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Les Médiations Thérapeutiques : Enjeux et Défis pour la Pratique de Psychologue Clinicienne

PLAN

 

INTRODUCTION

 

  1. CONCEPTUALISATION THEORIQUE

 

  1. ENTRE LA PSYCHOLOGIE ET LA PSYCHANALYSE

 

                        1.1. Généralités sur la psychologie : psychologie et santé

1.1.1. Concepts et champs

1.1.2. Le concept du comportement

1.1.3. Le psychologue en milieu hospitalier

1.2. Psychologie clinique et psychanalyse médicale

1.2.1. Présentation de la psychologie clinique

1.2.2. Entre médecine et psychanalyse

1.3. « Psy » et cancer

 

  1. PSYCHOLOGIE ET CANCER

 

                        2.1. La psycho-oncologie

2.1.1. Autour du concept

2.1.2. Les champs de la psycho-oncologie

2.1.3. La psycho-oncologie et le psychologue en oncologie

2.1.4. Les missions du psycho-oncologue

2.2. Psychisme et cancer

2.2.1. Cancer et conséquences psychiques

2.2.2. Annonce et retentissement

2.2.3. Impacts de la douleur

2.3. Les affects et l’expérience

2.3.1. Notions de représentations sociales

2.3.2. L’affect d’angoisse

 

  1. LA RELATION ENTRE PSYCHOLOGUE ET MALADE CANCEREUX

 

3.1. L’importance du corps

3.1.1. Le concept de représentations sociales

3.1.2. Entre identité, image et schéma corporel

3.1.3. La relation soignant/soigné

3.1.4. Le concept du « prendre soin »

3.1.5. La notion de personne et de besoin

3.2. Les attributions spécifiques du psychologue

3.2.1. Signification de l’appui

3.2.2. Expérience subjective de la souffrance

3.2.3. Changer sa douleur en paroles

3.2.4. Estimer et dissocier l’indéfinissable

3.2.5. Crainte de décès et envie de vivre

3.2.6. Rupture d’un continuum

 

  1. PRESENTATION DE L’HOPITAL

 

III. VECU DU STAGE

 

  1. Protocole de l’atelier de médiations par l’art en Cancérologie : expression par la création artistique

1.1. Quand l’art mène vers la médiation par l’art

1.2. La médiation par l’art  est un déroulement plus qu’une méthode

1.3. Hypothèses de travail

 

  1. Vignettes cliniques

2.1. Vignette clinique 1 : le cancer et la question de « l’image spéculaire »

2.2. Vignette 2 : « clinique de l’extrême »

2.3. Vignette 3 : la dynamique transférentielle

2.4. Vignette : art et libération

2.5. Vignette 5 : la question de la création

 

 

CONCLUSION

 

ANNEXES

 

BIBLIOGRAPHIE

INTRODUCTION

 

« Les médiations thérapeutiques comme le modelage, la musique, la peinture, le Photolangage, le théâtre, la vidéo ont connu un essor considérable ces dernières années, mais ces pratiques très variées manquent souvent d’articulations théoriques. Bien que cette clinique des médiations constitue un axe majeur de la psychothérapie institutionnelle, elle reste en effet peu théorisée et on a trop souvent tendance à se borner au constat empirique des progrès effectués par les patients engagés dans ces activités thérapeutiques à médiation, sans vraiment définir la dynamique des processus de transformation mis en jeu par ces modalités spécifiques de soin psychique. »[1]

Cette année, j’effectue mon stage de psychologue clinicienne au …….…. à……

En tant que psychologue stagiaire, je fais partie du…….., c’est-à-dire de l’équipe pluridisciplinaire du Département des Soins de Support. Par le biais de ce stage, je rencontre un public en souffrance, tant physique que psychique, aux corps mis à mal, dont la prise en charge au sein de l’hôpital tourne autour du biologique, des soins à prodiguer à un corps qui est mis à mal. « La connaissance biologique de plus en plus parfaite du corps ne s’accompagne pas de la connaissance de la souffrance du sujet qui a d’autres coordonnées que celles de la biologie »[2]. Mais qu’en est-il du sujet qui ne se résume pas qu’à ce corps en péril ? Comment entendre et accueillir la parole de cette souffrance physique, de ses douleurs au quotidien mais aussi de sa souffrance psychique ? Car dans un univers dédié exclusivement à l’objet-corps et à la recherche d’une solution technique, médicale pour guérir, il est important d’interroger la mission du psychologue. Quelle sera sa démarche dans ce lieu ? Comment aménage-t-il un espace de travail entre les patients et la réalité institutionnelle dont il se doit de connaître ou tout du moins d’essayer d’appréhender le quotidien ? Le mot clinique, dont l’étymologie grecque klinê signifie « lit », s’imposait à moi et prenait tout son sens : se rendre au chevet du patient. En outre, comme le dit Bataille, pour nous renvoyer au concept de prise en charge du malade : « La tendance médicale est de prendre le contrôle sur le raisonnement du malade. Par exemple, lorsqu’ils comprennent qu’ils ont un cancer, de nombreux patients ont pour réflexe d’évoquer le cas d’un autre malade, membre de la famille ou ami, également atteint. L’attitude médicale est d’interrompre brutalement cette évocation, profitant de cette première occasion pour déjà interdire toutes les comparaisons, et rappeler la singularité de chaque cas. Aussitôt dit, aussitôt compris. Le malade se range à cet avis médical, et se tait. […] Pourtant, en évoquant un autre que lui-même, le malade témoigne d’une connaissance de la maladie »[3].

J’avais donc le désir, en ce lieu, de questionner autrement le travail du psychologue et ainsi de continuer à construire encore et différemment ce qui sera pour moi une identité professionnelle pour ma future pratique de psychologue. Le désir de mettre un projet de médiations par l’art me tenait particulièrement à cœur.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  1. CONCEPTUALISATION THEORIQUE

 

            Ce travail qui est le nôtre représente un rendu de vécu de stage, en l’occurrence à travers des expériences personnelles que j’ai eues, moi-même, à vivre en étant psychologue stagiaire. Toutefois, il sera difficile d’aborder des thématiques spécifiques sans avoir eu à cerner les concepts théoriques en rapport avec l’objectif de mon travail. Ce paragraphe s’attarde, donc, à reprendre les notions qui traitent de ma thématique, en l’occurrence, celle de la psychologie, de la psychanalyse, du cancer et surtout du rapport médecin/patient cancéreux.

           

  1. ENTRE LA PSYCHOLOGIE ET LA PSYCHANALYSE

 

La psychologie nous est enseignés dans les universités, ses principes sont testés et contrôlés principalement en laboratoire, en utilisant des techniques telles que la simulation informatique et les conceptions expérimentales. La psychanalyse, elle, est enseignée en grande partie dans les instituts sur des programmes cliniques isolés à partir d’un examen scientifique général. Les analystes s’appuient principalement sur ​​la « méthode psychanalytique » tel que pratiquée dans leur travail clinique individuel pour la vérification des propositions psychanalytiques, bien que le manque de preuve de cette « méthode » soit maintenant bien comprise. La psychanalyse apporte des contributions uniques à la compréhension de processus mentaux humains, y compris les émotions, les fonctions cognitives et leurs interactions. La révolution cognitive de la psychanalyse est beaucoup plus large. En revanche, les méthodes et les conclusions du model psychologique ont beaucoup à offrir dans le domaine psychanalytique[4].

Ainsi, le psychologue, contrairement psychiatres, n’est pas « médecin » et va traiter davantage des problèmes émotionnels que des questions cliniques. Il est différent du psychiatre, médecin qui traite les patients souffrant de troubles mentaux. En effet, une personne aux prises avec faible estime de soi consulte un psychologue plutôt qu’un psychiatre parce qu’elle ne présente pas de mal physique, mais a juste besoin « de parler ».

Le psychanalyste, lui, se base sur les théories de Freud dans leur exercice, en ayant souvent recours au fait de faire remonter de douloureux souvenirs d’enfance contenues dans le subconscient, souvent cause de la « pathologie mentale ». Les psychanalystes sont comme des psychologues en ce qu’ils traitent généralement des problèmes émotionnels et ne prescrivent pas de médicaments. Cependant, leur approche est différente de celle des psychologues classiques. La psychanalyse est une méthode de recherche à travers les souvenirs inconscients d’une personne, à la source de leurs difficultés actuelles, plutôt que de se concentrer sur les souvenirs conscients.

 

1.1. Généralités sur la psychologie : psychologie et santé

 

Nous, les êtres humains sommes des systèmes complexes, pour lesquels la maladie peut être causée par une multitude de facteurs. Les tentatives de la psychologie, en santé, tend à s’éloigner du simple modèle linéaire de la santé et considère la combinaison de facteurs impliqués dans la maladie (biologique, psychologique et sociales). Ceci reflète le modèle biopsychosocial de la santé et de la maladie qui a été développé par Engel. Dans ce modèle, la maladie est considérée comme la résultante d’une combinaison de facteurs, dans laquelle l’individu n’est plus simplement considéré comme une victime passive de certaines forces externes et reconnaissant le rôle des facteurs tels que le tabagisme, l’alimentation et l’alcool, par exemple. Ceci signifie que la personne peut être tenue responsable de sa santé et sa maladie. Selon la psychologie de la santé, tout l’ensemble de la personne doit être traité. Cela peut comprendre les changements de comportement, des changements encourageants dans les croyances et les stratégies d’adaptation et de la conformité avec les recommandations médicales[5].

 

1.1.1. Concepts et champs

 

La psychologie est l’étude scientifique du comportement et des processus mentaux. La simplicité de cette définition conduit, en quelque sorte, à se tromper et dissimuler les débats sur la large façon du champ de la psychologie. La plupart des psychologues diront que le champ de cette discipline doit être réceptif à une variété de points de vue et d’approches. Par conséquent, la définition de la psychologie qui tient compte du comportement et des processus mentaux tendent finalement à signifier un certain nombre de concepts: elle englobe non seulement ce que les gens font, mais aussi leurs pensées, les émotions, les perceptions, les processus de raisonnement, les souvenirs, et même les activités biologiques qui maintiennent le fonctionnement corporel.

Les psychologues, que l’on représente, tentent alors de décrire, prédire et expliquer le comportement humain et le processus mental, aident à changer et/ou améliorer la vie des gens et du monde dans lequel ils vivent. Ils utilisent des méthodes scientifiques pour cerner les réponses au problème, moyens semblant plus valables et légitimes que celles résultant de l’intuition et de la spéculation, qui sont souvent inexactes. Avec le développement de l’étude sur la psychologie, cela a donné lieu à un certain nombre de sous-champs. Les sous-champs de la psychologie peuvent être assimilés à la composition d’une vaste famille, et assortiments de nièces et neveux, oncles et tantes, cousins ​​et cousines, liés les uns aux autres, bien qu’il ne puisse pas y avoir d’interaction sur une base comme, mais partageant un objectif commun: la compréhension du comportement. Une façon d’identifier ces sous-champs est d’examiner quelques-unes des questions fondamentales sur le comportement qu’ils traitent.

Dans le sens le plus fondamental, les personnes sont des organismes biologiques. La neuroscience comportementale est le sous-champ de la psychologie qui examine principalement la façon dont le cerveau et le système nerveux, mais aussi d’autres processus biologiques déterminent le comportement. Ainsi, les neuroscientifiques examinent comment notre corps influence notre comportement. Il s’agit, notamment, d’examiner le lien entre les sites spécifiques dans le cerveau et les tremblements musculaires des personnes touchées par la maladie de Parkinson ou de tenter de déterminer comment nos émotions sont liées à des sensations physiques.

Si vous vous êtes déjà demandé pourquoi vous êtes sensibles aux illusions d’optique, comment votre corps enregistre la douleur, ou comment tirer le meilleur parti de votre temps d’étude, le dispositif expérimental du psychologue peut répondre à vos questions. La psychologie expérimentale est la branche de la psychologie qui étudie les processus de détection, de perception, d’apprentissage, et de pensée. Plusieurs sous-spécialités de la psychologie expérimentale sont devenues des spécialités, l’une d’elle étant la psychologie cognitive, qui met l’accent sur ​​la santé mentale supérieur, y compris la pensée, la mémoire, le raisonnement, la résolution de problèmes, la prise de décision, et la langue.

Un bébé qui sourit pour la première fois, qui dit son premier mot, etc. ces étapes universelles en matière de développement sont également singulièrement spéciales et unique pour chaque personne. Les études de psychologie développementale travail sur le comment les gens grandissent et changent à partir du moment de la conception jusqu’à la mort, tandis que la psychologie de la personnalité se concentre sur la cohérence du comportement des gens au fil du temps et les traits qui différencient une personne d’une autre.

Une dépression fréquente, le stress et les peurs qui nous empêchent d’exercer les activités normales sont les sujets qui concernent un psychologue de la santé, un psychologue clinique, et un psychologue-conseil. Dans le domaine de la santé, la psychologie explore la relation entre facteurs psychologiques et les maux physiques ou la maladie. Il s’agit, notamment, pour les psychologues de la santé d’évaluer comment un facteur stressant à long terme (facteur psychologique) peut toucher la santé physique et à identifier les moyens de promouvoir comportement qui apporte sur bonne santé[6].

En clinique, la psychologie traite de l’étude, le diagnostic, le traitement des troubles psychologiques. Les psychologues cliniciens sont formés pour diagnostiquer et traiter les problèmes qui relèvent des crises de la vie quotidienne, par exemple, suite à rupture dans une relation, mais également des conditions extrêmes, telles qu’une profonde dépression. Certains psychologues cliniciens étudient les questions allant de l’identification des premiers signes de troubles psychologiques à l’étude de la relation entre les modes de communication de la famille et des troubles psychologiques. Comme les psychologues cliniciens, les psychologues de conseil, face aux personnes à problèmes, traitent de questions plus spécifiques. La psychologie de conseil se concentre principalement sur l’éducation, les problèmes d’ajustement social et la carrière. Presque chaque collège dispose d’un centre avec des psychologues d’orientation. C’est là où les étudiants peuvent obtenir des conseils sur les types d’emplois dans lesquels ils seraient les mieux adaptés selon des méthodes d’étude efficace et des stratégies pour résoudre les difficultés de tous les jours, tels que des problèmes d’ordre social. De nombreuses organisations, notamment dans les grandes entreprises, emploient également des psychologues-counseil pour aider les employés dans les problèmes liés au travail[7].

 

1.1.2. Le concept du comportement

 

Le défi en psychologie se rapporte à la complexité du comportement. Les physiciens étudient les particules atomiques et traitent généralement avec seulement un nombre limité de particules. En revanche, un psychologue étudie le cerveau humain, traitant donc avec une  structure composée de plusieurs milliards de cellules interconnectées. Compte tenu de la richesse du comportement humain, les psychologues doivent composer avec un vaste éventail de possibilités, et une grande variété de données (observations).

Les psychologues font aussi face à des défis liés à la capacité humaine de l’auto-sensibilisation[8]. Les psychologues qui étudient les comportements humains sont à la fois le produit du comportement humain. À première vue, cela peut ne pas sembler un problème, cela pourrait même être considéré comme une commodité. En effet, historiquement, bon nombre de psychologues ont étudié leur comportement dans le cadre de leurs études plus larges: Sigmund Freud, le fondateur de la psychanalyse, a étudié ses propres rêves, ainsi que ceux de ses patients (Freud 1900). William James, un grand psychologue américain, ayant favorisé l’introspection, a étudié le contenu de sa conscience consciente. Ce faisant, il a popularisé le flux des « phrases de la conscience » et « la psychologie du fauteuil »[9]. Finalement, cependant l’auto-observation est sujette à de nombreuses sources d’erreur. Des chercheurs, comme d’autres personnes, peuvent mal interpréter leur propre comportement pour s’adapter à des idées théorique. Une préoccupation liée à la conscience de soi se pose aussi lorsque l’on observe le comportement des autres. Bien que cette  mesure puisse être exigeante, même dans de simples systèmes physiques, une observation psychologique est compliquée par le fait que l’on a affaire à des organismes vivants indépendants. En particulier, l’observation du comportement humain peut conduire à la réactivité, la tendance des gens à modifier leur comportement quand ils savent qu’ils sont observés. Afin de faire face à la réactivité, les psychologues ont souvent recours à des recherches complexes, des dessins et modèles, y compris parfois une éventuelle et délibérée tromperie de sorte d’augmenter la chance des personnes à se comporter naturellement.

Un autre défi se pose en termes d’identification des causes du comportement. Traditionnellement, la science a vu la causalité, l’étude de ce que les actions ou les événements produisent un résultat, comme une partie importante de la « compréhension » que la psychologie a eu tendance à accepter. Dans toute situation, il existe beaucoup de facteurs qui influencent le comportement: certains sont internes, certains font partie de la situation immédiate, et certains sont liés à l’expérience passée. Chacun d’entre eux représente un type de cause, mais l’élaboration d’une description complète de ces causes dans une situation donnée représente une tâche difficile.

 

1.1.3. Le psychologue en milieu hospitalier

 

A l’hôpital, les responsabilités du spécialiste en psychologie relèvent du département où il travaille et du mécanisme de son groupe. L’assistance est constituée de deux parties :

  • Le cadre institutionnel et thérapeutique, ayant pour objectif d’instaurer un milieu tranquille et d’inciter les malades à considérer leur état et leurs problèmes. Toute stratégie de traitement est garantie par les personnes chargées du soin et de l’éducation. Dans le cas des jeunes qui doivent suivre et continuer leurs études scolaires, l’établissement leur offre une opportunité afin de pouvoir poursuivre ces études. Les sujets travaillant ont aussi la possibilité, dans cette position, d’être assistés par le médecin référent.
  • La tâche d’exécution est recommandée en même temps qu’un contrôle personnel pendant les soins menés par le soignant référent (aide-soignant ou spécialiste psychologique en mission de la problématique) ainsi qu’au niveau de l’équipe, l’équipe de psychodrame, surtout captivant pour ranimer la promptitude mentale de quelques jeunes, en se présentant moins angoissant que le traitement personnel. Les structures d’apparence et de réaction facilitent aussi l’arrangement et, de ce point de vue, constituent le fondement de la tâche d’exécution.

Lors de l’admission dans  un centre hospitalier, également des démarches orientées sur le malade, des soins réglementaires s’accomplissent au sein du cadre familial (sinon les personnes représentant légalement). Ils fournissent à la famille non seulement l’opportunité d’être assistée au moment du trouble, mais entament aussi un cadre d’entendement familial, ayant éventuellement pour objectif  de sortir le malade d’une ambigüité de famille, et encore que les familles intégrées dans l’approche soient aussi en mesure d’appuyer la récupération progressive de leur malade.

Une organisation se rapportant à plusieurs disciplines, structurée près de cadres carrément déterminés et dirigée par un groupe pluridisciplinaire, donne la meilleure possibilité de subvenir aux nécessités des malades qui craignent souvent la relation d’interdépendance dans un rapport de soutien, et dont la maladie se révèle en général par des lamentations physiques ou des gestes.

Cette structure, en même temps que ces différents cadres et ces divers soignants, fournit assurément au malade de multiples étayements et la faculté de faire la triangulation, ainsi de mener l’écart avec le traitant. De ce point de vue, elle délivre au patient une ration d’indépendance, ce qui aide à le tranquilliser. Outre cela, par la faveur des différents projets professionnels, cette organisation accorde la prise en compte des comportements (signes physiques, intrigue) de part en part  desquels se manifestent les problèmes du malade.

Cette structure nette accorde ainsi, d’un côté, l’apparence conflictuelle du malade et aussi l’assemblage des apparences physiques, culturelles et psychiques (intérieures et extérieures). Ce cadre de traitement  permet ainsi de pouvoir réfléchir à ce qui se passe, de soigner ses maladies.

De l’autre côté du caractère supplémentaire où se situe cette organisation, cette pluralité dans chaque groupe (instructeur/assistant au sein du groupe traitant et docteur/psychologue au sein du groupe curatif) provoque néanmoins une conception captivante, puisqu’elle favorise à éclaircir les aspects curatifs et les opinions. En outre, elle suscite un début indubitable à l’inégalité et se transforme en une garante de traitement évitant les obstacles d’une réflexion exclusive. Ce cadre pluridisciplinaire, pour ainsi dire, sert de troisième personne entre le malade et le soignant. Elle prend garde de l’emploi excessif de l’interventionnisme, de la prise de résolutions sévères ou, contrairement, indécises, de ce point de vue nous obligeant à réfléchir et à considérer nos gestes.

Ce mécanisme demande, de la part de chaque individu, une considération exceptionnelle du prochain, et encourage l’évolution d’une opinion personnelle, certainement déférente de la vie institutionnelle, indispensable pour croiser les malades nécessitant d’une part une confrontation  à un cadre, et d’autre part à des personnes.

Au sein cet aspect pluridisciplinaire[10], la position du spécialiste de la psychologie, ayant participé depuis le début au fondement de la cohésion, et surtout à ce qui déterminait presque sa responsabilité, est importante. Il prend en charge le contrôle curatif personnel de quelques malades (comme l’aide-soignant), réalise des examens psychiques et garantit  l’assistance de l’équipe de psychodrame qui collabore avec une partie du groupe soignant.

Le spécialiste de la psychologie prend part et survient efficacement à conférences interprofessionnelles, procurant un point de vue psychologique aux ambigüités des malades. Du fait de sa situation qui est plus accessible par rapport aux résolutions et aux démarches thérapeutiques, le spécialiste fournit, surtout, un inverse indispensable au praticien.

Dans une cohésion de trouble, favorable aux opérations urgentes, toutefois il est devenu indispensable de préciser à nouveau quelques détails du bloc-notes du spécialiste de la psychologie, surtout concernant la direction des traitements personnels, responsabilité dispensée avec l’aide-soignant. Effectivement, leurs éducations et leurs conventions dans les résolutions thérapeutiques sont différents[11].

Il me semble que la mission la plus importante est de faire connaître et de respecter la personne (le patient)  dans sa dimension psychique, dans son subjectivité. En effet, il me paraît important d’apporter un soutien psychologique au malade mais aussi à son entourage, c’est-à-dire favoriser la prise en compte de la dimension relationnelle et subjective des patients et de leurs proches. Le psychologue propose de temps en temps une formation, par exemple, sur la gestion du stress ou autre dans le but d ‘assurer le bon fonctionnement du travail de l’équipe et la prise en charge des patients.

Aussi, la fonction de psychologue consiste à attirer l’attention de l’équipe soignante sur la dimension subjective et inconsciente de ce que vit le malade, afin de permettre la compréhension globale des situations et de travailler selon le sens qui s’en dégage. Par exemple, une patiente âgée, rencontrée au service de chirurgie, ayant son cycle de vie  personnel, et de ce fait, était perçue comme une personne capricieuse, dérangeante, refusant de se plier aux règles. Une simple explication de ses particularités liées à la vieillesse a permis à l’équipe de mieux la comprendre, de ne plus l’infantiliser et de la traiter avec respect et dignité. La mission des psychologues au sein du CAL est ainsi d’aider l’équipe à trouver des repères pour penser et ajuster leur pratique, aider l’équipe à approfondir la relation aux malades (sujet parmi les autres) et, ainsi, apporter un soutien aux soignants. Par rapport à cet aspect, j’ai pu observer, et parmi les autres exemples, les effets positifs sur la relation patient-équipe soignante, suite aux interventions de médiations par l’art. Je vais essayer de les décrire dans la partie clinique de ce rapport de stage.

A ce sujet, une fois encore, avant la réunion habituelle de l’équipe soignante, les infirmières expriment leur souffrance, en rapport surtout avec la forte mortalité des patients. Une infirmière a particulièrement apprécié mon écoute. Elle répond alors à interne qui vient la chercher: « J’arrive dans un instant. Là, on parle à notre psychologue. C’est important, quoi. C’est vrai. C’est important ». L’équipe, très bienveillante, m‘investit d’une mission. Ses membres sont en demande, notamment en raison du fait d’aller voir les patients qui leur posent des problèmes souvent vécus comme « trop angoissants » selon eux, ou alors afin de pouvoir exprimer leur souffrance, leur fatigue, en gros, pour être écoutés.  L’équipe est si souvent confrontée à la question de la mort (particulièrement dans ce service de soins palliatifs) qu’elle a même trouvé leur objet phobique : une mouche. « à chaque fois qu’on voit une mouche, on est sûr qu’un des patients va bientôt mourir ». Ils partagent cette croyance avec moi, sans la questionner, ils y croient. J’entends, j’écoute et j’ajoute tout simplement : « Ou pas ». Ils ont eu l’air étonné de ces mots simples, cela les fait rire mais en même temps ils ont l’air de réfléchir.

 

1.2. Psychologie clinique et psychanalyse médicale

 

L’étude psychologique clinique s’appuie sur les origines psychanalytiques. Son but est la clarté, dans le sens de stabilité, des contraintes existantes (impulsions et protections) et d’explication spontanée, des signes, actes ou gestes engendrant le contrôle du spécialiste. Cependant, cette étude ne se base pas seulement sur la psychanalyse,  mais elle s’appuie également sur d’autres conceptions.

