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LE TOURISME DE LUXE : UN TOURISME A LA FACE CACHEE ?

MEMOIRE PRESENTE EN VUE DE L’OBTENTION DU DIPLOME DE

 

 

 

 

 

LE TOURISME DE LUXE : UN TOURISME A LA FACE CACHEE ?

 

 

 

 

 

 

Présenté par :

 

 

 

 

 

INTRODUCTION

L’évolution de l’homme est marquée par des voyages. Voyager fait partie intégrante de la nature humaine. Cette idée a favorisé le progrès de la technologie à travers le transport des marchandises et de personnes. Souvent, les raisons poussant ces gens à se déplacer sont multiples : acquérir des compétences, côtoyer de nouveaux pays, connaître d’autres cultures et maitriser de nouvelles connaissances…

 

Historiquement, le concept de tourisme a vu le jour en Angleterre sous le nom de «  voyage d’agrément ». Ce pays était le fondateur du concept de tourisme et le centre des pratiques touristiques. En effet, il n’a jamais cessé d’accroître et de promouvoir cette activité à cause de ses richesses économiques et de ses potentiels naturels. D’ailleurs, la naissance du tourisme découle de la splendide beauté de l’océan, des paysages ainsi que du bien être qu’il procure à la santé physique et morale de l’homme.

 

Mais actuellement, le tourisme aristocratique et le tourisme de masse marquent deux périodes majeures sur l’activité touristique.

 

Le tourisme était auparavant réservé à certaines catégories de personne en l’occurrence aux aristocrates : ce sont des gens notables ayant un rang social distinct et significatif. Et pour les couches sociales à faible revenu, le tourisme était considéré comme un « Luxe » difficilement accessible. D’où les minorités sont privilégiées, c’est le tourisme aristocratique apparu vers le XXème siècle.

 

Malgré l’insuffisance des infrastructures touristiques à cette époque, ces aristocrates voyageaient régulièrement. Leur but est de changer la pensée, l’émotion et le rythme quotidien de la vieen plongeant dans la nature.

 

Plus tard, vers le milieu du XXème siècle, le tourisme de masse commença à émerger. Sa naissance vient du concept libéral  « liberté d’aller et de venir », un droit universellement inaliénable. Cette nouvelle vision résulte de la démocratisation du tourisme qui octroie à toute catégorie de personne la possibilité de voyager en quittant sa terre natale. Il y avait donc un bouleversement de la tendance du fait que le tourisme ne se limitait plus au seul plaisir des aristocrates.

 

De plus, la croissance économique et l’existence de plusieurs moyens de transports (aérien, terrestre et maritime) accentuent le tourisme de masse. Nombreuses personnes voyagent chaque année soit pour découvrir le monde,  soit pour faire des affaires ou pour traiter des maladies. Voilà pourquoi 898millions de personnes ont été recensées, par l’Organisation Mondiale de la Santé en 2007, quittant leurs pays d’origine pour aller à la découverte d’autres pays.

Le tourisme est devenu ainsi une activité incontournable, vu le nombre de devises et la création d’emploi qu’il rapporte au secteur économique. Certains pays ne vivent actuellement que par cette activité ; l’essentiel de leur PIB et de leur budget en dépend fortement à l’instar de l’île Maurice et les  Bahamas. En revanche, l’économie n’est pas le seul bénéficiaire, la politique, la culture et le social en sont aussi.

 

La décision et la stratégie du gouvernement sont souvent influencées voire tributaires du tourisme. Ses retombées sont palpables et affectent directement la vie économique, sociale, et plus largement la vie nationale. Le tourisme ne cesse de se développer, d’innover, pour répondre aux besoins évolutifs des touristes. Et il est constaté que, à l’heure actuelle, ces besoins ont fortement évolué, sont devenus complexes, de plus en plus difficile à satisfaire, que l’on a atterri à un nouveau type de tourisme :le tourisme de luxe.

 

En effet, le tourisme de luxe est un type de tourisme qui regroupe un ensemble de services qui correspondent à des goûts recherchés et coûteux, qui sortent des besoins ordinaires de la vie. A cet effet, le tourisme de luxe n’est pas semblable aux autres types de tourisme.

 

Ce qui fait que cette nouvelle forme du tourisme est la conséquence du statut social ou économique des  personnes ayant la faculté de dépenser plus en voyage par rapport à celles qui ne disposent que d’un budget restreint.

 

Certes, au même titre que les autres types de tourisme, le tourisme de luxe peut apporter des avantages considérables à certains acteurs touristiques impliqués dans le flux, mais il convient également de soulever que ce nouveau type de tourisme, devenu très en vogue recèle une face cachée, un revers fortement préjudiciable à l’environnement touristique en général.

 

Dans cette optique, l’idée de départ qui guide l’esprit de cette étude est celle de savoir : « quelles sont les raisons qui font que le tourisme de luxe soit nocif pour l’environnement touristique ? ».

 

Afin d’apporter des réponses concrètes à cette question problématique, le mémoire sera axé vers deux points principaux :

-La première partie effectuera une approche conceptuelle de la notion de tourisme de luxe, et étudiera également le contexte général du tourisme à l’heure actuelle

-La deuxième partie révèlera les écueils du tourisme de luxe

-La troisième partie effectuera une analyse perspective de l’avenir du tourisme de luxe, compte tenu des conditions contextuelles.

 

 

SOMMAIRE

INTRODUCTION.. 2

I – Le tourisme de luxe : approche conceptuelle et contextuelle. 5

A – Le tourisme de luxe : un tourisme particulier. 5

1 – Le concept : intégration du luxe dans le tourisme. 5

2 – Caractéristiques propres au tourisme de luxe. 9

B – Les clients du tourisme de luxe. 13

-Les clients du tourisme de luxe selon l’âge. 13

-Les clients du tourisme de luxe selon les motifs de voyage. 13

-Les clients du tourisme de luxe selon la fréquence et le budget. 14

-Les clients du tourisme de luxe selon la nationalité. 15

C – Le tourisme de luxe : un secteur en pleine effervescence. 16

II – Les écueils du tourisme de luxe. 19

A – Le tourisme de luxe : un tourisme négatif. 19

1 – Abandon de la notion de « découverte ». 19

2 –Destruction de l’harmonie de l’architecture locale. 21

3 – Clivage entre touristes et populations locales. 21

4 – Le tourisme de luxe face au conceptde développement durable. 22

5 – Le luxe et ses excès. 26

B- Conséquences/retombées  négatives. 26

1 – Sur le secteur touristique en général 26

2 – Pour l’économie locale : 26

3  – Impacts négatifs sur le plan humain. 26

III – Analyse et perspective de l’avenir du tourisme de luxe. 27

A – Etude de cas – Le tourisme de luxe au Maroc : la perception et les revers. 27

