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L’écriture de l’histoire de l’Algérie de la guerre d’indépendance à nos jours

L’écriture de l’histoire de l’Algérie de la guerre d’indépendance à nos jours

 

Plan

 

Introduction

  1. Essai de Chronologie de l’histoire de l’Algérie

1.1. La guerre d’indépendance au commencement de l’histoire de l’Algérie

1.2. La naissance d’un socialisme algérien

1.3. Le changement social d’après guerre

1.3.1. Une démographie effrénée

1.3.2. L’arabisation et l’enseignement

1.3.3. La révolution des femmes algériennes

  1. Envers de l’histoire de l’Algérie

2.1. Interprétation controversée de l’histoire

2.1.1. L’histoire de l’Algérie vu par les Algériens

2.1.2. L’histoire de l’Algérie vu par les autres

2.1.3. La guerre d’Algérie dans l’enseignement

2.2. Aspects occultes de la révolution d’Algérie
2.2.1. La libération méditée

2.2.2. Tentative d’installer  une vie politique évidente 

2.3. Analyse sociologique de l’histoire algérienne

2.4. Physionomie de l’Algérie indépendante

  1. Conséquence de cette mémoire et l’histoire de l’Algérie sur la relation franco-algérienne 

3.1. Le pseudo-consensus Franco algérien

3.1.1. Quid de l’histoire franco-algérien

3.1.2. Les Raisons d’une distanciation

3.1.3. Perspective de la relation France-Algérie

3.2. Entre colonisation et néocolonisation : la nouvelle Algérie

Conclusion

 

Introduction

Depuis l’Antiquité jusqu’à la colonisation, l’Algérie a été toujours le terrain d’une conquête sans fin. Durant l’Antiquité, l’Algérie constituait le berceau d’une civilisation, à savoir la civilisation berbère. De la sorte que l’histoire de l’Algérie débute par l’occupation des Phéniciens lesquels ont crée des comptoirs commerciaux. Ainsi de suite, après les Phéniciens, l’Algérie fut occupée, au premier siècle, par les Romains puis les Vandales et les Byzantins ont éliminé ces derniers qui à leur tour n’ont pas pu faire face aux arabes et ont laissé la place aux arabes. En générale, voilà une brève revue historique de l’Algérie durant l’Antiquité.  Néanmoins, l’implantation des arabes constitue la genèse de l’histoire de l’Algérie lequel devint après un territoire de l’Empire Ottoman. 

Cependant, parler de l’histoire de l’Algérie est sans doute difficile dans la mesure où les productions écrites et les mémoires s’y rapportant sont presque quasi-inexistants. Indépendant depuis le 3 Juillet 1962, il faut le dire, l’Algérie est l’unique pays, soumis à la France,  qui a été refaçonné totalement pour être à l’image exacte de celle-ci tant politiquement que culturellement (mœurs et coutume). A ce propos, la guerre d’Algérie reste toutefois le principal noyau de l’histoire de l’Algérie. En effet, le bilan de l’histoire algérienne évoque l’analyse et l’étude de la guerre d’Algérie comme étant au centre de l’histoire de l’Algérie. Ainsi, écrire l’histoire de l’Algérie ne devrait pas occulter la guerre d’indépendance de l’Algérie.

Ici, nous essayerons de construire l’histoire sociale de l’Algérie à partir des biographies et bibliographies des productions écrites sur l’histoire de l’Algérie. Néanmoins, la relation franco-algérienne reste également le coeur de cette histoire qui d’ailleurs suscite inconsciemment des interrogations dans l’histoire proprement dite. Cette relation qui commença déjà au temps de Charles X lequel a développé une politique axée sur l’autoritarisme, cléricalisme, et le conservatisme. Toujours est-il que cette relation constitue le produit d’un nouveau type de relation lancé par les rois de France (depuis le règne de François 1er) avec l’empire ottoman. Même après la signature de l’accord de paix pour cent ans, la prise d’Alger en 1830 constituerait le début de la colonisation française sur l’Algérie.

Certes, l’annexion de l’Algérie lui a dévolu le nom de « Algérie Française » signifiant en d’autres termes l’Algérie aux Français.

Dans cette humble mémoire, nous essayerons de construire l’histoire de l’Algérie à partir de ce qui est déjà écrit auparavant à ce sujet. Toutefois, ce qui démarque notre démarche c’est qu’on va plutôt privilégier l’aspect sociologique de cette histoire. Pour ce faire, nous essayerons d’articuler notre étude sur 3 points. D’abord, nous entamerons cette étude par la mise en évidence de la guerre d’Algérie en mettant l’accent sur la guerre d’indépendance. Puis, notre logique s’orientera sur les enjeux et menaces de cette guerre dans l’histoire de l’Algérie. Finalement, notre analyse débouchera sur une mise en perspective de la relation franco-algérienne.

  1. Essai de Chronologie de l’histoire de l’Algérie

1.1. La guerre d’indépendance au commencement de l’histoire de l’Algérie

La nuit du 31 Octobre au 1er Novembre 1954 marque la naissance du Front de Libération Nationale (FLN) et le début de l’action armée pour l’indépendance. Les fondateurs du FLN l’ont créé en réaction contre les pratiques de Messali Hadj et pourtant, ils avaient tous milité dans ses mouvements. Mais tout de même, entre 1830 et 1954, l’instauration de l’Algérie Française ou l’Algérie coloniale a émergé le nationalisme algérien pour aspirer à l’indépendance. 

Ainsi, le 1er novembre 1954 l’insurrection armée par le FLN a été déclenchée. En 1955 et 1956, l’ensemble des forces nationalistes a rejoint  le FLN, qui tient un congrès dans la vallée de la Soummam en août 1956. Dans le même temps, la guerre franco-algérienne s’accentua à cause des attentats dans les villes, l’enlèvement des leaders du FLN en octobre 1956,  et la bataille d’Alger  au début du 1957. La situation s’aggrave progressivement entre les communautés et les combattants. Toutefois, lorsque le général de Gaulle devient le dernier président du conseil de la IVe République, les « opérations de l’ordre » durèrent trois ans et sept mois en Algérie. Pendant ses voyages en Algérie, de juin à octobre 1958, le général de Gaulle définit une nouvelle politique : transformer la colonie en véritables départements français. C’est l’idéologie essentielle de l’intégration de l’Algérie à la France. 

Le 4 juin 1958, il a de ce fait accordé la pleine citoyenneté et les droits politiques aux musulmans.

