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Le Théâtre comme Médiation Éducative pour les Jeunes en Difficulté : Un Projet d’Avenir

PLAN

INTRODUCTION

Partie 1 : LA VIE EN INTERNAT – MON INSERTION DANS UN FOYER – LE PROJET – L’IMMERSION DANS L’AVENTURE EDUCATIVE ARTISTIQUE

  1. LA VIE EN INTERNAT
  • Historique de l’internat : un lieu d’enfermement
  • Définition d’un internat
  • Pourquoi l’internat ?

 

  1. MON INSERTION DANS UN FOYER
  • La description du foyer
  • Les missions du foyer
  • Les principes et valeurs du foyer
  • La spécificité du foyer
  • Les missions des éducateurs spécialisés
  • Etude de deux cas dans le foyer : ceux de Williams et de Guy
  • L’adolescence, les jeunes et leurs cirses

 

  1. LE PROJET
  • Quelques notions sur le projet
  1. Définition
  2. Etymologie
  3. Caractéristiques
  • Le projet théâtre
  1. Définition
  2. Objectifs
  3. Emmener les jeunes au théâtre
  • Mon projet théâtre
  • Ce que les jeunes ont ressenti

 

  1. IMMERSION DANS L’AVANTURE EDUCATIVE ARTISTIQUE
  • Historique du site, ferme de Champagne, le théâtre du Fil
  • Trente ans de théâtre du Fil
  • Histoire du Fil
  • Les sept principes fondamentaux du théâtre d’Ariane
  • Fonctionnement du théâtre d’Ariane
  • Place et rôle de l’éducateur
  • Travailler ensemble
  • Stigmate, stigmatisé, stigmatisation

 

Partie 2 : LA MEDIATION EDUCATIVE

  1. La pédagogie de l’expression et de la créativité
  2. Qu’est-ce que la médiation éducative ?
  • L’activité de médiation
  1. L’intérêt d’un atelier théâtre en tant que médiation éducative
  2. Activité théâtre : Outil ou finalité pour l’éducateur ?

CONCLUSION

INTRODUCTION

 

A l’heure actuelle, de nombreuses difficultés sont éprouvées dans le domaine éducatif. Les enfants, les adolescents et les jeunes affrontent plusieurs problèmes comme les problèmes familiaux, scolaires ou sociaux. Ces complications influencent leurs comportements habituels. Dans leur vie de tous les jours, ils n’ont pas eu l’opportunité de vivre dans un univers leur permettant de s’épanouir et de se développer avec sérénité. On peut dire qu’une partie de la jeunesse est en panne d’avenir. De ce fait, nous ne pouvons pas ne pas avoir un regard large et ne pas chercher à discerner quels sont les enjeux essentiels.

L’acte éducatif ne se réduit tout simplement pas à des activités et des fonctionnements. Il faut alors agir en étant créatif, dynamique et inventif pour se sentir autorisé à oser, à créer du nouveau, à entreprendre. Il ne faut jamais délaisser ces jeunes défavorisés. Il y a des familles particulières, des maisons d’accueil qui s’engagent dans le champ éducatif et œuvrent au service de la jeunesse défavorisée. Cela dans le but de permettre aux jeunes d’aller au bout de leur rêve, de ce qu’ils peuvent être et de ce qu’ils peuvent faire. Mais ce n’est pas du tout une tâche facile.

Pour ma part, j’ai eu l’occasion d’effectuer un stage au sein d’un foyer. Par rapport aux comportements des jeunes et nos difficultés à travailler avec eux, nous avons cherché des solutions pour améliorer l’approche. Pour ce faire, sachant que les vacances scolaires approchaient, nous avons proposé une nouvelle approche afin d’impliquer les jeunes. Nous leur avons donc proposé la découverte du théâtre : un projet théâtre. Cela dans le but de renouer le dialogue avec eux et pour que ces jeunes en quête d’identité puissent avoir une autre vision et créer une relation éducative grâce aux médiations qui seront les ateliers mis en place.

Pourquoi et comment monter un projet théâtre ? Pourquoi et comment faire du théâtre avec les jeunes? Les emmener au théâtre ? Lire du théâtre ? Se former au théâtre ? Et en pratique ? En réponse toutes ces questions, ce dossier accompagne la mise en œuvre du projet théâtre et approfondit les différentes approches de la pratique artistique et culturelle avec des jeunes.

Pour mener à bien ce mémoire, nous allons voir dans la première partie, l’univers de l’internat contenant la définition de ce qu’est une vie en internat, les raisons d’insertion. J’expliciterai après cela mon insertion au sein d’un foyer, ma pratique et mes relations aux usagers. Par la suite, je mettrai en perspective le projet en question. Ensuite, je proposerai une immersion dans l’aventure éducative artistique. Pour ce faire, nous allons voir l’histoire du site, ferme de Champagne, le théâtre du Fil. Puis je présenterai le théâtre d’Ariane, une compagnie-école de théâtre.

Dans la deuxième partie sera étudiée la médiation éducative en la définissant, en essayant de comprendre ce qu’est la pédagogie de l’expression et de la créativité, l’activité de médiation ainsi que son intérêt. Et pour terminer, je me demanderais si l’activité du théâtre est-elle un outil ou une finalité pour l’éducateur ?

 

 

 

 

 

Partie 1 : LA VIE EN INTERNAT ET LE JEU

 

  1. LA VIE EN INTERNAT, UN LIEU D’ENFERMEMENT ?

 

Vivre en internat n’est pas assez facile. Là, tout est réglementé. On se demande alors si c’est un lieu d’enferment ou non. Certains disent oui et d’autres, non. La majorité des personnes considère l’internat comme étant « un mauvais objet ». Mais qu’est ce que c’est vraiment ?

 

  • Historique de l’internat

 

L’apparition du premier internat remonte, en Grèce, à l’Antiquité. En ce temps, les jeunes garçons ont été envoyés dans des casernes. Ils y étaient éduqués, formés pour devenir des soldats prêts pour tout affronter et surtout à défendre la cité. Ces trois points ont été les plus précisés : la discipline, l’obéissance et la contrainte par le corps.

L’enfermement a été considéré comme un moyen efficace pour assister et pour résoudre des problèmes sociaux. Pour ce faire, il suffit d’isoler les populations qui posent de problèmes. Le temps passe, la vision change. A la Révolution française, les lieux d’enfermement sont distingués selon les publics : asile pour les malades mentaux, prison pour les criminels, internat pour les enfants, adolescents et jeunes nécessitant d’aides, de corrections, d’assistance.

Dans les années 70-80, le mal traitement des enfants et/ou adolescents régnait dans l’internat et il est, dans la majorité des temps, considéré comme étant l’ombre d’hôpital général qui est loin d’être un lieu de soin. Pendant les années 80, ce mal traitement disparaissait de plus en plus mais l’idée que l’internat soit un lieu d’enfermement demeure toujours. Il s’agit d’un enfermement sous une autre vision : dans un internat, on fait presque tout à l’intérieur. De ce fait, le contact avec le monde extérieur est très faible, l’ouverture avec le monde manque.

De nos jours, nombreuses sont les affirmations répondant à cette question que non, l’internat n’est pas une prison. C’est, en fait, un lieu de vie et un lieu de soin qui constitue une possibilité de vivre et de soin aux sujets en situation de difficulté ayant besoin de traitement et d’accompagnement. Vivre à l’internat permet aux sujets de grandir avec des règles et disciplines, de développer leur sens de l’initiative, du partage et surtout de la responsabilité.

 

  • Définition d’un internat

 

L’internat est un lieu d’habitation pour accueillir des enfants, adolescents, jeunes hors de leur famille. L’enfant y vit en groupe : partage sa chambre avec d’autres enfants, mange en groupe, a des loisirs avec d’autres enfants, …

C’est aussi un lieu d’hospitalité, protecteur et bien sécurisé, cordial qui reçoit dans la majorité du temps du don venant des particuliers ou des organismes.

La vie dans un internat a une durée limitée.

 

  • Pourquoi l’internat ?

 

Multiples sont les raisons qui concourent au placement en internat à savoir :

  • Les différends entre parents et enfants :

La communication a du mal à passer. Ce qui entraîne des problèmes entre les parents et leurs enfants. Dès fois, les parents font face à des difficultés à exercer leur autorité parentale, ils exercent des violences sur leurs enfants. Il y a également des cas où les parents sont en instance de divorce et cela a un impact non négligeable chez l’enfant.

 

  • Les problèmes scolaires :

Actuellement, nombreux sont les établissements scolaires qui organisent une étude sur la surveillance des devoirs et certains d’entre eux proposent des cours de mise à niveaux pour les élèves rencontrant des problèmes personnels. L’internat est aussi un lieu fiable pour bénéficier du cadre de travail stable.

 

  • Les problèmes d’ordre pratique :

L’éloignement de l’école par rapport à son domicile, les difficultés financières, le chômage, le travail inadapté à la vie de famille équilibrée (travail de nuit, travail itinérant, travail à services coupés, …),  la maladie d’un parent l’empêche à un moment donné de prendre soin de ses enfants.

 

Des fois, l’idée d’aller vivre dans un internat vient de l’enfant, l’adolescent ou le jeune en question. Il veut vivre une nouvelle expérience de la vie, partager ses connaissances avec de nouveaux amis.

  1. MON INSERTION DANS UN FOYER

 

J’ai eu l’occasion d’effectuer un stage à responsabilité dans un internat, pendant sept mois, aux côtés des enfants et des adolescents.

 

  • La description du foyer

 

Ce foyer a un caractère social comprenant différents établissements interdépendants les uns des autres. Il a été fondé à l’initiative d’une assistante sociale, Suzanne Masson pour le sort des enfants orphelins de la seconde guerre mondiale.

Dans les années 60, un groupe d’étudiants en école de commerce s’enthousiasme par l’action menée de cette femme. De part leur intérêt porté par cette idée aventureuse, naquit la présente association, qui vit le jour, en même temps que la création de villages d’enfants, dans différentes régions de France.

Le 31 Octobre 2006, cette association est devenue une fondation, œuvrant depuis 45 ans, directement dans la Protection de l’enfance, il investie pleinement pour initier des réponses inédites et adaptées afin d’assurer l’accueil et la prise en charge des enfants, des adolescents en situation de rupture familiale. Ses différentes actions sont conçues sur des valeurs familiales et humaines.

 

  • Les missions du foyer

 

La mission de l’internat s’oriente dans l’accueil des enfants, le plus souvent en fratrie. La prise en charge se révèle être fondée sur un ensemble d’aspects indissociables. En effet, accueillir sur la durée, dans un cadre familial et consentir à chaque enfant un parcours individualisé et diversifié tout en préservant les liens entre les frères et sœurs ainsi qu’avec la famille.

Sa mission n’est pas moindre. L’organisation des structures s’élabore face à l’accueil et se doit de considérer le ressenti de chaque arrivant qui, dans un temps très court se trouve confronté à un nouveau milieu, un environnement ignoré, des personnes autres, que celles connues précédemment. Ces jeunes enfants et adolescents, séparés de leurs parents, intègrent une résidence sur un concept basé sur leur reconstruction dans un milieu stable et un cadre familial à dimension humaine.

 

  • Les principes et valeurs du foyer

 

Le principe du foyer est basé sur l’engagement, le respect, l’indépendance, la transparence et l’humanisme.

Ces institutions prennent en considération les politiques nationales et départementales de la protection de l’enfance qui réglementent et financent la prise en charge de ces jeunes. A travers la participation et la mise en œuvre de schémas départementaux, elles développent un partenariat avec les conseils généraux.

L’établissement se compose de trois foyers éducatifs, avec des adolescents âgés de 14 à 19 ans, un service de pré jeune majeur dont la tranche d’âge varie de 17 à 19 ans et un service jeune majeur de 18 à 21 ans. Ces deux derniers services seront présentés dans la troisième partie du mémoire.