B – De la nécessité d’une adaptation du tourisme de luxe. 28

CONCLUSION.. 31

 

 

 

I – Le tourisme de luxe : approche conceptuelle et contextuelle

 

            A – Le tourisme de luxe : un tourisme particulier

 

                                1 – Le concept : intégration du luxe dans le tourisme

 

a- Le tourisme

Avant même d’aborder la notion de tourisme de luxe, il est d’abord primordial d’apporter une définition claire de la notion de « Tourisme », un secteur qui comporte des spécificités et des différences fondamentales avec les autres secteurs : agricoles, industriels, …

 

En effet, force est de constater qu’il est difficile d’apporter une définition universelle du concept de tourisme, vu qu’il existe plusieurs façons de cerner cette activité. L’INSEE a défini le tourisme comme étant : « les activités déployées par les personnes au cours de leurs voyages et séjours dans deslieux situés en dehors de leur environnement habituel pour une période consécutive qui ne dépasse pas une année, à des fins de loisirs, pour affaires et autres motifs non liés à l’exercice d’une activité rémunérée dans le lieu visité. »[1]. A cet effet, le tourisme serait le fait de voyager, de parcourir le monde, de partir à la découverte d’une ville autre que celle dans laquelle on vit habituellement, dans le but de faire plaisir à soi même.

 

Dans le cadre de la découverte d’autres pays que le sien par le tourisme, le voyage peut prendre différentes formes : voyage d’affaires, pèlerinage religieux, tourisme médical, …. Le tourisme intéresse de plus en plus de personnes, et la nette progression du nombre de touristes fait que ce secteur devient également de plus en plus rentable pour l’économie mondiale. En effet, après avoir chuté de 3,9 % en 2010 («pire année depuis 60 ans » selon Taleb Rifai, secrétaire général de l’Organisation mondiale du tourisme), la progression au niveau du nombre de touristes dans le monde est évaluée 6,6 % en 2011, 5 % en 2012 et 4 % en 2013

 

Mais quelle que soit la forme du voyage, plusieurs acteurs sont impliqués dans le tourisme : la population d’accueil, le patrimoine, l’environnement, les ressources naturelles, les organismes internationaux, les entreprises, les Etats des pays d’accueil, … Ces éléments forment : le système touristique, comme le montre le schéma suivant[2] :

 

Ce système touristique reste le même, quel que soit le type de tourisme : tourisme de masse, tourisme durable, tourisme aristocratique ou tourisme de luxe.

 

b- Le luxe

Le luxe est caractérisé par l’inexistence d’une définition objective universelle, à part le prix. Seuls des critères qualitatifs permettent de cerner la notion de luxe. Le dictionnaire Larousse renvoie au luxe le : « caractère de ce qui est coûteux, raffiné, somptueux« .

 

-Les critères qualitatifs du luxe

 

  • La rareté

La rareté, qui peut être réelle ou entretenue, se présente comme un des critères qualitatifs du luxe. En effet, la rareté se manifeste généralement par les éléments suivants : la cherté du produit, la signature de l’identité du concepteur, l’implication d’un savoir faire humain dans la conception du produit, une distribution confidentielle, la commercialisation des produits par une chaine de distribution préalablement sélectionnée.

 

  • L’imaginaire véhiculé par le concepteur du produit via les campagnes de communication. Cet imaginaire se retrouve également dans les attributs des marques qui rassurent le client sur le fait que le produit en question est bien une production d’une telle maison de marque reconnue internationalement comme œuvrant pour le luxe.

 

Aussi, à part le critère objectif qui est le prix, la rareté et l’imaginaire sont les deux éléments inséparables dans l’indentification du luxe. Les schémas suivants démontrent les liens entre le luxe et ces critères qualitatifs[3] :

 

Comme l’explique les schémas ci-dessus, la rareté fonde le prestige de la marque, et l’associe à l’idée de luxe. La créativité des créateurs du produit, associée à la qualité et au savoir faire artisanal, fait que le produit soit un produit de luxe. L’imaginaire, quant à elle, renvoie directement à la maison de création, à la marque de fabrique, qui suscite chez le client/consommateur l’idée de luxe.

 

-Le prix : critère objectif et universel de détermination du luxe

De nos jours, il est devenu de plus en plus difficile de qualifier un produit de « luxe » surla base des seuls critères de la rareté et de l’imaginaire. Ceci car, la rareté est de plus en plus abandonnée, on retrouve des produits/articles commercialisés par les grandes marques de luxe édités en plusieurs séries (mais limités), de plus, il n’y a plus de confidentialité dans la commercialisation des produits de luxe. Parallèlement à cela, par rapport au critère de l’imaginaire, on peut constater que le mass market fait également appel à l’imaginaire, qui n’est désormais plus un critère du luxe.

 

Le critère du prix est alors primordial pour trancher sur la qualité ou non de « luxueux » d’un produit ou d’une prestation. Aussi, le prix est désormais, pour le client/consommateur, le seul critère tangible et le repère du luxe. En effet, le prix varie selon que le produit ou l’article soit un produit de luxe,haut de gamme, moyen de gamme ou entrée de gamme. Sachant que le produit de luxe est celui qui est le plus cher sur le marché, par rapport aux autres prix affichés dans les autres types de marchés (moyen de gamme, haut de gamme, …), pour le même produit/article (les qualités ne sont certainement pas les mêmes).

 

En effet, c’est jusqu’au « haut de gamme » que le rapport qualité/prix existe dans l’acte d’achat du client. A partir du luxe, il y a une rupture fondamentale du lien entre la qualité et le prix, le client ressent plutôt une volonté de « maximisation du plaisir », le moteur qui le pousse à passer à l’acte d’achat étant l’imaginaire et le fantasme, et cela indépendamment du prix de l’article ou de l’objet.

 

Que se passe-t-il si ce luxe est introduit dans le tourisme ?

 

c- Le tourisme de luxe : association du luxe et du tourisme dans le voyage

Les principes du tourisme de luxe sont fondamentalement différentsde ceux du tourisme de masse. Dans le domaine du tourisme, le luxe implique généralement la « personnalisation au maximum de tout le voyage du client », et la soumission aux moindres désirs du voyageur, avant même que ces désirs soient formulés.

 

A cet effet, le tourisme de luxe est un tourisme « sur-mesure » personnalisé.Selon Olivier Glasberg, directeur de la ligne de produits de luxeÉmotions, du développement et de l’innovation des produits chez Voyages Kuoni, le luxe se traduit par la « privatisation au maximum des services (transferts, véhicules,accueil, guides, restauration, majordome, etc.). Le luxe exige aussi uneflexibilitéconstante pour que toutes les exigences des clients soient satisfaites. ».