 

1.2.1. Présentation de la psychologie clinique

 

Par définition, la psychologie est la branche étudiant les actes mentaux et les comportements, et se compose des conceptions et aussi d’un procédé à ce sujet. Etymologiquement, elle veut dire « science de l’âme » (psychè et logos en latin). L’étude  psychologique fait partie des études de l’homme.

Étymologiquement, « clinique » représente l’agitation « au lit du patient ». C’est une action qui se base sur un rendez-vous de deux personnes dont l’objectif est le contrôle ou la conduite. Elle représente définitivement l’instauration d’une connaissance individuelle s’effectuant dans l’organisme, contrairement à la connaissance effectuée hors de l’organisme, visant à la constitution d’une conception universelle en commençant aux éléments généraux. Toutefois, ces deux savoirs peuvent être combinés, surtout en étude psychologique clinique (l’un peut informer et l’autre par rapport au caractère des données constatées).

L’étude psychologique clinique est un domaine de la psychologie proprement dite, dont le but est de rechercher complètement les mécanismes mentaux d’une personne ou d’une société dans l’ensemble de son état et de son développement. Cette étude est incitée à examiner les comportements individuels de l’homme, naturels et ceux qui relèvent de la pathologie, en qualité de faits fixés par les mécanismes mentaux. Elle a aussi la faculté d’examiner les particularités mentales d’un groupe de personne en présence d’une circonstance semblable (tutelle, admission en centre hospitalier…), un groupe d’âge semblable et leurs répercussions rencontrées (vieillissement, interactions dans l’adolescence…), une pathologie comparable (déficience motrice, incommodité du système nerveux…), autrement qui appartient à une psychopathologie semblable (confusions de l’état d’esprit, psychose délirante…).

En 1983, Anzieu expose l’étude psychologique clinique de la façon ci-après: « Elle est une psychologie individuelle et sociale, normale et pathologique ; elle concerne le nouveau-né, l’enfant, l’adolescent, l’homme mûr et enfin le mourant. Le psychologue clinicien remplit 3 grandes fonctions : de diagnostic, de formation, d’expert, apportant le point de vue du psychologue auprès d’autres spécialistes. Le psychologue clinicien reçoit une formation de base nécessaire mais non suffisante pour devenir éventuellement psychothérapeute, à charge pour lui d’acquérir ailleurs la solide expérience psychanalytique requise, personnelle et technique  ». En 1899, Freud dit : « Les relations avec le conflit, avec la vie, voilà ce que j’aimerai appeler psychologie clinique »[12].

Le mot clinique est recueilli de la médecine : c’est pour cela qu’on dit que le spécialiste de la psychologie est médecin puisqu’il quitte son local de travail pour affronter  le second dans des phénomènes « naturelles » et aussi il trouve des individus atteints d’agitations ou de problèmes mentaux. On en déduit ainsi que le spécialiste de la psychologie, trouvant des individus comme des personnes spéciales, est un médecin, au contraire de la circonstance lors des travaux de chimie par lesquels il manipule des données.

D’après Lagache « L’humanité de l’objet la spécifie moins que l’attitude méthodologique : envisager la conduite dans sa perspective propre, relever aussi fidèlement que possible les manières d’être et de réagir d’un être humain concret, complet, aux prises avec une situation, chercher à en établir le sens, la (structure) et la genèse, déceler les conflits qui la motivent et les démarches qui tendent à résoudre ces conflits, tel est en résumé le programme de la psychologie clinique ».

Pendant la chronologie du règlement, il subsistait un changement de son champ gravitationnel. La théorie psychanalytique, qui représentait en tant qu’une « ultra-clinique » à ses extrémités, s’est progressivement transformée en son centre, et risque de devenir juste une espèce de substance molle. Les réalités sont actuellement plus diverses, ainsi que la théorie psychanalytique qui devient de nouveau, au milieu d’autres, une représentation spéculative de l’étude psychologique clinique. On avait placé cette théorie dans cette position à cause d’un groupe de contradictions étant enduré comme des obstacles : tels que des opinions (réaliste contre humaniste), des domaines (expérience psychologique contre expérience médicale), des extrémités de l’individualité (attitude contre milieu émotif). Cela a provoqué immédiatement un renforcement du règlement, aussi bien dans le sens de la méthode (le soin, le contrôle psychologique) que dans le sens théorique.

Dans ses résolutions, Daniel Lagache disait que l’on ne peut ainsi obtenir la cohésion de l’étude psychologique que par le maintien d’une stabilité entre des énergies qui s’opposent souvent.

L’individualité n’est-elle pas aussi une stabilité entre des énergies intérieures et extérieures ?

La singularité ou l’exclusivité de cette individualité par rapport à un autre sera aussitôt observée par l’intermédiaire de soins ou de contrôles. Cela ne signifie pas que le subjectivisme est exclu, ou encore minimisé, c’est seulement de le placer au milieu de l’étude psychologique clinique, d’en réaliser son sujet de recherche : une idée, le spécialiste de la psychologie, essaie d’appréhender une autre idée, l’examinant, en employant  ses moyens réglementaires, et aussi avec ce qu’elle est comme idée. L’étude psychologique clinique découvre le monde au milieu du subjectivisme et du personnel, et c’est là où elle va instaurer son caractère scientifique.

Le sujet de la clinique est définit par Lagache en tant que « l’étude de la conduite humaine individuelle et de ses conditions (hérédité, maturation, conditions psychologiques et pathologiques, histoire de la vie) en un mot l’étude de la personne totale en situation7 ». Elle emploie comme méthode le soin et l’évaluation psychologique suivie de contrôle.

Le sujet de l’étude psychologique clinique est la conquête de la personne dans sa concrétude : « La psychologie clinique est caractérisée par l’investigation systématique et aussi complète que possible des cas individuels »[13].

Selon moi, l’étude psychologique clinique est un vaste champ. En effet, il existe des applications répétitives pour évaluer le niveau maximum des études expérimentales dont la psychologie clinique devrait se fonder, mais également des procédés se basant sur des phénomènes ou sur une conception  cohérente et une opinion cruciale.

 

1.2.2. Entre médecine et psychanalyse

 

La science de la médecine joint à la réalité des sujets nouveaux,  inconcevables. Ainsi, elle me parait avoir un malaise vis-à-vis des résultats de ses actions. Elle se heurte contre l’incapacité de songer ce qu’elle engendre. Ce choc conduit à un obstacle. Par conséquent la théorie psychanalytique est appelée immédiatement. Actuellement, la science de la médecine parait effectivement créer  des répliques dans toute une classe de champs impliquant des sujets impossibles à penser. Survenant sur la réalité, le praticien a l’air ne plus être capable d’envisager les résultats allégoriques découlant de ses actions. L’intercession du  spécialiste de la psychanalyse, dans le domaine de la science médecine, est devenue aussi indispensable par l’apparition de ces états d’incapacité. Par conséquent, le praticien est conduit à convoquer la théorie psychanalytique.

Il me semble alors que la science de la médecine parait prendre la direction de fournir constamment des représentations inédites de satisfaction. Ces figures ressortent de la science médicale au moment où celle-ci se repose sur un objet universel. La théorie psychanalytique serait ainsi appelée par la science de la médecine depuis un état horrible rattaché à la confrontation avec la certitude de cette satisfaction. Contrairement à la science médecine qui se repose sur l’universel, la théorie psychanalytique part de l’objet comme dérogation au monde, son domaine se basant exactement sur l’indivisibilité de l’étude de l’individualité. Ainsi, le rapport d’échange entre science médecine et théorie psychanalytique n’est pas juste un rapport du point de vue assemblage, opposition. C’est un rapport présentant deux côtés qui se rejoignent. Cela engendre de songer que la science médecine a besoin de la théorie psychanalytique et aussi l’inverse[14].

On demanderait peut-être aux spécialistes de la psychanalyse face à l’organisme souffrant : par quel moyen pourrait-on faire surgir à l’inconscient, à l’allégorique, ce qui s’est implanté dans l’organisme sous cette apparence ? Quel est  donc l’envie de la personne souffrante ?   C’est une envie en attente, une envie détenue, enfermée dans la souffrance. Pourtant est-ce qu’il est correct, rationnel, d’aborder le « sujet » souffrant ? Concrètement, c’est l’organisme qui souffre, la personne, elle, d’un sens psychanalytique, n’est pas portée à être considérée comme tel. De cette manière, la personne ne s’explique que par sa description sensible, ainsi elle découle de ce qui est évoqué.

Néanmoins à bon droit, nous, professionnels, ne se trompons pas en disant : « le sujet malade », dans le sens où ce que nous observons, en tant que spécialiste de l’analyse, vis-à-vis des individus que nous rencontrons dans l’établissement hospitalier, la souffrance inquiétante, notamment celle qui a une conjecture réservée, présente des influences importantes sur le plan mental ; cette souffrance peut même pénétrer dans tout le domaine mental, et est capable de ne plus céder d’espace à l’individu. La souffrance peut être toujours présente jusqu’à devenir l’identité d’une personne : par exemple « je suis séropositif », et peut aboutir en une récognition importante, envahir le plan mental jusqu’à ce que quasiment rien ne subsiste.

Dans cette circonstance, il est effectivement possible de dire : « le sujet  malade », étant donné que son existence s’est transformé en souffrance, ainsi que dès qu’il ouvre la bouche il n’a rien d’autre à parler que de sa souffrance. La personne est pendue, semblable à un individu qui est entre la vie et la mort, et son envie s’étend sur cette ligne contrainte, exclusive, entière. Les instincts émotifs, intellectuels, sont provisoirement abstraits et peut-être soumis à cette unique envie en attente. L’envie est réellement en attente. Etant enfermée dans l’organisme souffrant, dans le sujet malade, elle n’est plus libre pour quelque chose d’autre. Peut-être c’est ce qui fait la difficulté la plus compliquée dans l’activité détaillée hospitalière. Toute totalité rendue à l’organisme qui souffre, au sujet souffrant, cette envie se réduit-t-il à l’envie de se rétablir ? N’existe-t-il plus d’autre solution pour la personne que celle-là et d’autre endroit que celui vers le praticien ?

L’envie de connaitre, telle qu’elle incite à analyser, consiste à considérer son propre décès, et non de ne pas en établir l’obstacle. Le processus détaillé, appartenant à une personne voulant clarifier son envie, est un processus qui considère l’importance du décès de la personne. Le souffrant est de deux manières retenu dans son envie de connaitre : il refuse l’obstacle du blocage, dans un « ne rien vouloir savoir » à la démarche détaillée ; et surtout, sa contestation du décès lui oblige de concentrer toutes ses énergies mentales à combattre la souffrance.

L’attaque de la maladie, illustre la même valeur d’une privation d’une chose et en remarquer les symptômes, du geste de malheur commun jusqu’à l’immense tristesse, ne surprend pas. Du point de vue des signes cliniques, à n’importe quel instant du changement, on constate parfois les trois unités ci-après :

  • Une émotion dépressive à peu près distinguée avec une sensation de privation, et même une sensation que l’autre s’éloigne ;
  • inquiétude et sentiment d’être coupable s’y joignent, risquant la sensation d’une erreur personnelle, souvent des auto-accusations ;
  • finalement, pour se retirer de cette étape, la volonté d’attribuer une signification, capable de rendre raisonnable l’absurdité de la souffrance qui s’est affiliée dans l’organisme.

C’est au niveau cette  dernière unité que le malade peut faire appel au spécialiste de la psychanalyse ; à travers cette volonté d’accorder une signification, une interrogation trouve sa place, pour une envie de connaitre.  « S’il est vrai que la psychanalyse procède par un retour au sens de l’action » comme le dit Lacan[15], «  elle vise le rapport de l’action au désir qui l’habite », par conséquent la question que chacun de nous posera, éprouvant de la souffrance ou non, du point de vue des actes, constitue une démarche vers l’analyse[16].

En tant que praticien, on retient la spécificité de notre statut en tant que celui qui a « à répondre à une demande de savoir ». La position ne permettra pas juste d’être médecin. C’est la sollicitation du patient qui nous rend praticien avant tout, avec tous les changements que cela engendre dans la liaison. Enfin, c’est en quoi on pourrait affirmer, de manière excitante avec Lacan[17], que la théorie psychanalytique est indispensable pour que le statut médical soit concevable, même faisable : « la médecine se maintiendra pour autant que le médecin sera plus qu’à l’aise, informé comme il peut l’être, dans ce que j’ai appelé la topologie du sujet ».

 

1.3. « Psy » et cancer

 

Le « psy » peut sans doute procurer au patient cancéreux, tout en maintenant ce qui n’est pas du temps comme temps, le non-rapport comme étant un rapport, le non-objet comme objet, la faculté de reprendre son étude par rapport à un spectre qui va du rétablissement d’un processus irritable à l’instauration d’un rapport autorisant la singularité et l’historicité en traversant par des processus composés qui paraissent relier parallèlement les deux bouts du spectre.

Quelquefois, une vrai réalisation, un vrai mécanisme d’originalité se présentera là où la nouvelle connaissance entamée par la souffrance, nouvel enchevêtrement entre le physique et le mental, accordera par l’expression verbale du vécu qui désertifie,  de transformer la liaison du malade à son organisme et à son subjectivisme.

Essayer d’étayer des interrogations mises en activité depuis plusieurs années dans la confrontation avec des individus cancéreux semble inséparable de l’explication d’un « climat ».

Le  domaine constituant le traitement des cancers est croisé de plusieurs propriétés ne dessinant pas une circonstance mais un environnement commune et personnel, où tout parait pris en quantité ; les médecins, les malades, et la souffrance.

De manière non épuisante,  il existe divers aspects dont incommodité du malade et incommodité du groupe traitant résonant en permanence :

  • Enchantement du véritable, de l’organisme véritable avec l’impossibilité d’accepter l’organisme logé par l’extinction. L’angoissante originalité d’un organisme concevable et inconcevable en tant que dépouille trouble et pousse à vouloir s’éloigner. Vis-à-vis de ce véritable, il ne subsiste  aucune distanciation en revanche c’est parfois le sentiment de culpabilité qui durcit.
  • Privation, par l’individu cancéreux, de chose appartenant à soi, de chose de son unité au lieu de «  deuil » tel qu’on l’évoque généralement. Les récognitions fictives et allégoriques chancellent avec les indications de l’organisme. Une certaine banalisation de la personnalité, une certaine crainte de privation de soi, au lieu de chose, subsiste.
  • Retentissement pour le malade et le médecin, de cette atmosphère, suivi d’illusions et de circonstances du genre démodé dans lesquelles la personne éprouve complètement être débordée d’inquiétudes. L’admission en hôpital, la diminution momentanée du contrôle et de l’indépendance, les dégradations, les  perceptions déplorables engendrées par les soins raniment et reprennent des problèmes non réglés, des privations, des non-exprimés, des divisions. Les illusions de stérilisation occupent le devant du plateau. Le mécanisme, largement important, de l’existence et de la non-présence réunit la personne avec ce qui s’est passé dans sa vie. L’aspect démodé des vraies mises se fait ici  passer pour un monde du «  tout ou rien » par lesquelles se substituent le « c’est foutu » et l’espérance du prodige, l’incapacité et la puissance sans limite, l’inconcevable et le concevable, la discipline et l’enchantement, le point de vue prodigieux concernant la plénitude sanitaire précédente et le point de vue accablé suivant le choc de l’éclatement de cette illusion.
  • Avoir le cancer n’est pas une forme mais une grande variété de manifestations se constate près de l’activité de réalisation, ou de son éloignement permettant à l’individu de reprendre sa vie autant qu’il le peut. En réalité, un genre de séparation s’établit généralement: soit la souffrance soit le patient, engendre trois grandes formes d’évolution : ceux restant attacher et solidifier à la souffrance, ceux restant enfermer dans le cercle vicieux de leur vie, ceux qui réunissent leur souffrance et la connaissance entamée par cette souffrance avec l’historicité de leur expérience.
  • La maladie cancéreuse conduit souvent à faire un examen, en présence ou non de spécialiste de l’analyse. D’étourdissants résultats apparaissent, sinon lors du premier contrôle, souvent le sujet se dit : « Qu’opposer au malheur ? Quel recours quand tout est retiré ? Quand  tout fout le camp ?  Quand le corps même trahit et se dérobe dans sa fonction de support ? » et par lequel, chaque individu établissant librement le rapport entre les circonstances éloquentes de sa propre vie et de sa famille, évalue ce qui tient et opère encore signification dans son existence. Sur quoi doit-on avoir confiance actuellement en face de cette désespérance ? Quelquefois un fond mégalomaniaque corrélationnel et sentimental est très vite touché, quasiment très vite, si l’on  se réfère à la durée parfois indispensable dans les traitements  pour en parvenir jusque là. Ce qui parait discutable c’est une étrange oscillation de balance du fond et de la superficie, du personnel et du collectif, de l’habituel et de l’inconnu, qui témoigne une expérience traumatisante de perturbation de la structure spatiale et temporelle dans ses mouvements particuliers et dans ses distinctions intérieures-extérieures, près-loin, devant-derrière.

D’autres points plus caractéristiques du procédé « psy » dans le traitement du cancer se joignent à ces aspects appartenant au groupe des acteurs:

  • Ne pas agresser les idées de l’assimilation et de l’observation de la médecine pour maintenir constamment l’évidence de la personne ainsi la grandeur corrélationnelle semble être préalablement négligeable, dans cet endroit, d’une détection indispensable des conséquences de la médecine sur la personne (fait d’objectiver, de banaliser; réclamation de régularité et d’indulgence,…) ;
  • Maintenir un statut de « psy » dans des circonstances de préjugé qui n’y consente pas,  la grandeur personnelle y étant souvent appréhendée à déranger le processus des traitements, est concevable si on essaie de considérer ce qu’on constate au lieu de constater ce que l’on considère. Manière d’évoquer qu’on ne peut transposer aucune indication spéculative en tant que tel en revanche la clinique doit conduire à les retrouver, à les questionner, à les analyser, à en dégager d’autres, à les faire exercer. La faute de conception de l’organisme à part l’hystérie dans le recueil de textes de Freud n’est pas, dans ce sens, le plus petit des difficultés.
  • En ce moment où les installations allégoriques et fictives ne s’accrochent plus, donnant de l’espace à un large mécanisme de banalisation, le monde du traitement du cancer ne s’y éloigne peu et cette grandeur est à considérer. Par conséquent, la discussion sur l’extinction aujourd’hui par exemple se résume-t-il parfois à la problématique « être pour ou contre l’euthanasie », alternée de façon médiatique. Les systèmes de la banalisation sont différents :
  • manque de zones d’indications pour les illusions,
  • manque d’opinion et d’expression pour une instrumentalisation, érosion du réel personnel pour une conduite dans toutes les directions,
  • érosion de toute contestation pour une forme informatique composée de deux unités. Le « être patient atteint d’un cancer » y découvre son espace avec difficulté, ramené dans la partie de la personne qui vit ou qui meurt de façon alternative dans la négligence la plus constante que l’un est l’autre[18].

 

  1. PSYCHOLOGIE ET CANCER

 

« On est arrivé à montrer comment les états émotionnels impactent le système immunitaire », selon Fischer[19]. Il n’est pas question de créer de la tumeur, une souffrance psychologique, mais de démontrer que l’organisme et le mental sont unis de façon intime et que l’un ne peut être traité sans la présence de l’autre. Une blessure antérieure, le trouble psychique, une perception d’incapacité : beaucoup de positions  communes rencontrées au sein des faits analysés. De même, c’est également l’attitude prise par le patient vis-à-vis de cette angoisse terrifiante qui s’accomplit en lui. « Le plus important dans la maladie, c’est le malade et chaque malade a un retentissement qui lui est propre, par rapport à ce qui arrive. » Ainsi, le besoin de réexaminer l’entretien psychologique des malades du cancer, afin de le restituer au milieu du traitement, pareillement à la méthode thérapeutique.

Toute déclaration d’une pathologie pénible est un choc. Elle frappe, bouleverse et surprend. On ne peut s’y préparer, ni s’y préserver. Placés dans leur commodité existentielle à période indéfinie, les patients et leurs familles confrontent tout à coup l’inconcevable : la fragilité de l’existence. Une jeune dame cancéreuse aborde cette perception par un rapport considérable : « Mon médecin me dit parfois, et il n’y a pas que lui, que de toute manière je peux me faire renverser par une voiture et mourir demain sur un trottoir. Ce qui est vrai, cela arrive. Le problème quand on a un cancer comme moi, c’est qu’on n’est plus sur le trottoir. Je suis au milieu de la route et je vois la voiture qui va me renverser me foncer dessus. Ça fait tout de même une différence[20] ».

Dans ce sens, la maladie cancéreuse se présente comme une expérience particulière, fondamentale et isolée. Elle ne s’avère pas juste une douleur somatique, épuisement, décroissance, blessure. Elle change les mouvements quotidiennes, provoque l’engrenage des formulaires thérapeutiques, force à modifier ses reflexes, réduit la vie sociale. Elle se révèle opposition à soi et à autrui, dans une situation dans laquelle survole le risque d’extinction: puisqu’un  individu souffrant envisage qu’elle peut cesser de vivre, puisque l’attention d’autrui le lui redit également, il prend une route pour « le côté nocturne de la vie[21] ».  Philippe Bataille a effectué une large recherche près des cancéreux, et écrit franchement que  «  La mort, sa mort, mais surtout la mort laissée à vivre aux autres, reste le problème central du ressenti psychologique et du vécu social de la maladie ». Dans n’importe quelle solution, étant par bonheur parfois apaisement ou soulagement, des réalités et des vies se présentent  pendant  cette épreuve intérieure.

Toute personne mature ayant été opposée à la tumeur se rappelle précisément avant tout du moment où elle a entendu le résultat de l’analyse. Cette déclaration retentit pour certains comme un drame. L’étymologie du drame montre « ce qui tourne sens dessus dessous ». Et c’est totalement vrai. Pendant un moment, le fantasme de la perpétuité, au-dessus de laquelle les personnes saines bâtissent leurs existences, disparait. Gustave-Nicolas Fisher précise qu’il y a diverses manières d’y répondre : angoisse, irritation ou refus. « Les premières réactions de révolte, refus ou déni sont autant d’expression symptomatique de non-acceptation, souligne-t-il. (…) En ce sens, la maladie teste d’abord la capacité intérieure à reconnaître la réalité[22] ».

Par rapport à cela, la pathologie se rapproche d’une expérience d’évidence, néanmoins elle peut se retourner simultanément vers l’œuvre de duplicité. Pendant sa recherche enquête, Philippe Bataille a observé que plusieurs personnes cancéreuses dissimulent leur problème à leurs familles, délibérées à établir des dégourdis très raffinés. Certains, au contraire, ressentent la nécessité de dévoiler leur problème à tout le monde. Pour les familles, parfois, ni la duplicité ni la révélation ne leurs sont compréhensibles. Ils éprouvent du rejet, pendant un instant où l’inquiétude les affaiblit également.

 

            2.1. La psycho-oncologie

 

L’apparition d’une maladie dans la famille implique quelques changements et, à leur tour, implique la création de nouveaux besoins de la famille, des besoins qui vont naturellement se modifier tout au long de son cycle de vie[23]. La psycho-oncologie est prévu aux  objectifs suivants:

  • Procéder à une prise en charge globale qui prend en compte les aspects: physique, émotionnel, social et spirituel, qui inévitablement conduira à porter une attention à la fois individuelle, familiale et sociale.
  • Le patient et sa famille sont l’unité à traiter: le soutien affectif et la communication avec le patient et l’équipe familiale ; le traitement doit se faire par un dialogue franc et honnête.
  • Promouvoir l’autonomie et la dignité du patient en préservant et en restaurant tous les niveaux, à la fois au niveau des pratiques, émotions et relations des patients.
  • Le concept thérapeutique actif: incorpore une attitude de réadaptation vers le rétablissement complet du patient.
  • L’importance de l’environnement, l’atmosphère de respect, de confort, de soutien et de communication ont une influence décisive dans le contrôle des symptômes[24].

La psycho-oncologie est un domaine d’étude et de pratique interdisciplinaire à l’intersection de mode de vie, la psychologie et l’oncologie. Il concerne les aspects du cancer qui vont au-delà des soins médicaux et comprennent les aspects psychologiques et sociaux de la vie. Parfois, elle est également considérée comme « l’oncologie psychosociale » ou « oncologie comportementale » car elle traite de sujets psychosociaux et comportementaux. Le champ est concerné à la fois par les effets du cancer sur la santé psychologique d’une personne ainsi que les facteurs sociaux et comportementaux qui peuvent influer sur le processus de la maladie et / ou la rémission de celle-ci. Les praticiens de la « psycho-oncologie proactive » voient leur travail comme une intervention autonome destinée à renverser, en premier lieu, le processus épigénétique qui a conduit aux modifications génétiques et plus tard au processus cancérogène.

