L’Hygiène des Mains en Milieu Hospitalier : Historique, Recommandations et Stratégies pour une Meilleure Observance
TOSHIBA |
[Tapez le titre du document] |
[Tapez le sous-titre du document] |
Sandrika ATEIFA |
[Sélectionnez la date] |
[Tapez le résumé du document ici. Il s’agit généralement d’une courte synthèse du document. Tapez le résumé du document ici. Il s’agit généralement d’une courte synthèse du document.] |
Sommaire
2.1. Historique de l’hygiène des mains en milieu hospitalier. 3
2.2. Définition de l’hygiène des mains. 4
2.3. Rappel des recommandations émises par la SFHH en 2002. 5
2.3.1. Définitions des procédures de désinfection des mains. 5
2.3.2. Les procédures recommandées pour la désinfection des mains. 6
2.3.3. Les conclusions d’un groupe de travail sur la tolérance. 6
2.4. Exigences actuelles : Recommandations émises par la SFHH en 2009. 6
Pour situer le progrès effectué dans le cadre de l’hygiène des mains, la présente partie présente un rappel de l’historique de l’hygiène des mains et les exigences actuellement en vigueur dans les établissements de santé en France.
Instauration de l’hygiène des mains bien avant la découverte de la bactériologie
En 1847, Semmelweiss avait étudié comment la fièvre puerpérale se transmettait chez les jeunes femmes après l’accouchement. Il avait conclu à une transmission des germes par le biais des étudiants qui disséquaient des cadavres. A l’issu de ses travaux, Ph. Semmelweiss décida d’instaurer en 1847 l’hygiène des mains avec une solution de chlorure de chaux.
Premiers travaux d’asepsie en milieu hospitalier
Des personnalités célèbres ont également étayé cette constatation et ont prouvé l’importance de l’asepsie des mains comme étant une prévention et une lutte contre les infections nosocomiales en milieu hospitalier : il s’agit notamment de Holmes (1843), de Joseph Lister (1867)[1] et Florence Nightingale (1863) qui ont commencé les premiers travaux d’asepsie en milieu hospitalier.
Découverte de la bactériologie et hygiène des mains nécessaire en actes de chirurgie
Pasteur (1878) qui avait également introduit la notion de bactériologie dans ses travaux et qui a mis en exergue le manuportage dans les actes de chirurgie. Il avait ainsi énoncé qu’: « Au lieu de s’ingénier à tuer les microbes dans les plaies, ne serait-il plus raisonnable de ne pas en introduire ».
Etude de la flore cutanée
Pour étudier en profondeur ce phénomène de manuportage, des études ont été menées par Price et ce dernier conclut en 1936 que deux flores sont retracées sur la peau des mains : la flore de passage et la flore résidente. Par ailleurs, il constata que plusieurs millions de germes sont présents sur la peau des mains. Ces résultats furent confirmés par J.B. Hann et ce dernier souligna également que l’intérieur des ongles constitue également un important vecteur de germes.
Les études de K.J.Mc Ginley en 1988, quant à elles, fournissent de plus amples précisions sur les espèces des flores cutanées trouvées sur les mains, leur taux de bactérie ainsi que leur résistance aux antibiotiques. Ces derniers varient suivant les services dans lesquels se trouvent le personnel soignant.
Ces études confortent les professionnels de la santé sur le fait que les mains constituent bel et bien une voie de transmission des bactéries en milieu hospitalier.
Relation entre le lavage des mains et la lutte contre les infections nosocomiales
- Larson a procédé en 1988 à une vaste revue de la littérature mondiale sur les articles publiés entre 1879 et 1986 et a ainsi conclu que le lavage et l’antisepsie des mains sont des mesures essentielles de base de la prévention de la transmission des micro-organismes en milieu hospitalier. Cette revue a été validée bien que peu d’études expérimentales ont été effectuées en milieu hospitalier pour vérifier ces constatations étant donné que le taux moyen d’infection acquis dans ce milieu reste relativement faible.
