docudoo

Mémoire portant sur la pratique de l’humanitude.

 

En quoi la pratique de l’humanitude constitue-t-elle pour le soignant un levier dans la relation avec un patient dément présentant un trouble du comportement ?

 

REMERCIEMENTS

 

Je voudrais remercier les personnes qui m’ont soutenu tout au long de mon travail :

  • Monsieur Lothaire Pascal pour son soutien et ses encouragements
  • Madame Simion Mihaela pour les documents fournis et le partage des informations
  • Madame Modert pour ses conseils

À mes collègues de travail qui m’ont encouragé et ont été volontaires pour mes interviews.

À mon mari et mes enfants qui m’ont épaulé, encouragé et motivé dans les moments difficiles.

 

SOMMAIRE

 

INTRODUCTION

PARTIE I – CADRE CONTEXTUEL

I-1. La résidence An de Wisen

I-2. Focus sur l’organisation et la gestion du personnel

I-3. Les unités de soin

PARTIE II – CADRE PROBLÉMATIQUE

II-1. Situation interpellante

II-2. QQOQCP

II-3. Question de recherche

II-4. Objectifs de la recherche

PARTIE III – CADRE DE RÉFÉRENCE

III-1. Les troubles du comportement au cours de la démence

III-2. La relation de soin

III-3. L’humanitude

III-4. Synthèse

PARTIE IV – CADRE LÉGISLATIF

IV-1. Droits et obligations du patient

IV-2. Devoirs des professionnels de santé envers le patient

IV-3. Loi relative aux différentes fonctions

PARTIE V – CADRE MÉTHODOLOGIQUE

V-1. Type de recherche

V-2. Description de la méthode

V-3. Analyse et interprétation

V-4. Critiques de la recherche

V-5. Synthèse de l’enquête

CONCLUSION

 

INTRODUCTION

 

Les métiers de la santé demandent aux soignants de s’occuper de l’ensemble des patients aussi bien sur le plan physique, psychologique, psychique, émotionnel, que spirituel. Les  soignants doivent être à l’écoute de tous les besoins des patients et adapter leur comportement à chacun d’eux. Ils doivent considérer que tous les individus se ressemblent, mais sont également uniques tant dans leurs perceptions des choses, de la douleur, que dans leur comportement ou dans leur façon de s’exprimer. De ce fait, la prise en charge des patients ne peut pas se limiter uniquement à la dimension technique, même si cette dernière est importante du point de vue médical. Les soignants doivent utiliser leurs qualités humaines, leurs expériences et les valeurs qui les ont motivées à s’engager dans cette profession, comme premier outil de travail. Ils doivent garantir les actions adéquates pour offrir les meilleurs soins du corps du patient,  de son mental et de sa psyché pour conserver ou améliorer à la fois sa santé physique et son équilibre affectif, en respectant leurs besoins, leurs désirs et leurs volontés. Le métier du soignant devient difficile lorsqu’il s’agit de prendre en charge une personne âgée atteinte de démence. En effet, la démence peut se manifester par plusieurs troubles comportementaux, prévisibles ou non qui affectent la qualité des soins, l’entourage de la personne concernée, mais également le personnel soignant. La résidence An de Wisen, l’établissement où je travaille dispose d’une unité de soin chargée de la prise en charge de ces personnes. Le personnel de cette unité est confronté à des difficultés par rapport à certains patients présentant des troubles comportementaux sévères. 

Il est du devoir des établissements d’accueil des personnes âgées déments de trouver les solutions pour assurer une meilleure prise en charge de ses personnes. Ainsi, nous nous intéressons à un concept novateur qui est la philosophie de l’humanitude. Cette philosophie de soin consiste pour le soignant de s’adapter au patient. Elle souligne l’importance du lien, du soutien, de l’accompagnement dans le respect des droits de la personne. 

Les apports de ce concept nous ont incités à poser la problématique suivante afin de pouvoir améliorer la prise en charge de l’ensemble des patients : « En quoi la pratique de l’humanitude constitue-t-elle pour le soignant un levier dans la relation avec un patient dément présentant un trouble du comportement ? »

Afin de répondre à cette problématique, nous allons aborder dans ce travail plusieurs points essentiels. En premier lieu, nous allons commencer par une présentation globale du contexte dans une partie cadre contextuel. Dans cette première partie, nous allons présenter la résidence An de Wisen, son organisation et la gestion de son personnel, ses unités de soin. Nous allons poursuivre avec l’explication du cadre problématique dont les questions et les objectifs de recherche. Dans la troisième partie du travail, nous allons traiter du cadre de référence. Dans un premier temps dans cette partie, nous allons définir et expliquer les troubles du comportement rencontrés au cours de la démence. Puis, nous allons définir ce qu’on entend par relation de soin. Ensuite, nous allons poursuivre en abordant sur la notion de l’humanitude avant d’entamer avec une brève synthèse de cette partie III. La partie IV du présent travail traite de l’aspect législatif et règlementaire en lien avec le secteur des établissements prestataires de soin en Luxembourg. Elle traite des droits et obligations du patient, des devoirs des professionnels de santé envers le patient et enfin de la loi relative aux différentes fonctions. Enfin, dans la partie Cadre méthodologique, nous allons procéder par l’analyse et l’interprétation des résultats d’enquête sur terrain que nous avons faite avec la participation du personnel soignant au niveau de la résidence An de Wisen. 

 

PARTIE I – CADRE CONTEXTUEL

 

I-1. La résidence An de Wisen

I-1-1. Présentation

La résidence An de Wisen, implantée dans la commune de Bettembourg en Luxembourg depuis mars 1996, appartient au Groupe SODEXO, leader mondial des services de qualité de vie et la gestion hôtelière. Le groupe SODEXO, créé à Marseille en 1966 par Pierre Bellon, est aujourd’hui implanté dans 80 pays et emploi 428000 collaborateurs à travers le monde. À partir de 1992, il développe des services destinés plus spécifiquement aux personnes du troisième âge en créant une filiale, SODEXO senior. La gestion se fait en  lien étroit avec l’état luxembourgeois et les communes où les structures sont implantées. Il y a actuellement 7 résidences accueillant des personnes âgées, qui sont de véritables lieux de vie à l’image de la résidence An de Wisen.

La maison de soins accueille 144 résidents répartis dans 6 unités. Les pensionnaires sont des seniors de plus de 60 ans dépendants. Ils nécessitent en principe plus de 12 heures de prestations hebdomadaires d’aides et de soins comprenant les actes essentiels de la vie qui sont  pris en charge par l’assurance dépendance.

Deux lits de vacances sont mis à disposition pour des hébergements temporaires. Enfin, la résidence accueille  des personnes âgées atteintes de démences ou  troubles apparentés qui sont regroupées au rez-de-chaussée dans deux unités spécialisées.

Le nom « an de wisen » signifie « dans la prairie » en Luxembourgeois, c’est pour cela qu’il a été décidé de nommer les unités en lien avec le thème de la nature. L’objectif étant de personnaliser et de faire de cette résidence un lieu de convivialité.

 

I-1-2. Les valeurs

I-1-2-1. Les valeurs SODEXO

Les trois valeurs principales qui sont prégnantes dans le groupe Sodexo sont l’esprit de service, d’équipe et de progrès.

  • L’esprit de service exige de l’équipe médicale et de l’ensemble des collaborateurs d’être disponible et à l’écoute des attentes des résidents, pour pouvoir y répondre rapidement et être capable d’anticiper les besoins, tout en offrant un service de qualité.
  • L’esprit d’équipe nécessite que tous les employés, y compris le personnel médical, soient à l’écoute et solidaires entre eux dans le souci aussi bien de leurs propres bien-être que de celui des pensionnaires et des familles. Le groupe Sodexo prône ses valeurs qui avec la diversité des métiers et des cultures font la richesse de l’entreprise.
  • L’esprit de progrès pousse le groupe Sodexo à se remettre constamment en question pour améliorer la qualité de vie de chacun et obtenir un parfait équilibre entre ambition et humilité tout en étant à la pointe du progrès.

 

I-1-2-1. Les valeurs d’An de Wisen

« Améliorer la qualité de vie et le bien-être des résidents pour bien vivre la vieillesse ; telle est notre conception de la prise en charge de la personne âgée ».

Le personnel qui dirige la résidence An de Wisen est conscient que l’accueil des personnes âgées dépendantes dans un établissement spécialisé va générer des obstacles au respect de leurs libertés, car elles vont devoir se conformer rapidement à un certain nombre de règles et de contraintes qui leur seront imposées par le mode de vie collectif. C’est pourquoi  l’institution fonde et base ses valeurs sur le respect de leurs droits et de leurs libertés individuelles et collectives.

 Dans un souci de transparence et d’information, la charte des libertés, des droits et des obligations est affichée dans chacune des unités. (cf. Annexe). Dans cet esprit, chaque membre de notre personnel s’engage à respecter les termes de notre « Charte des droits et libertés de la personne âgée » qui sont aussi stipulés dans le règlement interne de chaque collaborateur. Les soins et les activités de soutien sont prodigués dans le respect de l’individu (intimité, dignité, confidentialité) et, dans la mesure du possible, dans le respect de ses habitudes. 

Cela se traduit par :

  • la personnalisation des chambres en amenant meubles et objets personnels pour qu’elles se sentent comme chez elles.
  • La liberté de pratiquer son culte par un encadrement moral religieux et philosophique avec la présence d’une chapelle dans l’institution. Une messe est organisée chaque mercredi et lors de grands évènements pour ceux qui souhaitent participer.
  • La création d’une association « HEEMROT »qui est composée de résidents et de famille. Elle représente les résidents auprès de la direction et donne son avis sur des futurs projets, sur l’organisation de la vie quotidienne ou le règlement interne .C’est une façon de s’impliquer activement dans la vie de la résidence.
  • L’organisation de diverses fêtes, des soirées à thème et des banquets dans la salle polyvalente ou dans la cafétéria. Elle peut aussi être mise à disposition des résidents pour leurs fêtes privées (anniversaires,…).

 

I-2. Focus sur l’organisation et la gestion du personnel

I-2-1. Présentation de l’organisation

L’organigramme suivant est en vigueur au niveau de la gestion de la résidence An de Wisen : 

 

Le personnel soignant et le personnel de soutien sont gérés au niveau de la branche liée au directeur des soins. Ce dernier coordonne ses équipes et veille au respect dans la prise en charge des résidents. Il gère directement les responsables des secteurs qui assurent l’organisation et la coordination des prestations des professionnels de santé selon la législation en vigueur. Les responsables des secteurs sont également chargés de garantir la continuité et la sécurité des soins, de veiller à la qualité de l’accueil, du confort hôtelier et à l’amélioration des conditions de séjour des résidents. Ils participent à l’élaboration des projets d’unité et assurent une fonction de communication entre toutes les disciplines : lien entre les différents professionnels. La hiérarchie gérée par le directeur des soins est également composée de : 

Responsables adjoints :

  • 50% épaulent et remplacent le responsable quand il est absent
  • 25% ou 50% travaillent comme infirmières
  • Garant de la continuité et la coordination des soins
  • Participent aux transmissions

Infirmières :

  • Exécutent les tâches sur rôle propre et sur prescription médicale
  • Travaillent en équipe avec les aides-soignantes et aides socio familiales en participant aux soins de nursing et veillent à préserver l’autonomie des résidents
  • Participent à la vie de l’unité
  • Liens entre le médecin, les familles, et l’équipe pluridisciplinaire
  • Aides-soignantes
  • Accompagnent les résidents dans les activités de la vie quotidienne
  • Contribuent au bien-être physique et psychologique des résidents
  • Soins de prévention pour favoriser ou maintenir l’autonomie des résidents

 

Aide sociofamiliale :

  • Accompagne les résidents au quotidien en préparant et en  leur servant  le petit déjeuner
  • Favorise la communication et l’échange
  • Guider les résidents dans leur quotidien

L’équipe de soutien est composée de : kinésithérapeute, ergothérapeute, de psychologue et d’éducateurs.

Le kinésithérapeute a pour mission de restaurer, maintenir l’autonomie physique du résident. Il intervient à la demande du médecin.

L’ergothérapeute intervient à la demande de l’équipe dans l’objectif de palier à l’autonomie des résidents en apportant le plus souvent une aide technique par le biais de matériels spécifiques afin de préserver ou restaurer l’autonomie du résident.

Le psychologue : intervient à la demande des médecins ou peut être sollicité lors d’un constat de changement de comportements au niveau du résident. Il est chargé d’établir un dialogue avec le résident pour déterminer la source du changement. Son rôle est aussi de faire le mini mental-test pour déterminer le degré de l’atteinte cognitive pour l’assurance dépendance ou pour la délivrance de certains médicaments anti-Alzheimer.

Les éducateurs : prennent en charge des résidents en leur proposant diverses activités en groupe ou individuelle. Les actions des éducateurs permettent de les sociabiliser et de préserver leurs fonctions cognitives, motrices tout en les faisant participer à des activités internes ou externes à la résidence. Cela se traduit par des activités culinaires, des ateliers musicaux, des sorties au parc….

Les activités sont élaborés en fonction des besoins des résidents et peuvent être modifiables à tout moment.

Sur une hiérarchie parallèle au directeur des soins est positionné le directeur administratif, financier et hôtelier. Il gère le responsable administratif et le responsable hôtelier avec leurs équipes respectives.

I-2-2. La gestion du personnel soignant

Le personnel soignant est engagé sous 2 conventions dont les heures et les horaires varient en fonction de l’année d’engagements :

  • Le personnel engagé depuis 2010 preste 40 h par semaine.
  • Le personnel engagé avant 2010 preste 38h00 par semaine.

 

L’équipe soignante effectue un travail posté du matin, de l’après-midi ou de nuit. Le matin l’équipe soignante est composée au minimum de :

  • 5 aides-soignants et/ou aides socio familiales et/ou auxiliaire de vie
  • 1 infirmière.

L’après-midi il y a :

  • 1 infirmière
  • 4 aides-soignantes et/ou aides socio familiales et/ou auxiliaire de vie

L’équipe de soutien est présente de journée dans l’unité. 

À cela s’ajoute :

  • 1 éducateur de 8h30 à 17h
  • 1 éducateur de 11h30 à 20h du mardi au vendredi

La nuit, il y a pour 144 résidents :

  • 1 infirmière 

3 aides-soignants et/ou aides sociofamiliales

Le personnel de nuit n’est pas forcément celui du service. Les soignants ne connaissent pas nos résidents et  certains d’entre eux éprouvent de la réticence à pénétrer dans l’unité par crainte ou peur des patients.

