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Les soins d’urgence et la douleur induite par l’infirmier : Revue de littérature

Première partie : Revue de littérature

 

Les services d’urgence permettent aux professionnels de la santé et en particulier aux IDE d’assurer les soins nécessaires qui permettent de stabiliser l’état de santé du patient avant l’hospitalisation. Les premiers soins dispensés par les IDE aux urgences permettent dans la majorité des cas de sauver la vie des patients admis en urgence. 

Dans le cadre de notre mémoire et de nos études, nous avons choisi de traiter le thème suivant : « la douleur induite par l’infirmier chez un patient lors d’un soin invasif d’urgence ». Ce thème nous semble intéressant dans le sens où nous avons eu à faire à une patiente compliquée (Mme BA) qui nous a poussés à nous orienter vers ce thème. Les soins au niveau des services d’urgence sont importants pour les patients pour les stabiliser et pour les professionnels de la santé pour comprendre les soins dont le patient a besoin pour se rétablir. Cependant, ces soins doivent être faits de manière relativement « précipitée » suivant l’état de santé du patient. Cette précipitation peut créer des douleurs pour les patients en particulier pour les soins invasifs.

Avant de pour entrer dans le vif du sujet, il est important d’apporter des définitions et des explications sur les diverses notions que nous allons aborder tout au long de l’ouvrage. Pour cela, nous allons d’abord commencer par diviser cette partie en 2 grands chapitres. Le premier chapitre mettra en avant les diverses définitions relatives au thème et à notre problématique. Le deuxième chapitre abordera ensuite les IDE : la définition et leurs rôles au sein des services d’urgence.

 

Chapitre 1 : Définition des notions

 

Lorsqu’il y a une admission en urgence, le patient présente souvent des douleurs relativement intenses ou dans d’autres cas, il est inconscient. Le travail des professionnels de la santé est de prendre soin du patient et de stabiliser son état pour pouvoir poursuivre les soins dans le cadre de l’hospitalisation. Dans cette procédure, les IDE doivent s’assurer que le patient soit dans les meilleures conditions pour recevoir les soins nécessaires à son rétablissement et limiter les douleurs. 

Pour mieux comprendre notre thème et appréhender les diverses notions qui seront souvent répétées tout au long de l’ouvrage, les diverses notions à expliquer sont : la notion de douleur, la douleur induite, la douleur provoquée, la notion de soins invasifs ou encore la notion d’urgence. Pour commencer, nous mettrons d’abord en avant la notion de douleur ainsi que toutes les autres notions relatives à la douleur.

  • Douleur

 

Les maladies en générale présentent pour la majorité des symptômes et des douleurs au niveau du corps du patient. Cette douleur peut présenter de nombreuses échelles d’intensité suivant la nature de la maladie et l’état de santé du patient. 

La douleur est une notion relativement complexe que de nombreux auteurs ont déjà traitée dans leurs ouvrages et les articles qu’ils ont publiés. Parmi ces auteurs, KUTNER L. a également traité du sujet de la douleur dans ces ouvrages dont celui qui nous intéresse intituler : « L’enfant et sa douleur : identifier, comprendre, soulager ». Dans cet ouvrage, il met en avant une définition intéressante de la douleur. Il explique que : « La douleur est une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable associée à une lésion physique réelle ou potentielle, ou décrite en termes de cette lésion. La douleur est toujours subjective. Chaque individu apprend à quelle réalité s’applique ce mot au travers des expériences de blessures qu’il a faites tôt dans sa vie ». La définition proposée par l’auteur met en évidence les termes suivants : expérience sensorielle et émotionnelle désagréable, lésion physique réelle ou potentielle et enfin la nature subjective de la douleur. Les termes « expérience sensorielle et émotionnelle désagréable » font référence au fait que la douleur est toujours handicapante et gênante pour le patient. Ce dernier ne pas effectuer ses activités quotidiennes sans ressentir cette gêne. Les termes « lésion physique réelle ou potentielle » font référence au fait que l’organisme du patient présente des dysfonctionnements visibles ou invisibles, mais qui handicape énormément le patient et l’empêche d’exercer ses activités quotidiennes. Enfin le terme « subjectif » met en avant le fait que l’intensité de la douleur dépend de celui qui la subit malgré le fait que des moyens d’évaluer la douleur existent. 

