Les enjeux économiques au service des problématiques sociales
Thème : Les enjeux économiques au service des problématiques sociales
INTRODUCTION
Il a été admis que le principal objectif d’une entreprise est incontestablement la rentabilité. C’est pourquoi ses actions convergent vers l’obtention de gain de productivité. Seulement, dans le cadre de leurs fonctionnements, les sociétés sont confrontées à différentes problématiques qui, étant donné leurs natures, ne sont pas forcément rentables pour l’entreprise.
Il en est ainsi des problématiques d’ordre social qui regroupe l’ensemble des risques liés à la gestion du personnel au sein d’une entité. On en démarque principalement la pauvreté, et le chômage, etc. Quoique non profitables monétairement pour l’entreprise, ces problématiques font partie des préoccupations managériales dans la mesure où elles impactent sur la productivité du personnel, et donc sur le rendement de l’entreprise à but lucratif.
Mais il faut savoir qu’il existe également des entreprises à but non lucratif. Pour ces variétés de sociétés, l’objectif consiste à accomplir des œuvres d’intérêt général. C’est notamment le cas des fondations qui se définit comme étant : « une personne morale de droit privé à but non lucratif créé par un ou plusieurs donateurs, eux-mêmes pouvant être des personnes physiques ou morales, pour accomplir une œuvre d’intérêt général. »
Notre intérêt se portera sur ce type d’entreprise qui consacre véritablement une partie de son activité à la gestion problématique sociale. À l’égard de cette entité, ces problématiques présentent de véritables enjeux économiques non négligeables. C’est ainsi que des processus de mobilisation sont lancés par ces organismes afin de contrer les problématiques sociales dans un contexte de changements économiques et sociaux.
Mais la question qui se pose est de savoir si ces processus amorcés en réponse à des problèmes d’ordres sociaux valent réellement leurs coûts auprès d’une fondation.
C’est en tentant de répondre à cette problématique que le présent mémoire s’est penché sur le cas de la Fondation Apprentis d’Auteuil, lieu de mon stage en contrôle de gestion. Il nous sera d’ailleurs donné de voir, en deuxième partie, l’étendue des attributions du contrôleur de gestion et son importance dans le cadre de l’administration des problématiques sociales auprès de ladite fondation. En effet, « le contrôle de gestion constitue désormais dans les entreprises et les organisations, qu’elles soient petites ou grandes, une fonction tant stratégique qu’opérationnelle »
Dans cette perspective, nous pourrons déterminer l’influence des différents contrôles sur la performance de l’entreprise. De même, toujours dans l’optique du contrôleur de gestion, nous pourrons étudier l’opportunité de concilier les problématiques sociales et la rentabilité de la fondation.
Dans une vision plus large, nous procèderons, d’emblée, en première partie, à l’étude des dispositifs économiques mis en place dans la gestion des problématiques sociales afin d’en extraire les différentes préoccupations présentes dans le domaine. Il y retrouvera également la présentation de la Fondation Apprentis d’Auteuil.
PARTIE I : LES DISPOSITIFS ECONOMIQUES MIS EN PLACE DANS LA GESTION DES PROBLEMATIQUES SOCIALES :
La gestion des problèmes sociaux est un défi de taille auquel sont confrontées les entreprises sociales ainsi que certaines entreprises privées. Mais nous aurons l’occasion de constater que l’identification des causes ou obstacles liés à ces problèmes facilite le choix des solutions à adopter.
I : Délimitation du sujet
A : Définition des problématiques sociales
Par définition, on entend par problématiques sociales l’ensemble des difficultés d’ordre social, auxquelles est confrontée une partie de la population. Ces problématiques sociales sont de nature à favoriser l’exclusion sociale.
Le tableau suivant regroupe les différents types de problématiques sociaux.
Ceux reconnus par la collectivité | Les risques émergents,
mais pas encore reconnus |
emploi : chômage | la pauvreté conduisant à l’exclusion sociale (liée au ralentissement économique et à la dégradation durable du marché du travail) |
famille : la maternité/paternité, la venue d’un enfant, l’aide à l’éducation | |
santé : la maladie, l’invalidité ou le décès, les accidents du travail et les maladies professionnelles | logement : mal-logement conséquence du risque précédent
|
vieillesse : retraite, veuvage | dépendance (liée à l’allongement de l’espérance de vie) |
B : Présentation de la Fondation Apprentis d’Auteuil
1 : L’origine
Auparavant, avant 2009, la fondation d’Auteuil a été nommée « Orphelins apprentis d’Auteuil ». Depuis 2010 l’institution s’est fait appeler Apprentis d’Auteuil également reconnue sous le sigle OAA. La fondation a été cré en1866 par l’abbé Louis Roussel. L’objet de l’entreprise est purement social en se consacrant à l’accueil, l’aide, la formation et l’insertion des jeunes éprouvant des difficultés sociales.
Dans les années 2000, Apprentis d’Auteuil s’est également dévouée dans l’accompagnement des familles dans le cadre de la prévention des problématiques sociales. En fait, il s’agit d’une fondation placée sous tutelle du ministère de l’Intérieur, de la congrégation du Saint-Esprit et de l’archevêché de Paris.
En 2016 en France, le nombre de résidents de la fondation excède les 31 000 jeunes et familles. De plus, elle gère plus de 200 établissements. Ailleurs, dans plus de 50 pays, la fondation s’occupe de locaux 22 000 jeunes et familles avec l’aide de ses partenaires.
2 : Les évolutions
À l’origine, la fondation d’Auteuil était une institution catholique. Elle a été créée pour les orphelins auxquels les fondateurs, l’abbé Louis Roussel et le père Daniel Brottier, voulaient offrir une bonne éducation, ainsi qu’un métier afin qu’ils puissent gagner leur vie. D’ailleurs, leurs mots d’ordre étaient : « créer, agir et innover pour le service des enfants les plus pauvres et les plus démunis».
À travers les années, la fondation d’Auteuil s’est adaptée aux nouvelles problématiques sociales corrélées à la protection de l’enfance. C’est ainsi qu’elle s’est également consacrée aux jeunes en difficulté.
Historiquement, c’est le 19 mars 1866 que l’abbé Roussel, préoccupé par le sort des orphelins, fonde l’Œuvre de la Première Communion avec seulement six enfants des rues pour résident. Une maison abandonnée achetée à 2 000 francs dans le quartier d’Auteuil à Paris faisait office de première résidence. L’objectif était donc de faire en sorte que chaque enfant soit accueilli, soigné, et bénéficie d’un apprentissage pour un métier, et d’une formation chrétienne.
Dix ans après, le nombre des orphelins augmente rapidement, car chaque année, on compte 200 enfants instruits. L’effectif des orphelins triple de volume avec guerre de 1870. Pourtant, les difficultés économiques engendrées par la guerre rendent difficile le placement des jeunes d’Auteuil en apprentissage. C’est pourquoi Louis Roussel décide en 1871 d’ouvrir des ateliers propres à la fondation pour former les résidents dans l’apprentissage d’un métier. D’où la naissance des Orphelins apprentis d’Auteuil qui sont principalement investis dans le métier de l’imprimerie auprès d’un journal hebdomadaire qui fut appelé « La France Illustrée ».
Vers 1890, suite au retrait de l’abbé Roussel, la fondation se heurte à de graves problèmes de trésorerie. Afin d’y remédier, l’abbé Daniel Fontaine, son successeur, trouve des solutions destinées à rentabiliser l’école professionnelle. C’est ainsi qu’il a prévu l’accueil de jeunes enfants âgés de 2 à 6 ans dans un groupe nommé « Petits Jésus ». En1901, l’abbé Fontaine fut remplacé par l’abbé François-Édouard Blétit.
Suite aux difficultés infligées par la Première Guerre mondiale et les années qui ont suivi, la fondation en est sortie très endettée, et compte plus que 170 résidents.
Vers 1923 le père Brottier dirige l’institution et réussit à redresser la fondation grâce au déploiement d’un plus important plan de collecte. Suite à quoi, il a créé la chapelle Sainte-Thérèse inaugurée en 1925 sur le site. Il a d’ailleurs obtenu la reconnaissance « d’utilité publique » de l’Œuvre en recevant le prix Niobé de l’Académie française.
En 1936, au décès du père Brottier, la fondation compte 14 annexes avec plus de 1 400 enfants résidents.
En 1942, avec le père Marc Duval à la tête de l’œuvre, la fondation connait une importante période d’expansion due aux 2 150 orphelins à accueillir suite à la rentrée des Allemands dans Paris. Néanmoins, en 1973, après la Seconde Guerre mondiale, la fondation a connu une période difficile, mais continue tant bien que mal à se développer.
À compter de 1954, la fondation suit le système de l’éducation nationale. Et compte 3 500 jeunes en 1962. Puis, le père Duval est remplacé par le père Bœgly. Ce dernier s’est fixé comme priorité de prodiguer une formation professionnelle aux jeunes. Il s’est également investi dans l’aménagement des maisons existantes afin d’accroître leur capacité d’accueil et ainsi pouvoir enseigner plusieurs métiers à la fois. C’est en 197 que le père Bœgly quitte l’institution et se fait remplacé par le père Le Gall qui, lui, n’est resté que huit mois, en raison d’une campagne de presse menée sur des supposés tests de médicaments opérés par la fondation sur des jeunes.
C’est en 1973, que le premier directeur général laïque, Jean Gosselin prend les rênes. Il a contribué à l’accomplissement des anciennes tâches de l’Œuvre tout en les aménageant suivant les évolutions. C’est pendant sa direction que le premier centre à la Réunion a été créé avec 71 garçons accueillis. C’est également ainsi que les orphelinats se sont convertis en des maisons adaptées aux changements sociaux connus dans les années 1970. De sorte que l’institution accueille désormais des fillettes, puis en 1986, des jeunes filles. Par ailleurs, les contrats avec les services sociaux et l’Éducation nationale se sont développés.
En1979, la fondation enregistre 3 000 jeunes, 22 maisons, et elle procure des formations sur 25 métiers sans cesser d’élargir toujours plus son champ d’accueil avec la mise en place, 1980, de classes adaptées aux trisomiques ; d’un centre de travail pour les personnes handicapées mentales ; et également la création d’un service d’aide pour les sans-abris ; sans compter l’accueillent des enfants issus des boat-people au Vietnam.
