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Mémoire portant sur la Perception de la Démocratie directe selon Cornelius Castoriadis

 

LA PERCEPTION DE LA DEMOCRATIE DIRECTE SELON CORNELIUS CASTORIADIS EST-ELLE REALISABLE DANS LA SOCIETE ACTUELLE ?

SOMMAIRE

 

INTRODUCTION 01

PARTIE I : LA NOTION DE DEMOCRATIE 07

1 – Définitions de la démocratie 07

2 – Origine et histoire de la démocratie 08

2.1 – La démocratie selon les philosophes grecs 09

2.1.1 – La vision de Platon 09

2.1.2 – La vision d’Aristote 10

2.2 – La démocratie des temps modernes 11

2.3 – La démocratie contemporaine 11

2.4 – La démocratie selon les politiciens et autres organisations 12

3 – Les différents types de démocraties 13

3.1 –  La démocratie directe 13

3.2 – La démocratie indirecte ou représentative 14

3.2.1 – Le parlement 14

3.2.2 – La présidence 15

3.2.3 – L’assemblée 15

3.2.4 – La démocratie libérale 16

3.3 – La démocratie par tirage au sort 16

3.4 – Le régime mixte 17

3.4.1 – La démocratie participative 17

3.4.2 – La démocratie semi-directe 18

3.5 – Autres conceptions de la démocratie 18

3.5.1 – La démocratie inclusive 18

3.5.2 – La démocratie agonistique 19

4 – La place de la démocratie dans le développement d’un pays 19

4.1 – La démocratie dans les pays développés 19

4.2 – La démocratie dans les pays pauvres 20

4.3 – Le lien entre la démocratie et le développement 21

4.3.1 – La démocratie, base du développement 21

4.3.2 – Le rapport de force entre ces deux notions 22

5 – Les limites de la démocratie 22

5.1 – L’envergure de la Nation ou de l’Etat 23

5.2 – Le déséquilibre originel 23

5.3 – Les capacités réduites du citoyen 23


PARTIE II : LA REPRESENTATION DE LA DEMOCRATIE 

DIRECTE SELON CORNELIUS CASTORIADIS 24

 

  1. – La démocratie directe selon Cornelius 24
    1. – Les principes de base 24
  1. – Le pouvoir du peuple 24
  2. – L’autonomie 25
  1. – Le rejet de la représentativité 28
  1. – La démocratie représentative occidentale 30
    1. – Les bases de la démocratie représentative 30
    2. – Les critiques de Cornelius 31
  1. La perception de ces deux sortes de démocratie 33

3.1 – Les différences entre les deux notions 33

3.1.1 – Les fondements 33

3.1.2 – Les formes 34

3.1.3 – Les avantages et les inconvénients 36

3.2 – Les divergences d’opinions sur les deux notions 37

PARTIE III : LA REPRESENTATION DE LA DEMOCRATIE 

DIRECTE SELON CORNELIUS CASTORIADIS 39

 

  1. – La description de la société actuelle 39
    1. – Les courants de pensées 40

1.1.1 – L’individualisme méthodologie 40

  1. – La domination 40
  1. – La signification de la démocratie 41
  2. – Le mode de gouvernance 41

1.3.1- Le rôle du citoyen 41

  1. – Le rôle des dirigeants 42
  2. – La vie en société 42
  1. – L’adoption de la démocratie directe dans la société actuelle 42
    1. – Les facteurs qui mettent en valeur la démocratie directe 43
    2. – Exemples reflétant l’application de la démocratie directe 44
      1. – L’application de la démocratie directe aux États-Unis 44
      2. – L’application de la démocratie directe dans le pays helvétique 45
  2. – Les enjeux de la démocratie directe dans la société actuelle 45
  3. – La perspective d’avenir  pour la société moderne 46
    1. – La  responsabilité du peuple dans une démocratie directe 46
    2. – L’importance des échanges dans une communauté 47
  1. – La gestion cohérente et efficace d’une collectivité 47
  2. – Les organisations de vote 48
  1. – Les conséquences de cette nouvelle démocratie 49
    1. – Les impacts pour le peuple 49
    2. – Les impacts sur le développement 49

CONCLUSION 51

BIBLIOGRAPHIE 52


INTRODUCTION

 

La Déclaration universelle des droits de l’homme, et plus particulièrement le Pacte international relatif aux droits civils et politiques portant sur les droits politiques et les libertés civiles pose la démocratie au centre de la mise en place d’un environnement propice au respect des droits de l’Homme. Le respect des droits de l’Homme, en particulier le respect de la liberté et du droit de chaque individu à participer à des élections honnêtes à travers le suffrage universel constitue des piliers pour la démocratie. 

Le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels pour sa part souligne que les groupes dont les minorités, les handicapés et autres doivent être considérés dans le cadre de la démocratie pour assurer la bonne répartition des richesses et l’accès de tous les citoyens aux droits civils et politiques.

Robert Dahl définit la démocratie en quelques mots « Free, fair and frequent elections ». En effet, selon ce politologue d’origine américaine, la démocratie se traduit par des élections au suffrage universel à la fois libres, loyales et fréquentes. Les règles de base démocratiques sont universelles. Il s’agit du pouvoir du peuple, de la consultation de l’opinion publique à l’échelle planétaire et de l’élection affranchie des dirigeants. Toutefois, les méthodes de réalisation peuvent changer en fonction du lieu et du facteur temps. 

Les Nations Unies ont déployé des efforts et des instruments qui optimisent la compréhension par le peuple de la démocratie et ses principes fondamentaux. La Résolution 2002 / 46 a montré les principaux éléments de la démocratie. Mais les Nations Unies ont également mis en évidence la nécessité de remédier aux manques d’application de la démocratie et à la défaillance des institutions au sein de certains États membres. Pour ce faire, elles proposent des services consultatifs et des programmes de coopération techniques afin de renforcer le respect des droits de l’Homme et de sensibiliser les populations.

La démocratie est une notion très connue de nos jours. Elle est fréquemment évoquée lors des discours politiques, mais aussi, lors des manifestations pour défendre certaines causes ou valeurs. La société actuelle se veut être démocratique en permettant à différentes voix de s’exprimer. Cette liberté se fait dans le respect de la culture, de l’identité, de la pensée et de la position politique d’autrui. La démocratie semble manifester la reconnaissance de la singularité de chaque individu et l’hétérogénéité des peuples. Mais ces écarts s’accompagnement souvent de conflits qui peuvent porter atteinte à l’ordre démocratique.

À l’heure actuelle, plusieurs manifestations s’observent dans le monde et tendent à montrer l’existence et l’application de la démocratie. Dans ce cadre, la démocratie semble dénuée de sens à moins qu’il n’y ait des forces qui s’opposent. Le conflit et la démocratie pourraient de ce fait être deux notions, deux faits inséparables. Les manifestations traduisent parfois l’altération des formes politiques qui induisent la résistance des peuples. Ces derniers se trouvent alors confrontés entre deux forces contradictoires que sont l’eunomie correspondant à la régulation des tensions sociales par les mœurs et l’isonomie qui met la loi et le pouvoir politique au centre de la résolution des conflits sociaux. Ainsi, la désobéissance civile constitue une forme d’antinomie marquée par le pouvoir et le droit du peuple de manifester pour défendre une cause ou une valeur

Selon Cornelius, la démocratie vient des mots démos qui signifie peuple et kratos qui définit le pouvoir. Ainsi, la démocratie est le pouvoir du peuple. Avec le concept grec, la démocratie n’est pas l’autorité d’une oligarchie. C’est le peuple lui-même qui instaure le pouvoir grâce à la démocratie directe

La démocratie suppose donc que le peuple exerce aussi des pouvoirs sur les institutions ou les partis politiques. La société est composée de citoyens libres et égaux aux yeux de la Loi et qui détiennent des informations leur permettant d’être autonomes dans leur prise de décision. Les individus qui se regroupent sont aptes à prendre des décisions et à mener des actions collectives. Dans ce cadre, ils se dressent contre les démarches pour engranger leurs intérêts personnels. C’est à travers l’existence de ce conflit que peut s’installer la démocratie. Elle se manifeste lorsqu’il y a perception d’injustice et de violence envers les peuples.

La société démocratique se base certes sur la liberté d’expression qui fait partie d’un des droits fondamentaux de la liberté de l’Homme. Le fait de mettre en place cette démocratie suppose l’existence d’institutions qui jouent le rôle de contre-pouvoir et qui se mettent du côté du citoyen pour les défendre contre la domination des détenteurs de pouvoirs économiques, politiques, juridiques et sociaux. Les représentants des peuples endossent de fait, une grande responsabilité dans la mesure où ils sont amenés à porter la voix du peuple, leurs plaintes et leurs inquiétudes. À cet effet, la mise sur pied d’une démocratie saine au sein de la société actuelle se focalise plus sur le rôle des institutions que sur le rôle des individus, dans le cadre d’un perfectionnisme institutionnel. Cette démocratie saine se traduit par un gouvernement par et pour le peuple. En d’autres termes, c’est un aspect du gouvernement dans lequel l’autorité supérieure tourne autour du peuple. Cette autorité ou pouvoir est exercé de façon directe par le peuple ou par ses représentants élus dans un système d’élection libre. Cette démocratie se base sur des régimes juridiques, législatifs et exécutifs. Ces derniers sont identiques et ont chacun leur autonomie. 

Christian Nadeau parle d’une démocratie de contestation marquée par un renouvellement des institutions politiques afin de mettre en place une justice sociale. Les institutions doivent montrer une perfection non seulement dans leur conception du « bien », mais aussi dans leur perception et leur conception de l’équité et de la justice sociale. L’excellence des institutions constituerait dans ce cadre, la base de la démocratie de contestation qui permet aux peuples de se défendre contre la domination.

La démocratie est fortement clamée, recherchée et idéalisée par la société actuelle. Elle se dresse comme étant un moyen permettant de défendre les valeurs et la justice, mais aussi les droits de l’Homme et du peuple. Mais force est de constater que les jeux politiques ont conduit à l’altération de la perception de la démocratie elle-même. Si celle-ci a été conçue dans le cadre de la recherche de la justice et de l’intérêt public, il a été constaté que certains élus et acteurs politiques bafouent la justice et la Loi pour penser uniquement à leurs propres intérêts. Et si la société était démocrate, elle se dresserait directement à l’encontre de ces pratiques illégales.

Pourtant, la société tolère ces injustices. Ce fait paradoxal a été mis en exergue par Pierre Lascoumes qui dénonce une tolérance provenant de la recherche d’intérêts personnels. Ainsi, les citoyens votent pour les acteurs qu’ils jugent susceptibles de défendre leurs intérêts personnels et non pas ceux qu’ils jugent aptes à défendre les intérêts collectifs. Ainsi, la démocratie semble être un mirage ou un outil utilisé aussi bien par les acteurs politiques que par les citoyens eux-mêmes pour avoir des bénéfices personnels et pour leur groupe d’appartenance.

Donatien d’Hoop dénonce le fait que la démocratie occidentale ne coïncide pas à la vraie démocratie. Il se dresse contre les mouvements des révolutionnaires qui se disent vouloir limiter les abus de pouvoir de la classe dirigeante. Ces révolutionnaires clamaient la démocratie, mais ne visaient en fin de compte que leurs intérêts personnels et favorisent encore plus, la classe dominante. La mise en place de la démocratie suppose un changement au niveau du mode de gouvernement. Cependant, ils ont seulement contribué à changer les membres du gouvernement, sans apporter de modifications au niveau des pratiques gouvernementales. Par conséquent, les différentes révolutions et les manifestations n’ont conduit qu’au renforcement de la classe dominante et à la persistance au pouvoir de certaines personnes. Leur présence au sein du gouvernement n’a pas apporté de bénéfices particuliers pour l’ensemble du peuple. Ainsi, les nouveaux acteurs politiques mettent en œuvre des stratégies permettant de rester au pouvoir le plus longtemps possible. Dans cet élan, ils n’hésitent pas à financer des politiciens, car la dominance des riches sur les pauvres est encore d’actualité.

Devant de tels faits, il est difficile de trouver le sens même de la démocratie tout comme il devient difficile de connaître ce que symbolise la démocratie et les personnes qui la représentent dans la société actuelle. La démocratie ne peut ni représenter le peuple ni les dirigeants. Ainsi, elle se limite juste à une hypothèse, un idéal ou une illusion. Les principes et les fondements de la démocratie sont remis en cause dans la mesure où cette notion nécessite l’obéissance et la soumission à la Loi.

Ces deux faits sont à l’origine du civisme et de la démocratie. Ainsi, cette dernière ne peut exister à moins que la Loi ou les règles qui la régissent ne soient acceptées par tous les citoyens. Et pourtant, ce cas n’a pas été rencontré. Les sociétés comme la société française par exemple n’ont pas voulu appliquer les règles traditionnelles. Ainsi, les différentes tentatives de réformes se sont toujours heurtées à de vives manifestations, ce qui conduit à un mouvement presque insurrectionnel qui ne va pas de pair avec la démocratie. 

Une hypothèse contradictoire qui refait toujours surface quand on évoque la démocratie est le déroulement des manifestations, souvent associées à une forme d’anarchie. Toutefois, on peut bien emprunter la voie des manifestations populaires, mais de manière pacifique et légale pour toutes sortes de revendications. Pour qu’un tel évènement soit légal, il faut qu’il y ait une autorisation au préalable de manifester venant des autorités compétentes. Les initiateurs de ces manifestations se porteront garants de la sécurité des individus qui y participent. Ils ont de ce fait intérêt à maintenir l’ordre durant ces attroupements. Une manifestation démocratique peut se démontrer à travers le brandissement de banderoles, d’affiches contenant les objets de la revendication. « La manifestation est devenue une action politique normalisée, c’est-à-dire qu’elle est utilisée de manière quasi routinière par un ensemble croissant d’acteurs sociaux bien ancré dans le système politique. C’est aussi une action politique qui se déroule dans la plupart des cas sans répression violente de la part de l’État »

Cornelius Castoriadis (1922 – 1997), un philosophe, psychanalyste et économiste a émis plusieurs réflexions concernant la révolution, la sociologie de la classe ouvrière et la démocratie. Il a apporté une autre perception de la démocratie. Cet auteur se positionnait contre l’imposture totalitaire et bureaucratique. Malgré plusieurs années de réflexions politiques, ses œuvres étaient passées sous silence et ses positions politiques ont été confuses pour nombre de penseurs. Il relatait à travers ses œuvres, le marxisme révolutionnaire et la nécessité de transformer la société. La plupart de ses réflexions ont été recueillies, glosées et publiées par Enrique Escobar, Myrto Gondicas et Pascal Vernay. Castoriadis a été considéré comme étant l’ « ultra- démocrate » qui n’hésitait pas à critiquer les pratiques des sociétés qui se veulent « démocratiques »

Il fonde sa conception de la démocratie à travers la reconsidération des institutions et de l’organisation qui constituent le pouvoir explicite. Selon la pensée de cet auteur, le pouvoir explicite ne peut pas être le même ni avoir la même importance pour toutes les sociétés. Dans sa réflexion, il se réfère au politeia démocratique appliqué en Grèce. La démocratie correspond selon l’auteur à la faculté de l’individu à prendre une décision pour la collectivité. Cette forme de démocratie qu’il dit « directe » se repose sur l’égalité, la liberté politique et les valeurs politiques soutenant l’institution. Dans ce cadre, les décisions sont prises par la majorité. Castoriadis met au centre de la démocratie, le mode de prise de décision et la nécessité de démocratiser le pouvoir. En ce sens, le pouvoir de décision doit être retenu par le peuple.

« Dans une démocratie, le peuple peut faire n’importe quoi – et doit savoir qu’il ne doit pas faire n’importe quoi. La démocratie est le régime de l’autolimitation ; elle est donc aussi le régime du risque historique – autre manière de dire qu’elle est le régime de la liberté – et un régime tragique. […] Et il n’y a aucun moyen d’éliminer les risques d’une hubris collective. Personne ne peut protéger l’humanité contre la folie ou le suicide». En d’autres termes, le peuple est livré à lui-même et doit assumer en même temps sa responsabilité et sa liberté. Être libre ne devrait en aucune manière inciter à toutes formes de rébellions. Au contraire, la liberté permet à tout un chacun de se créer des limites. 

