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Mémoire portant sur la pratique allergologique et les allergologues en France

Problématique : Dans un contexte d’inadéquation de l’offre en allergologue face à une demande en croissance, quelles en sont les stratégies des acteurs de l’offre de soin, et quels devraient être les apports de la reconnaissance de l’allergologie comme spécialité selon la récente réforme dans ce domaine ?

Plan

Introduction

Lorsqu’il est question de discuter des maladies allergiques, la tendance est généralement la sous-estimation des problèmes sous-jacents à celles-ci en les considérant comme bénins. Pourtant, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) classifie l’allergie en tant que maladie chronique pouvant toucher toute la population à partir d’un âge très avancé, au même titre que certaines pathologies redoutées telles que le diabète. En fait, l’allergie vient d’une réaction immunitaire excessive et inappropriée de l’organisme contre l’intrusion des allergènes. Or, ces substances sont généralement présentes dans l’environnement, et si la majorité de la population les « tolère », ce n’est pas le cas pour les personnes qui en sont allergiques.

Il faut reconnaître que ces informations n’apparaissent plus « nouvelles » pour la population française ces derniers temps. En effet, jusqu’à la réforme de l’étude médicale accordant à l’Allergologie le statut de discipline universitaire à part entière, en 2016, des vagues de mouvements revendicatifs ont largement communiqué sur l’importance du diagnostic et de la prise en charge précoce des problèmes d’allergie, sinon, les pathologies correspondantes risquent de s’aggraver au fil du temps. Le cas des asthmes illustre bien ces propos car 50% à 80% de ceux-ci sont d’origine allergique (Wallaert & Birnbaum, 2014). Ces mouvements de revendication viennent alors réveiller la France afin de prendre conscience des enjeux de l’allergie, et à travers cette dernière, de l’Allergologie.

Désormais, l’Allergologie peut être définie comme la spécialité de la médecine qui se focalise sur l’étude de l’allergie et ses traitements. En fait, cette réforme est un évènement exceptionnel en France car, si le concept « d’allergologie » a toujours existé longtemps dans les formations en étude médicale, cette « spécialité » n’a été reconnue comme telle véritablement qu’en 2016. C’est une situation exceptionnelle car de très nombreux pays, notamment en Europe, devancent de loin la France sur ce point. Il est possible ainsi de parler de « rattrapage » (ou peut-être, un « grand départ »).

Selon les principaux acteurs de ces mouvements de revendication, la maladie allergique est étonnamment sous-estimée, non seulement par les patients, mais aussi (et de manière récurrente) par le système de santé français. Il en résulte que la profession d’allergologue devienne « invisible » : une bonne part de la population française se demanderait probablement à quoi sert de recourir à un « spécialiste » (de l’allergie) pour de telles pathologies bénignes. L’on s’interroge alors sur les rôles que jouent (ou que devraient jouer) les médecins (généralistes, certainement) qui reçoivent les patients allergiques en premier recours : sont-ils suffisamment informés du parcours de soin optimal menant vers un allergologue pour ces patients ? Est-ce que ces médecins « orientent » ces patients vers les allergologues ou sont-ils amenés à improviser avec leurs connaissances et leurs compétences (en tant que médecins généralistes) ? Les allergologues sont-ils « faciles à consulter » en France, étant donné les différents facteurs qui peuvent les rendre « invisibles » ? Quels sont les enjeux de ce contexte assez complexe sur l’exercice du métier d’allergologue ?

Il faut reconnaître qu’il est encore trop tôt pour faire un suivi-évaluation de cette réforme de 2016. Néanmoins, il convient de se questionner sur les points de vue des professionnels de terrain de l’allergologie quant aux tenants et aboutissants de cette réforme sur leur métier, sur les éventuelles évolutions qu’ils en espèrent, sur l’implication de cette reconnaissance acquise de l’Allergologie vis-à-vis des problèmes auxquels font face quotidiennement ces médecins spécialistes de l’allergie. Tout cela rend alors pertinente la problématique de la présente recherche qui s’énonce comme suit : « Dans un contexte d’inadéquation de l’offre en allergologue face à une demande en croissance, quelles en sont les stratégies des acteurs de l’offre de soin, et quels devraient être les apports de la reconnaissance de l’allergologie comme spécialité selon la récente réforme dans ce domaine ? »

Pour répondre à cette question centrale, il y a lieu de procéder en deux étapes :

  • Dans un premier temps, il convient de définir le cadre théorique de l’étude en appréhendant les concepts centraux que sont « l’allergologie » et « l’allergologue ». Le contexte français est à considérer en particulier.

  • Dans un deuxième temps, l’étude se focalise sur les informations empiriques à travers celles délivrées par les allergologues eux-mêmes.

Partie 1.Les allergologues et la pratique allergologique en France

Dans cette première partie, il est question d’appréhender les deux concepts centraux de la présente étude, à savoir : « l’allergologie » et « l’allergologue » en France.

1.1.L’allergologie en France

Cette première section est consacrée à l’appréhension, d’une part de la pratique allergologique et, d’autre part de l’environnement de l’offre et des besoins de soin en allergologie, de sorte à mettre en avant la situation en France (notamment comparativement au contexte mondial). Le positionnement de l’allergologie en France sera également appréhendé par rapport aux autres disciplines médicales.

1.1.1.La pratique allergologique

« L’allergologie est la spécialité de la médecine qui étudie l’allergie et ses traitements […] Elle prend ainsi en charge les maladies provoquées par une réponse spécifiquement différente de l’organisme à son environnement » (Le Figaro, 2016). La naissance de l’allergologie en France est située au début du XXème siècle lorsque Charles Richet et Paul Portier publient, le 15 février 1902, un article princeps sur « l’action anaphylactique de certains venins » (c’est-à-dire action propre à l’allergie violente provoquée par un allergène, celui-ci étant des venins) dans le Bulletin de la Société de Biologie (Dumur, 2007). Un siècle plus tard, cette discipline

Mémoire de fin d’études de 57 pages

24.90

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