Dans le tableau ci-après, j’ai exposé le planning sur 24h du personnel soignant.

 

Depuis mon arrivée dans le service il y a 5 ans, l’IC a mis en place une nouvelle procédure de prise en charge des résidents : Un même soignant  doit s’occuper d’un patient, du réveil jusqu’au petit déjeuner. En effet il aide celui-ci à faire  sa toilette, l’accompagne dans la salle à manger, lui donne son petit déjeuner et administre son traitement (seuls les infirmières et les aides-soignants sont habilités à le faire). L’objectif de cette prise en charge est de mettre le résident en confiance en créant un lien affectif et émotionnel. Malheureusement, il arrive souvent que les soignants n’arrivant pas à prendre en charge un patient pendant la toilette, demandent de l’aide aux collègues  pour prendre la relève. Il arrive aussi que  l’infirmière soit interrompue par une urgence ou la visite d’un médecin amenant celle-ci à demander à une autre collègue de poursuivre le soin.

Les repas sont pris dans la salle commune du service. Un soignant est constamment présent ; il prépare les petits déjeuners, fait des aides alimentaires et surveille les résidents, pendant que les autres sont en chambre pour les soins de nursing. La communication est importante entre chaque collaborateur. Elle permet de coordonner les soins et de mieux s’entraider en cas de difficultés. L’IC  essaie de répondre aux besoins de chacun par sa présence constante aux transmissions et aux débriefings. En effet il fait le lien avec les autres professionnels de la résidence, car seuls les éducateurs sont présents aux différentes rencontres.

I-2-3 Le turn-over du personnel

À la résidence, la direction a conscience de la difficulté que peut rencontrer le personnel dans la prise en charge de patients atteints de troubles cognitifs sévère. C’est pour cela que l’établissement offre la possibilité, aux soignants d’être mutés vers d’autres unités moins contraignantes, dans la limite des disponibilités. Cependant, volontaire ou pas, on assiste depuis quelques années au départ non négligeable de personnel soignant dans d’autres unités ou dans d’autres structures. En parallèle, nous assistons à l’arrivée de personnel diplômé, ou en cours de validation, souvent jeune avec ou sans expérience. Le tableau ci-dessous récapitule l’effectif actuel en fonction de l’ancienneté.

 

Le service compte dans ses effectifs 13 membres du personnel ayant moins de 1 an d’expérience. En effet la plus ancienne possède 19 ans d’expérience et la plus jeune a intégré l’équipe depuis quelques semaines. Ce constat fait suite a des départs volontaires vers d’autres services ou à des démissions. À ce jour, 44,8% du personnel soignant ont moins d’un an d’expérience et 10,3% sont en formation.

 

I-3. Les unités de soin

Pour des questions d’organisation, le personnel soignant est regroupé par secteur :

Le secteur Champs/sources et le secteur Fleurs/jardins  où résident des personnes âgées  qui nécessitent une aide dans les actes de la vie, mais qui ont  conservé leur autonomie physique et/ou psychique.

Secteur vergers/oiseaux qui regroupe des patients présentant une démence ou maladie apparentée et qui nécessite une aide totale dans les actes essentiels de la vie.

 

Dans l’objectif de vous exposer ma problématique, j’ai choisi de vous décrire ma situation professionnelle à l’unité des vergers.

 

I-3-1 Présentation du service

L’unité des vergers est une unité de vie protégée ou « fermée » qui permet la prise en charge de manière optimale de résidents déments dont la sévérité des troubles du comportement ne leur permet pas de s’adapter à la vie en unité traditionnelle. Pour mieux comprendre ma problématique, je trouve utile de développer certains points qui me semblent nécessaires pour bien comprendre la situation.

  • L’Architecture 

D’une capacité de 24 lits, l’établissement prend en charge de pensionnaires se répartissant dans deux couloirs qui desservent chacun 12 chambres. Ces derniers convergent vers la pièce de vie, aussi nommée « stuff » où sont pris les repas et où se déroulent les activités cognitives et les animations. La cuisine est ouverte sur cette salle, les résidents peuvent y accéder en  présence du personnel, alors que l’infirmerie jouxte ce lieu de vie, ce qui permet d’assurer une présence et une surveillance constante des pensionnaires. De part et d’autre des couloirs se trouve une porte, ouverte les jours de beaux temps, donnant accès un jardin extérieur clos aussi nommé le jardin des sens. Cet espace  permet de laisser déambuler librement les personnes démentes, de se promener et se reposer seules ou avec leurs proches dans un cadre rassurant et sécurisant.

Actuellement, 11 pensionnaires présentent un risque de fugue important. Ce qui nécessite de les faire porter constamment un bracelet qui signale sur les portables de chaque soignant  tout franchissement en dehors de leur zone de vie. De plus par souci de sécurité, les portes d’entrée sont verrouillées  par des codes et  toutes les chambres ainsi que de l’infirmerie sont fermées à clef.

  • Les pathologies et symptômes rencontrés

En plus des polypathologies que peut présenter la personne âgée, chaque résident présente une démence sévère.

Parmi les démences on compte :

9 patients atteints de la maladie d’Alzheimer dont 3 associés à la maladie de parkinson.

3 démences à corps de Lewy, dont un associé à la maladie de Pick

2 démences vasculaires

De plus, parmi les 24 résidents, 8 sont grabataires, donc incapables de se lever seul de leur lit.

Le degré de dépendance et d’autonomie est déterminé en Luxembourg par un médecin agrée de la cellule d’évaluation et d’orientation de l’assurance dépendance qui va en fonction du degré de dépendance établir Le plan de soins individuel. 

La psychologue présente dans l’institution évalue le degré de l’atteinte cognitive et mnésique à l’aide du mini mental test.

En plus de leurs démences certains résidents  développent des troubles du comportement qui sont soient déjà présent dès leur entrée dans l’institution où peuvent apparaître pendant leur séjour. Un même patient peut présenter un ou plusieurs symptômes perturbateurs. Les plus rencontrés actuellement dans l’unité sont : 

Les troubles se manifestent de jour comme de nuit  pendant les soins de nursing ou les activités.

 

I-3-2 L’équipe d’encadrement

Dans le service plusieurs catégories professionnelles œuvrent quotidiennement pour le bien-être du résident. L’institution favorise le travail interdisciplinaire dont l’objectif est de maintenir ou d’instaurer l’autonomie physique et psychique des résidents.

  • l’équipe médicale

La résidence ne possède pas de médecin titulaire attitré, et laisse le choix à chacun de ses pensionnaires de choisir celui qui lui convient le mieux et de pouvoir en changer à leur convenance durant leur séjour. Dans mon unité nous collaborons avec 6 médecins que nous contactons au besoin, mais qui ne répondent pas aussi rapidement que l’on souhaite. Entre l’appel et la visite de celui-ci un délai de 3 voir 5 jours peut s’écouler. C’est pour cela que nous faisons appel à d’autres  médecins qui ne connaissent pas nos résidents et la prise en charge n’est pas forcément adaptée au mieux.

  • l’équipe soutien 

Il est composé de :

  • 2 éducateurs  correspondant à 2 ETP présents en permanence dans l’unité
  • 2 kinésithérapeutes (2 ETP) et 2 ergothérapeutes qui sont référents de 3 unités de vie et qui interviennent en fonction des besoins des résidents.
  • 1 psychologue qui intervient dans toute la résidence à la demande du personnel et qui travaille à 50%.

Depuis quelque mois la direction a décidé d’intégrer un éducateur supplémentaire du mardi au vendredi de 11h30 à 20h afin de mieux répondre aux besoins des résidents dans le secteur vergers/oiseaux.

  • Le personnel soignant

À l’unité des vergers, l’équipe soignante se compose de :

  1. 1infirmier en chef et une adjointe
  2. 7  infirmières
  3. 17 aides-soignantes, dont 1 en formation
  4. 4 aides sociofamiliales dont 2 en formation
  5. 1 auxiliaire de vie

 

Tous travaillent en étroite collaboration, dans un esprit d’équipe, tout en se souciant de l’autre dans la prise en charge des résidents. Nous avons une fonction d’accompagnement  dans la prise en charge des actes de la vie quotidienne, dont les soins de nursing ou les repas. Notre mission est de stimuler le résident et lui assurer une vie sociale relationnelle. L’infirmière fait partie intégrante de l’équipe. Elle participe aux soins de nursing et aux aides alimentaires tout comme les aides-soignantes, les aides sociofamiliales et l’auxiliaire de vie. Les valeurs partagées par l’équipe du service sont identiques aux valeurs prônées par l’institution.

 

I-3-3. La prise en charge des résidents déments

I-3-3-1. La prise en charge relationnelle

Les éducateurs présents au quotidien dans l’unité organisent des ateliers ou des animations dont l’objectif est de sociabiliser les résidents et de préserver leurs capacités cognitives résiduelles. La prise en charge peut être personnalisée ou en groupe en fonction des besoins de chacun. Les activités sont déjà établies et ne laissent pas de place à l’imprévu.

L’IC a un regard sur les activités et exige une prise en charge équitable entre tous les résidents. En effet, un résident dont les capacités physiques, psychologiques sont très diminuées doit être pris en charge comme les autres en proposant des activités adaptées.

L’institution est soucieuse du bien-être physique et moral de ses résidents, c’est pourquoi depuis plusieurs années elle a introduit et a développé :

  • La zoothérapie

Elle met en contact les personnes âgées avec des animaux se trouvant dans l’institution. Annette qui est la pédagogue en zoothérapie propose et organise des ateliers autour des animaux dans l’objectif  de solliciter leurs facultés cognitives tout en créant un effet apaisant favorable à la sensation de bien- être. Cette sensation se manifeste par exemple chez Mr R qui réagit bien à la présence du chat présent dans l’unité, de le sortir de la solitude. De plus, l’intérêt pour cet animal  sert de tremplin pour aborder d’autres sujets qui lui tiennent à cœur  comme son ressenti, ses émotions par rapport à son lieu de vie ou à ses souvenirs. Au contact des animaux, le résident se sent utile, car il les nourrit, les brosses… . Cette méthode améliore la qualité de vie des patients en augmentant leur motivation et leur participation aux activités de l’unité.

  • L’aromathérapie 

Il s’agit d’une thérapie par les plantes qui est mise en place après l’élaboration d’un protocole précis par le médecin et un spécialiste, selon les besoins spécifiques des résidents. Dans notre service nous les utilisons pour apaiser les résidents anxieux, énervés comme Mme Cathy qui est une patiente imprévisible en traversant des phases d’agressivité. Dans son cas nous utilisons une préparation d’huiles essentielles que nous appliquons sur le plexus solaire par des effleurages le matin après la toilette. Après observation de l’évolution de l’état émotionnel de la patiente, le constat de l’équipe est positif.

  • La kinaesthetic

C’est un concept breveté qui vise à effectuer des mouvements efficaces à la santé de la personne et à apprendre des gestes qui permettront d’accompagner les résidents les plus dépendants dans leurs activités de locomotion. Cette technique permet non seulement d’utiliser les capacités restantes de nos résidents, mais aussi de contrer les problèmes d’absences au travail du personnel soignant, liées aux pathologies du rachis. Dans notre service nous avons 8 résidents grabataires et la manipulation par cette méthode permet de les transférer sans les brutaliser et surtout à les faire participer à leurs mouvements. Nous optimisons donc l’autonomie du patient tout en protégeant notre santé.

Tous ces projets demandent l’implication au quotidien du personnel soignant et de l’équipe de soutien. Une évaluation est toujours établie à court, moyen et long terme.

 

I-3-3-2. La prise en charge médicamenteuse

Lorsque l’approche relationnelle ne suffit pas à paliers les troubles comportementaux de certains résidents, une réflexion se pose alors entre  l’IC et l’infirmière sur la possibilité d’une solution médicamenteuse afin de palier à ces troubles. Cette solution est envisagée lorsque le patient devient dangereux pour lui et pour les autres. Bien souvent le médecin nous demande de trouver l’élément déclencheur de ces troubles. Son objectif est de trouver le traitement le plus approprié en mettant en place un protocole qui va traiter les symptômes, mais pas les causes.

Comme souvent, ce traitement n’est pas à l’abri d’effets secondaires comme les chutes, la somnolence, l’agitation qui par conséquent aggravent l’état de santé du patient pouvant amener celui-ci à une hospitalisation. Ce cas est arrivé avec Mr Hugo qui suite  à un surdosage de neuroleptique a présenté des complications l’amenant à être hospitalisé. Le changement d’environnement a provoqué chez lui une majoration de ses troubles spatio-temporels et comportementaux amenant l’équipe soignante à l’attacher au lit pendant son séjour.

À l’unité des vergers, 18 patients sont traités pour les troubles du comportement, dont 5 de façon systématique. 

 

PARTIE II – CADRE PROBLÉMATIQUE

 

II-1. Situation interpellante

Les troubles du comportement font partie des symptômes les plus fréquemment rencontrés chez les personnes âgées placées en milieu institutionnalisé et font partie intégrante de leur quotidien. Dans mon unité, je constate que 79% des résidents présentent au moins un trouble du comportement et les soignants sont nombreux à s’interroger sur leur prise en charge. Depuis quelques mois, un grand nombre de jeunes diplômés font partie de l’équipe et se sentent déjà fatigués par la charge de travail à laquelle ils sont confrontés au quotidien. Les difficultés constatées sont multiples et se répètent très souvent.

Cela se manifeste principalement :

  • Lors des soins de nursing où le résident peut rester 24h ou plus sans être lavé. Certains aides-soignants sont en incapacité à diminuer leur opposition ou leur agitation. En effet il est fréquent que pendant la toilette le résident mord, gifle ou griffe le personnel. Celui-ci démuni  refuse même de le prendre en charge alors que d’autres soignants y arrivent sans difficulté. Il aura par conséquent tendance à sélectionner les patients en début de poste.
  • Lors des repas où le personnel ne sachant comment prendre en charge un résident qui crie  ou qui pleure dans la salle à manger en présence des autres résidents ou des familles, va le laisser en chambre et lui proposer de manger en dernier afin de ne pas perturber les autres. 
  • Lors du coucher où le personnel éprouve des difficultés à mettre au lit un résident  amenant l’infirmière à administrer un traitement au besoin afin qu’il s’endorme rapidement.