Par ailleurs, le FLN a créé, afin de contrer cette politique d’intégration, un gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA), qui regroupe les chefs historiques du FLN (
Hocine Aït Ahmed,
Ahmed Ben Bella, Krim Belkacem, Mostefa Ben Boulaïd,
Larbi Ben M’Hidi, Rabah Bitat, Mohammed Boudiaf,
Mourad Didouche et
Mohamed Khider). Mais, la France n’était pas encore disposée à céder l’Algérie, au contraire, pendant un an, de septembre 1958 à septembre 1959, le général De Gaulle reste toujours sur sa politique d’intégration en adoptant une tentative de séduction par le biais d’un plan de développement économique et social de l’Algérie. Toutefois, ce plan s’accompagne d’une amplification de l’effort de guerre français en vue de réduire le FLN.

L’année 1959 était très dure pour les nationalistes, pourchassés en Algérie et en métropole. C’était également le début d’une relation et négociation internationale intempestive venant du FLN de sorte que la France supporte les diverses pressions discrètes de ses alliés européens et américains.

Finalement, l’été de 1959 marque le tournant de la politique du général de Gaulle. Mesurant que la guerre d’Algérie est un frein à la modernisation de la France, et surtout à son prestige international, le général de Gaulle éprouve la nécessité d’une initiative politique. Le 16 septembre 1959, il proposa des nouvelles orientations rejetant le fait d’intégration, baptisée par lui « francisation », et offrant le choix entre association et sécession. Il en ressortissait une négociation avec le FLN et le choix du sort de l’Algérie a été remis à la population musulmane majoritaire.

Le 4 novembre 1960 le général de Gaulle évoque « une Algérie algérienne », c’est-à-dire l’émancipation de l’Algérie, la libération de l’Algérie. Un référendum approuvant la politique du général permettait au gouvernement d’engager les négociations avec le GPRA.

Le 18 mars 1962, les accords de cessez le feu sont enfin signés à Evian. Si la guerre est terminée entre l’armée française et le FLN, elle dégénère dans la population civile.

La date officielle de l’indépendance est fixée au 3 juillet 1962, date à laquelle le GPRA entre dans Alger en liesse.

 1.2. La naissance d’un socialisme algérien

Comme beaucoup de mouvements nationalistes, la guerre d’indépendance menée par le FLN est rehaussée d’une idéologie socialiste. La « révolution algérienne » a engendré le départ précipité des pieds-noirs laissant une bonne partie des terres et des infrastructures algériennes sans gestionnaires et bientôt sans propriétaires. De ce fait, le « socialisme algérien » gagne du terrain. C’est devenu le slogan du régime. Il est à rappeler que le régime en question était sous la direction d’Ahmed Ben Bella puis sous la tutelle du colonel Boumediène et de son armée.

Afin de parler en mieux le socialisme algérien, il ne faut pas omettre de parler de l’ascension et l’effondrement  de Ben Bella.

En 1962, une grave crise secoue le FLN à l’aube de l’indépendance algérienne. Ben Bella, accompagné de son fidèle compagnon, le colonel Boumediène a mené la « fronde des colonels » contre les « centralistes » dirigés par M. Ben Khedda, qui sont mis en minorité à la réunion du Conseil national de la révolution algérienne à Tripoli. Après son ascension au pouvoir, Ben Bella définit sa politique centrée sur la réforme agraire destinée à émanciper les paysans pauvres de l’oppression de toutes castes établies. De ce fait, il a réussi à assurer la confiance du gouvernement de Paris qui voit en lui un facteur de stabilisation et de progrès. Sa pratique politique suscita des conflits intestins au sein du groupe de dirigeant du FLN. En effet, il a exercé de façon plus personnelle le pouvoir acquis, malgré le fait qu’il a été élu président de la république le 15 septembre 1963. 

Quelques jours plus tard, une insurrection éclate en Kabylie, sous la direction d’Aït Ahmed, fondateur du Front des forces socialistes. Ben Bella tente d’engager le dialogue, mais en vain. Le conflit durcissait mais quand même le chef de l’Etat reste sur sa position. Devenu homme de compromis, il est désormais obligé de ménager les diverses tendances sans pour autant consolider le régime. L’armée allait l’amener à sa perte. 

Une nouvelle rébellion fût menée par Aït Ahmed en Kabylie laquelle l’a conduit à une condamnation à mort après sa défaite. Mais, le pire apparaît, le 19 juin 1965, le président Ben Bella est enlevé durant la nuit par les hommes de Boumediène. C’était la fin du régime Ben Bella. Boumediène prend le pouvoir. L’équipe Boumediène a effectué une reforme totale du régime notamment en édifiant les principales structures de l’Etat et en introduisant une certaine rigueur dans les administrations. 

L’œuvre de Boumediène s’est accomplie entre autres par la création du Conseil national économique et social. Voilà déjà une ébauche de la révolution économique de l’après guerre. A titre d’exemple également, l’on pourrait citer la charte constituant le guide idéologique pour la décennie à venir de l’Algérie. Cette charte a été soumise à la discussion populaire. Elle constituerait en quelque sorte l’ébauche de la nouvelle constitution. 

Par ailleurs, depuis la confirmation de sa légitimité révolutionnaire, Boumediène adoptait un mode de gouvernement suivant un processus de remaniement ministériel. Il consacre davantage à la politique étrangère et surtout à la préparation des congrès des organisations de masse. Probablement, cette instabilité est la résultante des « acquis de la révolution ». Lorsqu’on parle des  « acquis de la révolution », on parlerait de la suppression de l’impôt pour les fellahs, la construction d’un village socialiste, d’une nouvelle école, d’une usine, l’achat d’un navire ou d’un avion. C’est peut être les « acquis positive de la révolution ». En d’autres termes, le socialisme fait partie des « acquis de la révolution ».

1.3. Le changement social d’après guerre

Afin de maintenir son pouvoir, Boumediène a ménagé les traditions arabes et islamiques. En effet, le pouvoir cherche à ne pas mettre en cause la structure patriarcale de la famille ou le poids de la religion musulmane sur la vie quotidienne. L’arabisation rapide de la population est contrôlée par le gouvernement des imans (fonctionnaire de l’Etat, employé dans une mosquée pour dire la prière et guider les fidèles). Ainsi, ils refusèrent toute politique de contrôle des naissances. Ceci constituerait non seulement un blocage à l’instauration d’un véritable socialisme algérien mais également à l’aggravation de l’explosion démographique. Toujours par rapport à cette arabisation de l’Algérie, une loi portant la généralisation de l’utilisation de l’arabe a même été adoptée. Cette arabisation a touché presque tous les domaines de la vie des Algériens : éducation, justice, l’administration publique,… De ce fait, l’on est en face d’une mutation totale de la société elle-même voire la tradition. 

Par ailleurs, la diversité des situations économiques et géographiques, celles des dialectes, la structure tribale, accumulaient déjà, au départ, les facteurs de provincialisme. La guerre d’indépendance elle-même a ajouté ce qu’on a appelé le « wilayisme ». C’est cette tendance de chaque chef régional à agir de sa propre initiative, du fait de l’incapacité du pouvoir central.