100 recommandations pour la surveillance et la prévention des infections nosocomiales sont publiées en 1992 par le CTIN[2] et la recommandation n°54 porte particulièrement sur l’hygiène des mains:
« Le lavage des mains constitue le premier moyen de lutte contre l’infection nosocomiale sur le plan historique et sur le plan de l’efficacité. C’est la barrière déterminante pour limiter les infections nosocomiales à transmission interpersonnelle. Il doit intervenir chaque fois que des soins sont effectués successivement d’un malade à l’autre. Ceci suppose aussi un effort pour modifier les habitudes architecturales et mettre à la disposition du personnel, dans chaque chambre, le matériel nécessaire pour la réalisation du lavage des mains. De plus, celui-ci devra faire l’objet d’incitations et d’évaluations régulières et renouvelées.
Le C.L.I.N[3] veillera donc à ce que des protocoles détaillés de lavage des mains, correspondant à des situations caractérisées, soient établis, en distinguant :
- le lavage « simple »,
- lavage « hygiénique »(norme européenne) ou « antiseptique »,
- lavage « chirurgical ».
Il s’assurera que les personnels médicaux et personnels de santé ont un accès permanent à un équipement de lavage des mains adéquat aussi bien dans les conditions habituelles de la pratique des soins que dans les conditions exigeant une désinfection plus poussée. Les personnels hospitaliers recevront une information répétée sur les techniques d’hygiène manuelle et une évaluation pourra être effectuée des performances atteintes ».
Selon le groupe de travail du CCLIN Paris-Nord, l’hygiène des mains se définit comme étant » le traitement des mains par un savon liquide non médicamenteux ou par un produit (savon ou gel ou solution) ayant un spectre d’activité antimicrobien ciblé sur les micro-organismes de la flore cutanée afin de prévenir leur transmission ».
Pour de multiples raisons telles que :
- la reconnaissance de l’hygiène des mains en tant que précaution standard dans la lutte contre les infections nosocomiales,
- la validation de cette action comme étant hautement prioritaire et efficace grâce aux récentes études épidémiologiques effectuées,
- la faiblesse de l’application de l’hygiène des mains dans certains établissements hospitaliers,
- l’irritation cutanée des mains, constatée auprès du personnel soignant, principalement en hiver, ces irritations étant généralement causées par l’usage fréquent de savons antiseptiques de faible tolérance pour la peau,
- l’apparition de nouvelles méthodes de lavage des mains qui sont plus rapides, plus efficaces, et à niveau élevé de tolérance : il s’agit de la méthode de désinfection des mains par friction,
- ainsi que la définition en 1997 de nouvelles normes mesurant l’efficacité des produits pour l’hygiène des mains applicable en milieu hospitalier, bloc opératoire inclus,
la SFHH a publié des recommandations sur la désinfection des mains en milieu hospitalier en 2002 ainsi que les résultats des travaux d’un groupe de travail portant sur la tolérance des produits utilisés pour l’hygiène des mains.
Suivant la fiche technique n°6.02 émise par CCLIN, les différentes procédures de désinfection des mains se définissent comme suit :
- le lavage simple des mains consiste à effectuer un lavage non désinfectant, réalisé avec un savon à usage fréquent.
- le lavage hygiénique des mains, connu également sous les termes lavage antiseptique, ou traitement hygiénique des mains par lavage, ou désinfection des mains par lavage, se traduit par un lavage désinfectant réalisé avec un savon antiseptique, dont l’efficacité est validée par des normes européennes et AFNOR.
- la désinfection chirurgicale des mains par lavage ou lavage chirurgical des mains consiste en une désinfection des mains avec un niveau d’efficacité maximale réalisée par lavage avec un savon antiseptique, dont l’efficacité est validée par des normes européennes et AFNOR.
- le traitement hygiénique des mains par friction, appelé également friction simple des mains, ou antisepsie des mains ou désinfection des mains par friction consiste à désinfecter les mains avec un produit spécifique, dont l’efficacité est validée par des normes européennes et AFNOR.
- la désinfection chirurgicale des mains par friction ou l’antisepsie chirurgicale des mains désigne une désinfection d’efficacité maximale des mains réalisée avec un produit spécifique, dont l’efficacité est validée par des normes européennes et AFNOR.
Les recommandations publiées par SFHH en 2002 préconisent :
- l’utilisation de la friction chirurgicale au lieu du lavage chirurgical des mains lorsque le niveau de risque infectieux est élevé,
- l’utilisation du traitement hygiénique par friction au lieu du lavage hygiénique lorsque le niveau de risque infectieux est moyen,
- l’utilisation du traitement hygiénique par friction des mains au lieu du lavage simple lorsque le niveau de risque d’infection est bas.