La psycho-oncologie, en tant que sous-spécialité, aborde les deux dimensions psychologiques majeures du cancer :

  • les réactions psychologiques des patients avec le cancer à tous les stades de la maladie et celle de leurs familles et les soignants et
  • l’aspect psychologique, comportemental et les facteurs sociaux susceptibles d’influer sur le processus de la maladie[25].

La psycho-oncologie est un domaine d’intérêt pluridisciplinaire et possède des frontières avec les spécialités principales en oncologie: les disciplines cliniques (chirurgie, médecine, pédiatrie, radiothérapie), l’épidémiologie, l’immunologie, l’endocrinologie, la biologie, la pathologie, la bioéthique, les soins palliatifs, la réadaptation, la médecine, les essais de recherche clinique et la prise de décision, ainsi que la psychiatrie et la psychologie).

 

2.1.1. Autour du concept

 

Un nouveau règlement médical est apparu : la psycho-oncologie. Elle constitue l’alliance de l’étude psychologique et psychiatrique avec l’étude des tumeurs cancéreuses. Ses recherches s’orientent sur la répercussion psychique d’un cancer pendant l’analyse, durant et après les prises en charge du malade et de ses proches, mais également les effets de la tumeur sur les attitudes personnelles et collectives. Cette nouvelle discipline est produite par une obstination d’humanisation des traitements du cancer tandis qu’elle réussissait sur un plan extrêmement méthodique et somatique de la pathologie.

La  psycho-oncologie a  pour  objet  la  prise  en  compte  des dimensions  psychologiques, psychiatriques,  comportementales,  familiales et sociales en relation à un cancer. C’est une composante de la multi-disciplinarité du soin en cancérologie. Son développement, relativement récent, répond essentiellement à la nécessité de prévenir et traiter les répercussions négatives de la maladie cancéreuse sur le psychisme du patient et de son entourage, d’aider le patient à rester lui-même et garder sa liberté de décision, en proposant un accompagnement adapté aux besoins de la personne malade et de ses proches.

La  psycho-oncologie est  exercée  par  des  psychiatres  et  des  psychologues auprès  des personnes  atteintes  de  cancer  (pendant  le  traitement  et  après),  mais  aussi  auprès  de  leur famille. Elle tient compte des effets neuro-psychologiques de la maladie et/ou des traitements, mais aussi des conséquences sur les modes de vie, de penser, les relations aux autres. Ces professionnels sont en mesure de dialoguer sans jugement  ou censure avec les malades et avec leurs proches de leurs réactions à la maladie et à ses conséquences, de leurs questions, de leurs réflexions sur leur situation présente, leur vie avant la maladie, leur avenir, etc. Ils essayent de les aider à trouver les meilleures façons de traverser cette période difficile.

Ils peuvent aider les malades et les proches à mieux communiquer, à « parler vrai » et à dépasser les  difficultés  relationnelles  liées  à la maladie.  Ils  sont disponibles  également  pour aider  les parents  malades  à parler  du cancer  à leurs  enfants  et  les  accompagner  dans leur  vécu de la situation.

 

2.1.2. Les champs de la psycho-oncologie

 

La psycho-oncologie présente un large domaine, à l’instar de l’étude des tumeurs par laquelle elle est fortement liée il y a 25 ans et plus. Cette discipline appartient à tout ce qui  concerne la tumeur, à tous les contextes médicaux et sociaux dans lesquels elle se situe, aux effets de la maladie et des soins. Elle est destinée à soutenir les malades et leurs proches (en effet, si ces derniers sont fragilisés, le malade peut égarer un soutien important) à parcourir cette expérience dans les circonstances plus accomplies et à réduire les mauvaises répercussions psychiques autant que possible. Elle regarde également les médecins qui possèdent leur propre faiblesse personnelle et collective pouvant engendrer omissions et désaccords  avec le malade ou au niveau d’un groupe et entrainer une corrosion (burn out)[26].

Plusieurs démarches et accessoires peuvent être employés par la psycho-oncologie. Le domaine psychiatrique prend en charge les séquelles de quelques soins et observations, de leurs séquelles sur le mental et les attitudes de même que la bonne utilisation des remèdes psychotropes. Le domaine psychologique suggère des rapports de soutien, analyse les attitudes des malades, de leurs proches et de leurs traitants, analyse les différentes médiations proposées. Le domaine psychanalytique est une des démarches faisables pour les médecins traitant les maladies mentales de même que pour les spécialistes de la psychologie. La psychanalyse est employée selon des systèmes différents des traitements traditionnels (ni lit, ni réticence déterminée) et appuie les malades à mieux saisir leurs mécanismes mentaux, leurs réflexions et leurs émotions, en pleine conscience ou non, vis-à-vis de la tumeur et de l’espace qu’elle prend dans leur vie et de leur proche. Elle les appuie à récupérer leur autonomie de raisonner et de choisir, en dépit du poids accablant entrainé par la tumeur.

La science sociologique et la science anthropologique, coopèrent avec elle. Elles contribuent à mieux appréhender et saisir les manières de vie, les modalités de constitution des proches et des malades, et des groupes traitants, leurs réactions à l’égard de la souffrance terrible, leurs points didactiques et mystiques, leurs manières d’agir et de réfléchir. La modération sanitaire aide à un meilleur discernement des prix exacts de la souffrance pour le malade et ses proches (leur peine abusive peut traduire certaines contestations au soin). Ces démarches peuvent contribuer aux résolutions médicales.

Le patient ne s’avère pas seulement un corps souffrant ou un organisme qui porte une pathologie : il est le tout perspicace et délicat que l’épreuve cancéreuse peut affaiblir dans chaque composition le constituant. C’est la raison pour laquelle il faut prêter attention à ces compositions :

  • son organisme, la certitude qu’il possède en ses facultés, la considération qu’il lui conserve, l’unité que cet organisme lui reflète dans la figure qu’il en possède ou qu’il observe à travers la vue d’autrui ;
  • ses divers statuts et fonctions : au niveau de la famille, de la société, au travail ;
  • sa vie personnelle, l’histoire qu’il en compose, la conclusion qu’il en dégage ;
  • ses façons d’application psychique, sa manière d’affronter les problèmes, ses probables décompensations psychiques ou psychiatriques d’avant : l’expérience présente peut empirer des faiblesses antérieures ou les régler ;
  • sa situation psychique actuelle et l’existence probable de signes mentales : signes antérieures ou réactionnelles à la pathologie, nécessitant souvent la prise de médicaments ou un accompagnement d’un spécialiste ;
  • sa vie de famille : les problèmes de la jeunesse peuvent réapparaitre dans les instants pénibles, le processus familial peut aider ou déséquilibrer le malade, les malheurs d’avant peuvent rendre compliqué son opposition à son propre décès envisageable.

La relation du patient à sa pathologie sera aussi déterminée par :

  • ses jugements et ses conceptions (à peu près conscients, organisés, injectés d’ignorance et d’illusions) par rapport à la raison de la pathologie et les évidences du soin : elles révèlent sa juste volonté d’apporter une signification à l’absurdité de la tumeur le frappant (« Pourquoi, pourquoi moi, pourquoi ma famille, pourquoi en ce moment, etc. ? ») ; les savoir permet de mieux les appréhender et à diminuer une omission éventuelle et un non-respect éventuel ;
  • sa perception d’unité et d’importance : la tumeur est une expérience d’évidence pour le sujet et sa famille, conduisant inquiétude ou certitude, abandon ou rapprochement à autrui ;
  • la vue qu’il pose sur son histoire : méritait-t-elle d’être connue?
  • La vue qu’il pose sur lui-même et l’entourage : bonne ou mauvaise,… Ces comportements ne dépendent que de l’évidence de la situation médicale[27].

Tous ceux qui participent à l’étude des tumeurs cancéreuses jouent un rôle de soutien du malade dans l’affrontement de cette expérience. Néanmoins, ce sont les spécialistes de  la psycho-oncologie qui demeurent au milieu de cette équipe. Leurs fonctions ne se reposent pas simplement sur un acte d’amabilité et de délicatesse dans le rapport avec malade, dans le soutien face aux déclarations désagréables ou la solution des troubles de déséquilibre. Ils  ont besoin d’une capacité particulière obtenue après un entrainement psychiatrique ou psychologique et une étude psycho-oncologique supplémentaire, de même par l’acquis et la relation avec les collaborateurs (sujets, réunions). Ils nécessitent également un point de vue particulier au milieu des différents interlocuteurs du malade étant donné que ce dernier n’espère pas des répliques similaires (en mots et en actions) et s’adresse de manière différente au psycho-oncologue et au cancérologue, à l’aide-médicale, au volontaire. Personne n’est capable de  détenir tous les emplacements vis-à-vis du malade, ni de faire exister ensemble en elle-même deux manières de juger tellement opposées comme le traitement médical et le traitement psychothérapeutique. Ces diverses positions ne signifient pas que le psycho-oncologue abandonne la condition médicale du malade et des placements médicaux du soin, que son occupation isole le praticien et l’aide-soignante dans une tâche rigoureusement technique et les prive du rapport et de la conversation avec le malade : la complémentarité s’affilie dans le savoir des fonctions et de la position professionnelle de chaque personne.

 

2.1.3. La psycho-oncologie et le psychologue en oncologie

 

Il existe différentes branches dans la psycho-oncologie. D’abord, on rencontre la branche médicale liée à la branche psychologique et psychopathologique. Cette liaison regarde les répercussions psychiques en rapport avec la tumeur et différentes grandes connaissances à l’instar des processus de soutien, le malheur, la tristesse, la représentation de l’organisme… En revanche plus loin, la psycho-oncologie nous attire dans les branches sociales, la  sexologie, la moralité, la branche sociétale et même philosophique. Elle débouche ainsi le passage vers la répartition et aussi la connaissance de douleur mental aussi bien pour le malade que pour les traitants qui s’occupent des individus cancéreux. Cela a donc conduit à mener des analyses et enquêtes sur le burn-out, l’idée de fatigue professionnelle des groupes tournant autour de la pathologie terrible et de la mort. Les équipes de contrôles apparaissent et on aperçoit qu’un groupe soignant bien-portant psychiquement et un rapport soignant-soigné s’implantant au sein de la certitude s’avèrent être des avantages importants dans l’entretien du malade. Elle a inauguré une branche qui était dépourvue de façon cruelle à la science médecine d’autrefois, celle de la science de l’échange et des inters liaisons de l’homme. La science médecine devient donc ouverte à des « outils » d’échange permettant d’instaurer une certitude importante dans le rapport de traitement à travers l’expression verbale des sentiments du malade et la propre opinion du traitant sur ses sentiments personnels et son expérience. Tout le monde peut utiliser ces moyens. Ce sont des méthodes d’échange d’appui fondées sur l’attention orientée vers l’individu qui permettra la verbalisation des sentiments, des angoisses, des images entourant la pathologie. Elle exige du praticien ou du traitant une attention sur leurs images et douleurs personnelles à l’égard de la tumeur pour ne pas détourner le rapport en projetant sur le malade leurs propres questions.

L’attention nécessite la discrétion. La fonction du psychologue dans l’étude des tumeurs comprend deux côtés : l’activité près du malade et l’activité près des soignants. Près du malade, le spécialiste de la psychologie joue un rôle d’appui mental, régulier et pendant une longue durée. Ce rapport thérapeutique consiste à mobiliser de nouveau les moyens intérieurs du malade et de son voisinage pour qu’il décèle assez de force pour diriger la pathologie. L’appui thérapeutique accorde au malade d’affronter les nouvelles, les soins, les transformations de vie imposés par cette pathologie. La verbalisation de ses émotions, de ses envies l’aidera à maintenir sa position de Personne, de celle qui décide. L’expression repose le malade au milieu du programme médical. L’attention psychique laisse comprendre la parole secrète du malade et aide à la verbalisation exacte des angoisses, des anxiétés. Quelquefois la signification de la pathologie aboutit à un récit enfantin compliqué, un fait antérieur encore pénible et stimule des blessures non guéries. L’aide psychique peut soutenir à cicatriser ces blessures et réautorise à poursuivre  la vie. Cet appui peut impliquer des proches (progéniture, père, mari, etc.…) selon les nécessités et l’exigence. Près du malade, le psychologue possède aussi une fonction communicative : il peut revenir, avec le malade et les proches, sur ce qui a été élucidé précédemment, repérer si cela demande des explications ou si tout a été appréhendé convenablement.

Une autre de ses fonctions est celle de la recommandation surtout sur le comportement et la relation avec le voisinage (sentiment, société et travail). Le spécialiste de la psychologie peut être appelé près des soignants pour un appui pendant les circonstances complexes de sensations de faiblesse ou de passages d’incapacité. Quelques affiliés de groupes peuvent réclamer une entrevue individuelle et des recommandations personnelles vis-à-vis des circonstances difficiles. Le psychologue est chargé d’enseigner et de former au sein de l’établissement pour soutenir une évidente théorie de traitements communicatifs. Finalement, à l’aide de sa démarche singulière près du malade, le psychologue joue un rôle important dans l’interrogation théorique près de circonstances complexes nécessitant les soins, la mort…Face au traitement du cancer, le psychologue fait un peu office de garantie de la vie mentale du malade pour que celui-ci soit écouté et honoré dignement[28].

Le spécialiste de la psycho-oncologie doit savoir assez la branche « psy » au sein de la variété de ses actions, de ses indications spéculatives, de ses domaines pathologiques (pouvant exister ensemble avec un cancer). Il nécessite également de savoir assez sur le traitement du cancer et sur les traitants  (leurs raisonnements, leurs actions, leurs capacités et leurs impuissances, la vie et le mécanisme des groupes) afin d’appréhender les causes des exigences qu’on lui demande, les interrogations réfléchies et insensées mais aussi les espérances des malades et des traitants. Cela inclut de sa part une intégration correcte dans un groupe cancérologique ou un lien assez intime et tenace afin que des relations de savoir et de certitude simultanées s’instaurent, ainsi qu’une expérience commune s’élargit constamment : la psycho-oncologie n’est pas une action miraculeuse qui laisserait régler vivement tout ce qui détraque la bonne marche d’une activité.

Le manque de savoir de l’étude des tumeurs entraine des mauvaises séquelles: les malades en connaissent parfois autant que le psycho-oncologue qui en est déprécié. En outre,  ce dernier affronte une face des raisons de déséquilibre et des interrogations des malades, parfois en rapport avec l’évidence exacte de leur état, affronte les requêtes et les espérances des traitants. Savoir assez sur l’étude des tumeurs lui permet d’échapper les illusions sur les praticiens et la science médecine, de déceler l’écart correct entre le malade et les traitants (il ne soutient ni les traitants afin de faire admettre au malade la résolution médicale, ni le malade afin de faire observer la légalité de sa lamentation). Il collabore avec les traitants tout en sachant que les buts des malades, le coût qu’ils s’engagent à verser, leurs indications et leurs références ne sont pas nécessairement semblables à ceux des traitants.

La psycho-oncologie est un règlement unissant la science médecine (traitement du cancer, des troubles mentaux) et les sciences de l’homme (étude psychologique, psychanalytique, sociologique, anthropologique,…). D’une part, elle doit étendre son lieu de travail à elle (ses interrogations, ses techniques, ses procédés, ses manières d’agir et de raisonner, ses observations, son concept épistémologique et éthique qu’elle pose sur elle-même, ses buts, ses fonctions), d’autre part, elle doit escorter la croissance des autres règlements auxquels elle collabore et surtout le traitement du cancer.

 

2.1.4. Les missions du psycho-oncologue[29]

 

Les fonctions du groupe psycho-oncologue (travailler tout seul est compliqué et risqué) sont diverses : préservation comme le soin, près des malades, de leurs proches ou des groupes de traitants, appui pendant et après l’entretien. Ses moyens de soutien sont vastes : assistance individuelle ou familiale, équipe ou regroupement, recommandation et communication, traitement psychothérapique, détente, procédé thérapeutique,… Elle coopère  de manière favorisée avec les spécialistes de la cancérologie. Avec les groupements, elle essaie de comprendre les expériences subites par les malades mais aussi leurs espérances et leurs exigences, pour réduire les méconnaissances et les illusions.

Pourtant les méthodes de chacun des groupes n’ont pas de limites. C’est la raison pour laquelle il est préférable, afin d’échapper au désordre des appuis suggérés ou leur croissance déstabilisée, que chaque service psycho-oncologique précise ses prioritaires et ses capacités en considérant des savoirs présents, des exigences et des espérances des malades et de l’unité, des buts à moyen et long terme de celle-ci. Elle doit également préciser ses références d’appui : pour quels malades, avec quel genre de soutien ? Les indices les plus évidentes ou les plus éclatantes ne sont pas nécessairement les plus essentielles ; les répliques exactes viennent à entrainer désagrément et dégradation : elles n’accordent ni la croissance ni la diffusion de l’expérience vécue aussi bien par le groupe que par le psycho-oncologue ni son observation.

  • Déséquilibre du malade :

Il provient généralement de la souffrance (son évidence, la représentation disposée par  le malade, sa position dans son existence), du malade (ses propriétés psychopathologiques, sa position socio-économique, sa propre vie et de sa famille, ses espérances et ses buts, son statut social), des traitants (leurs particularités, l’état oncologique actuel), d’autrui (leurs langages et leurs comportements). Le spécialiste de la psycho-oncologie considère tous ces éléments afin de ne pas l’imputer à un seul, ni d’en faire seulement supporter par le malade l’imputabilité. Par exemple, le non-respect peut sortir d’une ignorance simultanée : le praticien a employé un mot et des réflexions trop formées, n’a pas considérer des facultés cognitives du malade, de ses indications didactiques, de son inquiétude ou de sa mélancolie, de ses buts (pas nécessairement semblables aux siens), de ses situations tangibles lui permettant de penser aux  éventualités de rétablissement trop petites et le coût trop élevé qu’il versera. Néanmoins le praticien a peut-être douté à fournir des précisions explicites, estimées trop fermes à écouter. Le non-respect peut également, à cause de l’éveil spontané d’un conflit enfantin ou d’une révolution de la jeunesse, sortir de la sensation de danger, ainsi que de révéler une situation réfléchie et endossée. Ainsi, un regroupement d’éthique clinique peut être confirmé.

  • Sollicitation d’appui:

Vis-à-vis de cet appel, le psycho-oncologue tente de découvrir la véritable raison de cette sollicitation et remarque en général que le problème est aussi bien celui du malade que celui d’autrui. Il essaie après de trouver la ou les difficulté(s) réelle(s) après l’interrogation visible établie par l’indice afin que la solution soit permanente. Le malade n’est pas toujours préparé à affronter le psycho-oncologue. Il s’inquiète, s’il entame la discussion, d’aboutir trop éloigné, que la confusion résultante l’affaiblisse et lui fasse passer ses opportunités, estime-t-il souvent, de rétablir. Il peut être rassuré par le psycho-oncologue parce que celui-ci parvient à supporter l’incitation de régler toutes les difficultés du malade et il ne fait attention à son vécu que si cela lui parait interpréter ses problèmes d’accommodations du présent. Il parle avec précaution étant donné que son appui peut éveiller des sentiments de tristesses, pourtant demeurer si futile n’est pas très compétent. Généralement, le malade est avant tout déséquilibré (malgré le fait que faire gémir le malade ou de lui faire « vider son sac » sont inutiles), ensuite il reprend conscience et autonomie de raisonner et de choisir. D’une manière parallèle à ces moyens d’appui psychothérapeutique interindividuel, le spécialiste de la psycho-oncologie peut employer des moyens de conseil cognitivo-comportemental (entrainement ou durcissement de coping), d’expression sentimentale, de détente, de traitements familiaux. Il s’oblige de régler les problèmes actuels pourtant il fait également attention à ce que le malade deviendra : des difficultés extérieurement réglées réapparaissent parfois après, dans une situation plus compliquée. Il amène également que le malade, le soin achevé, saisisse et reconnaisse ce qu’il aura enduré et s’échappe des troubles psychiques ou du choc ayant pu en dégager.

Le psycho-oncologue encourage la bonne santé mentale du malade et essaie à appréhender  avec celui-ci les origines de sa confusion et de sa maladie, en revanche éclaircir ne signifie ni de justifier des attitudes inadmissibles possibles, ni de délaisser la douleur des traitants. Puisque l’activité oncologique est mentalement fatiguant et entraine une dégradation (burn out). Il faut y prêter attention lorsque les liens avec les malades, avec les  collaborateurs, familials se corrompent, lorsque dédain ou impudence, détachement et diminution de préoccupation de sa qualité professionnelle surgissent (sinon, à l’inverse, une attention exagérée à contourner toute erreur), lorsque la faiblesse et la crainte se manifestent (sinon, à l’inverse, la maitrise de tout sentiment et la conviction de toujours être juste) et lorsque l’épuisement et les confusions physiques ou mentales apparaissent.

Sa coopération avec le groupe, pour une meilleure conception du malade et une véritable relation médicale, ne suppose en aucun cas à déceler l’histoire personnelle de celui-ci, ce qui est sans intérêt et dangereux.

  • Enquête et éducation :

Cette enquête, sur la qualité et sur la quantité, concerne notamment la représentation des circonstances et des soutiens, l’observation des conditions et des malades « à risque », celui des appuis suggérés. Effectivement, le psycho-oncologue nécessite des critères généraux qui s’appliquent à la diversité des états cliniques trouvés et des endroits où il s’interpose. Il doit choisir, suivant des références exactes, invariables, accessibles. Les groupes traitants ont plus besoins des références de screening pour guider leurs exigences, sans une relation étroite avec un groupe de psycho-oncologues, qu’à celui-ci dans son activité clinique (dimensions d’angoisse-tristesse, dimensions visibles de trouble mental,…). Les appuis doivent être convenables, compétents et bénéfiques pour les ressources qu’il possède : traitements individuels ou équipes, appuis directs ou regroupements avec le groupe traitant (afin de l’appuyer à employer sa capacité relationnelle et non pour lui faire porter ses fonctions).

Quelques genres d’appuis acceptent mieux que d’autres la rationalisation et l’observation quand même il amène de conserver leur position aux divers genres de méthodes en observant leurs conséquences selon des références explicites et distribuées. L’observation doit considérer les particularités psycho-oncologiques, en demeurant rigoureusement méthodologique[30]. Par exemple, la conséquence d’une intervention mentale peut assurément se délecter sur les dimensions d’angoisse et de tristesse mais également sur le comportement existentiel (enthousiaste ou mélancolique) du malade, sur son rapport avec son mari ou sa femme ou avec ses progénitures (et les conséquences apparaitront après des années).

  • Contribution à la conception morale clinique

Le spécialiste de la psycho-oncologie contribue à la conception clinico-éthique thérapeutique et infirmière. La morale n’est pas un règlement particulier mais c’est une interrogation constante et une préoccupation toujours éveillée parce que les demandes morales peuvent apparaitre à tout instant. Elles ne regardent pas simplement les grands questionnaires mais également l’activité habituelle et se transforment par rapport au changement des soins, des actions, de la constitution de traitements, des besoins ou des espérances des malades, des proches, de l’entourage. Ces interrogations, ce trouble surgissent lorsque la distance entre ce qui devrait être conçu idéalement et ce qui est conçu réellement tombe exagéré; lorsque traitants et malades sont face à des choix aux effets tous aussi dangereux ou inadmissibles et que nulle décision ne le domine carrément, lorsque il n’y a ni discipline, ni conseil pour déterminer ce qui est bonne. Le psycho-oncologue n’est ni spécialiste en morale ni censeur. Pourtant, par sa situation spécifique (affilié du groupe traitant et non dirigeant direct des soins oncologiques) et par son instruction (apte à évaluer les rapports entre les hommes, les mécanismes d’équipes, les évidences et les incertitudes des expressions réfléchies autant qu’irréfléchies), il peut participer de manière utile à l’observation et au contrôle des différents facteurs  mis en jeu à travers la discussion et à la solution des difficultés.

L’étude  psycho-oncologique est encore un nouveau règlement en plein croissance. Il amène qu’elle rencontre une réelle stabilité entre enquête et activité clinique et entre connaitre et savoir-faire[31]. Celui-ci explique l’importance de sujets dans la revue du Cancer. Néanmoins  elle s’est dégagée du stade des banalités. C’est la raison pour laquelle il est indispensable que chacun des psycho-oncologues soit susceptible de s’instruire, contribuer aux actions des établissements psycho-oncologiques, élargir des études.