Les auteurs BOCCARD E. et DEYMIER V. ont également apporté leurs idées sur la définition de la douleur et qui concordent également avec la définition proposée précédemment. Ils expliquent ainsi que : « La douleur est une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable associée à un dommage tissulaire présent ou potentiel, ou décrit en termes d’un tel dommage ». Cette définition met en exergue le fait que la douleur est le résultat d’un dommage tissulaire réel ou potentiel ressenti par le patient. 

La notion de douleur peut prendre différentes formes ou différentes appellations suivant la nature de la douleur. Il existe ainsi de nombreuses formes de douleurs et nous nous intéresserons tout particulièrement à la douleur provoquée et la douleur induite. 

  • Douleur provoquée

La douleur provoquée est comme son nom l’indique une douleur qui a été stimulée de manière délibérée par un professionnel de la santé. Les auteurs PEOC’H N., LOPEZ G. et CASTES N. ont traité la notion de douleur provoquée dans leur ouvrage intitulé : « Représentations et douleur induite ». Dans cet ouvrage, ils définissent la douleur provoquée comme suit : «  Douleur provoquée : se dit d’une douleur intentionnellement provoquée par le médecin (ou le soignant) dans le but d’apporter des informations utiles à la compréhension de la douleur. Son objectif est de rechercher un seuil de douleur ou de reproduire une douleur spontanée, pour expliciter et faciliter la compréhension d’un diagnostic ». Cet extrait met en avant le fait que la douleur provoquée est un outil utilisé par les professionnels de la santé afin de récolter plus d’informations exploitables pour diagnostiquer la maladie du patient. La douleur provoquée sert de test pour définir la nature de la douleur, son intensité et sa spontanéité afin que le médecin puisse ensuite préciser de quelle maladie il s’agit et surtout quelles doses de médicaments seraient nécessaires pour aider le patient à se rétablir plus rapidement. 

La douleur provoquée est donc un moyen efficace pour un médecin de comprendre la douleur et de l’évaluer afin de la traiter au plus vite. Il sert également d’outils pour discerner l’intensité de la douleur et préciser le diagnostic du médecin. 

  •  Douleur induite

La douleur induite est une forme de douleur qui survient lors de la réalisation des soins par un professionnel de la santé. La douleur induite est une douleur résultant d’une intervention d’un thérapeute ou d’un infirmier au moment de l’administration d’un soin, elle n’est donc pas volontaire. L’auteur RICARD-HIBON A. a mis en évidence dans son ouvrage la définition de la douleur induite et la différence de cette dernière avec la douleur iatrogène et la douleur provoquée. Il explique ainsi que : « La douleur induite par les soins est une douleur de courte durée, causée par les soignants ou par une thérapeutique dans des circonstances de survenue prévisibles et susceptibles d’être prévenues par des mesures adaptées. Elle est à différentier des douleurs iatrogènes qui sont des douleurs provoquées par les soignants ou par un traitement de façon non intentionnelle et n’ayant pu être réduite par les mesures de prévention entreprises. La douleur provoquée est une douleur intentionnellement provoquée par un soignant dans le but d’apporter des informations utiles à la compréhension de la douleur ». Cet extrait met en avant le fait que la douleur induite est une douleur ponctuelle causée par des interventions des professionnels de la santé et qui peut être prévenu. L’auteur compare ainsi la douleur induite avec les autres douleurs comme la douleur iatrogène et la douleur provoquée qui sont toutes les deux des douleurs provoquées par les soignants et qui sont respectivement non intentionnelles et intentionnelles. 

 La douleur induite est celle nous intéresse le plus puisque cette dernière est celle que nous avons dû gérer avec notre patiente référence Mme BA. La douleur induite est celle qui l’a fait réagir lors de nos interventions et qui nous a poussés à choisir ce thème. Il s’agit également des soins qui sont souvent dispensés au service des urgences afin de stabiliser l’état de santé du patient avant de recevoir des soins plus appropriés.

  • Évaluation de la douleur

La compréhension de la douleur et la capacité des professionnels de la santé à déterminer l’intensité de la douleur chez un patient permettent de prodiguer les soins et les accompagnements adéquats. Il est donc indispensable d’avoir les outils adéquats dans la détermination de la douleur chez les patients en particulier au sein des services d’urgence. La compréhension de la douleur mène à la détermination des traitements adéquats et à la définition du bon diagnostic.

