une culture donnée. » Des manifestations intermédiaires de caractères personnels peuvent s’insinuer pour faire basculer la notion de narcissisme sain vers le narcissisme pathologique.
Différents auteurs parlent et tentent d’apporter des éclaircissements sur la notion de narcissisme. A part Freud, la liste met en lumière des grands noms comme Kernberg, Kohut, Grunberger, Green ainsi que bon nombres d’autres. D’une manière générale, le narcissisme peut être défini comme étant une modalité d’investissement de la libido sur le Moi. Il se peut alors que l’accent soit mis sur la manière de différencier ou de considérer comme un cas de similitude entre Moi et le non-moi pour que le sujet tienne compte du fait que son propre corps constitue objet d’amour.
Par ailleurs, d’autres points de vue suggèrent que le mot «narcissisme» s’applique à des cas de valorisation de l’auto défense où l’estime de soi soit très renforcée tout comme les sentiments de supériorité. A la suite d’une perception de sa personne, un individu peut être amené à vivre dans une situation plus ou moins déséquilibrée où se confondent de manière inconsciente ou consciente, sentiment non défensive et mégalomanie.
Les auteurs comme Sandler et Joffe (1967) évoque que toute étude clinique sur ce sujet ainsi que ses manifestations doivent tendre vers une réflexion sur le domaine de la métapsychologie des attitudes et des affects ainsi que des valeurs sans pour autant négliger tout les composants de ces éléments et l’affectation d’énergie. Ils suggèrent que le Moi et ses fonctions du Moi peuvent être touchés par des conditions affectives de bien-être et une projection de l’idéal. Ces situations se caractérisent par l’inexistence de douleur mentale mais la présence d’un écart relativement significatif entre la considération d’une forme idéale de soi et une reproduction mentale du soi réellement présent. Une certaine confrontation, menant à une souffrance caractérisée par des impressions d’infériorité et d’indignité se voit alors mêlées à une lacune d’estime de soi, un manque de confiance en soi et une honte inexpliquée ainsi qu’une forte culpabilité. Pour ces auteurs, les troubles narcissiques font référence aux présences d’un état latent où s’entasse cette souffrance de manière profonde. Le sujet se voit contraint de s’adapter ou d’adopter des attitudes et comportements défensifs, assimilables à une pathologie.
Le narcissisme est aussi considéré comme étant un placement normal ou pathologique de la libido pouvant être à la fois utile et positif, ou négatif et contraignant dans la mesure où chaque partie, dont l’objet et le Moi peuvent trouver des apports bénéfiques ou néfastes à la suite d’une possibilité d’interaction. Cette approche donne lieu à un rapprochement à l’amour propre. Le terme « amour propre », susceptible d’être confondu avec le narcissisme dépend de lui, dépendance qui fait intervenir la libido et d’autres facteurs comme le désir. Il tient compte de la loi de la réciprocité, qui est souvent insatisfait comme l’individu le souhaite. Ce qui amène le sujet à considérer qu’il se trouve dans une situation où il n’est pas en mesure d’aimer ni d’être aimé. Freud avance alors l’idée de pathologie associée à une manifestation du narcissisme.
Une autre explication selon la théorie de Freud stipule que, contrairement à ce que l’on pourrait croire, il existe deux forces pulsionnelles générales qui sont les tendances sexuelles et les tendances du moi. Ces dernières proviennent de l’instinct de conservation du corps humain, biologiquement parlant et qui revêtent des caractères asexuels tandis qu’à partir des premières découle la sexualité. A noter que Sigmund Freud conçoit la sexualité comme étant une notion très vaste qui dépasse de loin l’accouplement, la reproduction ou encore l’érotisme. Freud stipule que la sexualité repose essentiellement sur la préservation de l’espèce humaine, en parlant de psychologie de l’homme. Elle concerne l’individu en tant que membre à part entière d’une société et qui peut intervenir volontairement pour la pérennisation de cette société.
La libido constitue le vecteur des tendances sexuelles. Autrement dit, il existe une consommation d’énergie destinée aux objets de ces pulsions sexuelles alors que les pulsions du moi trouvent leurs intérêts en dépensant les énergies dans la satisfaction d’autres besoins vitaux, caractérisés en grande partie par les instincts de conservation dont soif et faim. Le narcissisme s’apparente alors comme une interférence entre les deux pulsions. Au lieu d’investir la pulsion pour la préservation de l’espèce sur un objet autre que lui-même, le sujet est tenté de la placer sur sa personne. La pulsion d’auto conservation et la pulsion sexuelle entreront alors en conflit, laissant le sujet dans un état d’instabilité et de frustration.
Ce conflit peut aussi résulter en un comportement de rejet ou de refoulement. Dans la plupart du temps, cet antagonisme réduit au silence les tendances sexuelles qui se voient contraintes de trouver d’autres moyens pour assouvir ses besoins. Elles trouvent satisfaction alors par d’autres passages détournés, des comportements régressifs. (Insatisfaction- régression). Cette réaction qui revêt d’une indomptabilité très prononcée constitue une consolation pour les tendances. Dans une circonstance de nécessité, ces deux pulsions essaient de se développer en empruntant des voies divergentes et résultant en des relations différentes.
Il s’avère qu’en comparaison avec les instincts d’auto conservation, les pulsions sexuelles sont associées à une affection du moi et elles se muent aisément en d’autres sentiments comme l’angoisse dès que l’état de satisfaction n’est pas atteint. Si les tendances d’auto conservation paraissent comme des droits fondamentaux pour l’homme, les tendances sexuelles revêtent également d’une haute importance pour la survie de l’espèce et pour le bien-être de l’individu lui-même. Elles constituent des sources de détermination et d’énergie auprès de laquelle l’individu puisera des ressources pour son bien-être et ses activités.
Freud reprend les idées de Karl Abraham à propos de la démence précoce où le patient ne fixe pas la libido sur des objets. Puisque cette pulsion n’est placée sur aucun objet, le sujet sera alors directement ou indirectement contraint à placé la libido sur son moi. Il stipule que « c’est ce retour réfléchi, ce rebondissement de la libido vers le moi qui constitue la source de la manie des grandeurs » ce point de vue fait alors office de base pour toute attitude vis à vis des psychoses. Il est ainsi admis que si les pulsions, qui peut être investies sur des objets et qui procurent une sensation de satisfaction pour ce qui le sujet peut être détaché sur ces objets et placés sur le moi. D’où l’utilisation du terme « narcissisme », une forme de perversion désignant un individu atteignant l’âge adulte qui éprouve pour son propre corps une affection et une tendresse que l’on porte généralement sur un autre objet sexuel distinct de son corps. Le fait de placer la libido sur son corps est un phénomène n’a rien d’insignifiant ni d’inhabituel. Par conséquent, Il existe une forte probabilité que le narcissisme soit un état quotidien et primitif à l’issu duquel émerge d’autre forme d’amour, comme l’amour des objets sans pour autant rendre évanescent la source de cet amour, qui est le narcissisme.
Dans cette même tendance, les pulsions sexuelles qui obtiennent satisfaction auprès du corps de l’individu sont considérées comme auto érotique. Mais cet auto-érotisme joue en défaveur de l’adaptation de la personne au principe de la réalité, auquel elle est initiée par l’intermédiaire de séance d’éducation qui se passe à travers des méthodes formelles ou non formelles. Cet auto-érotisme compte également parmi les activités sexuelles du stade narcissique, caractérisé essentiellement par le placement libidinal sur le moi. Pour mieux expliquer cette notion, Freud évoque l’analogie aux espèces animales formées d’une boule de matière protoplasmique, plus ou moins homogène. Elles peuvent déployer leurs pseudopodes, des prolongements de leurs corps et ils peuvent aussi replier ces parties de leurs corps pour en former une boule comme originairement. En faisant correspondre le déploiement des pseudopodes à la fixation de la libido sur les objets, le corps principal demeurant dans le moi, il se peut alors que la libido du moi change aisément en libido d’objet, qui peut aussi, selon la volonté de l’individu, être ramené au moi.
Grâce à cette analogie, à l’instar de l’attitude psychique dans le sommeil, dans l’amour ou encore durant les infections organiques, d’autres états psychiques qui relèvent d’une existence normale trouvent leur explication objective.
Le cas de l’état de sommeil permet d’expliciter la notion de narcissisme.
Etant donné qu’il ses base repose sur un isolement vis-à-vis de l’environnement extérieur ainsi que sur la dépendance sur le besoin qu’induit le sommeil. Toutes activités d’ordre psychiques qui s’expriment à travers les songes et les rêves sont placées au service de ce besoin. D’autant plus qu’elles découlent de mobiles égoïstes. Pour en faire une correspondance sur la théorie de la libido, la conclusion est que le sommeil se définit comme étant un état à travers lequel toutes les ressources d’énergies égoïstes et libidineuses portées sur des objets se détachent de ces derniers et retournent dans le moi. Raison pour laquelle le sommeil offre tant de délassement pour le corps. Au cours de son repos, la personne qui dort retrouve l’état de distribution initial de la libido, état caractérisé par le narcissisme absolu. C’est dans cet état que l’intérêt du moi et la libido se retrouvent réunis dans le moi et procure un sentiment d’auto suffisance pour le sujet.
La question de distinction entre l’égoïsme et le narcissisme trouve alors toute son essence. Une idée de complémentarité au niveau de libidinal émerge. L’étymologie du mot « égoïsme » rappelle l’importance du moi et de son intérêt alors que le narcissisme est beaucoup orienté vers l’image du moi et de tout reflet virtuel y afférent ainsi que la satisfaction de la libido est susceptible de procurer au sujet. Par extension, d’autres différences peuvent être perçues. Un sujet peut vivre dans un égoïsme très prononcé sans arrêter d’allouer une importante quantité d’énergie de la libido sur des objets à condition que le contentement libidinal donné par l’objet réponde convenablement au désir du moi. La personne qualifiée d’égoïste fait en sorte que ses décisions et agissements ne portent aucun préjudice à sa personne.
Des cas d’égoïsme peuvent être combinés à un état narcissique absolu. Le sujet pourra vivre aisément démuni d’un objet sexuel qu’il s’agisse d’un objet destiné à assouvir des besoins sexuels directs ou que ce soit des pulsions sexuelles indirectes comme la sensualité ou l’amour. Face à cet état des choses, l’égoïsme se distingue du narcissisme dans sa stabilité. L’égoïsme demeure constant en toute circonstance de la vie alors que le narcissisme varie selon les situations de la vie. A l’extrême opposé de l’égoïsme se trouve l’altruisme, qui ne coïncide pas avec la soumission d’objet à la libido et qui s’en différencie par l’inexistence de attente sexuelle à satisfaire. Seul le cas d’un état d’amour absolu que l’altruisme correspond à une jonction de la libido sur l’objet. Etant donné le fait que l’objet sexuel captive fortement le narcissisme, la situation donne lieu à ce que l’on désigne par « exagération de la valeur sexuelle de l’objet ». La « transfusion altruiste de l’égoïsme » qui se superpose à l’objet renforcera l’importance de l’objet sexuel si bien « absorbe le moi ».
Etant donné qu’il existe une forte probabilité que le refoulement de l’inconscient devienne relativement indépendant du moi se déploie une fois sujet tombe dans un profond sommeil, l’inconscient peut alors bénéficier des avantages de l’allègement, voire de l’inexistence de censure, construit un désir de rêve normalement défendu et se relie à la libido retenue par le sommeil. Des douleurs organiques, des inflammations ou des irritations du corps physique limitent le déploiement de la libido sur les objets sexuels. La libido est retournée vers le moi et est focalisée sur la partie du corps qui éprouve une douleur. Sigmund Freud stipule que dans de telles circonstances, le renoncement de la libido des objets est plus significatif que celui où l’intérêt qualifié d’égoïste éprouve vis-à-vis de son environnement. Ce qui rend fondé le souci de la personne atteint par l’hypocondrie.
Pour revenir sur l’éventualité selon laquelle la libido des objets bascule pour devenir une libido du moi, il est fort probable d’estimer l’existence de deux libidos bien distinctes qui ne peut pas virer en un intérêt égoïste.
La libido qui devient rigide et inflexible, incapable de se déployer vers des objets et retourner ensuite vers le moi, est celle que l’on désigne par pathogène. Jusqu’à un certain degré, qui pourra varier d’une personne à une autre, l’entassement de la libido rend l’état insupportable par la personne et que le fait d’attacher la libido à un objet sexuel constitue une solution que la personne juge indispensable pour éviter le l’accumulation excessive et néfaste de la libido. Si la libido qui veut se retourner vers le moi après son déploiement vers des objets se voit confrontée à un obstacle, comme le cas du sommeil et le cas du refoulement de l’inconscient, son aventure se fera en boucle. Il essaiera de percer l’obstacle jusqu’à ce que celui-ci sera perforé avec tant de force. Dans le cas de pathologie très résistante, il se peut d’autres remèdes donc d’autres issues soient évoquées. Le développement de la libido qui atteint le seuil de pathologie permet une détection à temps des symptômes du trouble de la personnalité. Ce seuil coïncide avec le stade de narcissisme primitif, une phase où le patient peut facilement parvenir à un stade finale de démence. Il s’avère que toute personne atteinte par le trouble de la personnalité narcissique dispose d’un point de fixation qui coïncide à un stade d’évolution plus précoce que par rapport aux personnes atteintes de névrose obsessionnelle ou d’hystérie.
Une grande variété des symptômes est évoquée par Sigmund Freud en ce qui concerne le retournement de la libido en se détachant des objets vers le moi pour se voir ensuite amoncelée dans le moi afin de constituer la libido narcissique. Sigmund Freud propose une tentative de guérison ou de restitution. Ce phénomène se caractérise par des efforts déployés par la libido afin d’être attachée à des objets. Pourtant, à force de s’attacher à des objets t perdue dans des poursuites d’ombre et d’image, la libido ne parvient à saisir que le reflet des objets, soit leurs symboles verbaux.
Si la manie des grandeurs compte parmi les symptômes du narcissisme, Freud parle d’un impact direct de l’agrandissement du moi à cause des énergies libidinales ôtées des objets. Il s’agit d’un narcissisme secondaire qui risque d’apparaître à la suite de la manifestation du narcissisme primaire à partir de l’enfance. A ce stade, le moi va basculer de l’instance biologique vers l’instance psychologique, selon Moyaert (1983). Le sujet va considérer le moi comme un objet méritant amour et attention plus particulière, qui changeront au fil du temps en orgueil et en estime de soi déplacée. Le sujet se fera une image idéale de son moi et l’enrichit à travers une représentation de soi démesurée. Et c’est cette image qui bénéficiera des soins et de l’amour qui sont censés être destinés au corps biologique pour sa conservation.
Il est aussi important de revoir les points de vue de l’auteur Sigmund Freud comme dans son ouvrage « Pour introduire le narcissisme », où il propose une idée de classification des individus. Les bébés, selon l’auteur ressentent ce qu’il appelle « narcissisme primaire » un état spécifique des enfants marqué par l’omnipotence de ses pensées. C’est à ce stade, caractérisé par une mégalomanie, que l’enfant se croit être le centre du monde ou encore le cœur de la création. Notion d’impossibilité et de barrière n’est pas compris mais « voulu » équivaut pour lui à un « obtenu ». sous peine de pleurs et de bouderie. Sa volonté ne peut faire l’objet d’une restriction quelconque, que l’obstacle provient de la loi de la nature ou des règlementations en vigueur dans une société. Au fil du temps, l’enfant apprendra à négocier son statut et les restrictions de l’environnement en poussant petit à petit les limites et acquérra son identité.
Toutefois, Sigmund Freud évoque que la personne n’abandonnera jamais cet état mais le laissera seulement dans une phase de latence, qui pourra s’éveiller d’une circonstance à l’autre, selon un degré très varié. En effet, ce narcissisme permettra à l’individu à avoir confiance à sa personne et à se sentir bien dans sa peau. Il s’agit là du bon narcissisme. Si le narcissisme fait en sorte que la personne démontre un orgueil déplacé ou un égoïsme inapproprié, ce trait de personnalité fait alors référence à un mauvais narcissisme. Si dans une position intermédiaire, le narcissisme mauvais prédomine au détriment du bon narcissisme, il existe une forte probabilité que l’état de la personne se complique et aboutit à un état de perversion narcissique.
Source : Méthode d’évaluation clinique des conduites inadaptées de l’adolescent
Alain Penin, (Psychologue clinicien, expert national, chargé d’enseignement à l’Université Toulouse II Le Mirail) Nathalie Lemaire (Psychologue clinicienne, docteur en psychopathologie, directrice d’EVACLIQ1) Anne-Marie Favard (Docteur en psychologie, docteur en droit, expert auprès la cour d’Appel de Toulouse, Chargée de recherche CNRS.)
Lacan évoque qu’à partir de l’âge de 6 à 18 mois, l’enfant est en mesure de se reconnaître dans son reflet étant face à un miroir, une expérience nommée « stade du miroir » par l’auteur. L’enfant pourra alors comprendre que son corps est constitué de plusieurs éléments donnant lieu à un tout cohérent, son «image spéculaire ». L’enfant s’identifiera alors à cette image mais ne comprendra pas effectivement la différence entre sa personne et cette image, place alors à une certaine « méconnaissance ». L’enfant qui se regarde à travers un miroir confond son reflet avec lui-même. Freud utilise l’expression « séparation-individuation » pour évoquer cette compréhension entre image et corps. Période normale de la croissance et du développement psychologique, le stade narcissique constitue un moment important où l’enfant se forgera un modèle ou une référence par laquelle il s’évalue.
Pour Ichideal, cette référence est nommée « idéal du moi ». Elle servira de norme permettant au sujet d’avancer et de trouver ses axes de développement. Au fur et à mesure que l’enfant grandit, le « surmoi » prendra la place de référence, d’après Uberich. Le moi va être alors mesuré et constamment comparé et nourrit l’image que le sujet se fait de lui-même. Son moi se développera au fil de sa croissance. Des chocs affectifs, des déceptions ou encore la compréhension de la réalité peuvent résulter en un investissement de la libido sur ce moi. Si au stade de narcissisme, il investit la pulsion sexuelle dans son image, il placera la libido dans la référence ou modèle idéal auquel il pense, il se façonnera par la même occasion un surmoi, une référence substituant le narcissisme perdu dans son jeune âge.
D’après Gewiness, le surmoi, appelé encore Conscience qui constitue une « instance psychique particulière » évalue continuellement le moi et la mesure par rapport à un idéal. Cette mesure considère non seulement le « idéal du moi» mais aussi la perception de l’autre du moi. Dans diverses hypothèses psychanalytiques, le rôle de cette Autre est joué par les parents, c’est-à-dire le père et la mère. Ce qui mène au rapprochement du complexe d’Œdipe. Toutefois, la constitution de cette mesure ne va pas s’arrêter mais il se développera ou régressera tout au long de la vie. Cette référence idéale passera par une idée d’un corps idéal, matérialisant l’image idéale de la personne et s’étendra vers un cadre à travers lequel l’individu projettera son idéal du moi vers d’autres objets qui l’entourent. Cette construction de son univers, reflétant l’idéal du moi est souvent fortement influencée par l’environnement, notamment la culture dans laquelle évolue le sujet. Cette culture intervient en proposant diverses images utilisées comme référence par rapport à laquelle l’individu se mesurera et façonnera son « moi ».