 

2.2. Psychisme et cancer

 

Les relations entre le psychisme et le cancer sont multiples. La psycho-oncologie est axé sur l’ajustement psychologique aux maladies potentiellement mortelles. Les crises ne sont pas inhabituelles dans les soins de santé, mais la perception du cancer est totalement différente parce que le diagnostic de cancer se traduit souvent par une réaction de choc irrationnelle dans toutes les parties concernées. Un diagnostic de cancer est beaucoup plus négativement perçu que toute autre maladie incurable, comme une cardiopathie ou une neuropathie avec un pronostic comparable ou pire. Pendant le choc d’avoir reçu un diagnostic de cancer, il n’y a pas prise de conscience par rapport au fait que le cancer puisse être guéri. L’amélioration de la qualité de vie, l’identification de la détresse psychologique et la prévention des troubles mentaux sont les tâches principales de la psycho-oncologie. La maladie tient une position considérable dans le programme d’un entretien holiste du malade en oncologie[32]. Sa démonstration est de façon intrinsèque combinée au vécu cancéreux, ses traumatismes physiques, et à ses effets mentaux. Elle compose ainsi un endroit d’appui favorable pour l’étude psycho-oncologique.

Lors de sa rencontre avec Pierre Cezanave, Françoise Bessis[33] se demande : « en quoi la rencontre avec ce réel traumatique qu’est le cancer, avec l’événement corporel et psychique qu’il peut constituer, et la rencontre avec cet autre qu’est le psychanalyste peuvent-elles interférer et se conjuguer pour susciter un éveil de la vie psychique, une émergence subjective nouvelle par l’accès  à des parts de soi gelées, réprimées, voire exclues ? ». Le but était d’évaluer, chez Cezanave, la portée subjective du cancer, au risque mortel, faisant suite à la rupture d’un lien affectif. Il y a là une connotation vitale par rapport à l’identification de ce « coup » et son importance. Julien Bigras dénonce d’ailleurs « la présence à l’intérieur d’un adulte parfaitement adapté aux codes ambiants, d’un profond marasme, d’une détresse infantile archaïque ». Ceci fait allusion à une souffrance psychique que le sujet ne connaît pas, et avec laquelle il n’a pas de contact, et qui ne lui permet donc pas de demander une aide. On est alors en présence d’une rencontre de transfert entre la détresse du patient et l’appel que cela sous-entend, « appel muet que l’analyste a à entendre ».

Tout ceci renvoie au concept de la notion de trauma et ce que peut entraîner, pour le malade, sa rencontre avec le cancer et le psychanalyste. En effet, le cancer constitue, par son intrusion à la fois physique et psychique, les bornes qu’il surpasse, la mort qu’il affiche, un trauma pas toujours néfaste. Concrètement, le cancer induit, chez le malade,  selon un mécanisme de répétition mis en exergue par Freud, la reconceptualisation d’ancien traumatismes qui deviennent alors ainsi accessibles, au transfert et au traitement, pour la première fois,

Bessis affirme d’ailleurs : « Ces traumas qui, certes, ne sont pas l’apanage des patients atteints de cancer, mais qui deviennent explorables par l’irruption de cette somatisation grave, ont pu entraver la naissance d’une pensée vivante, riche de représentations et d’affects, la constitution du narcissisme primaire, et d’un corps psychiquement habité ; parmi ces traumas, citons le rôle majeur de la défaillance de l’environnement primordial que constituent le corps et l’inconscient maternels ; ces traumas ont aussi pu générer des mécanismes de défense massifs et invalidants, tel le clivage, entraînant une répression de la vie psychique… ».

« Accueillir la détresse traumatique exige, comme l’ont si justement noté les psychanalystes s’occupant de traumas de guerre comme Barrois, une simplicité d’abord et de langage, une proximité, une urgence à prendre soin assortie d’une attente et d’une confiance que le sujet s’en sorte dans son propre temps. Insistons avec Ferenczi sur l’importance de la reconnaissance, par l’analyste, de la réalité du fait traumatique et de son impact destructeur sur le sujet ; c’est cette reconnaissance de la souffrance du sujet liée au trauma qui lui permet d’en émerger et ainsi d’exister. Accueillir l’archaïque, c’est être capable de répondre au besoin de dépendance du malade ; la précarité, la vulnérabilité, la démunition auxquelles expose cette maladie grave, peuvent légitimer un certain nombre de malades à exprimer le besoin qu’on s’occupe d’eux, ce qui constitue un événement psy- chique nouveau et bénéfique, eux qui, sous la pression du «  faux self », ont toujours été soumis aux exigences et besoins des autres au détriment des leurs. Cette brèche dans cette formation défensive, ce moment d’appel à l’autre, peut être une occasion pour l’analyste d’aller à la rencontre d’un besoin foncier de dépendance, besoin vital du Moi initial auquel il n’a jamais été  répondu. Répondre à ce besoin de dépendance est, selon Winnicott, essentiel pour induire un processus de régression qui va permettre au patient d’entrer en contact avec cet enfant enfoui en lui et qui n’a jamais eu accès à la parole », d’après Bessis.

Malgré le fait que toutes les personnes cancéreuses ne se reconnaissent pas vouloir prétendre à une rencontre avec un spécialiste, l’essentiel réside, pratiquement, dans l’abord régulièrement pragmatique, psychopathologique du symptôme, dont le but est de supprimer ce dernier, tout en privant le malade de caresser sa souffrance subjective, qui s’exprime par le symptôme : « Ça parle, et là  sans doute où on s’y attendait le moins, là où ça souffre », dit Lacan.

La rencontre avec le psychanalyste peut s’avérer décisive, pour certains malades, du fait que cette dernière ouvre sur la rencontre avec une réalité intérieure, une naissance psychique véritable. Dans ce sens, « l’engagement du psychanalyste à  être partie prenante de sa vie psychique, à établir un lien à ce niveau primordial, est d’un apport précieux ».

 

2.2.1. Cancer et conséquences psychiques[34]

 

Les évolutions médicales réalisées dans le domaine de l’oncologie ont changé le sondage des tumeurs : à présent celles-ci peuvent être guéries, mais leur évolution persistante permet toujours au risque d’un décès déroutant de survoler.

Les malades sont forcés d’étendre des travails d’accommodation exprimant un énorme effort mental. Leur but est de garder la plénitude mentale et somatique, reprendre ce qui est remédiable et équilibrer ce qui est irrémédiable, et notamment calmer autant que possible le degré de douleur mentale et de souffrance corporelle accompagnant le vécu cancéreux.

L’étude psycho-oncologique analyse tous les problèmes mentaux capables d’apparaitre à l’opportunité de la tumeur, à toutes les étapes de la souffrance et du traitement, soit pendant l’analyse, soit lors des prises en charges ou même après; que ce soit le traitement initial d’une tumeur repérée ou celui d’une tumeur évolutive, que l’on se trouve en amont de la divulgation de la tumeur, autour d’un mécanisme préventif dans le domaine de l’oncogénétique, pendant un entretien ou après – comme des reflexes dépressifs mineurs au bout des cures ou encore de l’entretien de la peine du mari après la mort du malade cancéreux.

Afin de mieux appréhender les reflexes de la personne, leur pluralité d’un malade à un autre et également leur variation dans le sens de période d’apparition, de démonstrations es symptômes, période ou degré, on ne peut économiser une recherche des moyens adaptatifs que la personne a déposé pendant son existence, dans la situation d’opposition à d’autres circonstances, également on doit tout employer afin de ne pas confiner l’étape tumeur.

Les démonstrations psychopathologiques constatées chez le malade cancéreux s’incluent sur un continuum, et on est obligé de souligner que la majorité des malades ne présentent pas des problèmes psychopathologiques rigoureux mais simplement des reflexes adaptatifs.

A cause de la pluralité de ces reflexes mentaux, il y a plusieurs « pièges » capables de provoquer des reflexes non appropriés du traitant qui n’aura pas décelé convenablement le genre de problème : crainte intense face à un reflexe mental apparent alors que c’est un moyen adaptatif “normale”; au contraire, minimisation d’une douleur mentale susceptible de cacher un défaut de compensation psychopathologique plus rigoureux avec possibilités de risques pour le malade, dans une situation de non identification du groupe traitant, comme le suicide chez un malade montrant un  strict abattement pourtant discret ou caché. Cette inclination à la minimisation par l’équipe soignante est soutenue par la réalité que parfois, les malades ne parlent pas librement avec leur médecin de leurs difficultés sentimentales. Cette situation nous force à considérer toutes les formalités relationnelles qui s’établissent entre le malade cancéreux et son traitant ou de son groupe : en réalité, le caractère de ces rapports définit en majorité les réflexes mentaux constatés chez le malade.

L’angoisse  sentimentale auquel la tumeur oppose les malades lors de la déclaration du résultat et des règles de soin se présente chez plusieurs d’entre eux par l’apparition d’un risque mental. L’idée de risque est souvent employée en traitement du cancer. Il s’agit d’ « une expérience émotionnelle désagréable, de nature psychologique, sociale, ou spirituelle, qui influe sur la capacité à “faire face”, de façon efficace au cancer et à ses traitements. Cette expérience s’inscrit dans un continuum allant des sentiments normaux de vulnérabilité, tristesse et craintes, jusqu’à des difficultés pouvant devenir invalidantes telles que l’anxiété, la dépression, l’isolement social et la crise spirituelle » d’après la définition de Holland. L’angoisse mentale signifie donc l’écroulement des facultés de lutte mentale du malade face à un état de trouble débordant, passager ou chronique, ses moyens d’affronter. Ce trouble sentimental, représentation de diverses intensités de douleur mentale, peut être multiple, et part de syndromes masqués (angoisse, dépression, crise relationnelles, insomnie et absence d’appétit, indices organiques comme les vomissements et la peine) vers de véritables défauts de compensation psychopathologiques (apparition d’un important indice accablant, d’immense angoisse). Même si le degré des indices peut prouver un entretien psycho-oncologique, psychomédical ou thérapeutique, le trouble psychique est majoritairement à, comprendre en tant que phase indispensable d’ajustement à la souffrance et l’élaboration des soins. En réalité, ce sont les moyens d’accommodation de chaque personne vis-à-vis de la souffrance et à ses soins qui caractériseront en majorité le degré cette angoisse sentimentale et de ce qu’il va devenir. C’est quand les indices sentimentaux et comportementaux, se produisant après un trouble psychique, tombent éloquents et provoquent une répercussion pratique sur la nature existentielle du malade que l’on parle d’existence d’une confusion de l’ajustement. Celle-ci se rapporte entièrement à un résultat psychologique et demande une prise d’attitude  spéciale.

L’angoisse mentale est ainsi susceptible d’apparaitre à n’importe quelle étape de la souffrance, qu’elle vienne après une phase collective de l’entretien (première déclaration du résultat, réflexion sur le potentiel d’évolution du cancer, remplacement de groupe ou désaccord, défaut de renseignement, options éthico-cliniques surgissant pendant les étapes progressives de la souffrance) ou après une transformation de la sensation caractéristique du malade (intransigeance aux soins, indices corporels gênants, peine, difficulté à respirer, nausées irrésistibles, etc.…).

 

2.2.2. Annonce et retentissement

 

Déclarer c’est informer, « faire savoir » faire savoir la présence de quelque chose et/ou de son apparition. Il ne s’agit pas juste de communiquer,  ou de « faire  comprendre », c’est  transférer quelque chose de délicat et préparé.  Les malades ne sont pas forcément habitués avec la connaissance disposée le praticien. Déclarer, c’est marcher avec un malade vers le savoir le concernant. Les  nouvelles,  pendant le mécanisme d’appui,  doivent  ainsi  accorder  aux spécialistes  de fournir  au malade  les renseignements nécessaires.  Le praticien a une fonction spéciale dans ce mécanisme car parfois il est le divulgateur initial du diagnostic[35].

La déclaration réexplique une probabilité pour le malade, elle possède une  conséquence constituant quand elle est accommodée : « Personne ne contestera que ce qui est terrible et connu vaut toujours mieux que ce  qui  est  terrible  et  inconnu.  Dans les  vieilles  formules  magiques,  le  diable  est  souvent  conjuré parce qu’il dit son nom »[36]. La déclaration stoppe également une phase de doute et  secrète ;  elle interrompt les hypothèses et les explications inexactes. Elle laisse indiquer la souffrance. La déclaration permet ainsi de fonder un rapport soignant-soigné. Le malade nécessite une personne de référence. Il choisira celle-ci en tant que celle qui lui a fourni les solutions qu’il nécessitait.

L’expression « mauvaise nouvelle » signifie « une nouvelle qui change radicalement et négativement l’idée que se fait le patient de son être et de son avenir »[37] selon la Haute Autorité de Santé. L’annonce désagréable ne regarde pas seulement un résultat, mais également les éventuels effets de la souffrance ou des soins, comme défaut ou malformation par exemple. Signe d’accès dans la souffrance, elle peut être éprouvée en tant que une sentence au décès, et une sentence à vivre péniblement. Elle peut se révéler évidente ou probable, instantanée ou ultérieure,  et  peut  aussi  supposer  le sujet du transfert héréditaire aux progénitures, d’une possibilité de contamination des proches, de l’atteinte des autres. Néanmoins,  l’annonce désagréable demeure personnelle,  étroitement rattachée à la vie du malade.  La réception de l’annonce désagréable peut ainsi ne pas être la même chez le praticien et le malade (la sensation éprouvée par le praticien est souvent écartée de celle du malade).

Parfois le sentiment est si intense pendant le diagnostic initial que le malade ne perçoit presque rien. On évoque ainsi l’effarement. Pendant l’observation, origine de la déclaration  initiale, on ne peut tout entamer, le malade nécessite un moment. Les diverses phases du mécanisme d’approbation du décès ont été représentées par le traumatisme, l’irritation, la contestation même le refus, la négociation, la tristesse, le consentement. Le fonctionnement de ce mécanisme n’est pas constant, il est variable suivants les caractères et les circonstances. Mais ce qui est invariable chez le malade, c’est la nécessité d’attention, de compréhension et d’accompagnement à son mouvement. Il peut donc révéler plusieurs genres d’émotions :

  • Crainte de fin de vie (« gérée » auparavant de manière irréfléchie).
  • Doute (« ce n’est pas moi », « on s’est trompé de personne »).
  • Frayeur, angoisse et sursaut catastrophique.
  • Trouble immense et inquiétude.
  • Abattement et effondrement.
  • Irritation, rancœur, sentiment de culpabilité, embarras.

Par rapport à  sa propre  approche  ,  chacun des malades  possèdera  une  capacité  singulière  à assimiler  les  renseignements,  raison pour laquelle  ils  devront  lui  être  restitués  par  les  divers participants, à divers instants.

 

2.2.3. Impacts de la douleur

 

Le cancer peut être localisé dans une variété de domaines dans le corps humain. Cette localisation est associée à des problèmes importants concernant non seulement le traitement et le pronostic, mais aussi des problèmes psychologiques et psychiatriques auxquels le patient peut être confronté. L’impact psychique chez le patient est déterminé dans une large mesure par le symbolisme de l’organe affecté. La signification symbolique d’une partie du corps pour le malade déclenche des émotions et des enjeux dans les mécanismes d’auto-défense. De cette façon, les patients font face à une nouvelle réalité psychique que le cancer crée. Les choix thérapeutiques peuvent inclure des interventions, impliquant des mutilations, qui causent un préjudice esthétique et des conséquences majeures sur l’image du corps, qui entraînent des blessures narcissiques. La phénoménologie de troubles anxieux et dépressifs est reliée à la partie du corps touchée. L’apparition de cancer, non seulement dans les organes sexuels, mais aussi dans d’autres parties du corps, peut perturber la fonction sexuelle et donc conduire à des troubles sexuels. Surtout, la tête et le cou sont connectés avec les fonctions vitales. Cette zone du corps a un impact majeur sur la réalité psychique depuis la petite enfance. Des fonctions psychiques complexes se sont développées en relation avec les organes au niveau de la tête et du cou. Par conséquent, la localisation du cancer à ce niveau conduit à des problèmes psychologiques et psychiatriques individuels, puisque les fonctions « manger et respirer » sont lésées, la communication verbale devient difficile et l’image du corps s’en trouve ainsi modifiée. En raison de symptômes somatiques graves et du mauvais pronostic, les patients atteints de cancer du poumon se retrouvent dans le désespoir et l’impuissance. Les patients atteints de cancer gynécologique sont confrontés à une maladie qui affecte les organes comme ceux du sein et des organes génitaux féminins internes associés à la féminité, l’attractivité et la fertilité. Les habitudes alimentaires sont souvent une source de culpabilité pour les patients qui souffrent de cancer du tractus gastro-intestinal.

En outre, les interventions thérapeutiques affectent l’image du corps et provoquent des sentiments de gêne avec de graves conséquences sur le sentiment de bien-être, les activités quotidiennes, les relations interpersonnelles et la sexualité du patient. Les symptômes dépressifs se produisent souvent dans les stades avant-coureurs du cancer du pancréas. La dépression est un diagnostic fréquent chez les patients atteints d’un cancer de la prostate. La prostatectomie affecte négativement l’estime de soi du patient, car elle pourrait être vécue comme une menace à sa vie sexuelle. La défiguration est liée au cancer de la peau à cause de des interventions chirurgicales.

Par conséquent, il est un défi pour la psycho-oncologie d’identifier les patients qui sont vulnérables dans le développement de symptômes psychiatriques, de diagnostiquer précocement l’anxiété et de dépression et d’utiliser les interventions psychothérapeutiques ciblant les problèmes psychologiques et psychiatriques individuels par rapport à la localisation de la maladie[38].

 

2.3. Les affects et l’expérience

 

L’opposition au résultat de tumeur et à ses soins peut composer une importante épreuve troublante dans l’existence d’une personne avec effet psychique et social quasiment chronique. Le soin, se rapportant à l’émotion et au comportement, de cet événement se révèle indispensable dans le mécanisme d’adaptation à la tumeur. Ce soin serait plus facile en exprimant les idées et les sentiments à l’objet de l’’etude de la pathologie dans une circonstance sociale réconfortante.

 

2.3.1. Notions de représentations sociales

 

L’emploi et les descriptions sociales du terme tumeur provoquent des effets sur le langage particulier des malades auxquels un résultat de tumeur est proclamé  . Cet emploi possède une importance sur les descriptions que le terme lui-même provient, entrainant généralement la relation de l’individu à la vie et à l’extinction. S’il existe d’une certaine manière deux catégories de descriptions, les descriptions de la tumeur comme sujet scientifique, et les descriptions sociales de la tumeur comme image accablant celui qui en souffre, ces deux catégories de descriptions se mélangent dans l’histoire des malades. Ceux-ci  reconstruiront leur « connaissance singulière » de la tumeur en commençant par des moyens d’exécution de leur évidence mentale en sollicitant successivement à leur connaissance réexaminée par le spécialiste, le béotien et les théories magico-religieuses ou les différents troubles (par Apostolidis, Duveen et Kalampalikis, en 2002) face à n’importe quel caractéristique social, politique, économique,…. En réalité, ces descriptions personnelles sont fortifiées par la connaissance béotienne, effet de la récupération des conceptions de la  science banalisées, tout en gardant toutes les descriptions magico-religieuses reçues du passé. Néanmoins, pour la personne souffrante, dans sa douleur physique, la vision subjective de sa souffrance nécessite d’abord une description, ou une mise en description  d’après Pedinielli, en 1993. La connaissance béotienne est ainsi susceptible de s’ingérer dans la distance entre le physique et la description. Les descriptions de la tumeur sont ainsi des modèles de l’intervention des descriptions sociales au niveau de la rencontre  soignant – soigné. La vision subjective de ce rapport ne peut être appréhendée sans la considération de l’entourage, et surtout de la connaissance du malade de la tumeur par sa participation au socius. Pourtant  nous considérons que la distance qui sépare les descriptions cancéreuses en tant  que sujet scientifique de celles de la tumeur en tant qu’image sociale s’est augmentée. D’une part, le savoir médical change par obtentions successives, ce qui se révèle même  de notion du relativisme rationnel (selon Popper en 1934). Dans le domaine cancérologique, pareillement à travers plusieurs autres champs de la science médecine, cette représentation semble efficace car elle provoque un accroissement très marqué des savoirs physiopathologiques des moyens d’accélération de l’alvéole cancéreux, de la structure de ces moyens, de leur pléonasme et des probabilités de les immobiliser ou de les unifier. La nature normative du savoir médical obtenu par l’épreuve cohérente est en effet instaurée, quand même ce qui nous semble important dans la conception de cette partie c’est de tenir compte que les évolutions de la science ne sont pas susceptibles de vouloir supprimer les descriptions subjectives de la souffrance jusqu’au moment où  la crainte provoquée par le cancer ne disparaitra pas : jusqu’au moment où l’on ne trouvera pas de résolution médicale commode et efficiente.

 

2.3.2. L’affect d’angoisse

 

Le malade se situe dans une opposition directe avec l’effrayante nouveauté. Le sentiment d’anxiété est une innocente expression physique signifiant qu’il signale l’organisme. C’est une venue de réalité. L’anxiété est l’indéfinissable, elle ne se rattache pas à des descriptions allégoriques. Ce sentiment ne peut ainsi être que ressenti, comme sentiment modèle du quanton de sentiment relatif aux théories de Freud, a l’extérieur de l’allégorique, recommencement d’une épreuve avant même la confrontation de l’organisme et du langage. Le sédiment d’anxiété se formant lors de la déclaration n’est pas une faute de l’actif, à l’inverse, c’est  un surplus d’actif détaché des probabilités du langage, et du détachement entraîne que cet actif s’empare complètement du moi. Dans cette circonstance, la personne entière n’est plus que véritable. Il n’existe pas de description probable face à la situation physique et c’est l’explication même de l’angoisse[39]. Face à cet événement troublant de réalité, l’anxiété devra, une fois la chose terminée, se rattachée à des descriptions fictives et allégoriques accordant une nouvelle élocution entre les descriptions verbales et les descriptions d’objets. Le caractère de ces descriptions sera précisé selon les émotions irréfléchies de culpabilité du malade : de la relation que le patient aura toujours maintenu dans sa vie et à son décès. Le sentiment d’anxiété n’est pas la frayeur : l’anxiété est entrainée par une circonstance alors que la frayeur, celle-ci cherche un élément en dehors. Cet événement est un éclatement du rapport avec soi-même se transformant, dans l’atmosphère troublante, en extériorité. Pendant cette situation une description philosophique de la prise apparait, déterminée par les trois unités du trouble (froideur de la peau, confusions des labyrinthes, déséquilibre de l’appareil respiratoire). Dans cette phase, l’entrée d’anxiété est susceptible d’atteindre la défaillance qui caractérise l’état ultime de l’anxiété troublante : l’auto-séparation de l’admiration de soi laissant la personne se dérober par l’anxiété. La crainte de l’événement de déclaration ne soumet ainsi ni à l’image de l’angoisse ni à l’image de la tristesse. Elle s’avère en même temps reflexe physique et signe de la réalité dans son agressivité. Ce sentiment d’anxiété est nettement l’espérance inattendue d’un fait inquiétant et que l’on ne connait pas l’aspect qu’il prendra. Ainsi, l’anxiété ne peut exister sans l’émotion de l’autre (pourtant c’est un autre ignoré, cf. infra). Cette frayeur de manquer laisse parler Lacan que dans l’anxiété, on ne manque pas d’espace, on manque de soi (la solitude est toujours un échec du moi[40]. Vis-à-vis de l’anxiété provoquée par la déclaration de la tumeur, les indices que la personne aurait pu présenter comme plusieurs moyens de lutte se dérobe. L’organisation de l’indice en tant que défense contre l’anxiété recule face au terme « cancer ». Le déclin de l’indice pendant la déclaration de la tumeur contribue de plus à réduit le quanton d’anxiété. L’état d’anxiété, au sein de l’atmosphère troublante de la déclaration de la tumeur, est marqué par la délivrance d’un quanton d’anxiété, carrément émergeant, déterminé à se rattacher avec quelle que soit la substance descriptive. Cette substance descriptive est livrée par la connaissance candide et par les théories magico-religieuses, et qu’elle rassemble sévèrement le sentiment de culpabilité de la personne. Toutes les descriptions, du passé jusqu’à présent, tendent sur un côté : le côté de la mission de la personne face à ce qui se produit.

L’effet instantané du traumatisme cancéreux est ainsi l’anxiété, évoqué par Lacan qu’elle se révèle consubstantielle à l’existence « il n’y a pas de vie possible sans angoisse existentielle ». La situation la plus rattachée au sentiment d’anxiété est suivant lui celle de la banalisation de la personnalité : cet organisme divisé, cet élément « non moïsable », cette représentation de soi que la personne ne découvre pas. Une insuffisance de la représentation spéculaire existe ainsi, même de la forme de l’organisme exact. Pourtant, « si ce qui est vu dans le miroir est angoissant, c’est pour ne pas être proposable à la reconnaissance de l’Autre ». Pouvant s’écrire facilement par : « j’ai perdu mon éclat, comment l’Autre pourrait-il me reconnaître ». Il existe dans ce cas privation de l’illusion, plus précisément « du vœu, naïf comme tous les vœux, que l’Autre se pâme d’admiration devant l’objet merveilleux que je suis, déduction faite de ce que je me vois »[41]. Lacan a développé en tant qu’états de dépersonnalisation ce que Ferenczi exposait à travers le terme d’auto-séparation narcissique. Pour lui, ce sont exactement les états les plus opposés à la disposition de la personne en tant que telle, et le permettant d’évoquer: « ce n’est pas du monde extérieur que l’on manque, c’est de soi même » (Lacan, 1963).