Dans toutes ces situations l’IC est souvent sollicité  afin qu’il réponde aux attentes du personnel lorsque le résident devient très perturbateur, voire menaçant envers eux ou les autres résidents. Cela peut se traduire par des violences physiques et/ou verbales amenant  souvent les soignants à réaliser un soin à 3 ou même à 4. Le patient est imprévisible, il déjoue les priorités des soignants puisqu’il ne les comprend pas la plupart du temps. Il demande du temps quand celui-ci est compté. Le soin est donc priorisé au détriment de l’aspect relationnel. Cela a pour conséquence une diminution de la qualité des soins.

Face à ces situations, le personnel se sent souvent démuni et éprouve une culpabilité, car il remet souvent en cause son savoir-faire. Il a conscience de par ses agissements de bouleverser les habitudes de vie des patients en ne répondant pas à leurs besoins. La qualité des soins est, une impuissance qui va engendrer chez eux un mécanisme de défense en adoptant une attitude maternante, une agressivité ou un repli émotionnel.

 

II-2. QQOQCP

Nous nous intéressons aux difficultés rencontrées par le soignant dans la gestion des déments présentant des troubles du comportement. Pour faire face à ces difficultés et pouvoir identifier des solutions adaptées, il nous faut une grande compréhension de la situation ainsi qu’une visibilité sur toutes les dimensions du problème. Ainsi, nous avons choisi d’adopter la méthode QQOQCP, une démarche d’analyse constructive permettant de décrire une situation en adoptant une attitude interrogative systématique à l’aide des questions : Qui ? Quoi ? Où ? Quand ? Comment ? Cette méthode nous permettra de qualifier ma situation en décomposant le contexte et en identifiant les acteurs. En effet, la méthode QQOQCP est très utile dans une démarche de résolution de problème afin de : 

  • poser un problème,  
  • rassembler des informations et les mettre en forme,
  • chercher des idées de causes possibles et de solutions possibles,
  • préparer un plan d’action 

 

Qui?

  • Le personnel soignant qui doit faire face quotidiennement aux actes perturbateurs des patients.
  • Les médecins qui n’ont pas une vision globale des troubles et doivent adapter au mieux les traitements.
  • L’IC qui doit répondre  aux plaintes du personnel soignant en apportant des réponses adéquates.
  • Les familles souvent surprises des agissements du résident et exigent des soins de qualité et adaptés à leurs pathologies

 

Quoi?

Le personnel soignant  rencontre des difficultés à gérer les patients déments présentant des troubles du comportement.

 

Où?

  • À la résidence An de Wisen dans l’unité des vergers.

Cela se passe principalement dans les chambres, mais peut aussi arriver dans les couloirs de l’unité, dans l’espace de vie ou au restaurant.

 

Quand?

Les actes peuvent se présenter à tout moment de la journée ou de la nuit. Ils peuvent se manifester dès le matin au moment de la toilette, puis pendant les repas et enfin au moment du coucher. Les troubles peuvent aussi se manifester lors d’une activité individuelle ou en groupe.

 

Comment?

Le problème se pose pendant les actes de la vie quotidienne où des situations se répètent régulièrement à cause d’une prise en charge non adaptée. Nous avons par exemple le cas de Mr Z qui pendant la toilette, le soignant arrive très difficilement à prendre en charge. En effet, le patient pleure, crie, ne veut pas se déshabiller ou se laver. La toilette se fait souvent à 2 soignants, car l’objectif est qu’il soit lavé et propre. Il arrive aussi qu’un résident blesse un soignant en l’agrippant par le bras jusqu’à appeler à l’aide. Le soignant alors douloureux et choqué refuse de s’en occuper. Enfin, régulièrement certains soignants n’acceptent plus de prendre en charge 2 jours consécutifs un patient perturbateur prétextant qu’il est « fatiguant ». De là s’opère une sélection et une mise à l’écart des résidents qui posent le plus de problèmes. Souvent une négociation s’installe entre les membres de l’équipe soignante. Cela engendre une perte de temps et d’énergie obligeant l’infirmière en chef présente, de prendre des décisions qui ne sont pas toujours bien perçues par l’équipe. 

Actuellement l’équipe soignante se remet souvent en cause sur leur savoir-faire, car ils ont  le sentiment d’être maltraitant dans leurs actes et leurs paroles.

 

Pourquoi ?

  • L’appréhension et la peur de prendre en charge les résidents par certains collaborateurs.
  • L’absence ou le manque de formation concernant la prise en charge des résidents violents.
  • La présence de personnel soignant jeune avec peu ou pas du tout d’expériences en psychogériatrie
  • La charge de travail trop lourde provoquant une lassitude, un stress des plus anciens collaborateurs.
  • Une mauvaise répartition des tâches dans l’organisation.

 

II-3. Question de recherche

La prise en charge d’une personne démente s’accompagne souvent de difficultés pour le soignant. Pourtant, ce dernier doit contribuer de la meilleure manière à améliorer ou stabiliser l’état de santé de ses patients, en lui apportant des soins adaptés. Pour le bien-être des résidents et des soignants dans leur cadre de travail, il est nécessaire d’identifier des solutions pour les deux parties. Ce contexte nous amène à chercher une solution efficace qui soit adaptée en même temps pour le patient et pour le soignant. L’humanitude nous paraît être une piste intéressante. Ainsi, nous avons posé la question suivante :

« En quoi la pratique de l’humanitude constitue-t-elle pour le soignant un levier dans la relation avec un patient dément présentant un trouble du comportement ? »

 

II-4. Objectifs de la recherche

Afin d’avoir les éléments de réponse à notre problématique, nous allons nous référer aux objectifs de recherche suivants :

  • Vérifier la compréhension de la notion de « regard » et son importance au niveau des soignants.

En effet, le regard figure parmi les 4 piliers de l’humanitude. Il est constaté que souvent le regard d’une personne se détourne lorsqu’il est en face d’une personne malade ou en situation de handicap grave. Plus une personne est dépendante, moins elle est regardée. Pourtant, le regard est un moyen d’entrer en contact avec une personne, lui faire comprendre ce que nous avons à dire avec considération. Le regard permet aussi de se partager des émotions comme la tendresse.

  • Promouvoir les actions favorisant la verticalité des personnes âgées démentes.

La verticalité est une des traits caractéristiques de l’être humain. De plus, il se trouve que les capacités et la fixation du calcium par les os des patients qui ne sont pas assez levés ou pas assez longtemps levés s’avèrent diminuées. Les actions favorisant cette technique de la verticalité sont donc à promouvoir. 

  • Évaluer la perception des soignants sur l’importance de la parole dans les soins afin d’ensuite les inciter à améliorer leur communication avec les patients.

Il est important que chaque patient (en fonction de ses capacités) comprenne la nécessité des activités ou des médicaments qui lui sont offerts. Il doit comprendre l’intérêt de faire tel ou tel activité, de prendre tel ou tel médicament afin de favoriser son consentement.

  • Rappeler la contribution du « toucher tendresse » de la philosophie de l’humanitude dans les soins et la relation avec le patient.

Savoir garder la juste distance entre le soignant et le soigné est important. Toutefois, il est aussi primordial d’instaurer une relation de confiance entre les deux parties. Le toucher, utilisé pour des gestes communicants peut rassurer un patient et lui éviter les comportements agressifs envers une personne qui désire lui apporter des soins.

 

PARTIE III – CADRE DE RÉFÉRENCE

 

III-1. Les troubles du comportement au cours de la démence

III-1-1. La démence

III-1-1-1. Définition

La démence est définie comme « un état désignant la perte partielle ou totale des capacités cognitives d’un individu ». Étymologiquement, le mot démence est issu du latin « démentes »  qui signifie « sans esprit, sans âme ». L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) élargit ce sens premier en définissant la démence comme « une altération de la mémoire et de l’idéation, suffisamment marquée pour handicaper les activités de la vie de tous les jours, apparue depuis au moins six mois et associée à un trouble d’au moins une des fonctions suivantes: langage, calcul, jugement, altération de la pensée abstraite, praxie, gnosie ou modification de la personnalité ».

Nous allons également retenir la définition de la démence par l’Association Américaine de Psychiatrie (American Psychiatric Association, APA) : « un syndrome insidieux et progressif se caractérisant par des déficits multiples, à la tête desquels figurent nécessairement les troubles de la mémoire. Les troubles de la mémoire doivent s’accompagner d’au moins un autre type de déficit (langage, praxie, gnosie ou fonction exécutive). Ces déficits cognitifs doivent constituer un déclin par comparaison aux capacités antérieures et ils doivent compromettre les activités professionnelles ou sociales de la personne. Enfin, ils ne doivent pas être liés à un delirium ou à une affection psychiatrique. » 

Cette définition par l’APA reprend les grandes lignes de la définition donnée par l’OMS, mais la complète avec des critères d’organicité et d’exclusion :

  • une altération de la mémoire
  • une ou plusieurs perturbations cognitives de type aphasie, apraxie, agnosie et altération des fonctions exécutives
  • Les perturbations interfèrent avec les activités quotidiennes, professionnelles.

 

L’évolution de la maladie dans le temps est l’une des principales caractéristiques du syndrome démentiel.

 

III-1-1-2. Classification des démences

Nous allons classer la démence en deux catégories : la démence dégénérative et la démence non-dégénérative. 

La démence dégénérative : elle se caractérise par la détérioration progressive et irréversible des cellules nerveuses cérébrales et des neurones. Ce type représente 90% des cas de démences et comprend la maladie d’Alzheimer, la démence fronto-temporale, la maladie de Parkinson et la démence à corps de Lewy. La maladie d’Alzheimer reste la plus connue et la plus répandue des démences. Elle représente actuellement, selon l’OMS, 60-70% des cas. Ensuite, la démence fronto-temporale qui débute entre 55 et 60 ans et touche entre 80 000 et 100 000 personnes en France

La démence non-dégénérative : elle est la conséquence de l’implication d’un ou de plusieurs facteurs pathologiques, notamment vasculaires, infectieux, inflammatoires, traumatiques, toxiques, ou tumoraux. En général, les démences non-dégénératives sont principalement dues à des accidents vasculaires ou une obstruction de certains vaisseaux du cerveau entraînant un apport insuffisant de sang dans certaines zones du cerveau. Les démences vasculaires sont donc les plus fréquentes parmi les démences non-dégénératives malgré qu’elles ne représentent qu’environ 2 à 3% des cas de démences. Elles touchent surtout les personnes à risque vasculaire c’est-à-dire les patients souffrant d’hypertension artérielle, de diabète, de trouble du cholestérol, de maladies cardiaques de tabagisme. Dans cette catégorie, on distingue également l’hydrocéphalie chronique de l’adulte, la maladie de Creutzfeld-Jakob ainsi que les démences alcooliques.  

 

III-1-1-3. Description des symptômes

Les symptômes psychocomportementaux, chez le sujet en âge avancé, peuvent se définir comme une conduite inadaptée ou aberrante compte tenu du contexte où elle se produit. Selon  Ohnen S. H (2002), ce sont des « conduites et attitudes inadaptées aux lieux et aux situations, en référence aux normes culturelles communément admises ». Pour l’Association Psychogériatrique Internationale, il s’agit de : « signes et symptômes comportementaux et psychologiques de la démence ». Ces signes et symptômes sont évocateurs de troubles de la perception, du contenu des pensées, de l’humeur et des comportements Ces troubles du comportement ont des effets perturbateurs pour la personne et son entourage et sont souvent à l’origine d’une hospitalisation et d’une institutionnalisation définitive de la personne démente. Généralement, ils sont épisodiques et fluctuent en intensité. Les troubles comportementaux sont classés en deux grandes classes : les troubles positifs ou productifs et les troubles négatifs. Néanmoins, qu’il s’agisse de troubles positifs ou négatifs, ils présentent des signes avant-coureurs et sont souvent associés. 

  • Les troubles positifs ou productifs : 

 

Ces troubles peuvent et aussi être qualifiés de perturbateurs ou dérangeants. Ils représentent fréquemment une cause d’institutionnalisation. En effet, ils deviennent dérangeants pour l’environnement humain et matériel de la personne concernée. Ils peuvent se présenter sous forme d’impatiences, de différentes formes d’agressivité et d’agitation, de déambulation, de cris,  des fugues. La personne démente peut adopter des comportements inappropriés. Ces attitudes sont dangereuses et perturbent fortement les proches de l’individu, mais également le personnel soignant, car le patient peut détériorer les dispositifs médicaux dédiés à ses propres soins, dont les perfusions, les pansements, etc.… 

  • Les troubles négatifs, 

 

Ils se manifestent sous forme d’un retrait, d’une apathie, d’une démotivation globale, d’une adynamie, d’une somnolence constante. Dans certains cas, ils se présentent sous forme de mutisme, de tristesse, d’insomnie calme, de refus de se nourrir ou de prendre un traitement. Les troubles négatifs sont rencontrés très fréquemment au niveau des SSLD (Service de Soins de Longue Durée) et des centres hospitaliers. Ils sont repérables moins rapidement et peuvent être oubliés, si bien que des complications somatiques peuvent apparaître comme de la déshydratation. Aussi, ils sont mieux tolérés par l’entourage du patient.

 

Le patient, avec l’avancée de la maladie, n’a plus conscience de ses troubles, de leur gravité et des répercussions qu’ils peuvent avoir sur lui-même et son entourage. Toutefois, la présence des troubles est déterminante pour l’évaluation de la maladie. Un pronostic défavorable peut engendrer l’augmentation des incapacités fonctionnelles. La réduction des activités de la vie quotidienne et des relations sociales conduit le patient à l’isolement.

Pour le soignant, les symptômes psychocomportementaux génèrent un climat de frustration et de tension. Il y a un sentiment d’impuissance face aux comportements du patient qui peut engendrer anxiété et attitude dépressive. Les troubles peuvent compromettre la relation affective, la motivation et par conséquent la qualité des soins d’autant plus accentuée avec l’épuisement et l’irritabilité.

Les symptômes comportementaux et psychologiques de la démence sont une composante clinique majeure de la maladie d’Alzheimer et des pathologies apparentées. Leur repérage et leur connaissance par l’équipe soignante sont essentiels pour la compréhension des mécanismes physiopathologiques de ces affections, pour l’évaluation de leurs conséquences fonctionnelles sur le patient et les aidants ainsi que  pour l’adaptation des différentes prises en charge.

