docudoo

Les enjeux de l’économie de la fonctionnalité, pour un développement durable dans la mobilité

Thèmes du mémoire : Économie de la fonctionnalité, développement durable et mobilité.

Titre : Les enjeux de l’économie de la fonctionnalité, pour un développement durable dans la mobilité

 

Introduction

La notion de développement durable a une place prédominante de nos jours. En effet, celle-ci domine la réflexion tant au niveau des politiques publiques, des stratégies mises en place par les entreprises et du discours et actions des citoyens. Un des enjeux principaux cette notion, est la conciliation de la croissance économique, du respect de l’environnement et de la réduction des inégalités. À travers cette notion se joue l’introduction de nouveaux modèles économiques, qui n’auraient pas de répercussions négatives sur l’environnement.

Selon le rapport du Grenelle de l’Environnement, “L’économie de fonctionnalité peut logiquement apparaître comme voie de développement durable réconciliant croissance économique et environnement. »

À l’heure de cette prise de conscience au niveau mondial, il nous semblait intéressant de travailler sur trois thèmes : le développement durable, car c’est une notion qui a connu un succès imparable ces dernières années, l’économie de la fonctionnalité, car c’est un modèle économique qui semble participer à un développement durable sans pour autant nuire à la croissance économique. Le troisième thème est la mobilité, cette dernière offre une illustration de l’économie de la fonctionnalité.

À cet effet et suivant ces trois axes de travail, la question à soulever pour ce projet de mémoire est de savoir pertinemment, en quoi l’économie de la fonctionnalité permet-elle de concilier les impératifs de développement durable et quelle en est son enjeu face à la mobilité ?

 

 

 

 

 

 

Chapitre 1 : L’économie de la fonctionnalité, vers le respect du développement durable

 

  1. Historique du développement durable

Les préoccupations en matière de développement durable ont émergé au fur et à mesure que les hommes se sont rendu compte des interdépendances qui existaient à l’échelle globale. À partir de la fin du XIXe siècle, les répercussions de la révolution industrielle ont été visibles en matière d’environnement en premier lieu desquelles, des pollutions cumulatives.

 

À l’origine le développement durable est une réflexion qui émane d’un groupe de scientifiques et de hauts responsables qui sont réunis au sein du Club de Rome, qui en 1970, va commander un rapport sur les liens entre influences éco et répercussions en matière d’environnement. Un groupe du Massachusetts Institute of Technology (MIT) va réfléchir sur le sujet, sous l’égide de Denis Meadows, qui va rendre un rapport en 1972 : « The Limits to growth » qui signifie littéralement « les limites à la croissance », qui sera traduit en français sous le titre « Halte à la croissance ?». Dans ce rapport, ils identifient les interdépendances qui existent entre plusieurs facteurs à savoir : l’industrialisation, la pollution, la question des ressources naturelles et de leur épuisement, le facteur démographique… Les auteurs mettent en garde contre un effondrement d’un des facteurs voire même de tous et remettent en cause l’idée qu’il existerait une croissance économique sans fin. D’où, leur préconisation en terme de stabilisation de la population et de la production.

 

Par ailleurs, dans ce concept de développement durable, l’histoire veut qu’en 1798, Thomas Malthus soit le premier à avancer les points d’orgue de cette théorie. Dans sa théorie, Malthus a ainsi soulevé le débat à travers la première édition de son livre intitulé « l’essai sur la loi de la population », où il a mis en avant pertinemment les problématiques de l’évolution de la population et les risques de manque de production. Ainsi, les constats face à cette évolution démographique, les impacts environnementaux et les inégalités dans la jouissance de la production. En effet, dans son essai, Malthus affirme l’égoïsme pour le bien-être et le développement de l’existant, en faisant part de la réalité qui impose à une nouvelle naissance humaine, une accaparation des ressources qui sont déjà, pour lui, limitée. Outre le résumé de ces dires, on peut relater la citation : « Un homme qui est né dans un monde déjà possédé, s’il ne lui est pas possible d’obtenir de ses parents les subsistances qu’il peut justement leur demander, et si la société n’a nul besoin de son travail, n’a aucun droit de réclamer la moindre part de nourriture, et, en réalité, il est de trop. »[1] Ainsi, par peur de la famine, Malthus a avancé une théorie qui base l’idée du développement durable. Cette peur, générée par un principe de vision à court terme, peut en effet, détruire beaucoup d’objectifs de développement.

 

Ainsi, à travers sa théorie et l’évolution de la technologie, les risques de manque de production face à la progression du nombre de populations n’ont pas lieu d’être. D’où, l’association du développement humain avec le développement de la production sous le facteur, gestion durable des ressources.