 

 

  1. LA RELATION ENTRE PSYCHOLOGUE ET MALADE CANCEREUX

 

La tumeur entraine plusieurs difficultés mentales : tant au patient, à ses proches et également au praticien, aux traitants. Les réciprocités entre tous ces gens sont délicates. Pendant plusieurs années, les programmes télévisés, le débat des règles sur la morale, sur la mise en œuvre de tous les moyens médicaux, sur la pratique euthanasique, les débats sur le SIDA et la remise en question de la représentation particulière du jeune âge et de l’élégance corporelle, ont conduit à une réflexion sur l’influence de la parole en même des traitants et des patients. A présent il est question de tumeur, on parle de décès, on l’entame avec le patient. Dans n’importe quel résultat, prédication, processus de soin, il n’existe pas de petites tumeurs.

La maladie cancéreuse est pour le malade, son voisinage une expérience troublante. Cette situation concerne toutes les formes existentielles : les relations avec son organisme, ses proches, son espace de travail, ses camarades, ses connaissances et aussi la signification accordée au confort, à l’hygiène, à la douleur, à la pathologie, sans oublier au décès. Les traitants de leurs côtés ne sont pas ignorants face à cette situation. Presque vivement pendant leur métier, ils affronteront ces difficultés de la vie et seront obligés à les régler afin qu’ils soient en mesure de poursuivre leur profession, leur responsabilité ou leur appel. L’appui mental du patient pointe à une évolution équilibrée du soin et à une nature existentielle rapprochée à la nature qui subsistait avant la maladie. Ces attentions introduisent la préservation face aux effets psychiques qui perturberaient le futur. Chaque affilié du groupe traitant, et du voisinage même, possède sa propre mission. L’appui psychique n’est pas un faste, ni un supplément de soin : il comporte parfois l’instrument de succès d’un soin équilibré, vers le rétablissement ou vers décès.

Dans ses écrits, Élisabeth Angellier[42] affirme : « Cancérologue, je ne peux pas trouver  belle une pathologie aujourd’hui encore si souvent effroyable. Pourtant, quelque chose s’y attache, que je découvre avec les malades, de profondément touchant. Et ce quelque chose a à voir avec un espace de vérité humaine.  Peut-on mentir lorsqu’on se sait, ou se sent, ainsi menacé ? Et peut-on mentir lorsqu’on sait l’autre ainsi menacé? Des espaces de mensonge, nous en avons traversé. Certains plus que d’autres. Mensonges aux autres. À soi- même. Mensonge au temps ». Ceci évoque le fait la survenue d’un cancer chez le malade, n’ayant pas toujours un effet surprenant, a pour principal effet de basculer, de toutes les façons, sa vie. Et c’est cette constatation qui pose la question du lien à établir avec la personne souffrante.

En effet, la première réaction du médecin, face au cancer et à cette personne qui semble être dans le besoin, est ainsi d’établir une relation d’aide, pas toujours « captée » par le malade, en état de choc.

Du point de vue de l’éthique de la relation soignant-soigné, notamment médecin-malade, Angellier considère comme moment privilégié la ou les premières consultations, correspondant à la phase d’informations. Il s’en suit alors des étapes thérapeutiques à l’oncologie :

  • Les informations : entre le cancer et son stade, l’arsenal thérapeutique, etc. les informations sont nombreuses, pas toujours faciles à maîtriser. Il s’agit essentiellement de noyer dans l’information dans la avec le malade.
  • Le dialogue : à établir d’emblée, malgré le fait qu’il ne s’installe pas dès la première consultation.
  • Une proposition : il s’agit de la proposition de traitement, engageant dans une relation thérapeutique, pour soutenir le malade. chez le médecin, il est essentiel de montrer sa disponibilité pour prétendre à ce soutien au patient.
  • Les questionnements : concernant à la fois des points nouveaux ou de vieilles questions qui reviennent. Vient ensuite la notion du besoin de « passer la main », pour certains malades, selon les émotions qui peuvent se dégager des consultations

Si ces points sont décisifs pour la constitution du lien médecin-malade, il s’agit alors de la prise en charge du malade, constituée par des séances de consultations correspondant plutôt à un lieu d’échange d’expériences de vie.

Angellier termine en affirmant : « … peut-être présente-t-on trop souvent aux jeunes médecins la relation médecin-malade comme un « devoir », sans prendre en compte sa dimension humaine qui peut être aussi, pour nous médecins, un bonheur. Parce qu’il y a du bonheur à  voir quelqu’un aller bien, dans son corps, dans sa vie, et si possible dans le temps. Et parce que, face à l’échec thérapeutique parfois inéluctable, cette relation authentique permet encore de partager des moments vrais, comme un supplément de vie ».

 

            3.1. L’importance du corps

 

L’image du corps se réfère aux sentiments d’une personne sur l’attrait de son propre corps. La société humaine a en tout temps accordé une grande importance à la beauté du corps humain, mais la perception de leur propre corps d’une personne peut ne pas correspondre aux normes de la société.

Le concept de l’image corporelle est utilisé dans de nombreuses disciplines, comme la psychologie, la médecine, la psychiatrie, la psychanalyse, la philosophie et les études culturelles et féministes.

L’image du corps d’une personne est pensée pour être, en partie, un produit de ses expériences personnelles, sa personnalité, et diverses forces sociales et culturelles. Le sentiment sur la propre apparence physique d’une personne, le plus souvent par rapport aux autres ou par rapport à une certaine culture « idéale » peut façonner son image corporelle. La perception de l’apparence d’une personne peut être différente de la façon dont les autres la perçoivent réellement.

Tout au long de l’histoire, il a été extrêmement difficile de vivre à la hauteur des normes de la société et en ce qu’elle croit être le corps idéal. Il y a beaucoup de facteurs qui contribuent à l’image du corps d’une personne, certains d’entre eux comprennent: la dynamique familiale, les prédispositions biologiques (par exemple, la dépression et l’anxiété), et les attentes culturelles (par exemple, les médias et la politique).

L’image corporelle peut avoir un large éventail d’effets psychologiques et d’effets physiques.

 

3.1.1. Le concept de représentations sociales

 

C’est à Durkheim que revient le mérite de la conception des bases des représentations collective et  individuelle,  définitions actualisées avec les trouvailles  heuristiques  de    Moscovici, qui a élaboré le concept de la représentation sociale, visant à conceptualiser les relations sociales d’une personne face à son entourage. Cette notion de représentation sociale peut avoir divers sens. Toutefois, la définition qui nous concerne est la suivante : la représentation sociale peut être définie comme étant « une perception,  image,  mentale, etc.…, dont le contenu se rapporte à un objet, à une situation, à une scène, etc.… du monde dans lequel vit le sujet »[43].

Cette définition renvoie à la notion d’existence d’un processus de relation entre contenu, objet,  et sujet. Ceci contribuerait à dire que toute personne, individu, entretient, dans sa vie, une relation d’interaction avec son environnement,  par la création de représentations qui lui sont propres, à travers des  conceptions qui lui sont bien particulières, ses  propres savoirs et compétences, pouvant être expérimentées par un groupe d’individu.

Ces bases communes servent  à  l’interprétation par l’individu d’une réalité  habituelle  pour lui permettre l’adaptation selon les situations en présence dans le but d’aboutir à la maîtrise de son entourage. Dans ce sens, si une personne se retrouve dépourvue, il lui sera impossible d’aborder la notion d’appréhension des situations nouvelles et inconnues, outre le fait de l’adoption de connaissances et de représentations nouvelles, essentielles à la communication.  A cet effet, selon Moscovici,  « le concept de représentation sociale désigne une forme de connaissance spécifique, le savoir de sens commun, dont les contenus manifestent l’opération de processus génératifs et  fonctionnels  socialement  marqués.  Plus largement,  il désigne une forme de pensée sociale. Les représentations sociales sont des modalités de pensée pratique orientée vers la communication, la compréhension et la maîtrise de l’environnement social, matériel et idéel. En tant que telles, elles présentent des caractères spécifiques au plan de l’organisation des contenus, des opérations mentales et de la logique. Le marquage social des contenus ou des processus de représentation est à référer aux conditions et aux contextes dans lesquels émergent les représentations, aux communications par lesquelles elles circulent,  aux fonctions qu’elles servent dans l’interaction avec le monde et les autres »[44]. Ceci informe sur les attitudes des personnes membres d’un groupe, lesquelles diffèrent lorsque, pour la même situation, la personne est face à elle-même pour la résolution du problème. Ici, d’près Moscovici,  le sens commun revêt une réflexion individuelle,  « cette représentation a des  incidences  directes  sur  le  comportement  social  et  l’organisation  du  groupe  et  va  jusqu’à infléchir  le fonctionnement  cognitif  lui-même ».

« Le  sujet  confronté à une majorité,  (…) adopte les représentations du grand groupe quelquefois en dépit de ses propres perceptions. (…) les représentations partagées par plusieurs individus apparaissent comme plus fortes et plus  convaincantes  que  celles  d’un  individu  unique  qui  n’a  pour  appui  que  son  propre  jugement »[45].

En effet, la construction psychique de l’individu repose sur l’élaboration de son propre système de pensée et de réflexion afin de pouvoir créer  sa propre identité. Aussi, il  doit  être capable d’user de ses connaissances communes, repères essentiels à l’insertion sociale.  Aussi, selon Mannoni, les représentations sociales  « ont toujours un sujet et un objet : elles sont  toujours représentation de quelque chose pour quelqu’un »  et leurs interprétations peuvent évoluer  dans  le  temps,  « le  contenu  de  la  représentation  varie  parfois,  (…)  le  cas  du   5toxicomane (…) est passé par certaines phases différemment connotées. Le regard social (…) a évolué du registre moral  (la faute)  au registre légal (le  délit)  avant d’atteindre le registre  médical (la maladie) en passant par le registre existentiel (style de vie,…).  On constate ainsi  une  mutation  de  la  représentation  sociale  (…).  Les  termes  mêmes  qui  véhiculent  la  représentation du toxicomane se transforment (…). ».

Ce sont également les représentations sociales qui régissent les modes de communication codifiées pour des  échanges  plus  efficaces.

 

3.1.2. Entre identité, image et schéma corporel

 

Au sein d’une institution, tout individu possède une identité sociale. Cette conception comprend le socius, témoignant de sa fonction. Selon Ricoeur, le socius se définit comme « l’autre anonyme pensé par l’intermédiaire de son métier ou de sa fonction sociale indépendamment de sa personnalité, de ses expériences ou de ses convictions privées »[46].

Dans le cas d’une personne handicapée, un « socius conditionnel » vient s’associer au socius fonctionnel. En effet, le statut de handicapé vient se substituer à sa nature humaine, avant de se compléter à son socius conditionnel prédéfini. C’est de cette façon que l’individu acquiert une nouvelle identité sociale, représentée de façon collective et métaphorique par les termes « dément, attardé, … ».

Cette nouvelle conception identitaire suppose un affect au niveau de la condition physique ou psychique. En effet, dès le moment où un individu se voit déployer de sa capacité de mouvement (capacité animale), tout en conservant sa capacité à penser (capacité humaine), le handicap est dit physique.

L’identité personnelle étant l’expérience d’avoir sa personnalité et de se trouver dans son essence, l’identité sociale de celui qui est handicapé physique renvoie à la conception d’invalidité, relative à une atteinte de l’enveloppe corporelle, illustrée socialement par la vulnérabilité, l’incapacité et la dépendance.

A l’opposé, chez le handicapé psychique, la capacité motrice est conservée ou peu affectée, et la capacité à penser est celle qui est sujette à un ébranlement considérable jusqu’à une véritable annihilation.

C’est le cas du sujet atteint de la maladie d’Alzheimer qui a perdu ses repères de reflexe et de mémoire et dont l’autonomie psychique est atteinte, partiellement ou totalement selon le degré de la maladie. Cette dépendance psychique empêche toute faculté à réfléchir avec raison et cohérence aboutissant à la prise de décision, à la faculté de choisir ce qui est meilleur.

Aussi, l’atteinte de la personnalité chez le patient malade d’Alzheimer, c’est tout le statut de « personne «  qui lui est déployé. En effet, chez ce type de patient, sujet à l’absence de mémoire et à l’oubli, c’est véritablement la condition humaine, en termes de personnalité et d’essentialité qui se retrouve affectée.

Par ailleurs, le schéma corporel fait également partie intégrante de l’identité personnelle. Le schéma corporel se définit comme la connaissance, la représentation, le vécu, que chaque individu se fait de son propre corps qui lui permet de se situer dans l’espace. L’acquisition de ce schéma corporel permet d’établir les frontières du corps et de mieux en situer les limites.

L’image corporelle se définit comme la « représentation qu’une personne à de son propre corps dans l’espace et dans le monde[47]». Celle-ci est propre à chacun, elle est liée à son sujet et à son histoire.

Elle se construit et se remanie tout au long du développement de l’enfant. Dès lors Françoise Dolto distingue 3 modalités d’une même image du corps : «  image de base, image fonctionnelle et image érogène, lesquelles toutes ensemble constituent et assurent l’image du corps vivant et le narcissisme du sujet à chaque stade de son évolution ». L’image du corps joue un rôle important dans la socialisation tout au long de sa vie. Elle se construit dès la naissance puis grâce à l’exploration de l’environnement affectif et social. L’image corporelle se différencie  du schéma corporel par le fait que le schéma c’est ce que l’on est réellement, c’est ce que tout le monde voit, alors que l’image, c’est ce que l’on s’imagine être.

Le bien-être se définissant comme étant un « Etat agréable du corps et l’esprit. Une sensation de bien-être total [48]», la relation entre le bien-être et le corps est  définie par l’accord parfait entre le schéma corporel et l’image corporelle. En effet, l’image corporelle peut nous être renvoyée par l’attitude des gens et l’image qu’ils ont de nous. Or, cela se répercute très vite sur le schéma que nous allons donner à notre corps. Il est nécessaire d’être « bien dans sa tête, pour s’accepter dans son corps », et la réciproque est aussi vrai.

 

3.1.3. La relation soignant/soigné

 

En France, le cadre règlementaire de la relation d’aide se réfère au code de la santé publique[49]. Dans sa définition la plus simple, le terme relation signifie «  la rencontre de deux personnes ».

Pour que cette rencontre ait lieu, les deux personnes doivent se reconnaitre et se respecter comme des êtres humains égaux. C’est l’essence des soins infirmiers de la relation du professionnel de santé et d’une personne. Tout naît de cette rencontre. La relation d’aide est le fil conducteur des soins infirmiers, la base de confiance que le soigné met dans le soignant. Il s’agit d’une relation bilatérale et non unilatérale[50].

Cette relation d’aide en soins infirmiers désigne les processus par lesquels l’infirmier va pourvoir prendre le rôle d’aidant auprès d’une personne en difficulté afin de l’aider à surmonter une crise. Elle se différencie de l’aspect relationnel en soins infirmiers. Pour un professionnel, la relation d’aide est avant tout un savoir être. La relation est centrée sur la personne en demande ou en souffrance. Elle permet de l’accompagner dans son parcours de vie. Le point culminant de la relation d’aide est de reconnaître le ressenti de la personne soigné, reconnaître ses affects, ses émotions, c’est la reconnaître en tant qu’être humain. C’est à Carl Rogers, dont l’approche repose sur une philosophie humaniste, que nous devons la théorie de la relation d’aide[51]. Dans sa philosophie, la relation avec l’autre est primordiale, elle est un instrument de guérison, mais aussi une aide à la réalisation de soi pour la personne soigné.

La relation d’aide est donc un soin. Il pourra s’agir entre autre d’un accompagnement pour aider un patient dans son face à face avec la réalité, lui donnant les points d’encrages constructifs (besoin, désir et demande de la part du patient). Une  relation d’aide entre le soignant qui est l’aidant et le soigné qui est l’aidé est une relation soignant/soigné. Elle se fait habituellement autour d’un soin. Dans le milieu psychiatrique elle doit se positionner surtout lors de l’entretien, en laissant de côté nos perceptions, certaines habitudes sans projection ni interprétation et nos références culturelles. L’objectif étant de comprendre dans un premier temps le ressenti de l’autre, de faire passer l’acceptation de soi par l’autre. Ceci est déterminant car le refus, signifierait rejet, avec le risque de repli du patient. Avoir réussi à établir un lien avec le patient est donc déterminant dans mon rôle propre qui est un lien utile indispensable de soin.

Selon Walter Hesbeen, le concept du prendre soin désigne « cette attention particulière en vue de venir en aide au patient, de contribuer à son bien-être, de promouvoir sa santé. On observe ainsi combien la concrétisation de cette aide sera tributaire de la représentation que le soignant a de la Santé. L’attention s’inscrit dans la perspective d’apporter de l’aide à la personne, donc d’apparaitre comme un professionnel aidant pour celle-ci dans sa situation singulière et en utilisant les compétences professionnelles qui caractérisent les acteurs de telle ou telle profession ». D’autre part, selon celui-ci : « Le réel respect d’autrui n’est pas fondé sur les différences, mais bien sur l’équivalence de dignité reconnue à chaque personne, quelles que soient leurs caractéristiques. Par essence, les êtres sont tous différents et présentent tous des particularités qui leurs sont propres (…). Il ne s’agit donc pas de respecter la différence de l’autre, mais bien de respecter cette autre en la singularité de son existence. [52]»

La confiance réciproque du soignant et du soigné doit en général s’obtenir dès le premier contact à l’accueil. Le soignant doit posséder ces 3 critères : le savoir, le  savoir-faire, et également  un savoir-être. C’est cet ensemble qui va aider à instaurer une relation de confiance entre le soignant et le soigné. Le soignant doit avoir une attitude gracieuse, aimable, joviale, douce, qui va favoriser l’approche et donc de  mise en confiance du patient. Le personnel doit être disponible pour écouter et créer le climat de confiance indispensable pour une bonne relation.

Souvent dans le quotidien et dans la routine, la démarche relationnelle, dont l’écoute, sont négligées à cause du manque de temps sans doute ou par habitude. Cependant, on a tendance à oublier que cela entre en compte dans le processus de guérison du patient car ce n’est qu’en ayant le sentiment d’avoir été soulagés de ses besoins primordiaux que le patient pourra participer à sa guérison. Pour prendre soin, il est primordial que l’infirmier soit empathique et sensible au niveau de la souffrance et de la détresse des patients. L’empathie doit être guidée par l’objectif de permettre au patient de retrouver la notion de plaisir. Pour J.Decety[53]: « Parvenir à l’empathie nécessite une véritable écoute. Etre touché par le vécu d’un patient, par son expérience douloureuse, par sa souffrance physique et morale. L’outil premier est bien l’écoute des messages verbaux et non verbaux, mais il ne suffit pas. Une écoute efficace intègre aussi, si cela est possible, le questionnement ». L’empathie implique que l’on se sente proche du patient, sans toutefois se mettre à sa place et tenter de comprendre son point de vue et son ressenti sans chercher à les modifier. Selon Carl Rogers «  l’empathie est la capacité à percevoir le monde de l’autre et à saisir avec autant d’exactitude que possible, les références internes et les composantes émotionnelles d’une autre personne et à les comprendre comme si l’on était cette autre personne ».

De part son écoute, son observation, sa compréhension des problèmes et sa disponibilité, le soignant devra instaurer une relation de confiance et d’aide avec la personne soignée. Cette relation a pour objet d’apporter une réponse à la souffrance psychologique du patient, en l’aidant à reconnaitre et comprendre ses troubles, à accepter et assumer au mieux sa maladie.

 

3.1.4. Le concept du « prendre soin »

 

Selon Hesbeen, « le soin relève de l’attention. Il désigne le fait d’être attentif à quelqu’un pour s’occuper de son bien-être ou de son état … »[54]. A cet effet, la notion de « prendre soin » renvoie à « cette attention particulière que l’on va porter à soi-même ou à un autre…», notamment au malade, sans sa situation singulière et propre à lui-même, nécessitant une attention particulière. Aussi, il est nécessaire, pour prendre soin de quelqu’un, d’établir une relation de confiance entre les deux. Ainsi, dans le prendre soin de l’autre, il la compréhension du message à envoyer semble intéressant à cerner, contribuant à la rectification ou à l’adaptation certaine attitude ou du moyen de communication selon les besoins du patient, et sa situation ainsi. Dans l’accompagnement en milieu hospitalier des personnes soignées, la notion du besoin de reconnaissance en tant que sujet est essentielle : « bien vivre émotionnellement, c’est échanger des marques d’attention, multiplier les sourires et les paroles d’accueil et refuser de croire que le silence est suffisant en soi »[55]. Aussi, l’expression du « prendre soin » se trouve aussi dans celle du respect, contribuant à l’instauration d’une relation positive.

En outre, « la qualité de présence s’exprime dans toutes les dimensions de la relation, qu’il s’agisse des gestes qui rejoignent le corps ou qu’il s’agisse de toutes les démarches qui vont à la rencontre de l’autre dans son besoin de savoir, de comprendre, de participer, d’être soutenu, voire d’être aimé »[56], le lien entre proximité et présence faisant suite à celui de l’accompagnement. Pour le patient, cette notion de présence confirme sa reconnaissance en tant que personne, au lieu de le cantonner à la position de malade, ayant besoin de soins particuliers. Cette notion de présence est admise comme importante pour Emmanuel Hirsch dans le rendu de sa dignité au patient : « la parole malade peut s’interrompre (…) à force de douleurs ou d’indignité insurmontables. La présence soignante, l’attention et l’intention du soin préservent autant que faire ce peut la capacité d’avoir encore une parole et d’être toujours reconnu dans ce que l’on exprime, pour ce que l’on est ». ceci admet que le soignant doit adopter une posture d’écoute attentive du patient pour instaurer une relation soignant-soigné harmonieuse.

 

3.1.5. La notion de personne et de besoin

 

Le besoin est défini de la façon suivante : « Ce qui est nécessaire ou indispensable »[57]. Le rôle propre de l’infirmière repose sur les quatorze besoins fondamentaux de Virginia Henderson[58] parmi lesquels figure le besoin de communiquer avec ses semblables (Capacité d’une personne à être comprise et comprendre grâce à l’attitude, la parole, ou un code) et d’apprendre (Capacité d’une personne à apprendre d’autrui ou d’un événement et d’être en mesure d’évoluer, également à s’adapter à un changement, à entrer en résilience et à pouvoir transmettre un savoir).

Selon Henderson, ces besoins fondamentaux  peuvent être ordonnés en une liste agencée à laquelle les professionnels de santé se réfèreront pendant la prédication des soins d’une personne, malade ou non. Henderson se base sur un modèle de processus à la fois biologique et physiologique (besoins primaires, homéostasie), psychologique et sociale (besoins secondaires), et spirituelle (bien-être, besoin tertiaire et développement personnel).

Aussi, ce paradigme comprend également la conception de satisfaction, en réponse au besoin, qui est définie selon l’aptitude et la motivation de corriger un déficit, de conserver ou améliorer un état, le besoin lui-même ne peut combler qu’après satisfaction des besoins primitifs. Cette notion de satisfaction du besoin est sous l’influence de divers facteurs, dont   la dimension psychologique qui porte sur l’influence de l’adaptation des connaissances prenant en compte :

  • les stades de développement de la personne (âge physique et psychologique),
  • l’image de soi (une image négative étant le principal obstacle que la personne doit affronter, correspondant à l’image que la société leur renvoie),
  • l’état mental de réceptivité (correspondant à la capacité à recevoir un enseignement, et dans lequel l’anxiété et la peur, principalement, sont les principales causes d’incapacité à se mettre en situation favorable à l’apprentissage),
  • les mécanismes de défense (l’anxiété conduit, de façon inconsciente au mécanisme d’atténuation ou de modification, pour se protéger),
  • les phases d’adaptation au problème de santé (phase de choc et de dénégation, phase de prise de conscience, phase d’adaptation),
  • la motivation à apprendre (le manque de motivation aboutit à un problème d’acquisition de nouvelles connaissances),
  • le vécu et les expériences (les habitudes aboutissent à une difficulté d’adaptation aux stratégies nouvelles et techniques nouvelles).

 

3.2. Les attributions spécifiques du psychologue[59]

 

Tout d’abord, le psychologue accepte les missions qu’il estime compatibles avec ses compétences, sa technique, ses fonctions. L’entretien ou le suivi psychologique d’un patient peut être demandé par le malade lui-même, par un membre de l’équipe (médecins, infirmiers, aides-soignants) ou proposé par le psychologue. Ce dernier n’intervient qu’avec le consentement lucide du patient. Toute personne doit pouvoir s’adresser directement et librement au psychologue.

