L’illettrisme au sein des allocataires du RSA : Défis et perspectives pour les travailleurs sociaux
SOMMAIRE
1ère partie : APPROCHE THEORIQUE des bénéficiaires du rsa en situation d’illettrisme. 7
- L’illettrisme et ses répercussions socioprofessionnelles. 7
- La notion d’illettrisme. 7
- Définition de l’illettrisme. 7
- Différence entre illettrisme et analphabétisme. 8
- Les problématiques liées à l’illettrisme. 9
- L’illettrisme en chiffres. 9
- L’illettrisme et le problème d’accès à l’emploi 10
- L’illettrisme et l’exclusion professionnelle. 11
- La problématique des allocataires du RSA en situation d’illettrisme. 12
- Les catégories d’allocataires du RSA.. 12
- La typologie des allocations. 14
- Le profil des bénéficiaires. 14
- Un dispositif RSA visant la levée de ce frein massif à l’emploi 16
- Le dispositif RSA.. 16
- L’accompagnement social 16
- Un positionnement éthique et méthodologique des Assistants de Service Social centré sur la construction de l’adhésion. 17
- Les principales missions des Assistants de Service Social 17
- Ethique et méthodologie. 17
- La mission d’accompagnement 19
- Intervention sociale et illettrisme. 20
- Les rôles des Assistants de Service Social 20
- Les difficultés rencontrées par le travailleur social dans l’orientation vers les formations aux savoirs de base 21
- La démarche méthodologique. 24
- Le choix du terrain et la constitution de l’échantillon. 24
- L’outil d’enquête et passation des entretiens. 25
- L’exploitation des données. 25
- Une reconnaissance des besoins difficile pour les personnes accompagnées. 26
- Des allocataires souvent dans le déni ou masquant leur illettrisme. 26
- Des Assistants de Service Social qui identifient le problème de l’illettrisme mais attendent qu’ils s’expriment lors des entretiens (par verbalisation ou par impossibilité à lire / écrire en lien avec des démarches) 27
- Si perdure un déni, l’évocation directe du problème. 28
- L’approche par confrontation à la réalité. 28
- De l ‘orientation à l’entrée en formation, un maitre mot : la recherche de l’adhésion. 29
- La phase d’orientation : entre visée d’empowerment et responsabilisation. 30
- Faire verbaliser les peurs et les représentations négatives. 30
- Aider à déconstruire les autodépréciations par rapport aux apprentissages. 31
- Rappeler à l’allocataire l’engagement contractuel de démarche d’insertion. 32
- L’appui sur des leviers à la fois objectifs et subjectifs. 32
- Les enfants, un puissant facteur déclencheur d’entrée en formation. 32
- Le désir d‘un rapide retour à l ‘emploi durable par nécessité financière. 33
- L’importance de la phase de préparation à l’entrée en formation. 34
- Travailler l’adhésion véritable au projet de formation et son appropriation. 34
- Les modalités concrètes pour dédramatiser l’entrée en formation. 35
- La levée des freins. 36
- Des freins concrets. 36
- Des refus ou des rétractations de dernière minute liées à une peur paralysante. 36
- Parfois des refus venant du conjoint 37
3ème partie : VERS LA CONSTRUCTION DE LA RECHERCHE.. 38
INTRODUCTION
En septembre 2014, Emmanuel Macron déclare que plusieurs salariés de la société Gad sont illettrés. Il a dû s’excuser par la suite pour ses propos qui ont fait polémique et choqué plus d’un. L’illettrisme demeure un sujet « tabou » alors qu’il concerne près de 2 millions et demi de personnes en France, d’après les chiffres de l’Insee pour l’année 2011. Cette notion se définit par la non-maîtrise des savoirs de base : lecture, écriture et calcul. Elle apparait pour la première fois en 1981. Savoir lire, savoir écrire et savoir calculer sont des compétences indispensables dans la société actuelle. La mondialisation et le rôle prépondérant de la communication et du multilinguisme mettent, ainsi, la lumière sur les personnes en situation d’illettrisme, notamment, sur leur difficulté à accéder à un emploi stable et plus ou moins bien rémunéré. Il est plus que temps de lever le voile sur l’illettrisme, et c’est une des raisons qui m’ont poussée à travailler sur ce thème.
En formation Assistant de Service Social, j’ai effectué mon stage de première année au sein d’un service social d’entreprise. Lors de ce stage, j’ai été confrontée à des agents en situation d’illettrisme. Pendant une réunion de comité d’hygiène et de sécurité, le coordinateur qui animait la séance a demandé à un agent de lire les consignes, mais celui-ci ne savait pas et prétextait avoir oublié ses lunettes. Il était par ailleurs très gêné, car certains de ses collègues se moquaient de la situation. Ce phénomène présent dans le milieu professionnel m’a interpellé. En effet, cette entreprise intervient dans la gestion du courrier. Mon interrogation portait alors sur la manière dont ces agents percevaient leur travail au quotidien sachant qu’une maitrise des compétences de base (lire, écrire) était nécessaire. De là m’est venue l’idée de m’intéresser à la problématique de l’illettrisme dans le milieu professionnel.
Ma conviction pour approfondir le sujet se renforce lorsqu’en deuxième année, pendant mon stage en polyvalence de secteur dans un Conseil Général, des faits similaires se produisent. Une des missions premières du CG c’est l’insertion. Les ASS ont pour mission de suivre les allocataires du RSA, et de mettre en place un Contrat d’Engagements Réciproques (CER) qui soumet les usagers à des droits et devoirs. Lors des différents entretiens, j’ai constaté que certains d’entre eux étaient aussi en situation d’illettrisme. Leur illettrisme constituait un frein à leur épanouissement socioprofessionnel. Le public est différent des agents que j’ai rencontrés à mon premier stage et est concerné par d’autres problématiques. De là m’est venue l’idée d’aborder le problème de l’illettrisme au niveau des bénéficiaires du RSA. Ce public représente 26% de la population. Ce thème s’est avéré être pertinent, d’autant plus que le Conseil Général est instructeur des dossiers de Revenu de Solidarité Active (RSA) dont l’objectif est de permettre un retour à l’emploi. A cause de l’illettrisme, les usagers ne peuvent pas effectuer les démarches administratives ni compléter seules le CER. Autonomiser l’usager est une des principales missions de l’ASS. Seulement, comment faire lorsque l’usager est en situation d’illettrisme ? C’est alors que je me suis demandé comment renforcer l’accompagnement social des allocataires du RSA en situation d’illettrisme sachant qu’ils constituent environ 20 % du total. L’illettrisme est un frein à l’employabilité. Et l’absence d’emploi est source de nombreux problèmes socioéconomiques. C’est ainsi que se confirme l’importance de la mission de l’ASS. Le remplacement du RMI par le RSA a apporté des changements concrets et renforce la lutte contre la pauvreté et l’exclusion professionnelle. Cette mutation va avoir un impact sur le rôle qu’auront les travailleurs sociaux dans ce dispositif.
Ce travail s’articulera autour de la relation entre usager et Assistant de Service Sociale. Lors des différents entretiens auxquels j’ai pu assister avec des travailleurs sociaux, il m’a semblé que le niveau d’étude est une question sur laquelle il faudrait réfléchir davantage, car il constitue un des freins majeurs quant à la possibilité d’un retour vers l’emploi. Il faut savoir que les bénéficiaires du RSA signent un contrat d’engagements les soumettant à l’obligation de chercher un emploi. Pour y parvenir, ils bénéficient d’un accompagnement social et professionnel personnalisé. Mon étude partagera ce même objectif, mais je me focaliserai sur les missions de l’Assistant de Service Sociale quant à l’éradication des freins à l’emploi.
J’ai constaté plusieurs faits lors de mes recherches et stages. Tout d’abord, j’ai pu relever plusieurs types de blocage dans la réinsertion professionnelle. Il peut s’agir de freins institutionnels, d’une contrainte de temps, de la réticence des usagers ou d’un manque de stratégie de la part des travailleurs sociaux. L’employabilité des usagers est également limitée par l’illettrisme. Le fait est qu’actuellement, les nouveaux besoins économiques exigent un certain nombre de connaissances, que ce soit pour exercer dans le secteur primaire, le secteur secondaire ou le secteur tertiaire. Cette évolution économique va de pair avec l’évolution de la société en générale. Il est plus que difficile de vivre avec un emploi précaire ou un petit boulot tel que « coller des enveloppes ». Les entreprises exigent un minimum de niveau de connaissances. Voilà une raison qui exclut les personnes en situation d’illettrisme du monde du travail. Face à ces freins, j’ai également constaté une certaine faiblesse au niveau de l’ASS. Prônant l’éthique et le respect de la volonté de l’usager, elle a du mal à motiver celui-ci à vouloir s’impliquer un peu plus dans la lutte contre l’illettrisme. Certains usagers refusent d’accéder à des formations aux acquis de base en mettant en avant une certaine forme de résistance, un sentiment d’angoisse lié à un échec antérieur à l’école. Ce sont des personnes en difficulté sociale ; et pour la plupart, tant que le problème n’est pas réglé, il n’y a pas de retour à l’emploi. Ces freins et ces résistances posent un problème au Contrat d’engagements. Moi-même sur le terrain j’ai pu être confrontée à cette problématique. A plusieurs reprises, j’ai ressenti de l’impuissance face à ces usagers qui ne souhaitent pas entamer une formation aux acquis de base par peur de les bousculer, car je respecte l’éthique du travail social et la volonté de l’usager. Un autre facteur de blocage se manifeste par ailleurs par les personnes en situation d’illettrisme qui mettent en place des stratégies de contournement que les ASS ne vont pas savoir détecter. Les travailleurs sociaux tombent ainsi dans une impasse. Comment les ASS peuvent-ils procéder face à ce sentiment d’impuissance ? L’illettrisme est un problème que l’on n’ose pas toujours aborder. Le sujet peut choquer la personne concernée. Cela reconfirme la stigmatisation liée à l’illettrisme. Le cas est différent de celui d’un public analphabète ou primo-arrivant qui n’a jamais été scolarisé ou est étranger. Les personnes classées dans la catégorie des illettrées ou en situation d’illettrisme sont celles qui sont nées en France et y ont été scolarisées.
Afin de mieux aborder la problématique des personnes en situation d’illettrisme, notamment les allocataires du RSA qui constituent le public de cette étude, je vais étudier plusieurs concepts dont l’illettrisme, l’analphabétisme, la stigmatisation, l’intégration, etc. Intégrer le milieu professionnel ne serait possible que si la situation change, c’est-à-dire si l’illettrisme est éradiquée. Et c’est l’unique moyen de respecter les clauses du contrat d’engagements réciproques du RSA. Comment les assistants de service social s’y prennent-ils pour amener des allocataires du RSA en situation d’illettrisme à lever le frein à l’emploi face à la résistance de ces personnes? Les réponses à cette question s’articulent autour des 3 parties que j’ai choisies pour traiter ce mémoire. Je commencerai par une approche théorique de l’illettrisme en axant la réflexion sur le cas des allocataires du RSA. La deuxième partie concernera la phase exploratoire traduite par les entretiens et observations sur le terrain. Je terminerai par la présentation de l’intérêt professionnel et des conséquences pragmatiques de mes recherches.
1ère partie : APPROCHE THEORIQUE des bénéficiaires du RSA en situation d’illettrisme
Les problèmes sociaux se manifestent de diverses manières : pauvreté, toxicomanie, criminalité, décrochage scolaire, illettrisme… Ils sont au cœur des actions des travailleurs sociaux. Dans cette partie théorique seront abordées des notions relatives au travail social comme la notion d’accompagnement. Mon thème concernant les allocataires du RSA en situation d’illettrisme, cette notion sera aussi étudiée de près afin que les éléments qui font qu’elle constitue un problème social majeur soient inventoriés. Il conviendra également de parler du dispositif RSA, de ses principes et du contrat d’engagement. Les bénéficiaires de cette aide, formant le public ciblé dans cette recherche, seront aussi étudiés. Cette partie théorique analyse les impacts de l’illettrisme sur la vie socioprofessionnelle des allocataires du RSA et les actions de l’ASS pour affronter ce problème.