En 1988 la prépondérance du chômage conduit à la création de l’Aide et formation des jeunes du monde (AFJM), qui offre une assistance pédagogique, logistique et technique à partir des échanges culturels opérés en collaboration avec les pays en voie de développement.
C’est en 1991 que Jean Gosselin est remplacé par Hugues Renaudin qui était sous l’assistance d’Albert Chilou et du père Jean Savoie. C’est au cours de cette direction que la fondation a mis en place les entreprises d’insertion dont l’objectif est la « garantie du premier emploi ». Le père Savoie a par la suite été investi directeur de la fondation. Il crée, l’ONG Auteuil International en1994. Elle permet des initiatives pédagogiques et une collaboration avec les pays du Sud.
François Content, deviens directeur général de la fondation en1997. La fondation enregistre désormais 4 400 jeunes. C’est en 2000 que la fondation accueille les mineurs isolés étrangers (MIE) en prévenance d’Afrique, d’Asie et d’Europe de l’Est.
C’est en 2002 que la fondation des Orphelins apprentis d’Auteuil prend la dénomination de « fondation d’Auteuil ».
La fondation crée le premier centre maternel en 2004. Ce centre est destiné à accueillir les mineures enceintes. Ce n’est qu’en 2010 que la fondation d’Auteuil s’est prénommé « les Apprentis d’Auteuil ».
En 2011, les Apprentis d’Auteuil publient le Plaidoyer pour la jeunesse en difficulté.
En 2015, François Content est remplacé par Nicolas Truelle qui devient alors directeur général de la fondation. Les 150 ans d’anniversaire de la fondation ont été fêtés le 19 mars 2016. À l’occasion de l’élection présidentielle, les Apprentis d’Auteuil ont publié leur manifeste qui propose 20 mesures concrètes destinées à soutenir les jeunes et les familles en difficulté. L’objectif de l’écrit est d’interpeller tous les candidats de l’élection et de les questionner sur leur programme pour la jeunesse et les familles. C’est également dans la perspective d’interpeler le nouveau président élu, Emmanuel Macron, qu’en 2017, des idéologies ont été lancées sur les réseaux sociaux pour obtenir le vote des internautes.
II : Les stratégies de lutte contre la pauvreté et l’exclusion
A : Les stratégies mobilisant la solidarité
1 : Définition de la stratégie adoptée par la fondation
Il faut savoir que la lutte contre la pauvreté ne constitue pas le principal et encore moins le seul objectif poursuivi par les entreprises et organisations d’économie sociale et solidaire (ESS). Tel que l’exprime Bouchard, « L’économie sociale ne se veut pas une économie des pauvres, mais plutôt une option globale au néolibéralisme »[1].
Néanmoins, dans le cas d’une fondation, les initiatives engendrées sont fortement associées aux populations qu’elle accueille. Dans un contexte d’appauvrissement du milieu social, la fondation procure des ressources matérielles et humaines pour lutter contre la pauvreté[2]. Notamment en contribuant à la construction de compétences à partir des propositions de formation professionnelle, et ainsi contribuer à l’amélioration des conditions de vie et de travail. C’est ce que l’on entend par « building social capacity »[3].
Il est vrai que la fourniture d’emploi permet « l’inclusion des groupes désavantagés sur le marché du travail. De plus, ces emplois sont créés dans des secteurs qui sont mal desservis par l’économie marchande et par les instances gouvernementales. »[4]
Par ailleurs, la fondation cultive également le sentiment d’appartenance à un groupe dans le but de renverser la tendance menant à la pauvreté. Concrètement, on se réfère ici à l’importance de l’identification par rapport aux autres, mais également du sentiment d’appartenance à une communauté. Selon Champagne et Dufresne, « ce sont des aspects qui s’avèrent majeurs dans la mobilisation des collectivités contre la pauvreté, ce dont témoigne au Québec le cas de Saint-Camille »[5].
Il a été, en effet prouvé que le sentiment d’appartenance amène un individu à s’impliquer dans la vie collective. De même, il a également été admis que les expériences qui font appel à la mémoire et aux initiatives favorisent le développement grâce à l’engagement des individus auprès de ses semblables. Ce qui amène à l’amélioration du cadre de vie.
2 : La nature des outils pouvant être mobilisés
Dans le cadre de la gestion des problématiques sociales, il existe différents moyens qui s’offrent à chaque individu, et d’autres qui sont proposés à l’entreprise. Ces moyens font partie des mesures d’assistance sociale. En terme général, l’aide sociale se définit comme étant « un ensemble de prestations en nature ou monétaires constituant une obligation mise à la charge des collectivités publiques par la loi et qui sont destinées à faire face à un état de besoin pour les bénéficiaires dans l’impossibilité d’y pourvoir »[6].
Ainsi, en principe, l’assistance sociale est une obligation qui incombe aux autorités administratives. L’aide sociale prodiguée par le service public prend la forme de prestations d’assistance. Ces derniers peuvent revêtir différentes natures. Il en est par exemple de :
- L’allocation de solidarité spécifique destinée à couvrir les chômeurs de longue durée,
- Les allocations aux adultes handicapés, minimum vieillesse,
- Les revenus de solidarité active.
Par contre, la stratégie d’aide social prodiguée par la fondation et qui mobilise la solidarité consiste en l’assistance du résident.
L’assistance est une action sociale qui vise à restaurer l’autonomie des bénéficiaires. Ainsi, la fondation se fixe pour rôle d’aider et d’accompagner les personnes qu’elle accueille dans le respect des normes en vigueur. Cela revient à accorder l’assistance aux orphelins et aux plus démunis.
En son sens, l’assistance diffère de l’aumône dans la mesure où présentement, elle signifie : « adjoindre nos forces aux leurs. Il peut s’agir de forces matérielles au sens large, mais aussi de capacités intellectuelles ou de compétences, afin d’accomplir une tâche que la personne assistée ne peut réaliser seule. Chacun, dans la limite de ses capacités, apporte son concours, fût-il limité. »
Il s’agit donc d’une relation de coopération et non de dépendance, dans la mesure où la personne aidée ne peut compter que sur ses propres efforts pour subvenir, tous les jours, à ses besoins. Aussi, l’objectif de la relation est de rendre sa dignité à la personne en lui permettant d’être autonome. Pour y parvenir, la personne assistée doit participer, autant que possible, à l’activité de la fondation.
La différence réside dans le concept d’une relation avec une activité et celle avec une passivité. Isabelle Astier parle du travail avec autrui qui consiste à « aider les usagers à se (re) mobiliser pour conquérir ou recouvrer leur autonomie, c’est-à-dire à reconnaître l’individu comme un sujet actif et à compter sur sa volonté de s’en sortir »[7].
Il a remarqué que l’instrumentalisation de l’activité de la personne assistée est réprimée par la loi. Afin d’éviter toutes les formes de manipulations.
Une deuxième signification accordée à l’assistance consiste pour celui qui assiste à être « le spectateur d’une action ou d’un discours ». Par transposition, en vient à déduire que l’activité n’est plus effectuée par la fondation, car elle est désormais celle qui regarde agir la personne aidée. Ce deuxième sens est intéressant, car ici, l’assistance suppose un renversement de la situation: il ne s’agit pas non plus de prêter main-forte à quelqu’un ; mais plutôt de lui accorder de l’attention, d’assister ses initiatives, de lui permettre d’être un acteur et ainsi dépasser la passivité. Bref, d’accorder de l’importance à l’écoute.
Toutefois, pour que l’assistance puisse réellement agir sur la personne aidée, il faut d’emblée individualiser le sujet en tenant compte de sa vie personnelle, ses propres convictions, ses désirs, ses aspirations, sa morale, et sa capacité inventrice. En effet, selon François Dubet : « la relation d’assistance ne se réduit pas à pallier un manque d’autonomie pour se nourrir, travailler, se loger, mais aussi à faire en sorte que la personne retrouve sa puissance propre de travail ou d’expression de soi, redevienne un citoyen dans la sphère publique. Il faut ensuite, et simultanément, reconnaître la relation d’assistance comme une fonction centrale de la société. Car le travail social est aussi un travail de production des rapports sociaux »[8].
De tout ce qui précède, nous pouvons affirmer que la relation d’assistance doit nécessairement être suivie par l’individualisation. Sinon, nous serions exposés au risque édicté par Jacques Delors et Michel Dollé : « L’individualisation croissante de nos sociétés remet en question [le] fonctionnement de l’État social. La réticence des individus à entrer dans des solidarités institutionnalisées affaiblit la participation aux institutions intermédiaires, notamment syndicales, et conduit à une participation intermittente et instable aux choix démocratiques»[9].
Cette institutionnalisation est ici assurée par la fondation qui s’assure que soit reconnue l’importance de l’assistance créatrice de liens sociaux auprès de l’ensemble de la population.
B : Les stratégies menées et promues par l’entreprise :
En ce qui concerne les stratégies menées par la fondation contre la pauvreté, des modèles de gestion ont été mises en place afin de défendre l’inclusion sociale et économique des personnes aidées grâce l’accès au marché travail. Ces Modèles inclus, l’entrepreneuriat collectif, les différentes coopérations, le social business, voire l’entrepreneuriat social, ainsi que d’autres modèles d’affaires considérées comme étant financièrement et économiquement durables[10].
Les stratégies intellectuelles adoptées par la fondation dans la cadre de la gestion des problématiques sociales sont pour la plupart anciennes et s’appliquent généralement sur le plan local. Au cours des dernières années, les travaux inscrits dans ces traditions se sont multipliés. Une place particulière est accordée à la stratégie à la base de la pyramide[11].
La notion de base de la pyramide s’applique aux personnes aidées ayant pas plus de 1 500 dollars de revenu annuel, et qui sont qualifiées de « pauvres à la base de l’échelle socioéconomique globale qui réalisent leurs transactions principalement dans l’économie informelle »[12]. Dans cette approche, les personnes aidées sont de la catégorie des habitants les plus pauvres et qui est considérée comme des consommateurs. Aussi, la stratégie adoptée consiste ici à offrir des produits et des services à cette population sans perdre la marge bénéficiaire.
Pour se maintenir à flot, la fondation doit transformer son business modèle en adaptant sa logistique, sa structure de coûts, voire ses ressources humaines[13]. C’est notamment ainsi qu’une écoute approfondie des cibles doit être effectuée. Il va falloir adapter les modes de distribution en tenant compte des besoins des personnes à aider. C’est ainsi que la réduction des prix peut apparaître comme solution.