Le changement opéré par la guerre est très prépondérant. Le problème vient de cette transformation à la facilitation du mode de vie. Voilà pourquoi l’acharnement du ministre de l’Enseignement lequel s’en prenne aux mœurs dissolues qui seraient celles de certains étrangers par rapport aux mariages mixtes, les unions de même nature, …

D’autre part, les dirigeants algériens pensent apparemment que le moyen efficace de la préservation d’une identité nationale est de valoriser les valeurs musulmanes traditionnelles voire les préceptes du Coran. Le résultat est un étonnant contraste entre un régime officiellement socialiste, qui se déclare solidaire des mouvements de libération les plus matérialistes. De cette situation, la manifestation la plus frappante, avec la construction de nombreuses mosquées, pour ne pas parler que de la reconversion de certaines églises au culte islamique, est la pratique absolument générale du ramadan ; il faut le dire le jeûne est une obligation mentionnée noir sur blanc dans le Coran. En revanche, il n’existe aucune disposition interdisant le contrôle des naissances. Dans la même foulée, il existe deux cliniques de planning familial (à Alger et à Oran). Il est à rappeler que le président Boumediène a déclaré publiquement que le contrôle des naissances ne saurait constituer la réponse au problème du sous-développement algérien, et nombreux sont ceux qui pensent que, dans son esprit, la nation sera plus forte si elle est plus nombreuse.

1.3.1. Une démographie effrénée

Statistiquement, l’Algérie est peuplée d’enfants 44% de la population a moins de 15ans et 56% a moins de 20ans. Pendant une année, il est né dans le pays 928 000 enfants et chaque année, le nombre augmente d’une dizaine de milliers. Au rythme actuel, la population algérienne doublera tous les 25ans, le taux d’accroissement démographique atteignait 3,1% en 1988.  En effet, l’Algérie a vécu une forte croissance de sa population, avec un très faible taux de mortalité dû au petit nombre de personnes âgées. Les ralentissements de la croissance démographique seront sentis avec les bouleversements politiques pour ainsi remettre en cause la planification des naissances.

En effet, pendant longtemps l’Algérie a considéré que le nombre était une chance et que la jeunesse permettrait le développement d’un pays sous-peuplé, du fait de ses vastes espaces désertiques. Sous Boumediène, aucun responsable ne voulait entendre parler de contraception ou de planification des naissances. Pour mener à bien ses grands desseins révolutionnaires, le guide de l’armée et du FLN avait besoin de calme dans les familles. Il s’est assuré ce calme en laissant les traditions arabo-musulmanes et patriarcales (un moment ébranlées pour une relative modernisation coloniale, et surtout par la guerre de libération), reprendre le dessus dans la sphère privée. Comme par un partage tacite, les islamistes ont investi la vie quotidienne, tandis que l’Etat exaltait ses réalisations sociales.

Le gouvernement algérien a pris la mesure du phénomène démographique, à l’époque du président Chadli, le taux de croissance de la population dépassant le taux de croissance du PIB à partir de 1984. Mais les tentatives de planification  des naissances se sont heurtées très vite aux résistances masculines et musulmanes. 25% seulement des femmes en âge de procréer utilisent un moyen contraceptif, et encore, l’efficacité en est fortement réduite, à cause la faiblesse de l’alphabétisation des femmes.

1.3.2. L’arabisation et l’enseignement

Dans ces conditions, l’école devient un enjeu de pouvoir dans la société algérienne. En schématisant, les traditionalistes, particulièrement les islamistes, réclament depuis de nombreuses années, l’arabisation totale de l’enseignement, tandis que les modernistes considèrent qu’il faut maintenir en partie le bilinguisme franco-arabe hérité de la période coloniale. En effet, nombre d’Algériens possèdent quelques notions de français, reçoivent les programmes français de télévision et gardent des relations avec les émigrés installés en France. Par ailleurs, beaucoup de professeurs et d’instituteurs ont fait leurs études en français, et les universités françaises accueillent encore des Algériens. Mais les partisans du français sont accusés de vouloir restaurer l’ordre colonial, alors que les bons musulmans se doivent de parler l’arabe. 

L’école demeure ainsi un enjeu de pouvoir et de civilisation, la querelle restant centrée, depuis 30ans sur l’utilisation de la langue française et sur l’arabisation.

Actuellement, alors que l’Algérie explose sous la pression démographique, les enseignants arabophones manquent autant, sinon plus que faisaient défaut, hier , les professeurs francophones. L’arabisation totale, décrétée à l’issue d’un débat expéditif par une Assemblée nationale en bout de course, n’a guère d’autre justification qu’idéologique.

Pour les islamistes qi se font les champions de « l’authenticité arabo-musulmane », face à la faillite des idéologies étrangères, l’arabisation est surtout un combat contre le français et ses références culturelles.

1.3.3. La révolution des femmes algériennes

Les femmes sont les principales victimes de la faillite du FLN. Ecartelées entre le discours officiel moderniste, qui les appelait à participer à la construction du pays, et la pression traditionaliste, qui maintenait, dans les faits, les pratiques familiales et les modes de vie anciens, les femmes n’ont jamais eu de soutien du pouvoir politique. Limitée à une élite urbanisée, l’émancipation des femmes heurtait trop l’opinion publique et créait des besoins impossibles à satisfaire. Elles ont donc été sacrifiées, aux hommes, à Dieu et aux islamistes.

L’on ne s’étonne pas de voir aujourd’hui le fanatisme religieux des Algériens sur l’infériorité des femmes par rapport aux hommes. Ceux-ci réclament le retour de celles-ci à la maison et leur refusent tout autre statut que celui d’épouse-mère (célibataires : elles n’existent pas ; épouses stériles : elles sont repoussées ; mères seules : ce sont des putains).

L’histoire de l’Algérie a fait qu’on n’a pas voulu voir des Maghrébines prendre part dans la lutte contre la colonisation, et plus tard, les pionnières envahirent les bancs des écoles, des lycées, puis des universités.

Quoique  l’histoire des Algériennes repose sur un vaste quiproquo. Présentes aux côtés des hommes lors de la guerre d’indépendance, elles pouvaient prétendre à une place reconnue dans la nouvelle Algérie. Elles n’ont eu droit qu’à une demi-liberté. Elles ont enfin connu les bancs des écoles, accédé au monde du travail et circulé sans voile dans les rues. Mais à la maison, elles restent toujours sous l’autorité de l’homme (père ou frère ou mari).

La plus grande, pour les femmes algériennes, sera l’adoption du code de la famille, en mars 1984. Celui-ci maintient la polygamie et la répudiation, gomme toute référence au droit des femmes d’avoir une profession, confirme un droit égalitaire et restreint l’héritage, empêche les femmes de sortir du territoire si elles ne peuvent fournir une autorisation de leur « représentant mâle » (père, mari).