La vision de la démocratie selon Cornelius Castoriadis nécessite une autre vision de la politique, du mode de gouvernance et de la perception des rôles des institutions elles-mêmes. Elle semble être en totale contradiction avec la perception de la démocratie affirmée par les sociétés occidentales que Cornelius Castoriadis décrit comme étant une « oligarchie libérale ». Selon lui, ce régime de représentation ne peut être assimilé à une démocratie. En fait, la population n’a aucune valeur politique effective. Ce statut est possédé par l’oligarchie qui représente une infime partie d’individus, composée des représentants politiques, des experts en économie ou autres. Il a toujours pensé que la démocratie dite représentative n’est pas une vraie démocratie. Ses représentants ne représentent que très peu les gens qui les élisent. D’abord, ils se représentent eux-mêmes ou représentent des intérêts particuliers, les lobbies… Et, même si cela n’était pas le cas, dire : quelqu’un va me représenter pendant cinq ans de façon irrévocable, ça revient à dire que je me dévêts de ma souveraineté en tant que peuple »

La présente étude va se focaliser sur la perception de la démocratie « directe » telle que Cornelius Castoriadis l’entende, en soulignant les opportunités ou les limites qui porteraient préjudice à sa mise en œuvre dans la société actuelle. Notre réflexion va tenter de répondre aux questions suivantes : la perception de la démocratie selon Cornelius peut-elle apporter un nouveau souffle à la société actuelle ? Dans cet élan, la mise en place de la démocratie directe est-elle aussi réalisable?

Les réflexions politiques de Castoriadis ont été très peu évoquées. Notre modeste contribution ne peut pas prétendre développer et analyser toutes les dimensions de sa pensée, ni apporter des regards critiques sur une œuvre qui a pris plus de vingt ans de réflexions avant d’être diffusée. Néanmoins, elle veut recentrer l’analyse de la démocratie directe dans la société actuelle, marquée par la mondialisation et la mise en place d’efforts permettant de développer la démocratie chez les peuples.

Notre étude est orientée sur des œuvres originales et peu exploitées sur la réflexion politique de Castoriadis, et notamment sur la démocratie directe. Elle veut contribuer à la discussion de la société actuelle, sur l’implication de la démocratie par le peuple et pour le peuple afin d’instaurer la paix et la justice. Mais elle souhaite aussi apporter une modeste vision des limites qui pourraient bloquer l’installation de la démocratie directe au sein de la société actuelle.

Notre analyse comporte trois parties. Dans la première partie, nous allons nous focaliser sur la notion de démocratie et ses différentes manifestations au sein des différents pays. Cette première partie va développer de prime abord, la notion de démocratie et son évolution au fil du temps. Puis, elle va montrer comment la société tente de mettre en place la démocratie.

La deuxième partie va porter sur la représentation de la démocratie selon Cornelius Castoriadis. Cette partie correspond à une analyse comparative de la démocratie représentative et de la démocratie directe. Ceci va permettre de trouver les différents écarts et les causes des différences de perception de la démocratie représentative occidentale et de la démocratie directe par l’auteur.

La troisième et dernière partie sera consacrée à l’instauration d’une démocratie directe dans la société moderne. Nous déterminerons si cette forme de démocratie peut s’adapter aux différents régimes politiques et sociaux actuels. En se référant à quelques exemples de pays ayant appliqué la démocratie directe, on en fera une appréciation et on évaluera les conséquences de sa mise en place sur les peuples et sur leurs développements. Étant donné que la mise en œuvre de cette démocratie s’est faite à une époque et dans un contexte précis, nous allons développer dans cette partie les différents enjeux de son application dans la société actuelle. Ce travail nous amènera à savoir si la démocratie directe va permettre d’ouvrir des champs nouveaux dans les échanges afin d’inciter les peuples à participer davantage et de s’impliquer à fond dans la gestion d’une collectivité. 

PARTIE I : LA NOTION DE DÉMOCRATIE 

1 – Définitions de la démocratie

 

Étymologiquement, la démocratie découle de l’association de démos qui désigne le peuple et du mot grec gratos qui fait référence au pouvoir. De ce fait, sa première définition se résume à un pouvoir du peuple. C’est dans cet élan qu’Abraham Lincoln a livré sa pensée sur le sujet en disant que « La démocratie c’est le pouvoir du peuple, par le peuple, pour le peuple ». Cette phrase a été encrée dans la constitution de la France. Il s’agit en effet d’un précepte de conception de règlements établis par le peuple qui doit les suivre. 

Si l’on fait référence à cette définition étymologique et aux divers régimes qui s’y sont basés depuis les époques antiques à nos jours, elle évoque un concept simple qui peut tout de même créer des problèmes. En effet, elle est décrite comme étant en quelque sorte le pouvoir érigé par et pour les membres d’un groupe. Bien que cette conception est des plus simples, elle est souvent à la base de plusieurs conflits, car elle n’est point facile à appliquer dans les vécus quotidiens. En fait, beaucoup d’entre nous prononcent ce mot, mais rares sont ceux qui connaissent vraiment son sens, ou encore qui arrivent réellement à mettre en pratique la vraie démocratie. 

Les Athéniens étaient les premiers à user du modèle démocratique. Malgré leur connaissance avancée sur le terme en question, ils font une profonde remise en question de chaque situation avant de l’évoquer. Pour eux, il n’y a qu’une seule et unique cité et de ce fait, tout ce qui fait allusion aux subdivisions passées est destructeur. En parallèle, les deux mots grecs à la base du terme suscitaient, dans leurs divers sens, la notion de conflit. En d’autres termes, « démos » peut également signifier le peuple en un bloc, que de le décrire comme un parti populaire d’une part. « Kratos » repose à la fois sur le fait de détenir un pouvoir et de toujours avoir le dessus. Ceux qui sont contre le modèle démocratique rappelleraient à tout moment ces idées divergentes jusqu’à en faire de la démocratie, un mot très dévalorisant. 

Actuellement, la majorité des individus et plusieurs pays à travers le monde conçoivent la démocratie comme étant l’unique système d’administration valable et durable. À cet effet, elle est sous-tendue par deux théories de base, dont celle de l’autonomie de l’individu et celle de l’égalité. Avec plus de précisions, la première théorie évoque la non-soumission d’un individu à des règles mises en place par autrui. Le précepte de l’égalité veille à ce que chacun ait la même chance de soupeser sur les décisions concernant tous les citoyens. 

 

Plusieurs définitions peuvent être attribuées à ce terme et diffèrent les unes des autres, sauf qu’à la base, l’idée reste toujours la même. Pour certains, la démocratie est une conformation de gouvernement, avec une autorité émanant du peuple. Elle regroupe un ensemble de théories philosophiques et concepts politiques selon lequel une communauté ordonne son fonctionnement par des principes disposés, décrétés, mis en œuvre et observés par tous les membres de cette communauté. 

 

Pour d’autres, la démocratie ne se limite pas uniquement à une simple conception ni à une valeur éthique. Elle désigne aussi un ensemble d’actions envers la société, reposant sur des principes d’égalité, d’indépendance et d’équité, qui se développe avec le temps et l’évolution de la société. Avec l’apparition de la république, plusieurs pratiques démocratiques ont aussi vu le jour. Le suffrage universel, la liberté d’expression et de rassemblement, l’autonomie de la justice et la liberté de la presse en faisaient partie. 

 

Parmi les définitions les plus actualisées, la démocratie est le fondement de la République. En effet, elle indique un propriétaire du pouvoir politique ou de l’élément public représenté par le peuple. Il y a donc une liaison plus que compliquée entre démocratie et République. Ce n’est en aucun cas un rapport de similitude. Effectivement, la démocratie est dite républicaine étant donné qu’elle désigne un État de droit. Mais en parallèle, une République peut emprunter d’autres formes de régimes et ne pas être forcément démocratique. 

 

2 – Origine et histoire de la démocratie

 

Exploité pour la première fois en Grèce du temps de l’Antiquité, la démocratie a depuis connu un changement, tant sur ses principes que sur son déroulement. 

 

La crise engageant la cité grecque et les changements spécifiques à Athènes étaient à l’origine de la démocratie. En effet, vers le VIe siècle av. J.-C., ces cités grecques ont connu un grand bouleversement politique. Cela est causé par deux évènements simultanés, dont celui de l’esclavage et l’émergence d’un nouveau rang social. À cette époque, la servitude pour dettes était monnaie courante. Elle met en jeu l’appartenance politique et la finance d’un grand nombre de paysans qui n’ont pas leurs propres terrains. Il y avait un grand écart entre les citoyens, et la divergence d’opinions politique et l’insatisfaction gagnait du terrain dans les zones rurales. À côté, on a vu l’apparition d’une toute nouvelle classe dans la société. Elle résulte de l’essor des flux commerciaux et la valeur ascendante de la monnaie. Cette classe sociale regroupait en son sein des artisans et les fréteurs qui veulent mettre un terme à toutes situations de monopole accordées aux aristocrates sur le champ politique. Face à cette situation de crise, plusieurs cités ont changé définitivement leur structure politique

Un assortiment de modifications amène à un procédé qui a débouché sur la survenue d’un nouveau régime politique à Athènes. Il s’agissait de la première forme de démocratie dédiée aux hommes affranchis, sans qu’on ait laissé de côté l’esclavage. Cette restriction a été développée brièvement par Jacques Rancière qui disait que « la démocratie est née historiquement comme une limite mise au pouvoir de la propriété. C’est le sens des grandes réformes qui ont institué la démocratie dans la Grèce antique : la réforme de Clisthène qui, au VIe siècle av. J.-C., a institué la communauté politique sur la base d’une redistribution territoriale abstraite qui cassait le pouvoir local des riches propriétaires ; la réforme de Solon interdisant l’esclavage pour dettes »

De par sons sens étymologique, l’usage du terme «démocratie » n’est devenu courante que vers le XIXe siècle. Pierre Ronsavallon en parlait dans un article dédié à l’origine du terme. À cette époque, elle faisait surtout allusion à l’Antiquité. Dès lors, l’utilisation du mot a dépassé le cadre de la théorie politique afin de regagner celui de la sociologie. La démocratie ne se restreint plus à un régime politique, car elle concerne dorénavant les institutions ou toutes autres organisations. Depuis plusieurs années, on l’a invoqué dans des cadres différents comme celui d’une école, d’une famille et même d’une entreprise. Avec ces différentes visions, elle remet en question respectivement le partage de l’autorité des parents, leurs engagements vis-à-vis de la scolarité de leurs progénitures et la façon dont les employés d’une entreprise s’expriment ou encore sont représentés. 

La démocratie était rattachée aux décisions prises qui sont d’ordre politique et qui concernent la législation par les individus groupés en une assemblée populaire du temps de la Grèce antique. Depuis, ce concept a été adopté par de nombreux pays bien qu’à ses débuts, les droits associés étaient très limités et n’ont été utilisés que pour la gent masculine. Les esclaves ainsi que les habitants étrangers d’une ville ont été exclus du concept. À titre d’exemple, le droit de vote était réservé aux « hommes » ayant des propriétés terriennes. On a dû attendre des siècles d’acharnement populaire afin que ce droit touche toute la population adulte, qu’elle soit de sexe masculin ou féminin. 

2.1 – La démocratie selon les philosophes grecs

Beaucoup de philosophes grecs ont eu des réflexions qui n’ont pas toujours été favorables à l’encontre de la démocratie et qui sont différentes les unes des autres. Parmi eux, Platon et Aristote ont donné des avis plus qu’intéressants sur ce concept. La détermination du meilleur régime politique se trouve au centre du débat entre ces deux philosophes. 

2.1.1 – La vision de Platon

Pour Platon, « la démocratie apparaît lorsque les pauvres, ayant remporté la victoire sur les riches, massacrent les uns, bannissent les autres, et partagent également avec ceux qui restent le gouvernement et les charges publiques; et le plus souvent ces charges sont tirées au sort ». Ainsi donc, la démocratie s’apparente à une approche de liberté. Mais c’est cette notion de liberté qui va amener à la décadence de cette démocratie, voire même à une forme de grave anarchie. Platon a pensé que cette liberté ne peut que découler sur une sorte de tyrannie. Il a aussi formulé son opinion sur les différents types de régime pouvant se succéder. On a pu les classer comme suit, et ce, en suivant un ordre décroissant :

Il y a d’abord l’aristocratie ou la monarchie, la timocratie qui se base sur l’honneur, suivie de l’oligarchie résultante de la soif des richesses, puis de la démocratie qui se repose sur une situation égale des pauvres et des riches et enfin de la tyrannie qui résulte d’un fort désir dépourvu de sens moral et éthique

Platon renie entièrement le régime où il y a une injustice subie par les pauvres. Il n’est pas non plus pour la démocratie où l’on vit en parfaite égalité, car il pense que cela ne peut qu’engendrer le chaos. Le régime démocratique n’est pas bon étant donné qu’il va donner place à la tyrannie, qui d’après lui, est le pire à éviter. 

2.1.2 – La vision d’Aristote

Dans son ouvrage La Politique, Aristote évoque deux aspects importants que sont la quantité définissant l’effectif des individus au pouvoir et la qualité du régime adopté. Il a fait un hybride des deux et en a tiré la conclusion ci-après quant aux régimes politiques :

  • Il existe 3 sortes de régimes qui ont des objectifs conjoints. Il s’agit de la monarchie, du régime aristocratique et de la République. 
  • Cette première classification a donné naissance à d’autres régimes de dégénérescence tels que le régime tyrannique, l’oligarchie et la démocratie

La monarchie est caractérisée par la prise de pouvoir d’un individu opérant avec vertu. Mais ce type de régime peut se transformer en tyrannie quand le détenteur du pouvoir se défait de cette vertu et se fie à la force et l’individualisme. Il a défini l’aristocratie comme étant le pouvoir d’une poignée d’individu. C’est en quelque sorte la forme médiane se situant entre la vertu et la fortune. Mais ce régime aristocratique peut dériver à tout moment en oligarchie étant donné qu’il est très vulnérable face à des pratiques malveillantes comme la corruption. La République ou le régime constitutionnel se base sur un mode de gouvernance suivant une grande vertu. Et comme les deux premières sortes de régime sont à intérêts conjoints, cette dernière peut découler sur la démocratie quand le peuple tend à devenir hargneux et égalitaire. En effet, cette démocratie est donc une configuration détériorée de la République. 

D’après lui, la société met en exergue deux catégories de personnes distinctes, à savoir les pauvres et les riches. Il leur octroie la même capacité de raisonnement. Or, s’il ne rejette pas l’importance de la rationalité pour diriger une Cité, il réplique que c’est en combinant les logiques personnelles que l’on peut aboutir à un raisonnement collectif. C’est la raison pour laquelle les pauvres certainement en grand nombre doivent commander. Il est donc pour la démocratie étant donné que cette équité dans la rationalité a un effet évident qu’est l’équilibre en matière de droit politique. Dans cet élan, il soutient un régime accessible aux citoyens affranchis, car c’est pour lui une clause et un objectif de la démocratie se basant sur un gouvernement successif de chacun par le peuple et du peuple par chacun. 

Toutefois, il a recommandé une mise en garde de la démocratie face à deux phénomènes spécifiques dont :

  • La démocratie populaire mettant en scène la monopolisation du pouvoir par la classe des pauvres et la soumission des riches. Dans ce cas précis, il faut toujours surveiller la notion républicaine qui se repose sur l’exercice du pouvoir pour un intérêt global. 

La démagogie qui se caractérise par une sorte d’illusion ou de promesse faite au peuple par le gouvernant. Pour remplacer la supériorité des décrets à celle des textes règlementaires, les démagogues concèdent toutes les affaires courantes au peuple étant donné que leur propre force ne peut que se multiplier. En procédant ainsi, ils paraissent avoir confiance au peuple et les font prendre un semblant de décisions sauf qu’en ayant gagné la confiance de la majorité, ils peuvent gouverner en toute liberté, sous cette ombre de volonté du peuple. 


2.2 – La démocratie des temps modernes

De nos jours, la démocratie repose sur plusieurs éléments importants. Il y a une constitution à la base qui va déterminer les pouvoirs et les obligations fondamentales de chaque citoyen, les attributions de l’État et les procédés de mise en place des décisions liées à la politique. On fait aussi l’apologie de la séparation de pouvoir sur trois niveaux. Il s’agit en l’occurrence du pouvoir législatif exercé par les membres du parlement, du pouvoir exécutif exercé par les membres du gouvernement et du pouvoir judicatif exercé par les juges auprès des tribunaux. En effet, le point déterminant d’une bonne et démocratie réelle s’appuie sur la détention et le contrôle d’un pouvoir par autrui. À part cela, il y a l’égalité des droits, c’est-à-dire que tous les individus sont sur le même pied d’égalité. De même, tous les individus en âge de voter pourront jouir de ce privilège. 

On a assisté à une évolution de la démocratie moderne dans divers pays européens et en Amérique du Nord. C’est le résultat ou la réponse évidente aux excès de pouvoir donnés aux rois ou dirigeants d’antan. Ce processus durait depuis plusieurs années, et il a fallu des révolutions s’apparentant à des guerres civiles, laissant place à l’anarchie dans ces pays. En fait, ces révolutions se terminaient toujours par une anarchie totale à la place de l’indépendance ou de la liberté. 