Une autre approche considère les pauvres, non plus comme des consommateurs, mais plutôt comme des « co-créateurs de marchés »[14]. Cette vision place les personnes aidées au rang des partenaires commerciaux. Aussi, le rôle de la fondation ne se limite plus à la simple écoute, car des dialogues approfondis doivent être organisés avec les cibles, dans le cadre de relations interpersonnelles et directes.
C’est également, en ce sens que la fondation en vient à se préoccuper du développement de la créativité et de la fusion de compétences au sein de la communauté des personnes aidées afin de parvenir à un engagement commun. Cette approche tend alors à favoriser une plus grande responsabilisation de la population concernée. On vise à créer des projets destinés à permettre aux communautés des personnes aidées de se développer.
Cette approche s’inspire de la tradition utilitariste[15] qui tend à créer des situations qui favorisent les rapports « gagnant-gagnant » entre la fondation et la communauté. On retient dès lors la démarche de création de valeur initiée par la fondation en faveur de la communauté, dans le cadre de gestion des problématiques sociales afin, justement, de pallier les manquements et aboutir à l’amélioration de la performance des personnes aidées.
Une autre stratégie consiste pour la fondation à recourir aux approches qui visent à reconnaître en la fondation un milieu entrepreneurial. À cet effet, elle pourra profiter de sa proximité à l’égard des collectivités locales[16]. L’hypothèse est que « la proximité pourrait engendrer des dynamiques de reconversion économique basées sur la collaboration, créant ainsi des emplois et renversant les tendances qui dévitalisent la structure économique des collectivités locales. » Cette approche accorde alors une place importante au milieu social de la fondation, car elle le compte parmi les éléments essentiels de la gouvernance inclusive, une stratégie destinée à assurer la compétitivité des collectivités territoriales[17] en créant des projets sociaux innovateurs[18].
a : Assistance, insertion et marché du travail :
De nos jours, l’assistance des personnes en difficultés auprès des fondations ne peut se faire en vase clos. En raison de la croissance du chômage structurel, des crises économiques incessantes ; sans compter les difficultés d’accès à un emploi de qualité et stable dues à la rareté des offres d’emplois.
De façon générale, la détérioration de la conjoncture économique amène les entreprises à se préoccuper non plus seulement de maintenir les actifs occupés dans leur emploi, mais également d’accroître les possibilités de travail afin de prévenir la disqualification supplémentaire des personnes à aider qui sont déjà chômeurs.
Étant donné la situation, la fondation ne peut valablement contraindre les personnes qu’elle accueille à rechercher un emploi au plus vite, pour ensuite venir leur reprocher leurs échecs s’ils n’en trouvent pas, car la tâche est quasiment impossible. Néanmoins, il faut admettre que les travaux se créent à tout moment, et être un membre de la communauté de personnes aidées ayant des soldes négatifs n’écarte en rien la possibilité d’être embauchées.
Ainsi, on retient que l’embauche est fonction du savoir et non du statut social du candidat à un emploi. C’est en ce sens que sont notamment écartés les chômeurs de longue durée, ainsi que ceux ayant de faibles qualifications. En outre, certains employeurs peuvent refuser l’embauche aux candidats ayant plusieurs enfants à charge ; et accorder le travail à des demandeurs possédant des atouts plus visibles et plus importants.
Or, à l’occasion de mon stage pratique auprès de la fondation Apprentis d’Auteuil, j’ai été en mesure de constater que les échecs réitérés et les non-suites des demandes déposées ont pour effet de décourager les personnes précaires en leur insufflant l’idée qu’ils ne pourront plus s’en sortir, et qu’elles resteront dépendantes. Par ailleurs, la plupart des embauches proposent des CDD avec des durées trop courtes, qui n’offrent en réalité aucune stabilité.
Fort de ce constat, la fondation entreprend désormais l’accompagnement des personnes aidées en prodiguant des formations. L’objectif de l’action est de permettre aux bénéficiaires d’aide de retrouver leurs autonomies. Or, le nombre de contrats de travail sur le marché n’est pas assez nombreux pour pouvoir couvrir l’ensemble de la communauté.
C’est pourquoi la fondation entend proposer des emplois aux personnes qu’elle accompagne suite à la validation des acquis de l’expérience ou encore, une formation. Bien entendu, le volume d’emplois qu’elles proposent est également loin de suffire. Mais en tant que passerelle conduisant à l’autonomie financière au sein d’une communauté de chômeurs, les efforts de la fondation constituent une part importante dans la démarche d’insertion.
On a en effet eu l’occasion de constater que parmi les personnes démunies, le nombre de ceux qui ont pu bénéficier d’un emploi a augmenté lorsque le taux de chômage diminue. Si, « En 2004, cette proportion était de 46,1 %, contre 48,8 % trois ans plus tard (correspondant à 200 000 personnes pauvres supplémentaires en emploi). Une progression liée au fait que, au cours de la même période, le taux de chômage pour l’ensemble de la population a nettement reculée (passant de 8,9 % à 8 %) tandis que le nombre d’emplois progressait de 800 000. »
On constate alors une nette progression, dans la mesure où la proportion augmente au moment où l’emploi. Ce constat nous permet d’assurer que ce ne sont nullement les jeunes qui choisissent de rester sans travail, mais c’est le travail qui manque. D’où l’importance de l’offre de la fondation.
Il est vrai que, sur le marché, le peu de travail qui sont proposés relève : soit de CDD à temps partiels, soit des trois quarts. En fait, une étude a établi que 43% des offres sont des emplois temporaires ; 53 %, des emplois à temps partiel, et 78 % des trois quarts.
Cette fragilité de l’emploi fait que lors des récessions économiques, ou au moment où les règles d’indemnisation se durcissent, si les revenus des salariés n’augmentent pas, de nombreux ménages risquent de tomber sous le seuil de pauvreté. C’est ce qui fait du RSA ou le revenu de solidarité active, le dernier rempart d’indemnisation[19], après l’assurance chômage et l’ASS[20]. Mais, force est de constater que ce ne sont pas tous les chômeurs qui peuvent bénéficier des minima sociaux. C’est ce qui justifie l’aide des entités à vocation sociales comme la fondation Apprentis d’Auteuil.
La situation est, en effet, au plus critique, de sorte qu’avoir un emploi ne suffit plus à éloigner la pauvreté. Les personnes accueillies en situation de pauvreté, sont pour la majorité des salariés issus d’un emploi de mauvaise qualité à temps partiel ou temporaire. Toutefois, la situation des jeunes en insertion auprès de la fondation est différente, dans la mesure où les emplois temporaires qui leur sont proposés ne sont pas vocation à être définitive, ils constituent, uniquement, un passage obligé vers des emplois de meilleure qualité.
Dans le cas des personnes en situation de pauvreté, ce parcours professionnel ascendant est loin d’être la règle, comme en témoigne le suivi effectué en janvier 2015 sur des allocataires percevant le RSA. Selon l’étude : « onze mois plus tard, 7 % d’entre eux ne percevaient plus que le RSA socle (ils avaient perdu leur emploi), 5 % le RSA socle et activité (ils avaient gardé un emploi de mauvaise qualité ou/et avaient vu leur situation familiale empirer) et 46 % demeuraient toujours au RSA activité. » [21]
Bénédicte GALTIER a constaté la même chose pour les salariés à temps partiel[22] . Selon lui, débuter un parcours professionnel avec un emploi à temps partiel n’est pas souhaitable. Et c’est d’autant plus vrai pour les femmes, car les emplois féminins comme ceux des serveuses, assistante maternelle, caissières, ou femmes de ménage ne permettent pas l’obtention d’une expérience professionnelle valorisable.
Ainsi, pour que l’accompagnement professionnel des personnes aidées puisse rejoindre le chemin des parcours ascendants, il conviendrait de se pencher davantage sur les critères reposant sur la durée, et également parvenir à changer le statut des travailleurs pauvres. C’est une tâche ardue qui concerne autant la fondation que ses partenaires sociaux. À l’évidence, la non-considération de la durée, contribue à négliger l’insertion professionnelle des personnes sans emploi. Dans la mesure où, un premier emploi temporaire risque, plutôt, de mener vers la précarité.
b : L’accompagnement vers l’emploi : personnalisé et global :
La crise accroît véritablement les problèmes des personnes dépourvus d’expérience professionnelle ou ceux qui vacillent entre le chômage et les emplois temporaires. Ces individus, essentiellement constitués de jeunes et de femmes, risquent de voir la paupérisation se convertir en aspect durable d’exclusion.
Le fait est que plus le chômage perdure, moins il y a de chance d’en sortir. Ceci est dû à la suspicion que les employeurs éprouvent à l’égard des candidats qui ont chômé durant une longue durée. En ces temps, le fait qu’ils peuvent bénéficier de l’assistance n’est pas suffisant pour stopper l’enchaînement établi entre la précarité, la dépendance et la marginalisation.
Mais, on lui reconnaît toutefois des effets modérateurs, car elle freine ou bloque le processus. Encore mieux, l’assistance doublée d’une formation ou d’un accompagnement, peut faciliter le retour à l’emploi.
C’est la raison pour laquelle, on assimile l’assistance à un investissement social. Néanmoins, elle ne constitue pas un remède miracle aux problématiques sociales puisqu’elle peut également échouer dans sa démarche qui vise essentiellement à redonner l’autonomie aux personnes bénéficiaires d’aide.
Mais même dans ce cas d’échec, l’aide apportée par la fondation permet à ses bénéficiaires de vivre dignement et d’éviter la souffrance de l’exclusion.
De nombreux travaux ont porté sur l’impact du chômage sur le suivi/accompagnement des personnes sans emploi dans le cadre de l’assistance. Force a été de constater que plusieurs facteurs autres qu’économiques contribuent à dicter les comportements des individus.
Les évaluations ne peuvent établir clairement ces genres de facteur. Pourtant, les décisions et les facteurs tels que l’isolement contribuent à rendre plus difficile le retour à l’emploi.
