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Mémoire portant sur la RSE: Un levier de la gestion des carrières, cas de la BNP Paribas

Problématique : En quoi la RSE est-elle un levier de la gestion des carrières ? Etude du cas de BNP Paribas ?

Introduction générale

Dès le début des années 2000, de nombreuses multinationales se sont engagées dans des actions de Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE). Par la suite, les entreprises de plus petite taille ont suivi leur exemple et actuellement, ce processus est adopté par presque toutes les entreprises peu importe leur domaine d’activités (Leblicq, 2009 : 9). Une étude menée par l’Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques (INSEE) en 20121 a permis de constater que 64% des entreprises employant plus de 50 salariés sont déjà familières avec la notion de RSE. 52% des entreprises enquêtées perçoivent qu’elles sont déjà impliquées dans la mise en œuvre de la RSE. Néanmoins, ce sont toujours les grandes entreprises qui sont les plus impliquées dans ces démarches et le degré d’implication varie en fonction des secteurs d’activité. Ainsi, les entreprises de l’énergie et de l’environnement ainsi que les industries agroalimentaires se montrent beaucoup plus engagées que les entreprises de du commerce ou de la manufacture.

Dans ce processus, ce ne sont pas uniquement les entreprises qui se sentent concernées mais aussi les acteurs externes : fournisseurs, consommateurs, organismes non gouvernementaux (ONG), etc. Désormais, la RSE est devenue un phénomène de société. Pour illustrer ce fait, en 2012, 56% des Français pensent que la RSE est très importante. En effet 7 Français sur 10 pensent que ce processus est source de performance économique et financière pour les entreprises2. Selon l’étude menée par Cone Communications et Echo Global sur 10 000 consommateurs américains, canadiens, brésiliens, anglais, français, allemands, russes, chinois, indiens et japonais, les consommateurs actuels sont de plus en plus conscients des effets négatifs des activités des entreprises. Par conséquent, ils recherchent surtout des produits et des services respectueux de l’environnement et ayant des impacts sociaux positifs3.

Mais si les différentes parties prenantes s’accordent sur la nécessité que les entreprises adoptent des démarches RSE, les retours sur investissement de telles démarches fait toujours débat. En effet, de nombreuses questions se posent concernant la rentabilité de ces activités et la durabilité de celle-ci4. D’autre part, l’adoption de démarches RSE est source de bouleversements au sein de l’entreprise. Pourtant, peu d’études se sont intéressées aux impacts de telles démarches sur la gestion des ressources humaines. La présente étude a alors pour objectif de déterminer les implications de la RSE dans les démarches de gestion de carrières.

Pour ce faire, elle se focalise sur une entreprise déterminée : un établissement financier : BNP Paribas. Depuis deux siècles, le groupe BNP Paribas a proposé ses services en Europe puis dans le monde entier. Actuellement, le secteur bancaire traverse une période difficile depuis le début de la crise financière de 2007 – 2008. Le 14 septembre 2008, la banque d’investissement Lehman Brothers fait faillite5, entraînant avec elle, une crise économique importante. Cela démontre d’une part que le secteur financier est instable et que les banques devraient donc faire face à plusieurs risques. Elles doivent également faire face à la demande des consommateurs pour être à la fois, responsable, moderne et innovant. Dans ce cadre, la question qui se pose est la suivante : En quoi la RSE est-elle un levier de la gestion des carrières ? Afin de répondre à cette question, nous allons aborder dans la première partie de cette analyse, la notion de RSE et son application au sein des banques. La deuxième partie va développer les relations entre la RSE et la gestion des carrières. La dernière partie sera consacrée à l’analyse des défis de la mise en place de la RSE et aux recommandations.

Partie 1. La notion de RSE et son application au sein des banques

Introduction partielle (0,7)

La RSE a fait l’objet de nombreuses études ces dernières années. En parallèle, nous avons observé que de nombreuses entreprises se sont aussi lancées dans la mise en place de démarches RSE. L’objectif de cette partie est donc de démontrer les différentes démarches pouvant être envisagées pour réaliser la RSE. Mais elle va se concentrer principalement sur les manifestations de la RSE au sein de BNP Paribas. Pour y arriver, nous allons développer d’abord la notion de RSE. Dans cette optique, les trois dimensions de la RSE seront analysées. Après cette généralité, les actions spécifiques de mise en œuvre de la RSE au sein de l’entreprise BNP Paribas seront étudiées. Le mode de fonctionnement des banques sera abordé afin de déterminer les axes possibles de réalisation de RSE. Puis, les spécificités des actions RSE menées par BNP Paribas seront développées.