Certains auteurs considéreront ces images comme étant un miroir à travers lequel l’individu se reconnaîtra. Ces images dicteront en quelque sorte son « idéal du moi » comme par exemple : les publicités révélant la beauté d’une silhouette fine, une apparence bien bâtie, une teinte bronzée, le nez orné de piercing ou le corps agréablement tatoué laissent les enfants ainsi que les jeunes à s’identifier à ces modèles. L’évolution vers une ressemblance à ces modèles peut les amener à rehausser leur estime de soi et leur perception de leur moi. Si la tâche s’avère être difficile, ils peuvent s’imposer d’autres références plus réalistes, susceptibles d’être atteintes.
La normalisation d’après le Diagnostic and Statistical Manual – Révision 4, communément connu sous l’abréviation DSM IV, parue en 1994, met le narcissisme parmi les troubles de la personnalité. Pour en faciliter le diagnostic, les spécialistes se sont mis d’accord sur certains aspects caractéristiques du narcissisme. Etant donné qu’il s’agit d’une pathologie, sont listés des critères saillants typiques aux personnes narcissiques. D’une manière générale, ces traits reposent sur des jugements, souvent biaisés par un amour propre important. Les personnes narcissiques sont éprises par la perfection, une qualité qu’il associe à sa personne et à ses accomplissements.
« Le sujet a un sens grandiose de sa propre importance »
Une perception de soi basée sur une idéalisation. Bien que chacun dispose d’une idée de sa personne par rapport à un modèle référentiel, le sujet qualifié de narcissique ressent une certaine propension à surestimer sa personne, se croyant supérieur en tout point par rapport aux autres. Valorisant ses aptitudes et ses accomplissements, l’individu en question espère la reconnaissance des autres bien qu’il n’ait pas achevé quelque chose de grandiose.
« Est absorbé par des fantaisies de succès illimité, de pouvoir, de splendeur, de beauté ou d’amour idéal ». D’après les statistiques, tout sujet souffrant du narcissisme se trouve épris par tout ce qui rehausse la valeur de sa personne à ses yeux et aux yeux de l’autre. L’idée est d’envelopper le moi par des artifices superflus susceptibles d’améliorer la perception et la valorisation par autrui de la personne. L’accent sera alors mis sur toute circonstance exhibant la brillance de la personne comme le pouvoir, la réussite, le prestige, ainsi que toute autre cas similaire.
« Pense être « spécial » et unique et ne pouvoir être admis ou compris que par des institutions ou des gens spéciaux et de haut niveau ». Généralement le parcours professionnel et estudiantin du sujet biaise sa perception de sa personne. Il verra alors en lui une personne « exceptionnelle », voire supérieure qui mérite plus d’attention. Cette unicité peut être justifiée ou non. Toujours est –il que dans tout cas narcissique peut être décelé un vide à combler. Cette sensation de supériorité est souvent une diffusion d’un comportement défensif.
A « besoin excessif d’être admiré », besoin qui peut frustrer, voire exacerber entourages, collègues ou personnes proches. Dans la plupart des cas, la personne narcissique essaie de revendiquer ce qui est exécuté par ses victimes pour en jouir les bénéfices sociaux, de type reconnaissance, compliment, gloire, applaudissement ou accomplissement de soi.
« Pense que tout lui est dû: s’attend sans raison à bénéficier d’un traitement particulièrement favorable et à ce que ses désirs soient automatiquement satisfaits ». La personne souffrant du narcissisme se croyant exceptionnelle revendique constamment des faveurs qui répondent à son unicité et à sa supériorité. Il veut à tout prix que ses attentes soient priorisées en toute circonstance.
« Exploite l’autre dans les relations interpersonnelles: utilise autrui pour parvenir à ses propres fins ». Ce trait de la personnalité fait que la personne narcissique est considérée comme un manipulateur. A ses yeux, autrui est rabaissé à un moyen, disponible pour lui pour satisfaire ses besoins et ses attentes. Raison pour laquelle, il n’est pas rare que les pervers narcissiques violent, portent préjudice sur autrui, généralement les plus vulnérables, incapables de lui résister moralement ou physiquement. Pour ce faire, le manipulateur use, voire abuse de tous les moyens de séduction allant des paroles douces aux des signes d’attention des plus particuliers en passant par les cadeaux et autres preuves d’amour et d’attachement. Bref, n’est manipulateur qu’un beau parleur et grand séducteur.
« manque d’empathie: n’est pas disposé à reconnaître ou à partager les sentiments et les besoins d’autrui » si l’empathie se définit comme la capacité à se mettre à la place d’autrui, valorisant et respectant le vis-à-vis, la personne qualifiée de narcissique ne voit que lui-même. Les autres peuvent être considérés comme des références à exploiter si autrui dispose de qualité qu’il ne possède pas.
« envie souvent les autres, et croit que les autres l’envient », étant donné l’importance qu’il donne à sa personne, le narcissique fait en sorte qu’il s’élève par rapport aux autres. Son avidité à être admiré lui suppose que les autres veulent être à sa place.
« Fait preuve d’attitudes et de comportements arrogants et hautains », un des traits caractéristiques des narcissiques est l’orgueil, qui se manifeste par des apparences séductrices et supérieures. La brillance en tout point, aussi bien sur le plan professionnel qu’au niveau personnel, se fait constatée, une brillance superficielle et souvent non fondée. Il écrasera alors toute personne entravant à ses succès ou toute personne qu’il convoite. Le mépris compte aussi parmi les armes utilisées par le manipulateur étant face à ses victimes.
Ces éléments seront encore explicités ultérieurement pour expliquer comment les victimes en confrontation directe avec les narcissiques les vivent au quotidien, en couple ou encore au travail.
D’après les données recueillies sur ce sujet en épidémiologie évoquent que d’une manière globale, des sources proposent que 11% de la population alors que d’autres annoncent un taux de prévalence d’ordre de 0.4%. Toutefois, toutes les sources sont unanimes par rapport au fait que sa version pathologique se fait constater beaucoup plus chez les sujets masculins que chez les sujets féminins.
Les propriétés psychopathologiques de la personnalité narcissique mettent en exergue quelques points:
à Symptômes
Le sentiment d’être exceptionnel et supérieur résulte en une soif constante d’être sollicité, admirée. Conforté par une circonstance de réussite sociale et professionnelle, il a tendance à surévaluer ses capacités et s’enorgueillir de ses accomplissements, aboutissant généralement à des fiascos. Face aux autres, le comportement de la personne narcissique est basé sur une tendance intéressée et sur la convoitise. Il voit chez les autres des êtres inférieurs, mis à sa disposition pour assouvir ses besoins et ses attentes, pas forcément matériels mais souvent immatériels, comme son besoin d’être admiré et sollicité. Autrui subit envers lui manipulation, exploitation et mépris, quoi que les autres peuvent devenir relativement dépendant de lui, à cause d’une mise en condition préalable effectuée dans ce sens.
à Relations interpersonnelles
Le DSM IV inventorie des contradictions caractéristiques de la personne narcissique. Si la relation de la personne narcissique avec autrui est apparemment très instable et varie d’un vis-à-vis à un autre. Ce lien est toutefois renforcé par une interaction dominée par le narcissique, une domination souvent masquée par des séductions et des manipulations. Arrogance et mépris sont souvent estompées et couvertes par admiration et charmes.
à Modalité d’expression
Le mode affectif du narcissique se reconnaît par la présence d’une indifférence et d’un mépris des autres. L’empathie est absente, tout comme la gratitude. Son humeur est marquée par des airs enjoués et rayonnants, orienté vers la mainmise de la situation et son émergence du groupe. Ce comportement est pratiquement une approche défensive esquivant toute tentative de critique ou de confrontation avec la réalité. Bref, le narcissique se baigne entièrement dans un univers superflu qu’il bâtit lui-même, un monde de fantaisie et irréel, où son moi dirige tout et le centre du monde.
Le style cognitif de la personne narcissique est marqué par une perception de soi biaisée par un amour excessif de soi et une valorisation démesurée de soi. Pour lui, les autres ayant des forces et des qualités dont il ne dispose pas sont valorisés, respectés et admirés alors que les personnes vulnérables n’atteignant pas le standard qu’il impose seront méprisés, négligés ou encore exploités.
à Evolution du trouble de la personnalité narcissique
Vers une atténuation du trouble :
Les analyses ont permis de cerner que le trouble peut s’estomper dans le temps et grâce au côtoiement des gens différents pouvant lui donner de nouvelles impressions sur lui-même. Le milieu social et l’environnement culturel dans lequel évolue le sujet peut avoir des impacts sur lui, étant donné l’influence des autres sur la perception du moi.
Vers une complication du narcissisme :
L’évolution négative du trouble narcissique peut aboutir à des comportements suicidaires ou dépressifs.
à Hypothèses explicatives.
Facteur inhérent à l’éduction
L’admiration excessive des parents dès le jeune âge de l’enfant lui donne une vision biaisée de sa personne et de la réalité. Les parents peuvent se faire des idées à propos du quotient intellectuel, émotionnel et relationnel de leur enfant et le leur transmet à travers des compliments ou des éloges inadaptés. D’une manière générale, il n’est pas rare que les parents disent et croient que leur enfant est plus intelligent que ceux du même âge. Ils l’idéalisent et leur point de vue façonne la perception de l’enfant du monde, de sa personne et des autres.
Impact du statut des parents.
Le statut économique, culturel et social des parents peut façonner la manière de voir de l’enfant. En effet, certains enfants issus des familles aisées peuvent considérer les autres comme inférieurs par rapport à eux, car ils basent leur comparaison sur des biens matériels et l’apparence extérieure des gens qui les environnent. Par ailleurs, ce statut des parents peut également amener à une compensation de l’infériorité de la personne ou la différence ressentie par rapport aux autres.
D’autres études laissent savoir qu’un développement précoce de l’intégration qui aurait échoué serait à l’origine d’un trouble de la personnalité narcissique. Ce phénomène est associé à la stagnation de l’enfant au stade où ses besoins sont centralisés. Dans le DSM IV, le narcissisme est définit comme étant une notion péjorative. Quelques spécificités comme l’amour de soi, investissement de soi, l’égocentrisme sont mis en exergue notamment au détriment de l’investissement d’objet. Le narcissisme est considéré selon une approche psychopathologique comme un trouble de la personnalité, dont un certain degré de complication est appelé personnalité narcissique ou pathologie narcissique (DSM IV, 301.81).
Ceci amène également à deux formes de narcissisme : narcissisme primaire et le narcissisme secondaire.
Si le narcissisme primaire s‘apparente comme étant l’investissement de la libido sur le Moi., moyennant séparation- individuation, le narcissisme secondaire est utilisé pour désigner une situation où la libido d’objet est ôtée d’un à l’objet pour se voir porter sur le Moi. En réalité, Sigmund Freud affirme dans ses ouvrages une distinction nette entre la libido d’objet et la libido du Moi, nommée aussi libido narcissique.
D’une manière plus simple, les dictionnaires proposent une définition plus élémentaire et plus facile à comprendre. Larousse, Roudinesco évoque le narcissisme comme « Admiration de soi, attention exclusive portée à soi-même. » Terme utilisé en Psychanalyse selon la même source il s’agit de « l’investissement du sujet sur lui-même, terme employé pour la première fois en 1887 par le psychologue français Binet pour décrire une forme de fétichisme consistant à prendre sa propre personne comme objet sexuel. »
Toujours est t-il que le terme couvre multiples sens tels que narcissisme du nourrisson en quête du plaisir et de la satisfaction de l’allaitement, narcissisme de l’état de sommeil, allocation de la libido sur soi-même. L’extension du retrait libidinal amène à d’autres significations et d’autres phénomènes connexes comme l’isolation obsessionnelle, l’exclusion homosexuelle, l’autosuffisance orgueilleuse, l’autisme, le monoïdéisme, le repli dans la douleur que ce soit morale ou physique, ou encore le sentiment de fin du monde, comme le propose Rosolato (1976). Comme la pulsion sexuelle est étroitement associée à la notion de déplaisir et de plaisir, du manque, de l’excitation libidinale ou sexuelle, de masochisme réfléchi ou encore de l’agression, le risque que tous ces phénomènes résulte en un fantasme où s’entremêlent plaisir, souffrance et satisfaction. Le plaisir issu du narcissisme donnera lieu à trois courants :
-le désir de s’approprier les plaisirs en ne considérant pas l’environnement extérieur et leur intérêt. Il s’agit une tendance très répandue que l’on désigne généralement l’égoïsme. Cette tendance peut atteindre tous les sujets mais à un degré relativement bas, il ne constitue pas une pathologie.
-l’indépendance du sujet qui se sent valorisé dans une situation d’autosuffisance, un courant du plaisir narcissique inhérent à l’avidité de pouvoir, qui fait que l’autonomie du sujet vis-à-vis des autres constitue son point fort ou que il s’agit d’une forme du pouvoir où dans la détention de ce pouvoir reflète une idée de soumission des autres, une prérogative très important pour le moi et la perception du moi par le sujet.
-le fait d’exercer le fantasme et la réflexion comme mode d’expression du plaisir, portant à la fois sur le monde extérieur du sujet mais aussi à travers sa relation avec autrui et sa vie au quotidien.
D’autres points de vue convergent dans ce sens, tels que l’association de retrait à un état défensif ou à un rejet. Il en est de même pour l’assimilation du narcissisme à un état plus avancé, appelé aussi pervers narcissique.
Terme très présent en psychopathologie, « perversion narcissique » fait référence à un trait de personnalité où un narcissisme très prononcé et une perversion morale excessive sont constamment et fortement présents. Le sujet qualifié de pervers narcissique se reconnaîtra alors par ses comportements et ses attitudes ainsi que ses modes d’interactions avec les autres. Dans tous ses agissements, il essaiera de s’émerger du lot et fera en sorte que les autres se soumettent à sa volonté. Ce qui résultera systématiquement à des conséquences catastrophiques sur les personnes qui le côtoient que ce soit dans le cadre du travail ou qu’il s’agisse d’une relation amoureuse ou seulement amical. Il arrive que le narcissisme serve à désigner l’amour de soi, une dimension normale du trait de la personnalité et non un cas pathologique grave, car il peut s’incuber en restant encore dans un état latent.
En effet, le fait de s’amouracher sur soi-même peut ne pas être gravement néfaste ni pour la personne concernée ni pour ses entourages. Un trait saillant, qui est le besoin d’être admiré combiné à un défaut d’empathie caractérisera le trouble, Il s’agira alors d’un trouble simple de la personnalité. Mais si dans l’incubation, le trouble s’aggravera, il pourra devenir une perversion narcissique. Dans ce cas, le sujet aura des caractères plus spécifiques marqués par la manipulation des autres en vue de satisfaire ses propres besoins, attentes et désirs.
Pour permettre une distinction entre amour narcissique et le vrai amour, il est important tenir compte de quelques points. En parlant de narcissisme, il est question de beauté physique, c’est-à-dire l’image du corps que Narcisse a vu dans l’eau. Cette image n’est autre qu’un simple reflet sans corps ni âme, un ombre. Le narcissisme est alors fondé sur une illusion et non basé sur une réalité, contrairement à l’amour véritable.
En psychiatrie, la notion est souvent associée à des termes comme paranoïa, agressivité et haine, égocentrisme, combativité et orgueil, mesquinerie, extraversion et sadisme, mythomanie, mélogamie ainsi que narcissisme criminel. Ce qui sous entend une existence effective de trouble et de mauvais état de santé mental du sujet.
Les scientifiques comme Descartes et Rousseau proposent une étude plus particulière par rapport à la connaissance du sujet, pris à part et non inclus ou évoluant dans une société. Il s’avère que l’amour pour soi ne constitue pas un caractère à bannir mais il reste un élément vital et utile au développement normal de la personne ainsi que pour l’auto conservation, étant donné que l’individu vit seul d’abord avant d’intégrer dans une société, caractérisée des différents statuts sociaux et économiques et plusieurs traits de personnalité divergents.
D’autres paramètres comme les normes et lois diverses servent également à baliser et à uniformiser la société pour que chaque membre vit en harmonie auprès des siens. La prise en considération d’une domination et d’une manipulation risque alors d’entraver à l’épanouissement des autres. Raison pour laquelle, les scientifiques préfèrent porter leur analyse sur chaque individu d’abord avant de les combiner avec d’autres paramètres de la vie en société. Si Descartes reconnaît que la réflexion de l’individu reflète son identité en disant que l’individu pensant « ne s’adressant qu’à lui-même ». Ce qui marque sa séparation du monde, son désinvestissement du monde, son repli sur lui-même, son attention portée excessivement sur sa propre personne, l’idéalisation du son moi, son auto suffisance.
Toujours dans cette même optique, d’autres auteurs proposent la notion de « narcissisme de déliaison » dans la mesure où l’individu, poursuivant son idéal, qui est au fond lui-même, se détache du monde, de l’altérité, du temps, et de lui-même. Il va ensuite s’identifier à lui-même et s’adonnera à une aventure de l’idéalité, « la maladie d’idéalité » comme l’évoque Mallarmé. Cette pathologie est très proche du narcissisme et tend même à être confondue avec lui.
En effet, la sensation de « mal-être » ou de « malaise » bouleversera la personnalité du sujet. Cet état est aussi abordé par Freud dans ses ouvrages, un état qu’il qualifie de « narcissisme de petites différences » Le sujet adopte un comportement défensif vis-à-vis du monde, de ses agressions et de toutes menaces provenant du dehors. Il tend à se replier sur lui-même pour s’auto conserver. Pourtant la menace, selon Freud se situe au sein de l’individu lui-même. Cette menace est une lésion interne, un état de manque qui pèse sur l’individu et fait chanceler en lui sa personnalité, sa confiance en soi et son estime de soi. Pour mieux vivre cet état d’insuffisance profond, le sujet préfère se montrer défensif. Le fait est que cet état est seulement pressenti par la personne sans qu’elle puisse en définir la source ni la cause. Il ne parvient non plus à identifier clairement le problème, ce qui l’amène à culpabiliser et à responsabiliser constamment les autres dans tous ses actes manqués et ses fautes ainsi que les problèmes qu’il fait face ou que lui-même est susceptible de causer.
Ce manque peut être une fiction, une sensation et une frustration profonde ainsi qu’un écart recueilli à la suite d’une comparaison avec les autres. Le sujet a du mal à définir son identité et cherche en vain à la déterminer. Cette identité qu’il recherche constamment provient du clivage que ses réflexions et ses comportements ainsi que ses attitudes définissent innocemment quand il tend à se séparer du monde et des autres. Cette identité est aussi issue d’un arbitrage, d’une décision ou d’un état inné découlant des sacrifices imposés par la société, la culture ainsi que tout élément constituant le surmoi donnant lieu à une sensation de malaise.
Section 2 : LE NARCISSISME A TRAVERS LE TEMPS
Les éléments fondamentaux du mythe
La notion de narcissisme provient d’un mythe originaire de Thespies en Béotie. Du l’union de Cephise le fleuve et de Léiriopé, la nymphe naquit Narcisse, le beau garçon. Il fut d’une beauté rare qui ébahit et qui captive les jeunes gens et surtout les jeunes filles. Seulement son comportement rempli d’un orgueil inhabituel l’induit en erreur car il fut méprisé et haï de tous.