 

L’idée de rareté, d’imaginaire, de cherté des prestations se retrouve naturellement dans l’idée de voyage de luxe, justifiée par une prestation irréprochable et une offre rare, novatrice et chère.

 

Force est de constater que le voyage de luxe peut prendre diverses formes, même si les critères de la rareté, du prix et de l’imaginaire demeurent : le voyage en famille, la croisière de luxe, le voyage d’aventure, la visite guidée ou privée[4] :

 

 

                                2 – Caractéristiques propres au tourisme de luxe

Le tourisme de luxe est une catégorie spéciale de tourisme, car c’est un tourisme qui effectue des prestations particulières, visant à satisfaire à des besoins assez spécifiques, ressentis par une catégorie de clients particulière.

 

-Des prestations particulières

Le tableau suivant recense les diverses prestations généralement effectuées pour les clients, dans le cadre du tourisme de luxe : l’hôtellerie, la restauration, le transport, … :

 

Aussi, l’hébergement se trouve naturellement au centre des prestations de luxe. Mais un voyage de luxe génère également diverses autres externalités, englobées dans le marché secondaire et le marché tertiaire.

A part l’hébergement, le transport (aérien, maritime, routier), ainsi que le shopping, rentrent dans la liste des prestations de luxe. Mais quelle que soit la prestation effectuée par les acteurs de l’industrie du tourisme de luxe, on retrouve toujours les spécificités suivantes :

 

-La personnalisation au maximum de l’offre

-Une étude préalable et approfondie des besoins et des demandes de la clientèle

-Application du « coefficient luxe » dans le prix des prestations

Les produits et prestations de luxe sont naturellement plus chers, cela s’explique par l’application d’un coefficient luxe, un coefficient multiplicateur, expliqué dans le schéma suivant :

Ce schéma explique que, pour une même prestation (exemple : nuitée dans un hôtel), celle de luxe est 22 fois plus chère que la même prestation effectuée sur un marché entrée de gamme, 11 fois plus chère que sur un marché moyen de gamme, …

 

-Attention particulière sur la qualité des prestations/articles/produits.

 

Ces prestations particulières sont effectuées dans le but de satisfaire à des besoins assez particuliers.

 

-…Pour satisfaire des besoins particuliers

Les clients du tourisme de luxe sont prêts à débourser des sommes très élevées, pour satisfaire à leurs moindres désirs. A cet effet, le prix n’est pas un élément de blocage à la consommation, pour les clients du tourisme de luxe, et c’est ce qui justifie d’ailleurs les prix exorbitants affichés par ces prestataires de luxe, dépassant largement la valeur universelle du produit.

 

Une analyse succincte des besoins de ces clients de luxe montre que, figurent parmi ces besoins :

 

  • la sensualité – Les touristes de luxe de nos jours espèrent retrouver de plus en plus de sensualités dans leurs séjours.
  • l’intimité − Les touristes de luxe, dont la majorité est composé essentiellement de grandes personnalités reconnues dans le monde, veulent profiter de leurs séjours, de leurs vacances, en toute intimité.
  • la personnalisation – Les touristes recherchent essentiellement des offres qui leurs sont parfaitement adaptées, qui correspondent exactement à leurs attentes, à leurs besoins et à leurs gouts.
  • l’exclusivité – le lieu réservé spécialement au client afin l’exploiter totalement la beauté de l’endroit sans dérangement, tel est un des désirs fondamentaux des clients de luxe
  • la sécurité et la confidentialité − l’absence de risque concernant l’intégrité du client et le fait de rester secret constituent des facteurs d’attraction touristique et des défis de taille pour les services proposant des prestations de luxe.
  • la simplicité et les services intégrés- la chaîne de service fonctionnant au profit des clients doit être simple sans complication notamment les visites de lieu, la maison d’hôte
  • l’authenticité − La nature profonde et sincère du voyage devrait figurer au premier plan, il favorise l’épanouissement physique et spirituel des clients dès l’arrivée, c’est l’attestation de l’authenticité du milieu
  • le lien avec la nature − Le client cherche souvent un rapprochement avec la nature, et l’environnement authentique et spécial
  • la recherche de l’insolite − Les voyageurs voudraient voir quelque chose de jamais vu, ils veulent être stupéfaits et surpris de l’originalité du lieu et des prestations proposées.
  • le divertissement et l’expérience – Le touriste veut des distractions en s’amusant avec ses amis et sa famille, il demande de l’action et de l’ambiance.

 

Le schéma ci-dessous synthétise et classifie ces besoins des clientèles de luxe dans l’industrie du tourisme :

 

            B – Les clients du tourisme de luxe

On peut affirmer que la clientèle de luxe peut être classifiée en divers typesselon des critères de qualification.

 

-Les clients du tourisme de luxe selon l’âge

Unity marketing est une société de sondage américaine qui jouit d’une crédibilité internationale. Cette société a réalisé une étude sur la classification des clientèles du tourisme de luxe, notamment au niveau des tranches d’âge. Cette étude a  montré que la clientèle de luxe se répartit comme suit selon l’âge :

  • « 33% a moins de 35 ans,
  • 32% a entre 35 et 49 ans et
  • 34% a plus de 50 ans[5]. »

 

-Les clients du tourisme de luxe selon les motifs de voyage

Si on se réfère au critère des conditions de voyage, la clientèle de luxe peut être divisée en 2 catégories :

 

  • La clientèle loisirs est catégorisée en trois classes : la classe exclusive (l’aristocracie), la classe régulière et la classe occasionnelle. Force est de préciser que ces clients ne ressentent pas les mêmes besoins, ne disposent pas des mêmes pouvoirs d’achat, les prestations qu’ils attendent ne sont pas alors les mêmes vu qu’ils n’ont pas la même perception du luxe.

 

  • La clientèle affaires : ce sont des personnes, exerçant une profession bien déterminée, qui viennent dans un pays pour des motifs essentiellement professionnels.

 

Il convient de préciser que cette distinction clientèle loisirs et clientèle affaires s’avère être primordiale à effectuervuqu’elles ne ressentent pas les mêmes besoins. Les budgets ne sont pas les mêmes, ainsi que les attentes et la perception du luxe.

 

Par exemple, dans le tourisme d’affaires, les charges sont généralement payées par l’entreprise ou l’organisation qui envoie la personne en mission, aussi, la clientèle affaires a tendance à consommer plus que la clientèle loisirs. De même, la saisonnalité de l’arrivée de ces deux types de clientèle ne sont pas les mêmes.

