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Mémoire portant sur la peur chez l’Homme

Introduction

L’intervention chirurgicale est un acte complexe et délicat. Elle nécessite de ce fait une préparation avant d’admettre le patient dans le bloc opératoire. La préparation d’un patient pour l’intervention chirurgicale a pour but d’assurer sa préparation physique et psychologique. Cette préparation vise entre autre à créer des conditions de sécurité optimales pour l’opération. Un patient qui n’est pas bien préparé à de tels actes pourrait avoir des réactions négatives pendant et après l’intervention.

Les soins qui sont prodigués au patient commencent la veille de l’intervention par l’information de ce dernier sur le déroulement de l’intervention. L’infirmier peut apprendre au patient à faire des gestes simples et utiles pour faciliter son réveil. Le patient est également informé sur les préparations physiques qu’il devrait faire comme la toilette et le jeûn. Le matin de l’intervention, l’infirmier fait des vérifications pour s’assurer que le patient a bien suivi les règles (Guillemin, 2006). Toutes ces interventions sont d’ordre physique. Ils ont été établis dans le but d’assurer le bon déroulement de l’intervention chirurgicale. Ces consignes sont faciles à suivre et faciles à vérifier. Mais il existe d’autres facteurs qui sont difficiles à mesurer et qui pourtant, devraient être intégrés dans le processus de prise en charge des patients qui sont admis à l’hôpital pour une intervention chirurgicale. Il s’agit notamment de l’état psychologique du patient.

L’être humain n’est pas uniquement constitué de corps, mais il a aussi son âme. Ce sont deux constituants qui interagissent entre eux et qui ne peuvent en aucun cas être séparés ou considérés séparément. La physiologie du patient est fortement influencée par ses croyances, ses ressentis et les émotions jouent un rôle prépodérant dans la capacité de guérison du malade (Bernay-Roman, 2004). Parmi les émotions les plus rencontrées dans le domaine médical, il y a la peur : peur d’aller chez le médecin, peur des impacts négatifs de l’administration de médicaments, peur d’être admis à l’hôpital et peur de l’inconnu, peur de ne plus être ce qu’on est. Autant de questions se posent, autant de doutes persistent quant à la réussite de l’intervention.

Mais d’où vient cette peur ? Pourquoi, on a peur ? De quoi on a peur quand on se retrouve dans un bloc opératoire face à l’équipe soignante ? Qu’est-ce qu’on ressent quand le moment crucial que nous avons attendu vient ? Nous avons décelé ce cas chez une patiente admise au bloc opératoire ORL et nous avons voulu connaître l’origine de ses peurs et de déterminer par la suite, les différentes postures que l’infirmier devrait adopter dans le but de rassurer le patient et d’améliorer la prise en charge de ce dernier. En effet, la prise en charge du patient ne se limite pas uniquement au seul fait de prendre en charge les douleurs physiques du patient, mais également, ses douleurs psychologiques, ses maux intérieurs.

Etant donné que le domaine hospitalier ne soit pas un domaine connu du grand public et que sa structure et les réglementations qui le régissent soient complètement  différents de ceux des autres lieux, nous avançons comme hypothèse que la peur du patient pourrait être lié au fait d’être confronté à un domaine inconnu et d’être prise en charge devant des personnes inconnues qui vont faire une intrusion à l’intérieur de son propre corps.

Vu que la peur des patients à l’idée de subir une intervention chirurgicale soit fréquente, nous avançons la deuxième hypothèse selon laquelle, la peur est une réaction normale du patient mais qu’elle devrait être prise en charge pour qu’elle ne constitue pas un facteur d’inhibition pour le patient qui va subir une opération chirurgicale.

  1. Situation d’appel

Au cours de mon stage en première année d’étude dans un bloc opératoire ORL, une patiente de 40 ans a été amenée à l’hôpital pour une intervention chirurgicale. Suite à un accident de la route survenu deux semaines plus tôt, Mme I. souffre d’une fracture du nez. 

Il est 9h45 du matin. Elle est placée en SAS de transfert, en attendant de passer en salle d’intervention pour une opération programmée. 

A peine ai-je terminé de la recevoir et de vérifier son identité qu’elle fond en larmes. Je lui demande si elle a mal. Elle me répond alors qu’elle avait peur. Elle dit qu’elle avait un cœur fragile et que l’opération lui faisait peur.

Interpellée face à la situation, je cherche à savoir la raison précise de sa peur, dans le but d’améliorer sa prise en charge. C’est alors que j’apprends qu’il ne s’agit pas de sa première opération. En effet, elle a déjà eu une première intervention chirurgicale auparavant. Selon la                                                                                                                                                                                                                                                                                               patiente, « tout s’est bien passé » lors de la première fois.

La patiente est divorcée. Ses enfants âgés de 18 et 20 ans ont quitté le foyer familial. Mme I. vit seule. Elle devra prendre le taxi pour rentrer chez elle lors de sa sortie d’hôpital. Personne ne l’accompagne.

  1. Contexte

Le patient est un être humain. Le soin et la prise en charge qui lui sont prodigués ne devraient pas seulement tenir compte des symptômes et des manifestations physiologiques apparentes de son mal, mais aussi de sa douleur intérieure qui, pourtant, reste difficile à déceler. Les croyances de l’être pourraient être à l’origine de sa guérison. Par ailleurs, la psychologie de la personne affecte toujours son bien-être physique.

Le patient est une personne unique. Il a ses propres caractères, et doit être compris et pris en charge tout en considérant son individualité et son unicité. Il a sa propre histoire, les expériences et les situations heureuses et malheureuses par lesquelles, il est passé. Ces moments difficiles laissent inexorablement des traces au plus profond de son être. La prise en charge infirmière de ce fait, devrait retracer les besoins spécifiques du patient, ses forces, et ses faiblesses.

Le patient est une personne qui souffre non seulement dans son corps, mais également dans son esprit. Le corps et l’esprit ne peuvent aucunement être séparés, parce que ce sont deux entités qui constituent un être humain. Les douleurs qui affectent le corps impactent sur l’esprit et la perception de la maladie, tandis que les besoins inassouvis de l’âme pourraient inhiber le corps.

Le patient est une personne qui a sa propre famille, mais qui se sent désorienté. Elle est venue toute seule et elle va partir toute seule. C’est une personne qui est confrontée à un profond désarroi suite à l’impression d’être « délaissée » par les siens, au moment même où elle va subir une expérience qui lui fait peur. La séparation et le sentiment d’isolement ou de solitude impacte toujours négativement sur tout être humain qu’il soit en bonne santé ou non, mais les patients sont particulièrement vulnérables puisqu’ils traversent une épreuve difficile. 

D’abord, il doit faire face à sa maladie. Ensuite, il doit quitter sa maison, son travail, et être « coupé » du monde extérieur, pour se soigner. Enfin, il doit faire face à l’épreuve de l’opération chirurgicale. Or, cette intervention chirurgicale a été considérée longtemps comme une opération qui comporte des risques et bien que des progrès aient été enregistrés en la matière, les vestiges de l’ancienne perception perdurent encore. Le patient est désormais « à la merci » des soignants. Ceci nous amène à étudier le rôle de l’infirmier et la qualité, les caractéristiques de ce que pourrait être une bonne prise en charge infirmière.

A l’origine, le rôle des infirmiers étaient centrés principalement sur les manifestations somatiques des maladies des patients. Les soins infirmiers visaient la prévention et l’évaluation de la souffrance des personnes et de participer à leur soulagement (Garrigue, 2007). Ainsi, elles aidaient les patients à se sentir mieux en leur prodiguant des soins permettant de diminuer voire d’éradiquer la douleur physique. La prise en charge des patients étaient par conséquent, purement médical.

Les mouvements de psychologie humaniste ont été conçus dans les années 1940 et ont pris de l’ampleur dans les années 1950. Les infirmières ont donc considéré que les soins prodigués aux malades ne pouvaient pas uniquement se baser sur la prescription de soins médicaux sur la personne malade, mais également, sur les relations que l’infirmière entretient avec le patient lui-même. Dans les années 1960 et 1970, le rôle des infirmières ont eu un support théorique. Avec la place que commence à prendre la psychologie humaniste, il a été admis que la prise en charge des patients par les soignants devrait se baser sur la considération de l’être humain dans son intégralité, c’est-à-dire,  corps et âme. Les relations entre le patient et le soignant ont été favorisées. 

De plus, la prise en charge des patients ne peut aucunement être globalisée. Elle se focalise uniquement sur un individu qui a ses propres caractères et ses spécificités, son individualité. Si la médecine apporte des solutions bien précises pour chaque maladie diagnostiquée, la relation entre le patient et le soignant ne peut pas être prescrite comme les médicaments. La prise en charge du patient se fonde sur une communication personnelle de ce dernier avec son soignant. Il s’agit d’un travail individuel au cours duquel, la subjectivité de chaque intervenant est mise en relief. Il a été admis que les besoins de chaque être humain sont universels, mais leurs expressions et leurs poids varient d’un individu à un autre en fonction de facteurs très personnels, ce qui justifie la nécessité d’une relation d’aide pour assurer le bien-être de l’individu. C’est ainsi qu’est né la notion de « relation d’aide » (Derut, 2004).

Dans cette nouvelle conception de la prise en charge des patients, l’infirmier tient un rôle important. C’est lui qui se charge de l’évaluation de l’état physique, psychologique, sociale et des valeurs sociales, morales, etc. du patient. Entre autre, il assure la transmission et le travail de liaison du patient auprès des autres professionnels en intra et extrahospitaliers. Dans ce contexte, l’infirmier est au cœur même de la relation entre le soignant et le soigné, mais il se singularise par sa proximité avec le patient. Désormais, il est fortement impliqué dans les soins directs prodigués aux patients

Cependant, la médecine a évolué. De plus, le progrès technique prend de l’ampleur, ce qui a pour effet de raccourcir la durée de l’hospitalisation du patient. Les charges des soignants sont devenues de plus en plus lourdes. Le nombre de patients augmente mais le nombre de soignants n’est pas toujours suffisant pour les prendre en charge. Les soignants ne disposent que très peu de temps à consacrer au patient. Toutes ces situations contribuent à limiter de plus en plus les rencontres et les communications entre le soignant et le soigné (Manoukian, 2008). 

  1. Motivation

L’hospitalisation, et a fortiori l’intervention chirurgicale, est un moment difficile pour le patient, une situation anxiogène qui génère une préoccupation allant de la simple inquiétude à une très forte anxiété, voire une angoisse.

Cette situation à laquelle tout soignant est confronté et que le patient exprime de diverses manières par le silence absolu, un faciès inquiet et fermé, des yeux interrogateurs ou bien par la question « Est-ce que je vais avoir mal ? » est une composante importante de la prise en charge du patient. Je me retrouve en difficulté face à cette situation où, dans un cadre professionnel et dans l’objectif de fournir des soins optimaux, je ne sais comment interagir pour atténuer la peur ressentie, rassurer la patiente et humaniser les soins.

