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LES ECRITS DE CHARLES DE GAULLE DURANT L’ENTRE DEUX GUERRES

LES ECRITS DE CHARLES DE GAULLE

DURANT L’ENTRE DEUX GUERRES

 

TABLE DES MATIERES

 

Introduction  générale ……………………………………………………………………

 

1.      Le rôle historique des fortifications un sujet à contre emploi  ………….

 

1.1.            Les fortifications de Vauban  ………………………………………….

 

1.1.1.           Mais qui est donc Vauban ? Quelles sont ses ambitions ? ………….

 

1.1.1.1.      La biographie de Sébastien Le Prestre, Marquis de Vauban ..

1.1.1.2.      Les ambitions de Vauban ……………………………………

1.1.1.3.      Les expériences professionnelles et ses fonctions pour la

Royauté ………………………………………………………

 

1.1.2.           Les principales fonctions des fortifications ………………………….

 

1.1.2.1.      Fonction d’obstacle et de Fonction de protection …….……..

1.1.2.2.      Fonction de démonstration  ………………………………….

 

1.1.3.           Aperçu sur les stratégies de Vauban ………………………………….

 

1.1.3.1.         Les stratégies d’attaques ………………………………….

1.1.3.2.         Le positionnement  des éléments de base de la défense …..

1.1.3.3.         La réduction des angles morts  ……………………………

 

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1.2.            La guerre de 1870 et les échecs des fortifications  …………………….

 

1.2.1.           Un aperçu historique de la guerre de 1870 …………………………..

1.2.2.            Le bilan de la guerre, de part et d’autre ……………………………..

 

1.2.2.1.         Les  pertes dans le camp allemand ………………………..

1.2.2.2.         Les pertes dans le camp français ………………………….

1.2.2.3.         Impacts sur le plan international ………………………….

 

1.2.3.      Les échecs des fortifications  ……………………………………………..

 

1.2.3.1.         Les stratégies de camps adverses …………………………

1.2.3.2.         Les points faibles de l’armée française ……………………

 

 

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1.3.            1914 et Verdun : l’utilisation des fortifications  ……………………….

 

1.3.1.           Aspect historique de Verdun …………………………………………

1.3.2.           Les fortifications  pour résister aux attaques ennemies ……………..

 

1.3.2.1.               La bataille au fort de Vaux …………………………………..

1.3.2.2.               La bataille dans les autres forts : ……………………………

1.3.2.3.               Organisation pertinente de la voie sacrée ……………………

 

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2.      La mobilisation économique à l’étranger  …………………………………

 

 

2.1. Aux Etats Unis  …………………………………………………………

 

2.2. En Italie  ………………………………………………………………..

 

2.3. En Belgique  …………………………………………………………….

 

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3.      Le problème Belge  …………………………………………………………..

 

 

3.1. La situation de la Belgique au début des années trente  …………….

 

3.2. Le choix défensif  ………………………………………………………

 

3.3. La neutralité et ses conséquences après 1936 ……………………….

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Conclusion  ………………………………………………………………………………

 

Annexes ………………………………………………………………………………….

 

Bibliographie …………………………………………………………………………….

 

 

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INTRODUCTION

 

Le document intitulé TROIS LIVRE de Charles De Gaulle est un recueil de textes qui étaient écrits entre 1925 et 1940. Ce volume a réuni quatre études mais nous allons observer celles qui sont écrites pas Charles De Gaulle concernant l’entre deux guerres. Nous allons commenter notamment dans le rôle historique de places françaises « le rôle historique des fortifications ». Nous allons aussi commenter la mobilisation économique à l’étranger en distinguant celle qui s’est passée avec les Etats-Unis, l’Italie et la Belgique. Nous allons discuter spécifiquement le problème belge. Tous ces commentaires et  ces discussions concourent à l’analyse géostratégique de la France.

 

« Qui veut la paix, prépare la guerre » est le vieil adage mis à jour pour parler d’une arme puissante et efficiente  afin de ramener les agresseurs potentiels à la raison par la seule menace de s’en servir. Charles De Gaulle est conscient de la sagesse de cet adage et s’est instruit des leçons tirées de l’histoire d’où il a formulé des conclusions véhiculées dans ce livre Trois Etudes. Certes, les études qui constituent le volume étaient publiées à des dates différentes mais la préoccupation qui les inspire était  identique.  Par exemple, dans le Rôle Historique des Places Françaises (1925), la sécurité du pays est assurée par  le retardement de l’assaillant, et ce retard est indispensable pour apprêter les ripostes entraînant les  suggestions de reformes dans « Comment faire une armée de métier (1935) ». L’évolution des moyens de guerre avait pour conséquence un changement dans l’utilisation des ressources humaines, des ressources matérielles et des matières premières.  Ce qu’il a écrit sur la mobilisation économique à l’étranger, publié dans le numéro 151 de la Revue militaire française,  montre des modèles à observer. Les thèses  maintes fois communiquées à travers le Mémorandum du 26 Janvier 1940 étaient attrayantes et paraissaient capables d’assurer la paix intérieure et de porter « tous azimuts » par la faveur des blindés et de l’aviation du pays France qui aurait été prête à se défendre. Ironie du sort, La France n’était pas prête.

 

De Gaulle n’a pas été un homme d’Etat chrétien, mais un chrétien, homme d’Etat, ce qui n’est pas la même chose. Il avait compris que le domaine de César ne peut pas être celui de Dieu. Cela ne signifie pas pour autant que la raison d’Etat, le réalisme politique aient toujours prévalu chez lui. Le catholicisme social l’a imprégné. »Mais on ne peut faire du qualificatif de catholique social la base de son identité politique » (Jérôme Grondeux).

 

Le présent mémoire s’oriente vers l’analyse géostratégique du Pays France. Charles De Gaulle a écrit pendant la période entre deux guerres mais il a amené ses analyses  depuis le XIVème siècle en discutant le rôle historique des places françaises, en passant par la mobilisation économique à l’étranger et mettant spécifiquement les points d’observation sur le problème belge.

 

Pour combler les commentaires d’articles, on va analyser les fortifications de Vauban qui ont laissé des traces indélébiles pour la France  malgré les échecs  plus tard à cause des circonstances diverses y compris les liens de causalité de la guerre de 1870, mais les fortifications avaient toujours eu leurs considération en 1914 au temps de Verdun.

 

La France ne restait  pas inerte devant les problématiques qui s’ensuivent aux guerres, et dès 1934 Charles De Gaulle matérialisait la mobilisation économique à l’étranger, et on va développer dans ce mémoire ce qui s’est passé aux Etats-Unis, en Italie et en Belgique.

 

  1. Le rôle historique des fortifications, un sujet à contre emploi

 

 

  • Les fortifications de Vauban

 

En BTP, les fortifications sont des ouvrages de défenses. Mais les œuvres de Vauban sont à la fois des ouvrages de défenses  et des ouvrages de contre-attaques  et aussi bien des ouvrages d’embellissement des environnements.  En gros, les fortifications de Vauban constituent 12 groupes de bâtiments et de constructions tout au long des frontières au Nord, au Sud, à l’Est, à l’Ouest, le long de la Mer Méditerranéen, le long de la Mer Atlantique sur les côtes françaises.

 

Au total, les fortifications de Vauban sont au nombre 142 et 3 villes fortifiées. Sur la frontière Est et au Nord, on a construit 74 fortifications ;  sur la frontière Sud, c’est-à-dire des fortifications de montagnes des Pyrénées il y avait 10 ; sur la frontière de Mer Méditerranéen et Mer  Atlantique et Manche respectivement 12 et 32 fortifications ; les fortifications de montagne des alpes étaient 16 et enfin les villes neuves ex-nihilo, citadelles et tours bastionnées.

 

Avant d’observer en profondeur les fonctions des fortifications, nous allons découvrir qui est Vauban, quelles sont ses ambitions et quels sont ses rôles  et ses expériences professionnelles pour avoir accompli des fortifications utilisées pour la défense de la France

 

  • Mais qui est donc Vauban ? Quelles sont ses ambitions?

 

Nous allons aborder tout de suite la biographie de Vauban qui a entraîné nécessairement et logiquement le développement de ses ambitions lesquelles ont multiplié ses fonctions pour la royauté aussi bien que ses expériences professionnelles.

 

  • La biographie de Sébastien Le Prestre, Marquis de Vauban

 

Vauban n’est qu’un nom de terre, une terre dans sa famille depuis au moins un siècle, une terre devenue un marquisat dont Sébastien Le Prestre (le fameux ingénieur des fortifications) est pourvu. Sébastien Le Prestre Vauban est vers 1633 à St Léger-de-Fouchertes. Issu de la petite noblesse, il s’engage dans les troupes du Prince Condé à l’âge de 17 ans. Il s’est fait prisonnier des troupes royales mais curieusement il a été remarqué par Mazarin qui lui a accordé un brevet de lieutenant quand il n’avait que 20 ans.

 

L’ingénieur militaire de Clerville lui a donné des formations au temps où il a participé comme officier d’infanterie à 14 sièges. Ces participations lui ont causé des blessures mais il les a bien encaissés. A 22 ans, il était devenu ingénieur ordinaire du Roi, puis à 29 ans, vers 1662, il a été chargé de fortifier la ville de Dunkerque.

 

En 1668, l’édification de la citadelle de Lille lui a été confiée par le Roi Louis XIV dont il est devenu le gouverneur.  En 1677, il a décroché le rang de  Brigadier et était nommé commissaire général des fortifications en 1678. A partir de ce moment, Vauban a parcouru toute la France en tous les sens pour diriger des sièges, construire ou assurer la maintenance des fortifications sur les zones côtières et sur les zones du Sud, en assurant aussi la surveillance des travaux entrepris  dans les places nouvellement acquises.

 

Le 14 Janvier 1703, Sébastien le Prestre de Vauban a été élevé au grade de Maréchal de France, à l’âge de 70 ans. Il n’était plus en première ligne, il n’était plus auprès du Roi, il n’était plus au combat, mais cette distinction honorifique  vient dédier une carrière entière passée au service de la France et de son Roi. Anne Blanchard a estimé la distance parcourue par Vauban à travers toute la France aux environs de 180.000 km pendant ses 57 années de service, soit une distance moyenne annuelle de 3.168 km.

 

Vauban représente un modèle purement idéal de l’honnête homme du 17ème siècle. Il a rédigé de nombreux œuvres portant sur les sciences, l’agriculture, l’économie, la stratégie. Malgré tout, il se trouvait parmi les catholiques à s’opposer au Roi en 1685 lors de la révocation de l’Edit Nantes. Il a soutenu ses idées contrant les conséquences catastrophiques de la révocation.

 

Nonobstant son âge, Vauban a encore participé à quelques sièges dans le Nord et en Alsace. Accusé par l’âge, affaibli par la fatigue d’une longue carrière composée de combats et de mauvaises routes, il a attrapé une bronchite chronique et s’est éteint le 30 Mars 1707 à l’âge de 74 ans et enterré à Bazoches aux environs de Vézelay.

 

Le 28 Mai 1808, son cœur a été transporté aux « Invalides » à Paris où il repose jusqu’à maintenant parmi les plus grands maréchaux de France[1].

 

  • Les ambitions de Vauban

 

Vauban s’est ambitionné d’être l’acteur du grand siècle et d’être le précurseur des lumières. Par ailleurs, il était un précurseur des Encyclopédistes car il propose des solutions à tous les problèmes susceptibles d’entraver le budget familial autant  que celui de la nation. En effet, il se préoccupait  de décomposer les remèdes à la pauvreté du peuple autant que la maintenance de la puissance française en analysant les conditions économiques du pays. Il s’est intéressé aux statistiques économiques et sociales où il a conçut des formulaires de recensement de la population et publiait des ouvrages y afférents[2]

 

Son ambition est aussi posée sur l’art de faire les sièges des villes.  Ses expériences se fortifient plus vite que les progrès de l’artillerie la guerre de siège.  La philosophie de Vauban était de limiter les pertes en soutenant ses  abords en construisant de tranchées même si des grands travaux sont indispensables pour ce faire. Il a toujours été soutenu par le Roi malgré les comportements des courtisans qui se moquaient de lui.

 

Malgré ce rapprochement manifeste du Roi, Vauban a pris une distance de plus en plus critique par rapport à ce dernier  en blâmant une politique qui ne se préoccupe pas de la défense patrie et du peuple. Les guerres ont été trop fréquentes  et il en tirait des conclusions que l’intérêt général est prioritaire par rapport à l’unité du royaume quand les deux concepts ne sont pas compatibles.

 

Il a été fortement imprégné par la crise de subsistances en 1693-1694 provoquant la mort d’au  moins 2 millions de personnes, surtout dans le Nord de la France. Il s’est attelé à chercher et à approfondir les causes de cette misère.  Il a écrit des ouvrages qui décrivent les anomalies au temps du Roi Louis XIV, tels que  « Oisivetés ou ramas de plusieurs sujet à ma façon » ; « Description géographique de l’élection de Vézelay (1696) » ; « Le projet de capitation (1694) ».

 

  • Les expériences professionnelles et ses fonctions pour la

             Royauté

 

Michèle Virol[3] a écrit que Vauban est un « sésame aux multiples portes ». A titre de rappel un sésame est un moyen infaillible et quasiment magique pour atteindre un but. Cet auteur a aussi écrit que Vauban est un lieu de mémoire du pays France à lui tout seul car à multiples « visages » c’est un homme stratège et poliorcète. Il a la réputation incontournable de preneur de ville avec ses expériences d’avoir conduit plus de quarante sièges et d’avoir construit et/ou réparé plus de cent places fortifiées. Par ailleurs, il est vraiment un polytechnicien. Ses expériences professionnelles et ses fonctions se sont passées comme suit :

 

En 1653, Vauban s’est mis au service de la royauté et deux ans plus tard il devenait « Ingénieur militaire responsables des fortifications ». Et en sa qualité de militaire, il a participé à beaucoup de sièges au cours des grandes guerres du dix septième siècle. Ayant acquis des savoirs faire, il a perfectionné les techniques et stratégies de la défense des villes et il a dirigé lui-même des sièges.

 

Après 12 ans d’exercice professionnel, Vauban a atteint la capacité technique et stratégique d’assiéger les villes de Tournai, de Lille et de Douai en espace de 9 jours seulement. Il a perfectionné les fortifications de Lille et qui était devenue par la suite la Reine des citadelles. Incessamment, Vauban a dirigé l’édification de nombreuses citadelles et a assuré la défense de nombreuses villes françaises. A l’âge de 45 ans, il a été nommé « Commissaire Général des Fortifications du Royaume » car il avait bien maîtrisé le système défensif appliqué au « Pré-carré » où les Flandres restaient la meilleure  protection de la France sur la frontière Nord.

 

L’illustre diction se répandait dans toute la France «  Ville assiégée par Vauban, ville prise. Ville fortifiée par Vauban, ville imprenable ». Effectivement, Vauban a effectué 49 prises de ville et a réalisé au moins 21 fortifications.

 

De par ses expériences, Vauban allait réfléchir aux procédés de l’attaque des places qui s’avéraient coûteux en ressources humaines et allait favoriser le rôle du canon par rapport à la mine. Et, en sa qualité de spécialiste de la fortification, il allait améliorer les règles prônant l’adaptation du tracé bastionné au terrain, et l’échelonnement de la défense en profondeur.

 

Il s’est donné l’occasion d’illustrer sa nouvelle méthode d’attaque des places avec l’usage du tir à ricochet à la suite du siège triomphateur  de Maastricht en 1673.  De par cette méthode, la vie des militaires et des ingénieurs a été économisée.  Vauban a jaugé qu’une place forte doit commander le terrain avoisinant  afin de maîtriser les observations tactiques et empêcher les tirs plongeant des assaillants.  Il a conçu  des ouvrages épais soutenus par d’important volume de remblayage et maintenus par  des maçonneries résistant aux tirs.

 

 

  • Les principales fonctions des fortifications Vauban

 

 

  • Fonction d’obstacle et Fonction de protection

 

Vauban a bien défini les principales fonctions des  fortifications dans le cadre des grandes guerres. D’abord, la fonction d’obstacle faisait  en sorte de retarder les assaillants dans leur progression vers l’affrontement rapproché en les obligeant à demeurer plus longtemps sous le feu des défenseurs.

 

Selon Vauban, la fonction de protection  mettait les troupes chargées de défendre les obstacles à l’abri des attaques des assaillants. Cette fonction de protection peut être remplie de deux manières : soit directement en utilisant des constructions solides et résistantes pour arrêter les projectiles ennemis, soit indirectement en employant de la distance et de l’avantage en portée et/ou en camouflage.

 

 

  • Fonction de démonstration

 

 

Les fortifications jouaient aussi les fonctions de démonstration de pouvoir et de propriété, donc c’est une fonction symbolique[4]. L’existence d’une fortification bien bâtie et  maintenue est un des messages à l’endroit des assaillants que  le combat ne serait pas facile. En quelques sortes dans le temps, cette existence signifie la signature de Vauban et de sa réputation difficile à saisir.

 

On peut illustrer cette fonction de démonstration  par la « Tour dorée gardienne des côtes d’Armorique ». Tout de suite, il est à signaler que cette fortification se trouve actuellement parmi les sites dédiés à l’UNESCO. Aujourd’hui la fortification se situe au cœur du Parc marin d’Iroise et du parc naturel régional d’Armorique. La Tour dorée de Camaret a été bâtie entre 1693 et 1696 pour empêcher les assaillant de prendre de revers le port Brest et sa flotte. En 1694, la fortification n’était pas encore achevée mais la mise à feu a été déjà provoquée, devant même la présence de Vauban.

 

Mais toujours est-il, la fonction de démonstration tient toujours car c’est un modèle de fort à la mer avec son enduit fait  de brique pilée. La fortification est constituée d’une tour hexagone assortie de meurtrières entrelacées dans une batterie basse semi-circulaire cernée par un fossé façonné. L’eau pénètre dans le fossé maçonné à marée haute, c’est une vraie fortification ayant une fonction de démonstration et de modèle. Plusieurs fortifications au temps de Vauban justifient cette fonction de démonstration, au sens large du terme.

 

 

 

  • Aperçu sur les stratégies de Vauban

 

Il est intéressant dans cette section de distinguer les stratégies d’attaque de Vauban et les stratégies de défense, car parfois Vauban et ses compagnies jouaient le rôle d’assaillant, parfois ils jouaient le rôle de défenseurs des fortifications.

 

1.3.1.1. Les stratégies d’attaque

 

Vauban n’a pas cessé d’apporter d’innovations aux techniques d’attaque des places fortes. Mansesson Mallet[5] s’est permis de jugé Vauban comme étant « incomparable en Art de fortifier et d’attaquer les places ». Vauban a codifié la technique d’approche en faisant creuser 3 tranchées parallèles fortifiées et reliées entre elles par des tranchées de communication en lignes composées de droites qui se coupent en formant des angles variables   afin d’éviter les tirs défensifs sur une même ligne.

 

Les assaillants devaient commencer l’attaque à partir de 500 mètres des fortifications adverses en  creusant une tranchée le long de la zone qui devait être pris d’assaut. C’est donc la première parallèle qui devait être impérativement creusée avant l’aurore.

 

Les jours suivants, cette parallèle était élargie afin de la rendre plus convenable et vivable car les assiégeants auraient pu y vivre pendant plusieurs jours, voire plusieurs semaines. Cette parallèle devait être munie d’emplacement d’artillerie. Puis, les pièces d’artillerie pouvaient asperger les remparts et le génie était autorisé à creuser des tranchées plus en avant. Stratégiquement, les trachées ou les sapes comme on le disait autrement étaient creusées de manière zigzagante pour ne pas permettre aux défenseurs d’y réaliser des tirs directs.

 

Lorsque les sapes atteignaient une longueur d’environ 300 mètres d’avancées, la deuxième parallèle devait être creusée pendant seulement une nuit, puis on déplaçait les canons à leurs nouveaux emplacements.

 

Avant de creuser la troisième parallèle, les batteries d’artillerie devaient avoir un certain effet, c’est-à-dire qu’il fallait que ces batteries aient pu ouvrir une brèche dans les fortifications adverses. La troisième parallèle devait être concentrée à cet endroit.

 

  • Le positionnement  des éléments de base de la défense

 

L’architecture des forteresses et les méthodes de sièges par sapes et tranchées parallèles étaient le style en vogue dans le temps. Vauban ou de son vrai nom Sébastien Le Prestre De Vauban  était le plus doué parmi les architectes à l’époque.