Concernant les relations internes, le psychologue intervient dans les services. On peut aussi participer au comité d’algologie (comité pluridisciplinaire : médecins, assistantes sociales, secrétaire, surveillante, diététicienne esthéticienne, psychologues, psychiatre). Il nous arrive également de travailler avec un psychiatre. Concernant les relations externes, il y a des consultations de patients traités en ambulatoire ainsi que, pour les psychologues qui ont déjà leur poste au Centre, la prise en charge des étudiants en psychologie.

Il s’agit d’apporter en premier lieu un soutien psychologique aux patients et aux personnes de leur entourage, et de procéder à la transmission orale et écrite de ce que vit le patient auprès de l’équipe médicale et paramédicale. Toutefois, cela comprend  aussi le suivi psychologique des patients en consultation sur rendez-vous, et la participation à la visite médicale des services sur dossier mais aussi du patient, à son chevet. Cette visite permet aux différents professionnels une connaissance globale du patient et de sa famille ainsi qu’un premier entretien psychologique au chevet du malade.

Une autre activité spécifique est le soutien des soignants, c’est-à-dire leur permettre ou offrir une expression de leur vécu dans leur relation au patient, permettre l’élucidation des difficultés rencontrées dans le rapport soignant-soigné et les aider à comprendre et à gérer leur stress. L’activité spécifique qui s’ensuit est celle de faire la formation et l’information de l’équipe de manière informelle, la participation au Comité d’Algologie et des soins palliatifs. De plus, il y a un travail de recherche personnelle et de formation continue.

Le psychologue est tenu au secret professionnel. Le secret doit être sauvegardé aussi bien dans les paroles que dans la conversation et la diffusion des documents. Le psychologue doit constamment s’informer des progrès touchant sa discipline et en tenir compte dans son travail. Il se doit de prendre le temps nécessaire à cette formation. Dans l’exercice de sa profession, le psychologue s’interdit tout acte ou toute parole portant atteinte à la dignité de la personne humaine.

Le métier psychologique repose constamment sur l’exigence du malade : sa fonction se distinguera suivant le temps et de la condition où se situe le malade. L’individu cancéreux passera diverses phases pendant lesquels une entrevue avec un spécialiste de la psychologie sera nécessaire pour qu’il puisse mieux entamer le problème. Par exemple, la toute première phase, pour un patient cancéreux, ou d’autre pathologie touchant la plénitude corporelle et mentale, se révèlera de se « faire à l’idée » d’être atteint par le cancer. Cela signifie que si les descriptions rattachées à la tumeur se représentaient extérieurement à elle, elle sera obligée tout de suite de s’insérer dans une structure de descriptions lui laissant investir dans cette situation et à ce nouveau phénomène, vue que lui-même est “touché” par une tumeur. Par rapport à l’expérience, que ce soit sociale, économique, familiale, psychique, fantastique, du malade, la notion « d’avoir un cancer » est variable ; cette réflexion n’expulsera pas aux descriptions semblables. Le comportement évident exprimé par le malade, le déni, l’approbation inconsciente, le fait d’intellectualiser, est conforme à des moyens de luttes irréfléchis. Ces comportements particuliers vont lui accorder à la fin à s’habituer presque parfaitement à la souffrance, état nouveau et transformation, ni voulus ni imaginés, qu’il doit affronter dans son organisme et dans son existence.

 

3.2.1. Signification de l’appui

 

Evidemment, si le malade refuse la notion de souffrir d’une tumeur, s’il conteste la réalité d’être souffrant, suivant des moyens divers, ce n’est pas le psychologue qui doit de le désabuser. Hormis de réaliser un départ avec lui, de l’escorter, non pas dans ce déni mais dans une attention encourageante lui permettant progressivement de traverser certains obstacles, de parlementer avec certains comportements défensifs, qui le poussent pour le moment de refuser la souffrance. Au lieu de l’opposer à une évidence qu’il ne peut que refuser, le psychologue doit être attentif au malade et de reprendre ce qu’il révèle. Ceci pour le déposer vis-à-vis de la circonstance qu’il définit et, le retirer d’un incertain.

 

3.2.2. Expérience subjective de la souffrance

 

Il y a plusieurs manières et idées pour comprendre la souffrance. Chaque personne possède son mouvement et son trajet spécifiques afin d’adhérer les situations angoissantes naturelles à sa vie. Cela se révélera parfois une première phase pour le malade. Quoi qu’il arrive, cela est sans doute conforme à la discipline initiale du métier du spécialiste de la psychologie dans son appui et son attention au malade, en effet pour le psychologue il ne s’agit pas de passer avant n’importe quelle requête et d’ordonner à réfléchir certaines situations refusées par le malade. Le spécialiste de la psychologie considère les divers moyens de lutte installés et en tient compte. Tout en conservant une liberté indubitable pour déceler différents indices d’angoisse ou de douleur révélés directement ou non, verbalement ou non, dans son opposition avec la souffrance et son développement.

 

3.2.3. Changer sa douleur en paroles

 

Le métier psychologique est de faire parler le malade, de lui accorder l’occasion de discuter, d’exprimer verbalement sa douleur, de formuler des vocabulaires sur l’anxiété – ce qui signifie à garder un certain écart avec elle ; de percevoir également les frayeurs cohérentes ou non, mais encore justifiées rattachées à la souffrance ou à son développement ; de percevoir finalement les différents reflexes et inquiétudes du malade sans préjugé ni sensibilité personnelle exagérée. La frayeur tient parfois tout l’univers entre le professionnel et le malade. C’est parfois la frayeur de l’étranger rattachée au futur proche ou à la limite moyenne, et la frayeur de l’ignoré de cette tumeur plus précisément des descriptions combinées jusque-là à cette limite. La méconnaissance, le défaut de connaissance médicale est également un élément de cette frayeur. Dans ces situations, les malades, parfois les plus résistants, songe à rencontrer en secret un professionnel, inquiet de délicatesse. La frayeur est ainsi fictive et rattachée à toute crainte de l’étranger, de ce qui est mystérieux, …

 

3.2.4. Estimer et dissocier l’indéfinissable

 

Tous les liens avec les proches, les connaissances, le voisinage apparaissent pendant ce genre de propos. De l’autre côté du “travail du deuil” du bien-être « perdue », plusieurs sujets se joignent ou non dans la parole du malade dans sa relation à la souffrance. Certaines idées qui ne seront pas susceptibles de s’accomplir à cause des obligations médicales de la tumeur ou certaines autres idées dépitées seront un sujet de « rêverie à voix haute ». Le professionnel soutient le malade dans ces cas-là  à traverser ses propres parcours fictifs, à évoquer ouvertement les perspectives considérées et aussi ce qu’il y a de l’autre côté, ce qu’il avait envisagé jusque-là, le bonheur lié à tout travail préparé, dans le processus du circuit si espéré ainsi, et qui ne sera pas susceptible de s’accomplir. Même si cette alternative de laisser « réaliser en pensée et en parole » le plan dépité, si cette décision parait a priori impitoyable, l’observation clinique justifie par contre que postérieurement, le malade éprouvera une sérénité : on peut identifier une activité du malheur, une instauration mentale comparable à l’évolution verbale généralement suivie d’une émancipation de sentiments (gémissements, hilarités, sentiments sensibles) qui se ressemblent à des mécanismes de malheur. Cette émancipation accorde au malade d’entamer un état actuel totalement opposé et qui remet en cause son futur à court ou moyenne limite.

 

3.2.5. Crainte de décès et envie de vivre

 

Dès lors, on constate que l’intervention psychique avec un malade cancéreux, même un malade qui est sur le point de mourir, prend en général la partie de la vie existentielle. Ce genre d’intervention est parfois plein de doléance, de dépression, de crainte, mais également rempli de vitalité, d’espérance et de souhaits finalement révélés. On aperçoit que, d’une manière paradoxale, le métier du spécialiste de la psychologie n’est pas fixé sur les mécanismes rituels qui cherchent à abandonner le malade dans les images de décès. De ce détour, le malade conçoit que ce qui l’inquiète ne concerne pas nécessairement la fin de vie, mais reflète la façon de vivre celle-ci. Ce sont des inquiétudes rattachées au futur : « comment vivre les choses, y aura-t-il souffrance et douleur physique, des examens supplémentaires à subir, des traitements difficiles, fatigants, épuisants. Quelles seront mes relations avec mes proches, comment faire pour mon travail, le reprendre ou pas, à plein temps ou pas. Comment faire pour continuer à faire vivre ma famille, comment réorganiser, en fait, toute ma vie ? »

 

3.2.6. Rupture d’un continuum

 

L’enseignement médical nous apprend que le décès ne tient qu’une place approximativement limité de cette attention que le psychologue suggère. Une divergence apparait entre la souffrance et le décès. Le malade demeurait dans un enchainement habituel avant de découvrir sa souffrance : comme ce qui est constaté dans la déclaration d’une tumeur ou de façon plus agressive, pendant de la déclaration par le praticien du SIDA. Le renseignement constaté par le malade arrive chambouler son existence. La conséquence accablante de la déclaration de la “mauvaise nouvelle” entraine la division du continuum, la rupture engendrée. C’est ce qu’on appelle « catastrophe subjective ». L’activité que le malade peut fournir pour avoir un confort relatif, c’est de mettre fin aux relations nuisibles installées entre souffrance et décès. Hormis il demeure dans un piège, immobilisé, comme ébloui par le décès ainsi présent par tout et qui envahi toute son existence quotidienne. Il faudra qu’il reprend une certaine stabilité et penser de nouveau à sa vie, laissant un nouveau enchainement. Un autre élément de cette activité lors des différentes entrevues avec un malade cancéreux est de laisser au malade de s’écarter d’une pénétration sinistre des images de décès sur le plan mental. Dans ce sens, le malade comprend que la souffrance est une étape de l’existence et demeure actuellement avec lui ; il comprend qu’il doit affronter différemment le futur et différemment qu’avec des notions lancinantes de décès autant gênant pour lui. La notion de décès qui l’immobilisait et le dépouillait de toute autonomie et faculté de progresser, d’accomplir ou de continuer certains travaux. Ce détour de l’intervention clinique est conforme à un instant très particulier : il tente d’exprimer son souhait de (poursuivre la) vie.

 

 

  1. PRESENTATION DE L’HOPITAL

 

C’est un centre de lutte contre le cancer qui se trouve à…… Un chef de service y supervise une équipe répartie en 2 bâtiments différents (A et B). Chacun de ces bâtiments compte, à chaque étage, 2 à 3 praticiens, ainsi que des internes et des externes formant une équipe pluridisciplinaire. L’équipe de chaque étage est composée d’un cadre de santé, d’infirmiers, et d’aides-soignants qui se relaient en journée, notamment dans le cadre des transmissions, c’est-à-dire des comptes-rendus entre les membres de l’équipe.

Selon les prescriptions médicales, des kinésithérapeutes et des diététiciens interviennent également.

Trois psychologues rattachés aux services sont appelés à la demande des équipes qui se trouvent confrontées à des difficultés ou encore à la demande des patients eux mêmes. Il y a aussi un psychologue pour le personnelle et trois psychologue stagiaires.

 

III. VECU DU STAGE

 

Dans le service où j’effectue mon stage, trois psychologues se partagent le service dont mes deux garantes de stage et une doctorante. Ma garante de stage rencontre, plus particulièrement dans le cadre d’un suivi psychothérapeutique, des personnes anciennement hospitalisées, mais également à la demande des équipes ou des malades, selon ce qu’elle nomme une prescription humaine et non médicale. Il y a  un grand nombre de demandes et mes garantes de stages me sollicitent avec beaucoup de bienveillance et d’intérêt pour ma pratique en cours d’élaboration au sein de l’hôpital. Chaque mercredi, elles me proposent une analyse de pratique.

Etant présente trois jours par semaine à l’hôpital, je me suis mise à respecter le rituel suivant : je fais le tour de chaque service afin d’y rencontrer les professionnels de santé pour leur demander si des patients peuvent avoir besoin de me voir. Ensuite, je vais de porte en porte me présenter aux nouveaux arrivants. Je me présente donc en tant que psychologue stagiaire et par là-même viens créer une demande. Pour paraphraser Jacques Lacan, avec l’offre on crée une demande. Quelquefois le médecin s’inquiète pour le patient et me demande d’aller le voir. Souvent, il me dit avoir déjà proposé au patient un entretien avec un psychologue mais que le patient refuse ; néanmoins, il pense que cela est nécessaire. Je lui demande de me décrire ce qui motive sa demande et j’écoute ce qui l’inquiète chez tel ou tel patient. Souvent, lui aussi (comme les infirmières ou les aides-soignants) les trouve très angoissés ou parfois il s’agit seulement de leur première séance de chimiothérapie et le médecin s’inquiète de savoir comment le patient va vivre cela. De ce fait, je vais me présenter, et il est très rare que le patient refuse la rencontre clinique. Je pense que c’est cette rencontre en face à face ainsi que mon désir qui fait que mon offre d’entretien crée une demande de la part du patient. Je réponds à ce genre de demande, venant d’abord du médecin de façon humble et avec respect pour le patient, en n’oubliant surtout pas qu’il éviter de nuire au patient.

Au gré des rencontres, des suivis se sont mis en place. Dans ce lieu, des moments cliniques très riches se sont déroulés, quelquefois, lors de rencontres informelles, autour d’un café, ou encore dans le hall d’entrée. Le rythme des patients étant calqué sur l’intervention des soins, la distribution des repas, ces rencontres venaient questionner le fonctionnement de cette hyper-structure qu’est l’hôpital. En effet, « il n’y a pas d’heure pour aller à la radio, au scanner, à l’IRM, pour subir des prises de sang, on peut y être conduit alors qu’on dort profondément, que l’on est en train de faire sa toilette, de participer à un entretien avec un psychologue »[60]. Pour autant, il peut exister des lieux, des temps où le sujet ne se trouve plus pris dans cette temporalité médicale de soin. Il est ici question d’un temps du sujet, un temps psychique pour lequel il est prêt à dire quelque chose de sa souffrance, de sa maladie. C’est lors de ces moments informels que l’on remarque que le simple fait d’être à l’écoute, qu’un simple « bonjour » ou « bon appétit » permettent la création d’un espace assez suffisant pour mettre en place un possible suivi.

J’ai choisi d’enrichir cette partie en l’illustrant avec des vignettes cliniques et des rencontres que j’ai faites dans ce lieu.

 

  1. Protocole de l’atelier de médiations par l’art en Cancérologie : expression par la création artistique

Selon André Malraux : « l’art, c’est le plus court chemin de l’homme à l’homme ». Ceci suppose avant tout qu’il s’agit avant tout d’une rencontre entre deux personnes, un psychologue stagiaire et une personne atteinte de cancer. L’objectif à atteindre est de permettre aux patients d’exprimer leur singularité et leur subjectivité, offrir l’occasion d’être écouté par le biais d’un atelier de Médiation par l’Art. Cet atelier, c’est moi qui l’anime, mue par mon désir de psychologue, ma motivation, mon amour de l’art et de l’humain.

Selon moi, la médiation par l’art  peut permettre aux patients de faire renaître leurs capacités d’expression, d’invention, et d’introspection, et donc de communication avec les autres (leurs proches comme les soignants).

Pratiquement, lorsque je rencontre Mr. F, atteint de trisomie, cela me renvoie notamment à cette question d’art. Concrètement alors, je rentre dans la chambre du patient, agité dans son lit, faisant des signes de tête et ne parlant pas. Je me présente et lui explique le but de ma visite. Lorsque je lui demande comment il va, il répond : « ça va », dit-il. Je lui prépare alors la table, je mets ses crayons et ses feutres. Il s’assoit, met sa blouse de l’hôpital, regarde la feuille puis, me jette un regard timide. Je lui dis alors qu’il peut dessiner tout ce que lui vient à l’esprit. Il me sourit, choisi un crayon marron. Il se met à dessiner, et s’implique. Sa chimie est achevée, mais il commence à sonner, et cela le dérange. Il arrête alors de dessiner et appelle l’infirmier, pour redessiner aussitôt après. Le bruit de l’appareil m’ayant aussi été pénible, l’infirmier mettant du temps, je débranche la sonnerie. Il me sourit alors, dessine plus calmement, et me dit à un moment: « c’est coq ». Je le corrige alors et lui dis : « C’est un coq ». Il me sourit alors, fier de lu, avant de dire : « C’est finit ». Je lui dis alors qu’il peut aussi utiliser les autres crayons. Il choisit le couleur orange, pour dessiner deux formes symétriques et la couleur rouge qu’il utilise au centre de son dessin. L’air content et calme, il m’annonce : « Là, c’est finit ». Il retourne alors dans son lit, l’air tranquille.

Etait-ce donc le fait de pouvoir s’exprimer, d’extérioriser quelque chose  de lui qui a calmé le patient? La fatigue ou la présence humaine qui lui a fait du bien?

 

1.1. Quand l’art mène vers la médiation par l’art

 

On prête souvent à l’art une fonction de décoration ou de distraction. L’art signifie tout d’abord technique artistique, mais aussi expression d’un absolu. Il convient de faire le distinguo entre deux formes d’art : d’une part, l’exigence de l’esthétique, censée enjoliver le cadre de vie, et d’autre part, la pulsion artistique, qui cherche à concrétiser par l’œuvre les abstractions du psychisme, et à se servir de l’œuvre comme dérivatif à la souffrance psychique. L’art révèle l’âme, dans ce qu’elle a de beau comme dans ce qu’elle a de plus obscur.

En psychothérapie, l’être souffrant, perdu dans les méandres d’un passé traumatisant, cherche à retrouver son chemin pour parvenir à sa vérité en fonction du réel phénoménologique dans lequel il vit. La beauté étant relative, subjective, on s’efforce par l’art de découvrir le vrai, l’authenticité du for intérieur. Cette autorisation d’exprimer par l’art les pulsions internes, d’habitude passées sous silence, sera une première étape avant de faire en sorte que l’être se confie au thérapeute. Celui-ci ignore ce qui est arrivé au patient mais peut le guider grâce à sa propre expérience. Il me semble important d’effectuer un travail sur soi-même, afin d’avoir assez de recul pour différencier notre vécu de thérapeute de celui du patient.

Il s’agit pour l’art-thérapie de favoriser la médiation artistique, en promouvant le soin par l’approche créative, de sorte à mettre les patients en situation de création. Ce procédé ne considère pas le talent, non nécessaire au préalable, et est donc appliqué même si aucun talent artistique ne leur est détecté. Le but de la médiation artistique réside dans la création du lien et du sens, en réunissant la communication non-verbale/ verbale, tout en structurant les comportements au discours et à la pensée, de sorte à « renarcissiser » véritablement la personne, en améliorant l’image de soi : la créativité pratiquée dans un cadre organisé en art-thérapie implique un processus de conversion et défend donc la prise de conscience de soi comme sujet. La création artistique, la visualisation, et le fait d’en parler constitue un moyen pour faire face aux conflits émotionnels, en valorisant la conscience de soi, par l’expression des préoccupations tacites et souvent inconscients de la maladie. Le malade utilise alors des images, des prestations artistiques et des symboles visuels ainsi qu’une compréhension du comportement pour aider les patients à répondre à leurs propres préoccupations personnelles et les conflits. Ceci aide à exprimer les sentiments, même inconsciemment, au sujet de la maladie du patient à travers l’art et de discuter des émotions et préoccupations qui lui sont liées. Pour Freud ce qui qualifie une production au statut d’œuvre d’art repose essentiellement sur le critère d’intelligibilité et d’adaptation à la réalité[61]. Dans l’esprit de Freud, on ne peut prétendre au statut d’œuvre d’art que si la production ait fait l’objet d’une élaboration préconsciente supérieure au matériel inconscient entrant dans sa composition. Ainsi, le rôle du préconscient est fermement mis en avant comme critère distinctif entre l’expression créatrice spontanée et l’œuvre dont le projet est mûri par une activité psychique extrêmement secondarisée.

Selon Lecourt[62], il existe deux niveaux concernant l’objet médiateur – ou objet de médiation. Un premier niveau est relatif à sa situation dans le setting de la séance. Comme l’indique Lecourt, l’objet a des caractéristiques sensorielles particulières induisant certaines activités physiques et mentales. Il occupe une certaine place, centrale ou accessoire selon les objectifs assignés à cet objet par le thérapeute. A un second niveau, il peut également permettre une rencontre entre le patient et le thérapeute. L’objet de médiation a une fonction qui s’inscrit dans la relation thérapeutique : « La médiation constitue une offre d’incarnation (via le thérapeute), la matérialisation d’un contenu psychique par un support physique, sensible (limites physiques de l’objet), animé ou inanimé, et les activités physiques et mentales qu’il permet. Elle se situe dans une relation de transmission, donc fondée sur l’expérience de la séparation, dans le temps et dans l’espace ».

 

1.2. La médiation par l’art  est un déroulement plus qu’une méthode

 

Alors qu’une méthode établirait à l’avance l’objet du travail, la médiation par l’art, à l’instar de la psychanalyse, prend en compte l’inconscient. La médiation par l’art consiste à faire surgir le déroulement d’un acte créatif. Le psychologue-stagiaire, ou psychologue en devenir, ne sait jamais quelle forme prendra l’histoire d’une personne sous l’influence du processus de création et vice versa.

La médiation par l’art génère donc un processus créatif clé dans la relation thérapeutique  dont l’expression donnant forme à un « objet d’art » et le processus en question. Que ce soit en face à face ou en groupe, en institution ou en cabinet privé, ou, comme dans notre cas, en institution et au chevet du patient, médiation par l’art a pour particularité de faire en sorte que le déroulement de l’acte créatif ait lieu au sein de la triple relation patient/thérapeute/production d’une part, et d’autre part dans les duos patient-thérapeute et thérapeute-production.

L’art-thérapie  est explorée pour son effet médiateur, notamment sur le processus de souffrance et de  douleur suite à un traumatisme. Pratiquement, l’accent est mis sur le « monde intérieur » des personnes traumatisées et de leur expérience subjective de sorte à participer à une psychothérapie groupe qui utilise les œuvres d’art, le langage, afin d’explorer et d’exprimer les sentiments et de clarifier les systèmes de signification existentielle. Selon l’American Art Therapy Association (AATA, 2005) : « L’art-thérapie est une profession dans le domaine des services à la personne qui utilise les médias d’art, les images, le processus de la création artistique et les réponses du patient pour les productions d’art créées comme les reflets du développement, les capacités, la personnalité, les intérêts, les préoccupations et les conflits d’un individu. La pratique d’art-thérapie est basée sur la connaissance des théories du développement et psychologique de l’homme qui sont mises en œuvre dans toute la gamme de modèles d’évaluation et de traitement, y compris les moyens psychodynamiques de l’éducation, cognitifs, transpersonnels, et d’autres thérapeutiques, permettant de concilier les conflits émotionnels, en favorisant la conscience de soi, le développement des habiletés sociales, la gestion du comportement, la résolution de problèmes, la réduction de l’anxiété, l’orientation à la réalité, et l’augmentation de l’estime de soi ».

Pour évaluer l’art-thérapie comme une approche thérapeutique alternative, les séances sont généralement organisées en « texte », composé d’œuvres d’art et des réflexions des participants. De cela, des thèmes sont établis, ce qui facilite une compréhension en profondeur de l’expérience vécue par les participants et élucide la perception de l’utilité de la thérapie l’art. Ceci aide les participants à reconstruire leur sens fragmenté du « soi » à travers une exploration de leur « monde intérieur » via la fonction symbolique de l’œuvre. Il facilite la reconsidération de l’événement traumatique et encourage la reconstruction d’une nouvelle signification. Il favorise le seuil adaptatif du traumatisme à travers l’expression des émotions et des cognitions trop douloureuses et / ou menaçant pour être verbalisées.

La rencontre clinique en art-thérapie s’accomplit sur deux versants complémentaires. En premier lieu, la rencontre utilise un médium malléable, une matière à symboliser. Or, pour permettre un travail d’appropriation subjective par le patient de ce processus de symbolisation via la matière, la présence du thérapeute comme « miroir-environnement primaire » puis « secondaire » est nécessaire. C’est une présence qui suppose de se laisser absenter du regard du patient, une présence qui ouvre à la capacité d’être seul en présence de l’autre pour le patient comme pour le thérapeute. C’est là le second aspect caractéristique de la rencontre en art-thérapie. La reconnaissance d’être une personne pour l’autre s’appuie sur le constat que chacun, dans cette situation interpersonnelle, se vit séparé et différencié. Chacun peut vivre séparé, c’est-à-dire ni trop près, ni trop loin, ni déserté, ni envahi, ni esseulé, ni fusionné. La rencontre clinique est une situation d’interaction au cours de laquelle il importe que se mette en place un ajustement réciproque entre le patient et le thérapeute sur la base d’une situation sécurisante. Selon Brigitte Leroy-Viémon[63], la rencontre clinique pourrait être définie comme une « méta-rencontre », conceptualisable à partir des travaux analytiques sur l’originaire et du concept d’espace thymique emprunté à l’approche phénoménologique de Binswanger. Si l’un ne parvient pas à sentir l’autre dans cette zone de contact que constitue la rencontre, il ne peut y avoir promesse d’un à venir, et la rencontre cesse. Par ailleurs, cette rencontre a lieu dans un espace investi d’une certaine tonalité affective de base selon la qualité de présence de chacun des protagonistes. L’espace thymique n’est pas un espace neutre et objectif mais coloré par la présence de l’autre au monde. La présence à l’autre et pour l’autre suppose la création d’une « matrice » unitaire à la fois susceptible de favoriser l’ « accordance » thymique et d’assurer un bon réglage de la distance entre soi et l’autre au sein de cette unité. Il est donc nécessaire que se crée un espace sécurisant pour que se déploie une communication affective entre les deux partenaires qui interagissent. C’est la condition indispensable à l’émergence ultérieure d’une relation transférentielle.