Aujourd’hui en troisième année, ma démarche correspond à la recherche de plus de professionnalité, sachant que cette situation peut se présenter une nouvelle fois. Par ailleurs, c’est un sujet que je ne connais pas et je souhaite approfondir mes connaissances, pouvoir établir des liens avec mes acquis en tant qu’apprenante et m’inscrire dans l’amélioration continue de la qualité des soins. C’est la raison pour laquelle, mon choix s’est porté sur cette situation.

  1. Généralités
  1. Définitions

Peur

La peur désigne « une crainte reliée à une source identifiable que la personne soignée peut confirmer ». Elle désigne entre autre une « réaction émotionnelle normale d’un individu face à une situation perçue comme dangereuse » (Collectif, 2005). Cette définition rejoint celle d’André (2004) qui la définit comme étant une « réaction à la conscience du danger ». D’autre part, Potier (2002) considère la peur comme un « phénomène psychologique qui accompagne la prise de conscience d’une menace ou d’un danger réel ou imaginaire ».

La peur peut se manifester  physiologiquement par des horripilations, des tremblements, des diarrhées, des sueurs, des yeux exorbités, des palpitations, des tachycardies, des pâleurs ou des rougeurs. Elle déclenche chez l’individu des réponses plus ou moins adaptées comme la fuite, l’immobilité, la dissimulation ou l’agressivité (Bioy, 2003). Selon son intensité, elle peut prendre différentes formes (Potier, 2002). La peur peut être reliée à d’autres phénomènes psychologiques comme l’anxiété, l’angoisse, la panique, etc. 

La peur peut être normale ou pathologique. Les peurs normales agissent comme des alarmes pour prévenir un individu de la présence d’une menace ou d’un danger réel. Dans ce cas, la peur signale l’individu et ce dernier devrait adopter une posture et un comportement en réponse à la situation à laquelle il est confronté. Après que l’individu ait adopté la bonne posture pour faire face à un danger, la peur devrait se dissiper. Dans ce cas, la peur n’est pas considérée comme étant une maladie, mais plutôt comme une réaction bénéfique pour le patient.

Il a été constaté d’autre part, que la peur dans certains cas, peut prendre une ampleur considérable. Elle constitue alors un facteur d’inhibition pour l’individu. Dans ce cas, la peur peut devenir une sorte d’allergie et progresser en une phobie. L’individu peut agir de façon démesurée devant une situation, qui ne présente pas de réel danger. En effet, il se met à imaginer des scénarii dans lesquels, il se focalise sur l’objet de sa peur. L’individu dans ce cas, peut adopter une attitude d’évitement. Autrement dit, il fuit autant qu’il peut l’objet ou la situation qui lui fait peur. Bien que cette attitude soit efficace, il a été démontré que ce comportement ne peut apporter ses fruits qu’à court terme. En fuyant la situation ou l’objet phobogène, l’individu ne peut pas réaliser l’ampleur même de la situation (André, 2004).

Il a été démontré en effet que l’évitement pousse le patient à fuir sans cesse. Or, ce fait épuise toute sa force, sans pouvoir l’aider à faire face à l’objet de sa peur. Quand l’évitement n’est pas considéré comme étant assez fort pour pallier aux problèmes, la peur perdure. En outre, la personne qui évite l’objet de sa peur pense que le fait d’amplifier son attitude d’évitement lui permet de résoudre son problème. Autrement dit, plus elle a peur, plus elle fuit. L’individu se trouve donc pris dans un cercle vicieux où la peur et l’évitement finissent pas coexister. Ceci souligne le fait que l’évitement ne permet pas à l’individu de se confronter à l’objet ou la situation qui lui fait peur. Par conséquent, elle perd l’occasion d’apprendre à composer avec l’objet de sa peur, et celui-ci devient une simple imagination. 

Il revient à l’individu d’explorer les risques pour réaliser si vraiment, ses incertitudes et les situations ou les objets de sa peur sont réellement fondés. Dans ce cas de figure en effet, l’individu n’imagine plus la posture qu’il va adopter, puisqu’il fait la constatation lui-même. Quand il aura constaté que l’objet ou la situation phobogène ne constitue pas une fatalité, il pourrait les surmonter. De ce fait, il sera en mesure de faire face à la situation et d’adopter la bonne posture, le bon comportement au lieu de fuir (Pion, 2011).

Anxiété 

Ainsi, il y a l’anxiété qui est une peur anticipée. Elle fait suite à l’attente d’un évènement qui suscite la peur chez un individu (André, 2004). Elle désigne « un sentiment pénible d’attente, une peur sans objet, la crainte d’un danger imprécis » (Radat, 1998). D’autre part, elle a été décrite comme étant « un sentiment d’insécurité douloureuse devant un danger à venir, mais intérieur, latent, non défini » (Rouquette, 2002). L’anxiété implique que le sujet perçoit un danger imminent dont il ne connaît pas la cause et un sentiment pénible, difficile à définir (Collectif, 2005). 

Dans notre étude, nous examinons l’anxiété préopératoire, qui selon la définition de Reppelin (1980), correspond à une « réaction normale, une mobilisation des défenses de quelqu’un qui se prépare psychologiquement ».

L’anxiété peut être légère, modérée ou grave.  Dans le premier cas, le patient présente une augmentation du niveau de perception et d’attention. Par conséquent, il peut se concentrer sur tout ce qui lui arrive réellement et sur tous les éléments qui nécessitent d’être ou non considérés. Il peut anticiper l’avenir. Il perçoit les éléments appartenant au passé, et peut analyser la situation présente tout en faisant des projections de l’avenir. Dans ce premier cas, le patient se pose des questions.

Dans le cas d’une anxiété modérée, le patient peut se concentrer de façon limitée sur ce qui lui arrive réellement. A ce stade, l’individu présente une attention sélective. A ce moment précis, la concentration et l’apprentissage s’avèrent difficiles. Le sujet ne peut pas regarder les évènements qui se passent autour de lui. Il est inapte à analyser la situation. Dans ce cas, le patient tend à adopter une position de repli sécurisante ou au contraire, à éparpiller son attention.

Dans le cas d’une anxiété grave, la perception du malade est très réduite. Le sujet voit uniquement des détails épars. Il ne peut plus rien assimiler ni apprendre. Par conséquent, il ne peut pas comprendre la situation qui se présente. Il s’exprime mal ce qui implique un discours éparpillé, des ruptures lors du discours, etc. A ce stade, l’individu présente une hyperventilation, une tachycardie, des céphalées, des étourdissements et des nausées.

Dans les cas extrêmes, l’anxiété vire à l’état de panique qui implique une perception déformée de la situation. Les détails sont amplifiés par le sujet qui n’arrive pas à comprendre la situation à force de se focaliser sur les mêmes pensées. Dans ce cas, le sujet ne peut plus communiquer. Il réagit de façon imprévisible face à un stimulus qui peut ne pas être important. Le phénomène d’anxiété induit chez le patient un sentiment de malaise, d’inquiétude, de doute, de crainte, de terreur ou d’appréhension. (Bioy, 2003)

Angoisse 

Il existe entre autre l’angoisse qui est une sorte d’anxiété accompagnée de plusieurs signes physiques. L’angoisse et l’anxiété dans la plupart des cas sont des sentiments qui n’ont aucun fondement. Elles viennent suite à l’imagination de l’individu et aux évènements qu’il associe face aux évènements ou aux situations qui lui font peur (André, 2004).  L’angoisse ne repose pas sur un substrat perceptif donc, le patient ne considère aucun élément comme angoissant en soi. D’autre part, elle ne s’accompagne pas de représentation imaginaire particulière (Bioy, 2003). Ainsi, il s’agit d’un «sentiment désagréable et diffus dont le patient ne connaît généralement pas la raison ou n’en a qu’une vague idée » (Vlaeminck, 2004). 

Dans la grande majorité des cas, l’angoisse frappe le patient de façon spontanée et imprévisible. Selon le sujet, elle peut durer quelques minutes, ou quelques heures. Ses manifestations physiologiques sont la tachycardie, la dyspnée, la sensation de vertige, les douleurs thoraciques, la diminution brusque de la force musculaire, les nausées, les vomissements, etc. Le sujet a une impression non motivée d’une catastrophe imminente (Bioy, 2003).

L’angoisse peut être légère, modérée ou sévère. L’angoisse légère implique une augmentation du niveau d’activité chez le patient. L’angoisse modérée implique une augmentation du niveau d’activité. L’attention devient sélective liée à une menace non spécifique. L’angoisse sévère correspond à un état de panique où le niveau d’activité est très important. L’attention du patient est dispersée à cause d’une menace non spécifique (Vlaeminck, 2004).

Les patients qui ont peur ou qui sont anxieux ressentent souvent le besoin de communiquer, de s’exprimer et de se sentir écoutés pour apaiser leur peur. Ceci nous conduit à définir la notion de communication.

Communication

La communication désigne « une relation intentionnelle avec autrui, une manière d’être ensemble, une conduite psychosociale, ouverte vers l’extérieur, avec une ou plusieurs personnes, appartenant à un groupe (qui peut influencer la façon de voir et de juger) ». Elle peut être décrite comme étant « un message : un avis, un renseignement, une information » (Hallouët et al., 2011). La communication peut désigner entre autre « le processus de mise en commun d’informations, dont l’objectif principal est de faire passer un message (une connaissance, une émotion, son identité, sa personnalité) et de créer une relation de dialogue » (Gollé, 2008). 

La communication thérapeutique désigne en soin infirmier, « toute interaction soignant/soigné » (Rubenfeld et Scheffer, 1999). Elle peut également être définie comme étant « une conduite psychosociale visant à transmettre une information par l’emploi du langage, des gestes, des attitudes ou des mimiques ». Selon Derut (2004), la communication est « un échange entre plusieurs personnes dans le but de comprendre et d’apporter en commun une solution à une question posée ».

La communication est à la base des relations humaines. Elle implique un émetteur et un récepteur qui sont deux individus ayant des spécificités singulières, mais qui entrent en relation. L’émetteur désigne la personne qui émet l’information. L’émetteur peut être un individu ou un groupe de personnes. Le récepteur ou le destinataire désigne la personne qui reçoit le message. Il est admis que la communication entre le récepteur et l’émetteur est bonne quand la réception du message induit un changement de comportement de la part du récepteur. Cependant, cette réponse ne traduit pas forcément une compréhension du message. Le message est le contenu des informations transmises. 