Pour rédiger cette première partie, j’ai commencé par répertorier les articles d’actualités sur l’illettrisme. Cela m’a permis d’inscrire mon thème dans un cadre réel et de définir des objectifs concrets. J’ai également recensé quelques ouvrages qui portent sur des thématiques variées telles que l’illettrisme, l’intégration sociale, l’exclusion professionnelle mais aussi les missions d’un Assistant de Service Social. Mon plan a été personnalisé en fonction de l’avancement des recherches bibliographiques. Cette première partie m’aura permis de démontrer le bien-fondé de mon sujet et de préparer les investigations sur terrain.
« L’illettrisme est un phénomène complexe qui s’étend bien au-delà des milieux défavorisés. Même si la plupart des personnes rencontrant des difficultés à lire et écrire sont intégrées, ont un travail, une famille, les lacunes sont ressenties comme difficiles à vivre: l’illettrisme est étroitement lié à des désarrois sociaux et économiques. »[1] La mission de l’ASS est d’aider à lever ces problèmes. Pour bien comprendre ce phénomène, je vais commencer par quelques essais de définition.
L’Agence Nationale de Lutte contre l’Illettrisme (ANLCI) cité par Philippe Meirieu[2]donne une définition de cette notion : « L’illettrisme concerne les adolescents de plus de 16 ans et les adultes qui ont bénéficié d’une formation ou d’une scolarité, et pour qui le recours à l’écrit n’est ni immédiat, ni facile, ni spontané, pour qui, l’écrit n’est pas un moyen privilégié d’expression et de communication et qui risquent donc d’être fragilisés sur le plan professionnel, voire exclus de nombre d’échange culturels et menacés de marginalisation progressive ». Cette définition démontre les relations existantes entre l’illettrisme et l’exclusion sociale, ainsi que les répercussions de l’illettrisme. Il s’agit d’un problème social, culturel et professionnel, un frein à l’intégration sociale d’un individu. En effet, une personne en situation d’illettrisme éprouve des difficultés à mobiliser et à comprendre les bases de connaissance. Par conséquent, les illettrés ont tendance à éviter ce moyen d’expression et de communication[3].
Gilles Paris (2000) dénonce une situation découlant du contexte social dans lequel vit ou a vécu l’individu. Pour cet auteur, les personnes dont les parents sont illettrés peuvent avoir plus de difficultés à comprendre l’écrit par rapport aux personnes ayant des parents lettrés. De même, les enfants dont les parents sont divorcés ou décédés sont plus vulnérables à l’illettrisme par rapport aux enfants qui vivent encore avec leurs parents. Le soutien des proches et des éducateurs est un facteur clé dans la motivation et la dynamisation d’une personne par rapport à l’apprentissage.
L’illettrisme et l’analphabétisme sont deux notions différentes :
- Une personne illettrée ne dispose pas des « compétences de bases (lecture, écriture, calcul) suffisantes pour faire face de manière autonome à des situations courantes de la vie quotidienne écrire une liste de courses, lire une notice de médicament, un mode d’emploi d’appareil ou une consigne de sécurité, rédiger un chèque, lire le carnet scolaire de son enfant, et bien sûr entrer dans la lecture d’un livre… »
- Une personne analphabète n’a jamais été scolarisée.
Le refus d’entrer en formation résulte souvent d’un décrochage scolaire. Ce phénomène n’a pas été éradiqué malgré le fait que la scolarisation soit obligatoire pour les enfants de 6 à 16 ans dans les pays industrialisés. Les élèves en situation d’échec scolaire rencontrent aussi de nombreuses complications une fois sur le marché du travail, sans oublier leur démotivation à un retour à la formation. De nombreux allocataires du RSA sont dans la même situation.
Déclarée grande cause nationale pour la France en 2013, l’illettrisme est un problème réel comportant des retentissements sociaux considérables. La lutte contre l’illettrisme ne cesse de se renforcer et mobilise associations, travailleurs sociaux et organismes de toutes sortes. En France, 2,5 millions de personnes sont considérées comme illettrées en 2013. Cette population est âgée de 18 à 65 ans.
Graphe 2 : Répartition des personnes en situation d’illettrisme par tranche d’âge
Source : INSEE, ANLCI (2013)
La faible proportion des jeunes, entre 18 à 35 ans, en situation d’illettrisme traduit le progrès de l’éducation et de la scolarisation. Ce graphe montre, toutefois, que les personnes de plus de 45 ans sont plus sujettes à l’illettrisme.
Pour ce qui est de la répartition par sexe du problème d’illettrisme, 2013 affiche un taux masculin de 60,5% et un taux de 39,5 % pour les femmes. La proportion des personnes en situation d’illettrisme est plus forte en zone urbaine sensible.
Le problème n’a pas toujours été abordé en profondeur étant donné que certaines personnes en situation d’illettrisme travaillent. C’est d’ailleurs ce que j’ai pu constater lors de mon stage de première année. Force est de constater les difficultés que rencontrent ces personnes dans le monde du travail d’aujourd’hui, un milieu qui exige un niveau d’étude plus ou moins poussé. Les concernés cachent souvent leur problème parce qu’ils en ont honte. Je suis parti de ces données chiffrées pour conceptualiser mon étude. En ce qui concerne les allocataires du RSA en situation d’illettrisme, ils constituent 20 % des bénéficiaires. Le taux a légèrement baissé puisqu’en 2004, il était à 26 %, selon toujours les chiffres de l’ANLCI.
Dans ce mémoire, je me consacre surtout aux répercussions socioprofessionnelles de l’illettrisme. Dans le sens où, pour aider les allocataires du RSA à sortir du dispositif donc à trouver un emploi, une profonde analyse de ce problème qui concerne 20 % d’entre eux est essentielle. Je regroupe dans les difficultés socioprofessionnelles : la précarité de l’emploi, la difficulté à en trouver et le chômage.
Les personnes en situation d’illettrisme occupent un emploi précaire parce qu’elles ne disposent pas de compétences professionnelles à même de leur offrir une situation plus stable. La difficulté à trouver un emploi se matérialise par les bouleversements du marché du travail, aujourd’hui caractérisé par de nouvelles offres, exigeant des compétences solides et un niveau d’étude élevé. Ce graphe montre illustre la forte proportion des personnes en situation d’illettrisme dans le monde du travail, proportion qui ne démontre pas pour autant leur intégration professionnelle, puisque la plupart des emplois occupés sont précaires, c’est-à-dire n’apportent pas suffisamment de revenus.
Graphe 3 : Répartition des personnes en situation d’illettrisme dans les catégories socioprofessionnelles
Source : INSEE, ANLCI (2013)
Trouver un emploi bien rémunéré est difficile pour les personnes en situation d’illettrisme. Sur un marché du travail où nombreux jeunes diplômés peinent à trouver un emploi, comment des personnes vivant une telle difficulté pourraient réussir ? Sujet « tabou » pour certains, honteux pour d’autres, l’illettrisme est un problème social majeur et les individus qui en sont concernés sont également victimes d’une certaine exclusion, notamment dans le domaine professionnel. Mais cet absence d’emploi crée aussi une autre forme d’exclusion, car se manifestent souvent des cas de ruptures avec la famille, la société et les relations.
L’exclusion peut se manifester par une « désaffiliation, désinsertion, marginalisation qui sont les signes plus ou moins visibles, les différentes déclinaisons, manifestes dans les domaines professionnel et/ou relationnel. »[4] Les recruteurs sont aujourd’hui très sélectifs. C’est une des raisons qui compliquent la recherche d’un emploi, d’autant plus lorsqu’on est sujet à des difficultés : maladie, handicap, illettrisme, manque d’expérience, pauvreté. Ce dernier élément me rappelle un article concernant les actions de La Cravate Solidaire, association fournissant un habillement professionnel pour les personnes qui vont passer un entretien d’embauche. La société actuelle accorde beaucoup d’importance à l’apparence. L’exclusion professionnelle peut se manifester dans tous les secteurs d’activité.
La fragilité socioprofessionnelle des personnes en situation d’illettrisme n’est plus à prouver. J’ai rencontré plusieurs personnes sujettes à ce problème dans le cadre de mes stages. Il existe des relations de cause à effet considérables entre l’illettrisme et l’exclusion.
« L’illettrisme se manifeste le plus souvent par :
- Une non-maîtrise des codes écrits et une non-utilisation des ces derniers,
- Des difficultés de communication,
- Une dévalorisation de la personne,
- Une absence de capacité d’anticipation et de raisonnement logique,
- Une vie professionnelle précaire »[5]
Ces manifestations de l’illettrisme constituent les premiers facteurs de blocage pour les personnes concernées. Parce qu’elles ne savent ni lire ni écrire, elles sont limitées dans les activités qu’elles peuvent exercer. Or, l’accès à un emploi est un des principaux facteurs d’intégration sociale.
« 20 % des allocataires du RSA sont en situation d’illettrisme (26 % en 2004). Parmi les personnes allocataires du RSA (RMA, RSO) la proportion des personnes en situation d’illettrisme est donc trois fois plus élevée que dans l’ensemble de la population concernée.» (ANLCI, 2013). Cette forte proportion des allocataires en situation d’illettrisme démontre la pertinence de mon choix de ce groupe pour la réalisation de la présente étude. Avant d’aborder les problématiques liées à l’illettrisme, je vais parler du RSA, des allocations et des bénéficiaires. J’aborderai ensuite l’illettrisme en comparant la notion avec l’analphabétisme, deux concepts souvent confondus. Ces définitions me permettront d’aboutir à l’analyse concrète du problème d’illettrisme des allocataires du RSA sur la base de quelques chiffres. Il convient de bien approfondir le problème afin de cerner la meilleure stratégie d’accompagnement pour le retour à l’emploi des allocataires.
Le Revenu de Solidarité Active ou RSA a vu le jour, en 2008, suite à une réforme des politiques d’aide et d’insertion sociale. Il remplace le Revenu Minimum d’Insertion ou RMI en vigueur pendant 20 ans. L’historique du RSA se résume dans ce tableau que j’ai pris sur un site d’information sur le dispositif.
Tableau 1 : Toutes les dates clés du RSA, Revenu de Solidarité Active :
2013 | 21 Janvier 2013 | Adoption du Plan Pluriannuel contre la pauvreté avec pour objectif un RSA à 50% du SMIC en 2017. |
2012 | 10 Décembre 2012 | Conférence nationale contre la pauvreté et pour l’inclusion sociale. |
1 Janvier 2012 | Entrée en vigueur du RSA à Mayotte. | |
2011 | 1 Janvier 2011 | Extension du RSA aux départements d’Outre-mer (DOM) |
2010 | 1 Septembre 2010 | Extension du RSA aux jeunes de moins de 25 ans sous conditions. |
2009 | Juillet 2009 | Le premier versement du RSA par les 123 Caf. |
1 Juin 2009 | Application du RSA prévue en métropole et, au plus tard, 1er janvier 2011 dans les DOM. | |
2008 | 22 Septembre 2008 | Ouverture de la session extraordinaire et début du débat parlementaire du projet de loi. |
3 Septembre 2008 | Présentation en conseil des ministres du projet de loi généralisant le RSA et réformant les politiques d’insertion. | |
9 Juillet 2008 | Conférence de concertation sur le RSA. | |
Mai 2008 | Consultation sur le livre vert : Vers un Revenu de Solidarité Active par Martin HIRSCH, haut Commissaire aux Solidarités actives contre la pauvreté. Livre Vert vers un Revenu de Solidarité Active | |
2007 | 1 Août 2007 | Loi en faveur du travail, de l’emploi et du pouvoir d’achat (Tepa). |
10 Juillet 2007 | Installation du Comité d’évaluation national des expérimentations du RSA. | |
20 Juin 2007 | Présentation du RSA au Conseil des ministres |
Source : http://rsa-revenu-de-solidarite-active.com[6]
Il existe 3 grands types d’allocations RSA :
- Le RSA socle seul est octroyé aux foyers qui n’ont pas de revenus d’activité.