Suite à ce dédain incomparable la nymphe s’en alla mais Narcisse, prenant le dessus, tente d’échapper à la possession en disant « plutôt mourir que d’être possédé par toi ».
Toutefois, plus tard, le Dieu Amour exprime sa vengeance. Ayant soif à l’occasion d’une partie de chasse, Narcisse s’approcha d’une fontaine pour s’assouvir. C’est en voulant boire qu’il vit son image dont il tomba amoureux se disant à lui –même qu’il s’agit d’une autre personne. Il vit dès lors dans une grande affliction de n’avoir pas pu se saisir de ce reflet d’eau en tant qu’objet de son amour et finit par en mourir auprès de la source d’eau. Ce fut une fleur qui prenait sa place à ce lieu. Ce mythe de Narcisse implique alors l’amour de soi et le non amour d’aucun autre, du refus d’amour, en dehors de soi.
Par la loi de la réciprocité, Narcisse ne veut être aimé par une autre personne. Peut-être que cette attitude provient d’une autosuffisance ou d’un orgueil déplacé. Mais le fait est là, Narcisse tient à la fois place en tant que sujet et objet d’un amour excessif de soi. Cette captation traduite en terme de passion envers soi même dans le cadre d’une jouissance sensorielle entraîne la notion de Narcissisme où le narcissique nourrit une préférence à son image personnel reflet d’une apparente beauté dont il est lui-même épris. Il évite alors d’être objet d’amour d’une autre personne. Sa position qu’il garde avec jalousie d’ailleurs, se trouve au sommet sans qu’un échange puisse se faire.
Historique et signification
La légende grecque parle du narcissisme comme étant l’amour de soi développé par l’individu. Puis, les idées sont reprises par les grands auteurs dans le cadre de la sexologie en termes de perversion sexuelle.
Selon Havelock Elis en 1878, le mot narcissisme a vu le jour. Il s’agit un agissement vicieux basé sur l’amour de soi. En 1908 Sadger le traduit en concept psychanalytique. Et à titre de rappel des définitions de concepts vues plus haut, Karl Abraham (1908), s’y intéresse et en fait une analyse au point de vue de la schizophrénie. Cet aspect d’étude vise à transférer sa libido des objets vers soi-même. Le malade se reporte ainsi vers un objet personnel qui est son corps. Vers 1909, Isidor Sadger regarde le narcissisme comme ayant une valeur d’évolution psychosexuelle normale de la personne.
Et Sigmund Freud en 1911 admettra cette création. IL se mit à examiner le narcissisme en tant que niveau normal de développement d’un individu. Ainsi, le Moi est attaché à l’objet de sentiment. C’est la libido narcissique comme vu précédemment.
Sigmund Freud étudie, dans le phénomène libidinal, le narcissisme comme élément de la théorie psychanalytique ayant des relations avec la notion de sexologie, à titre de renvoi sur le moi certains aspects de la libido. A ce stade, intervient l’existence de narcissisme primaire et secondaire, des notions qui feront l’objet de plus d’analyse dans d’autres paragraphes. Mais à titre informationnel le narcissisme primaire concerne le stade infantile pendant lequel l’enfant considère son corps comme objet d’amour.
La deuxième étape de la libido se tourne vers l’extérieur et trouve des objets d’amour à l’extérieur. C’est là qu’apparaît le narcissisme secondaire. Sigmund Freud évoque la libido du Moi de par ces étapes cliniques en tant que revers de la libido d’objet car tous les deux forment révèlent à la fois le même pulsion à travers le psychisme. L’amour passionné reflète l’apogée de la libido d’objet et annule l’amour de soi. Inversement, le narcissisme à l’extrême estompe l’intérêt libidinal envers les objets extérieurs. Il s’agit d’une même énergie mise au service du Moi des fois, à celui d’un objet d’autres fois. Mais chaque cas se réalise au détriment de l’autre.
Où est donc l’équilibre ? Peut-on classer comme normal, un surinvestissement de la libido vers l’objet ou vers le Moi impacterait durement l’individu ? Le « véritable » narcissique se différencie des autres personnes environnantes et ne voit que lui-même .Cependant l’amour de soi-même, se base normalement sur une reproduction de soi de manière suffisante. Cette image de soi ainsi reproduite rehaussé des idéaux du Moi est discernée à travers la vision des autres.
En allant plus loin Sigmund Freud essaie de voir et se demande dans quelles circonstances la libido entière arriverait à s’investir aux objets extérieurs. L’évolution du Moi consiste à abandonner narcissisme primaire. Le sujet s’efforce de trouver un simili du narcissisme disparu. D’autres notions élargissent alors la portée des analyses en évoquant le Moi-idéal et l’idéal de Moi .le Moi réel fait référence au Moi-idéal tandis que l’idéal du Moi introduit le modèle parfait issu des valeurs provenant des parentales et de la classe sociale dont il souhaite apparenter. Idéaliser un objet revient à fragiliser l’individu car il est obligé de laisser de coté son Moi en faveur de l’extérieur, ou bien au profit d’un monde de projection narcissique
Cependant vers 1913, Sigmund Freud conduit dans le concept de vitalisme d’autres notions comme le sentiment de force et de puissance. Ce fut en 1914 dans le cadre d’une étude particulière « Pour introduire le narcissisme » qu’il attribue effectivement lieu au narcissisme. L’appréciation du moi constitue son approche intrapsychique dont la référence est ses propres accomplissements personnels et passionnels. L’individu prévoit à titre de son idéal l’imitation du narcissisme de son jeune âge.
La genèse du narcissisme
Le narcissisme prend origine dès l’état prénatal de l’individu, « narcissisme primitif originaire ».Dans le sein de sa mère le foetus se développe dans un cadre de bonheur, où il est seul dans un émancipation totale sans avoir d’autre souci .Il ne se fit ni du temps ni d’autre chose et encore moins de la mort. Le Moi provient d’une source instinctuelle originelle tranquille. C’est le véritable « noyau narcissique » qui plus tard aura de la conséquence sur le comportement de l’individu.
La naissance constitue donc une phase d’apparition de frustrations certaines. Elles pourront plus tard propulser l’enfant dans un état traumatique .IL a perdu son monde serein et va s’efforcer à le retrouver dans un autre univers avec tous les facteurs environnants.
Le comportement de ses parents et de sa famille à le chouchouter, ce qui est normal d’ailleurs, va renforcer ce narcissisme primitif Le petit être ne parvient satisfaire ses instincts, car il est dominé par les émotions supérieures qui le trouble. Il s’avère être victime d’un conflit celui désigné couramment le conflit originaire. Il se sent en permanence sous la menace de l’univers des objets. Le niveau psychique de l’enfant dépend des relations entre « les investissements narcissiques d’une part et la relation à l’objet d’autre part » La psychose résulte de la séparation de ce lien en complication. Par conséquent, la détermination du conflit originaire plus haut explicité devient un problème de grande importance comme une question de « vie ou de mort psychique ».Ce qui donne lieu de distinguer un « narcissisme heureux » et un « narcissisme mortifère ».
Le narcissisme de l’enfant prend source dans le fait q’il se voit à travers le visage de sa maman dans un premier temps et cela avant qu’il ne la voit elle-même. Par la suite, l’enfant éprouve le besoin d’identification à celle-ci. Cela implique, à l’occasion des actions interrelationnelles et un fort partage, des rapports mère – enfant. Ici intervient l’existence d’objet transitionnel en terme d’instruments de plaisir d’existence et de consentement pour l’admission de l’autre ou la rupture d’avec lui.
Le narcissisme lui sert à l’individu d’outil interne adéquat en remplacement d’un autre instrument dédié à la sécurisation et à la sauvegarde du Moi. Il faut faire une analogie aux actions et aux sentiments profonds les accompagnant, de la génitrice exerçant une veille protectrice sur sa progéniture. Le narcissisme couvre le moi et pour ainsi dire le couve. Cependant l’ingérence voire l’invasion par l’autre, en tant que situation désirée et redouté est susceptible d’aboutir à une explosion. Par ailleurs une implosion caractérisée par un rapprochement et une réjection comme le dit Bouvet suivie d’une mutation de la personnalité appelée aussi dépersonnalisation. Un phénomène d’effondrement de ce Moi peut s’en suivre. Et il en est de même pour le système de veille explicité plus haut. Le moi se rétracte sur lui-même dans les mêmes circonstances.
Comme le dit Winnicott en 1949 ,le narcissisme heureux donne à l’enfant l’occasion d’édifier son harmonie psychique, son unité, sa personne et cela à travers une libidinalisation issue des soins dont ses parents l’entourent. A l’opposé, le narcissisme mortifère provient de la reprise des expériences vécues, sans faire la différence entre les stimulus positifs et les stimulus négatifs (Chiland C, ‘Narcisse ou le meilleur des mondes possibles’, in : Narcisses, J-B Ponta lis, 1976).
Racamier parle d’une affliction proche du deuil pour qualifier le processus psychique dans le cadre duquel le Moi, à partir de l’enfance et jusqu’à ce que mort survient, continue e son déchirement à l’occasion du lien narcissique souverain. Ce deuil va le poursuivre sa vie durant pour revenir à ses pures provenances, afin de les trouver et d’en faire objet de l’intériorité.
L e narcissisme primaire revêt un caractère sain et plutôt objectal. L’enfant recherche en sa mère qui la lui fournit d’ailleurs, pour sa part, l’effort utile dans ce sens. Cette responsabilité naturelle de la mère, en tant qu’acte noble, protège l’enfant de la peur primitive, De même la fonction maternelle, qui des fois accroît le goût de rêverie implique une tendance narcissique à l’enfant. Cette situation entraine l’enfant à s’assimiler à cette personne.
Freud l’avait compris, l’attachement de l’enfant à sa maman reflète cette identification. Il la désigne d’ « Identification pseudo modèle » c’est-à-dire de devenir comme sa mère son modèle le plus proche. Puis il parle d’ « identification projective ».C’est donc une des raisons pour lesquelles l’enfant intérioriser sa mère et éprouve des problèmes pour se séparer d’elle. Dans le cadre d’une « Elaboration psychique, il empêche par ses propres moyens cette disjonction étant donné que c’est le bon objet.
Chaque stade d’accès à un mûrissement psychique plus évolué, l’enfant cherche appui sur un bienfaisant objet, au début provenant de l’extérieur puis il s’applique à l’intérioriser. Cet objet aidera le Moi à pouvoir confronter à la mésentente issue des tourments psychiques procréée par les déchirements fondamentaux de la vie.
Bergeret accorde de l’importance de l’adulte dans une atmosphère d’affection projective, répertoire narcissique. Les parents y jouent un rôle protecteur. Les psychanalystes ont raffiné deux répertoires relatifs aux niveaux de « maturation psychique ». Un répertoire narcissique d’ordre prégénital d’une part et un autre répertoire objectal qualifié d’ oedipien génitalité dans le sens d’un narcissisme à qualité plus élevée.
Bergeret y soulève et met en exergue la notion d’homo-érotisme au lieu de l’homosexualité. Selon toujours Bergeret, les homosexuels vivent au sein d’un semblant de rage qualifié de phallique. En effet, étant mal appuyés dans leur narcissisme ils le prospectent au sien de l’homosexualité. C’est dans la phase de l’adolescence que cet incident s’extériorise. A la veille de l’age de la puberté de l’individu, il existe une constriction des relations sociales à l’issue essentiellement du narcissisme de l’adolescent et cela nécessairement à cause de l’intérêt qu’il se fait de sa propre personne et en conséquence des mutations qu’il subit.
En revenant à la légende grecque, Narcisse, représente le jeune homme ayant donné préférence à son image. Par rapport à un autre objet .La belle fleur rappelle ce nom : Narcisse soit le reflet de la beauté de soi, étant décliné en objet d’amour pour définir le narcissisme originaire.
Freud se captive dans un premier temps à l’aspect sexuel et ensuite aux tendances d’auto – préservation en admettant comme point de départ le Moi .Le narcissisme apparaît dans l’ouvrage de Sigmund Freud « Le Léonard » dans lequel l’auteur fait référence à ce mythe de Narcisse : Léonard, ce singulier Narcisse ensorcelé par la figure de l’Autre : le narcissisme incarne la mine où se cache la trace de l’objet imperceptible.
Cependant en 1914, Sigmund Freud au sein de son ouvrage « Pour introduire le Narcissisme », prend position par rapport à Jung, en disant des propos sur la notion « d’amour propre de l’adulte ». Il souligne que cet amour propre constitue une suite à l’amour infantile emparé à son avantage, dérivé des objets.
L’amour propre se fonde progressivement à partir de l’amour obtenu par l’individu dès son enfance de la part de ses parents, de ses amis ou d’autres personnes qui ont participé à l’éducation de cet individu, voire la société elle même. Les troubles de la personnalité qui tendent à être considérés comme pathologiques représentent la conversion de cet amour propre vers la direction désigné narcissique. Cette modification peut provenir d’un défaut ou d’un excès d’amour reçu. Néanmoins, il existe d’autres causes pouvant être à l’origine de cela. En effet, un excès d’éducation ou une déficience significative en éducation, un manque d’affection ou une vénération déplacée minent et brisent à termes la personnalité propre de l’individu.
A l’opposé des hypothèses avancées par Sigmund Freud et aux idées communément admises qui en découlent et qui sont profondément ancrées, la psychose et l’autisme peuvent ne pas être associés directement à la carence d’affection. Ces manifestations pathologiques font référence en une expression négative car l’amour en tant que sentiment conversationnel s’inscrit dans la loi théorique de la réciprocité.
Cette contribution initiale de l’amour reçu dans la personnalité de l’individu édifie son amour de soi. Mais son autonomie peut apporter des changements relativement radicaux vers un comportement asocial, voire individualiste. Par contre, la personnalité marquée par une forte perversion ainsi que les psychopathes n’ont pas tous été victime d’un manque d’affection ou d’une insuffisance en matière d’éducation. Dans ces conditions, la notion de liberté s’applique alors à cette forme de narcissisme en annulant l’amour pour l’autre.
La notion de narcissisme primaire s’annonce comme étant un agencement des pulsions sectorielles du Moi en quadrillage unitarien du Moi, de ce Moi narcissique en terme d’unicité comme UN, originaire des pulsions fragmentaires en tant qu’acte d’Eros. Le Moi découvre ainsi au fond de lui-même sa satisfaction, voire un semblant d’auto – suffisance. Ce narcissisme primaire évolue à travers deux sens par rapport à l’objet de choix soit l’alter ego soit alter sans ego.
Le narcissisme peut négatif ou positif. Le narcissisme négatif se traduit plutôt par des sentiments qui avoisinent l’absence, l’inexistence comme s’il n’y a rien, voire le vide comme un incolore ou blanc, le désintéressement dans le sens de l’indifférence. A l’inverse le narcissisme positif permet une aptitude à être seul malgré l’existence de l’autre.
José Le Roy quant à lui attribut à Narcisse comme une erreur de perception le fait de s’identifier à son image vue à travers un miroir. De toutes les façons le miroir ne peut donner et renvoyer que le reflet de celui qui s’en sert. Tel est le cas, Bastien un enfant de six ans (6 ans). Un matin, il se regarde dans le miroir de façon très rapprochée. Son éducatrice s’en est aperçue ce jour là. Elle lui adresse cette remarque comme si elle lui demande s’il « regarde ses beaux yeux bleus ». Bastien, confondu se retourne et lui réplique « mais je n’ai pas les yeux bleus. » L’éducatrice lui pose alors la question sur la couleur de ses yeux mais Bastien ne sait que dire. Mais il accepte de répondre que ses yeux sont de couleur bleue. La suite est plus qu’étonnante car Bastien a intériorisé le propos et le prend à cœur. En -est-il convaincu ? Mais le fait est là : il a mis des jours à communiquer à ses copains et à son entourage jusqu’aux éducateurs « que ses yeux étaient bleus ». Bastien n’avait jusque là pas considéré l’importance de la couleur des yeux.
L’auteur va jusqu’à insinuer que les animaux quant à eux ne perpétrèrent pas de telles erreurs. Les petits enfants, inconsciemment, perçoivent la vie comme ils l’entendent dans le cadre d’une nature véritable et sans ambiguïté. Ils ne sont pas encore parvenus au niveau de l’identification dans le sens qu’il faut le comprendre pour le vrai individu. Si bien qu’ils parlent du moi ou du mien sans conviction. Les adultes par contre, bien que vivant dans un cadre de leur vrai nature, se reconnaissant comme individus pleinement construits, distinguent bien le sens du moi et du mien. L’éveillé, comme le dit l’auteur, toujours vivant sa nature initiale arrive à reconnaître son apparence à travers le miroir, néanmoins il la perçoit sélectivement.
La vraie nature humaine, selon lui, est constituée par la première personne du singulier en terme de « je suis », et ce serait mal fondé d’utiliser le Soi car c’est classé en la troisième place. Le mode de pensée le plus exemplaire dans le cadre de cette vrai nature se résume en ces termes : « Je suis génial, je suis fort, je suis au dessus des autres, dans le haut du panier « … – « le seul qui », « le premier à, « l’unique capable de », « le meilleur pour » , comme le dit Marianne dans le Figaro en mai 2005 en page 21 .Le fait d’associer la Première Personne et la troisième personne devient un processus faisant référence à une dimension temporelle. Est- ce nécessaire ? Est-ce inéluctable ? Le « Je Suis »), Espace vide, exprime la vie dans l’état de Première Personne au sien du monde dans sa complexité et son étendue spatio-temporelle.
Le narcissisme, vécu dans les années 1970
La révolution culturelle va-t-elle apporter des nouvelles visions à l’égard du narcissisme ? Il n’est pas facile d’assister au changement qui complique la perception de la société et de tous les facteurs qui exercent des influences sur celle-ci. Les modifications ne se limitent pas aux valeurs véhiculées dans les entreprises, ou dans les usages dans le monde du travail en matière d’organisation de temps, ou même les objectifs poursuivis par les agents économiques. La société contemporaine se décrit par des traits caractéristiques plus pessimiste où la culture du moi à l’intérieur de laquelle, l’individu tente de se blottir sous la façade de développement personnel qui vire à l’individualisme.
Ce sont les américains du Nord qui sont les plus concernés. Clôturés dans leurs activités personnelles, ils ne prennent pas le temps d’apporter des améliorations dans leur façon de vivre. Tout le monde se replie sur lui-même en vivant seul ses propres émotions et problèmes personnels. Le seul plan de la vie où la notion de collectivisme apparaît est le souci du diététique. A part cela, ils sont préoccupés à vivre l’instant au sens du collectivisme oriental.