L’hygiène des mains par friction est recommandée en raison de la meilleure efficacité et de la meilleure tolérance qu’elle présente. Elle permet par ailleurs d’améliorer l’observance de l’hygiène des mains pour mieux lutter contre les infections nosocomiales et de réduire les dermatoses des mains en raison d’une faible tolérance de la peau aux produits et du fréquent lavage des mains.
Les recommandations de 2002 ne recommandent cependant pas la suppression du lavage des simple ou chirurgical des mains au profit de la friction ou du traitement hygiénique par friction des mains.
3.1.2
Le groupe de travail a mis en exergue l’impossibilité de déterminer la bonne tolérance ou non d’un produit utilisé pour le lavage et la désinfection des mains, ou la bonne tolérance ou non d’une procédure incluant notamment la durée des gestes réalisés pour l’hygiène des mains ou leur fréquence si l’on se base sur des preuves scientifiques établies (niveau 1 – recommandation de grade A) ou sur des présomption scientifiques (niveau 2 – recommandation de grade B).
Il a cependant rapporté que les SHA ou les produits désinfectants contenant des émollients présentent une meilleure tolérance si l’on se base sur un faible niveau de preuve scientifique (niveau 3 ou 4 – recommandation de grade C).
Outre ces recommandations sur les produits présentant le plus de tolérance, le groupe conclut également qu’une meilleure tolérance cutanée est observée lorsque la durée de lavage est réduite et lorsque les gestes de lavage n’incluent pas fréquemment le brossage des mains.
D’importants changements relatifs à la désinfection des mains en milieu hospitalier ont été recommandés par la SFHH en 2009 et ils concernent notamment : l’arrêt de l’utilisation des savons antiseptiques, plus de précisions dans la gestuelle de la désinfection, les doses et les durées recommandées pour l’hygiène des mains, la séparation du lavage et de la désinfection en ce qui concerne la désinfection chirurgicale des mains par friction, et l’introduction d’une démarche plus rigoureuse dans le choix des produits.
Ces recommandations constituent les nouvelles directives et exigences actuelles à suivre en matière d’hygiène des mains en milieu hospitalier.
- Arrêt de l’utilisation des savons antiseptiques
Il est ainsi recommandé de supprimer l’utilisation des savons antiseptiques qui s’avèrent être moins actifs tant in vitro qu’in vivo et qui provoquent des tolérances cutanées chez le personnel de santé.
Le lavage des mains au savon doux doit être limité au maximum et est ainsi remplacé par la friction surtout dans les situations à faible risque infectieux. Le lavage préalable des mains est cependant maintenu lorsque les mains sont visiblement souillées.
Cette procédure est également à proposer aux patients et aux visiteurs.
- Gestuelle, dose et durée recommandées pour le traitement hygiénique des mains par friction
La bonne technique gestuelle :
Des évaluations in vivo et in vitro ont été réalisées afin de pouvoir établir des protocoles écrits et des bases de formation en termes de technique gestuelle, de dose de produits et de durée.
Pour la technique gestuelle à appliquer, les différentes études s’accordent sur les premières étapes à effectuer telles que :
- déposer le produit au creux de la main,
- l’étaler sur l’ensemble des deux mains.
Les avis et protocoles divergent cependant pour les prochaines étapes et les divergences portent notamment sur :
- la réalisation de la friction en 6 ou 7 étapes,
- la réalisation d’une étape définie et la répétition de cette étape 3 fois de suite ou la réalisation de l’ensemble des étapes de la friction et la répétition de cet ensemble 3 fois.
Les recommandations de l’OMS[4] par exemple préconisent une désinfection des mains en 6 étapes et chaque étape est répétée avant de passer à la prochaine. Ces techniques gestuelles ont été proposées sur la base des tests réalisés dans le cadre de la norme NFEN 1500. Ces tests ont cependant été focalisés sur l’empreinte des mains et n’ont pas inclus les poignets.
Les recommandations de 2009 de SFHH, quant à elles, recommandent une désinfection des mains en 7 étapes. Les techniques gestuelles consistent à réaliser l’ensemble des étapes de 1 à 7 et de répéter l’ensemble des étapes 3 fois pour respecter la durée préconisée. Ces gestuelles présentent l’avantage d’inclure dans le processus de désinfection plusieurs points n’ayant pas fait l’objet de tests lors de l’élaboration de la norme NFEN 1500. Ces points désinfectés incluent le poignet, les espaces interdigitaux, les ongles, les pouces qui peuvent également constituer des points d’entrée pour la transmission croisée. Elles préconisent par ailleurs de ne porter ni montre, ni bijou, bague ou alliance pendant la désinfection, de porter des ongles courts et d’éviter les faux-ongles ou les vernis, et de découvrir les avant-bras en portant une blouse à manche courte.