- Le RSA socle et activité est offert à ceux qui ont de faibles revenus d’activité par rapport au forfait imposé.
- Le RSA activité seul concerne les foyers qui ont un niveau de revenu supérieur au forfait imposé.
Ces allocations sont attribuées aux personnes de plus de 25 ans. Les moins de 25 n’y ont droit que si elles ont un enfant à charge.
Il existe par ailleurs une allocation spéciale pour les jeunes actifs. Ce RSA jeune actif est réservé aux jeunes de 18 à 24 ans qui justifient d’une certaine durée d’activité professionnelle. La durée minimum est d’au moins 2 ans à temps plein au cours des 3 ans antérieurs à la demande.
En plus de la prestation monétaire, le contrat d’engagement réciproque du RSA comprend un volet accompagnement.
Les bénéficiaires du RSA comprennent plusieurs catégories de personnes et famille. Selon la CNAF (2013), la répartition se fait comme suit :
- « Femme seule avec enfant : 31 %
- Femme seule sans enfant : 17 %
- Couple sans enfant : 4 %
- Homme seul sans enfant : 30 %
- Couple avec enfant : 15 %
- Homme seul avec enfant : 2 % »[7]
Ce graphique montre la forte proportion des allocataires du RSA en âge actif. Plus de la moitié ont moins de 55 ans.
Les objectifs du RSA s’articulent autour de quelques points essentiels : « Rendre le retour à l’emploi plus rémunérateur que le maintien dans l’assistance et lutter plus efficacement contre la pauvreté… » Les bénéficiaires disposent de quelques devoirs mais jouissent aussi de certains droits facilitant l’atteinte de ces objectifs. En effet, le contrat d’engagement réciproque du RSA stipule que chaque bénéficiaire a droit à un accompagnement visant un retour à l’emploi. En plus de cet accompagnement, l’allocataire doit montrer son implication dans l’amélioration de sa situation socioprofessionnelle. Pour ce faire, il est dans l’obligation de rechercher une meilleure source de revenu, c’est-à-dire un emploi suffisamment stable. Ces devoirs se heurtent à quelques complications dont j’ai moi-même été témoin lors de mes recherches. Le fait est que 20 % des allocataires du RSA sont en situation d’illettrisme, situation qui constitue à lui seul un frein à l’emploi considérable. Aussi nombreuses et variées que soient les offres sur le marché du travail actuel, il est difficile pour une personne ne disposant pas des compétences de base de trouver un emploi qui paie bien. Le rôle de l’ASS est non seulement d’accompagner les allocataires dans leurs démarches de recherche d’emploi mais aussi de pallier les problèmes liés à leur illettrisme.
Le dispositif RSA vise plusieurs objectifs dont le retour à l’emploi. Pour y parvenir, il offre un accompagnement aux allocataires concernés. Lors de mon stage, j’ai été confronté à quelques cas qui peuvent compliquer cet accompagnement. En effet, la reprise d’une activité professionnelle est conditionnée par plusieurs facteurs entre autres la maitrise des compétences de base. Or, plus du tiers des allocataires du RSA sont en situation d’illettrisme. Dans les parties qui suivent, je vais expliciter les relations entre illettrisme et employabilité.
Le volet « accompagnement » du RSA peut se faire de 2 façons. Chaque allocataire du RSA est accompagné par un « référent unique » s’occupant de :
- Orientation dans la recherche d’emploi avec l’aide des organismes de placement tels que Pole emploi.
- Orientation dans la recherche d’emploi avec l’aide des organismes sociaux pour les personnes qui ne peuvent pas travailler dans l’immédiat.
Les personnes en situation d’illettrisme font partie des allocataires ne pouvant pas exercer un emploi dans l’immédiat. L’objectif étant de trouver un travail fournissant des revenus convenables, il est indispensable de passer par une formation. D’où la délicatesse de l’accompagnement, car il est difficile de convaincre les gens de réapprendre. Comment l’ASS pourrait aider ?
« […] l’accompagnement entend rendre le bénéficiaire acteur responsable, capable de construire un projet face aux difficultés qu’il rencontre, et suffisamment autonome pour les surmonter. »[8] (Domingo Pauline, 2012). Les missions de l’ASS comportent, donc, plusieurs points :
- Identification des difficultés des allocataires du RSA par le dialogue
- Evaluation des besoins des allocataires en situation d’illettrisme : remotivation et formation
- Aide à l’autonomie en fonction des difficultés
Les difficultés des bénéficiaires du RSA, quant à la recherche d’emploi, que j’ai pu constater sont les suivantes :
- Le handicap
- La garde d’enfant
- La mobilité
- L’illettrisme
L’accompagnement par rapport à cette dernière problématique est encore assez mal défini. En effet, les travailleurs sociaux se heurtent à quelques blocages. Les allocataires du RSA en situation d’illettrisme cachent leur situation pour ne pas suivre la formation qui leur est proposée. Certains sont dans le déni et refusent catégoriquement d’aborder le sujet. Afin d’apporter plus d’éclairage à la méthode d’accompagnement, je vais poursuivre ce mémoire par l’éthique et la méthodologie des ASS.
- Un positionnement éthique et méthodologique des Assistants de Service Social centré sur la construction de l’adhésion
Les travailleurs sociaux sont confrontés à quelques difficultés dans l’exercice de leurs fonctions. L’usager exprime souvent une réticence par rapport aux interventions, c’est ce que j’ai pu constater lors de mes recherches. Les situations à traiter dans le champ du travail social sont de plus en plus nombreuses. Il convient de renforcer la stratégie d’accompagnement afin de faciliter l’adhésion des personnes en situation d’exclusion.
L’Assistant de Service Social base toutes ses actions sur la relation d’aide. Pour mener à bien ses fonctions, elle doit disposer de plusieurs qualités dont la disponibilité, l’accueil et le sens de l’écoute. Cela lui permet d’établir une relation de confiance avec l’usager. L’accompagnement doit comprendre tous les problèmes auxquels est confronté l’usager. Il faut également avoir une conscience éthique.
« La conscience éthique est indispensable à la pratique professionnelle de tout travailleur social. Sa capacité et son engagement à agir selon la déontologie sont essentiels à la qualité du service qu’il rend à ceux qui font appel à lui. » (Fédération Internationale des Travailleurs sociaux)[9]
Les principes de l’éthique, toujours selon la FITS, concernent le respect des :
- Droits de l’homme et de la Dignité humaine
- La justice sociale
L’étique en travail social constitue également le sens de la responsabilité professionnelle que tout travailleur social doit avoir. Cela doit transparaitre dans son rapport avec lui-même, avec les usagers et les institutions avec lesquelles il travaille.
La FITS définit les lignes de conduite professionnelle suivantes :
« 1. Les travailleurs sociaux doivent développer et entretenir leur compétence professionnelle et leur technique pour faire leur travail.
- Les travailleurs sociaux ne doivent pas utiliser leur technique en faveur d’objectifs inhumains comme la torture et le terrorisme.
- Les travailleurs sociaux doivent agir avec intégrité. Cela implique de ne pas abuser de la relation de confiance avec les personnes qui recourent à leurs services, et de reconnaître les limites entre la vie personnelle et la vie professionnelle, et de ne pas utiliser leur position pour un profit personnel.
- Les travailleurs sociaux doivent agir avec compassion, empathie et soin dans leur relation avec les personnes qui recourent à leurs services.
- Les travailleurs sociaux ne doivent pas subordonner les besoins ou intérêts des gens qui recourent à leurs services à leurs propres besoins ou intérêts.
- Les travailleurs sociaux ont le devoir de prendre les mesures de protection professionnelles et personnelles nécessaires à leur poste de travail et dans la société pour pouvoir rendre un service adapté.
- Les travailleurs sociaux doivent respecter le caractère confidentiel des informations relatives aux personnes qui recourent à leurs services. Les exceptions à cette règle ne peuvent être justifiées que par un impératif éthique supérieur (comme la préservation de la vie).
- Les travailleurs sociaux doivent savoir qu’ils sont responsables de leurs actions vis-à-vis des personnes avec lesquelles ils travaillent, de leurs collègues, de leurs employeurs, de l’association professionnelle et de la loi, et que ces instances peuvent être en conflit.
- Les travailleurs sociaux ont le devoir de collaborer avec les écoles de travail social pour permettre aux étudiants de recevoir une formation pratique de bonne qualité et de mettre à jour les connaissances pratiques.
- Les travailleurs sociaux doivent engager et entretenir le débat sur la déontologie avec leurs collègues et leurs employeurs, et assumer des décisions bien étayées au plan éthique.
- Les travailleurs sociaux doivent être formés à la prise de décision au regard de l’éthique et à rendre compte de leurs choix et actions.
- Les travailleurs sociaux doivent créer dans les services qui les emploient et dans leur pays des conditions favorables au débat, à l’évaluation et au respect des principes de cette déclaration et de leur code national de déontologie (s’il est susceptible d’être appliqué).»[10]
La notion d’accompagnement entre dans le vocabulaire du travailleur social entre 1985 et 1995. Elle désigne une mission d’aide à la personne axée sur la lutte contre l’exclusion.
Cela implique :
- Une relation de confiance basée sur la présence et l’écoute
- La participation de l’usager dans la réalisation du projet de vie qu’il s’est donné
- Un accompagnement dynamique fixant des objectifs
- Un accompagnement personnalisé selon le profil et les spécificités de l’usager
- Une intervention limitée dans le temps qui doit résulter par la résolution du ou des problème(s) soulevés
La mission d’accompagnement est essentielle dans le travail social car elle permet d’aborder le problème de l’usager en profondeur. Lorsque celui-ci est en situation d’illettrisme, comment se traduisent les actions de l’Assistant de Service Social ?
L’illettrisme fait partie des problématiques sociales que l’on n’ose pas toujours aborder mais qui constituent depuis peu un des principaux soucis des travailleurs sociaux et diverses associations. Déclarée grande cause nationale en 2013, en France, l’illettrisme continue aujourd’hui à susciter les débats. C’est un phénomène qui intéresse les assistants sociaux, d’autant plus que la plupart des personnes qui bénéficient des aides sociales sont en situation d’illettrisme. Tel est le cas de certains allocataires du RSA. Quelles sont les missions des assistants de service social dans la prise en charge de l’illettrisme ? Quelles difficultés rencontrent-ils dans l’exercice de ces missions ?
Pour contribuer à la lutte contre l’illettrisme, l’assistant de service social doit commencer par bien comprendre les situations des personnes bénéficiant de ses services. Il existe, en effet, des personnes illettrées qui se sentent exclues de la société et d’autres qui ont pu maintenir une vie sociale et professionnelle. Ces derniers vivent une situation plus ou moins stable mais caractérisée par une grande fragilité. Aussi, la continuelle évolution de l’économie et du marché de l’emploi les exposent à de grands risques de marginalisation. Le vécu des personnes en situation d’illettrisme est d’autant plus problématique lorsque d’autres facteurs entrent en jeu : précarité du logement, pauvreté et divers problèmes individuels et familiaux.
Les personnes en situation d’illettrisme concernées par la présente étude sont les allocataires du RSA. Elles sont également confrontées à d’autres problèmes d’ordre social, problèmes qu’elles pourront mieux affronter si elles trouvent un emploi stable et correctement rémunéré. Les missions de l’assistant de service social ne se limitent pas dans l’aide à l’accès à l’emploi. Il est important de tenir compte de toutes les conséquences de l’illettrisme dont :
- Le développement d’un sentiment de dévalorisation de soi
- Les difficultés à communiquer, à s’exprimer, à échanger
- Les difficultés à utiliser des biens et des services, à accéder aux soins, au logement, …
- Les difficultés à accéder à l’information, à construire de nouvelles connaissances
- Les difficultés à accéder à l’emploi, à faire face aux changements dans son entreprise
- Les difficultés à participer à la vie sociale et culturelle [11]
Plusieurs fonctions de l’assistant de service social peuvent se dégager de ces répercussions de l’illettrisme.