 

Les valeurs de l’établissement s’inscrivent dans celles de la fondation et se nourrissent des principes énoncés dans la charte des droits et des libertés de la personne accueillie.

  • Le respect des personnes et des liens familiaux
  • Le développement de la responsabilité des personnels et des usagers
  • La participation des usagers
  • L’encouragement à la citoyenneté, au partage, à la coopération
  • L’inscription dans un accueil et un accompagnement « bien traitant »

 

Le foyer, dans lequel j’ai effectué mon stage est mixte et recueille huit jeunes âgés de 14 à 19 ans. Il est aménagé dans une maison ordinaire, en quartier résidentiel et urbain. Ces jeunes sont suivis par cinq éducateurs spécialisés, une chef de service, un directeur, un psychologue, une femme dite maîtresse de maison, un homme d’entretien et une infirmière, tous deux à mi-temps.

 

  • La spécificité du foyer

 

Le projet institutionnel vise à permettre à l’adolescent, une prise en charge éducative de la vie quotidienne mais également une scolarisation adaptée, ainsi qu’un travail sur l’autonomie afin de le préparer à la vie d’adulte.

L’enseignement scolaire se fait en dehors du foyer et permet ainsi aux adolescents d’être en contact avec le monde extérieur.

 

  • Les rôles des éducateurs spécialisés

 

Chaque éducateur se doit de remettre, à son arrivée, une fiche de poste où sont indiquées ses différentes missions.

 

  • Assurer l’accueil et l’accompagnement éducatif :

La présence des adolescents dans ce foyer relève de situations sociales difficiles. De ce fait, confié par les organismes de la protection de l’enfance, l’éducateur a pour mission d’éveiller et de développer la capacité, la personnalité de ces adolescents et de favoriser leur intégration dans la vie sociale.

 

  • Accompagner le groupe d’adolescents dans tous les faits de la vie quotidienne :

Pour ce faire, il faut s’appuyer sur les notions de collectivité grâce à l’aide des moyens de développement de l’action éducative en internat.

 

  • Contribuer

En concertation avec l’ensemble de l’équipe éducative, l’accompagnement, la mise en œuvre et l’évaluation des projets individuels face aux jeunes, s’établissent en concertation avec les référents sociaux et dans la mesure du possible avec les familles.

Au quotidien, c’est l’équipe éducative au sein du foyer qui prend en charge de ces adolescents. Le problème qu’elle affronte est la venue régulière de nouveaux remplaçants d’où l’instabilité à maintenir un nombre de personnes nécessaires. Ce qui a un effet plus ou moins négatif pour les recueillis, ils s’adaptent à nouveau aux nouveaux éducateurs.

 

L’adolescence est un moment de la vie qui ne s’oublie pas. A ce stade, pour avoir un bon souvenir, l’adolescent doit être aidé à assumer du mieux possible ce stade. De ce fait, en ce qui concerne la prise en charge de chacun d’entre eux, un dossier contenant les renseignements personnels est créé pour résumer le parcours institutionnel de chaque adolescent. Des remarques et commentaires écrits (accidents de parcours, incertitudes, …) y sont apposés ainsi que des éventuelles corrections apportées en fonction des évolutions remarquées, de l’influence éducative familiale sans oublier l’imprévisible.

Il est à noter que l’action de réflexion sur la situation des adolescents se fait principalement durant les réunions ayant lieu tous les mardis où participent les éducateurs, le psychologue et le chef de service.

 

  • Etude de deux cas dans le foyer : ceux de Williams et de Guy

 

Dans cette étude de cas, nous allons mettre en évidence le cas de deux adolescents. Il s’agit de Williams et de Guy. Je vais parler en premier lieu du cas de Williams et celui de Guy le suivra.

Mon arrivée au foyer se coïncide avec celle d’un adolescent âgé d’une quinzaine d’année, nommé Williams. Comme les éducateurs étaient surchargés de tâches et d’occupations, on m’a confié ce nouveau venu.

Williams est un indien, de petite taille et très mince. Il a l’apparence d’un adolescent fragilisé par son physique mais aussi par une vie, courte mais déjà très remplie. Il a des cheveux très courts, peignés et redressés par du gel, comme la plupart des jeunes de nos jours et s’habille comme eux : un jean, un sweat-shirt (avec une préférence prononcée : le bleu et blanc entre autres). Il a un attrait spécifique : la modification de la couleur de ses yeux par des lentilles de couleurs variées comme les bleues, les vertes et les grises. Il aime bien prendre soin de son corps et donner une bonne impression de lui aux autres. C’est un garçon qui peut, à tout moment dégager de la violence et qui centre ses activités sur le rap.

Il s’agissait de son deuxième placement dans un internat. Dès le premier jour, nous avons senti une incompréhension de sa part face à ce placement. En fait, il a laissé derrière lui et seuls, son frère jumeau et sa petite sœur cadette alors qu’ils étaient très unis. De plus il se sent très seul, troublé et empli de colère. Un autre problème très pesant pour lui était aussi la proximité géographique de son lieu familial et celui du foyer. Cela favorise et facilite les moyens, pour Williams, de rencontrer sa famille.

Au sein du foyer, un groupe a été créé. Cela a permit à ce jeune d’exprimer les rancœurs qui le tourmentent. Mais à notre premier contact, il a adopté un comportement plutôt réservé, comme renfermé sur lui-même mais d’un coup, il a fait apparaître sa politesse en disant « s’il te plaît » et peu après en terminant par « vous me saoulez ». Il s’est facilement adapté et s’intégrait très rapidement et sans problème dans le groupe qui lui était destiné. Néanmoins, il refusait toujours le fait d’être était enfermé dans le foyer.

Lors de son admission au pavillon, on lui a communiqué que le rythme des hébergements dans sa famille était des trois week-ends par mois. Il n’était pas le seul à en souffrir mais il y avait également sa mère qui avait beaucoup de mal à accepter le placement de son fils. Elle gardait, en permanence, le contact avec son fils en lui téléphonant très régulièrement et des fois en venant au foyer.

Depuis la rentrée de Septembre 2009 a eu lieu la reconstitution des groupes de jeunes dans le pavillon. Cela a été très bénéfique pour Williams cette reconstitution lui a permit d’avoir une place plus importante au sein du groupe.

Selon mon point de vue, cet adolescent respecte très bien les règles du pavillon et il est très à l’écoute et aussi très sociable. Cependant, c’est un jeune qui sollicite peu l’adulte et ne m’a pas donner de plus amples informations lui concernant. Williams reste muet. De ce fait, les entretiens éducatifs lui étaient peu constructifs. On me posait des tas de questions sur la difficulté à amener ce jeune vers des objectifs et à travailler sur son placement.

Dès les vacances de Toussaint, Williams commença à dévoiler d’autres facettes de sa personnalité. Il a eu des conflits avec d’autres jeunes et ce fut l’élément déclencheur. Il est sous l’emprise de l’alcool et du cannabis et ne contrôlait plus ces actes. Il était devenu de plus en plus agressif et un jour même, il a saisit un couteau pour exprimer sa colère mais rien ne peut excuser cet état de fait. L’acte fait, Williams a reconnu qu’il était allé trop loin et s’est remit en question. De par ces attitudes, des éléments concrets m’ont beaucoup aidé à m’en saisir et je les ai utilisés comme support de la relation éducative.

Pour conclure cette phase, nous pouvons dire que Williams prend la place d’une victime en étant rejeté par l’ensemble de sa famille puis par les institutions éducatives. Il se trouve dans l’incapacité d’exprimer le sens de ses passages à l’acte. Par contre, dès qu’il se sent dépassé par une situation, il prend l’initiative de m’appeler et me raconte ce qui ne va pas. Il opte des comportements différents à chaque personne qu’il a devant lui et accorde sa confiance très rarement, c’est un être très méfiant puisqu’il est blessé et souffre.

 

Après avoir vu ce cas de Williams, je vais vous présenter celui de Guy.

 

Un antillais, âgé de 14 ans, physiquement, Guy est un grand garçon d’une taille de 1,76m environ et d’une corpulence de 85Kg. Il dégageait déjà, une détermination dans ses rapports avec autrui. Comme coiffure, il tient vraiment à ses « rastas ». Au niveau vestimentaire, il ne met rien de particulier. Par contre, le côté hygiène ne fait pas vraiment partie de ses gestes quotidiens, ne pas se laver ne lui pose pas de problème. Il a gardé l’innocence d’un enfant dans un corps trop grand, il ne supporte pas la contradiction.

Un geste compréhensif, à son arrivée au pavillon, Guy s’est montré assez discret mais avec une très grande facilité d’adaptation vis-à-vis du groupe de garçons auquel il a été placé mais notamment avec Williams avec qui il a une grande affinité. C’était surtout les boissons qui leur ont rapprochés très vite.

Au début, Guy n’entrait en relation avec les adultes que dans la contradiction. Il s’opposait, dans la majorité des cas, à toute demande émise par l’équipe. Il me demande souvent de téléphoner à sa mère qui vit en Guadeloupe pourtant, je n’avais aucun contact avec cette dernière. Il n’évoque que superficiellement ses relations familiales. Aujourd’hui encore, je n’ai pas accédé à cette partie de sa vie. Question de vie familiale, il reste sur la défensive. Quand il rencontre ses sœurs, il a tout juste l’air content mais rien de plus ne s’échappe sur son ressenti.

Après quelques semaines d’observation, je me questionne pour savoir si sa façon de communiquer avec l’adulte est un simple jeu ou non.

A première vue, Guy paraît comme un adolescent agréable et respectueux mais peu après, il n’hésitait pas à désobéir les différentes règles du pavillon qui lui sont expliquées comme fumer du cannabis à l’intérieur de sa chambre, rentrer en retard sans justificatifs, s’absenter aux cours.

En lisant son parcours, j’ai pu savoir que depuis sa naissance, il n’a connu que des ambiances alcoolisées, par l’exemple même de ses parents. Et actuellement, dans le foyer, il boit avec certains jeunes. Tout cela n’a pas facilité les tâches.

Guy est plutôt distant envers moi et refuse de me donner accès à lui. Il préfère entretenir de bonnes relations avec les jeunes. En étant méfiant, il sait manipuler le reste de son groupe malheureusement de façon négative. Hâtivement, son impact sur certains garçons accueillis au pavillon a évolué et entraînait une ambiance pénible au quotidien car il fait subir de mauvaises choses à ces derniers.

Très rapidement, Guy a été reçu par le Directeur de l’établissement mais aussi par les éducateurs dans le but de reprendre le sens de son placement mais malgré la confrontation, il refuse d’admettre ses difficultés et de les remédier.

 

Tels sont les cas qui m’ont été confiés durant mon stage à responsabilité.

 

  • L’adolescence, les jeunes et leurs crises

 

L’appellation de la structure comme un foyer éducatif, prend plus souvent l’expression de foyer d’adolescents. L’adolescence est une notion fréquemment utilisée mais qui mérite que j’y revienne brièvement.

Selon la définition de l’Encyclopédie Bordas, l’adolescence « est la période de la vie humaine commençant avec la puberté et se terminant avant le début de l’âge adulte »

Des questions se posent. Où l’adolescence commence t-elle et où se termine t-elle? Les limites sont floues, mais l’on retient souvent comme début, l’âge de la puberté et comme fin 18 ans, âge fixé en France pour être reconnu majeur. La phase adolescente est une période révélatrice des trois ordres de contrainte qui pèsent sur l’individu :

Ø   Contraintes biologiques, génétiques,

Ø   Contraintes de l’éducation, liées à l’histoire de l’enfant. L’adolescent révèle la qualité du vécu de l’enfant pour le développement de sa personnalité. Les deux ou trois premières années de la vie sont, en effet déterminantes pour le développement de la personnalité de l’enfant.

Ø   Contraintes sociales et environnementales qui influent sur l’individu.