 

 

 

 

 

 

 

 

            Figure 1 : Rapport du Club de Rome de 1972 : « Halte à la croissance ».[2]

 

Il faudra attendre l’année 1987, pour que le concept de développement durable soit formulé dans le rapport Brundtland « Notre avenir à tous ». C’est un rapport qui change d’optique puisqu’on ne va plus s’interroger sur l’interaction entre économie et environnement, mais plutôt aux répercussions de la croissance en matière d’inégalités.  Cette réflexion sera menée à l’échelle internationale, par le biais de rendez-vous internationaux, où l’on va envisager des solutions concrètes à mettre en place, pour contrer les problèmes écologiques et sociaux. Le Sommet de la Terre, à RIO en 1992, en est l’expression. D’autres grands rendez-vous (Le Protocole de Kyoto en 1997, le Sommet mondial du développement durable à Johannesburg en 2002), marqueront la scène
internationale, impliquant différents acteurs tels que les gouvernements, les organisations non gouvernementales, les entreprises et la société civile.

 

 

Figure 2: Les grandes dates du développement durable. [3]

 

Il existe une définition communément admise du développent durable, qui est issue du rapport Brundtland, « Notre avenir à tous », publié en 1987. Il définit le développement durable comme : « Un développement qui répond au besoin du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs »[4]. L’idée est de transmettre à la génération future un capital naturel en quantité suffisante. La prise en compte de trois grands piliers (économique, social et environnemental) est nécessaire afin d’y parvenir. Au niveau économique, le but est de favoriser la croissance, à travers une utilisation des ressources plus raisonnable, ou la mise en œuvre de nouvelles initiatives au niveau des relations économiques internationales. Sur le plan social, il s’agit de favoriser l’équité (réduire les inégalités, lutter contre l’exclusion et la pauvreté) et de veiller à la satisfaction des besoins primordiaux des populations (santé, logement, éducation). Enfin, le pilier environnemental repose sur la préservation, et l’amélioration de l’environnement et des ressources naturelles, par une meilleure gestion des ressources naturelles, une limitation des pollutions cumulatives dégradant l’écosystème par la prévention des impacts environnementaux.  Pour mettre en œuvre ces grands piliers, il est nécessaire de s’appuyer sur la démocratie participative, permettant d’inclure tous les acteurs aux débats. Finalement se glisse l’idée d’une image sociale de la nature qui est de plus en plus étroitement liée à la qualité de vie. Par ailleurs, à travers cette dissociation claire entre le pilier économique et le pilier social, se dresse la nécessité de faire en sorte que l’économie ne se réduise pas à des mesures centrées sur la croissance, mais aussi à des politiques de réduction des inégalités.

 

  1. Aux origines de l’économie de la fonctionnalité

 

Clarence Edwin Ayres (sociologue universitaire américain) fut un des premiers à dénoncer la proportionnalité entre croissance et consommation de ressources matérielles. En effet, il affirme que la « proportionnalité n’existe pas, mais qu’elle est simplement supposée »[5]. Il continue son propos en affirmant : « Les lois de la nature n’imposent aucun besoin minimal – ni de masse, ni d’énergie – pour produire une unité de PNB »[6]. La forte consommation de ressources tend à faire débat en ce qu’elle induit des externalités négatives, tel que des pollutions.

 

À la fin des années 1980, des chercheurs en sciences sociales, Walter Stahel et Orio Giarini ont mis en lumière, l’expression « économie de la fonctionnalité », qu’ils définissent comme : « une économie qui optimise l’usage de biens et de services et par conséquent améliore la gestion des richesses (biens, connaissance, nature). La finalité économique de l’économie de la fonctionnalité est de créer la valeur d’usage la plus importante possible tout en consommant le moins de ressources matérielles et énergétiques. » [7]Deux termes sont importants dans cette définition d’après l’analyse des auteurs du livre cité précédemment, tout d’abord le terme d’ « usage » qui implique une façon de gérer les biens différente de celle connue auparavant, étant donnée l’importance d’avoir un bien durable. Puis le terme de « services », déterminant l’économie de la fonctionnalité comme une économie de service.

 

L’économie de la fonctionnalité, tend à dépasser le système de production industrielle, qui a engendré de nombreuses externalités négatives, en ce qu’elle se différencie totalement de par, ses principes et ses applications, de l’économie industrielle.

Quelle est la spécificité de l’économie de la fonctionnalité ? En quoi ce modèle économique émergent se démarque-t-il des autres modèles jusqu’ici appliqués ?