Par conséquent, la vie quotidienne de ces femmes se fait de plus en plus dure. Les familles vivent mal dans des cités qui éclatent sous la pression démographique et l’exode rural. Les fruits de la croissance deviennent ambigus. Les agressions contre les femmes non voilées et s’aventurant seules dans des lieux publics se multiplient…Le problème de la femme n’est pas la principale préoccupation des dirigeants.

  1. Envers de l’histoire de l’Algérie

L’histoire de l’Algérie revête une face cachée, occultée par les répressions et les oppressions d’antan. A juste titre pour mettre en évidence cet aspect, qu’on a construit cette deuxième partie du mémoire.

2.1. Interprétation controversée de l’histoire

Au-delà d’une histoire saine de l’Algérie, les interprétations et les mythes sur la guerre d’indépendance prennent diverses formes. Il s’agit ici de voire les points manquant dans la construction de l’histoire de l’Algérie.

2.1.1. L’histoire de l’Algérie vu par les Algériens

La plupart des Algériens pensent avoir déjà tourné la page en ce qui concerne la guerre d’Algérie. Mais, il faut l’admettre de nombreuses familles ont été touchées par cette guerre. Cette blessure est toujours présente dans la vie quotidienne des Algériens. Toutefois, certains Algériens abandonnent l’idée de critique du système colonial. Pour eux, cette guerre était une manière de légitimer l’indépendance et même de permettre la reconnaissance de l’Algérie en tant que Nation. Actuellement, la principale préoccupation des Algériens n’est plus cette guerre indépendance, mais plutôt les conséquences d’après guerre. En effet, déjà mentionné précédemment, la guerre a entraîné quelques maux dans la société à savoir le chômage, le mal vivre, le manque d’infrastructures, sans parler des questions qui touchent à la Kabylie, à la démocratie politique et à la liberté de la presse. Malgré la difficulté pour l’Algérie a atteindre une certaine stabilité socio-économique, jusqu’aux années 1990, la société algérienne ne regardait plus le passé. La société a le sentiment d’être prête à tourner le page. Ce sont plutôt les islamistes qui ont réanimé la mémoire de la guerre dans la société algérienne, si l’on ne cite que le discours du Front islamique du salut (FIS) quant au fait qu’ils ont proféré à l’endroit des dirigeants algériens par rapport à une « demande d’excuse ». Voilà pourquoi Abdelaziz Bouteflika depuis 1999 faisait toujours référence à l’histoire et à l’identité nationale pour re-légitimer son pouvoir. En ce moment, l’Eta algérien a du mal à maintenir le monopole d’écriture de l’histoire.

2.1.2. L’histoire de l’Algérie vu par les autres

Par ailleurs, si l’on revient un peu sur l’écriture de l’histoire de l’Algérie, il va sans dire que les productions écrites sont disparates dans la mesure où chaque auteur a écrit à sa propre manière l’histoire de l’Algérie. A titre illustratif on peut citer Yves Courrière qui a écrit quatre tomes sur la guerre d’Algérie. Il fut un temps, on interdisait l’utilisation de ces volumes dans les écoles et établissements scolaires en Alger. Pourtant, ces ouvrages étaient loin de former un modèle d’objectivité. Ces écrits étaient plutôt de l’ordre du général c’est-à-dire, ne révèlent pas tout à fait la vraie histoire de l’Algérie. Ils se limitent à des histoires romancées. D’un autre côté, Jacques Massu dans son ouvrage « La Vraie bataille d’Alger » éditions Plon, 1971, a présenté la bataille d’Alger dans tous ces états et avec des détails précis.

Tout ceci pour montrer la carence des écrits authentiques par rapport à l’histoire de l’Algérie. Pourtant, après l’indépendance de l’Algérie, plusieurs ouvrages ont vu le jour si l’on ne mentionne que les écrits d’Henri Allègue, Pierre Vidal-Naquet. Il est vraisemblablement difficile d’écrire sur l’histoire de l’Algérie du fait de la délicatesse de la chose mais aussi del’absence des récits et la présence des censures. La question qui se pose est la suivante, pourquoi a-t-on occulté cette guerre pendant des années ?

2.1.3. La guerre d’Algérie dans l’enseignement

Depuis plusieurs années, la guerre d’Algérie était censurée de l’enseignement dispensé dans les établissements scolaires. En effet, une trentaine d’années se sont écoulées et les Algériens ont subit une censure démesurée de la part des dirigeants. La version officielle de l’histoire est réarrangée par rapport aux inspirations des équipes dirigeantes, quitte à dissimuler des informations très importantes à ce sujet. Voilà pourquoi Mohamed Harbi écrit à ce sujet. Pour lui, l’histoire est le produit de la politique, c’est elle qui engendre le pouvoir. Il pense qu’il y a un enjeu important de l’identité algérienne par rapport à cette idéologie du politique.

Effectivement, dans les manuels d’enseignement algériens, les « Français » sont mentionnés seulement sous les vocables de « colons » ou de « militaires ». La présence de la France apparaît seulement sous l’aspect repressif. Quant à l’ancienneté de la communauté juive sur le sol algérien, elle n’est pas du tout mentionnée. Il est noté que si les Français ont pu asseoir leur domination, c’est aussi en raison du soutien d’autres Algériens musulmans, les harkis : « Des groupes de personnes ont préféré se vendre à l’ennemi et combattre leurs propres frères, déjà lors des premières révoltes au XIXe siècle, en échange d’argent, de biens, de titres. Ces groupes de harkis ont été responsables des pires répressions contre les civils algériens, ce sont eux qui ont été chargés de brûler les villages, des interrogatoires, de la torture et des assassinats, donc de la sale besogne de l’armée française. » Voilà une version française de l’histoire de l’Algérie. Mais aujourd’hui, de jeunes historiens algériens ont entrepris un travail de critique, en insistant sur les lacunes et les occultations véhiculées par les manuels scolaires algériens. Toujours est-il que selon certaines sources, ces harkis à la fois Français et Algériens synthétisent toutes les contradictions, les ambiguïtés, les paradoxes et les cruautés de l’histoire coloniale. Ils intégraient aux rapatriés et au monde associatif pieds-noirs. N’ayant ni élites, ni revendications, les harkis étaient représentés le plus souvent par des militaires français, des sous-officiers chargés d’encadrer les camps de regroupement. Les harkis sont les principaux acteurs de l’histoire de l’Algérie.