 

Pour beaucoup de jeunes, cette période particulière de la vie, souvent mouvementée, caractérise l’adolescence par des alternances d’épisodes d’agitation, de calme, d’euphorie, de déprime. N’entend-on pas dire, c’est « l’âge bête » ? Dans un certain nombre de cas, des problèmes surviennent, et un mal-être chez l’adolescent peut le conduire vers des situations critiques…

 

Une période de conflits nécessaires

L’adolescence se caractérise, aussi par un regard contradictoire, dans la représentation des parents, des adultes qui les entourent. Le jeune se détourne du groupe familial, pour se procurer son émancipation par l’intégration de groupe d’appartenance.

Dès sa naissance, l’enfant ne vit qu’à travers ses parents. Ceux-ci, constituent un modèle pour eux, une confiance, une sécurité, un bien-être, ils se sentent sécurisés et ne les remettent nullement en cause. Or, à l’adolescence, les jeunes cessent souvent  de s’identifier aux parents, qui n’apparaissent plus comme des références, ils sont critiqués et remis en cause.

L’adolescent cherche ailleurs, d’autres repères. Son identification, s’élabore par l’intermédiaire de ses semblables, amis et amies. Là, commence le passage de l’indépendance.

Il faut savoir que pour s’opposer au monde adulte, le jeune se détache de celui-ci.

L’adolescence est une période où les relations sont souvent équivoques entre les jeunes et les adultes, que ce soient les parents, les enseignants ou les éducateurs. Pour mieux illustrer cette relation conflictuelle, je prendrai l’exemple d’un jeune  accueilli dans la structure.

Les propos confiés par la mère sur son fils sont caractéristiques d’un conflit inhérent l’adolescence. Le lendemain d’un weekend, par l’intermédiaire du téléphone, elle m’exposa les évènements qu’elle supportait.

« Je n’en peux plus, me dit-elle », tous les weekends, cela ne se passe pas bien à la maison. »

William, en compagnie de son frère jumeau, sort le samedi soir. Lorsqu’ils rentrent, ils sont très alcoolisés, et une violence verbale et gestuelle se manifeste  à son encontre. Elle n’en peut plus, d’autant plus, qu’il l’insulte et lui fait du chantage si, elle venait à parler à quelqu’un du foyer, sa référente ou quelqu’un d’autre.

Elle ne veut pas le perdre, elle veut maintenir les visites du weekend, mais là, elle craque.

Dans sa chambre, elle a trouvé du cannabis, et des bouteilles d’alcool. Son père est malade.

Il est vrai, que cette mère supporte difficilement le placement de son fils, mais elle interprète la conduite de son fils pareille à une honte. Ces relations conflictuelles s’expliquent en partie par le fait qu’en devenant adolescent, les sollicitations des jeunes augmentent, ils refusent l’aide extérieure et les conseils. Ils n’appartiennent plus au monde de l’enfance et se demandent pourquoi ils n’ont pas le droit de faire ce qu’ils veulent.

Des auteurs comme Françoise DOLTO montrent que cette lutte des adolescents contre les restrictions imposées par les adultes, leur volonté de devenir indépendant, font partie du processus de développement.

Chacun possède une histoire, un vécu, des difficultés familiales, sociales, qui fragilisent.

Maltraitances, carences éducatives, affectives, fonctionnement incestueux de la famille, violences, rupture, abandons, tensions diverses, sont des ingrédients qui, malgré eux, restent omniprésents, et précise une vision particulière de leur adolescence. Ces souffrances ressurgissent, et installent un mal-être incompris par lui-même, et peut-être même de l’entourage. Dans de telles conditions, se projeter dans un projet lié à leur vie future, ne représente nullement un besoin de l’instant présent. Ces phases expliqueraient en partie, l’intérêt porté sur  les conduites ordalique que nous allons voir par la suite. L’adolescence, mais bien évidemment centré sur le parcours de ce jeune garçon.

 

Williams coléreux par nature, se donne la possibilité d’exister à travers des actes répréhensibles. Il revient au foyer, très alcoolisé, hurle sa rage, détruit ce qui ne lui appartient pas, s’oppose violemment à l’éducateur. Pour cela, il nargue le personnel, en s’enfermant dans la salle de bains, afin de fumer du cannabis. Ce jeune déverse sa violence et traduit celle-ci par du mépris à l’égard des autres. Lui seul, existe. Puis se rajoutent des interrogations face à son placement. Pourquoi lui sans son frère jumeau ? Quelles raisons d’être dans la ville où habite sa famille ? Sa haine face à sa référente,  son désir ardent de faire du mal, dans le seul objectif d’exploser son mal-être.

Pour lui, il n’a rien à perdre, il ne supporte pas ce placement. Depuis le mois de septembre, il a débuté un pré apprentissage en alternance, dans la plomberie, afin d’intégrer un CFA, l’année suivante. Son projet professionnel était d’être plombier. J’emploie l’imparfait, car Williams  présentait des difficultés à ne pas respecter  les règles, lors de sa formation. Son patron a décelé, même s’il s’impliquait, une immaturité sérieuse, et une incapacité à s’investir dans cette formation. Aussi, par ses intentions négatives, son contrat a été rompu. Suite à cela, Williams s’est convaincu que tout ce qu’il va entreprendre sera un échec. Tout revient à la surface, son placement, son frère vivant au domicile familial et qui poursuit ses études en cycle général.

Un autre parcours, pour Guy. D’origine Guadeloupéenne, né dans ce pays, mais abandonné par ses deux parents alcooliques, renoncement total de leur autorité parentale, c’est sa tante, qui l’a amené en France. Dès le début de sa vie, il a subi des violences, et demeurait dans une ambiance malsaine. La souffrance fait partie de sa vie. En France, ses cousins le frappent eux aussi. Son père qui a commis un acte d’homicide volontaire, qui a été emprisonné  est pour Guy, une identité perçue positivement. Il désire lui ressembler dans cette violence comme lui, car prétend-il, on est respecté après.

Actuellement, sa vie actuelle n’a aucun sens. Avec Williams, ils veulent faire le pire, pour, pensent-ils, les adultes qui s’occupent d’eux, en auront assez, et par déduction, on les renverra chez eux. Pensée simpliste, mais faisable !

 

Voici un récapitulatif, d’exemples vécus, à travers Guy et Williams.

ØTous deux ont imaginé, se mettre en slip dans le jardin, alors qu’une pluie torride tombe, et le but est de chronométrer combien de temps, chacun restera sous cette pluie. Ils se motivent en poussant l’autre à y retourner. Cette phrase dite à l’intention de Guy «  si tu es un homme, tu dois le faire », c’est une sorte d’appui de …

ØWilliam prend la tête de Guy, la met sous l’eau dans la baignoire, et le force à rester dedans, pour voir s’il survit : c’est un homme.

 

Le troisième est déconcertant.

ØLe plus difficile à comprendre est lorsqu’ils roulent eux-mêmes leur joint en incorporant un mélange d’autres choses, pour voir, lequel sera le premier défoncé, mais aussi le plus.

Un jour, Guy a mélangé de l’alcool avec de l’eau de javel après avoir fumé un joint. Grâce au veilleur de nuit, cet adolescent s’est retrouvé à l’Hôpital, dans un état très critique. Le résultat de ce geste, un coma d’une durée de deux semaines pour overdose et un mois d’hospitalisation. En évoquant avec lui, cette attitude il me confia qu’il n’avait pas voulu se suicider, mais juste voir jusqu’où il pouvait aller. Aucune leçon retenue de sa part. D’ailleurs, l’évolution des évènements, me confirma mon intuition.

A ma grande surprise, lors de son retour du centre hospitalier au foyer, il fut accueilli comme un héros, et je voyais dans son regard, le plaisir qu’il prenait. Il lança cette phrase : « la mort ne peut pas m’arrêter ».

J’apporte une réflexion sur l’interrogation précise, pourquoi se placer en danger et entraîner autrui ? Qui sont ces jeunes ?

A quoi pouvons-nous faire face ? Je différencie dans un ordre qui m’apparaît la généralité, les phases où les jeunes adolescents s’immergent seuls ou en groupe. La prise de risque reste intentionnelle et non mesurée. Pour certains adolescents, la conséquence d’éprouver un mal  être, apparaît sous différents aspects. Manque d’énergie, aucune motivation, et pour eux, la prise de risque peut être une nécessité humaine voire la  satisfaction d’un besoin primaire.

Néanmoins, chez la plupart des jeunes, la prise de risque peut-être légère et ne met pas en danger la personne au travers d’attitudes excessives. Ce sont des expérimentations qui seraient des rites de passage permettant la reconnaissance des pairs et la ponctuation d’étapes de vie. C’est parfois une façon de renforcer une estime de soi, fragilisée à l’adolescence. Cette prise de risque peut concerner le jeune lui même ou s’étendre aux autres. Une minorité d’adolescents ressent le besoin de prendre des risques de façon démesurée pour pallier un mal être.

Cette déviance peut aboutir à des situations suicidaires, qui requiert une aide à la construction identitaire, cela s’interprète par une dérive.

Dans les conduites ritualisées que mettent en place certains jeunes, elles s’assimilent à des rites d’initiation, en apparence, mais ressembleraient plus à des défis ou des comportements dangereux. Ces comportements seraient aujourd’hui plutôt définis comme des conduites ordaliques. Le fantasme ordalique serait le fait de s’en remettre à l’autre, au hasard, au destin, à la chance, pour le maîtriser. La conduite ordalique comportent donc toujours à deux facettes : abandon ou soumission mais aussi tentative de maîtrise, de contrôle sur sa vie. Le jeune se dit que rien ne peut lui arriver en adoptant ces conduites de « toute puissance ». Il se retrouve à répéter des comportements dangereux sans trouver ce qu’il recherche, c’est-à-dire un sens aux choses comme dans les conduites additives.

D’après David Le Breton « les conduites à risque sont des sollicitations symboliques de la mort dans une quête de limites pour exister, ce sont des tentatives maladroites et douloureuses de se mettre au monde, de ritualiser le passage à l’âge d’homme (…) Les conduites à risque se distinguent absolument de la volonté de mourir, elles ne sont pas des formes maladroites de suicides mais des détours symboliques pour s’assurer de la valeur de son existence ».Selon lui, les jeunes qui s’exposent si fortement sont une minorité qui témoigne d’une souffrance et d’un besoin de confrontation au monde pour se sentir exister. On retrouverait dans les familles de ces jeunes, une absence de limites ou d’orientation de vie qui les encouragerait à les atteindre, en se mettant en danger. Cela semblerait plutôt être une confrontation au vide et un manque de valeurs permettant au jeune d’exister aux yeux des autres. L’autre est recherché comme tuteur. Il s’agirait aussi d’un besoin d’autonomie.

Ainsi, la prise de risque s’inscrit dans une quête identitaire, une recherche de soi et de ses limites. Elle se perçoit comme une médication palliative à un manque, tel l’accompagnement du jeune par l’adulte vers l’autonomie et la recherche du sens propre à sa vie.

L’accident de Guy, m’a marquée, et m’a répercuté la détresse de ces individus, jeunes, incompris et refusant toute aide.

L’équipe, qui œuvre conjointement depuis plus de 25 années se sentait entièrement dépassée. La confrontation des éducateurs s’élabore difficilement, car  jusqu’à présent, ils n’ont pas eu à gérer des jeunes avec de telles prises de risque, et des situations comportementales ordaliques.

Au cours de ma première année de formation j’ai participé à un module de techniques éducatives. Avec une quinzaine d’étudiants nous avons pris part à un atelier théâtre, centré sur les activités. Durant quinze jours nous devions proposer plusieurs activités théâtrale centrés sur « l’identité » nous avons été à la recherche de « qui sommes nous vraiment». J’été surprise de l’efficacité et de la qualité du résultat. Cela m’a permis de mieux comprendre la manière dont nous pouvions, en tant que éducateur, adapter le projet initiale sans en dépasser les limites.

