Mémoire portant sur la protection de l’environnement sur le long terme et le tourisme durable : Que retenir des expériences menées ?
Titre : Protection de l’environnement sur le long terme et tourisme durable : Que retenir des expériences menées ?
Résumé
Le tourisme est un levier de l’économie de nombreux pays dans le monde. Mais en même temps, il peut aussi causer des impacts considérables notamment sur l’environnement. C’est ainsi qu’est né le concept de tourisme durable qui tente à la fois de développer le tourisme tout en veillant à protéger l’environnement, à assurer un partage équitable des avantages du tourisme avec les communautés locales et la protection de leur patrimoine culturel outre les avantages économiques. Pour atteindre ce but, plusieurs acteurs se sont lancés dans la protection de l’environnement sur le long terme. Notre étude a pour objectif de déterminer en quoi la protection de l’environnement pourrait-elle affecter la durabilité du tourisme. Pour ce faire, l’étude de cas a été choisie. Trois destinations touristiques notamment, Dubaï, Madagascar et La Réunion ont été choisie pour faire l’objet de l’étude. Dans tous les cas, de manière directe ou non, les promoteurs du tourisme se sont lancés dans une démarche de protection de l’environnement pour améliorer son image vis-à-vis des acteurs externes et surtout vis-à-vis des consommateurs qui se montrent vigilants quant à la responsabilité sociétale de l’entreprise qui fournit les produits et les services touristiques. Cependant, ces démarches de protection de l’environnement n’ont eu que des faibles impacts sur le développement du tourisme. Certes, elles permettent de s’assurer de la durabilité de l’activité, mais cela se fait au détriment de la visibilité du site touristique. La protection de l’environnement entre parfois en contradiction avec la vision de la population locale, ce qui conduit à un conflit et à une démotivation des communautés locales à participer au développement touristique. Or, la non-participation des communautés locales aux activités touristiques ne permet pas la durabilité de celle-ci. Ainsi, le volet environnemental du tourisme durable est théoriquement efficace, mais il reste difficile à mettre en place en pratique.
Mots-clés : tourisme durable, communautés locales, environnement, Dubaï, Madagascar, La Réunion
Introduction
Le tourisme, une activité en pleine essor, constitue un des leviers économiques de plusieurs pays dans le monde. Il générait en 2010, plus de 200 millions d’emplois directs et représentait 12% du PIB mondial. Ces dernières années, les pays du Sud se sont aussi tournés vers cette activité économique pour se développer. Les prévisions de l’Organisation Mondiale du Tourisme (OMT) laissent à penser que les activités touristiques et le nombre de touristes vont encore augmenter pour les années à venir (Minvielle et Minvielle, 2010 : 187). Dans un contexte d’intensification du tourisme, des problèmes environnementaux et sociaux peuvent aussi surgir. C’est pour prévenir les effets néfastes que pourraient avoir le tourisme de masse qu’une autre forme de tourisme a été créé. Il s’agit du tourisme durable.
La notion de tourisme durable a été inspirée de la notion de développement durable1. Le tourisme durable tente donc de transposer à la filière tourisme les critères de durabilité définis auparavant. Parmi ces critères se trouvent la protection de l’environnement. L’émergence de la notion de tourisme durable a causé une vague de changement dans le comportement des touristes que dans celui des prestataires de services. De plus en plus d’étude se sont intéressées à la manière avec laquelle, les prestataires de services et les concepteurs de produits touristiques s’emploient pour assurer la durabilité de leurs activités. D’autre part, des approches pour évaluer la durabilité de la pratique touristique ont été mises au point2. De plus en plus d’acteurs se lancent dans la mise en place de pratiques plus responsables et les intègrent dans leurs stratégies de communication pour attirer plus de touristes. Ces derniers ont aussi changé de comportement et se montrent plus intéressés par les pratiques des prestataires de services.
Dans cette optique, l’analyse des impacts des activités touristiques sur la qualité de l’environnement a été fréquemment évoquée. Le respect de l’environnement constitue en effet, un des critères permettant aux acteurs de définir que la pratique touristique est durable ou non. Le monde a pris conscience en effet, du changement climatique et des effets de ceux-ci. Dans cette optique, le tourisme fait partie des activités qui est fortement influencée par le changement climatique mais en même temps, il peut aussi participer à ce phénomène à travers l’émission de gaz à effet de serre. En septembre 2007, la conférence mondiale sur le tourisme à Davos a mis en évidence la contribution du tourisme dans le changement climatique. A partir de ce moment, les chercheurs se sont également penchés sur les interactions entre changement climatique et tourisme. Cela a été un point de départ pour étudier les relations entre environnement, changement climatique et tourisme3.