Outre à ces trois éléments, il existe le canal ou le système d’information qui est la voie de circulation des messages. Il peut être constitué par des moyens sonores comme la voix, les ondes sonores, les oreilles, etc., et visuels comme l’excitation lumineuse, la perception rétinienne. Pour que la communication soit bien établie, le message doit être transmis par le biais d’un canal physique mais il nécessite entre autre un contact psychologique. Enfin, il existe le code qui regroupe un ensemble de signes qui va permettre au récepteur de constituer et de comprendre les messages qui lui sont transmis.

Il existe par conséquent différents facteurs qui peuvent influencer la communication qui s’établit entre deux personnes. La communication en soin infirmier devrait se baser sur l’empathie, la congruence ou l’authenticité et la considération positive. L’empathie suggère une considération de l’autre, pour comprendre ses sentiments. La congruence ou l’authenticité implique l’absence de contradiction entre les dires et les pensées qui se traduisent souvent par la communication non verbale comme l’expression du visage, les tremblements des mains, etc. La considération positive est liée à une confiance en l’autre et en sa capacité à se prendre en charge. La communication nécessite aussi une prise de conscience de ses limites pour pouvoir communiquer avec les autres (Gollé, 2008).

Comme énoncé plus haut, la communication constitue un des besoins du patient qui est en phase préopératoire. Mais il possède d’autres besoins fondamentaux.

Relation d’aide

La relation d’aide désigne « la capacité que peut avoir un soignant à amener toute personne en difficulté à mobiliser ses ressources pour mieux vivre une situation, c’est un soin relationnel ». Cette définition donne déjà une idée sur le rôle de l’infirmière vis-à-vis du patient qui est atteint d’une maladie et qui traverse une période difficile de sa vie. Elle se doit de rassurer le patient par le biais de la communication avec elle. Cette communication se fait verbalement ou non. Il s’agit par conséquent d’un moyen basé sur le développement d’une relation de confiance entre le soignant et le soigné, destiné à aider le patient à vivre sa maladie et les conséquences de cette dernière sur la vie personnelle, familiale, sociale et professionnelle de l’individu (Manoukian, 2008). 

La relation d’aide désigne aussi « une interaction entre deux personnes, le patient et le soignant, tous deux contribuant personnellement à la recherche et à la satisfaction et d’un besoin d’aide. Cela signifie que l’intervenant adopte une façon d’être et de faire et la communique de façon verbale et non verbale en fonction des buts poursuivis. Ces buts sont à la fois liés à la demande du patient et à la compréhension que celui-ci a de ses difficultés » (Polska, 2007). Ceci renvoie par conséquent, à la notion de communication dans tous ses états. Elle souligne entre autre le fait que la prise en charge d’un patient devrait être humaine et donc, personnelle. Elle implique entre autre que la relation d’aide se base sur la relation et les échanges humains (Bioy, 2003).

Derut (2004) définit la relation d’aide comme étant « la capacité du soignant à aider le patient à vivre sa maladie et ses conséquences sur la vie personnelle, familiale, sociale et éventuellement professionnelle ». Drevet et Journiac (2002) proposent la définition suivante pour la relation d’aide : « Il s’agit d’une action qui relève du soutien et de l’accompagnement, que l’on peut définir comme l’ensemble des comportements et des attitudes à mettre en place pour permettre au patient d’aborder et de réfléchir aux problèmes rencontrés […]C’est une manière de procéder, c’est une technique dans le cadre d’une relation interpersonnelle qui cherche à libérer une capacité de la personne aidée à vivre plus pleinement qu’elle ne le faisait au moment du contact ».

Elle consiste en une « interaction particulière entre deux personnes, chacune contribuant personnellement à la recherche et à la satisfaction d’un besoin d’aide présent chez le patient (ou aidé). Cela suppose que l’infirmière adopte une façon d’être et de communiquer en fonction des buts poursuivis liés à la demande du bénéficiaire et à la compréhension que la professionnelle possède son rôle ».

La relation d’aide a été établie pour aider les personnes en difficulté, ceux qui ont un mal-être qu’ils n’arrivent plus à surmonter et est devenu un état permanent par la suite. Elle vise également à attribuer au patient une autonomie, et à l’aider à résoudre ses problèmes par ses propres moyens. Dans cette optique, la relation d’aide a pour objectif de prendre conscience des raisons à l’origine de son mal-être. Le soignant joue le rôle d’assistant et non de substitut dans ce genre de relation (Drevet et Journiac, 2002). 

La relation d’aide ne peut être obtenue à moins de respecter la considération positive, l’authenticité, l’empathie et la neutralité. Mais l’établissement de ce type de soin demande une longue durée ou une rencontre courte, mais sincère, permettant au patient de bénéficier de toutes les attentions et le soutien dont il a besoin (Manoukian, 2008).

Afin que la relation d’aide puisse réussir, il faut une acception positive inconditionnelle. Ceci implique que le patient doit être accepté tel qu’il est. Le soignant doit accepter et distinguer la personne et non pas ses comportements, ses symptômes ou sa situation qui sont plus ou moins douloureuse (Manoukian, 2008). La relation d’aide demande que le soignant croie en ce qu’il fait et qu’il ait confiance au patient. La croyance en ces deux parties permet d’optimiser le soin (Bioy, 2003). D’autre part, l’infirmière devrait considérer le monde du patient comme étant le sien afin de pouvoir le comprendre. Cependant, une certaine distance est nécessaire pour que le respect mutuel puisse s’établir entre les deux acteurs. 

Il existe en effet une distance intime (0 à 0,45m) entre les deux individus, la distance personnelle (0,45 à 1,25m), la distance sociale (1,25 à 1,36m) et une distance publique (1,36 à 1,75m). La distance personnelle est la bonne distance qui permet au soignant d’écouter les propos du patient et à ce dernier de se confier à son soignant. En effet, cette distance permet une très bonne perception de soin et permet la collecte des informations personnelles et des messages non verbaux du patient. A cette distance, les deux parties n’auront pas besoin d’élever la voix pour pouvoir parler avec son interlocuteur comme c’est le cas avec la distance publique. Cette distance ne risque pas non plus de faire une intrusion dans la sphère intime du patient comme le cas de la distance intime

Il faut noter entre autre, que l’émotion est un facteur qui compte beaucoup dans la relation d’aide. En effet, elles arrivent inopinément, mais chaque individu peut décider de les vivre ou non. Elles engagent le corps et l’esprit. Il s’agit d’un ressenti qui est exprimé de diverses manières. 

L’expression du visage, la modification de la voix, du comportement, de la posture, etc., constituent autant d’indicateurs qui sont perçus par l’interlocuteur. Or, ces différentes émotions peuvent déclencher des mécanismes de défense pour protéger l’individu des émotions qu’il n’arrive pas à gérer et donc insupportables. Le corps tend en effet à maintenir un équilibre émotionnel supportable. Pour ce faire, le sujet peut refouler ses sentiments en rejetant dans l’inconscient ces idées insupportables, ou éviter l’objet ou la situation en question. Il est donc indispensable de contrôler les transferts et la difficulté émotionnelle des soins. Une relation de qualité nécessite une écoute attentive qui demande de l’engagement de la part du soignant. Cette écoute devrait se traduire par un contact visuel, un langage corporel adéquat, l’inexistence de barrières et la présence physique. Pour illustrer la communication par le langage corporel, le soignant pourrait par exemple se pencher vers le malade pour que ce dernier ne se sente pas inférieur à son soignant et que les deux intervenants puissent se sentir sur le même piédestal

La relation d’aide vise un changement de comportement chez le patient. Manoukian (2008) a parlé d’un soulagement émotionnel par la parole et l’expérience de l’écoute. Ceci constitue la première étape du changement de comportement. Dans un second temps, il peut découvrir quelque chose, une situation, un évènement de sa vie qui va l’aider à comprendre ce qu’il lui arrive. Ceci permet dans certains cas, au patient de réorienter sa vie.

Mais ce changement ne peut se déclencher à moins qu’il existe un facteur. Il a été affirmé qu’il existe neuf facteurs de changements (Jodelet et al., 1970). Il s’agit notamment du :

  • Diagnostic des problèmes du patient 
  • Evaluation des besoins et des capacités de changement de ce dernier
  • Mesure des motivations et des capacités du facteur lui-même
  • Détermination du type d’aide approprié
  • Définition des objectifs de changement adaptés
  • Etablissement et maintien d’une relation de soutien
  • Reconnaissance des différentes phases de changement et de guidance
  • Choix des techniques et des modes de conduite correspondant à chaque rencontre dans le déroulement du processus
  • Contribution au développement des techniques et des savoirs fondamentaux de la profession d’infirmière

Bioy (2003) souligne entre autre que les échanges qui sont établis entre le soignant et le soigné sont à la base du changement de comportement du patient.

Besoins fondamentaux 

Le besoin désigne selon Virginia Henderson « une nécessité vitale, et non un manque, c’est-à-dire tout ce qui est essentiel à l’être humain pour se maintenir en vie et assurer son bien-être » (Brizon, 1998).

En tant qu’individu, les malades ont besoin de satisfaire certains besoins. Les besoins fondamentaux doivent être satisfaits pour que l’individu puisse être en bonne santé, s’améliorer, se développer et s’accomplir. Selon Manoukian (2008), «les besoins correspondent à une situation de manque et à une recherche d’objets plutôt externes de satisfaction ». Maslow (2008) a défini une échelle des besoins fondamentaux de l’Homme :

  • Les besoins physiologiques qui comprennent l’accomplissement des processus physiologiques permettant la survie de l’Homme comme le fait de manger, de boire, de dormir, de respirer et de se reproduire.
  • Les besoins de sécurité impliquant la sécurité, la stabilité, la protection, la libération de la peur, de l’anxiété et du chaos, le besoin d’une structure, d’un ordre, de la loi, des limites, d’un sentiment de force, etc., qui nécessite l’acquisition d’un emploi, de santé, la possession d’une propriété.
  • Les besoins d’appartenance et d’amour qui implique le besoin de donner et de recevoir de l’affection. Ceci souligne le besoin de chaque être humain d’appartenir à une famille, à un groupe, sa recherche d’amis, de conjoints, d’enfants.
  • Besoin d’estime de soi qui se manifeste par la recherche de confiance, du respect des autres et par les autres et l’estime personnelle.
  • Le besoin d’accomplissement de soi qui se manifeste par la recherche perpétuelle de la perfection et d’une activité à accomplir.

Les besoins qui sont à la base doivent d’abord être accomplis avant que l’individu puisse satisfaire ses autres besoins. Ainsi, le besoin primaire qu’est le besoin physiologique doit d’abord être accompli sinon, l’individu ne peut pas accomplir son besoin de sécurité. Autrement dit, il a besoin de vivre et d’être en bonne santé d’abord. Quand il obtient cet état optimal, il cherche la sécurité pour préserver ce qu’il possède déjà. Quand il se sent en sécurité, il a besoin de partager sa vie avec les autres et ainsi de suite.