Les éducateurs et le public se retrouvaient embarqués à égalité, dans la même expérience. L’élaboration de la pièce est nourrie par les idées proposées au fur et à mesure des exercices. Cela fonctionnait bien car les intervenants maitrisaient parfaitement les objectifs définis. J’ai remarqué que les éducateurs parvenaient à créer un climat de confiance rassurant pour les personnes peu sûre d’elles mêmes et qui ainsi peu à peu prenaient de l’assurance. Cette expérience à été d’abord un peu déstabilisante car je ne connaissais rien à cette technique de travail, mais très vite, j’ai pu la mettre en pratique, elle c’est avéré très riche dans les échanges avec les usagers de l’établissement et services d’aide par le travail. La mise en œuvre de cette méthode m’a aidé à progresser au rythme de l’usager

Le résultat a été surprenant. Les exercices effectués au cours de nos entrainement ont permit d’atteindre les objectifs prévus par les intervenants. Au final, je me rendais compte que les personnes d’encadrement ont réussi grâce à nos propositions et la réalisation de leurs objectifs à créer un spectacle. Il a fallut du temps mais nous y sommes arrivés.

Ainsi nous sommes les acteurs de ce théâtre, nous sommes sur scènes dans le rôle que nous acceptons ou non de jouer et nous pouvons rire de nous même. Rire de nous même, je veux voir Guy et Williams et les autres rire d’eux même.

La tradition éducative, même si elle est récente, nous a transmis le terme de « médiation » pour désigner l’espace de rencontre et d’activité dans lequel la relation éducative s’exerce espace ou se transmet un certain savoir et savoir faire sur le monde et la vie en société

Le mot médiation sert à désigner des réalités diverses : il devrait signifier le moyen d’aller de soi à soi par le biais d’un tiers. Au quotidien, l’éducateur ne peut pas attraper de front ce qui, dans l’histoire ou le parcours de l’autre, fait sa déficience ou sa souffrance. Se risquer une telle approche équivaudrait à vouloir « opérer à vif ». Elle provoquerait la rétractation ou la fuite en avant de l’être ayant besoin d’aide.

 

  1. LE PROJET

 

Avant d’entrer dans le vif du sujet, nous allons voir quelques notions sur le projet en voyant la définition, l’étymologie et les caractéristiques d’un projet.

 

  • Quelques notions sur le projet 

 

  1. Définition du projet :

 

Le projet peut se définir comme étant un engagement formel visant, d’un temps, à répondre un besoin exprimé ou d’un autre temps à résoudre un problème exposé qui nécessite le rassemblement et l’intégration d’une grande diversité de contributions.

On peut dire aussi que le projet est un élément clé pour la gestion et l’administration d’une organisation.

Le projet est donc le support fondamental du travail de l’éducateur spécialisé. Il repose essentiellement sur le principe de l’interactivité dans le suivi et l’orientation des jeunes. Le projet doit être précisément adapté à la personne à qui il est destiné. Il devra être conçu dans les grandes lignes avant sa présentation aux jeunes, quitte à, ensuite en modifier certains aspects pour l’améliorer. Il est soumis à plusieurs règles dans le but de répondre aux attentes. La réalisation du projet peut s’établir au sein au sein de l’établissement et/ou en dehors de l’établissement. La vigilance des professionnels est exigée lors de la conception du projet.

Plusieurs éléments peuvent influencer la création du projet comme la commande sociale de la structure et les attentes de l’association.

  1. Etymologie du projet :

 

Le mot projet vient du mot latin « projectum de projire » qui signifie « jeter quelque chose vers l’avant » dans cela, le préfixe PRO signifie « qui précède dans le temps » et le radical JACERE, « jeter ».

De ce fait, le mot projet veut dire viser une chose et veiller à ce qu’elle soit réalisée.

 

  1. Caractéristiques d’un projet :

 

  • Le projet a un objectif

Le but dans un projet est de résoudre un problème donné en analysant préalablement les besoins. Un projet est établit pour parvenir à un changement durable en suggérant une ou plusieurs solutions possibles.

 

  • Le projet est réaliste

Il n’est pas du tout nécessaire de réaliser des objectifs presse-citron. Il faut toujours qu’ils soient réalisables. De ce fait, la prise en compte des exigences et des ressources disponibles (humaines, matérielles et financières) est très importante.

 

  • Le projet est limité dans le temps et l’espace

La réalisation d’un projet commence et prend fin à une date donnée et se déroule dans un lieu et contexte spécifique.

 

  • Le projet est complexe

Réaliser un projet nécessite de faire appel à des compétences en matière de montage et de conduite ainsi que de divers partenaires et sponsors.

 

  • Le projet est collectif

Il est vrai qu’un projet peut être réalisé individuellement mais c’est le produit de la réflexion d’une équipe pour aboutir à la satisfaction du public cible.

 

  • Le projet est unique

Un projet naît d’une idée personnelle, d’une nouvelle idée et est conçu pour un seul et unique problème.

 

  • Le projet est une aventure en soi

Comme le projet est unique et novateur, il implique des incertitudes et des risques.

  • Le projet peut être évalué

Les objectifs mesurables d’un projet planifié doit être évalués.

 

  • Le projet théâtre

 

Pour aider les adolescents aux comportements anormaux, au sein du foyer, je leur ai proposé un projet théâtre. Mais qu’est ce que c’est ? Quel est son objectif ? Quels sont ses avantages ? Comment s’y prendre ? Pour mieux comprendre, nous allons essayer de répondre une à une à ces questions.

 

  1. Définition

 

Jouer c’est laisser son imagination, ses émotions, c’est aussi agir en trouvant une forme pour exprimer ces derniers et les partager avec autrui.

Le jeu théâtral ou projet théâtre est un élément permettant aux pratiquants (les enfants, les adolescents, les jeunes) de s’évoluer de son état passif à l’actif et à une attitude créative avec la complicité des enseignants. Dans ce projet, les activités sont libres mais soumise à des règles déterminées et limitées à des temps et espaces bien prédéfinis. De ce fait, c’est une activité qui permet aux jeunes d’acquérir de nouvelles connaissances, des savoir-faire, des savoir-être.

 

  1. Les objectifs du projet théâtre

 

Un projet théâtre doit principalement viser la réalisation des divers objectifs fixés : les objectifs pédagogiques qui concernent l’acquisition de nouvelles recommandations et compétences dans un domaine bien défini. Les objectifs artistiques permettant la rencontre avec des artistes en démarche de création et implication dans une pratique réelle. Les objectifs culturels qui visent les rencontres avec les œuvres de création.

Comme toute activité pédagogique, le projet théâtre a pour objectif d’enseigner les jeunes, de les corriger dans les cas défavorables ; les amener à réfléchir ensemble, à apporter des solutions concrètes, à les impliquer à être un acteur de changement et surtout d’évolution.

Un des objectifs du projet théâtre est d’inciter les jeunes à communiquer, partager leurs souhaits et désirs afin de vaincre la timidité.

A part tout cela, l’objectif est de remotiver le jeune décrocheur et de lui redonner confiance en lui-même. Pour ce faire, on fait intervenir l’expression orale et l’expression corporelle. Il s’agit d’inciter l’adolescent à bien participer dans le travail de groupe en tenant compte de la qualité de ce dernier. L’atelier théâtre veillera alors au développement d’une attitude responsable de la part de chaque jeune.

 

 

  1. Emmener les jeunes au théâtre

 

Emmener ses élèves au théâtre, c’est leur apprendre à « être spectateur ». Cette pratique culturelle implique à un véritable parcours de formation  qui se construit en collaboration avec les théâtres et salles de spectacle qui accueille les jeunes.

Parce qu’être spectateur, c’est contribuer à donner sens, motivation et nouvelles approches aux apprentissages fondamentaux.

Permettre aux élèves d’aller au spectacle, c’est non seulement leur offrir une ouverture culturelle qu’ils ne trouveront peut-être pas dans leur entourage, mais c’est aussi leur apprendre à être spectateur : éprouver le plaisir des émotions partagées, découvrir la spécificité du geste artistique, décrypter les signes de la représentation, lire le monde et se lire soi-même en développant son esprit critique.

Il s’agit d’abord d’obtenir un spectateur calme et réceptif, non dans une préoccupation d’ordre et de discipline, mais parce que chacun est ici convié à une fête où le partage et l’écoute sont indispensables. On ne va pas seul au théâtre, et à défaut de communion, comme le souhaitait Vilar, il y a communication.

Ainsi le spectateur est actif et construit du sens. La formation du spectateur cherche à le mettre en appétit en lui fournissant quelques clefs, quelques repères qui suscitent son attente sans déflorer l’intérêt de la représentation.

Devenir spectateur, c’est développer un regard ou une réflexion critique sur des propositions artistiques, appréhender et analyser les codes et les signes de la représentation sont les enjeux majeurs de la pratique culturelle de spectateur. C’est aussi avoir accès à des langues et des textes différents, issus du répertoire classique ou contemporain. C’est comprendre qu’au théâtre, il n’y pas de réponse unique, qu’une mise en scène d’une pièce est le résultat d’un parti pris singulier de la part de l’artiste ou de l’équipe artistique. Le parcours du spectateur doit, autant que possible, s’enrichir d’une ouverture sur la diversité et la multiplicité des formes contemporaines du spectacle vivant. Enfin, la découverte des métiers (artistiques, techniques et administratifs) du théâtre et des conditions de création et de production d’un spectacle participe pleinement à l’acquisition d’une culture théâtrale.

 

  • Mon projet théâtre

 

Avec une quinzaine d’étudiants nous avons pris part à un atelier théâtre, centré sur les activités. Durant quinze jours nous devions proposer plusieurs activités théâtrales centrés sur l’identité où nous étions à la recherche de notre vraie personnalité. En fait, il ne s’agissait pas de se présenter comme dans un entretien d’embauche : bonjour ! Tel est mon nom mais plutôt à partir d’exercices obligatoires pré établis.

Au début, le chef de service avec l’équipe n’étaient pas convaincus sur l’idée de notre projet surtout pur ce qu’il y en ait de Guy et Williams. Ils se doutaient que le théâtre n’attirerait pas les jeunes. Il est vrai que pour des adolescents n’ayant jamais fait de théâtre, ce n’est pas très facile. Pour parvenir aux objectifs, j’ai pris contact avec un metteur en scène avec qui j’ai fais du théâtre : Taoufik. Je lui ai expliqué ce qui m’attendait : d’aller dans un théâtre et en faire afin de renouer le dialogue avec eux pour que ces jeunes en quête d’identité puissent voir autre chose et créer une relation éducative grâce aux médiations qui seront les ateliers mis en place. Heureusement que de sn côté, il a, lui aussi un projet identique où nous pouvons y participer.

Il s’agit dans ce projet de travailler avec les 8 adolescents du foyer,  sur le thème de l’enfermement. En effet, un riche fond documentaire existe au sein du centre d’exposition « Enfants en Justice »à Savigny sur Orge. Ces écrits ont été rédigés par des adolescents détenus dans le centre d’observation de Savigny sur Orge en 1960. Ce support permet d’initier  avec des adolescents en grande difficulté du foyer une réflexion, un travail autour des représentations véhiculées sur ce sujet. Il s’agit dans ces ateliers de créer des chemins de traverse, des ponts qui favoriseront une intégration sociale. La parole, la recherche de sens, l’accompagnement proposé visent à établir en compagnie de l’autre les conditions propices vers une autonomie une communication avec les professionnels du foyer.