Tout cela ne suppose pas, tout de même pas que les incitations financières ayant pour but d’inciter le retour à l’emploi sont sans effet, dans la mesure où le rapport final du Comité national d’évaluation du RSA a clairement indiqué que le taux de retour à l’emploi est sensiblement égale à l’ampleur des incitations financières : « plus elles sont importantes, plus ce taux est élevé. La perception du RSA activité (ou socle et activité) se traduit toujours par un gain financier par rapport au RSA socle. Si cette incitation financière n’a pas toujours l’effet attendu, les causes en sont multiples. »
De plus, la majorité des personnes en situation de pauvreté accueillies auprès de la fondation Apprentis d’Auteuil souhaitent trouver un travail et parvenir à améliorer leur pouvoir d’achat en toute autonomie. Toutefois, beaucoup d’entre elles sont soumises à des difficultés, et ont ainsi beaucoup de mal à y parvenir.
Les problèmes rencontrés sont souvent corrélés à l’insuffisance de la formation, des problèmes d’ordre médical ou de mobilité, des contraintes liés au nombre d’enfants à charge, et surtout, l’absence d’emplois au niveau local.
Une littérature abondante a étudié les comportements tentés de discriminations que certains employeurs éprouvent dans la considération de l’origine ou du lieu d’habitation des candidats[23]. On peut en déduire que le fait d’être accueilli auprès des centres comme celui de la fondation Apprentis d’Auteuil aboutit au même type de comportement. Face à ces difficultés, une simple incitation financière est inefficace. Portant, croire que les démunis ne font que profiter de l’assistance et qu’il faudrait les contraindre pour qu’ils travaillent est totalement faux. Car la majorité des personnes en situation de précarité souhaitent véritablement s’en sortir.
Les cas de déviance ne sont, bien entendu, pas à écarter, mais ils ne constituent que l’exception à la règle. Il serait insensé de condamner la totalité des personnes en difficulté pour prévenir les agissements d’un petit nombre d’individus.
III : Les améliorations possibles :
A : Prendre aujourd’hui la mesure d’un véritable investissement social :
L’aide procuré par la fondation est un procédé à géométrie variable. Elle porte assistance à des populations hétérogènes, dont une grande partie rencontre de difficultés majeures à revenir sur le marché du travail. Elle accueille également une certaine fraction de personnes demandeuses d’emploi, ce surement, en raison des défaillances structurelles insufflées par les crises économiques.
Pour les personnes aidées, accéder à travail dépendra de leurs antécédents professionnels, mais également des modalités de leur accompagnement et des discriminations qui peuvent les viser sur le marché du travail. Ces conditions apparaissent injustes à l’égard de ces personnes qui ne souhaitent que l’insertion au niveau du marché de travail.
Des expérimentations[24] lancées auprès d’une trentaine de départements volontaires afin d’évaluer le taux de retour à l’emploi. Les résultats démontrent un très faible sur le retour à l’emploi. L’expérimentation avait également révélé les obstacles auxquels les chômeurs étaient exposés. Certes, la période de crise n’est pas favorable à la croissance des embauches. Mais, outre les problèmes conjoncturels, ce faible retour à l’emploi témoigne du fait que les difficultés ne sont pas uniquement d’ordre monétaire. Plutôt que de remédier à ces nombreux obstacles au retour à l’emploi, des accusations ont été portées sur l’assistance et les personnes aidées. On reprochait à celle-ci de récompenser la paresse.
La mise en œuvre de l’accompagnement auprès de la fondation Apprentis d’Auteuil dans le cadre de l’accompagnement professionnel s’est accompagnée d’une corrective visant à renforcer l’accompagnement, les aides à l’emploi et la formation afin que les personnes aidées puissent bénéficier d’une égalité des chances.
Aujourd’hui, le défi de la fondation est plus important, car elle souhaite compenser les problématiques sociales des personnes en difficulté. Relever un tel défi n’est pas facile pour une société où ses ressources sont comptées. Pour y parvenir, il faudra mobiliser un effort commun.
Mais le discours sur l’assistanat contredit cette initiative en refusant l’idée d’un investissement de cohésion sociale, et en faisant supporter tout le poids de l’effort sur les personnes en difficulté plutôt que d’initier un effort collectif. En fait, ils accusent les personnes aidées de fainéants irresponsables, car, tout en étant valides, ils bénéficient de l’aide des fondations et profiteraient injustement de la solidarité collective.
Pourtant, l’aide ici est assimilable à un devoir d’assistance envers les plus démunis, non pas par compassion, mais afin qu’ils puissent reprendre pied, et devenir sur le plan social, économique, voire politique, des citoyens à part entière. Ce n’est que de cette manière que pourra être rompu la fatalité selon laquelle, des enfants pauvres seront également des adultes pauvres.
La meilleure stratégie consiste à faire du social un investissement dans l’homme. De sorte qu’en amont, il puisse bénéficier d’une formation, et en aval, obtenir un emploi. D’ailleurs, on ne cessera de réitérer que les personnes en difficulté ne quémandent pas la charité, mais plutôt les moyens de s’en sortir.
B : Reconstruire une cohérence entre assurance et assistance :
En théorie, les définitions accordées aux termes assurances et assistance sont parfaitement claires dans la mesure où à partir de l’assurance, une personne peut assurer ses problématiques sociales ou celles de ses ayants droit, moyennant cotisation. Par contre l’assistance procure de l’aide à ceux qui, à défaut de revenus suffisants, ont un trop faible niveau de vie.
Mais la réalité a tendance à confondre ce schéma traditionnel. Puisqu’ en raison de la dégradation du marché du travail, il existe désormais des assurances sociales, « qui consistent à prélever en fonction des revenus et à verser en fonction des besoins et qui ont longtemps pris en charge une partie des dépenses de redistribution. »
Sur le plan des services publics, la prise en charge des personnes valides, mais sans emplois afin de faciliter leur insertion, va à l’encontre de la distinction entre personnes valides et invalides. En effet, selon l’opinion publique, l’assistance est considérée comme excessive, voire contre-productive, et donc serait injuste vis-à-vis de la population active. D’autant plus que la faiblesse de la croissance économique contraint fortement les budgets des collectivités.
Face à ces contraintes, une des solutions envisagées consiste à procurer un revenu d’existence[25]. Il s’agit d’un revenu octroyé « non pour exister, mais parce qu’on existe »[26]. Cette politique consiste à redistribuer tout ou partie des revenus obtenus (recueillis grâce aux impôts sur le revenu) selon des règles parfaitement égalitaires pour toutes les personnes à aider.
La fondation devrait s’en inspirer. Mais pour parvenir à proposer de telles prérogatives envers la communauté accueillie, la fondation pourrait susciter l’aide des bailleurs. Souvent, ladite aide provient des organismes internationaux, mais il arrive également qu’elle provienne de l’État ou des personnes, physiques ou morales qui souhaitent accorder leur aide aux plus défavorisés.
Le problème c’est qu’il faudrait que l’investissement soit assez élevé pour se substituer au moins aux revenus d’assistance proposée par l’État. « Il s’agirait d’une sorte d’assurance sociale généralisée, égalitaire, bénéficiant à tous sans que quiconque ait de démarche à effectuer »[27].
Pour atteindre également son but, la fondation pourrait mettre sous condition de revenus, mais aussi d’insertion les dépenses d’assistance ; de sorte que ceux qui ne peuvent travailler puissent prétendre à l’insertion sociale, et que les autres qui sont à la recherche d’un emploi visent l’insertion professionnelle. L’idée est donc d’insuffler à la communauté une certaine dynamique et ainsi éviter l’assistanat.
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PARTIE II : LES ATTRIBUTIONS DU CONTROLEUR DE GESTION
La rareté des ressources contraint toutes organisations, qu’elle soit grande ou petite ; et dans le secteur privé ou public à maîtriser ses ressources. C’est là le premier rôle qui incombe au contrôleur de gestion. Par ailleurs, l’intense compétition qui anime les secteurs de l’économie amène les entreprises à procéder au contrôle de gestion. Dans la mesure où il s’agit véritablement d’un vecteur d’innovation sur le plan organisationnel ; et un outil de conseils auprès des dirigeants et managers dans la recherche de performance et la réduction des éventuels dysfonctionnements.
Cette partie du mémoire établit donc la raison pour laquelle le rôle du contrôleur de gestion est essentiel dans le développement de méthodes et outils destinés à mieux estimer et gérer les performances. Les Anglo-saxons nomment cette démarche par « management accounting ». Mais, ladite démarche est entre autres créateur de valeur et suscite le changement organisationnel à partir des idées innovatrices. Les Anglo-saxons estiment que cette capacité relève du « management control ».
I : Le contrôle de gestion social :
Ainsi, comme nous l’avions précédemment explicité, le contrôle de gestion est une des fonctions essentielles qui doit exister au sein de toutes organisations ou entreprises qui souhaitent s’assurer que les ressources soient employées avec efficience et efficacité, conformément à la stratégie prédéfinie. Il s’agit de ce fait d’un processus permanent et non ponctuel comme le cas de l’audit.
Néanmoins, le contrôle de gestion étant intimement relié à l’audit, sa définition y est également corrélée. En effet, l’audit et le contrôle forment les piliers qui assurent la maîtrise et la performance de l’entreprise. Pourtant, en pratique, les contrôleurs interviennent en dernier ressort auprès de la gouvernance afin de minimiser les risques pesant sur l’atteinte des objectifs.
Ceci est aberrant, car le contrôle devrait être inséparable de la gestion et du management. Les managers et les gestionnaires de projet consacrent beaucoup de leur temps à s’autocontrôler, et à subir le contrôle d’autres acteurs. La mission du gestionnaire consiste généralement à observer le déroulement d’une action et à le confronter avec l’action visée afin de pouvoir réagir à temps et prendre éventuellement des décisions correctives. La qualité de son travail dépend alors de sa capacité à repérer, à partir des informations en sa possession, les actions correctives.
Le rôle du manager consiste par contre à expliquer l’écart entre les résultats et l’objectif.
C’est pourquoi il a été dit que « le management est le guide de l’action collective organisée et le choix d’un mode d’action approprié pour réduire cet écart, la mise en œuvre et le contrôle des mesures correctrices décidées. » C’est également pourquoi un acte de management comprend :
- la prévision,
- l’organisation,
- l’application,
- Et enfin, le contrôler, qui fait de ces étapes une action collective complète.
En fait, ces quatre étapes sont également à la base du contrôle de gestion. Plus concrètement, le contrôle organisationnel est composé d’une partie contrôle interne et d’une autre partie contrôle de gestion.