Cette attitude et comportement semblent s’incliner sur des valeurs et pratiques religieuses. Et ayant réfuté ce point de vue Chrystopher Lasch s’exprime en soulevant les dangers qui puissent en survenir. Et d’une façon plus détournée choisi, au contraire de innocenter le narcissisme en ces termes : « Puisque la société n’a pas d’avenir, il est normal de vivre pour l’instant présent ».Dans cette optique, le narcissisme devient, selon toujours Chrystopher Lasch « une mentalité de survie ». Et dans les circonstances actuelles, c’est un relatif à un souci thérapeutique. Il ne s’agit pas de trouver le salut, il s’agit de chercher une sécurité d’ordre psychique, et aussi une meilleure santé. Dans ce même optique, c’est chercher momentanément un mirage de bien être au sein d’une vie en société, où règne l’indifférence et la surveillance. Il ressort de ce qui précède que le narcissisme se présente en tant que réactions virtuelles et évidentes de l’individu face aux difficultés issues des conditions imposées par la sociétés. Ces répercussions affectent ‘individu en lui attribuant des suites psychiques de natures primordiaux et préoccupants. D’où deux types de narcissisme au point de vue psychologique d’une part et dans le sens pathologique du terme d’autre part.
Douglas Harding évoque dans son livre intitulé « S’éveiller à la Vacuité » les quatre étapes de la vie :
- -le stade de nouveau –né ;
- -le stade de l’enfance
- -le stade d’adolescence
- -le stade d’éveil
Le stade de nouveau –né selon l’auteur ^rend le sens de « une Non-Chose ».Il est dépourvu de figure et reste encore tout petit, trop petit pour concevoir le monde. Mais cette présence informe évoque inconsciemment la Première Personne.
L’enfance matérialise la deuxième étape de la vie. C’est un stade considéré comme étape sacrée où l’enfant n’est pas loin de sa nature initiale. Cela se manifeste dans le cadre du jeu, seul, il se sent encore difforme et illimité. Il est encore disponible en tant qu’ « Espace infini » à recevoir des formes encore hétéroclites, d’autres couleurs ainsi que bon nombre de faces. N’ayant pas pris identification à son image renvoyé par le miroir ce petit enfant, garçon ou fille s’avère être émancipé du regard d’autrui. N’empêche qu’il commence à un éveil très léger de sa conscience d’être le petit garçon de son papa ou la petite fille de sa maman.
- la troisième étape, soit l’adolescence, est une étape plus démarcative. En effet, à ce stade l’enfant commence dépasser « sa vraie Nature » et entame le processus d’identification totale à ce qu’il montre, vu de près. Douglas Harding explique ainsi cet emprisonnement : « Mais à mesure que l’enfant grandit, cette idée acquise de lui même vu de l’extérieur en arrive à obscurcir et finalement à éclipser sa vision naturelle de lui-même vu de l’intérieur. En fait, c’est comme s’il devient plus petit face à un monde plus grand qui l’engloutit. Si au commencement, il a eu l’air de contenir son monde dès lors, c’est l’inverse c’est le monde qui le happe, lui ce qui lui reste. Ainsi, toute tentative de description de son état, se résume au cas échéant à ce stade, en son acceptance et à soumission à tout ce qu’il lui est dit. Il quitte alors la notion de « Première Personne ».
Les résultats qui en découlent sont de plus en plus affligeantes. Après avoir été le Tout dans son état de Première Personne, il est réduit dans son adolescence à ne représenter que la petite fraction négligeable au sein d’un monde de plus en plus vaste et grandiose à ses yeux. La prise de conscience d’une telle contradiction dans le sens de son abaissement exerce une influence malheureuse à son comportement. Il se rend craintif jusqu’à se replier sur lui-même. La fatigue, la haine, la convoitise, sont les expressions de cette perturbation subite qu’il subit. Pour l’adolescent, c’est un stade de souffrance de perte de confiance, de malheurs de toutes sortes. Il n’est pas le seul à en souffrir car même son entourage se voit perturbé et gêné durant ce stade difficile.
Réduit à être installé à côté de sa personne même, en ex-centrique, parfois comme étranger à sa propre personne , l’adolescent perçoit que rien ne ou que tout va mal. Le plus grave, c’est qu’il existe des personnes qui n’arrivent jamais à s’en sortir et résident perpétuellement en ce stade jusqu’à ce que vie passe.
– La quatrième étape se distingue par l’éveil comme étant la phase de sortie de l’identification avec ce que veut entre. L’individu assiste à une délivrance de la conscience. Le sujet dépasse toutes les frontières imaginaires et parvient à retrouver un « Espace d’accueil » de nature infinie. Douglas parle de « Totalement non-mystique » en termes plus populaire .En fait, c’est une expérience vécue par l’individu, de manière radicale et rigide, comme c’est tout ou rien, sans qu’il y ait de compromis ou de hiérarchisation de vision. La délivrance arrive instantanément et de façon totale. Ensuite il s’agit de rendre cette façon de voir comme constante permanente et naturelle. Cette la partie de développement semble vraiment contraignante comme labeur. Cependant
L’éveil est donc une étape très importante de la vie d’un individu. Il correspond à une phase de la vie dans le sens d’une redécouverte subite de la « Première Personne » et il entame un affranchissement de l’attention sur l’extérieure en tant que regard posé sur moi-même. Il est libéré de la façon dont les autres le voient.
Le complexe narcissique prend une autre dimension vers 1981 à travers la parution de Robert Laffont en version française .Ce fut vers la fin du vingtième dans le cadre des recherches sociologiques que la notion de narcissisme refait surface. A cette époque, il agresse la scène politique, à titre d’admonestation marquant la fin de siècle, tandis que le vingt et une nième siècle s’annonce à peine. L’auteur révèle la nécessité d’analyses plus approfondies avant d’utiliser la notion « d’individualisme ou le repli sur une sphère privée », en raison de la polémique.
En se référant aux définitions du terme narcissique et notamment dans les paragraphes concernant les causes jugées profondes du narcissisme en terme éducationnel et d’ordre affectif dans des mesures inadaptées, les propos de Christopher Lasch , professeur à l’université de Rochester,dans la discipline histoire (1932/1994), semblent pertinents. En effet la complication du narcissisme actuel reflète l’expression de la société actuelle. Il fait référence et inventorie les quasis sources de l’évolution du narcissisme. Telles en sont les pratiques et mœurs apathiques, le système éducationnel apparemment instable et changeant, la facilité de la vie conséquence de la recrudescence technologique de notre époque ainsi que bon nombre de thématiques. Ces dits éléments de complication du narcissisme actuel portent l’empreinte des informations superficielles, et surtout la marque de vouloir détruire certains idéaux sociaux comme étant causes des difficultés et problèmes actuels. Jean Claude Michéa en a parlé dans son préface dans « Pour en finir avec le 21e siècle. »
Un risque de confusion s’insinue entre individualisme et narcissisme selon l’auteur et parler de nouveau narcissisme ne s’éloigne pas du terme individualisme .Cependant, ce qu’il ne faut pas oublier c’est que le narcissisme intègre de manière profonde l’amour de soi et l’allusion de la haine envers autrui dont les chapitres sur les manifestations du narcissisme fait étalage. Dans les circonstances actuelles et au point où nous en sommes, le Narcissisme agit sur un société de confusions des règles et lois ,du terrorisme, de la maximisation du profit, de manipulations des consommateurs par des communications publicitaires à outrance. Il faut assister à une société au sein de laquelle, tout le monde s’efforce de survivre quelque soit le prix à travers des conditionnalités plutôt dangereuses et futiles parfois imprévisibles. Le besoin d’élaborer des stratégies en vue de survivre évoque les exigences à la manière prolétarienne. Cette approche semble incomber les responsabilités partiellement à des incapacités au niveau de la politique même, la jugeant incliné en faveur de l’individualisme. Donc, le narcissisme dans sa forme actuelle s’aligne au même titre qu’ « une stratégie de protection »
Chapitre 3. LA MANIFESTATION DU NARCISSISME
Le narcissisme s’exprime par le comportement de l’individu dans la vie en société. Comme il a été défini plus haut, le narcissisme se base sur la valeur que l’individu attribut à lui-même. Le narcissisme peut prendre trois formes. Ce sont les traits de caractères des victimes qui permettent de faire les distinctions.
-Le narcissisme sain est un terme usuel dans la mesure où fait référence à son aspect positif dans le cadre de l’amour propre. Il aide à retrouver l’identité de la personne et la propulse ainsi à se dépasser pour acquérir un niveau meilleur .Il peut aussi être un facteur qui ouvre le sujet à l’amour.
-A l’inverse, le Narcissisme mauvais voire pervers et pathologique se décline en une distorsion ironique de l’état sain. Extérieurement, ces narcissiques, poussés par l’accès d’amour de soi et de leur orgueil quitte à’exclure tout obstacle à leur but cynique. Ils se considèrent en suprême et veulent à tout prix identifier leur absolutisme, leur idée omnipotente, leur pouvoir voire puissance sans égales à un semblant du tout puissant. Se sentant au dessus de la loi, le narcissique pervers s e permet de tout jusqu’aux actes les plus morbides .Ils sont de nature à exploiter leurs relations interpersonnelles étant dépourvu du sens de l’empathie
En effet, comme il a été annoncé dans le début du chapitre, il y a le bon narcissisme, le mauvais narcissisme, et un niveau intermédiaire entre les deux extrêmes soit le narcissisme pathologique.
-le bon narcissisme :
Il est appelé aussi narcissisme sain .Il est basé sur l’amour de soi et une estime saine et équilibrée de soi, pourvu d’une santé mentale convergeant vers la confiance en soi.
-le mauvais narcissisme par contre fait état d’un excès de l’égoïsme. Il existe donc des particularités de comportement qui font de l’individu narcissique un pervers.
-le narcissisme pathologique désigne une position intermédiaire entre les deux notions. Par conséquent, il n’est ni bon ni mauvais et oriente plutôt ses attitudes vers l’autodéfense. Néanmoins, il faut le reconnaître que le coté mauvais pèse plus lourd dans son comportement par rapport au coté bon .Dans ces conditions, il ne s’avère pas prépondérant de le scinder du mauvais narcissisme tout au long de l’étude.
Le Narcissisme présente un immense éventail d’attitude et comportements. Si l’on reporte sur une échelle comportant dix niveaux d’évaluation, (1 à 10), le Narcissisme sain occupe le bas de l’échelle. Le Narcissisme pathologique, appelé aussi individu en désordre de personnalité oscille entre les deux bouts en allant plutôt vers le dix. Tandis que de Narcissique pervers se trouve perché à la partie haute de l’échelle soit au 10.
Le chapitre qui suit cherche à approfondir les traits de caractères qui particularises ces individus narcissiques dans la vie personnelle ou dans le vie en société c’est-à-dire dans le milieu ordinaire, comme en classe, en milieu professionnel, en vie de couple.
Le narcissique peut-il avoir une vie normale ? C’est la question à laquelle il y a lieu de répondre à travers ce chapitre. Il est aussi important de connaître l’avis des victimes de leurs actes. Cependant, les grands auteurs n’ont pas ménagé leur force pour y apporter de la lumière.
La première section analyse le narcissisme sain en approfondissant son origine et ses causes profondes. De même, la section introduit la notion de système immunitaire émotionnel, et enfin il s’agit de voir l’aspect de son interaction avec l’intelligence émotionnelle du narcissique en question.
La seconde section par contre parle plus en détail des actions perverses que manifeste le narcissisme. L’analyse se fonde sur les approches des grands auteurs et surtout à partir des manifestations externes de la pervertie du narcissique.
En effet, des cas de personnes d’apparence malade sans qu’il y ait de processus permettant de qualifier la maladie, se présentent souvent. Ce sont des personnes qui se plaignent de douleurs physiques ou émotionnelles,manifestées par des dépressions soudaines ,des aversions sans cause ,de la peur morbide,des répulsions incompréhensibles, des insomnies répétées, et même des gains de poids inattendus. Des cas plus graves risquent de se révéler dans des vouloir se suicider. Quels en sont les mobiles ? Ces patients se présentent la plus part du temps comme frappés d’une nervosité excessive, s’agitent beaucoup, et semblent désempares comme s’ils se trouvent devant une situation embarrassante, qu’ils ont besoins de la cacher car elle fait honte.
Ces cas concernent les femmes plus que les hommes .Pourquoi cette discrimination ? Ces patients sont victimes d’un accès de furie brusque avec violence parfois pouvant se décliner en assaut.
Quelles ont été les circonstances réelles ayant réduit ces patients dans cet état de santé et qui les ont poussé à extérioriser de tels comportements ? Plusieurs symptômes peuvent être semblables. Mais il s’avère primordial de faire une identification approfondie car ils risquent de provenir d’une situation de « victimes de Narcissiques ». Donc, ces patients cherchent de l’aide.
Section 1 : LE NARCISSISME SAIN
Origine du narcissisme sain
Le narcissisme sain prend sa source dans le processus de développement psychologique de l’enfant. Ce qui implique le besoin de connaître la notion de source du narcissisme sain de l’enfant au niveau de son évolution psychique dès le premier âge.
Selon Wallon, dans le cadre d’étude en psychologie de développement, il faut distinguer plusieurs étapes par lesquelles passe l’enfant. L’identité personnelle de ce dernier se construit à partir d’expériences qu’il a vécues au cours de son existence. La base de son identification est son constituée par son propre corps. Pour se découvrir donc, il effectue des mouvements, de petites activités conçues comme jeux, et surtout à travers ses relations avec ses proches. Selon l’auteur, il est impossible de parler de personnalisme avant trois ans de vie de l’enfant. C’est donc une articulation qui rentre dans la construction de la personnalité de l’enfant plus tard. Il existe trois stades successifs à considérer soit
-la période d’opposition,
-la période de séduction
-la période d’imitation.
-La première période dite d’opposition concerne la classe d’âge entre trois ( 3) et quatre (4) ans environ. Cette période est pointée par les multiples oppositions produites par l’enfant. En effet, face aux sollicitations des parents et éducateurs adultes visant à la construction de son soi, l’enfant exprime des réfutations.
-La deuxième période désignée sous l’appellation de phase de séduction se situe entre 4 et 5 ans environ. Dans cette classe d’age l’enfant cherche à séduire ses proches environnants ; c’est ici qu’apparaît un début de comportement narcissique. Dans ces conditions, la construction du soi se fait non plus en terme d’opposition mais en pratiquant la séduction.
-La troisième période dénommée phase d’imitation se manifeste pour les enfants atteignant la classe d’age située entre 5 et 6 ans environ. Dans cette période, l’enfant recourt à l’imitation .Il acquiert aussi la notion différentiation. Il arrive donc à distinguer l’identique et le non identique. C’est-à-dire que l’enfant adopte un comportement ambivalent tantôt tournant à l’admiration tantôt virant vers une attitude de rivalité. Ce qui met fin à la phase du personnalisme. Il est donc évident de conclure que pendant la période entre 2 à 6 ans, l’enfant approche de l’expression allégorique au monde extérieur. C’est une période qui couvre d’imputation intense du Moi, à travers le refus au début, puis à l’exigence par la suite, et enfin par l’expression du soi. Dans la plupart des temps ces attitudes sont perçues dans les jeux de l’enfant à la maison ou dans les crèches, comme des jeux de cubes, de construction, autres jeux symbolique et bon nombre de jeux éducatifs.
Néanmoins, certains risques sont encourus par l’enfant. Il vit une période dans laquelle, il est vulnérable et très susceptible. Les actes de plaisanteries proches des moqueries ou critiques lui sont défavorables et bloquent le développement normal de sa personnalité .Il en est de même pour les incidents relativement majeurs qui peuvent impliquer une certaine dévalorisation à son égard. D’ailleurs Alfred ADLER, parle d’un âge cet âge au cours duquel risque de s’instaurer « les complexes d’infériorité et de supériorité compensatrice ». Dans le cas où le milieu au sein duquel il évolue s’avère être « suffisamment bon » comme le dit BETTELHEIM, il appose des stries à l’enfant, sans trop le tourmenter. Mais si au contraire ce milieu est relativement moins bon, l’enfant risque de se bâtir une identité plutôt négative et tachée du doute de soi -même ou d’une honte.
Le narcissisme sain comme éléments structurels du soi
Si Sigmund Freud, dans son analyse en matière de psychologie, décrit le narcissisme sain comme synonyme de la notion d’estime de soi, selon Donald Winnicott, les choses en sont différentes et il insinue une nuance à soulever. Il dit qu’Une condition sine qua non de l’épanouissement de l’enfant est l’évolution de son « Narcissisme sain ». Il voit le narcissisme sain comme « ce qui permet à l’individu de se respecter tout en étant capable de maintenir une bonne relation avec le monde extérieur ». Pour lui, ce narcissisme sain s’instaure du moment que l’enfant commence son existence. Il construit par lui-même petit à petit sa personnalité comme un individu au sein de l’image qu’il se fait de lui-même à travers son narcissisme. Le développement de l’enfant se fait avec la contribution de son narcissisme pour l’affirmation de son soi. Selon Donald Winnicott, ce pédiatre anglais, conçoit la construction identitaire en liaison étroite avec les applications de la première enfance. Il existe trois stades relatifs au développement du Soi qui se rapportent au narcissisme sain. La construction identitaire résulte alors de l’interaction de trois processus, à savoir :
– « l’encrage de l’image de soi sur la transformation corporelle »
– « l’investissement narcissique du sujet »
-« la construction d’un « idéal du moi ».
Donald Winnicott indique que si le petit enfant n’a subi aucune blessure, il se croit être considéré comme « bonne personne ». Ce qui implique de sa part d’intérioriser déjà un semblant d’identité puis un sentiment du Soi.
La structure psychologique de l’enfant comprend les reflets des éléments avec lesquels il est en contact de façon permanente. C’est donc à partir des facteurs environnants proches que cet enfant se construit une image de lui-même. Plusieurs éléments rentrent dans ces conditions en ligne de compte tels le comportement de son entourage, ce qu’il voit que ses proches font, ce qu’il entend de la part de ses éducateurs disent , donc ce que l’on veut qu’il croit. De même, plus tard, cela l’aide et l’influence dans la sélection de ses relations sociales ou sa personnalité.
Le narcissisme sain joue par conséquent un rôle très important dans la construction identitaire de l’enfant. Par la même occasion il participe à titre de fonctions essentielles à l’élaboration de son estime de soi et de son image de soi
Reconnaissance de soi
Avant de pouvoir reconnaître et estimer ce qu’il est réellement, l’enfant doit passer par le stade primaire de connaissance de lui-même. C’est un processus évolutif dans le temps. Il se fait de façon progressive et lente, étape par étape, depuis la naissance de l’enfant jusqu’à sa soi-disant autonomie. Cette connaissance du soi s’intensifie à travers les relations que l’enfant établit avec son entourage et ses petites expériences personnelles à travers les jeux. Ce qui fait qu’il apprend non seulement à connaître le milieu au sein duquel il évolue mais aussi sa propre personne.
Ses expériences lui révèlent ses aptitudes physiques et émotionnelles et cela inconsciemment. Ce n’est que plus tard que l’enfant « se reconnaît par le pronom je », nécessaire quand il parle de lui-même. Il se reconnaît par là comme une personne à part entière et unique apte à se forger son identité. Vers 5 ans, la notion de sexe lui est devenue plus claire, c’est-à-dire par son corps, et il sait qu’il est une fille ou un garçon, base essentielle de son identité à l’occasion de cette reconnaissance.