 

Autant de spécificités qui doivent être pleinement maitrisées par les acteurs dans l’industrie du tourisme de luxe, le luxe étant cette faculté de personnaliser toutes les prestations effectuées à l’endroit de la clientèle, signe de maitrise des moindres besoins et attentes de cette dernière.

 

-Les clients du tourisme de luxe selon la fréquence et le budget

Si on se réfère au critère de la fréquence et du budget, on peutnoter la présence de 4 types de clientèles :

  • Les habitués à fort potentiel : ils sont capables de changer à chaque fois de destination, selon les tendances du marché. Les habitués sont ceux qui dépensent le plus au cours de leur voyage. Ce sont alors le type de clientèle que les prestataires du tourisme de luxe cultivent le plus.

 

  • Les habitués à petit budget : ce sont des touristes de luxe qui effectuent régulièrement des voyages de luxe, sans pour autant dépenser la même somme que les plus fortunés regroupés dans la classe des habitués à fort potentiel.

 

  • Les recrutés à fort potentiel : ils représentent la clientèle à fidéliser pour les prestataires du tourisme de luxe, vu qu’ils ne viennent dans une destination que pour un motif bien déterminé. Les prestataires doivent faire en sorte qu’ils aient envie d’y revenir un jour, en déployant des stratégies de fidélisation.

 

  • Les recrutés à petit budget : ce sont des clients qui sont intéressés par les prestations de luxe, mais qui n’ont pas les moyens pour accéder à toutes les offres disponibles.

 

-Les clients du tourisme de luxe selon la nationalité

Le pouvoir d’achat, les demandes formulées par les clients, leurs attentes dépendent généralement de leur nationalité.

 

Chaque nationalité a ses spécificités, ci-dessous quelques exemples :

-Les clients de nationalité américaine recherchent le rapport qualité prix, dans l’achat de produits/articles et prestations de luxe, ces clients se réfère plutôt au critère objectif qu’est le « prix », au détriment de la rareté et de l’immatériel.

-La clientèle japonaise se réfère à la maison de marque.

 

Dans les pays développés, tels que les Etats Unis, le Japon et l’Europe, les clients du tourisme de luxe sont notamment les élites, les hauts revenus et les classes moyennes. Dans les Pays du Moyen Orient, les touristes de luxe sont surtout les aristocrates et les acteurs dans le domaine pétrolier. Et enfin, dans les pays émergents, les élites et les nouveaux riches sont les principaux clients du tourisme de luxe.

 

-Résumé : en résumé, parmi ces divers types de classification, on retrouve la clientèle exclusive, la clientèle régulière et la clientèle occasionnelle, dont les spécificités sont résumées dans le tableau suivant :

 

 

            C – Le tourisme de luxe : un secteur en pleine effervescence

Entre les années 2000 et 2003, on a noté une forte chute du tourisme en général, tourisme durable ou tourisme de luxe. La raison fondamentale de cette baisse de l’arrivée des touristes étant les attentats du 11 septembre, il y a également la crise économique, qui a affecté le pouvoir d’achat des touristes.

 

Mais on a pu noter une reprise dès l’année 2004. Cependant, force est de préciser que l’année 2009 restera l’année la plus mauvaise pour le secteur du luxe, avec le tsunami financier engendré par cette crise financière mondiale de 2009, le secteur du luxe a enregistré une chute de 10%.

 

Toutefois, les difficultés rencontrées par le secteur touristique de luxe de 2009 n’ont été que temporaires puisque dès 2010, le tourisme de luxe a été relancé. Une tendance positive qui se poursuivra certainement jusqu’en 2015. Ce qui prouve que le secteur du luxe est actuellement en pleine effervescence.

 

Récemment, l’OMT a présenté une étude sur les éventualités de l’évolution du tourisme dans le monde en 2030 qui estime que le nombre de touristes, d’ici 2030 sera évalué à 1,8 milliard de touristes, ce qui correspond à une croissance annuelle de 43 millions. Ci-dessous quelques chiffres clés du secteur du tourisme de luxe, véhiculés par l’OMT lors de ladite assemblée générale :

 

  • « Les arrivées de touristes internationaux dans le monde devraient augmenter de 3,3 % par an entre 2010 et 2030, pour atteindre 1,8 milliard d’arrivées d’ici 2030, d’après l’étude prospective à long terme de l’OMT Le tourisme à l’horizon 2030.

 

  • Entre 2010 et 2030, les arrivées dans les destinations émergentes (+4,4 % par an) devraient augmenter deux fois plus vite que dans les économies avancées (+2,2 % par an).

 

  • La part de marché des économies émergentes est passée de 30 % en 1980 à 47 % en 2013 et devrait atteindre 57 % d’ici 2030, ce qui correspondrait à plus d’1 milliard d’arrivées de touristes internationaux»[6]

 

Le rapport intitulé «LuxuryGoodsWorldwideMarketStudy » réalisé par l’institut Bain &Company dans le cadre de la conférence organisée par la Fondation Altagamma a affirmé des prévisions positives de croissance du chiffre d’affaires mondial du marché du luxe. Ce rapport estime que cette croissance qui a été de 4 à 6 % en 2013, dépassera la barre des 250 milliards d’euros en 2015.

 

Concernant les pays les plus consommateurs de prestations (touristiques) de luxe, au cours de l’année 2012, l’Europe était au premier rang des principales zones consommatrices de luxe avec 35 % de parts de marché contre 37 % en 2011, suivie par les Amériques (31 % en 2012 contre 30 % en 2011), l’Asie Pacifique (20 % contre 19 %) et le Japon (9 % en 2012 et 2011).

 

Concernant les destinations de luxe les plus recherchées, les Caraibes tiennent la place de la destination de premier ordre pour les touristes de luxe, viennent ensuite : l’Europe, l’Alaska, les Bermudes, …comme l’explique le schéma ci-dessous[7] :

 

 

 

II – Les écueils du tourisme de luxe

 

            A – Le tourisme de luxe : un tourisme négatif

Certes, toute activité touristique procure des avantages considérables, mais les revers sont aussi importants à soulever. Pour le cas particulier du tourisme de luxe, on note l’abandon de la notion même de découverte parmi les motifs de voyage, la destruction de l’harmonie de l’architecture locale, le clivage entre les touristes et les populations du pays d’accueil, les inconvénients sur le développement durable conviennent également d’être soulevés.

 

                                1 – Abandon de la notion de « découverte »

L’essence même du tourisme est entrain de se perdre aujourd’hui, au lendemain de la propagation du concept de tourisme de luxe. L’idée de voyage et de découverte ne figurent plus au premier rang des motifs de voyage des touristes, tout est guidé par le prix (coefficient luxe). Or, la principale motivation du tourisme doit être de faire profiter aux touristes la connaissance d’un nouvel endroit, sa beauté et sa culture, et cela indépendamment du prix. Alors que, de nos jours, avec le tourisme de luxe, les voyageurs de luxe veulent uniquement consommer des prestations inaccessibles pour les autres, et cela au détriment de la découverte de nouveaux paysages.