Selon le Club Économie de la fonctionnalité et Développement durable, « Le modèle consiste à produire une solution intégrée de biens et de services, basée sur la vente d’une performance d’usage, permettant de prendre en compte des externalités environnementales et sociales »[8]. Deux leviers seraient à la base de ce modèle : « la mobilisation de ressources immatérielles (confiance, compétence, pertinence d’organisation) et les dynamiques de coopération avec les clients et les partenaires »[9], explique le Club. On peut donc affirmer que ce modèle, consiste en la substitution de la vente d’un produit par la vente de l’usage. Le développement de ce modèle à̀ l’heure actuelle est d’autant plus pertinent dans un contexte où les entreprises cherchent à̀ externaliser et à̀ réduire leurs coûts, et/où les consommateurs sont en quête de nouveaux modes de consommation plus économiques, plus écologiques et plus créateurs de lien social.

  1. L’évolution pour l’économie de fonctionnalité et ses principes[10]

 

  1. L’évolution par la tendance de modèle serviciel

 

Face aux enjeux du développement durable et les crises économiques qui subsistent un peu partout, actuellement, le modèle fordien sur l’économie industrielle est largement remis en cause et contredit les exigences environnementales et les principes d’équité. Dans ce principe, tout est pour a rentabilité et la productivité, quitte à minimiser la qualité. Ce qui justifiait la performance industrielle.

 

En apportant les enjeux du développement durable, le modèle serviciel apporte un autre concept, qui valorise le transfert de bien et de propriété sans, pour cela, toujours vendre ou acheter. Ceci implique que le transfert se justifie en service et ainsi, les objectifs de production industrielle peuvent être considérablement, diminués. À travers ce passage au modèle serviciel[11], on peut ainsi avoir deux bénéfices majeurs et mettant en avant, le gain est le bénéfice des usagers dans la qualité des produits et des biens, car le fabricant aura intérêt à favoriser cette dernière pour que son produit dure dans le temps et ainsi, être compétitif sur le marché, en répondant aux exigences du client. L’autre point permettra au produit d’être accessible par d’autres usagers à travers le transfert de bien, qui n’imposera pas un achat définitif.

 

Parmi les entreprises qui ont su mettre en valeur ce modèle, Xerox est un des exemples parfaits. En passant du principe très industriel, Xerox a mis en avant le principe du modèle serviciel pour mettre en valeur l’économie de la fonctionnalité. Aussi, l’entreprise à diminuer le principe de vente de ses produits, au bénéfice de la location. Par ailleurs, la stratégie de Xerox se basait surtout sur la revalorisation de ces matériels en les réaménageant pour qu’ils soient démontables et puissent respecter les cahiers des charges pour être écologiques.

 

  1. L’évolution par le modèle intégré

Dans ce modèle, les solutions sont plutôt intégrées. À cet effet, d’autres activités vont prendre en charge les externalités négatives pour ainsi, diminuer les ressources matérielles engagées et optimisées les ressources immatérielles. Ainsi, la performance dans l’usage est beaucoup plus mise en valeur en permettant au produit de prendre en charge les aléas environnementaux et sociaux. La solution intégrée est donc de limiter la production de produits ayant engendré des séquelles sur l’environnement et la vie sociale, en y engageant beaucoup plus les acteurs et les activités suivant la performance des ressources immatérielles et le dynamisme coopératif.

 

Un exemple concret est le cas de Dow Chemical qui avait vendu plus de 754 kg de produit chimique par client avant, et qui causait des dommages percutants sur les usagers et son environnement. En optant pour la solution intégrée, la société a mis en place la filiale Safechem qui engage des acteurs de dégraissages et qui a vu une nette diminution de l’utilisation des produits chimiques. Ceci à travers la performance des acteurs engagés, mais aussi, du produit utilisé. Une économie de la fonctionnalité qui a, d’ailleurs, permis à l’entreprise de rentabiliser ses activités et de le fructifier.

 

  1. L’économie de fonctionnalité : un enjeu pour le développement durable

 

  1. L’économie de la fonctionnalité : un bénéfice socio-économique

 

Dans un contexte général, l’industrie est la principale source de pollution dans le monde avec une production de 7 %[12] d’agents pollueurs sur les produits finis. Si l’on parle d’économie, l’industrie est un facteur majeur dans son développement. Toutefois, il faut avoir les raisons pour mettre en avant les problèmes qu’elles engendrent sur la vie sociale, mais aussi, environnementale et donc, sanitaire.

 

Par ailleurs, vu les dommages qu’elles engendrent et de l’autre côté, l’apport économique qu’elle fait bénéficier, la question est de savoir, comment combiner le principe de développement économique à travers les industries tout en mettant en valeur les bénéfices sociaux et environnementaux pour ainsi, limiter au maximum l’émanation de matière et de produits négatifs. La réponse peut se trouver dans l’économie de fonctionnalité ou encore appelée, l’économie de service. Dans ce principe, la vente de produit sera substituée par la vente de service. Ceci permettra de stabiliser ou même d’optimiser le chiffre d’affaires tout en limitant les effets néfastes de la production d’énergie et de matière.