L’Image de soi
La pries de conscience de soi se forme petit à petit au cours du développement de l’enfant. Selon Jacques LACAN, le corps joue un rôle important pour construire le soi et de son image chez un enfant. Il commence à bâtir son image corporelle dans l’espace. A côté de cela, F. DOLTO qualifie image propre du corps comme individuelle et personnelle à chacun. » (E. RIGON)
Pour DOLTO, il ne s’agit pas de parler d’image du corps comme une « donnée anatomique naturelle » Mais cette image se fait et se retouche tout le temps au cours de son développement. Elle distingue trois dimensions pour approcher la notion d’image du corps : « l’image de base, l’image fonctionnelle et l’image érogène ». Ainsi connaître l’image de soi pour cet auteur c’est connaître ses trois angles caractéristiques.
Cependant, dans le Dictionnaire de Psychopathologie de l’enfant et de l’adolescent il y a lieu de définir l’image de soi en tant que « support de l’identité, c’est à dire l’ensemble des représentations conscientes ou inconscientes que le sujet se fait de lui-même : image du corps, images spéculaires, représentations concrètes, mais aussi valeurs et propriétés qu’il s’attribue. » La connaissance de soi évolue vers un sentiment identitaire sur lequel l’enfant se réfère pour se reconnaître afin que son estime de soi puisse se développer. La connaissance de soi est une étape préliminaire à l’estime de soi.
Dans un dictionnaire médical, on peut lire « Healthy narcissism is a structural truthfulness of the self, achievement of self and object constancy, synchronization between the self and the superego and a balance between libidinal and aggressive drives (the ability to receive gratification from others and the drive for impulse expression).”
Pour parler du narcissisme, l’étude est toujours confrontée à des idées de représentation réelle et pertinente du moi et de l’accomplissement de l’individu ou d’objet. Il en est de même pour la notion d’optimisation entre le moi et le surmoi ainsi que les questions d’ordre libidinales et la maîtrise des pulsions. Il ambitionne un intérêt réaliste et stable ainsi que des objectifs de vie. Il élabore une sorte de principes de vie qui forment un panel de valeurs qui inspirent l’individu.
A partir de tous ces éléments, l’individu définit ses relations avec les objets. Le caractère de noblesse est une notion proche du narcissisme sain. Ce caractère sert généralement à compenser le sentiment d’infériorité ou l’impression de manque que l’individu peut tout au long de sa vie. Le narcissisme sain permet à un individu d’accepter sa juste valeur. En effet, si certaines personnes passent de longues heures à se contempler devant le miroir, d’autres, trop déçues de leur apparence, refusent catégoriquement de regarder son reflet et préfèrent vivre dans une connaissance vague de sa personne. Le narcissisme sain qui garantit la santé psychologique est indispensable dans le développement normal d’un individu en jouant le rôle de médiateur entre la santé psychologique et le narcissisme car il intervient dans l’immunisation de la psyché.
Le narcissisme sain comme système immunitaire mental
Le narcissisme sain, appelé en anglais « Healthy narcissism » est considéré comme une autre dimension du narcissisme. En se référant aux analyses de Ronnie Solan, il s’agit d’un système immunitaire d’ordre émotionnel dédié à la préservation du bien-être et de l’intimité du sujet face à l’invasion de petites différences selon Sigmund Freud (1929-1930) ou de sensation étrangère, d’après Solan (1998). Ce système immunitaire qui agit au niveau de la psyché d’un individu oscille entre une vigilance et un sentiment de vulnérabilité, quand un étranger approche, et un sentiment de bien-être, étant face à une situation familière. Ce système est naturel et chacun en est doté.
Au cours de l’enfance, tout ce qui peut être familier attire alors que tout ce qui est perçu comme étant étranger qu’il soit extérieur, comme les autres personnes, le monde ou que cela concerne toute substance pathogène immiscée à l’intérieur au corps. Ce qui semble étranger au corps est intolérable et souvent rejeté, comme le cas d’un fœtus dans le ventre de sa mère. Par analogie au système immunitaire biologique, l’immunité narcissique fonctionne de la même manière. Bien que des personnes proches se montrent et sont acceptées comme étant familières par le moi, des risques de blessures émotionnelles paraissent inéluctables car elles restent des personnes séparées du moi.
Le narcissisme sain opère une sorte de base de données en y inventoriant les connaissances (parents, amis, familles éloignés, collègues…) en séparation avec ce qui parait inhabituel et étranger. A partir de cette base de données narcissiques, la personne va essayer de capitaliser ses expériences et soigner les blessures et les douleurs qui relève du psychisme. Le narcissisme sain déclenche le processus d’immunisation en effectuant une stabilisation et une restauration de l’intégrité, de la résistance, de la puissance et de la cohésion du moi. Il intervient également dans la réparation des relations avec autrui bien que l’altérité soit admise.
Le fonctionnement inadéquat ou une altération dans le processus narcissique peut amener à une réaction dévastatrice. D’une manière plus concrète, la personne qui ne maîtrise pas son narcissisme sain risque d’être rancunière et garder ardemment ses irritations et ses colères vis-à-vis d’autrui. Il réagit de manière défensive face à l’approche de personnes qui tendent à l’aborder sans arrière pensée et sans motivation malveillante. Des répliques agressives peuvent s’ensuivre malgré le fait que la personne lui soit déjà familière, voire chère. Cette forme de narcissisme peut devenir un narcissisme pathologique s’il se complique. Ce qui le conduira à un trait de personnalité immature, vulnérable et fragile, associée à des phénomènes pathologiques graves.
Des études montrent que le narcissisme sain est bénéfique pour chacun. En effet, ses activités en sauvegarde et en vigilance participent réellement dans le perfectionnement de l’intelligence émotionnelle en intervenant dans la capacité d’adaptation, le renforcement de la curiosité, l’exploration de l’environnement, l’amélioration de la sensation de joie de vire et le processus de changement ainsi que l’intelligence relationnelle.
Le narcissisme sain peut être considéré comme étant très proche de l’amour de soi. Deux points peuvent constituer des différences entre ces deux notions. Ces différences se font constater au niveau de l’empathie et au niveau de l’aptitude à distinguer la fantaisie de la réalité. La capacité à ressentir une empathie constitue une condition sine qua none à l’entrée dans la vie adulte et la maturité en amour.
Pour analyser la vie amoureuse de la personne narcissique, il est important d’étudier ces deux dimensions du narcissisme sain nécessitent une attention particulière.
Le narcissisme a du mal à éprouver un amour propre car il est perdu dans son amour pour son image. Cette perception biaisée de sa personne entame alors à ses sentiments car il ne se connaît pas et parvient difficilement à estimer sa propre personne. Tantôt, il le surévalue par rapport aux autres tantôt il le sous évalue dans une circonstance précise. Ce qui aboutit à un problème d’identité. Le narcissique épris de son image a du mal à accepter ce qu’il est réellement. Il n’admet pas ses défauts et vit constamment dans son monde en refoulant la réalité. Il préfère son reflet, qu’il projette sur les autres et que les autres finissent par admettre.
Pourtant, celui qui ne s’accepte pas, n’aime pas convenablement son moi ne sait pas aimer les autres. Car l’amour du moi constitue une condition préalable sine qua none à l’amour pour les autres. Le fait d’aimer de manière inadéquate son moi risque de biaiser la vie relationnelle d’une personne car elle sera démunie d’une vraie intimité. En parlant de narcissisme sain, il est important de faire la différence entre la confiance en soi et l’égocentrisme. Le narcissisme sain tend à développer et à renforcer la confiance en soi et l’estime de soi. Il n’induit pas systématiquement à un égocentrisme.
La confiance en soi repose essentiellement sur la connaissance véritable de ses capacités et ses forces ainsi que ses faiblesses et les admettent. Par contre, l’égocentrisme est fondé sur une perception biaisée de sa personne, donnant lieu à un narcissisme mauvais, voire pathologique. Voulant être au centre de tout intérêt, la personne qui est qualifiée d’égocentrique accapare via des communications prétentieuses et mensongères pour conforter l’image qu’elle veut que les autres acceptent, image souvent différente de la réalité et embellie selon sa façon de voir le monde et sa personne.
Freud dit que le narcissisme sain est indispensable au bien-être, à la joie de vivre et au sentiment de plaisir ressentis par chacun. Ce narcissisme sain est aussi à l’origine de la motivation et de l’enthousiasme pour accomplir des actions, pour relever un défi, pour se sentir bien dans la peau, ou pour simplement conquérir la faveur des autres et recevoir des compliments de la part d’autrui. Le bon narcissisme peut alors constituer des sources d’énergie pour la personne qu’elle puisse disposer d’une haute morale dans son travail et sa vie amoureuse. Face à des déceptions ou des échecs, c’est le narcissisme sain qui essaie de l’aider à se relever et ne pas se plonger dans état dépressif.
Dans la base de données des expériences, le narcissisme sain fait monter en surface les expériences de réussite à travers lesquelles l’individu est passé et qui reflètent ses forces et ses valeurs profondes. Le fait de penser à ces événements gratifiants permet à l’individu de se ressourcer et de retrouver la force morale qui l’animait dans ces circonstances. Les sensations déprimées face à des fiascos et des ruptures amoureuses n’ont rien d’extraordinaire dans la vie d’une personne. Elles garnissent la vie, tout comme les moments de réussite professionnelle et des instants inoubliables amoureux.
Pourtant, il faut tenir compte du fait que la nostalgie, la tristesse ou encore l’angoisse peuvent découler d’une fluctuation hormonale et des événements de la vie. Le narcissisme sain permet alors de vivre intensément le moment de plaisir et de bonheur. Il peut aussi donner des forces pour passer outre les obstacles de la vie, pour surmonter les problèmes et les situations douloureuses de la vie ainsi que les coup de blues au cours de l’adolescence ou la ménopause.
Le comportement sain et normal se caractérise par un état stable et diversifié, qui bien que difficile à définir exactement, est circonscrit dans des limites relativement imprécises, qui peuvent être franchises par le sujet. Face à une situation exceptionnelle nécessitant compromis, concession ou accommodement, dans une circonstance de nécessité, ou dans les cas de force majeure, des comportements anormaux peuvent faire surface. Ces agissements sont souvent acceptés à condition qu’ils respectent les valeurs de l’individu. Ils sont par contre inconsciemment refoulés dans le cas contraire.
La tolérance et la compréhension interviendront alors pour rétablir l’équilibre et la dissonance cognitive qui trouble l’individu. Sigmund Freud évoque que l’esprit construit un surmoi en capitalisant les expériences vécues, vues ou entendues ainsi que les textes règlementaires et préceptes qui régissent la société pour l’harmonie et le bien-être de tous. Le surmoi sera façonné alors progressivement et intègre ces paramètres pour que le sujet se sente bien.
Le psychologue spécialisé en psycho dynamique Marion Soloman stipule que chacun de nous fonctionne moyennant un noyau de narcissisme avec une vue focalisée sur l’individu. Ce noyau est indispensable pour le bon déroulement de la vie de chacun et pour sa survie. Il admet également qu’il est tout à fait normal qu’un peu d’égoïsme soit présent en chacun. Il fait référence à l’autoconservation, un instinct naturel au fond de chaque individu. Mais si cet égoïsme prime au détriment d’autres vertus, l’individu vivra mal dans la société.
D’autres points de vue sont proposés par divers auteurs.
Interaction du narcissisme sain et de l’intelligence émotionnelle
A l’instar du Docteur Nina Brown, elle prévoit que le narcissisme sain d’un adulte est caractérisé par un sens de l’humour, de l’empathie, de la sagesse, de la créativité et un sens prononcé de responsabilité. Un adulte ayant un narcissisme sain est aussi capable de développer et de maintenir une relation intime satisfaisante avec son partenaire. Il fait preuve d’altruisme. Pour cet auteur, ce trait de personnalité est très important pour la vie amoureuse et professionnelle d’une personne. Cet auteur ne limite pas sa vision du narcissisme sur l’égoïsme ou l’auto conservation comme le voit Sigmund Freud mais couvre d’autres dimensions cognitives et affectives.
Son point de vue se penche beaucoup plus vers la considération du narcissisme sain comme faisant partie de l’intelligence émotionnelle et l’intelligence relationnelle. L’intelligence émotionnelle fait référence à « l’ensemble de facultés, d’aptitudes et compétences désignant la capacité d’un individu à comprendre les émotions et à les gérer, capacité ayant un impact sur la façon de répondre aux besoins et aux pressions de l’environnement. » Autrement dit, cette forme d’intelligence propose 5 dimensions qui sont l’aptitude pour les relations sociales, la maîtrise de soi, la motivation, l’empathie et la conscience de soi.
En ce qui concerne la conscience de soi, qui est la possibilité d’avoir conscience de ses propres états d’âme et de ses sentiments et leurs conséquences sur les autres. Contrairement aux individus atteints du trouble de la personnalité narcissique qui ne peut pas imaginer l’impact de ses harcèlements sur les autres car ils manquent d’empathie, le narcissique sain parvient à évaluer ses actes et il est en mesure de comprendre ce qui se passe réellement en lui et sur les autres. Si le narcissique maladif est perdu dans les images, il ne peut pas connaître ce qui est vraiment dans la réalité.
La motivation désigne l’aptitude à préserver à la suite d’un fiasco, un échec ou un revers, l’enthousiasme pour le passage à l’action pour des raisons diverses comme l’ascension sociale ou l’argent. Le narcissisme sain intervient dans cette dimension en la renforçant et en rendant favorable l’atteinte des objectifs de l’individu. Le narcissisme sain conforte la motivation pour que la personne passe à l’action malgré l’apparition d’un obstacle ou après un échec. Ce point de vue du docteur Brown converge avec celui de Solan qui évoque que le narcissisme sain guérit l’état d’âme d’une personne face à une situation malencontreuse.
Pour ce qui est de la maîtrise de soi, défini comme étant la « capacité à maîtriser, canaliser et gérer ses propres émotions et impulsions », il est important de souligner que le narcissisme sain est à l’opposé du narcissisme pathologique dont la rigidité est trop forte et ne peut pas déployer et retourner à la guise de l’individu la libido. Autrement dit, le narcissique sain peut gérer ses tendances du moi et ses tendances sexuelles. Il peut investir volontairement ses pulsions sexuelles sur un objet quand cela est nécessaire et la replier verse le moi quand la situation l’exige.
L’empathie ou « capacité de sentir ce que ressent autrui ; aptitude à traiter avec les autres en fonction de leurs réactions et de leurs émotions » est une vertu importante dans les relations avec les autres. C’est un élément qui manque aux personnes souffrant du narcissisme qui ont tendance à manipuler les autres sans savoir que ces derniers peuvent en souffrir. Le narcissique sain par contre est en mesure de comprendre les autres dans leur moi plus profond et il parvient à se mettre à leur place. Avec un altruisme, comme l’affirme le docteur Nina Brown, il peut taire ses propres besoins en faveur de ceux des autres.
Si l’aptitude pour les relations sociales fait référence à la « capacité de gérer les relations avec les autres et à établir des liens, l’aptitude à trouver des terrains d’entent et construire des relations », force est de souligner que ce trait de caractère constitue un axe de distinction entre un narcissisme sain et un narcissisme pathologique. Le premier privilégie la relation et l’importance de l’autre sans sacrifier sa personne alors que le dernier est souvent préoccupé par son image, ses intérêts ainsi que son émergence du lot. Le premier admet une relation d’égalité tandis que e dernier opte constamment pour la comparaison et la compétition dans toutes les relations que ce soit amoureuse, amicale ou professionnelle. Raison pour laquelle, comme le note le DSM-IV, 50 à 75% des narcissiques pathologiques sont des hommes car ces derniers sont de nature compétitive.
Pour le docteur Sandy Hotchkiss, le narcissisme sain désigne un sens réaliste de moi qui est fondé sur des atouts réel inhérents à ce moi, et une confiance dans la perception des risques et dans la pérennisation des efforts pour l’atteinte d’un objectif et d’un but. Ceci rejoint le point de vue du docteur Brown car le fait de renforcer les efforts peut être synonyme de la motivation. Le sens réaliste de moi peut également désigner la conscience du moi étant donné le fait que la connaissance et la compréhension du moi constituent une vision exacte et non biaisée du moi. Donc, on peut dire que la définition de Hotchkiss est très proche de celle de Brown.
Le docteur Elsa Ronningstam avance qu’elle perçoit le narcissisme sur un continuum de démence. Les deux cas extrêmes sont marqués par le sain narcissisme et par la psychopathie. Les positions intermédiaires sont jalonnées par le narcissisme pathologique et le trouble de la personnalité narcissique. En parlant de narcissisme sain, cette auteur évoque des cas tout à fait normal pour l’occurrence du narcissisme sain qui est caractérisé par l’attitude auto protectionniste, l’estime de soi et la capacité de prendre soin de soi sans pour autant virer dans une vision idéaliste et biaisée de soi. Le docteur Ronninstam rappelle que dans des circonstances de stress et des situations imprévues, l’estime de soi peut prendre une réaction qui frise l’extrémiste. Toutefois, cela se stabilise progressivement car cette réplique est temporaire.
L’auteur de l’ouvrage « Candle In the dark » Heinz Kohut a une définition du narcissisme sain en disant que qu’il s’agit de l’apparence d’un fort, cohésif et vital effort, associé à des idéaux et des ambitions dont un individu fait preuve pour le plein accomplissement de ses talents et de ses aptitudes ainsi que de ses compétences. Ce narcissisme sain amène à un développement mental normal de l’individu et l’aide dans les situations malencontreuses et urgentes pour mieux les affronter. Ce même auteur parle également de la capitalisation des expériences de l’individu par le narcissisme sain comme le voit Solan. Pour l’auteur, le narcissisme sain permet à l’individu d’éviter la réitération des événements passés qui paraissent inacceptables ou douloureux car l’individu.
Une équipe dirigée par Kernberg et Lubit, étudie le narcissisme et affirme que le narcissisme sain est une représentation convenablement intégrée de soi et des autres, à l’inverse du narcissisme pathologique qui est une structure intrapsychique instable et asymétrie où la représentation de soi est excessive, il s’agit d‘une pathologie destructive caractérisée par un problème de relations avec les objets. Ce point de vue met en lumière une opposition entre les deux narcissismes. Otto Kernberg, dans son ouvrage « The seeds of self » évoque que le narcissisme sain un élément bénéfique pour l’homme car il constitue une source de joie de vivre et un épanouissement sexuel ainsi que l’érotisme. De cette source découlent aussi une agressivité saine ou enthousiasme, l’amour et l’intimité. Aucune contradiction n’est perceptible entre l’orientation spirituelle et le narcissisme sain alors que multiples divergences se font constater entre la spiritualité et le narcissisme anormal.
Pour Lynn Namka, comme pour la communauté psychanalytique, la definition du narcissisme sain est Claire « Healthy Narcissism is the ability to have reciprocal relationships where the need of each of the partners is balanced with the needs of the other. »
Un continuum peut être dressé pour évaluer l’importance du narcissisme et la co- dépendance. Les deux cas extrêmes sont marqués par la volonté et le besoin excessifs de recevoir d’une part et de donner d’autre part dans le cadre d’une relation avec les autres. Le narcissisme sain est alors un arbitrage optimal du besoin de donner et recevoir, une optimisation des besoins de l’individu avec ceux des autres. Cela implique une utilisation optimale d’une communication appropriée. Le narcissisme sain n’est autre que l’aptitude à disposer d’une quantité convenable d’égocentrisme, quantité qui à la fois permet d’acquérir la satisfaction des besoins d’un individu et d’accorder aux autres tout ce qui leur est besoin pour satisfaire leurs attentes. Il s’agit alors d’un arbitrage entre la capacité de donner et de recevoir.