2.3 – La démocratie contemporaine

 

La démocratie contemporaine se reconnaît par l’essor du droit de vote et la formation sur la communication politique. En effet, l’apparition du suffrage universel était une des bases de cette démocratie. 

 

La généralisation du suffrage se fait progressivement dans les pays européens. Il a fallu plus d’un siècle et demi pour que cette égalité de droit au vote pour tous les citoyens soit bien mise en place. On a vu la percée du vote par suffrage universel pour la gent masculine vers le XIXe siècle bien que ce précepte ait déjà existé en France vers la fin du XVIIIe siècle. C’est en effet le début de la révolution en France. En fait, ce concept d’égalité entre toute la population citoyenne est décrit dans la constitution française sauf qu’il n’a jamais été question de le mettre en pratique. Il avait eu un grand pas vers la démocratie pour la France en 1848 avec la révolution en question et la mise en place de la deuxième République. D’autres pays comme la Suisse ont suivi cet itinéraire et ont adopté l’universalisation des suffrages. Toutefois, on a dû attendre que la 1ère guerre mondiale s’achève avant de voir la diffusion de cette notion dans certains pays de l’Europe centrale et celle occidentale. On a importé le suffrage universel réservé aux hommes au Royaume-Uni aux alentours de 1918. L’inexorabilité de l’amplification du droit de vote s’enracine. 

 

2.4 – La démocratie selon les politiciens et autres organisations

 

La gestion d’une communauté ou d’une ville peut être assurée par un seul individu ou un clan restreint, du moment que cette communauté a toutes ses facultés pour agir. De même, quand un groupement de personnes doit évoquer une certaine discussion à objectif précis, il faut d’habitude entamer par l’élection ou la désignation d’un meneur afin d’instaurer et de garder une structure solide. Sans ce dernier, la communication va se dérouler de façon non ordonnée et le groupement n’aboutira jamais à un résultat concret de ses actions. 

 

Si l’on fait une transposition de ce cliché à l’appareil étatique, on pourra voir nettement la nécessité de mettre en place un gouvernement qui d’ailleurs est toujours appuyé par une grande partie du parlement ou encore par une majorité présidentielle. Il peut y avoir à cet effet une alliance avec d’autres mouvances. Ce gouvernement ne peut avancer qu’avec une gestion saine et efficace de l’État qui va exécuter ses décisions. D’un côté, l’Administration apporte son soutien à la mise en place des textes de loi et veille à ce qu’ils soient bien exécutés d’un autre côté. 

 

On peut donc en conclure que le pouvoir de l’État n’est pas seulement du ressort du gouvernement. Il faut également l’influence effective d’une Administration afin de mener à bien la gestion d’un pays. 

 

L’administration est une institution axée sur son personnel et est politiquement différenciée de la mouvance majoritaire dans certains pays démocratiques. Elle doit être au service de l’État et non à la merci de n’importe quelle mouvance ou parti majoritaire en faveur du régime détenant le pouvoir. 

 

Un État démocratique se reconnaît par la présence d’une partie qui s’oppose à la vision du gouvernement en place. Au cours de certaines élections et à partir des divers organes de l’État tel que le Sénat, le parlement, l’assemblée ou autres, il y a dans la majorité des cas au moins un parti qui se place en tant que représentant de l’opposition et qui mène une confrontation d’idées avec le parti du régime au pouvoir. 

 

Bon nombre de politiciens pensent que dans une démocratie, il devrait y avoir une opposition afin de constituer une sorte de balise pour le gouvernement en place. Celle-ci est en fait indispensable pour assurer un échange d’idées défini par des discussions enrichissantes. La démocratie amplifie sa force grâce à cette discordance d’opinions presque continue, et des échanges qui en résultent. C’est au cours de cette communication sans limites durant laquelle toutes les opinions sont ouvertement exposées que toutes les visions peuvent être envisagées et que la meilleure alternative peut être saisie. Tout au mieux, le parti se statuant en tant qu’opposition a une forte potentialité pour succéder au parti majoritaire en place. Il peut ainsi avoir une certaine influence sur le gouvernement. Cette manœuvre démocratique vise à examiner les mesures adoptées par le parti gouvernant et tente en parallèle de dévoiler son programme. 

 

3 – Les différents types de démocratie 

 

On peut adopter une certaine forme de démocratie sur la base des différents types existants. Il y a entre autres la démocratie directe, la démocratie indirecte, la démocratie par tirage au sort, la démocratie mixte et bien d’autres encore. 


3.1 – La démocratie directe 

 

Par définition, la démocratie directe est un «régime politique dans lequel le peuple exerce sa souveraineté lui-même, sans l’intermédiaire d’un organe représentatif ». Cette forme de démocratie est considérée comme étant la plus simple. Seulement, certains la jugent irréalisable comme moyen de gouvernement prééminent ou perpétuel d’un pays qui est assez populeux. Il est même fréquent qu’on la juge en tant que source de désordre en ce qui concerne la prise de responsabilité et la capacité à administrer. 

 

La démocratie athénienne du VIe siècle av J.C est observée par bon nombre de chroniqueurs comme une illustration concrète de démocratie directe. À cette époque, l’ensemble de la population masculine de pure souche, ayant plus de 30 ans et qui peuvent se prémunir d’armes statuaient et élisaient les textes de loi. Après, ce système a été suivi par de nombreux pays qui ont connu tant bien que mal les retombées de ce procédé démocratique. 

La démocratie directe représenterait des contrecoups assez lourds, les politiciens n’assumeraient qu’une fonction de représentation au niveau mondial et le peuple formulerait sa volonté de façon très périodique grâce à leurs votes. Cependant, le souci majeur de scrutins à répétition est varié et il faut ainsi être à l’affût de l’actualité et la conception des lois afin de prendre une sage décision. Il faut également des procédés de vote plus rapides et fiables. Un autre problème de cette démocratie directe est lié au taux élevé d’absentéisme des électeurs lors d’une élection. Cela est dû à divers facteurs comme le fait de s’y désintéresser totalement, le manque de temps ou autres. Au final, le résultat de vote lors d’une élection ne peut pas représenter réellement l’avis de tous les citoyens. En effet, un tel procédé n’est pas pour autant si démocratique avec un résultat biaisé. On pourrait être obligé à suivre la volonté d’une minorité sur la base d’opinion commune. 

3.2 – La démocratie indirecte ou représentative

 

Théoriquement, la démocratie indirecte ou représentative se repose sur la tenue d’une élection démocratique en toute liberté. Il peut s’agir d’une élection des membres du gouvernement grâce à la majorité des voix des électeurs. Une autre sorte d’organisation législative est apparue à l’époque contemporaine, et ce, afin de restreindre l’autorité des gouvernants et les soumettre à une obligation de compte-rendu. C’est en fait l’Assemblée ou le Parlement, qui est désigné par la population, précisément de ceux qui peuvent voter, et qui dirigent le pays en son nom. La notion de représentation donne aux citoyens la chance d’apporter leur contribution aux affaires collectives d’un État. Somme toute, les élections ont été répandues à la sélection du dirigeant du gouvernement au titre de Président ou de premier ministre. Il en est de même pour le chef du parlement ou de l’assemblée. 

 

Cette forme de démocratie est un régime auquel tous les représentants comme les députés, les délégués ou autres, choisis par le peuple et rassemblés en Parlement, sont dotés d’une autorité législative. Certains d’entre eux, appuyés par une supériorité numérique dans le Parlement, représentent le gouvernement qui est à la tête de l’exécutif. En quelque sorte, elle est considérée comme étant une démocratie relative. La population n’y joue qu’un rôle de détenteur d’une autorité de principe. Elle ne profite pas directement des pouvoirs politiques, à la rare exception de la tenue des référendums avec des résultats non biaisés. Du reste, elle n’applique qu’une pratique indirecte sur la gestion de la société, par le biais des élections de ses délégués. Il en est ainsi pour leur pratique propre subséquente, sous réserve d’une défense et d’une application de programme, objet du choix de leurs électeurs. 

De surcroît, il est possible de catégoriser les variétés de régimes démocratiques suivant deux critères, dont la séparation du pouvoir avec le régime présidentiel ou l’association de pouvoirs multiples avec le régime parlementaire et celui d’assemblée. Outre cela, on remarque l’existence d’autres régimes à caractère mixte, combinant à la fois le régime présidentiel au parlementaire. 

3.2.1 – Le parlement

Le régime parlementaire se caractérise par la distinction des pouvoirs en place et par la présence de systèmes de contrôle lorsqu’il y a une divergence d’idées entre les membres du parlement et l’exécutif. 

Une autre spécificité de ce régime est le fait que le gouvernement a besoin d’avoir la confiance d’une plus grande masse du parlement. Il doit se porter garant de ses fonctions et il est contraint de démissionner s’il ne représente plus la majorité du parlement. Pour ce motif, le pouvoir est divisé entre le chef du gouvernement et le chef étatique. Le premier assure avec les ministres qui l’accompagnent la gestion de la politique d’une Nation, sous la supervision des unions parlementaires. De ce fait, le pouvoir et le niveau d’implication politique se lient rigoureusement. C’est ainsi que certaines actions menées par le chef de l’État doivent faire l’objet d’une contresignature et d’une caution des représentants gouvernementaux concernés. En revanche, le second, c’est-à-dire le chef de l’État, symbolise la constance de l’État. Il ne concourt pas à l’exercice d’autorité, hormis celle de la désignation du chef du gouvernement. En principe, il n’est sujet à aucune responsabilité politique du fait qu’il ne détient pas de fonction active. 

Le mode de déroulement du régime du parlement sous-entend une stricte liaison entre le gouvernement en place et les assemblées. Ceux qui font partie du gouvernement, qui dans la majorité des cas sont désignés parmi les membres du parlement, peuvent accéder aux assemblées. Par ailleurs, le gouvernement se réserve un droit législatif et contribue à la conception d’une loi. 

Étant donné les menaces de blocage qui peuvent découler du niveau d’implication du gouvernement ou de la méfiance dans la chambre basse qu’est l’assemblée et la chambre haute qu’est le parlement, un pouvoir de dissolution est donné aux deux chefs, à savoir celui de l’État et celui du gouvernement. Le changement total du gouvernement ou l’anéantissement sont deux formes apparentes du système de contrôle permettant de défaire les pressions qui peuvent se manifester entre le gouvernement et la majorité qui le compose. Aussi, la dissolution ou l’anéantissement nécessite la participation des électeurs pour faire un bon arbitrage. 

3.2.2 – La présidence

En 1787, les États-Unis ont élaboré le régime présidentiel. Il se singularise par une vraie séparation des pouvoirs. Il y a d’abord le pouvoir législatif qui a la prérogative de la décision et l’entier contrôle des procédés législatifs. On a ensuite le pouvoir exécutif, reposant sur son bien-fondé électoral et qui ne peut être destitué. Et en dernier lieu, il y a le pouvoir judiciaire qui détient de grands privilèges. 

La spécificité de base de ce régime est axée autour du mode de sélection du chef de l’État, choisi grâce aux votes par suffrage universel, que ce soit en mode direct ou indirect. De ce fait, le Président bénéficie d’une solide légitimité qui appuie les pouvoirs immenses dont il possède. Il a un pouvoir de nomination et de révocation des ministres. De plus, il a une certaine emprise et autorité sur ces derniers. L’exécutif est du ressort d’un seul chef d’État, ce dernier assure en même temps le rôle de président et chef du gouvernement. Son implication politique ne peut être évoquée par les assemblées. Mais en revanche, il possède un minimum d’obligation à leur encontre. En effet, il n’a pas le pouvoir de les dissoudre et retient juste un droit de véto concernant les textes de loi qui ne correspondent pas à ses attentes. 

3.2.3 – L’assemblée

 

Le régime politique en assemblée est un précepte institutionnel avec lequel toutes les autorités découlent d’une assemblée votée lors d’une élection directe en suffrage universel. Cette assemblée a en son sein des commissions qui jouent des rôles exécutifs et juridiques. Une telle administration est particularisée par l’embrouillement des pouvoirs et par l’autoritarisme du législatif. Ce type de régime n’est que très rarement sollicité. Il n’est utilisé qu’à titre passager par des assemblées qui s’occupent de la conception d’une constitution. 

 

3.2.4 – La démocratie libérale 

 

En général, la démocratie libérale est celle qui repose sur la domination des plus forts ou la dépendance des plus faibles. C’est le contraire de la liberté qui, selon le précepte de démocratie, découle d’autorités permettant aux hommes du peuple de maîtriser les adversités et gênes, les embarras de la vie et provient du rapport entre le point culminant de l’autorité individuelle et l’équilibre de ces autorités entre les gens. Or, la démocratie libérale, lorsqu’elle arrive à faire intensifier la force de l’économie générale d’un pays, et particulièrement dans ce cas, engendre un certain déséquilibre, par son fondement même. On remarque une émergence de l’aristocratie économique avec une démocratie libérale. Certains pensent que cette démocratie est un système antidémocratique étant donné que le peuple y est dépourvu de tout pouvoir rattaché à l’économie. 

 

3.3 – La démocratie par tirage au sort

 

La démocratie par tirage au sort consiste seulement à désigner des individus qui représentent en nombre la population, suivant un mécanisme incorruptible. L’assemblée qui sera tirée au sort exécutera ses fonctions en public et tout individu devrait pouvoir contempler et émettre des commentaires sur l’œuvre des tirés au sort. À cet effet, ces derniers sont obligés à y porter beaucoup de vigilance vu que leur plan sur la constitution requiert l’approbation par un référendum. Il est même possible que les électeurs soient amenés à accepter ou rejeter toute ou une partie de la constitution. Subséquemment, il est probable que par pur hasard, il y ait des individus malveillants sélectionnés lors du tirage au sort pour élaborer les lois constitutives. Cependant, la constitution qu’ils vont proposer risque fort de ne pas être acceptée au cours du référendum. Par la suite, on va procéder à la mise en place d’une nouvelle assemblée. 

 

Par ailleurs, à cause de leur diversité, ceux qui sont désignés par tirage au sort sont certainement et conjointement désintéressés par rapport aux textes de loi qu’ils sont disposés à rédiger. En conséquence, ils ne seront point complexés pour restreindre radicalement le pouvoir des administrateurs futurs, car les intérêts divergents qui étaient source de blocage n’ont plus de raison d’être. 

Il est aussi à noter que la démocratie par tirage au sort est du ressort du dilettantisme politique, ce qui n’est pas mauvais vu que ce procédé incite à la politisation des ressortissants et en même temps, il permet que les textes de loi des tirés au sort soient facilement compréhensibles par la majorité. En effet, il faut être beaucoup plus honnête que compétent afin de pouvoir bien rédiger une constitution fiable. Le tirage au sort encourage l’assemblée à être incorruptible. Pour en avoir une confirmation, plusieurs évènements historiques ont démontré que ce principe de tirage au sort de valets idéologiques a bien marché. 

3.4 – Le régime mixte 

 

Le régime démocratique mixte revêt des spécificités basiques du régime présidentiel et du régime parlementaire. Pour le régime présidentiel, le Président ou chef de l’État, voté par l’ensemble de la population, sélectionne et destitue les adhérents du gouvernement s’il a la majorité du parlement selon ses visions. Ce régime use également des principes du régime parlementaire. Le chef du gouvernement ou le premier ministre est différent du chef de l’État et son implication peut être incriminée par l’Assemblée nationale ou la chambre basse. Le Président ou dirigeant de l’État détient un pouvoir de destitution et le gouvernement jouit d’immenses privilèges dans le procédé législatif. Ce régime mixte ne peut marcher que lorsqu’il y a une entente entre la majorité au parlement et le chef de l’État. Dans cette conformation, le premier ministre du Gouvernement a une double responsabilité, l’une face au Parlement et l’autre, devant le chef de l’État. À l’inverse, le régime se déroule tel un parlement. À cet effet, le chef de l’État concède sa primauté au chef du gouvernement. 

3.4.1 – La démocratie participative

Beaucoup pensent que la démocratie participative est un moyen permettant la promotion d’une représentation opposée. Malgré le fait que les adeptes de cette forme de démocratie confortent leurs arguments divers à partir d’un dénigrement face au problème de la représentation, ils ne rejettent pas la démocratie représentative dans son fondement. En effet, ils pensent qu’il est impossible d’instaurer une démocratie directe, étant donné que la population n’est pas en mesure de tout exécuter et qu’elle ne veut pas non plus assumer toutes sortes de responsabilités associées. L’annotation du concept de démocratie participative sous-entend la présence d’un concept politique basé sur la force et la place des représentants. Ces derniers se doivent d’exister afin qu’il y ait une fusion de critique à leur encontre, qu’il y ait une certaine influence possible envers eux et que le pouvoir de destitution puisse être exercé. 

Aussi, pour des motifs exclusivement matériels, l’ensemble des habitants d’une localité n’aurait pas la possibilité d’intervenir lors de la conception d’un budget de participation, ou de faire partie d’une commission auprès de la mairie, ou encore de représenter des jurés citoyens. 