Les bonnes gestuelles incluent notamment [5]:
- la prise d’un volume nécessaire à la friction pour un traitement hygiénique des mains par friction, permettant de couvrir les mains et les poignets selon le type de produit et la grandeur des mains,
- l’application du produit sur des mains sèches et visiblement propres,
- la couverture de toute la surface des deux mains et des poignets en suivant les sept étapes suivantes : paume contre paume, paume contre le dos de la main (paume gauche sur main droite puis inverser), paume contre paume avec doigts entrelacés, dos des doigts contre paume opposée, l’ensemble des pouces, ongles dans le creux de la main, poignets par rotation,
- la répétition de ces sept étapes à plusieurs reprises, autant de fois que possible jusqu’au bout du temps de contact et,
- la friction des mains jusqu’au séchage complet et pour une durée suffisante,
Les gestuelles recommandées lors du lavage initial en début de programme incluent :
- le lavage des mains au savon doux pour une durée totale qui ne doit pas excéder une minute pour l’ensemble du lavage,
- l’utilisation d’une brosse que pour les ongles et uniquement pour le premier lavage de la journée,
- le rinçage des mains pour une minute de manière très complète, en assurant une action mécanique pour éliminer tout résidu de savon,
- l’essuyage des mains avec un essuie-mains non stérile, de manière très complète incluant les avant-bras et les coudes.
Les gestuelles recommandées pour la procédure de désinfection chirurgicale par friction comprennent :
- la réalisation de lavage de mains à l’entré du bloc opératoire, au moins 10 minutes avant de procéder à la désinfection chirurgicale par friction,.
- la désinfection en deux temps pour éviter les erreurs d’asepsie, la première friction inclura les coudes, la seconde s’arrêtera au niveau des avant-bras. La durée totale des deux frictions cumulée sera celle nécessaire pour répondre à la norme EN12791.
- de ne réaliser, à la fin du geste opératoire et si une seconde intervention est prévue, que la désinfection chirurgicale par friction, sans lavage des mains au savon, sauf si les mains sont visiblement souillées ou si des gants poudrés ont été utilisés ; si un lavage des mains est nécessaire, il est recommandé de l’effectuer immédiatement après retrait des gants.
De plus amples informations détaillées sur les techniques gestuelles recommandées sont décrites dans le manuel portant sur les recommandations de l’hygiène des mains publiées par SFHH en Juin 2009.
La durée recommandée
Les recommandations de 2002 portent sur une durée uniforme de 30 secondes pour le traitement hygiénique des mains par friction.
Etant donné que :
- la norme NFEN 1500 ne valide l’activité bactéricide in vivo d’un produit qu’après une durée de contact de 30 à 60 secondes, et
- la norme NFEN 1275 ne valide l’activité levuricide in vitro d’un produit qu’après une durée de contact de plusieurs minutes,
- l’activité levuricide d’un produit in vivo est validée en moins d’une minute,
les nouvelles recommandations de 2009 ne proposent pas un temps unique. Elles proposent de choisir les temps de contact en fonction des situations et de prendre en considération pour un produit donné :
- la durée qui couvre la bactéricide in vivo selon la norme NFEN 1500,
- la durée qui couvre l’activité levuricide selon la norme NFEN 1275,
- ainsi que le temps de contact nécessaire pour l’activité virucide selon la norme NFEN 14476.
Les différents professionnels de la santé peuvent accéder aux informations relatives aux produits par le biais de la Liste Positive des Désinfectants de la Société Française d’Hygiène Hospitalière [6] ou via le site web de ProdHyBase[7] .
La durée minimum de contact est cependant fixée à 20 secondes afin de permettre une couverture correcte.
La dose recommandée
Suite à une étude multicentrique réalisée en 2008, la dose nécessaire pour une friction efficace est variable d’une personne à une autre pour un même produit. Les recommandations 2009 de SFHH préconisent ainsi de former les soignants à estimer leur dose personnelle pour un produit déterminé en veillant à effectuer les bonnes gestuelles, à respecter les temps de contact prévus dans les protocoles de l’établissement de santé.