Le problème principal est lié au développement défectueux des relations que les adolescents en difficulté entretiennent avec autrui ainsi qu’avec la société. Les adolescents éprouvent souvent, aussi, des difficultés à se situer dans le temps. Un travail de mémoire peut favoriser une meilleure compréhension de la notion de temporalité et ainsi permettre de mieux se projeter dans l’avenir. Ces adolescents véhiculent des représentations fausses sur le travail, l’adulte la Justice, le droit, les prisons. Il est essentiel, à partir d’éléments concrets, de documents, de les informer correctement et de leur donner les connaissances nécessaires pour s’inscrire dans la société. Ce projet consiste à initier auprès  d’un groupe d’une vingtaine de garçons et filles une recherche, une réflexion et une restitution écrite, théâtrale autour des mots de l’enfermement. En effet le CENTRE D’EXPOSITION « ENFANTS EN JUSTICE » a accumulé depuis sa création un fond documentaire important. A l’intérieur de ce fond de nombreux textes écrits des mineurs délinquants évoquent, chacun de manières particulières, leur première nuit en cellule. Ces phrases révèlent, à travers le temps, toujours les mêmes angoisses face à l’enfermement. Les murs du musée couverts de nombreux dessins, parlent eux aussi de ces peurs. Elles suscitent toujours autant d’émotion.

La première phase de ce projet consiste, avec l’historienne qui gère le centre d’exposition et un éducateur du foyer, à effectuer un recueil de ces textes dans les archives. Lors de cette recherche par les professionnels et après avoir réalisé un tri qui préservera l’anonymat des rédacteurs les usagers seront amenés à lire et sélectionner les textes les plus parlants. Ils les retranscriront sur informatique et réaliseront une ébauche du script de la pièce. Cette recherche de ces parcours de vie sera l’occasion de revisiter l’histoire et l’évolution de la Justice et de son adaptation à la société.

Dans une deuxième phase les juristes en partenariat avec le fil mettront en perspective l’évolution de la Justice des mineurs et aborderont la notion d’enfermement, de privation de liberté, de punition. Le travail de recherche sur les dossiers mené par les usagers fera ressortir de nombreuses questions. En plus de ce travail autour de la Loi des ateliers se dérouleront autour au tribunal d’Evry. Les stagiaires assisteront à une audience et pourront poser des questions à des magistrats. Ils rencontreront un témoin de cette histoire. Ces différents ateliers nécessiteront de la part du groupe une préparation, une réflexion étayée par les juristes professionnels de l’association.

Durant cette troisième partie du projet la Compagnie du Théâtre du Fil travaillera dans un premier temps sur la réalisation d’un script homogène susceptible de donner matière à créer une pièce de théâtre. (Compte tenu de l’expérience de la troupe, un travail similaire, avec des éducateurs, à déjà par le passé été réalisé. Le directeur de la compagnie pense que ce projet est intéressant et réalisable). Les usagers en collaboration avec un scénariste lieront les différents textes sélectionnés afin d’en tirer le meilleur parti. Par la suite un travail de répétition et d’apprentissage des textes et d’hors et déjà planifié. Au final une représentation de la pièce sera effectuée dans les locaux du théâtre du fil.

Durant tout le déroulement de ce projet, toutes les personnes bénéficieront de l’ensemble des prestations éducatives et professionnelles régulières de l’UEAJ de Savigny sur Orge. Trois éducateurs et une stagiaire coordonneront et animeront le groupe d’adolescents tout au long du projet avec Toufik et Danielle. D’un point de vue éducatif il s’agit, pour l’équipe, de travailler avec ce groupe sur la capacité de chacun à : s’engager dans un projet, travailler et confirmer des acquis scolaires, s’initier à l’informatique, travailler son expression, sa présentation, se confronter à un public pour  s’engager a posteriori dans un parcours d’insertion professionnel, tout en bénéficiant d’un accompagnement global remettre la communication avec les éducateurs du foyer.

En outre, le projet va également permettre à des jeunes en difficulté d’être mis en situation concrète de « faire » en étant encadré par de véritables professionnels du secteur historique, juridique, théâtrale. En d’autres termes, en raison de sa finalité et de son contenu, notre action s’inscrit pleinement en faveur d’un renforcement de la cohésion sociale et de la lutte contre l’exclusion. Pour l’année 2009, le projet se déroulera du 19 octobre 2009 au 30 octobre 2009.

Pour mener à bien ce projet, j’ai demandé à Taoufik de venir m’aider à le présenter à l’équipe lors de la réunion du mardi. Personne n’a réfuté l’idée du projet. Deux éducateurs m’aideront pour l’encadrement des jeunes.

Mais il faut avant tout convaincre les jeunes, les inciter à s’investir dans cette aventure. Comment y parvenir ?

Chaque soir, avant de dormir, les adolescents se mettent à regarder un DVD qu’ils ont loué. Un jour, après le repas, je leur ai proposé que ce soit moi qui emmènerais le DVD cette fois. Tout au long de la journée, ils ne cessaient pas de demander qu’est ce qu’on va voir le soir. Guy s’exprima en disant qu’il est sûr que ce sera un vieux film, et Williams répliqua que « c’est un film de meuf ». À mon tour, je leur disais que ce sera une surprise. Le soir venu, après le dîner, j’ai fais appel à tout le monde. Ils y étaient tous sauf Guy et Williams. Je suis montée dans leur chambre pour les demander de venir mais ne sont venus qu’après 30 minutes de conviction. On a regardé un film sur le théâtre ensemble. Ils étaient tous très intéressés surtout en voyant qu’il y avait des jeunes comme eux. La question leur a été posée si, pendant les vacances de Toussaint, aller faire du théâtre avec d’autres jeunes et découvrir un autre univers en faisant des rencontres leur intéresserait. Guy répondait spontanément : « Pourquoi pas, le foyer me soule », Williams : « Tant que je ne m’ennuie pas, cela m’arrange », Nicolas : « Je ne sais pas trop ! ».

C’est ainsi que fut ma première approche avec les jeunes pour le projet cependant, je voudrai qu’ils rencontrent Taoufik avant d’aller au théâtre du Fil. J’ai exposé aux jeunes que le metteur en scène allait venir pour leur donner de plus amples précisions.sur le projet. Personne ne s’y opposait. Taoufik est alors venu un vendredi soir avec cinq apprentis comédiens du Fil et ce sont les apprentis qui ont expliqué ce qu’il fallait faire. Un de ces jeunes se nommait Omar et c’était lui qui se chargeait d’expliquer comment il est arrivé au théâtre du Fil et que pour lui c’est une aventure inoubliable de sa vie. Un autre jeune du théâtre du Fil, Kader a aussi raconté ce que le théâtre lui a apporté dans la vie. Guy disait à Kader que faire du théâtre, pour lui, ce n’est pas de la honte mais cela fait pitié. Ce dernier lui répondit que ce sont des critiques que les gens font sans savoir ce qui s’y passe vraiment. Il ajouta que le théâtre est destiné pour tout monde mais non pas seulement pour les riches. Cela touchait Williams, je l’ai trouvé très différent, très attentif et ses yeux montraient son envie d’essayer.

 

  • Ce que les jeunes ont ressenti

 

L’avis et ce que ressentent les jeunes sont très importants dans les projets d’une telle envergure.

Durant le tour de table permettant de recueillir les impressions de tous les acteurs nous avons noté une grande déception. C’est de ne pas pouvoir mener à terme ce projet. Malgré le fait que Touafik nous a dit qu’on le présentera le vendredi 4 décembre 2009. Il ne viendra qu’un weekend sur deux au foyer pour répéter en attendant que le chauffage soit réparer, en attendant les éducateur du foyer répéteront avec les jeunes certaines scènes. Malgré tout, chacun a exprimé le plaisir d’avoir partagé ces bons moments ensemble, d’avoir rencontré de nouvelles personnes, d’avoir rencontré des professionnels d’autres structures, … Chacun a dit avoir appris quelque chose, avoir beaucoup apprécié cette expérience.

Voici quelques commentaires laissés dans notre journal de bord :

 

« Je trouve que le groupe est intéressant. Les éducateurs sont motivés et le font ressentir. Il n’y a pas de gêne tout le monde se lâche. Le film « Les Vauriens » m’a beaucoup plu car cela m’a permis d’avoir une image à ce que Danièle nous a dit lors du 1er jour. J’ai hâte de voir où cela va nous mener, je suis déçue que le chauffage du théâtre du Fil ne marche pas mais je pense qu’on aurait pu mettre des chauffages (quelqu’un a bien un chauffage ???). Je suis dégoûtée qu’on reporte à mardi car un programme c’est un programme. Chacun est pris par d’autre disponibilité donc ce n’est pas pris en compte et c’est énervant. On est mardi on est dans la salle la moitié discute l’autre joue au baby foot je ne comprends pas le sens qu’il y a. mais je suis heureuse de participer au projet. »

Anonyme

 

«  Salut,

C’est une bonne expérience. Je me suis entendue avec tout le monde. J’ai appris des choses, j’ai aussi bien aimé les ateliers, j’ai bien rigolé avec Sarah durant les ateliers, et avec tous les autres. »

Fatima

 

« Salut tout le monde,

Alors moi j’ai beaucoup aimé ce projet. J’ai découvert de belles personnalités et eu beaucoup de surprises. Le plus intéressant c’est que ce projet réuni différentes personnes (CEF, éducateurs, prof, nouvel arrivant du Bled …). J’ai beaucoup apprécié et j’espère que c’est un projet qui va continuer. »

Anonyme

 

« Pour moi je vois cette expérience très intéressante. Parce que j’ai connu des choses vraiment magnifiques. »

Ibtissam

 

« Tout s’est bien passé, on a passé de très bon moment avec les autres. J’ai beaucoup aimé les ateliers, j’ai appris beaucoup de choses. Je pense que ça me servira à l’avenir. »

Semah

 

« Une semaine riche en émotions. Simplement merci pour ces moments de partage. A remettre sans modération ! »

Stéphanie

 

« Ca m’a fait plaisir d’être là, très bonne semaine. »

Inaya

 

« Une riche expérience, content d’avoir partagé avec les gens, je suis grandis, avec plus de confiance en moi. »

Foussénou

 

« Les éducateurs sont génial »

GUY

 

« Ca m’a fait plaisir d’avoir passé 1 semaine avec tout le monde qui était là. »

Omar

 

« C’est une belle expérience pourvu que ça recommence. »

WILLIAMS

 

« Merci pour cette expérience et ces rencontres … J’espère simplement que nous pourrons tous aller au bout !

A bientôt. »

Sophie

« Merci pour tout, j’ai vraiment apprécié ce projet car ça m’a beaucoup plu pour la première fois de ma vie et un peu déçu de pas avoir fini. J’espère qu’on va recommencer ça très vite car ça va me manquer. C’était génial, 1 semaine et demie pour la 1ère fois de ma vie j’ai fait du théâtre et si je peu je recommencerai plein de fois.

A bientôt »

Kristofer

 

« Une super expérience qui a pu, entre autre, effacer tous les a priori que je pouvais avoir ou les idées fausses que l’on m’avait dit. Un groupe génial, des personnes super sympas, des professionnels passionnés, des jeunes motivés, … Je tiens à remercier chaque personne d’avoir donné un peu d’eux même et d’avoir partagé un moment de leur vie. Dix jours enrichissants aussi bien professionnellement que personnellement. Malgré toutes les galères, l’ambiance et la bonne humeur étaient toujours au rendez-vous !!!! J’ai moi aussi appris beaucoup de choses tout en rigolant. »

Sarah

 

« Des rencontres riches, des moments forts et un investissement des jeunes remarquable ! »

Isabelle

 

  1. IMMERSION DANS L’AVENTURE EDUCATIVE ARTISTIQUE

 

Dans cette partie, nous allons voir l’historique du site et le fonctionnement du théâtre.

 

  • Historique du site, ferme de champagne, le théâtre du Fil

 

Connue dès le XIIe siècle, la ferme de Champagne, une exploitation agricole eue de nombreux propriétaires comme De Gacé de Champagne, évêque Laon, Maréchal Davout. L’histoire de celle-ci se confondit longtemps avec celle de la seigneurie de Savigny. Le nom de la famille Petit est le nom auquel reste attaché la ferme de la Champagne. De l’année 1744 jusqu’à l’année 1916, la grande dynastie des agriculteurs précités on exploité. A partir du milieu du XIXe siècle, lorsque le chemin de fer vint concurrencer la route, des maîtres de pose au relais de Fromenteau et les Petit se sont consacrés entièrement à l’exploitation agricole.