 

En milieu social, l’économie de la fonctionnalité permettra ainsi de réduire la production de déchets dus à l’exploitation de la matière. Car, en utilisant la matière, 99 % se transforment généralement en déchets après une période de six semaines.

 

D’un autre côté, en favorisant le service à travers la revalorisation d’un produit pour en optimiser le cycle de vie, le service ainsi vendu, va permettre à l’industrie de mettre en valeur ses produits suivant sa performance dans le temps, et dans un modèle de business de location.

 

L’économie de la fonctionnalité permettra ainsi, non seulement de limiter les risques environnementaux et ainsi, de réduire les impacts négatifs sociaux, mais aussi, de développer la performance des produits d’une société, en optimisant le cycle de vie et donc, la performance et l’efficacité dans l’utilisation du produit.

 

  1. L’économie de fonctionnalité : un développement du business modèle

 

Selon Stahel, « l’économie de fonctionnalité, qui optimise l’usage ou la fonction des biens et services, se concentre sur la gestion des richesses existantes, sous la forme de biens, de connaissances et de capital naturel. L’objectif économique en est de créer une valeur d’usage la plus élevée possible pendant le plus longtemps possible, tout en consommant le moins de ressources matérielles et d’énergie possible »[13]. De ce fait, l’économie de la fonctionnalité et la valeur d’usage d’un produit sont beaucoup plus mis en avant du fait que la transaction par transfert d’un bien matériel sera amoindrie pour le bénéfice de la fonction qu’offre le produit.

 

Dans le principe qui met en valeur l’usage, l’échange est valorisé, permettant ainsi, un droit d’accès à beaucoup plus d’individus. Par ailleurs, le produit, en tant que tel, et en tant que bien matériel, n’en sera plus qu’un simple moyen, situé dans le processus de transfert de service ou d’accès.

 

De ce fait et comme l’apprécie Mont, « de la mobilité plutôt qu’un véhicule, des services de nettoyage au lieu de lessives, des films et non des vidéocassettes »[14]. De ce constat, on peut dire que la relation même qui situait le producteur avec son produit a nettement changé puisque ce n’est plus l’acquisition en tant que propriétaire du produit qui importe, mais, sa fonctionnalité. La rentabilité ne sera plus favorisée par le nombre et la quantité de produit fabriqué, mais de la quantité de produit fonctionnel et permettant à un usager de jouir dans le temps, de son bien.

 

Toutefois, dans ce principe et pour répondre efficacement aux besoins des consommateurs, des travaux au niveau du produit doivent être effectués. À savoir, rendre le produit plus écologique avec des supports plus fonctionnels. Aussi, le produit devra être fabriqué de sorte à être facile à rénover, à moduler et à démonter, dans le but d’optimiser son recyclage et sa réutilisation.

 

Dans le concept même de business modèle à travers l’économie de la fonctionnalité, en favorisant l’écoute des besoins des consommateurs, en termes de qualité, de fonctionnalité, de durée de vie et de critère écologique du produit, le fabricant sera obligé de maximiser la fonctionnalité du produit et son éco-efficacité. Seuls ces deux points pourront ainsi, permettre de rentabiliser la production. Outre ces points, l’industriel sera dans l’obligation d’améliorer la durée de vie de son produit pour que ce dernier réponde aux paramètres de qualité voulus pour sa durabilité dans le temps, mais aussi, pour qu’il soit éco-efficace.

 

Dans la mise en œuvre de ce business modèle, des choix de vente de fonction d’usage peuvent ainsi être apportés pour optimiser l’économie de la fonctionnalité. Ainsi, on peut opter pour :

 

– le leasing, qui a pour principe d’acheter ou de produire un bien, et ensuite de le mettre en location tout en conservant le titre de propriété. Ce système de location peut ainsi se faire, au niveau d’un simple individu ou au sein d’une organisation. Le point caractérisant ce principe est que le contrat effectué se fait par base de la période d’amortissement fiscal produit. En outre, la location est faite sur cette durée, mais la propriété demeure pour l’acheteur initial. À la fin de la période, le propriétaire peut reprendre son bien.

 

– les ventes fonctionnelles, qui résument très bien le principe de l’économie de la fonctionnalité et consistent à transférer la fonction du produit pour qu’un autre individu puisse en jouir, et non vendre le produit proprement dit.

 

– le contrat suivant la performance énergétique, qui veut que le locataire ne paie que les économies prélever sur l’utilisation d’un produit. Ceci engage les deux parties à optimiser la réduction de la consommation d’énergie, car le locataire aura intérêt à minimiser sa consommation en énergie et l’utilisation de la matière, et pour le bailleur, il aura intérêt à fournir un bon produit qui ne consomme pas trop d’énergie.