Il est important de noter que les soignants vont avoir chacun leurs représentations de la santé et de la démence en lien avec leur histoire individuelle et du groupe social dans lequel ils évoluent.

 

III-1-2. Représentations de la démence

La recherche sur la notion de représentation de la démence permet de s’interroger sur le regard porté par les soignants sur les personnes âgées qui présentent des troubles comportementaux et sur le rôle qu’ils jouent  vis-à-vis d’eux.

 

III-1-2-1. La notion de représentation

La notion de représentation est apparue au XIXème siècle. C’est le sociologue Émile Durkheim (1858-1917) qui a introduit cette notion au travers de ses recherches notamment dans son ouvrage : Représentation individuelle et représentations sociales (1898). Ce  fondateur de la sociologie moderne opposait les « représentations collectives », supposées partagées par l’ensemble d’une société et stable à travers le temps, aux « représentations individuelles ».

Elle a été ensuite conceptualisée grâce aux travaux de Serge Moscovici, psychologue français, en 1961. Selon lui, les représentations sociales comportent trois dimensions:

  • L’attitude : exprime un positionnement, une orientation générale, positive ou négative par rapport à l’objet de la représentation.    
  • L’information : renvoie à la somme et à l’organisation des connaissances sur l’objet de la représentation. Des connaissances pouvant être plus ou moins nombreuses, variées, précises ou stéréotypées. 
  • Le champ de représentation : le contenu d’une représentation est constitué d’éléments à la fois cognitifs et affectifs. C’est un ensemble d’informations organisées et structurées relatives à un objet.

Les représentations sociales font donc référence à une « façon de voir », à une manière d’interpréter et de penser notre réalité quotidienne, à la construction de cette réalité. La théorie des représentations sociales considère dès lors que la réalité objective n’existe pas, que toute réalité est représentée, c’est-à-dire (re)construite en fonction des caractéristiques des acteurs (normes, valeurs, savoirs) et des conditions sociales qui président à sa constitution.

La représentation est une vision des choses, une façon d’interpréter et de classer les personnes, les phénomènes, les événements. Elle oriente la conduite des individus et lui fait adopter une attitude à l’égard de l’objet et de sa représentation.

 

III-1-2-2. Le regard porté sur le patient dément

Selon le sociologue Serge Clément (2007), « Les représentations de la maladie, le regard des autres sur le malade (qui est aussi un regard sur la vieillesse) font partie intégrante de la maladie, constituent les conditions mêmes de la prise en charge. On ne peut dissocier le regard dévalorisant de l’évolution de la pathologie. L’ambiance catastrophiste est déjà une manière de traiter le malade Alzheimer. »

Le regard porté sur la maladie par le soignant peut constituer des freins ou à l’inverse des facteurs favorables dans sa prise en charge.

Laëtitia Ngatcha-Ribert, une sociologue, dénonce le fait qu’ « à  l’image d’autres mots de la langue française, la maladie d’Alzheimer est passée d’une catégorie savante et médicale à un usage familier que l’on rencontre dans l’ensemble des couches de la population. L’expression est entrée dans le discours ordinaire pour alimenter nombre de plaisanteries : tout oubli éphémère, même de l’information la plus futile, est référé à la maladie d’Alzheimer. » Il n’est pas rare d’entendre les expressions telles que « Je crois que je fais un Alzheimer », « C’est mon Alzheimer qui me guette », « T’es Alzheimer ou quoi ? », cela sur le ton de la plaisanterie à un point où le terme devient progressivement une insulte. Ainsi, pour cet auteur, le terme « démence » est considéré comme très péjoratif, stigmatisant voir choquant. Le mot inspire désormais la peur et se rapproche fortement de la folie dans ce qu’elle peut avoir de négatif.

La persistance des idées reçues et des « à priori » dans l’esprit des gens,  trouvent aussi écho auprès du personnel médical et paramédical. Aude Caria (psychologue à l’hôpital Sainte-Anne à Paris et responsable méthodologique de l’enquête) le confirme « Les préjugés sont aussi forts chez le personnel soignant, voir parfois plus forts, même chez le personnel travaillant dans des services psychiatriques. Car ils ne voient que les cas extrêmes et ont donc une vision déformée de la maladie mentale. »

Pour pouvoir travailler avec les personnes âgées qui plus est démentes, les soignants doivent avoir la possibilité de réfléchir sur leurs propres rapports au vieillissement, et à une réévaluation, dans l’idéal de leurs attitudes vis-à-vis de la maladie et de la mort.

Le cadre de santé doit passer par la prise en compte des besoins spécifiques des résidents, mais aussi par les représentations sociales du personnel soignant qui vont avoir une influence dans la relation avec la personne âgée fragilisée.

 

III-2. La relation de soin

III-2-1. Définition

Une relation fait référence à une « personne avec laquelle on est en rapport ». Cette rencontre de l’ordre de la relation occupe une réelle dimension soignante et thérapeutique où il est précisément question de traiter des problèmes relevant de la psyché. Sur la base de l’approche de J. Watson, W. Hesbeen fait par ailleurs la distinction entre ce qu’il appelle « l’essence » et « l’accessoire » des soins infirmiers : dans le premier cas, on retrouve une démarche interpersonnelle permettant d’aboutir à un résultat thérapeutique ; dans le second, il convient de noter ce qui constitue un support à l’activité. On reconnaît ici la primauté des soins relationnels.

Selon A. Manoukian et A. Massebeuf, une relation est « une rencontre entre deux personnes au moins, c’est-à-dire deux caractères, deux psychologies particulières et deux histoires ». Dans notre cas, le « relationnel » prend une place centrale dans le positionnement professionnel, car, toute prise en charge nécessite d’être en contact avec une personne et induit l’établissement d’une relation. C’est la relation par les interactions entre le soignant et le soigné qui amène les éléments qui vont soulager la personne. Un engagement personnel de la part de chaque soignant est nécessaire pour pouvoir établir un contact avec autrui, en l’occurrence, le résident. La relation quant à elle est très complexe, car elle nécessite des interactions successives et de nombreux échanges pour se mettre en place et s’inscrire dans le temps.

 

III-2-2. L’approche centrée sur la personne

Nous nous situons en fait dans une relation d’accueil au sens « accueillir  les paroles du patient ». Pour ce faire, il parait utile de s’appuyer sur l’approche psychothérapeutique élaborée par Carl Rogers.

Cette approche considère que toute personne possède des ressources intérieures propices à son développement personnel. Ainsi au travers de sa rencontre avec le patient, le soignant est amené à libérer le potentiel de celui-ci. Ce qui doit favoriser la possibilité qu’il parvienne à résoudre par lui-même ses problèmes personnels et qu’il gagne en ouverture vers l’extérieur, en sociabilité. Afin d’y parvenir, certaines conditions à développer chez le soignant sont essentielles :

  • L’écoute active (ou bienveillante) : il s’agit de se rendre suffisamment disponible par le biais de l’écoute et par rapport au patient, à son univers de code et de significations
  • L’empathie : être compréhensif face au vécu du patient et savoir- être en résonnance avec son univers intérieur particulier.
  • La congruence : se montrer sincère et authentique
  • Adopter un regard inconditionnel positif : réussir à accepter avec confiance et compréhension l’expérience tout entière du patient comme faisant partie intégrante de sa personnalité. Cela exclut tout jugement.
  • Acceptation de soi et de l’autre : pour entrer en relation d’aide, il est fondamental d’être sincère et logique avec soi-même, avoir une connaissance de soi, de ses forces, de ses limites.

Un des outils fondamentaux développés dans le cadre de cette approche centrée sur la personne réside dans la technique de reformulation dont l’objectif est de synthétiser, de prendre part au processus de changement, d’inviter au développement de l’émergence des émotions, des expériences refoulées. La technique de reformulation consiste à redire en d’autres termes ou d’une autre manière plus concise ou explicite les paroles d’une personne. Elle aide à montrer à l’interlocuteur que l’on est à son écoute et aussi à vérifier notre compréhension de ses propos pour éventuellement pouvoir lui demander des précisions ou une clarification. Les résultats directs et immédiats de la technique : garantie d’une bonne communication et de compréhension entre le patient et le soignant, certitude du patient sur la compréhension de ses paroles par le soignant, ce qui est un moyen de l’encourager à s’exprimer davantage, développement de la capacité d’écoute du soignant. En effet, en adoptant cette attitude, la personne soignante fait preuve d’une écoute attentive et d’un désir de comprendre son patient. Elle s’éloigne également de la possibilité d’avoir des idées préconçues.

 

III-2-3. Transfert et contre-transfert

Dans le cadre de la relation de soin, les deux protagonistes produisent des effets simultanés l’un sur l’autre. Cela revient à évoquer deux notions essentielles qui dynamisent cette relation :

  • Le transfert : 

Le patient tend à projeter sur le soignant des représentations, des émotions ou des attitudes liées à des expériences passées. Il convient de dire que le transfert désigne « le processus par lequel les désirs inconscients s’actualisent sur certains objets dans le cadre d’un certain type de relation établi avec eux et éminemment dans le cadre de la relation analytique. Il s’agit là d’une répétition de prototypes infantiles vécue avec un sentiment d’actualité marqué. ». Sigmund Freud, auteur de cette définition ajoute : « (…) Le transfert se manifeste chez le patient dès le début du traitement et représente pendant quelque temps le ressort le plus solide du travail. » Le transfert intervient dans toute relation et c’est schématiquement ce qui nous poussera à aimer ou à détester une personne, à se dire que « ça passe » ou pas.

  • Le contre-transfert :

En dépit de ses savoirs et de sa volonté de neutralité, il s’agit de la réponse inconsciente du soignant envers le transfert du patient. En effet, il prend de façon personnelle le message que lui adresse le patient. Face à un patient perturbateur, il est clair que la situation peut vite prendre des proportions intenables, voire insupportables. De là, survient le danger de réagir de façon excessive pour se décharger du patient. Selon les circonstances, des réactions contre-transférentielles massives de « rejet » du patient pourront alors survenir, jusqu’à en oublier les objectifs de soins pour la personne malade.

C’est donc au soignant (par la maturité, l’expérience…), de savoir gérer cette dynamique de transfert et de contre-transfert, car comme le développe S. Freud, le transfert peut se transformer en résistance et donner naissance à des sentiments tendres puis hostiles.

Ceci pointe donc la délicate problématique de la « distance » à obtenir et à entretenir afin d’optimiser l’avancée de la relation vers le mieux-être du patient, demandant de rester souple tout en gardant ses limites. Lorsque le transfert s’en mêle, la distance se retrouve rapidement perturbée.

 

III-2-4. La juste distance

Pour Pascal Prayez (2006), « la juste distance est la capacité à être au contact d’autrui en pleine conscience de la différence des places ». La proximité physique peut exister alors que nous sommes psychiquement loin, tout comme nous pouvons être physiquement distants et psychiquement proches. La distance soignant-soigné n’est pas figée, elle évolue avec la relation. Elle est  liée à l’évolution clinique de la personne âgée, de ses propres motivations, des objectifs et des projets. Avoir une juste distance c’est prendre le risque de basculer dans une distance hyper défensive. Dans ce cas le professionnel se situe dans la banalisation de la maladie et de la souffrance au risque d’en oublier l’attitude humaniste nécessaire dans son métier. 

Ces comportements et réactions se retrouvent dans des situations d’épuisement professionnel : le soignant a trop donné, sans se protéger, sans avoir pris et mis cette distance si précieuse dans les soins.

Dans une relation soignant-soigné, il est indispensable pour un professionnel de la santé de garder une « juste distance » pour éviter d’être dépassé par ses propres affects. Trouver cette juste distance est souvent compliqué. Pourtant, il faut considérer le fait qu’une distance trop importante est source d’une mauvaise compréhension des besoins du patient. À l’inverse, une distance trop rapprochée crée une relation trop personnelle entre le soignant et son patient.

 

III-2-5. Instaurer la confiance

La relation de soin nécessite une démarche : « la démarche de prendre soin ». Le concept de prendre soin est fondé sur la philosophie de l’humanitude de Freddy Klopfenstein (1980) repris par le scientifique français Albert Jacquard (1986). Pour Walter Hesbeen (1997), le concept de prendre soin signifie accorder une « attention particulière que l’on va porter à une personne vivant une situation particulière en vue de lui venir en aide, de contribuer à son bien-être, de promouvoir sa santé. » Au préalable, il est toutefois fondamental de créer des liens de confiance avec la personne soignée. Hildegarde Peplau décrit quatre étapes dans l’évolution d’une relation de confiance entre le soignant et le soigné :

  • Une étape d’orientation : chacun des partenaires se présente et recherche contact et sécurité.
    • Une étape de mise à l’épreuve : le soigné cherche à trouver les limites de la confiance qu’il peut avoir dans le soignant avant de s’engager plus loin dans la relation.
  • Une étape d’exploitation de la relation : les personnes échangent pour trouver des solutions.
  • Une étape de fin de relation : chacun fait le bilan de ce qui s’est passé, conclut la relation et noue d’autres liens avec d’autres personnes.

De plus, considérées et acceptées au travers de leurs singularités, les chances d’adhésion au soin et l’institutionnalisation en général s’en trouvent dès lors renforcées.

La relation de soin ne relève pas du hasard, elle nécessite de réfléchir aux objectifs, aux moyens, au déroulement, aux techniques qui seront utilisées et aux interactions qui se nouent entre le soignant et son patient. Pour cela chaque soignant doit être en capacité de détenir des compétences nécessaires au bon déroulement des soins.  

Un soin relationnel nécessite des compétences professionnelles accompagnées d’aptitudes communicationnelles. Ainsi, le personnel soignant doit évaluer sa façon de faire et sa façon d’être en relation avec le patient. Il doit développer ses compétences et être en mesure d’orienter son action, de se repérer dans l’exécution de son action, et enfin d’assurer le contrôle de son action.

 

III-2-6. La compétence

D’après Perrenoud (1996), la compétence se définit comme « L’ensemble des ressources que nous mobilisons pour agir. […] la capacité d’un sujet de mobiliser tout ou une partie de ses ressources cognitives et affectives pour faire face à une famille de situations complexes. ». Définir une compétence dans un contexte de travail permet de différencier les taches des soignants ou des équipes au sein de l’institution. La finalité est d’impliquer le soignant dans son travail, reconnaître et détecter les capacités de chacun à mobiliser ses savoirs et savoirs faire dans son activité quotidienne, mais également faire face à des situations complexes ou nouvelles.