Charles Petit puis son fils feront de cette ferme une exploitation modèle, tout en appliquant toutes les nouvelles techniques innovantes telles que les premiers essais de labours à l’aide d’une machine à vapeur tractant la charrue.

Très grande était la réputation de Champagne comme celle du semencier Villmorin. Cela a été marquée par des prix et médailles. La distillerie de betterave à sucre afin de produire de l’alcool de betterave en appliquant le procédé mis au point par Hugues Champonnois. Cette distillerie fût la première en France en 1854.

En 1916, Louis Petit mourut à Verdun, ses enfants n’étaient pas encore à la hauteur de prendre sa suite. La propriété a donc été vendue et est devenue un centre de rééducation des victimes de guerre de « l’Union des colonies étrangères France ». A cette époque, l’objectif était la réadaptation professionnelle des mutilés. Et le centre de Savigny était destiné aux étiers de l’agriculture.

Entre les années 1926 et 1928, les locaux abritent des classes provisoires en attendant la construction de l’école Jules Ferry. Pendant la deuxième guerre mondiale, le Ministère de la Justice a pris possession de Champagne pour installer un de ses centres d’observation pour l’éducation surveillée des mineurs délinquants. Des milliers de jeunes y sont passés en vue d’une réinsertion entre les années 1945 et 1972.

De nos jours, la ferme de Champagne accueille désormais les services de la protection judiciaire de la jeunesse dont un Centre Fermé d’action Educative (CEF), des locaux de formation comme ARIES, un Centre de formation de métiers comme les cuisiniers, machinistes, mécanique, bâtiment et enfin le Théâtre du Fil.

 

  • Trente ans du théâtre du fil

 

  1. Histoire du Fil

 

C’est en 1975 à Besançon que naît le Théâtre d’Ariane (Association loi 1901). Ses trois créateurs sont issus de différents milieux et décident d’associer leurs différences pour fonder un projet novateur. Jean Mequil (éducateur), Emy Lanne (comédienne) et Christian Vintier (plasticien) ont l’envie de « proposer des pratiques d’Animation, de Formation et de Création artistiques». Il s’agit « d’offrir aux jeunes gens et jeunes filles exposés aux risques de marginalité, de délinquance, de toxicomanie un espace de formation et d’expériences artistiques convoquant toutes les disciplines impliquées dans l’exercice du théâtre, et visant à construire une compétence non seulement de comédien, mais aussi de comédien-animateur, susceptible de validation professionnelle ». Ariane s’affirme comme un lieu de « réparation/restructuration personnelle, par le biais de l’art du théâtre, et de la responsabilisation de chacun au sein d’un projet collectif (création collective, spectacle, animation, entretien des locaux, des costumes, peintures, construction des décors…). Aujourd’hui le livret d’accueil du Théâtre le présente tel une compagnie-école engagée  comme « l’art dans la lutte contre les exclusions, une expérience théâtrale partagée comme moyen de resocialisation et d’implication citoyenne. Ecole de Théâtre-Ecole de vie ». Le théâtre du fil est également ouvert à tous ceux et celles qui souhaitent se former aux métiers du théâtre et de l’animation. Il existe donc une « mixité » des populations au Théâtre du fil. J’entends par là que tous les « usagers » ne relèvent pas de l’éducation spécialisée.

Cette institution a trouvé des partenaires institutionnels dès les années 1980 auprès du Ministère de la Justice en signant une convention avec la Direction de la Protection Judiciaire de la Jeunesse (PJJ). Cette dernière s’est engagée à mettre à disposition des espaces administratifs, d’hébergement et de travail, ainsi que l’affectation de personnels éducatifs. D’autres partenaires sont associés à Ariane sur le plan national : le Ministère de la Santé et des Affaires Sociales, le Ministère de la ville, le Ministère de la Jeunesse et des Sports, le Ministère de la Culture, ainsi que le Ministère du Travail (ce qui lui permet de bénéficier du statut d’organisme de formation).

Depuis sa création en 1975, le Théâtre d’Ariane a alterné les « bonnes et moins bonnes »  périodes. Logé, délogé, relogé, Ariane est aujourd’hui située en banlieue parisienne. Suite aux évolutions répressives en matière de prise en charge de la délinquance des mineurs et à la création d’un Centre Educatif Renforcé (CER) sur le site qui accueille le Théâtre, la PJJ a réquisitionné les locaux d’hébergement de la troupe au le début des années 2000. Ce n’est qu’en janvier 2009 qu’Ariane retrouve des locaux pour les apprentis comédiens en nouant un partenariat avec l’Association pour le Logement des Familles et des Isolés (ALFI). La résidence est située à dix minutes des locaux du Théâtre et comprend trente-cinq studios individuels.

Parmi les jeunes et moins jeunes passés au théâtre du fil depuis toutes ces années, certains ont trouvé un appui pour s’insérer, se réinsérer après diverses expériences « difficiles » (toxicomanie, alternances logement-rue, ruptures familiales, scolaires…) et sont devenus comédiens, comédiennes, jouent dans différents théâtres ou pratiquent les arts de la rue, quelques uns se sont tournés avec succès vers la chanson quand d’autres ont préféré se former aux métiers de régisseurs sons et lumières. Enfin d’autres marchent encore et toujours sur un fil…

 

  1. Les sept principes fondamentaux du théâtre d’Ariane

 

La présentation de ces sept principes fondamentaux est basée sur un document interne au Théâtre d’Ariane et sur quelques informations que j’ai recueillies auprès de mes collègues.

  • Le théâtre au poste de commande :

La pratique théâtrale est une expérience artistique partagée par tous : les éducateurs et les stagiaires comédiens. Les éducateurs sont ceux qui deviennent des « éduc’acteurs » en proposant et en prenant part aux différents ateliers de formation existante et aux animations et aux créations. Et tous deux sous la houlette de différents animateurs d’ateliers. Le théâtre n’est pas envisagé comme un ensemble d’outils au service d’un projet éducatif mais est le fondateur, le cœur de l’aventure commune à tous les membres du Théâtre d’Ariane.

 

  • Une action éducative impliquée

L’action éducative prend sens à partir de l’engagement de l’éducateur et du stagiaire dans un projet artistique collectif. De cette façon, tous deux se retrouvent dans un espace commun avec un partage des responsabilités et des tâches.

 

  • Un triple dynamique théâtral

Les activités d’Ariane se structurent entre les espaces de formation, de création et d’intervention sur différents terrains avec différents publics. Chacun d’entre eux est invité au cours de sa formation à alterner entre apprenant, acteur, et animateur d’atelier.

 

  • Une école de la solidarité

La Compagnie-école privilégie les processus collectifs par rapport aux performances individuelles, sans nier le principe d’individuation. Le travail de l’acteur s’entend au sens large, de la pratique de la scène aux rangements des costumes, à la maintenance des locaux.

 

  • Des compétences croisées

Les différents professionnels qu’ils soient permanents ou non, engagés ensemble, participent à créer un ensemble pluridisciplinaire interactif comme le chant, la danse, le mouvement, le texte, les mimes, le théâtre d’ombres…), sans hiérarchisation des compétences.

 

  • Un travail dans la durée

Les stagiaires sont accueillis pendant une durée de deux ans (ou trois ans conseillés), mais cette temporalité n’est pas gérée selon des critères formels. De leur côté, chacun élabore des perspectives personnelles, discutées avec les membres de l’équipe du Théâtre.

 

  • Une expérience communautaire

La plupart des stagiaires sont accueillis à la résidence située à proximité du Théâtre. Le mode de vie en collectivité est le plus adopté. Le repas, les allers-retours à la résidence, les autres déplacements, les animations sont tous collectifs.

Qu’est ce que les accueillis pensent du théâtre d’Ariane ?

  • Damien : « Essentiellement une école de vie, bordéliquement organisée. C’est un point à partir duquel on peut prendre plein de directions avec un sens commun qui est la vie ».
  • Ousmane : « Ariane, c’est histoire de s’amuser plus que pour apprendre quelque chose ».
  • Romuald : « C’est une école de vie avant toute chose, apprendre à travailler sur toi-même, à prendre en considération les autres ».

 

Après la présentation des sept principes fondamentaux du théâtre d’Ariane, nous allons voir le fonctionnement du théâtre d’Ariane.

 

  • Le fonctionnement du théâtre d’Ariane

 

Dans cette rubrique, j’ai pensé qu’il est nécessaire de voir, en premier lieu, la place et le rôle de l’éducateur dans cette institution. En deuxième lieu sera analysé le fonctionnement du théâtre d’Ariane.

 

 

  1. La place et le rôle de l’éducateur

 

Les tâches des éducateurs dans le théâtre d’Ariane sont partagées entre une partie administrative et une partie centrée à la participation de divers ateliers de formation. En ce qui concerne la partie administrative, il y a les relations et contacts avec les partenaires judiciaires, associatifs, les organismes de tutelles mais aussi il a les entretiens avec les éducateurs référents des stagiaires placés sur des décisions judiciaires ou orientés par l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE) et la participation aux divers ateliers de formation. Il y a des moments où les éducateurs mènent ces ateliers, certains jouent un rôle de metteurs en scène. Lorsqu’ils n sont pas meneur de l’atelier, ils y prennent une part active.

Les éducateurs sont des acteurs moteurs et jouent un rôle d’aider les responsables menant l’atelier à mettre en place et à maintenir une dynamique intéressante pour l’atelier en question. Ils jouent avec les autres et est un passeur à l’intérieur du groupe. Bref, ce sont des supports d’identifications et ils participent à l’aventure collective d’Ariane.

 

  1. Travailler ensemble

 

Chez Ariane, tout l’ensemble de l’équipe avec les stagiaires comédiens travaillent ensemble dans une aventure artistique. Cela favorise une bonne entente au niveau de la relation éducateur – éduqué. Ils partagent des recherches corporelles, des travaux de texte, des travaux de voix et tant d’autres. Tous sont partie prenante dans la réalisation du projet. Au théâtre d’Ariane, dix places sont réservées aux jeunes adultes placés par le juge (placement sous mandat de la PJJ ou orientés par l’ASE). Sinon la formation est ouverte à toutes les personnes qui s’intéressent à la pratique théâtrale.

 

  1. Stigmate, stigmatisé, stigmatisation

 

« Stigmate est un nom masculin qui est une marque que laisse une plaie, une maladie. Marque, trace déshonorante », telle est la définition du dictionnaire usuel. Selon cette définition le stigmate comprendrait une dimension de fatalité : stigmate tu as, stigmatisation tu subiras, stigmatisé tu resteras. Erving Goffman, sociologue américain issu de l’école de Chicago, dans son ouvrage  Stigmate, les usages sociaux des handicaps  propose une approche plus large du stigmate. Il définit le sujet du stigmate comme étant « la situation de l’individu que quelque chose disqualifie et empêche d’être pleinement accepté par la société». Pour E.Gofmann, le terme de stigmate englobe deux visions :

  • l’individu stigmatisé suppose que sa différence est déjà connue ou visible,
  • ou l’individu pense que sa différence n’est ni connue, ni directement perceptible par les personnes présentes.