 

1.3. Hypothèses de travail

  • Hypothèse n°1 :

Le déroulement de l’acte créatif donne au sujet l’initiative de dépasser le stade de l’indicible en l’aidant à exprimer sa subjectivité et sa singularité.

  • Hypothèse n°2 :

La médiation par l’art donne au patient l’occasion de s’exprimer et d’être écouté. Elle est source d’énergie nouvelle et d’élan créatif.

  • Hypothèse n°3 :

La médiation par l’art, c’est le moyen pour l’équipe soignante de considérer les patients sous un nouveau jour et non plus seulement de simples patients mais désormais des sujets parmi les autres, doués d’un potentiel créatif, de leur singularité et de leur subjectivité.

 

En guise de conclusion :

 

Dans la médiation par l’art, le médium discipline artistique (peinture, collage, argile, écoute musicale accompagné d’un autre medium par exemple le dessin etc.) est utilisé dans un objectif thérapeutique, relationnel, de lien social, etc. Le résultat artistique n’en est donc pas l’objectif principal mais plutôt ce que l’utilisation de ce médium permet en rapport aux objectifs visés (le travail psychique…). C’est ainsi que l’art ne sera pas utilisé pour rechercher l’esthétique, mais essentiellement pour révéler les sentiments de patient, ses expressions, médiation par l’art est utilisé dans une visée thérapeutique.

Ci-après le projet que j’ai pu mettre en place cette année.  Je vais essayer de réfléchir sur mes hypothèses et ma fonction de psychologue stagiaire via des vignettes cliniques. Je vais également essayer de théoriser ma clinique en cours d’élaboration.

 

  1. Vignettes cliniques

 

2.1. Vignette clinique 1 : Le cancer et la question de « l’image spéculaire »

 

Je rencontre Madame B. suite à la demande de l’infirmière de service qui l’a trouve « angoissée » et « très mal ». Elle me dit, que Madame B. pense que le traitement ne lui servira pas, au contraire : « Elle pense que sa maladie est incurable. Je la trouve dépressive ».

Je vais alors voir Madame B., qui m’accueille avec un sourire, tout en restant distante, et méfiante. Elle me parle de  sa maladie sans affect et dit « de tout façon je m’en fou. Ça ne sert à rien ». Elle me paraît, effectivement, très angoissée et refermée sur elle. Elle a du mal à élaborer, je la trouve en demande et en souffrance mais en difficulté d’investir dans ce mode dans cet entretien classique.

Je décide alors de prendre en compte mon intuition et lui propose la médiation par l’art. Elle me répond : « pourquoi pas ». Elle me pose par la suite quelques questions concernant les aspectes « techniques » de cette approche. Je lui explique et on se fixe un rendez-vous. On se retrouve deux semaines plus tard, elle m’accueille gentiment et commence à dessiner.

Elle fait quelques traits, sans trop savoir ce qu’elle a à faire. « Je sais dessiner mais je n’ai pas trop d’imagination », dit-elle. Je lui dis alors qu’elle peut dessiner tout ce qui lui vient à l’esprit, et que tout ce qu’elle fera sera intéressant, car fait par elle, donc subjective. Elle se met à dessiner, en s’impliquant de plus en plus : « Je dessine comme un enfant », me dit-elle. Son dessin est coloré et abstrait. On se rencontre quatre fois, à chaque fois elle dessine une autre abstraction, qu’elle signe avec un « pseudonyme » qu’elle a choisi. Son mari, présent dans la chambre, reste en retrait. Néanmoins, à la fin de séance il se lève pour regarder ce que sa femme a fait : « c’est pas mal ma chérie, c’est plutôt bien même », dit-il avec une certaine fierté, et qui a l’air d’enchanté sa femme.

A la fin de toute rencontre clinique, j’explique aux patients qu’ils peuvent soit garder, soit donner à leurs proches, soit laisser à l’hôpital, soit me donner, voir même détruire leur « objet art ».  Madame B. décide de me la laisser mais son mari exprime le souhaite de les garder.

Concernant cette vignette j’ai choisi d’aborder la question «  de l’image spéculaire ».

La question clinique qui m’interpelle chez Madame B. est la manifestation des troubles de « l’image spéculaire » que je repère  chez cette patiente.

Selon Freud, le narcissisme primaire désigne une période de l’enfance ou l’enfant investirait libidinalement son « moi », qui d’ailleurs se révèle encore mal différencié de l’objet. Le narcissisme secondaire correspond à un investissement libidinal du moi qui se fait au détriment de l’investissement libidinal de l’objet. Ce dernier repose sur un moi différencié, d’ou sa différence avec le narcissisme primaire.

En revanche, Lacan s’appuie sur la fonction maternelle apparaissant au moment du « stade du miroir » (vers l’âge de 6 mois). Après avoir cru qu’il s’agissait d’un Autre, là en face de lui, puisque ce n’était point un autre mais une image, l’enfant commence alors à reconnaître sa propre image dans le reflet. C’est en le soutenant, en l’investissant libidinalement et en le reconnaissant, que la mère va l’aider dans cette identification spéculaire, car en nommant son enfant, elle lui offre la possibilité de nouer le réel de son corps, avec une image unifiant et son nom. En effet, « l’identité du sujet se constitue en fonction du regard de reconnaissance de l’Autre ». Tandis qu’à l’origine, l’enfant ne possédait qu’une vision morcelée de son corps, l’image spéculaire va lui donner la forme intuitive d’un corps unifié. C’est à ce moment que l’enfant va opérer un investissement pulsionnel et désirent, ce qui l’inscrit par la suite comme sujet existant.

Dans le cas clinique de Madame B., on peut supposer que c’est un problème de narcissisme primaire et non secondaire. Comment peut-on analyser cet aspect selon la théorie lacanien ?

Pour Lacan, le déclenchement psychotique est une régression topique au stade de miroir. Certaines éléments de la vie d’un sujet (la perte d’objet, assurer une fonction ou certaines responsabilités…) appellent l’intervention d’un outil symbolique qui, dans le cas de la psychose, fait défaut, est « forclos ». Du coup, le fait de ne pas avoir intégré le signifiant du « nom du père » permettant d’avoir des repères symboliques et de pouvoir s’en orienter à des moments clés de l’existence, peut entraîner une décompensation de la structure psychotique sur un mode hallucinatoire ou délirant. La thèse que Lacan défend dans le séminaire III est que le déclenchement psychotique est une régression topique au stade de miroir, mettant ainsi l’accent sur le déferlement imaginaire consécutif au trou de la forclusion. Certaines de ces manifestations peuvent se produire sur le corps même du sujet[64]. Comme le dit Lacan, ce qui  été rejeté (« le nom du père ») dans le symbolique fait retour dans le réel, y compris dans le réel du corps. En pensant à cette théorie dans le cas de Madame B., je me rappelle une situation qui peut nous aider à illustrer cela.

Lors de la médiation par l’art la patiente, à la place de signer son nom entier, invente un nom.  « Normalement, je ne suis pas capable d’inventer des choses. Je n’ai pas d’imagination. Là, j’ai fait quelque chose grâce à vous, vous m’inspirez ».

Cette question de signature est peut être intéressante à articuler au signifiant du nom-du-père, dont la présence dans le cas de névroses offre au sujet les voies de la nomination. A chaque fois qu’elle fait un dessin, elle le signe par un prénom qu’elle s’est inventé. On peut se alors demander, si ces dessins n’ont pas comme visée de « se faire un nom » comme dit Lacan à propos de Joyce. C’est peut-être parce que dans son interprétation, l’inspiration de faire un dessin vient de l’extérieur (de psychologue stagiaire), de l’Autre, qu’il ne peut pas tout à fait incorporer dans sa subjectivité. Ce « pseudonyme » / symbole permet peut-être de l’identifier et essaye de s’inscrire symboliquement dans sa subjectivité. Ce qui fait symbole pour elle paraît garder un caractère xénopathique, et par conséquent lui reste étranger malgré tout.

Une autre fonction semble d’une très grande importance pour Madame B., celle du voile, ce qu’il nomme le « masque », et qui lui sert finalement à donner le change à son entourage, semblant il n’est finalement pas dupe. Même lorsqu’elle est souriante et bavarde, elle dit se sentir quand même triste en elle –même : « Je suis triste mais je mets un masque », dit-elle. Cette fonction de masque est-elle une fonction imaginaire ? Ce que Madame B. nous donne à voir (attitude, comportement, ce qu’elle désigne) constitue peut-être autant de semblants qui lui servent à voiler aux yeux de l’Autre ce réel qui la déprime.

Je compte de prolonger les rencontre clinique avec Madame B. pour mieux réfléchir   sur ma clinique auprès de cette dame pendant mes analyses de pratique.

 

2.2. Vignette 2 : « Clinique de l’extrême »

 

Suite à la demande de ma garante de stage, je rencontre Madame E, une dame âgée de 57 ans, atteinte de cancer généralisé. Elle est à moitié paralysée.

Je rentre dans sa chambre et je vois une dame alitée, qui pleure. Je me présente. Elle me répond doucement, avec l’air perdu et confus : « Je suis mal, j’oublie les mots, je suis confuse ». Elle pleure. Je lui demande si je peux m’asseoir a côté d’elle. Elle est d’accord. Elle me regarde tristement, elle pleure et  me dit « j’oublie les mots, j’ai des difficultés à parler ». Je caresse sa main, et lui réponds que la situation n’est pas évidente pour elle. Elle se calme alors, et reste silencieuse. Je respecte son silence, je lui accorde un peu de temps.

En même temps, je me demande comment intervenir, qu’est-ce que je peux apporter à cette rencontre ? Je décide alors de lui proposer la médiation par l’art : « je peux essayer »,  me dit-elle. Je vais alors chercher le matériel. Dans le couloir, je rencontre son mari et sa fille. Je me présente, je leur explique ce que j’ai proposé à leur proche. Ils sont émus : « Merci de faire quelque chose pour elle », me dit son mari. Sa fille ajoute : «  en plus elle était toujours tellement manuel. Elle voulait faire de la poterie mais elle ne l’a jamais fait, alors ça tombe bien ».

Je reviens plus tard avec l’argile, qu’elle a choisie. Elle pleure de nouveau, elle a l’air tellement triste et désespéré. J’étale le papier pour protéger la table et lui mets un bout d’argile. Je lui dis alors qu’elle peut faire tout ce quel souhaite avec. Elle palpe l’argile et « joue » avec. Elle est calme, devient de plus en plus sereine : « C’est agréable », me dit-elle. Elle essaye de faire quelque chose sur le papier. Elle le fait avec sa main gauche, Ce qui m’étonne, c’est qu’elle fait ça dans une seule dimension, et non en 3D. Elle fait un « bonhomme » aplati.  A un moment, un aide soignant passe et lui demande : « Qu’est-ce que vous faites ? ». Et continue en disant « Ah, c’est superbe. Mais pourquoi n’utilisez-vous pas votre main droite » ? La patiente lui réponde tristement : « elle ne fonctionne plus ».

Madame E. lève alors sa main droite, pour me montrer qu’elle peut la bouger mais pas trop. Je lui propose de toucher avec cette main l’argile. Elle le fait, au début elle appuie doucement. Je lui dis que ça main laisse des traces sur l’agrile, signifiant qu’elle a une certaine force. Madame E., comme « fascinée », continue à appuyer, de plus en plus forte. Ensuite même si elle « privilégie » sa main gauche, elle  essaye d’impliquer de temps en temps aussi sa main droite. Elle fait un « bonhomme », mais elle essaye aussi de faire quelque chose avec sa main droite, chose qu’elle ne finit pas.  Pendant la création, elle est calme, elle s’implique : « J’ai fait un bonhomme, La, j’ai fait quelque chose », dit-elle.  Elle devient silencieuse, a l’air de réfléchir. « J’ai oublié comment ça s’appelle », me dit-elle. « C’est pour qu’il puisse s’assoir. J’aimerais bien le faire marcher, mais ça va être difficile. J’ai du mal à parler. Je suis à plat ». Je lui propose de terminer alors pour aujourd’hui et je lui propose de reprendre avec l’argile. Elle me sourit, son visage s’illumine et me dit « merci ». Je lui demande ce qu’elle désire de faire avec sa production. Elle décide de la garder. Je pars, elle me sourit, elle est si calme. J’ai été très étonnée par le changement affectif avant la séance et après. Ainsi que par sa production « à plat » et sa phrase « j’aimerais bien le faire marcher, mais ça va être difficile ». Il me semble que c’est une belle projection. Je fais une hypothèse peut être naïve et simpliste mais qui m’est chère après cette rencontre clinique « touchante », que cette dame a pu déposer sur ce papier via cette production et ces quelque mots sa condition humaine tellement mise en difficulté, toute la souffrance qui l’a envahie, en même temps d’exprimer un certain espoir. Elle a pu aussi produire quelque chose, partager avec moi, et ensuite avec sa famille. C’était une rencontre unique, car Madame E. nous a quittée peu de temps après.

 

2.3. Vignette 3 : La dynamique transférentielle

 

A la demande de médecin, je vais voir Mr D, présentant des effets secondaires de la chimiothérapie par des réactions cutanées, qui lui grattent, tirent, font mal, envahissant tout son corps et ses pensées.

Il m’accueille avec grand intérêt, et s’investit de suite dans l’entretien. En me présentant, je lui donne ma main, mais il me montre la sienne, desséchée, avec des plaques en cranions. Je le salue alors gentiment en accueillant sa main desséchée, et son inquiétude. Plus en confiance, il me montre ses blessures cutanées, me parle des effets que cela lui fait : « ça me démange, je ne dors pas la nuit, j’ai du mal à marcher, ça me tire, et ça me fait mal ». Il a les larmes aux yeux, mais à force de parler, il se calme. Ensuite, le médecin vient, il me demande de rester. Le patient lui montre ses blessures, et débordé par les émotions, il lui dit: « normalement je suis fort, mais là je pleure, regardez-moi, je pleure, j’en peux plus, je veux me « flâner », me tirer une balle dans la tête, j’ai une « flâne » a la maison, je vais me jeter par la fenêtre ». Le médecin lui répond alors qu’il ne faut pas, qu’il va faire le nécessaire. Lorsque le médecin parle, le patient s’allonge, et je l’aide alors à bien s’installer sur son cousin. Il pleure, mais il n’est plus agité. Il pleure comme un enfant, je tiens sa main, je lui dis que j’ai bien entendu sa souffrance, je lui répète doucement en reformulant  ce qu’il m’a dit .Il se calme, et devient serein. Est-ce le fait de m’avoir entendu ou la sonorité de ma voix qui l’a calmé ? Peut-être les deux. Je le rassure en lui dissent que le médecin a bien changé le traitement, que la substance qui a causé ses effets secondaires est partie, et que le dermatologue va intervenir. Il faut néanmoins un peu du temps pour que ça parte. Il a l’air d’accepter cela, et de retrouver espoir.  Je lui demande alors comment il va, mis à part cela. Il me répond : « bien ». Du coup il relativise tout : « Il y a un sophrologue qui vient, qui n’a pas envie de nous déranger ». Je dis alors à Mr D. que je reviendrai l’après-midi. Il est d’accord, il me serre la  main, me sourit doucement.

Tout au début, le patient s’est investi de suite, et moi je ressens une empathie qui me renvoie à mes réactions cutanées secondaires que j’ai eues après prise d’antibiotique, suite auxquelles j’ai passé la nuit aux urgences. Les effets secondaires chez le patient ressemblant beaucoup aux miens, je suis conscience alors que je peux travailler mon contre-transfert. Je me suis questionnée sur le fait d’avoir pu tenir sa main spontanément, sans dégout ni peur. Cela a eu pour effet une acceptation et une dédramatisation chez le patient. Je pense que cela  a également compté dans notre rencontre et a facilité la parole, pour aller au delà des apparences qui peuvent bloquer, ou effrayer.  Le fait de parler de suicide m’a rappelé un amie de la famille qui a décidé de se flâner, et m’a alarmé avec toute la tristesse que cela a pu évoquer en moi, et dont je prends conscience.

Je décide de revenir voir ce patient, de l’attacher au transfert, de lui proposer le suivi. Il m’accueille alors avec un grand sourire. Me dit qu’il va beaucoup mieux, rien n’à voir avec ce matin. Il me propose de m’asseoir en me racontant ce que le médecin lui a dit, en l’occurrence que sa peau redeviendra normale dans 5 semaines : « Je viendrai pour mon traitement et vous verrai je vais être beaucoup mieux », me dit il. « La ce n’est pas joli. Je ne peux plus sortir, aller au travail ; Certains conseils, je peux les donner au téléphone, mais pas tous… puis aller au théâtre, au restaurant etc. » Je lui demande alors ce qui l’empêche de sortir. Il réplique en me disant: « Le regard des autres. Ce n’est pas joli. Puis ca démange. Regardes, j’en ai plain dans mon lit ». je lui dis alors que comme il fait froid, il peut « mettre avec  les gens ». Il rigole.

Il me parle de son travail, de sa passion, il se dit être bien entouré, avoir beaucoup voyagé, mais qu’avec maladie, toutes ses activités ont cessé. Il me dit qu’il accepte cela : « Même si je commence à lire, je lis 30 minutes et je jette le bouquin, plus envie de faire des choses ». Je lui demande alors si c’est par fatigue ou manqué de désir.   Il répond de suite : « manque de désir ».  Un infirmier qui vient pour changer le traitement. Elle sort et Mr D. m’explique que c’est un traitement expérimental et qu’avant, il était a l’hôpital de Monaco. Selon les médecins, il s’agirait d’un cancer inconnu, mais qu’on essaye de traiter, dans le poumon drive. Il a même déjà régressé, mais le problème actuel sont bien les effets secondaires sur sa peau.  Il continue en disant : « là, je suis beaucoup mieux, merci ».  Je lui explique que je viendrais le voir pour son prochain traitement, mais s’il a besoin de s’entretenir, il peut me contacter. Il prend alors mes coordonnées et me répond « avec grand plaisir ». Je le quitte avec cette joie, qui signifie combien il va mieux.

Dans ce cas, la médiation ne se fait pas à travers un objet, mais à travers l’art du langage, que le professionnel, moi, vis-à-vis de son patient. Dans un contexte de thérapie, le transfert se réfère à la redirection des sentiments d’un patient à son thérapeute. Le transfert se manifeste souvent comme une attraction « érotique » vers un thérapeute, mais peut aussi être vu sous nombreux autres sentiments, comme la rage, la haine, la méfiance, la parentalisation, la dépendance, ou même le placement du thérapeute dans un état ​​semblable à un dieu ou gourou. Lorsque Freud initialement initie le transfert dans sa thérapie avec les patients, il pensait rencontrer la résistance du patient, comme il a reconnu le phénomène du refus du patient à participer à une séance d’association libre. Mais ce qu’il a appris, c’est que l’analyse du transfert était en fait le travail qui devait être fait: « le transfert, qui, si affectueux ou hostile, semble en tout cas constituer la plus grande menace pour le traitement, devient son meilleur outil »[65]. L’objectif de la psychothérapie psychodynamique est, en grande partie, constituée par la reconnaissance d’une relation transférentielle entre thérapeute et patient, afin d’explorer le sens de cette relation. Depuis cette notion de transfert entre le patient et le thérapeute, qui se passe à un niveau inconscient, les thérapeutes utilisent le transfert pour révéler les conflits, notamment les problèmes d’enfance non résolus des patients.

C’est ainsi que le transfert constitue un phénomène qui se caractérise par la redirection inconsciente des sentiments d’une personne à l’autre. Une autre définition du transfert est « la répétition inappropriée en présence d’une importante relation dans l’enfance d’une personne »[66]. Ceci correspond également à « la réorientation des sentiments et des désirs, surtout ceux inconsciemment retenu de l’enfance, vers un nouvel objet ». Il s’agit pour le transfert d’être « une reproduction des émotions liées aux expériences refoulées, en particulier de l’enfance, et la substitution d’une autre personne … pour l’objet initial des pulsions refoulées ». Le transfert, selon Freud, tient son importance dans la psychanalyse pour mieux comprendre les sentiments du patient.

Tant qu’il est positif, le transfert nous sert admirablement. Il modifie l’ensemble de la situation analytique, en mettant en exergue le côté objectif et rationnel du patient afin de l’exempter de ses maux. Il se libère alors, à la fois, pour plaire à l’analyste et gagner ses bon sentiments. Le transfert devient une véritable force motrice de la collaboration du patient, son ego faible se renforce, sous son influence. Le patient réalise des choses qui seraient normalement au-delà de sa puissance, il oublie ses symptômes et semble apparemment avoir récupéré, simplement pour le plaisir de l’analyste.

En outre, on peut reconnaître à la relation de transfert deux autres avantages. Si le patient met le thérapeute à la place de son père (ou la mère), il donne le pouvoir de son surmoi sur son ego, ses parents étant, comme nous le savons, l’origine de son surmoi. Aussi, le patient produit devant nous avec clarté plastique d’une partie importante de son histoire de vie, dont il aurait par ailleurs probablement préféré ne pas dévoiler. Il agit avant nous, pour ainsi dire, au lieu de nous les rapporter. Il est parfaitement vrai que la psychanalyse, comme d’autres méthodes psychothérapeutiques, emploie l’instrument de suggestion (ou transfert). Mais la différence est la suivante: dans l’analyse, il n’est pas autorisé à jouer le rôle décisif dans la détermination des résultats thérapeutiques. Il est utilisé pour inciter le patient à effectuer un travail psychique, le dépassement de ses résistances transférentielles, ce qui implique une modification permanente dans son économie psychique. Le transfert est fait consciemment au patient, convaincu que l’attitude de transfert reconnaît les relations affectives qui avaient leur origine dans la période refoulée de son enfance. De cette façon, le transfert constitue le meilleur instrument de traitement analytique[67].

 

2.4. Vignette : Art et libération

 

Il s’agit de Madame M (47 ans) avec un très mauvais pronostic (quelques semaines de vie). Il s’agit d’une dame qui « donne un sens à tout ». Par exemple, lorsque je rentre dans sa chambre, elle me dit spontanément qu’elle va guérir car dans sa chambre il y a un tableau avec un cheval, et « ce n’est pas un hasard » dit-elle. « C’est le signe que je vais guérir ». Elle ajoute ensuite « j’adore les chapeaux ». Elle commence par recopier ce cheval.

Pendant cette « activité de recopiage », elle me parle de l’hôpital, des soins, de la médecine en parallèle. A un moment où il me semble que le transfert à commencé à opérer, elle a détruit le dessin qu’elle été entrain de faire et me dit qu’elle va essayer de faire quelque chose pour moi : « peut-être, cela va être infantile, mais j’aime bien les couleurs, ça va être un peu abstrait, je vais dessiner comme mes enfants, spontanément ». Et elle se met à dessiner, elle se prête au jeu, elle a l’air très détendue. Elle me parle de sa famille, de ses enfants, de sa vie. Elle finit son dessin, le signe à sa façon et me dit « c’est pour vous, ça m’a fait du bien de vous rencontrer, j’ai signé », ajout-elle avec un sourire, « peut-être un jour je vais être  connue ».

Je me demande alors si c’est le fait de lui proposer une activité en création libre qui lui permis de « lâcher prise », passer d’une figure, en la recopiant pour quelque chose d’abstrait, qui vient de sont fort intérieur. Même si elle n’a pas commenté son œuvre, cela lui ca lui a permis de s’exprimer autrement, peut-être, cela a facilité la confiance, le transfert, et lui a permis de donner quelque chose pour me remercier (dette symbolique).

J’ai décidé de traiter la question de la libération à travers ce cas clinique.