La compétence fait aussi appel à des ressources propres à chacun. Il en existe d’ailleurs plusieurs niveaux mobilisables en fonction des situations de travail, les ressources :

  • Pour comprendre : dans cette situation le soignant fait appel à ses savoirs théoriques, à des démarches intellectuelles et cognitives.
  • Pour agir : ces ressources permettent d’adapter les pratiques professionnelles aux spécificités d’un contexte d’un environnement (savoir quand intervenir, se fixer des limites)
  • Pour opérer et persévérer : ces ressources sont issues de l’action, de l’expérience acquise au cours du temps
  • Pour coopérer : ressources nécessaires pour maintenir et développer des relations de solidarité au travail
  • Pour progresser : ressources permettant d’évoluer, de s’adapter, d’éviter de répéter les mêmes erreurs et ainsi d’acquérir de nouvelles expériences. 

La mobilisation des ressources et des compétences nécessite de la part du soignant qu’il soit en mesure de mener une action réflexive qui va entraîner plusieurs effets bénéfiques comme :

  • prendre du recul et ainsi faire progresser ses pratiques,
  • mettre en pratique ses ressources dans d’autres situations et les utiliser à bon escient,
  • gérer ses ressources émotionnelles,
  • construire une identité professionnelle permanente et évolutive.

 

Notion de compétence relationnelle

C’est à partir de 2009 que le terme « compétence relationnelle » est décrit dans le nouveau référentiel de formation infirmière. Il est inscrit dans des unités d’enseignement relevant de « savoirs constitutifs de compétences infirmières ». Le soin relationnel est de ce fait placé au cœur du métier. Sous la dénomination de « communiquer et conduire une relation dans un contexte de soin », les  aptitudes relationnelles sont enseignées à la future infirmière avec la capacité à communiquer, à instaurer une relation de confiance ou encore à identifier les besoins du patient.

La compétence collective

La compétence collective ne peut être effective sans les compétences individuelles de chacun, mais elle ne se réduit pas à la somme de celle-ci. De plus l’émergence des compétences collectives se situe à trois niveaux : au niveau individuel, au niveau de l’équipe et au niveau de l’institution.

La réussite d’une organisation dépend des performances individuelles et collectives. Nous soulignons le fait que « la performance de l’entreprise va dépendre de sa capacité à mobiliser et à combine les ressources en compétences de ses acteurs ». Chaque personne dans une équipe a besoin de la contribution de ses collaborateurs pour garantir la réussite du groupe.

La compétence comprend plusieurs catégories à définir, des connaissances, des savoirs faire techniques, des savoirs faire relationnels, des aptitudes et des qualités. Elle existe au travers d’une reconnaissance collective.

Pour développer les compétences collectives, la hiérarchie doit prendre en compte les spécificités de chaque acteur.

Donc toute activité professionnelle faisant appel à des compétences collectives comporte une dimension coopérative. Le professionnel doit pouvoir nouer des relations efficaces de coopération pour atteindre les performances souhaitées.

Pour expliquer le travail en coopération  indispensable à la compétence collective, Philippe Zarifian évoque plutôt la notion de réseaux d’acteurs et dit : « La compétence est la faculté à mobiliser des réseaux d’acteurs autour des mêmes situations, à partager des enjeux, à assumer des domaines de coresponsabilité. »

Cette attitude permet de gérer des situations complexes afin de faire avancer chaque collaborateur vers un même but, de développer des démarches de projet, des organisations de travail transverse en développant la multidisciplinarité (qui consiste à utiliser le potentiel et l’expertise de différents professionnels issus de diverses disciplines dans des situations diverses et/ou complexes) mais aussi l’interdisciplinarité (qui consiste à faire travailler ensemble des personnes issues de diverses disciplines).

 

III-3. L’humanitude

Ce chapitre permet de mener une réflexion sur les pratiques quotidiennes par rapport aux besoins et attentes de la personne âgée vulnérable. L’humanitude est une approche basée sur les émotions et le respect des droits de l’homme. Dans un premier temps, le fondement de l’humanitude sera défini en précisant le concept du prendre soin. Puis nous allons aborder sur la philosophie de l’humanitude, considérée comme un concept novateur. Enfin, nous allons poursuivre sur le principe de cette philosophie.

 

III-3-1. Les fondements de l’humanitude

Le mot « humanitude » est apparu pour la première fois en 1980 grâce à un écrivain suisse : Freddy Klopenstein. Il a été ensuite repris par Albert Jacquard dans son livre « héritage de la liberté : de l’humanité à l’humanitude ». Le concept d’humanitude, selon Jacquard « fait appel à la conscience d’être et recouvre l’ensemble des cadeaux d’humanité que les hommes se sont faits au cours des âges et qu’ils continuent à se faire par l’évolution, nous s’offrant ainsi les uns les autres un enrichissement sans limites. »  Plus tard, en 1989, Lucien Mias, un gériatre français, introduit pour la première fois le terme d’humanitude dans les soins. Enfin, Yves Gineste et Rosette Marescotti, en 1995, décident de lancer une nouvelle philosophie de soin qu’ils ont baptisé « philosophie de soin de l’humanitude », ayant pour objet, l’étude des principes fondamentaux d’une activité, d’une pratique avec des réflexions sur leurs sens et leur légitimité. 

« L’humanitude est constituée par ces particularités qui permettent à un homme de se reconnaître dans son espèce, l’humanité », ces particularités comme le rire, l’humour, l’intelligence conceptuelle, la socialisation, etc.…  

L’humanitude est donc une philosophie proche du « care » ou prendre soin, se caractérisant par plusieurs facteurs propres à l’ensemble de l’espèce humaine qui différencient les hommes des animaux. L’homme existe tant sur sa singularité que sur ses caractéristiques dont la principale est que nous sommes des êtres de relation, de communication. Nous éprouvons des émotions capables de nous transporter de l’amour à la haine. Nous sommes aussi des êtres de désir, capable de donner un sens à ce que l’on fait, à ce que l’on vit. Pour que l’humanitude existe, il nous faut nous sentir homme et reconnaître l’autre comme un homme. Cette relation de réciprocité permet d’être en relation d’humanitude. Ainsi, inscrire les soins infirmiers auprès de la personne âgée dans cette philosophie, lui préserve ses qualité d’hommes et donc de sa condition d’humain absolu, lui évitant de devenir un objet de soin.

 

III-3-1-1. Prendre soin

Le concept de « prendre soin avec humanitude » est un concept innovant. Ce concept a été créé en raison de ses qualités « concrètes », et de la possibilité qu’il offre de donner du sens à des soins trop souvent devenus routiniers et parfois considérés comme secondaires. Y. Gineste et R. Marescotti ont observé, écouté les soignants et ont réfléchi à une manière de mieux prendre soin des personnes en réunissant des savoirs pour diffuser des techniques de soin sous une forme pédagogique. Les concepteurs et Jérôme Pélissier sont donc les relais de pratiques nouvelles et permettent une cohésion entre les soignants. Cette méthode conduit à élaborer des techniques et des savoir-faire précis qui donnent aux soignants les éléments nécessaires pour prendre soin de la personne âgée qui présente des troubles psycho- comportementaux. 

L’action de prendre soin désigne non seulement le fait de venir en aide à une personne pour assurer et promouvoir son bien-être, mais également le fait d’aider le patient à utiliser ses propres ressources pour se soigner. Ces deux facettes du concept sont définies dans la philosophie de l’humanitude : « Prendre-soin d’une personne, c’est toujours l’aider à prendre soin d’elle-même. C’est à la fois procéder à des actions et à des traitements ciblés sur la pathologie dont elle souffre, pour en réduire au maximum les atteintes et les conséquences, et prendre soin des forces vives de la personne, de tout ce qui en elle est sain et lui permet de résister et de lutter. » Walter Hesbeen distingue les termes « soigner quelqu’un (dans le sens de guérir) » qui signifie cure et « prendre soin de quelqu’un », signifiant care. Le deuxième terme (care) nous renvoi à la notion d’aider une personne à se soigner. Ainsi, les mots anglais care et caring sont liés au concept « prendre soin ». Walter HESBEEN a défini cette relation en montrant le fait que caring « s’inscrit indubitablement dans une tonalité soignante par essence humaniste et peut servir, dans un cas comme dans l’autre, à nourrir la réflexion des professionnels voire de tout un chacun… »

 

III-3-1-2. Le soignant

« Un soignant est un professionnel qui prend soin d’une personne (ou d’un groupe de personne) ayant des préoccupations ou des problèmes de santé pour l’aider à l’améliorer, à la maintenir, ou pour accompagner cette personne jusqu’à la mort ». Cette définition est celle donnée par la philosophie de soin. Prendre soin, c’est aider l’autre à vivre sa souffrance, à l’accompagne dans ses difficultés, être à l’écoute et à l’accompagner dans son statut de patient. Un soignant est donc un individu dont la profession est de s’occuper d’une personne en perte de santé en lui donnant des soins.

Walter HESBEEN donne une définition ayant une vision plus large d’un soignant, pour lui d’abord, le terme soignant « regroupe l’ensemble des intervenants de l’équipe pluridisciplinaire, qui ont tous pour mission fondamentale de prendre soin des personnes, et ce quelle que soit la spécificité de leur métier. », ensuite, il précise le fait que « le mot soignant dépasse largement le statut d’un professionnel, mais désigne une intention. Il ne suffit pas d’être médecin, infirmière, kinésithérapeute, sage-femme… pour être soignants ; encore faut-il que l’action quotidienne soit marquée par l’intention de prendre soin des personnes et pas seulement de leur faire des soins. » Dans cette vision, un soignant n’est pas seulement une personne forcée à s’occuper d’un patient parce que c’est son travail, mais une personne qui apporte des soins parce qu’elle a envie de s’occuper des autres.

L’identité des soignants actuels s’est construit à travers une culture du « cure », du soigner, guérir. Elle possède deux dangers majeurs, presque opposée :…faire croire au soignant …qu’il n’a aucun pouvoir et faire croire au soignant qu’il possède un pouvoir qu’il n’a pas »

Le « prendre soin » ou care apparaît comme l’essence même de la pratique infirmière des valeurs humanistes, car il prend au premier plan de ses préoccupations l’être humain. La méthodologie de soin Gineste-Marescotti® remet en cause la culture soignante avec la prédominance du cure sur le care. Ce premier changement de regard est essentiel. Il modifie en profondeur l’approche soignante et ouvre le champ à une nouvelle manière de concevoir et d’ajuster les soins.

III-3-1-3. L’accompagnement dans la dignité

Dans le Règlement grand-ducal du 7 octobre 2010 établissant le code de déontologie de certaines professions de santé, il est stipulé que «  Le professionnel de santé exerce sa mission dans le respect de la vie humaine, de la personne, de la dignité et des droits de celle-ci. Le respect dû à la personne ne cesse de s’imposer après sa mort. » La dignité est inhérente à l’homme, elle ne se gagne pas et ne se perd pas non plus. Aucune règle de l’art du prendre soin, aucun acte de soins, ne peut porter atteinte aux droits de l’homme et aux droits de la personne malade, ni ne peut contrevenir aux lois régissant de l’exercice des professions soignantes. Certes, le patient a des droits, mais le soignant a aussi des devoirs dans le prendre soin. Ceci constitue le socle des principes qui suivent :

  • Le principe de protection de la vie : en respectant l’autonomie, la qualité de vie et la personnalité.
  • Le principe de respect de l’autonomie et de la liberté individuelle : c’est tenir compte du consentement de la personne et donc ne pas imposer un soin de force ; de fournir les informations dont elle a besoin pour prendre des décisions. 
  • La charte des droits et de la liberté de la personne âgée dépendante fait reconnaître la personne âgée dépendante comme un sujet de droit.
  • Le respect de la qualité de vie : C’est rester particulièrement attentif à ses valeurs, ses désirs ses besoins.
  • Le principe d’ajustement : Individualiser le prendre soin en ayant une réflexion permanente sur les caractéristiques singulières de chacun.
  • Le principe de loyauté dans la relation, c’est instaurer la confiance  et être loyal dans les actes de soin, dans la transmission des informations, mais aussi dans les gestes et le regard, et les attitudes.
  • Principe de justice et d’équité : C’est le droit de chaque personne de bénéficier des meilleurs soins nécessités par son état ajusté à sa situation et à ses besoins. On évite ainsi  l’uniformisation.

   

III-3-2. La philosophie de l’humanitude : un concept novateur dans le soin

La philosophie de l’humanitude est un concept novateur proposant une approche de soin adaptée aux personnes âgées, elle permet de respecter la dignité des personnes vieillissantes, leur apporter considération et des réponses à leurs besoins. Cette méthode est utilisée pour améliorer les relations entre le patient et le soignant. Elle est basée sur 4 piliers fondamentaux qui tournent autour du rapport à l’individu : le regard, la parole, le toucher, la verticalité, pour des échanges plus égaux, une communication apaisée et facilitée entre la personne âgée et le personnel soignant.

  • Le regard :

C’est le premier canal de mise en humanitude. Il doit être l’occasion d’un échange face à face, les yeux dans les yeux à hauteur du visage. Regarder la personne dont nous prenons soin peut nous sembler aller de soi, mais tout dépend de ce que cela communique, car le regard peut transmettre l’attention à l’autre ou l’indifférence.

  • La parole :

Elle doit annoncer et expliquer chaque geste. Dans la majorité des situations, nos communications verbales obéissent à certaines règles illustrées par le schéma du feed-back (annexe). Lorsque le soignant envoie un message verbal (par exemple « bonjour »), vers le  récepteur (le patient), il reçoit une réponse verbale ou non verbale en retour (le feed-back). Cet échange permet de continuer à communiquer. En l’absence de feed-back, l’émetteur devient silencieux et le silence du soignant risque d’être interprété par le patient comme un signe d’indifférence, voire de malveillance. C’est pour cela que les fondateurs de la philosophie de l’humanitude ont mis en place « l’auto-feed-back ». Son principe est de « nourrir la parole de l’émetteur à une autre source que le feed-back du récepteur ». C’est en fait annoncer les gestes de soins et de décrire les actions. Ces techniques permettent d’augmenter la durée de communication de 2 minutes à 8-12 minutes par vingt-quatre heures.