Le narcissisme sain s’inscrit alors dans la loi de la réciprocité dans la mesure où la relation avec les autres se renforce avec des échanges et surtout par l’intermédiaire de la communication. Néanmoins, cette réciprocité n’exclut pas l’auto protectionnisme. Cela implique également que les échanges peuvent augmenter le niveau de savoir de l’individu et par conséquent apporter des changements dans sa vie et ses traits de personnalité. Alors, il est tout à fait normal que l’individu s’adapte et efface les modèles de comportement auxquels il est habitué et adopte de nouvelles normes de comportements plus adultes privilégiant le fait de donner que celui des recevoir. Ce comportement se trouve à l’extrême opposé de celui du pervers narcissique, qui ne pense qu’à sa personne et à ses avantages tangibles ou intangibles, qui ne s’inquiète jamais des autres mais se focalise consciemment ou inconsciemment que sur lui-même.
Section 2 : LE NARCISSISME PATHOLOGIQUE ET LE NARCISSISME PERVERS
De manière globale, les problèmes névrotiques portent atteinte aux rapports du soi et des autres structures environnantes. Tels sont les cas, à titre d’exemple, des restrictions et d’une privation pathologique concernant les emportements sexuels à cause de éreintements œdipiens non audacieuse. Ils se rabattent dans les rapports antagonistes entre le soi et les objets externes, les poussées outrancières du surmoi contre le soi, et une diminution du potentiel du moi. L’ensemble de tous ces facteurs exerce une influence importante sur les actions libidinales du soi.
Par la même occasion, l’instauration de apparences (patterns) pathologiques susceptibles de servir comme parades contre les conflits directs par rapport aux autres, et un rapprochement direct avec les élans œdipiens prohibées, défend la bonne marche du moi et du soi. Ces « patterns » apparences pathologiques soutiennent aussi l’estime de soi et exécutent alors une action narcissique.
Les malades présentant des interactions névrotiques et une pathologie du comportement sont tous considérés comme ayant des « problèmes narcissiques » : ils sont pathologiquement vulnérables pour son soi. Les traits caractéristiques pathologiques y jouent la fonction de protection et de défense. C’est la raison pour laquelle, l’exploration et la décision analytique les concernant impliquent une accélération des antagonismes et des frustrations narcissiques. Ainsi, il convient de découvrir combien, dans leur contenu, les expectatives et les fins du moi sont demeurées à un niveau infantile. Et cela comparativement à la maturité des espérances et des désirs narcissiques au cœur des zones moins équivoques du moi.
D’une manière générale, la poussée des rivalités vers l’agressivité amenuise la mise libidinale du soi ainsi que les objets internes et externes. Elle collabore au blocage ou au recul desdits conflits estimés de névrotiques souscrits dans le cadre du moi .Il faut parler ici d’un soi relativement bien intégré, et représentant une résurgence sérieuse de frustration et/ou de excentricité du narcissisme courant.
Plusieurs apparitions de troubles narcissiques se rencontrent cliniquement .Leur gravité varie d’un individu à l’autre. L’identification pathologique à un objet pathogène s’avère être la plus dure dans le cas où il s’agit d’une intériorisation de modèle qu’il cherche à associer avec des objets externes. Ce cas pathologie narcissique se voit auprès des agents, menant une vie intrapsychique dans le cadre de leur vie extérieure. Ils s’incorporent à travers un objet, aiment cet objet lequel symbolise leur soi (présent ou passé).
Selon Sigmund Freud la plupart du temps les homosexuels font de leurs objets d’amour les messagers d’eux-mêmes qui l’a induit à accepter la théorie du narcissisme. Il voyait les liens amoureux entre les homosexuels comme étant « narcissiques ». Il entrevoit des divergences entre l’amour de type « anaclitique » d’un objet représentant une représentation parentale caractéristique.
Une analyse plus approfondie de cette constatation, oblige à un retour sur les réquisitoires libidinaux à travers la relation d’objet. Ce rapport d’aspect normal avec un objet évoque une amalgame optimale de liens « objectaux libidinaux » et ceux appelés communément « narcissiques ». La participation des objets et l’investissement du soi dans le lien valorisant avec ces objets sont inséparables.
Toutefois, les « relations libidinale du soi » à un objet, peuvent être de nature relativement immature .A partir d’une soif d’amour enfantin, totalement anaclitique, relativement dépendante, jusqu’à un équilibre de type adulte, à travers un amour de soi mûr et responsable s’arrange un investissement plus ou moins mûr sur l’objet.
Certes, quelque soit son degré de maturité, qu’il soit adulte ou infantile, le narcissisme contient toujours une dimension proche du « centrage sur soi ». Mais l’investissement sur soi de narcissisme du type adulte normal vise toujours des buts, des objectifs ,des idéaux, des attentes .L’investissement sur soi infantile s’oriente vers des rêves exhibitionnistes, ardues et orientées vers le pouvoir.
Le comportement du narcissique
C’est surtout à travers le témoignage des victimes qu’apparaît la véritable personnalité du narcissique pervers
« 1. Il aime culpabiliser les autres pour des raisons d’ordre familial, au nom de l’amitié, ou de l’amour.Les causes professionnelles sont parmi son arme.
- Il n’hésite pas à rejeter a responsabilité sur les autres, en se dérobant des siennes
- Il se refuse de communiquer de façon nette claire et précise ni ses désirs ni ses demandes, ni opinions
- Il renvoie des réponses très souvent évasives de façon plutôt floue
- Il change pour n’importe quelles raisons, d’idées, de comportements, de décisions, de sentiments selon les personnes avec lesquelles il est en où les situations où il se trouve
- Il trouve des pensées logiques pour travestir ses demandes
- Il incite les autres à devenir irréprochables, à ne jamais bouleverser ou modifier les avis facilement, à acquérir du savoir pour faire face immédiatement aux requêtes et questions les plus difficiles
- Il aime remettre en question les vertus des autres leurs qualités, leur capacité, leurs aptitudes et surtout leur personnalité .IL favorise les opprobres les marasmes ainsi que les critiques des autres, mine de rien. Il dévalorise facilement les actions fastes et porte des jugements hâtifs et déplacés.
- Il utilise les autres pour ses fins méfiances, dans l’intention de scinder les groupes et les amis pour mieux commander personnelles en matière de messages.
- Il invente des discordes et sème les confusions
- Il se transforme en victime pour attirer la pitié des autres
- Il laisse de coté les demandes et feigne de s’en occuper
- Il se cache dans les fondements moraux pour satisfaire ses besoins
- Il intimide les autres de manière masquée, il arrive même à faire des chantages expansifs
- Il n’hésite pas à détourner les attentions et changer les sujets en pleine conversation
- Il esquive les entretiens pour lesquels il est dépassé soit en réunion professionnelle soit en réunion d’affaires pour cacher ses incapacités.
- Il profite de la méconnaissance des autres pour étaler sa soit dite supériorité
- Il ne trouve pas d’inconvénient à mentir
- Il proclame des idées fausses pour savoir la vérité
- Il demeure égocentrique
- Il attise une virtuelle jalousie
- Il ne tient pas la critique et réfute les évidences
- Il ne considère pas les prérogatives et les droits des autres. il se désintéresse des besoins des autres
- Il prend des décisions aux derniers moments pour ne pas donner du temps aux autres
- Son élocution semble logique ou harmonieux mais ses conduites concordent aux images contraires
- Il loue pour vous dompter, offre des cadeaux, ou fait l’intéressant dans le cadre de petits soins pour celui qu’il veut conquérir
- Il affecte un sentiment de agoraphobie ou de contraintes
- Il est habile pour arriver à ses propres objectifs mais aux frais des autres
- Il sait obliger sans contraindre
- Il devient source de discussions même en son absence
31 Il s’arme de manipulation dans le but de détruire sa victime
32 la désinformation et le mensonge sont les fondements de sa morale .IL se tient à sa façon au dessus de la loi
En fait il incarne la lâcheté dans toutes ses attitudes et cherche à démolir en toute impunité
Faisant semblant d’être sûr de lui, Imprenable, il sème la confusion et la peur à ses entourages et les empêche de se protéger cependant au cas échéant d’habitude ces gens se voient victimes du retournement des choses. Il se proclame honnête, en se disant faire du bien à autrui, mais il en est autrement. Il n’a jamais tort selon lui et ne admet jamais avoir fait des fautes. Toutefois s’il est pris au dépourvu, sur les faits, il se lamente point, n’émet aucune excuse et fait comme si de rien n’était. Pas de sentiment de culpabilité. Les manifestations de la perversité sont nombreuses et la liste est loin d’être exhaustive. Le blessé narcissique, n’est satisfait qu’après avoir anéanti son agresseur. L’observateur empathique ne comprend plus la signification de ses actes
Haine et agressivité
La haine fait partie intégrante de la vie du narcissique. Cette notion, en tant que mobile de toutes ses actions devient en quelque sorte un besoin au sens du désir à assouvir sans qu’il y ait jamais de satisfaction. Il n’arrive pas à aimer véritablement et au cas échéant, il ne s’agit que tromperie.
L’agressivité se manifeste par des impositions de ses idées et contraintes face à autrui. Pour dissimuler et parer aux douleurs, le pervers se sert de l’agression envers les autres. Les actes humanitaires sont pour lui des expressions de naïveté et de sensibilité, en termes de faiblesse. Ce qui ne l’empêche pas d’être fasciné et de respecter ceux qu’il reconnaît plus important que lui, plus riche que lui, et doté de plus de d’autorité et de pouvoir que lui.
PARTIE II : IMPACT DU NARCISSISME
Si le narcissisme à sa première définition par Havelock ELLIS (1898) s’identifie à une forme pathologique d’amour porté à sa propre personne, les études et recherches de spécialistes en la matière (tant de la psychologie que de psychanalyse) l’associent à une forme de perversion sexuelle, le considérant comme le comportement par lequel un individu traite son propre corps de façon semblable à celle dont on traite d’ordinaire le corps d’un objet sexuel : Il le contemple donc en y prenant un plaisir sexuel, le caresse, le cajole, jusqu’à ce qu’il parvienne par ces pratiques à la satisfaction complète (P. NÄCKE 1899).
Se basant sur ces évolutions liées à la fois au terme et au comportement, partant d’une simple observation du narcissisme, on peut en déduire qu’il n’est pas sans impact, tant concernant le sujet, que concernant son environnement. Dans la première partie ont été exposées les différentes caractéristiques du narcissisme. On a pu constater que l’ « amour » est la première cause du narcissisme. Cette deuxième partie, pour son compte, se consacre à l’impact du narcissisme et à ses limites.
Chapitre 4 : SUR LE SUJET ET SUR SON ENTOURAGE
L’étude du narcissisme depuis Freud a connu une évolution significative, de telle manière que les chercheurs et spécialistes en sont arrivés à établir différents constats concernant l’ensemble du comportement narcissique et ses relations avec d’autres troubles psychologiques et de personnalité.
Dans cette optique, le narcissisme se voit comme un état d’esprit hors de la norme. C’est-à-dire que le narcissisme est tout simplement le comportement d’exception qui différencie une personne à l’ensemble des personnes normales. Ce qui veut également dire que dans la majeure partie des cas le narcissisme se substitue à un état de trouble. Ce qui n’exclue pas les cas de performance des sujets narcissiques selon une certaine preuve de maîtrise et suivant une orientation prometteuse de développement de la personnalité narcissique, et enfin par rapport aux suivis auxquels le sujet décide de se soumettre.
Section 1 : SUR LE PLAN AMOUREUX ET FAMILIAL : LA FAMILLE NARCISSIQUE
Dans son édition mars 2011, le magazine Horizons publie un article de Simon Koechlin, Quand l’amour rend aveugle, qui parle du comportement amoureux du sujet narcissique.
Selon lui, « certaines personnes sont tellement imbues d’elles-mêmes et se conduisent de façon si égoïste qu’elles mettent les nerfs des autres à rude épreuve. Ces « Narcisse » sont-ils capables de mener une relation de couple ? Carolyn Morf, psychologue, chercheuse à l’Université de Berne et ancienne professeure boursière du FNS, s’est penchée sur la question. Au moyen de questionnaires, elle a déterminé la propension au narcissisme de sujets vivant en couple et la manière dont les deux partenaires se comportaient l’un à l’égard de l’autre.
Il s’avère que les personnes narcissiques apportent souvent un soutien à leur partenaire pour des motifs égoïstes. Elles attendent une contrepartie ou de la reconnaissance. Elles s’engagent par ailleurs moins dans la relation. Un manque que compensent leurs partenaires. Ceux-ci pardonnent plus volontiers leurs erreurs et sont prêts à abandonnée un hobby au profit de la relation. Ils semblent ne pas voir clair dans le jeu de leur conjoint qui reste motivé par l’intérêt.
L’étude a même montré que les partenaires des personnes narcissiques estimaient souvent que ces dernières étaient moins égoïstes que d’autres. Selon la chercheuse, cette illusion serait due à certains aspects positifs de leur personnalité, comme le charisme et l’allant. Il est possible que cet « aveuglement » permette de sauver la relation et que cela soit à l’avantage des deux parties. »
Erikson (1963) et McKinley Runyan (1982) établissent dans leurs travaux respectifs que les premières expériences de l’enfant en elles-mêmes ont rarement un impact direct sur le fonctionnement de l’adulte. Il y a de nombreuses expériences médiatrices au cours de la vie d’un individu. Les premières expériences jouent cependant un rôle important dans la formation du noyau de la personnalité, lequel influence le type d’environnement recherché par l’individu. Cela a un impact sur l’expérience qui, à son tour, influencera la personnalité. Il s’agit donc d’un cycle interactif entre la personnalité, le comportement et la situation.
- L’ENFANT NÉ D’UNE FAMILLE NARCISSIQUE
Stephanie Donaldson-Pressman et Robert M. Pressman, deux professionnels de la thérapie, décrit dans leur livre The Narcissistic Family : Diagnosis and Treatment, les caractéristiques de la famille narcissique. Les premiers constats sur la famille narcissique sont apparus avec l’identification d’une forme de violence à laquelle certains patients ont été soumis, tracée dans leur enfance. Il s’agit plus précisément des traits psychologiques, interpersonnels et professionnels dysfonctionnels des victimes de violences.
La famille narcissique se caractérise par le fait que durant l’enfance de l’individu, les besoins de ses parents étaient prioritaires sur ses besoins propres. Contrairement aux familles saines, qui placent les besoins de leurs enfants d’abord. Ce terme fait donc référence à un cercle familial où les besoins émotionnels des parents prennent le dessus sur ceux des enfants qui, par conséquent, assument des responsabilités qui ne correspondent pas à leur âge.
Les actions de ces enfants se basent exclusivement sur la réaction qu’elles provoquent chez les adultes. Mais, étant donné qu’ils ne son pas en mesure de tout contrôler dans leur environnement, ils se sentent responsables et défectueux. Leurs parents ne peuvent pas combler les besoins de leurs enfants. Lorsque les parents ne sont pas disponibles émotionnellement, très souvent il s’instaure une dynamique subtile mais très dommageable : Si l’enfant a un problème (surpoids, dyslexie, dépression…), il est étiqueté (« fainéant », « stupide »,…), ce qui suscite un sentiment de repli chez l’enfant : il apprend à cacher (et à se cacher lui-même) ses émotions.
Dans la famille narcissique, au contraire d’une famille normale et saine, l’objectif d’apprentissage et d’initiation de l’indépendance de l’enfant est biaisé et la satisfaction des besoins parentaux devient de première importance pour la famille. Dans ce sens, l’aptitude de l’enfant à identifier et agir sur la base de leurs sentiments, désirs et besoins ne suit pas un exemple de référence pour accomplir son apprentissage.
Cette tournure a généralement lieu peu de temps après la petite enfance ; en effet, il a été observé que la plupart des enfants de familles narcissique ont été bien soignés en tant que bébés. Les pressions et préoccupations des parents par rapport à la satisfaction de leur besoin sont nées des différents aléas de la vie courante : stress professionnel, handicap physique ou mental, ou manque de compétences parentales… Ils ont par la suite tendance à ignorer les besoins de l’enfant et à l’obliger en même temps à répondre à leurs propres besoins en ne leur accordant pas d’attention et d’affection jusqu’à ce qu’ils le fassent.
De cette manière, les besoins émotionnels des enfants sont laissés à l’abandon et ils sont privés de la possibilité de progressivement apprendre à être indépendant et se connaître soi-même. Au lieu de cela, ils apprennent à guetter ce que leurs parents attendent et alors réagir, négativement ou positivement, à ces attentes.
Au lieu de reconnaître, comprendre et valider leurs émotions et besoins, ces enfants développent une sensation exagérée de l’impact que leurs besoins ont sur leurs parents. Ils deviennent donc le reflet des émotions de leurs parents, dont les besoins représentent l’unique objectif poursuivi par l’enfant. Les émotions de l’enfant n’ont donc plus de place, et il apprend à les ignorer, à ne plus les valider, les reconnaître. C’est ce qui se définit par « l’individu reflet ou réactif ».
Il en résulte que la tendance à réagir ou être un reflet suivra les enfants des familles narcissiques jusqu’à l’âge adulte. Au final, ils sont susceptibles de se retrouver en difficulté par leur besoin omniprésent de plaire aux autres, leur besoin chronique de validation externe, et la difficulté à identifier leurs propres sentiments, désirs et besoins. Ils ont tendance à souffrir d’une myriade de facteurs de stress émotionnel, comme la colère sous-jacente à fleur de peau, la dépression, l’insatisfaction chronique, un manque de confiance en soi.
Beaucoup sont également en prise avec l’indécision, car ils ont appris baser leurs décisions sur les besoins et attentes des autres. Sur le plan interpersonnel, ils ont tendance à avoir en commun un passé d’échecs sentimentaux et ont du mal à faire confiance aux autres. Parfois, leur inclination à la méfiance est brisée par des périodes de totale divulgation de soi, généralement mal à propos, et qui procurent de piètres résultats. Sur le plan professionnel, ils sont souvent perfectionnistes, parfois même drogués du travail, jamais satisfaits de leur succès.
- VIE SEXUELLE ET AMICALE DE L’ADULTE ISSU DE LA FAMILLE NARCISSIQUE
La recherche perpétuelle de l’appréciation, de l’amour et du désir de l’adulte issu d’une famille narcissique constitue pour lui son principal objet de vie. Il est fréquent qu’il associe les rapports sexuels à une approbation extérieure, et qu’il base son comportement selon ce qu’il croit pouvoir plus inciter le désir chez les autres. Le sexe sera une solution parfois plus facile, du fait qu’il n’y a pas toujours besoin de construire une vraie relation intime avec une personne.