Figure : Le cycle du contrôle de gestion
Ainsi, le contrôle de gestion est « un ensemble de procédures qui s’incarnent dans des outils (par exemple des tableaux de bord, des reportings, des plans d’action…), des méthodes (par exemple de calcul de coûts, de réduction des coûts, de changement…) et des dispositifs qui relient la stratégie et l’exécution de la stratégie en orientant les comportements et les pratiques des acteurs. »[28]
Les dispositifs du contrôle de gestion peuvent être concrets avec des réunions du comité, des rendez-vous en temps réel, etc. ou numériques avec l’usage des logiciels spécifique et autres. La nature des dispositifs en place dépend du choix de chaque organisation. Mais la tendance évolutive fait que de nos jours, les entreprises se rattachent de plus en plus aux outils numériques.
Dans tous les cas, le rôle du contrôleur de gestion oscille en permanence, entre une certaine rigidité (afin d’assurer le respect des normes) et une certaine indulgence (afin de créer un échange dans la gestion). Cette contradiction reflète l’étendue de la complexité de la mission du contrôleur de gestion.
En effet, le contrôle de gestion concerne les managers, la direction, et l’ensemble des activités d’une entité. Il a pour objectif d’organiser le milieu environnant des managers. Il concerne également les ressources humaines dans le cadre de la réalisation de certains objectifs. Il côtoie, entre autres, la fonction organisation, la direction générale, ainsi que les fonctions stratégiques de l’entreprise dans la recherche d’informations.
Le contrôle de gestion procède à des prévisions, puis à la comparaison de ces prévisions aux réalisations. Ensuite, il peut procéder à des mesures correctrices destinées à rectifier l’action afin d’atteindre les objectifs. Le contrôle de gestion apparaît donc comme un processus régulier qui possède deux pôles. Notamment :
- un pôle normatif, qui regroupe les contrôles au niveau hiérarchique, ainsi que les contrôles économiques
- un pôle constructif qui est, en fait, un contrôle pédagogique, car il peut mener à l’apprentissage, à l’initiation d’actions correctrices, ou encore à un dialogue de gestion.
De ce fait, le contrôle de gestion renferme deux formes d’oppositions : d’une part, il y a la logique de régulation qui conduit l’entité vers l’objectif souhaité. Et d’autre part, il y a la logique d’auto-apprentissage qui force l’organisme à reconsidérer l’objectif souhaité par accumulation des actions correctrices. La figure qui suit relate les procédures classiques du contrôle de gestion.
Figure: Les procédures classiques du contrôle de gestion
Mais il faut savoir qu’il est également possible d’adopter d’autres formes de procédure. Justement la définition proposée par P.-N. Anthony concernant les procédures du contrôle social met en exergue une classification en trois niveaux adaptés judicieusement par H. Bouquin. Il s’agit notamment du :
1. contrôle stratégique :
Qui est : «celui qui permet à la direction d’appréhender la nature des hypothèses conditionnant de manière déterminante pour un long terme les activités et structures de l’entreprise jugées les plus aptes à lui permettre de réaliser ses finalités. » [29]
Dans le cadre du contrôle social, c’est le contrôle stratégique qui définit les options prises par les DG et DRH sur le long terme. Concerne, notamment, les structures de rémunérations, l’augmentation des couts sociaux, les questions de compétences. Et également le choix des processus de contrôle ; autrement dit, la structure et le mécanisme qui sous-tend le système.
2. Contrôle de gestion :
« C’est le système qui incite chaque responsable à gérer les facteurs clés de succès dans le sens requis par la stratégie et qui lui permet de comparer le déroulement de son action aux objectifs du plan a` court terme et d’identifier la cause des divergences éventuelles afin d’en déduire la nature des mesures a` mettre en œuvre. » [30]
Le contrôle social concerne principalement l’accord et le suivi des budgets destinés à couvrir les frais du personnel.
3. Contrôle d’exécution ou opérationnel :
Ce type de contrôle «permet à chaque délégataire de s’assurer que les taches programmées se déroulent conformément aux règles, et aux délégants de disposer des sécurités qui les dispensent de vérifier le détail de ces tâches »[31].
Au sein d’une entreprise, il est effectué au moment du calcul et de la paie des rémunérations des salariés, mais également dans le cadre de l’ajustement des compétences nécessaires sur les postes. Notamment dans la mise en œuvre et le suivi de la gestion sociale.
Le rapport entre l’approche par les domaines du contrôle et l’approche par les niveaux de contrôle permet de définir plus amplement le système de contrôle social et son rôle dans la recherche de rentabilité. Le tableau suivant récapitule l’ensemble des données.
Figure: Le système de contrôle social
Trois niveaux du contrôle social
Cinq domaines du contrôle |
Contrôle stratégique |
Contrôle de gestion |
Contrôle opérationnel |
Rémunérations |
– Les systèmes de rémunération |
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– Le pilotage des rémunérations |
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Masse salariale |
– Pilotage et contrôle de la masse salariale |
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Budgets sociaux |
– Les budgets de frais de personnel |
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– Pratiques du contrôle des frais de personnel |
|||
Compétences Effectifs Performances |
– Performance et formation |
||
– Processus et planification |
|||
Choix des outils et structures
du contrôle |
– Les systèmes du contrôle stratégique |
||
– Le contrôle social opérationnel |
A : Contrôle de la gestion des compétences en management :
Par définition, le management est « un style de direction qui régule l’organisation fonctionnelle. Le management influe et découle à la fois des objectifs et de ceux qui les mettent en place. Suivant la volonté des dirigeants, ou l’effet d’histoire de l’organisation, il s’impose dans le temps et sur les managers proprement dits comme un élément à la fois incontournable et en perpétuelle évolution »[32].
Perçu en termes d’efficacité, le management adhère de plus en plus aux projets à dimension sociale, et il définit les paramètres d’efficacité qui sont des facteurs essentiels pour assurer la pérennité d’une entreprise. En effet, la performance associée à l’ efficience et l’efficacité crée le mode de régulation du management sur le long terme .
Ainsi, dans le but de parvenir à la performance, la fondation Apprentis d’Auteuil écarte l’approche de Fayolle et Taylor qui ont désigné la rémunération comme étant la seule source de motivation des agents au travail, pour, plutôt, intégrer l’idéologie de Mayo, Crozier qui soutiennent que les intérêts individuels agissent sur paramètres de motivation individuelle, et qu’il existe une certaine adéquation entre la motivation des agents et la performance de l’organisation. Le rôle du contrôleur de gestion revient alors à promouvoir la motivation des personnes bénéficiaires d’aide en assurant la transparence au niveau de la gestion.
En principe, le contrôleur de gestion intervient au niveau opérationnel dans le contrôle des systèmes d’information et la gestion des interfaces. Ceci est rendu nécessaire en raison des évolutions apportées par l’informatique. De cette manière, le contrôleur de Gestion interagit véritablement sur le management. Il met en œuvre les outils de feedback et de contrôle de l’exécution des activités.
Afin d’y parvenir, le contrôleur de Gestion dispose d’un d’actions qui peuvent varier suivant les situations et peuvent influencer directement ou non les modes de management. Ces impacts dépendent aussi bien du style de management déployé que de la place que possède le contrôleur de gestion au sein d’un organisme donné.
Mais en terme général, le contrôleur est considéré comme étant :
- Le navigateur de l’entreprise : C’est ainsi qu’il contribue à définir les objectifs et à mettre en place les plans d’action. Par ailleurs, il s’assure du suivi de l’activité de l’organisation, tout en créant des outils destinés à permettre l’exercice d’un feedback sur l’activité.
- Le conseiller économique de l’entreprise : C’est notamment le cas lorsqu’il a pour mission de mettre à disposition de la direction des outils de pilotage.
- Le mécanicien du système budgétaire : Lorsque son rôle initial consiste à choisir les clés de répartitions et les suivis.
- L’animateur du système de contrôle de gestion : Lorsqu’il est chef de projet et joue le rôle de manager.
Ainsi, dans son rôle, le contrôleur de gestion est souvent relié au directeur du contrôle de gestion ou à la direction financière, et même parfois, à la direction générale. Il peut également avoir un ou plusieurs domaines d’action.
Mais son rôle d’interface avec le terrain n’est appliqué qu’au niveau des grandes structures. Dans la mesure où son rôle se confine à des tâches moins impressionnantes au sein des petites entités. Il est vrai qu’en pratique sa fonction dans les petites entreprises se cumule avec les missions comptabilité et finances. Quoique dans les grands groupes, il existe des postes comme :
- Le contrôleur – assistant: qui a la responsabilité d’un ou deux domaines d’activités (tableaux de bord, analyse des stocks, frais généraux, etc.) ;
- Le contrôleur budgétaire : élabore les prévisions et contrôle les réalisations budgétaires ;
- Le contrôleur de gestion industrielle : exerce le rôle de contrôleur de gestion central, il se consacre à l’analyse des prix de revient, aux coûts de production, etc. Il participe activement à améliorer la rentabilité de l’entreprise et assure le contrôle budgétaire ainsi que le reporting ;
- Le contrôleur de gestion commercial : a pour mission d’élaborer les tarifs et les marges. Il étudie la démarche qui vise la rentabilité, et contrôle les coûts de distribution. Il collabore avec le directeur commercial dans la définition des objectifs.
Au sein de la fondation Apprentis d’Auteuil, le rôle du contrôleur de gestion est réduit au strict minimum, car il se charge uniquement de la mise en place des budgets. Il s’agit donc d’un contrôleur budgétaire.
B : Contrôle stratégique et opérationnel :
Par définition, « Le contrôle de gestion sociale opérationnel est le système qui incite chaque responsable à gérer les facteurs clés du succès dans le sens requis par la stratégie, qui lui permet de comparer le déroulement de son action aux objectifs du plan à court terme et d’identifier la cause des divergences éventuelles afin d’en déduire la nature des mesures à mettre en œuvre. »[33]
Il concerne principalement la mise en place et le suivi des budgets destinés à couvrir les rémunérations du personnel. Le contrôle stratégique et opérationnel concerne, entre autres, le suivi des flux d’effectifs, ainsi que l’ajustement des compétences nécessaires sur les postes. Notamment à partir du suivi des tableaux de bord.
Le tableau ci-après synthétise les principales démarches et les méthodes du contrôle stratégique et opérationnel et axe du pilotage socio-économique.