  • Le toucher :

Une part très importante de la communication non verbale passe par le toucher. Toucher, comme communiquer s’apprend. Plus un patient est « difficile », agressif, souffrant, lourd, plus nos gestes seront inadaptés, violents, en totale contradiction avec ce que nous voulons être, c’est-à-dire des soignants. Ici on parle de toucher professionnel. Il s’agit de transformer le toucher utilitaire en toucher tendresse. Dans ce toucher si particulier, la douceur tient le rôle principal. Le toucher du soignant doit aussi solliciter l’autorisation corporelle du patient.

  • La verticalité :

Il est indiqué d’effectuer les toilettes debout dans la mesure du possible et d’aider à la marche « pour vivre et mourir debout » ; la verticalité étant l’une des caractéristiques nous distinguant des animaux. Enfin, aider à la verticalisation au moins 20 minutes par jour permet d’éviter la grabatisation (quand le patient ne peut plus se lever, il faut au moins l’asseoir).

L’utilisation conjointe de ces différentes caractéristiques  a pour objectif :

  • D’établir un lien de confiance en s’appuyant sur la mémoire émotionnelle positive. Les émotions sont des réactions adaptatives de l’organisme face à une situation inattendue, accompagnée d’un état affectif agréable ou non. Chez les patients déments « la mémoire émotionnelle et les capacités de ressenti émotionnel ne sont pas altérées. Leur persistance conduit au contraire à rendre ces personnes hypersensibles affectivement ».
  • De permettre au patient d’interpréter les soins comme un acte bienveillant et de non-agression, grâce à l’établissement d’une communication non verbale. Le soignant doit transformer le  »toucher utilitaire » en  »toucher tendresse », établir un échange visuel de face-à-face, les yeux dans les yeux à hauteur du visage, et utiliser la parole pour annoncer et expliquer chacun des gestes.
  • De redonner de l’importance à la verticalité, car les personnes âgées dépendantes peuvent et doivent vivre debout.
  • De respecter l’autonomie, le rythme et les désirs des patients.

La Méthodologie de soin Gineste-Marescotti® propose des outils professionnels de soins relationnels d’acquisition de ces piliers. Il y a notamment le Toucher-tendresse®, l’auto-feed-back, la manutention relationnelle…(Annexe)

parmi toutes les techniques proposées par cette  méthode, j’ai choisi de m’arrêter sur la technique de la capture sensorielle et de la stratégie de diversion qui sont, selon Gineste-Marescotti, les plus adaptés chez les SCPD, même si elles peuvent être aussi utilisées chez les autres.

  • La capture sensorielle 

La technique de la « Capture Sensorielle » permet, par des préliminaires au soin, un rebouchage sensoriel et une consolidation émotionnelle de prévenir et de pacifier les Comportements d’Agitation Pathologique et d’éviter les soins de force. Cette technique permet de transformer un soin difficile en soin apaisant. « L’usage de la Capture sensorielle constitue une véritable prévention des Comportements d’Agitation Pathologique  et permet d’éviter 75 à 90% de ceux-ci. Elle permet également la prévention des syndromes d’immobilisme et de glissement. »

Elle comprend trois étapes : les préliminaires au soin, le rebouchage sensoriel et la consolidation émotionnelle.

  • Durant la phase préliminaire :

Le soignant cherche à obtenir le consentement du patient au soin, et reporte celui-ci le temps qu’il s’y oppose pour ne pas le brusquer. Elle dure entre 20 secondes et trois minutes.

  • Durant la phase de rebouchage sensoriel :

Le soignant sollicite la mémoire affective du patient, en utilisant simultanément le toucher, le regard et la parole pour lui adresser un message bienveillant. Pour des personnes susceptibles d’être très agitées, il peut être nécessaire de procéder à deux soignants : « l’un accomplit le geste de soins pendant que l’autre ne s’occupe que de maintenir, par les gestes et le regard les liens sensoriels avec la personne »

  • durant la phase de la consolidation :

Le soignant cherche à renforcer l’atmosphère affective et le bien-être ressenti, en s’appuyant sur la mémoire émotionnelle, dans le but de préparer au mieux les soins ultérieurs. 

Lorsque cette technique ne permet pas d’apaiser le patient lors du soin, la stratégie de diversion est alors envisagée.

  • La stratégie de diversion

Cette dernière « se base sur la perte de la faculté d’attention divisée, sur l’incapacité de la personne à être attentive et concentrée en même temps sur deux activités différentes… ». Le soignant doit essayer de suivre et de comprendre la pensée du patient qui s’agite, pour détourner son attention du soin en le faisant focaliser son attention et sa concentration sur un élément positif fortement chargé émotionnellement.

 

III-4. Synthèse

Lors de la prise en charge des personnes âgées atteintes de symptômes psycho comportementaux, les soignants sont confrontés à des difficultés particulières et doivent s’adapter face à des comportements irrationnels. Lorsque les soignants ne sont pas formés pour prendre soin de ces personnes, ils mettent en œuvre, inconsciemment le plus souvent des stratégies de défense psychologiques qui les conduisent à s’insensibiliser aux réactions et ressentis de la personne. Les conséquences sont l’intensification des troubles chez la personne présentant un syndrome démentiel. Cela se manifeste par des comportements d’agitation et d’agressivité ou d’immobilisme…

Dans ce cas le trouble du comportement doit faire l’objet d’une évaluation. Il est nécessaire d’étudier les circonstances d’apparition du comportement, ce que ressent ou signifie la personne. La qualité des soins va dépendre non seulement de la représentation que le soignant se fait du patient dément présentant des troubles du comportement, mais aussi de son entrée en relation. La compétence relationnelle s’acquiert au même titre que la compétence technique. En plus du savoir et du savoir-faire, il s’agira pour le soignant de disposer d’un réel savoir-être dans le prendre soin. De par ses compétences relationnelles, le soignant va pouvoir s’intéresser à ce qui se passe dans la relation. Celle-ci doit être individuelle, unique en considérant le patient comme humain et non pas comme objet de soin en respectant ses valeurs (dont l’écoute, la communication, la confiance, l’empathie, le respect, l’humanité) qui doivent être partagées par l’ensemble de l’équipe. L’humanitude permet au soignant de donner du sens aux actions et d’éviter le travail routinier. Il permet de respecter l’autonomie et la liberté individuelle du résident. Cependant, pour cela il faut apprendre à le connaître et surtout partager nos pratiques avec l’ensemble du personnel qui gravite autour de la personne. De par ses techniques de soin, la philosophie de l’humanitude nous apprend à travailler sur nos entrées en relations, sur la communication non verbale, sur nos manières de toucher, de regarder, de parler. Elle permet de trouver un meilleur équilibre entre technologie et relation. Elle permet au soignant de développer ses capacités à centrer ses relations sur le patient en adoptant une juste attitude et en instaurant la confiance.

 

PARTIE IV – CADRE LÉGISLATIF

 

Dans cette partie, nous allons traiter des droits et devoirs du patient, ainsi que le code qui régit les professionnels et institutions dans le domaine de la santé. Il s’agit de délimiter notre environnement d’étude sur un cadre législatif. La loi du 24 juillet 2014 rassemble dans un seul texte les droits et obligations du patient dans le but de garantir plus de cohérence et une plus grande transparence dans les relations entre les patients et les institutions prestataires de soins de santé. Ce texte législatif concerne 4 points essentiels :

  • l’importance portée à l’information due par les prestataires de santé à leurs patients ;
  • l’amélioration de la prise en compte de la volonté des patients pour la prestation des soins, y compris par la possibilité de désigner une personne de confiance ou un accompagnateur ; 
  • la généralisation et l’accessibilité du dossier patient ;
  • la création d’un Service national d’information et de médiation dans le domaine de la santé au 1er janvier 2015.

 

IV-1. Droits et obligations du patient

Tel que défini par la loi du 24 juillet 2014, le patient a droit à la protection de sa vie privée, à la confidentialité, à la dignité et au respect de ses convictions religieuses et philosophiques. (Art. 3-1). Il est précisé dans l’article 4 que le patient a plein droit d’accéder à des soins de santé de qualité. La continuité des soins doit être garantie en toutes circonstances. Considérant la relation qui doit exister entre le patient et le soignant, Y Gineste et Pellissier précisent : « c’est bien la spécificité de cette relation, les situations particulières qu’elle engendre, qui ont amené le législateur à veiller à ce que les hommes malades possèdent un maximum de garantie en établissant des droits qui leur sont spécifiques et des devoirs qui sont spécifiques aux professionnels qui en prennent soin ». En outre, le texte législatif du 24 juillet 2014 rappelle que le patient dispose du droit de choisir librement le prestataire de soin de santé c’est-à-dire l’établissement ou l’institution dans lequel il souhaite être pris en charge, en précisant que ce choix peut être modifié à tout moment. Le prestataire est tenu de garantir les premiers soins urgents dans la mesure des possibilités qu’il dispose ainsi que la continuité des soins en toute circonstance. Le prestataire a cependant le droit de refuser la prise en charge d’un patient dans le cas où il estime ne pas avoir la capacité ou les moyens de prodiguer les soins requis par l’état de santé de la personne. À noter que ce refus ne peut en aucun cas être lié à des raisons discriminatoires et doit être accompagné par des motifs objectivement justifiables. Le patient peut demander au prestataire de  l’assister dans la recherche d’un établissement apte à assurer les soins requis par sa situation. 

Le patient dispose d’un droit à l’assistance, c’est-à-dire qu’une tierce personne de son choix, que ce soit un professionnel dans le domaine de la santé ou non. Cette personne apportant soutien et aide au patient est appelée « accompagnateur ».  L’identité de ce dernier est notée dans le dossier du patient.

Les patients ont le droit à l’information sur leur état de santé. De ce fait, les professionnels de santé doivent garantir le respect ce droit en leur informant sur les prestations dont il a les responsabilités, sur leur état de santé et l’évaluation probable de celui-ci. Les échanges et transmissions d’informations au patient doivent se faire de manière claire et compréhensible. Une confirmation écrite des informations peut être requise en fonction du contexte. Si un patient dispose des capacités nécessaires pour une prise de décision, ses soins ne peuvent être donnés qu’avec son consentement au préalable. Même si un patient a plein droit d’être informé sur son état de santé, il peut souhaiter être tenu dans l’ignorance des informations relatives à son état de santé et ses évolutions. Dans ce cas, les professionnels de santé doivent faire le nécessaire pour respecter ce choix dans la limite où il n’y a aucun risque que la non-communication des informations engendre des graves préjudices à l’état de santé du patient ou d’une tierce personne. Dans des cas très exceptionnels, le médecin traitant du malade peut décider de laisser son patient dans l’ignorance d’une information lorsqu’il est démontré que la communication de celle-ci peut causer des impacts néfastes sur la santé du patient. Au préalable, le médecin traitant consulte un confrère et une personne de confiance du patient. Les informations avec la justification explicite de la décision de non-communication doivent être insérées dans le dossier du patient.

Le patient, conformément à ses facultés, a l’obligation de fournir les informations pertinentes nécessaires à sa prise en charge. Il peut par anticipation d’une situation où il ne serait plus en mesure d’exprimer sa volonté, décider de désigner une personne de confiance pour lui représenter. Lorsqu’un cas où le patient n’est plus en état de manifester sa volonté, l’établissement prestataire de soin doit établir sa volonté présumée en faisant appel à une personne préalablement désignée par le patient ou une personne susceptible de connaître sa volonté. Dans une situation d’urgence médicale, l’établissement prestataire de soins de santé peut adopter les mesures urgentes d’ordre médicales requises par la situation dans l’intérêt du patient.

Le dossier du patient « retrace, de façon chronologique et fidèle, l’état de santé du patient et son évolution au cours de la prise en charge. » Les établissements prestataires de soins de santé ont l’obligation de tenir ce dossier à jour. Le patient dispose du droit d’accès à son dossier avec l’ensemble de son contenu c’est-à-dire les informations relatives à son état de santé.

En tant que personne, le patient doit toujours bénéficier de ses droits cités dans la Déclaration universelle des droits de l’homme, droits tels que :

Article 3 : « Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne. »

Article 25 : « 1. Toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille, notamment pour l’alimentation, l’habillement, le logement, les soins médicaux ainsi que pour les services sociaux nécessaires ; elle a droit à la sécurité en cas de chômage, de maladie, d’invalidité, de veuvage, de vieillesse ou dans les autres cas de perte de ses moyens de subsistance par suite de circonstances indépendantes de sa volonté. »

Même en institution, le résident garde ses droits de citoyens. La relation de soin est une relation d’égalité en humanitude et en citoyenneté, cela passe par le respect des gouts, des choix des habitudes du patient, mais aussi par le respect du refus de soin ou la liberté de mouvement.

La résidence An de Wisen a mis en place une charte des droits et libertés de la personne âgée (Annexe 1.). Elle a pour objectif de rappeler à chaque membre du personnel, la notion de respect des choix et la dignité applicable à tous les résidents. Il s’agit d’un engagement que doit tenir chaque membre du personnel de la résidence.

 

IV-2. Devoirs des professionnels de santé envers le patient

« Un code de déontologie est un ensemble de documents qui régit l’exercice d’une profession. Il est chargé de délimiter sous l’angle moral et éthique les conditions dans lesquelles doit s’exercer la profession. La vocation d’un code de déontologie est de régir les relations entre les professionnels d’un même secteur, ainsi que les relations que ces professionnels entretiennent avec les patients ou clients. » En ce qui nous concerne, nous avons un code de déontologie qui régit les professions de la santé. Il s’agit du « code de déontologie de certaines professions de santé » établi par règlement Grand-ducal du 7 octobre 2010. Il est composé de plusieurs articles concernant les devoirs des professionnels de santé envers les personnes prises en charge.

Selon l’article 12 du document, le professionnel de santé est tenu d’encourager son patient à participer aux prestations. Il s’assure du respect de la personnalité du patient ainsi que son droit au libre choix. Selon les capacités de la personne prise en charge, le professionnel de santé la fait participer aux prises de décision. Comme précisé dans le paragraphe précédent, le consentement du patient est nécessaire par rapport aux soins pouvant lui être offerts, cependant, en cas d’incapacité de décision du patient, en cas d’urgence vitale, le professionnel soignant peut faire des interventions, pour le bien-être du patient dans une situation critique, sans le consentement de la personne concernée.  