Les moments recommandés pour effectuer une désinfection des mains par friction
Les précautions standard préconisent de recourir à une désinfection des mains par friction immédiatement avant tout contact direct avec un patient, immédiatement avant tout soin propre ou tout acte invasif, entre un soin contaminant et un soin propre ou un acte invasif chez un même patient, après le dernier contact direct ou soin auprès d’un patient, après un contact avec l’environnement immédiat du patient, après tout contact avec des liquides biologiques immédiatement après avoir retiré les gants , avant d’enfiler des gants pour un soin, et immédiatement après le retrait des gants de soins.
Le recours aux procédures par friction s’applique par ailleurs dans tous les lieux de soins (unités d’hospitalisation et d’hébergement, plateaux techniques, cabinets d’exercice de tous les professionnels de santé, domicile ou substitut de domicile, etc…) et s’appliquent à tous les professionnels de santé. Sont également concernés par ces procédures :
- les prestataires internes et externes, les bénévoles et autres professionnels (aide-ménagère, auxiliaire de vie…),
- les visiteurs et les familles lorsqu’ils participent (sont associés) aux soins.
- Séparation du lavage et de la désinfection dans le cadre de la désinfection chirurgicale des mains par friction
Les recommandations formulées par la SFHH en 2009 mettent en exergue la nécessité de distancer les deux différentes procédures qui sont le lavage préalable des mains et la désinfection par friction par un délai minimum de 5 minutes. En effet, il a été constaté que lorsque ces deux procédures sont effectuées successivement, une humidité persistante réside dans la couche cornée de la peau et cette persistance peut durer jusqu’à 10 minutes après que les mains aient été essuyées.
Cette technique gestuelle relevant de la désinfection chirurgicale des mains par friction nécessite la création de postes de lavage de mains au vestiaire pour une meilleure efficacité.
- Démarche rigoureuse dans le choix des produits pour la désinfection des mains par friction
Le personnel soignant est incité à prendre en compte quatre éléments principaux afin de renforcer la démarche de choix des produits pour la désinfection des mains par friction en milieu hospitalier. Ces éléments incluent :
- la prise en compte des critères microbiologiques à exiger par type de friction. Les critères nécessaires pour un traitement hygiénique par friction diffèrent des critères pour une désinfection chirurgicale par friction. Les critères minima à considérer pour les deux types de procédures sont les mêmes que ceux exigés pour pouvoir inscrire un produit dans la Liste des Produits Désinfectants de la SFHH ou les critères recommandés sur le site web de ProdHyBase.
Il est ainsi recommandé de choisir :
- des produits répondant aux normes NF EN 1040, NF EN 1275 et NF EN 1499 pour le lavage hygiénique des mains par friction,
- des produits répondant aux normes NF EN 1040, NF EN 1275 et NF EN 1500 pour le traitement hygiénique des mains par friction,
- des produits répondant aux normes NF EN 1040, NF EN 1275 et NF EN 12791 avec une évaluation de l’effet après trois heures pour la désinfection des mains par friction,
- des produits répondant à la norme NF EN 14476+1 à activité virucide en situation d’épidémie,
- d’éviter les produits à activité sporicide ou mycobactéricide ou tuberculicide pour les produits d’hygiène des mains.
- les établissements de santé sont fortement encouragés à effectuer des essais de terrain pour vérifier la tolérance effective d’un produit. La SFHH préconise de réaliser des essais séparés pour les deux procédures de traitement hygiénique des mains par friction et la désinfection chirurgicale des mains par friction car le classement des tolérances diffère d’une procédure à l’autre.
La durée d’un essai de terrain d’un produit se fait sur 3 à 4 semaines, le test consiste à comparer l’état des mains avant et après l’essai sur terrain en utilisant une méthode validée par l’OMS par exemple. Avant de tester un autre produit, il est recommandé de revenir à la normale en utilisant le produit habituel pendant au moins deux semaines.
L’essai doit se faire obligatoirement en hiver pour mieux exploiter les résultats obtenus.
Le produit à essayer doit être au moins aussi bien toléré que le produit habituel et l’essai sur terrain est à effectuer auprès d’un assez grand nombre de participants afin de pouvoir valider statistiquement les résultats obtenus.