 

2.2. Aspects occultes de la révolution d’Algérie
2.2.1. La libération méditée

Un exemple entre cent, mais ce qui nous intéresse le plus et qu’il importe de mentionner est nul sans doute les manœuvres constantes et tortueuses du gouvernement français par rapport aux illusions qu’il nourrit encore en dépit d’une réalité irréversible des événements de 1960. C’est la nature exacte d’une attitude algérienne sans compromis sur l’essentiel, reflétant à la fois une conscience collective et la nécessité politique de réaliser un programme. 

Confrontés à la domination  coloniale ; étant, depuis plus d’un siècle, sur le qui-vive d’une résistance et d’une lutte aussi fermes malgré les échecs relatifs de l’ère pré-revolutionnaire, il est évident que les Algériens ont appris à connaître, dans une longue pratique quotidienne, toutes les réactions, les réflexes, les intentions, la mentalité, la démarche politique globale de leurs adversaires français. Le temps que ceux-ci ont employé à réprimer, à exproprier, entraver et combattre toute évolution véritable c’est-à-dire collective par excellence, ceux-là dans un perpétuel effort de défensive et de lucidité, l’ont passé, de génération en génération, observer les faits et gestes de l’ennemi, à lier aux causes les effets d’un comportement colonialiste.

Beaucoup de Français qui, par méconnaissance de la sociologie politique algérienne, ont longtemps cru pouvoir en capter les manifestations significatives dans le cadre restreint des partis n’ont pas encore renoncé des partis n’ont pas encore renoncé, faut-il le dire, à leurs idées toutes faites, à cette tendance qui les porte à rapetisser, à ratatiner à travers leurs propres vues les dimensions humaines et la dynamique nationale du mouvement révolutionnaire algérien. Dans la lutte anticoloniale de libération quand elle s’exprime par la guerre et requiert les efforts de tous au sein de l’unité indispensable. L’antidémocratisme, la démagogie seraient plutôt du côté de ceux qui, se sachant peu nombreux et sans prise sur les événements décisifs par lesquels se transforment à vue d’œil l’Afrique et l’Asie.

La libération était une partie importante de la révolution algérienne. Il faut sans cesse revenir à ce progrès qui se déclenche en même temps que le mouvement de libération, phénomène global dont on commence, toutefois, par rechercher la clef de voûte, l’élément premier auquel succèdent dans une poussée rapide et cohérente tous les autres. Les colonialistes le savent bien, qui se font à l’idée rassurante d’une action pacifique dans le cadre de formations politiques plus ou moins copiées sur les partis des pays autonomes et bourgeois. Ils savent que les pays dépendants ne peuvent qu’éloigner ces partis d’un contact efficace avec la grosse majorité des colonisés et par conséquent, d’une libération massive. En d’autres termes, la libération nationale dans les colonies ou protectorats à peuplement européen intensif et structuré. Cette libération directe, brutale même, ne pouvait être réalisée en Algérie que d’une seule pièce, collectivement, en dehors des voies partisanes de compromis, de la sélection numérique : au mieux d’une minorité agissante entraînant docilement et pour quelques temps des masses tumultueuses qu’on aura même pas pris soin d’organiser et d’aguerrir.

L’on comprend, dès lors, que devant cette liberté obtenue consciemment, par effraction unanime, loin du cadre des partis classiques, se concrétisent et s’emploient à pleine charge. L’on comprend surtout que devant la rapidité d’un tel processus (libération), l’emprise totalitaire du colonialisme, sa construction, sa stratégie routinière, se trouvent déphasées.

2.2.2. Tentative d’installer  une vie politique évidente 

C’est cette unité du peuple, force principale de l’Algérie d’aujourd’hui, qui sera demain le véritable support, irremplaçable d’une vie politique nouvelle, à condition qu’on sache l’instaurer en tirant de la récente les leçons adéquates. En effet, le seul moyen d’humaniser le milieu algérien militant ou politico-militaire que la domination coloniale, la guerre et la conception révolutionnaire purement mécanique ont desséché, c’est d’intensifier en Algérie, d’après des critères nouveaux et sains, une politique placée sous le double signe du service de l’Etat et de la démocratie. Ce sera aussi la meilleure façon de rejoindre l’humanité foncière du peuple.

Cette vie politique loyalement conçue, d’abord dans la perspective actuelle selon les jalons successifs de l’Assemblée nationale, du congrès et de la constitution du Parti, se fera naturellement en opposition avec celle des vieux partis.

Toutefois, pour instaurer une politique saine, il faudrait tenir compte des leçons de la crise. La crise de l’Algérie a enseigné la modestie, la juste mesure de l’insuffisance et de la possibilité. Elle a rappelé aussi que si l’autorité nationale a essuyé tant d’infortunes et connue des mésaventures burlesques, c’est que sa conception, même théorique, n’a pas progressé depuis les temps faciles d’avant la révolution.

 

2.3. Analyse sociologique de l’histoire algérienne

Pendant des années, les jeunes Algériens ont été bercés par l’arabisme, idéologie dominante dans les pays arabes. Echecs, divisions et erreurs de gestion sont mis sur le compte de l’impérialisme et du colonialisme. La propagande manie ainsi un langage anti-occidental, souvent anticapitaliste, parfois antisémite, qui fait le lit des idées islamistes et meuble les rancœurs d’une jeunesse inoccupée. L’on est en face d’une déchirure culturelle. La culture traditionnelle laisse place petit à petit à la culture occidentale. Si l’on ne parle des émissions diffusées sur les chaînes télévisées. Car en effet, les émissions européennes sont captées en Algérie par les antennes paraboliques, en dépit des pressions du FIS qui cherche à purger les toits et balcons algériens de leurs antennes « paradiaboliques ».

Par ailleurs, imposé depuis un certain temps, malgré la présence de la langue arabe, le français est d’usage dans presque tous les domaines de la vie sociale en Algérie. Cette langue considérée comme un héritage colonial, tient sa place dans la sphère de la vie algérienne. La proportion considérable du taux d’analphabétisme en Algérie laisse à croire que le problème concerne les besoins primordiaux d’une société opprimée, qui est instinctivement poussée à réduire ses carences, à déployer sous la forme d’un pathétique effort de survie les ressources qu’elle eût consenties en temps normal dans le sens d’une évolution traditionnelle.

Tout d’abord, une « présence » étrangère de cette nature s’affirme à travers tous les organes de la suprématie : pouvoir politique, judiciaire, économique, armée, langue, etc., qui deviennent ainsi l’expression en soi d’une nouvelle réalité interne.