 

Une fortification conçue par Vauban est un ouvrage ample  suivant les caractéristiques géométriques utilisant règle et compas et se référant  à des techniques appropriées. L’espace à protéger était entouré d’un polygone régulier, pentagone (5 côtés, 5 angles) ou hexagone (6 côtés, 6 angles). Les coins étaient  appelés des sommets ou des points saillants. La distance entre deux sommets importait les actions subséquentes. Le standard était de 330 mètres.

 

Pour obtenir la fortification de base, les procédures étaient comme suit : on prenait le milieu de deux sommets et sur la perpendiculaire, on mesurait 55 mètres à l’intérieur  (que ce soit pentagone ou hexagone). On joignait le point obtenu aux saillants par des lignes droites et on mesurait 2/7 de leur longueur. Ceci donnait les contreforts du bastion, c’est-à-dire l’ouvrage de fortification pour les amateurs. On répétait  cette procédure sur tout le polygone et la fortification de base était  mise en place. On creusait des remparts, on faisait des fossés et des douves tout autour de la place à protéger, une ville par exemple. L’eau stagnante dans les fossés aurait pu être néfaste pour la santé de la population, aussi on endiguait parfois une rivière pour remédier  le problème socio-environnemental.

 

Mais effectivement, la mise en œuvre se passait comme suit : un assaut était effectué par des assiégeants par exemple. Quand ceux-ci s’approchaient du fossé, ils allaient subir des tirs de flancs venant de plusieurs directions à la fois. A ce point, la défense ne faisait que commencer. Si les attaquants avaient eu l’intention de traverser les fossés pour donner l’assaut aux remparts, ils auraient été trompés et perdu leur temps à capturer des choses inutiles qui ont été construites à l’extérieur des remparts principaux. Ces défenses pouvaient prendre différentes formes et différentes tailles telles que redoute, ravelin, tenaille, contre-garde, demi-lune, etc. selon  les crédits disponibles et selon les stratégies appliquées.

 

Par ailleurs, on classait les fortifications de différentes façons : (i) des fortifications de permanences ou des fortifications de campagne, la première classification demandait des ressources importantes (financières et humaines) et l’autre était plus ou moins improvisée sur le terrain. Cette dernière aurait pu devenir permanente selon le besoin et selon les ressources ; (ii) des fortifications pouvaient être classées selon la taille ou selon l’objectif. L’objectif variait selon le type de travaux à protéger, allant d’une simple demeure comme une maison forte ou château fort féodal jusqu’à un pays entier avec un large système défensif, à titre d’exemple La Grande Muraille de Chine ; (iii) Les fortifications pouvaient être classées selon l’époque et selon l’histoire allant des fortifications primitives aux fortifications du monde contemporain.

 

 

  • La réduction des angles morts

 

La réduction des angles morts apporte des améliorations du système de défense. Sur le plan horizontal aussi que sur le plan de l’élévation, les angles mots sont réduits par un tracé bastionné. Et pour la protection de cette première enceinte, Vauban utilisait des ouvrages avancés sur lesquels les assaillants vont dépenser en vain leurs forces :

  • Les courtines principales sont protégées par des tenailles, sortes de courtines avancées
  • Des avancées des pointes de bastions sont constituées par des Contre-gardes
  • Des postes de front sont formés des Demi-lunes et des Saillants.
  • Aux avant-postes sont construites des Redoutes qui sont des ouvrages complètement détachés.
  • Le dispositif est complété par des petits ouvrages simplifiés appelés Redans.

 

Pourquoi a-t-on réduit les angles morts ? Vauban a su mélanger ses talents de grand architecte avec ses connaissances de l’urbanisme et de ses stratèges militaires. Vauban a su impliquer les principes qui accordent la rigueur esthétique et les points forts de la logistique.  Depuis plusieurs années, la construction de hautes fortifications est conservée comme le système le plus efficace pour se protéger. Mais lorsque les assaillants ont pu atteindre le pied des remparts, ils deviennent difficile à éliminer s’ils se mettent dans les angles morts, là ou les projectifs ne pourront pas les  toucher.

Pour résoudre  ce problème  de « flanquement », c’est un terme barbare mais il annonce parfaitement le problème, Vauban a construit des tours « flanquantes »  et il a doublé les places fortes avec une nouvelle enceinte suivant les lignes brisées. De cette résolution  était donc née la « fortification bastionnée » équivalant à la réduction des angles morts.

 

 

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Le rôle historique des fortifications n’est pas joué seulement par Vauban bien qu’il est l’acteur principal. Dans ce chapitre, il a été commenté le comportement du Roi Louis XIV et des courtisans qui avaient tendance à  se moquer de Vauban. Et Vauban a aussi démontrer que les talents et le savoir faire se conjuguent parfaitement avec le savoir-être d’où ses exploits qui l’ont amené à des postes de responsabilité pourvus par le Roi à titre honorifique mais surtout pour des raisons de motivations.

 

Les fortifications au temps de Vauban restaient les atouts majeurs  des militaires de la France vis-à-vis de ses assaillants et présentaient des forces motrices vis-à-vis des défenseurs des places à siéger. Mais les fortifications présentaient aussi des fonctions de démonstration de force, de ressources et d’embellissement de l’environnement physique des places.

 

Jusqu’ici, on a parlé des points forts des fortifications. Même si on a parlé de points faibles pour certaines fonctions, Vauban a toujours proposé et exécuté des résolutions. Dans le chapitre suivant de ce mémoire, on va discuter la guerre de 1870, et on va voir minutieusement les facteurs d’échecs des fortifications.

 

 

 

  • La guerre de 1870 et les échecs des fortifications

 

 

La guerre de 1870 était  généralement une guerre franco-allemande marquée par une supériorité militaire de la Prusse et de ses alliés. Il a été constaté que la Prusse était supérieure en nombre et en technique et les chefs de guerre avec ceux des alliés disposaient des stratégies plus efficientes par rapport à la France. Le Maréchal Bazaine mais aussi Napoléon III ont donné des images floues à la force militaire française, surtout pour les officiers formés en Afrique qui agissaient dans le désordre étaient plutôt des baroudeurs que des techniciens.

 

  • Un aperçu historique de la guerre de 1870

 

Le Ministre-président Prusse Otto Von Bismarck devait être dénoncé  comme  premier responsable à l’origine de la guerre de 1870, pourquoi ? Parce qu’il a estimé que le Roi Prusse Guillaume I avait agit par faiblesse en annonçant qu’il ne soutenait plus la candidature du Prince Léopold de Hohenzollern-Sigmaringen au trône d’Espagne. Le message qu’il a reçu du Roi à l’issu d’une rencontre avec l’ambassadeur de France à ce sujet ne lui ait pas satisfait et il l’a déformé à son guise. Il a donc écrit et transmis au Roi  de la France un autre message tel « Le Roi Guillaume I a refusé de voir l’Ambassadeur de France à qui le Roi a fait transmettre qu’il n’avait plus rien à lui communiquer ». Cette dépêche d’Elms a été interprétée par la France comme une insulte et elle déclara la guerre à la Prusse le 19 Juillet 1870.

 

Sans avoir approfondi la dépêche d’Elms, Napoléon III le Roi de la France a déclaré la guerre à la Prusse. A ce moment même, l’armée française n’était pas encore prête,  mais le Roi, loin d’avoir eu la clairvoyance de son oncle a réagit sans contrôle. Pourtant, la réalité était que Bismark ayant un objectif de renforcer l’unité prussienne pour aboutir à la 2ème Reich, a eu besoin d’une guerre. Et, il a atteint son but. L’alliance germano-prussienne a mobilisé 800.000 hommes. La France n’a pu enrégimenter que 250.000 hommes pourtant la guerre de 1870 était très expéditive. Donc, seulement en espace de 45 jours, Napoléon III était capturé à Sedan par les armées prussiennes qui marchaient tout de suite sur Paris.

 

Stratégiquement, l’armée des princes de Prusse et de Saxe a encerclé Sedan. Une partie de l’armée française s’y était isolée après avoir tenté de renforcer Le Maréchal Bazaine à Metz. Inférieure en nombre et répartie en deux lieux, l’armée française n’avait plus la force contre les Prussiens. Par conséquent, à Paris, l’Assemblée législative a proclamé la fin de l’Empire et le début de la 3ème République.

 

Le 19 Septembre  1870, Paris fut encerclée par l’armée prussienne et le bombardement était  quotidiennement sans répit durant des mois. Dans le froid et dans la faim, tous les hommes valides  étaient appelés à servir l’armée française qui tentait de sortir de Paris sans résultat.

 

Mais en date du 7 Octobre 1870, le ministre français de l’Intérieur, accompagné de deux membres du gouvernement était envoyé à Tours pour organiser la résistance. Le moyen de transport utilisable était le ballon. Il jouait à cet effet le rôle de ministre de la Guerre et a organisé une nouvelle armée pour arracher Paris de l’emprise prussienne.

 

Vingt jours plus tard, Le Maréchal Bazaine était obligé de capituler à Metz malgré l’espoir de la France basé sur son armée de 180.000 hommes. Trois ans plus tard, le Maréchal était jugé en Conseil de Guerre et fut condamné à mort, mais il était gracié par le Maréchal-président Mac-Mahon.

 

Dans un autre site, en date du 4 novembre 1870, débutait le siège de Belfort par le Maréchal Prussien Moltke avec ses quelques  40.000 hommes. En ce moment, Belfort était sous la gouvernance du colonel français Denfert-Rocheau qui a tenté de résister pendant une centaine de jours. Si çà ne dépendait que de lui, il n’aurait jamais capitulé, mais sur ordre du gouvernement en date du 18 février 1871, il a abandonné.

Alors que la guerre franco-prussienne n’était pas encore finie, les représentants des Etats allemands se réunissaient  le 18 janvier 1971 dans la galerie des glaces du château de Versailles et ont proclamé l’Empire allemand, c’est-à-dire le 2ème Reich comme il a été sollicité par Otto Von Bismarck. Le Roi de Prusse devenait le nouvel Empereur sous le nom de Guillaume Premier. L’Empire allemand était alors composé de la Prusse, de la Bavière, du Wurtenmberg et de la Saxe.

 

Le lendemain de cette proclamation, c’est-à-dire le 19 janvier, Le Général Trochu qui était Chef du Gouvernement provisoire de la défense nationale  avait aussi échoué à

Buzenval. Malgré sa tentative d’ouvrir de force le blocus prussien il était obligé d’abandonner avec un bilan assez lourds de 5.000 morts. Le 22 janvier, le Général Trochu a démissionné. Mais le bombardement  quotidien de la ville de Paris n’était pas arrêté.

Quelques jours après l’abandon du Général Trochu, c’est-à-dire  plusieurs mois après l’encerclement de la ville, Paris a décidé de capituler. Malgré que le peuple parisien fût affamé durant le siège de quelques mois et qu’il résistait douloureusement, il percevait cette capitulation comme une trahison de la part du gouvernement.

Cette capitulation était matérialisée par la signature d’un armistice et d’un traité de paix préliminaire à Versailles le 26 janvier. De par cet armistice, le gouvernement organisait des élections  afin de désigner les membres d’une Assemblée nationale. Les monarchistes  favorables à la paix menaient la victoire contre les républicains.

Cette nouvelle Assemblée s’est réunie à Bordeaux pour trancher sur la nomination d’un gouvernement et de mettre un terme définitif à la guerre. Le 17 Février, Adolphe Thiers était alors nommé chef du gouvernement ce qui apparaissait comme un compromis devant une assemblée dominée par les royalistes favorables à la paix. Investi de plein pouvoir, Thiers Adolphe  signait les préliminaires du traité de paix le 26 février à Versailles, puis le traité de Francfort le 10 Mai.

 

A la même date de la nomination de Thiers, Pierre Denfert-Rochereau alors gouverneur de la ville évacuait Belfort qui était l’ultime bastion français à résister. Ce n’était que le 17 février que Denfert a accepté de rendre les armes bien que Paris a déjà abandonné depuis le 28 janvier. La Prusse a accordé à Adolphe Thiers que Belfort restait un  territoire français. Mais en contre partie, la France devait céder une partie supplémentaire de la Lorraine et devait accepter que les troupes adverses puissent défiler dans Paris.

 

 

Le traité de Versailles signé par Adolphe Thiers en date du 10 Mai a contraint le gouvernement provisoire à payer une indemnité de 5 milliards de franc-or et à accepter la présence d’une armée d’occupation jusqu’au paiement de cette indemnité et jusqu’à la cession de l’Alsace et de la Moselle. L’unification des Etats allemands autour de la Prusse était effectivement  renforcée par cette victoire convoitée par Otto Von Bismarck.

 

Le 16 Septembre 1873, les troupes allemandes évacuaient Verdun, et cette évacuation marquait la fin de l’occupation militaire qui a suivi la défaite de 1871, et marquait notamment la fin de la guerre. Le territoire français a retrouvé son autonomie mais amputé de l’Alsace et de la Moselle.

 

 

1.2.2. Le bilan de la guerre, de part et d’autre

 

 

Certes, Paris était obligé de capituler, et pour cause, l’armée française n’était pas fin prête pour la guerre. C’était juste l’outrage convoité par Otto Von Bismarck qui a provoqué le désordre. Mais, des deux camps, le bilan de la guerre était  relativement lourds et entraînait des impacts néfastes pour la population française et non moins pour l’armée prussienne.

 

1.2.2.1. Les pertes dans le camp allemand

 

La guerre de 6 mois a fait 120.000 morts dans  les rangs de l’armée prussienne. Ce chiffre représentait 14% des effectifs. Il a aussi été enregistré 128.000 blessés de guerre et 300.000 malades.

 

Tout compte fait, l’armée allemande a eu des pertes relativement lourdes pendant cette campagne. Malgré les victoires dans la quasi-totalité des batailles, l’armée allemande a souvent perdu plus d’hommes que la France. La victoire allemande de la bataille de St Privat avait quand même marqué 20.000 allemands tués et disparus contre seulement 12.000 français, tel résultat était assez emblématique. Les interventions des francs-tireurs étaient très fortes et entraînaient une psychose dans l’armée allemande

 

La variole a aussi exterminé les rangs de l’armée allemande malgré leur connaissance de l’efficacité du rappel antivariolique. Sur 8.500 prussiens ayant contracté cette maladie, 450 en étaient morts (environ 5%).

 

1.2.2.2. Les pertes dans le camp français

 

 » Dés le début de la guerre de 1870, et pendant toute la durée de l’invasion, on mesura la gravité des conséquences qu’entrainait pour la France la ruine de ses fortifications.» C’était une des citations de Charles De Gaulle. La guerre de la France contre la Prusse fut une guerre relativement courte, à peine 6 mois, qui s’étala  de la mi-juillet 1870 à Janvier 1871. Et toutes batailles ont eu lieu en France. Cette guerre peut être divisée en deux périodes dont la guerre Impériale et la guerre républicaine appelée aussi guerre de la défense nationale. La période dite impériale de la guerre, d’une durée de 1 mois environ a entraîné l’invasion de la Lorraine et la perte d’Alsace puis le siège de Metz.

La guerre coûtait à la France 139.000 morts au combat et aussi de maladie. On compté 143.000 blessés et 320.000 malades. Pour la France, ces chiffrent incluaient  les civils touchés par les bombardements, la famine et les tragédies comme celles du camp de Conlie[6].

La variole a contaminé 125.000 français et a entraîné 23.500 morts (environ 19%) car ils ne connaissaient pas la nécessité du rappel de vaccin.

La guerre de la défense nationale : La bataille catastrophique de Sedan marquait le tournant de la guerre franco-prussienne et amena la proclamation de la république. C’était le début de la guerre de défense nationale autrement appelé la guerre de la république. L’armée de Paris subissait le siège de la ville assortie de bombardement quotidien. Les armées des périphériques et des provinces continuaient des actions pour dégager la capitale en coupant, entre autres, les lignes d’approvisionnement de l’armée allemande.

1.2.2.3. Les impacts sur le plan international

A titre de rappel, la proclamation de l’Empire allemand a eu lieu dans la Galerie des Glaces du Château de Versailles le 18 Janvier 1871. Cette guerre a donc unit tout l’empire allemand sous la puissance royale prussienne. La France était devenue une république en septembre 1870. Au sein de cette république la mémoire de la commune de Paris aurait divisé longtemps la droite et la gauche.

 

Une conséquence de la guerre, que l’on peut classer indirecte, se manifestait  par les Etats pontificaux écartés de la protection française devenus annexés par l’Italie. Cette  conséquence indirecte a complété l’unification du pays et l’Allemagne a aussi décidé d’annexer Alsace et Moselle qui restaient territoires allemands jusqu’à la fin de la première guerre mondiale.

Mais la conséquence directe de la guerre était l’avènement de l’Allemagne  qui dominait seule l’Europe continentale pendant  près de 30 ans et faire de la France isolée et évincée sur le plan diplomatique. Cet isolement fait demeurer en France aussi nationaliste que jamais le sentiment d’une revanche qui s’amplifiait  jusqu’à la première guerre.

Après la signature et le cessez-le-feu en date du 26 janvier 1871,  les préliminaires de paix[7]  se poursuivaient en février. Les armées prussiennes ont obtenu d’Adolphe Thiers une occupation symbolique des Champs-Elysées pendant 3 jours au mois de Mars 1871.

  • Les échecs de fortifications

A l’initiative du gouvernement Adolphe Thiers, Paris est devenu de plus en plus une ville fortifiée, entourée de ligne de fortifications et des lignes de forts. Ces fortifications de la ville sont constituées d’un mur d’enceinte continu percé de portes. Le mur continu est renforcé de 94 bastions et d’un fossé. L’étendue de lieu entre les anciens  murs des fermiers et l’enceinte  était relativement peu peuplée permettant des exploitations agricoles. A l’extérieur, quinze forts ont été construits pour couvrit les approches et aussi d’autres ouvrages complémentaires pour assurer une ligne de défense externe et continue. Le problème était que certains de ces ouvrages restaient inachevés comme sur les hauteurs de Monteront et de Châtillon.

 

L’enceinte de fortifications de Paris d’un périmètre de 34 km environ était divisée en neuf secteurs. Chaque secteur était sous le commandement d’un officier supérieur ou d’un général de la marine.  Le point faible était que ces fortifications étaient mise en place  sans armement ni entretien en 1870. Ce n’était que lors de la déclaration de la guerre qu’on réparait et préparait les fortifications en urgence. On a rapatrié 3.000 canons lourds venant en grande partie des arsenaux et des côtes atlantiques.

 

Ce n’est qu’à partir du 4 septembre 1870 que  le gouvernement de la défense nationale  a tenté de renforcer les fortifications avec tous les moyens disponibles. Des ateliers d’armements ont été installés dans Paris comme dans le palais du Louvre. Il y avait six secteurs sur la droite et trois sur celle de gauche. Pour que des barricades  auraient été élevées et des casemates blindées creusées, des maisons dans la zone militaire ont été abattues complètement.

 

  • Les stratégies des camps adverses

Le 20 septembre 1870, les armées allemandes s’étaient installées dans leurs cantonnements et elles fortifiaient plusieurs villages en barricadant des rues et crénelant des maisons. C’étaient en effet des redoutes improvisées mais offraient quand même des obstacles sérieux. Elles servaient aux troupes allemandes d’attendre les renforts à chaque attaque des assiégés, grâce à des communications établies en l’occurrence et grâce à la pose de télégraphe militaire.

 

Trois cordons de troupes ont établis le blocus, et ces cordons s’épaississaient par une rapide concentration lorsque le combat est engagé. De cette stratégie, avec 160.000 à 180.000 militaires au maximum, le Général Moltke[8] était rassuré que le commandement de Paris n’aurait pas osé risquer des attaques persistantes au même endroit par souci de déconfiture en pleine campagne sans refuge. Moltke a pu encercler une ville de 2 millions d’habitants défendus par 400.000 hommes.

 

Au début du siège de la ville, les allemands ne disposaient que 150.000 hommes. Ce nombre progresse jusqu’à 400.000 au fur et à mesure de l’avancement de libération des troupes de siège. L’artillerie lourde n’a été acheminée qu’après avoir contrôlé les axes ferroviaires vers fin novembre 1870.