- Aide à la reconstruction de l’estime de soi : cela se fait à travers une relation de confiance. Le travailleur social doit être présent et à l’écoute de l’usager.
- Accompagnement social pour faciliter l’accès aux besoins fondamentaux
- Aide à la réalisation d’un projet de vie
- Aide à l’intégration sociale et professionnelle
Dans ce travail, je m’intéresse principalement aux répercussions professionnelles de l’illettrisme et la qualifions de frein à l’emploi. Ainsi, pour un retour à l’emploi des allocataires du RSA en situation d’illettrisme, l’assistant de service social doit les sensibiliser et les motiver afin qu’ils acceptent de suivre une formation. Car la formation et l’apprentissage sont les premières solutions à l’illettrisme. Changer le regard sur l’illettrisme n’est pas une mince affaire, l’assistant de service social est souvent confronté à quelques difficultés.
- Les difficultés rencontrées par le travailleur social dans l’orientation vers les formations aux savoirs de base
L’intervention auprès d’un public adulte est assez compliquée surtout lorsqu’il s’agit d’une proposition de formation aux savoirs de base. L’illettrisme concernant 20 % des allocataires du RSA, il est important d’aborder ces difficultés dans ce travail. En effet, en France et partout dans le monde, le marché de l’emploi est de plus en plus sélectif, disposer des savoirs de base est indispensable. La maîtrise de ces savoirs dépend notamment du niveau scolaire. Les adultes qui rencontrent des difficultés sur le marché du travail sont le plus souvent des personnes de faible niveau, c’est le cas des allocataires du RSA. Ne pas trouver un emploi bien rémunéré est une chose, mais les personnes en situation d’illettrisme ne peuvent pas non plus s’adapter aux nouvelles exigences de l’économie. Leur employabilité diminue davantage lorsque de nouvelles méthodes de travail doivent être mises en place. Actuellement, les nouvelles technologies demandent de nouvelles exigences en termes de compétences professionnelles. Il est clair qu’une personne ne sachant ni lire ni écrire correctement peut éprouver des difficultés. Le retour à l’emploi est d’autant plus difficile pour les personnes en situation d’illettrisme. Et pour ne pas prolonger la démarche, une formation est recommandée. Pour remédier à l’illettrisme, une remise à niveau ne suffit pas. Il faut un certain temps pour acquérir et maîtriser les savoirs de base. La mission du travailleur social est d’orienter les personnes concernées à une formation. Le travailleur social peut se heurter à quelques difficultés.
D’abord, la plupart des adultes ne sont plus intéressés par la formation. L’illettrisme résulte, en effet, d’un échec scolaire. Les raisons peuvent être d’ordre familial, social, économique ou autre. Les problèmes vécus par les personnes en situation d’illettrisme les ont poussés à quitter l’école plus tôt. Certaines personnes ont dû chercher un emploi pour aider à subvenir aux besoins de la famille. Cela se produit souvent chez les classes sociales pauvres. Le travailleur social doit trouver les mots justes pour convaincre une personne de poursuivre une formation. Les usagers peuvent se poser de nombreuses questions : si j’accepte de suivre la formation, trouver un emploi sera-t-il garanti ? Un emploi dans quel secteur ? Un emploi avec quel salaire ? Etc. Répondre à ces questions n’est pas évident, mais il faut au moins mettre en avant les avantages de la formation. Pour ce faire, le travailleur social peut partir des différentes catégories socioprofessionnelles, des niveaux d’études exigés par les recruteurs, de la situation actuelle du marché du travail… Il est important d’inscrire la formation dans un contexte réel afin que le besoin de se former soit ressenti par les usagers.
L’abandon de l’école peut aussi résulter d’une démotivation. Dans ce cas, il est encore plus difficile de convaincre un adulte de reprendre l’apprentissage. Pour accompagner les personnes dans cette situation et les remotiver, le travailleur social doit procéder par le dialogue et amener l’usager à s’exprimer, à faire part de ses contraintes. Il arrive aussi que le décrochage scolaire soit le résultat d’un manque de patience. Et pour revenir sur les bancs de l’école, l’intéressé peut penser qu’il est trop tard, qu’il est trop âgé… La honte est un facteur de réticence souvent évoqué. J’ai pu constater cela lors de mes stages. Les adultes illettrés ne parlent pas de leur problème. Le rôle de l’assistant social sera d’aider la personne à retrouver la confiance et l’estime de soi. Cela peut se faire via une formation et c’est un avantage que l’on peut mettre en avant pour convaincre les personnes qui ne veulent pas réapprendre à lire et à écrire.
Enfin, pour diverses raisons, il difficile de faire adhérer les usagers aux valeurs d’une formation. Cela se produit lorsque, d’une part, ils ne comprennent pas les objectifs et, d’autre part, ils ne connaissent pas les modalités de formation : durée, contenu… J’ai également noté que les personnes en situation d’illettrisme sont facilement influencées par l’opinion d’autrui. Elles discutent facilement entre eux, étant dans la même situation et vivant la même problématique. Lorsqu’il faut échanger avec un assistant social ou un formateur, elles ont peur de s’affirmer.
Cette première partie m’a permis de bien cerner le cadre de mon étude ainsi que les caractéristiques du public étudiée : les allocataires du RSA en situation d’illettrisme. Le contrat d’engagement du RSA stipule un retour à l’emploi et la situation devient délicate lorsque les bénéficiaires sont en situation d’illettrisme. De là s’est avéré nécessaire de redéfinir les missions d’un Assistant de Service Social, dans la levée de ce frein à l’accès à l’emploi, des missions fondées sur le respect de l’éthique et d’une méthodologie d’accompagnement spécifique.
2ème partie : ACCOMPAGNEMENT SOCIOPROFESSIONNEL DES ALLOCATAIRES DU RSA EN SITUATION D’ILLETTRISME
Je vais développer dans cette partie les démarches suivies dans le but de répondre aux différentes questions soulevées dans l’approche théorique. Cette partie sera la démonstration des objectifs de notre travail et une justification de notre technique d’investigation sur le terrain. J’évoquerais les résultats de cette démarche : la reconnaissance des besoins difficile pour les allocataires du RSA et les différentes phases d’accompagnement dans l’accès à la formation.
L’illettrisme est un problème longtemps considéré comme tabou. Les retentissements sociaux de ce phénomène sont nombreux et c’est la raison pour laquelle il m’intéresse. A l’occasion des stages et suite aux entretiens que j’ai eus avec des travailleurs sociaux et d’autres professionnels, j’ai été témoin des répercussions sociales de l’illettrisme et j’ai voulu approfondir les recherches menées dans ce domaine. Pour y parvenir, j’ai suivi la présente démarche méthodologique.
- L’observation participante
L’illettrisme est un problème à retentissement social qui soulève de nombreux questionnements. Afin de participer à l’accompagnement des personnes concernées par cette situation, l’observation participante s’est avérée être la meilleure méthode. Elle m’a permis d’identifier les difficultés et les besoins des allocataires du RSA en situation d’illettrisme et des personnes illettrées en général.
- Les entretiens
J’ai élaboré un questionnaire ouvert pour les assistants de service social et les professionnels de différentes structures : ANLCI, centres de formation, CG, etc. Les entretiens m’ont permis de cerner les différents problèmes vécus par les personnes en situation d’illettrisme mais également celles des professionnels en charge de leur accompagnement.
Pour avoir une vue d’ensemble sur l’illettrisme et la situation des personnes qui en sont concernées, j’ai visité quelques structures. J’ai effectué sept entretiens :
- avec une conseillère régionale de l’Association Nationale de Lutte contre l’Illettrisme (ANLCI) qui avait plus comme objectif de m’apporter un éclairage sur la problématique de l’illettrisme en m’apportant des infos théoriques.
- avec une formatrice d’un centre de positionnement linguistique (CPL) qui reçoit les usagers qui sont orientés par les ASS, pour évaluer le degré d’illettrisme et proposer une formation adéquate en fonction des besoins.
- avec une formatrice d’un centre de formation qui donne des cours à ces pers une fois qu’elles acceptent d’ê orientées et de suivre ces formation
- avec quatre travailleurs sociaux (3 assistantes de service social et un assistant de service social).
Ces personnes ressources ont été interrogées sur les conditions de vie des allocataires du RSA, des problématiques de leur quotidien, des missions d’accompagnement qui leur sont destinées, etc. Tous ces points ont été repris dans l’élaboration des grilles d’entretien.
Afin de ne pas limiter les personnes enquêtées, j’ai utilisé un dictaphone et retranscrit les réponses une fois les entretiens réalisés. Cela m’a également permis de gagner du temps dans la passation des entretiens.
Les entretiens se sont déroulés en privé et individuellement. La richesse des informations recueillies se traduit par les différents thèmes et réponses qui se sont dégagés du questionnaire. Avant de parler de ces résultats, voici comment les données ont été exploitées.
Il existe une multitude de publications sur ces sujets. En ce qui concerne l’illettrisme, j’ai notamment repéré des ouvrages sur la lutte contre ce problème social. Bernard Lahire aborde les phases de constitution sociale de l’illettrisme dans son livre intitulé « L’invention de l’illettrisme : rhétorique publique, éthique et stigmates. »[12]Jean-Marie Besse propose des critères d’identification des personnes illettrées dans son ouvrage intitulé « Qui est illettré ? : décrire et évaluer les difficultés à se servir de l’écrit »[13] L’illettrisme est également un sujet d’actualité sur lequel s’expriment de nombreuses associations, experts et hauts responsables du secteur public. J’ai consulté quelques articles traitant du thème tels que les publications de l’ANLCI sur la lutte contre l’illettrisme disponibles sur le site de l’association. L’article de Mathilde Damgé et Matthieu Jublin publié sur Le Monde.fr[14] le 18 septembre 2014 expose 5 points concernant l’illettrisme en France. Le Figaro.fr[15] évoque les relations entre l’illettrisme et l’emploi dans l’article de Marc Landré paru en décembre 2010…Cette phase de recherche documentaire a permis une meilleure compréhension du sujet de recherche et de prendre connaissance des dispositifs en place pour l’accompagnement des personnes en situation d’illettrisme.
Ces données issues de la phase de documentation, que je qualifierai de données primaires, m’ont permis d’établir les grandes lignes de mes recherches sur le terrain. Ainsi, pendant les entretiens, j’ai pu aborder des thèmes comme les difficultés des allocataires du RSA et l’orientation en formation.
Les personnes en situation d’illettrisme accompagnées par les professionnels avec lesquels j’ai pu échanger ne reconnaissent pas leur problème ou sont dans le déni. Les assistants de service social chargés de les orienter sont ainsi confrontés à quelques difficultés. Je vais détailler cela dans cette partie afin d’aboutir à une proposition d’approche dans le cadre de l’accompagnement des personnes en situation d’illettrisme : l’approche par confrontation à la réalité.
« C’est secret, tabou. Et le prétexte pour ne pas en parler est souvent que cela risque de gêner les personnes concernées. Or, en parler, c’est déjà agir »Voilà les propos de Thierry Lepaon de la Confédération générale du travail ou CGT, sur l’illettris me. Le fait que l’illettrisme soit un facteur d’exclusion professionnelle s’affirme de plus en plus, il est plus que temps d’en parler ouvertement pour remédier à la situation.
Force est de constater qu’il est difficile d’identifier les personnes en situation d’illettrisme. D’autant plus qu’en France, une assez grande proportion de ses personnes travaille. Selon une conseillère régionale de l’ANLCI, tout intervenant doit « avoir conscience que les personnes illettrées ont aussi des compétences et arrivent plus ou mois à se débrouiller. » L’illettrisme est présent dans les secteurs exigeant peu de qualifications professionnelles, mais à l’heure actuelle, les recruteurs exigent un minimum de compétences en lecture, calcul et écrit. Sortir du déni est ainsi indispensable.
Le déni face à l’illettrisme ne se manifeste pas uniquement au niveau de la société, cela concerne les personnes en situation d’illettrisme. Beaucoup n’osent pas en parler parce qu’ils ont honte ou ont peur d’être rejetés. Les travailleurs sociaux et autres professionnels avec qui j’ai discuté ont confirmé cela.