Plusieurs causes remettaient en cause la crédibilité de l’enseignement du français en dépit de sa grande rareté et de son caractère sélectif, plus ou moins autocratique. Toutefois, l’on peut noter, outre la persistance relative de la culture arabe dans la première génération d’après la conquête, le fait que les Algériens ont assisté impuissants et contraints, pendant la guerre coloniale, à l’enlèvement systématique de jeunes garçons, fils de chefs et de résistants notoires, que les Français envoyaient en France, dans les prytanées militaires. En bref, l’enseignement du français était resté pendant longtemps, à tort ou à raison, synonyme d’entreprise d’évangélisation. On peut se demander si ce n’est pas la laïcisation de l’enseignement public en France qui fit tomber toutes les réticences. Après cette transition douloureuse que connut la société algérienne, on éprouva le besoin d’une culture, ou plus exactement, d’un enseignement. C’est dire combien un peuple qui a une longue tradition de culture tolère difficilement le vide intellectuel et se sent capable, pour satisfaire un tel besoin, d’adopter une autre langue, à défaut de la sienne propre qui lui est désormais interdite (en tant qu’expression pédagogique et livresque, sinon orale). Cette culture de nécessité souligne l’importance du problème en en révélant les implications techniques, utilitaires, pratiques : face à l’irruption du monde moderne dans la tradition, on continue de tenir à l’univers médiéval par certains aspects moraux. En effet, la langue n’est pas seulement un des attributs de la nation. Elle est davantage celui de la société active qui veut se soustraire au dépérissement ; ou si l’on préfère, c’est l’un des seuls attributs qui soient à cheval sur l’une et l’autre. L’Algérie a gardé sa langue écrite commune à tous, ainsi que ses langues orales, qui sont plus que des dialectes et dont la pratique s’exerce souvent dans le cadre d’un large bilinguisme utilitaire.  

2.4. Physionomie de l’Algérie indépendante

Les grandes lignes d’une physionomie vraiment populaire de l’Algérie indépendante (au sens dynamique et collectif de l’initiative et du pouvoir des masses), il faudrait attendre un artificiel et actif de l’après-guerre se résorbe pour les voir s’amorcer peu à peu, restituant alors , à la révolution algérienne, les termes exacts de son avenir et les chances de son indispensable équilibre sans la marche au progrès social.

Quoi qu’il en soit de tout ce qui précède,  nous devons, nous arrêter sur deux faits d’observation dont l’acuité est rendue plus vive encore par des circonstances actuelles :

  • L’action nationaliste, en dépit de ses imperfections, de ses lacunes ou de ses outrances, a eu cependant pour contrepartie bénéfique un sens certain du militantisme, de l’effort et du sacrifice, qui peut réapparaître comme une constante, et une ligne de conduite perfectible, chez eux qui ont longtemps mené une lutte organisée et qui veulent encore servir une cause juste, mais non point chez les « survenants », les mystiques, les éternels isolés et contempteurs du nationalisme prolétarien, quand bien même ils se rallieraient opportunément à une expérience socialiste dont leur propre idéologie individualiste et aventureuse est la négation flagrante.
  • Si le nationalisme n’a pas de produit, pendant la guerre patriotique, une doctrine de longue portée, une éthique d’avenir, c’est parce que sa mission, depuis qu’il existe, consistait uniquement à libérer le territoire. En attendre autre chose reviendrait à aggraver, en les perpétuant, les anachronismes qui paralysent déjà la société algérienne. L’un deux peut apparaître comme un alibi, une réserve par lesquels on restreint l’adhésion au socialisme.
  1. Conséquence de cette mémoire et l’histoire de l’Algérie sur la relation franco-algérienne 

3.1. Le pseudo-consensus Franco algérien

Ça fait presque 50 ans maintenant que l’Algérie a eu son indépendance. Toutefois, la relation franco-algérienne suscite toujours une attention particulière dans les relations internationales. Il importe alors de faire un peu le point sur cette relation.

3.1.1. Quid de l’histoire franco-algérien

En dépit d’une guerre d’indépendance violente, l’Algérie et la France ont conservé des relations diplomatiques et économiques intenses, périodiquement émaillées de conflits, de brouilles et de réconciliations. 

Les accords d’Evian, qui prévoyaient la coopération très étroite entre la France et son ancienne colonie n’ont jamais véritablement appliqués, à cause du départ des pieds-noirs et de la volonté du gouvernement algérien de nationaliser la plupart des biens français. Cependant, une convention de coopération culturelle signée en 1966, a été renouvelée en 1986, et après l’évacuation des bases militaires françaises en Algérie, les rapports diplomatiques sont devenus presque normaux. Les visites des présidents Français ont permis de resserrer les liens entre les deux pays. Les rapatriés d’Algérie ont d’ailleurs vulgarisé certains aspects de leur culture d’origine dans la métropole.

Les liens historiques, humains et économiques tissés entre la France et l’Algérie expliquent en grande partie que la France continue d’accorder des crédits et des contrats d’achat d’hydrocarbures à un prix garanti, tandis que l’Algérie tente de contrôler son émigration. La France demeure ainsi le premier bailleur de fonds et le premier partenaire économique de l’Algérie, avec environ 30% du commerce extérieur algérien. Depuis les émeutes d’octobre 1988, les gouvernements français continuent d’octroyer des prêts à l’Algérie, mais l’aggravation de la crise algérienne rend les rapports franco-algériens de plus en plus tendus. Le recul de la démocratisation parfois si le soutien sans faille de la France à l’armée algérienne contre les islamistes ne doit pas céder la place à une politique plus réaliste qui prendrait en compte l’éventualité de leur prise de pouvoir à Alger.

3.1.2. Les Raisons d’une distanciation

L’année 2009 jusqu’en début de l’année 2010 a été marquée par les crises diverses. De ce fait, une relation bilatérale entre l’Algérie et la France s’est créée. L’on a déjà évoqué précédemment la distanciation construite après la guerre d’indépendance, entre les 2 pays. Mais il existe pourtant plusieurs facteurs pouvant expliqués cette distanciation.

Déjà écrit noir sur blanc, en 2002 que l’Algérie devrait établir son partenariat dans les années à venir avec l’Europe et non avec la France. Voilà pourquoi la France a ratifié cet accord. Par ailleurs, depuis 2000, les pays émergents sont devenus des enjeux incontournables dans le domaine de la coopération internationale. Certains pays africains (l’Algérie en fait partie) devraient donc envisager un partenariat avec la Triade (Europe, Etats-Unis et Japon). Toujours dans cette idée de distanciation, le taux de change de l’euro a créée également la régression de la relation France-Algérie notamment par la compétitivité de l’offre commerciale par rapport aux offres techniques. Mais il reste quand même le problème majeur, la migration. La migration tend à devenir afflux surtout par rapport à la circulation des marchandises et les échanges de capitaux. L’on constate aujourd’hui qu’il est très difficile d’obtenir un visa touristique pour la France du fait de l’émigration sélective imposée par la France. Certes, la plupart des visas sont rejetés pour des raisons diverses (sans motif).