 

Les combats de rue ont été évités par Bismarck et Moltke en attendant l’affaiblissement  des français assiégés qui aurait entraîné à la capitulation de Paris. Cette stratégie a été adoptée pour échapper l’exposition de leurs troupes à des affrontements défavorables. Ils se contentaient alors de repousser toute tentative de brèche. Dans un rayon de 10 kilomètres autour de Paris, les allemands ont installé leurs cantonnements mais ils n’ont pas lancé l’attaque attendue par les parisiens.

 

Les parisiens s’étaient sentis manipulés par les prussiens et ils étaient démoralisés par cette stratégie allemande. Ils n’ont pu tenter que quelques sorties mais les résultats se soldaient malheureusement par des échecs et de lourdes pertes en soldat.

  • Les points faibles de l’armée française

La défense de Paris disposait de 220.00 hommes motivés pour combattre mais de valeurs combatives très différentes et répartis comme suit : 80.000 soldats de vieux régiments avec un sang-froid inébranlable, 14.000 marins canonniers et 20.000 hommes des corps spéciaux comme la gendarmerie, les douaniers, les cheminots, etc. Il y avait aussi quelques corps francs recrutés dans des professions ayant l’habitude de l’usage des armes à feu. Ces derniers ont servi en avant de la ligne des forts en qualité d’éclaireurs de la Seine et éclaireurs de la Presse.

 

La mise en défense de la ville de Paris a été organisée dans la précipitation car le Roi n’avait jamais imaginée aucune défaite. Ce n’était qu’en constatant le siège inévitable de Paris que le gouvernement engageait des efforts de travaux de défense en réunissant les compétences du ministère des travaux publics, du génie militaire, de l’artillerie.

Lorsque les troupes françaises  ont abandonné les hauteurs non achevés, les prussiens y ont installé leur grosse artillerie dont ils ont utilisé pour foudroyer les forts et la capitale.

 

La garde nationale mobile  recrutée dans les départements comprenait 100.000 hommes mal encadrés et sans exercice. Les 266 bataillons de garde nationale se multipliaient jusqu’à 300.000 parisiens composés de bourgeois et d’ouvriers. Ces hommes ont été hâtivement  armés, sans règlement et désignant ses propres officiers. Certains de ces hommes étaient incapables de supporter le feu, plus préoccupés à faire de la politique que d’affronter des combats militaires. Un grand nombre de ces gardes nationaux par leurs habitudes professionnelles et parfois accusé par l’âge et leurs aptitudes physiques n’étaient pas en mesure de se plier rapidement  aux exercices indispensables à des troupes devant tenir campagne. On a compté plus de 400.000 hommes disponibles et volontaires pour défendre Paris, mais moins de 25% seulement ont eu une formation militaire.

 

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La guerre de 1870 marquait la faiblesse de l’armée française devant la préparation matérielle et stratégique des allemands. Les français avaient  affronté cette guerre sans avoir eu les conditions nécessaires car moins de 25% seulement ont eu la formation militaire parmi les hommes appelés à faire la guerre.  Malgré la fortification de la Ville de Paris au temps d’Adolphe Thiers, la supériorité du camp adverse n’a pas permis aux français de résister plus longtemps. La guerre de 1870 était relativement courte, six mois durant seulement, mais elle a pu unifier l’empire allemand sous la puissance prussienne. Otto Von Bismarck a atteint ses objectifs de vouloir renforcer la force militaire de la Prusse en falsifiant le message du Roi Prusse adressé au Roi Louis XIV de la France. On peut imaginer que la guerre de 1914 était une séquelle de  celle de 1870.

 

 

  • 1914 et Verdun : l’utilisation des fortifications

 

 

D’abord, il faut poser la question, pourquoi a-t-on choisi Verdun comme champs de bataille ? A Verdun, le front avait la forme d’un saillant permettant plus facilement des attaques concourantes des deux côtés. Le champ de bataille a été partagé en deux par la Meuse, ce qui a présenté un élément défavorable aux français. En plus, les forts de Verdun étaient mal organisés, sans ouvrage de liaison et de couverture entre eux. En position de force alors, Von Falkenhayn, en sa qualité de chef d’état-major des armées allemandes a décidé de lancer sur Verdun l’armée du Kronprinz de Prusse.

 

1.3.1. Aspect historique de la guerre de Verdun

 

Pour protéger la ville de Verdun, le groupe d’ouvrages commencés en 1889 incluait le fort de Douaumont où d’énormes sommes d’argent avaient été dépensées pour le construire et pour lui doter de la technique militaire. Il avait reçu une garnison de 500 hommes ayant chacun leur propre rôle. Le fort avait une configuration impressionnante et imposante que les allemands  en avaient un peu peur pour donner l’assaut à la forteresse de Verdun.

 

En effet, Verdun devait à sa situation géographique d’avoir servi de camp retranché ou de forteresse. Verdun commandait la vallée   de la Meuse, et les collines environnantes de toutes parts lui servaient de protection naturelle. Vauban lui donnait son enceinte bastionnée qui fut complétée, après 1871, par une ceinture de forts détachés à environ deux kilomètres, puis 20 kilomètres après par une deuxième ceinture de forts distants à raison de 6 km chacun.  On va résumer l’histoire de la guerre de Verdun qui se situait dans la première guerre mondiale.

 

La mobilisation générale a été ordonnée le 1èr Aout 1914 puis le 3 Août l’Allemagne a déclaré la guerre à la France. Depuis le 7 Août 1914, les corps de la 3ème armée ont débarqué et  sont installés dans la vallée de Meuse. Et déjà le 08 Août, les allemands ont réunis presque 500.000 hommes derrières les Ardennes

 

La 14 Aout 1914, la 3ème et la 4ème armée française s’avançaient vers le Nord en vue d’une offensive générale, mais inattentivement l’ennemi allemand contre-attaquait et le 22 Août, la bataille des Ardennes était perdue.  Toute la 3ème Armée  était en retraite le 25 Août après 3 jours de combats incessants. Puis le début de la grande guerre de Verdun a été marqué à partir du 6 septembre.

 

Le Général Sarrail[9] avait donné l’ordre d’attaquer au matin du 6 septembre des rives de la Saul à Blercourt, sur un fond mesurant environ 50 kilomètres. Toute la 3ème armée heurtait sur leur flanc gauche les troupes du Kronprinz en marche vers le sud. Les allemands ont donc devancé l’offensive des français avec des forces 2 fois amplifiées.

 

Le 25 décembre 1914, les allemands ont tenté des ententes sur de nombreux fronts. Au fait, du 1er Octobre au 31 décembre, les adversaires ont cherché un front de stabilisation. En ces derniers jours de 1914, Les lignes se sont stabilisées aussi bien en Woërve qu’en Hauts-de-Meuse. Les allemands  ont misé leur réussite pour l’année 1915. Les premiers mois d’attaque les ont amenés en profondeur sur le territoire français. Ils n’ont pas sous estimé la valeur des français en tant qu’adversaires de bataille mais ils n’ont pas ignoré que les français étaient démunis d’artillerie lourde, pauvres en mitraillette et en minutions. L’organisation allemande était relativement supérieure par rapport à celle des français malgré le courage et la bonne volonté de ces derniers.

 

La période d’hiver, de la pluie et du froid humide du début d’année 1915 aggravait la situation de l’armée française défendant Verdun. Les troupes creusaient des abris pour mieux se protéger et essayaient de fortifier les points d’observation déjà maîtrisés.

 

Au mois de février, c’était dans la boue de glace que se poursuivait l’amélioration des positions de l’armée française. Il paraissait que le calme persistait devant Verdun  mais l’artillerie allemande était toujours active en bombardant régulièrement les villages en arrière du front. Ils ont voulu démontré leur supériorité en canons et en minutions. Cependant, les français ont essayé d’améliorer la production d’obus mais les résultats n’étaient pas satisfaisants. Au cours des premiers mois de 1915 alors, nombreux canons français ont été détruits par l’explosion des projectiles à l’intérieur même des pièces d’obus. Les artilleurs français ont perdu confiance en leur invention, il y avait beaucoup de victimes lors des explosions. Sur deux points, les allemands étaient restés plus élevés : (i) la liaison entre l’infanterie et l’artillerie et (ii) sur les travaux de protection.

 

En avril 1915, la guerre des tranchées semblait aux grands chefs français une anomalie tactique bien qu’elle était pratiquée depuis 6 mois déjà. De leur côté, les allemands fortifiaient leurs position de bétons. L’attaque des Eparges, crête constituant la frontière nord-ouest du Saillant, ont permis de retenir l’avance des allemands. La région de Verdun s’est fortifiée. Dans les deux camps, les combats provoquaient des milliers de morts dans la plupart des cas  pour quelques mètres gagnés de l’ennemi.

 

C’était  en Mai 1915 que l’Italie entrait en guerre du côté des Alliés. Le front était stabilisé.

 

De janvier à Février 1916, les allemands ont préparé une grande action d’attaque. Un trouble gagnait les combattants de Verdun en recevant des informations  que des mouvements de troupes non négligeables étaient signalés au nord-est dans l’armée du Kronprinz. Verdun s’attendait pendant plusieurs semaines à une grande offensive de la part des allemands sur le front ouest.

 

Entre temps, le 14 et le 15 janvier 1916, la neige, le froid, la brume incomparable frappaient les hommes qui ne pouvaient faire que se replier sur eux-mêmes. Néanmoins,  des bruits inquiétants arrivaient à Verdun annonçant une grande action des allemands qui faisaient venir des pièces de marine à la gare de Pierrepont. Les allemands ont installé des pièces de gros calibres d’où l’abattement des points de repère de l’artillerie française entre autres les clochers de Rouvres, de Grémilly et de Mangiennes.

 

Le 10 Février 1915, un agent français a confirmé la prochaine offensive de Verdun en transmettant que les soldats allemands avertissaient quelques choses de terrible. Le mauvais temps avait retardé l’attaque prévue pour le 14 Février par le Kronprinz. C’était le 21 février qu’un bombardement sans précédent frappait le front à partir de la Meuse jusqu’à Woëvre.

 

Le 21, les chasseurs de Driant[10] ont occupé le bois des Caures. Mais le 22 février 1916, les français ont perdu le village d’Haumont, le bois de Barbant, le bois de Champneuville ainsi que le bois de Caures où le Colonel Driant a perdu sa vie.

L’artillerie française  continuait son repli dans la nuit du 23 Février, mais elle devait abandonner la plupart de ses pièces à défaut d’attelage. Par conséquent, Brabant, Warville et Herbebois tombaient entre la main des adversaires. Le jour suivant, c’était le fort de Douaumont qui tombait, et le village a suivi son sort en mois de Mars.

 

Au mois de Mars 1916, l’armée française attendait quotidiennement le déclenchement d’attaque importante devant l’aile gauche de Verdun. Cette attente  s’accompagnait d’angoisse et de nervosité au sein du commandement français qui se manifestait par de nombreux ordres, parfois contradictoires qui parvenaient aux troupes en ligne. La lutte était rude aux bois de Cumières, Mort-homme, Vaux et Douaumont.

 

Les allemands poussaient leur attaque, à partir du 9 avril, sur les deux rives de la Meuse. Mais le 22 mai, un ordre a été donné pour reprendre le fort Douaumont dont les plans initiaux prévoyaient d’attaquer avec quatre divisions en ligne malgré la préparation insuffisante du terrain et la dotation insuffisante en obus.

 

Le 24 mai, le commandement du fort de Vaux changeait et repris par le Commandant Raynal, mais ce même jour, le village de Cumières tombait entre les mains des allemands et le Fort de Vaux tombait en date du 7 juin.

 

Une cinquantaine d’hommes tombaient dans la célèbre tranchée des baïonnettes le 12 juin 1916. La crête Thiaumont-Fleury tombait le 23 juin et en revanche les français ont organisé une attaque le lendemain aux abords de Fleury. C’était en juillet entre le 13 et le 31 qu’un contre offensive était organisé pour dégager la crête de Souville et puis reprendre Fleury. Mais le lendemain, c’est-à-dire le 01 Aout, une nouvelle attaque des allemands s’est abattue sur Souville provoquant une poussée des français vers la sortie du tunnel de Tavannes.

 

En septembre 1916, les français préparaient des actions de reprise des positions perdues. Dès le 24 Octobre, le fort de Douaumont était repris sans combat et puis le 28 Octobre, le Général Nivelle[11] décidait de reprendre l’offensive du Fort de Vaux. Dès le lendemain, il commandait la relève des divisons d’attaque, et il renforçait le nouveau fort en préparant l’artillerie le premier novembre. Le Fort de Vaux  a été reconquis le 2 novembre.

 

Une assez longue période de répit succédait à l’attaque du 15 décembre. Le froid très sévère ne permettait pas des actions importantes et en février 1917, la température descendait jusqu’à -20°. Cependant, les allemands perpétraient surtout par canons. Les divisions françaises renforçaient leurs positions défensives des deux rives de la Meuse.

 

L’offensive générale a été redémarrée le 16 avril 1917 mais était vouée à l’échec malgré quelques succès locaux. Le Général Pétain[12] était nommé commandant en chef le 17 mai 1917 et avait débuté quelques opérations qui éveillaient l’inquiétude des allemands. Ces derniers rallumaient une bataille inattendue sur le front de la rive gauche en date du 28 juin.

 

Sept jours ont été consacrés pour préparer l’attaque du 20 Août. Pendant ces sept jours, à compter du 13 Août, les français avaient tiré 1.180700 obus. Le Tunnel du Mort-Homme était conquis ce 20 Aout et le lendemain c’était la Côte 304.

 

L’hiver précoce au mois de décembre 1917 provoquait une détente générale sur les deux rives.  Ce n’était qu’en février 1918 que les premiers masques RM étaient distribués permettant les militaires de se mouvoir et de courir sans être étouffés.

 

Au mois de Mai, les deux camps s’observaient mais le calme était rompu parfois par des coups de mains accompagnés d’actions d’artillerie prolongée. A mi-juillet, les adversaires étaient concentrés sur les rives de la Marne et Champagne où les allemands ont ramassé tous les moyens dans son assaut mais la résistance française  suivie de contre-offensive brisait cet effort adverse.

 

En date du 6 Aout se passait la nomination du Général Foch[13] au grade de maréchal de France et le Général Pétain recevait la médaille militaire dans le calme mais soudainement, les divisons américaines affluaient et de nouveau, le canon tonnait à Verdun.

 

Le 26 Septembre 1918, une offensive générale était organisée en Argonne Meuse et les adversaires étaient refoulés sur la ligne Hindenburg.

L’armistice était signé le 11 novembre 1918 vers 5 heures et les combats devaient cesser vers 11 heures. « Quand les coups de canons annoncent 11 heures, nous sautons par dessus les tranchées et allumons un grand feu de joie. Tout ce qui peut brûler y passe, même les fusées éclairantes. « 

  • Les fortifications pour résister aux attaques ennemies

Il est important de raconter les effets positifs des fortifications pour résister aux attaques ennemies qui s’avéraient rude et relativement supérieures par rapport aux forces françaises en général. A titre d’illustration, nous allons décrire la bataille au fort de Vaux, puis la bataille dans les autres forts. Il est aussi essentiel  d’observer la pertinence de la voie sacrée.

1.3.2.1. La bataille au fort de Vaux

C’était à partir du 7 Mars 1916 que le fort de Vaux subissait des bombardements systématiques. « Durant 8 heures, sans arrêt, une averse de projectile s’abattit sur le fort. Il y avait de tous calibres, du 77 au 380 en passant par les 105 et 210. Ces obus, à certains moments tombaient à la cadence de six par minute. Les soldats semblaient vivre au milieu d’une effroyable tempête. Dans la nuit du 7 au 8 mars, le bombardement se ralentit. Mais le 8 au matin, il reprit de plus belle. Sans cesse, le souffle des gros obus culbutait les blindages. » Sans relâche, les adversaires continuaient le bombardement et les attaques.

 

La Commandant Raynal[14] a pris le commandement du Fort de Vaux le 24 Mai  1916. « Nous partons. Jamais, depuis le commencement de la campagne, je n’avais jamais vu un tel déluge d’obus. On a essayé de réparer le boyau pendant la nuit : peine perdue ; il est déjà éboulé. A demi cachés sous la terre, des fantassins sont demeurés là dans l’attitude où la mort les a surpris. Ils serrent dans leurs mains de cire, marbrées de taches de sang, leur pelle ou leur pioche. Ils vous regardent avec des yeux démesurément ouverts. Plus nous approchons du fort, plus le sol bout sous le crépitement des éclats… Quand nous pénétrons dans l’entrée, nous pourrions tordre nos chemises, tellement nous avons chaud. »

 

A la suite de quelques combats, les ouvrages de fortifications R2 et R3 tombaient aux mains des adversaires qui s’avançaient dans le bois Fumin pour se rapprocher du fort par l’ouest. Le R1 tombait le 01 juin, puis le 2 juin l’offensive allemande déclenchait et faisait céder   la 7ème compagnie du 101ème qui occupait la tranchée de Besançon à gauche du Fort de Vaux. Les survivants de la compagnie se repliaient dans le fort et ne pouvaient
que défendre l’entrée. L’ennemi longeait alors le fossé nord et prenait à revers la compagnie qui occupait la tranchée à droite du fort de Vaux. Une attaque similaire s’était produite sur la tranchée de Belfort et les allemands exploitaient le brouillard épais  pour envelopper leur avance, par conséquent, le village de Damloup tombait également. Le Fort Vaux était encerclé et les militaires français se trouvaient complètement isolés des autres troupes. « A la hâte, sous la protection des grenadiers qui continuent à lancer des grenades, nous établissons à travers du couloir un barrage avec les havresacs qui se trouvent dans l’escalier. Les allemands étaient dehors, dans nos anciennes tranchées, à trois mètres de nos anciennes positions, sans oser pénétrer dans le fort. A la suite de ces renseignements, ordre est donné d’avancer le barrage jusqu’à l’entrée du fort. Mais les allemands lancent des bombes, nous forçant à nous replier. A la faveur de l’obscurité, les allemands arrivent à faire sauter le premier barrage et alors avec l’aide de toutes sortes de procédés (liquides enflammés, tubes à charbon et coaltar,…) s’attaque au deuxième barrage. »

Un ordre du Quartier Général stipulait  en date du 3 juin 1916 de très bon matin que le Fort de Vaux  devait être repris quel que soit le prix. Le 4 juin, le commandant décidait   de laisser quelques hommes dans le fort et les autres étaient ordonnés de quitter le lieu avant l’aube, et ont réussi à s’échapper. Auprès des chefs se trouvant à l’extérieur  du fort, l’Aspirant Buffet expliquait la situation au Fort de Vaux et acceptait sans aucune crainte de retourner faire une communication au commandant Raynal pour d’éventuelle contre attaque. « Au poste de commandement, on tient conseil de guerre. Tous les officiers valides sont là. En me reconnaissant le commandant Raynal pousse un cri de joie et me serre dans ses bras. Hélas, la contre-attaque dont j’expose le mécanisme et les effectifs parait à tous insuffisante à première vue. Mais, aide-toi et le ciel t’aidera, et chacun va préparer sa troupe pour la lutte. »

Mais le 5 juin 1916 au matin, c’étaient les soldats allemands qui continuaient leur investissement au détriment des soldats français. Et le soir le Commandant Raynal envoyait un message par pigeon voyageur pour signaler la faiblesse des troupes, la soif devenait insupportable. L’eau manquant énormément.

Dans la journée du 6 juin, la coupole blindée du fort était détruite, et dans la nuit, le sous-lieutenant Fargues essayait de parlementer avec les allemands sans résultat. Le matin du 7 juin, un lieutenant allemand s’introduisait à l’intérieur du Fort pour     parler avec le commandant Raynal qui acceptait toutes les conditions y compris l’évacuation de la place.  Les hommes déposaient les armes et dans un silence de mort descendaient vers l’exil. « L’évacuation se fit par la brèche nord-ouest. Aux pieds des pentes du fort, la plaine marécageuse et les trous d’obus contenaient de l’eau. Tous se jetèrent sur cette eau pourtant pleine de vase … »

  • La bataille dans les autres forts

La guerre de 1914, c’est la première guerre mondiale. Ce n’est pas  Verdun uniquement qui était touché par cette guerre. Tout le monde a participé, tout le monde  a subi, mais qu’est ce qu’on a gagné ? La présente section est un résumé de la bataille dans les autres forts et aussi l’origine de la guerre de 1914 étalée jusqu’en 1918.