Un autre cas souvent rencontré est celui d’une personne en situation d’illettrisme usant d’une stratégie de contournement de son problème. La conseillère de l’ANCLI poursuit son explication en disant qu’il y a « des stratégies de contournement mises en place par les personnes concernées (soutien familial, elles travaillent), et donc être assez attentif et en alerte. »
- Des Assistants de Service Social qui identifient le problème de l’illettrisme mais attendent qu’ils s’expriment lors des entretiens (par verbalisation ou par impossibilité à lire / écrire en lien avec des démarches)
Souvent dans le déni, les personnes en situation d’illettrisme passent inaperçues jusqu’au moment où on leur demande de lire ou d’écrire. Pour remplir un formulaire, les personnes en situation d’illettrisme sont plus à l’aise avec la verbalisation. Lorsqu’il leur est demandé de remplir elles-mêmes, beaucoup prétendent avoir oublié leurs lunettes ou trouvent d’autres prétextes pour contourner la situation…Afin de repérer les personnes en situation d’illettrisme, les agents de l’ANCLI organisent des « séances de formation et de sensibilisation des acteurs. Dans toutes les régions, il y a des centres de ressources illettrisme qui proposent des modules de formation sur le repérage et l’orientation de ces personnes.»
Les Assistants de Service Social doivent inviter et inciter les personnes qu’ils suivent à s’exprimer. « Il y a des gens qui vont réagir positivement quand on en discute, d’autres qui vont être heurtés, donc qui peuvent être dans le déni. » disait un membre de l’ANLCI. L’attitude à adopter dépend de la façon dont les gens voient et vivent leur situation, si elles sont dans le déni, il faut les conscientiser. Il est ainsi indispensable d’accorder une attention particulière sur le parcours de vie des usagers. Cela peut influencer leur comportement et leur décision.
Il ne faut pas oublier que l’illettrisme d’une personne a une histoire, personne n’est née illettrée mais l’est devenue pour diverses raisons. Il est ainsi important de choisir la manière d’aborder le sujet. Mais si le déni persiste, l’évocation directe du problème est recommandée. C’est certainement plus efficace d’informer la personne en situation d’illettrisme sur les éventuelles répercussions de ce problème sur sa vie, tant personnelle que sociale et professionnelle. Les personnes qui restent dans le déni ne veulent ni suivre une formation, ni qu’on parle de leur problème. La question : « Face à ces personnes, comment abordez-vous la question de formation aux acquis de base ? » fait partie de mon questionnaire d’enquête. Une Assistante de Service Social dans un Centre Communal d’Action Sociale a répondu : « Je leur explique que, que ce soit dans leur vie quotidienne ou dans un projet d’insertion professionnelle, ca va être difficile de pouvoir aller jusqu’au bout du projet si le problème d’illettrisme persiste, et que les dispositifs qui existent sont adaptés à leur connaissance ; comme ils sont adultes, on leur proposera des pédagogies plus adaptées à leur personne, ce n’est pas comme ce qu’ils ont pu vivre à l’école. » Cette manière de procéder peut dédramatiser la situation.
L’illettrisme est un frein à l’emploi, les allocataires du RSA doivent prendre conscience de ce fait. La confrontation à la réalité, ici : le problème d’accès à l’emploi, implique la mise en évidence des répercussions de l’inactivité, du chômage ou de la précarité professionnelle.
D’après l’INSEE le chômage « représente l’ensemble des personnes de 15 ans et plus, privées d’emploi et en recherchant un ». Les chômeurs disposent de qualifications professionnelles mais n’exercent pas ou ne trouvent pas un emploi. Les inactifs regroupent « les personnes qui ne sont ni en emploi (BIT) ni au chômage : jeunes de moins de 15 ans, étudiants, retraités, hommes et femmes au foyer, personnes en incapacité de travailler,… »[16]La précarité professionnelle se définit par « l’instabilité de l’emploi. Selon cette définition, un salarié est précaire lorsque son emploi est incertain et qu’il ne peut prévoir son avenir professionnel. » [17]
Ne pas exercer une activité professionnelle et être en situation d’illettrisme est problématique. Dans la confrontation à la réalité, les Assistantes de Service Social doivent évoquer les problèmes liés à l’illettrisme, qui vont bien au-delà de l’exclusion professionnelle. Les personnes en situation d’illettrisme ont besoin de preuves concrètes des répercussions de leur problème dans leur vie personnelle, familiale, sociale et professionnelle. Etant allocataire du RSA, ces personnes vivent déjà certaines difficultés. Le contrat d’engagement réciproque contient un volet accompagnement visant l’intégration professionnelle des usagers. Pour les sortir du dispositif, une formation est donc recommandée.
Cette formation répond aux besoins réels des adhérents et du marché de l’emploi. Pour expliquer cela, les travailleurs sociaux peuvent procéder de diverses manières. Ce qui m’amène au dernier chapitre de cette deuxième partie.
Nombreuses personnes en situation d’illettrisme sont victimes d’exclusion sociale même si certaines d’entre elles ne reconnaissent pas ce problème. Mais les répercussions de l’illettrisme sont bien réelles. Actuellement, la société, de plus en plus évoluée, accorde plus d’importance aux savoirs de base, savoirs dont ne disposent pas les personnes en situation d’illettrisme. Dans le déni ou refusant de suivre une formation, les personnes concernées par l’illettrisme peuvent porter un regard négatif sur elles. Surtout depuis que l’on a levé le voile sur ce phénomène longtemps resté tabou. C’est pourquoi la recherche de l’adhésion est le maitre mot de l’orientation à l’entrée en formation. Celle-ci constitue la solution idéale pour pallier les problèmes liés à l’illettrisme et l’illettrisme-même. La réticence des usagers implique la mise en place d’une stratégie d’accompagnement plus efficace. Elle se résume en 4 points que je vais développer dans cette partie :
- L’orientation à la formation
- La sensibilisation sur la base de leviers concrets
- La préparation à la formation
- La levée des freins
Cette stratégie d’accompagnement vise un seul objectif : l’adhésion des allocataires du RSA en situation d’illettrisme. Cette adhésion leur permettra de se reconstruire une nouvelle identité et se faire une place mieux reconnue dans la société.
Le terme « empowerment » a fait son entrée dans le travail social depuis une quinzaine d’années pour optimiser l’accompagnement des personnes en difficulté. La visée d’empowerment consiste en la participation des personnes en situation d’illettrisme dans la prise des décisions qui les concernent. L’empowerment est « un processus d’appropriation à dimensions multiples qui s’opère simultanément sur au moins quatre plans : la participation, l’acquisition de connaissances spécifiques, l’estime de soi et la conscience critique. »[18]Cela commence par un dialogue et un échange sur les difficultés quotidiennes et le projet de vie. C’est en fonction de ces objectifs que l’Assistante de Service Social mène ses actions d’orientation.
Les personnes en situation d’illettrisme parlent rarement de leur problème. Elles ne le font qu’avec les personnes en qui elles ont confiance. Mission de tout intervenant social, la communication directe avec l’usager est aussi indispensable dans la lutte contre l’illettrisme. En effet, il faut que la personne en question reconnaisse son problème, et cela vient avec le dialogue. « Pour établir une relation de confiance, il faut que l’intervenant social amène le sujet à comprendre sa mission, ainsi que les règles éthiques auxquelles il est assujetti, notamment le secret professionnel. »De mes entretiens, j’ai pu déduire plusieurs freins à l’entrée en formation. Les facteurs peuvent être d’ordre psychologique : les allocataires du RSA peuvent avoir peur du groupe dans lequel ils sont intégrés, plus exactement du jugement d’autrui. La peur peut aussi émaner du retour à l’école. Par ailleurs, certaines personnes en situation d’illettrisme que j’ai côtoyé au cours de mes stages, ont une mauvaise perception de la formation qui leur est proposée. Ils ont évoqué plusieurs blocages subjectifs tels que la honte vis-à-vis de l’entourage, le refus du conjoint ou de la conjointe ; mais également des blocages objectifs comme le manque d’argent, les enfants et l’existence d’autres priorités telles que le logement. C’est en incitant les personnes en situation d’illettrisme à s’exprimer sr ces choses que les Assistants de Service Social arrivent à mieux orienter leur stratégie d’accompagnement.
Arrêt scolaire précoce, échec scolaire… favorisés par différents facteurs familiaux, sociaux, économiques et parfois politiques sont à l’origine des autodépréciations par rapport aux apprentissages. Comment y remédier ?
Tout d’abord, l’autodépréciation désigne une perte de l’estime de soi. Beaucoup de personnes en difficulté, qu’elles soient malades, pauvres, illettrées ou autres en sont victimes. L’autodépréciation nait des représentations sociales, de la stigmatisation et lorsque le problème entraine des répercussions trop importantes sur la vie quotidienne, empêchant la personne concernée à avoir une vie épanouie.
Le manque de confiance en soi a été évoqué lors des entretiens. Pour accompagner les personnes concernées, les Assistants de Service Social doivent les rassurer. Une assistante sociale d’un CCAS m’a donné sa phrase d’approche pour convaincre un allocataire réticent à l’entrée en formation : « Ce n’est pas parce que quand vous aviez 10/14 ans ça ne rentrait pas que là vous avez 35 ans ça ne rentrera pas encore ; il faut essayer et vous aurez un éclairage. Avec la maturité, on voit les choses différemment, donc on apprend différemment. » La personne à qui elle a dit cela n’a pas voulu réapprendre à lire et à écrire à cause de son âge.
Souvent, les personnes en situation d’illettrisme refusent de suivre une formation parce qu’elles ne veulent pas retourner en classe. Dans ce cas, il est pratique de leur présenter des fiches métiers mettant en évidence les compétences professionnelles requises. Elles verront ainsi quelles sont leurs lacunes et seront conscientes que la formation en est l’unique remède. La formation serait considérée comme un renforcement des compétences pas comme un retour à l’école. « Cela peut être un levier en fait et un déclic pour des personnes en situation d’illettrisme de se rendre compte que déjà on ne les fait pas retourner à l’école, on n’est pas en classe, assis derrière sa table, on utilise vraiment des situations de travail, concrètes pour pouvoir remobiliser un certain nombre de savoirs » confirme une assistance de service sociale que j’ai interrogé.
Tout bénéficiaire du RSA doit s’engager à une démarche d’insertion. C’est ce que stipule le contrat d’engagement. Cette démarche vise l’exercice d’un emploi. L’allocataire peut être orienté vers :
- Pôle emploi et doit élaborer un PPAE[19]
- un service public de l’emploi et doit signer un contrat d’insertion professionnelle
- un organisme d’insertion sociale et doit toujours signer un contrat d’engagement
Les personnes en situation d’illettrisme peuvent avoir des difficultés à bien comprendre les clauses du contrat. Il est indispensable de leur rappeler l’engagement contractuel convenu en matière d’insertion. Avoir une autonomie dans la réalisation de ces démarches administratives est un des arguments que les travailleurs sociaux peuvent avancer lors des entretiens avec les allocataires en situation d’illettrisme. Leur faire comprendre que savoir lire, écrire et calculer, c’est utile au quotidien et c’est indispensable pour respecter les conditions du RSA.
En ce qui concerne l’accès à l’emploi, les allocataires ont évoqué le barrage dû au manque de qualifications. Il y a aussi la méfiance à l’égard des offres à cause des tests écrits, par exemple. La réticence des usagers peut aussi provenir d’un manque de confiance. Mais cela est le résultat du manque de qualifications, raison de plus pour les inciter à suivre une formation. Vecteur d’insertion sociale, le travail est indispensable pour vivre. Afin d’aider les allocataires du RSA en situation d’illettrisme, les travailleurs sociaux et autres responsables de leur accompagnement doivent traiter les problèmes à leur source et trouver des stimulateurs efficaces quant au souhait de poursuivre une formation. Parmi ces facteurs déclencheurs se trouvent les enfants et les besoins financiers.