Néanmoins, pour ne pas aller dans le sens d’une banalisation des relations bilatérales, l’instauration d’une nouvelle relation s’imposerait. Plusieurs raisons expliqueraient également tout cela.

Il est évident que la migration externe est l’une des principales raisons de cette résurgence. En effet, une bonne partie de la population sont tous des Algériens, à peu près dans les 4 millions. Il est à rappeler aussi que la langue officielle par excellence (utilisée) en Algérie est le français. Ce qui veut dire, qu’il existerait toujours une certaine relation entre l’Algérie et la France. La situation géographique des 2 pays les oblige également à lier un dialogue nécessaire pour la régulation des flux humains venant des quatre coins du monde et qui vont vers la Méditerranée. Ainsi, l’assignation de rôles bien établis entre les 2 pays s’impose.

Aussi faut-il endurcir cette relation bilatérale grâce notamment à la convention du 27 décembre 1968 en ce qui concerne la circulation, l’emploi et le séjour des Algérien en France, d’un côté et de l’autre côté sur l’idéologie de repentance. Par rapport à cette convention précitée, il va sans dire qu’une modification entendra la jouissance des mêmes droits des ressortissants algériens en France à ceux des ressortissants français en Algérie. Dès lors, le principe de réciprocité devrait s’imposer.

Toutefois le problème réside dans l’unilatéralisme de la convention. Il se peut que la France n’acceptera jamais cette perspective de banalisation du rapport franco-algérien. Mais le problème. Pour ce qui est de la repentance, le gouvernement algérien a déclaré que l’Algérie ne s’abaissera jamais à demander à l’Etat français de faire sentir un sentiment de culpabilité pour les crimes commis pendant la colonisation. Si le président Boumediène était encore là, il n’aurait jamais subordonné la normalisation des relations franco-algériennes. Par rapport à l’histoire, la majorité des historiens soutiennent l’idée selon laquelle le colonialisme français fut assurément un des plus abjects des derniers siècles conçu sur la base d’une concurrence européenne.

3.1.3. Perspective de la relation France-Algérie

L’histoire franco-algérienne n’est pas encore finie. Aujourd’hui l’on se demande la raison qui expliquerait ce rebondissement des rapports entre la France et l’Algérie. A quel moment ? Quand est ce qu’on peut parler d’une nouvelle relation Franco-algérienne ?

Il faut le dire, les relations entre Paris et Alger ne s’étaient pas créées depuis le mois de juillet de l’indépendance. Il faut attendre des années après pour comprendre enfin les relations particulières et la nature des rapports entre les deux pays. L’intégration totale de la France dans l’Algérie est nulle sans doute la raison susceptible d’expliquer cette passion existante entre l’Algérie et la France. Un siècle de présence peut tisser un lien avec la participation effective de plusieurs Français dans la conquête de l’Algérie.

Aujourd’hui encore, malgré cette entente latente, les blessures internes ne sont pas encore cicatrisées. La moindre occasion est le moment d’évoquer et de ressasser le passé, encore sensible et blessant pour certains algériens. 

Les 2 pays se haïssaient déjà. Mais le pire serait l’après guerre en ce qui concerne la course au pouvoir de Ben Bella, Boumediene jusqu’à la mort de Aït Ahmed. Des guerres intestines favorisées par la colonisation de l’Algérie. Une série de macabrité constatée dans la vie sociopolitique de l’Algérie. Ceci est forcément encore le produit de l’implication de la France dans la vie politique algérienne. La France, dans sa politique de libération, ne faisait que regarder ses privilèges du moins en ce qui concerne les échanges commerciaux et le flux des marchandises. En effet, l’Algérie est la « porte étroite » du tiers-monde. La France a contribué en large à la vie politique de l’Algérie même après l’indépendance. Voilà pourquoi, François Mitterand a déclaré que « l’Algérie, c’est la France ».

Ici, encore se dévoile les blessures intimes entre la France et l’Algérie par rapport au retour de Boudiaf. Et la lacune réside encore du fait que les Algériens occultent certains aspects de la réalité historique, car ils ont remis cette réification de l’histoire au soin des islamistes afin de réécrire le nationalisme à leur contexte.

Par rapport à cette relation franco-algérienne, la France se désintéresse carrément de cette mémoire algérienne en occultant ses passés coloniaux. L’histoire entre la France et l’Algérie n’est pas encore terminé…

 

3.2. Entre colonisation et néocolonisation : la nouvelle Algérie

L’accession éventuelle des islamistes au pouvoir en Algérie n’est plus tout à fait une hypothèse. A la vérité, les pays européens, et singulièrement les plus concernés d’entre eux – au premier, la France et l’Espagne, ont du mal à saisir les évolutions qui se dessinent sur les rives maghrébines de la Méditerranée et donnent l’impression de n’y voir que du bleu. Difficile, dans ces conditions, de parler de grande politique, de coopération à long terme. Les circonstances imposent de gardes les pieds sur terre, d’agir au coup par coup en prenant bien soin de « ne pas hypothéquer l’avenir ».

L’Europe pense que « le Maghreb est une bombe à retardement », qui devrait franchir, en 2020, le cap des cent millions d’habitants. Avec des économies désarticulées, sur lesquelles pèse le poids d’une dette extérieure qui dépasse les 60 milliards de dollars. Avec un chômage endémique qui touche plus de la moitié des jeunes en quête d’un premier emploi. Avec des écarts de niveau de vie qui se creusent d’une rive à l’autre. L’Eldorado européen est l’embarcation de la fortune. Voilà pourquoi, face à un possible déferlement, l’Europe communautaire s’inquiète, se concerte et se protège.

L’Algérie face à l’émigration clandestine vers la France appelle à la rescousse au nom du sain principe d’assistance à pays en danger, que ce danger ait le visage d’un chômeur ou d’un islamiste, les deux tendant à se confondre. Hassan II nourrit l’idée fixe d’un pont lancé au-dessus du détroit de Gibraltar (pour le Maroc par exemple). L’Algérie qui, faute de mieux, applique aujourd’hui la politique du « compter sur soi », aurait besoin d’une sorte de plan Marshall pour échapper à la déconfiture économique.

Apparemment, le président français Nicolas Sarkozy est prêt à entamer une nouvelle relation, coopération avec l’Algérie. La volonté du président français entre en cohérence avec son projet d’union méditerranéenne. C’est en effet son point fort notamment en ce qui concerne « sa politique majeure ». La France essaye tant bien que mal de renouer le lien entre la France et l’Algérie pour réactualiser cette « amitié profonde ».