 

On constate donc que le tourisme de luxe est en train de tuer l’essence même et les fondamentaux du tourisme.Et ce tourisme de luxe, qui mise sur le prix, est même mondialisé. On suscite la consommation de voyages chers, on encourage plutôt les dépenses que les voyages, au point que la notion de voyage renvoie systématiquement au prix, au coefficient luxe.

 

Des fois même, certaines destinations sont même devenues inaccessibles pour certaines catégories de touristes, car sont exclusivement réservées aux touristes de luxe. Ceci car, les prestataires et acteurs touristiques dans le pays s’entendent pour ne proposer que des prestations luxueuses, ce qui va dans leur intérêt car ces prestations sont plus rentables et ils peuvent attirer plus de clients que dans des prestations moyen ou haut de gamme.

 

Dans ce sens, le luxe semble être un blocage pour une découverte réelle, pour certains clients. La découverte, les voyages authentiques, sont plus chers, réservés à une catégorie de clientèle déterminé, et inaccessibles pour grand nombre de voyageurs.

 

Par exemple, le Maroc, reconnue pour l’authenticité de ses paysages, attire beaucoup de touristes[8]. Les touristes sont si nombreux que les prestataires dans le domaine touristiques décident naturellement d’augmenter le prix de leurs prestations (Naturellement car, en vertu de la loi de l’offre et de la demande, quand les demandes augmentent, le prix augmente également. La destination Maroc est très prisée, corolairement le prix des prestations touristiques augmente).

 

Par exemple, le graphe suivant montre les différentes nationalités intéressées par le tourisme au Maroc. Mais ces touristes sont essentiellement des « touristes de luxe » :

 

 

Les habitants des pays développés sont ceux qui visitent le plus la plus grande ville touristique du monde : le Maroc. En 2011, selon le Ministère du tourisme du Maroc, les touristes étrangers ont été principalement de nationalités : Française avec 1 775 961 touristes, Espagnole avec 693 255 touristes, du Royaume-Uni avec 352 141 touristes, Belge avec 258 620 touristes, Italienne avec 211 405 touristes, Allemande avec 219 576 touristes. Les infrastructures et les couts de voyage montrent que le Maroc sait, et veut accueillir une clientèle de luxe.

 

                                2 –Destruction de l’harmonie de l’architecture locale

Le tourisme est inséparable de l’hébergement, comme précisé plus haut, cet hébergement se situe au cœur même des activités touristiques. Le caractère luxueux ou non du tourisme dépend en effet de la structure d’hébergement, d’accueil des touristes. Aussi, le développement du tourisme de luxe, et sa mondialisation, s’accompagne de la mise en place de grandes architectures de luxe.

 

Les structures d’accueil doivent s’aligner aux exigences, aux habitudes de vie des clients Rois, c’est-à-dire des clients luxueux. Grandeur, décors, aménagement, ne sont pas alors conformes aux normes dans le pays d’accueil, qui n’a pas forcément les habitudes de vie des clients luxueux. On peut alors lire via ces différences d’architecture la différence du niveau de vie entre la population d’accueil et les touristes de luxe.

 

On note alors, dans plusieurs pays, la présence de grands hôtels luxueux, qui ne sont pas toujours en harmonie avec l’architecture générale de la ville. Ce qui conduit à affirmer que le tourisme de luxe rompt l’harmonie de l’architecture générale d’une ville, les grands hôtels apparaissent comme des « intrus ».

 

                                3 – Clivage entre touristes et populations locales

Le fait pour les habitants du pays d’accueil, pauvres de voir vivre les étrangers dans ces coûteux hôtels dont ils assurent le service n’en ressentent que plus vivement leur propre misère. Il y aura alors, naturellement, un clivage entre les touristes de luxe et la population d’accueil, alors qu’un des objectifs du tourisme est de favoriser le contact entre deux cultures, deux populations.

 

La constatation de cette différence peut faire naitre chez les habitants pauvres la volonté de devenir des « parasites du tourisme », en agissant de manière à nuire les voyages de touristes de luxe, et soutirant par exemple le maximum d’argent au touriste de passage, qui leur semble si riche.

 

Des comportements qui risquent de fausser la réalité des valeurs culturelles du pays, et qui risquent également de nuire aux valeurs du pays de destination.

 

                                4 – Le tourisme de luxe face au concept de développement durable

Le concept de développement durable est actuellement un terme en vogue, tous les agissements de l’Homme sont entreprises conformément aux exigences du développement durable qui tient à cœur de plus en plus grand nombre de personnes à travers le monde : la politique de la durabilité. C’est un concept qui est appliqué par plusieurs acteurs dans le domaine touristique, et qui répond à des enjeux à la fois sociaux, économiques et environnementaux[9].

 

Conformément à ces exigences du développement durable, on rencontre de nos jours des hôtels qui prennent des engagements conformes aux exigences du développement durable, l’hôtel est réinventé, mais d’une façon plus durable.

 

Concrètement, ces engagements sont pris dans tous les domaines d’intervention de l’hôtel :

« –La proposition de produits écolabellisés,

            -La formation des personnels pour une gestion durable des ressources et moyens de l’hôtel,

            -La mise en place d’un système de recyclage des déchets,

            -La participation à des actions environnementales, la gestion rationnelle sources d’eau et d’énergie,

            -L’effort d’utilisation d’énergies renouvelables,

            -L’éducation des touristes sur des gestes écologiques. »

 

Autant de conditions requises pour pouvoir bénéficier de la certification ISO 14001.