- Les enfants, un puissant facteur déclencheur d’entrée en formation
Lorsque l’usager a des enfants à sa charge, il plus facile de le convaincre à suivre une formation, à condition de présenter de bons arguments. Un adulte qui maitrise les savoirs de base est un bon exemple pour ses enfants. Ceux-ci suivent facilement le parcours de leurs parents. C’est un cas fréquent dans la société. Le fils d’un médecin peut vouloir devenir médecin mais le fils d’un coursier peut vouloir le devenir. En plus de servir de bon exemple, une personne en situation d’illettrisme, qui plus a des enfants sous sa responsabilité doit avoir conscience des charges que cela implique. Les travailleurs sociaux peuvent tomber sur des usagers réticents qui disent ne pas avoir le temps pour suivre une formation parce qu’ils ont une famille à nourrir. Pour les convaincre, il faut évoquer le fait que les savoirs de base donnent accès déjà des métiers mieux rémunérés.
Maitriser les savoirs de base donne non seulement accès à un emploi bien rémunéré mais aussi à un emploi durable. A l’heure actuelle où il est de plus en plus difficile de trouver un travail, toute forme d’aide est la bienvenue. Les dispositifs de formation sont adaptés aux besoins de chacun et sont à jour. La sortie du dispositif RSA implique le respect d’un engagement, la formation pourra accélérer le processus.
Plusieurs actions sont actuellement en place afin de favoriser l’entrée en formation des personnes en situation d’illettrisme. En 2008, l‘ANLCI en collaboration avec différents acteurs de la lutte contre l’illettrisme, a mis en place un référentiel des compétences clés en situation professionnelle. Cet outil permet de définir les critères d’accès à différents types d’emploi. « On part de la compétence et du savoir à mobiliser, puis, on définit l’activité et on fait le lien entre les deux » explique un conseiller de l’ANLCI.
Les Assistants de Service Social doit éveiller le désir de trouver un emploi stable chez les allocataires du RSA en situation d’illettrisme, et cela passe par la formation. Le travail répond non seulement aux besoins financiers mais facilite aussi l’intégration sociale. Ce schéma résume les avantages de la formation pour les allocataires du RSA en situation d’illettrisme.
Dire oui à la formation c’est mettre fin à l’illettrisme mais aussi à plusieurs problèmes psychosociaux et économiques.
L’entrée en formation doit se préparer. Une phase d’information doit se faire en parallèle avec la phase d’orientation afin de définir les objectifs de la formation. Cela peut aussi éclaircir les doutes des allocataires. Deux volets constituent cette phase de préparation :
- Faire adhérer les allocataires au projet de formation
- Dédramatiser l’entrée en formation par une approche personnalisée
Comment motiver les allocataires du RSA en situation d’illettrisme ?
« Une action de formation ne peut fonctionner qu’avec l’adhésion de la personne »a répondu une Assistante de Service Social du CG 45, à la question « En cas de refus, comment vous positionnez-vous ? »Faire adhérer des personnes à un projet de formation est difficile surtout lorsque celles-ci ne sont pas totalement convaincues de l’utilité du programme. Ainsi, pour mener à bien ses missions d’orientation et d’accompagnement, le travailleur social doit commencer par :
- Identifier et analyser les facteurs de blocage
- Personnaliser l’accompagnement en fonction des sources de résistance
- Faire adhérer au projet de formation en présentant les objectifs
- Intégrer le projet dans un contexte précis afin de faire naitre le désir de suivre une formation
- Conscientiser l’allocataire sur les bénéfices de la formation
Ces étapes peuvent être peaufinées selon les cas qui se présentent.
Afin de convaincre les allocataires, l’Assistant de Service Social et toute personne chargée d’accompagner les personnes en situation d’illettrisme doivent faire preuve de professionnalisme. La situation parait moins dramatique lorsque l’usager entend ce qu’il souhaite entendre et obtient toutes les réponses à ses questions. Cela implique de la part du professionnel les qualités suivantes :
- Savoir
- Savoir être : « correspond à tout ce que nous « savons être » au plan personnel : attitudes, besoins, valeurs dans notre interaction avec l’autre et avec l’environnement.»[20]
- Savoir faire
- Savoir dire
- Positionnement éthique : il relève des responsabilités de l’ASS, en tant que garant du bon fonctionnement du dispositif, de faire respecter le contrat d’engagement sans pour autant tomber dans le contrôle social, c’est-à-dire ne pas forcer l’usager.
- Qualités relationnelles (accompagnement)
Tous ces critères permettent de mettre en confiance l’allocataire.
Il existe quelques freins à l’entrée en formation reconnus par les travailleurs sociaux et les autres accompagnateurs des personnes en situation d’illettrisme. Ces freins font ressortir la dimension psychosociale de l’illettrisme. Il peut s’agir de blocages socioéconomiques liés directement aux conditions de vie des allocataires. Il arrive également que ce soit un manque de volonté, la réticence du conjoint ou tout simplement le manque de volonté.
Afin de repérer les freins de l’entrée en formation, l’Assistant de Service Social peut suivre ces 3 principales étapes :
- Evaluation de l’allocataire
- Verbalisation : laisser l’allocataire s’exprimer
- Liaison : mettre en relation ces deux premières étapes
De mes entretiens sont sortis les 3 principaux freins suivants.
Il existe des freins concrets au retour en formation. Les personnes en situation d’illettrisme en général et les allocataires du RSA que j’ai côtoyé dans le cadre de mes stages ont évoqué quelques raisons relatives à cela. Suite à un parcours scolaire bref et infructueux, ils ne s’intéressent plus à l’apprentissage. Ils ne veulent pas repenser à la possibilité de revivre un échec. D’autres disent n’utiliser que très peu l’écrit et estiment ne pas en avoir besoin. Actuellement, ce genre de propos est tout à fait inapproprié. En outre, il y a des personnes en situation d’illettrisme qui expriment peu d’intérêt à l’égard d’une formation pour des raisons familiales. Par exemple, elles ont dû arrêter tôt les études pour travailler, mais il s’agit d’un travail précaire uniquement pour survivre. Il existe de nombreux autres freins concrets : le manque de disponibilité, le manque de motivation et l’impossibilité de se concentrer sur la formation alors qu’il existe des problèmes « plus importants », d’après les dires des personnes en situation d’illettrisme.
Un usager peut accepter de suivre une formation mais hésite à la dernière minute. Cela arrive souvent. « Cela concerne généralement des personnes qui ont eu des difficultés sociales importantes. Par exemple, un homme que j’accompagnais s’est fait expulsé de son logement. Pour celles qui ne vont pas jusqu’au bout généralement, elles arrêtent dès le début de la formation (soit parce qu’elles sont mal à l’aise ou autre) … » a dit une travailleuse sociale. Lors des entretiens, les usagers ont tendance à toujours dire « oui ». Le moment venu, certains ne viennent pas à la formation. Dans ces cas, il est possible de retravailler encore l’accompagnement de ces personnes, dans le but de les faire adhérer à la formation. Mais pour cela, il faut choisir une approche, autre que la première.
« Pourquoi vouloir retourner sur les bancs de l’école alors qu’il y a des besoins plus urgents ? » Le refus du conjoint est surtout d’origine financière. Lorsque ce cas arrive, il est plus pratique de faire l’entretien avec le couple afin d’expliquer les avantages et objectifs de la formation.
Cette deuxième partie a permis de soulever de soulever les difficultés rencontrées par les personnes en situation d’illettrisme et celles que rencontrent les travailleurs sociaux dans l’exercice de leur fonction. Le déni et diverses stratégies de contournement sont les principaux blocages dans l’entrée en formation. Chez les allocataires du RSA qui ne maitrisent pas les savoirs de base, la sortie du dispositif s’avère compliquée alors qu’il y a un contrat d’engagements à respecter. A travers cette recherche sur terrain, recherche qui m’a également permis de faire une mise en situation des concepts traités dans la partie théorique, j’ai pu définir une petite liste des stratégies d’accompagnement utilisées par les acteurs de la lutte contre l’illettrisme. En ce qui concerne la mission des Assistants de Service Social, elle est basée sur un accompagnement personnalisé selon que l’usager soit dans le déni ou refuse tout simplement de suivre une formation pour des raisons personnelles.
3ème partie : VERS LA CONSTRUCTION DE LA RECHERCHE
Ce mémoire m’a permis de comprendre les techniques utilisées par les ASS dans l’accompagnement des allocataires de RSA en situation d’illettrisme. Il s’avère que lorsque ces derniers sont réticents à la proposition de formation, pour toutes sortes de raisons objectives ou subjectives, l’intervention sociale se complique. Le but de ce travail n’est pas de porter une analyse critique pour voir si les missions d’accompagnement réussissent ou non, mais de faire une certaine forme d’inventaire des méthodes d’accompagnement notamment des personnes qui résistent aux propositions qu’on leur fait. J’ai, ainsi interrogé des assistants de service social pour comprendre leur approche individuelle, mais également d’autres professionnels, formateurs, responsables d’institutions, etc., afin d’avoir un aperçu de la dimension pluridisciplinaire des prises en charge.
J’ai eu à côtoyer différentes personnes en situation d’illettrisme au cours de mes stages. C’est mon stage en polyvalence de secteur dans un Conseil Général qui m’a convaincu d’aborder la question dans mon mémoire. Le CG est instructeur des dossiers de RSA et de nombreux bénéficiaires se sont avérés illettrés. Mon objectif à travers cette recherche est de voir quels sont les axes d’accompagnement de ces allocataires de RSA en situation d’illettrisme, sachant que la sortie du dispositif implique l’accès à un emploi stable. Le contrat d’engagement contient un volet accompagnement visant justement une orientation des allocataires dans la recherche d’emploi. Pour pallier l’illettrisme, l’unique solution c’est un retour à la formation. C’est alors que je me suis demandé comme les assistants de service social procèdent pour convaincre les allocataires à entreprendre cette démarche. Ma problématique implique la prise en compte d’autres questions :
- Comment les personnes en situation d’illettrisme perçoivent-elles ce problème ?
- En quoi cela constitue-t-il un frein à l’emploi ?
- Quelles sont les formes d’aide existantes ?
- Pourquoi les personnes en situation d’illettrisme refusent-elles d’entrer en formation ?
A l’issue des entretiens, j’ai pu répondre à ces questions. En effet, chaque personne en situation d’illettrisme a sa perception du problème. Il y a celles qui vivent avec, sans le considérer comme un problème. Il y a celles qui cachent leur illettrisme par divers types de stratégies de contournement. Enfin, il y a les personnes en situation d’illettrisme qui se trouvent dans le déni. La réussite d’une intervention ou plus précisément de l’orientation en formation dépend de cette perception de l’illettrisme. Cette question m’a permis de comprendre comment les ASS interviennent-ils pour accompagner efficacement ces différents profils d’usagers.
Etant donné que certaines personnes en situation d’illettrisme ont assez bien vécues jusqu’ici malgré leur lacune, il s’est avéré important d’aborder l’illettrisme comme un frein à l’employabilité. J’ai côtoyé de nombreux usagers en situation d’illettrisme et beaucoup d’entre aux affirment ne pas avoir besoin d’une formation. La précarité de leurs conditions de vie influence leur façon de penser : « il y a d’autres priorités », « pourquoi revenir sur les bancs de l’école, c’est plutôt aux enfants de le faire », « j’ai passé l’âge de suivre une formation », etc. L’intervention sociale est souvent confrontée à des complications, parce que pour réussir, il faudra agir sur la mentalité des usagers et changer leur vision des choses. J’ai, alors, approché plusieurs spécialistes et fait des recherches sur l’illettrisme en tant que frein à l’emploi. Cela se résume en un point : la demande du marché du travail actuel exige un minimum de compétences : lire, écrire et calculer. Si l’on ne dispose pas de ces savoirs de base, l’on ne peut accéder à un emploi correctement rémunéré.