Les affrontements lors de la guerre mondiale se sont déroulés principalement en Europe.  En fin de compte, cette guerre est qualifiée guerre totale qui a mis en jeu le plus grand nombre de soldats par rapport à tout autre guerre antérieur. Cette guerre a provoqué beaucoup plus de morts et de dégâts matériels. Sur les 60 millions  de soldats qui ont participé à cette guerre, plus de 10 millions ont trouvé la mort et plus de 20 millions ont été blessés.

 

La cause principale et apparente de la première guerre mondiale s’est manifestée le 28 juin 1914 lorsque des Serbes Bosniaques ont assassiné l’archiduc François Ferdinand qui était héritier du trône austro-hongrois. La soif de vengeance de l’Autriche-Hongrie à l’encontre du royaume de Serbie, surtout incitée par les allemands, entraînait l’activation d’une série d’alliances entraînant  certaines puissances européennes  à s’engager à la guerre.

 

Cette guerre était au début le fait de deux grandes alliances dont la Triple-Entente et  l’alliance des empires centraux. La France, le Royaume Uni et la Russie ainsi que les empires qu’ils contrôlaient constituaient la Triple-entente. Tandis que les empires Centraux étaient composés initialement par l’Allemagne, l’Autriche-Hongrie et les empires sous leur contrôle.  Les empires centraux ont été renforcés par l’Empire Ottoman en octobre 1914, par Royaume de Bulgarie en 1915. De son côté, la Triple-Entente a été rejointe par la Belgique, puis par le Japon en Août 1914, par l’Italie en Avril 1915, par le Portugal  en Mars 1916 et par les Etats-Unis d’Amérique en Avril 1917. La Suisse, l’Espagne, Monaco, les Pays- Bas et les Etats scandinaves étaient parmi les Etats non concernés directement et officiellement neutres, mais leur participation indirecte financièrement et/ou matériellement avait été probable.

 

Les combats se passèrent surtout sur différents fronts se situant en Europe, mais quelques peu sur une partie de l’Asie et de l’Afrique ainsi que sur l’Atlantique Nord qui ont enduré des conflits.

 

Le front de l’ouest était déterminé par un ensemble de fortifications et de tranchées s’étalant sur 600 kilomètres ayant pris une forme de combat baptisée « guerre des tranchées ». Sur le front Est, les champs de bataille n’étaient pas très stables dus à l’étendue des plaines et la faible densité des chemins de fer.

 

Lorsque le conflit éclatait,  tous les pays présumaient une guerre courte. Jusqu’en 1915, aucune mesure n’a été prise pour adapter le processus de production aux conditions engendrées par la guerre entre autres la pénurie de main d’œuvre. Cette guerre a marqué une catastrophe sans précédent. Outre les pertes humaines qui étaient énormes, l’Europe était ruiné, les militaires et les civils étaient traumatisés par l’expérience de la guerre. Spécifiquement pour les français, on a estimé une moyenne de 900 morts par jour comptabilisées à 1.3 millions de français durant toute la guerre contre 1.7 millions d’allemands.

 

 

 

 

 

 

  • Organisation pertinente de la voie sacrée

 

 

En revenant à la guerre de Verdun, il est important de rappeler la voie sacrée qui allait de Bar-Le-Duc à Verdun. C’était Maurice Barrès[15] qui avait donné ce nom après la guerre. La route est actuellement numérotée RD1916.  Elargie à 7 mètres, cette route permettait le passage de 3 voitures de front que l’on a pu organiser une chaîne sans fin de camions montants et descendants et permettant aussi le mouvement des véhicules plus rapides. Les instructions relatives à l’utilisation de la voie sacrée étaient très strictes et sévères, par exemple un camion ne pouvait jamais doubler un autre camion et tout véhicule qui tombait en panne sur la voie sacrée était immédiatement poussé au fossé, il était formellement interdit de stationner sur la voie sacrée. Une commission spéciale était mise sur pied pour coordonner la discipline de la route. Des escadrilles de chasseurs, les meilleures que comptait l’aviation française étaient chargées de la protection de la route contre les éventuelles attaques ennemies.

 

Il est aussi mémorable que tous les régiments de l’armée française étaient venus combattre à Verdun pour la simple raison que le Général Philippe Pétain avait voulu une rotation rapide des régiments au front, stratégiquement pour toujours opposer aux allemands des troupes les plus fraîches possibles. Parce que toutes les voies ferrées étaient pratiquement maîtrisées par les allemands, cette route était d’une importance vitale pour les troupes françaises.

 

La voie sacrée était conçue pour résoudre les problèmes et atteindre des objectifs :

  • Acheminer à Verdun 2.000 tonnes de munitions par jour
  • Transporter des vivres et des matériels nécessaires aux grandes unités réparties en 15 ou 20 divisions et chaque division devait être approvisionnée jusqu’à 100 tonnes par jour
  • Assurer le transfèrement des troupes montantes et descendantes comprenant 15.000 à 20.000 hommes par jour.
  • Procéder à l’évacuation des matériels de toute nature qui existaient dans toute la région de Verdun. Meuse disposait d’un réseau de chemin de fer, mais la capacité était limitée à 800 tonnes par jour.

 

Pour atteindre ces objectifs, la commission mise en place avait décrété que :

 

  • La voie sacrée était exclusivement réservée  à la circulation des véhicules
  • Qu’aucun transbordement n’était accepté, c’est-à-dire que les convois automobiles n’étaient pas permis de remettre leur chargement à d’autres convois
  • Qu’un service de pilotage et de surveillance fut établit sur la voie sacrée pour assurer l’écoulement régulier des convois
  • Qu’un service d’entretien de la route fut organisé

 

 

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Fortifiée depuis le 16ème siècle, Verdun était la ville choisie par le système Séré de Rivière pour une des places fortes de l’Est. Selon l’histoire, Verdun était la dernière ville libérée par les allemands après la victoire de la Prusse en 1870. Verdun représentait un point stratégique de défense des frontières de l’Est à cause de sa position face à la place forte de Metz et sa surveillance des voies de communications vers la Ville de Paris.

 

Les travaux de construction à Verdun débutaient en 1875 par la construction du Fort Tavannes, le Redoute. En rive gauche les forts de Dugny, de Regret et de la Chaume puis en rive droite les forts de Belleville, de Belrupt et de St Michel. Par la suite ont été construits les forts de Marre et de Souville. A partir de 1880, la construction de forts capables de se défendre mutuellement a été renforcée. Le périmètre de la place était agrandi afin d’éloigner les lignes ennemies à l’exemple des forts de Vaux et de Douaumont et du fort de Sartelles. En fin de compte, Verdun possédait 19 forts dont 14 étaient modernisés, et 34 abris de combat, 4 abris caverne, 33 magasins extérieurs,  15 ouvrages d’infanterie, 118 batteries d’artillerie et 1 redoute d’infanterie. Ce dispositif était protégé par 685 canons de siège, 20 canons sur supports déplaçables (affuts trucks) et au moins 70.000 hommes.

 

Malgré les dispositifs, toutes les places fortes ont été désarmées en 1915 y compris Verdun. L’armistice était signé le 11 novembre 1918 vers 5 heures et les combats devaient cesser vers 11 heures

 

 

  1. La mobilisation économique à l’étranger

 

 

 

La guerre mondiale qui s’étalait mal gré  bon gré de 1914 à 1918 était une guerre qui nécessitait l’adaptation de l’économie à l’économie de guerre. Le modèle économique conjoncturel avait donc mobilisé aussi bien les soldats et des civils au front que des simples citoyens dans une guerre qui était supposée illusoirement courte. Pour la première fois dans le monde, un conflit de telle nature opposait un nombre aussi important d’antagonistes. On a pu qualifier donc cette guerre mondiale de totale, et ce, sur tous les plans.

 

Le caractère généralisé de cette guerre de 1914-18 avait cependant remis en question la place des femmes dans la société qui ont refusé, dans la plupart des cas, de retourner au foyer après la guerre. Probablement, le travail de la femme pendant la guerre mondiale avait contribué à la parité homme femme, ce qui était un processus  difficile auparavant. En résumé, la première guerre mondiale de 1914 à 1918 s’agissait d’une guerre économique qui impliquait la mobilisation de la totalité de la population. Pratiquement, de nombreuses diminutions et de restrictions étaient imposées afin de pouvoir nourrir et approvisionner le front.

 

Cette guerre fut la guerre la plus meurtrière des guerres jamais connues du fait qu’elle  avait fait plus de huit millions de morts dans toute l’Europe et plus de six millions d’invalides. Statistiquement, c’était la France qui était le pays le plus touché. La France mobilisait des millions de soldats au front ainsi que des civils à l’arrière. Elle faisait même appel à ses colonies en Afrique et Madagascar. Au total pour le cas français on comptabilisait en destructions, 450 000 logements, 11 000 édifices publics,   plus de  60 000 kms de routes et 5 000 kms de voies ferrées.

 

Par conséquent, la guerre entraînait une grande mobilisation économique et financière qui nécessitait l’implication de la population française et particulièrement des femmes. Constamment alors depuis 1914, à cause de cette terrible guerre, la France commençait à faiblir sur plan économique et pour la première fois dans ses pratiques économiques, l’Etat dirigeait l’économie et la solution qu’il pouvait appliquer pour répondre aux besoins financiers de la guerre était l’emprunt. L’Etat décidait de s’endetter auprès des Français où des campagnes pour inviter les civils à verser leur or au nom de la victoire étaient lancées. Des panneaux d’affichage montraient comment la population française de l’arrière était amenée à participer à la guerre au même rang que les militaires au front. L’affiche montrait une pièce de monnaie française écrasant un soldat allemand assortie d’un slogan évocateur « Pour la France versez votre or. L’or combat la pour la victoire ». L’objectif prioritaire de cette mobilisation financière était d’acheter des armes. La première guerre mondiale  constitue un profond traumatisme pour ceux qui l’ont vécue et a entraîné une grave crise morale .Le pacifisme et l’antimilitarisme se développe. La paix s’appuie sur le refus de l’oubli , selon De Gaulle , « Chacun sait, chacun sent que cette paix n’est qu’une mauvaise couverture jetée sur les ambitions non satisfaites, des haines plus vivaces que jamais , des colères nationales non éteintes . »

 

Les entreprises adaptaient leurs types de production au besoin de la  situation qui prévalait.  En effet, les entreprises produisaient les matériels  nécessaires à la poursuite de la guerre, à titre d’exemple, l’entreprise Renault construisait des chars au lieu de construire des voitures. Pour les autres produits, les quantités changeaient également  dans la mesure où  la population était dans l’obligation de diminuer sa consommation et se limitait à la satisfaction des besoins premiers. Les entreprises devaient concentrer leurs activités de production sur les outils et les nécessaires d’armement.

 

 

Dans cette deuxième partie du mémoire, nous allons observer la mobilisation économique à l’étranger notamment aux Etas Unis d’Amérique, en Italie et en Belgique. Les manifestations  de la mobilisation économique étaient différentes d’un pays à l’autre ainsi que les impacts sur les conditions de vie de la population.

 

 

2.1. La mobilisation économique aux Etats-Unis

 

 

Tel qu’il a été amorcé dans la partie précédente, la guerre de 1914-18 imposait la reconversion de l’économie de paix en une économie de guerre. Cette constatation est confirmée par la production croissante d’armes et de munitions dont la fabrication quotidienne d’obus au nombre de 75 est multipliée par 38 donnant 4.000 obus par jour en 1914 jusqu’à 151.000 obus par jour en 1916. Cette guerre a entraîné  une mobilisation économique jamais vue auparavant. Les Etats en guerre mobilisaient tous les hommes en âge de combattre. La guerre devenait mondiale par l’entrée des nations du monde entier comme les Etats-Unis, le Japon et l’Ottaman.

 

La première guerre mondiale a mis fin à la supériorité de l’Europe d’avant 1914. C’était la fin de l’hégémonie  sur tous les plans : politique, diplomatique, financier, militaire, culturel, commercial et économique. L’Europe, à l’issu de la guerre, était épuisée économiquement, endettée financièrement, désagrégée par l’inflation monétaire et subissait la hausse de prix.

 

De l’autre côté, cette guerre avait stimulé le développement rapide des pays extra-européens, en particulier le Japon et les Etats-Unis qui se trouvaient en position de force pour évincer l’Europe à la tête de l’économie mondiale. Wilson était le premier président américain qui s’est rendu en Europe. Wilson s’était efforcé d’écarter les Etats-Unis de la guerre et il croyait pouvoir faire aboutir une « paix blanche », une « paix sans victoire » en Janvier 1917 après sa réélection en 1916 car ayant défendu le programme de paix. Entre 1914 et 1916, les Etats-Unis avaient tenté une médiation entre les nations antagonistes. Les Etats-Unis étaient en effet restaient loin des combats et entraient tardivement sur les champs de bataille. Les Etats-Unis n’avaient subi de destructions sur le territoire, et l’économie américaine avait positivement profité de la guerre et les Etats-Unis devenaient le créancier d’une Europe  affaiblie.

 

Wilson avait exposé l’énoncé de grands principes de l’idéalisme wilsonien. Il avait  énoncé les principes de bons sentiments de réconciliation, de renonciation à la guerre, d’égalité, de justice, en effet des principes plus ou moins incompatibles avec les revendications des pays sortis vainqueurs de la guerre.

 

Dès le début de la première guerre mondiale, bien que les Etats-Unis eussent tissé des relations étroites avec le Royaume Uni qui était membre de l’Entente, la neutralité a toujours été proclamée. Cette neutralité s’est consignée dans la tradition isolationniste énoncée dans la doctrine Monroë « L’Amérique aux américains ». Cette doctrine énoncée depuis 1923 faisait du continent américain tout entier comme une chasse gardée des Etats-Unis excluant les Européens. Cette théorie impliquant également que la diplomatie américaine se désintéressait de la diplomatie de la vieille Europe.

 

Le président américain Wilson, dans le cadre de sa proclamation de la neutralité, entendait garder l’unité du peuple américain en évitant de participer dans une guerre qui suscitait des réactions contradictoires parmi les différentes communautés originaires des pays en conflit.

 

Cette neutralité américaine avait conforté les Etats-Unis par le fait qu’ils profitaient du conflit sans avoir à y participer. Les Etats-Unis ont gagné dans tous les domaines : agricole, industriel, commercial et financier.

 

Autant les antagonistes constataient le prolongement de la guerre, autant les pays d’Entente avaient dû faire appel aux Etats-Unis pour demander de l’aide et s’approvisionner en matières premières, en produits agro-alimentaires,  en produits industriels et en énergie puis pour emprunter. Les américains avaient exporté en grande quantité vers la France et le Royaume Uni d’une manière spectaculaire. Et ce même, sur les marchés asiatiques auparavant approvisionnés par les produits européens avaient été envahis par les produits américains. Les Etats-Unis devenaient les créanciers de l’Europe si avant la guerre ils étaient les débiteurs. Le dollar se trouvait renforcé  par rapport au franc et à la livre sterling. La bourse de Londres était substituée par la bourse de New York. L’économie américaine qui se trouvait au bord du gouffre avant 1914 gagnait rapidement de la croissance et de la prospérité.

 

La neutralité des américains ne pouvait pas durer longtemps car les Etats-Unis s’étaient trouvés d’une manière progressive impliqués  dans la guerre. En effet, en 1915, lorsqu’un sous marin allemand avait attaqué un paquebot britannique et avait provoqué 1.200 victimes parmi lesquelles on avait compté 128 citoyens américains, les Etats-Unis avaient laissé de côté l’opinion du public américain marchant pour la neutralité. Aussi, les allemands avaient fait les nécessaires pour saboter les relations commerciales entre les Etats-Unis et les puissances centrales. En revanche, Les américains étaient dans l’obligation de compenser la perte de ces marchés en négociant avec la France et le Royaume Uni qui devenaient par la suite les principaux clients. Ainsi, une communauté d’intérêts s’était progressivement renforcée entre les Etats-Unis et les pays de l’Entente

 

Au début de l’année 1917, Les Etats-Unis avaient fini par se basculer manifestement au côté des pays de l’Entente à cause de deux événements provoqués par les allemands : (i) l’Allemagne avait déclaré de la « guerre sous-marine à outrance » en étendant la guerre sous marine aux navires neutres ayant des relations commerciales  avec les pays de l’Entente et en compromettant la liberté des mers ; (ii) les services des renseignements avaient intercepté un télégramme du ministre allemand  des affaires étrangères adressé à son ambassadeur à Mexico qui devait négocier une alliance avec le Mexique pour contrer les américains. D’abord, les Etats-Unis ont arrêté les relations diplomatiques avec l’Allemand puis ils avaient déclaré la guerre en avril 1917 après le sabordage de cargos américains.

 

Les Etats-Unis avaient improvisé leur entrée en guerre. Dans le temps, le service militaire n’existait pas et l’armée américaine ne comptait que 200.000 soldats volontaires non préparés à la guerre. Un décret relatif à la conscription avait été sorti afin de recruter et de former au combat un corps expéditionnaire destiné pour l’Europe. L’entrée en guerre  des Etats-Unis  amenait l’Etat fédéral à concourir  directement ou indirectement dans divers secteurs d’activité pour établir des priorités, pour mobiliser les mains d’œuvre, pour prendre en main les chemins de fer et la construction navale, pour réguler la production agricole, pour contrôler la consommation, en résumé pour organiser l’économie de guerre.

 

Les premiers contingents américains commençaient à débarquer à la fin de 1917. Les interventions américaines ont contribué à rehausser le moral des pays de l’Entente qui ont été affectés par l’affaiblissement et la résignation de la Russie bolchevique à cause de l’armistice, puis du traité de paix de Brest-Litovsk permettant à l’Allemagne de ramener sur le front occidental les troupes qui intervenaient à l’Est.

 

L’effectif du corps expéditionnaire américain s’élevait à un million d’hommes en Aout 1918 et commandé par le Général Américain Pershing. Cet effectif atteignait plus de deux millions à la fin de la guerre.

 

Le 8 janvier 1918, Wilson avait exposé devant le Congrès américain quelques 14 points correspondant en la position favorable d’arbitre des Etats-Unis, entre autres les buts de guerre américains : égalité de tous les Etats petits et grands, rejet de la diplomatie secrète, reconnaissance du principe des nationalités, sécurité fondée sur une organisation internationale, désarmement, etc.

 

En novembre 1918, sur la base des 14 points, Wilson négociait directement le principe de l’armistice avec l’Allemagne en sa qualité  de président d’un pays vainqueur devenant la première puissance du monde. Il était venu en Europe représentant les Etats-Unis à la Conférence de la Paix pendant laquelle  il a fait appliquer le principe des nationalités et s’est opposé aux revendications territoriales françaises et italiennes.  A titre de rappel,  ces revendications concernaient le rattachement de la Sarre à la France, l’autonomie de la Rhénanie et l’annexion de la côte dalmate par l’Italie. En guise de contre partie, Wilson avait proposé d’offrir à la France et au Royaume Uni une aide militaire des Etats-Unis prévoyant une nouvelle offensive allemande.

 

Au fait, le rôle des Etats-Unis dans la première guerre mondiale n’avait cessé de grandir depuis 1914 pour devenir prépondérant en 1918 période du règlement du conflit. La sortie des Etats-Unis de l’isolationnisme traditionnel pendant la guerre pour avoir aboli la neutralité s’est arrêtée lors de la défaite de Wilson aux élections présidentielles de 1920. Les républicains majoritaires à la chambre des Représentants et au Sénat refusèrent de ratifier la Pacte SDN, le traité de Versailles et le traité de garantie offert à la France et au Royaume Uni.

 

 

2.2. La mobilisation économique en Italie

 

 

A la suite de la parution du décret de mobilisation contre l’Allemagne en Juillet 1914, beaucoup d’étrangers vivant en France épousaient l’idée de combattre pour la cause de la liberté. Les colonies italiennes de Paris étaient les premières candidates pour la cause et 3.000 italiens voulaient la création d’une légion garibaldienne reconnue manifestement par leurs chemises rouges.  Mais sur le plan diplomatique, l’Italie était encore neutre et la mise en place de ladite légion était impossible. Pour résoudre ce conflit diplomatique, les italiens volontaires étaient engagés dans les rangs de la Légion étrangère pour la durée de la guerre et dès le premier Janvier 1915, on a enregistré 4.900 italiens. Parmi les 4 régiments de marche de la Légion étrangère, le quatrième était commandé par le lieutenant-colonel Peppino Garibaldi[16] et ayant été baptisé « les garibaldiens ».