Tableau: Les démarches et les méthodes du contrôle de gestion sociale
NIVEAU STRATÉGIQUE PILOTAGE DU DÉVELOPPEMENT ET DES GRANDS ÉQUILIBRES SOCIO-ÉCONOMIQUES À LONG TERME |
NIVEAU OPÉRATIONNEL PILOTAGE SOCIO-ÉCONOMIQUE À MOYEN ET À COURT TERME |
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Axes d’action | Démarches – Méthodes | Axes d’action | Démarches – Méthodes |
ORGANISATION | Évolution de l’organisation Mise en œuvre des flexibilités | PILOTAGE SOCIAL | – Gestion individuelle
– Suivi des dysfonctionnements – Conditions de travail |
EMPLOI – COMPÉTENCES | Projection des effectifs et compétences Planification des ressources humaines
Politique de formation |
ALLOCATION ET DÉVELOPPEMENT DES RESSOURCES | – Gestion des effectifs et des temps
– Formation – Gestion des compétences et des carrières |
IMPACT FINANCIER
MASSE SALARIALE |
Mesure des coûts sociaux
Évolution des systèmes de rémunérations Pilotage de la masse salariale |
PILOTAGE ÉCONOMIQUE | – Paie
– Rémunérations – Budgets de frais de personnel – Suivi de la masse salariale |
PERFORMANCES | Suivi des performances socio-économiques Politique d’intéressement |
C : Contrôle du système d’information :
Il existe plusieurs sortes d’outils du contrôle de gestion qui peuvent présenter différents critères. Tels que les objectifs visés, l’horizon temporel, la fonction ou le service utilisateur.
D’ailleurs, « C. ALAZARD et S. SEPARI proposent une typologie des outils du contrôle de gestion selon leur ordre d’apparition en montrant l’évolution des besoins qu’ils doivent satisfaire, et pour quel champ d’action, ils se situent : la stratégie, le suivi opérationnel des fonctions et la structure. Il est alors possible de croiser les outils et les niveaux d’action pour dresser un essai de panorama de l’utilisation du contrôle de gestion. »[34]
Ainsi paraissent trois sortes d’outils : le calcul budgétaire, le calcul des coûts, et les indicateurs de performance qui répondent à des objectifs évolutifs établis par rapport à différents champs d’utilisation. Tel que la stratégie, la structure, et le suivi des fonctions.
Outil
Champ d’utilisation |
Coûts | Budget | Indicateurs de performance |
Stratégie | X | X | |
Suivi opérationnel des
fonctions |
X | X | X |
Structure organisationnelle | X | X |
Selon M. JOUVEN[35], lorsque le champ d’action est stratégique, les outils relevant du domaine des indicateurs ainsi que les coûts sont privilégiés.
Par contre, selon M. JACQUET[36], l’indicateur de performance reste l’outil auquel on a le plus recours au niveau de chaque décision. Qu’elle soit stratégique, opérationnelle ou structurelle.
Pour finir, il est intéressant d’évoquer que le contrôleur de gestion a pour mission de communiquer, d’encourager, de critiquer, de convaincre et de conseiller. Autant de compétences il lui faut maitriser s’il souhaite parvenir à influencer le management. En effet, il ne suffit pas d’être en possession des outils appropriés, encore faut-il avoir la capacité de transmettre clairement, et de façon précise les bonnes informations.
D’où l’importance du contrôle du système d’information qui regroupe :
« L’ensemble des méthodes, les outils et les techniques majeurs qui font du contrôle de gestion une discipline de mesure et de pilotage des performances et de développement des performances et de création de valeur.
D’un côté, le contrôle de gestion doit s’appuyer sur des techniques efficientes de calcul de coûts, de reporting, de budget, de tableaux de bord qui le conduisent à un niveau élevé d’expertise en système d’informations et en Business Intelligence ; de l’autre, il doit déployer des méthodes de gestion des conflits, de management de projets et de conduite du changement pour être créatif et créer de la valeur. »[37]
Ainsi, la fonction du contrôleur de gestion doit également consister à savoir manipuler les informations issues des systèmes d’informations comptables. Il faut qu’il sache s’y repérer afin qu’il puisse identifier les coûts-performances dissimilés ainsi que les réserves d’efficacité qui restent à exploiter.
En définitive, l’évolution des savoir-faire apportée par les nouveaux systèmes d’informations a tendance à élargir le domaine d’activité des contrôleurs de gestion, car désormais, leurs missions relèvent également du traitement des informations d’ordres qualitatifs et surtout sociaux en ce qui concerne la fondation Apprentis d’Auteuil.
On parle donc de contrôleur de gestion social (CGS) qui est un métier relativement nouveau. Cette fonction se distingue de celui du contrôleur de gestion classique en la nature même la mission auquel il est assigné.
En effet, le CGS agit en considération du facteur humain qu’il place au centre des statistiques. En fait, il propose des actions qui sont destinées à améliorer la gestion des ressources humaines. Tandis que le contrôleur de gestion classique s’attache uniquement à la gestion financière de l’entité.
II: La recherche de rentabilité :
La rentabilité est fortement reliée au contrôle de Gestion. En effet, la contingence du contrôle de gestion sur le management semble avoir des influences non négligeables sur la performance des organisations. Désormais, le contrôleur de gestion apparaît comme étant un générateur d’indicateurs dont la mission est de faciliter la prise de décision par les managers.
Néanmoins, l’importance du contrôleur de gestion n’est encore reconnue qu’au sein des structures matricielles où ladite fonction est rattachée à la direction générale. Ce n’est que dans cette éventualité, encore rare, qu’un pouvoir de réel est attribué aux contrôleurs de gestion.
Toutefois, les normes européennes dans le domaine de la Gestion (I.A.S.) contribuent à formaliser la mission et le rôle du contrôleur de gestion en lui une certaine influence sur les structures et le management.
En effet, l’activité grandissante du contrôleur de gestion qui, en plus du contrôle budgétaire, de la gestion opérationnelle, du reporting financier, s’étend également à l’analyse des risques liés aux nouvelles opportunités apportés par les activités. Désormais, le contrôle de gestion se spécialise et rassemble de nombreux métiers.
La distinction des différents cadres permet de mieux appréhender la place du contrôleur de gestion au sein d’une entité donnée et fait, entre autres, refléter l’étendue de sa spécialisation en matière de savoirs et de savoir-faire.
Ainsi, l’interaction entre le contrôle de gestion et le management est encore en pleine évolution. La tendance Actuelle de l’approche de benchmarking ne fait que confirmer ces dires en procurant aux professionnels du contrôle de gestion les moyens d’échanger et de comparer leurs rôles et rémunérations dans le cadre de leurs missions au sein de différentes structures.
A : La rentabilité d’une entreprise sociale :
Les gestionnaires d’entreprises sociales poursuivent une finalité sociétale prioritaire et ne recherchent pas des bénéfices sur le capital investi. Ainsi, même si la fondation développe une activité économique pareille à celles qu’exercent les entreprises classiques, sa finalité sociale reste prioritaire et lui dicte une manière de gestion différente.
C’est pourquoi dans une entreprise sociale telle le cas de la fondation Apprentis d’Auteuil, la notion de rentabilité ne sont pas liés à la seule notion de rentabilité financière. Dans la mesure où, pour ce type d’entreprise, l’objet social consiste en la réalisation de missions destinées à produire des impacts collectifs. De ce fait, leur rentabilité se mesure autrement que par l’intermédiaire des indicateurs procurés par le marché.
Comprendre la corrélation entre la gestion des problématiques sociales et la rentabilité revient à revisiter la notion de production, ainsi que la manière de mesurer la valeur de production de l’entreprise. Plusieurs auteurs se sont attelés à définir une forme élargie de la notion de performance et de production. La question était de savoir si les formes intégrées dans la vision élargie de la production peuvent être mesurées dans la mesure où il s’agit de valeurs non marchandes.
Les auteurs ont prévu différentes techniques de mesure destinées à l’évaluation de la performance d’une entreprise sociale. Il s’agit de la méthodologie du retour sur investissement ou social return on investment (SROI) basés sur des analyses multicritères constituées de différents indicateurs complémentaires, aussi bien quantitatives que qualitatifs, monétaires ou non, et spécifiques ou transversaux. Ceci se justifie aisément par le fait que l’activité d’une entreprise sociale produit des effets, non seulement, à l’égard des bénéficiaires d’aides, mais aussi sur l’ensemble de la collectivité.
C’est ainsi que : « la performance de l’entreprise sociale est définie comme une production « élargie » comprenant non seulement la production au sens strict (ou output), mais aussi les impacts directs sur les bénéficiaires ainsi que les impacts indirects que constituent les externalités engendrées par cette entreprise sur le plan social, sociétal ou environnemental. »[38]
Concrètement, il faut donc se référer aux impacts macroéconomiques que l’activité de la fondation entraine sur le reste de l’économie. Il faut alors déterminer s’il est possible de mesurer les différentes composantes dans le cadre du contrôle de gestion. Pour ensuite parvenir à l’évaluation monétaire des impacts sur les bénéficiaires et sur le reste de la collectivité.
Portant, si mesurer la performance de l’entreprise sociale semble, théoriquement, être la meilleure voie pour pouvoir démontrer la plus-value apportée par les entreprises sociales sur le plan sociétal. L’étude pratique de la situation au sein de la fondation Apprentis d’Auteuil, en tant que contrôleur de gestion nous a permis de constater que l’analyse de performance multicritères de la fondation doit s’atteler aux indicateurs propres à chaque secteur d’activité. Notamment dans la recherche des consensus parmi les différents producteurs, qu’ils soient ou non à finalité sociale.
On s’est alors référé à l’Impact Reporting and Investment Standards (IRIS) qui nécessite une approche multidisciplinaire destinée à permettre l’évaluation de la rentabilité d’un projet d’une entreprise à but sociale par le biais d’une méthode multicritères dont les résultats sont parfois différents de celui auquel conduirait une évaluation monétaire.
Le principe est simple puisque :
- « Les sources d’efficacité génèrent des bénéfices économiques lorsqu’elles augmentent les recettes ou réduisent le niveau de coût des activités. Elles influencent positivement les cibles sociales et créent un bénéfice social ;
- Les réductions de coûts sont également considérées comme des bénéfices économiques »[39];
Enfin, l’évaluation de la rentabilité de la fondation doit prendre en considération certaines variables au même titre que la nature de la production. Il en est par exemple, ainsi :
- De la nature des biens que possède la fondation : biens privés ou biens quasi publics ;
- De la nature des droits de propriété : droit d’appropriation ou droit de contrôle, etc. ;
- De la nature des ressources mobilisées : ressources publiques ou non.