Toutefois, le plus grand handicap de ce type de démocratie est l’implication de la théorie d’égalité. Le fait que les personnes motivées sont promues est une situation normale si l’on fait allusion à un milieu associatif ou affilié. Par contre, cela peut créer bien des polémiques s’il concerne de manière indirecte les sélections qui conviennent à une collectivité. Dans ce cas précis, la faculté qu’a chaque individu pour avoir accès à un traitement égal est en effet un droit. Cependant, on craint que les personnes qui ne répondent pas au profil recherché, c’est-à-dire qui sont généralement trop âgées, peu enthousiastes et politiquement inconvenants ne soient plus influentes et ne bénéficient plus de l’aide de ses électeurs collectifs. 

En résumé, cette démocratie participative vise une partie et non un ensemble. Si on se réfère à un système juridique, elle ne peut pas être établie en droit subjectif, car on ne peut évoquer un droit de désignation par le sort ou même à un droit de déclaration de motivation. L’antinomie entre les deux mots représentés et représentant qui invoque le concept de la représentation est ainsi maintenue, sauf qu’on parle d’une toute autre forme de représentation. 

3.4.2 – La démocratie semi-directe

 

La démocratie semi-directe est une conformation de démocratie associant en même temps des concepts de la démocratie représentative et de la démocratie directe. Certains l’assimilent souvent comme étant une démocratie semi-représentative. 

 

En effet, en démocratie de représentation, les électeurs citoyens choisissent des représentants qui vont, à leur tour, concevoir des textes de loi. Toutefois, ces citoyens sont aussi appelés à l’urne lors d’un référendum pour savoir leur position par rapport à des lois érigées par leurs représentants. 

Il existe aussi un autre concept relevant de la démocratie semi-directe qui est nommé rappel. En pratique, il donne la possibilité à un certain nombre de citoyens de demander la tenue d’un référendum dans le but de faire cesser le mandat d’un représentant élu ou d’un agent de l’État. Les États-Unis usent particulièrement de ce mécanisme et à titre d’illustration, il y avait le gouverneur californien Gray Davis qui a été forcé à démissionner au cours d’un rappel en 2003. 

Bref, la démocratie semi-directe est une autre forme de la démocratie de représentation. En fait, toutes sortes de résolutions ainsi que les textes de loi à caractère nominatif ne dépendent pas du résultat d’un référendum. Bref, elle est une option relative, mais une réelle option, à la représentation. 

 

Ce type de démocratie revêt quelques points faibles bien avérés. Le référendum reposant sur le recueil d’avis et deux réponses à savoir pour ou oui, et non ou contre peut amener à une prise de mauvaises résolutions. Il suppose également des avis partagés alors que les échanges au niveau du parlement aboutissent théoriquement à un raisonnement collectif. Ce référendum est menacé d’une manipulation de la part des gouvernants qui connaissent bien le concept, le sujet et l’énonciation des questions administrées. Il y a aussi le facteur temps, qui associé à ces autres indices, peut vraiment biaiser les réponses.


3.5 – Autres conceptions de la démocratie

 

On vient de voir les principales formes courantes de la démocratie. Mais il convient aussi de savoir qu’il existe d’autres types peu utilisés, mais qui méritent tout aussi bien d’être étudiés.

 

3.5.1 – La démocratie inclusive

 

La démocratie inclusive s’apparente à un concept et un plan politique résultant de la mise en place d’une démocratie à la fois économique et directe au sein d’un milieu qui n’a ni valeur monétaire, ni État, ni thésaurisation. Par contre, ce milieu ou cette société est auto administrée et est écologiste. 

La théorie de base de cette démocratie, à l’opposé de la politique qui constitue des rites démocratiques et indépendantistes, est l’œuvre du philosophe Takis Fotopoulos. Il relate les faits concernant ce concept dans son ouvrage Towards an inclusive democracy

3.5.2 – La démocratie agonistique 

 

Tirée du mot grec « agôn » qui veut dire combat structuré, particulièrement dans le domaine du sport, cette expression a été utilisée vers le début des années 1990. La démocratie agonistique se repose strictement sur l’analytique. En fait, seuls les observateurs et les philosophes en font usage dans leur tentative de décryptage des divers systèmes démocratiques. Ils se réservent aussi le droit de les statuer et d’y apporter des changements le cas échéant. 

Elle est en même temps un précepte autoritaire et de description. Il aide à spécifier certains aspects des démocraties telles qu’elles sont, surtout concernant l’intolérance conflictuelle qui s’y déroule. Aussi, il sert à soutenir un concept de ce que la démocratie doit représenter, c’est-à-dire un mécanisme où des analogies politiques multiples continuent à se développer. Cette démocratie forme ainsi un aspect théorique particulier pour représenter et exhorter diverses tournures de concours politique. 

4 – La place de la démocratie dans le développement d’un pays 

 

La démocratie est un élément essentiel qui profite à un essor économique continuel. Ce dernier peut conduire un pays à un état où il sera réalisable d’avoir plus de démocratie utile afin que cet essor de l’économie perpétue. Dans une thésaurisation internationale incorporée où des problèmes pécuniaires dans un État ou une ville risquent davantage de se propager à travers le monde, la démocratie, dans son sens le plus évasé et le plus analysé, évoque la solide assurance contre les éventuelles crises économiques, tant à l’échelle locale que mondiale. 

Pour signifier l’importance de la démocratie, plusieurs pays regroupés au sein de l’assemblée générale des Nations Unies ont décidé que la journée du 15 septembre lui sera consacrée. Par la suite, diverses manifestations se sont déroulées dans plus d’une centaine de Nations à cette occasion particulière dédiée à la démocratie. 

Néanmoins, force est de constater que la conception et le déroulement de la démocratie dans les pays riches et les pays en voie de développement sont complètement différents. Il en est de même pour les retombées du concept pour ces derniers. 

4.1 – La démocratie dans les pays développés

 

Beaucoup polémiquent sur le fait que la démocratie est indispensable pour promouvoir l’économie d’un pays. Mais cette hypothèse tient-elle la route dans tous les cas de figure et pour l’ensemble des pays développés ? 

 

Pour vérifier cela, prenons l’exemple de la Corée du Sud qui compte parmi les pays les plus prospères sur la planète. En fait, l’essor fulgurant de ce pays est le résultat du niveau soutenu de l’enseignement et à l’instauration de solides stratégies économiques. Il est à noter que ce pays n’a adopté le régime démocratique que vers les années 1985. À l’inverse, si on se réfère au pays le plus démocratiquement stable qu’est l’Inde, et qui fait partie des pays très peuplés, avec une croissance moyenne en matière économique, le développement ne se lie pas forcément avec la démocratie. 

 

La majorité pense qu’un pays se développe mieux et rapidement s’il vit en démocratie. Plusieurs cas confirment cette théorie. Cependant, il y a toujours des exceptions qui méritent d’être approfondies, comme ce fût le cas de la Tunisie. En effet, c’est un pays du Maghreb où l’on constate une oppression et un manque ressenti de démocratie. Malgré cela, c’est le seul pays maghrébin ayant une économie florissante et connaissant un développement social plus accentué par rapport à ses semblables. Avec un règne de plus de 17 années, Ben Ali a su diriger la Tunisie vers le développement. C’est cela d’ailleurs qui lui a coûté cette reconnaissance auprès de la population tunisienne, même si cette dernière a vécu avec beaucoup de restrictions. Selon des investigateurs étrangers, la croissance économique et sociale de ce pays, sa politique d’ouverture au monde occidental et le fait qu’il attire un bon nombre d’investisseurs suffisaient à aveugler l’Occident quant au climat opprimant et l’absence de démocratie en Tunisie. 

 

La Chine rejoint aussi la Tunisie sur cette voie. Elle tenait à contrecarrer la pensée de certains qui estimait que la condition primordiale de la croissance d’un pays est la mise en place de la démocratie. Ce pays est dirigé par un groupe d’individus très distingués, de capacité et de pragmatisme notoires qui se concentre davantage sur sa croissance d’ordre social et économique, avec un taux de croissance annuel déconcertant. C’est ainsi que la Chine s’est vue être en tête de liste des destinations favorites des investisseurs étrangers venant de l’Europe et des États-Unis. Certains d’entre eux la qualifient même d’usine mondiale. Pourtant, la politique chinoise n’est guère empreinte de démocratie. Il y a une affirmation disant que la dictature peut porter préjudice à la situation économique d’un pays. De plus, garder en place un régime sous l’égide de l’autorité sous prétexte que la croissance n’est pas suffisante peut même être un frein à la productivité. Ce qui n’est pas du tout le cas pour la Chine. 

 

4.2 – La démocratie dans les pays pauvres

 

La démocratie suppose que l’on s’intéresse sur les méthodes utilisées afin de se développer, sans considérer l’effectif important de décès engendrés par les despotes sous couvert de la modernisation. L’impécuniosité se rattache directement à l’insuffisance de ressources. Cela représente une épreuve à passer face à l’expression affranchie des penchants politiques, au commandement d’un gouvernement pourvu de responsabilité, de transparence et à l’égalité des chances pour tous. Ce qui ne veut pas forcément dire qu’un pays impécunieux est moins démocratique ou encore qu’un pays développé repose sur plus de liberté, mais que l’allègement voire même la suppression de la pauvreté pourrait concourir à la pratique réelle de la démocratie. 

 

Des individus pensent même qu’on ne peut asseoir une vraie démocratie dans un pays en voie de développement ou dans un pays pauvre. La question qui hante souvent leurs esprits est de savoir s’il y a une possibilité de mettre en place honnêtement une démocratie dans un pays extrêmement pauvre. On peut espérer à une bonne réalisation si les gouvernants ont une volonté d’instaurer cette démocratie, et en parallèle de relever le niveau de vie des citoyens sous toutes ses formes. 

 

En d’autres termes, il faut créer un lieu où toute la population est traitée sur le même pied d’égalité, tant sur leurs droits que leurs obligations envers la société. Toutes les actions injustes, ainsi que la dictature devraient disparaître. Il faut que tout le monde se sente suffisamment fort pour combattre la corruption qui est l’ennemi principal de la démocratie. L’on sait tous qu’il est difficile d’être à la fois un bon dirigeant et de commander le peuple de manière dictatoriale, avec des pratiques violentes et abusives sur les citoyens. En effet, tous les actes odieux tels que les tortures, les meurtres, les rapts, les oppressions de tout genre faites aux journalistes ainsi que d’autres actions indignes de l’humanité comme c’est le cas des évènements survenus en Éthiopie, en République du Centre Afrique, ne s’associent guère à un régime démocratique et sa valeur. 

Malheureusement, on assiste toujours à de telles horreurs dans les pays pauvres, car la population qui est à la recherche permanente des moyens existentiels ne peut que se préoccuper très peu de la politique ou même s’adonner à une activité pour alerter les dirigeants et les conscientiser face à leurs actes. 

D’un côté, si elle met sur pied un projet de grève dans le but de faire pression sur le gouvernement et pour que celui-ci change de vision politique, elle sera toujours vaincue. Pendant qu’elle manifeste pour que ce changement se fasse, elle ne pourra pas travailler et n’aura pas de ce fait de quoi se nourrir. Le manifestant peut même ne pas percevoir son gain mensuel si jamais les dirigeants jugent qu’il faut le sanctionner de la sorte. 

D’une autre part, on remarque qu’il n’y a presque pas de partis opposants à un gouvernement au sein d’un pays pauvre. Cela est dû généralement au manque de fonds, car il faut savoir que constituer un parti politique demande un minimum d’investissement. À cet effet, les quelques partis politiques qui ont vu le jour dans certains pays pauvres n’ont existé que peu de temps après leur constitution étant donné qu’il n’y a pas d’argent pour les maintenir en activité. 

Ainsi donc, il a été démontré que dans la majeure partie des cas, les pays pauvres éprouvent beaucoup de difficulté à instaurer un processus de gouvernance démocratique. 

4.3 – Le lien entre la démocratie et le développement

4.3.1 – La démocratie, base du développement

La représentation sur une démocratie qui peut profiter à l’essor économique d’un pays se baserait sur trois idées principales. 

 

  • D’abord, la démocratie peut vraiment aider dans la gestion des conflits. Ce qui n’est pas le cas des régimes d’autorité. Des observations ont été faites sur le sujet, et il a été démontré que les troubles d’ordre social et politique et les permutations majoritaires au pouvoir sont assez classiques en régime démocratique qu’en dictature. Néanmoins, ils ne chamboulent pas le développement. Vers le début des années 1950 et sur plus d’une quarantaine d’années après, les régimes démocratiques ont causé des soulèvements populaires et plusieurs sortes de grève. Toutefois, ces manifestations ainsi que les différents mouvements gouvernementaux n’ont pas freiné le développement de l’économie, pas comme lors des périodes de dictature. 

 

  • Ensuite, la démocratie permet d’empêcher la survenue des désordres et de bien cerner les changements inopinés qui peuvent être une menace pour l’humanité. En fait, à titre d’illustration, l’administration est contrainte d’établir une politique de prévention de la famine grâce à la présence des diverses institutions et l’instauration d’un mécanisme démocratique. S’il n’y a pas d’opposants face au gouvernement en place, et à défaut de présence d’une contestation publique non censurée ainsi que d’un risque imminent d’être destitué, les gouvernants peuvent perpétrer impunément diverses actions. Aussi, s’il n’y a pas de liberté d’expression et de la presse, les maux causés par cette famine dans les milieux ruraux peuvent être imperceptibles et invisibles aux yeux des responsables concernés. 

 

  • En dernier lieu, la démocratie exhorte à la vulgarisation des principaux aspects sanitaires, comme les effets épouvantables d’un effectif grandissant de naissances pour la gent féminine, les campagnes de sensibilisation sur l’allaitement maternel, les dangers encourus à cause des rapports sexuels hors protections et bien d’autres encore. En effet, dans ces cadres-là, la communication ouverte et les échanges publics permettent de répandre beaucoup d’informations et d’avoir des répercussions positives sur les attitudes de la population. 

 

4.3.2 – Le rapport de force entre ces deux notions

Conjointement, les notions rattachées au développement et à la démocratie aident la population à faire un bon choix quant aux gouvernants et le style de vie à mener. L’une et l’autre peuvent se consolider mutuellement. En fait, elles demandent tous le respect et la supériorité des droits, les tribunaux qui peuvent juger et régir en toute impartialité et en toute indépendance, l’existence d’une pluralité de groupement ou parti politique ainsi que des représentants parlementaires pour faire entendre la voix des électeurs. 

Pour asseoir une vraie démocratie, il faut recourir aux méthodes appropriées. Les valeurs et les procédés de la démocratie résultent de facteurs multiples, tels que le climat d’apaisement, la conciliation, les divers entretiens, l’entente et particulièrement, la décision politique et morale. 

Ces deux notions sont aussi complémentaires. Les choix en matière politiques relevant du processus démocratique se relient étroitement aux choix d’ordre économique et social relevant du cadre de développement. La démocratie et le développement sont empreints d’une certaine liberté, celle de choisir et de gérer sa vie future par la même occasion. 

5 – Les limites de la démocratie

 

En pratique, l’exercice courant de la démocratie, et surtout celle dite directe, est confronté à plusieurs restrictions, dont l’envergure de la Nation, le déséquilibre originel et les capacités réduites du citoyen. 

5.1 – L’envergure de la Nation ou de l’État 

Afin que la population puisse être unie, le lieu où elle vit doit être assez restreint. En d’autres termes, les citoyens doivent se rapprocher pour que le regroupement se déroule facilement. De cette manière, il sera plus aisé de mettre en place une démocratie où il y aurait une égalité entre eux. C’est pour cela d’ailleurs que la conception basique de la démocratie était souvent affiliée aux Cités-Etats. À l’époque de la Grèce Antique, on pouvait recenser qu’une Assemblée ne regroupait environ que 20% des citoyens. 

5.2 – Le déséquilibre originel 

Depuis son existence, la démocratie est fragile et des fois, elle peut conduire à des situations anarchiques ou oligarchiques. L’expérience tentée avec ce concept en Athènes peut attester cette hypothèse. En fait, il y avait des subdivisions continuelles entre partis dont elle a été le plateau décrit d’ailleurs les diverses appréhensions que la démocratie n’arrête d’animer. 

La démocratie n’a pas besoin de force pour être stable. Elle nécessite juste une réelle entente avec les dirigés. En plus, on a constaté une recrudescence des guerres et conflits dans les États où l’autorité était le maître mot, engendrant des charges économiques exhaussées. Les Nations ou États qui ont connu des défaillances politiques étaient presque tous autoritaires. Tels sont les cas de la Yougoslavie ou encore de l’ex-URSS qui comptaient parmi les pays modèles en matière de développement. Malgré cela, ces Nations ont été démantelées vu que leurs gouvernants intolérants et despotiques n’ont pu établir un climat d’entente pour libéraliser le secteur économique et la politique. Les gouvernants élus doivent être responsables de la gestion d’une Nation aux yeux de leurs électeurs. De ce fait, ils seront amenés à prendre des décisions sages afin que le niveau de vie de tout citoyen s’améliore continuellement. 