D’autre part, en  soin infirmier, Virginia Hendersen a distingué 14 besoins fondamentaux qui sont :

  • Le besoin de respirer : Ce premier besoin implique une oxygénation cellulaire satisfaisante pour chaque individu.
  • Le besoin de boire et de manger : Ceci implique la nécessité d’entretenir le métabolisme permettant de produire de l’énergie, de construire, maintenir et réparer les tissus. Le fait de manger, de boire implique le processus d’ingestion, d’absorption et d’assimilation des nutriments.
  • Le besoin d’éliminer : Cet acte peut se faire par toutes les voies d’élimination. Il vise à excréter tous les déchets issus du fonctionnement de l’organisme par la sueur, les menstrues, les urines, les selles, mais également par l’utilisation de matériels sanitaires.
  • Le besoin de se mouvoir et de maintenir une bonne position. L’individu peut marcher, rester assis, se coucher et changer de position afin de pouvoir entretenir son intégrité et rendre efficace ses systèmes biophysiologiques. Le fait de se mouvoir permet à l’individu d’effectuer des activités sociales. Il lui permet de découvrir le monde extérieur et de maintenir par conséquent l’équilibre mental. Quand un individu marche et se déplace, il coordonne ses mouvements et les différents segments de son corps se trouvent dans une position bien déterminée.
  • Le besoin de dormir et de se reposer : Chaque individu a besoin de prévenir et de réparer la fatigue. Le repos physique permet de diminuer les tensions qui pèsent sur l’individu, de conserver et de  promouvoir son énergie. Lors du sommeil, l’individu peut bénéficier d’une résolution musculaire, une suspension de sa vigilance. Ceci permet de respecter l’alternance du cycle activité/ repos physique et mental, nécessaire pour le développement de l’individu.
  • Le besoin de se vêtir et de se dévêtir : Chaque individu a besoin de se protéger et d’exprimer son identité physique, mentale et sociale. Il doit ainsi, porter des vêtements et des accessoires.
  • Le besoin de maintenir la température du corps dans les limites de la normale : Ce besoin implique le port de vêtements appropriés ou la modification de la température ambiante. Ce besoin vise à maintenir la température du corps à la normale permettant un rendement optimal des fonctions métaboliques. Le fonctionnement de certains processus physiologiques ne peut se faire en effet qu’à une température bien déterminée. L’individu devrait avoir une bonne sensation de chaleur corporelle satisfaisante. Ceci ne peut être obtenu que par la thermorégulation.
  • Le besoin d’être propre et de protéger ses téguments : La peau devrait en effet être intègre pour éliminer les germes et les souillures qui peuvent être néfastes pour l’individu. Chaque individu a besoin d’avoir une sensation d’hygiène corporelle, qui constitue un élément de bien-être.
  • Le besoin d’éviter les dangers : Les dangers peuvent provenir de l’environnement. Le but de ce besoin est d’éviter que le malade ne constitue une source de danger pour les autres. Les dangers n’incluent pas seulement les agressions externes, réelles mais également les agressions imaginaires. Chaque individu a besoin de protéger et de maintenir l’intégrité de son corps, l’équilibre mental et l’identité sociale. Ce besoin nécessite une vigilance à l’égard des menaces réelles ou potentielles, les réactions biophysiologiques face aux agressions. Ces dernières peuvent être d’origine physique, thermique, chimique, microbienne. L’individu peut réaliser son concept de soi, ses rapports sociaux et ses stratégies d’adaptation aux situations de crise.
  • Le besoin de communiquer : Il a été constaté que chaque individu a besoin de partager, de transmettre et de recevoir des messages cognitifs ou affectifs, conscients ou non. Chaque individu a besoin d’être en relation avec une autre personne par la transmission et la perception d’attitudes, de croyances et d’intentions. L’échange d’informations se fait par le système nerveux périphérique et central, l’apprentissage et l’exploitation des codes et des modes de communication. L’individu devrait être apte à être en contact avec le monde.
  • Le besoin de pratiquer sa religion et d’agir selon ses croyances : Chaque individu a besoin d’être reconnu comme sujet humain. Il fait ses liens entre les évènements qu’il a vécu, qu’il vit et qu’il va vivre. Il se réapproprie sa vie tout en se persuadant de la continuité de l’homme. Dans toutes les situations qui se présentent, l’homme a besoin d’y donner un sens et de s’ouvrir à la transcendance.
  • Le besoin de s’occuper et de se réaliser : L’individu devrait avoir une impression de faire quelque chose d’utile. Chaque individu a besoin d’exercer son rôle, d’assurer ses responsabilités, et de s’actualiser par le développement de son potentiel. Dans ce cas de figure, il devrait connaître ses rôles sociaux et les réaliser tout en s’adaptant aux changements et en conservant la maîtrise de ses choix.
  • Le besoin de se récréer : Il est évident que chaque individu a besoin de se divertir, de se détendre et de promouvoir l’animation du corps et de l’esprit. Le patient peut par conséquent bénéficier d’activités récréatives, individuelles ou collectives selon ses capacités, et ses aspirations personnelles.
  • Le besoin d’apprendre : Le développement de chaque individu devrait passer par une adaptation en vue d’une interaction pour la restauration, le maintien et la promotion de sa santé. Le patient a besoin de développer ses habiletés, son adaptation aux différentes situations qui se présentent, et d’être réceptifs à l’apprentissage fournis par les soignants.

Intervention chirurgicale

 Une intervention chirurgicale désigne l’acte chirurgical qui est réalisée sur une personne afin de corriger les difformités et les défauts, réparer des blessures et diagnostiquer ou guérir certaines maladies. Elle peut faire appel à des manipulations internes ou des opérations.

Soin infirmier 

Le soin infirmier ou pratique infirmière désigne «  la relation d’aide et de soins dynamique dans laquelle l’infirmière aide le client à obtenir et maintenir le meilleur état de santé possible. Pour parvenir à cette fin, l’infirmière applique au processus infirmier des connaissances et des compétences caractérisant sa profession et des domaines assimilés, processus dont la nature est déterminée par un ou des modèles conceptuels ». Selon l’AIIC, le soin infirmier désigne « tout acte qui a pour objet d’identifier les besoins de santé des personnes, de contribuer aux méthodes de diagnostic, de prodiguer et contrôler les soins infirmiers que requièrent la promotion de la santé, la prévention de la maladie, le traitement et la réadaptation, ainsi que le fait de prodiguer des soins selon une ordonnance médicale » (Brunner et Suddarth,, 2006).

D’autre part, l’Association Américaine des Infirmières (ANA) a défini le soin infirmier comme étant « le diagnostic et le traitement des réponses humaines à des problèmes de santé réels ou potentiels » (Rubenfeld et Scheffer, 1999).

Les différentes définitions énoncées dessus montrent les différentes attributions des infirmières. Il implique une attention, une considération de la personne malade, la manifestation de son importance, l’aider à réaliser qu’elle a de l’importance, donner un sens à sa vie, être bienveillant à ses souffrances. Mais cela implique entre autre un apprentissage pour aider le patient à connaître les facteurs qui pourraient impacter sur sa santé. Dans cette optique, le soin infirmier comprend deux aspects interdépendants : l’aspect technique et l’aspect relationnel (Elsa, 2006). Pendant la phase préopératoire par exemple, le rôle de l’infirmière sera centré sur l’examen de base de la personne avant le jour de l’opération. Pendant cette phase, il y a des examens physiques mais également des évaluations de l’état émotionnel du malade et une anamnèse, permettant de connaître les antécédents anesthésiques du patient, les allergies, les problèmes héréditaires qui peuvent influer sur le succès de l’opération chirurgicale. Par la suite, l’infirmière se charge de vérifier que tous les examens nécessaires ont été effectués. Elle prend rendez-vous pour mettre le patient en contact avec le service approprié. Elle apprend au patient les différentes conditions à respecter après l’intervention chirurgicale pour qu’il se rétablisse vite (Brunner et Suddarth, 2006).

  1. Etat psychologique du patient avant l’intervention chirurgicale

L’intervention chirurgicale est une source d’angoisse pour le patient. Selon les sondages effectués, entre 60% et 80% des adultes administrés à l’hôpital pour une intervention chirurgicale, présentent une anxiété avant la phase opératoire. Mais le pourcentage de personnes qui présentent une anxiété préopératoire varie également en fonction du service. Il a été démontré que l’anxiété préopératoire est prépondérante au niveau du service de la chirurgie esthétique par rapport à la chirurgie reconstructive. Le type de maladie rencontré affecte également les ressentis du malade. Ainsi, les patients atteints de cancers présentent une anxiété accrue par rapport aux patients qui attendent une intervention en service de la chirurgie orthopédique. L’anxiété s’accompagne souvent de tensions psychologiques et somatiques.

L’anxiété ressentie par le patient pourrait être causée par l’expérience de l’hospitalisation. En effet, l’hospitalisation constitue une source de stress pour le patient qui doit faire face à un changement environnemental. La structure du bloc opératoire en effet, a été démontré être à l’origine de la peur des patients qui vont subir une intervention chirurgicale. Le bloc est considéré comme un lieu froid et impersonnel. Les matériels, les rituels et le personnel que le patient rencontre dans l’environnement du bloc opératoire induisent déjà une peur profonde (Biry, 2007). L’hôpital entre autre a souvent été représenté comme un lieu où règnent la maladie, la souffrance et la mort. L’hospitalisation constitue de ce fait un choc pour l’hospitalisé parce qu’il rompt avec son cadre habituel de vie. Il ne sait pas ce qu’il attend dans ce lieu qui confirme que son état est déjà grave.

L’hôpital est un lieu inconnu, dont les pratiques et les rituels pratiqués sont complètement inconnus du patient. Par conséquent, ce dernier devient dépendant des soignants. L’angoisse ressentie par le patient pourrait entre autre troubler les besoins fondamentaux de ce dernier. Cette souffrance psychique induit souvent un non accomplissement des besoins primaires chez le patient. 

Le patient tend souvent à représenter les interventions chirurgicales comme étant douloureuses, ce qui induit l’anxiété. D’autre part, le fait de s’installer dans un lieu inconnu comme l’hôpital pourrait provoquer la peur du patient qui attend l’intervention chirurgicale. En effet, l’hôpital est perçu comme un lieu étrange qui est géré par des réglementations bien déterminées et complètement différentes de celles des autres lieux. Dans cet endroit, le patient est confronté à une position d’attente des soignants, ce qui le met dans une situation inconfortable. Il a été observé que le stress du patient est augmenté quand il y a une trop longue attente dans le service qui va l’accueillir, jusqu’à leur admission au bloc opératoire. 

