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Mémoire portant sur l’adaptation des gauchers.

SOMMAIRE

INTRODUCTION 2
PARTIE I. LES DIFFICULTES D’ADAPTATION DU GAUCHER PAR RAPPORT A L’ECRITURE ET A L’INSTRUMENT DE MUSIQUE 3
CHAPITRE 1. EVOLUTION DE LA CONCEPTION DU GAUCHER 3
SECTION 1. HISTOIRE ET ACCEPTATION DU GAUCHER DANS LA SOCIETE 3
1. LES GAUCHERS A TRAVERS L’HISTOIRE ET LA CIVILISATION 3
2. CONCEPTION DU GAUCHER DANS LA SOCIETE 4
SECTION 2. COMPORTEMENT D’UN INDIVIDU GAUCHER 8
1. CARACTERISTIQUES D’UN GAUCHER 8
2. LE GAUCHER ET L’INTELLIGENCE 11
CHAPITRE 2. LES TENDANCES DU GAUCHER, SOURCES DE CONTRARIETES 13
SECTION 1. DIFFERENCE D’INTERPRETATION DES CODES PAR RAPPORT A L’ECRITURE ET A L’INSTRMENT DE MUSIQUE 13
1. APPRENTISSAGE DE L’ECRITURE 13
2. ORIENTATION DANS L’ART: L’INSTRUMENT DE MUSIQUE 17
SECTION 2. PROBLEMES DE COMPORTEMENTS, PSYCHOLOGIQUES ET MORPHOLOGIQUES 17
1. LA GAUCHERIE CONTRARIEE 18
2. LA DYSLEXIE 18
3. DYSLEXIE ET TROUBLES PSYCHOPATHOLOGIQUES 20
4. PROBLEMES MORPHOLOGIQUES 22
5. LA PHOBIE SCOLAIRE 22
PARTIE II. LE DEVELOPPEMENT DE COMPETENCES DE L’INDIVIDU GAUCHER A TRAVERS L’ECRITURE ET L’INSTRUMENT DE MUSIQUE 25
CHAPITRE 3. STRATEGIES D’APPRENTISSAGE ET D’ADAPTATION D’UN INDIVIDU GAUCHER 25
SECTION 1. UN ENCADREMENT APPROPRIE 25
1. RESPECT DU CHOIX D’UTILISATION DE LA MAIN GAUCHE 26
2. SUIVI SCOLAIRE RAPPROCHE ET ENCOURAGEMENT 26
3. OUTILS ET TECHNIQUES D’ENSEIGNEMENTS ADEQUATS 27
SECTION 2. DEVELOPPEMENT PAR LE DEFI ET LA CONFIANCE EN SOI 28
1. ANATOMIE FONCTIONNELLE DU GAUCHER 29
2. SPECIFICITE ANATOMIQUE: COLLABORATION RAPPROCHEE ENTRE LES DEUX HEMISPHERES DU CERVEAU 32
3. LA CONFIANCE EN SOI 32
SECTION 3. DEVELOPPEMENT PAR LA PASSION ET LA MOTIVATION: EXEMPLE DE L’INSTRUMENT DE MUSIQUE 32
1. AVANTAGES D’ETRE GAUCHER 33
2. PRATIQUE DE L’INSTRUMENT DE MUSIQUE 36
CHAPITRE 4. ARBITRAGE PSYCHOLOGIQUE ET PEDAGOGIQUE 39
SECTION 1. DEVELOPPEMENT PAR L’APPRENTISSAGE 39
SECTION 2. DEVELOPPEMENT PAR LE CULTUREL 41
CONCLUSION 42

 

INTRODUCTION

Le gaucher s’oppose par définition au droitier. La gaucherie est une caractéristique des individus qui ont des préférences dans l’utilisation des parties gauches de leur anatomie. Il peut s’agir des membres, de l’oreille, de l’œil. Cette particularité dépend de qu’elle soit partielle ou totale. Dans la plupart des cas observés et qui font l’objet de cette étude, on rencontre souvent le gaucher dans sa préférence pour sa main gauche, notamment dans l’éducation, dont l’apprentissage de l’écriture et celui de l’instrument de musique.

Affirmer d’être gaucher n’est qu’une liberté récente. Pendant longtemps, du fait des superstitions et croyances amorcées par la religion, les individus gauchers n’ont pas toujours été bien accueillis dans la société. De même, les «gauchers contrariés» sont les fruits d’un acharnement initié au niveau de l’enseignement pour convertir les enfants gauchers. Cela provoque autant de difficultés chez l’enfant tant psychologiques, intellectuelles et comportementales.

Plus de la majorité de la population mondiale est faite d’individus droitiers. Ce qui fait que le gaucher est une exception et une particularité, d’une part ; et d’autre part, le droitier est la règle, la norme que dans ce cas, le gaucher doit s’efforcer de suivre. Ce qui pose un certain nombre de dilemme à l’encontre de l’individu gaucher. Se situant dans le cadre de son éducation, d’un côté, le sujet gaucher éprouve une difficulté plus qu’évidente pour s’adapter aux codes de l’écriture du fait de son sens et de sa tendance d’écriture en miroir. Ce qui fait qu’il doit faire plus d’effort que ses autres camarades dans son apprentissage. D’un autre côté, un des fait marquants de cette spécificité, on remarque que les individus gauchers ont une aisance à épanouir leur côté artistique et culturel, tel l’exemple de l’instrument de musique. C’est entre autre un moyen de développer leurs compétences.

Comment apprendre à un sujet gaucher à surmonter ses difficultés d’adaptation aux codes de l’écriture et aux techniques propres aux instruments de musique et comment encourager le développement de ses compétences ? C’est autour de cette question que se construit cette étude qui tend à démontrer que l’apprentissage est la clé de la maîtrise de la gaucherie. La particularité d’être gaucher impose un certain nombre de défis à surmonter : les gauchers contrariés du fait de l’histoire et de l’incompréhension du système éducatif même, la maîtrise d’une tendance contraire à la règle de l’écriture, la problématique du comportement, de la morphologie et de la psychologie de l’individu gaucher (partie I), le développement des compétences à travers l’écriture et l’instrument de musique (partie II). Les recherches ont été menées en majeure partie sur internet, se basant sur les études et travaux menés par des auteurs, spécialistes et des forums sur le comportement gaucher. 

 

Partie I. LES DIFFICULTES D’ADAPTATION DU GAUCHER PAR RAPPORT A L’ECRITURE ET A L’INSTRUMENT DE MUSIQUE

Les difficultés du gaucher se situent en grande partie dans l’apprentissage de l’écriture, étant donné que l’apprentissage d’un instrument de musique n’obéit pas en général à des codes spécifiques. Pareillement au droitier, le gaucher est doté d’un sens inné des façons de faire. Si le droitier va de gauche à droite, le gaucher par contre va de droite à gauche. C’est surtout une question d’anatomie, principalement au niveau de la commande et de la forme du cerveau. Avant de venir à ce sujet, il est nécessaire de situer le gaucher dans la société.

 

Chapitre 1. EVOLUTION DE LA CONCEPTION DU GAUCHER

Etre gaucher n’est ni un handicap, ni une anomalie, mais une caractéristique physiologique, une différence gestuelle et mentale à prendre en compte. La majeure partie de la population est droitier et les gauchers ne représentent qu’un pourcentage inférieur, comptant environ entre 8% et 15% de la population dans le monde, estimé en France en 2005 à 13% de la population.

Le fait d’être gaucher est génétique, mais on sait aussi que la testostérone (hormone masculine) joue un rôle là-dedans. On peut être gaucher de la main, mais droitier du pied, ou de l’œil. Ainsi, il y a des gauchers homogènes et des gauchers hétérogènes. En réalité, nous remarquons surtout les gauchers de la main, car cela peut poser des problèmes pour l’écriture.

 

Section 1. HISTOIRE ET ACCEPTATION DU GAUCHER DANS LA SOCIETE

 

  1. LE GAUCHER A TRAVERS L’HISTOIRE ET LA CIVILISATION

Des études effectuées sur les peintures rupestres datant de l’âge de pierre montrent une prédominance pour la main gauche, et ce, jusqu’à l’accès aux outils. Dès lors, il semblerait que la main droite fut favorisée, peut-être en raison de la trajectoire du soleil dans le ciel, et le besoin de profiter au maximum de cette source lumineuse dans l’hémisphère nord.

 

  • Le sujet est récurrent pendant des siècles

Les Romains avaient quelque peu diabolisé la gauche. En latin, sinister désignait le côté gauche et menaçant, alors que dexter équivalait à la droite. Ce qui n’a cependant pas empêché le grand Jules César d’être gaucher ! Ni 10 % d’artisans de la Rome antique de pratiquer leur art avec habilité de la main gauche.

Dans la Chine impériale, ainsi que dans les pays arabes, 8 % de la population étaient gauchers. Aujourd’hui, le pourcentage a très peu varié : 13 % en France et 12 % aux États-Unis. Dans la Grèce ancienne, on retrouve une organisation analogue des préférences gauche/droite. Une analyse de la signification de la droite et de la gauche dans L’Iliade et L’Odyssée anticipe les croyances de la Bible. Ainsi, les augures venant de la droite indiquent un bon présage, tandis que ceux venant de la gauche sont défavorables.

 

  • à l’internationale

Dans les pays nordiques, les superstitieux assurent que rencontrer un gaucher un autre jour que le mardi porterait malheur. En effet, mardi ou Tiw’s Day est le jour du dieu gaucher des scandinaves.

Le terme arabe yamin est dérivé du verbe yamana qui signifie avoir de la chance, mais aussi aller à droite. Yamin prend son sens avec la pratique du serment qui doit être fait avec la main droite. Le nom du pays situé au sud de l’Arabie Saoudite, le Yémen, vient du nom donné à la droite. Le Yémen était considéré dans l’Antiquité comme le paradis de l’Arabie, la terre de la fortune. C’est le pays du Sud, celui que chaque Arabe tourné vers le soleil levant a à sa main droite.

À l’inverse, la terre du Nord, située à sa main gauche, la Syrie, terre d’infortune et de malheur, se dit en arabe as-sa’m. Son étymologie est liée à s’um qui veut dire la « malchance et la mauvaise fortune ». On retrouve cette assimilation sud/droite et nord/gauche en hébreu. La tribu des Benjaminites (Ben-yamin) sont les fils de la main droite, fils du Sud, alors que les Sim-alites, les fils de la main gauche et du Nord. Les Bédouins installent les femmes à gauche de la tente, les hommes se réservant la partie droite.

Les natifs de Nouvelle-Guinée ne touchent jamais du pouce gauche les carafes, de peur que cela n’empoisonne la boisson. Les tribus africaines des bords du fleuve Niger ne permettent pas aux femmes de préparer le repas avec la main gauche, car ils craignent la magie noire. Au Japon, il y a quelques décennies, avoir une épouse gauchère était une cause suffisante de divorce.

Et pour finir, une touche positive : chez les bouddhistes, la gauche signifie sagesse. Pour méditer, on place la main gauche sous la main droite, pour symboliser que la sagesse est la base sur laquelle repose toute la spiritualité.

 

  1. CONCEPTION DU GAUCHER DANS LA SOCIETE

Plusieurs auteurs ont mené des études et enquêtes sur la vie des gauchers. Entre autre, cette section fait référence en grande partie du livre de Pierre-Michel Bertrand, Histoire des gauchers. Au moyen d’une enquête très fouillée, il nous détaille comment ont été rejetés ou acceptés les gauchers à travers le temps. 

Bien des expressions du langage courant, « se lever du pied gauche », « être le bras droit », « droiture morale », « donner la bonne main », « sinistre individu »,… témoignent de catégories mentales séculaires qui considèrent que la gauche est inférieure à la droite. Si les différentes théories en présence ne permettent pas de savoir avec exactitude pourquoi l’homme a choisi d’être droitier, on peut penser que la résolution de cette question se trouve moins du côté de la physiologie que du côté du symbolique. La supériorité de la main droite, dans les systèmes de croyances primitifs, est conçue comme un idéal résultant d’une cause transcendante auquel l’homme doit se soumettre. Et la Bible va, en de nombreux passages, affermir cette tradition. 

Il est évident que le côté droit désigne le juste, la vertu tandis que la main gauche cristallise tous les tabous et toutes les craintes des sociétés. Les pratiques magico-religieuses, les superstitions, les coutumes, les rites de la vie quotidienne, les références culturelles confirment cette dualité symbolique. Quand Ganelon rend son salut à Charlemagne en levant la main gauche, il bafoue les codes de l’honneur. Toute l’intrigue de « La Chanson de Roland » est inscrite dans ce geste subversif qui signifie la trahison de Ganelon.

Dans les relations sociales, la prééminence de la main droite sert à cadrer les comportements et à organiser les rapports hiérarchiques entre les personnes : elle garantit la pérennité de l’ordre établi. En s’affirmant gaucher, l’homme défie les équilibres de ce monde, que Dieu lui-même avait voulu dextral.

 

  1. LES GAUCHERS MEPRISES

Dans les dictionnaires édités avant les années 1960, le gaucher est défini comme quelqu’un qui se sert de la main gauche « au lieu » de la main droite. Il n’a d’identité que par l’anormalité qu’il présente au regard de la norme droitière. Et donner la préférence à la main gauche ne peut être qu’un moyen de compenser une défaillance de la main droite

Même Léonard de Vinci, le plus célèbre des gauchers, fut épinglé par une série de commentateurs bornés pour en arriver, en 1899, à l’avis pondéré d’Eugène Müntz : « une sorte d’infirmité cependant se mêlait à ces aptitudes extraordinaires : il était gaucher ».

Pierre-Michel Bertrand donne des exemples, à travers notamment la dénomination des gauchers dans différentes langues, où la gaucherie est considérée comme la somatisation d’un état morbide, le signe d’une appartenance familiale honteuse ou d’un statut social dégradant, le stigmate de mœurs déréglées, un attribut de monstre…

Lorsque Suétone décrit l’empereur romain Tibère, il le présente comme un être laid, dépravé et d’une force presque surnaturelle. Il souligne que sa main gauche, plus habile que la droite, est capable de brutalité terrifiante. Et il parachève ainsi un portrait à la limite de la monstruosité.