 

– l’approvisionnement à coût réduit qui est un principe de modèle intégré et qui optimise la limitation et la réduction de la fabrication physique de produit en dématérialisant le processus par un appui de main-d’œuvre qualifiée pour assurer la gestion des produits. Cette technique est surtout utilisée dans le domaine de la fabrication de produits chimiques où, au lieu de produire et de vendre une quantité colossale de produit chimiques, l’offre s’axe sur un appui aux consommateurs pour que ces derniers sachent utiliser efficacement les produits et limiter la consommation.

 

– l’auto partage, qui a pour principe la mise à disposition et l’utilisation d’un même véhicule ou d’un même produit, pour limiter la consommation en énergie et les dépenses.

 

– la location, qui est une obtention temporaire d’un produit pour qu’il soit utilisé par le locataire. Ce système demande l’élaboration d’un contrat de location et d’un tarif à la location qui est généralement, de 0 à 15% de la valeur du bien.

 

 

Chapitre II : L’Économie de la fonctionnalité dans la mobilité[15][16]

 

            Dans tout esprit d’entreprise, la rentabilité au bénéfice des actionnaires est la principale source de viabilité et de satisfaction. En effet, ces bénéfices sont les seules sources qui garantissent un réinvestissement de capital et donc, une pérennité d’activités de la société.  De ce fait, et en favorisant cet esprit, on a vu, au fil des années, une dégradation du modèle social qui se base sur la recherche de profit, mais également une dégradation de l’environnement, du fait de l’optimisation de la production en quantité des produits finis, pour garantir la couverture du marché et ainsi, le grignotage de part de marché.

 

Le principe du développement durable vient au secours de cette idéologie afin de positionner chacun des acteurs de la société et des entreprises, pour que ces derniers soient conscients des enjeux sociaux et environnementaux de leurs activités et ainsi, pour que chacun puisse participer efficacement au développement sociétal et environnemental de l’entreprise, sans nuire aux bénéfices économiques.

 

Ainsi, pour favoriser la combinaison du développement durable avec le principe de l’économie de la fonctionnalité, deux exemples de réussite majeure se mettent en avant. Parmi ces exemples, on peut citer le cas de Michelin et de Velo’V, le VLS lyonnais.

 

  1. Étude de cas sur l’économie de la fonctionnalité de Michelin[17]

 

Dans la mise en œuvre du principe de l’économie de la fonctionnalité a sein de l’entreprise Michelin, des constats sur l’acceptation des arguments de vente basée sur des progrès techniques, fût au centre du changement de stratégie.

 

En effet, en lançant des pneus qui se voulaient limiter la consommation en énergie, Michelin n’a pas su convaincre ses principales cibles. De ce fait, avec le principe d’économie de la fonctionnalité, Michelin a lancé un modèle intégré dans sa stratégie, en optimisant la fourniture de service et en mettant en avant la durabilité offerte par l’association produit/service après-vente. De ce fait, les nouveaux produits lancés ont vu l’intégration d’autres maillons dans la chaîne de transfert de valeur, impliquant des mains d’œuvre pour ajuster le gonflage, la participation de conseillers pour optimiser la conduite et le service de rechapage garantissant, une longévité des pneus.

 

Par ce principe, Michelin les clients ont plus le sentiment de payer au kilomètre parcouru et non plus en produit, pneu. Les conducteurs sentent également qu’ils gagnent plus, car ils perçoivent une durée de vie plus longue des pneus et qui pour les consommateurs est la mise en valeur de la qualité dans les produits offerts.

 

De ce fait, Michelin a non seulement, augmenter son chiffre d’affaires à travers la fourniture de service accompagnant la vente de pneu, mais également, à assurer la valorisation de l’aspect écologique et économique de ses pneus qui se voulaient réduire la consommation de carburant. Par ailleurs, dans le principe d’économie de fonctionnalité apportée par Michelin a permis une meilleure gestion du cycle de vie de ses produits, mais aussi, une valorisation de la confiance client à travers des services de conseil et de maintenance.

 

Outre ce point, Michelin a réussi à promouvoir des pneus qui réduisait la consommation de carburant tout en apportant la dématérialisation dans le processus de transfert de bien et ainsi, en valorisant la qualité des produits pour qu’on puisse les rechaper et avoir une durée de vie plus longue.

 

  1. Étude de cas sur l’économie de fonctionnalité de Vélo’V, le VLS lyonnais[18]

 

Un autre exemple qui a eu des impacts positifs dans la pratique de l’économie de la fonctionnalité dans la mobilité est le cas de Vélo’V, le VLS lyonnais.

 

La base de la mise en application du principe dans le Grand Lyon fut la constatation d’une augmentation accrue de la circulation dans la ville. Les autorités voulaient apporter des solutions appropriées afin de réduire de 10 % le flux de la circulation durant les heures de pointe.