Dans la recherche de la compréhension de la douleur, il est important de savoir si la personne dispose des capacités cognitives pour répondre aux questions concernant la douleur qu’elle subit. L’outil d’évaluation de la douleur doit ainsi être adapté au patient et à son état de santé. L. MISSON, M. SAVOIE et R. VERREAULT ont collaboré dans un article pour mettre en avant l’importance de la mise en place des outils d’évaluation de la douleur chez les patients en particulier les patients qui ont été déposés par les pompiers ou le SAMU et qui sont souvent inconscients ou inaptes à communiquer distinctement. Ils expliquent ainsi que : « le premier critère de sélection dépend de la réponse à la question suivante : les capacités cognitives de la personne que je veux évaluer lui permettent-elles de répondre adéquatement à des questions concernant la douleur ?

Si la réponse est oui, le patient est toujours le meilleur juge de sa propre douleur. Il faut utiliser un outil d’auto-évaluation qui lui permet d’indiquer lui-même s’il ressent de la douleur et à quel degré d’intensité.

Si la réponse est non, il faut choisir un outil d’hétéroévaluation, ou d’évaluation par un tiers, basé sur l’observation d’expressions de signes et de comportements indiquant que la personne ressent de la douleur. » Les auteurs mettent en exergue l’importance de comprendre son patient et de lui offrir un outil d’évaluation de douleur le plus adapté pour lui. Si la personne dispose des capacités nécessaires, si elle est capable de comprendre et de répondre aux questions, les outils d’autoévaluation suivants sont les plus adaptés : l’échelle numérique, l’échelle verbale et l’échelle visuelle analogue. Ces outils permettent au patient de décrire aux infirmiers l’intensité de la douleur en usant de chiffres ou d’expressions prédéfinies. Les outils d’évaluation plus utilisés sont les suivants : l’Algoplus (annexe 01), Doloplus-2, ECPA-2, PACSLAC-F, Algoplus ou encore PAINAD. L’hétéroévaluation et l’autoévaluation sont très importantes dans le cadre de la compréhension de la douleur en particulier pour les infirmiers qui travaillent au sein des services d’urgence où la réactivité et la connaissance des besoins des patients en termes de soins sont indispensables à leurs survies et à leurs rétablissements.

  • Soins invasifs

 

Les soins invasifs sont des soins administrés par les professionnels de la santé et qui nécessitent l’intrusion dans l’intimité du patient. Il s’agit souvent de soins servant à stabiliser les patients ou à récolter des échantillons pour effectuer des tests. Les soins invasifs sont donc des soins réalisés de manière relativement fréquente par les infirmiers afin de mieux comprendre l’état de santé du patient ou afin de stabiliser l’état de santé de ce dernier en vue de réaliser des soins plus poussés.

L’auteur D. VEDRENNE met en avant les caractéristiques des soins invasifs afin de faciliter la compréhension de ces derniers. Il explique ainsi que : « Au niveau juridique : ils sont définis par le code de la santé publique relatif aux actes professionnels qui détermine l’habilitation des IDE pour les actes sur prescription médicale et sur rôle propre : injections, perfusions, prélèvements, réfection de pansements, ablation de redons, d’agrafes, de fils… » Cet extrait met en évidence le fait que les soins invasifs ne peuvent être effectués que par les IDE et à la suite d’une prescription médicale uniquement. L’auteur présente également ici un listing non exhaustif des soins invasifs en citant les injections, les perfusions, les prélèvements et bien d’autres interventions.

Le même auteur D. VEDRENNE met également en avant l’article 16-3 du code civil qui protège les patients dans le cadre de la réalisation des soins invasifs. Il explique que : « La loi bioéthique du 29 juillet 1994 relative au respect du corps humain, pose un ensemble de principes fondamentaux protecteur du corps humain. Cette loi est renforcée par l’article 16-3 du code civil qui interdit l’atteinte à la dignité de la personne et garantie le respect de l’être humain tout au long de sa vie. Toutefois, la loi stipule qu’il « ne peut-être porté atteinte à l’intégrité du corps humain qu’en cas de nécessité médicale pour la personne (…) Le consentement de l’intéressée doit être recueilli préalablement ». Cet extrait met en avant les conditions à respecter pour réaliser les soins invasifs. La première condition est l’obtention de l’accord et le consentement du patient ou d’un de ces représentants. Il est également nécessaire, voire indispensable, de respecter les règles déontologiques et particulièrement le respect du corps du patient dans le cadre de la réalisation des soins invasifs. Il est nécessaire de protéger l’intégrité physique du patient et le respect de son corps tout au long de la réalisation des soins invasifs. 