Dans les sources consultées, la dégénérescence est souvent associée à l’infériorité raciale. La gaucherie caractérise tous les sous-hommes, elle signale une stagnation sinon une régression de l’évolution mentale. On enseignait ces théories dans les écoles de médecine et on peut lire, en 1913, dans un magazine anglais les affirmations de E.T. Brewster sur la valorisation du côté gauche qui est « beaucoup plus fréquente dans les classes sociales inférieures que dans les classes sociales supérieures, chez les nègres que chez les blancs et chez les sauvages que dans les races civilisées ».

La gaucherie recèle aussi un facteur criminogène. Dans les listes de gauchers célèbres figurent souvent Jack l’Eventreur et Billy the Kid qui ni l’un ni l’autre n’étaient gauchers. 

Il faut conclure de l’analyse des écrits de tous pays et de toutes époques que l’intolérance à l’égard des gauchers culmine entre le dernier tiers du XIXe siècle jusqu’à la première Guerre mondiale. La culture bourgeoise qui domine la pensée rejette tout ce qui ne contribue pas à l’ordre et à l’uniformité. Mais, paradoxalement, les gauchers ont aussi eu à souffrir des valeurs humanistes et républicaines défendues par l’école puisque l’instruction publique imposait l’usage de la main droite pour écrire.

Depuis un demi-siècle, les mentalités ont évolué et les droits de l’homme sont devenus une valeur fondamentale. Il n’est donc plus habituel d’interdire à un enfant de se servir de la main gauche et de lui faire subir des contraintes morales et physiques de « nature torturante » pour le « remettre à droite ». Ces méthodes n’étaient pas sans provoquer des troubles psychomoteurs ou au niveau du langage, des sentiments d’infériorité, d’hyperémotivité, d’anxiété… Il est difficile d’admettre qu’une politique éducative aussi nocive ait été soutenue par la science au nom du conformisme social.

 

  1. LES GAUCHERS TOLERES

Si la vie quotidienne reste problématique pour les gauchers, ils ne subissent plus aucune brimade dans nos démocraties occidentales. Cette tolérance est le fruit d’une véritable révolution culturelle. Mais Pierre-Michel Bertand, après l’analyse de nombreuses sources, a le sentiment que le Moyen Age s’est montré tolérant à l’égard de la minorité gauchère. La gauche représentait le maléfice et les esclanchiers avaient mauvaise réputation mais ils ne semblent pas avoir subi de répression. Les traités médiévaux de savoir-vivre donnent peu de consignes sur l’usage de telle ou telle main durant les repas. Il est vrai que la fourchette ne s’est imposée à table qu’au cours du XVIIe siècle. La rupture paraît donc consécutive à l’évolution de la sociabilité et plus précisément à la codification des habitudes de table.

Avec le renforcement de la monarchie et la centralisation du pouvoir, les règles de vie des courtisans vont être érigées en « bonnes manières ». Des obligations et des interdits vont être édictés. Ils vont devenir de plus en plus nombreux et impérieux lorsque les classes moyennes s’imposent dans la hiérarchie sociale. L’Eglise va aider à la propagation des règles de civilité en leur conférant le statut de vertus chrétiennes. Bien se conduire dans la société était une manière de plaire à Dieu. 

Dans le « De civilitate morum puerilium », un livre d’Erasme publié en 1530 et qui connut un très grand succès, on peut lire : « En posant un plat comme en versant à boire, ne te sers jamais de la main gauche ». Et en 1703, dans les « Règles de la Bienséance et de la civilité », Jean-Baptiste de La Salle constitue un invraisemblable inventaire de consignes contraignantes. Se servir de la main gauche ne va plus à l’encontre de la normalité, mais à l’encontre de la décence. Et il faut absolument corriger cette indécence.

Etre gaucher revient à être mal éduqué. Ainsi le développement de l’alphabétisation au XVIe siècle et l’expansion de l’apprentissage de l’écriture entraînent l’application d’une discipline et d’une méthode d’enseignement : l’écriture droitière est normalisée. Au Moyen Age, utiliser la main droite relevait de la norme physiologique et, sur le plan symbolique, de la norme morale. Mais la latéralité n’entrait pas alors en ligne de compte pour définir la réglementation sociale.

Heureusement sur le long chemin des gauchers vers leur émancipation, certains esprits ont osé braver leurs contemporains. Mais il faut attendre « L’Encyclopédie » pour trouver au détour d’articles rédigés par ces intellectuels du siècle des Lumières, les premières prises de positions significatives. Et, avant que l’ordre moral ne reprenne ses droits dans le courant du XIXe siècle, plusieurs auteurs vantent les mérites de la « mauvaise main » et les ressources inexploitées de l’ambidextrie. L’Américain Benjamin Franklin a écrit le texte qui est resté le plus célèbre : la « Pétition de la main gauche à ceux qui sont chargés d’élever des enfants ». 

Une évolution se fait jour dans les démocraties anglo-saxonnes vers la fin du XIXe, là où sévit une véritable mode de l’ambidextrie. Robert Baden-Powell, le père du scoutisme, réputé ambidextre parfait, devient la figure de proue de cette utopie égalitaire entre nos deux mains, nos deux parties de cerveau. De plus la prise de conscience des troubles occasionnés chez les jeunes par une éducation droitière rigide suscite des projets de réformes des méthodes d’éducation. 

Après la Première Guerre, les soldats mutilés ont constitué un afflux de gauchers qui, bien malgré eux, devaient manier plume et fourchette de leur seule main gauche. Ces pratiques réprouvées par la morale devenaient subitement l’expression de la vertu civique. Ce bouleversement des valeurs traditionnelles a suscité une remise en question. Mais les résistances populaires ont encore entravé le développement de nombreux gauchers contrariés.

En fait les pratiques de répression vont se perpétuer jusqu’à la fin des années 1950. La réhabilitation des gauchers dans l’opinion publique doit beaucoup à la réelle croisade menée par la psychologue scolaire, de Montpellier, Vera Kovarsky. Elle déposera, en 1949, à l’Académie de médecine, un projet de charte des droits fondamentaux des gauchers. Mais une enquête d’opinion faite cette même année, montrait que 99% des parents souhaitaient que leur enfant soit droitier et que 73% d’entre eux se disaient prêts à tout faire pour corriger leur nature dans le cas contraire.

Au cours des années 60 une nouvelle génération de parents et d’instituteurs a pour objectif de se libérer des conservatismes et l’enfant gaucher sera parmi les premiers à bénéficier de cette aspiration à la liberté en matière de mœurs.

 

  1. LES GAUCHERS ADMIRES

Si la gaucherie était une aberration physiologique qui contrariait la logique du monde, la capacité du gaucher à accomplir tant de choses en domptant sa main gauche a pu parfois forcer l’admiration.

Certains, comme le sculpteur italien du XVIe siècle, Raffaelo de Montelupo, sont fiers d’être gaucher. Il s’en vante dans son autobiographie : « Je crois en effet que jamais peintre ou sculpteur n’a travaillé de la sorte ». C’est faire bien peu de cas de Leonard de Vinci, Hans Holbein, Jan Van Eyck et Jérôme Bosch !

Pierre-Michel Bertrand nous livre d’autres exemples de vanité gauchère et nous rappelle qu’elle fait écho à un très ancien mythe qui admettait que certains gauchers étaient dotés d’une grande habileté et d’une force physique exceptionnelle. Mais l’admiration que pouvait susciter un gaucher est souvent proportionnelle à sa dangerosité supposée.

L’écriture en miroir, c’est-à-dire de droite à gauche, est une caractéristique exclusive des gauchers. On a cru longtemps qu’elle était le résultat de troubles mentaux sévères. Leonard de Vinci reste le cas le plus célèbre de cette «scrittura a specchio» dont il a noirci des centaines de pages. Elle est la source d’une abondante littérature qui reflète la perplexité des commentateurs.

Il était parfois bien utile sur un chantier de construction ou dans une usine de recruter des gauchers pour former avec des droitiers des équipes plus efficaces. De plus, contraints dès leur enfance à adopter les usages dominants, beaucoup avaient acquis une compétence élevée.

Comment terminer un tel ouvrage sans établir un répertoire des gauchers célèbres. Mais l’auteur explique la méthode très précise qu’il tient à appliquer parce qu’il ne veut laisser filtrer aucune affirmation invérifiable. Si on lit, sur un site web, la liste des génies gauchers vont y figurer Platon, César, Napoléon, Chopin, Einstein, Picasso. Or ces personnalités n’étaient en rien gauchères et ont sans doute bénéficié du « syndrome Leonard » qui est le modèle du génie universel et la figure de proue des gauchers. Ces deux particularités portées avec un tel éclat ont sans doute établi, dans l’opinion, un rapport de causalité entre elles. Mais ce n’est pas sans l’arrière-pensée que le génie n’est qu’une forme aberrante de la nature humaine.

Or les gauchers ne méritent ni plus d’admiration ni plus de mépris que les droitiers. Si les gauchers ont connu tant d’aléas avant que ne leur soit reconnu le droit si simple d’exister, aujourd’hui ils n’ont plus qu’une chose à revendiquer : le droit à la différence.

 

Section 2. COMPORTEMENT D’UN INDIVIDU GAUCHER

Dans l’article de, Environ 10 à 13% de la population reste gauchère en dépit de la pression sociale. Les gauchers doivent donc posséder un atout évolutif caché. Il n’est pas possible de déterminer si la préférence pour la main gauche est un phénomène génétique ou si elle est liée à l’imitation des parents. Mais moins de 10% des enfants qui ont deux parents droitiers sont gauchers alors que plus de 35% des enfants de gaucher le sont également.

Si les études anthropologiques montrent que les gauchers ont toujours existé, ils restent minoritaires. Mais cette stabilité est étonnante : si être gaucher présentait un avantage, le phénomène aurait dû se généraliser et, inversement, la « gaucherie » devrait disparaître si elle était un handicap.

Si on compare l’anatomie des cerveaux, l’hémisphère prédominant chez les droitiers est le gauche et chez les gauchers le droit. L’hémisphère dominant est celui qui gère les fonctions plus structurées comme la parole ou l’écriture tandis que l’autre hémisphère est le centre des capacités non rationnelles comme la créativité. Chez les gauchers, le corps calleux a un volume supérieur et celui-ci fait la connexion entre les deux hémisphères. Le cerveau d’un gaucher paraît donc moins standardisé que le cerveau des droitiers. En cas de lésion de l’hémisphère dominant, le gaucher récupère mieux que le droitier parce que la fonction n’est pas autant latéralisée chez le gaucher et qu’elle se répartit plus entre les deux hémisphères.

 

  1. LES CARACTERISTIQUES D’UN GAUCHER

Les gauchers ont donc en théorie une latéralité dans laquelle le côté gauche domine pour accomplir les actes moteurs et sensoriels. Mais contrairement aux droitiers, leur latéralité n’est pas homogène, ce qui les divise en plusieurs catégories :

  • le gaucher intégral : sa latéralisation à gauche est complète (main et membre supérieur, pied et membre inférieur, tête, œil, oreille, mastication et mimique),
  • le gaucher partiel : un membre inférieur ou supérieur est latéralisé à gauche,
  • le gaucher céphalique : c’est le plus difficile à identifier car seule la tête est gauchère. Le reste du corps et donc les gestes sont complètement droitiers.
  • l’ambidextre : il se sert aussi efficacement de la main gauche que de la main droite.

 

  1. ANATOMIE DU CERVEAU DU GAUCHER

D’une façon générale, un gaucher, c’est quelqu’un qui écrit de la main gauche. D’un point de vue scientifique, ce n’est pas si simple que cela. On devrait considérer comme gaucher une personne dont l’ensemble de la motricité serait meilleur avec les organes moteurs ou sensoriels gauches. La personne serait donc plus habile de la main gauche, mais aussi du pied gauche et plus généralement de tout l’hémicorps gauche œil et oreille compris. En pratique, cela ne doit pas être rare, mais il existe beaucoup de personnes qui ne sont pas totalement gaucher ou totalement droitier. On parlera donc de gauchers prédominants ou de droitiers prédominants.

Quand on compare l’anatomie d’un cerveau de gaucher prédominant avec celui d’un cerveau de droitier prédominant, on constate comme principale différence un volume accru du corps calleux chez les gauchers. Le corps calleux est la partie qui fait le pont entre les deux hémisphères cérébraux. Dans le corps calleux passent toutes les connections interhémisphériques. La densité des échanges est donc plus importante chez les gauchers que chez les droitiers.

On dit que l’hémisphère cérébral dominant chez les droitiers est le gauche et chez les gauchers le droit. Il faut préciser cette notion en disant que l’hémisphère dominant est l’hémisphère qui gère les fonctions les plus structurées comme la parole ou l’écriture. L’hémisphère « mineur » va gérer des capacités non rationnelles, plus senties comme la créativité. Mais tout cela est encore très théorique et très schématique et ces capacités ne se voient ni au scanner ni à la dissection. 

Les moyens techniques actuels autant que l’observation cliniques des gauchers ou des droitiers atteints de lésions cérébrales localisées mettent en évidence beaucoup de mécanismes de fonctionnement du cerveau. On s’aperçoit ainsi que le cerveau des droitiers prédominants est beaucoup plus standardisé au niveau de la localisation des fonctions que les cerveaux des gauchers. Ainsi la parole est dans l’hémisphère gauche pour les droitiers, pour les gauchers, elle se situe dans l’hémisphère droit. 

En cas de lésion de l’hémisphère dominant, on s’aperçoit que les gauchers récupèrent mieux que les droitiers. En pratique, c’est parce que cette fonction n’est pas autant latéralisée chez le gaucher que chez le droitier, elle se répartit plus entre les deux hémisphères. Cela est vrai pour beaucoup d’autres fonctions. En cas de lésion cérébrale importante chez un enfant jeune ou très jeune, le cerveau va recréer la fonction sur l’hémisphère non lésé. Ainsi un enfant initialement droitier va devenir gaucher en cas de lésion de son hémisphère dominant.

Le cerveau est donc une structure très souple, qui s’adapte. Un cerveau de gaucher n’est pas l’image en miroir d’un cerveau de droitier. Dire que l’un est plus doué que l’autre est faux. Par contre il peut être très réducteur de ne faire fonctionner que son hémisphère « rationnel », et une grande partie de la pédagogie est fondée là dessus.