Le déclin cognitif et les troubles du comportement ne doivent pas constituer des motifs pour priver le patient à l’accès aux soins. Selon Gineste et Pellissier (2007), « les soignants doivent être formés pour repérer ces expressions et ne pas réagir par le rejet ou l’abandon de cette personne qui a justement besoin d’être soutenue à ce moment. » 

L’article 15 de notre présent code de déontologie oblige les professionnels de santé à garantir le secret total sur les informations qu’il dispose sur son patient dans l’exercice de ses fonctions : « Art. 15. Le secret professionnel s’impose à chaque professionnel de santé dans les conditions fixées par la loi. »

Afin de garantir une collaboration constructive entre les différentes fonctions des établissements prestataires de santé, une collaboration qui va aider à mieux promouvoir le bien-être des patients et la bonne prise en charge de leurs besoins ; « les professionnels de santé veillent à entretenir entre eux et avec l’ensemble de l’équipe multidisciplinaire des relations professionnelles et des rapports de collaboration efficaces et de bonne confraternité » selon l’article 24 du code de déontologie.

 

IV-3. Loi relative aux différentes fonctions

L’intervention soignante est définie par des textes officiels. Sur rôle propre ou sur prescription médicale, la loi pour chaque profession soignante définit le champ de l’exercice de chacun.

  • Infirmière

Le règlement du Grand-ducal du 21 janvier 1998 porte sur l’exercice de la profession d’infirmier :

Art. 3. « L’infirmier preste des soins infirmiers préventifs, curatifs ou palliatifs qui sont de nature relationnelle, technique ou éducative. » Il peut aussi participer à la planification, la mise en œuvre et à l’évaluation d’activités pour la santé tant sur le plan national que local. Dans le cadre de l’exercice de sa fonction, il peut être mené à organiser ou participer à des actions visant à évaluer ou promouvoir l’état de santé du patient, assurer une mission d’encadrement ou de formation. L’infirmier peut entreprendre ou collaborer à des activités ayant pour but l’amélioration de la qualité des soins.

Art. 4. « Les soins infirmiers aux bénéficiaires tiennent compte d’une approche personnalisée, qui inclut notamment les composantes psychologique, sociale, économique et culturelle, les acquis de la science et une exécution conforme à l’évolution des techniques »

Rôles propres de l’infirmier afin de répondre favorablement aux besoins du patient en rapport avec la communication :

  • entretien d’accueil et d’orientation, recueil de données pour les soins; 
  • observation et surveillance du comportement, 
  • écoute, soutien, facilitation de l’expression, accompagnement et relation d’aide adaptés à la situation,
  • aide à l’amélioration de la communication avec son entourage et adaptée à son milieu de vie.

L’infirmière doit être dans une constante dynamique dans l’observation, l’écoute et l’accompagnement des résidents. Elle détermine les comportements et les circonstances de leurs apparitions.

  • Aide-soignante

L’exercice de la profession d’aide-soignant est régi par le règlement Grand-ducal du 25 juillet 2002 :

Art. 6. Les actes que preste l’aide-soignant pour le compte du ou des bénéficiaires pris en charge tiennent compte d’une approche personnalisée qui inclut notamment les composantes psychologique, sociale, économique et culturelle.=on insiste bien là à une prise en charge personnalisée unique adaptée à chaque résident

Les rôles propres : 

  • la communication dont entretien d’accueil et d’orientation,
  • surveillance du comportement,
  • écoute, soutien, facilitation de l’expression,
  • animation, accompagnement et relation d’aide adaptés à la situation,
  • aide à l’amélioration de la communication avec son entourage et adaptée à son milieu de vie,
  • soutien et encouragement de ses relations sociales et familiales.

Dans le cadre de ses fonctions, l’aide-soignante ne peut dissocier les soins techniques des soins relationnels.

  • Aide sociofamiliale

Les personnes qui passent avec succès les épreuves sanctionnant la formation sont détentrices du certificat d’aptitude aux fonctions d’aide sociofamiliale. Le certificat mentionne le module de spécialisation suivi par le stagiaire. Les personnes détentrices du certificat peuvent porter le titre d’ « aide-sociofamiliale ».

Les fonctions d’aides sociofamiliales comportent des missions d’accompagnement, d’encadrement, de guidance et d’aide. Elles se situent dans le cadre global du travail social et familial dans le but de contribuer au bien-être physique, psychique et social de l’usager.

  • Infirmier en chef

Aujourd’hui, il n’y a pas de règlements concernant cette profession en Luxembourg. En effet, il n’y a pas de textes légaux concernant la fonction de cadre. Néanmoins il existe dans les établissements des profils de fonction qui décrivent les missions et rôles des cadres de proximité et cadres intermédiaires. La commission des normes, organe paritaire entre la FHL (Fédération des Hôpitaux de Luxembourg) et la CNS (Caisse Nationale de Santé), a officialisé certains profils de fonction sur lesquels les établissements se sont basés pour élaborer leurs profils internes (annexe. 3)

 

PARTIE IV – CADRE MÉTHODOLOGIQUE

 

IV-1. Type de recherche

Pour répondre à notre problématique qui est de définir en quoi la pratique de l’humanitude constitue pour le soignant un levier dans la relation avec un patient dément présentant un trouble du comportement, il m’a semblé plus pertinent de mettre en place une étude qualitative. Il est en effet indispensable, avant de rechercher et de mettre en place des solutions, d’objectiver les problèmes et lacunes rencontrées par le personnel soignant de l’unité. Pour y parvenir, je vais établir des liens entre la collecte des données, les résultats, le cadre de référence et le contexte.

Choix de l’outil

Nous avons opté pour une étude qualitative afin de recueillir les informations qui vont permettre de mesurer l’impact de la relation de soin dans la prise en charge des patients présentant des symptômes psycho comportementaux. Dans ce sens, nous avons procédé par des entretiens avec des membres du personnel de la résidence An de Wisen. Pour bien mener ces entretiens, nous avons choisi d’utiliser un questionnaire guide d’entretien

Population cible

Les personnes qui seront interrogées font partie de l’équipe. Il s’agira des infirmières, des aides-soignantes, des aides sociofamiliales et les 2 éducateurs qui travaillent en permanence dans l’unité ainsi que le kinésithérapeute et l’ergothérapeute. Il est important que je puisse interroger le plus grand nombre de mes partenaires de soin afin de pouvoir évaluer les difficultés rencontrées par chacun d’eux, leurs représentations et de pouvoir mettre en place en  collaboration un projet de soin .

Il faut cependant considérer que la relation de soins s’élabore entre deux acteurs : le soignant et  le soigné. Pour des informations plus complètes, il nous aurait fallu avec les données obtenues des soignants, des informations venant des résidents. Cependant, la sévérité des troubles cognitifs qui touchent les résidents ne me permet pas de les interroger. 

Pour l’entretien, le public cible est donc composé de personnel au niveau de l’établissement : infirmières, aides-soignantes, aides sociofamiliales, éducateurs, kinésithérapeute, ergothérapeute.

Limites spatiales

Les personnes ciblées dans le cadre d’une collecte d’information par un entretien sont contactées pour une prise de rendez-vous afin de définir leur disponibilité.

 

IV-2. Description de la méthode

Le pré-test

Il sera effectué auprès de deux aides-soignantes qui se trouvent dans l’autre unité de déments. Cela me permettra de réajuster des indicateurs et donc être opérationnelle pour la suite. Une phase de pré-test est utile avant de lancer une enquête sur terrain, car cela permet de mieux ajuster la formulation des questions et de garantir que les items définis pour répondre à la question de recherche soient pertinents.

La difficulté qui se pose sera de justifier ma présence dans la chambre lors de la toilette. Je ferai en sorte de prendre le moment de la toilette pour faire un inventaire des besoins en nouveaux matériels de dotation.

Le questionnaire, guide d’entretien débute par une petite explication concernant les objectifs de ma recherche. Pour les rassurer, je garantirai l’anonymat. Le guide a été élaboré en prenant comme objectif d’emmener la personne interrogée à discuter des difficultés qu’elle ait pu rencontrer dans le métier. Ensuite, nous nous intéressons aux manières c’est-à-dire les solutions qui ont été adoptées par les soignants afin de surmonter les difficultés de prise en charge des patients déments. 

 

Le contenu

Les questions sont simples, ouvertes, fermées et contiennent pour certaines d’autres sous-questions afin de compléter la réponse donnée.

 

Questionnaire soignant :

  1. Quelle est votre fonction ?
  2. Depuis combien de temps travaillez-vous pour l’établissement ?
  • Moins d’1 an
  • 2 ou 3 ans
  • 4 ans et +
  1. Depuis combien de temps travaillez-vous dans le domaine de la santé ?
  • Moins d’1 an
  • 2 ou 3 ans
  • 4 ans et +

 

  1. Votre ancienneté dans la profession vous a-t-elle permis de monter en compétence au niveau de la prise en charge des patients ?

But : Vérifier l’influence de l’ancienneté et l’expérience sur la capacité à répondre aux besoins des patients.

  1. Avez-vous déjà été mené à prodiguer des soins pour une personne âgée ayant des troubles comportementaux agressifs ?

Si OUI : Quelle réaction de votre part face  la situation ?

  • Vous sollicitez l’aide d’autres collaborateurs
  • Vous refusez de prendre en charge la personne pour les prochaines fois
  • Vous assurez la prise en charge, mais en étant démotivé
  • Vous revenez à un moment ultérieur avec une solution
  • Vous avez l’expérience et vous arrivez toujours à remplir votre mission

But : Vérifier les limites de la prise en charge d’un patient dément par un soignant.

  1. Quelles solutions proposeriez-vous aux soignants pour mieux assurer la prise en charge des personnes déments ?

But : recueillir le partage d’expérience des soignants

  1. Qu’évoque pour vous la juste distance ?
  2. En général, de quel type qualifierez-vous votre relation avec vos patients ?

 

  • Relation de proximité
  • Juste distance
  • Éloignement : vous effectuez seulement votre mission et vos devoirs avec vos patients sans rapprochement particuliers avec celui-ci.

But : Évaluer la relation entre soignant et soigné

  1. Pour vous, l’utilisation du toucher est-elle recommandée pour améliorer la prise en charge des patients déments ?

Expliquer votre réponse.

But : Évaluer la perception des soignants sur l’importance du toucher dans le contexte du « prendre soin ».

 

  1. Selon vous, la confiance entre le soignant et le patient est-elle importante pour une meilleure prise en charge ?

      Pourriez-vous expliquer votre réponse ?

  1. Pour vous, le regard a-t-il une importance particulière pour un patient ?
  • Oui
  • Non

Pourriez-vous expliquer votre réponse ?

But : Vérifier la compréhension de la notion de « regard » et son importance au niveau des soignants

  1. Quelles actions ou quels dispositifs sont en place pour promouvoir la verticalité des résidents, notamment les personnes âgées souffrant de démences ?

But : Repérer les actions favorisant la verticalité des personnes âgées démentes afin de les promouvoir par la suite.

  1. Selon vous, la parole d’un soignant peut-elle influer sur la réaction d’un patient présentant des troubles comportementaux ? (réaction favorable ou défavorable)

But : Évaluer la perception des soignants sur l’importance de la parole dans le contexte du « prendre soin ».

  1. Que proposez-vous afin d’améliorer la prise en charge des patients déments ?

But : Détecter des pistes d’amélioration de la prise en charge des résidents déments.

 

IV-3. Analyse et interprétation

Question 1 : Quelle est votre fonction ?

Réponses : 

Question 2 : Depuis combien de temps travaillez-vous pour l’établissement ?

Question 3 : Depuis combien de temps travaillez-vous dans le domaine de la santé ?

Question 4 : Votre ancienneté dans la profession vous a-t-elle permis de monter en compétence au niveau de la prise en charge des patients ?

But des questions : Vérifier l’influence de l’ancienneté et l’expérience sur la capacité à répondre aux besoins des patients.

Réponses :

 

Question 5 : Avez-vous déjà été mené à prodiguer des soins pour une personne âgée ayant des troubles comportementaux agressifs ?

Si OUI : Quelle réaction de votre part face  la situation ?

  • Vous sollicitez l’aide d’autres collaborateurs
  • Vous refusez de prendre en charge la personne pour les prochaines fois
  • Vous assurez la prise en charge, mais en étant démotivé
  • Vous revenez à un moment ultérieur avec une solution
  • Vous avez l’expérience et vous arrivez toujours à remplir votre mission

But : Vérifier les limites de la prise en charge d’un patient dément par un soignant.

Réponses :

 

Pourcentage de patient ayant déjà prodigué des soins à une personne âgée ayant des troubles comportementaux agressifs.

La majeure partie des personnes interrogées a déjà été mené à prodiguer de soins à un patient dément. Leurs attitudes face à la situation diffèrent les uns des autres. 50% de ces soignants ont avoué avoir choisi de solliciter de l’aide venant d’autres collaborateurs dans le cas où ils éprouvent des difficultés à s’occuper d’un patient. En effet, nous avons voulu aller au-delà du simple réponse affirmative ou négative et offert des choix multiples les possibles réactions du personnel soignant. Ce qui nous a donné les résultats du graphe ci-dessus qui nous montre que la seconde réaction des soignants en présence d’un patient difficile est de revenir à un autre moment avec une solution adaptée (21%), cela pour se donner du temps afin de se partager des soucis rencontrés et de penser à une éventuelle solution entre collègues qui auraient déjà vécu une situation similaire.

 

Question 6 : Quelles solutions proposeriez-vous aux soignants pour mieux assurer la prise en charge des personnes déments ?

But : recueillir le partage d’expérience des soignants

Réponses :

Cette question nous donne déjà des pistes de réflexion quant à la manière de « prendre soin ». Ci-après quelques réponses pertinentes à notre contexte :

  • Faire preuve de patience et compréhension envers le patient
  • Établir une bonne entente et une bonne communication avec le patient et son entourage qui peut être d’une aide importante.
  • Développer l’esprit d’équipe au niveau du personnel
  • Prendre du plaisir à faire son travail
  • Respecter le droit de la personne

Question 7 : Qu’évoque pour vous la juste distance ?