 

Par ailleurs, 5 autres petits fils du Général italien Riciotti Garibaldi  faisaient aussi parti de ce 4ème régiment et deux d’entre-eux y avaient trouvé la mort.

 

Après la déclaration de guerre entre l’Italie et l’Allemagne en date du 25 Août 1916, l’armée italienne était renforcée par des unités des armées alliées en 1917. Par la suite, en Avril 1918, l’Italie proposait à la France d’envoyer des troupes sur le front français.  L’état major de ce corps expéditionnaire italien était installé du 1er Mai 1918 au 31 Décembre 1919 à Lyon. Dès son arrivée, le 2ème corps d’armée occupait une large brèche dont le centre était Château-Thierry. La bataille contre les allemands avait duré 9 jours du 15 au 24 juillet et avait provoqué 9330 italiens morts et blessés. Malgré une violente préparation d’artillerie, les divisions allemandes dont une prussienne et une bavaroise manquaient leur offensive et le commandement allemand ordonnait à ses militaires de se replier.

 

Outre l’arrivée du 2ème corps, le gouvernement avait mis à la disposition de la France quelques 60.000  travailleurs auxiliaires qui avaient apporté la plus précieuse aide pour l’équipement du front.  Effectivement, Giuseppe Garibaldi était reconnaissant envers la France qui l’avait soutenu dans son action, et il vouait un véritable culte à sa « deuxième patrie ». Ce culte se transmettait chez ses descendants et ses partisans.  En 1918, l’Italie envoyait 41.000 soldats à la demande du commandement interallié pour combattre en France contre les attaques allemandes en Champagne et sur le chemin des Dames.

 

La crise sévissait en Italie

 

La sortie victorieuse de l’Italie ne l’avait pas épargné d’une crise profonde en 1918. L’Italie était confrontée à des difficultés économiques qui l’avaient rendue fragile et déséquilibrée. Ce déséquilibre était marqué par l’opposition Nord-Sud et par des problèmes agraires considérables. L’opposition débouchait en 1919 sur des troubles sociaux et des revendications révolutionnaires.

 

Une agitation nationaliste se développait par rapport  au thème « la victoire mutilée ». L’agitation prenait appui sur le fait que les requêtes italiennes relatives aux pertes de guerre n’étaient en aucun cas satisfaites à la Conférence de Paris. Cette agitation entraînait une réflexion  chez les anciens combattants démobilisés et qui rencontraient des difficultés à retrouver la vie civile.

 

La crise avait aussi un aspect politique. La monarchie parlementaire du régime était fragile. Le suffrage universel n’avait eu lieu qu’en 1912. Les traditions  démocratiques et parlementaires étaient faibles. Les gouvernements modérés étaient instables car en espace de 3 ans, il y avait cinq gouvernements qui se succédaient et se révélaient incapables de gérer la situation.

 

Le régime fasciste italien

 

Benito Mussolini, un ancien socialise qui avait encouragé l’entrée en guerre de l’Italie en 1914-1915 créait en 1919 le mouvement des « faisceaux italiens de combat» pour exploiter le mécontentement de la population envers les gouvernements qui refusaient tout changement mais qui étaient incapables de maintenir l’ordre. Le mouvement mis  en place par Benito était orienté vers l’opposition contre les socialistes et les communistes. Mais Mussolini n’avait pas réussi en 1919 à l’issu des élections et il avait alors recours à la violence pour s’imposer. Il créait les chemises noires qui étaient une formation paramilitaire préparée pour s’attaquer aux organisations de gauche.

 

Un climat de terreur se développait en Italie : la logistique des organisations syndicales et politiques était détruite et les militants étaient attaqués et blessés, voire même tués.  Les socialistes et les communistes étaient incapables de repousser cette violence. Le mouvement fasciste devenait le point de rassemblement de tous les mécontentements et devenait de plus en plus élargi dans le pays. Elu à la chambre en 1921, Mussolini poursuivait ses actions de violence contre le régime. Il accédait au pouvoir avec l’appui des industriels et des grands propriétaires ainsi qu’avec l’aide d’une partie de l’armée et celle des autorités locales septiques au socialisme, et ce, à l’occasion de la « marche sur Rome »

 

Mussolini plaçait  d’abord un gouvernement de coalition avec la droite nationaliste en installant progressivement sa dictature. En 1922, ayant obtenu les pleins pouvoirs, Il modifiait la loi électorale et exerçait des pressions afin d’obtenir les ¾ des sièges aux élections de 1924.

 

N’ayant pas supporté les critiques du dirigeant socialiste Matteotti, Mussolini l’a fait assassiné en juin 1924. Et à partir de 1926, il établissait définitivement sa dictature avec les lois « fascistissimes » qui éradiquaient les libertés et les partis politiques.

 

Mussolini n’acceptait pas les principes démocratiques et mettait en place un régime totalitaire, il supprimait les syndicats et interdisait les grèves. Voulant une Italie puissante et prospère, Mussolini mettait en place une politique économique dirigiste.  Il multipliait les grands travaux pour lutter contre le chômage.  Néanmoins, quelques succès économiques avaient été marqués : l’équilibre budgétaire avait été rétabli, l’économie italienne avait été relancée.  Mais la crise mondiale de 1929 n’avait pas épargné le régime. Mussolini développait une politique autarchique et s’engageait dans une politique d’expansion avec la guerre d’Ethiopie, il intervenait dans la guerre d’Espagne et se rapprochait de l’Allemagne conduite par Hitler. Toutes ces orientations amenaient à la mise en place d’une économie de guerre qui faisait accroître les difficultés économiques et le durcissement politique.  Mussolini était destitué par le parti fasciste en 1943.

 

En résumé, la première guerre mondiale a eu des conséquences néfastes pour l’Italie.  L’économie de guerre faisait rationner les biens de consommation, et toute la production portait essentiellement sur les besoins en armement. Les femmes étaient employées pour remplacer les hommes dans l’industrie et d’autres lieux de production. En effet, la guerre conduisait à l’accumulation d’une industrie de l’armement (production de véhicules, d’avions). Comme bilan de la guerre, l’Italie avait perdu 600.000 militaires.

 

 

  • La mobilisation économique en Belgique

 

 

Une surprise pour les allemands s’est manifestée en Belgique en Août 1914 lorsque l’armée belge les arrêtait. Le Belgique n’était pas facile à convaincre à donner un passage rapide pour que l’armée allemande réalise le plan Schlieffen visant à la traversée du territoire en vue d’envelopper l’armée française. Il est à rappeler que le plan Schlieffen est le plan d’attaque de la France par les allemands lors de la première guerre mondiale. Ce plan doit son nom au Maréchal Alfred Von Schlieffen qui était attaché militaire à Paris en 1867-69 et commandant de l’armée allemande jusqu’en 1906.

 

En fait, les allemands croyaient que la traversée de la Belgique aurait été rapide et sans résistance de la part  des belges. L’Allemagne a mis en ligne 1 millions de soldats dont 40.000 seulement devant Liège. L’installation ne faisait que commencer que le même jour ces troupes étaient contraints de reculer à cause de la résistance de l’armée belge. La sommation effectuée à l’intention de la Belgique de laisser passer les soldats allemands sans combattre  a été contestée par le Roi Albert Ier  qui envoyait un télégramme direct à Berlin.

 

Pourtant, la ville de Liège tombait le 7 Août sans résistance car    elle n’était pas fortifiée et la population ne bougeait pas devant l’attaque allemande qui visait à contourner la persévérance des forts et de l’armée belge. Sur le plan cartographique, Wallonie de la Belgique se trouve dans l’axe principal d’invasion d’où,  en espace de 20 jours (du 5 Août au 26 Août 1914), plus de 5.000 civils ont été tués et plus de 17.500 maisons ont été détruites y compris celles de Visé et de Dinant. Le 22/08 à Tamines  le massacre a fait plus de 350 victimes et le lendemain à Dinant plus de 650 victimes. On comptait également 62 exécutions à Anseremme et 27 autres à Bouvignes. Ces exécutions ont été ordonnées à l’endroit de ces citoyens belges car ils ont été considérés comme des soldats français et tués à titre préventif sachant pourtant que les allemands n’ont pas eu d’opposition particulière envers les Wallons.

 

Le 18 Août, les forts ont été complètement réduits et l’armée belge faisait retraite vers l’Ouest pour échapper à l’encerclement. Mais déjà à cette date, les allemands étaient retardés de 15 jours et comptaient déjà 5.000 morts. Et grâce  à ce retard subit par les allemands provoqué par l’armée belge, les armées françaises avaient l’occasion d’arrêter l’offensive allemande sur la Marne après leurs reculs au début du mois.

 

L’occupation allemande  a fait souffrir l’économie wallonne car les activités industrielles, qui font vivre plus de 60% de la population,  ont été arrêtées sauf l’extraction partiellement du charbon. En date du 21 Mars 1917, la séparation de la Wallonie et de la Flandre a été décrétée par le Gouverneur Général des autorités d’occupation de la Belgique. En résumé, la mémoire de la guerre en Wallonie était l’exécution abusive en Août et l’impérialisme barbare des allemands. La mémoire de guerre en Flandre était le comportement inhumain à l’endroit des soldats belges.

 

Par ailleurs,   des difficultés économiques relatives au crash  de 1929 ont entrainé des grèves agressives en 1932 manifestées parallèlement avec la tracée de la première frontière linguistique entre la Flandre et la Wallonie. La loi de 1921 interdisant l’usage du français dans les administrations a été imposé en Flandre.

 

L’épuisement progressif du stock de matières premières et l’arrêt des importations avaient affecté les activités industrielles dans le bassin industriel de Liège à Namur, puis à Mons et à  Charleroi. Pour industrie d’acier, la production passait de 1,4 millions de tonnes en 1913 à 2.380 tonnes en 1918. L’effectif des salariés dans le secteur diminuait  également passant de 35.300 hommes en 1913 à 8.117 seulement en 1916. De mal en pis, lorsque les allemands étaient à la recherche de matières premières pour leur économie de guerre, ils démolissaient systématiquement  les infrastructures industrielles et surtout l’industrie de métallurgie de la Wallonie. En 1918, la Belgique n’avait plus de haut fourneau allumé alors qu’ils étaient encore 6/54 existants en 1915.  A partir de 1917, les allemands ne se contentaient plus des réquisitions des métaux non ferreux ou des accessoires, mais ils détruisaient les usines pour se procurer de la fonte et de l’acier pour leurs besoins d’armements de guerre. Ainsi, l’appareil de production de la Wallonie entamait son déclin après 1914 et consommait son incapacité à se renouveler. Jusqu’à 1908,  La Wallonie était une exportatrice nette de charbon, car au début du 20ème siècle la production atteignait  plus de 23 millions de tonnes. Mais à la veille de la grande guerre, elle était obligée d’en importer un million de tonnes. Ce n’était qu’en 1938 que le niveau de production revenait  à son maximum historique de 23 millions de tonnes. A la fin des années 20, la Wallonie, comme toute la Belgique par ailleurs, subissait de plein fouet la pratique de déflation menée par les gouvernements qui se succédaient à partir de 1930  par rapport à la situation économique mondiale.  La Wallonie était soumise à la diminution des dépenses publiques, à la hausse des taux d’intérêt, aux pouvoirs spéciaux, à l’accroissement de la fiscalité, à la temporisation des investissements, au déclin de la balance commerciale, aux restrictions salariales, aux désastres économiques  et aux explosions sociales.

 

Jusqu’en 1934, La Belgique n’était pas encore sortie de la crise économique, financière et sociale due au prolongement du crash de Wall Street. Ainsi, le conseil général de la concentration de la Wallonie fixait, dans la cadre du 5ème Congrès tenu le 15 et 16 décembre de l’année, l’analyse de la situation économique wallonne.

 

 

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La mobilisation économique à l’étranger due à la guerre mondiale n’affichait pas les mêmes conséquences pour chacun des pays concernés. Pour les Etats-Unis par exemple, la guerre leur a procuré des avantages leur rendant une puissance inégalable et réduisant la supériorité européenne. Pour l’Italie, la première guerre mondiale a eu des conséquences néfastes attribuant le terme ironique « les cousins pauvres » alors que les italiens avant la guerre disposaient les atouts économiques et sociaux non négligeables.

 

Pour le cas de Belgique, malgré la distinction honorifique attribuée à la ville de Liège d’avoir  résisté ardemment aux attaques allemandes, malgré les annonces des français par voie de presse : L’Echo de Paris: « Nous, Français, nous devons aux Belges, plus que de l’admiration, nous leur devons une inoubliable reconnaissance« ; Le Journal : « Avoir arrêté, dans les défilés de la Meuse, l’ennemi du genre humain qui, demain, ne pourra les franchir que sur un monceau de cadavres, c’est une page aussi glorieuse de l’histoire contemporaine que celle de Leonidas dans les fastes de l’Antiquité« , la guerre provoquait des récessions économiques déplorables et des explosions sociales navrantes.

 

Dans la partie subséquente de cet écrit, l’on va observer en détail la situation de la Belgique au début des années trente ainsi que le choix défensif.  L’on va aussi décortiquer la neutralité et ses conséquences après 1936.

 

 

  1. Le problème belge

 

 

Un rappel historique à la sortie de la première guerre mondiale s’avère indispensable pour entamer cette troisième partie de l’écrit. Le traité de Versailles était négocié en Janvier 1919 par la Conférence de Paris. La Belgique n’était pas considérée par les grandes puissances (France, Etat-Unis, Royaume-Uni et Italie) comme « ayant donné à la cause commune leur sol, leur sang et leur trésor ». La Belgique n’a pas pris part aux conversations de négociation. Quoi qu’il en soit, la Conférence de Paris lui a accordé l’annexion de l’Eupen-Malmédy et quelques réparations de guerre. La frontière commune à l’Allemagne et la Rhénanie étaient démilitarisées. Mais en revanche, La Belgique était obligée de renoncer à son statut de neutralité. En 1923, un mandat sur le Ruanda-Urundi a été accorné à la Belgique par la Société des Nations[17].

 

En 1925, le traité de Locarno  a été signé en prévoyant l’inviolabilité  des frontières entre l’Allemagne et la Belgique, puis entre l’Allemagne et la France. Ces frontières auraient dues être garanties par l’Allemagne conjointement avec les grandes puissances nommées supra qui se sont engagés à intervenir contre les pays qui violeraient ce traité. Le statut de zone démilitarisée de la Rhénanie a été confirmé par le traité de Locarno.

 

 

En effet, en Belgique, les années qui suivaient le traité de Versailles, traité qui avait consigné la fin de la grande guerre 1914-18, étaient caractérisées par une instabilité gouvernementale[18]. Des mouvements d’obédience fascistes émergeaient pendant cette période. Les tensions « communautaires » étaient renforcées par les problèmes d’application des lois linguistiques. Par-dessus tout, la crise économique et financière qui se passait aux Etats-Unis en 1929 répercutait en Belgique accompagnée d’une chute de production et d’un taux de chômage relativement élevé.

 

 

Cette partie de l’écrit est consacrée aux états des lieux en Belgique et l’analyse de situation au début des années 30. Puis, il sera discuté le choix défensif de la Belgique en ce qui concerne la barrière neutre et dissuasive, principe de 1815 que les Cours du Nord étaient parvenues à conserver en 1831 moyennant quelques adaptations. L’on discutera aussi si une autre logique défensive a progressivement remplacé celle de la « Barrière ». Il s’agira d’approfondir la question « Les Grandes puissances auraient-elles, à court ou à long terme, reproché à la Belgique ses choix défensifs ? Au troisième point de cette partie, l’on parlera de la neutralité belge et ses conséquences après 1936.

 

3.1. La situation de la Belgique au début des années trente

 

 

Identiquement aux autres pays de l’Europe, la Belgique, dans l’entre-deux-guerres[19] était touchée par une importante crise économique. Les indicateurs suivants montraient la désintégration économique : Entre 1923 et 1929, l’indice de production de la Belgique était passé de 100 à 140. Au cours du second semestre de l’année 1930, l’indice de production descendit à 108 par rapport à un indice 100 en 1929, puis il tombait à 67 en 1934. Après 1934, l’indice s’était légèrement redressé pour redescendre en 1938.

 

En 1934, le taux net de chômage atteignait 40%, c’est-à-dire ceux qui étaient inscrits à une caisse de chômage, seuls 60% ont pu garder leur travail, les restes devenaient sans emploi. Paradoxalement, les prix diminuaient donnant avantages à ceux qui ont pu garder leur emploi au détriment des chômeurs.

 

Par la même occasion, les prix des produits agricoles s’écroulaient au préjudice des exploitants agricoles  qui représentaient encore les 15% de la population active.  Quant aux mineurs, leur salaire nominal subissait une baisse de 35%. Cette baisse les a entraînés dans une grève violente au bout de laquelle une attaque du Palais de Charleroi était éminente et l’intervention défensive des gendarmes était nécessaire.

 

Le gouvernement s’était proposé de pratiquer une politique « déflatoire » puis après, une politique inverse dont la dévaluation de la monnaie, l’intervention de l’Etat, et les travaux publics. Le plan de travail proposé par Henri De Man[20] était lancé mais n’était exécutée que partiellement à cause d’une grève générale. Cette grève obtenait des avantages tels qu’il a été obtenu en France, entre autres la liberté syndicale, le salaire minimum, les congés payés, des allocations familiales significatives, et pour certains secteurs la limitation à 40 heures de travail par semaine.

 

Les grandes entreprises wallonnes et bruxelloises n’investissaient plus dans de nouveaux secteurs comme la construction métallique, mais il fallait reconnaître plus tard  l’impact négatif de cette abstention[21]. En contre partie, le secteur financier flamand se réorganisa.

 

Ayant constaté de l’échec dans le cadre démocratique, Henri De Man changea progressivement vers des conceptions autoritaires. A cet effet, les communistes sortaient de leur marginalité. Puis les nationalistes flamands du VNV[22] dont le parti est composé des éléments autoritaires et fascistes en tirait avantages en gagnant aux élections jusqu’à la guerre. L’on avait constaté la faillite des banques gérées par les communautés chrétiennes (Algemene Bankverrniging) puis la Banque du travail d’Anseele. L’on avait vécu les cumuls de mandats des parlementaires.

Léon Degrelle[23],  de ce fait, a obtenu un succès significatif électoral à Bruxelles avec 18,5% des voix, à Wallonie avec 15,16% des voix et à Flandre 7,01% qui s’avérait moins important mais malgré tout impressionnant.

 

En 1937, Léon Degrelle incitait tous les députés rexistes bruxellois à démissionner pour provoquer une élection partielle. Mais il devait affronter le Premier Ministre Paul Van Zeeland qui lui a provoqué une défaite. Par ailleurs, il était condamné par le Cardinal Van Roey et en outre le Premier Ministre était soutenu par tous les partis traditionnels.

 

Au cours de la même année, le Parti Catholique avait créé deux parties distinctes dont  le Parti Catholique Social et le  Katholieke Vlaamsche Volkspartij. Et en 1938, un Congrès socialiste Wallon et un Congrès communiste Wallon étaient mis sur pied. On constatait de l’instabilité ministérielle, et parallèlement on observait des évolutions vers l’autonomie de la Wallonie et de la Flandre. On assistait l’installation de deux conseils culturels dont un français et un autre néerlandais avec voie consultative.

 

De son côté, Hitler réinvestissait militairement la Rhénanie. C’était un acte qui violait les traités de Versailles et de Locarno. Le gouvernement belge faisait appel à une assistance militaire française mais la France refusait d’engager une action militaire sous l’influence de la Grande Bretagne. Le Royaume Uni et la France conjointement avec la Belgique confirmaient leurs obligations d’assistance mutuelle en date du 19 Mars 1936, et le trio appelaient  l’Allemagne et l’Italie à renégocier un nouveau traité.

 

Afin d’éviter d’être confondus dans une guerre qu’ils ne voulaient non plus subir, Le Roi et le Gouvernement belge redéfinissaient leur politique étrangère en négociant avec la France et l’Angleterre  la reconnaissance du droit de la Belgique de ne pas participer et revendiquaient le réarmement du pays de façon à décourager les agresseurs potentiels. Mais les pacifistes s’opposaient à cette politique, plus particulièrement les socialistes et quelques personnalités wallonnes comme Georges Truffaut, François Bovesse, l’Abbé Mahieu.