 

  1. HEREDITE ET GENETIQUE

On rencontre des familles entières de gauchers. Parfois le phénomène saute une ou plusieurs générations. Ces cas familiaux ne sont pas fréquents, mais ils existent. Le « bon sens » nous inciterait à penser que l’hérédité joue un rôle dans la propagation de la gaucherie. Citons une boutade d’Alain Galobardès « être gaucher ce n’est pas héréditaire mais on l’est de père en fils ». Pour suivre ce « bon sens », encore faudrait-il qu’il ne soit pas en totale contradiction avec la rigueur scientifique. Ce qui ne semble pas être le cas si on analyse ce qui suit.

  • Le rôle hormonal

L’influence hormonale est en partie à l’origine de la latéralisation cérébrale. Un taux élevé de testostérone incite le cerveau humain à s’organiser de façon asymétrique. Il favorise le développement de l’hémisphère droit, celui qui est dominant chez le gaucher. Cette stimulation concerne plus particulièrement les fonctions motrices. Cette hormone agit donc sur l’hémisphère droit pour en faire le lobe moteur dominant.

A cet égard, il est classique de se référer aux travaux du professeur A.M Galaburda directeur du laboratoire de neuro-anatomie à l’hôpital Beth Israel de Boston. Il montre, en 1987, qu’habituellement un cerveau humain est asymétrique dans ses structures. Il émet avec N. Geschwind, et avant confirmation par Simonds et Scheibel (1989), l’hypothèse que chez les gauchers l’hémisphère cérébral droit mature plus vite que le gauche et que ce processus se poursuit après la naissance. 

Au final, il n’y aura pas concordance entre l’asymétrie fonctionnelle d’origine endocrine et la symétrie de structure anatomique qui caractérise le gaucher. Chez le gaucher cette asymétrie de structure n’est pas retrouvée. Elle est également moins marquée chez la femme. On pourrait donc trouver ce dernier fait contradictoire avec la thèse de Galaburda puisqu’en raison de son profil hormonal la femme devrait être à l’opposé des incitations émanant d’hormones mâles. Rien n’est très simple avec un cerveau humain. 

C’est ainsi que les fonctions intuitives du gaucher restent, comme pour le droitier, dévolues au lobe droit. Il est probable que telle ou telle fonction latéralisée dans un lobe cérébral prédisposera à une latéralisation. Ces données peuvent expliquer les différents types de gauchers. 

D’autre part, les flux hormonaux prénataux ne sont pas forcément reproduits ensuite. Rien n’indique que cette testostérone garde un taux élevé post-natal chez les gauchers et déterminerait chez eux un tempérament actif, voire guerrier. Au contraire, le profil comportemental des gauchers semble être plus incitatif à la réceptivité qu’à l’agressivité. 

Quoi qu’il en soit, faire appel à une origine hormonale n’exclut pas un facteur génétique dont elle dépendrait de toute façon. 10 à 17% d’enfants seront gauchers si un seul des parent l’est, 46% quand les deux parents le sont.

 

  • – Les arguments prénataux  

Anatomique : Lacreuse (1994) démontre la possibilité d’établir, dès la 29ème semaine de gestation, la latéralité future de l’enfant à naître. Il se base sur les différences anatomiques cérébrales analogues à celles observées chez l’adulte. 

Gestuel : pour Hepper, 85% des fœtus semblent « droitiers » car ils bougent leur bras droit plus que leur gauche.

La position fœtale : On a également invoqué la position fœtale in utero. C’est la même pour une majorité de fœtus. Ainsi, une oreille serait orientée vers l’intérieur et stimulée par les bruits internes de la mère, l’autre, orientée vers l’extérieur, serait stimulée par les sons ambiants. Ce phénomène déterminerait le développement cérébral.

  • Les jumeaux homozygotes 

La génétique détermine un type de cerveau certes, mais si celui-ci n’est pas fortement orienté, le facteur éducatif pourrait emporter la décision finale. A moins que ce ne soit la position fœtale, évoquée ci-dessus, différente chez les 2 fœtus, qui expliquerait cette disparité. Organicité n’est pas synonyme de génétique. Les lois de Mendel sur la répartition des caractères physiques hérités tout au cours d’une lignée généalogique, ne sont pas repérables dans une société qui fausse leur observation en contrariant les gauchers. En ce qui concerne donc la répartition des gauchers dans une population donnée, ces lois de Mendel seront peut-être mieux vérifiables à l’avenir ? La tendance à engendrer une famille de gauchers trouverait sa force au-delà d’une simple incitation familiale.

 

  1. LE GAUCHER ET L’INTELLIGENCE

Selon Howard Gardner, psychologue américain, tout le monde possède huit intelligences. Elles fonctionnent en corrélation de façon complexe, et la plupart des personnes peuvent les développer afin d’y obtenir un niveau de compétence satisfaisant : spatiale, musicale, naturaliste, kinesthésique, logico-mathématique,  linguistique, intrapersonnelle et interpersonnelle.

Les gauchers possèderaient une intelligence spatiale et un sens kinesthésique très performants (lorsqu’ils effectuent un test de QI, les gauchers ont plus de chance d’obtenir un bon score en intelligence spatiale qu’un droitier). Ceci pourrait expliquer, en partie, que l’on trouve une proportion de gauchers supérieure à la moyenne générale dans les professions artistiques ainsi que dans certains sports. Ces deux formes d’intelligence garantissant une excellente perception de l’espace et une très bonne mémoire des savoir-faire. 

  • L’intelligence kinesthésique : est la capacité d’utiliser son corps et ses mains avec beaucoup d’habileté. Athlètes, danseurs, jongleurs et artisans se servent beaucoup de ce type d’intelligence dans leur travail, c’est aussi la capacité d’utiliser son corps et ses mains pour communiquer ou s’exprimer dans la vie quotidienne.


  • L’intelligence spatiale : est l’aptitude à penser avec des images. C’est aussi l’habileté à voir et à créer des images ou des graphiques en y incluant la forme, la couleur et la dimension. Peintres, architectes, sculpteurs se servent de ce type d’intelligence. 


  • L’intelligence linguistique : est l’aptitude à penser avec des mots et à employer le langage pour exprimer les idées. On la retrouve chez les poètes, les orateurs, les journalistes de la radio et de la télévision. 


  • L’intelligence logico-mathématique : est la capacité de calculer, de mesurer, de faire preuve de logique et de résoudre des problèmes mathématiques et scientifiques. Cette intelligence est habituellement développée chez les scientifiques, les mathématiciens, les comptables et les détectives.


  • L’intelligence musicale : est l’aptitude à reconnaître le ton, le rythme, le timbre et la sonorité. Les chanteurs, les musiciens, les compositeurs et les amateurs de musique font preuve de ce type d’intelligence. 


  • L’intelligence interpersonnelle : est l’aptitude à comprendre et à interagir avec les autres de diverses façons. Les enseignants, les travailleurs sociaux, les comédiens et les politiciens utilisent cette forme d’intelligence. 


  • L’intelligence intrapersonnelle : Est l’aptitude à comprendre nos émotions et qui nous sommes en ce monde. C’est l’intelligence qu’on retrouve chez les psychologues, les philosophes et les auteurs dramatiques. 


  • L’intelligence naturaliste : aptitude à discerner l’organisation du vivant ; sensibilité aux modifications de l’environnement ; perception sensorielle élevée ; liens très développés, avec la nature, les animaux, les phénomènes naturels ; sens de l’organisation du vivant et de la nature.

 

Chapitre 2. LES TENDANCES DU GAUCHER, SOURCES DE CONTRARIETES

Les gauchers sont depuis toujours compris pour des personnes vivant en miroir, par rapport aux droitiers. De ce fait, comme il a été exposé précédemment, ils ont des comportements et tendances qui les spécifient. Notamment, dans ce cas, il est question des difficultés rencontrées par les gauchers au niveau de l’apprentissage de l’écriture. Sachant que pendant longtemps, soutenir un comportement gaucher était alors interdit. Bien que plus tard, depuis la fin des années 70, cette norme ne tient plus, des incompréhensions dans l’éducation des enfants à tendances gauchères persistent toujours. Naissent alors une autre catégorie de gauchers, et plus grave encore, les gauchers contrariés. Ce chapitre traite de ce problème de contrariété par rapport à l’apprentissage de l’écriture et celui d’un instrument de musique. Sachant que les personnes gauchères développent une aisance particulière en art ; et qu’une conformité aux normes droitières de l’écriture est le plus grand problème des gauchers.

 

Section1. DIFFERENCE D’INTERPRETATION DES CODES PAR RAPPORT A L’ECRITURE ET A L’INSTRUMENT DE MUSIQUE

Dans le courant des événements, compte tenu d’un comportement incompris des gauchers et des tentatives de conversion en droitiers, les gauchers se retrouvent dans une situation de mal-être et d’inconfort, sachant que leur particularité leur rend la vie dure. La plupart d’entre eux se réfugie dans l’art, et pourquoi pas la musique, abandonnant ce cadre perturbateur qu’est l’apprentissage de l’écriture, favorisant celui d’un instrument de musique.

 

  1. APPRENTISSAGE DE L’ECRITURE

L’écriture a pour fonction de traduire la pensée et fixer la parole afin de la transmettre et permet la mémorisation. Elle engage son auteur et marque sa représentation personnelle. L’élève gaucher, bien que tout aussi apte que le droitier, n’est pas à égalité pour les apprentissages scolaires de base : lire et écrire. Un gaucher aura des difficultés car il écrira de gauche à droite, donc contraire à son sens naturel qui serait d’écrire et de lire de droite à gauche. Mais, si on le comprend, et qu’on l’aide, il réussira à s’adapter. Pour certains, il faudra huit jours, pour d’autres, plusieurs mois. Le tout est de faire preuve de patience, même s’il se trompe de sens.

Dans une société organisée sur la base de l’utilisation de la main droite, il est indéniable que le fait d’être gaucher pose quelques désagréments d’ordre pratique mais qui restent mineurs. Le premier petit souci se présente lors de l’apprentissage de l’écriture pour le jeune enfant.

Si les parents sont droitiers, l’enfant pourra parfois avoir du mal à reproduire le geste, ou les parents à le montrer. Par ailleurs, l’enfant gaucher, en écrivant recouvre immédiatement les mots écrits de sa main (gauche) au fur et à mesure qu’il avance sur sa ligne, ce qui peut demander à l’enfant une plus grande concentration afin d’éviter des erreurs et peut entraîner une légère difficulté dans l’apprentissage des techniques d’écriture.

Il ne s’agit toutefois que d’un léger frein temporaire dans l’avancement de l’apprentissage qui est quoi qu’il en soit bien vite rattrapé et n’est pas comparable aux difficultés rencontrées par un enfant gaucher contraint d’être droitier. La règle d’or pour les parents reste le respect de l’enfant dans son utilisation de sa main gauche afin de ne pas perturber son apprentissage de l’écriture notamment mais aussi ses capacités générales dans la vie de tous les jours.

 

  1. ADAPTATION PAR RAPPORT AU SENS DE L’ECRITURE

Par reflexe naturel, le gaucher, arrivé au stade de l’apprentissage de l’écriture, a une tendance d’écriture en sens inverse par rapport à celle du droitier. En effet, il tient son crayon et écrit de droite à gauche. Le monde étant façonné de manière à donner confort à tout droitier, le gaucher du fait de sa particularité doit se conformer à la discipline d’écriture droitière. Bien qu’actuellement tenir son crayon de la main gauche ne soit plus interdit, il reste toutefois cette étape à franchir, qui n’est toutefois pas aussi simple à faire. Le fait est que cette pratique contrarie le sens naturel du gaucher.

Le sens de lecture/écriture de la gauche vers la droite est favorable au sens naturel du droitier mais contraire à celui de l’élève gaucher qui doit s’y adapter. Cet effort supplémentaire s’ajoute à l’effort d’adaptation à un éventuel outillage inadéquat et à celui d’un geste d’écriture crispant :le bras se rapprochant du corps au lieu de s’en éloigner comme chez l’élève droitier ; ce qui renvoie à une nécessité de prendre en compte des priorités favorables à l’adaptation de l’enfant :

  • Une meilleure compréhension de l’élève gaucher permettra de l’accompagner dans ces efforts d’adaptation au sens gauche/droite ;
  • L’outillage spécialisé sera conseillé : ciseaux, taille-crayon et règle graduée.

 

  1. LA QUALITE DE L’ECRITURE

On dit fréquemment que les gauchers écrivent à l’envers, ce qui veut dire plusieurs choses : soit qu’ils penchent leur écriture en sens inverse de la classique écriture penchée à droite du droitier, soit qu’ils tournent à l’envers les lettres dites rondes telles les « o » ou les « a », soit qu’ils écrivent en miroir. Or, le fait d’incliner son écriture relève en général d’un choix parfaitement conscient et il appartient à chacun d’aimer, ou pas, « pencher » ses lettres, la latéralité de la main n’intervenant aucunement dans cette pratique.

Quant aux inversions du sens des lettres rondes, qui ne sont pas du tout une caractéristique des gauchers, elles renvoient bien davantage à la persistance, chez certains, de ces habitudes datant des tout débuts de l’écriture, à ces temps même d’avant l’écriture où les lettres sont encore dessinées, reproduites en petits fragments collés les uns aux autres et où le sens importe peu car la lettre n’a pas encore vraiment statut de lettre et peut se tracer par n’importe quel bout. Certaines formes résiduelles de ces premières lettres dessinées persistent ainsi parfois dans des écritures qui par ailleurs ont évolué sur les plans essentiels. Ces vestiges des temps antérieurs de l’évolution appartiennent autant aux droitiers qu’aux gauchers. Ne s’agirait-il pas là de la discrète révélation d’une volonté inconsciente de conserver, dans l’austère tracé de l’écriture, un brin d’enfance ? Mais sur ce plan-là, les gauchers ne sont pas du tout plus « régressifs » que les droitiers.

Quant à la qualité de l’écriture elle-même, il a été démontré, sur la base de très sérieuses études portant sur l’analyse précise des caractères définissant la qualité des écritures selon l’âge, qu’il n’existait aucune différence entre les écritures des gauchers et celles des droitiers. Les mêmes études ont également démontré que les gauchers ne sont pas plus lents que les droitiers pour écrire.

Et l’écriture en miroir c’est une façon très particulière d’écrire, qui consiste à commencer à partir de la droite et à écrire en inversant le sens des lettres, au point que pour lire il est recommandé d’avoir recours à un miroir. Cette façon de faire, très déroutante, serait plutôt à considérer comme un stade par lequel passent certains enfants, qu’ils soient droitiers ou gauchers, et qui correspondrait à une certaine plasticité dans leur organisation de l’espace graphique. Elle ne présage en aucune manière à elle seule de difficultés à venir.