 

Ainsi, la solution apportée était les VLS ou le vélo en libre-service. De ce fait, en plus d’une solution non polluante, l’intensité de la circulation se voyait réduite même si le déplacement se faisait un peu plus lentement. Par ailleurs, les émanations de gaz carbonique se sont vu diminuer et l’offre de service augmenter au profit d’un nouveau gain de rentabilité pour la ville.

En effet, la qualité intégrait deux couples, à savoir, le service et le produit. Dans cette démarche, le service combinait la location, le positionnement via des GPS, des stations de location ou des espaces de stationnement libre. Ce système se faisait par Smartphone. Pour ce qui est du produit, le vélo était travaillé de telle sorte qu’il réponde à une rigidité qui puisse le rendre plus fonctionnel.  Tout a ainsi était imaginé pour que le vélo soit solide, par sa structure et son système électronique. Aussi, les réparations n’étaient pas fréquentes.

 

Ce système de vente à l’usage permet de lever les obstacles pour ce qui est des risques de vol en cas de propriété du bien personnel, mais aussi, l’acquéreur du service n’aura plus besoin de se soucier de la maintenance ni de trouver des points de stationnement. Tout ceci, étant compris dans le cycle de vente à l’usage.

 

Enfin, dans le Grand Lyon, tout le système a engendré la création d’une soixantaine d’emploi de service et d’emploi pour la fabrication des vélo’V. Et dans le développement durable, cet aspect nouveau de la mobilité a permis de réduire la dépendance de la population dans l’achat des ressources matérielles et énergétiques, mais aussi, de valoriser les recherches et l’intelligence, pour le développement de nouveaux principes de réutilisation des produits.

 

  1. Obstacles et Limites de l’EF

 

  1. Obstacles du côté de l’usager et de l’offre.

 

Un des besoins indéniables dans la société actuelle est le besoin de s’affirmer. L’affirmation de soi implique un besoin de différenciation chez un individu. L’économie de la fonctionnalité ne peut pas répondre à ce besoin. En effet, ce besoin veut qu’une offre présentée à un usager ou un consommateur soit différente des autres. Mais également, un individu a besoin de posséder et d’avoir un titre de propriété sur quelque chose. Le principe même d’emprunter, même via la location, freine les envies de beaucoup de consommateurs. Par ailleurs, il y a également cette perpétuelle envie de posséder quelque chose de nouveau et non de retaper à chaque fois. Ceci définit également le besoin d’appartenance de chaque individu, qui ne peut se faire que par l’acquisition d’un titre de propriété sur un bien.

 

Un autre point qui est un obstacle, et pour l’offre de service et pour l’usager qui s’octroie le service, est la limite contractuelle. En effet, il n’est pas probable de baliser efficacement les actions du locataire sur le produit. Les risques d’endommagement de ce dernier peuvent être présents, sans que le locataire soit jugé responsable de la détérioration. Et dans le cas le plus extrême, la non-assurance des suivis et des systèmes de maintenances causant à chaque fois des détériorations sur le produit, entrainerait de fait, la faillite du fabricant. Et si le cas se présentait, l’arrêt du service est plus que probable.

 

  1. Limites à l’EF

 

  • Frein à l’innovation ?

 

Comme tout principe limitant l’innovation et les tendances technologiques, l’économie de la fonctionnalité se trouve face à ce blocage majeur. Aussi, que ce soit au niveau de l’offre ou d’usager, le besoin d’innovation et de faciliter freine l’application de l’économie de la fonctionnalité.

 

En effet, quand on parle de produit durable, il incombe que l’esprit de pénétration à travers la mise à disposition de produit innovant, sur le marché, sera freiné. Et si innovation il y a, ce ne sera que par l’intermédiaire d’un réajustement des caractéristiques du produit.

 

Par ailleurs, l’économie de la fonctionnalité est contraire à l’innovation, du fait qu’il n’y a pas d’innovation si les coûts d’usage sont réduits et que si les coûts d’entretien ont les mêmes tendances.

 

  • L’Effet rebond annulant les gains à l’environnement

 

Un obstacle de l’économie de la fonctionnalité sur l’environnement est sans doute, le marché de l’occasion. Ce dernier diminuera nettement puisque l’économie de la fonctionnalité tournera les consommateurs vers a valorisation de l’échange de service et non plus à l’achat des produits en fin de vie. Ce qui augmentera le volume de déchets.

 

  • Parler de l’échec d’Electrolux 

 

Dans le cas d’Electrolux, l’échec dans la conception de la stratégie et la contractualisation de service avec son choix de fournisseur en électricité. Un des points qui obstrue la réalisation de l’économie de la fonctionnalité est en effet, la teneur du contrat entre les deux parties. En effet, en optant sur la mise à la disposition des consommateurs, de machines à laver, gratuitement, avec comme système de paiement, un tarif à l’usage, Electrolux a contracté pour un comptage électrique à travers la collaboration avec le fournisseur d’électricité. Le fait est que n’ayant pas balisé son contrat, Electrolux ne pouvait empêcher que le fournisseur de service offre les mêmes services à des concurrents.