Il a été observé que les patients qui attendent une intervention chirurgicale à l’hôpital perdent souvent leurs repères sociaux, familiaux. Ils ont une image dévalorisante d’eux-mêmes. Ils ont tendance à croire que quand ils sombrent dans une maladie, ils ne sont plus en mesure de retrouver l’équilibre dans leur vie et se sentent inutile. L’hospitalisation d’autre part, implique une suspension de la fonction professionnelle. Or, cette suspension du travail pourrait provoquer dans certains cas une peur de ne plus pouvoir travailler comme avant. Dans les cas extrêmes, le patient pourrait envisager une perte de travail suite à l’intervention chirurgicale. Le patient ne connaît pas très bien le déroulement de l’intervention chirurgicale si bien qu’il s’imagine le pire scénario. Dans ce cas, il pourrait imaginer un handicap physique qui l’empêcherait de mener à bien sa mission au niveau de sa famille, mais également, au niveau de la société. 

L’ensemble de ces faits constituent une source d’angoisse pour les patients. Toutefois, il a été remarqué que les besoins de survie et de sécurité persistent encore chez les hospitalisés. Mais au sein de l’hôpital, ils se tournent vers le soignant pour l’aider à satisfaire ces besoins fondamentaux. Outre à cela, le stress des patients qui attendent une intervention chirurgicale vient du fait de l’annonce de diagnostic. En effet, il va entendre des termes techniques, et recevoir des informations concernant le déroulement de l’intervention, les résultats attendus après l’intervention chirurgicale, les bénéfices attendus par rapport aux risques liés à cette intervention

D’autre part, le patient qui attend une intervention chirurgicale peut être confronté à la peur de mourir (Seghilani et Véron, 2004), à la peur de ne plus se réveiller après avoir été anesthésié. Il existe entre autre la peur de la maladie qui constitue l’inconnu (Karaa et Labayle, 2008). De nombreuses questions déferlent dans la pensée du patient avant l’intervention chirurgicale, mais dans la plupart des cas, il n’ose pas les dire. Il peut se demander par exemple, qui va l’opérer ? Où ? Quand ? Il revient par conséquent à l’infirmier de l’informer sur les points essentiels qui permettent de dissiper ses peurs.

Il a été observé entre autre que dans le bloc, ce stress est encore augmenté parce que le patient doit encore attendre que le personnel ait fini de remplir son dossier, de préparer la salle au cas où l’intitulé de l’intervention n’a pas été précisé. Dans ce cas de figure, le patient a une image d’un service qui est mal organisé et par conséquent, pourrait éveiller en lui, des doutes, des incertitudes, quant à son efficacité (Louis, 2009). L’inconfort s’accompagne d’une incertitude qui favorise l’anxiété. Il a été remarqué que le niveau d’anxiété, de peur et d’angoisse éprouvé par le patient en milieu hospitalier peut changer d’un individu à un autre, selon sa personnalité, et sa situation (Bioy, 2003). Il a été remarqué entre autre que le patient qui subit un stress accru dans le cadre de la préparation d’une intervention chirurgicale demande beaucoup plus d’attention de la part des soignants. Dans d’autres cas, ils expriment leurs sentiments par une agressivité envers le personnel.

Dans ces nombreux cas de figure, le patient qui attend l’opération chirurgicale ressent souvent une anxiété préopératoire. L’intervention chirurgicale constitue donc le facteur déclenchant de cette peur. En effet, l’acte chirurgical est considéré par le patient comme une intrusion dans son propre corps. Il constitue de ce fait, une menace ou une vulnérabilité. Le patient à opérer qui ne possède pas forcément toutes les connaissances concernant l’intervention chirurgicale se pose de nombreuses questions concernant la composition et la physiologie de son corps.

Derrière l’acte chirurgical se trouve la maladie qui pourrait constituer une source de stress pour l’individu. En effet, le fait de perdre un organe, ou une partie de son corps, constitue une source d’angoisse. Mais la maladie pourrait également impacter négativement sur sa relation familiale. Le rôle du patient au sein de la famille pourrait être perturbé par cette maladie qui constitue à son égard un véritable handicap. De plus, l’hospitalisation implique une réorganisation de la cellule familiale (Biry, 2007). Par ailleurs, la maladie constitue une rupture de la continuité de la vie pour le patient. Elle impacte forcément donc sur la psychologie de la maladie et des réactions du patient face à ses effets.

L’acte chirurgical implique entre autre l’anesthésie qui correspond à l’endormissement du malade. Or, la plupart des patients ont peur de ne plus se réveiller. Cet endormissement pourrait incarner chez le patient la mort et par conséquent, induit une peur considérable (Biry, 2007).

Sur le plan professionnel, l’hospitalisation et l’intervention chirurgicale pourraient semer des doutes chez le patient quant à son efficacité après cette expérience. Chez certains patients, la peur de ne pas réussir son activité professionnelle pourrait perdurer avant l’opération chirurgicale. Quelquefois même, ils s’inquiètent de ne plus pouvoir continuer ce même travail. Couplée à une peur de la perte de la bonne santé, le patient pourrait se sentir inutile du point de vue sociale ou dans la vie (Biry, 2007).

Face à sa peur, le patient ressent un besoin de s’exprimer. L’expression lui procure en effet un apaisement pour faire face à ses différentes interrogations. Le patient qui va subir une opération chirurgicale a besoin de réponses claires et cohérentes de la part du soignant et plus particulièrement, de la part de l’infirmière et du chirurgien (Karaa et Labayle, 2008).

L’anxiété préopératoire a été démontrée être à l’origine des complications,  des troubles émotionnels et comportementaux après l’intervention chirurgicale. Les études ont démontré que les représentations mentales des situations peuvent induire des complications que les faits eux-mêmes. Devant une situation qui le met mal à l’aise ou qui est anxiogène, l’individu passe par trois phases successives. Il s’agit notamment de l’alarme, de la résistance et de l’épuisement. Si l’opération chirurgicale est considérée comme une menace pour l’individu, il peut présenter des troubles d’ordre émotionnel et comportemental causés par un débordement face aux stress générés par l’hospitalisation. D’autre part, les ruminations, la résignation et la généralisation de la situation pourraient également induire les mêmes effets chez le patient. L’anxiété qui est ressentie au début de l’opération chirurgicale pourrait conduire à des difficultés lors du réveil du patient, mais ce réveil devient aussi plus douloureux. Néanmoins, les études ont montré que les expériences chirurgicales vécues auparavant pouvaient réduire cette anxiété préopératoire, tandis que la fatigue pouvait l’augmenter.

Il faut noter entre autre, que l’anxiété préopératoire ressentie chez le patient peut entraîner chez lui différentes réactions. Il y a la réaction de déni qui se manifeste par l’indifférence du patient face à ce qu’il attend. Apparemment, il ne manifeste aucun intérêt pour connaître ce qu’il attend. Ce déni est un mécanisme de défense qui est adopté par le patient dans le but de se protéger de la prise de conscience de sa propre responsabilité. Il s’agit de ce fait, d’un désir inconscient de type suicidaire (Manoukian, 2008). D’autre part, il existe des patients qui sont très anxieux et veulent acquérir le plus grand nombre d’informations possibles et des patients qui manifestent une angoisse modérée ou une angoisse neutralisée par la confiance au personnel médical et paramédical.

D’autre part, face à l’anxiété, le patient peut adopter deux comportements bien distincts selon Friedman et Rosenman : le comportement de type A et de type B. Dans le premier type de comportement, le malade est impatient. Il est doté d’un esprit de compétition, d’agressivité et de rapidité. Par contre, le comportement B implique un malade patient, moins compétitif et moins agressif.

C’est dans le but d’aider le patient à faire face aux différents stress  préopératoires que les soins préopératoires ont été mis en œuvre. Ils ont pour principal but de réduire l’anxiété, d’acquérir les connaissances sur la maladie et l’intervention chirurgicale (Brunner et al., 1997). L’infirmier informe également le patient sur les différents soins qui sont rattachés à cette intervention chirurgicale. Elle se charge de le renseigner en ce qui concerne le lieu de réveil, les matériels, la surveillance des paramètres, les temps de repos au lit. Toutefois, l’infirmière ne doit pas dramatiser la situation de réveil (Guillemin, 2006).

  1. Cadre de référence 
  1. L’infirmière et le secret professionnel

Nous allons nous référer au code de déontologie qui régit la profession d’infirmière pour mieux cerner les enjeux et les limites qui s’imposent dans ce métier et plus particulièrement dans le domaine du secret professionnel. En effet, l’infirmière doit informer le patient sur son état de santé et sur les différents traitements qui peuvent être envisagés pour le soigner. Dans ce cas de figure, la participation du patient est primordial pour aider le soignant à faire une prise de décision thérapeutique. Il n’est pas rare de constater que le patient demande des informations qui nécessitent une considération des éléments désirés, rejetés, ou occultés. Les informations fournies au patient, demande une collaboration au sein de l’équipe pluridisciplinaire (Dielenseger et al., 2001).

Le secret professionnel est une obligation déontologique pour l’infirmière, de ne pas révéler à des tiers des informations médicales ou privées d’un patient qui, divulguées, pourraient avoir des conséquences néfastes sur sa personne. Ces secrets impliquent les informations concernant  le patient et les faits qui sont survenus lors de l’exercice de son travail. L’infirmier ne doit pas révéler les faits, les confidences et les informations qui lui ont été communiquées lors de sa prise en charge d’un patient. Ces informations peuvent être fournies par le patient lui-même ou par son entourage. Ils peuvent être aussi des faits découverts, qui ont été observés lors des soins, ou que l’infirmier aurait pu deviner, comprendre ou déduire. L’infirmier ne doit pas révéler les faits en rapport avec l’état du malade, son affection, les traitements que le patient suit, et les éléments de sa vie privée comme les problèmes familiaux, les difficultés financières, et les pratiques inhabituelles (Caronne, 2010). 

Le secret professionnel peut se présenter sous trois formes. Il s’agit notamment du secret confié ou la confidence. Ceci implique tout ce qui a été vu, entendu ou découvert lors de l’exercice infirmier. Il existe entre autre le secret promis qui inclut tout ce que le patient confie et demande au soignant de ne pas révéler. Enfin, il y a le secret partagé qui revêt un caractère collectif. Ce genre de secret est donc partagé entre l’équipe médicale. Dans ce cas, les informations sont partagées uniquement entre les membres d’une équipe médicale qui collaborent dans le soin d’un patient.