 

Mais de son côté, Paul-Henri Spaak[24] défendait cette politique qui était menée sous la pression de la Flandre. L’Angleterre et la France ratifiaient cette politique lors de la déclaration du 24 Avril 1937 et enregistrée par la Société des Nations lui donnant la force de traité. La France et l’Angleterre réaffirmaient leur engagement d’assistance à l’endroit de la Belgique en cas d’attaque.

 

L’armée belge était divisée en 2 régiments dont régiments wallon et régiment flamand instaurés par les lois de 1938 qui étaient votées par la majorité flamande au parlement. En effet, deux types d’unités ont été nettement distingués en Belgique. Malgré le regroupement des gens très radicaux par les Congrès de « concentration wallonne » de l’Abbé Mahieu, leurs discours exprimaient le malaise wallon avant 1940 tel que Sœur Michèle Libon l’expliquait dans ses mémoires[25].

 

En 1940, on a connu l’exode massif de populations civiles inquiétées. Le régiment wallon de 1940 s’est battu durement face au retour de l’armée allemande envahissant le pays, notamment à la Bataille de la Lys[26].

 

 

3.2.  Le choix défensif

 

Les crashs boursiers de 1929 qui s’ensuivent à la reconstruction et à la fièvre financière, n’avaient pas épargné  la Wallonie  comme ils n’ont pas épargné toute la Belgique.  La Wallonie avait donc subit de plein fouet les politiques de déflation des gouvernements qui se sont succédés dès l’année 1930  en suivant les rythmes et les contextes économiques à l’échelon international.  Il y allait sans dire la diminution des dépenses publiques, la hausse des taux d’intérêt, la baisse du niveau des prix, l’accroissement de la fiscalité, le ralentissement des investissements, la détérioration de la balance commerciale, les pouvoirs spéciaux qui, tous, provoquaient la misère, les détresses économiques et les explosions sociales surtout dans les zones industrielles.

 

Du côté de la Flandre, la crise ne bouleversait pas le processus industriel. Les effets de la crise mondiale se concentraient en Wallonie étant accentué par la crise de surproduction de charbon, par le phénomène de dépopulation et par le déplacement des activités économiques vers le Nord.

 

D’abord, on assistait à l’inertie  de l’emploi dans l’industrie à la suite des effets d’importante  régularisation du secteur sidérurgique à partir de 1930, et notamment cette difficulté régionale wallonne ne passait pas inaperçue aux yeux des observateurs et des médias annonçant  que des grèves se préparaient en Belgique. Selon eux, les grèves étaient motivées par le séparatisme pris comme seul issu décisif sur le conflit économique, le conflit social, le conflit de race, la concurrence du nord et du sud, et le conflit linguistique.

 

Par ailleurs, depuis les années 1920, il a été constaté  le processus de centralisation dans le réseau bancaire.  La stratégie régionale avait structurellement écarté la Wallonie. La nouvelle bourgeoisie flamande  s’imposait à travers le développement de trois groupes financiers dont la société Générale, la Banque de Bruxelles et l’Algemene Bank Vereniging. Cette stratégie est à l’origine de l’outil bancaire flamand à partir de 1935 dénommé Kredietbank.

 

Ces évolutions n’ont pas échappé aux experts de la concentration et aux activistes wallons d’où la priorisation des affaires économiques lors de la 5ème Congrès de la Concentration en décembre 1934. On a parlé notamment du pillage de la Wallonie, de la migration des industries vers la région flamande  et le ralentissement des  échanges franco-belges, et divers problèmes économiques et sociaux. Il a été revendiqué par le congrès la liaison directe routière entre, Namur, Charleroi, Liège et Mons.

 

La Commission d’Orientation Industrielle, mise en place sous le patronage du Ministères des Affaires Economiques a rédigé son rapport en date du 26 décembre 1937 en la personne de l’économiste Max Drachsel. Ce rapport a véhiculé l’existence de nombreux atouts économiques que Wallonie a pu conserver malgré la crise mondiale qui sévissait. En sept points, le rapport avait rappelé les répliques à la régression des industries de la Wallonie :

 

  • Après la crise, la Wallonie a récupéré son potentiel de production dans la plupart de secteurs industriels ;
  • La main d’œuvre intellectuelle de la Wallonie constitue un facteur positif en terme de durée et d’avenir de la région wallonne ;
  • Les activités économiques de la Flandre sont complémentaires à celles de la Wallonie au lieu de se mettre à la place de concurrentes ;
  • Un déplacement des industries de la Wallonie vers le Nord est hypothétique ;
  • Le développement de l’industrie flamande ne crée pas de rivalité économique entre les deux régions ;
  • Le chômage résiduel constitue un problème urgent ; et
  • Une justice distributive est indispensable à la sauvegarde des conditions d’exploitation industrielle de la Wallonie, en quelques sortes une adaptation des entreprises wallonne à de nouvelles fabrications et de nouvelles méthodes de production.

 

Dans les perspectives économiques et industrielles, l’économiste  Max Drechsel, représentant la COI prônait la spécialisation de l’industrie par le développent de la recherche appliquée d’une part et préconisait la réaffectation des capitaux de l’industrie lourde vers l’industrie d’avenir, entre autres : aciers spéciaux, terres plastiques, appareils scientifiques, céramique, d’autre part. Un Conseil Economique Wallon a été sollicité à l’exemple de Vlaamsch economisch Verbond.

 

En 1938, les socialistes wallons ont tenu leur deuxième congrès, et l’économiste Max Drechsel  de confirmer le caractère plutôt accidentel du déplacement des industries de la Wallonie vers la région flamande. Cependant, il s’exprimait que la Wallonie ne retrouverait et ne maintiendrait sa place dans le monde qu’en produisant des articles que les autres nations n’arriveront pas à faire mieux que les wallons.

 

En avril 1938, la Fédération des Associations commerciales et industrielles de Liège avait proposé la poursuite de l’idée de mise en place du Conseil  Economique Wallon. La Fédération s’adressait aux Chambres de Commerce de Wallonie pour les inciter à mettre en place un organisme de coordination ayant la qualité et l’autorité pour parler au nom des intérêts généraux et prioritairement  au nom des intérêts de la Wallonie.

 

En 1939, Maurice Firket revenait sur cette crise organique interne de la Belgique, autrement dit cette concentration bancaire qu’il classait comme une emprise de la haute finance sur toute la grande industrie. Maurice Firket était un professeur aux Hautes Etudes Commerciales et Consulaires de Liège. De cette crise organique, il relevait quatre conséquences :

 

  • Quand la direction des grandes entreprises était passée aux mains d’organismes centraux de Bruxelles, ce n’étaient plus des industriels mais des financiers qui prenaient les décisions fermant certaines usines ou les transportant de Wallonie en Flandre. Ils manœuvraient les éléments industriels belges.
  • Les industries survenues de cette concentration avec un grand volume de production ne disposaient pas de débouchés et périssaient vis-à-vis d’un marché intérieur réduit, mais le pire c’était que ces industries détruisaient bon nombre d’industries semi-artisanales capables de soutenir une demande à l’exportation.
  • La localisation de la haute banque à Bruxelles attirait les administrateurs et les sièges sociaux des sociétés wallonnes dans la capitale belge laissant juste en Wallonie des services techniques qui étaient incompétents de prendre les décisions stratégiques provoquant ainsi le manque d’initiative et le découragement
  • La concentration bancaire provoquait la concentration de la décision économique où la banque de Bruxelles et celle de la Société Générale contrôlaient et dirigeaient presque toutes les industries : verreries, charbonnages, métallurgies, etc.

 

En outre, selon toujours Maurice Firket, le danger  spécialement dramatique concernant Wallonie était la dénationalisation des chefs d’industries qui étaient des ingénieurs formés en Wallonie, résidant en Wallonie, vivant en Wallonie. Ils étaient convertis en des financiers bruxellois et ne sentaient plus le sentiment wallon dont ils n’accordaient plus le moindre intérêt. Il paraissait que leur patriotisme s’arrêtait à la limite du portefeuille.

 

En guise d’ébauches de solutions temporaires, Maurice Firket évoquait la mise en place du Conseil économique wallon analogue à Vlaamsch economisch Verbond, et ce, pour susciter le sens de la communauté wallonne des industriels afin de protéger l’économie régionale wallonne. Et en guise de solutions durables, le professeur de voir dans le fédéralisme qu’il aurait été possible de ramener les sièges sociaux des établissements industriels en Wallonie à l’appui d’une législation adéquate puis de créer des centres de recherches wallons afin de développer de nouvelles industries ayant des spécialisations justifiant l’exportation des produits, et ce, dans une entente économique favorable avec la France.

 

Le plan Francqui et le plan Heineman en 1931-32

 

Les hauts responsables belges en 1931-1932 imaginaient des solutions ayant un caractère global. Ces solutions intégraient les aspects financiers et économiques en une synthèse élaborée entre l’été 1931 et la conférence de Lausanne. Les aspects financiers concernaient les créances publiques à caractère politique, les créances privées, le problème des liquidités internationales. Quant aux aspects économiques, c’était plutôt la reprise de l’activité économique au moyen de celle des échanges.

 

Inclus dans le choix décisif de la Belgique, Le plan Francqui[27] était destiné à apporter une solution généralisée à la crise financière mondiale. Cette tentative avait une certaine relation avec la tentative identifiée par Bariéty et Bloch qui étaient issus des milieux industriels, une tentative de réconciliation franco-allemande. En fait, l’histoire de Heineman corrélée avec la biographie nationale belge et les archives belges permettaient de faire   le lien entre les deux tentatives parallèles de même milieu d’origine.

 

Le plan Francqui comportait la première version élaborée en 1931. Au début, il s’agissait de la constitution d’un Institut international de crédit à moyen terme. Ce crédit à moyen terme réescompterait, au moyen d’émission d’obligation, les avances à moyen et à long terme accordées aux entreprises ou collectivités publiques, et ce, auprès de établissements concernés.

 

Cet institut de crédit aurait évité de poursuivre des emprunts à court terme des banques d’Europe centrale auprès des institutions d’Europe de l’Ouest ou des institutions américaines et aurait évité des immobilisations  dans des entreprises ou dépenses publiques  non rentables. En effet, il s’agissait de déterminer une affectation judicieuse des capitaux disponibles et de relancer les économies ainsi que le commerce international, mais aussi il s’agissait d’éviter  le risque d’une immobilisation des banques étrangères en Europe  centrale.

 

Organisation de la défense du territoire belge

 

L’accord militaire franco-belge au mois de septembre 1920 a fait évoluer la situation et ainsi la politique militaire en avait subi de rebondissement. L’Assemblée Wallonne malgré son  vote pour un accord défensif franco-belge ne pouvait que d’accepter et de se réjouir de l’accord de 1920. Cet accord était plutôt une convention technique entre états-majors sans aucune obligation juridique. Cet accord prévoyait des plans communs portant sur des forces et des défenses suffisantes. Les hommes politiques et une partie du public de la Flandre ne s’arrêtaient pas tant qu’on n’annulait pas cet accord, alors que les mouvements wallons réclamaient  une collaboration étroite avec la France.

 

En 1923, la participation des troupes belges à l’occupation de la Ruhr incitait des réactions composites, quant au traité de Locarno de 1925 amorçait une période de détente et une révision de la politique de défense. Comme indicateurs de révision, on notait la réduction du service militaire à 10 mois, puis le nombre de divisions à 12 au lieu de 18.

Le Général Galet, successeur du Général Maglinse Chef de l’Etat Major Général, proposait à la commission mixte, mise sur pied en 1928, une organisation défensive destinée à bloquer une éventuelle attaque allemande à la frontière.  Les wallons étaient satisfaits de cet état de choses mais les flamands voulaient modifier cette situation et s’élevaient catégoriquement  contre cette politique. A titre d’illustration de cette attitude : en 1928, le catholique De Bruyne réclamait une protection contre le Sud, le socialiste Eeckelers refusait de voir dans l’Allemagne un danger, tandis que le nationaliste De Backer déclarait que la « Flandre ne voulait plus saigner à côté des Sénégalais » en exprimant ainsi la politique du « los van Frankrijk » que les Flamands voulaient dans leur majorité.

 

 

Une nouvelle orientation se construisait alors sur le plan militaire que le Général Galet proposait une défense étendue en profondeur. Le ministre de la défense créait en 1931 deux nouvelles commissions à sa dévotion pour faire triompher le point de vue du Général. Le Conseil supérieur de la Défense n’était pas en harmonie avec la nouvelle orientation. Cet abandon de la défense à la frontière n’était pas très apprécié et provoquait de vives réactions. Les wallons surtout affirmaient que la Wallonie était laissée sans défense et l’accord militaire franco-belge risquait d’être compromis.

 

Le 21 Avril 1931, le Conseil Supérieur de la Défense se réunissait et décidait de mettre en place un système de positions défensives utilisant le Fort d’Eben-Emael. Un mois plus tard, on procédait au vote des crédits militaires. Le premier ministre Jaspar déclarait que le gouvernement acceptait la réduction des crédits militaires à la suite d’un amendement d’un député flamand. Le ministre wallon Bovesse démissionnait et cet acte entraînait la chute de tout le gouvernement.

 

Le roi Albert constatait, selon ses confidences  à son conseiller militaire le Général Van Overstraeten, que deux camps s’affrontaient en effet sur le terrain de la défense nationale : «pour l’un, tout repose désormais sur l’aide de la France; l’autre veut le retour au neutralisme »[28].

 

De nouveau, on retrouvait De Broqueville comme premier ministre, à la suite du cabinet provisoire de Renkin. Dévèze était nommé au poste de ministre belge de la défense. Le Général Galet démissionnait et remplacé par le Général Nuyten. Des divergences de vues surgissaient entre le nouveau ministre de défense et le nouveau chef d’état major. Entre-temps, une ligue wallonne pour la défense de la frontière de l’Est  s’était érigée sous l’impulsion du Verviétois Wisimus. Une intense propagande avait été entreprise par la ligue. Le ministre de la défense nationale s’y intéressait et faisait entreprendre les études nécessaires. Cette prise de position du ministre n’était pas appréciée par l’entourage du roi et non plus par le chef d’état major.

 

En octobre, un plan sur la défense de l’Est était adopté en conseil des ministres. Le plan prévoyait  deux lignes de défense avancée et ainsi deux places fortes constitueront  l’essentiel du dispositif défensif (Liège et Namur). Le Chef EMG prévoyait également  une défense de l’Escaut jusqu’à Gand. Le plan du ministre de la défense Dévèze ne subsistait guère après la mort du Roi Albert  au début de 1934. Mais en Octobre, le ministre démettait le chef d’état major, le Général flamand Nuyeten de sa place.

 

 

Le 30 Octobre 1934, le roi Léopold III fils d’Albert I parlait de la « défense à partir de la frontière » tandis que le ministre Dévèze parlait de défense « à la frontière ». Ces deux conceptions stratégiques correspondaient à deux attitudes de politique extérieure.

 

En mars 1936, l’opinion qui prévalait en Flandre paraissait dans l’hebdomadaire catholique « nous ne nous laissons pas berner par ces théories enfantines de la défense à la frontière jusqu’au dernier homme » et « l’armée sera flamande ou le ne sera pas ». Le ministre Dévèze cédait et se ralliait à la nouvelle orientation politique laquelle rejoignait le sentiment général flamand et qui n’avait jamais accepté cette défense de l’Est wallon. En effet, l’année 1936 marquait Un tournant dans la politique militaire belge.

 

Le 14 Octobre de la même année, Léopold III exposait au conseil des ministres sa vision en matière de politique étrangère et de défense : « entretenir un appareil militaire de taille à dissuader un quelconque de nos voisins d’emprunter notre territoire pour attaquer un autre Etat » et il concluait à la nécessité de modifier le statut militaire actuel. C’était la neutralité que l’on allait développer dans la section suivante.

 

 

3.3. La neutralité et ses conséquences après 1936

 

Après 1936 jusqu’à 1939, les positions de la Belgique sur le plan politique était  (i) Neutralité imposée, permanente et garantie par la Grande Bretagne, l’Allemagne, l’Autriche, la Russie et par la France sur la base du Traité de Londres en 1839 et le Traité de Versailles en 1919 ; (ii) Pleine souveraineté selon l’article 31 du traité de Versailles de 1919 à 1936 dont premièrement l’accord militaire franco-belge défensif du 17 septembre 1920 et deuxièmement le pacte rhénan basé sur le fondement de la garantie régionale de 1925. ; (iii) Politique d’indépendance face au danger croissant d’un conflit international. Au mois d’octobre 1936, Léopold III pendant le Conseil des Ministres belges recommandait au gouvernement d’adopter une politique d’indépendance dont l’esprit ne signifiait pas retour à la neutralité mais signifiait plutôt une ligne de conduite pour éviter une éventuelle entrée en guerre.  Cette ligne d’idée du Roi Léopold III était approuvée par le gouvernement. Par la suite, les ministres assumaient la responsabilité des suggestions et réflexions royales.  La politique était ainsi qualifiée « politique royale » et appliquée par Spaak P.H ministre belge des affaires étrangères en terme de ligne de conduite officielle de la Belgique dans le domaine de la politique étrangère du pays.

Malgré cela, le public belge n’appréciait pas trop cette politique nouvelle et imposée par le Roi. L’on pensait que cette politique n’allait pas changer à la position internationale de la Belgique et fut mal accueillie par l’internationale dont la presse l’interprétait comme une désolidarisation de la Belgique de la France et de la Grande Bretagne. Cependant, l’idée maîtresse de la politique était d’écarter la Belgique à d’éventuelle guerre.

En ce qui concerne la politique intérieur du pays Belgique, le Roi était reproché d’avoir voulu créer un Etat fort et accaparer à lui seul le pouvoir exécutif. Le Roi avait rappelé mainte fois certains principes de base à ses ministres où il exprimait comme navrant pour le régime démocratique l’influence de l’esprit premier de la constitution sans cesse grandissante chez les partis politiques. En 1938, Spaak P.H formait son premier gouvernement avec trois ministres extra-parlementaires selon toujours les directives du Roi qui voulait accroître la participation d’extra-parlementaires à la gestion de l’Etat pour dépolitiser les affaires publiques.  En, outre, le Roi insistait auprès des membres du gouvernement qu’ils devaient garder le secret de leurs délibérations et de leur charge, qu’ils devaient placer le service de l’Etat au dessus de toute chose, puis le Roi voulait être averti des délibérations avant la publication. Les indiscrétions n’étaient pas admissibles selon toujours le Roi pour couvrir le rôle constitutionnel du chef d’Etat.

 

En ce qui concerne le rôle des partis politiques, les ministres nommés ne devaient plus se considérer comme représentants des partis mais comme représentants du pouvoir exécutif. Ces remarques du Roi engendraient certaines rancunes chez certains ministres qui n’acceptaient pas le fondement stratégique.

A partir du septembre 1939, la politique de neutralité de la Belgique a été qualifiée comme politique personnelle du Roi. Cette politique de neutralité, cependant, n’empêchait pas la Belgique d’établir des traités défensifs avec les alliés. A titre d’exemple, sur le plan militaire, la Belgique appliquait son attention à renforcer son armée et à la déployer de manière égale le long de ses frontières.

Par cette neutralité, la Belgique s’affirmait jouer le rôle de médiatrice et d’effectuer  en toute sécurité la mobilisation. Un télégramme y afférent a été adressé au mois de novembre 1939 par le roi Léopold et la Reine Wilhelmine aux Chefs d’Etats de la Grande Bretagne, de l’Allemagne et de la France[29].

 

L’histoire de la Belgique est ébauchée de sacrifices ouvrant la porte aux pires détournements. Certes, comme en 1830 parfois sous la contrainte d’intervention militaire des fameux alliés anglo-russo-prusso-autrichiens qui délivraient de ce que l’historiographie officielle appelle « l’occupation française » regrettée par les ancêtres belges.

Mais dans la plupart des cas, c’est allant au devant des désirs  de certains jusqu’au-boutismes que çà s’est passé.  A juste titre, l’attitude du gouvernement belge dans l’entre deux guerres est marqué par le comportement du ministre belge des affaires étrangères  Paul Henri Spaak, il n’était pas encore nommé premier ministre et qu’il était l’un des grands défenseurs de la neutralité belge et donc un organisateur de l’alliance militaire franco-belge en 1920. En 1936, la rupture du traité d’assistance militaire franco-belge était dans l’actif de PH Spaak, alors même que l’Allemagne avait repris l’occupation de Rhénanie en violation du Traité de Versailles.