L’auteur M. GEORGE a également traité du sujet des soins invasifs dans un de ces nombreux ouvrages. Il explique ainsi que la réalisation des soins invasifs est assez compliquée pour le patient. Il explique que : « Il y a un décalage entre la réalité de la gêne engendrée par les gestes invasifs chez l’adulte et l’intérêt que le monde médical lui porte ». L’auteur met en avant le fait que les professionnels de la santé ne font pas toute preuve d’intérêts pour leurs patients dans le cadre de la réalisation des soins invasifs. Ce manque d’attention de la part des professionnels de la santé peut mener à l’apparition de douleur induite pour les patients. 

Les soins invasifs permettent aux IDE de stabiliser l’état du patient afin de les transférer vers les services appropriés ou vers la chambre pour poursuivre les soins. Le magazine « Soins » met en exergue l’importance des soins invasifs dans le cadre du traitement des patients. Le magazine mentionne ainsi que : « D’un point de vue pratique, les soins invasifs sont prescrits par le médecin par rapport à différentes indications. L’infirmière réalise donc les soins sur prescription médicale. L’IDE est amené à réaliser ce type de soins à tous les âges de la vie, à des moments différents et dans des lieux différents (hôpital, domicile…) ». L’extrait explique ainsi que les soins invasifs doivent toujours être prescrits par les médecins et administrés par les IDE. Ces derniers peuvent réaliser les soins invasifs à tous les patients auxquels le médecin a prescrit les soins sans distinction d’âge. Le lieu importe peu également tant que les IDE disposent des équipements nécessaires et que le lieu soit stérilisé.

  • Urgence

 

Les services d’urgence sont des parties de l’hôpital dédié à la réception et aux traitements rapides des patients qui s’y présentent. Les services d’urgence s’assurent que les patients admis reçoivent les soins appropriés qui permettent de stabiliser leurs états de santé en vue de poursuivre les soins dans d’autres services de l’hôpital. Les services d’urgence sont donc garants du maintien de la vie du patient et de leurs transferts vers les autres services pour des soins plus approfondis. 

Le site PasseportSante.fr met en avant une définition intéressante des services d’urgence au niveau des hôpitaux. Le site mentionne ainsi que : « Les urgences désignent le service hospitalier en charge de l’accueil et des soins des personnes malades ou blessées qui se présentent d’elles-mêmes à l’hôpital ou qui arrivent via les services de secours comme les pompiers ou le SAMU.

Pilier central de tout établissement hospitalier, le service des urgences est organisé de manière à prendre en charge 7j/7 et 24h/24 les soins urgents non programmés avec un maximum d’efficacité ». Cet extrait met en avant le fait que les services d’urgences s’occupent de la réception et des soins des personnes malades. Ces personnes peuvent se présenter de leurs propres initiatives, mais peuvent également avoir été déposées par les services de secours. Les services d’urgence sont organisés de manière à pouvoir recevoir et soigner les patients en tout temps et à toute heure. 

Les services d’urgence permettent aux professionnels de la santé de dispenser les premiers soins nécessaires pour stabiliser et/ou soigner les patients qui se présentent afin de leur permettre de rentrer chez eux ou de poursuivre les traitements dans d’autres services de l’hôpital. Les soins dispensés auprès des services d’urgence permettent ainsi que garder le patient en vie ou de les renvoyer chez eux suivant la gravité de leurs états de santé. Les soins d’urgence sont donc d’une importance capitale et doivent être dispensés rapidement et de manière efficace. Les professionnels de la santé œuvrant au sein des services d’urgence doivent ainsi disposer des connaissances et des compétences appropriées, mais également d’une grande réactivité pour éviter les décès des patients admis. L’auteur E. ROUPIE met en avant dans un de ces ouvrages l’importance des soins dans les services d’urgence, mais également les risques de mort aux urgences. Il explique ainsi que : « Les décès aux urgences sont devenus un phénomène fréquent et représentent selon les études françaises entre 0,2 et 0,3 % des passages. Trois études ont été réalisées en France : dans l’une, multicentrique et prospective réalisée en 1997, l’incidence des décès, toutes causes confondues, était de 0,19 %. Soixante-trois pour cent d’entre eux étaient précédés d’une décision de limitation ou d’arrêt des soins ». Cet extrait met en avant le fait que les soins au niveau des services d’urgence sont d’une importance capitale 

 

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