Écrire c’est inscrire, de sa propre main, une trace écrite qui reste sous le regard des autres. On s’implique totalement dans son écriture, corps et âme pourrait-on dire, car le corps, par la main, est engagé dans ce langage écrit. L’évolution de l’écriture en est, du reste, l’illustration. L’écriture grandit avec le sujet, évolue avec lui et se dégrade avec lui. L’écriture des personnes âgées est souvent tremblée. C’est l’écriture d’une main qui a un peu perdu de sa verdeur. Cette trace écrite, toujours révélatrice de celui qui en est l’auteur, revêt donc une valeur « d’image de soi » offerte au regard des autres, car c’est avec les yeux qu’on aborde l’écriture. On voit une écriture avant que de la lire. De plus, contrairement aux paroles qui, comme chacun sait, s’envolent, l’écrit reste. On peut « retirer » une parole, on ne peut retirer un écrit une fois qu’il est produit. L’écriture engage la parole en même temps que le sujet qui l’inscrit.

Bien entendu, ces implications ne sont pas conscientes à l’enfant qui apprend, mais il sait toutefois que c’est sur ses écrits qu’il est jugé, et que le regard qui se porte sur ce qu’il dit par écrit passera d’abord par le filtre de la vue de son écriture. Si l’enfant n’est pas suffisamment en confiance avec lui-même, s’il a le sentiment de ne pas être à la hauteur de ce qu’on attend de lui, s’il est un peu trop sensible et inquiet, sa main en écrivant peut de raidir, se crisper comme lorsqu’on se serre d’angoisse. Et c’est cette tension-là, pas toujours perceptible par l’enfant lui-même, pas toujours visible par son entourage, qui l’empêche de laisser aller suffisamment librement sa main dans l’écriture. Et plus il essaie de s’appliquer, plus il se crispe.

 

  1. MAITRISE DE LA TECHNIQUE D’ECRITURE

Pour s’adonner à l’écriture, être gaucher n’est pas un obstacle insurmontable. Les droitiers comme les gauchers doivent apprendre à contrôler l’encre, l’angle de tenue de la plume, maîtriser les formes et les espaces optiques et ce n’est pas évident au départ. Certes, le fait d’être gaucher rend l’apprentissage un peu plus particulier car ils devront s’adapter à des règles conçues depuis plusieurs générations pour des droitiers. Il ne faut pas oublier qu’avant la vulgarisation du crayon à bille par le baron Bich, les méthodes pédagogiques de l’Education Publique étaient catégoriques : tous les gauchers étaient systématiquement contrariés, on les obligeait à l’école à écrire de la main droite, sous peine de « coups de règle » sur les doigts.

 

  • Position d’écriture

Selon la position déjà adoptée pour l’écriture courante, certains gauchers seront confrontés à des difficultés plus ou moins grandes pour ne pas passer leur main sur les lettres au fur et à mesure qu’ils les écrivent et donc de ne pas étaler l’encre sur le papier.

  • Première position : Ceux qui posent leur main gauche sous la ligne d’écriture ; pour eux pas de problème d’adaptation pour l’écriture !
  • Deuxième position : Ceux qui posent leur main gauche par-dessus la ligne d’écriture (position dite : « en crochet »). Si cette seconde position leur paraît naturellement plus confortable pour l’écriture à la « pointe bic », son principal inconvénient pour l’écriture à la plume et à l’encre liquide est que le mouvement général de la main et la direction des traits se retrouvent totalement inversés – les traits tirés par les droitiers ou par les gauchers ayant adopté la première position deviennent des traits poussés contre le « bec » de la plume et comme la majorité des traits dans les écritures latines sont des traits tirés, la plume accroche le papier ou le support d’écriture . Enfin, n’en déplaise à certains enseignants, dans cette position la main qui tient la plume (ou le stylo) cache ce qui vient d’être écrit, ce qui peut expliquer la cause de certaines difficultés en orthographe d’usage plus souvent constatées chez les gauchers qui écrivent « en crochet ».

Sans contrarier les débutants gauchers, que ce soit en écriture courante ou en écriture, il leur est particulièrement conseillé d’adopter la première position car ses avantages dépassent largement ses inconvénients. Dans cette position, l’angle d’écriture, la direction du porte-plume ou du stylo pour former les traits se retrouvent les mêmes que pour les droitiers, ce qui permet de tirer avantage des leçons conçues initialement pour des calligraphes droitiers.

 

  • Les techniques à mettre en œuvre

Le geste d’écriture à main gauche rapproche le membre supérieur du corps et l’œil directeur est souvent le gauche. Il se crée une crispation-torsion de la nuque et du dos qui nuit à la concentration et à la qualité du travail. Ce qui implique de prévoir un emplacement de l’élève favorable à sa position d’écriture : sur le côté gauche d’une table lorsque celle-ci est prévue pour deux élèves, dans la rangée de gauche afin de l’inciter à tourner la tête vers sa droite, ce qui déverrouille sa nuque, le cahier décalé vers la gauche (décrispation du membre et mise en jeu de l’œil directeur) et penché vers la droite (l’inverse pour le droitier), la feuille étant dans le prolongement de l’avant-bras qui écrit.

 

  • Incliner sa feuille du bon côté

Car contrairement à une idée encore très répandue chez les enseignants, incliner légèrement la feuille sur laquelle on écrit, vers la gauche ou vers la droite, selon que l’on est gaucher ou droitier, facilite le geste de l’écriture.

 

  • L’aider à positionner sa main sur la page et sur le stylo

L’enfant gaucher a parfois une mauvaise préhension du stylo, surtout s’il ne bénéficie pas d’un modèle comme le petit droitier. Sa main « pousse » l’écriture au lieu de la tirer. Elle cache ce qui s’écrit, crée des « bavures ». Essayez de voir avec lui quelle est la meilleure posture.

 

  • L’aider à se détendre

Il lui faudra un peu plus de temps peut-être pour apprendre à écrire, mais mieux vaut ne pas le précipiter. Pour l’y aider, on peut lui apprendre les premiers gestes par le jeu, lui faire comprendre quelle est sa préférence, droitière ou gauchère, sur un mode ludique : par quelle main saisit-il la poignée de la porte, ou la balle qu’on lui envoie…?

 

  • Ne jamais contrarier sa préférence

D’abord, c’est inefficace. Et surtout cela pourrait lui poser des problèmes dans son organisation spatiale et avoir des répercussions sur ses résultats scolaires ultérieurs, notamment en mathématiques.

Les petits enfants gauchers développent parfois un système d’écriture en miroir : les lettres, l’ordre des mots dans la phrase sont strictement inversés (ex poids devient sbioq). S’il persiste, ce phénomène peut devenir inquiétant et nécessiter l’intervention d’un psychomotricien ou d’un psychothérapeute.

 

  1. ORIENTATION DANS L’ART : L’INSTRUMENT DE MUSIQUE

Malgré leur proportion importante et la disparition progressive des préjugés, aujourd’hui encore, les gauchers rencontrent beaucoup d’obstacles sur leur chemin : il est ainsi presque impossible de trouver des claviers d’ordinateur avec pavé numérique à gauche ou tout simplement des ciseaux, des tire-bouchons et autres instruments domestiques pour gauchers. Et lorsque ces produits existent, ils sont plus chers que l’équivalent pour droitiers. En musique aussi, le gaucher est désavantagé, selon l’instrument dont il joue. Le piano ne demande pas par exemple d’être gaucher ou droitier pour l’utiliser, ce qui n’est pas le cas du violon, on ne fait pas de violon pour gaucher, et on apprend aux enfants gauchers à jouer comme les droitiers.

Que ce soit en musique ou en écriture, il y a toujours des codes à respecter. La grande différence réside dans le fait que l’instrument de musique est un outil comme les autres et qui peut être façonné de manière à être utilisable que ce soit par le droitier ou par le gaucher ; et là encore avec une différence de prix, étant donné que les objets et matériels spécifiques aux personnes gauchères sont rares et donc chers. Dans ce cas de figure, ce sera à l’instrument de musique de s’adapter à l’individu gaucher, au contraire des codes de l’écriture auxquels le gaucher doit s’adapter. Cela dépend également du type d’instrument. Pour le piano par exemple, il n’est pas nécessaire de spécifier la latéralité de la personne ; puisque dans ce cas, il ne tient pas lieu de préciser la dominance.

La différence de codes entre l’écriture et l’instrument de musique dépend dans une vision scientifique et anatomique d’un certain niveau de collaboration entre les deux parties du cerveau (les deux hémisphères de commande). Pour l’écriture la main dominante (gauche) est amenée à agir seule, dans l’exemple du piano, les deux  mains coopèrent à niveau égal. D’autant plus qu’en matière d’instrument de musique, il s’agit surtout de matériel. Il faut juste s’équiper de l’adéquat. Il est donc plus facile pour un gaucher de s’adapter dans le cadre de l’apprentissage de l’instrument de musique par rapport à celui de l’écriture.

 

Section 2. PROBLEMES DE COMPORTEMENTS, PSYCHOLOGIQUES ET MORPHOLOGIQUES

Laisser chacun développer ses reflexes naturelles serait un bon début pour aider une personne gauchère, principalement dans l’apprentissage de l’écriture. Pour un gaucher, se forcer à utiliser la main droite là où la main gauche serait plus habile est un défi permanent. Et les conséquences psychologique de cette pratique contrariante ne sont pas les moindres mais souvent sous-estimées. Effectivement, un gaucher le restera toute sa vie, c’est pour cette raison qu’il est très important de le prendre en compte dans la pédagogie, en se souvenant que toute tentative de contrariété pourrait conduire à différentes pathologies (bégaiement, énurésie, troubles du comportement, phobie scolaire, onychophagie, et plus tard ulcère d’estomac, migraine…). En France, on compte, rien qu’au seul niveau de l’école primaire, 1,5 millions d’élèves gauchers, et j’estime qu’au moins 500 000 sont en souffrance psychologique. Il faut donc que les enseignants apprennent à les aider.

 

  1. LA GAUCHERIE CONTRARIEE

Les gauchers contrariés sont une catégorie d’individus gauchers qui ont été obligés d’utiliser leur main droite pour écrire et manger. Cette pratique résulte d’une attitude adoptée envers les gauchers pour les contraindre à se conformer à la discipline droitière. Suivant ce qui a été exposé dans l’histoire du gaucher, cette pratique a fait de nombreuses victimes. Actuellement, cette contrariété résulte d’une incompréhension de l’enfant par les parents, le système éducatif et son entourage. Ce problème ne survient en général qu’au stade de l’apprentissage de l’écriture, révélant la particularité de l’enfant. Bien souvent les «gauchers convertis en droitiers» souffrent de problèmes de concentration, de mémoire ou bien d’apprentissage puisqu’ils ne disposent pas de tout leur potentiel.

Certains scientifiques estiment que la gaucherie « contrariée » joue un rôle dans la genèse du bégaiement et que ce trouble peut disparaître après un retour au côté dominant. « Il faut tenir compte dans la notion de gaucherie contrariée non seulement du problème posé par le passage de l’activité d’une main dominante à une main non dominante, mais aussi du terme de « contrarié » c’est à dire jusqu’à un certain point d’une contrainte, qui entraîne chez l’enfant à un certain âge une modification affective émotionnelle ». (Hecan et Ajuriaguerra).

 

  1. LA DYSLEXIE

On appelle dyslexie un ensemble de troubles du développement mental de l’enfant, touchant principalement les garçons, en particuliers les gauchers, ayant en commun une perturbation ou un retard de l’acquisition et de l’apprentissage du langage écrit, en l’absence de toute autre altération des capacités intellectuelles.

Le trouble de la lecture et de l’écriture est relativement stéréotypé. Les erreurs les plus fréquentes sont les inversions de consonnes dans les mots à trois lettres (sel pour les, cas pour sac…) et des confusions sur l’orientation de certaines lettres (p et q, b et d). Ceci mérite d’être rapproché du fait qu’une anomalie du système visuel serait associée à la dyslexie. Les dyslexiques semblent avoir en effet une vision périphérique meilleure que la vision centrale qui paraît chez eux plus ou moins « masquée ».

 

Dyslexie et anomalies morphologiques

Le fait que l’on trouve une majorité de gauchers parmi les dyslexiques et le type d’erreurs commises laissait supposer un trouble de l’équilibre inter-hémisphérique caractérisé par une moindre dominance de l’hémisphère gauche pour le langage (Orton 1930). Cette interprétation fut longtemps ignorée au profit des explications psychologiques. Ce n’est que récemment que Galaburda et Kemper ont démontré, à partir de l’étude anatomique de cerveaux de sujets dyslexiques décédés accidentellement, que ceux-ci présentaient des anomalies discrètes mais systématiques et identiques d’un sujet à l’autre. Ces anomalies intéressent particulièrement le cortex de la région sylvienne gauche (région de Wernicke au sens large). Il s’agit d’amas anormaux de cellules (ectopies) et de désorganisations segmentaires de l’architecture corticale (dysplasies) évoquant une perturbation de la migration des cellules corticales au cours de la maturation cérébrale lors des derniers mois de la vie fœtale. Ces sujets présentent également des particularités anatomiques (absence d’asymétrie des régions temporales, corps calleux plus développé) évoquant un trouble de l’équilibre inter-hémisphérique.

On présume que le cerveau des sujets dyslexiques a subi pendant les dernières semaines de la vie intra-utérine une agression d’ordre chimique, hormonale ou immunitaire à l’origine des lésions anatomiques qui modifieraient les capacités d’apprentissage du langage par le cerveau.

Origines de la dyslexie

Les anomalies morphologiques (absence d’asymétrie du planum temporale, ectopies, dysplasies) constatées chez le dyslexique évoquent donc un trouble de la migration neuronale vers la 24ème semaine de gestation, c’est-à-dire au début de la période de maturation axonale, conduisant à un défaut de latéralisation. Or, le fait que 80% des dyslexiques soient des garçons parmi lesquels on compte un nombre important  de gauchers a conduit  à imputer ces anomalies morphologiques et les troubles qui leur sont associés à  un excès de la production de testostérone durant cette période cruciale du développement cérébral. La dyslexie serait donc une exagération du processus de dominance atypique que l’on rencontre chez 30 à 35% des sujets. Toutefois d’autres arguments suggèrent l’intervention d’autres facteurs en particulier d’ordre immunologique.