Dans le premier cas l’individu est défini comme « discrédité »  et dans le second comme « discréditable ». Il arrive que l’individu se discrédite lui-même. Ce phénomène se nomme «l’intériorisation du stigmate», le stigmate devient alors un composant essentiel de l’identité personnelle. Goffman distingue trois types de stigmates, sans en dégager une échelle hiérarchique. En effet le stigmate est plus ou moins stigmatisant selon les différentes situations et relations sociales rencontrées par le sujet du stigmate. Le premier type de stigmate est ce que le sociologue nomme « les monstruosités du corps ou diverses difformités ». Ensuite il présente les stigmates dits de « tares de caractères,  qui prennent l’aspect d’un manque de volonté, de passions irrépressibles ou antinaturelles, de croyances égarées et rigides, de malhonnêteté, et dont on infère l’existence chez un individu parce que l’on sait qu’il est ou a été, par exemple, mentalement dérangé, emprisonné, drogué, alcoolique, homosexuel, chômeur, suicidaire ou d’extrême gauche ». Et enfin il y a « les stigmates tribaux que sont la race, la nationalité et la religion, qui peuvent se transmettre de génération en génération et contaminer également tous les membres d’une famille ». Les stigmates nommés « tares de caractères » par E.Goffmann sont ceux que l’on pourrait retrouver en majorité, sans pour autant qu’il soit question d’exclusivité, au Théâtre d’Ariane. Les deux vignettes à suivre plaident en faveur d’une analogie avec la thèse d’E. Goffmann.

 

Ainsi s’achève la première partie de ce projet. Nous allons maintenant voir la deuxième partie qui concerne la médiation éducative.

 

Partie 2 : LA MEDIATION EDUCATIVE

 

Nous allons entamer cette deuxième partie en présentant en premier lieu la pédagogie de l’expression et celle de la créativité. En deuxième lieu sera exposée la définition de la médiation éducative suivie de ces intérêts pour les usagers et pour terminer, nous allons savoir si le théâtre est un outil ou une finalité pour l’éducateur.

 

  1. LA PEDAGOGIE DE L’EXPRESSION ET DE LA CREATIVITE

 

Les mots expression et créativité sont deux termes considérablement liés l’un à l’autre. Pour illustrer cela, nous pouvons dire que nous nous exprimons avec une histoire que nous avons créée. De ce fait, l est possible de dire que l’expression est une création.

Ainsi la pédagogie de l’expression renvoie au courant de l’Education Nouvelle, une pédagogie de l’expression opposée à une pédagogie par la contrainte. Le sujet n’est plus seulement au centre de l’approche de l’éducateur : une place d’acteur lui est proposée. Cela ne signifie pas qu’il y a une absence de cadre et de contrainte avec une liberté qui se voudrait totale (conçue de la sorte, cette approche serait probablement facteur « d’instabilité » et de manque de repères pour des sujets qui œuvrent à la recherche de ceux-ci, ou à la construction de nouveaux repères.). La pédagogie de l’expression permet une expression libre dans un cadre précis : un temps, un lieu, des moyens d’œuvrer, un accompagnement dans l’élaboration du processus artistique.

La pédagogie de la créativité se caractérise par le fait suivant : l’idée de mise en forme est considérée comme essentielle et constitue le point de distinction avec l’activité libre. Dans le théâtre, l’œuvre est le langage, un langage non verbal qui ne donne pas à voir et à entendre en toute clarté. De ce fait, c’est un sujet à méfiance qui mène vers des interprétations. Cependant, ces interprétations peuvent servir d’illustrations, d’étayage au service d’un projet éducatif.

 

  1. LA MEDIATION EDUCATIVE

 

En quelque sorte, la médiation éducative est un moyen pour rétablir très rapidement les liens de communication en tenant compte des difficultés inévitables de la vie quotidienne en communauté.

De façon plus simple, la médiation éducative est un moyen destiné à mettre d’accord, à concilier les parties.

Selon Joseph Rouzel, « le terme de médiation trouve son origine dans une racine indo-européenne medyo qui désigne le fait d’être au milieu ».

Si l’on se réfère à cette approche, tout est médiation dès lors que deux Hommes se retrouvent en relation. N’existe-t-il donc pas ici un paradoxe, voire un non sens, un « tout médiation, donc plus de médiation » ? Pour sa part Rouzel affirme qu’ « à se diluer ainsi, le concept perd de son sens ». Par sa fonction et dans l’exercice de ses missions, l’éducateur spécialisé est dans de nombreux contextes choisis (activités, actions, entretiens…) ou pas (temps de vie quotidienne) en position de médiateur. Parfois il s’agit dans la démarche de l’éducateur de faire diversion, de détourner l’attention de l’« usager » pour mieux réaliser les enjeux englobés dans la relation éducative comme mener les missions de l’éducateur.

Il définit la médiation éducative comme « l’espace de rencontre et d’activité dans lequel la relation éducative exerce un espace où se transmet, dans le creuset de la relation éducative un certain savoir et savoir-faire sur le monde et sur la vie en société». Cependant, dans cette définition, Joseph Rouzel semble exclure les savoir-être, quoique peut-être sous-entendus dans l’idée de « savoir-faire ». La médiation éducative est constituée de deux clefs de voute qui sont primordiales et font fonction de tiers :

  • En premier lieu, se trouve « l’institution », terme qui, selon J. Rouzel, marque la nature des liens entre les différentes personnes de « l’établissement », c’est-à-dire les murs (repère spatial), définie dans un temps (repère temporel), lorsque on se retrouvait tous ensemble avec les jeunes en répétition d’une scène on avait souvent tendance à oublier que l’institution est la hors les murs car on partageait des moments qui favoriser l’oublie de notre position.
  • En second plan, cet auteur désigne l’activité dont on peut élargir le sens à tous les moments du quotidien qui peuvent servir de tiers. Pour J. Rouzel, la maîtrise de l’activité technique est importante mais secondaire, « même s’il vaut mieux qu’un éducateur soit outillé sur le plan technique ».

 

Dans les enjeux de la médiation apparaît un aspect primordial : le « transfert ». Le « transfert » est un phénomène qui se manifeste dans la relation éducateur/éduqué (ou dans une thérapeutique par exemple) lorsque l’ « usager » projette sur l’éducateur, un désir, des émotions, des craintes, des attentes, qui ne sont pas liés à l’éducateur lui-même, mais qui font référence à une période personnelle de son histoire (en opposition l’éducateur tente d’opérer un contre-transfert).

Par le biais d’une médiation et dans l’accompagnement qu’il met en place, l’éducateur travaille à dérouter l’investissement que « l’usager »  tourne vers l’éducateur, le but étant de le dérouter vers un « investissement sur des médiations». En ce sens, les médiations sont présentes dans tous les actes de la vie quotidienne. En outre les phénomènes de transfert sont présents dans le quotidien : tâches quotidiennes partagées (cuisine, ménage, repas, coucher…). A ce propos je me souviens d’un moment en particulier.

 

 III.            L’ACTIVITE DE MEDIATION

 

Pendant mon stage, j’ai pris part à un atelier de médiation qui correspondait à un atelier théâtre et j’y ai montré à travers deux cas de jeunes adolescents, ceux de Wiliams et de Guy. Le but était de réinsérer ces jeunes dans la vie normale de tous les jours, de les éloigner de la violence ainsi qu’ouvrir un axe de communication et de participation aux activités collectives. L’art du théâtre était une activité de médiation au sein du foyer où je me suis inséré.

L’activité de médiation reprend les principes de la médiation mais elle est centrée sur une activité bien définie. C’est en effet un support intéressant pour l’usager et l’éducateur dans le but de participer à l’élaboration des missions à faire. L’activité de médiation, autrement dit, un atelier de médiation se caractérise par un cadre qui fait office de loi dans la médiation. Ce cadre est défini par un repère spatial qui est un lieu fixe de préférence, un repère temporel qui est un horaire fixe et une durée inscrite dans le temps et enfin des règles de fonctionnement et de composition de l’atelier.

 

  1. LES INTERETS D’UN ATELIER THEATRE

 

Un atelier théâtre c’est donner un capital culturel parfois défaillant qui est bien souvent à l’origine des difficultés à lire et à apprendre. C’est aussi donner à construire du sens à partir d’une expérience concrète, développer la réflexivité et la sensibilité et enfin faire découvrir la pluridisciplinarité artistique puisque le théâtre s’inscrit à la croisée de nombreux arts.

Grâce à l’atelier théâtre le jeune écoute et respecte davantage les autres, développe son esprit critique, acquiert une culture théâtrale

L’atelier est un moyen qui permet à l’adolescent d’échanger, de s’exprimer et de libérer la parole et cela d’une manière réfléchie et adressée. Cette activité entraîne une forte solidarité à travers le travail de groupe.

La mise en place, ainsi qu’une approche et un travail éducatif par le biais d’activités de médiation, autrement dit les ateliers de médiation n’ont de sens qu’en rapport avec « l’usager ». Ces ateliers de médiation doivent trouver source dans le désir des « usagers ». Pour qu’une médiation s’exerce au travers d’un atelier ne doivent-ils pas y trouver leur part ? Dans le cadre de l’éducation spécialisée une telle approche doit être porteuse d’une part de divertissement puisqu’il s’agit d’un atelier, mais surtout, et c’est là l’une des différences entre le rôle et les missions de l’animateur et ceux de l’éducateur, elle doit comporter des enjeux éducatifs clairement identifiés, enjeux définis dans le projet d’atelier.

Dans le cadre de l’éducation spécialisée une telle approche doit être porteuse d’une part de divertissement puisqu’il s’agit d’un atelier, mais surtout, et c’est là l’une des différences entre le rôle et les missions de l’animateur et ceux de l’éducateur, elle doit comporter des enjeux éducatifs clairement identifiés, enjeux définis dans le projet d’atelier. Ces enjeux peuvent être multiples.

 

  1. L’ACTIVITE THEATRE : OUTIL OU FINALITE POUR L’EDUCATEUR ?

 

Au regard des éléments proposés au sujet de l’activité de médiation, le théâtre apparaît plutôt comme un outil pour l’éducateur. A priori, et comme le stipule J. Rouzel, l’éducateur n’envisage pas l’activité comme le moyen de former des « professionnels ». Pour ma part je nuancerais ce point de vue : ce n’est pas la tâche première de l’éducateur, mais il peut y concourir. En effet, dans le cas où l’un des « usagers » est féru d’une activité et souhaite s’insérer, se réinsérer par le biais de cette activité, l’éducateur ne peut-il pas envisager le support de l’activité dans un premier temps comme un moyen, un outil, puis dans un second temps comme une finalité ? Et si « l’usager » souhaite développer une compétence particulière ? En outre, et c’est le cas au Théâtre d’Ariane, nombreux sont les « usagers » qui souhaitent se professionnaliser en tant que comédien, metteur en scène, animateur…Dans ce cas, le théâtre n’est-il pas une finalité pour l’éducateur ? Cependant certains « usagers » du Théâtre d’Ariane ne sont pas dans cette dynamique. La conversation qui suit, est extraite d’un point collectif. Les points collectifs ont lieu toutes les semaines au Théâtre d’Ariane. Ils permettent de réguler la vie de troupe.

 

CONCLUSION

 

Une activité de théâtre est toujours source d’enrichissement personnel pour ceux qui y participent. En effet, outre l’aspect ludique du jeu, les effets ‘secondaires’, pour ainsi dire, sur le développement des adolescents scolarisés sont avérés : concentration, mémorisation, inventivité et réactivité, sens du collectif, confiance en soi et en l’autre et, ce qui n’est pas négligeable, prise de risque. S’engager pour jouer en est une puisqu’il s’agit d’assumer son choix et de vouloir ce que l’on fait. La confrontation avec des textes de théâtre appartenant au patrimoine littéraire est fondamentale en ce qu’elle permet aux jeunes gens de s’approprier une part de la mémoire collective nationale. Une telle activité peut avoir aussi un effet bénéfique pour l’ensemble du collège et son impact, si elle réussit, peut dépasser de loin le petit groupe qui aura choisi de participer à cet atelier.