5.3 – Les capacités réduites du citoyen 

La gestion d’un pays tant sur le plan politique, économique et social doit se faire en communion avec les dirigeants et les citoyens. En général, les dirigeants sont souvent des élus. Mais afin qu’un citoyen puisse être utile et apporter un plus au gouvernement, il doit détenir toutes les capacités techniques nécessaires y afférentes. C’est pour cela d’ailleurs que le déroulement quotidien de la gouvernance lors de l’époque athénienne se faisait sans qu’il y ait l’instauration d’une pure démocratie ou celle dite entièrement directe. La population réunie n’avait pas toutes les facultés et l’autorité dont elle a besoin. Les rôles principaux, principalement militaires, étaient assurés par des magistrats désignés lors d’une élection. 

En outre, pour qu’on puisse mettre en place un régime démocratique stable fiable et efficace, il faut que le dirigeant ait toutes les capacités requises pour gérer le pays dans cette voie. Néanmoins, même avec un bon dirigeant, la démocratie n’apportera guère de bénéfices pour un pays que si ses citoyens sont en mesure de bien discerner la politique associée à cette démocratie. Autrement, ils ne seront que des objets entre les mains des opposants et des politiciens afin de toujours déstabiliser et renverser tout régime qui ne leur plaît pas. 

PARTIE II : LA REPRESENTATION DE LA DEMOCRATIE DIRECTE SELON CORNELIUS CASTORIADIS

 

À l’instar des autres penseurs, Cornélius Castoriadis définit la démocratie selon ses propres visions et principes. En effet, ses principes se basent suivant le concept d’« élucidation » qui se forme sur des analyses et sur la compréhension de la vie sociétale entre les êtres humains. 

 

À cet effet, la société est vue par ce penseur, comme une création humaine, mais donc les membres se partagent en deux (02) dans leurs pensées, l’un affirmant que « leurs institutions proviennent d’une source extra sociale » et l’autre qui sait que « leurs institutions sont leur propre œuvre. »

 

À cet égard et suivant la conception de la politique et de la démocratie de ce penseur, les institutions sont créées par les hommes et définies par la société. Qui est la base de la conception de la création politique par Cornélius Castoriadis. 

 

Ainsi, cette partie du travail nous permettra de mettre en avant les principes majeurs que ce penseur soulève. Ceci, allant de sa conception sur la démocratie directe et sa perception de la démocratie représentative.

  • – La démocratie directe selon Cornelius 
  • – Les principes de base 
  • – Le pouvoir du peuple 

 

Pour Castoriadis, la démocratie tourne autour d’un principe majeur, celui sur le pouvoir du peuple. En effet, ce penseur affirme que la démocratie est « le pouvoir du peuple, souveraineté de la collectivité ». À cet égard, Cornélius Castoriadis met en avant le principe d’un besoin et d’une obligation de participation égale de la population dans la conception législative, dans la conception gouvernementale, dans le cadre juridique, mais aussi, dans l’institution sociale. Ce penseur rajoute à sa définition que la « société dont les institutions, une fois intériorisées par les individus, facilitent le plus leur accession à l’autonomie individuelle et leur participation effective à tout pouvoir explicite existant dans la société. »

 

Par ailleurs, dans un de ses interviews avec Chris Marker, Castoriadis débute par un cadrage étymologique soulevant que « gratos » est le synonyme de « pouvoir » et le « démo » n’est autre que le peuple. À cet effet, la conception même de la démocratie, comme inventée par les Grecques, est tout sauf de l’oligarchie. En ce sens que la démocratie n’est en aucun cas un pouvoir détenu par un nombre restreint d’individus et qu’il appartient à la population. 

 

Ainsi, dans sa conception la démocratie met en avant le principe que c’est le peuple qui met en place et applique le pouvoir parce que c’est ce dernier qui doit imposer les lois. La démocratie comme présentée par Castoriadis avec le pouvoir du peuple prend exemple sur le modèle grec ancien où la représentativité à travers le « moderne » n’avait pas existé. Néanmoins, ce penseur affirme également que dans le principe du pouvoir du peuple, il n’est nullement question d’une société où chacun peut décider sur tout et à chaque instant, la société peut déléguer son pouvoir à un « magistrat » durant une période définie, sans que le principe de représentativité soit. Pour Castoriadis « c’est simplement des émanations de la cité qui l’incarnent à certains égards et pour certaines fonctions. »

  • – L’autonomie 

 

Pour Castoriadis, la démocratie demande de l’autonomie et un besoin de questionnement principal se formulant comme suit : « comment les hommes peuvent-ils devenir capables de résoudre leurs problèmes eux-mêmes (…) ? » À cet égard, le besoin d’autonomie se doit de considérer sa base étymologique qui se définit selon Castoriadis comme « l’exécution des lois qu’on se donne soi-même tout en sachant qu’on le fait » 

 

De ce fait, pour ce penseur, l’autonomie est la faculté des hommes à être le dirigeant de leur vie individuelle, mais aussi, le dirigeant de leur vie sociétale, et des institutions qu’eux-mêmes ont formées. Cette autonomie est ainsi, l’opposé de l’hétéronomie qui se voit comme l’exécution des hommes suivant des règles imposées par les autres. Castoriadis s’est ainsi forgé dans ces principes de la démocratie un projet mettant en avant l’autonomie. 

 

Suivant les principes de ce penseur, l’autonomie dans le cadrage et les besoins politique, trouve ses sources dans la conception et la mise en valeur de la démocratie, de la philosophie et du concept de l’individu qui se doit d’être maître de lui-même et de ses choix. Néanmoins, il est à constater que les principes de l’autonomie dans la conception politique ne sont pas nouveaux et qu’ils trouvent leurs sources déjà dans la philosophie de la Grèce antique. 

  • L’autonomie dans l’histoire politique

 

Historiquement, l’autonomie a été mise en avant dans les pensées de la société grecque ancienne. En effet, la société grecque s’est construite suivant deux pensées majeures basées sur une autocréation de la société. À cet égard, la société s’est conçue suivant des principes « réactionnaires et révolutionnaires », le premier étant une société qui valorise la seule considération des hommes et de la population grecque et le deuxième, optimise l’égalité de chaque individu, la participation de chacun dans la vie sociétale et l’existence d’un lieu de partage mettant en avant cette nécessité de participation de chacun. 

 

À travers le temps, cette autonomie a participé à l’évolution de la politique étatique afin de considérer une vie de société qui valorise les principes de la démocratie et en vue de mettre en place une société plus égalitaire. Cette évolution s’est reflétée, entre autres, par les divers mouvements révolutionnaires du XVIIIe siècle, la révolution soviétique et ceux des ouvriers dans les années 1800 et bien d’autres encore. Ces divers mouvements engagés à chaque fois, la société et les individus qui la composent à revoir le concept d’autonomie à travers les expériences vécues. De ce fait, ces mouvements, malgré leur manque de base permettant la redéfinition des lois, ont été pertinents pour avoir fait germer le principe d’autonomie et la création de l’autonomie. Ceci, comme le relate Gérard David en 2000, « malgré leurs échecs relatifs ou leurs insuffisances, et sans être nullement des modèles, valent et jouent comme des germes. »

  • Pourquoi et comment l’autonomie ?

 

Selon toujours le principe de Castoriadis, le fondement de l’autonomie c’est la raison. Pour l’individu, cette raison est ainsi, la base qui lui permet de créer sa société, suivant ses propres conceptions et selon sa convenance. Cette conception qui lui est propre l’amène à faire fonctionner, la société, d’une manière autonome. 

 

Cependant, la raison est perçue par les individus comme étant non utile et subjective, car elle peut être mauvaise ou bonne. De ce fait, l’autonomie conçue à travers la raison se voit comme, un choix juste raisonnable d’un individu dans sa conception de la société, mais non un « choix rationnel » et par ailleurs, « l’autonomie n’a rien d’une nécessité, elle est un projet dont la réussite n’est nullement assurée. » 

 

En outre, la valorisation de la raison amène un individu à présupposer sa liberté n’amenant ainsi, à une incertitude et à aucune valeur absolue dans le choix sur la conception sociétale. Malgré tout, la raison et la présupposition à la liberté mettent en avant le fait que, chaque individu a le choix, qu’il est conscient de son choix et qu’il assume. Ceci amène que la raison, qu’elle soit mauvaise ou bonne, construit l’autonomie et la société, dans les pensées de Castoriadis. Ainsi, cette autonomie engendre une conscience selon laquelle, l’individu agit librement sans avoir de maître et de décideur qui guide ses choix. 

 

Mais Castoriadis défend également le fait que l’autonomie ne doit être imposée à d’autres cultures. À travers le principe de liberté, elle doit être appliquée en connaissance de cause et ne pourra se transposer que si les individus au sein d’une société sont libres dans son choix d’adopter l’autonomie. 

  • L’autonomie sociétale

 

Dans ses écrits, Castoriadis s’est posé diverses questions sur le besoin d’autonomie dans la conception démocratique au sein d’une société. Ainsi, dans son analyse de la société et du besoin d’autonomie, ces questions se sont formulées comme suit : « Que sera, concrètement, une société autonome ? L’autonomie appliquée à diverses cultures donnera-t-elle des sociétés similaires, voire identiques ? Quels sont les principes liés à l’autonomie ? L’autonomie entraîne-t-elle automatiquement avec elle d’autres valeurs sociales ? L’autonomie vaut aussi et surtout pour pouvoir faire des choses. Mais faire quoi ? 

 

La réponse à ces questions sera en fonction de la société et sa culture, mais donc le principe de non-imposition et de non-prescription d’une autorité “d’en haut”, demeure. Un principe qui suppose également que les concepts de “l’égalité, la liberté, la justice » seront mis en avant. En ce sens, le besoin d’égalité est développé comme étant un besoin d’“égalité de droits et de devoirs (…) et de toutes les possibilités effectives de faire.” De ce fait, Castoriadis le définit comme étant un concept qui doit se percevoir dans la politique, mais aussi, dans la contribution de chacun au pouvoir. Par ailleurs, l’autonomie ne peut se concevoir si elle n’est attribuée qu’à un certain nombre limité ou privilégié d’individus. Ce qui implique que la conception de l’égalité dans la démocratie « implique non seulement la capacité de juger, mais aussi ‘le temps nécessaire pour l’information et la réflexion — ce qui conduit directement à la question de la production et de l’économie. »

 

À cet égard, appliqué l’égalité dans la démocratie engage à un besoin d’être éduqué et à être informé afin que chaque individu se donne les moyens de participer à la gestion de la société sans que cette participation nuise son temps et ses forces, mais l’aide à se donner les capacités nécessaires pour collaborer dans la vie sociétale. 

 

La liberté se voyait comme la possibilité d’avoir de « l’espace de mouvement et d’action le plus large possible » et la justice se base sur le principe selon lequel « une société juste n’est pas une société qui a adopté, une fois pour toutes, des lois justes, mais une société où la question de la justice reste constamment ouverte – autrement dit, où il y a toujours possibilité socialement effective d’interrogation sur la loi et le fondement de la loi. »

 

Ainsi, selon ce penseur, les projets de démocratie à travers l’autonomie de l’individu et de la société doivent être une conception d’« auto-institution » et se différencie du « projet de maîtrise prétendument rationnelle de la nature (dimension capitaliste) »

 

Néanmoins, dans la conception du projet d’autonomie évoquée par Castoriadis, la recherche d’une vie sociétale parfaite n’est pas le but à travers la démocratie véritable émanant de l’autonomie de l’individu et de la société, mais surtout, que chacun puisse ressentir la liberté en étant égal et en ayant la possibilité de collaborer dans la conception des évènements juridiques et économiques. En ce sens, Castoriadis perçoit la représentativité de la démocratie comme, une forme hétéronome, nuisant à la liberté et l’autonomie de l’individu et de sa vie collective. 

  • – Le rejet de la représentativité 

 

Selon l’ouvrage de Nicolas Poirier « Castoriadis, l’imaginaire C. Colliot-Thélène, La Démocratie sans « Demos », PUF, 2011 http://www.laviedesidees.fr/Peuple-et-democratie.html » l’idéologie de Castoriadis d’une démocratie totale mettant en avant le pouvoir issu de la société et émanant de l’autonomie de l’individu est parfaitement opposée à la représentativité et au totalitarisme. 

 

En effet, dans ces débuts, ce penseur est déjà opposé aux principes staliniens qui « au nom des principes socialistes, bafouaient celle-ci », en faisant référence à la démocratie véritable. En ce sens, que les fondements des pensées de ce Castoriadis sont d’optimiser la participation de la classe citoyenne et ouvrière, qui est la population en générale, dans la vie politique et gouvernementale de sa société. Ceci en éliminant toute pensée totalitaire qui met en avant la représentativité de la population et afin d’« éviter toute fixité dans le regard porté sur les affaires politiques, éviter de penser les institutions en termes de choses sociales, etc. »

 

Par ailleurs, le principe de représentativité est objet de controverse majeur chez Castoriadis. Il le rejette totalement dans sa conception d’une démocratie véritable. En ce sens, même l’étymologie du mot est perçue comme s’opposant à ces principes, pour le penseur. Un sens étymologique qui n’en fait pas participer la société et affirme un visage d’une société aliénée, ou le principe d’« hétéronomie sociale ». 

 

En outre, pour concevoir une démocratie véritable, la représentativité n’a pas lieux d’être et la conception de l’hétéronomie ne doit pas être ignorée par un individu ou un collectif social. Cette représentativité, selon le penseur, est en effet, l’origine de la non-considération que chaque individu est « à l’origine de ces propres lois, normes, représentations et symbolisations du monde. (…) il y a hétéronomie quand il y a méconnaissance par la société de son propre être comme création et créativité. » 

 

Dans ce contexte, Castoriadis n’accuse que les activités des institutions comme des facteurs qui engendrent une occultation des individus, les amenant à s’appuyer sur des notions imaginaires, pour construire la société. Comme le cas des concepts religieux, de l’économie rationnelle ou encore du capitalisme. Pour ce dernier, le penseur met en avant le principe la représentativité à travers le capitalisme est devenue une affaire de spécialiste. Ainsi, qui met en avant la représentation sociale à travers des experts, éliminant de fait, la participation de la société. En effet, en ces termes « le trait caractéristique du capitalisme entre l’ensemble des formes de vie sociale-historique est bien entendu la position de l’économie – de la production et de la consommation, mais également, bien plus, des critères économiques – en lieu central et valeur suprême de la vie sociale», «toutes les activités humaines et tous leurs effets arrivent, peu ou prou, à être reconnues comme des activités et des produits économiques, ou pour le moins, comme principalement caractérisés et valorisés par leur dimension économique », la perception de Castoriadis sur le capitalisme est surtout la rationalisation de l’économie, d’où l’affirmation de représentativité de la société à travers des experts. Un concept qui est vu par le penseur, comme étant contraire au principe d’autonomie, de liberté et d’égalité de la démocratie. 

 

En résumé, Castoriadis, dans ces écrits, voulait apporter la vraie démocratie et une révolution politique, en mettant en valeur la participation et la collaboration des individus dans la société dans laquelle il évolue. Ce concept est vu par le penseur, comme une faveur et un droit. En effet, chaque individu peut créer, raisonner et appliquer ses perceptions sur son environnement et dans sa société. Il ne devrait pas être représenté pour décider de sa vie sociale et devrait avoir un pouvoir propre dans la conception juridique et sociétale. À cet effet, la conception représentative n’a pas lieux d’être et l’hétéronomie sociale doit être revue pour que chacun valorise son autonomie et sa liberté dans la société. 

  • – La démocratie représentative occidentale
  • – Les bases de la démocratie représentative

 

Dans la société actuelle, la plupart des politiques appliquées par les États sont surtout la démocratie représentative. Dans la conception de ce type de démocratie, « les lois sont élaborées par des représentants élus par la population ou par le gouvernement, et votées par le parlement. » 

  • Le besoin d’un représentant

 

La société occidentale a développé la représentativité avec le développement des idéologies politiques. En ce sens, sa conception a été définie suivant des critères qualitatifs attribués aux représentants. Des qualités qui doivent être, par la suite, revêtues par une personne. Cependant, dans ce concept, comme l’affirme Sieyès, « les citoyens qui se nomment des représentants renoncent à faire eux-mêmes la loi, ils n’ont pas de volonté particulière à imposer. S’ils dictaient des volontés, la France ne serait plus cet État représentatif ; ce serait un État démocratique. Le peuple, je le répète, dans un pays qui n’est pas une démocratie – et la France ne saurait l’être – le peuple ne peut parler, ne peut agir que par ses représentants. »

 

Par ailleurs, à travers le temps, ce besoin de revêtir la qualité de représentant passe par des démarches d’élection mettant en avant, le choix du peuple et ceci, suivant l’idéologie de la Nation. Néanmoins, à travers ce concept qui valorise le choix du peuple dans l’affirmation de celui qui sera son représentant, ce dernier à prioriser des facteurs d’influence comme, la richesse, le sexe, les compétences et l’âge, dans leur choix. 