Dyslexie et immunité

En effet Geschwind a mis en évidence de surprenantes corrélations entre la dyslexie (et la gaucherie) et certaines affections immunitaires. Ainsi en comparant une population de gauchers absolus et une population de droitiers absolus on constate chez les premiers un risque plus élevé pour certaines affections ayant en commun un dysfonctionnement du système immunitaire comme les maladies allergiques (asthme, eczéma, rhume des foins) et les maladies auto-immunes (thyroïdites, affections intestinales, myasthénie). Dans toutes ces affections Geschwind montra, à l’inverse, qu’il existe une plus forte proportion de gauchers (et de dyslexiques) que dans la population générale. L’explication de Geschwind prend en compte les liaisons qui existent entre le système nerveux et le système immunitaire (en particulier le thymus), d’une part, et celles qui existent entre ces systèmes et les hormones d’autre part. Un excès de testostérone pendant la croissance fœtale serait responsable à la fois des troubles du développement cérébral et des perturbations du système immunitaire. 

Plus récemment Galaburda a montré que des souris appartenant à une souche porteuse d’un trouble immunitaire responsable de manifestations auto-immunes présentaient des anomalies corticales très semblables à celles observées chez les dyslexiques en particulier des ectopies dans la couche superficielle du cortex cérébral. Or on a constaté que ces souris présentaient des troubles de l’apprentissage. Il semble donc que certaines prédispositions aux maladies auto-immunes puissent également jouer un rôle (en plus des facteurs d’environnement hormonal)  dans l’établissement d’une dominance atypique, comme dans le déterminisme de la dyslexie.

On a également constaté que, chez le rat, des lésions du cortex cérébral gauche réduisent le nombre des lymphocytes K (killers) de la rate et diminuent leur activité biologique. L’inverse  est observé lors d’une atteinte du cortex droit. L’activité du cerveau gauche serait donc associée à un renforcement des défenses immunitaires et au contraire la dominance droite (ou l’absence de dominance gauche) serait associée à la dépression des défenses. Un travail récent (1991) montre que de jeunes femmes présentant une intense activation du cortex frontal droit ont une activité lymphocytaire (natural killers) plus faible que celle des sujets présentant une intense activation frontale gauche.

 

  1. DYSLEXIE ET TROUBLES PSYCHOPATHOLOGIQUES
  1. UN TEMPS DE REACTIVITE PLUS LONG

Plus sérieusement, les gauchers contrariés ont tendance à connaître un problème de désorientation dans l’espace. Obliger un gaucher à écrire de la main droite, c’est contrarier les commandes cérébrales, neurologiques qui correspondent à une zone du cerveau. Donc, nécessairement, le temps de réactivité d’un gaucher contrarié est plus long que celui d’une personne « normale ». Par exemple, il est effectivement possible qu’un gaucher contrarié mette plus de temps à matérialiser la droite de la gauche qu’une autre personne.

En revanche, en l’état actuel de la recherche, il est faux de prétendre que la dyslexie est liée aux conséquences d’un apprentissage autoritaire de la main droite. Il faut plutôt voir, là, une suite chronologique normale. En règle générale, la dyslexie ne se déclare véritablement qu’en CE 2, soit après l’apprentissage de l’écriture. Dans l’esprit des gens, il peut donc y avoir confusion entre les problèmes liés à l’écriture et la dyslexie. Mais il n’y a aucun rapport sur le plan neurologique. Ce n’est pas la même zone du cerveau.

 

  1. LE BEGAIEMENT 

Une étude sur le bégaiement montre que 80 % des bègues sont des gauchers contrariés, sans forcément le savoir. Si l’on contrarie un enfant gaucher, pour le rendre droitier, on risque de voir apparaître ce trouble. En effet, il semble que le centre cérébral de la parole soit en relation très étroite avec celui qui commande la main dont l’enfant se sert habituellement. Si on l’oblige à utiliser l’autre, les mécanismes nerveux régissant la parole pourraient subir des perturbations.

On peut considérer deux types de bégaiements :

  • Le bégaiement tonique : il consiste en la répétition d’une syllabe. Ce type de bégaiement fait, pour ainsi dire, partie de l’acquisition du langage, tant il est fréquent. Il survient entre 3 et 4 ans, car c’est à cet âge que l’enfant fait les plus grands efforts pour parler. 
  • Le bégaiement tonique : ce type de bégaiement révèle toujours des problèmes affectifs certains. Dans ce cas, il faut toujours rechercher les éléments conflictuels qui ont déclenché le trouble,

 

  1. DYSLEXIE ET TROUBLE DE LA LATERALISATION

La gaucherie et surtout la mauvaise latéralisation ont fréquemment été invoquées à l’origine de la dyslexie. Les études statistiques par comparaison à l’ensemble de la population de gauchers sont difficiles à conduire, et donnent des résultats de signification variable. La fréquence des gauchers et des enfants mal latéralisés serait comprise entre 30 et 50% parmi les enfants dyslexiques.

La gaucherie contrariée a été rendue responsable des troubles, surtout à une époque où l’on imposait assez vigoureusement à l’enfant un choix. Dans un tel contexte, il est probable que le climat affectif de contrainte ait été un facteur favorisant non négligeable. Actuellement le respect de la latéralisation spontanée de l’enfant est plus grand, et dans ces conditions les gauchers ne subissent plus la pression normative ancienne

 

  1. TROUBLES PERCEPTIFS : PROBLEME DE VUE

Dans cette hypothèse, les facteurs périphériques, en particulier la vue sont rendus responsables des difficultés de lecture. La dyslexie a d’ailleurs historiquement étédécrite d’abord par un ophtalmologue (Minshdwood 1895). Si l’on n’invoque plus maintenant l’activité visuelle en elle-même, divers auteurs plus récemment se sont tournés vers l’étude de l’oculomotricité, décrivant soit une dyspraxie oculaire, soit une non-latéralisation du regard. Toutefois, si la réalité de ces trouble est indéniable sans qu’on sache d’ailleurs s’ils sont primitifs ou secondaires, ils ne sont pas constants chez les enfants dyslexiques, et se rencontrent chez les non-dyslexiques. En tout état de cause, l’intégration des graphèmes pour aboutir à la compréhension symbolique du langage lu ne saurait se réduire à la simple perception sensorielle.

 

  1. TROUBLE DE L’ORGANISATION TEMPORELLE ET SPATIALE

Les premiers pas de l’enfant dans le monde de l’écriture suscitent des réactions aussi diverses le unes des autres : tantôt c’est réjouissant, tantôt c’est inquiétant. Au début il a tendance à former systématiquement ses lettres dans le mauvais sens ou qu’il a du mal à enchaîner les lettres les unes aux autres ; certains enfants ont même du mal à respecter les lignes du cahier, confondent les « m » et les « n », les « b » et les « d ».

L’écriture en miroir est un problème courant chez l’enfant qui apprend à écrire. Il a souvent tendance à tracer certaines lettres complètement à l’envers et qui ressemblent exactement à l’image que renverrait un miroir. L’enfant n’écrit pas des phrases entières en miroir, mais le plus souvent une lettre sur deux, parfois moins. Très souvent, il écrira aussi les chiffres de cette manière.

Le problème de la gaucherie contrariée est un facteur encourageant cette situation. Il a plus de mal à écrire convenablement, dû à un problème de concentration. L’intervention d’un psychomotricien est alors requis pour corriger cette trouble (rééducation) où il apprendra à bien se repérer dans l’espace par des exercices simples tels que lui faire différencier sa gauche de sa droite, le haut du bas Ces notions sont très importantes car c’est seulement lorsqu’il saura se repérer dans l’espace, qu’il parviendra à s’organiser sur sa feuille.

Pour écrire avec aisance, l’enfant doit respecter certaines règles dans le tracé de ses lettres. Nombreux sont les enfants qui les tracent à l’envers. Ce petit défaut doit être vite corrigé pour que l’enfant écrive, plus tard, à un rythme régulier. En apprenant à écrire, l’enfant découvre aussi que le tracé des lettres a un sens. Les lettres à base de boucle se forment dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, donc de gauche à droite, et les traits verticaux de haut en bas.

A priori, c’est un geste que l’enfant a appris en maternelle en réalisant ses premiers ponts, boucles ou bâtons. Pourtant, pour certains, ce n’est pas une évidence et continuent à former leurs lettres dans le mauvais sens. C’est un problème de repérage dans le temps et l’espace. S’il n’a pas la notion de droite-gauche et de haut et bas, l’enfant peut tout à fait écrire ses lettres à l’inverse de la procédure normale sans que l’on s’en rende réellement compte en regardant sa copie. Ce n’est qu’en l’observant dans sa manière de faire que l’on peut détecter ce genre de problème.

 

  1. PROBLEMES MORPHOLOGIQUES

Bien souvent, le gaucher doit également faire face à des problèmes de formes, physiques. Face au comportement qu’il doit acquérir pour se conformer aux règles de l’écriture par exemple. C’est surtout en rapport avec la position qu’il doit adopter. Le plus souvent il est question d’un problème de poignet tordu.

70 % des enfants gauchers, en manquent de solutions, adoptent la position du poignet tordu au-dessus de la ligne d’écriture, pour ne citer que ce problème. Hors les 30 % restant nous prouvent que ce n’est pas une obligation et encore moins la seule manière possible d’écrire pour un gaucher. La principale raison se trouve dans l’absence, dès le début de l’apprentissage, de la non application des recommandations connues ainsi que de l’ignorance des méthodes qui pourraient être utilisées. Nous savons qu’un apprentissage spécifique éviterait ce problème.

 » Si l’on apprend au petit gaucher à bien positionner sa main d’emblée, de manière à avancer librement sur la ligne, il est soulagé de la nécessité de se livrer lui-même à de périlleuses recherches d’une position de main qu’il n’est pas encore apte à trouver et qui aboutit chez certains à cette fameuse main tordue du gaucher « .

Non le poignet tourné n’est pas une manière obligatoire d’écrire pour les gauchers. Oui cela entraînera des pathologies plus ou moins importantes. Il est toujours attendu du ministère de l’Éducation Nationale qu’il propose aux enseignants une formation sur une pédagogie plus favorable aux gauchers. Tant que celle-ci ne sera pas en place, c’est donc le ministère de la santé qui continuera à gérer ce problème. Rappelant que les gauchers représentent plus de huit millions d’individus en France. Comme on n’est pas certain que la coordination entre ces deux ministères, aux intérêts pourtant liés, soit à la mesure des espérances, il est à craindre pour les gauchers que rien ne change.

 

  1. LA PHOBIE SCOLAIRE

La phobie scolaire est un trouble de comportement de l’enfance et de l’adolescence qui touche environ 5 % de cette population. Il en existe plusieurs définitions, mais on s’accorde à dire que les caractéristiques principales sont l’évitement scolaire et la peur irrationnelle liés à un stimulus scolaire ou la peur d’être séparé des parents. Les auteurs questionnent les limites et l’utilité d’un tel diagnostic. 

La notion de phobie scolaire a fait son apparition dans la littérature dans les années 40. À cette époque, on a interprété le refus scolaire comme résultant d’une angoisse de séparation des figures parentales, surtout de la mère, parce que la relation mère-enfant aurait été symbiotique. C’était la grande époque de l’école psychodynamique. Dans les années 60, le béhaviorisme a redéfini le concept comme étant « un comportement d’évitement motivé par une peur intense de la situation scolaire et maintenu par des renforcements secondaires ». La phobie scolaire est devenue une phobie simple spécifique. Toutefois, bien que les 2 conceptions (psychodynamique et behaviorale) n’aient jamais été conciliées dans une même définition, les cliniciens et les chercheurs les interchangent. Le refus de fréquentation scolaire peut être diagnostiqué, soit comme un trouble d’angoisse de séparation (Separation Anxiety Disorder), soit comme une phobie simple spécifique. De cette labilité diagnostique résulte une confusion dans les études portant sur les phobies scolaires. Ces mêmes études présentent plusieurs faiblesses au plan méthodologique. On ne peut donc généraliser les résultats obtenus, surtout en ce qui concerne une réelle angoisse d’être séparé du milieu familial. 

Les auteurs questionnent l’appellation de phobie scolaire et se demandent si c’est bien une phobie : une peur excessive, irrationnelle et spécifique, provoquant des comportements d’évitement. Dans une étude antérieure (1993), ils ont tenté d’évaluer l’intensité de la peur d’enfants refusant d’aller à l’école et l’ont comparée à celle d’autres enfants. Les résultats obtenus indiquent que ces enfants rapportent avoir davantage peur d’aller à l’école que les autres, mais ils n’indiquent toutefois pas une peur excessive comme l’exige le diagnostic d’une phobie. De plus, on retrouve chez ce groupe d’autres peurs de même intensité (ex. : la mort, les incendies, aller à l’hôpital, les cauchemars) qui ne sont pas considérées comme des phobies par les cliniciens. 

Plusieurs auteurs des années 80 et 90 croient que l’anxiété générale est prédominante chez ce groupe d’enfants. La peur de l’école ne serait donc pas la caractéristique principale de cette population. En fait, ces enfants vivraient plutôt des affects négatifs (anxiété, dépression, baisse de l’estime de soi) qu’ils relieraient au monde scolaire. 

Le terme « phobie scolaire » est remis en cause également, puisque selon la définition du terme « phobie », la peur doit être liée à un objet spécifique. Or, l’école est un ensemble de stimuli. Savoir qu’un enfant a une phobie scolaire donne peu d’informations sur l’objet de sa peur. À partir de données recueillies auprès d’enfants, de parents et de cliniciens, les auteurs avancent l’idée que, plus qu’un objet tangible spécifique, ces enfants craindraient les situations sociales et craindraient d’être jugés, évalués, de ne pas être appropriés devant les autres. Plutôt que de parler de phobie scolaire, il serait plus approprié de parler d’un « évitement d’un stimulus provoquant un état émotif négatif ou d’une situation sociale-évaluative aversive dans le cadre scolaire ». Le sentiment d’insatisfaction des gauchers (contrariés) et l’impression d’incapacité à assumer les travaux d’écriture quotidienne et les pressions investies par les instituteurs constituent leurs principales causes de phobie scolaire.