Au fil de mon mémoire, j’ai tenté de mettre en avant l’intérêt, l’importance et les enjeux de la médiation pour les « adolescents » que j’ai rencontrés au cours de mon stage. Ces enjeux peuvent-ils être appliqués d’une manière plus large, c’est-à-dire auprès d’autres publics que ceux avec lesquels j’ai travaillé? J’ai aussi mis en perspective pourquoi la médiation peut être un outil pertinent pour l’éducateur. De ce point de vue là, les postures éducatives empruntant un chemin ludique me semblent pouvoir s’envisager sous de multiples formes avec de nombreux publics, et au-delà des « usagers » mis en scène au cours de mon mémoire. Les temps de vie quotidienne (temps informels) peuvent être sujets à une médiation, cela peut déboucher sur des moments d’improvisation,  des moments d’échange cela occasionne une rencontre vraie avec l’autre. Une écoute attentive permet d’acquérir la confiance de la personne et ainsi établir des liens forts

La médiation peut aussi se dérouler dans un cadre plus structuré (temps formel) durant un moment d’activité. Ce qui m’a profondément marquée durant ma formation c’est cette prise de conscience qu’il se passe autre chose que l’activité par elle même. Il n’existe pas de référence officielle, elle est plus informelle. La fonction  réparatrice du théâtre interviens dans le faire ensemble « parce que le théâtre est le lieu par excellence où le « Je » deviens « nous ». Parce que l’art dramatique fait que chacun peut trouver sa place. La mise en scène permet au jeune de devenir acteur, mais aussi l’acteur : l’acteur de sa propre vie ».

Bref, mon insertion au foyer était très efficace avec une très bonne qualité du résultat. En tant qu’éducateur, ce projet nous a permis de maîtriser les limites posées. Ainsi, je me suis rendu compte que le théâtre pouvait être un lieu de médiation comme affirme Gaberan : « La vie est un théâtre sur la scène duquel se donne le jeu de la comédie par lequel sans cesse se filent et se défilent le normal et le pathologique, le sain et le fou, l’illusion et le vrai. »

Cependant, une interrogation subsiste. Pourquoi les structures travaillent avec des moyens réduits face à l’aide que sollicitent les personnes en difficulté ? Au cours de mon stage court au théâtre du fil, j’ai pu ressentir les limites de l’action éducative. Comment répondre à la demande sociale, dans une structure qui ne dispose pas de moyen, mais accueille un public hétérogène ? Comment pouvoir accompagner ce public dans le contexte socio-économique et politique dans lequel nous sommes ?

 

 

 

LE PLANNING DU PROJET DU 19 AU 30 OCTOBRE 2009

 

Pour l’année 2009, le projet se déroulera du 19octobre 2009 au30 octobre 2009. Après réflexion, et plusieurs réunions, le planning de ces 15 jours a été réparti comme il suit :

 

  Lundi 19 Mardi 20 Mercredi 21 Jeudi 22 Vendredi 23
9H – 10H30 Présentation du projet au théâtre du Fil Atelier accès au droit (notion d’enfermement et Justice) Atelier d’écriture –préparation écrit théâtre Atelier d’écriture Atelier d’écriture
10H30 – 12H Visite du centre d’exposition Visionnage du film              « Les vauriens » Travail sur le tribunal – préparation visite TGI Evry Visite extérieure Atelier théâtre
12H30 – 13H Repas Repas Repas Repas extérieur Repas
13H – 14H30 Travail sur les dossiers Préparation de l’entretien avec le témoin Entretien avec le témoin Visite extérieure

 

Audience au TGI d’Evry
14H30 – 17/18H Présentation théâtre Atelier théâtre Atelier théâtre Atelier théâtre

 

 

  Lundi 26 Mardi 27 Mercredi 28 Jeudi 29 Vendredi 30
9H – 10H30 Atelier d’écriture

 

Atelier théâtre Retour sur l’audience Atelier théâtre Atelier théâtre
10H30 – 12H Atelier théâtre Atelier théâtre
12H30 – 13H Repas Repas

 

Repas Repas Repas
13H – 14H30 Atelier d’écriture Atelier théâtre Atelier théâtre Atelier théâtre Représentation de la pièce

Bilan collectif

14H30 – 17/18H Atelier théâtre

Bilan de clôture du projet « Murmure de Mémoire »

 

Cette action s’est déroulée du 19 octobre au 27 octobre 2009. La troupe était constituée de huit jeunes du foyer, huit jeunes du Théâtre du Fil et un éducateur et metteur en scène du théâtre du fil, un scénographe. Mais aussi de trois éducateurs du foyer plus un stagiaire du foyer, un du centre d’exposition, deux juristes de l’APASO en partenariat avec le théâtre du fil. Ces vingt trois (23) participants ont participés au bon déroulement de ce projet.

 

Lundi 19 octobre :

 

  • Rencontre des différents acteurs du projet, explication de celui-ci aux participants et présentation des différents ateliers.

 

  • Visite du centre d’exposition « Enfants en Justice ». Danièle nous raconte l’histoire de l’enfermement des enfants durant ces 100 dernières années. Les jeunes sont très intéressés, ils participent bien. Ils discutent entre eux, posent de nombreuses questions. Une très bonne dynamique de groupe commence à s’installer.

 

  • Pour le repas, et pour renforcer cette dynamique, nous commandons des pizzas afin de passer un moment convivial et de pouvoir discuter dans un cadre non conventionnel.

 

  • Après manger, Danièle nous apporte de nombreux textes écrits par des enfants enfermés dans des institutions à différentes époques. Nous trions les textes et choisissons ceux qui nous touchent le plus. Les écrits choisis vont nous permettre d’écrire la pièce de théâtre.

 

  • En fin d’après-midi, nous devons nous rendre au théâtre afin de nous familiariser avec les lieux. En raison de la température extrêmement froide et de la panne de chauffage dans les locaux, nous décidons de ne pas nous y rendre ce jour.

 

Mardi 20 octobre :

 

  • Marie-Caroline, juriste de l’APASO, vient nous expliquer plusieurs notions de justice. Elle nous explique les différentes peines encourues suivant les délits, le fonctionnement du casier judiciaire, … Les jeunes sont très intéressés, ils écoutent attentivement, lancent des débats en exposant leurs connaissances, leurs points de vue …

 

  • En deuxième partie de matinée, nous visionnons le film « Les Vauriens ». Nous nous prenons tous dans l’histoire et réagissons énergiquement en fonction des aventures vécues par les personnages. Après le film, Sarah et Etienne se posent la question, à savoir, « les jeunes sont-ils capables de prendre assez de recul en de telles circonstances avec ces réactions ? ».

 

  • Puis nous allons tous ensemble manger au self.

 

  • Après le repas, nous formons 4 groupes de 4-5 personnes afin de préparer des questions à poser au témoin qui viendra nous rencontrer demain après-midi. En tout, une quarantaine de questions, toutes très intéressantes, sont ressorties de l’ensemble des groupes.

 

  • Nous finissons la journée par différents exercices de théâtre, que chacun effectue avec plus ou moins d’entrain, mais toujours avec un respect mutuel et une bonne entente. Toujours à cause du manque de chauffage, nous travaillons dans la salle de réunion plutôt qu’au Théâtre du Fil.

 

Mercredi 21 octobre :

 

  • Nous commençons la journée par un atelier d’écriture. Chacun d’entre nous donne ses représentations sur l’enfermement, ce qu’il ferait s’il était enfermé, ce qui lui manquerait le plus, …

 

  • Ensuite Marie-Caroline vient nous expliquer le déroulement d’une audience au Tribunal de Grande Instance en prévision de notre visite du TGI d’Evry vendredi 23. Elle nous apprend la place et le rôle de chaque acteur, le genre d’affaires auxquelles nous assisteront, …

 

  • Nous nous rendons au self pour le déjeuner.

 

  • A 13H30 Mme l’ancienne pensionnaire du « Bon Pasteur », vient nous raconter son histoire, son expérience, son vécu dans cette institution. Williams et Guy lui pose les questions que l’on a préparées la veille. Son récit est très émouvant, très poignant. Nous sommes tous impressionnés par son calme, par la distance qu’elle a pu prendre avec sa propre histoire, par l’absence de rancœur, d’amertume dans son discours.

 

  • Nous finissons cette journée riche en émotion par de nouveaux exercices de théâtre et par quelques petites improvisations de chacun sur un thème donné par Taoufik.

 

 

 

Jeudi 22 octobre :

 

  • Marie-Caroline est venue nous refaire un petit récapitulatif de la veille en faisant des petits jeux ou nous participons tous joyeusement. Puis elle nous raconte un peu l’incarcération à l’époque de la Révolution et les différences avec notre époque, car cette après-midi nous allons visiter la Conciergerie.

 

  • Après plus d’une heure et demie d’attente pour avoir un véhicule, nous sommes déjà trop en retard pour la visite et annulons donc la sortie prévue. Nous décidons d’aller acheter des pizzas et du McDonald, selon les envies de chacun, et de manger sur le site, dans la salle de réunion.

 

  • L’après-midi nous jouons plusieurs scénettes et avançons grandement sur le travail d’écriture de la pièce.

 

Vendredi 23 octobre :

 

  • Ayant bien avancé sur le travail d’écriture la veille, nous passons toute la matinée à faire du théâtre, à finaliser les scénettes déjà jouées et à en créer de nouvelles.

 

  • Nous mangeons au self tous en semble très tôt car nous avons rendez-vous au TGI à 13H15.

 

  • Nous retrouvons Marie-Caroline dans le couloir du Tribunal. Elle nous amène dans la chambre où l’on assistera aux audiences. Nous sommes tous silencieux, et écoutons attentivement tout ce qui se dit durant les débats. Nous quittons le TGI vers 16 heures.

 

  • Sur le chemin du retour, chacun donne son avis sur ce qui a été dit, nous sommes tous impatients de revoir Marie-Caroline pour connaître les délibérations qui sont plus tardives. En arrivant à « La Ferme » nous nous quittons pour le week-end.

 

Lundi 26 ocotobre :

 

  • Le chauffage n’est toujours pas réparé au théâtre, nous continuons donc à travailler dans la salle de réunion de l’UEAJ.

 

  • Taoufik nous donne à chacun un texte à apprendre par cœur pour la pièce et nous travaillons sur plusieurs scénettes durant toute la journée.
  • Nous mangeons tous ensemble au self à midi.

 

Mardi 27 octobre :

 

  • Le chauffage n’étant toujours pas de retour au théâtre, nous hésitons à repousser la fin du projet de quelques jours afin de jouer la pièce et d’accueillir le public dans de bonnes conditions.

 

  • Nous peaufinons le travail d’écriture de la pièce et continuons à nous exercer au théâtre toute la journée. Taoufik nous donne un peu plus de texte à apprendre et nous passons chacun notre tour devant lui afin de lui réciter le texte appris la veille.

 

  • Nous nous rendons au self pour le déjeuner.

 

mercredi 28 octobre :

 

  • Marie-Caroline vient nous donner les résultats des délibérés de l’audience de vendredi. Nous commençons par rappeler les différentes histoires, puis nous donnons notre avis sur les peines que nous mettrions aux prévenus. Enfin elle nous apprend les peines données par le juge.

 

  • La veille au soir, Manuel, le chef de service de l’UEAJ est allé louer un radiateur chez Kiloutou afin de nous permettre de jouer au théâtre. Après l’avoir fait tourner toute la nuit, Taoufik s’est rendu sur place ce matin, malheureusement, il y fait toujours aussi froid, le radiateur n’est pas assez puissant pour la surface à chauffer. Taoufik et Manuel ont donc décidé de reconduire le projet ultérieurement, lorsque les conditions matérielles et humaines le permettront.
  • Après l’explication de l’arrêt du projet, nous avons fait un tour de table pour avoir les impressions de chacun.

 

  • Ensuite, nous avons tous rempli un questionnaire. Cet écrit nous permettra de garder une trace de cette session et d’avoir l’avis de tous les participants afin d’effectuer des modifications si des choix ont été émis.

 

  • Nous nous sommes rendus au self tous ensembles pour la dernière fois. Puis nous avons libérés les jeunes.

 

 

BIBLIOGRAPHIE

 

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