 

À cet effet, Electrolux dans la conception de sa stratégie, aurait dû maîtriser les différents aspects et organisations de la mise en œuvre avant de mettre en place cette économie de la fonctionnalité.

 

  1. Les besoins organisationnels dans l’économie de la fonctionnalité pour optimiser le développement durable dans la mobilité

 

  1. Les raisons de son application[19]

 

Pour une entreprise et pour les besoins de son personnel salarié, l’économie de la fonctionnalité doit être mise en valeur de fait. Suivant les avantages qu’elle apporte dans la dématérialisation des activités au sein de l’entreprise, une première raison de son application est la mise en valeur de la compétence des ressources humaines. En effet, pour permettre de mettre sur le marché un produit solide, répondant aux exigences des usagers et qui respectent l’environnement, il est important pour l’entreprise de valoriser les compétences de ses salariés pour que ces derniers puissent concevoir le bon produit. Par ailleurs, le principe de formation des salariés tient tout son sens et le développement des capacités ne peut qu’être palpable lors des transferts de compétence par l’intermédiaire des services de conseil octroyés aux consommateurs.

 

Outre le renforcement de capacité, pour une entreprise, l’économie de la fonctionnalité permet d’externaliser certaines fonctions de l’entreprise et d’assurer de meilleurs résultats en termes de qualité, en s’appuyant sur les services de fournisseurs en possession des compétences adéquates.

 

Ceci permettra non seulement de professionnaliser les différentes étapes de la fabrication, mais aussi, de créer de l’emploi et d’avoir un meilleur suivi et contrôle sur les produits proposés et offerts au service de la mobilité.

 

  1. La stratégie de valorisation des ressources[20]

 

En termes de valorisation des ressources, la dématérialisation engagée par le principe de l’économie de la fonctionnalité permet de soulever la créativité des salariés, mais aussi, d’affirmer leurs polyvalences. Elle assure également une meilleure relation avec les clients en renforçant les services après-vente, les services clientèles et les conseils.

 

Les ressources naturelles en seront également valorisées. En effet, en limitant la circulation et la mobilité à travers l’utilisation des véhicules motorisée, l’économie de la fonctionnalité et le système de dématérialisation de l’offre, permets de réduire considérablement la pollution. Par ailleurs, déjà dans le début du processus de fabrication, la réduction du volume de production au bénéfice de l’amélioration de la qualité permettra d’améliorer l’offre de véhicule, pour que cette dernière puisse répondre efficacement au développement durable et au respect de l’environnement. Mais également, afin que l’offre de produit soit plus viable dans le temps et durable, limitant ainsi, l’utilisation de la matière et de l’énergie.

 

  1. Le plan organisationnel pour un développement durable

 

Pour être applicable, l’économie de la fonctionnalité a besoin d’un engagement pas à pas mais qui garanti la performance.

 

Dans le développement durable, à cet effet, le premier point sera de favoriser la recherche concurrentielle sur les avantages et les atouts qui peuvent positionner l’entreprise ou le produit tout en respectant, l’aspect environnemental et sociétal.

 

Elle devra également engagée la vente de bien en bon état et respectant des cahiers des charges permettant le développement durable. Pour ce faire, l’entreprise devra penser à modifier la nature de ses activités par l’optimisation de la dématérialisation à travers l’offre et la vente de service.

 

Enfin, à travers cette offre, le client devra mettre en avant sa satisfaction à travers, l’aspect écologique du produit ainsi que sa solidité et la garantie qu’il présente dans le temps, afin de viabiliser et pérenniser l’activité et pour qu’elle en soit rentable.

 

 

Conclusion

 

En apportant la solution de la dématérialisation de l’économie, l’économie de la fonctionnalité répond très bien au développement durable. En effet, cette dématérialisation veut faire en sorte et vise ainsi que, l’utilisation de matières premières et d’énergie dans tout le processus de fabrication d’un produit, soit limitée. Ceci au bénéfice de l’échange et de transfert de bien à titre locatif ou en s’engageant dans la mise en valeur des maillons de service.

 

Ainsi, en voulant pallier à la consommation souvent trop élevée de matière et d’énergie, l’économie de la fonctionnalité permet d’apporter un changement majeur dans la relation entre le client et le producteur. En effet, l’économie de la fonctionnalité permettra au client de soulever ses besoins en qualité pour ainsi, inciter le producteur à fournir un produit plus viable et plus durable. Et à travers le concept de développement durable, le producteur sera intimement impliqué à travers sa responsabilisation quant au respect environnemental des produits qu’il met sur le marché. Par ailleurs, en apportant et en associant l’économie de la fonctionnalité et le développement durable, les critères de durabilité de son produit et l’appréciation de ce dernier augmentera de fait, le taux de sa consommation et ainsi, garantissant la rentabilité de l’entreprise et la pérennité du service.