J’ai fait une sorte d’inventaire des dispositifs d’aide à l’emploi et des acteurs dans la lutte contre l’illettrisme. Cela m’a permis de confirmer que l’illettrisme peut être un grand facteur de blocage quant à l’employabilité. Or, rares sont les personnes en situation d’illettrisme qui acceptent d’entrer en formation dès la première proposition. Les échanges avec des conseillers régionaux de l’ANLCI, des travailleurs sociaux et des formateurs ont mis en exergue différentes approches. Lorsque l’usager refuse, il est important de connaître la raison de ce refus. Les motifs peuvent, en effet, être subjectifs ou objectifs. Un premier refus n’est pas catégorique mais il arrive aussi que l’usager accepter de suivre la formation et se rétracte à la dernière minute.
Pour le sujet de mon mémoire, la question de recherche porterait sur la dualité des deux principaux rôles de l’ASS. D’un côté, elle a une mission d’accueil, d’écoute et d’accompagnement. Elle est soumise à des devoirs (respect de l’usager, secret professionnel), elle accompagne l’usager, elle instaure une relation de confiance, elle ne peut pas le forcer à suivre une formation aux acquis de base, elle doit mettre l’usager au centre du dispositif, le rendre acteur. D’un autre côté, elle a un positionnement à tenir vis-à-vis de l’institution par exemple : le métier d’ASS lui confère des responsabilités. L’ASS doit être notamment garant du bon fonctionnement du contrat d’engagement dans le cadre du RSA. Ma question de recherche serait donc : comment orienter l’accompagnement social des allocataires du RSA dans le respect de l’éthique du travail social et les convaincre à suivre une formation à visée professionnelle ? Cette question reprécise ma question de départ et constitue, ainsi, un nouveau point de départ pour de nouvelles recherches.
Il s’avère indispensable de bien expliciter la mission d’accompagnement de l’ASS, parce que l’illettrisme est un problème social majeur. Les personnes en situation d’illettrisme font partie des personnes en difficulté. Qu’elles soient dans le déni ou cachent leur problème, cela traduit toujours une forme d’exclusion. En effet, de tels comportements sont le résultat des représentations sociales de l’illettrisme. Ne pas savoir lire, écrire et calculer est considéré comme un handicap. Les personnes qui en sont concernées ont honte d’en parler, ont peur de l’évoquer de peur d’être rejetées par la société. Les ASS ont donc pour première mission de les accompagner à sortir de cette stigmatisation. Les actions doivent cibler les illettrés mais également ceux qui ne le sont pas. Cela implique une collaboration renforcée avec différentes institutions. Dans une future recherche, il serait pertinent de développer la stratégie commune à mettre en place afin de mieux prendre en main les personnes en situation d’illettrisme.
Une fois que la perception de l’illettrisme change, c’est-à-dire lorsque l’usager ne voit plus cela comme un handicap, il faut le convaincre à suivre une formation. Dans la réalisation de ce travail, j’ai pu noter plusieurs types de motifs de refus, subjectifs et objectifs, personnels et autres. L’orientation à une formation doit se faire étape par étape. L’accompagnement n’est complet et réussi que lorsque l’usager acquiert les connaissances de base et trouve un emploi adéquat. Le cas des allocataires qui acceptent de suivre une formation et d’aller jusqu’au bout n’a pas été évoqué dans la présente étude. Or, il est important de savoir pourquoi les adhérents se rétractent à la dernière minute Cela constitue une limite de ma recherche, à envisager dans une future recherche. L’analyse de la situation d’un usager, pendant qu’il était en situation d’illettrisme, au cours de la formation et après la formation aurait été pertinente. Comment son niveau d’étude a-t-il impacté sur sa vie professionnelle ? Je pourrais envisager de recueillir quelques témoignages de personnes qui étaient en situation d’illettrisme et qui, grâce à l’accompagnement social proposé dans le cadre du RSA, ont trouvé un meilleur emploi.
Le niveau d’étude est une question sur laquelle il faudrait réfléchir davantage, car il constitue un des freins majeurs quant à la possibilité d’un retour vers l’emploi. Dans l’accompagnement des personnes en situation d’illettrisme, les travailleurs sociaux se heurtent à différentes complications basées notamment sur la réticence des usagers. Mon hypothèse révèle tout son sens lorsque la situation est analysée en détail.
Tout d’abord, la question du niveau d’étude est très importante dans la recherche d’emploi. Actuellement, les besoins économiques impliquent une meilleure maitrise des savoirs de base, cela constitue le minimum de compétences à avoir pour faire le poids sur le marché du travail.
Ensuite, les allocataires du RSA, grâce à un accompagnement social, doivent sortir du dispositif avec un emploi stable à la clé. Mais s’ils sont illettrés, la seule manière d’y parvenir est de suivre une formation. Ainsi se confirme mon hypothèse.
Il convient tout de même de signaler les quelques limites de cette recherche. Il s’agit des points que je n’ai pas abordés, mais qui pourraient être exploités dans les prochaines investigations sur le terrain :
- La durée de formation : il faut noter que le problème de disponibilité et le manque de patience sont des facteurs de refus. En effet, les allocataires de RSA en situation d’illettrisme sont majoritairement des personnes avec des charges plus ou moins importantes. D’ailleurs, le refus du conjoint est une raison qui s’est fréquemment manifestée lors des entretiens.
- Le programme de formation : il s’agit d’un apprentissage des acquis de base, mais « retourner sur les bancs de l’école » n’intéresse pas forcement une population adulte. Les cours devront alors être orientés de façon à mieux cibler les besoins des adhérents.
- Les débouchées : pour convaincre les usagers en situation d’illettrisme à suivre une formation afin de trouver un meilleur emploi, il est pertinent de leur présenter quelques exemples de métier qu’ils pourraient exercer s’ils maitrisent les savoirs de base…
Ces points pourront faire partie des perspectives d’action pour renforcer l’accompagnement des personnes en situation d’illettrisme. Le travailleur social doit renforcer sa collaboration avec les autres acteurs afin que la pluridisciplinarité puisse faire ressortir une stratégie plus solide et efficace.
Ma future question de recherche : comment orienter l’accompagnement social des allocataires du RSA dans le respect de l’éthique du travail social et les convaincre à suivre une formation à visée professionnelle ?, me permet de poser ces hypothèses de compréhension :
- Les allocataires du RSA sont d’abord des personnes en difficulté : elles ont de faibles ressources. La précarité du niveau de vie est à l’origine de nombreux problèmes et influence très souvent la prise de décision. Lorsque ces allocataires sont, en plus, en situation d’illettrisme, tout se complique. Dans son rôle d’accompagnateur, l’ASS doit analyser chaque situation en se posant des questions telles que :
- Comment cette personne a-t-elle atterri dans le RSA ? Il faudra s’interroger sur son vécu.
- Pourquoi est-elle en situation d’illettrisme ?
L’ASS doit faire parler l’usager en le mettant en confiance.
- Les allocataires du RSA sont pour la plupart des adultes. Ils ont d’autres préoccupations dans la vie que de suivre une formation. Pour les convaincre, l’ASS doit parler des avantages de la formation. Malgré cela, et j’ai pu le constater lors de mes stages et mes entretiens, il y a toujours des facteurs de réticence. Ce travail aura permis de les relever et une future recherche mettra l’accent sur comment éliminer ces facteurs de blocage.
- L’illettrisme en tant que frein à l’emploi n’a pas été analysé en profondeur. Il serait pertinent d’étudier l’évolution du marché du travail afin de soulever les compétences requises. Lire, écrire et calculer sont des savoirs élémentaires mais indispensables. Ils sont la base d’une évolution professionnelle.
Afin de vérifier ces hypothèses, il faudra passer par différentes étapes : documentation, observation et enquêtes.
Une approche théorique de l’illettrisme sera toujours de mise. Il faudra approfondir l’analyse du rapport entre l’illettrisme et l’employabilité. Le document du Conseil d’Orientation pour l’emploi[21] portant sur le rapport entre l’illettrisme et l’emploi offre une vision plus globale sur le phénomène et la situation en France. Un inventaire des différents dispositifs en place dans la lutte contre ce phénomène à fort retentissement social enrichira les actions à entreprendre. Le présent mémoire a permis de comprendre :
- En quoi l’illettrisme constitue-t-il un frein à l’emploi ?
- Combien de personnes sont en situation d’illettrisme en France ?
- Parmi les allocataires de RSA, combien sont concernés par l’illettrisme ?
- Comment se passe l’accompagnement de ces personnes ?
J’ai eu l’occasion de me confronter aux situations d’illettrisme dans le cadre de mes stages. Cette phase d’observation m’a permis de dégager deux principaux constats : les personnes en situation d’illettrisme sont dans le déni ou celles qui connaissent leur problème le cachent de peur d’être jugées. J’ai voulu en savoir plus et c’est ainsi que j’ai élaboré mon questionnaire. En effet, les allocataires du RSA signent un contrat d’engagement avec un volet d’accompagnement. Ils doivent s’investir dans la recherche d’emploi et c’est ce qui m’a interpellé : 20 % des allocataires sont en situation d’illettrisme, comment feront-ils pour trouver un emploi stable ? C’est là qu’entrent en jeu les assistants de service social, mais ceux-ci rencontrent des difficultés : les allocataires refusent de suivre une formation.
Ce travail n’aurait pas été complet sans les investigations sur le terrain orientées par la grille d’entretien (annexe 1). J’ai pu interroger quelques assistants de service social, éducateurs et autres acteurs de la lutte contre l’illettrisme. Grâce aux entretiens, j’ai pu noter différents types d’accompagnement de personnes en situation d’illettrisme. Les actions sont personnalisées selon les cas rencontrés : quand la personne refuse d’entrer en formation, quand son conjoint refuse, ou quand la personne accepte puis se rétracte à la dernière minute. Les entretiens ont également soulevé les difficultés rencontrées par les personnes en situation d’illettrisme, difficultés qui tendent à faire passer ce frein à l’emploi en second. Les thèmes qui se sont dégagés des enquêtes (annexe 2) sont les suivants :
- L’illettrisme est un frein à l’emploi pour les allocataires du RSA
- Les modalités d’orientation sont personnalisées selon les cas
- Il existe des freins objectifs et subjectifs à l’entrée en formation
- L’accompagnement des personnes en situation d’illettrisme se fait en plusieurs étapes.
Les assistants de service social ont souvent à confronter le refus des usagers dans leur mission d’accompagnement. Cela est encore plus important quand il s’agit d’un problème tel que l’illettrisme, un sujet qui reste insuffisamment abordé dans la société actuelle.
En tant que future ASS, j’ai beaucoup appris de ce travail. Afin de réussir l’accompagnement des allocataires du RSA en situation d’illettrisme, je propose les solutions suivantes :
- Repérer le public concerné en tenant compte des stratégies de contournement évoquées dans ce mémoire.
- Proposer une séance d’information sur les fiches métiers afin de créer le désir de travailler dans un domaine plus enrichissant chez les usagers.
- Faire un entretien avec les personnes en situation d’illettrisme sur leur parcours « professionnel » et le parcours qu’elles auraient aimé faire.
- Faire un entretien avec les personnes qui sont allées au bout de leur CER.