Cependant, il est possible que le secret professionnel puisse être levé dans certaines situations.  L’infirmier par exemple, peut lever le secret professionnel quand il a décelé dans l’exercice de sa profession qu’un mineur est victime de sévices ou de privations. Dans ce cas, l’infirmière doit déployer les moyens nécessaires pour protéger le patient en alertant si besoin est, les autorités médicales ou administratives compétentes pour les mineurs ayant jusqu’à 15 ans. Selon l’article 60.4 du Code des Professions, 

« Le professionnel peut entre autre communiquer un renseignement protégé par le secret professionnel, en vue de prévenir un acte de violence, dont un suicide, lorsqu’il y a un motif raisonnable de croire qu’un danger imminent de mort ou de blessures graves menace une personne ou un groupe de personnes identifiables. Toutefois, le professionnel ne peut alors communiquer ce renseignement qu’aux personnes exposées à ce danger, à leur représentant ou aux personnes susceptibles de leur porter secours. Le professionnel ne peut alors communiquer que les renseignements nécessaires aux fins poursuivies par la communication ».

Cette exception a été admise dans le but d’éviter un acte de violence et de suicide.

Le secret professionnel peut également être levé si le patient y consent. Les révélations devraient être justifiées par l’intérêt du patient. Quelquefois, il est possible qu’un secret soit révélé dans le but de protéger l’intérêt de la famille. L’infirmière peut révéler certaines informations si le patient consent à communiquer certaines informations concernant son intention à sa famille quand le médecin vient en consultation. Ceci est rencontré dans le cas de l’accompagnement du patient et de sa famille lorsque le patient est en fin de vie. Cependant, cette information ne peut être dévoilée à moins de porter atteinte au défunt.

Le secret professionnel peut être révélé pour protéger l’intérêt de l’infirmier. Ceci est rencontré quand il y a défense d’intérêt matériel comme les réclamations d’honoraires. Sinon, l’infirmier peut également révéler des informations concernant le malade dans le but de défendre un intérêt moral.

Enfin, certaines révélations peuvent être justifiées par l’intérêt général. Ceci se rencontre dans le cas de la déclaration de naissance des mort-nés, des maladies contagieuses et aux sévices auprès des enfants de moins de 15 ans et des personnes âgées. La déclaration est également obligatoire pour certaines maladies comme le botulisme, le choléra, la diphtérie, les fièvres hémorragiques africaines, fièvres jaunes, infections par le VIH, tétanos, tuberculose, toxi-infection alimentaire collective, etc..

Le respect du secret professionnel favorise l’établissement de la confiance entre le patient et le soignant. Par conséquent, le patient pourra être amené à se confier davantage en sachant bien que tous ce qu’il dira resteront entre lui et son soignant (Lelièvre, 2003). Cependant, le secret professionnel comporte encore de nombreux enjeux.

  1. La communication et les interventions infirmières face à l’anxiété du patient

La relation d’aide et la communication entre le soignant et le patient constitue la méthode la plus utilisée pour prendre en charge l’anxiété du patient.

L’accueil du patient constitue la première étape de la prise en charge infirmière du patient. Cette première démarche joue un rôle primordial pour la relation entre le patient et le soignant. Il s’agit en effet du premier contact entre l’infirmière et son patient (Tribolet, 1996) et elle reflète l’image du service dans lequel le patient sera admis. Cette occasion est également propice pour se mettre en contact avec la famille du patient. C’est cette première impression qui va permettre au malade d’avoir certains repères qui vont lui permettre de s’adapter à l’expérience de l’hospitalisation (Drevet et Journiac, 2002). 

Entre autre, il permet d’évaluer les douleurs physiques et psychologiques du patient, ainsi que son degré d’autonomie. L’infirmière dans cette optique, recueille des données concernant le patient dans le but de définir les dépendances réelles ou potentielles de ce dernier afin de le permettre de satisfaire ses besoins fondamentaux. L’infirmière peut aussi procéder au diagnostic permettant de fixer les objectifs de soins. L’accueil permet d’aider le patient à accepter les soins (Brunner et Suddarth, 2006).

Lors de ce premier entretien, l’infirmière doit présenter le service, les membres de l’équipe et les locaux. Ensuite, elle passe à un entretien plus personnel pour mieux connaître le patient. Les données recueillies pourraient être complétées par celles octroyées par la famille dans certains cas. Quand le patient connaît certaines informations concernant le service dans lequel il sera admis, il pourra être rassuré de connaître une personne à qui se référer si jamais il avait besoin de quelque chose. 

Pour le patient, un bon accueil de la part de l’infirmière est une marque de respect envers lui, et une marque d’intérêt. Quand il est accueilli, il ne reste plus anonyme. Par conséquent, le malade pourra être rassuré qu’il est reconnu et que les soignants ne le prendront pas pour quelqu’un d’autre.

Le respect manifesté par le bon accueil constitue un repère au patient pour se situer dans le milieu inconnu et hostile de l’hôpital. Son identification est la signification qu’il est attendu et que le personnel qui va le prendre en charge connaît bien sa maladie. Par conséquent, il est rassuré que l’équipe soignante va faire tout son possible pour l’aider et le soigner (Drevet et Journiac, 2002).

La communication est primordiale dans cette prise en charge du patient. Elle repose en effet sur la présence d’un émetteur, d’un récepteur et d’un message qui peut être bien reçu ou non par le récepteur qui est ici le patient. Dans ce cas, il est important que le message soit compréhensible pour le patient afin d’établir une bonne communication. La communication peut être verbale. Mais étant dans une situation qui déstabilise fortement le patient, il est possible que ce dernier n’assimile pas bien les informations ou les messages qui lui sont transmises. Pour renforcer la communication verbale, le patient et le soignant peuvent aussi se lancer dans une communication non verbale, qui implique donc, le langage du corps, les expressions du visage, les attitudes, etc.

Le toucher par exemple, constitue une communication personnelle, une communication intime. Il permet de mettre le patient à l’aise tout en restant thérapeutique. Mais dans ce genre de communication, il est indispensable qu’il y ait déjà une relation qui a été établie entre le soignant et le soigné.

Le regard de son côté est une communication qui permet à chaque intervenant de comprendre ou de se faire comprendre. La personne qui regarde une autre fait attention à chaque détail, chaque mouvement que l’autre fait. Les attitudes et les mouvements du soignant dans ce cas de figure sont largement considérés par le patient. De même, le soignant regarde les différents gestuels du patient pour pouvoir comprendre ce qu’il veut, ce qu’il cherche et la posture qu’il souhaiterait que le soignant ait. Il est donc primordial que le soignant soit très attentif à ce que le patient lui exprime indirectement. Mais il doit également faire attention à tous ses gestes et ses mimiques pour rassurer le patient et établir une relation de confiance entre le soignant et le soigné.

L’écoute est un des piliers d’une bonne communication. Une écoute attentive permet au soignant de bien recevoir tout ce que son interlocuteur dit. La reformulation des dires de son interlocuteur permet d’exprimer à ce dernier qu’on a compris ce qu’il a voulu dire. Cette reformulation constitue un des composants d’une écoute active. Mais elle nécessite une neutralité pour que le soignant ne porte aucun jugement à l’endroit de son patient. Il doit être disponible et apte à décoder les messages transmis par le patient. L’infirmière devrait donc montrer au patient qu’elle l’écoute en validant ou en soulignant les propos soulevés par le patient. Elle devrait manifester sa compréhension par l’empathie, l’intérêt et le respect qu’elle lui porte. Elle montre entre autre au patient qu’elle l’accepte et qu’elle valorise son initiative. Dans certains cas, l’infirmière peut utiliser l’humour pour favoriser l’introspection en faisant prendre conscience des sentiments refoulés par la personne, en résolvant les paradoxes, en atténuant l’agressivité et en donnant d’autres perspectives (Brunner et Suddarth, 2006). L’infirmière devrait être présente en permanence pour expliquer au patient les soins, les objectifs des soins qui seront prodigués. 

Cette démarche permet d’expliquer au patient le déroulement des soins et permet par conséquent d’enlever sinon, de limiter les inquiétudes. Cette communication verbale permet d’établir une relation de confiance tout en encourageant le malade à verbaliser ses angoisses. Il a été observé que les malades parlent plus ouvertement aux infirmiers par rapport aux chirurgiens (Karaa et Labayle, 2008). La communication entre l’infirmière et le patient aide le patient à expliquer et à comprendre ses sentiments, ses idées et ses perceptions. Il peut par conséquent comprendre certaines de ses réactions face à la situation. D’autre part, elle permet à l’infirmière de parler des points importants que le patient devrait connaître et d’orienter la conversation vers ces points par la suite (Brunner et Suddarth, 2006).

Pour communiquer avec les patients qui sont anxieux, l’infirmière peut aider ces derniers à donner des repères fixes en apportant des objets personnels. Elle peut aider le malade à exprimer ses craintes et identifier les moments difficiles afin de trouver l’origine de la peur. Quand les origines de la crainte sont identifiées, l’infirmière peut procéder à l’exploration des moyens qui peuvent être utilisés pour éviter cette crainte et ce, en discutant avec le malade. Dans cette optique, l’infirmière peut également déterminer les mécanismes d’adaptation qui sont habituellement adoptés par les soignants et les soignés dans de telles situations. 

Il n’est pas rare de constater que les personnes qui éprouvent une peur ou qui sont anxieuses pleurent ou dans d’autres cas, ne disent rien. Le silence permet au patient de réfléchir et de ralentir l’interaction entre les deux acteurs. Mais ce silence peut également encourager le lancement d’une nouvelle conversation. Le silence constitue un moyen pour permettre de soutenir le patient, de le comprendre et de l’accepter (Brunner et Suddarth, 2006). L’infirmière ne doit pas brusquer le patient. Elle devrait respecter les manifestations de la crainte de la part du patient. Elle essaie entre autre de créer un climat de compréhension empathique (Bioy, 2003).

L’infirmière de son côté devrait collecter les manifestations physiques de l’anxiété comme les palpitations, les voix tremblantes, la diaphorèse, les nausées, les mictions fréquentes, les modifications du transit intestinal, etc. Au cours de la communication avec le patient, l’infirmier doit considérer les manifestations émotionnelles et comportementales du patient. Ceci suggère la considération de ses larmes, ses agitations, son insomnie, son anorexie, ses plaintes somatiques, ses questionnements répétés, etc. Enfin, la communication avec le patient devrait tenir compte des manifestations cognitives de l’anxiété comme les amnésies sélectives, les ruminations, les blocages de pensées, etc. Toutes ces informations permettent de définir le niveau d’anxiété du patient (Marolla et al., 2008). 

Pour rassurer le patient, l’infirmière doit inspirer la confiance et être compétente pour que le patient ne se doute pas de l’efficacité des soignants. Pour ce faire, elle doit adopter une attitude chaleureuse et faire preuve d’une grande capacité à communiquer avec les autres. La manière dont elle communique les informations et rassure le patient et ses proches devrait être adaptée à la compréhension de chaque personne. Bien que le patient anxieux ne soit pas totalement consciente de la réalité, il faut que l’infirmière parle avec lui comme étant une personne consciente. Une personne consciente est sensible à toutes les manifestations de sympathies. Par conséquent, l’infirmière pourrait le toucher par exemple, ou l’appeler par son nom pour l’impliquer de plus en plus dans la communication (Brunner et Suddarth, 2006).