La présente étude s’inscrit aussi dans cette démarche de compréhension des relations entre tourisme et qualité de l’environnement. Il a été observé que de nombreuses études se sont penchées sur la question des impacts environnementaux du tourisme sur l’environnement. Cependant, très peu parmi elles se sont intéressées à la question de savoir les impacts des démarches de protection de l’environnement sur le développement et la durabilité du tourisme. Notre étude tente donc de répondre à la question suivante : en quoi la protection de l’environnement pourrait-elle affecter la durabilité du tourisme ?
Cette première question amène à d’autres réflexions. Le tourisme durable contraint les acteurs du développement touristique à considérer le volet environnement. Premièrement, la question qui se pose est donc de savoir si le développement touristique pourrait être compatible avec les contraintes liées à la protection de l’environnement. Deuxièmement, comme le tourisme durable ne vise pas seulement la protection de l’environnement, mais vise également le développement local alors est-ce que la politique développée pour mettre en place un tourisme durable est efficace pour protéger l’environnement et pour contribuer au développement durable des communautés dans les destinations touristiques ?
Pour répondre à ces questions, nous allons donc procéder dans un premier temps à l’analyse de la notion de tourisme durable et de sa mise en œuvre au niveau des destinations touristiques. Dans cette partie, nous allons faire une comparaison entre tourisme de masse et tourisme durable pour bien saisir la notion et les contraintes que cela exige. La deuxième partie de notre étude va porter sur les enjeux de la mise en place d’un tourisme durable face à la dégradation de l’environnement et le changement climatique. C’est à ce niveau que nous allons expliquer comment le tourisme pourrait impacter sur la qualité de l’environnement. Elle va mettre en lumière toutes les difficultés subies pour mettre en place un tourisme durable. Enfin, dans la troisième partie, nous allons faire une étude des stratégies de protection de l’environnement et de développement touristique au niveau de trois destinations touristiques notamment, Dubaï, Madagascar et La Réunion.
Partie 1. La naissance de la notion de tourisme durable et son application au niveau des destinations touristiques
-
La notion de tourisme durable
-
Définition générale du tourisme durable
-
Le volet environnemental
Les ressources naturelles sont des produits touristiques non négligeables dans la mesure où elles intéressent la plupart des touristes et constituent en même temps, un des critères de choix de la destination touristique. La biodiversité est désormais devenue un produit de consommation mis à l’avant par les prestataires touristiques afin d’attirer les consommateurs principalement constitués par les populations riches du Nord (Kieffer, 2011 : 340).
Depuis, la constatation des impacts néfastes du développement du tourisme sur l’environnement, les acteurs touristiques notamment, l’Organisation Mondiale du Tourisme (OMT) a souligné la nécessité de prendre en compte le respect de l’environnement dans le cadre du tourisme durable. C’est ainsi qu’est né le concept d’écotourisme qui parle d’une forme de tourisme qui tient compte à la fois du développement économique, et de la protection de l’environnement. Dans ce cadre, il est important que les acteurs du tourisme s’impliquent dans la conservation des aires naturelles, de la faune et de la flore et faire en sorte que la venue des touristes ne porte pas atteinte à l’intégrité de celles-ci (Leroux, 2010 : 234 – 236).
L’écotourisme peut être défini comme étant une forme de tourisme développée au sein d’aires naturelles et ayant pour objectifs la connaissance, l’appréciation et la valorisation de la nature et de la culture locale. La conservation des aires naturelles devient de ce fait, un des critères indispensables pour le développement de l’écotourisme. Mais outre à cela, cette forme de tourisme appelle l’intervention et la participation active des communautés locales, ce qui génère des bénéfices pécuniaires pour celles-ci (Drăgulănescu et Druţu, 2012 : 199).
Le tourisme en effet, est une source de devises étatiques et a permis même de redresser l’économie de nombreux pays. Mais si son implication dans le développement économique est indiscutable, il n’en est pas de même en ce qui concerne ses impacts environnementaux. Il a été observé en effet, le tourisme génère 4% à 10% des gaz à effet de serre via les transports (François-Lecompte et Prim-Allaz, 2009 : 309). D’autre part, il y a la création et l’entretien d’infrastructures et équipements touristiques. Parmi eux se trouvent des complexes aquatiques, les hôtels, etc. qui demandent l’utilisation de nombreuses ressources en termes
1 François – Lecompte, A. et Prim-Allaz, I. 2010. Tourisme durable : quelles représentations en ont les consommateurs français ? International Conference on marketing trends, Venise, Italie, https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00470569
2 Arcuset, L. 2009. « Logiques touristiques en station de haute-montagne : quelles évolutions possibles vers la durabilité ? », Revue de géographie alpine, 97 (3), http://rga.revues.org/1032
3 Ceron, J-P. et Dubois, G. 2009. Développement touristique de l’Outre-Mer et dépendance au carbone, https://www.reserchgate.net/publication/227380884
Mémoire de fin d’études de 84 pages.
€24.90