 

En ce qui concerne la mobilité, en optant pour des transports qui usent la pratique de l’économie de la fonctionnalité, les avantages ne se situent pas qu’au niveau d’une structure, à savoir, une administration, une entreprise, une organisation ou un individu, elle impacte sur tous les aspects quotidiens d’une personne. En effet,  en voulant réduire les impacts négatifs de l’utilisation grandissante de la matière et de l’énergie, l’économie de la fonctionnalité apporte un réel avantage dans la mobilité, dans les villes, en diminuant l’émanation de gaz carbonique et la consommation d’énergie, mais aussi, en incitant implicitement les fabricants de produits finis de véhicules motorisés, à reconsidérer leurs offres pour que ces dernières soient plus viables et respectent plus l’environnement. Tout ceci, dans le but d’optimiser le développement durable et d’améliorer les conditions de vie, sanitaires et environnementales, de la société sans toutefois, nuire la rentabilité des activités de l’entreprise.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Bibliographie

  • 2014, Johan Van Neil, Développement durable et territoire, Vol.5 n°1, L’économie de la fonctionnalité : principes, éléments de terminologie et proposition de typologie
  • 2012, AGRION, Global network for energy, Synopteek, L’économie de la fonctionnalité comme stratégie de différenciation : critères de réussite, opportunités et retours d’expériences innovants
  • 2005, Concevoir une nouvelle relation à la consommation : l’économie de la fonctionnalité, Nicolas Buclet
  • 2009, L’économie de la fonctionnalité : un nouveau défi ? Nunzia Contaldi, MS MIQE
  • UVED, Stratégie de maturation des écosystèmes industriels, Intensifier (dématérialisation), http://www.e-sige.ensmp.fr/
  • 2010, economiedefonctionnalite.fr/

 

[1] L’essai sur la loi de la population, Thomas Malthus, 1798

[2]Bacquiast Jean paul, MEDIAPART, 1972-2012 : le Club de Rome confirme la date de la catastrophe, 2012

Source: « http://blogs.mediapart.fr/blog/jean-paul-baquiast/080412/1972-2012-le-club-de-rome-confirme-la-date-de-la-catastrophe »

[3] Christian Brodhag, Responsabilité sociétale et développement durable : un enjeu pour les PME, publié le 6 octobre 2011.

Source:  « http://www.brodhag.org/spip.php?article166 ».

[4] Notre avenir à tous: Rapport Brundtland, de la Commission mondiale sur l’environnement et le développement de l’ONU

Source: « http://fr.wikisource.org/wiki/Notre_avenir_à_tous_-_Rapport_Brundtland/Chapitre_2 »

[5] Site: Économie de fonctionnalité

Source: « http://economiedefonctionnalite.fr/definition-avantages/definition-detaillee/#more-20 »,

[6] Ibid.

[7] Giariani. O, Stahel. W.R. Hidden Innovation. Science and Public Policy, 1986, 4,13, 83-102; cité dans Gaglio. G, Lauriol.J, Du Tertre. C. L’économie de la fonctionnalité: une voie nouvelle vers un développement durable? Editions Octarès. Toulouse, 2011, p.2.

[8] Club Économie de la Fonctionnalité et Développement durable. Atelier « Mobilité et économie de la fonctionnalité ».p1.

[9] Ibid.

[10] http://www.lenouveleconomiste.fr/economie-de-la-fonctionnalite-le-service-plutot-que-le-produit-20625/

[11] http://movilab.org/index.php?title=Passer_%C3%A0_l%27%C3%A9conomie_de_la_fonctionnalit%C3%A9#cite_note-2

[12] Source : AEDEV (Association de l’e-developpement , Internet au service du développement durable) L’économie de fonctionnalité, un modèle pour le développement durable, Alexis Berger, Juin 2006

[13] Stahel dans L’écologie industrielle, économie de la fonctionnalité, Johan Van Niel, Partie 6

[14] Mont, 2002

[15] http://www.developpement-durable.gouv.fr/Transport-et-mobilite-durables.html

[16] http://www.octares.com/boutique_fiche.asp?IdProd=193

[17] http://economiedefonctionnalite.fr/en-pratique/michelin/

[18] http://economiedefonctionnalite.fr/en-pratique/xerox/

[19] http://economiedefonctionnalite.fr/definition- dans-son-entreprise/#more-avantages/pourquoi-mettre-cela-en-oeuvre- 24

[20] http://service-en-plus.com/economie-de-fonctionnalite/sncf

Nombre de pages du document intégral:20

24.90

Retour en haut