 

Force est de constater que l’alignement aux exigences du développement durable (écotourisme) a des couts et des avantages, comme le montre le schéma suivant[10] :

Ecotourisme et Environnement
Avantages directs Coûts directs
Stimule la protection de l’environnement (aires protégées) tant de façon formelle qu’informelle. Danger que la capacité de charge de l’environnement soit dépassée accidentellement dû :
Encourage la restauration et la conservation des habitats modifiés. au rythme de croissance rapide,
Permet la participation active des écotouristes à la mise en valeur de l’habitat (dons, maintien de l’ordre, entretien, etc.). aux difficultés à identifier, à mesurer et à contrôler les effets sur une longue période,
  à la croyance que tout tourisme est porteur de perturbations.
Avantages indirects Coûtsindirects
La présence de l’écotourisme favorise un engagement accru envers un environnement sain. Les régions fragiles peuvent être exposées à des formes de tourisme moins envahissant (fonction de pionnier).
Des espaces protégés par l’écotourisme génèrent divers avantages environnementaux. Peut avoir une tendance à donner une valeur financière à la nature, selon son attractivité.
Ecotourisme et Economie
Avantages directs Coûts directs
Revenus directs des écotouristes. Coûts de démarrage (acquisition de terrain, établissement d’aires protégées, superstructures, infrastructures).
Création d’emplois directs. Dépenses permanentes (entretien des infrastructures, promotion, salaires).
Fort potentiel de liens avec d’autres secteurs de l’économie locale.  
Ecotourisme et Stimulation de l’économie périphérique.
Avantages indirects Coûtsindirects
Revenus indirects des écotouristes (effet multiplicateur élevé). Incertitude des revenues due à la nature in situ de la consommation.
Propension des écotouristes à fréquenter des attractions culturelles et patrimoniales comme« compléments ». Perte de revenus en raison des importations, de la participation d’étrangers ou de non-locaux, etc.
Avantages économiques d’une utilisation durable des aires protégées (industrie pharmaceutique, recherche) et des phénomènes naturels (ex. : maîtrise des crues) Coûts de substitution.
  Cultures endommagées par la faune.
Ecotourisme etEffets socioculturels
Avantages directs Coûtsdirects
   
Accessibilité de l’écotourisme à un large éventail de la population. Intrusions dans des cultures locales et, peut-être, des cultures isolées.
Éléments esthétiques/spirituels des expériences. Imposition d’un système étranger valorisant l’élite.
Favorise la sensibilisation à l’environnement auprès des écotouristes et de la population locale. Déplacement des cultures locales par l’établissement de parcs.
  Érosion du contrôle local (spécialistes étrangers, immigration de personnes à la recherche d’emploi).
Avantages indirects Coûts indirects
Avantages des phénomènes naturels. Ressentiment possible de la population locale.
  Opposition des touristes à certains aspects de la culture locale (ex. : chasse, agriculture itinérante sur brûlis).

 

Le tourisme de luxe s’aligne-t-il à ces exigences du développement durable, dont le respect avantage directement aussi bien l’environnement, la population locale que l’environnement ? Sachant que le respect du développement durable dans un hôtel de luxe implique la mise en place des démarches suivantes :

 

En effet, on peut constater que, au lieu de promouvoir les exigences imposées dans les Normes ISO 14001, le tourisme de luxe de nos jours rompt les liens avec le concept de développement durable. Les raisons en sont les suivantes :

 

-Les sources d’énergie doivent être des sources renouvelables, si l’hôtel veut rester dans les exigences du développement durable. Il est constaté que les grands hôtels de luxe ne se contentent pas des seules énergies renouvelables, mais exploitent également celles non renouvelables. Ceci car, ses dépenses en énergie sont nombreuses, et ne sauront être réduites, sauf politique stratégique nouvelle conforme aux exigences du développement durable. Le schéma suivant montre par exemple les généralités sur les consommations d’énergie dans un centre hôtelier :

Contrairement aux autres types d’hôtels, les hôtels de luxe ont plus de difficultés à réduire leurs dépenses en énergie vu qu’ils sont dans l’obligation de garantir des prestations diversifiées, sur mesure, pour les clients prestigieux qu’ils accueillent. La soumission aux principes du développement durable, notamment au niveau du volet restriction des dépenses en énergie, reste encore un défi de taille pour les hôtels de luxe.

 

-La consommation d’eau n’est pas calculée

-Les clients sont rarement conseillés et informés sur la gestion durable des ressources, en effet, compte tenu des sommes qu’ils déboursent, les hôtels osent rarement formuler des restrictions (quelles que soient leurs formes) à l’endroit de leurs clients prestigieux.

-Les personnels des grands hôtels sont plutôt formés à se soumettre aux moindres désirs des clients, et non pas aux concepts de mise en œuvre des principes du développement durable

-Les grands hôtels de luxe gèrent encore difficilement leurs déchets.

 

Autant de situations qui montrent que le tourisme de luxe est un tourisme nocif pour l’environnement, par le non respect des préconisations des Normes ISO relatives au développement durable.

 

                                5 – Le luxe et ses excès

Le tourisme de luxe conduit, dans la plupart des cas, à des excès : excès de dépenses surtout. Certes, les clients sont des riches personnalités, des fortunés, mais est-ce-que cette situation justifie-t-elle les excès de dépenses pour des simples caprices d’un jour ?

 

Des excès qui ont de fortes répercussions, notamment au niveau de la mentalité des populations/habitants des pays d’accueil. Les différences de niveau de vie vont être encore plus explicitées, et, au lieu de favoriser le contact avec les habitants, le tourisme de luxe ne fait qu’accentuer le clivage entre touristes riches et habitants pauvres.

 

L’image même du tourisme n’en sera que ternie.

 

            B- Conséquences/retombées  négatives

Les divers inconvénients du tourisme de luxe ont ainsi des retombées négatives :

 

1 – Sur le secteur touristique en général : les fondamentaux du tourisme sont bafoués par le tourisme de luxe : le contact entre les habitants et les touristes, la notion de découverte de nouveaux paysages, le partage de cultures. Avec le tourisme de luxe, le prix passe avant tout, des dépenses exorbitantes sont engagées, pour bénéficier de prestations certes adaptées aux besoins des touristes, mais fortement préjudiciables à l’environnement en général et à l’environnement touristique en particulier.

 

2 – Pour l’économie locale : les acteurs du tourisme vont être avantagés, car ils récolteront des bénéfices considérables sur la vente des produits, articles et prestations de luxe. Mais cette situation pourra-t-elle rester pérenne ? Le mécontentement des habitants quant aux dépenses excessives des touristes (alors que les revenus mensuels des habitants qui les servent n’atteignent généralement même pas leurs dépenses de quelques jours) risque de s’exploser, et de freiner le retour des touristes de luxe dans le pays. Aussi, certes, le tourisme de luxe rapporte beaucoup au moment de l’arrivée des touristes, mais les conditions d’exploitation de ce type de tourisme sont de nature à rendre difficile la fidélisation de la clientèle, risquant corolairement d’affecter la santé économique du secteur touristique.

 

3  – Impacts négatifs sur le plan humain : les modes de vie occidentaux démontrés par les touristes de luxe peuvent engendrer des « guerres sociales » entre habitants et touristes, alors que le tourisme est censé les rallier.

 

 

 

III – Analyse et perspective de l’avenir du tourisme de luxe

Le tourisme de luxe est certes, un modèle touristique qui se développe fortement à l’heure actuelle, et qui promet un net développement dans les années à venir, mais ce mémoire a permis de relater les inconvénients majeurs de ce type de tourisme.