 

La représentation du peuple est ainsi, conditionnée suivant la classe sociale, mais aussi, l’image et la qualité du représentant potentiel. En outre, dans la société occidentale, afin de pouvoir accéder à des qualités d’éligibilités pour être représentant, des sommes modiques, certes, doivent être payées, en vue de décourager la participation de la classe moyenne et pauvre. 

 

  • Les spécificités du principe

 

Dans la société occidentale, le système représentatif de la démocratie est devenu incontournable. À cet égard, la représentation est indéniable, quand le souverain ne peut assurer lui-même toutes les fonctions et les rôles qui lui incombent et qui lui permettent de « canaliser et de rationaliser la volonté populaire afin de gérer au mieux l’intérêt général au-delà de toute passion. »

 

À cet effet et par principe, le système permettra aux citoyens de collaborer avec l’État, en vue de désigner son représentant et son gouvernant. Ce principe est optimisé afin qu’à travers cette participation, la population sache qu’ils ont le contrôle des représentants qu’ils ont choisis, dans les actions de ces derniers. D’un autre côté, l’individu pourra s’affairer à sa vie personnelle, en dehors de ces moments de collaboration pour la désignation du représentant. 

 

Outre ces points spécifiques sur le besoin de collaboration durant des périodes spécifiques et ponctuelles, la démocratie représentative demande également des obligations matérielles et culturelles. En ce sens, l’obligation matérielle considère ainsi, la territorialité et le facteur démographique. Pour le premier, un représentant se doit d’être dans le territoire où il sera élu et facteur démographique est essentiel pour garantir l’égalité dans la représentation de la population. 

 

Pour ce qui est des obligations culturelles, elles s’expliquent dans le besoin de gérer efficacement le domaine public. En effet, la société est devenue de plus en plus complexe et demande aux représentants d’avoir des compétences et des capacités qui s’adaptent aux faits et aux contextes. Ce qui devra considérer des caractères élitistes de la représentativité qui doivent se valoriser par rapport aux idées populistes. 

  • – Les critiques de Cornelius

 

Pour Castoriadis, la conception d’une société représentée par des élites, des experts et des spécialistes, jugés et mis en place pour gouverner, suivant des qualités matérielles et intellects, ne reflète pas la véritable démocratie et le principe du pouvoir du peuple. Une conception qui est véhiculée par la démocratie occidentale à travers le capitalisme et la technocratie. Deux concepts qui « se moquent des besoins humains »

 

  • Le principe d’écologie est renversé

 

Avec le capitalisme, le productivisme, la technocratie, les progrès et la considération élevée du développement technologique et de l’automatisation, Castoriadis appelle à être prudent, car ces derniers ne mettent pas en valeur les enjeux des besoins de la société et de l’individu. En ces termes, il affirme que « Nous voulons une expansion libre du savoir, mais nous ne pouvons plus prétendre ignorer que cette expansion contient en elle-même des dangers qui ne peuvent pas être définis par avance. Pour y faire face, il nous faut ce qu’Aristote appelait la phronésis (ou la sagesse pratique), la prudence. »

 

En ce sens, Castoriadis affirme qu’avec la considération trop importante du principe économique et de l’évolution technologique ainsi que celui de la politique élitiste et la forme de démocratie représentative mettant en avant les fondements capitalistes « l’écologie est subversive, car elle met en question l’imaginaire capitaliste qui domine la planète. Elle en récuse le motif central selon lequel notre destin est d’augmenter sans cesse la production et la consommation. Elle montre l’impact catastrophique de la logique capitaliste sur l’environnement naturel et sur la vie des êtres humains. »

 

À cet égard, le penseur accuse fermement l’apport de l’économie et du capitalisme à travers la considération du développement de la technologie, comme une « imposture » émanant de la société occidentale bouleversant l’imaginaire des hommes à travers la valorisation de la modernité. Aussi, Castoriadis est radical dans ses pensées en citant entre autres que « Je pense qu’on peut poser quelques principes simples : nous ne voulons pas d’une expansion illimitée et irréfléchie de la production, nous voulons une économie qui soit un moyen et non pas la fin de la vie humaine. » 

 

Par ailleurs, le capitalisme et l’évolution technologique sont perçus comme étant des principes imposés au fil du temps afin de branler l’écologie et l’autonomie des êtres humains qui n’étaient jusqu’alors, pas très engagés dans les principes de modernisation. En ce sens, avec le temps, cette idéologie occidentale s’est ancrée au sein d’une société se voulant être moderne ou en quête de modernité, avec une organisation sociale fondée sur des pensées psychiques affirmant qu’il n’y a pas de développement sans le principe capitaliste occidental. En effet, Castoriadis soulève que dans la démocratie représentative occidentale et la valorisation du capitalisme comme principe directeur, quelque soit le type d’évolution et qu’elle soit humaine ou durable, tout se base sur une idéologie qui veut que le développement économique se fasse de manière illimitée. Ainsi, le penseur entrevoit que « Le développement, c’est encore le développement du capital et du capitalisme, accompagné, bien entendu, d’une occidentalisation du monde » et dont il faudra sortir. 

  • Sortir de l’idéologie capitaliste

 

Selon l’analyse de Serge Larouche, « la société de décroissance comme la société autonome de Castoriadis ne peut pas se concevoir sans sortir du Capitalisme. »

 

En effet, Castoriadis critique fortement le capitalisme dans la conception d’une vie sociétale qui se doit d’être autonome et qui se perçoit à travers une démocratie directe où les citoyens et la population de base ont le pouvoir. Par ailleurs, le penseur avance que contrairement aux principes du capitalisme, une révolution peut se faire pacifiquement en considérant la vie humaine. Mais tout ceci devra passer par un changement pertinent des idéologies et de la psychologie de chaque individu pour se détacher des pensées occidentales et de ses principes imaginaires. Cependant, Castoriadis remarque que ce détachement de la culture occidentale et du capitalisme est un travail colossal et difficile à mettre en œuvre. 

 

Par ailleurs, selon son point de vue, la conception de la démocratie, chez les Modernes, est une véritable « aliénation du pouvoir, une auto-expropriation du pouvoir, c’est-à-dire une population qui dit : pendant cinq ans, je n’ai rien à faire sur le plan politique, j’ai choisi 48 personnes qui vont s’occuper de mes affaires, dans le cadre de la Constitution, avec certaines garanties, etc. » 

 

La conséquence en sera que le peuple qui est sensé détenir le pouvoir, durant les cinq ans, va vivre dans la passivité devant la société qu’il devait construire. 

 

En outre, pour sortir de politique occidentale prônant le développement et la croissance économique, Castoriadis propose la décroissance à travers une réforme culturelle et en dépassant l’image marxiste qui met en avant le prolétariat comme étant « le seul et unique acteur de la révolution susceptible de renverser l’ordre établi. »

 

Ainsi, pour Cornélius « la transformation de la société exige aujourd’hui la participation de toute la population, et toute la population peut être rendue sensible à cette exigence – à part peut-être 3 à 5 % d’individus inconvertibles. » À cet effet, Castoriadis appelle les anti productivistes à promouvoir la sortie de la forme capitaliste de la société moderne et occidentale et à le renier radicalement. 

  • – La perception de ces deux sortes de démocratie 

3.1 – Les différences entre les deux notions

3.1.1 – Les fondements

 

Les réflexions de Castoriadis se basent sur une étude profonde de la Grèce antique. En effet, dans un premier regard, le penseur trouve une différence indéniable dans les fondements de la démocratie directe et représentative, où pour ce second, la politique de la Grèce ancienne est un véritable précurseur de la modernité et de la politique occidentale. Il met ainsi, en avant, les différentes manières qui ont permis l’émergence de l’imaginaire dans la pensée des hommes. Toutefois, il démontre également, dans un contexte opposé, l’avènement de la Raison et de l’implication des hommes, quant à sa vie sociétale. D’où la conception de la démocratie directe. 

 

Toutefois, en soulevant les fondements de ces deux formes de démocratie à travers la connaissance de la Raison, par la population et à travers le comportement de la société au sein de la Grèce antique, Castoriadis met en avant également que la Raison a permis de dégager les deux axes pris par la démocratie. À savoir, le capitalisme et l’autonomie. Pour le premier, le penseur soulève ainsi que par ces fondements, il engage un « projet démentiel, d’une expansion illimitée d’une pseudo maîtrise pseudo rationnelle qui depuis longtemps a cessé de concerner seulement les forces productives et l’économie pour devenir un projet global (…), d’une maîtrise totale des données physiques, biologiques, psychiques, sociales, culturelles. » Alors que de l’autre côté, la connaissance de la Raison et de l’autonomie a permis à la population de discuter et de prendre des décisions rationnelles « qu’ils peuvent maîtriser totalement, et pas sur des fondements d’ordre divin, magique. » 

 

Dans le cadre du projet d’autonomie, le fondement de la démocratie directe avancée par Castoriadis, implique les hommes à exercer une totale maitrise sur leur vie personnelle et sociétale. Ils en sont ainsi, consciencieux et responsables de la conception et de la décision concernant cette dernière. Ce projet se démarque des fondements de la modernité apportée par la démocratie capitaliste, par le principe de rationalité et d’autogestion de l’individu où « pour que les humains puissent vivre ensemble sans qu’une autorité supérieure les contraigne et les punisse, ils doivent être capables de se fixer eux-mêmes des limites. » D’un autre côté, le projet capitaliste prône l’usage d’une économie illimitée qui a pour objectif de faire développer la croissance économique, les bénéfices et les profits et d’être le maître absolu des ressources existantes. Ce concept, à travers, l’utilisation rationnelle de la technologie en les contrôlant de manière optimale. Alors que l’autonomie apportée par une démocratie directe affirme l’autolimitation et donc, ne saurait avoir un besoin illimité. 

 

3.1.2 – Les formes

 

Dans la forme directe de la démocratie, le pouvoir politique est exercé de façon directe par la population. Elle se base sur les droits naturels des hommes, de ses relations en société et elle peut s’appliquer dans les petits pays à faibles démographies et dont la construction de la vie sociétale est perçue comme étant homogène. Selon Castoriadis, le fondement est que l’idée même d’un système politique représentatif est omise. De ce fait, il n’y aura ni aliénation du pouvoir ni des individus ou une société qui soit remplacée par des spécialistes ou des élites. Ces derniers, qui d’ailleurs, sont jugés, spécialistes dans leurs domaines spécifiques, mais qui ne peuvent, tous, aspirer à une maîtrise totale de la politique générale. 

 

Par ailleurs, ce penseur affirme qu’« il n’y a pas de science de la politique ou du gouvernement; enfin, il s’agit bel et bien de la communauté politique et non d’un État au sens moderne du terme, séparé de la société, qui lui fait face et la gouverne. »

 

Ce qui implique que chaque individu constituant une société ou une communauté doit collaborer de manière active à la vie politique. Ce qui ne peut se faire, certes, à 100 % par tout membre de cette communauté, mais avec la participation d’une majorité. Ces majorités qui seront de ce fait, appelé dès qu’il y a besoin de délibération et de prise de décision. 

 

En outre, cette collaboration du citoyen est un droit non abstrait, mais un vrai droit se devant d’être mis en pratique. Elle implique ainsi, la collaboration des citoyens dans la vie sociétale incombant, une éducation de la population sur les activités de la vie en société. Ainsi, parmi les critères qui permettent la mise en place de cette démocratie directe, suivant la perception de Castoriadis, il y a le besoin de constitution d’un espace d’échange qui favorise l’échange au sein d’un espace public. Cet espace qui assurerait « la publicité des affaires, par opposition radicale au secret monarchique, étatique ou bureaucratique. »

 

Il sera également question de conception d’un temps octroyé à la population qui de ce fait « n’est pas la possession privée de prêtres, de fonctionnaires, du monarque ou d’une bureaucratie, mais est explicitement mis en commune et publiquement élaborée. »

 

Par ailleurs, dans la société actuelle, cette forme de démocratie s’exprime dans des systèmes qui permettent la valorisation des avis de la population comme, dans les référendums. En effet, suivant la conception de Castoriadis, il est essentiel d’avoir les avis de la majorité du peuple avant d’affirmer une décision finale. Cette forme s’exprime également dans le cadre des pétitions, des soulèvements de la population ou encore des assemblées citoyennes, etc. Des formes qui peuvent s’effectuer au niveau de la société, en entreprise ou encore au niveau de l’État et de la nation. Ainsi, cette forme de la démocratie met en avant l’autonomie qui amène le peuple dans de l’autogestion.

 

Dans la démocratie représentative, le principe est l’expression de la volonté de la population, à travers un représentant. En ce sens, cette dernière délègue son pouvoir de décision et de délibération à un ou plusieurs individus qu’elle croit capable ou ayant les compétences et les capacités nécessaires pour assurer le dénouement d’un cas politique et sa vie sociale. Ainsi, le principe d’autonomie est exclu, l’élection étant la forme de participation de la population pour mettre en place ce représentant. Par ailleurs, ces représentants qui ont fait l’objet d’un avis favorable pour représenter le peuple vont exercer le pouvoir délégué par le peuple en portant les avis généraux de ces derniers. Ces représentants vont ainsi, voter les lois à la place du peuple et s’assure de la gestion et du contrôle de l’État. 

 

Cette forme de démocratie affirme le principe d’hétéronomie de Castoriadis, où la population se trouve au-devant de l’imaginaire du capitalisme et du besoin de se faire représenter, car, non compétente. Ainsi, pour appliquer effectivement la démocratie représentative, la forme exige des élections qui soient tenues sur une période fixe, limitant les mandats des représentants. 

 

3.1.3 – Les avantages et les inconvénients

 

Parmi les critiques les plus soulevés de la démocratie représentative, dans les écrits et les pensées de Castoriadis et de ceux qui ont analysé ces ouvrages, la techno-science prônée par le concept en est le plus discutée. En effet, ce concept, vu par les capitalistes comme étant rationnel, est perçu comme engendrant des catastrophes diverses dans la société et l’environnement. En effet ce dernier valorise le total contrôle du monde et de son environnement à des fins économiques. L’impérialisme et sa déchéance associée au totalitarisme sont vus comme des exemples majeurs de ce besoin de contrôle et d’extension illimitée. 

 

Ceci étant, dans son application actuelle, la représentativité et l’idéologie capitaliste amène les « élus » et les « représentants » à vouloir affirmer beaucoup plus leurs intérêts que ceux de la société qu’ils devraient représenter. De l’autre côté, la représentation socioprofessionnelle de ces derniers ne reflète pas, le besoin et le profil de la société. Ainsi, les besoins de la population ne coïncident pas avec ceux des élus et la recherche d’intérêt, amène souvent à un esprit et des actions corrompues. Enfin, la recherche d’intérêt amène également, à un conflit d’intérêts entre les représentants. 

 

Néanmoins, la présence des représentants dans le système de démocratie représentative permet de délibérer de façon optimale sur des sujets, des législations, des cadres techniques spécifiques. En effet, ces derniers seront étudiés plus profondément par des représentants plus compétents et plus professionnels. Par ailleurs, contrairement à la population de base, les représentants auront beaucoup plus de temps à réfléchir sur un point spécifique ou technique pour pouvoir décider de façon efficace. Par ailleurs, a démocratie représentative permet « d’éviter que le peuple fasse lui-même la loi. » 

 

Pour la démocratie directe, certes, elle donne le pouvoir au peuple qui pourra ainsi, exprimer ses besoins et ses avis pour forger la loi et les cadres qui régissent sa société, néanmoins, c’est un principe conservateur qui ne pousse pas à la créativité. Elle est surtout, poussée par les émotions et les raisons pouvant être positives ou négatives. Et comme l’affirme Élie Arié, « la démocratie directe est structurellement conservatrice » d’un côté et donne « une pénible impression d’avoir beaucoup de mal à prendre des décisions, puis à les mettre en œuvre. » Citation d’Élie Arié dans son article « avantages et inconvénients de la démocratie » 

 

Sur ce dernier point, l’affirmation rejoint celle de Castoriadis qui considère que la mise en place d’une société prônant l’autonomie et la démocratie directe radicale s’avère être une action de longue haleine et difficile. 

3.2 – Les divergences d’opinions sur les deux notions

La démocratie est le pouvoir des citoyens et non le pouvoir représentatif à travers un ou quelques individus. C’est aussi un concept qui met en avant l’élitisme contre le populisme. Tels sont les principaux fondements d’opinion qui séparent les deux notions. 