Réponses : 

L’ensemble des personnes interrogées a compris le concept de « juste distance ». Seulement, chacun a sa définition de ses limites en ce qui concerne la relation entre le soignant et le patient. Nous allons citer quelques verbatims :

  • «  juste distance est défini par la limite à ne dépasser en ce qui concerne la relation entre un soignant et un patient. »
  • « Juste distance est un concept dans la relation de soin, le soignant doit développer la confiance avec le soigné, il doit exister une relation. Cette relation ne doit en aucun cas être trop intime, car il sera difficile de gérer les émotions, il faut aussi éviter le cas contraire c’est-à-dire l’éloignement qui fera que le soignant ne pourra jamais considérer le patient en tant que personne. »
  • « La juste distance dans la relation soignant-soigné se situe entre la proximité et l’éloignement, seulement chaque soignant a sa propre définition de proximité et parfois il est compliquer de juger la juste distance. »
  • « difficile à définir concrètement, mais c’est le fait d’arriver à instaurer une relation de  confiance avec un patient sans pour autant dépasser le cadre professionnel »
  • « distance à respecter entre un soignant et un patient »
  • « relation soignant-soigné »

Question 8 : En général, de quel type qualifierez-vous votre relation avec vos patients ?

  • Relation de proximité
  • Juste distance
  • Éloignement : vous effectuez seulement votre mission et vos devoirs avec vos patients sans rapprochement particuliers avec celui-ci.

But des questions : Évaluer la relation entre soignant et soigné

Réponses :

Seules 3 personnes ont répondu avoir une relation de proximité avec leurs patients. Selon eux proximité n’est pas intimité. 

  • « Le soignant doit être en mesure de comprendre le soigné et ses besoins, il doit lui apporter un minimum de considération en tant qu’être humain. »
  • « Le soignant est garant du bien-être du patient, une certaine complicité doit obligatoirement naître du contact entre les deux personnes »
  • « Le soignant s’occupe d’un résident sur une longue durée, il peut le faire en rotation avec d’autres collègues, mais afin de gagner la confiance du patient, il faut instaurer une bonne entente, une relation de confiance ».

Question 9 : Pour vous, l’utilisation du toucher est-elle recommandée pour améliorer la prise en charge des patients déments ?

Expliquer votre réponse.

But : Évaluer la perception des soignants sur l’importance du toucher dans le contexte du « prendre soin ».

Réponses :

Sur cette question, l’ensemble de nos interlocuteurs a répondu par l’affirmatif. Pour eux, « prendre soin » nécessite toujours l’intervention du toucher.

  • « Le toucher est une manière de communiquer »
  • « Le toucher est incontournable dans le soin »
  • « Le toucher avec l’expression faciale du soignant permet de mieux communiquer avec un patient » 
  • « Le toucher permet d’instaurer le cadre de la relation soignant-soigné »
  • « Utiliser le toucher n’est pas forcément entrer dans l’intimité, au contraire, le toucher permet de considérer le patient en tant que personne et non seulement en objet de soin ».

Ce qui signifie pour nous que l’ensemble des personnes que nous avons eu en interview ont conscience de l’importance du toucher dans les soins.

Question 10 : Selon vous, la confiance entre le soignant et le patient est-elle importante pour une meilleure prise en charge ?

      Pourriez-vous expliquer votre réponse ?

À cette question également, l’ensemble des personnes interrogées ont répondu par l’affirmatif sur l’importance de la confiance entre le soignant et le patient.

Les explications avancent dans le même sens. La confiance est recherchée par le soignant, car c’est ce qui lui permet d’influencer favorablement le patient à accepter le soin qui lui est indispensable. Lorsque la relation de confiance est instaurée entre le soignant et le patient, la prise en charge des besoins de ce dernier se fait de manière plus facile. Il y a moins de refus de la part du patient et moins d’agressivité. La confiance est la base d’une bonne communication.

 

Question 11 : Pour vous, le regard a-t-il une importance particulière pour un patient ?

  • Oui
  • Non

Pourriez-vous expliquer votre réponse ?

But : Vérifier la compréhension de la notion de « regard » et son importance au niveau des soignants

Réponse :

9 personnes sur 11 ont répondu par oui à cette question. Ils soulignent l’importance du regard pour un patient. Pour eux, il s’agit d’une marque de considération de la personne. 

  • « Lorsqu’on regarde un patient dans les yeux, celui-ci comprend notre préoccupation à son sujet et arrive même parfois à déchiffrer nos émotions. »
  • « Comme la parole et le toucher, le regard est tout aussi important et surtout dans le contexte du prendre soin ».

Les 3 personnes qui ont répondu par un « non » sont conscientes de l’importance du regard, mais eux se focalisent sur un point de vue global dans le sens où ils considèrent un ensemble de comportements et de bonnes pratiques que le soignant doit adopter et non des qualités séparées. 

Dans ce sens, nous allons en déduire que le regard est un élément important dans le concept de « prendre soin », l’action du regard sur un patient fait partie des bonnes pratiques et attitudes à adopter par un soignant.

Question 12 : Quelles actions ou quels dispositifs sont en place pour promouvoir la verticalité des résidents, notamment les personnes âgées souffrant de démences ?

But : Repérer les actions favorisant la verticalité des personnes âgées démentes afin de les promouvoir par la suite.

Réponse :

Sur ce sujet, l’ensemble des interlocuteurs nous renvoie sur les pratiques au quotidien, dont les activités déjà en place. En effet, nous disposons d’un système de prise en charge favorable à la promotion de la verticalité des personnes âgées accueillies dans l’établissement.

Question 13 : Selon vous, la parole d’un soignant peut-elle influer sur la réaction d’un patient présentant des troubles comportementaux ? (réaction favorable ou défavorable)

But : Évaluer la perception des soignants sur l’importance de la parole dans le contexte du « prendre soin ».

Réponse :

À 100%, les personnes interrogées ont répondu par l’affirmatif. 

  • « La parole d’un soignant peut signifier considération, ou insignifiance, froideur, colère, elle reflète le ressenti de la personne. Les paroles d’un soignant peuvent donc calmer le patient ou avoir l’effet inverse, c’est-à-dire mettre une personne mal à l’aise ou même la rendre agressive ».
  • « Une personne bienveillante, dans le domaine du soin, est facilement acceptée par n’importe quel patient, il est plus facile pour cette personne de prodiguer les soins et influencer sur la décision du patient, l’implication de celui-ci dans les activités. »
  • « La parole est tout aussi important que les points du questionnaire abordés précédemment comme le toucher ou le regard ».
  • « La parole, utilisé à bon escient contribue favorablement à la bonne prise en charge des besoins des patients, dont ceux qui souffrent du trouble de comportement ».

 

IV-4. Critiques de la recherche

Les interviews et l’observation furent compliquées, car elles ont été élaborées pendant les congés d’été donc nombre restreint de personnel.

Les points marquants concernant la grille d’observation :

 

  • Difficulté à trouver des prétextes pour observer un soignant pendant la toilette.
  • Emmener la grille d’observation avec moi en chambre qui a suscité des questionnements de la part de certains soignants.

Par rapport à l’interview

  • Absence de lieux de rencontre pour faire mes entretiens.
  • Un taux d’absentéisme élevé du personnel ne leur permettait pas de se détacher de leur travail. 
  • Les entretiens se faisant souvent au moment des repas dans la salle à manger, ce qui a généré un manque de concentration
  • J’ai constaté une méfiance du personnel à répondre faute de mise en confiance et d’information donnée
  • Personnel qui a des difficultés à s’exprimer en français, portugais ou luxembourgeois et qui a donc des difficultés dans la compréhension des questions. J’ai dû très souvent reformuler mes questions.

 

IV-5. Synthèse de l’enquête

L’ensemble du personnel interrogé a répondu favorable à l’objectif de chercher à améliorer la prise en charge des patients présentant des troubles du comportement. Les plus jeunes soignant surtout ont le désir d’apprendre et à monter en compétence dans leur métier. Ils sont conscients de la nécessité de considération des bonnes pratiques du métier, de l’importance d’instaurer une relation de confiance avec le patient. 

Regard, toucher, parole, verticalité, sont les piliers fondamentaux de la philosophie de l’humanitude. Ces 4 piliers sont intégrés dans la pratique au quotidien au sein de l’établissement. Ce qu’il reste à faire c’est de veiller à ce que l’ensemble du personnel assure le respect de la personne et l’évaluation de leur utilisation personnelle des 4 piliers dans leur manière de prise en charge des patients.

 

CONCLUSION

 

La rédaction de ce mémoire fut pour moi une longue période de réflexion et de questionnement. Cela m’a permis de faire le lien entre les cours prodigués tout au long de ma formation. Ce travail de recherche m’a permis de me pencher sur une problématique constatée dans l’unité où j’exerce actuellement comme infirmière. De par de longues réflexions et d’analyses, j’ai pu en dégager une question de recherche : « En quoi la pratique de l’humanitude constitue-t-elle pour le soignant un levier dans la relation avec un patient dément présentant un trouble du comportement ? ». Pour y répondre j’ai commencé par décrire le contexte dans lequel j’exerce. Les nombreuses lectures et recherches bibliographiques m’ont permis d’approfondir mes connaissances sur le thème abordé. J’ai pu décrire la vision du soignant de son patient et sa maladie ou son handicap. C’est cette vision qui oriente la conduite d’un soignant envers son patient, autrement dit, le regard porté par le soignant sur une maladie peut constituer soit des freins soit des facteurs favorables dans la prise en charge d’un patient atteint de la maladie. Le fait de « prendre soin avec humanitude » est un concept innovant. Ce concept offre les éléments et pratiques à considérer pour assurer la qualité des soins en complément des dispositifs déjà en place, comme l’utilisation de techniques comme la zoothérapie, l’aromathérapie, la kinaesthetic, qui permettent d’augmenter la motivation des patients et leur participation aux activités proposées. Ces techniques sont adaptées pour une meilleure prise en charge des patients, surtout en considérant l’aspect émotionnel. Afin de garantir la qualité des soins, le soignant doit développer lui-même certaines qualités personnelles concernant sa personne : l’écoute active, l’empathie, la congruence ou le fait de se montrer sincère et authentique, la capacité à adopter un regard inconditionnel positif, l’acceptation de soi et de l’autre. Il est aussi important que le soignant puisse créer des liens de confiance avec le patient.

Grâce aux entretiens, j’ai pu répondre à la question de recherche. Ces entretiens ont permis à l’équipe soignante de s’exprimer par rapport à leur expérience, leurs vécus, leur métier.

Grâce à notre recherche nous avons conclu qu’un projet de qualité devait être mis en place. Il aura pour but d’apporter des outils qui permettront une prise en charge adaptée à chaque résident en tenant compte de leurs pathologies, de leurs troubles. Ce projet n’est pas lancé à ce jour. La conjoncture économique actuelle de la résidence, la restructuration de la direction et du personnel ne permet pas d’aborder de nouveaux projets. Je peux pour le moment imaginer un projet de service basé sur 2 points : favoriser des réunions interdisciplinaires, permettre d’adopter, de s’informer de la prise en charge des patients et la formation à la philosophie de l’humanitude visant à améliorer la qualité des soins. La création d’un comité de pilotage permettrait de convaincre et de faire adhérer le personnel à ce projet.

 

BIBLIOGRAPHIE

 

MÉMOIRES

  • OURNAY A., Les représentations et les connaissances du personnel de soins de l’Harscamp sur les démences et l’humanitude: Etat des lieux et proposition d’amélioration, TFE Cadre de santé, 2013, Centre de formation pour les secteurs infirmiers et de santé, Bruxelles, 135 p.

 

  • CARMENTRE A., En modifiant le regard porté sur la personne démente, nous changeons la relation, TFE Cadre de santé, 2012, Nancy, 130p.

 

ARTICLES

  • FABREGAS, B. Face à l’agitation et à l’agressivité. Soins gérontologiques n 46, p. 29

 

  • AVET S. La prise en soins d’un patient atteint de la maladie d’Alzheimer, au travers de situations spécifiques. Neurologie/Psychiatrie/Gériatrie, 2008, n 43, p17-26.

 

LIVRES

 

  • PAILLARD c., Dictionnaire des concepts en soins infirmiers ,Editions Setes, Noisy-le-Grand, 2015, 522 p. 

 

  • GROSJEAN P., DUVERNOIS F., Elaborer et mettre en œuvre un projet de service : Guide pratique et méthodologie, Editions Masson, Paris, 2000,168 p.

 

  • PHANEUF M., la relation soignant- soigné : rencontre et accompagnement, Editions Cheneliere, Education, Paris, 2011, 306 p.

 

  • AMAR B., GUEGUEN JP., Nouveaux cahiers de l’infirmière : Concepts et théories, démarche de soins, Editions Masson, Paris, 2007, 243 p.

 

  • HERVY MP., Nouveaux cahiers de l’infirmière : gérontologie, gérontopsychiatrie, Editions Masson, Paris, 2009, 190 p.

 

  • GINESTE Y., PELISSIER J., Humanitude : comprendre la vieillesse, prendre soin des hommes vieux, Editions Colin, Paris, 2014, 319 p. 

 

  • HESBEEN W., Le caring est-il prendre soin ? Revue Perspective soignante, Ed. Seli Arslan, Paris 1999, n°4

 

  • ROGERS C. Le développement de la personne, Edition Dunod, 1998, 274 p

 

  • Alexandre MANOUKIAN, Anne MASSEBOEUF, Soigner et accompagner- La relation soignant-soigné, France : La marre, 2008, Page 9

 

  • C. Paillard, La reformulation. Dictionnaire des concepts en soins infirmiers, 522 p

 

  • Sigmund Freud, Introduction à la psychanalyse. (3ème partie) p. 164, Edition électronique, 180 p

 

  • Walter Hesbeen, Prendre soin à l’hôpital, inscrire le soin infirmier dans une perspective soignante, Masson, Paris, 1997, p. 8

 

  • Ph. Perrenoud, Enseigner, agir dans l’urgence décider dans l’incertitude, Paris : ESF Editeur,  1996

 

  • Cécile Dejoux, Gestion des compétences et GPEC, édition Dunod

 

SITES INTERNET

 

 

  • André Buffadini (directeur de la résidence An de Wisen), La RÉSIDENCE POUR PERSONNES ÂGÉES an de wisen a été entièrement conçue et réalisée par Sodexo, http://an-de-wisen.sodexoseniors.lu/

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  • Association nationale des infirmiers et infirmières luxembourgeoises, Règlement grand-ducal du 21 janvier 1998 portant sur l’exercice de la profession d’infirmier, http://www.anil.lu/reglement_210198.php

 

 

COURS

  • Développement de la qualité, Mme MODERT Module 5, 2eme année

 

  • Méthodologie de la recherche appliquée aux soins de santé, 3ème année, Mme Habran et Mr Lothaire

 

ANNEXES

Annexe 1.

Annexe 2.

Annexe 3.

 

 

Mémoire de fin d’études de 81 pages.

24.90

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