- Proposer un accompagnement complet : identification des problèmes et des besoins, orientation à la formation, aide à la recherche d’emploi…
CONCLUSION
La proposition d’entrée en formation n’intéresse pas toutes les personnes en situation d’illettrisme. Frein à l’emploi, ce phénomène suscite de nombreux questionnements. Comment les assistantes de service social s’y prennent elles pour amener des allocataires du RSA en situation d’illettrisme à lever ce frein à l’emploi face à la résistance de ces personnes ? Telle a été ma question de départ. Plusieurs faits se sont démontrés au cours de l’élaboration de cette étude. L’impasse dans laquelle se trouvent les travailleurs sociaux se caractérise par la réticence des usagers face à la reprise de l’apprentissage des savoirs de base. Les recherches et analyses menées auprès des allocataires du RSA qui constituent le public de mon étude ont confirmé que de nombreuses personnes sont dans le déni, d’autres connaissent leur problème ne veulent pas en parler. Face à ces deux situations les plus courantes, les assistants de service social procèdent de différentes manières : soit elles attendent que la demande émane de l’usager, soit elle attend que les difficultés se manifestent pour aborder le problème avec l’usager. Celui-ci n’est souvent convaincu que lorsqu’il a des manifestations concrètes du problème d’illettrisme. Dans cette démarche d’orientation, les assistantes de service social ne peuvent pas travailler seul. Différents acteurs sont impliqués dans la lutte contre l’illettrisme. J’ai également parlé de l’empowerment, une stratégie de responsabilisation des usagers face aux grandes décisions qui les concernent. Par ailleurs, le refus de suivre une formation peut ne pas provenir du concerné mais de sa conjointe. Cela peut aussi s’expliquer par des blocages concrets tels que les problèmes de logement, de garde d’enfants…, problèmes jugés plus importants par de nombreux allocataires. Or, le retour à l’emploi peut être la solution à tous ces problèmes. Le but de la formation est de permettre à l’adhérent de trouver un travail stable et correctement rémunéré. La pédagogie proposée vise l’apprentissage des savoirs de base afin que chaque participant acquière des qualifications plus en adéquation avec les demandes du marché du travail. Bref, l’entrée en formation est une étape incontournable dans la résolution efficace de l’illettrisme et la sortie rapide du dispositif de RSA.
Une documentation poussée et orientée sur les œuvres relatives à l’illettrisme ainsi que les dispositifs d’accompagnement existants constitue le levier de cette étude. Cela n’aurait pas été complet sans une investigation sur le terrain. Ainsi, mon exploration m’a permis de voir plus concrètement les difficultés rencontrés par les acteurs de terrain et les méthodes qu’ils adoptent pour mieux prendre en main les usagers réticents à la proposition de formation.
Ce travail présente quelques limites dont la plus importante est, je pense, l’échantillon peu représentatif. Le public enquêté était restreint, un échantillon de plus grande taille aurait fait ressortir quelques chiffres et pourcentages, des éléments concrets indispensables dans la levée du frein à l’emploi qu’est l’illettrisme. Toutefois, cette recherche présente des intérêts considérables. Elle a apporté plus de précisions sur le vécu des personnes en situation d’illettrisme et le fait qu’elles soient marginalisées dans la société. Cette forme d’exclusion ne se construit à partir de la stigmatisation des personnes jugées comme « différentes ». Souvent, les concernés dissimulent leur problème, d’autant plus que l’illettrisme est encore un sujet que l’on n’ose pas aborder ouvertement. Tout cela crée des difficultés au niveau des actions des travailleurs sociaux chargés de l’accompagnement des personnes en difficulté. Des recherches plus poussées sur les méthodes d’accompagnement seraient pertinentes afin de maximiser les intérêts de la présente étude. Ce travail est un point de départ qui a su regrouper des éléments clés dans l’accompagnement des personnes en situation d’illettrisme et des complications rencontrées par les intervenants. Pour les ASS, cette recherche est un repère permettant de corriger les actions ou plutôt les personnaliser en fonction des différents profils d’usagers et les comportements possibles. En tant que future ASS, je peux aussi me servir des nouvelles connaissances issues de cette recherche afin de comprendre les mécanismes complexes qui constituent le champ du travail social. Le travail social, basée sur la relation d’aide et l’accompagnement, n’est pas à l’abri des doutes, et le refus de reprendre l’apprentissage des savoirs de base est un exemple. Pour convaincre les allocataires du RSA en situation d’illettrisme à lever ce frein à l’emploi en leur proposant une entrée en formation, ces quelques préconisations sont de mise :
- Renforcement des missions d’accompagnement en professionnalisant les ASS : une session de formation spéciale pourrait être mise en place afin de les aider à bien comprendre les attitudes à adopter face aux usagers « difficiles » ou réticents aux changements.
- Les préconisations en matière d’intervention sociale face à l’illettrisme : aborder les dimensions psychosociales de l’illettrisme et dévoiler les conséquences de ce phénomène à tous.
- Personnaliser les accompagnements en fonction des difficultés rencontrées : déni, refus du conjoint, etc., dans le but de renforcer la relation d’aide.
- Entreprendre une approche pluridisciplinaire de l’illettrisme : il faut savoir que plusieurs acteurs se mobilisent dans la lutte contre l’illettrisme (ANLCI, PLIE, CRIA…), le renforcement de la collaboration des professionnels est recommandé afin de bâtir une stratégie unique.
- Impliquer les allocataires par le biais de l’empowerment, une technique d’accompagnement à développer dans le secteur social.
Tout cela permettra de freiner l’illettrisme, d’aider les allocataires du RSA à accéder à un emploi stable et les sortir du dispositif RSA.
ANNEXES
Annexe 1 : Grille d’entretien
Pour les assistants de service social :
- Pouvez-vous me parler des allocataires du RSA que vous suivez?
- Parmi ces personnes, comment abordez-vous la question de formation aux acquis de base?
- Quelles sont les réactions de ces personnes?
- En cas de refus de ces personnes pour adhérer aux propositions de formations des acquis de bases, comment positionnez-vous?
- Comment ces résistances évoluent-elles en général pour ces allocataires du RSA?
- Comment ce frein se traduit-il par rapport au contrat d’insertion?
- Qu’est ce qui explique selon vous les difficultés de ces personnes pour accéder aux formations des savoirs de base?
- Vous arrive-t-il qu’après des propositions un certain nombre de personnes accèdent à ces formations? Si oui, pouvez-vous m’en parler?
- Vont-elles jusqu’au bout, et pourquoi?
- Parmi celles qui ont eu accès à ces formations, pouvez-vous me dire comment y êtes-vous pris avec ces personnes?
- Comment le processus d’adhésion arrive-t-il à terme?
- Pensez-vous que le dispositif RSA est adapté à ces personnes illettrées? Si non, y a-t-il des mesures spécifiques qui seraient pertinentes pour répondre à leur besoin en termes d’accompagnement ?
Pour les professionnels des structures (ANLCI, centre de formation…) :
- Quelle est selon vous la différence entre les personnes en situation d’illettrisme au chômage, salariées, et au RSA?
- Avez-vous des personnes allocataires du RSA qui interviennent? Si oui, pourquoi?
- Êtes-vous dans un processus d’orientation et de sélection des personnes qui sont envoyées par les ASS? Si oui, quels sont les critères pour entamer la formation?
- Que pensez-vous de la manière dont ces personnes sont orientées?
- Est-ce que, selon vous, il y aurait des questions à aborder différemment pour les personnes qui ne souhaitent pas entamer de formation? Si oui, comment ?
- Selon vous est-il possible pour les assistants de service social face à une personne qui résiste à entrer en formation à lever les freins? Si oui, comment?
- Y a t-il un profil de personnes en situation d’illettrisme, dans les allocataires de RSA, plus propice à l’adhésion face à la proposition? Si oui, quels sont les profils?
- Quelle devrait être selon vous la manière de procéder face à une personne illettrée vers une action de formation de base?
Annexe 2 : Fiche récapitulative des entretiens
De ces entretiens que j’ai menés dans le cadre de mon enquête terrain, et après les avoir retranscris, j’ai dégagé ces grands thèmes et des sous thèmes récurrents :
- 1er grand thème : L’identification de l’illettrisme comme frein à l’emploi chez les allocataires du RSA suivis par les Assistants de Service Social (et les formatrices, une fois en formation) :
- Freins objectifs : barrage pour s’inscrire à une offre d’emploi, test écrit
- Freins subjectifs : stratégie de contournement, dissimulation, manque de confiance en soi
- 2ème grand thème : Les modalités d’orientation
- Stratégies d’orientations indirectes des travailleurs sociaux : attente que la demande émane de l’usager, attente des difficultés (pour pouvoir aborder la problématique)
- Stratégies d’orientations directes : renouvellement du contrat d’engagement ;proposition d’orientation vers un organisme de formation
- Les facteurs déclencheurs pour accéder aux formations : les enfants, la santé, un emploi que l’on aimerait faire,passer le permis de conduire
- 3ème grand thème : Les freins à l’entré en formation ou à la poursuite de la formation
- Freins objectifs : argent, logement,garde d’enfants
- Freins subjectifs : mari qui refuse, la honte vis-à-vis de l’entourage
- Freins psychologiques : la peur du groupe,la peur de retourner à l’école
- 4ème grand thème : les modalités de la levée des freins à l’entrée ou à la poursuite de la formation
- Eléments concrets : évaluer, faire verbaliser, liaison
- Les stratégies des travailleurs sociaux : savoir être, savoir faire, éthique, qualités relationnelles (accompagnement)
BIBLIOGRAPHIE
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- MEIRIEU, P. Illettrisme et exclusion.
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Ne pas numéroter les annexes et la bibliographie.
[1]Vanhooydonck S., Grossenbacher S., L’illettrisme : Quand l’écrit pose problème. Rapport de tendance CSRE No 5.
[2]Meirieu, P. Illettrisme et exclusion.
[3] Ewen, N. 2005. L’illettrisme en actes
[4] Levret Isabelle, Le concept d’exclusion et les facteurs d’exclusion sociale, URL : http://www.la-psychologie.com/exclusion-concept-facteurs.htm
[5] Citation de Savoir et formation, n°29-30, décembre et janvier 1991 tirée de BOUVET C., FALAIZE B.,
FEDERINI F., FREYNET P. – Illettrisme : une question d’actualité / Paris : Hachette, 1995, 175 pages (page 22)
[6]http://rsa-revenu-de-solidarite-active.com/informations-rsa/2-historique-du-rsa.html
[7]http://rsa-revenu-de-solidarite-active.com/rsa-2014.html
[8] Domingo Pauline, « Introduction », Informations sociales 1/2012 (n° 169), p. 4-7
URL: www.cairn.info/revue-informations-sociales-2012-1-page-4.htm.
[9] http://www.anas.fr/L-Ethique-en-Travail-Social-Declaration-de-Principes-de-l-IFSW_a207.html
[10] http://www.anas.fr/L-Ethique-en-Travail-Social-Declaration-de-Principes-de-l-IFSW_a207.html
[11]http://www.anlci.gouv.fr/Illettrisme/De-quoi-parle-t-on/Les-causes-de-l-illettrisme
[12] Lahire, Bernard, 2005, L’invention de l’illettrisme : rhétorique publique, éthique et stigmates. La Découverte. 370 p
[13] Besse, Jean-Marie, 2002, Qui est illettré ? : décrire et évaluer les difficultés à se servir de l’écrit Retz. 160 p.
[14]http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2014/09/18/qui-sont-les-illettres-en-france_4490014_4355770.html
[15]http://www.lefigaro.fr/emploi/2010/11/30/01010-20101130ARTFIG00620-l-illettrisme-reste-tabou-dans-le-monde-du-travail.php
[16]http://www.insee.fr/
[17]http://www.scienceshumaines.com/les-formes-d-integration-professionnelle_fr_1188.html
[18]William A. Ninacs, « Empowerment et service social : approches et enjeux » in Service social, Volume 44, numéro 1, 1995, p. 69-93 [http://id.erudit.org/iderudit/706681ar]
[19]Tout demandeur d’emploi est tenu de participer avec son conseiller à l’élaboration et à l’actualisation de son Projet Personnalisé d’Accès à l’Emploi (PPAE), au plus tard dans les 15 jours suivant son inscription.Ce programme d’actions, défini lors de votre premier entretien avec votre conseiller Pôle emploi, vous accompagnera jusqu’à votre retour à l’emploi.Des offres d’emploi vous seront proposées en fonction des critères définis dans votre PPAE. Ces critères, réactualisés en fonction de votre ancienneté dans le chômage, seront constitutifs de l’offre raisonnable d’emploi. [http://www.pole-emploi.fr/]
[20] Clémence Gauvin et Émilienne Laforge, 2006, Les habiletés de savoir être. http://www.infiressources.ca/fer/depotdocuments/Habiletes_savoir_etre-CGauvin_et_ELaforge-UQAT.pdf
[21]http://www.coe.gouv.fr/IMG/pdf/Rapport_illettrisme_-_30_11_10.pdf
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