L’infirmière est amenée à aider le patient à exprimer ce qu’il ressent. Mais elle ne devrait aucunement porter de jugements. Ceci ne peut se réaliser qu’en aidant le patient à comprendre que leurs réactions face à la situation sont tout à fait normales et compréhensibles de ce fait. Le fait d’exprimer cette constatation au patient permet de les prouver sa sincérité. Par ailleurs, l’infirmière doit reconnaître ses faiblesses. Certes, elle côtoie de nombreux cas aussi déstabilisants chaque jour, mais elle peut encore éprouver de la tristesse, de la peur ou de la frustration face aux malheurs du patient. Toutes ces réactions sont aussi normales et compréhensibles. Ainsi, le fait de refouler ces sentiments revient à renier son humanité, qui, pourtant, est indispensable pour aider le patient à partager ses sentiments. Ceci pourrait témoigner au patient l’implication de l’infirmière dans son cas. Dans la plupart des cas, cette attitude de la part de l’infirmière a un impact positif sur l’établissement de la communication et la confiance entre le soignant et le soigné. Elle apporte entre autre du réconfort au malade (Carpenito, 1997).

Certes, le rôle de l’infirmière est de prendre en charge l’anxiété du patient. Elle va mettre en œuvre toutes les démarches qui vont permettre de réduire l’anxiété du patient. Il faut noter toutefois, que cette réaction du malade ne traduit pas forcément un état qui pourrait être nocif pour le patient. Selon certaines études, une anxiété faible ou modérée pourrait être souhaitable pour le bon déroulement de l’acte anesthésique, chirurgical et de la phase postopératoire. En effet, ce type d’anxiété pourrait induire chez le patient un travail d’inquiétude constructive permettant la mobilisation des forces physiques et mentales du patient à opérer (Selye, 1975).

Lors des entretiens et l’enquête exploratoire, l’infirmière se charge de faire une évaluation psychosociale. Ceci implique la détermination des besoins d’apprentissage du patient et de ses proches. C’est pendant cet entretien, que l’infirmière assure l’évaluation du niveau d’anxiété du malade. Cette anxiété devrait augmenter à l’approche du jour de l’intervention. Mais il a été observé que certains patients ne présentaient aucune anxiété, même quand ils sont conscients qu’ils doivent être opérés. Cette absence pourrait marquer un déni de la part du patient. Une anxiété trop élevée pour sa part, pourrait impacter sur la capacité du patient à affronter l’intervention chirurgicale. Il ne pourrait pas en effet utiliser les mécanismes d’adaptation adéquats. 

Ainsi, l’infirmière doit se renseigner sur le sens de l’acte chirurgical pour le patient et ses proches, les mécanismes d’adaptation qu’ils emploient, les mesures qui ont été utilisés pour s’adapter au stress, les modifications aux habitudes de vie envisagées. L’infirmière se renseigne entre autre sur les réseaux de soutien dont ils disposent, les craintes face à l’avenir et au présent. L’infirmier qui prépare un patient peut demander les connaissances du patient et de ses proches en ce qui concerne l’intervention chirurgicale, les techniques qui ont été pratiquées, les suites de l’opération et la réadaptation à long terme.

L’entretien avec le patient est une opportunité pour l’encourager à poser des questions. La réaction des patients diffère d’un individu à un autre. Il existe des patients qui veulent avoir une quantité limitée d’informations, tandis que d’autres élargissent leurs questions (Brunner et Suddarth, 2006). Ces deux réactions sont désignées sous le terme de monitoring et de blunting. 

Le monitoring consiste à chercher des informations qui sont susceptibles de réduire l’anxiété. Le patient dans ce cas, peut seulement demander un complément d’informations mais dans les cas extrêmes, ce dernier peut être amené à chercher toutes les informations relatives à la situation. Le patient effectue une auto-observation importante et se focalise sur tous les détails qui pourraient montrer la dangerosité de la situation. Si le patient n’arrive pas du tout à gérer son stress, il est probable qu’il développe des pensées intrusives qui envahissent toute sa conscience.

Dans le cas du blunting, le patient cherche à se distraire. Ce phénomène peut s’accompagner d’une intellectualisation, d’un déni ou d’une réinterprétation positive des évènements. Quelquefois, l’individu peut recourir à des substances psychoactives pour se distraire, ou entreprendre différentes activités.

  1. Méthodologie

Afin de comprendre comment la situation de stress préopératoire est gérée par les soignants chargés de l’accueil et de l’accompagnement au bloc opératoire du patient jusqu’à l’induction anesthésique, la méthodologie utilisée sera l’enquête. 

Durant cette enquête, les soignants interrogés ont la communication comme outil dans le soin relationnel. Dans ce cadre, le recours à toute prescription médicale est exclu au même titre que la prémédication (telle que l’administration d’un anxiolytique).

  1. La population

Une étude sera menée auprès des infirmiers et des aides soignants parce qu’ils sont impliqués dans l’accueil et la relation de communication auprès du patient en phase préopératoire. Une population de vingt personnes a été interrogée en partageant dix questionnaires aux soignants et dix autres aux infirmiers.

  1. L’outil

Pour réaliser l’enquête, l’outil utilisé est le questionnaire. Les questions posées sont en rapport avec l’âge des personnes interrogées, leur expérience en tant que soignantes (aides soignantes et infirmières) et la durée de leur expérience au sein du bloc opératoire. Les autres questions portent sur le soin relationnel et l’existence ou non d’une formation spécifique, de l’utilisation d’un outil de mesure, etc., pour évaluer l’état psychologique du malade.

  1. Le questionnaire

Les questions que nous avons posées au patient ont pour objectif d’analyser les différents aspects ou manifestations de la peur des patients qui viennent au bloc et de vérifier si tous les patients ressentent de la peur quand ils arrivent à l’hôpital. Les questions posées ont également pour but de trouver les différentes perceptions des soignants en ce qui concerne l’anxiété qui tenaille leurs patients. Nous avons cherché à savoir comment les infirmiers au bloc opératoire arrivent à discerner cette peur chez le patient, comment ils communiquent avec eux et comment réagissent leurs patients face à leur communication. Le questionnaire employé est le suivant :

  1. Mon sujet porte sur l’anxiété du patient avant l’intervention. Que pouvez-vous m’en dire ?
  2. Comment percevez-vous cette anxiété ?
  3. Est-ce que toutes ces informations rassurent le patient ou au contraire, augmentent-elles son stress ?
  4. Les interventions chirurgicales sont-elles programmées ?
  5. Quel est le temps imparti à l’accueil du patient au bloc opératoire ?
  1. Résultats

La fréquence des cas d’anxiété au sein du bloc opératoire et leurs différentes manifestations

Les entretiens avec les infirmières au bloc opératoire ont permis de connaître que l’anxiété des patients est une chose très courant dans ce lieu. Au bout de 25 ans d’exercice de sa profession, une infirmière au bloc opératoire a affirmé que la peur existe toujours chez les patients, mais le degré d’anxiété peut varier en fonction de ce que le patient endure. Ainsi, une personne qui vient pour traiter un cancer a beaucoup plus peur qu’une personne qui vient à l’hôpital pour un lifting. Les résultats peuvent varier aussi en fonction de la personne. Mais dans la plupart des cas, les patients qui viennent pour une intervention chirurgicale sont des patients vulnérables. Par conséquent, l’anxiété ne peut qu’augmenter leur vulnérabilité. Par ailleurs, cette vulnérabilité pourrait aussi provenir du fait que le patient se retrouve nu sous ses draps, avec une charlotte.

L’anxiété du patient qui vient au bloc opératoire est facilement détectable. Dans la plupart des cas, ils expriment leur peur avec des mots, comme « Voilà, j’ai très peur » ou bien avec des questions comme « Qu’est-ce qu’on va me faire ? ». Dans certains cas, les personnes qui viennent à l’hôpital pour une intervention chirurgicale programmée tentent de poser des questions qui vont les permettre de  vérifier si l’infirmière va dire la même chose que le chirurgien qui va le prendre en charge.

Quand un patient ne s’exprime pas verbalement, il s’exprime par d’autres moyens. Certains d’entre eux ne posent pas de questions car les idées concernant l’intervention qu’ils vont subir sont clairs et nets dans leur tête. 

D’autres personnes se cachent et ne veulent pas montrer leur anxiété, mais les infirmiers arrivent toujours à ressentir leur peur. Cette capacité est liée à l’expérience de l’infirmier au bloc. Le ressenti est à la fois une intuition et une expérience. Quand le soignant détecte cette peur il doit lui demander directement si tout va bien. Ensuite, il pourra dire des mots gentils, des mots réconfortants dans le but de le rassurer.

La posture adoptée par l’infirmière

Devant une telle anxiété, l’infirmier doit chercher à communiquer avec le patient. Pour cette démarche, il existe une check-list. La check – list est établie avec l’infirmière de bloc, l’infirmière anesthésiste, le médecin anesthésiste et le chirurgien. En effet, ce sont l’infirmière de bloc et l’infirmière anesthésiste qui reçoivent le patient en premier et qui s’en occupent.

Dans la première démarche de communication avec le patient qui va subir une intervention chirurgicale, l’infirmier au bloc doit tout d’abord se présenter et poser des questions pour vérifier l’identité du patient. L’infirmier vérifie si le patient a des allergies, s’il a bien pris sa douche ou encore s’il a eu une prémédication avant de descendre. L’infirmier doit  être décontracté pour permettre au patient d’être à l’aise pour lui parler. Quand cette première étape est franchie, l’infirmier demande s’il s’agit de la première opération pour le patient et s’il est au courant de ce que les soignants vont leur faire. L’infirmier lui demande s’il connaît le motif de l’intervention.

L’infirmier doit toujours demander au patient s’ils a des questions à poser. Les patients peuvent demander parfois comment cela va se passer. Dans ce cas, l’infirmier doit lui expliquer le déroulement de l’intervention chirurgicale en employant des mots simples et non pas des termes techniques ou des expressions qui ne sont pas forcément compréhensibles pour le patient. L’infirmier doit essayer d’être le pus clair possible. Ils peuvent développer comment le patient vont se réveiller et dans quel état.

Nombreux sont ceux qui craignent la douleur. Dans ce cas, l’infirmier au bloc et l’infirmier anesthésiste vont essayer de le rassurer en expliquant qu’ils auront un traitement pour la douleur et qu’ils peuvent signaler toute douleur à l’équipe qui le prend en charge. Dans la plupart des cas, l’infirmier au bloc coopère avec l’infirmier anesthésiste pour rassurer le patient qui a peur de la douleur.