La France se veut d’instaurer une relation amicale avec l’Algérie notamment grâce au partenariat entre les deux pays. Pour ce faire, une politique clairement définie a été établie. Cette politique couvre le partenariat entre les deux pays dans plusieurs domaines (formation des cadres, échanges économiques et investissements, énergie, coopération en matière militaire et de sécurité, circulation, etc.). Ainsi le dialogue est établi entre les deux pays. L’objectif étant d’amplifier les relations bilatérales mais aussi de rehausser le partenariat Nord-Sud. Le président français affirme alors que « La méditerranée est notre deuxième espace de solidarité, après l’Europe. »

En effet, la France préconise l’idée selon laquelle que l’Algérie fait partie intégrante de la France. L’histoire, la culture et leurs sociétés sont réciproquement immergées.

Pour une relation diplomatique saine entre les deux pays, il ne faudrait pas occulter le passé. Il est évident que la France a connu une certaine zone d’ombre durant les 132 années passées en Algérie. Toutefois, la France reconnu aujourd’hui la repentance et alimente le dialogue sur le travail de mémoire. Il va sans dire que c’est forcément une instrumentalisation de la relation franco-algérienne en vue d’un acheminement de biens et de services, avantageux pour la France. La discussion revient surtout des 2 côtés surtout par rapport à l’administration française. Pourtant, il faudrait éclaircir le rôle à jouer de chacun dans cet apaisement de conflit entre les deux pays.

Economiquement, les rapports et l’engagement de la France à l’Algérie sont plutôt critiques même si l’Algérie constituerait le premier partenaire économique de la France dans le continent Africain. L’engagement de la France devrait s’opérer à la coopération avec les homologues algériens via la construction de nouvelles entreprises françaises. Ce qui veut dire, qu’un investissement quasi effectif devrait s’imposer. La France espère accroître les PME françaises assurant 50% de leurs exportations. Cependant, une stratégie de rapprochement entre les entreprises françaises et algériennes devrait motiver cette initiative.

En ce qui concerne l’énergie, une interdépendance entre les deux pays est observée. Le lien qui se tisse est dans l’apport en technologie nucléaire de la France mais également la perspective de l’Algérie par rapport au pétrole. Un rapprochement entre le GDF, Suez, Total est à prévoir.

En bref, il existerait une relation particulière entre la France et l’Algérie. Ceci relève plutôt des rapports d’Etat à Etat mais également des liens de peuple à un peuple. La genèse de cette relation est à trouver dans le mythe des accords d’Evian. En effet, les accords d’Evian mettaient en exergue une coopération accrue entre l’Algérie et la France après l’accession à l’indépendance.

Certes la France est présente dans la vie socioéconomique, sociopolitique de l’Algérie, mais il en est de même pour les autres pays (Italie, Etats-Unis, Japon), malgré le fait que la France reste le premier fournisseur de l’Algérie, notamment l’exploitation du gaz.

Par rapport aux relations diplomatiques, l’idéologie a été instauré particulièrement depuis le général de Gaul, notamment quand il disait « l’Algérie est, pour nous, la porte étroite du Tiers-Monde ». Néanmoins, les relations internationales ont connu un fort impact dans cette relation. La lecture diplomatique de l’Algérie fait apparaître une relation singulière et entretenue avec la France. La relation qui existerait entre la France et l’Algérie est probablement, au niveau de la population du fait de l’engouement de l’émigration, qui est d’usage surtout pour l’Algérie.

Si l’on revoit l’histoire de l’Algérie, la France a une grande responsabilité face à la situation de l’Algérie. C’est le prix à payer pour l’occupation et la colonisation du pays. L’Algérie est encore empreinte de cette guerre, de cette présence et d’occupation française, du moins jusqu’à présent. Un bref bilan de la guerre nous montre cette assignation de la colonisation à la déstructuration de la société algérienne. En effet, cette désorientation de la société algérienne est le fait engendré par cette guerre. Les historiens comme Mohamed Harbi ou Benjamin Stora abondent dans ce sens l’analyse de la situation de l’Algérie d’aujourd’hui. Il faut donc souligner cette responsabilité particulière de la France vis-à-vis de l’Algérie. Toutefois, la France n’a pas cessé d’établir une relation saine avec l’Algérie grâce notamment aux aides financières (commerciaux, investissements), lesquelles sont toujours d’actualité en ce moment.

Conclusion

 

Tout au long de cette mise en perspective de l’histoire de l’Algérie, la guerre d’indépendance et ses enjeux ont été au cœur du débat. Cette guerre qui a mobilisé le peuple dans sa totalité a investie le peuple algérien du colonialisme auquel il est confronté. Il est évident que la guerre d’Algérie est une des plus marquantes qu’un peuple ait menée pour briser l’oppression coloniale.

La révolution Algérienne tient son impunité du fait de la servitude coloniale. Forte heureusement, la Révolution s’est terminée par une victoire du peuple algérien. Ce peuple assujetti psychologique, émotionnelle ou juridique, débouche aujourd’hui sur des exigences modernes et démocratiques.

A l’histoire de la colonisation, le peuple Algérien oppose aujourd’hui l’histoire de la libération nationale.

L’important à retenir dans cette histoire de l’Algérie est probablement l’échec de l’après guerre. L’Algérie s’est enfoncé progressivement dans un triple échec : politique, économique et social. En effet, les conséquences de la guerre étaient tacites de sorte que l’Algérie ne pouvait pas refuser l’aide française dans la construction sociale et économique de l’après guerre. 

Si l’on ne cite que l’explosion démographique en raison d’une politique non réfléchie sur les naissances mais également le déclin économique de l’Algérie du fait de l’insuffisance des investisseurs et des financements extérieurs. Dans ce sens, la France a toujours joué son rôle bienfaiteur même après la guerre. Pourtant, l’histoire de l’Algérie, du moins celle écrit dans les ouvrages et recueilles algériens, occulte cet apport particulier de la France à l’Algérie. Il faut le dire, la France a une grande responsabilité vis-à-vis des pays qu’elle a colonisé, y compris l’Algérie. De ce fait, la France contribue largement à la reconstruction économique de l’Algérie. Il reste à savoir si le Gouvernement français tiendra compte du mythe des accords d’Evian. 

Quoiqu’il en soit, par rapport aux autres colonies françaises, la France accorde une attention spécifique au développement de l’Algérie. Si bien qu’actuellement, l’Algérie commence à céder à la France et construire le pont de liaison entre les deux pays. Mais toutefois, un projet de traité d’amitié franco-algérien reste encore utopique dans la mesure où les blessures intimes de la guerre sont toujours ancrées dans la vie quotidienne des Algériens.

En bref, construire l’histoire de l’Algérie n’est pas du tout l’apanage de n’importe qui, elle requiert l’utilisation et la consultation des documents (algériens et français) sur le sujet et principalement sur la guerre d’indépendance laquelle a été une tournante de l’avenir de l’Algérie.

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Les immigrés algériens en France : une histoire politique, 1912-1962, Hachette Littératures, 2009

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