  1. Généralités sur la RSE

  1. Un essai de définition de la notion de RSE

La notion de responsabilité sociétale de l’entreprise (RSE) est une notion polysémique. De même, les actions de RSE varient d’une entreprise à une autre en fonction de son secteur d’activité, de sa taille, de son organisation, etc. Dans cette optique, la définition de la RSE est une entreprise assez complexe. Il semble donc intéressant d’analyser ici quelques aspects de cette hétérogénéité de l’acception de la RSE et des contradictions fréquemment rapportées concernant cette notion. De Cordt (2008 : 5) tente de mettre en relief la différence ou la nuance pouvant exister entre l’acception de la notion de RSE d’un pays à un autre. Pour illustrer ce fait, il rapport la définition de la Commission européenne qui souligne le fait que la RSE correspond à « l’intégration volontaire par les entreprises de préoccupations sociales et environnementales à leurs activités commerciales et à leurs relations avec leurs parties prenantes », tandis que la Commission interdépartementale du développement durable en Belgique parle d’  « un processus d’amélioration dans le cadre duquel les entreprises intègrent de manière volontaire, systématique et cohérente des considérations d’ordre social, environnemental et économique dans leur gestion en concertation avec leurs parties prenantes ». Les deux parties soulignent l’importance de la notion de parties prenantes, de la volonté et des préoccupations sociales, environnementales et économiques comme étant à la base de la RSE. Pourtant, si pour la Commission Européenne, il s’agit d’une préoccupation supplémentaire aux activités commerciales, la Commission interdépartementale du développement durable insiste sur une démarche qui impacte sur la gestion.

Les pays anglo-saxons pour leur part ne parlent pas toujours du corporate social responsibility pour désigner la RSE, mais adoptent l’appellation « corporate citizenship ». Cette notion renvoie à la citoyenneté et donc à un autre statut de l’entreprise au sein de la société : un citoyen comme un autre. Les entreprises dans ce cadre, ne sont pas amenées à se lancer dans des négociations avec leurs parties prenantes, mais doivent également se considérer elles-mêmes comme étant des parties prenantes de la société, du gouvernement et de l’Etat. C’est la raison pour laquelle, leurs actions ne peuvent aucunement entrer en contradiction avec les objectifs et la politique générale de l’Etat en ce qui concerne les enjeux climatiques, les enjeux sociaux, les enjeux économiques. En tant que citoyen, les entreprises doivent faire en sorte que leurs actions aillent de pair avec la politique générale de l’Etat pour le développement durable. Il faut noter en effet, que les pouvoirs de l’Etat ont fortement rétréci ces dernières décennies tandis que les rôles et les charges de l’entreprise se sont intensifiés. Désormais, leurs activités impactent sur le développement de la société, la qualité de l’environnement, la santé publique, voire même dans la stabilité politique et économique de l’Etat. Les entreprises actuelles sont donc amenées à considérer sur la manière la plus adaptée pour contribuer au développement de la société6. Il est donc évident que les attentes de la société vis-à-vis des entreprises varient dans les pays européens et aux Etats-Unis (Pestre, 2013 : 25).

L’acception de l’entreprise comme étant citoyenne et dont le rôle pour l’Etat augmente sans cesse est également source de controverse. D’une part, l’entreprise en tant qu’acteur économique ne peut avoir des objectifs désintéressés. L’entreprise assure d’abord un rôle économique et dans ce sens, elle doit générer des profits à long terme. L’Etat pour sa part, a pour rôle d’assurer le bien-être de son peuple. Or, la RSE veut que les deux entités travaillent ensemble dans un objectif commun. Pourtant, en veillant à soigner son image et à attirer les consommateurs par une autre stratégie de communication à travers la RSE, l’entreprise semble ne pouvoir poursuivre un objectif désintéressé et volontaire car, à travers la démarche de RSE, elle tente toujours une finalité économique7.

Brabet (2010 : 31) propose la définition de la RSE dans le contexte des entreprises européennes comme étant « une démarche volontaire des entreprises, en particulier des entreprises cotées et transnationales, susceptible de répondre aux défis posés par le développement durable dans un contexte de mondialisation ». Cette définition proposée par Brabet souligne deux faits inhérents au RSE : la volonté de l’entreprise de se lancer ou de s’engager dans telle ou telle démarche et deuxièmement, le développement durable. Ce dernier fait souligne une modification du statut ou des objectifs de l’entreprise au sein de la société. Si l’entreprise est principalement connue pour vendre des services et des produits afin de faire des profits, ce seul objectif semble être devancé par la notion de RSE. Désormais, l’entreprise est acceptée comme étant une entité qui ne vise pas uniquement le profit, mais aussi le développement durable de la société au sein de laquelle elle s’implante. Se pose alors

1 MEDEF. (2012). L’INSEE publie une étude sur l’appropriation des démarches RSE dans les PME, http://www.medef.com/medef-tv/dossiers/agenda/article/linsee-publie-une-etude-sur-lappropriation-des-demarches-rse-dans-les-pme.html

3 Diers, M. (2013). Etude 2013 sur la perception de la RSE par les consommateurs, http://e-rse.net/etude-2013-perception-rse-consommateurs-3991/#gs.Pv3KsZ0

6 Schwab, K. (2008). Global corporate citizenship : working with governments and civil society, http://businessinsociety.net/files/Foreign_Affairs_-_Global_Corporate_Citizenship_-_Klaus_Schwab-1.pdf

7 Dhaouadi, I. (2008). « La conception politique de la responsabilité sociale de l’entreprise : vers un nouveau rôle de l’entreprise dans une société globalisée », Revue de l’organisation responsable, 3 (2), http://www.cairn.info/revue-de-l-organisation-responsable-2008-2-page-19.html

Mémoire de fin d’études de 76 pages.

24.90

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