En 1936, l’abrogation du traité franco-belge eut pour conséquence l’enlèvement des garnisons qui protégeaient dans le temps la Belgique contre les attaques allemandes. De même, la fortification de la frontière belgo-allemande était retirée et les interventions militaires étaient réorientées sur la frontière franco-belge. Cet égarement politique contribuait en partie à l’amollissement belge lorsque l’Allemagne envahissait la Belgique en Mai 1940.  Cette abrogation de l’accord franco-belge par PH Spaak empêchait l’armée française de protéger comme il fallait Dunkerque. Cet égarement politique était cher payé, en l’occurrence une occupation totale du territoire belge pendant plus de quatre ans par l’Allemagne et en sus la mort de milliers de militaires français dépêchés pour secourir la Belgique. La neutralité « à la belge » menait donc à l’oppression du nazisme.

En effet, l’une des conséquences de la neutralité belge était d’abroger catégoriquement  tout contact officiel entre les états-majors militaires français et les états-majors belges. Alors qu’effectivement, à partir du 28 Mars 1939, le Général Laurent,  un attaché militaire  français rattaché à Bruxelles commença des relations  secrètes avec le général belge Van Overstraeten qui était le conseiller particulier du Roi pour les questions militaires. De précieux renseignements sur les plans militaires belges ont été transmis, par conséquent, au Ministère Français de la Défense à Paris par le canal du « deuxième bureau » du service de renseignement français.

 

Du côté, du Roi qui était convaincu de la nécessité de terminer le réarmement et connaissant l’attentisme des franco-anglais sur le front, il réitérait que c’était nécessaire pour la Belgique d’éviter toute provocation vis-à-vis de l’Allemagne. Par ailleurs, il convint une concertation renforcée de cette neutralité avec le général en chef français Maurice Gamelin. Il reconnaissait  que l’armée belge n’était pas encore fin prête à résister à une éventuelle attaque allemande.

 

En janvier 1940, le général Belge Van Overstraeten prévenait les français que l’attaque des allemands était prévue en Ardenne selon les documents saisis par les Belges lors d’un atterrissage forcé d’un avion allemand en Belgique. Sur la base des renseignements de l’attaché militaire à Berlin en recoupement avec des sources provenant des espions alliés en Allemagne, le Roi Léopold III lui-même avertissait le général Maurice Gamelin que le plan allemand préparait une attaque par l’Ardenne entre le 8 et 10 Mai 1940 ayant comme but principal Sedan. Selon le Maréchal Pétain de l’état major français et non moins Président du Conseil de la Guerre de France, Ardenne était impénétrable pour une armée moderne, et les avertissements  émanant du Roi de la Belgique restaient réplique.

 

Le 28 Mai 1940, le premier ministre français Paul Reynaud, par voie radiophonique accusait le roi Léopold III d’avoir trahi la cause alliée[30]. La décision du Roi de se faire prisonnier était contre l’avis du gouvernement et blâmée plus tard par une partie des parlementaires belges repliée en France. Etaient présents143/369 et condamnaient la décision du Roi sans que la majorité simple n’était pas atteinte à cause de l’impossibilité de convoquer tous les parlementaires. Le roi avait communiqué aux ministres qu’en sa qualité de commandant en chef de l’armée, il n’avait pas de compte à rendre aux autorités civiles pour décider une abdication dont, en temps de guerre, la loi martiale donne au roi tous pouvoirs militaires.

 

D’autre part, d’un point de vue politique, il s’agissait selon ses déclarations et celles de ses partisans, d’utiliser sa présence en Belgique pour dresser, face à l’Allemagne, en personnifiant à lui tout seul la légitimité belge comme obstacle à la division de la Belgique que les allemands avaient déjà entreprise en 1914-18. Le Roi Léopold III voulait en tout cas respecter son serment constitutionnel de défendre l’intégrité de la Belgique par sa seule présence face à l’ennemie, sans aucune collaboration. La conception paraissait porter des résultats positifs au début car l’Allemagne était obligée de gérer le territoire belge en installant un gouverneur militaire sans intention de le diviser.

 

L’accusation du Roi Belge de trahison faite par le premier ministre français Paul Reynaud [31]par voie radiophonique témoignait, pour le moins de son ignorance des faits. Car Le Roi Léopold III avait prévenu le Roi d’Angleterre lui-même par une lettre du 25 Mai de l’effondrement de l’armée belge et du côté des français, Le Colonel Thierry Chef du central de téléphonie par radio de l’armée française, avait témoigné au Colonel Remy qu’il avait intercepté le 26 Mai les messages du Roi au Général Blanchard prévenant ce dernier qu’il aurait été nécessaire de capituler dans les deux jours.

 

Paul Reynaud n’était donc pas au courant des avancés de la situation en Belgique. Déjà le 16 Mai, pendant une réunion franco-anglaise, il déclarait son ignorance sur la situation militaire. Manifestement, le premier français ne recevait pas à temps les points de situation militaire d’autant plus qu’il apprenait de la bouche du général en chef Maurice Gamelin qu’on lui avait caché l’absence de réserves militaires françaises pour rattraper le vide laissé devant l’armée allemande par la percée de Sedan. Il ignorait que la situation franco-anglo-belge en devenait dramatique, étant tournée par le sud. Paul Reynaud en proie à une colère impuissante devant les événements faisait rayer le roi de l’ordre de la Légion d’honneur

 

Le gouvernement belge déclarait le roi « dans l’impossibilité de régner » et s’était réfugié en France dès le 10 Mai 1940. La constitution Belge prévoyait que lorsque le roi était dans une situation qui le mettait hors d’état d’exercer sa fonction, le gouvernement nantis de tous ses pouvoirs, devait déclarer comme telle.

 

En effet, au cours de l’année 1940, le roi restait en résidence surveillée au château de Laeken tandis que le gouvernement belge était en exil en Angleterre. Le 19 novembre, Hitler avait convoqué le roi Léopold III pour envisager ensemble l’avenir d’une Europe allemande annexée dans le « grand Reich germanique ». Le Roi dialoguait en vain de l’avenir de la population civile et de la libération des militaires prisonniers. La rencontre était stérile. Il n’y avait pas de décision prise. Au contraire de la France dans le temps, la Belgique était toujours en guerre car le roi ne signait pas l’armistice comme les français. Pourtant, il ne manquait pas de belges rêvant de le voir à la tête d’un régime plus autoritaire. Mais en Juin 1940, la décision d’Hitler de considérer le roi comme prisonnier de l’armée allemande l’interdisait de toute activité politique. Par ailleurs, cette décision était prise à la suite de la constatation du gouvernement belge, dépourvu de tous ses pouvoirs, de l’impossibilité pour le roi de régner.

 

L’unique façon pour Léopold III d’exercer le pouvoir légalement était de protéger son pouvoir constitutionnel. Il aurait dû signer l’armistice en qualité d’acte politique et non seulement militaire, et avec l’accord gouvernemental évidemment. Léopold III se limitait à une reddition militaire signé par un sous-chef d’état major adjoint et ainsi il avait exclu toute entente politique avec l’Allemagne nazie qui aurait pu paraître une connivence. Le résultat de l’attitude royale entraînait la Belgique comme un pays occupé sans gouvernement.

 

Le Roi qui n’exerçait plus un pouvoir légal savait qu’il ne pouvait plus défendre les belges contre les abus des allemands que par l’obstacle purement passif de sa présence surtout contre les intentions de séparer la Flandre et la Wallonie

Cet acte du roi ne faisait que retarder les intentions allemandes de détruire la Belgique. Les intentions  qui se réalisaient lorsqu’Hitler déportait le roi et rappelait le gouverneur von Falkenhausen qui était mis en prison à cause de ses comportements antihitlériens. La séparation de la Flandre  et de la Wallonie était effective. Les deux régions étaient placées sous l’autorité de traîtres belges intégrés dans SS.

 

Le choix du Roi Léopold le rendait célèbre au début de l’occupation allemande car la population belge troublée lui était reconnaissante d’être resté auprès d’elle et se servait comme bouclier contre les allemands. Une partie de la résistance  active belge appelée « léopoldiste » se réclamait également du roi.

 

Le roi semblait, durant toute la guerre, n’avoir des contacts avec le gouvernement en exil dont le premier ministre était Hubert Pierlot et le ministre des affaires étrangères Paul Henri Spaak. Ces derniers continuaient la lutte en Angleterre. Pourtant, des contacts ont eu lieu par l’intermédiaire des agents belges infiltrés depuis Londres. La dernière des tentatives se terminait par l’interception et la mise à mort du messager pendant qu’il tentait de rentrer en Angleterre. Il parvenait à rencontrer le roi mais on ne savait pas si ce contact aurait pu permettre une entente politique à cause de son exécution. Ce qui a été constaté à la place de l’entente était la méfiance du roi envers le monde politique, exprimée dans son « testament politique ».

 

Malgré l’absence de contact entre le roi et le gouvernement en exil, la Belgique se manifestait toujours dans la guerre avec les pilotes belges dans la bataille d’Angleterre. Aussi, trois escadrilles belges combattaient dans la Royal Air Force et dans la South Africa Air Force. La flotte marchande belge était mise à la disposition des alliés. Une unité militaire fut reconstituée en Grande Bretagne et allait combattre dans le nord de la côte française et en Belgique en 1944-45 pour les combats de la libération. Les troupes de la colonie remportaient les victoires en Abyssinie jusqu’à obliger les italiens à capituler à Saïo. Le Congo belge participait à la guerre par ses richesses minérales en fournissant de l’uranium et par ses richesses agricoles en fournissant des vivres.

 

Le roi, parallèlement, tentait d’exercer une influence politique en contactant l’ambassade de Belgique en Suisse et communiquant les « instructions de Berne ». Ces instructions de Berne recommandaient la neutralité du Congo puis le roi souhaitait que le corps diplomatique belge réparti dans le monde se montre poli avec les diplomates allemands. Ces interventions restaient sans effet, car la perte de tous ses pouvoirs ne permettait au roi de faire réaliser ses initiatives.

 

Au mois de Septembre 1941, Léopold III se remaria secrètement, et ce n’était qu’en décembre que l’événement était annoncé dans toutes les paroisses. Sa deuxième épouse était une jeune femme ordinaire appelée Lilian Baels lui refusant le titre de reine. Ce mariage avait été imposé par le Cardinal Van Roey qui était convaincu que les catholiques surtout un roi catholique ne devait pas vivre en concubinage et dans le péché. Mais cet acte est contraire aux lois belges sur trois points : (i) le roi s’était marié religieusement avant de se marier civilement ; (ii) tout mariage royal en Belgique doit avoir l’approbation du gouvernement ; et (iii) voulant faire plaisir au public en excluant les enfants à naitre de la succession au trône, le roi et son entourage anticipaient sur une décision normalement réservée au parlement. A titre de rappel, la mort de la Reine Astrid en 1935 n’écartait pas ses enfants de leurs droits à la succession. Mais les belges étaient défavorablement émus par l’annonce infernal des autorités allemandes que Adolf Hitler avait fait envoyer des fleurs et des mots de félicitations à l’occasion du deuxième mariage du Roi Léopold III qui paraissait crédibiliser l’opinion que la nouvelle épouse avait des sympathies pro-allemandes. Mais, dans la situation bouleversante où se trouvait la Belgique, la majorité des belges n’appréciaient pas ce remariage surtout qu’ils n ‘oubliaient pas la très populaire Reine Astrid.

 

Bon nombre de patriotes rejoignaient la résistance mais ils étaient arrêtés, torturés, déportés ou fusillés avec la presse clandestine, et bon nombre de simples citoyens voyaient leurs conditions de vie de plus en plus déstabilisées malgré le marché noir. Ce marché devenait indispensable de par la pénurie alimentaire successive  aux réquisitions opérées par les allemands au profit de l’armée et de la population allemande.

 

Dans cette situation de crise, la déclaration du roi à l’endroit de la population belge se trouvait réduite à rien tant que l’opinion de sentait impuissante et plongée dans la misère. En effet, à deux reprises, le roi Léopold III montrait son souci du sort de la population belge en protestant par lettre adressée à Hitler contre les déportations et la pénurie de charbon, par la même occasion, il demandait la libération des soldats prisonniers. En guise de réponse, le roi  lui-même était déporté à la suite des menaces qui lui étaient adressés.

 

Par voie de conséquence, la Belgique n’avait plus sur son territoire d’autorité légitime en droit d’exercer le moindre pouvoir au nom du gouvernement exilé et encore moins au nom du roi déporté. Le pays était intégralement soumis à l’Allemagne. Les fonctionnaires décideurs et toutes les administrations sans exception étaient soumis aux autorités d’occupation. La moindre opposition à ces autorités d’occupation entraînait la révocation sans traitement. Depuis 1942, de plus en plus de collaborateurs des nazis[32] étaient nommés par les allemands à des postes importants en remplacement des belges patriotes qui osaient affronter l’occupant. Des chefs d’entreprises qui travaillaient dans les industries et dans les banques étaient arrêtés. Une des raisons de l’hostilité allemande envers les chefs d’entreprise, notamment envers le gouverneur général de la Société générale de Belgique était la participation des sociétés du groupe au Congo Belge à l’effort de guerre des alliés sous l’égide du gouvernement en exil. En Belgique, les industries et les intrants réquisitionnés par les allemands n’étaient pas seulement ceux des grands groupes industriels mais aussi des petites et moyennes entreprises (PME) et des sociétés publiques comme la SNCB ou la société nationale des chemins de fer belges.

 

En sus de la pénurie  alimentaire qui sévissait à cause de la saisie des produits agricoles, les rafles d’otages et de juifs aggravaient la situation. La répression de la résistance entraînait tortures, emprisonnement et exécutions capitales. Depuis 1940, le Fort de Breendonck avait été transformé en camp de concentration. Belgique était écrasée par l’occupant allemand et le roi n’avait plus de pouvoir. Si çà existait, c’était seulement imaginaire.

 

Mais avec les années, les mouvements de résistance se développèrent. Des soldats aidés par des officiers qui ne se faisaient pas prisonniers avaient fondé depuis la fin de 1940 la légion belge qui était nommée plus tard Armée secrète. Cette armée secrète était reconnue comme unité militaire légale par le gouvernement belge en exil et par les gouvernements étrangers contre l’Allemand. D’autres mouvements apparaissaient selon les tendances politiques entre autres le Front de l’Indépendance, le Mouvement national Belge, le Mouvement national Royaliste. Ce mouvement royaliste entretenait  des contacts  secrets avec le roi dont ils affirmaient le soutien moral et qui les encourageait à combattre  dans la résistance. Des groupes autonomes s’organisèrent un peu partout en Belgique, dans les villes pour faire du renseignement et divers sauvetages à l’endroit des aviateurs alliés.

 

Après la fermeture de l’Université de Bruxelles prévue à devenir université allemande mais non réalisée, des ingénieurs de cet établissement d’enseignement supérieur fondèrent le « groupe G » promis à organiser des sabotages compliqués. La « grande panne » était le résultat de ces sabotages où l’on enregistrait la destruction simultanée des dizaines de pylônes et des stations/sous stations du réseau à haute tension qui servaient les industries belges réquisitionnées par les allemands ainsi des industries allemandes qui captaient l’électricité  belge.

 

Le général Tilkens qui était chef de la maison militaire du roi Léopold III, en liberté surveillée s’activait  à fournir des armes aux groupements de résistance avec l’accord du roi qui utilisait par la même occasion ses services par lesquels était donnée la nomination du colonel Bastin pour être à la tête des « Forces Intérieures ». C’est le principal mouvement de résistance armée[33].

 

Le 7 Mai 1945, le roi Léopold III et sa famille était libérés par l’armée américaine à Strobl en Autriche où ils étaient déplacés par les nazis. Des rencontres  avec le gouvernement belge rentré d’exil ne permettaient pas de régulariser à l’amiable la contestation découverte en date du 28 Mai 1940, aucune des deux parties ne voulaient faire de concessions.

 

Léopold III et sa famille restaient en Suisse en attendant une solution adéquate, et la Belgique entamait la reconstruction sous le règne du frère du Roi, le régent Charles. Mais celui-ci n’était pas accepté entièrement pas la population pour être roi malgré ses projets qu’il ne voulait pas étaler publiquement pour ne pas bafouer son frère aîné.

 

Une partie du personnel politique et de la population belge s’était opposée à son retour sur le trône. Le débat se reposait sur la question de savoir si le roi devait ou non quitter la Belgique en 1940 pour continuer la lutte plutôt que de se constituer prisonnier.  Les wallons paraissaient majoritairement moins favorables au roi. Ils demandaient pour le moins des excuses pour que l’on considère comme son inquiétude ce que ne pouvait accepter le roi Léopold III qui estimait les privilèges de la royauté. Par contre, les flamands étaient majoritairement favorables au retour du roi sans que l’on puisse estimer avec précision où se situait l’opinion publique belge.

 

De son caractère aristocrate, Léopold III était clair dans son testament politique  qu’il a confié à des personnes sûres au moment de sa déportation en Allemagne. Le testament était destiné à être publié en cas de libération de la Belgique. Mais le document était gardé secret quelques temps par le gouvernement Pierlot à son retour à Bruxelles. Dès sa publication à la connaissance belge, une contestation s’aggravait au sein de l’opinion.

 

La controverse était centrée principalement sur les traités économiques avec les Etats-Unis concernant la livraison de l’uranium congolais pour la construction des bombes atomiques. Pourtant la participation militaire de la Belgique en Afrique et en Europe ainsi que les livraisons économiques avaient fourni une somme financière qui constituait la cause principale du retour rapide de la Belgique à la prospérité. En effet, grâce à la politique du gouvernement en exil, la Belgique était parmi les pays vaincus en 1940 qui marquait un cas exceptionnel. Aucun pays, ni les Pays- Bas, ni le Danemark, ni la Norvège ne mettaient au service des alliés des ressources humaines, des matériels et des matières premières comparables à ceux que la Belgique libre investissait dans la lutte contre les forces de l’Axe. On a comptait plus de 100.000 personnes qui travaillaient et combattaient en Angleterre et en Afrique y copris les auxiliaires, le marins, les pilotes, les forces terrestres.

 

En 1946, une commission d’enquête affranchissait  le roi Léopold de toute accusation de trahison, au vu de son abnégation à un armistice qui était un acte politique ayant ouvert les voies pour la constitution d’un gouvernement collaborateur pendant l’occupation. Toutefois, la controverse sur la loyauté continuait.  Le referendum de 1950 autorisait le roi à rentrer en Belgique avec 57% des voies. Cependant, le scrutin dévoilait un pays coupé en deux où en majorité les Wallons et certains noyaux industriels avaient voté contre son retour. A l’opposé, une forte majorité des Flamands et des habitants rustiques wallons approuvaient son retour ce qui fit taxer le souverain de « roi des flamands » par certains opposants[34].

 

A peine le roi rentré le 22 juillet 1950, des troubles s’étaient manifestés, surtout dans les provinces de la Wallonie. La grève générale bloquait une grande partie du pays. Le parti communiste se montrait essentiellement actif dans l’action antimonarchique. Plusieurs dizaines de sabotages à explosif se manifestaient en Wallonie. Le 31 juillet 1950, le Roi Léopold III acceptait de confier la gestion du royaume, à la suite d’une entrevue dramatique avec des anciens  déportés politiques, à son fils aîné le Prince Baudouin.

 

Le Roi Léopold III influençait le règne de son fils jusqu’au mariage de celui-ci. En 1959, le gouvernement belge demandait au roi de cesser de vivre sous le même toit que le prince Baudouin. Ainsi, Léopold III se retirait au château d’Argenteuil à proximité de Bruxelles, dans la forêt de soignes.

 

Après sa démission au trône, le roi Léopold III se consacrait à des travaux de recherches scientifiques et à des voyages d’exploration en Afrique, en Amérique Centrale. Par la même occasion, il a créé en 1972 le « Fonds Roi Léopold III pour l’exploration et la conservation de la nature ».

Il est inhumé, comme tous les rois et reines de Belgique, à l’église de la Crypte Royale de Notre-Dame de Laeken à Bruxelles aux côtés de ses deux épouses.

 

 

 

 

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La politique de la Belgique, après 1936 jusqu’à 1939, faisait en sorte que ses positions sur le plan politique était  la neutralité imposée, permanente et garantie par les alliés sur la base du Traité de Londres en 1839 et le Traité de Versailles en 1919  et la pleine souveraineté selon l’article 31 du traité de Versailles et enfin la politique d’indépendance face au danger croissant d’un conflit international.