Les réactions du patient face à la posture adoptée par l’infirmière

La réaction du patient à l’annonce de ces différentes informations dépend de la personne qui communique avec lui. La posture de l’infirmier est en effet très importante dans la perception des informations qui sont communiquées au patient. Si l’infirmier se montre calme, et parle avec beaucoup de sérénité, le patient va être plus confiant. Dans d’autre cas, l’infirmier peut même les faire rire. 

Certains patients ont des phobies extrêmes qui les empêchent d’écouter les explications de l’infirmier, et qui pleurent à cause de la peur de certaines choses qui peuvent sembler tout à fait anodin comme les piqures. Dans ce cas, l’infirmier n’a d’autre choix que de faire une induction anesthésique pour calmer le patient. Les personnes qui pleurent à l’endormissement se réveillent également en pleurs ou en étant agités. Dans ce cas, l’infirmier les conseille de penser à quelque chose d’agréable. 

Quelquefois, le soignant réalise que le patient ne comprend pas ce qu’il leur dit ou sont mal informés. D’autre patients n’arrivent pas à intégrer ce que le soignant leur font parce qu’ils sont dans la phase de déni. Il faut souligner toutefois que le ressenti du patient peut être lié à la pathologie. L’anxiété peut également être augmentée par une trop longue attente. L’anxiété est par ailleurs renforcée par certains paramètres. Le patient qui fume et qui reste à jeûn jusqu’au début de l’après-midi par exemple, va manifester beaucoup d’angoisse et ceci, indépendamment des informations qui lui sont fournies.

L’accueil des patients qui vont être admis à l’hôpital pour une intervention chirurgicale

Le temps  consacré au patient qui va subir une intervention chirurgicale programmée est assez court. Ce cas est retrouvé chez tous les répondants. Ils admettent que l’accueil du patient au bloc est efficace, mais malheureusement, il ne dure pas. Le turn-over est assez important, ce qui ne laisse qu’environ un quart d’heure au soignant entre deux patients. La prémédication est faite au service hospitalier, mais il arrive rarement, que les patients ne bénéficient pas de cette prémédication.

L’anxiété est de plus en plus accrue chez les patients qui sont accueillis dans l’urgence. En effet, ceci est très différent de l’accueil d’un patient  dont l’opération a été programmée. Le facteur temps et le facteur économique sont deux  facteurs qui doivent être mesurés dans le cadre de l’établissement de la check-list.

L’accueil pourrait être perçu par les patients comme un automatisme parce que les soignants posent les mêmes questions : identité, la douche, le jeûn, etc. Par conséquent, le soignant peut très bien oublier l’anxiété du patient et plus particulièrement quand ce dernier n’exprime pas sa peur.

Certains patients ne veulent pas s’adresser à l’infirmier mais préfèrent contacter tout de suite le chirurgien qui va les prendre en charge. Il serait plus préférable de passer le patient directement au chirurgien au cas où il est très anxieux. Le fait de voir le chirurgien permet en effet de rassurer particulièrement le patient. Ce dernier peut adopter des gestes et des paroles rassurantes pour le patient. Dans la plupart des cas, une consultation infirmière s’effectue la veille de l’intervention mais ceci pourrait se faire au sein d’autres services.

  1. Discussion

Les faits qui ont été rapportés par les répondants qui travaillent au sein du bloc opératoire confirment les cas qui ont été rapportés dans la littérature. Les patients qui sont admis à l’hôpital pour une intervention chirurgicale sont dans la plupart des cas, des personnes vulnérables et anxieuses. Cette anxiété provient de différents effets qui sont liés à la fois à la peur de l’inconnu, mais également à la structure même du bloc opératoire et à l’attente. L’anxiété préopératoire commence plusieurs jours avant la chirurgie et continue même pendant la phase post-opératoire. Elle ne se dissipe que quand le patient a une assurance de sa récupération complète et sans complication. Les différentes causes de cette anxiété sont liées à différents facteurs comme l’attente, la peur de l’inconnu, etc. (Gentili et al., 2005).

Néanmoins, l’enquête exploratoire que nous avons effectuée a permis de voir que ce ne sont pas les seuls facteurs qui sont à l’origine de l’angoisse chez les patients. Dans le cas de Mme I. qui nous a interpellés, il est possible que son anxiété soit favorisée par la peur d’être délaissée, d’être toute seule. Certes, elle a déjà subi une première intervention chirurgicale. Ceci devrait déjà diminuer la peur du patient. Or, dans le cas qui nous intéresse, la première intervention chirurgicale n’a pas permis de réduire l’anxiété de Mme I. Nous ne sommes pas en mesure de connaître si elle était accompagnée ou non lors de cette première intervention chirurgicale.

Ceci nous laisse suggérer que le cas de Mme I. pourrait être liée au fait qu’elle n’était pas accompagnée. Par ailleurs, il a été observé que l’accompagnement du patient ne devrait pas se faire uniquement par le personnel soignant. Le malade est une personne qui a besoin d’avoir l’assurance d’appartenir à un clan, une famille, une société pour le rassurer. La place et l’importance de la présence de la famille pourrait être envisagée comme un facteur qui pourrait rassurer le patient.

Dans le cadre de notre enquête exploratoire, nous avons vu que la structure du bloc opératoire et les rituels qui s’y réalisent sont des sources d’inquiétudes de la part du patient mais il a été affirmé entre autre que l’anxiété du patient pouvait aussi être lié au fait de se retrouver tout nu devant le personnel soignant, sans pouvoir faire quoi que ce soit, et attendant chaque mouvement du personnel soignant. Le fait d’être nu devant des personnes étrangères pourrait non seulement induire la honte et le sentiment d’humiliation, mais il pourrait également affecter l’image qu’on a de soi.

Lors de notre enquête, nous avons pu déterminer que les infirmières du bloc opératoires sont chargées d’informer le patient sur le déroulement de l’opération chirurgicale et de répondre à ses questions de la manière la plus simple pour éviter sa peur en entendant des termes techniques. Bien qu’ils aient été informés du déroulement de l’opération et rassuré par des arguments rationnels, les patients quelquefois ne peuvent pas les entendre. En effet, il est possible qu’ils imaginent des scénarii qui ne se terminent pas bien. Toute tentative de les calmer devient par conséquent vaines, parce qu’ils ne peuvent plus comprendre les informations qui leurs sont fournies. Les soignants se trouvent de ce fait, dans l’obligation de les administrer des médicaments.

Enfin, l’anxiété du patient pourrait provenir du fait que l’accueil qui lui est réservé est perçu principalement comme un acte de routine. Or, l’accueil est le premier contact avec le patient. De ce fait, c’est une étape décisive pour rassurer le patient sur l’efficacité du personnel et du service au sein duquel il sera admis. Ces derniers temps, il a été observé que les charges de travail des infirmiers s’alourdissent de plus en plus, ce qui ne leur donne pas beaucoup de temps à consacrer au patient. Le Syndicat des Infirmiers a affirmé que le manque de personnel est observé au sein de l’hôpital. Ceci constitue une pression pour les infirmiers qui se trouvent dans l’obligeance de courir en permanence et d’accomplir leurs actes dans la précipitation. De plus, quand les interentions ne sont pas instrumentées, la durée de l’intervention augmente, ce qui a pour effet de diminuer la qualité des soins.

Conclusion

L’anxiété préopératoire est une situation très fréquente dans le cadre d’une intervention chirurgicale programmée. L’intervention chirurgicale est en effet une expérience qui affecte la psychologie du patient. C’est pour cette raison que lors d’une opération chirurgicale, le patient se montre inquiet. De nombreuses questions déferlent en lui. Ceci montre que l’anxiété du patient est liée principalement à l’acte chirurgical lui-même, cet acte dont il ne connaît pas le déroulement, cette expérience inconnue qui, d’après les informations qu’il a essayé de recueillir, comportait des risques. L’angoisse est liée à la structure même du bloc opératoire, un lieu qui suscite la peur parce que c’est un lieu de souffrance et de mort. C’est là que surgit la peur de la mort. Les patients se disent souvent : « Et si jamais, je ne me réveillais pas ? » Mais la peur est trop grande, l’évocation de ce terme même est trop difficile pour que le patient le dise. De nombreuses personnes tentent de se cacher derrière le silence, d’autres entrent dans le déni pour se défendre autant qu’ils le peuvent de cette angoisse qui prend de plus en plus d’ampleur chez eux. Il est évident, que l’intervention chirurgicale est une expérience unique, qui suscite la peur chez les patients.

Notre étude nous a permis de connaître que la prise en charge des patients par les infirmiers ne devrait pas se limiter au seul fait d’administrer au patient les médicaments, ou de vérifier ses variables. La prise en charge infirmier implique aussi la prise en compte de ses angoisses et de ses maux intérieurs. Des patients expriment verbalement leur angoisse tandis que d’autres n’arrivent même plus à dire quoi que ce soit et se contentent de rester en silence. Il appartient de ce fait à l’infirmier de détecter ces maux en regardant le patient, ses réactions, ce qu’il dit pour connaître ce qu’il pourrait dire pour le rassurer enfin et le rassurer que les risques liés à l’intervention chirurgicale sont rares parce que les techniques ont été perfectionnées et le personnel qui la pratique est déjà expérimenté.  L’infirmier devrait pouvoir dire à son patient que la douleur pourrait être vaincue ou tout au moins atténuée par les médicaments.

La difficulté réside sur le fait que l’angoisse du malade n’est pas toujours mesurable. Il est assez difficile pour l’infirmier de déceler les différentes angoisses et le degré de ces derniers chez le patient, plus particulièrement, chez les patients qui font un déni, ceux qui se protègent des intrusions dans leurs propres corps et dans leur sphère intime.

La prise en charge de l’angoisse du patient nécessite du temps pour laisser le soignant et le soigné se connaître, se faire confiance, communiquer. Le patient demande la disponibilité, la présence physique de l’infirmier pour qu’il puisse dire où il a mal, de quoi il a peur. Le soignant a également besoin de temps pour connaître le patient, analyser ses réactions, peser ses mots et lui manifester son respect et son intérêt pour lui. Mais les faits sont là, les infirmiers n’ont pas toujours le temps. Ils ont une lourde charge de travail qui les oblige à courir, à travailler sous pression. A la fin, c’est à peine s’ils ont le temps de parler avec le patient sans risquer de tomber dans l’automatisme de la prise en charge. Cette situation souligne la nécessité de gérer les ressources humaines au sein de l’hôpital et de gérer aussi la charge de travail des soignants.

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Mémoire de fin d’études de 41 pages

24.90

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