En effet, l’expérience nous a appris que la détermination de la performance globale d’une fondation est d’autant plus délicate que les ressources de l’entreprise sont de nature publique non marchande, ou que les droits de propriété sont faibles.
B : Les défis à relever :
Si la plupart des théories en gestion stratégique ont été créées pour les entreprises classiques, certains travaux ont la particularité de traiter les problématiques de gestion au niveau des entreprises sociales. Ces dernières n’étant pas ouvertes à toutes les formes de théories de référence, leurs gestionnaires se trouvent confrontés à une situation délicate dans leur recherche de rentabilité.
Rappelons, en effet, que « … la notion d’entreprise sociale vise à décrire la tentative de combiner une finalité sociétale prioritaire avec une dynamique d’entreprise et la poursuite d’une activité économique. (…) Cette finalité sociétale a trait à des enjeux de société (la lutte contre la pauvreté, la culture, le changement climatique, etc.) et est prioritaire ; il en résulte que les entreprises sociales sont gérées en fonction d’objectifs non capitalistes, c’est-à-dire qu’elles ne cherchent pas à maximiser les profits dans le but premier de rémunérer le capital.»[40]
Cette définition apparaît intéressante dans la mesure où elle met l’accent sur le fait que l’entreprise sociale, à l’image des autres organisations économiques qui produit des biens ou des services. Seule la notion de production diffère, puisqu’il faut l’appréhender dans son sens large en prenant en considération d’autres facteurs non purement financiers tel que nous avions déjà eu l’occasion de développer.
N’empêche qu’en tant qu’entreprise sociale la fondation Apprentis d’Auteuil a pour finalité la résolution des problématiques sociales au lieu de la maximisation des profits. La stratégie d’entreprise adaptée à ces types d’entreprise doit pouvoir apporter une solution à la question : comment réaliser les objectifs sociaux sur le long terme.
La stratégie idéale doit alors porter sur les procédés de réalisation dans le long terme, et non dans le court terme, tel que proposé par la gestion opérationnelle.
Par ce fait, la fondation est confrontée à un double problème. D’un côté, elle ne peut négliger les théories classiques qui sont à l’origine des performances en gestion des entreprises. Pourtant, d’un autre côté, ses finalités sociales peuvent être négligées si elle venait à appliquer lesdites théories ainsi que les spécificités de gestion qui en découlent.
En réponse à ce dilemme, nous recommandons la gestion stratégique qui se traduit par le choix de ce qu’il faut faire pour réaliser les finalités, et ensuite, la manière de faire. Mais il faut d’emblée comprendre que les activités d’une entreprise sociale engendrent des résultats sociaux, mais également économiques. Si les premiers font progresser les finalités sociales, les seconds sont plutôt destinés à assurer le niveau de rentabilité qui garantit la réalisation des objectifs sociaux.[41]
C’est notamment ce dernier qui permet de créer des emplois pour les chômeurs, en générant un chiffre d’affaires et en attirant les subventions publiques destinées à couvrir les coûts.
Les résultats sociaux et économiques d’une entreprise sociale ne sont pas toujours sur un pied d’égalité. En effet, il y a des cas où certains bénéficiaires ne contribuent pas sur le plan économique. De même que ce ne sont pas l’ensemble des bailleurs de fonds de la fondation, qui impliqués directement dans les problématiques sociales qu’elle cherche à résoudre.
Le fait est que les activités de la fondation influencent différentes cibles ce qui produit des résultats sociaux et économiques différents.
Le défi à relever dans la recherche de rentabilité de la fondation se construit en quatre étapes :
- Première étape : Description de la mission: la description de la mission de la fondation consiste à répondre à plusieurs questions qui ont été inspirées des théories des avantages compétitifs et du marketing de base. Seront alors évoqués, l’enjeu de la société, son domaine d’activité, ses cibles, ses activités et procédé interne.
La figure qui suit établit le récapitulatif de la description de la mission d’une entreprise sociale.
Figure : cadre pour la description de la mission d’une entreprise sociale
La pyramide se construit de haut en bas.
- En haut de la pyramide, la fondation devra résumer les problématiques sociales qu’elle entend résoudre.
- L’étage qui suit détermine les activités à prévoir en fonction des finalités en spécifiant, dans le volet social, la nature des besoins sociaux à satisfaire afin de résoudre les problématiques sociales, et dans le volet économique, les éventuelles sources de rentabilité ou de revenus correspondants à chaque domaine.
- Le troisième étage maintient la liaison entre l’ensemble des activités et les personnes aidées par la fondation. Sur le côté gauche de la pyramide devront se trouver une liste précise des domaines d’activités.
Chaque destinataire d’aide sera inscrit à l’intérieur de la pyramide. Dans le volet social seront placées les cibles sociales, et dans le volet économique, les cibles économiques. Cette classification est donnée en fonction de la nature des besoins des personnes à aider.
- Le dernier étage regroupe les procédés critiques qui correspondent à chaque domaine d’activité. Seront spécifiés, les procédés qui ont pour caractéristique de pouvoir influencer la performance des activités par rapport aux bénéficiaires d’aide dans le volet social ; ainsi que ceux qui peuvent influencer la performance par rapport en considération du niveau de coût des activités dans la cadre du volet économique.
- Deuxième étape : Identifier les sources de revenus et de rentabilité : même si les entreprises sociales ne recherchent pas de profits, elles doivent générer suffisamment de revenus pour couvrir leurs coûts.
Cette étape consiste à établir les sources de revenus récurrents. Notamment, à partir de la vente des biens et service, de l’aide publique, de dons ou du volontariat, voire des organismes internationaux dans le cadre d’un traité de coopération.
Mais les sources de revenus dépendent du domaine d’activité. C’est ce que démontre effectivement le schéma qui suit.
Figure : identification des domaines d’activité en lien avec les finalités
Le schéma est censé illustrer les domaines d’activité de la fondation. Le volet social prévoit trois sortes de besoins sociaux avec des publics cibles différents. Par contre, le volet économique illustre quatre sources de revenus. Le schéma mentionne, entre autres, les sources de rentabilité.
- Troisième étape : Description des objectifs stratégiques : Les objectifs stratégiques d’une fondation se décomposent en quatre niveaux. Dont:
- les résultats finaux que l’entreprise s’était fixés dans un certain temps, aussi bien, sur le plan économique que social comme le nombre de postes de travail visés sur le long terme ;
- les cibles qui sont les destinataires d’aide ;
- les activités à développer afin de satisfaire les besoins des cibles ;
- les procédés internes, ou ressources destinés à assurer l’efficacité des activités.
Il est à remarquer que l’ensemble de ces objectifs qui ont été fixés à chaque niveau est corrélé. Ils ont des liens de cause à effet. La rentabilité de la fondation dépend par exemple du nombre de cibles qu’elle touche.
Ainsi, le nombre de cibles devient la « cause » qui crée les « effets » qui sont ici manifestés par la rentabilité. Cette corrélation est également vraie pour les autres niveaux.
En fait, c’est en fonction de la qualité des procédés mis en œuvre que dépendent le niveau de satisfaction des cibles et la rentabilité. Et ce sont les objectifs stratégiques qui déterminent les activités à mettre en œuvre.
En conséquence, étant une entreprise sociale, la fondation Apprentis d’Auteuil, devraient séparer les objectifs stratégiques sociaux et économiques à chaque niveau comme suit :
Figure : Description des objectifs stratégiques
- Quatrième étape : Définition des stratégies d’action : Cette étape regroupe un ensemble d’actions destinées à permettre la réalisation d’un ou plusieurs objectif(s) stratégique(s).
Les stratégies d’action devraient normalement être établies par un contrôleur de gestion en collaboration avec la direction de la fondation.
Le rôle du contrôleur consisterait, en ce cas, à identifier les actions adéquates à prendre, à calculer les coûts à déployer, voire, à planifier le travail des équipes. La mission de la direction consistera alors uniquement à vérifier la cohérence des objectifs stratégiques avec les stratégies d’action et à prendre des mesures pour les modifient si nécessaire.
La figure qui suit illustre les stratégies d’action à adopter.
Figure : Définition des stratégies d’action
Il faut remarquer qu’en pratique, le processus n’est pas forcément appliqué dans son entièreté. Le travail peut très bien débuter à n’importe quelle étape du processus
- ainsi, on débutera par la première étape s’il est nécessaire d’établir les finalités de la fondation, ou s’il faut déterminer de nouveaux objectifs ou priorités sur le long terme. Dans ces cas, l’ensemble des étapes du processus sera requis afin de mener, ce qui demande du temps. On ne l’utilisera donc qu’à de rares occasions. Certaines entreprises procèdent à une revue de leur stratégie tous les trois ans par exemple.
- La fondation pourra sauter la première étape et passer directement à la deuxième si les priorités sont déjà clairement établies et que les objectifs sur le long terme sont connus.
- Les gestionnaires de la fondation peuvent également décider de sauter les deux premières étapes du processus et passer à la troisième étape où ils détailleront les actions et les résultats attendus.
CONCLUSION
En guise de conclusion, nous ne pouvons que constater les difficultés auxquelles est confrontée la fondation Apprentis d’Auteuil dans le cadre de la gestion des problèmes sociaux. En effet, en tant qu’entreprise sociale, elle s’est fixé pour mission principale d’améliorer les conditions de vie des orphelins, et de venir en aide à ceux qui sont sans travail. Notamment dans le cadre de sa lutte contre la pauvreté et l’isolement.
Toutefois, bien que l’entreprise soit à but social, l’accomplissement de l’ensemble de ces missions requiert des ressources. En effet, sans les ressources nécessaires, l’établissement risque la fermeture. D’où l’importance de la conciliation entre gestion des problématiques sociales et rentabilité de la fondation.
Différents moyens et techniques ont été évoqués. Ils sont pour la plupart destinés à inciter les personnes à aider à réintégrer la vie active. Notamment, en recouvrant l’emploi. Il en est par exemple ainsi de la formation. Il a en effet été soutenu que la motivation individuelle contribue à la performance de l’entité au sein duquel se trouve l’individu.