Dans ce cas de figure, il perçoit l’échec sexuel flagrant. Il est donc réactif. Beaucoup d’adultes trouvent très difficile de sortir de relations superficielles. Ce n’est que lorsqu’ils guérissent à l’intérieur qu’ils sont capables de lutter pour ce qu’ils ont toujours désiré : une relation durable, honnête, intime.
L’adulte issu d’une famille narcissique veut presque toujours ce type de relation profonde, mais en même temps il a extrêmement peur de l’intimité. Il a peur d’être incapable de maintenir une relation car il se croit tellement défectueux ; il craint les demandes de l’autre dans le cas où il ne voudrait/pourrait s’y plier ; il a peur que l’autre découvre ses défauts et le rejette. Par conséquent, il décide de contrôler le degré d’intimité dans le couple, ce qui crée chez l’autre le sentiment de ne pas être vraiment aimé, ou bien d’être utilisé, blessé, mal compris. La gravité du cas est encore plus profonde si l’autre personne est également issue d’une famille narcissique.
En ce qui concerne l’amitié, l’adulte issu d’une famille narcissique est souvent seul, et se sent seul. Même lorsqu’il est « occupé », avec une vie sociale chargée, beaucoup de connaissances et des sorties, il n’a que rarement des amis proches (surtout des amis du même sexe). Ceci est encore plus marqué chez les hommes dans notre société, car ils associent souvent l’amitié à la peur d’être perçus comme ayant des tendances homosexuelles, ou bien parce qu’ils ont appris qu’exprimer leurs émotions était réservé aux « filles ».
Chez les femmes, la difficulté majeure est souvent le sentiment de concurrence, produit également de notre société. Mais dans les deux cas, ce manque d’intimité peut se manifester de deux manières différentes, chez tous les individus, sexe confondu : Soit l’adulte assume que les autres l’aimeront pourvu qu’il se comporte d’une certaine manière et qu’il fasse ce qui est « accepté », soit il essaiera de contrôler la relation (il sera trop demandant, ou bien acceptera tout, il donnera trop, il sera trop réservé, trop manipulateur, intrusif, absent, responsable ou irresponsable…). Dans tous les cas, l’idée subconsciente est que « puisque tu vas de toute façon bien finir par me rejeter, autant que je le provoque ».
Que ce soit dans le cas des relations amoureuses ou de l’amitié, Stéphanie Donalson-Pressman et Robert Pressmann font référence à une « muraille » psychologique. C’est cette sorte de bulle que l’on construit autour de soi afin de se protéger. Parfois on peut faire tomber cette muraille, mais si on perçoit le moindre danger, on la reconstruit. On impose des limites tacites de rapprochement aux autres. Dans les cas les plus extrêmes, cette muraille ne disparait jamais.
L’adulte issue d’une famille narcissique construit souvent ce qu’est une « muraille plastique » : il est capable d’avoir une relation, d’être ouvert, mais lorsque, par exemple, il est critiqué, il érige la muraille. L’adulte sait ce qu’il ressent, mais il se protège des émotions douloureuses.
C’est ici que l’on voit également cette tendance très récurrente de plus apprécier ce que l’on n’a pas, ou bien de rejeter ce que l’on nous offre avec une véritable affection. Moins on reçoit, plus précieux cela devient et plus on laisse tomber la muraille même dans des situations dangereuses. Et, souvent, plus on reçoit de la part qui a de la vraie affection pour nous ainsi que nos meilleurs intérêts à l’esprit, plus on renforce la muraille. La peur de communiquer et de perdre l’être aimé, est toujours constante tant que l’on n’apprend pas à trouver l’équilibre.
Section 2 : SUR LE PLAN COLLEGIAL, PROFESSIONNEL ET POLITIQUE : RELATION ENTRE LE NARCISSIQUE ET LE LEADERSHIP[1]
Christopher Lasch, dans « La culture du narcissisme » donne sa part de définition. « Le narcissisme est un concept qui ne nous fournit pas un déterminisme psychologique tout fait, mais une manière de comprendre l’effet psychologique des récents changements sociaux. […] De fait, le narcissisme semble représenter la meilleure manière d’endurer les tensions et anxiété de la vie moderne. Les conditions sociales qui prédominent tendent donc à faire surgir les traits narcissiques présents, à différents degrés, en chacun de nous ».
Les impacts du narcissisme ne sont pas toujours moindres. Le narcissisme a par exemple permis l’abus des femmes et des enfants par des patrons peu scrupuleux, l’abus du peuple par l’élite discriminante, l’aliénation des ouvriers par des employeurs immoraux, la colonisation abusante, la spoliation de la parole du peuple en démocratie, le pillage des matières premières dans les pays vulnérables, la vente d’armes aux pays vulnérables mettant les plus pitoyables à la soumission des plus violents, les actes de violence et de terrorisme, les cas de détournements de fonds, l’expansionnisme guerrier, le racisme, la surdité industrielle envers la planète… tous ces cas de figure obéissent à une manifestation de la personnalité narcissique.
Manfred F.R. Kets de Vries et Danny Miller tentent d’expliquer les performances d’un leader par rapport à ses dispositions narcissiques, dans « Narcissisme et leadership : une perspective de relations d’objet ». En effet, bien souvent, le leader et le leadership s’associent à des réactions émotives, un sentiment de force, de pouvoir et de responsabilité, les forces de la terreur, la malveillance et la destruction… des caractères aussi bons que mauvais définis selon les perceptions des autres.
Les recherches sur la relation entre leadership et narcissisme se justifient du fait que le concept de leadership est jusqu’à maintenant difficile à cerner. A cet effet, une analyse de personnalité constitue un premier élément d’approche, sur les différentes théories, autant contradictoires que constructives, qui se sont construites autour de ce sujet. Entre autre, les théories des grands hommes, les théories relatives aux traits de caractère, les théories environnementales, les théories personne-situation, les théories interaction-expectative et les théories perceptuelles et cognitives.
Les orientations narcissiques d’une personne peuvent conduire à de véritables révélations du comportement managérial par exemple. C’est en tout cas les premières motivations de l’étude réalisée par Manfred F.R. Kets de Vries et Danny Miller. Une plus grande caractérisation du leadership est nécessaire, qui tienne compte à la fois des dimensions cognitive et affective. Celles-ci sont amenées par la psychanalyse et la psychiatrie. La première analyse le « monde intérieur » des leaders et leurs personnalités et leurs caractères sont mis en relation avec leur comportement et leur situation.
- ETIOLOGIE DU LEADER NARCISSIQUE
- Le narcissisme réactif
Selon Kohut (1971), les leaders messianiques et charismatiques se rattachent à une pathologie du développement narcissique. En 1978, il aboutit à identifier la cause de l’échec d’intégration qui se fait au cours de la petite enfance. Il s’agit de deux sphères majeures du moi : le moi grandiose et l’image parentale idéalisée.
La première construction mentale renvoie aux premiers sentiments de grandiose omnipotence, quand un enfant désire exhiber ses capacités en développement et veut être admiré pour celles-ci. La seconde construction s’applique aux désirs, également illusoires, des pouvoirs idéalisés attribués aux parents, au désir de fusionner avec une personne idéalisée.
Les études cliniques indiquent que ces premières expériences, qui font partie du développement de tout le monde, s’atténuent et se neutralisent dans le cours d’un développement suivant les phases appropriées (Winnicott, 1975). Par ce processus, l’enfant devient graduellement capable de réduire les frustrations causées par l’échec des parents à remplir ses attentes archaïques.
Avec l’expérience, il devient peu à peu capable de comprendre la différence entre l’idéal de perfection et le fait d’être tout simplement « assez bon ». Il apprend que le parent n’est ni complètement bon ni entièrement mauvais. Une image plus équilibrée et plus intégrée du parent est intériorisée, permettant une appréciation plus réaliste. Cette fusion de la dichotomie originelle « bon et méchant » est considérée essentielle pour le développement de la confiance et la permanence, la « constance » ou la fiabilité des figures parentales (Klein 1948).
Ce premier succès dans la création d’attachements interpersonnels sûrs joue dans l’assurance de l’estime de soi et pour des relations stables. Kohut (1971) appelle ce processus « l’intériorisation transmuable » (Transmuting intemalization). Il le considère comme étant la base du développement d’une structure psychique permanente et durable.
Toutefois, le développement suivant les phases appropriées n’a pas toujours lieu. Le comportement des parents peut être perçu, même dans les premiers stades de développement, comme froid et peu empathique. Les parents peuvent ne pas être assez sensibles aux besoins de leur enfant. Dans ce cas, les enfants acquièrent un sens du moi déficient et sont incapables de maintenir leur estime d’eux-mêmes à un niveau stable.
Conséquemment, les besoins de l’enfance ne sont ni modifiés ni neutralisés, mais continuent à prévaloir. Ce qui a pour résultat un désir persistant et une recherche de reconnaissance narcissique durant toute la vie adulte. La voie du narcissisme « réactif» est dès lors toute tracée. Dans un article devenu classique, Kohut et Wolf (1978) font référence au moi sous-stimulé et fragmenté qui résulte de réponses parentales trop peu stimulantes et trop peu intégrantes durant l’enfance.
Ce qui reste à l’enfant d’interactions aussi déficientes peut être un sentiment persistant d’impuissance. Pour faire face à ce sentiment, certains individus se créent une image de « différence » (specialness). C’est une attitude compensatoire, un refuge réactif contre le sentiment toujours présent de n’avoir pas été aimé par le parent. Cette illusion d’être unique affectera fondamentalement la façon dont l’individu établit des rapports avec son environnement externe.
Toute contradiction entre les capacités et les désirs contribuera à l’anxiété et à fausser l’analyse de la réalité, à l’incapacité de distinguer les désirs de la perception ou, en d’autres mots, de distinguer le « dedans» du « dehors ». Les individus orientés « réactivement » auront tendance à déformer les événements extérieurs pour éviter l’anxiété et un sentiment de perte et de déception. Cette attitude peut avoir de graves conséquences s’ils occupent des postes de leaders. Le narcissisme réactif causé par des parents ne répondant pas émotionnellement est le type le plus sérieux.
- Le narcissisme auto-illusoire (self deceptive)
On trouve souvent un second type de leader narcissique ayant connu un développement de la petite enfance très différent. Ces individus ont été conduits, par l’un ou par les deux parents, à croire qu’ils étaient absolument aimables et parfaits, sans égard pour ce qu’ils faisaient et en dépit de toute base réelle.
Ces leaders ont probablement souffert de ce que Kohut et Wolf (1978) décrivent comme un moi sur-stimulé et surchargé. Parce que les réponses fournies par les figures de la petite enfance n’étaient pas adaptées à l’âge de l’enfant, celui-ci n’a pas appris à modérer l’image grandiose de son moi ou l’image parentale idéalisée. Les idéaux de perfection étaient trop élevés pour lui permettre d’intérioriser des objets internes apaisants et stabilisants.
Ces enfants sont devenus les mandataires de leurs parents, chargés de réaliser les espoirs parentaux inaccomplis. Ce qui peut sembler de l’indulgence de la part des parents est en fait exactement le contraire. Les parents utilisent leurs enfants pour combler leurs propres besoins, les surchargeant de leurs désirs implicites. Quand des parents imposent leurs espoirs irréalistes à leurs enfants, ils engendrent des illusions. Ils trompent leurs enfants quant à leurs capacités réelles.
Ces convictions irréalistes peuvent parfois constituer l’élan original qui différencie ces individus des autres et qui leur permet de réussir. C’est peut-être ce que Freud (1917) avait en tête quand il nota que « si un homme a été l’enfant chéri incontesté de sa mère, il garde toute sa vie durant un sentiment de triomphe, de confiance dans le succès, sentiment dont il n’est pas rare qu’il mène au succès réel ».
Dans les quelques rares cas où ces encouragements ont des résultats, l’enfant peut être suffisamment doué pour se montrer à la hauteur des attentes exagérées de ses parents. Une personne, qui dans des circonstances plus normales aurait vécu une vie ordinaire, utilisera les attentes imposées durant l’enfance comme base de l’excellence.
Cependant, en général, le caractère illusoire des convictions irréalistes des parents conduira à certains problèmes. Une image de soi exaltée est généralement difficile à maintenir à la lumière de circonstances externes comme la déception et l’échec. Ainsi, même si les premiers objets intériorisés sont bienveillants, des rencontres interpersonnelles inquiétantes ayant lieu quand l’enfant se risque à sortir de l’environnement familial protecteur lui fourniront un élément d’instabilité, de faiblesse.
L’image surévaluée de soi, recueillie d’un parent idéalisé, devient plus réaliste au contact de pairs plus honnêtes et plus critiques. Malgré tout, les traumatismes des premières déceptions peuvent laisser une image de soi fragile et altérée. Les narcissiques auto-illusoires (self deceptive) ont vraisemblablement à souffrir de difficultés interpersonnelles, dues à leur désir de se montrer à la hauteur des illusions parentales. Ils tendent à démontrer une superficialité émotionnelle et une pauvreté de l’affectivité. Leur comportement présente un caractère de « faim d’idéal », résultant de difficultés dans la formation de l’identité.
A priori le narcissique réactif est différent du narcissique auto-illusoire. Cependant, a posteriori cette distinction est difficile à établir. Les parents peuvent avoir répondu différemment à l’enfant en croissance. Un parent peut avoir adopté une attitude de rejet, froide et hostile, alors que l’autre peut avoir été encourageant. Dès lors, des gradations différentes d’objets internes, bienveillants et malveillants, peuvent s’être créées et on doit en tenir compte dans les mélanges de styles narcissiques.
En plus, au lieu d’être frustré quand les attentes des parents ne s’accordent pas à la réalité externe, l’enfant peut parfois s’évertuer, avec succès, à amener ses capacités à la hauteur dont on le croit capable, comme Freud le note de manière poignante. En outre, comme nous l’avons souligné, les expériences survenant plus tard dans la vie peuvent avoir des effets adoucissants ou atténuants.
- Le narcissisme constructif
Miller (1981), quand elle décrit les relations d’objet de la petite enfance conduisant au narcissisme sain ou constructif, dit :
« Les impulsions agressives ont été neutralisées parce qu’elles n’ont pas troublé la confiance et l’estime des parents. La lutte pour l’autonomie n’a pas été perçue comme une attaque (par les parents). L’enfant avait le droit d’expérimenter et d’exprimer des impulsions « ordinaires » (comme la rage, la jalousie, le défi) parce que ses parents n’attendaient pas de lui qu’il soit « spécial »; qu’il reproduise leurs attitudes morales, par exemple. Il n’avait pas à plaire à qui que ce soit (dans des conditions optimales); l’enfant pouvait développer et montrer ce qui était actif en lui durant chaque phase de son développement …
Parce que l’enfant pouvait montrer des sentiments ambivalents, il pouvait apprendre à considérer à la fois lui-même et le sujet (l’autre) comme étant « bon et méchant »; il n’avait pas à séparer le « bon» objet du « mauvais »objet. »
Les narcissiques constructifs n’agissent pas de manière réactive ou auto-illusoire (self deceptive). Ils n’éprouvent pas le même besoin de déformer la réalité pour traiter avec les frustrations de la vie. Ils ne sont pas aussi enclins à l’anxiété. Ils utilisent moins souvent des défenses primitives, sont moins éloignés de leurs sentiments, de leurs désirs ou de leurs pensées. En fait, ils dégagent souvent une sensation de vitalité positive, dérivée de la confiance qu’ils ont en leur propre valeur.
Ces gens ont intériorisé des objets relativement stables et bienveillants, qui les soutiennent devant l’adversité. Ils sont prêts à exprimer leurs désirs et à assumer leurs actions, sans tenir compte des réactions des autres. Quand ils sont déçus, ils n’agissent pas par dépit mais sont capables de s’engager dans une action réparatrice. Donc ils ont la patience d’attendre, de chercher le moment où l’on aura besoin de leurs talents (Erikson, 1978). La hardiesse dans l’action, l’introspection et la considération sont monnaie courante.
- FONCTIONNEMENT ORGANISATIONNEL DU LEADER NARCISSIQUE
Cette analyse se réfère aux observations du comportement du leader narcissique réactif dans son mode de gestion, le leadership ou les relations interpersonnelles, les efforts dans l’examen de l’environnement, l’analyse, et la prise de décision.
Dans le cas du narcissique réactif, son sentiment de grandiose le précède dans ses actes. Ce qui implique qu’il peut être un tyran extrêmement exigeant. Son besoin d’admiration constante justifie le fait qui soit entouré de subordonnés flatteurs, un environnement qui conditionne son développement tant personnel que professionnel, mais surtout son efficacité.
Les arguments des autres sont ignorés s’ils vont à l’encontre des idées du patron. Le narcissique réactif ne semble pouvoir tolérer que les subordonnés pleins de sollicitude; les autres sont « évacués ». Une forte tendance machiavélique court à travers toutes ces situations : dans la poursuite de son propre avancement, le leader se soucie peu de blesser et d’exploiter les autres.
Les subordonnés jouent diplomatiquement afin de survivre. C’est le leader narcissique réactif qui connaît la plus grande absence d’empathie. Il ignore complètement les besoins de ses subordonnés aussi bien que ceux de ses pairs, réservant son attention aux propos le concernant lui, et lui seul. Les fluctuations dans son attitude envers les gens sont extrêmes. Conséquemment, le roulement d’employés est très élevé.
Les projets nécessitant un travail d’équipe ou l’initiative de subordonnés sont sérieusement menacés. Le leader narcissique réactif présente des dysfonctionnements caractéristiques dans la prise de décision importante pour son organisation. Il a tendance à peu scruter et à peu analyser l’environnement, interne ou externe, avant la prise de décision. Le leader narcissique réactif croit qu’il peut manipuler et agir sur son environnement de telle façon qu’il n’a pas à l’examiner de très près. L’environnement étant « au dessous » de lui, il le perçoit comme ne posant pas de défi qu’on ne peut aisément résoudre.
Sa grandiosité, son exhibitionnisme, sa préoccupation pour ses fantasmes de succès sans limite font entreprendre au leader narcissique réactif des projets extrêmement audacieux. Le caractère de son style de leadership est transformateur plutôt que transactionnel. Il désire attirer l’attention d’un auditoire invisible, démontrer sa maîtrise et son intelligence supérieure.
Les projets sont entrepris sur une grande échelle mais sont souvent voués à l’échec.
- Premièrement, leur taille reflète plus les désirs du leader que les réalités de la situation, trop de ressources sont mises en jeu pour trop peu de raisons.
- Deuxièmement, le leader n’écoute ni ses conseillers, ni ses pairs, ni ses subordonnés. Il considère qu’il est le seul suffisamment informé pour juger. Un forum potentiellement critique est alors perdu.
- Troisièmement, même quand il est clair que le projet ne fonctionne pas comme prévu, le leader narcissique réactif est réticent à admettre l’évidence. Il n’avouera pas avoir fait des erreurs et devient particulièrement rigide et sensible aux critiques. Alors, il amorce un mouvement difficile à renverser (Miller & Friesen, 1980, 1984).
Quand le leader réalise enfin à quelle vitesse la situation se détériore, sa tendance au clivage le porte à blâmer les autres. Il ne se considère jamais responsable de quoi que ce soit de négatif.