 

Ainsi, la démocratie directe prône que c’est au peuple de prendre les décisions politiques dans la structure sociétale au sein de laquelle il vit, sans avoir à passer par des représentants alors que dans la démocratie représentative, le système engage le peuple à élire des représentants qui eux, vont ériger les lois pour gérer la vie en société. 

 

Par ailleurs, l’autonomie du pouvoir octroyé au peuple est « une forme de démagogie qui consiste à dire qu’il est possible de résoudre tous les problèmes sur l’instant à condition de neutraliser ceux qui, élites, institutions, groupes ethniques, bloqueraient les volontés de changement. » En ce sens, elle appelle à l’avis de la population de masse et un besoin de cette dernière de ne pas se laisser, dans ses avis, se faire éclipser par des intermédiaires et des représentants. 

 

Toutefois, dans la société actuelle, les États adoptent surtout la démocratie qui engage la représentativité de la population par un élu. Ceci malgré que cette forme de la démocratie est sujette à de nombreux critiques que ce soit dans les principes liés au droit de vote de la population qui doit les élire où son fondement même, où dans la plupart des cas, le pouvoir de décider et de délibérer n’est plus le reflet du citoyen tel qu’il devrait être conçu selon la définition de base de la démocratie. Par ailleurs, la présence des gouvernements « représentants » ou encore des institutions publiques encore des « représentants », éloignent de plus en plus l’idée fondamentale du principe de pouvoir du peuple, de la démocratie. 

 

À cet égard, le peuple se trouve être de plus en plus dépossédé du pouvoir qui devrait lui être inné et où les partis politiques sont devenus les véritables précurseurs de la représentativité et de l’élaboration des lois à appliquer au sein de la société.

 

À travers la démocratie directe, cependant, on a une souveraineté de la population. À cet égard, elle s’appuie sur les fondements mêmes de la démocratie en permettant au peuple de prendre des décisions leur concernant. Ceci, à travers des actions comme le référendum ou encore dans les démarches de consultation du peuple et les assemblées générales. Dans ce principe, selon les experts et par hypothèse, le peuple est sensé savoir leur besoin et ainsi, définir leur choix et s’y positionner. En ce sens qu’« elle est supposée savoir, mieux que les élus, où résident sa volonté et ses intérêts. »

 

Néanmoins, les deux formes peuvent coexister et être complémentaires. Ceci, parce que dans certaines mesures, la représentativité donne un pouvoir au peuple en optimisant les systèmes qui permettent à ce dernier de donner leurs avis avant toute forme de validation. Par ailleurs, la représentativité est aussi, un besoin pour le bon fonctionnement d’un État. La majorité de la population n’ayant pas les capacités nécessaires (temps, espaces, densité de la population…) à assurer le contrôle et la gestion de la société, dans des circonstances beaucoup plus complexes. Malgré tout, elle a le droit de participer à travers des espaces publics afin d’exposer, de proposer et de débattre sur ces idées. 

PARTIE III : L’INSTAURATION D’UNE DÉMOCRATIE DIRECTE DANS LA SOCIÉTÉ MODERNE

  • – La description de la société actuelle 

La société actuelle résulte d’une pluralité de changements d’ordre culturel, politique et social qui propulsent chaque individu dans un nouvel univers à la fois froid et complexe. Depuis les années 1980, le monde a connu trois problèmes importants, dont la crise de l’économie, celle concernant la politique et les différends idéologiques, sans oublier les soucis permanents sur la religion. 

Si on se réfère à l’ouvrage de Jacques Beauchemin (2007) sur la société des identités. Éthiques et politiques dans le monde contemporain, le monde contemporain fait face à des problèmes politiques. Il y évoque le principe d’identité qui est le résultat de l’actuel rassemblement des acteurs de la société. Selon lui, on est en phase de crise concentrée sur le « projet éthico-politique moderne ». En effet, c’est un concept politique appuyé par la contemporanéité désirant rassembler les désirs émancipateurs des personnes avec un cadrage dans une philosophie de vie en communauté. Ce dernier est actuellement apparu inefficace quant au regroupement de la multiplicité des associations autour d’un objectif ciblant un bien commun. À la base de ces problèmes se situe l’individualisme qui exerce une dominance d’ordre moral, accentué d’une pensée politique qu’est la « citoyenneté particulariste ». 

Cet individualisme incite les gens à s’auto réaliser, sous contrainte d’un désir de réussite ou d’une peur d’être exclus. Si on revient à cette expression de « citoyenneté particulariste », il s’agit d’une manifestation majoritaire. À cet effet, les citoyens s’expriment actuellement, c’est-à-dire par la formation d’un groupe à principe identitaire ayant un souhait de reconnaissance en matière politique et en voulant faire entendre leurs droits tout en brandissant leur singularité. 

De ce fait, la parfaite universalisation énoncée par la société actuelle est en danger. En effet, les rapports de force ne sont aperçus que par la considération de l’équité et de la tolérance. Cela permet de réduire l’idéologie politique à ne posséder d’un « rôle régulateur » favorisant à la reconnaissance des intérêts d’une corporation. Cette tentative protège le besoin, pour la politique, de réaliser une vision commune apte à gérer les pouvoirs émancipateurs tout en illustrant la solidarité dans le but de rapprocher la politique et la morale. 

  • – Les courants de pensée

Le monde d’aujourd’hui est le théâtre de divers évènements politiques, sociologiques et économiques. Mais afin de mieux cerner les caractéristiques de la société moderne, il convient de se référer aux grandes lignes des courants de pensée prédominants. 

  • – L’individualisme méthodologique

Un des grands courants de pensée caractérisant la société moderne est celui de Raymond Boudon. Ce sociologue d’origine française se distingue par ses études sur la mobilité sociale et la dissimilitude des chances. En plus de cela, il est réputé être un fervent défenseur de ce concept d’individualisme. 

En théorie, il a constaté l’adoption d’une démarche sociale individualiste. Tous les évènements sociaux sont vus comme étant le résultat de l’association de pratiques individuelles. Les gens sont les sources de comportements qui s’assemblent doucement entre eux. Cette démarche est le contraire de l’approche « holiste ». En effet, il était parti des tactiques individuelles afin de fournir une explication sur le groupe et ses immixtions.

Selon lui, la société regorge d’individus pourvus de rationalité. Cette prémisse est à accoler au matérialisme économique classique. On est en présence d’une théorie philosophique et éthique suivant laquelle le nécessaire, sur un aspect individuel, est la base de la pratique et des attitudes des individus qui ne sont pas en quête de la satisfaction de leur avantage individuel. Il perçoit un individu comme étant un calculateur et un sélectionneur, tel un acheteur sur un marché. 

À part ces deux premiers aspects de sa pensée, R.Bourdon nous met en garde aussi contre les effets qu’il qualifie de pervers. Par définition, c’est l’addition des attitudes personnelles qui peut engendrer des évènements sociaux inattendus, et qui sont fréquemment embarrassants. Pour illustrer cela, il y a le financement alourdi de la scolarité de plusieurs ménages, créant une augmentation du seuil demandé concernant les débours et les diplômes afin de réussir au niveau social.

  • – La domination 

Un autre penseur du nom de Pierre Bourdieu avait influencé considérablement l’évolution de l’humanité et de la sociologie. C’est aussi un sociologue français qui a trouvé une inspiration dans les principes de Karl Marx. La hiérarchie et les positions sociales ainsi que la détention du pouvoir étaient chères à ses yeux. Il s’est rué vers l’analyse des démarcations sociales grâce aux attitudes particulières qu’il désignait sous l’appellation habitus. Par définition, c’est la composition des organisations avec une certaine conscience qui a été reçue dans une société d’origine. 

Il a essayé de rapprocher le cadre objectif qui estime que les phénomènes sociaux ne relèvent pas des individus et la voie subjectiviste qui considère que ces manifestations doivent être analysées à partir de l’importance que les individus accordent à leurs pratiques. 

  • – La signification de la démocratie

Les sociétés actuelles en régime démocratique, en opposé aux sociétés d’antan et coutumières, n’ont pas un lien rudimentaire et transparent à la législation. Depuis que les anciens préceptes de légitimation ont connu un effondrement, au début de la reconnaissance de la loi pour la valeur qu’elle ait, dont la modalité, conventionnelle et passagère pour organiser les relations entre les humains, le respect archaïque associé de frayeur a décampé afin de laisser place à une identification assez floue qui peut amener au dédain. 

La démocratie est tant convoitée par la société moderne, car elle est jugée utile et indispensable pour gérer toutes sortes de conflits sociaux, politiques et économiques actuels. Bien qu’il y ait une pluralité de démocratie sur laquelle on peut choisir pour gérer efficacement une société, la démocratie directe semble être la plus appropriée vu qu’elle permet à chacun de s’exprimer par la voie des urnes. 

  • – Le mode de gouvernance
  • – Le rôle du citoyen

Il faut reconnaître que le peuple est le principal sujet de toute démocratie. Ce qui relève d’une illusion c’est de garder une image du peuple n’ayant eu d’efficience politique qu’à une époque définie de l’histoire. La démocratie ne propose pas d’anéantir entièrement cette représentation du peuple, mais de la reconsidérer. 

Dans un de ses ouvrages, C. Colliot-Thélène indique que l’élaboration du processus démocratique engendre une distension entre deux thèmes politiques. D’un côté, il y a le peuple qui est désigné en tant que sujet national et d’un autre côté, on a le sujet de droit se focalisant sur l’individu, admis telle une faculté de déracinement à toute appartenance. La Révolution française a fait naître cette distension qui est en même temps l’époque où « le peuple politique n’a pas d’autre choix que de se couler dans la structure territoriale du pouvoir étatique » et celle durant laquelle un individu est décrit grâce à la Déclaration des droits de l’homme, tel un messager d’un droit à la demande de nouvelles prérogatives politiques ayant en elles la capacité de passer outre la structure de l’État. 

Cette distension est bien relatée dans cette déclaration des droits humains et citoyen étant donné qu’elle fait référence d’un côté aux droits du ressortissant ou du résident qui existent dans un milieu national, et d’un autre côté aux droits humains qui surpassent la Nation étant donné qu’ils sont même du ressort de l’humanité. 

  • – Le rôle des dirigeants

 

Dès lors qu’il s’agit d’une démocratie, les gouvernants ne sont pas choisis. Il est plus juste de dire qu’ils se font élire. Cette constatation énoncée par Ostrogorski Mosei nous appelle à observer le vote ou le choix moins comme l’effet du patriotisme et de l’intérêt impulsif des citoyens pour les enjeux de l’élection que comme le résultat d’une activité politique des candidats et gouvernants. La production des votes est toutefois un cadre qui a longtemps été ignoré et sous-estimé par la science politique. 

 

Les dirigeants doivent respecter le choix du peuple et agir pour leur bien. Le pouvoir qu’ils détiennent être exercer en toute conscience afin d’éviter les différentes formes d’abus et d’avilissement humain. 

  • – La vie en société

 

Beaucoup d’entre nous se demandent si les sociétés modernes sont embarquées dans une sorte d’agitation législative et conforme aux règlements, accentuée encore par la prolifération des cadres de décision, de la ville à la juridiction supra étatique, tout en frayant un passage par la contrée et l’État. 

 

Les conditions permettant de vivre harmonieusement en société sont nombreuses. Le respect de la démocratie en fait partie, car tout individu doit avoir droit à la parole afin qu’on puisse récolter un maximum d’idées de gouvernance. Outre cela, la vie collective ne peut conduire à un développement économique, social et politique que si tous les citoyens sont traités de façon égale. 

 

La démocratie directe peut réellement aider dans la gestion de la société moderne, car il faut que toutes les décisions prises pour faire progresser une Nation émanent du peuple et soient acceptées par la majorité. 

 

  1. L’adoption de la démocratie directe de Castoriadis dans la société actuelle

 

Depuis le début du troisième millénaire, la considération de la démocratie a connu une importante phase de considération par la population européenne. En effet, presque tous les pays s’affirment comme étant démocratiques dans leur conception politique en appliquant des concepts qui mettent en valeur la souveraineté des citoyens, la transparence quant à la manière de prendre des décisions et la constitution d’un gouvernement qui se doit d’être redevable envers le peuple. Et malgré que l’application de ces concepts et de ces critères soit de longue haleine, comme le disait Castoriadis, ils sont l’essence même de la conception et de la mise en place de la démocratie directe, vue par ce penseur. 

Par ailleurs, dans sa conception, Castoriadis soulève une démocratie directe qui se spécifie suivant trois points majeurs : « le peuple par opposition aux “représentants”, le peuple par opposition aux “experts”, la communauté par opposition à “l’État”. » En ce sens, l’idée d’autonomie inculquée à travers la démocratie directe implique que les lois se forment à travers la décision directe et collective de la population. Une population qui est le destinataire direct de son application et pour qu’à cet effet, cette dernière se dise, « réflexivement et lucidement, que cette loi est aussi la [s]ienne ». Aussi, par hypothèse, l’autonomie avancée dans la démocratie directe demande un « un état dans lequel la question de la validité de la loi reste en permanence ouverte. » C’est à travers cette conception fondamentale que Castoriadis avance les besoins d’une politique affichant l’esprit de la collectivité et de la lucidité et qui s’affirme de manière délibérée et continuelle. Un esprit politique qui doit, de ce fait s’associer à « la vérité comme mouvement interminable de la pensée mettant constamment à l’épreuve ses bornes et se retournant sur elle-même (réflexivité) »

2.1. Les facteurs qui mettent en valeur la démocratie directe

Dans la démocratie directe, le citoyen s’engage de manière active et directe sans avoir recours à des représentants, dans la conception et au pouvoir législatif. Cet engagement peut se refléter sous plusieurs formes :

  • Une démarche d’élection sur une place publique. Se reflétant dans la pratique Suisse et aussi, de plus en plus optée par plusieurs pays. Cette démarche peut optimiser les nouvelles technologies pour consulter directement l’avis de la population. Ceci, à travers les élections faites en ligne et par le biais d’internet.

 

  • Une démocratie qui incite la participation de tout un chacun. Où la forme participative est conditionnée par la présence de jurés issus du peuple et qui débattent des points négatifs et des points positifs d’une situation avant toute forme de décision et de délibération. On peut citer entre autres comme jurés, les comités établis au sein de la communauté, les forums sur le réseau internet, etc. Toutefois, cette participation engage l’individu à donner de son temps et à maitriser le sujet discuté.

 

  • Un référendum, cette démarche doit se faire à chaque délibération politique importante et qui peut se faire sous forme de référendum initié par le peuple ou à travers le droit de véto du peuple, etc. Il engage ainsi, la participation directe de la population dans une élection où il y aura un choix de loi ou de proposition constitutionnelle présentée par l’État ou par les citoyens eux-mêmes. L’élection se fait, de ce fait, par la consultation d’un avis favorable ou défavorable des citoyens à l’égard de la nature de la loi proposée. L’esprit de son application est que, la loi ne s’applique que si le peuple y est favorable. 

 

Toutefois, dans son application, la démocratie directe est au-devant de trois contraintes majeures :

 

  • La mobilisation de la population. En effet, force est de constater que dans sa mise en œuvre, le taux de participation de la population peut être très limité. Par manque de temps, de moyen ou seulement par désintéressement, le citoyen peut-être difficile à mobiliser, même si la décision leur concerne.

 

  • La facilité du citoyen à être influencée. Dans ce cadre, même la manière de communiquer l’objet de la proposition de loi peut influencer le citoyen à prendre position sans raisonnement propre. Cette influence peut également se ressentir et se refléter par la peur.

 

  • La capacité de compréhension du peuple. Par manque de compétences, de capacités ou même par l’insuffisance des informations et de l’instruction de l’individu, sa décision peut-être biaisée. 