Mais il nous a également été donné de constater les principales difficultés auxquelles se heurtent les destinataires d’aides. Ces difficultés forment des remparts qui les empêchent de retrouver un travail et de sortir de la pauvreté. Ces obstacles se dressent sur deux niveaux. Puisque d’une part, c’est l’offre en elle-même qui ne permet aucune marge de manœuvre ; étant donné qu’il n’y a que des contrats à durée déterminée ou des travaux à temps partiel. D’autre part, c’est choix de l’employeur qui pose problème dans la mesure où la tendance est de négliger les sans-emplois par rapport aux autres. Il s’agit d’une appréhension envers les chômeurs qui rend encore plus difficile le retour à l’emploi.
En tant que contrôleur de gestion au niveau du centre, j’ai été en mesure de constater que l’identification des problématiques sociales dès le début du projet facilite leur gestion ainsi que leur résolution pour ainsi augmenter les chances de rentabilité. C’est pourquoi j’ai préconisé l’adoption de la gestion stratégique.
Cette démarche a pour spécificité de mobiliser un plus ample appui social, en diminuant les risques ainsi que les incertitudes qui pèsent sur la fondation dans le cadre de la gestion des problématiques sociales. Il s’agit donc d’une technique destinée à favoriser la performance de la fondation dans l’accomplissement des missions qu’elle s’est, par avance, fixé.
Il est, en effet, avéré que la performance entraine la rentabilité, or la performance ne peut être assurée sans un développement économique durable; et la durabilité ne peut exister sans une bonne stratégie. Cette logique justifie encore plus l’adoption de la gestion stratégique.
Dans chaque étape, le contrôleur de gestion se présente comme étant un générateur d’indicateurs qui a pour rôle de faciliter la prise de décision des managers. Mais le fait est qu’au sein de la fondation, sa mission reste encore limitée.
Le réel défi consistera donc à élargir le domaine de compétence du contrôleur de gestion vu la croissance des activités qui rentrent dans son sillage. On parle notamment de contrôle des coûts, de suivi budgétaire, de gestion opérationnelle, de reporting, et récemment, d’analyse des risques et des opportunités liés aux nouvelles activités, etc.
Désormais, le contrôle de gestion regroupe plusieurs métiers. De ce fait la corrélation entre le contrôle de gestion et le management ne peut qu’évoluer davantage. Il se pourrait même que la tendance rejoigne la définition donnée par Henri BOUQUIN sur le rôle du contrôleur de gestion, stipulant qu’il s’agit de « la maîtrise et la cohérence d’ensemble du contrôle d’entreprise. » Concrètement, de quelle manière cela pourrait-il se tenir ?
BIBLIOGRAPHIE :
- Documents :
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- Simanis et Hart, 2009 Innovation from the inside out. MIT Sloan Management Review, Vol.
- Webographie :
- ces. ulg.ac.be
Table des matières :
PARTIE I : LES DISPOSITIFS ECONOMIQUES MIS EN PLACE DANS LA GESTION DES PROBLEMATIQUES SOCIALES : 3
A : Définition des problématiques sociales. 3
B : Présentation de la Fondation Apprentis d’Auteuil 4
II : Les stratégies de lutte contre la pauvreté et l’exclusion. 7
A : Les stratégies mobilisant la solidarité. 7
1 : Définition de la stratégie adoptée par la fondation. 7
2 : La nature des outils pouvant être mobilisés. 8
B : Les stratégies menées et promues par l’entreprise : 11
a : Assistance, insertion et marché du travail : 13
b : L’accompagnement vers l’emploi : personnalisé et global : 16
III : Les améliorations possibles : 18
A : Prendre aujourd’hui la mesure d’un véritable investissement social : 18
B : Reconstruire une cohérence entre assurance et assistance : 19
PARTIE II : LES ATTRIBUTIONS DU CONTROLEUR DE GESTION.. 22
I : Le contrôle de gestion social : 22
A : Contrôle de la gestion des compétences en management : 28
B : Contrôle stratégique et opérationnel : 31
C : Contrôle du système d’information : 32
II: La recherche de rentabilité : 34
A : La rentabilité d’une entreprise sociale : 35
[1] Bouchard, 2013
[2] Klein et Champagne, 2011
[3] Stone et al. 2001; Stone, 2005
[4] Amin et al., 2002
[5] Champagne et Dufresne
[6] M. Borgetto et R. Lafore, 2012, Droit de l’aide et de l’action sociale, 8 ème éd., Précis Domat, Montchrestien éditions, p. 84.
[7] Isabelle Astier, 2009 ,« Les transformations de la relation d’aide dans l’intervention sociale », Informations sociales, n° 152, p. 52-58.
[8] François Dubet, 1979, « Le travail social, la dépendance et la sociologie », Langage et société, vol. 9, p. 15.
[9] Jacques Delors, Michel Dollé, 2009, Investir dans le social, Paris, Odile Jacob, p. 9.
[10] Porter et Kramer 2010; Prahalad 2010
[11] London, 2007; Simanis et Hart, 2009; Prahalad, 2010
[12] London, 2007
[13] Prahalad,2010
[14] Simanis et Hart, 2009
[15] Garriga et Melé, 2004
[16] Raufflet et al. 2011
[17] Braczyk, Cooke, Heidenreich, 1998; Wolfe, 2014
[18] Bradford et Bramwell, 2014; Moulaert et Nussbaumer, 2014
[19] Voir Jean-Luc Outin, 2008, « Le RMI et l’indemnisation du chômage », in Michèle Lelièvre, Emmanuelle Nauze- Fichet (dir.), RMI, l’état des lieux 1988-2008, éd. La Découverte.
[20] . Il faut avoir cotisé au moins cinq ans au cours des dix dernières années, ce qui écarte de fait tous les jeunes, qui sont également souvent les moins fréquemment indemnisés par l’assurance chômage faute d’avoir suffisamment cotisé.
[21] Voir Cazain S. et al., 2012, «Études sur le revenu de solidarité active », op.cit., p. 44 et suivantes.
[22] Galtier B., 1999, « Le temps partiel est-il une passerelle vers le temps plein ? » Économie et statistique, n° 321-322.
[23] Voir par exemple Emmanuel Duguet, Yannick L’Horty et Pascale Petit, 2007, « Discriminations à l’embauche : un testing sur les jeunes des banlieues d’Île-de-France », Centre d’analyse stratégique.
[24] Le rapport final sur l’évaluation des expérimentations du RSA (La Documentation française) indique que « l’écart entre zones expérimentales et zones témoins est de 0,28 point de pourcentage, soit un surcroît de 9 % du taux d’entrée en emploi dans les zones expérimentant le RSA ». Le rapport souligne que cet écart moyen cache des disparités entre départements et de fortes fluctuations dans le temps, d’où une incertitude quant à l’impact réel.
[25] Qualifié par certains de « crédit social » (Major Douglas), « participat » (Yoland Bresson), « revenu social garanti » (André Gorz), « allocation universelle » (Philippe Van Parijs et Yannick Vanderborght).
[26] James Meade, 1996, Retour au plein emploi, éd. Economica.
[27] Sur la critique de l’allocation universelle, voir en particulier : « Minima sociaux, revenus d’activité, précarité », Rapport du groupe présidé par Jean-Michel Belorgey, 2000, La Documentation Française, ainsi que Denis Clerc, 2003, « L’idée d’un revenu d’existence : séduisante… et dangereuse », Comprendre, n° 4, PUF.
[28] Sara Jouven, Amélie Goncalves, Xavier Capronnier, LE CONTROLE DE GESTION CONTRIBUE-T-IL A AMELIORER LE MANAGEMENT DE L’ENTREPRISE ? DESS Contrôle de Gestion Sociale, Année 2002-2003
[29] Dans Contrôle de gestion, PUF, 1986, et dans l’article « Contrôle » de L’Encyclopédie de la gestion, tome I, p. 27, Economica, 1989.
[30] Article de l’encyclopédie précédemment cite´.
[31] Sara Jouven, Amélie Goncalves, Xavier Capronnier, LE CONTROLE DE GESTION CONTRIBUE-T-IL A AMELIORER LE MANAGEMENT DE L’ENTREPRISE ? DESS Contrôle de Gestion Sociale, Année 2002-2003
[32] Sara Jouven, Amélie Goncalves, Xavier Capronnier, LE CONTROLE DE GESTION CONTRIBUE-T-IL A AMELIORER LE MANAGEMENT DE L’ENTREPRISE ? DESS Contrôle de Gestion Sociale, Année 2002-2003
[33] Sara Jouven, Amélie Goncalves, Xavier Capronnier, LE CONTROLE DE GESTION CONTRIBUE-T-IL A AMELIORER LE MANAGEMENT DE L’ENTREPRISE ? DESS Contrôle de Gestion Sociale, Année 2002-2003
[34] Juan-Luis Klein et Emmanuel Raufflet, La lutte contre la pauvreté : modèles d’action locale.
[35] Responsable du contrôle de gestion pour la société CRESERFI
[36] Consultant de la société CAPGEMINI ERNST AND YOUNG, et M. JACQUEY et contrôleur de gestion de la société ISS FRANCE
[37]Develtère, P. (1998) Économie sociale et développement, Paris, Éditions De Boeck.
[38] CENTRE D’ECONOMIE SOCIALE (s.d.), Entreprise d’insertion (EI), en ligne www.ces. ulg.ac.be/fr_FR/services/cles/dictionnaire/e/entreprise-d-insertion-ei, consulté le
15/09/2015
[39] MERTENS S. (Ed.) (2010), La gestion des entreprises sociales, Edipro, Liège
[40] Académie des entrepreneurs sociaux (Juin 2014), Le baromètre des Entreprises Sociales en Belgique, HEC-ULg, En ligne http://www.academie-es.ulg.ac.be/barometre2014.pdf
[41] Le Centre d’Economie Sociale définit sur son site internet les entreprises de travail adapté comme suit : « Les ETA appartiennent au secteur de l’insertion au sens large. Leur particularité est d’offrir un emploi stable et durable à des travailleurs handicapés, auxquels elles procurent un statut social et une certaine sécurité d’emploi garantie par un contrat de travail, un niveau de salaire minimum et des conditions de travail adaptées (répartition particulière des tâches, rythme de travail approprié). »
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