Selon Freud, « L’artiste aspire d’abord à une auto-libération et fait partager celle-ci, par l’intermédiaire de son œuvre, aux autres hommes qui souffrent des mêmes désirs réfrénés. […] Il n’est pas difficile à la psychanalyse de montrer, à côté de la participation manifeste au plaisir artistique, une participation latente, ô combien plus active, provenant des sources cachées de la libération des pulsions ». Ceci traduit l’expression de Freud du plaisir esthétique, associant le plaisir préconscient et le plaisir profond qui contribue à la libération des sources inconscientes de pulsions. En effet, quand Freud considère l’intérêt le point de vue de l’esthétique dans le domaine de la psychanalyse, il affirme que « les forces pulsionnelles à l’œuvre dans l’art sont les mêmes conflits qui poussent à la névrose d’autres individus […] »[68]. De cette façon, il semblerait que l’artiste (le patient) échapperait à la névrose à travers la pratique de la création, la création artistique étant inscrite, semble-t-il à la place du symptôme : « Lorsque l’individu devenu ennemi de la réalité est en possession de don artistique, qui reste une énigme pour nous du point de vue psychologique, il peut transposer ses fantaisies en créations artistiques en lieu et place de symptômes, échapper ainsi au destin de la névrose et récupérer par ce détour sa relation à la réalité ».

La situation sus-décrite est bien en accord avec les principes d’utilisation  des arts comme médiations thérapeutiques : c’est la médiation artistique qui remplace,  en lieu et en place, le symptôme d’une maladie. Pour Freud, la pertinence de cette idée coïncide avec le principe de celle d’une « sublimation possible des tendances pulsionnelles inconscientes dans la création ». Par la création et les formations de sublimation remplaçant les symptômes le patient échapperait à la névrose, pendant un processus sublimatoire, moment pendant lequel le créateur (patient) échange, par exemple, un but pulsionnel proprement sexuel contre un objectif désexualisé. Ainsi, Freud définit le travail de création de l’artiste comme étant « le fait de donner corps aux formations de sa fantaisie », à la source de la satisfaction sublimatoire trouvée par l’artiste dans sa création. Dans le processus sublimatoire, l’activité créatrice se fait par le puisement à travers l’activité fantasmatique, l’œuvre apparaissant comme matérialisation des fantasmes du créateur. C’est de cette façon que Freud a privilégié l’analyse des contenus non conscients d’une œuvre, en minimisant, en quelque sorte, sa forme, correspondant donc à une idée classique de l’art.

 

2.5. Vignette 5 : La question de la création

 

Le thème de la créativité dans la psychanalyse est abordée par 2 vignettes que je vais exposer ci-dessous.

 

La première situation concerne Madame V. (54 ans), dans le cadre d’une rencontre clinique avec une dame ayant une tumeur au cerveau, avec très mauvais pronostic (3 mois de vie). C’était une séance en famille (avec son amie et son fils), pendant laquelle ils ont choisi la médiation avec l’argile. Dès le début, tout le monde s’est très vite impliqué dans la création. Les émotions ont surgit, les rires, les pleures, les échanges. J’ai été étonnée de voir cette dynamique, car quand je suis entrée dans la chambre, tout le monde était « dans son coin », sans personne qui communique. Comme quoi mon hypothèse sur le lien semble pertinente.

Le fils a écrit le prénom de sa mère avec l’argile en écrivant avec sa création le mot: « maman ». Ce dernier a donc montré sa création à sa mère, qu’il câlina aussitôt, la couvrant de baisers, exprimant en pleurs son affection envers elle. Son amie, quant à elle, a fait un gâteau avec l’argile. Madame M a décidé de faire « une créature que j’ai vu à la télé, avec des cornes longues ». Elle a essayé, mais elle n’y est pas arrivé, quand elle se demanda à un moment: « pourquoi j’essaye de faire quelque chose d’impossible ». Son fils lui a dit que ce n’est pas grave, et que l’on va garder vont garder les essais de cornes, même détruits, pour avoir des photos en souvenir. Il a demandé à récupérer ces « objets d’art » pour pouvoir les garder en souvenir. Est-ce que dans le fait d’essayer de faire quelque chose d’impossible a éveillé par le désir de soi au point qu’elle s’en étonne, et lui a permis d’extérioriser ses sentiments sur sa propre mort, quelque chose d’innommable, les affects difficiles à extérioriser avec des mots ?

Elle se trouve dans une situation qui la dépasse, on ne peut  pas regarder la mort on face, l’être humain garde toujours un espoir de guérir, de dépasser l’impossible (d’ou peut-être la croyance aux miracles). Sur la photo de sa production (en annexe) on voit des essais de cornes, à côté des cornes détruites auparavant. Pendant la séance le mari de la patiente l’a appelé au téléphone : son fils (de 24 ans), avec enthousiasme, lui répond qu’ils sont entrain de jouer avec l’argile. Il a dit répété cela à plusieurs fois car le père pensait mal comprendre : « Il a du mal à croire que l’on puisse faire un truc si cool à l’hôpital », dit le fils. Comme quoi mon hypothèse que la médiation par l’art qui permet aller au delà de l’hôpital trouve sa place.

 

La deuxième vignette est celle de Madame F. (89 ans).  Je la rencontre de façon informelle dans la salle d’attente. Elle regarde par la fenêtre et me dit de compter les voitures et de deviner leurs couleurs : « C’est la voiture blanche qui monte, n’est-ce pas ? », me demande-t-elle.  Je confirme, avec enthousiasme. Elle m’explique que c’est un exercice qu’elle avait inventer pour elle-même pour faire travailler son cerveau et entrainer la vision qu’elle est en train de perde : « Tout va bien, il n’y a que mes yeux qui ne vont pas bien ».  J’apprends plus tard de  la part de l’infirmière qu’elle a une tumeur au cerveau.

Je passe la voir et je lui propose la médiation par l’art. « D’accord, par contre je ne vois pas trop bien alors ça va être l’argile », dit-elle. Elle la palpe, elle s’amuse avec, puis elle essaye de faire une ballerine en 3D : « Je n’arrive pas, je vais alors l’allonger ». Elle me décrit ce qu’elle fait pendant la création : « Là, je fais des points, là, j’essaye de faire sa jambe, comme ça, pour marquer le mouvement ». A un moment, elle me dit: « Et vous, êtes-vous professionnel, vous avez une très belle voix mais vous pouvez aussi faire quelque chose avec cet argile ». Elle se met dans la position de ballerine, en attente (c’est une dame qui pratiquait de la danse dans un ballet de l’Opéra). Elle essaye de maitriser le moment, je la laisse de faire. « Qu’est ce que vous faites », me demande t elle.  Je ne sais pas encore, peut-être un chat », lui dis-je, ensuite je joue un peu avec la pate à modeler et finalement je fais un kanguru. « Alors ?» me demande-t-elle. « J’ai fais un kanguru », lui dis-je. Elle réplique alors : « Pour une professionnelle, vouloir faire un chat et finir avec un kanguru… ». « Justement, j’ai fait en toute liberté ce qui me venait à l’esprit, qu’est-ce que vous en penser vous? » Elle me dit alors : « je peux faire encore une maison, non je ne veux pas la maison, je ferai un footballer ». Elle fait un bonhomme sans bras, et ensuit elle fait une balle. « Elle est petite cette balle me dit elle, peut-être c’est une balle de tennis. » ajoute -telle. Et elle crée une raquette de tennis : « Voilà comme ça c’est très bien », me dit elle ; « Il y a un mouvement ».

Devant partir pour le bâtiment A, pour voir la maman d’un patient, qui ne va pas bien, je  la remercie pour la séance. Elle me demande si elle pourrait garder le Kanguru que j’ai fait. Je lui offre alors mon kanguru. Elle me remercie et me dit : « Il va me donner des idées, il va m’inspirer ». Elle décide de garder aussi ce qu’elle a fait ainsi que le reste de bloc d’argile. Le lendemain elle part dans la maison de retraite.

Je passe voir quelque jours plus tard l’infirmière cadre pour prendre des nouvelles de cette dame. Elle confirme qu’elle était très contente et très fière de sa création. Quand elle est passée la voir dans sa chambre, elle était assis avec jambes en l’air (comme une danseuse), relaxée, souriante, détendue, ses création à côté de son lit. « Elle m’a bien décrit ce qu’elle a fait. Au-dessus de cette danseuse, il y avait un autre personnage »,  dit l’infirmière. « Je lui ai demandé ce que c’était et elle m’a répondu que c’était un serpent, le serpent de sa maladie ».

Cette personne a pu extérioriser des choses important pour elle, les partager, se prouver qu’elle peut faire encore quelque chose. Il a été intéressant de voir le moment où elle veut faire une maison, se dit « non, je ne veux pas de maison ». Est-ce en lien avec le fait qu’elle doit aller dans la maison de retraite?

L’infirmière dit être impressionnée par le fait que les patients se prêtent au jeu, qu’ils puissent s’exprimer, quels effets la médiation par l’art a sur eux, comment l’équipe s’intéresse à ce qu’ils font, « ça met de la vie dans notre service », me dit elle. « Félicitations ».

 

Selon Freud, l’art « … apporte une réconciliation des deux principes (plaisir et réalité) d’une façon particulière. Un artiste est à l’origine un homme qui se détourne de la réalité, car il ne peut pas se réconcilier avec le renoncement à la satisfaction pulsionnelle qui dans un premier temps la demande, et qui permet à ses désirs érotiques et ambitieux de se réaliser pleinement dans la vie de fantasme. Il trouve le chemin du retour à la réalité, cependant, de ce monde de fantaisie en faisant usage de ses dons particuliers à la moisissure ses fantasmes d’un nouveau genre, qui sont évalués par les hommes comme des réflexions précieuses de la réalité. Ainsi, d’une certaine façon, il devient réellement le héros, le roi, le créateur, ou le favori, il voulait, sans suivre le long chemin, faire de réels changements dans le monde extérieur. Mais il ne peut y parvenir parce que d’autres hommes ressentent la même insatisfaction comme il le fait avec le renoncement exigé par la réalité, et parce que l’insatisfaction qui résulte de la substitution du principe de plaisir au principe de réalité, est lui-même partie de la réalité. En analysant bien cette affirmation de Freud, le patient, en prenant la place d’un artiste, a la possibilité, même quelques instants, de s’inventer sa propre réalité, de façon à s’échapper, de se créer un mode extérieur, dans lequel il est maître, et que tout est sous son contrôle. C’est la raison pour laquelle, lorsque le patient atteint de cancer est impliqué dans la médiation par l’art, il semble changer d’un coup son humeur. Bien effectivement, il n’est pas à l’abri de la tristesse, marque qu’il revient à la réalité, mais une fois dans son art, il  est impliqué, oubliant sa maladie.

Mais qu’est-ce que la créativité? Le processus créatif est, selon Freud, une alternative à la névrose, c’est un mécanisme de défense protégeant contre la névrose, ce qui conduit à la production d’une source socialement acceptable de divertissement et de plaisir : l’artiste a la capacité de transformer ses fantasmes en créations artistiques plutôt que de rester figer dans les symptômes.

L’inconscient joue un rôle majeur dans l’acte de création. Autrement dit, l’acte de création est rendue possible par l’énergie et par un mécanisme de défense considérée comme la plus avantageuse, la sublimation. En convertissant une envie, un désir dans une manifestation culturelle, avec l’aide de l’ego, la sublimation rend les pensées de l’inconscient plus acceptable pour le conscient et il permet aussi de quelque chose de productif et agréable, pour les autres aussi.

Spécifiquement, dans le domaine du cancer, bon nombre d’études ont prouvé l’efficacité de la méthode par la médiation de l’art, peu importe le stade de la maladie. Que cela soit chez le psychothérapeute ou chez le patient, le rôle des vécus perceptifs  dans l’acte de conscience émotionnel et dans l’acte de défense est prépondérant. C’est la raison pour laquelle qu’il est nécessaire d’apporter une attention particulière quant à l’expérience corporelle des populations souffrant d’un corps « perceptif ». et c’est bien dans l’approche phénoménologique que la créativité artistique exerce sur la transformation de l’image du corps que la médiation de l’art théorise.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

CONCLUSION

 

Il est toujours difficile de conclure, de chercher les mots pour décrire une expérience, des rencontres. Un temps de construction est indispensable. Ce stage m’a permis de me construire une identité professionnelle de psychologue en élaborant ma pratique, dans un premier temps, par la mise en place des entretiens que je mène seule, et ainsi je peux développer un style qui m’appartient. Je vois régulièrement mes garantes de stage et nous échangeons tant sur les rencontres que j’ai pu faire, que sur les difficultés auxquelles j’ai été confrontée et de ce fait, je suis en mesure de me questionner, m’interroger sur la position, la mission que peut avoir le psychologue au sein d’une institution. Ces échanges me semblent importants, ils me permettent de rencontrer des professionnels, de me positionner différemment dans les rencontres avec les patients mais aussi avec les soignants, et ainsi de construire une identité de psychologue en devenir.

Cet écrit représente pour moi un véritable défi, dans la mesure où j’expérimente moi-même le concept de la souffrance et du cancer autour de moi. Cela est d’autant plus difficile lorsque l’on se place du côté du professionnel, et du point de vie de la distanciation entre professionnel et patient, notamment lorsqu’il s’agit de vos proches. Toutefois, c’est un défi que je compte relever, pour ces personnes qui me sont chères, et qui me poussent à la réalisation et à la poursuite de ce que j’ai déjà commencé, même combien difficile c’est, et ce le sera encore.

J’ai l’intention de poursuivre mon stage dans le but de continuer le projet de médiations par l’art que j’ai pu mettre en place (avec le soutien de mes garantes de stage) et aussi pour prolonger les suivis en cours de travail. Cela va être un stage qui s’appuie sur un DU, en lien avec la psychologie clinique que je compte entreprendre. J’ai encore une longue route devant moi : le projet de médiations par l’art à bien élaborer, vivre et théoriser, et ma clinique en construction (ainsi que des études de cas en cours). J’essaye de réfléchir à partir de ces entretiens, mes notes, retranscriptions, suivis, et ressentis à une ébauche de ce qu’a pu être ma pratique en ce lieu.  J’ai pris bon nombre de notes, j’ai beaucoup de questionnements et d’idées mais pas encore assez de distance pour pouvoir avoir de vrais « points capitons » (cf. Lacan). Il s’agit pour moi d’élaborer d’avantage les études de cas cliniques pour pouvoir vraiment parler, au plus vrai, de mon expérience. Néanmoins je me sens enrichie par cette expérience et par la rencontre singulière qu’elle m’a offerte. J’ai investis ce lieu de clinique individuelle et institutionnelle et questionne à chaque fois ma mission de psychologue en devenir.

Un travail est né, il n’est pas parfait et ne le sera jamais, mais relate la découverte de cette institution, de patients, de sujets, d’une mission de psychologue stagiaire. Et mon désir reste là, présent : continuer à découvrir cette institution, vivre cette expérience clinique, me former, apprendre.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

ANNEXES

 

Œuvre de Madame E (57 ans)

 

 

 

 

 

Œuvre de Madame M (47 ans)

 

 

 

 

 

 

Œuvre de Madame F. (89 ans)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

BIBLIOGRAPHIE

 

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  48. Dictionnaire Hachette, édition Illustrée 2005, p 174.
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  66. Kapelovitz, Leonard H. (1987). Amour et travail / démonstration et discussion de la psychothérapie. p. 66.
  67. Sigmund Freud, (1940). An Outline of Psychoanalysis.
  68. Sigmond Freud, (1913b). « The psychoanalytic method, an experiential science and systematic presentation », p.210.

 

[1] Anne Brun et al, « Les médiations thérapeutique », édition Erès, 2012, p.7.

[2]Ginette Raimbault,  Clinique du réel, « La psychanalyse et les frontières du médical », Editions du Seuil, 1982, p.5

[3] Bataille, P. (2003). Un cancer et la vie. Paris : Balland.

[4] Wilma Bucci, Ph.D. La nécessité d’une « psychologie psychanalytique » dans le domaine cognitif. Psychologie psychanalytique 2000, Vol. 17, n ° 2, 203-224.

[5] Penny, G. Bennett, P., & Herbert, M. (1994), Psychologie de la santé: Une durée de vie, Perspective Amsterdam: Harwood.

[6] Cynthia D. Belar – Journal de Psychologie Clinique en milieu médical – Vol. 11 – Numéro 2 – 2004 – pp 77-82.

[7] Mc Graw, Introduction to psychology, Module 1, 2010.

[8] Hofstadter Douglas (1979) : Bach, Gödel, Escher : les brins d’une guirlande éternelle. InterÉditions, Paris, 1985.

[9] Christopher D. Green (1997), Classiques dans l’histoire de la psychologie, in The Principles of Psychology par William James (1890).

[10] Guedeney, N., & Jeammet, Ph. (1991). Objectifs et diversité des modalités du travail des équipes soignantes avec les parents d’adolescents hospitalisés. Neuropsychiatrie de l’Enfance, 39 (11–12) 533–539.

[11] Florence Lussu, Hélène Beutler, Le rôle du psychologue, Psychoscope 5/2004.

 

[12] Colette Chiland et coll. : L’entretien clinique, PUF, 2006.

[13] D. Lagache, L’unité de la psychologie, p. 70, Quadrige / P.U.F.

[14] Dr. Friedjung, (1978), « Que peut attendre la pédiatrie de la recherche psychanalytique ? », in Les premiers psychanalystes, Minutes de la Société psychanalytique de Vienne, Il, 19081910, Gallimard, Paris.

[15] J. Lacan, Le séminaire sur L’éthique de la psychanalyse, Seuil. Paris, 1986, p. 360.

[16] ECF, La médecine, mise à nu par la psychanalyse, même. Revue de psychanalyse. Quarto 59, Mars 1996.

[17] J. Aubry, J. Lacan, J.-P. Klotz, G. Raimbault, P. Royer.  (1987), « La place de la  psychanalyse dans la médecine «. Paru initialement dans Les Cahiers du Collège de Médecine, 1966, VII, n°12. Reproduit dans Le Bloc-Notes de la Psychanalyse, n°7.

[18] Martine Derzelle, (2000).  Temps, identité et cancer. Le courrier de I’A.P.M. / No 13.

[19] Gustave-Nicolas Fischer. Psychologie du cancer. Odile Jacob, 2013.

[20] Témoignage recueilli par Philippe Bataille, « Le travail de conscientisation du sujet : les malades du cancer et la mort », in Vincent Caradec et Danilo Martuccelli, Matériaux pour une sociologie de l’individu, Presses universitaire du Septentrion, 2004.

[21] Susan Sontag, La Maladie comme métaphore, Seuil, 1979.

[22] Gustave-Nicolas Fisher, L’Expérience du malade. L’épreuve intime, Dunod, 2008.

[23] García, B. (2011). Recherche qualitative du profil des aides familiaux résidants, leurs styles d’adaptation et le type d’attache avec l’enfant patients de cancer. Espagne.

[24] Mondragón, J. 1999. Manuel pratique de travail dans le domaine de la santé sociale: Madrid.

[25] Holland JC, Reznik I. The international role of psycho-oncology in the new millenium. Rev Francoph Psycho-Oncologie 2002 ; 1-2 : 7-13.

[26] Holland JC. Psycho-oncology. New York : Oxford University Press, 1998.

[27] Razavi D, Delvaux N. Psycho-oncologie : le cancer, le malade et sa famille. 2e éd. Masson : Paris, 1998.

[28] Barbara Bonnier, 2006. Psycho-oncologie et Rôle du psychologue en oncologie. Les Jeudis de l’Europe.

[29] Daniel Oppenheim, Sarah Dauchy, La psycho-oncologie et les tâches actuelles des psycho-oncologues. Bulletin du Cancer. Volume 91, Numéro 1, 99-104, Janvier 2004, Synthèse.

 

 

 

[30] Wittgenstein L. Conférence sur l’éthique. In : Leçons et conversations. Paris : Gallimard, Folio essais, 1992.

[31] Oppenheim D, Sourkes B, Ablin A, Hartmann O. A child and parent illustrating non-compliance with treatment. Bull Cancer 2002 ; 89 : 643-7.

[32] Van Hooft S, (2000), The suffering body. Health 4: 179-95.

[33] Françoise Bessis, Rencontre avec le cancer, rencontre avec le psychanalyste. ERES | Le Coq-héron 2005/1- no 180, p. 17 à 23.

[34] Sylvie Dolbeault, Quelles sont les conséquences psychiques qui se révèlent chez le patient atteint de cancer? In La relation entre psychisme et cancer, Les entretiens de Carla, 8 et 9 mars 2007 – n°12.

[35] Gustave Roussy, Définition de la psycho-oncologie, http://www.igr.fr.

[36] Fritz Zorn, (1979). Mars. Edition Gallimard, 264p.

[37] Annoncer une mauvaise nouvelle, HAS, 2008.

[38] Moussas GI , Papadopoulou AG , Christodoulaki AG , Karkanias AP. (2012). Les problèmes psychologiques et psychiatriques chez les patients cancéreux: Relation à la localisation de la maladie. Jan-Mar; 23 (1) :46-60.

 

[39] Assoun P.L. (2008). In Leçons psychanalytiques sur l’angoisse. 4ème édition. Paris, Economica–Anthropos. 2008, 112 p.

[40] Lacan J. (1962-1963). Passage à l’acte et acting out. In: Le séminaire Livre X: L’angoisse. Editions du Seuil, Champ Freudien, Paris, 2004 ; p 140.

[41] Lacan J. (1960-1961). In: Le Séminaire, livre VIII : Le transfert. Editions du Seuil, Paris, 1991 ;467 p.

[42] Élisabeth Angellier, Quel lien établir avec le malade cancéreux, et pourquoi ? ERES | Le Coq-héron 2005/1 – no 180, p. 65 à 69.

[43] Le petit Larousse illustré 2010, Paris, Larousse, 2009, p.879.

[44] Serge Moscovici, Psychologie sociale, Paris, PUF, 1984, p.367.

[45] Pierre Mannoni, Les représentations sociales, Que sais-je, Paris, PUF, 2008, p.104.

[46] Paul Ricoeur, Le socius et le prochain, Revue Esprit, 1954.

[47] Dictionnaire encyclopédique pour IDE et étudiants en IFSI, édition Lamarre de Marguerite POTIER.

[48] Dictionnaire Hachette, édition  Illustrée 2005, p 174.

[49] Article R.4311-5 du livre III auxiliaires médicaux profession infirmier chapitre premier section 1. Acte professionnel ou décret n° 2004-802 du 29 Juillet 2004

[50]Source Wikipédia encyclopédie livre : www.wikipedia.org / fr.wikipedia.org/wiki/relation-d-aide-en-soins-infirmiers + autre source Hildegarde  PEPLAU.

[51] Carl ROGERS, La relation d’aide et la Psychothérapie Editions Sociales Françaises, Paris, 1970

[52] Walter HESBEEN, La réadaptation,  Aider à créer de nouveaux chemins. Editions Sell Arslan, 2001, p23.

[53] J.DECETY, 2004, L’empathie, Editions Odile Jacob,  p 187.

[54] Walter Hesbeen, Prendre soin à l’hôpital, Masson, Paris, 1997, p.7.

[55] Georges Nizard, analyse transactionnelle et soin infirmier, Pierre Mardaga, éditeur, Bruxelles, 1985, p.89.

[56] Bernard Matray, La présence et le respect, Desclée de Brouwer, 2004, p.16.

[57] www.larousse.fr.

[58] Boittin, Lagoutte, Lantz, « Virginia Henderson : 1897–1996 – Biographie et analyse de son œuvre  Recherche en soins infirmiers N°68 sur ARSI.fr sur la banque de données de santé publique, ARSI, mars 2002, p. 12.

[59] G. Fitoussi, Rencontre d’un patient atteint d’un cancer avec un psychologue, La Lettre du Cancérologue – volume X – n° 1 – janvier/février 2001.

[60]Benjamin Jacobi, « Epreuve de la maladie, durée de la dépression », in Le cancer, approche psychodynamique chez l’adulte, sous la direction de Patrick Ben Soussan, 2004, Editions Eres, Ramonville Saint-Agen, p. 83.

 

[61] Freud, S. (1905). Le mot d’esprit et sa relation à l’inconscient. (D. Messier, Trad. 1988). Paris :Gallimard. Folio essais n°201. p. 233.

[62] Lecourt, E. (1995). L’objet médiateur en psychothérapie. In P., Privat, & F., Sacco, (Eds.) : Grouped’enfants et cadre psychanalytique. pp. 121-135. Ramonville Saint-Agne : Erès.

[63] Leroy-Viémon, B. 2008. Les enjeux phénoménologiques de la rencontre clinique. Cliniques Méditerranéennes, 78 : 205-223.

[64] Lacan, Séminaire III

[65] Sigmund Freud, Des conférences sur la psychanalyse (PFL 1) p. 496.

[66] Kapelovitz, Leonard H. (1987). Amour et travail / démonstration et discussion de la psychothérapie. p. 66.

[67] Sigmund Freud, (1940). An Outline of Psychoanalysis.

[68] Sigmond Freud, (1913b). « The psychoanalytic method, an experiential science and systematic presentation », p.210.

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