 

Cette sous partie du mémoire essaiera d’analyser un cas concret pour démontrer pratiquement les perceptions et les revers du tourisme de luxe. Ensuite, des préconisations seront formulées pour une adaptation du tourisme de luxe aux réalités actuelles, pour qu’il puisse se développer sans laisser des traces péjoratives.

 

            A – Etude de cas – Le tourisme de luxe au Maroc : la perception et les revers

Le Maroc est une destination de premier choix pour grand nombre de clients du tourisme. Pour certains, Maroc est même incontournable. En effet, l’environnement du tourisme, à l’heure actuelle, est caractérisé par l’accroissement considérable de la compétition.

 

L’organisation évènementielle se trouve actuellement au cœur du développement culturel marocain, en mettant en œuvre la créativité, et en diffusant à large spectre des évènements aussi intéressants les uns que les autres[11], le Maroc a su attirer de nombreux touristes.

 

Au fil des années, comme la demande a été élevée, les offres sont devenues plus chères, et le Maroc a été ensuite réputé pour le tourisme de luxe : les hôtels sont devenus très chers, on a constaté une hausse généralisée des prix de tous les produits pendant les périodes touristiques, …(signes concrets de l’application du « coefficient luxe ») A cause de cela, les touristes à pouvoir d’achat moyen ont décidé de changer de destination, seuls ceux qui sont les plus riches et les plus fortunés y sont restés.

 

Cette fuite des touristes « moyens » a fait que la concurrence a été plus rude entre les hôtels, par la baisse des offres. Et, selon une affirmation de Philip Kotler : « La plupart des marchés sont commedesfondsmarins, où trop de pêcheurss’attaquentà trop peudepoissons.Ceux qui remplissent le mieux leurs filets sont ceux quiconnaissentlemieux le poisson. ». Il aura fallu s’adapter aux exigences des clients restants, c’est-à-dire les clients luxueux : réadaptation des infrastructures hôtelières, réorientation des offres (vers des offres sur mesure, personnalisé), … Les acteurs touristiques qui n’ont pas pu suivre le vent du changement ont succombé, plusieurs acteurs touristiques ont fini par être « tués ». Ce cas du Maroc est une illustration concrète de l’affirmation : « quand le tourisme de luxe tue le tourisme ».

 

Il faut savoir développer le tourisme de luxe, mais il ne faut pas qu’il tue les fondamentaux du tourisme. L’adaptation du tourisme de luxe s’impose.

 

            B – De la nécessité d’une adaptation du tourisme de luxe

 

-Nécessité d’une gestion rationnelle des ressources dans le tourisme de luxe

Le tourisme de luxe est reproché pour ne pas être conforme aux principes du développement durable. En effet, en 2004, le Comité dedéveloppement durable du tourisme de l’Organisation Mondiale du Tourisme (OMT) a fait part des principes de tourisme durable en annonçant que :

 

: « Les principes directeurs du développement durable et les pratiques de gestion durable du tourisme sont applicables à toutes les formes de tourisme dans tous les types de destination, y compris au tourisme de masse et aux divers créneaux touristiques.Les principes de durabilité concernent les aspects environnementaux, économiques et socioculturels du développement du tourisme.Pour garantir sur le long terme la durabilité de ce dernier, il faut parvenir au bon équilibre entre ces trois aspects ».

 

Aussi, pour se conformer à ces exigences, et dans le cadre de la promotion du développement durable dans le secteur du tourisme de luxe,  quelques volets sont à reconsidérer pour les prestataires dans l’industrie du luxe, notamment les hôtels :

 

  • « Gestion de la consommation d’eau:système de buanderie à l’ozone, récupération d’eau de pluie, choix de plantes indigènes;
  • Gestion des déchets:réduction de la consommation matérielle, réutilisation, recyclage et compostage;
  • Rationalisation de l’utilisation de l’énergie:système de contrôle dans les chambres, appareil informatique, énergies renouvelables;
  • Mise en place d’un système d’éducation/sensibilisation:formation, bénévolat et engagement des employés, sensibilisation et implication des clients, formation des gestionnaires par des séminaires;
  • qualité de l’air: produits nettoyants non toxiques;
  • biodiversité:protection de la faune et de la flore;
  • patrimoine:préservation de l’héritage patrimonial;
  • transport:navette, transport en commun;
  • gestion:vision intégrée, mise sur pied d’un comité environnemental et d’un plan de gestion d’opérationnalisation durable des activités, procédures et politiques;
  • communauté:soutien de la vision de la communauté, achat de produits locaux, fournisseurs, main-d’œuvre et partenaires d’affaires régionaux. »

 

On affirme parfois que s’engager pour l’environnement est couteux, et augmentera le prix de revient des hôtels de luxe. Pas forcément ! En effet, les listes des préconisations ci-dessus montrent que près de 80% des solutions en la matière ne coûtent rien puisque consistent en de gestes et d’attitudes à changer. Il suffit d’adopter des comportements et des actions simples, pour minimiser considérablement les dégradations engendrées par le tourisme de luxe.

 

Respecter l’environnement, tout en proposant des prestations luxueuses est bien faisable. C’est ce que l’Hôtel Fouquet’s Barrière a démontré. Cet hôtel est d’ailleurs devenu le premier palace Parisien 5 étoiles à s’être vu décerner la triple certification ISO 9001, ISO 14001 et SA 8000. Ce qui est un geste exemplaire que tous les hôtels de luxe dans le monde doivent copier. « Nous avons, en tant qu’hôteliers de luxe, un devoir d’exemplarité envers les autres » affirmait Françoise Houdebine, vice-présidente commercial et marketing du groupe Concorde Hôtels &Resorts.

 

-Le tourisme de luxe doit favoriser le contact entre touristes de luxe et habitants du pays d’accueil, donc revenir à son essence

Quelque soit le type de tourisme auquel est engagé le client, il doit toujours se souvenir qu’il est en train de réaliser un voyage touristique. Les hôtels et structures d’accueil doivent alors lui rappeler à chaque fois les fondamentaux du tourisme, et faire en sorte que ces fondamentaux ne soient pas bafoués, et maintenus dans tous les cas :

 

-Le touriste doit nouer une relation harmonieuse avec les habitants de la ville d’accueil

-Il n’y a pas que le prix qui fonde le luxe, il y a également la beauté de la nature, les découvertes surprenantes, que l’argent ne peut pas acheter, et auxquelles il faut être reconnaissant, notamment vis-à-vis des villageois qui entretiennent ces beautés.