À partir de ces données sur la phobie scolaire, les auteurs proposent de porter une attention particulière à l’évaluation de l’anxiété et de la dépression ainsi qu’aux événements scolaires de nature sociale-évaluative plutôt que d’axer l’évaluation sur la peur de l’école. Ils suggèrent de mener une évaluation attentive et détaillée de cette population afin d’identifier la fonction spécifique du refus scolaire et de pouvoir ainsi déterminer des objectifs pertinents de traitement. Il s’agit d’abord d’effectuer un dépistage des enfants vivant des craintes à fréquenter l’école pour identifier les cas où le refus scolaire résulte d’un autre problème (ex. : dépression sévère, comportement d’opposition, trouble d’apprentissage). Dans les cas où le refus scolaire est la difficulté première, il s’agit de discriminer ceux qui évitent un stimulus provoquant en eux un état émotif négatif de ceux qui désirent éviter une situation sociale-évaluative. Les auteurs recommandent d’employer une variété de procédures pour corroborer ce diagnostic (entrevues et questionnaires à l’enfant, aux parents et aux enseignants). Cette façon de procéder permet d’obtenir un portrait détaillé de l’enfant, ce qui est beaucoup plus aidant pour le traitement que ne l’est le diagnostic de phobie scolaire. Le traitement prescrit doit découler directement du portrait obtenu. 

– Pour les enfants qui cherchent à éviter un stimulus provoquant en eux un état émotif, les auteurs suggèrent une thérapie basée sur la désensibilisation systématique et immédiate (dans les cas aigus) ou une exposition graduelle à la situation scolaire. Pour plusieurs de ces enfants, le sentiment d’inconfort n’est pas relié à un stimulus particulier. Des techniques de relaxation peuvent être enseignées et, dans les cas extrêmes, une médication anxiolytique ou antidépressive peut être prescrite. 

– Dans les cas d’aversion sociale-évaluative, les auteurs suggèrent des jeux de rôles pour développer les habiletés sociales et une thérapie cognitive pour travailler les distorsions de la pensée (ex. : peur d’être ridicule, d’être rejeté, de décevoir parents et enseignants). 

– Pour les enfants dont le refus scolaire est un moyen d’obtenir de l’attention, l’intervention est faite auprès des parents, sous forme d’entraînement à certaines habiletés (ex. : renforcement des comportements scolaires appropriés, mise en place de règles claires, retrait de l’attention pour les comportements inacceptables). 

– Enfin, dans les cas d’enfants qui refusent d’aller à l’école parce qu’ils obtiennent des renforcements positifs tangibles, les auteurs recommandent une thérapie familiale et la mise en place de contrats. L’intervention doit viser à réduire le conflit familial, à augmenter les incitations à la fréquentation scolaire et à diminuer les renforcements positifs du refus scolaire. 

Dans une situation de manque de suivi particulier et d’attention par rapport à l’enfant gaucher, la phobie scolaire peut se prolonger en une phobie sociale. La phobie sociale consiste en une peur persistante et intense d’une ou de plusieurs situations sociales ou de performance qui peuvent exposer la personne à l’observation attentive d’autrui. Celle-ci craint que ses actions la mettent dans une situation embarrassante ou humiliante. Les situations sociales ou de performance provoquent une détresse intense et sont évitées, mais cet évitement perturbe profondément les activités de l’individu, surtout les activités scolaires de l’enfant.

Partie 2. LE DEVELOPPEMENT DE COMPETENCES DE L’INDIVIDU GAUCHER A TRAVERS L’ECRITURE ET L’INSTRUMENT DE MUSIQUE

L’adaptation de l’individu gaucher tant à l’écriture qu’à l’instrument de musique ne constitue pas toujours un problème. Comme il a été vu précédemment, les difficultés relatives à cette adaptation résultent d’un problème d’incompréhension par son entourage, dû à une ignorance ou un manque de suivi. Le plus grand pas que l’enfant gaucher a à faire c’est d’exprimer son choix pour la main à utiliser. Il suffit ensuite de montrer à l’enfant ce qu’il faut faire, avec plus d’attention accordée à son égard ; étant donné qu’il a à fournir plus d’effort que les autres afin de corriger son naturel dans le sens de l’écriture, par exemple, et dans l’adoption de la posture adéquate.

Maintenant, la question d’un développement culturel de l’enfant se pose. Il a donc à défendre sa particularité. Partant du principe que tout n’est qu’apprentissage, ce développement peut être orienté et soutenu aux moyens de stratégies cohérentes, particulièrement dans le domaine de l’éducation, la psychologie, l’art et le sport, sachant que les individus gauchers présentent une faculté plus aigue dans ces deux domaines.

 

Chapitre 3. STRATEGIES D’APPRENTISSAGE ET D’ADAPTATION D’UN INDIVIDU GAUCHER

Les enfants gauchers ont longtemps été victimes d’une discrimination au sein des établissements scolaires dans les années 60, à cette époque, on les obligeait à écrire avec la main droite. Aujourd’hui, même s’ils sont mieux acceptés, les méthodes pédagogiques sont beaucoup plus adaptées aux enfants droitiers. Il est essentiel de surveiller l’apprentissage des enfants gauchers en écriture car si on le néglige, il peut connaître quelques retards puisque l’écriture est la base de tout enseignement. 

A cet effet, afin de permettre un bon développement de ses compétences, il est nécessaire de structurer les techniques de suivi à adopter pour l’enfant. Il peut s’agir de son encadrement, c’est-à-dire, une prise en compte de sa particularité plus rapprochée par rapport à son choix d’utilisation de la main gauche dans l’écriture, un encouragement effectif de la part de son entourage et une attention particulière à son égard et enfin par rapport aux outils et techniques d’enseignement. 

Dans une optique psychologique, l’expression d’une particularité par rapport aux autres peut induire à des conséquences plus affectives. Dans ce cas, un renforcement de la personnalité de l’enfant gaucher se basant sur des valeurs et des défis lui serait bénéfique. Et enfin, considérant que le gaucher peut également recourir à son sens aigu de l’art, qui est également une source de passion et de motivation, pour s’affirmer.

 

Section 1. UN ENCADREMENT APPROPRIE

L’élève gaucher tend naturellement à lire de la droite vers la gauche et il est plus à son aise également pour écrire dans son sens physiologique, et en miroir si on le lui permettait. Comme il n’est pas socialement envisageable de le laisser faire comprenons bien que l’élève gaucher non contrarié ne peut pas exister. Un million et demi d’élèves gauchers en école primaire attendent que l’on prenne en compte leur différence d’une façon appropriée.

 

  1. RESPECT DU CHOIX D’UTILISATION DE LA MAIN GAUCHE

Etre gaucher n’est pas uniquement écrire de la main gauche, mais vivre et se servir du coté de son corps le plus agile pour entreprendre une action. Bien sur, toute tentative de repérage devra s’accompagner de patience pour être déterminé. Ce ne sera qu’à environ 6, 7 ans qu’on peut être certain de sa latéralité définitive.

En contrariant un gaucher, on oblige son cerveau gauche à commander la main droite et donc à se mobiliser contre nature. Ce faux droitier devra redoubler d’efforts d’inversion pour se repérer dans une spatialisation de vrai droitier. Des troubles du langage, de la lecture et une souffrance psychoaffective inutile et cruelle pourraient perturber sa scolarité.

La gaucherie est une réelle différence, car le cerveau d’un gaucher à un mode de construction et de répartition des commandes différentes de celles d’un droitier. Le droitier répartit les tâches, alors que le gaucher est concentré sur l’hémisphère droit. Cela permet à ces personnes d’être la plupart du temps plus habiles et plus rapides dans l’exécution d’une tâche et/ou celle d’une œuvre. Dès les premières échographies on peut déjà savoir si son enfant est gaucher. En effet, si tel est le cas, on peut nettement constater que son corps calleux est plus développé.

L’autre particularité est de fonctionner de droite à gauche, ce qui peut engendrer des difficultés d’apprentissage en ce qui concerne la lecture et/ou l’écriture. Le rôle des parents est alors avant tout d’initier l’enfant dès le plus jeune âge 10 mois à d’ors et déjà suivre le doigt pendant les lectures et ce, d’une façon très ludique et à toujours prendre ses petits livres à l’endroit. Pour le reste, il sera important pour l’enfant qu’il soit « repéré » dès son plus jeune âge, il rencontrera alors, moins de répercussions. Les parents pourront alors respecter leur enfant dans sa globalité. Car on naît gaucher et on le reste, c’est-à-dire qu’on le vie toute sa vie. 

Contrarier un gaucher , c’est un peu l’interdire d’être lui, l’empêcher de fonctionner comme il est et comme il le restera si personne ne le contraint à être un autre ou à adopter un autre mode de fonctionnement imposé. Il est donc nécessaire de ne pas contrarier un gaucher. En effet, cela peut avoir des conséquences sur sa confiance personnel, sur sa sécurité, sur son langage, sa propreté, mais aussi sur son alimentation et sur son ouverture aux autres, sa socialisation. C’est souvent à l’entrée au CP que sans s’en apercevoir, l’enfant non repéré rentre dans un processus d’inhibition et d’échec scolaire, lorsqu’il y a contrariété. 

Il est donc indispensable que chaque parent soit attentif et vigilant sur l’éventuelle découverte, sur son partage et la transmission de celle-ci dans chacune des activités intellectuelles mais aussi motrices. Enfin, il est également nécessaire de communiquer cette particularité à son instituteur, en vue duquel une collaboration entre les deux parties serait encouragée pour soutenir son développement.

 

  1. SUIVI SCOLAIRE RAPPROCHE ET ENCOURAGEMENT

Laisser faire, ne pas le contrarier est insuffisant, car l’enfant s’adaptant seul, le fait mal : cahier trop penché, torsion du poignet et scoliose compensatrice avec pathologie vertébrale.

L’attention à porter aux gauchers relève essentiellement de l’organisation de leur confort dans un environnement scolaire créé pour des droitiers et ce, dès leurs premiers pas dans l’apprentissage de l’écriture. 

  • Bien installer le gaucher 

Sur les tables à deux places, le gaucher doit être installé à la gauche du droitier pour éviter une gène réciproque, gène d’autant plus grave que les deux apprentis ont besoin de place pour le bras qui écrit et la main d’appui sur la table. 

  • Partager le confort dans la classe 

L’installation des gauchers et des droitiers doit être expliquée à l’ensemble de la classe afin que la notion de confort fasse partie intégrante de l’acte d’écrire. 

  • L’accompagnement de l’enseignant

Dès la maternelle mais surtout au CP, le gaucher a tendance à commencer la ligne à droite pour aller vers la gauche et à tracer certaines lettres à l’envers. La vigilance de l’enseignant est indispensable. Dans l’espace et sur le plan horizontal, les gestes seront vécus, expliqués, commentés, et ces commentaires mémorisés. Ainsi, sans être contrarié, le gaucher comprendra et intégrera la norme de l’écriture. 

  • La posture du gaucher 

L’enfant gaucher instaurant fréquemment de lui-même des postures compensatoires (telle arrondir le bras par-dessus la ligne d’écriture en tenant le stylo bizarrement), il faut, dès le départ, montrer comment se tenir et placer sa feuille pour écrire facilement. La feuille devra être inclinée légèrement vers la droite dans l’axe de l’avant-bras posé sur la table jusqu’au coude. La tenue du stylo doit aussi être enseignée ; correcte, elle ne perturbera pas le rythme de l’écriture. 

  • Le respect du sens des lettres 

Le sens des lettres doit être mémorisé et respecté par tous. Quelques adaptations sont à offrir au gaucher. La barre du  » t » sera tracée de droite à gauche ainsi que l’accent circonflexe et le soulignement. 

 

Bien accompagné au début de son apprentissage, reconnu au sein de la communauté enfantine grâce au partage et à la communication, un élève gaucher ne rencontrera pas de difficultés. Une organisation de la classe adaptée aux besoins de chacun n’est ni une contrainte, ni une surcharge insurmontable de travail pour l’enseignant. Elle est source d’équilibre et motive le plaisir d’apprendre.

 

  1. OUTILS ET TECHNIQUES D’ENSEIGNEMENT ADEQUATS

Le gaucher est souvent face à un environnement inadapté, étant donné que le monde même est conçu pour le droitier. Les anthropologistes ont pu déterminer qu’il y avait des gauchers il y a plus d’un million d’années en se basant sur les outils façonnés à cette époque. Cela étant, il est impensable qu’à notre époque les gauchers ne puissent pas avoir des outils qui leur sont adaptés.

Choisir un bon outil scripteur comme pour les droitiers, il doit prioritairement offrir trois avantages : 

  • le trait qu’il trace est de densité constante; 
  • il court librement ; 
  • il peut aller dans toutes les directions sans fatigue. 

Cet outil favorisera la motricité fine, la rigueur et la vigueur dans le tracé, clés d’une écriture lisible et fluide. Pour la bonne tenue, il doit posséder un corps ergonomique adapté au gaucher. Enfin, l’esthétique compte: un bel outil contribuera au plaisir d’écrire.

Entraîner les gauchers à l’aide d’un cahier spécifique : utile dès le CP pour les bases et aux CE et CM pour l’enrichissement des acquisitions, un cahier d’écriture pour gauchers se doit :

  • de fournir des explications sur la posture ; 
  • d’aider au confort de l’enfant en donnant des conseils (position de la feuille, tenue du stylo) ; 
  • de faire respecter le sens des tracés tout en offrant les adaptations nécessaires au gaucher ; 
  • de proposer deux modèles : un à gauche pour répondre à la norme et l’autre à droite afin que le gaucher puisse le visualiser tout au long de la ligne d’écriture. 

Ainsi entraîné, il aura les bons automatismes sans peiner et sans prendre de mauvaises positions. 

 

Section 2. DEVELOPPEMENT PAR LE DEFI ET LA CONFIANCE EN SOI

Le développement des compétences de chaque individu, gaucher ou droitier, commence par un développement personnel. Le développement personnel renvoie à toutes les activités proposant de développer une connaissance de soi, de valoriser ses talents et potentiels, de travailler à une meilleure qualité de vie, et à la réalisation de ses aspirations et de ses rêves. 

Dans la plupart des cas, l’enfant est soumis à des préjugés du fait de sa différence par rapport aux autres. D’une part, face à son entourage, il peut avoir tendance à prendre exemple, voire à copier, sur les autres. Ce qui le conduirait à une forme de contrariété, même si c’est volontaire. D’autre part, il s’agit de s’affirmer en tant que gaucher. Il aura donc à défendre sa personnalité.