- d’autres critères sont également à prendre en compte lors des essais des produits tels que la texture du produit, sa facilité à couler sur le sol, l’altération possible du sol, l’odeur du produit qui pourrait être mal supportée par les patients en chimiothérapie, le conditionnement du produit tel que la fragilité ou le manque de praticité d’un distributeur.
- les établissements de santé sont également invités à mettre en place une procédure de vigilance pour détecter les réactions irritatives et allergiques des produits et de prendre en compte les résultats constatés lors du choix des produits.
Outre les recommandations techniques portant sur l’hygiène des mains en milieu hospitalier, les recommandations de 2009 publiées par SFHH prévoient également des mesures institutionnelles pour l’amélioration de l’observance des procédures dans les établissements de santé.
- Définition d’une stratégie d’implantation de l’hygiène des mains par les établissements de santé
Chaque établissement de santé est invité à établir une politique de promotion de l’hygiène des mains clairement définie et dans laquelle la Direction est fortement engagée, de prévoir des formations du personnel sur l’hygiène des mains et d’en assurer périodiquement l’évaluation, de sensibiliser le personnel sur le fait que l’hygiène des mains constitue une obligation professionnelle et un droit pour le patient, de formaliser dans les fiches de poste et les chartes de bloc opératoire certaines des précautions standard portant par exemple sur l’interdiction d’avoir des ongles longues durant les soins.
Pour arriver à retirer intégralement les savons antiseptiques des établissements de santé et des patients qui les utilisent également, les établissements de santé devraient également établir une politique d’achat et une stratégie de mise en place des produis hydro-alcooliques. Il leur est recommandé de réfléchir aux dispositions nécessaires pour leur déploiement dans les différents services et de les intégrer dans les stratégies et les projets des établissements. Ces dispositions concernent entre autres: le mode de conditionnement des produits pour chaque service (flacon pompe, ou flacon individuel ou autres), l’amélioration des postes de lavage et de l’ergonomie du lieu de travail en tenant compte des spécificités propres à chaque service, l’installation de distributeurs de produit à proximité des lieux de soin, l’association de la médecine du travail et pharmaciens ou le responsable des achats dans le choix des produits.
L’amélioration de la communication fait également partie intégrante des recommandations formulées par la SFHH. Elle implique d’effectuer des campagnes de sensibilisation sur l’hygiène des mains, de répéter les messages en vue d’instaurer une culture de l’observance grâce à différents outils de communication, d’expliquer au personnel et aux professionnels de santé l’intérêt d’observer l’hygiène des mains en milieu hospitalier.
Conclusion de la première partie :
Les différents travaux réalisés jusqu’à ce jour ont démontré la grande importance de l’observance de l’hygiène des mains pour lutter contre les infections nosocomiales en milieu hospitalier. Les pratiques adoptées pour l’hygiène des mains n’ont cessé d’évoluer et tiennent en compte des facteurs tels que la recherche d’une meilleure tolérance cutanée pour les mains du personnel soignant. Dans le but de tenir compte de l’évolution des techniques d’hygiène des mains et de converger vers une meilleure observance de ces gestes, la SFHH a publié en 2009 des recommandations qui apportent des informations scientifiques, pratiques et stratégiques pour les aider à mettre en œuvre de manière efficace une meilleure hygiène des mains dans les établissements de santé. Ces recommandations couvrent plusieurs aspects et incluent entre autres : les normes et les modalités de choix des produits à utiliser, les recommandations quant aux gestes techniques, les mesures à mettre en place pour bénéficier de produits tolérants, la nécessité de mettre en place des stratégies d’implantation de l’hygiène des mains incluant la formation et la sensibilisation du personnel soignant ainsi que l’amélioration des infrastructures et équipements à la disposition du personnel hospitalier.
[1] En 1867, Joseph Lister invente le concept d’asepsie qu’il applique à la chirurgie e à la désinfection des plaies grâce à des produits iodés.
[2] Comité Technique National des Infections Nosocomiales, Conseil Supérieur d’hygiène publique en France
[3] Centre de coordination de la Lutte contre les Infections Nosocomiales
[4]Recommandations de l’OMS dans ‘’Clean Care is Safer Care’’
[5] Recommandations pour l’hygiène des mains, SFHH, Juin 2009,
[6] http://sfhh.net
[7] http://prodhybase.chu-lyon.fr
Nombre de pages du document intégral:17
€24.90