 

L’histoire politique et économique du pays s’attachait notamment, à partir de 1936 jusqu’à sa démission en 1950 à la monarchie dirigée par Léopold III et à la domination allemande. Entre ces deux tendances, les alliés et le gouvernement belge en exil  ne cessaient de travailler ouvertement ou discrètement avec le roi qui était déporté en Allemagne par Hitler en 1942. Le problème belge continuait pendant plus de quatorze ans, et même au-delà car le Roi influençait le règne de  Boudouain Ier de la Belgique, son fils aîné jusqu’à ce celui s’est marié,  malgré sa démission au trône.

 

Léopold III le Roi n’était pas une mauvaise personne en soi, mais étant donné sa personnalité et sa défense de souveraineté, il insistait sur la neutralité de la Belgique dont la population en payait les frais. Cependant, le bon côté de son règne faisait que la Belgique revenait plus rapidement à la prospérité économique par rapport aux autres pays occupés durant les guerres.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

CONCLUSION

 

 

Pendant la période d’entre deux guerres, le milieu des années trente est pointé comme la période de dégradation du rapport des forces. Cette manifestation éclairait la défaite foudroyante de 1940 et cette période a été un peu étudiée dans sa dimension internationale. Cette période impliquait tant de facteurs opposés ou mêlés, des sources profusément dispersées, une aire géographique très étendue.

Quand De Gaulle se trouvait face à une guerre imminente, il se souvenait du dicton « Qui veut la paix, prépare la guerre » qui était le vieil adage mis à jour pour parler d’une arme puissante et efficiente  afin de ramener les agresseurs potentiels à la raison par la seule menace de s’en servir. De Gaulle était conscient de la sagesse de cet adage et s’était instruit des leçons tirées de l’histoire d’où il avait formulé des conclusions véhiculées dans son livre intitulé « Trois Etudes ». Les études qui constituaient le volume étaient publiées à des dates différentes mais la préoccupation qui les inspirait était  identique.  Par exemple, dans le Rôle Historique des Places Françaises (1925), la sécurité du pays était assurée par  le retardement de l’assaillant, et ce retard était  indispensable pour apprêter les ripostes entraînant les  suggestions de reformes dans « Comment faire une armée de métier (1935) ».

En termes de Bâtiments et Travaux Publics (BTP), les fortifications sont des ouvrages de défenses. Mais les œuvres de Vauban étaient à la fois des ouvrages de défenses  et des ouvrages de contre-attaques. Ces fortifications jouaient  les rôles des ouvrages d’embellissement de l’ environnement.  Vauban n’est qu’un nom de terre, une terre dans sa famille depuis au moins un siècle, une terre devenue un marquisat dont Sébastien Le Prestre (le fameux ingénieur des fortifications) était sollicité. Sébastien Le Prestre Vauban est vers 1633 à St Léger-de-Fouchertes. Issu de la petite noblesse, il s’engagait dans les troupes du Prince Condé à l’âge de 17 ans. Le 14 Janvier 1703, Sébastien le Prestre de Vauban a été élevé au grade de Maréchal de France, à l’âge de 70 ans. Il n’était plus en première ligne, il n’était plus auprès du Roi, il n’était plus au combat, mais cette distinction honorifique  vient dédier une carrière entière passée au service de la France et de son Roi. Anne Blanchard a estimé la distance parcourue par Vauban à travers toute la France aux environs de 180.000 km. Il avait attrapé une bronchite chronique et s’était éteint le 30 Mars 1707 à l’âge de 74 ans et enterré à Bazoches aux environs de Vézelay.  Le 28 Mai 1808, son cœur a été transporté aux « Invalides » à Paris où il reposait  jusqu’à maintenant parmi les plus grands maréchaux de France. Le rôle historique des fortifications n’était pas joué seulement par Vauban bien qu’il était  l’acteur principal. Il  a été commenté notamment le comportement du Roi Louis XIV et des courtisans qui avaient tendance à  se moquer de Vauban quand il concevait les fortifications.

Otto Von Bismarck de la Prusse peut être dénoncé  le premier responsable à l’origine de la guerre de 1870. Il a estimé que le Roi Prusse Guillaume I avait agit par faiblesse en annonçant qu’il ne soutenait plus la candidature du Prince Léopold de Hohenzollern-Sigmaringen au trône d’Espagne. Il avait donc changé le message du Roi Prusse. Il avait écrit et transmis au Roi  de la France un autre message. Cette dépêche d’Elms a été interprétée par la France comme une insulte et elle déclara la guerre à la Prusse le 19 Juillet 1870.

Mais Paris était obligé de capituler, et pour cause, l’armée française n’était pas encore prête pour la guerre. Cependant, la guerre de 6 mois a fait 120.000 morts dans  les rangs de l’armée prussienne. Ce chiffre représentait 14% des effectifs. Il a aussi été enregistré 128.000 blessés de guerre et 300.000 malades. Quant à la France, la guerre lui coûtait 139.000 morts au combat et aussi de maladie. On comptait 143.000 blessés et 320.000 malades. Pour la France, ces chiffrent incluaient  les civils touchés par les bombardements, la famine et les tragédies comme celles du camp de Conlie. La variole a aussi contaminé 125.000 français et a entraîné 23.500 morts.

La guerre de 1870 marquait la faiblesse de l’armée française non avertie et devant la préparation matérielle et stratégique des allemands. Les français avaient  affronté cette guerre sans avoir eu les conditions nécessaires car moins de 25% seulement ont eu la formation militaire parmi les hommes appelés à faire la guerre.

En ce qui concerne Verdun 1914 : Verdun devait à sa situation géographique d’avoir servi de camp retranché ou de forteresse. C’était à partir de Verdun qu’on commandait la vallée   de la Meuse. Les collines environnantes de toutes parts lui servaient de protection naturelle. Vauban lui donnait son enceinte bastionnée qui fut complétée, après 1871, par une ceinture de forts détachés à environ deux kilomètres, puis 20 kilomètres après par une deuxième ceinture de forts distants à raison de 6 km chacun.

La mobilisation générale a été ordonnée le 1èr Aout 1914 et dès le 3 Août l’Allemagne a déclaré la guerre à la France. Depuis le 7 Août 1914, les corps de la 3ème armée débarquaient et  s’installaient dans la vallée de Meuse. Et déjà le 08 Août, les allemands ont réunis presque 500.000 hommes derrières les Ardennes

 

En revenant à la guerre de Verdun, il est important de rappeler la voie sacrée qui allait de Bar-Le-Duc à Verdun. C’était Maurice Barrès qui avait donné ce nom après la guerre. La route est actuellement numérotée RD1916.  Elargie à 7 mètres, cette route permettait le passage de 3 voitures de front que l’on a pu organiser une chaîne sans fin de camions montants et descendants et permettant aussi le mouvement des véhicules plus rapides. La voie sacrée était conçue pour résoudre les problèmes et atteindre des objectifs dont (i) Acheminer à Verdun 2.000 tonnes de munitions par jour ; (ii) Transporter des vivres et des matériels nécessaires aux grandes unités réparties en 15 ou 20 divisions et chaque division devait être approvisionnée jusqu’à 100 tonnes par jour ; et (iii) Assurer le transfèrement  des troupes montantes et descendantes comprenant 15.000 à 20.000 hommes par jour.

Pour procéder à l’évacuation des matériels de toute nature qui existaient dans toute la région de Verdun,  Meuse disposait d’un réseau de chemin de fer, mais la capacité était  limitée à 800 tonnes par jour.

Le 26 Septembre 1918, une offensive générale était organisée en Argonne Meuse et les adversaires étaient refoulés sur la ligne Hindenburg. L’armistice était signé le 11 novembre 1918 vers 5 heures. La guerre mondiale qui s’étalait de 1914 à 1918 était une guerre qui nécessitait l’adaptation de la politique économique à l’économie de guerre. Le modèle économique conjoncturel avait donc mobilisé aussi bien les soldats et des civils au front que des simples citoyens dans une guerre qui était supposée illusoirement courte. Le caractère généralisé de cette première guerre mondiale avait cependant remis en question la place des femmes dans la société qui ont refusé, dans la plupart des cas, de retourner au foyer après la guerre. Le travail de la femme pendant la guerre mondiale avait contribué à la parité homme femme, ce qui était une évolution  difficile avant la guerre.

Cette première guerre était la guerre la plus meurtrière des guerres jamais connues du fait qu’elle  avait fait plus de huit millions de morts dans toute l’Europe et plus de six millions d’invalides. Statistiquement, c’était la France qui était le pays le plus touché.

La première guerre mondiale a mis fin à la supériorité de l’Europe d’avant 1914. De l’autre côté, cette guerre avait stimulé le développement rapide des pays extra-européens, en particulier le Japon et les Etats-Unis qui se trouvaient en position de force. Cette neutralité américaine avait conforté les Etats-Unis par le fait qu’ils profitaient du conflit sans avoir à y participer. Les Etats-Unis ont gagné dans tous les domaines : agricole, industriel, commercial et financier.

Les Etats-Unis avaient improvisé leur entrée en guerre. En effet, en 1915, lorsqu’un sous marin allemand avait attaqué un paquebot britannique et avait provoqué quelques 1.200 victimes parmi lesquelles on avait compté 128 américains. Les Etats-Unis avaient laissé de côté l’opinion du public américain marchant pour la neutralité. L’effectif du corps expéditionnaire américain s’élevait à un million d’hommes en Aout 1918 commandés par le Général Américain Pershing. Cet effectif atteignait plus de deux millions à la fin de la guerre.

Faisant suite au décret de mobilisation contre l’Allemagne en Juillet 1914, beaucoup d’étrangers vivant en France s’accordaient l’idée de combattre pour la cause de la liberté. Les colonies italiennes de Paris étaient les premières candidates pour la cause. A l’instant même, 3.000 italiens voulaient la création d’une légion garibaldienne reconnue manifestement par leurs chemises rouges. La sortie victorieuse de l’Italie ne l’avait pourtant pas épargné d’une crise profonde en 1918. L’Italie était confrontée à des difficultés économiques. Benito Mussolini, un ancien socialise qui avait encouragé l’entrée en guerre de l’Italie en 1914-1915 créait en 1919 le mouvement des « faisceaux italiens de combat» pour exploiter le mécontentement de la population envers les gouvernements qui refusaient tout changement mais qui étaient incapables de maintenir l’ordre.

Cependant, une surprise pour les allemands s’est manifestée en Belgique en Août 1914 lorsque l’armée belge les empêchait de traverser le pays. Le Belgique n’était pas facile à convaincre à donner un passage rapide pour que l’armée allemande réalise le plan Schlieffen visant à la traversée du territoire en vue d’envelopper l’armée française.  Jusqu’en 1934, La Belgique n’était pas encore sortie de la crise économique, financière et sociale due au prolongement du crash de Wall Street.  Et le problème s’était prolongé jusqu’en 1950 car le Roi Léopold III n’était pas convaincu de changer facilement la politique de neutralité du pays.

 

 

 

 

 

ANNEXE

 

DES IMAGES  DE FORTIFICATIONS

 

 

 

Renforcement du rôle d’obstacle de la fortification par un abattis de branches d’arbres

 

 

 

Fortification de campagne.

 

 

 

Murs d’enceinte du château médiéval de Château-Thierry, Aisne, France.

 

 

 

 

Système de fortification bastionnée.

 

Une coupe des fortifications Vauban, suivant la ligne capitale passant par une demi-lune.

 

 

 

 

Fort de la Bastille – Grenoble

 

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VIROL Michèle. Vauban : de la gloire du roi au service de l’État. Seyssel : Champ Vallon, 2007.

 

   
   

 

[1] Source : http://mont-louis.net/vauban.htm

 

[2] Un ouvrage, entre autres, intitulé « la cochonnerie ou calcul estimatif pour connaître jusqu’où peut aller la production d’une truite pendant dix années de temps »

[3]Michèle Virol : Agrégée d’histoire, – Docteur en histoire. Thèse « Les Oisivetés de M. de Vauban ». De la fortification à l’écriture, sous la direction de Roger Chartier, EHESS.  – Maître de conférences d’histoire moderne à l’IUFM de Paris depuis 1999

[4] http://www.bernezac.com/Vauban-fortifications-estuaire-harente.htm

[5] Alain Manesson Mallet, né à Paris en 1630 et mort dans cette même ville en 1706, est un ingénieur militaire, géographe et cartographe français de la seconde moitié du XVIIe siècle.

[6] Le Camp de Conlie, situé dans la région du Mans, était  un des onze camps établis par le gouvernement républicain de Gambetta lors de la guerre de 1870 afin de préparer une contre-offensive contre l’occupant. Les Prussiens sont désormais aux portes d’Orléans et la désorganisation est générale.

[7] Des élections au suffrage universel ont lieu le 8 février 1871. À Paris, Louis Blanc arrive en tête suivi de Victor Hugo, Léon Gambetta et Garibaldi. Mais du fait des candidatures multiples possibles, Adolphe Thiers arrive en tête dans vingt-six départements. Ces résultats démontrent l’antagonisme entre Paris et sa volonté de résistance et la province qui veut en finir avec la guerre.

[8] Helmuth Karl Bernhard, comte von Moltke, né le 26 octobre 1800 à Parchim, mort le 24 avril 1891 à Berlin, est un militaire prussien puis allemand.

[9] Né à Carcassonne en 1856, Maurice Sarrail fut un général français. A la tête de la troisième armée en 1914, il joua un rôle important à Verdun pour organiser la résistance face à l’ennemi allemand puis lors de la manœuvre dans la Marne.

 

[10] Le lieutenant-colonel Driant est connu pour être tombé à Verdun, le 22 février 1916, au bois des Caures. Mais il mena auparavant une carrière littéraire, sous le nom de Capitaine Danrit, et une carrière politique élu député de la 3e circonscription de Nancy à partir de 1910. Emile Cyprien Driant est né le 11 septembre 1855 à Neuchâtel (Aisne) où son père était notaire et juge de paix.

[11] Robert Georges Nivelle, né à Tulle le 15 octobre 1856 et mort le 22 mars 1924 à Paris, fut généralissime, commandant en chef des armées françaises pendant la Première Guerre mondiale. Officier français de mère anglaise (ce qui lui valait d’être bilingue), il était artilleur de formation et diplômé de l’École polytechnique (X1876). Il participa au corps expéditionnaire envoyé en Chine pour réprimer la révolte des Boxers (1900), puis servit en Afrique. Colonel commandant le 5e régiment d’artillerie lors du déclenchement de la Première Guerre mondiale.

[12] Militaire et homme d’État français, Philippe Pétain est né le 24 avril 1856 à Cauchy-à-la-Tour (Pas-de-Calais), d’une famille de cultivateurs. Pensionnaire dans un collège de jésuites à Saint-Omer, il intègre ensuite l’école des Dominicains d’Arcueil. Très impressionné par les récits de son oncle qui avait servi dans la Grande Armée de Napoléon, et très marqué par la guerre de 1870, alors qu’il n’avait que 14 ans, il décide d’être soldat et entre à Saint-Cyr, en 1876.

[13] Ferdinand Foch, maréchal de France, de Grande-Bretagne et de Pologne, est un officier général et académicien français né à Tarbes le 2 octobre 1851 et mort à Paris le 20 mars 1929.

[14] Sylvain Eugène Raynal, né le 3 mars 1867 à Bordeaux – mort le 13 janvier 1939 à Boulogne-Billancourt, officier militaire français

[15] Maurice Barrès , né le 19 août 1862 à Charmes (Vosges) et mort le 4 décembre 1923 à Neuilly-sur-Seine (Seine), est un écrivain et homme politique français, figure de proue du nationalisme français. Le premier axe de sa pensée est « le culte du Moi »

 

[16] Le lieutenant-colonel Peppino Garibaldi est l’un des 6 fils du général italien Riciotti Garibaldi qui étaient aussi les petits-fils du célèbre Guiseppe Garibaldi venu combattre en France avec ses volontaires lors de la guerre de 1870-1871 et nommé citoyen d’honneur de la ville de Lyon

[17] La Société des Nations (SDN ou SdN) était une organisation internationale introduite par le traité de Versailles en 1919, lui-même élaboré au cours de la Conférence de paix de Paris, afin de préserver la paix en Europe à la fin de la Première Guerre mondiale. Les objectifs de la SdN comportaient le désarmement, la prévention des guerres au travers du principe de sécurité collective, la résolution des conflits par la négociation et l’amélioration globale de la qualité de vie. Le principal promoteur de la SdN fut le président des États-Unis Woodrow Wilson. Le dernier des dits Quatorze points de Wilson de janvier 1918 constitua la base politique officielle de cette association des nations. Toutefois, le Sénat américain, en s’opposant à la ratification du traité de Versailles, vota contre l’adhésion à la Société des Nations et les États-Unis n’en feront jamais partie.

 

[18] Source : http://www.larevuetoudi.org/fr/story/figures-belges-lors-du-centenaire-en-1930

[19] L’entre-deux-guerres est la période (1918-1939) comprise entre la Première et la Seconde Guerre mondiale. Ces vingt années de paix ont été marquées par un bouleversement durable des rapports de force internationaux, par l’émergence des idéologies totalitaires ainsi que par des progrès techniques considérables.

[20] Henri De Man, né à Anvers le 17 novembre 1885, décédé à Greng près de Morat (Suisse) le 20 juin 1953 est un homme politique belge. Dirigeant du Parti ouvrier belge, il devint l’un des théoriciens en vue du planisme et du néo-socialisme durant la dépression des années 1930

[21] Els Witte et Jan Craeybeckx, La Belgique politique de 1830 à nos jours, Labor, Bruxelles, 1987, p.218

[22] VNV : Vlaams National Verbond

[23] Léon Joseph Marie Ignace Degrelle né le 15 juin 1906 à Bouillon, Belgique – décédé le  31 mars 1994 à Málaga, Espagne) était un écrivain, journaliste et directeur de presse au sein de la mouvance catholique belge. Il entama ensuite une carrière politique, en fondant le mouvement Rex, au départ parti nationaliste proche des milieux catholiques, qui devint rapidement un parti fasciste

[24] Paul-Henri Spaak, né dans la commune bruxelloise de Schaerbeek le 25 janvier 1899 et mort à Bruxelles le 31 juillet 1972, est un homme d’État belge. Il est aussi considéré comme l’un des Pères de l’Europe. Il occupait d’importantes fonctions sur le plan international : président de l’Assemblée générale des Nations unies dès le 10 janvier 1946 ;  président de l’Assemblée parlementaire de la CECA de 1952 à 1954 et secrétaire général de l’OTAN du 16 mai 1957 au 21 avril 1961.

 

[25] Source : http://www.wallonie-en-ligne.net/Encyclopedie/Congres/Notices/Concentration-wallonne.htm

[26] La Bataille de la Lys est la plus importante bataille de l’armée belge en 1940 pendant la campagne des 18 jours, avait pour enjeu d’interdire le franchissement de la Lys par l’armée allemande, et dura du 23 au 28 mai 1940, jour de la capitulation belge dont l’issue de cette bataille fut un facteur décisif.

[27] L. Ranieri, op. cit., p. 252-255. MAEB. 11107. Note remise à Laval et Flandin par Francqui le 30-11 (…)

[28] Source : Général Van Overstraeten, Vingt ans de politique militaire, p. 74.

 

[29]  Source : http://www.ecoles.cfwb.be/ipamnivelles/ttr2000/800/page4.html

[30] Sources : Léopold III ou le choix impossible, Robert Aron, page 354, éd. Plon Paris 1977.

 

20 th. Century Journey, 1984, rééd. Les Années de Cauchemar, William Shirer, page 347.

[31] Source : Le Léopoldisme Robert Meire, page 11, Ed. Paul Legrain, Bruxelles 1986.

[32] Collaborateurs des nazis : VNV et Rexiste. VNV c’est  La Ligue nationale flamande (en néerlandais Vlaams Nationaal Verbond ou VNV) est un parti nationaliste flamand fondé le 8  Octobre 1933)

[33] Source : La Seconde Guerre Mondiale, Pierre Miquel, op. cit. page 110

[34] Source : Cahiers d’histoire de la Seconde Guerre mondiale, Albert De Jonghe, pp. 101-102, 104, Bruxelles 1970.

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