 

2.2. Exemples reflétant l’application de la démocratie directe

2.2.1. L’application de la démocratie directe aux États-Unis

Les États-Unis, appliquant une politique fédérale et où la démocratie directe ne devrait pas exister, appliquent les critères de cette dernière pour affirmer les initiatives du citoyen à travers l’adoption des élections et des référendums. Par ailleurs, dans certaines villes de certains États, comme en Nouvelle-Angleterre, la gouvernance est pratiquement autonome et où, la population procède à une élection annuelle, pour décider des questions sur le gouvernement. Ainsi, cette dernière décide de la loi à appliquer dans leur ville et les budgets à gérer. Et comme le constate Alexis de Tocqueville dans son écrit « De la démocratie en Amérique », en 1835, « Dans la Nouvelle-Angleterre, où l’éducation et la liberté sont filles de la morale et de la religion ; où la société, déjà ancienne et depuis longtemps assise, a pu se former des maximes et des habitudes, le peuple, en même temps qu’il échappe à toutes les supériorités que la richesse et la naissance ont jamais créées parmi les hommes, s’est habitué à respecter les supériorités intellectuelles et morales, et à s’y soumettre sans déplaisir : aussi voit-on que la démocratie dans la Nouvelle-Angleterre fait de meilleurs choix que partout ailleurs. »

2.2.2. L’application de la démocratie directe dans le pays helvétique

L’application de la démocratie dans le pays helvétique revêt une forme rare. En effet, la Suisse adopte les principaux outils de la démocratie directe en octroyant un véritable pouvoir au peuple. En ce sens, la population a une totale liberté de proposition de loi ou de modification de loi et de demander la tenue d’un référendum, en ce sens. À titre d’exemple, les helvétiques ont procédé à 31 élections par référendums en l’espace de 10 ans (entre 1995 et 2005) au sujet de 103 sujets majeurs. Par comparaison, la France n’en a fait que 2 sur la même période. Par ailleurs, en Suisse, l’État est composé de cantons qui sont autonomes et qui ne se limitent pas à la loi constitutionnelle fédérale. Ils ont leurs propres constitutions et une liberté d’organisation du point de vue législatif, juridique et administratif. Ces cantons sont aussi composés de Communes autonomes qui sont cadrées par les lois constitutionnelles au niveau cantonal, mais qui affichent l’autonomie dans le cadre de la gestion des activités locales. 

  • Les enjeux de la démocratie directe dans la société actuelle

Pour la mise en application d’une démocratie directe, on doit d’abord laisser de côté la démocratie actuelle et modifier les institutions en place. Mais le plus dur à faire est aussi d’avoir une toute nouvelle mentalité. En effet, « si les citoyens ne sont pas capables de gouverner- ce qui reste à prouver -, c’est que « toute la vie politique vise précisément à le leur désapprendre, à les convaincre qu’il y a des experts à qui il faut confier les affaires. Il y a donc une contre-éducation politique. Alors que les gens devraient s’habituer à exercer toutes sortes de responsabilités et à prendre des initiatives, ils s’habituent à suivre ou à voter pour des options que d’autres leur présentent. Et comme les gens sont loin d’être idiots, le résultat, c’est qu’ils y croient de moins en moins et qu’ils deviennent cyniques (…) Les institutions actuelles repoussent, éloignent, dissuadent les gens de participer aux affaires »

On peut aspirer à un climat social favorable pour tous grâce à cette démocratie directe, mais toujours est-il qu’il faut arrêter de jouer avec la politique. En effet, les gens devront arrêter d’assimiler la politique tel un domaine divisé et confiné. Il est grand temps d’avoir une vision plus large du concept et de la considérer « comme un travail concernant tous les membres de la collectivité concernée, présupposant l’égalité de tous et visant à la rendre effective » Si tout le monde change positivement d’attitudes et de pensées, il serait facile de mettre sur pied la démocratie directe dans la société moderne. 

  • – La perspective d’avenir pour la société moderne

La base idéologique même de la démocratie repose sur deux grands principes que sont l’égalité et la liberté. Il faut que tous les individus, qu’ils soient de sexe féminin ou masculin ait les mêmes droits. Cela ne doit pas seulement rester dans le domaine théorique, car pour que cette égalité soit vraiment réaliste, il faut l’appliquer dans d’autres milieux comme celui du professionnel, du social et du familial. C’est ainsi qu’on peut concevoir une vraie société moderne. 

Les socialistes qui prônent la démocratie font tout leur possible pour parvenir à une égalité des droits pour tous dès qu’on évoque la race, l’ethnie, la religion et autres. En fait, dans beaucoup de pays à travers le monde, ces droits sont actuellement bafoués et mis en péril. 

Il y a effectivement plusieurs sortes de démocratie. Néanmoins, on ne peut parler de pure démocratie que s’il y a une liberté de choix pour tous les citoyens. Cela peut concerner les avis politiques en marge de la tenue d’une élection transparente et libre. Aussi, la vraie démocratie repose sur une possibilité de pouvoir changer de gouvernement grâce à des méthodes pacifiques basées sur la liberté d’expression de la population. Il faut également garantir le respect des droits des personnes et des minorités. Et en dernier et non des moindres, la démocratie réelle doit s’asseoir sur l’indépendance judiciaire, en appliquant en toute impartialité les lois pour tous les citoyens et en respectant les droits de chacun. 

  • – La responsabilité du peuple dans une démocratie directe

Que des dirigeants puissent mener de temps en temps la population à leur guise fait malencontreusement partie, à travers toute la planète, d’un fond collectif de traditions politiques découlant fréquemment sur la constatation avisée du fait que les gouvernements agissent de toute manière comme ils veulent. Mais qu’à l’inverse, la population puisse exercer une certaine emprise sur le gouvernement en place, et en tirer des avantages se conforme à la poursuite d’une démocratie directe comme en Suisse. 

L’inaptitude de la population à assumer la responsabilité de ses prises de décisions, malgré le fait que les pouvoirs en place et les citoyens ne peuvent prendre des références que sur elle afin de lui détailler le résultat d’une élection est étrangement l’origine même de sa légitimité. Cette dernière est improductive dès lors qu’il s’agit de mettre sur pied un autre organe étatique. 

Les décisions tranchées concernant la démocratie directe sont globalement acceptées et avérées comme étant légitimes. Cela est dû au fait qu’elles ne relèvent pas de la portée d’une majorité politique actuelle et qui va gouverner jusqu’à l’organisation du prochain scrutin. Les verdicts donnés par le peuple ne peuvent qu’être ovationnés ou approuvés. 

Néanmoins, le résultat de toute élection doit faire ressortir la vraie volonté du peuple afin qu’il n’y ait pas de mauvaises surprises, tant pour les citoyens qui élisent leurs dirigeants et les gouvernants en qui le peuple avait eu le plus de confiance. Ainsi, le peuple a une lourde responsabilité dans l’instauration de la démocratie directe et il doit veiller à ce que son choix reflète bien son aspiration politique.

  • – L’importance des échanges dans une communauté

 

Les échanges basés sur la communication comptent parmi les causes communes à tous les soucis entravant le développement. En effet, si la croissance peut faire l’objet d’une comparaison au tissage d’un textile par un bon nombre d’humains, le fil de cet échange peut en broder fortement l’étoffe. 

 

D’une part, l’échange communicatif est l’outil qui permet d’entamer un pourparler et une discussion d’aspect social dans le contexte des modifications considérables qui se sont intercédées au sein du système politique international et qui ont laissé place au développement de l’expression libre. 

 

D’une autre part, les échanges verbaux sont également une ingérence délibérée parée pour guider de la meilleure manière possible vers un développement économico-social. Une technique de croissance qui use de diverses sortes de moyes et outils de communication peut, en se basant sur les valeurs classiques d’une société, soutenir le peuple dans la compréhension des nouveaux paris, à s’y acclimater et à acquérir les savoirs et capacités indispensables pour gagner ces paris. 

 

Le peuple peut aussi faire usage des divers instruments de communication afin d’apporter un souffle de renouveau. En procurant de nouvelles techniques de communication et d’échange aux participants engagés dans le système de développement sociétal, les échanges permettront d’avoir une plus grande reconnaissance du peuple, ce qui peut constituer un facteur prépondérant pour une croissance stable et adéquate. 

 

  • – La gestion cohérente et efficace d’un État moderne

On a besoin de trois critères plus que nécessaires pour faire exister un État. Il s’agit en l’occurrence du territoire, de la population ainsi que du système juridique et politique. C’est en effet ce qui a été défini suivant les Normes internationales sur la définition d’un État. Le concept modernisé permettant de statuer l’existence d’un État découle de la définition suivante. « L’État est une réunion permanente et indépendante d’individus dans les limites d’un certain territoire, sous une autorité suprême apte à entretenir, en leur nom et sur la base du droit des relations avec des groupements similaires »

Le territoire est en fait un grand terrain circonscrit, une étendue marine et un espace aérien. L’État peut en effet y exercer son pouvoir interne. Autrement dit, il peut y agir comme bon lui semble. 

Quant à la population, elle est décrite comme étant un regroupement de toutes les personnes qui sont des ressortissants de cet État. Elle doit donc détenir la nationalité émanant du territoire. Cette union d’individus repose sur plusieurs facteurs socioculturels. On peut citer entre autres la croyance ou la religion d’appartenance, les us et coutumes, la langue et particulièrement la détermination à vivre en communauté de façon à ce qu’on puisse établir un État-Nation. 

Un État moderne est doté d’un système juridico-politique pour bien fonctionner. Il n’est que la modalité de dotation du pouvoir originaire de la nation et qui est exécutée par un dispositif désigné par État. Ce système organisationnel doit avoir pour fonction d’appliquer les compétences distinctes, en l’absence desquelles on ne pourrait ni évoquer l’autonomie, ni la souveraineté étatique. Il engage certainement des relations de dirigeants et de gouvernés, de maintien de l’ordre et de servitude dans la société. 

  • – Les organisations de vote 

Dès lors qu’on songe à instaurer une démocratie directe, il faut penser sérieusement au cadre pratique du concept. En effet, à l’inverse d’un précepte de délégation avec l’instauration d’élections demandant la participation périodique, mais fréquente des citoyens, une démocratie directe suppose la continuité de cette participation, car chaque processus de décision repose idéalement sur le peuple. Ce qui engendre de multiples implications, dont la délimitation du domaine d’application, la mise en œuvre d’un procédé de vote efficient, et l’instauration des techniques d’information et des moyens éducatifs. 

Lors de la délimitation du domaine d’application, il faut également faire une redéfinition du mode de fonctionnement du système politique. À cet effet, il faut savoir si l’on veut organiser un vote juste dans un cadre communal, national ou encore régional. Il en est de même pour le système à utiliser. 

Ensuite, il faut qu’on respecte le principe de la non-corruption et aussi de l’efficacité. Pour cette efficience, il faut méditer profondément sur les besoins de la combinaison du système politique. Les besoins peuvent différer suivant que l’élection se déroule à l’échelle fédérale ou au niveau de la commune. Toutefois, cela ne nous empêche à adopter des manières de voter similaires. En outre, il ne devrait y avoir aucune forme de corruption. À cet effet, tout individu doit être en mesure de contrôler le processus et veiller à ce que les élections ne soient biaisées. 

  • – Les conséquences de cette nouvelle démocratie
  • – Les impacts pour le peuple

Sous réserve d’une utilisation correcte, tous les éléments de la démocratie directe sus-détaillés peuvent donner des moyens précieux aux électeurs pour interférer avec ceux qu’ils ont choisis pour les représenter. Le référendum leur permet de gérer et de juger les décisions tranchées par le gouvernement en lui montrant leur appui. L’initiative populaire permet à ces derniers d’avoir une chance de faire passer au vote en mode direct des lois, à la place des individus élus pour les représenter. Quant à l’initiative politique, elle demande à ce que les représentants choisis par les votants scrutent une question abordée par eux. Dans le cadre d’une révocation, les électeurs ont un pouvoir de destitution à l’encontre d’un représentant voté. 

Ces instruments peuvent tous apporter des changements bénéfiques, tout comme ils peuvent présenter des inconvénients. On peut les mettre en application à bon ou mauvais escient. Toutefois, les électeurs peuvent avoir généralement une impression d’avoir une plus grande emprise sur le processus politique grâce à cette démocratie directe. Au sein des pays où ces instruments s’intègrent à la politique, toute manifestation de cet ordre qui tend à les supprimer n’arriverait jamais à terme et n’aboutirait jamais à une réussite. 

Les dispositifs d’une démocratie directe doivent être assimilés comme étant des outils servant à renforcer le régime démocratique. Ils ne peuvent substituer les institutions en démocratie de représentation, mais peuvent par contre les compléter. Ils servent ainsi à consolider une politique légitime et suggèrent des méthodes de participation. Néanmoins, les institutions principales qui permettent aux électeurs citoyens de partager leur avis et de faire une confrontation de leurs opinions restent tout de même le pouvoir de législation et les groupements politiques. Si on revient aux sources historiques de la démocratie, beaucoup opposaient la participation à la représentation. Mais dorénavant, on statue généralement sur la complémentarité des deux. Les citoyens ont une très grande estime par rapport aux dispositifs de la démocratie directe, et ils comptent réellement en tirer des bénéfices. En réalité, ils leur assignent des rôles et des attentes qui se situent largement au dessus des capacités de cette démocratie. Toutefois, du à l’usage de ces dispositifs, les citoyens consentent mieux à être dirigés, étant donné qu’ils sont sûrs de pouvoir contrôler toute l’organisation gouvernementale. 

  • – Les impacts sur le développement 

Actuellement, nombreux sont ceux qui estiment que les actions contemporaines de la démocratie politique sont contestables. Cela est assez normal étant donné que c’est un assemblage de pratiques condamnées à avancer mutuellement avec l’évolution de la vie sociale. D’autres demandent davantage de démocratie par le biais d’un changement du scrutin, ou à travers une organisation de l’administration locale garantissant une plus grande implication de tout citoyen, ou encore grâce à un recours usuel au référendum. 

Effectivement, on peut apporter une amélioration de plusieurs aspects et ces organisations mériteraient sûrement une étude approfondie. Quoi qu’il en soit, on ne recense que très peu de personnes qui pensent à un changement radical de notre système politique. Cela est évidemment trop réformable, mais ses grandes lignes semblent être acquises. Néanmoins, si tout le monde détient les mêmes pouvoirs législatifs en politiques, les écarts sociaux sont omniprésents et ne cessent de s’accroître. Il ne faut pas s’étonner quant à cette situation, car cela est du ressort du cadre de l’égalité de l’économie, et non de l’égalité politique. 

Une question se pose alors quant aux apports palpables de la démocratie directe sur la vie en société moderne. En comparaison des régimes d’autorité, ceux basés sur une démocratie directe peuvent prétendre à procurer des avantages considérables à tout citoyen. Il s’agit en l’occurrence de l’assurance sociale reposant sur les libertés principales, la réplique aux attentes du peuple, du traitement égal des citoyens, de la résolution des discordes par divers moyens et la détermination à apporter un renouveau à la société. 

CONCLUSION

Comme nous l’avons vu précédemment, la notion de la démocratie était connue bien avant et elle était déjà utilisée depuis les périodes de l’Antiquité grecque. Néanmoins, les préceptes sociaux et économiques modernes se basent sur des fondements distincts de ceux de la règle antique de l’asservissement de la communauté grecque. Ainsi, la démocratie ne se repose pas sur une norme économique et sociale. Le précepte socio-économique du capitalisme contemporain est conçu à partir de diverses sources, distinctes de celles de l’ancien système d’asservissement durant l’ère grecque. De ce fait, on ne pouvait assimiler la démocratie comme un système régissant l’économie et le cadre social. Pour le même raisonnement, la démocratie n’est pas non plus un précepte politique. Aussi, même si on l’associe fréquemment à la notion de République, la démocratie ne peut s’y supplanter, vu que si elle en est un accessoire complémentaire, il y avait déjà eu des Républiques dénuées de tout sens démocratique. 

Nombreux ont été les ouvrages et citations de Cornelius Castoriadis, objet de notre étude. Ses œuvres nous ont décrit un courant de pensée très historique qui a décrit tous les composants d’une vraie démocratie. Fortement soutenu par le projet d’auto-administration de la communauté humaine, Cornelius Castoriadis formule avec précision que la démocratie est uniquement une. Il s’agit en fait de la démocratie directe, qui de par l’usage du terme « direct » prévaut exagérément, à l’opposé de la démocratie représentative. À Cornelius Castoriadis uniquement, le raisonnement plein de subjectivité qu’il utilise dans son récit « Fait et à faire », auprès d’autres que l’on détecte, peut dans le même récit et ses autres ouvrages est plus que suffisant. 

Néanmoins, la radicalité de la propriété de la démocratie de la pensée politique du penseur n’a pas de fin. Le projet d’un changement de démocratie jusqu’à la racine des sociétés modernes émeut et est une source d’inspiration jusqu’à ce qu’il meurt. Mais si effectivement, il a essayé de mener une réflexion sur tout aspect pensable, et sur tout ce qui peut se transformer en objet du questionnement crucial. À partir de la pratique collective et personnelle convoitant le changement de la pensée, de la pratique et du réel sur terrain, C.Castoriadis a partagé son idéologie politique, qu’il s’agisse de manque ou d’une confusion. 

La société démocratique actuelle peut et doit expérimenter un quelconque mode de gouvernance. La démocratie directe selon C.Castoriadis peut s’intégrer aux différents types de démocratie afin de trouver la meilleure politique. Il faut juste que cette démocratie soit exercée de manière à ce que tous les acteurs entrant en jeu, tels que les dirigeants, le peuple ou les citoyens soient satisfaits du résultat. 

BIBLIOGRAPHIE

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Mémoire de fin d’études de 81 pages

24.90

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