Afin de gérer ses problèmes d’adaptation et afin de permettre un développement de ses compétences, outre les techniques liées à l’apprentissage, notamment scolaire, une motivation par les défis et la confiance en soi est un moyen utile à la formation de sa personnalité, et pour lui permettre de réussir sa vie. Plusieurs d’entre eux en témoignent, plus tard, que les gauchers, du fait de l’affirmation de la spécificité de leur anatomie sont avantagés dans leurs activités.

 

  1. ANATOMIE FONCTIONNELLE DU GAUCHER

Le cortex cérébral renferme dix milliards de neurones interconnectés entre eux, cet ensemble est responsable de ce qu’on appelle la pensée, le moi. Cependant certaines zones du cerveau sont spécialisées dans certaines fonctions.

On individualise ainsi une aire motrice, une aire sensitive, une aire visuelle, une aire auditive. A proximité de ces aires s’étendent des régions moins bien délimitées, ce sont les centres d’association psychique qui vont intégrer la sensation élémentaire (perception) et l’identifier (gnosie).

La majorité de ces voies nerveuses sont croisées c’est à dire que les voies de la sensibilité de la moitié du corps gauche sont ressenties par l’hémisphère cérébral droit et inversement, de même la commande de la moitié du corps gauche est sous la dépendance de l’hémisphère cérébral droit et inversement.

Le « cerveau » gauche est le dominant chez un droitier, le droit chez un gaucher. Ainsi chez le droitier, c’est le cerveau gauche qui va héberger le centre de la parole et les raisonnements de type mathématiques, alors que le droit sera plutôt celui du sens artistique et de l’intuition.

  • L’aire sensitive :

Les voies de la sensibilité générale consciente (cutanée et profonde) atteignent le cortex après croisement dans la moelle et le bulbe, et relais dans les noyaux thalamiques. L’aire de projection correspond à la circonvolution pariétale ascendante

  • L’aire psycho-sensitive :

En arrière de l’aire sensitive primaire s’étend une aire secondaire. Le malade qui présente une lésion de cette aire ressent normalement les sensations élémentaires et ne présente aucun symptôme d’anesthésie, mais il ne perçoit aucune impression d’ensemble (agnosie). Il est incapable d’identifier les objets qu’il touche et a perdu complètement le sens des attitudes. Dans cette aire sont enregistrées les images tactiles antérieurement acquises : donc outre un centre d’intégration des sensations présentes c’est aussi un centre de mémoire des perceptions.

  • Les aires visuelle et psycho-visuelle :

Les voies de la sensibilité visuelle consciente, partiellement croisées dans le chiasma, aboutissent dans la région occipitale. Toute lésion de l’aire visuelle entraîne une cécité partielle correspondant à une région définie du champ visuel. La rétine se projette point par point sur l’aire visuelle, mais le territoire cortical correspondant à la fovea est relativement très étendu. En avant de l’aire visuelle primaire s’étend l’aire psycho-visuelle.

La stimulation électrique d’un point de cette aire fait apparaître des hallucinations évoquant des objets ou même des scènes plus complexes. La destruction partielle de l’aire secondaire entraîne une agnosie visuelle : le sujet voit les objets, mais ne les reconnaît pas ; il a perdu tout souvenir des perceptions antérieures. C’est le cas par exemple dans la cécité verbale : le malade voit parfaitement la page écrite placée sous ses yeux, mais il ne peut en déchiffrer un mot, comme si cette page était composée de signes inconnus.

La destruction des lobes occipitaux crée une «nuit psychique » beaucoup plus complète qu’en cas de lésion sur les voies optiques : non seulement le sujet est aveugle, mais il a perdu tout souvenir de ses perceptions visuelles antérieures.

  • Les aires auditive et psycho-auditive :

Les voies de la sensibilité auditive consciente, partiellement croisées dans le bulbe, rejoignent le cortex vers le milieu de la première circonvolution temporale. De même que la rétine se projette sur l’aire visuelle, la cochlée ou limaçon se projette sur l’aire auditive. Les sons aigus (base de la cochlée) sont perçus à l’arrière, les graves (sommet de la cochlée), à l’avant.

Au-dessous de l’aire auditive primaire s’étend une aire secondaire où se fait l’identification des sons. Une lésion à ce niveau va entraîner une surdité verbale : le malade entend bien son interlocuteur mais il ne le comprend pas, comme si celui-ci s’exprimait dans une langue étrangère.

  • L’aire motrice :

Elle est située dans la circonvolution frontale ascendante, c’est un véritable clavier de commande assurant la contraction élémentaire de tous les muscles. Le système musculaire tout entier se projette ainsi sur la circonvolution frontale, mais l’étendue de chaque centre moteur dépend, non de la masse des muscles qu’il représente, mais de la précision des mouvements dont ces muscles sont capables : ainsi, chez l’Homme, la face et les mains occupent une fraction importante de l’aire motrice.

En avant de l’aire motrice primaire s’étend une aire secondaire dédiée à la coordination des contractions élémentaires et leur orientation vers un but précis (praxie). Le malade qui présente une lésion à ce niveau ne manifeste aucun symptôme de paralysie, mais ses gestes sont maladroits et tous les mouvements complexes acquis lors d’un apprentissage sont oubliés (apraxie).

Les apraxies sont à la motricité volontaire ce que les agnosies sont à la sensibilité consciente. Les plus étonnantes concernent le langage : le malade raisonne normalement, mais il est incapable d’écrire (agraphie) ou d’articuler les mots (anarthrie) qui pourraient traduire sa pensée. L’aire psycho-motrice (comme d’ailleurs l’aire psycho-sensitive) de l’un des hémisphères est prédominante : Il s’agit de l’hémisphère gauche chez les droitiers, de l’hémisphère droit chez les gauchers. Cette prédominance permet une meilleure coordination des mouvements symétriques, d’où l’intérêt de ne pas contrarier un gaucher.

  • Les lobes frontaux en avant de l’aire psycho-motrice :

Une destruction importante du lobe frontal se traduit par un déficit intellectuel et par des troubles du comportement. Les lobes frontaux occupent le sommet dans la hiérarchie nerveuse. A ce niveau, toute tentative de localisation demeure vaine.

  • Les formations extra corticales :
    • L’hypothalamus, situé dans le plancher du 3e ventricule, occupe le sommet de la hiérarchie neuro-végétative. C’est pourquoi ce sont des influx d’origine hypothalamique qui déclenchent toute la gamme des réactions viscérales liées à l’expression des émotions : variation de diamètre de la pupille, dilatation ou contraction des vaisseaux cutanés (rougissement ou blêmissement), variation des rythmes respiratoire et cardiaque, relâchement des sphincters, émission des larmes, hérissement des poils, sudation… Ces réactions hypothalamiques peuvent être déclenchées par des influx venant du thalamus ou du rhinencéphale.

 

  • Le thalamus sert de relais général à toutes les formes de sensibilité.

L’excitation des diverses régions du thalamus permet d’obtenir toutes les réactions émotionnelles, qu’elles soient somatiques (cris, tremblements… déclenchés par l’intermédiaire des noyaux gris moteurs) ou viscérales.

 

  • Le rhinencéphale est constitué par une large bande de cortex située sur la face interne des hémisphères, au-dessus et au-dessous des grandes commissures. Sa structure est relativement simple (il ne comprend guère que deux couches de neurones) et sa grande ancienneté (il forme la quasi-totalité du cerveau des mammifères inférieurs) l’opposent au cortex.

Le rhinencéphale reçoit électivement les influx olfactifs d’où son nom (du grec rhinos : nez) mais il reçoit également des influx tactiles, visuels, auditifs. Deux domaines semblent particulièrement concernés par l’activité rhinencéphalique : la mémoire et l’affectivité.

-La mémoire, certes, fait intervenir les centres psycho-sensitifs et psycho-moteurs, ainsi que de nombreuses connexions qui relient ces centres entre eux ; mais le rôle du rhinencéphale ne semble pas moins important. Une lésion rhinencéphalique entraîne un état de confusion avec amnésie et fabulation, le sujet étant incapable de fixer les souvenirs récents. D’où l’idée de «circuits de mémoire » : la destruction d’un seul maillon de la chaîne entraîne la rupture du circuit correspondant.

-Chez l’Homme, une lésion du rhinencéphale entraîne un état d’angoisse, plus rarement une sensation de plaisir. Au niveau du rhinencéphale s’opèrent le contrôle et la coordination des réactions émotionnelles et probablement la coordination des instincts : recherche des aliments, instinct de conservation, instinct sexuel…

 

  • Corps striés et cervelet :

Des lésions des corps striés sont à l’origine de la maladie de Parkinson (tremblements plus ou moins généralisés, associés à une attitude figée et inexpressive) et de la chorée, ou «danse de Saint-Guy » (mouvements incoordonnés)

Des lésions du cervelet entraînent des troubles majeurs de l’équilibre et de la coordination motrice. Corps striés et cervelet interviennent dans la répartition du tonus musculaire et dans la régulation de la motricité.

 

  • Formation réticulée et vigilance :

La formation réticulée s’étend du bulbe à l’hypothalamus et comprend les 9/10 des neurones du tronc cérébral. Une lésion de la formation réticulée entraîne un état voisin du sommeil. Les hypnotiques agissent par inhibition de cette région du névraxe. Ainsi, la formation réticulée maintient le cortex à l’état d’éveil et assure la régulation de la vigilance.

 

  1. SPECIFICITE ANATOMIQUE : COLLABORATION RAPPROCHEE ENTRE LES DEUX HEMISPHERES DU CERVEAU

Ce qui distingue les droitiers des gauchers, c’est que chez les gauchers, pour une raison qu’on ignore, il y a plus de coopération entre les deux hémisphères du cerveau. On peut imaginer alors que pour des activités qui demandent plus de coopération des deux hémisphères, le gaucher va être meilleur.

Ne dit-on pas la même chose du cerveau des femmes? «Si on compare une femme droitière et un homme droitier, il est vrai que la femme va avoir un petit peu plus de coopération entre les deux hémisphères. Mais pas autant que si on compare une femme gauchère et une femme droitière», nuance le spécialiste. Ainsi, après une lésion cérébrale, on pense que les personnes gauchères qui ont perdu la faculté de s’exprimer récupèrent un peu mieux et un peu plus rapidement que les droitiers.

Quant aux outils conçus pour les gauchers, on peut reconnaître que certains peuvent être d’une réelle utilité, comme les ciseaux et les outils. Mais les montres ou les calendriers à l’ordre inversé laissent sceptique. Le gaucher nécessite ou bénéficie-t-il d’une présentation miroir. Qu’il puisse lire plus facilement qu’un droitier l’écriture en miroir, peut-être. Mais est-ce que ça l’aide? C’est peut-être simplement un pied de nez aux droitiers.

 

  1. LA CONFIANCE EN SOI

En règle générale, l’enfant n’a pas de problème de confiance en soi, mais elle se perd à cause de diverses contrariétés auxquelles l’enfant doit faire face. C’est un problème auquel il doit remédier avec l’aide de son entourage par un vif encouragement. En effet, il est bien important d’orienter l’enfant vers la tendance qui lui correspond le mieux. Et cela demande plus d’implication tant des parents que son instituteur. Ce seront les résultats négatifs d’une adaptation mal accomplie et brusque qui nuiront à leur personnalité, en pleine formation. Cela empêcherait tout bon déroulement d’un développement de compétences stable, voire une absence de développement remplacé par des frustrations.

 

Section 3. DEVELOPPEMENT PAR LA PASSION ET LA MOTIVATION : EXEMPLE DE L’INSTRUMENT DE MUSIQUE

Des études ont démontré qu’il y avait une plus grande proportion de gauchers dans la population artistique, soit 20 %. Dans certains sports  le pourcentage dépasse les 30% alors que la population normale est de 13 %. Les gauchers sont bons dans les matières artistiques, car ils ont une vision spatiale plus complète et plus rapide. Il existe trois types de mémoires chez l’homme : la mémoire visuelle, la mémoire auditive et la mémoire du toucher (kinesthésique). Les gauchers ont plutôt tendance à développer le sens kinesthésique. Ils préféreront toujours qu’on leur montre les choses plutôt que de les leur expliquer. De plus, le sens de l’espace et du toucher se situe dans le cerveau droit, le plus intuitif, et celui qui est le plus stimulé chez le gaucher.

Les gauchers sont également meilleurs dans certains sports, et notamment ceux où il faut être rapide et où l’on se déplace de droite à gauche, comme le ping-pong, le fleuret, le tennis ou le cyclisme sur piste. Ce phénomène s’explique par la proximité du centre moteur et du centre de la vision spatiale dans le cerveau droit chez le gaucher. Chez le droitier en revanche, le centre de la vision spatiale est situé dans le cerveau gauche et les informations doivent donc circuler entre les deux cerveaux par le corps calleux avant de déclencher le mouvement. Le gaucher gagne ainsi de précieux centièmes.

 

  1. AVANTAGES D’ETRE GAUCHER

Quand on compare l’anatomie d’un cerveau de gaucher prédominant avec celui d’un cerveau de droitier prédominant, on constate comme principale différence un volume accru du corps calleux chez les gauchers. Le corps calleux est la partie qui fait le pont entre les deux hémisphères cérébraux. Dans le corps calleux passent toutes les connections interhémisphériques. La densité des échanges est donc plus importante chez les gauchers que chez les droitiers.

On dit que l’hémisphère cérébral dominant chez les droitiers est le gauche et chez les gauchers le droit. Il faut préciser cette notion en disant que l’hémisphère dominant est l’hémisphère qui gère les fonctions les plus structurées comme la parole ou l’écriture. L’hémisphère « mineur » va gérer des capacités non rationnelles, plus senties comme la créativité. Mais tout cela est encore très théorique et très schématique et ces capacités ne se voient ni au scanner ni à la dissection.

 

  1. L’INTELLIGENCE DU GAUCHER

Les mentalités ont évolué et être gaucher ne signifie plus être maudit. En fait, ce serait même un avantage dans certains domaines. «Plusieurs recherches confirment une plus grande prédominance de gauchers et d’ambidextres parmi les mathématiciens, les artistes et, dans une moindre mesure, chez les musiciens», peut-on lire dans

Les gauchers excellent également en grand nombre dans les sports dits d’opposition, notamment en boxe, en escrime et en tennis, car ils peuvent surprendre leurs adversaires, généralement des droitiers, par un jeu «en miroir». Certains noms parlent d’eux-mêmes: les joueurs de tennis Raphaël Nadal et John McEnroe, l’escrimeuse Laura Flessel… On peut même être gaucher du pied comme le footballeur Diego Maradona.