Les leaders narcissiques auto-illusoires ont nombre de traits en commun avec les dirigeants narcissiques réactifs; mais ces traits sont moins évidents dans une situation de gestion. Comme leaders, les dirigeants narcissiques auto-illusoires sont plus accessibles que leurs homologues réactifs. Ils se préoccupent plus de leurs subordonnés, sont plus réceptifs aux opinions d’autrui et ne sont pas aussi exploiteurs.
Cependant, ils présentent aussi une hypersensibilité à la critique, une grande insécurité et un profond besoin d’être aimés. Les leaders narcissiques auto-illusoires seront plus tolérants à l’égard des opinions divergentes; ils semblent réagir avec sympathie quand elles sont exprimées. Mais ils auront tendance à être moins ouverts aux critiques habituelles et à promouvoir des subordonnés plus faibles plutôt que leurs pairs plus bruyants.
Le leader narcissique auto-illusoire exprimera souvent son intérêt à l’égard des préoccupations de ses subordonnés; cette attitude découlera cependant plus du désir de sembler sympathique que d’un intérêt véritable. Il désirera faire le geste approprié mais n’en sera pas très enthousiasmé. Une exception, toutefois, les cas où le leader s’attache à un subordonné qu’il a idéalisé.
Il fera tout en son pouvoir pour « attacher » cette personne, pour l’amener à satisfaire à sa propre image. Il n’est pas étonnant de constater que ce trésor de subordonné, généralement assez faible, idolâtre son patron. Toute initiative personnelle serait considérée comme une trahi~ son. L’idéalisation du leader deviendrait vite dévaluation, accompagnée de résultats prévisibles pour l’avenir du subordonné dans l’organisation.
Le leader narcissique auto-illusoire, contrairement à son homologue narcissique réactif, peut être avide de découvrir les opportunités, et particulièrement les menaces, dans son environnement. Etant peu sûr de lui, il procède à un examen minutieux des environnements interne et externe afin de s’assurer qu’il sera capable de contrer les menaces et d’éviter les erreurs coûteuses. Les concurrents sont surveillés, on interroge les clients et des systèmes d’information sont établis. On prend le temps d’analyser et d’évaluer, tellement que cela paralyse parfois l’action.
Le leader narcissique auto-illusoire connait un haut degré d’anxiété dans la prise de décisions stratégiques. Il veut faire le meilleur travail possible afin de satisfaire son envie d’admiration et de respect, mais il met en doute ses capacités à le faire. Il craint l’échec. Cela le rend beaucoup plus conservateur que le dirigeant narcissique réactif. Ce type de dirigeant étudie la situation en profondeur et sollicite l’opinion des autres.
La prise de décision se fait en tenant compte d’échanges de divers types, contrairement au style transformateur pernicieux du leader réactif. L’orientation du leader est donc principalement de nature transactionnelle. Naturellement, les gestionnaires conservateurs sont vraisemblablement plus écoutés que les gestionnaires aventureux. Ils ont tendance à faire trainer les choses un peu trop longtemps i leur perfectionnisme et leur hésitation peuvent entrainer une stagnation organisationnelle.
Il faut noter que le leader réactif travaillait pour impressionner la galerie (milieu politique, communauté d’affaires), pour être vénéré, pour réaliser des rêves audacieux et impossibles. Le leader narcissique auto-illusoire désire seulement être aimé et admiré par son entourage. Également, ses symptômes varieront d’intensité selon son degré d’anxiété, beaucoup plus que ceux du leader narcissique réactif.
Enfin, les leaders narcissiques constructifs ne sont pas étrangers à la manipulation et ne sont pas au dessus d’actes occasionnels d’opportunisme. En général, ils s’en tirent bien avec leurs subordonnés. Ils ont un haut degré de confiance en leurs capacités et sont très orientés vers le travail et l’objectif à atteindre. Parfois, on les perçoit comme manquant de chaleur ou de considération.
Même si les leaders constructifs aiment être admirés, ils ont une vision réaliste de leurs capacités et de leurs limites. Ils ont une attitude d’échange et reconnaissent la compétence des autres. Les leaders constructifs écoutent bien et apprécient les opinions de leurs subordonnés même s’ils sont heureux d’assumer l’ultime responsabilité des actions collectives. Ils sont prêts à prendre position et à maintenir leurs décisions.
Cette attitude peut parfois mener les subordonnés à se plaindre du fait que ces leaders sont peu sociables et peu coopératifs. En fait, ces leaders manquent parfois de véritable empathie et peuvent être enclins à utiliser les autres comme de simples instruments pour atteindre leurs propres objectifs.
Ces leaders ont un sentiment d’autodétermination qui les rend confiants. Ils ont la capacité d’inspirer les autres et de créer une cause commune, transcendant les intérêts personnels. Leur sens de la direction peut cependant se refléter par de la froideur, de l’arrogance ou une insensibilité obstinée aux besoins des autres. Des sujets abstraits comme « le bien de l’entreprise » ou « l’aide au travailleur » peuvent remplacer la réciprocité dans les relations interpersonnelles et dans la formation d’une équipe.
En général cependant, les leaders constructifs ont un sens de l’humour leur permettant de replacer les choses dans leur contexte. Leur indépendance conduit à la créativité et à la vision, nécessaires pour engager les subordonnés à entreprendre des projets ambitieux. Puisqu’il n’a pas la rigidité des deux autres types de leadership, celui-ci présente à la fois des caractères transformateurs et transactionnels.
Leurs styles de prise de décision varient beaucoup. Il s’agit plus de reflets de la situation de la firme que des marottes du dirigeant. Leur flexibilité leur donne la possibilité d’effectuer une bonne dose d’analyse, d’examen de l’environnement et de consultation avant la prise de décisions stratégiques de grande envergure. Elle leur permet aussi de faire face plus aisément aux situations de routine, comme la distribution du travail aux subordonnés. Ils évitent les extrêmes, l’audace et le conservatisme, agissant plutôt dans un « registre moyen ».
Chapitre 5 : LIMITES DU NARCISSISME
Selon les critères de DSM IV, le narcissisme est un mode général de fantaisies ou de comportements grandioses, de besoin d’être admiré et de manque d’empathie qui apparaissent au début de l’âge adulte et sont présents dans des contextes divers, comme en témoignent au moins cinq des manifestations suivantes :
– le sujet a un sens grandiose de sa propre importance (par ex, surestime ses réalisations et ses capacités, s’attend à être reconnu comme supérieur sans avoir accompli quelque chose en rapport) ;
– est absorbé par des fantaisies de sucées illimité, de pouvoir, de splendeur, de beauté ou d’amour idéal ;
– pense être « spécial » et unique et ne pouvoir être admis ou compris que par des institutions ou des gens spéciaux et de haut niveau ;
– besoin excessif d’être admiré ;
– pense que tout lui est dû : s’attend sans raison à bénéficier d’un traitement particulièrement favorable et à ce que ses désirs soient automatiquement satisfaits ;
– exploite l’autre dans les relations interpersonnelles : utilise autrui pour parvenir à ses propres fins ;
– manque d’empathie : n’est pas disposé à reconnaître ou à partager les sentiments et les besoins d’autrui ;
– envie souvent les autres, et croit que les autres l’envient ;
– fait preuve d’attitudes et de comportements arrogants et hautains.
On peut aborder les limites du narcissisme par rapport à la volonté du sujet de s’évoluer et de passer outre cet état d’esprit, par rapport à la prise en charge que chacun de son entourage s’efforce de lui accorder et enfin selon les différentes méthodes de son traitement et de ses suivis médicaux. Bien que le narcissisme soit encore sujet à une évolution infinie, les tentatives d’association de son aspect à différents troubles et pathologies, ou encore un caractère psychologique, ont aidé à s’acheminer de plus en plus sur des précisions par rapport à cet état esprit, en déterminer les éventuels traitements efficaces, rapportés au cas par cas des patients.
Source : La culture du narcissisme, les impacts du système capitaliste sur notre psychique, Les renseignements généreux – octobre 2006.
Section 1 : SUR LA PERSONNE ET SUR LA VIE EN SOCIETE
Martine Massacrier, Psychothérapeute, Sophrologue définit les personnalités narcissiques comme suit :
« Ces personnes ont une haute opinion d’elles-mêmes, persuadées qu’elles méritent plus que les autres. Elles n’ont de cesse que de se mettre en avant, leur principale préoccupation étant le succès. Avides de l’admiration des autres, elles ne supportent aucune critique. L’aspect extérieur prend évidemment une très grande importance et ces personnalités accordent beaucoup d’importance à leur apparence physique et vestimentaire.
Leur comportement est souvent manipulateur. Ils cherchent à déclencher chez l’autre des émotions afin de l’amener à satisfaire leurs buts. Ainsi peuvent-ils jouer avec les émotions des autres, alternant séduction, flatterie, critique, ou culpabilisation. Leur peu d’empathie les amenant à se moquer totalement des émotions pénibles qu’ils déclenchent chez les autres. Quand ils ne se sentent pas estimés à leur juste valeur ou qu’on ne va pas dans leur sens, ils éprouvent très rapidement colère et rage : en bref, tout le monde doit partager leur point de vue. Ils ont besoin d’être entourés d’une cour d’admirateurs et se plaignent amèrement des autres dès qu’ils leur refusent quelque chose.
Très séduisants dans un premier temps, ils deviennent très vite insupportables à force d’en vouloir toujours plus. Beaucoup moins solides qu’ils en ont l’air, leur intolérance à l’échec peut entraîner une réelle réaction dépressive. Leurs métiers de prédilection se rapportent à des postes de responsabilités, commerciaux ou tout ce qui comporte la notion de compétition où ils excellent »
Cette section se réfère à une emprise de la société sur le comportement narcissique de l’individu. Christopher Lasch en parle dans « culture du narcissisme ». La société dans son rôle participe à la construction de la personnalité de l’individu. Plus encore, elle cadre les perspectives de développement de cet individu. Christopher Lasch soutient que les phénomènes tant social qu’économique sont des facteurs responsables du comportement narcissique de l’individu.
Section 2 : QUELQUES TRAITEMENTS DU NARCISSISME
Les premiers pas vers une prise en charge du narcissisme se font à partir de l’établissement d’un climat de confiance dans lequel le patient peut vivre, dans des conditions stables qui lui permettront de soigner ses blessures, de faire le point sur ses encours d’apprentissage et de construction du moi.
On peut par exemple citer les quelques exemples de conditions suivants :
– Le « patient » aura besoin d’un soutien constant concernant qui il est, et pas forcément ce qu’il fait.
– Il aura besoin d’un modèle de communication adulte, ouverte, et libre de tout jugement.
– Il est nécessaire de parler d’options et de conséquences face à une situation particulière où le « patient » ne voit qu’une seule voie possible (pensées noir et blanc). Cela permettra de se débarrasser de la crainte de l’échec, et donner plus de liberté au moment de prendre des décisions.
– Il faut redéfinir ce qui est normal et ce qui ne l’est pas, ce qui est sain ou qui fait du mal…Il est préférable de ne pas encourager une relation « spéciale », ce qui réduit le transfert et permet à l’individu de se redéfinir à part entière, sans continuer à dépendre du regard des autres. Il est possible d’instaurer la confiance et l’amour sans pour autant créer de la dépendance, mais plutôt un espace partagé.
– Enfin, il est conseillé d’éviter le contact physique sans en avoir demandé la permission préalablement. Ceci permettra de travailler davantage sur le problème des limites.
– Il faut donner le choix à l’individu, en lui montrant que se tromper n’entraînera pas la fin de la relation.
- LES OUTILS DE DIAGNOSTIC DE REFERENCE
- LE DSM – IV
Le DSM – IV ou le quatrième Manuel de diagnostic et de statistique des troubles mentaux, de l’Association Psychiatrique Américaine (1994) est un manuel de référence utilisé pour le diagnostic de divers troubles de comportements et maladies mentales. L’Association a commencé son édition en 1952, soumise à plusieurs révisions avant la quatrième de 1994. Il compte plus de 200 états mentaux courants de santé et les critères requis pour chacun en faisant un diagnostic approprié. Selon le manuel, le trouble de la personnalité narcissique est un mode général de fantaisies ou de comportements grandioses, le besoin d’être admiré et le manque d’empathie qui apparaissent au début de l’âge adulte et sont présents dans des contextes divers.
Les critères de diagnostics sont regroupés en quatre catégories :
- Par rapport au trouble dépressif principal, les symptômes affectifs ou d’humeur incluent l’humeur et les sentiments diminués de l’insignifiance ou de la culpabilité ;
- Les symptômes comportementaux incluent le retrait et l’agitation sociaux ;
- Les symptômes cognitifs, ou les problèmes dans la pensée incluent la difficulté avec la concentration ou des décisions de conception ;
- Les symptômes somatiques ou physiques incluent l’insomnie ou l’hypersomnie.
L’utilité du DSM IV ne se limite pas seulement à l’établissement des diagnostics de la pathologie du patient narcissique. Ce manuel sert également aux professionnels de la santé mentale de guide de communication avec le sujet. Le DSM représente également un terrain d’entente entre les différents avis sur un cas observé. Il permet donc d’établir un consensus sur lequel les symptômes ou les groupes de symptômes devraient être définis. Enfin, le DSM IV est utilisé comme outil éducatif et de référence pour conduire tous les types de recherches : les épreuves cliniques, études de prédominance, recherche de résultats.
- L’ICD 10
L’ICD se traduit en classement international des maladies. L’ICD 10 est une classification descriptive, comparée aux versions précédentes. Les troubles mentaux ont été pris en compte par l’ICD à partir de sa sixième version. On peut considérer les différentes catégories prévues par l’ICD :
- F0 – Organique, y compris des troubles symptomatiques et mentaux.
- F1 – Désordres mentaux et de comportement dus à l’utilisation psychoactive de substance.
- F2 – Désordres de schizophrénie, schizotypal et illusoires.
- F3 – Désordres (affectifs) d’humeur
- F4 – Névrosé, effort relié et désordres de somatoform.
- F5 – Les syndromes comportementaux se sont associés aux perturbations physiologiques et aux facteurs physiques.
- F6 – Désordres de personnalité et de comportement d’adulte
- F7 – Retardement mental
- F8 – Désordres du développement psychologique
- F9 – Désordres comportementaux et émotifs avec le début se produisant habituellement dans l’enfance ou l’adolescence.
- DIAGNOSTIC ET TRAITEMENT DE LA FAMILLE NARCISSIQUE PAR STEPHANIE DONALDSON-PRESSMAN ET ROBERT M. PRESSMAN
Il s’agit d’un modèle de guérison se rapportant au cas de famille narcissique selon Stephanie Donaldson-Pressman et Robert M. Pressman. Ils en prescrivent la guérison et permettre ainsi l’amélioration du moi adulte par l’acceptation. Pour surpasser ce phénomène, l’adulte survivant doit accepter la pleine réalité de son enfance et des effets que ses expériences ont eu sur son développement, ce qui inclut ce qu’il est devenu à présent.
Pour ce faire, ils doivent tenir en compte que :
- Premièrement, les événements de leur enfance ne sont pas de leur responsabilité,
- Deuxièmement, leur responsabilité commence à partir de la prise en main de leur avenir, c’est-à-dire, que l’acceptation en devient le point de départ.
Stephanie Donaldson-Pressman et Robert M. Pressman précisent que ce qui compte dans l’acceptation n’est pas de placer le blâme sur les parents ou tuteurs, mais pour l’individu de reconnaître la réalité, ce qui implique la prise de responsabilité nouvelle d’un changement positif.
A cet effet, cinq étapes de guérison sont décrites :
- Première étape : Revisiter son passé
La première étape vers la guérison est de revisiter la réalité de l’enfance. Pour ce faire, on encourage individu à accepter qu’enfant, il n’avait jamais eu de contrôle. On l’encourage aussi, en tant qu’adulte, à abandonner tout fantasme qu’ils pourraient nourrir de recréer d’une façon ou d’une autre la famille idéale d’origine.
- Deuxième étape : Le deuil du fantasme
A cette étape, la personne pleure la réalité perçue durant la première étape – le fait qu’elle n’a jamais eu, et ne peut pas créer, une famille idéale d’origine. Les auteurs remarquent que beaucoup d’individus reviennent chez eux pour des évènements familiaux comme Noël ou les mariages en croyant que “cette fois ça marchera.” Le but de cette étape est de supprimer l’espoir vain d’un fantasme de famille, ce qui libère l’énergie émotionnelle pour l’ici et maintenant.
- Troisième étape : Prise de conscience
Ici, l’individu prend conscience des traces que laissent une éducation dans une famille narcissique. Il commence à percevoir des traits de personnalité ou comportements spécifiques (par ex : plaire aux autres) et doit accepter que, bien que les traits soient maintenant dysfonctionnels, ils l’ont aidé à survivre pendant l’enfance.
- Quatrième étape : Évaluation
Cette étape découle des traits que la personne a reconnu en elle à la troisième étape. L’individu évalue ses moi actuels, ce qui inclut la personnalité et la traits de comportement qu’il présente aujourd’hui, et décide de ceux qu’il souhaite conserver ou changer. Les traits à changer incluent habituellement ceux qui sont dysfonctionnels pour l’adulte.
- Cinquième étape : Responsabilité du Changement
La dernière étape est la mise en œuvre effective du changement. L’individu devient responsable de lui-même et travaille à remplacer les comportements dysfonctionnels par d’autres plus fonctionnels.
CONCLUSION
Le narcissisme est un phénomène qui fait partie du quotidien de chaque individu. En effet, ce sont une catégorie de personnalité que nous avons à côtoyer tous les jours. Ils peuvent faire partie de notre entourage familial, amical comme professionnel… Le narcissisme est en fait un type de comportement qui résulte d’antécédents relationnels intenses surtout au niveau de l’émotionnel. Ces expériences peuvent être soit d’influence positive sur la construction de la personnalité de l’enfant, on parle alors de narcissisme sain, soit à caractère négatif, ce qui en vient au narcissisme pathologique.
L’impact du narcissisme peut varier selon sa typologie, son degré d’intensité et selon les conditions de vie de l’individu. Cela peut être tout autant bénéfique que maléfique. Pour les deux cas, le bien-être de l’individu en constitue la préoccupation centrale. Le caractère sain correspond à un développement positif et orienté vers le constructif et le perfectionnement tant au niveau du relationnel que de la personnalité même. Par contre, le caractère pathologique tend à encourager et évoluer vers un sentiment de mépris des autres et d’admiration excessif de soi.
Néanmoins, l’évolution des recherches et les expériences par rapport aux observations des cas cliniques ont permis de développer diverses théories et pratiques sur le narcissisme. La thérapie est jusqu’à présent la meilleure manière de maîtriser ce handicap, à condition de l’acceptation et de la conscientisation du patient à propos de son trouble.
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– Manfred F.R. Kets de Vries et Danny Miller sur le narcissime et le leadership : une perspective de relations d’objet. |
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– Singmund Freud, Pour introduire le narcissisme, 1994 |
– Stephanie Donaldson-Pressman, Robert M. Pressman, The Narcissistic Family : Diagnosis and Treatment |
[1] Cette sous-partie est une ébauche de l’article de Manfred F.R. Kets de Vries et Danny Miller sur le narcissime et le leadership : une perspective de relations d’objet.
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