 

 

CONCLUSION

Le tourisme de luxe, ou tourisme sur mesure, est un type de tourisme qui a fait son apparition ces dernières années, et qui promet encore un développement considérable pour les années à venir. Cette place prépondérante qu’il tient dans l’environnement économique justifie le choix du sujet.

 

L’intégration du luxe dans le tourisme fait que les prestations effectuées respectent les normes qualité, sont conformes exactement aux besoins et attentes spécifiques de chaque client, et surtout, sont chères. Sachant que le prix n’est en aucun cas un motif de blocage pour une clientèle de luxe, désireuse de satisfaire ses moindres caprices, et qui se fait de plus en plus nombreux de nos jours.

 

Mais la réalisation de ce mémoire a permis de démontrer que le tourisme de luxe n’est pas aussi brillant que l’on montre. C’est un type de tourisme qui présente beaucoup de revers, d’inconvénients, qui conviennent tous d’être remédiés, pour une exploitation conforme aux normes du tourisme, pour que le tourisme de luxe soit digne d’être classifié parmi les types de tourisme.

 

En effet, le tourisme de luxe est préjudiciable à l’environnement, et son exploitation nuit aux principes imposés par les normes de développement durable. Les soucis des grands hôtels de se conformer aux moindres désirs de leurs clients leur font parfois oublier que les ressources doivent être gérées d’une manière rationnelle, que les déchets doivent être gérés convenablement, que les touristes de luxe doivent être mieux informés des principes du développement durable. De même, avec le tourisme durable, et les dépenses excessives qu’il implique, le contact des touristes avec les habitants ne va pas au mieux, alors que cet échange culturel est un fondamental du tourisme.

 

Compte tenu des divers inconvénients relevés, une réorientation du tourisme de luxe s’est naturellement imposée. Il est primordial que de nouveaux comportements soient adoptés, pour que le tourisme de luxe soit un réel tourisme.

BIBLIOGRAPHIE

Le chemin vers l’écotourisme : Impacts et enjeux environnementaux du tourisme aujourd’hui (2006)

Auteur: Jean-Pierre Lozato-Giotart

Maison d’édition : Delachaux et Niestlé

 

Tourisme durable : utopie ou réalité ? : Comment identifier les voyageurs et voyagistes éco-responsables ? (2008)

Auteur: Jean-Pierre Lamic

Maison d’édition : L’Harmattan

 

Bilan du tourisme en 2013

France. Direction générale des entreprises

2014 − Ministères économiques et financiers

 

Chiffres clés du tourisme. Édition 2014

France. Direction générale des entreprises

2014, Ministères économiques et financiers

 

Memento du tourisme. 2014

France. Direction générale des entreprises

2014, Ministères économiques et financiers

[1] Source : http://www.insee.fr/fr/methodes/default.asp?page=definitions/tourisme.htm

 

[2] Source du schéma : http://elalaoui.free.fr/parttwochaptertwo.html

 

[3] Le Tourisme de Luxe en France, Eurostaf, page 3

[4]http://veilletourisme.ca/2011/09/20/le-tourisme-de-luxe-cest-chic/

 

[5] Source : http://tourisme-de-luxe-var.over-blog.com/pages/Une_clientele_internationale-264349.html

[6] 19ème Assemblée générale de l’OMT, 2014

[7] Source du schéma : CLIA, 2011, Cruise market profile Study

[8] Au Maroc, figurent parmi les villes les plus visitées :

 

-Marrakech : Marrakech est une ville qui est composé de 2 millions d’habitants, c’est une ville qui a su conserver son originalité à travers les époques. Deux sous villes composent la grande ville de Marakech: la nouvelle ville et l’ancienne ville. Ces deux villes sont visitées par les plus grandes personnalités du monde, du fait de cette originalité, du caractère accueillant de ses habitants, mais ces personnalités privilégient plutôt l’ancienne ville. La nouvelle ville est connue pour ses nouveaux bâtiments, ses grands magasins, palmeraies, golfs, parcs, hôtels, discothèques, piscines…Plusieurs évènements sont organisés dans cette nouvelle ville, et les grands DJ du monde y viennent souvent pour animer des fêtes. Quelques adresses à ne pas rater à Marrakech : la place Jamaa El Fna, la koutoubia, la Vallée de l’Ourika, mais également l’Hôtel de La Mamounia.

 

-Agadir : Agadir est classée comme la deuxième ville touristique du royaume en 2011 après Marrakech. Elle est essentiellement reconnue pour sa large station balnéaire qui s’étale sur une dizaine de km.

 

-Casablanca : Capitale économique du pays, Casablanca est la troisième ville touristique du Maroc. On y vient surtout pour les affaires. Généralement, les touristes d’affaires n’y viennent pas plus de deux jours, la ville ambitionne de garder ces touristes quelques jours  de plus. Récemment, afin de répondre à cette fin, le Conseil régional du tourisme a lancé des plans spécifiques pour mettre en place les infrastructures adéquates.

 

-Meknès : Cette ville est connu pour son passé prestigieux, ses pierres de renommée, ses monuments historiques splendides. Deux adresses à ne pas rater lors du passage dans la ville : les ruines romaines de Volubilis et le moussem du cheval de Tissa

[9]Les enjeux sociaux étant l’éducation de tous les citoyens à la préservation des richesses environnementales en adoptant des comportements d’utilisation rationnelle des ressources. Les enjeux économiques reviennent à rentabiliser les prélèvements faits sur l’environnement, afin que ces prélèvements aient des contre parties économiques adéquates. L’enjeu environnemental, qui est certes la base de tous les autres enjeux, est d’assurer une utilisation rationnelle des ressources naturelles, pour assurer la pérennité de celles-ci pour les générations futures.

 

[10] Source : http://vertigo.revues.org/4575

[11] Quatre types d’évènements culturels sont prédominants au Maroc :

-Les fêtes folkloriques :

Les fêtes folkloriques sont des fêtes qui regroupent tous les habitants de plusieurs pays afin de célébrer la période de la réjouissance collective. C’est un type de célébration ancestrale qui a été conservée de générations en générations.

– Les fêtes touristiques :

Les fêtes touristiques regroupent grand nombre d’activités recouvrant tous les domaines : activités sportives, culturelles … Ces fêtes sont initiées et organisées par l’Office National du Tourisme au Maroc en partenariat avec diverses entités locales. Et afin d’attirer et de cibler les touristes, ces fêtes se déroulent généralement dans des endroits à forts potentiels touristiques.

– Les Moussems :

C’est une fête annuelle à caractère religieux (pèlerinage sur la tombe d’un saint, chef local ou Marabout)

-Les festivals :

Les festivals sont les plus importants de ces évènements culturels, car jugés comme ayant le plus d’impacts sur l’attractivité du pays, et sur la fidélisation des touristes.

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