Dans le milieu artistique, les gauchers aussi se distinguent. À l’image de Léonard de Vinci, Michel-Ange, Charlie Chaplin et Jimi Hendrix, ils auraient une plus grande facilité, particulièrement en dessin, en architecture et en sculpture. À l’origine de cette aptitude: un sens de l’espace plus développé, comme l’explique le professeur Larivée. «Les gauchers semblent avoir une sensibilité plus prononcée sur le plan spatial. Ils sont donc plus aptes à visualiser des images, à utiliser leur corps et à coordonner leurs mouvements.»

Une étude parue en 2006 dans la revue Neuropsychology a démontré que, chez les gauchers, il y a une très forte communication entre les deux hémisphères cérébraux, bien plus que chez les droitiers. Cela leur permettrait de mieux analyser les situations où il faut prendre des décisions. Si certains chercheurs y voient effectivement un avantage, d’autres ne trouvent aucune différence selon la latéralisation. En fait, les travaux menés sur le sujet sont contradictoires.

Ce qui est sûr, c’est qu’il existe une composante héréditaire dans la transmission de la «gaucherie». Avoir un des deux parents qui est gaucher augmente fortement la probabilité de l’être, surtout si c’est la mère qui est gauchère: la probabilité est alors multipliée par deux. Mais les gènes n’expliquent pas tout. Les hormones auraient également une part de responsabilité dans la latéralisation du cerveau, à savoir la prédominance d’un côté du corps sur l’autre pour accomplir des actes moteurs et sensoriels.

Quelque 10 % de la population mondiale sont gauchers. Sans qu’on puisse dire pourquoi, une plus grande part des individus gauchers sont de sexe masculin: 12,5 % d’hommes comparativement à 10 % de femmes. Dans tous les cas, le fait d’être gaucher n’est pas lié à l’éducation. Inutile donc de contrarier l’enfant pour le forcer à devenir droitier. Mieux vaut au contraire l’aider à se développer avec cette particularité. D’autant plus que, malgré certains avantages, il est difficile pour les gauchers de vivre dans un monde de droitiers. «Que ce soit à l’école ou au travail, le quotidien est un véritable défi, confirme Serge Larivée. Les objets de tous les jours ne sont pas adaptés aux gauchers.» Cela expliquerait d’ailleurs pourquoi les gauchers subissent plus d’accidents domestiques.

Ce qui ne les empêche pas de connaitre des carrières illustres. Par exemple, les États-Unis sont dirigés depuis 30 ans par des présidents gauchers: Barack Obama écrit de la main gauche, tout comme ses quatre prédécesseurs George W. Bush, Bill Clinton, George Bush père et Ronald Reagan.

 

  1. LE GENIE DE LA POPULATION GAUCHE

Un des faits plus remarquant c’est que les 15% de la population mondiale, représentant le pourcentage des gauchers, ont statiquement produit plus de génies de l’humanité que les droitiers. Il suffit d’ouvrir un dictionnaire et de comptabiliser les gauchers: on tombe d’étonnement car ils forment une liste incroyable. Napoléon, Léonard de Vinci, Michel-Ange, Balzac, Platon, Lewis Carroll, Durer, Raphaël, Charlie Chaplin, Benjamin Franklin, Charlemagne, Mark Twain sont tous gauchers… 

Vu que les gauchers naissent dans un monde qui n’est pas le leurs, il est normal qu’ils développent des compétences plus aigues, ne seraient-ce pas qu’ils doivent s’adapter à un monde codifié pour les droitiers: l’eau chaude du robinet est celui de gauche de sorte qu’un droitier ne peut se bruler. Mais le gaucher, lui, doit apprendre des réflexes de droitiers. Du coup, on peut penser qu’il utilise mieux ses deux hémisphères cérébraux…

Vivre dans un environnement conçu par et pour des droitiers complique le quotidien de beaucoup d’internautes. «L’ergonomie du quotidien est conçue pour répondre au confort de la majorité, donc à la population droitière», regrette Baraboro. Tiphaine Hauduroy parle même d’une «tyrannie des droitiers, poussant les gauchers à détester les objets prenant la forme de la main, forme toujours de la main droite !» Des taches anodines peuvent alors relever du défi. «Être gaucher n’est pas un handicap, selon Evelyne Godillot, sauf pour manier certains ustensiles de cuisine comme le couteau à pamplemousse», confie-t-elle. Même constat pour Pierre Dumazeau. «L’injustice fait que j’ai du mal avec mon épluche légumes !» raconte-t-il avec humour.

Même les nouvelles technologies ne s’adaptent toujours pas aux gauchers. Récent acquéreur de l’iPhone 4, ClémentC confie son désarroi de gaucher vexé. «Quand la communauté s’est rendue compte que l’iPhone 4 avait des problèmes de réception liés à l’antenne, notamment quand le téléphone est tenu dans la main gauche, la première réponse d’Apple a été « tenez-le correctement ». Ce qui signifie pour un gaucher « tenez le de la main droite » ! En effet le problème sur la coque est en bas à gauche soit l’endroit ou un gaucher met son auriculaire. Bref, tout ça pour dire qu’Apple pense indirectement qu’être gaucher correspond à une façon « non correcte » de tenir un iPhone…»

Nombre d’internautes gauchers ont donc développé des facultés de «droitiers» indispensables. «En tant que gaucher je dirais que la première des choses est d’apprendre à devenir parfois un droitier», admet ClémentC. Sans faire cet effort, «certaines activités nécessitant un matériel asymétrique deviennent un calvaire, déplore Nathan Béranger, c’est le cas de la guitare électrique, du tir à l’arc ou du tir à la carabine.» Même si certains objets sont aujourd’hui conçus pour les gauchers, «la main droite est de toutes les manières aussi souvent sollicitée que la gauche, constate Baraboro, les gauchers finissent alors par développer une prédisposition à l’ambidextre.»

Être gaucher devient alors un atout de taille pour certains métiers. Guitariste ou tennisman célèbre, l’avantage d’être gaucher n’est plus à prouver dans certaines disciplines. Ceci est encore plus vrai que les gauchers ont par obligation des prédispositions à être ambidextre. Designer et illustrateur, Baraboro peut mettre cet atout en pratique. «Je suis en mesure de dessiner de la main gauche au stylet sur la table graphique, tout en manipulant de la main droite, la souris de l’ordinateur. Dans les studios de production de dessins animés et de jeux vidéos, le pourcentage de gauchers travaillant en « matte painting » [procédé cinématographique qui consiste à peindre un décor où plusieurs scènes filmées sont incorporées] explose le nombre de gauchers généralement admis dans la moyenne de la population.»

 

  1. LE GAUCHER EN SPORT

les étudiants en sports sont plus souvent gauchers que la population générale. Cette tendance est encore plus manifeste quand on observe l’élite sportive : on trouve 15% de gauchers chez les joueurs de tennis, 23% en badminton et en boxe, 32% en tennis de table et jusqu’à 50% en fleuret. Ceci alors qu’aucune différence ne s’observe entre la population générale et les personnes qui pratiquent un sport sans affrontement direct avec un adversaire, comme la natation, le bowling…

Plusieurs raisons justifient ce fait :

  • La surprise : C’est l’hypothèse la plus fréquente, la plus évidente, probablement trop…. Le sportif gaucher désarçonne son adversaire par un comportement inédit, imprévisible, non reproductible. Ce n’est peut être pas suffisant pour expliquer une telle supériorité.


  • La verbalisation non contrariée : le sportif verbalise intensément tout ce qui se passe, il se raconte la partie, la commente, la rejoue, la réfléchit. Cette réflexion a son siège, naturellement, dans l’hémisphère gauche. Dans le cas du gaucher -à la main ‘pilotée’ par l’hémisphère droit -, cela ne peut interférer avec le geste, tandis que le droitier doit partager son hémisphère entre les deux actions : verbaliser et agir.


  • Le circuit court : L’hémisphère droit, qui pilote la main gauche est aussi celui de la représentation dans l’espace, d’où un temps de réaction plus court, ce qui rejoint ce qui a été dit sur la verbalisation. Dans des sports tels que l’escrime ou le tennis, la vitesse peut faire la différence entre deux adversaires de force à peu près  égale.

 

  1. LA PRATIQUE DE L’INSTRUMENT DE MUSIQUE

Qu’il s’agisse de l’écriture ou de l’instrument de musique, le point commun est l’apprentissage. En situation du gaucher, l’orientation vers l’apprentissage de l’instrument de musique témoigne de leur sens aigu de l’art, d’une part ; cela constitue également un refuge, parfois, après une déception dans les tentatives d’adaptation aux normes de droitier, notamment en écriture. On en parle souvent dans le cas d’un gaucher contrarié. Le fait est que l’instrument de musique offre un cadre plus étendu de l’apprentissage, et qui constitue en outre un développement de l’instinctif de l’individu gaucher. La maîtrise des codes et l’acquisition de l’automatisme se font suivant une collaboration des autres sens. Ce qui constitue à la fois un avantage et un inconvénient, selon que le gaucher en question soit partiel ou total.

 

  1. L’EXEMPLE DU PIANO

Prenons l’exemple de la pratique du piano. L’avantage, normalement, d’être gaucher dans un monde de droitiers est que le gaucher est obligé d’apprendre à utiliser sa « mauvaise » main aussi bien que la « bonne ». C’est une question de survie.

A force d’utiliser des outils conçus pour droitiers, les automatismes finissent par être acquis. Ceux qui n’ont pas complété l’apprentissage ont sinistrement rencontré une fin accidentelle. L’avantage revient, avec le temps, quand, par hasard, l’usage de la main gauche est plus pertinent, vital, réflexif.

Le gaucher est alors avantagé. Il l’est davantage s’il s’entraîne régulièrement à utiliser également les deux mains, dans le cas de l’apprentissage du piano et bien mieux encore si les compositeurs de référence ont une préférence pour la gauche (Bach et Satie) : chez ces deux compositeurs, la main gauche est aussi importante que la droite alors que d’autres laissent la main gauche accompagner le chant de la droite.

Reste que l’oreille perçoit mieux les aigus que les graves ce qui, dans le cas d’un gaucher intégral, est amplifié par des acouphènes permanents qui réduisent légèrement la perception des graves.

Un deuxième phénomène renforce la domination de la main droite sur la gauche : ce n’est quand même pas par hasard que, sur un clavier,  les aigus sont à droite et les graves à gauche. Le piano a été conçu par des droitiers et la disposition des touches leur est naturelle.

Et c’est la disposition inverse qui est précâblée dans le cerveau des gauchers et qui, de ce fait, est contrariée dans ce cas d’espèce.

Ajouté à cela les graves, dont l’amplitude et le volume sonore sont naturellement plus élevés (les cordes, plus longues, vibrent davantage), sont joués beaucoup moins timbrés que les aigus. Ceci finit d’habituer la main gauche à se retenir en permanence de peur de noyer le chant des aigus. Ce qui justifie la tendance de favoriser l’écoute à droite et le jeu de la main, plus mélodieux.

Un autre mécanisme qui peut jouer est l’œil dominant, le gauche, a quasiment toujours la sinistre main dans son champ, ce qui désavantage le jeu à gauche du fait du contrôle permanent de l’œil. La main droite qui, elle, joue du côté « mal-voyant » apprend davantage à doser le toucher en fonction du son produit et non en fonction de la vue. Pour jouer de la musique, il est beaucoup plus pertinent que ce soit l’oreille qui commande.

 

  1. LA PASSION ET LA MOTIVATION

Dans le domaine du développement conatif, c’est très souvent à la notion de motivation que l’on fait appel pour la pédagogie. Mais pour mieux comprendre les « moteurs » des apprentissages, on fait référence à deux concepts parallèles à celui de motivation : l’estime de soi qui la « conditionne », et l’implication qui en est une des manifestations directes. Pour simplifier les relations entre ces trois concepts, l’estime personnelle de l’élève, entre autres choses, détermine sa motivation pour un apprentissage, cette motivation est indispensable à son implication dans la tâche, et l’implication est une condition essentielle à un apprentissage signifiant. 

 

  • L’estime de soi

L’estime de soi concerne la perception que l’individu a de lui-même et de ses capacités, et l’évaluation qu’il en fait. C’est entre autre une manière une relation de cause à effet entre les facteurs : attribution causale qui témoigne en science de l’éducation de nombreuses recherches et études. L’attribution causale concerne « la manière dont les individus attribuent la cause de leur succès et de leur échec ». 

La capacité est une attribution interne stable : si l’élève réussit ou échoue, c’est parce qu’il pense avoir ou non les compétences requises. Il a une emprise sur ses résultats, mais cette emprise sera difficile à modifier et nécessitera d’acquérir les connaissances qui font défaut. Au contraire, une attribution interne instable donne une emprise immédiate sur le résultat : l’élève aura des chances de réussir s’il fournit un effort assez grand. 

Les attributions externes, elles, situent les causes du résultat hors de portée de l’élève. L’attribution externe stable revient à justifier l’échec ou la réussite par le niveau de difficulté de la tâche : on réussit si c’est facile et on échoue si c’est trop compliqué. On n’y peut rien, c’est comme ça et ça le restera. L’élève est également impuissant dans le cas de l’attribution externe instable, mais là tout peut changer d’une fois à l’autre, selon la chance ou le hasard.

 

  • Motivation et désir d’apprendre

Concept appartenant à l’origine au domaine de la psychologie, la motivation est définie comme un état ou disposition psychologique qui détermine la mise en route, la vigueur ou l’orientation des conduites ou des activités cognitives, et qui fixe la valeur conférée aux divers éléments de l’environnement 

Lorsque le concept de motivation est discuté dans le domaine pédagogique, c’est à ses sources et à l’emprise que l’enseignant peut avoir sur elle que l’on s’intéresse. Plusieurs paramètres entrent en ligne de compte pour susciter ou empêcher la motivation : la motivation pour une activité prend sa source dans la perception qu’un individu a d’une activité, de sa compétence et du degré de régulation qu’il peut exercer sur ses démarches. 

La perception de l’activité, tout d’abord, concerne l’importance que l’individu accorde à la réalisation de la tâche. La perception de sa compétence, ensuite, lie fortement la motivation de l’individu pour une tâche à son estime personnelle. Enfin, il est impératif qu’un but précis soit défini pour la tâche, un but fixé et accepté par l’individu. Le but, l’objectif, sa clarté et sa précision représentent une condition essentielle et souvent suffisante pour la motivation. 

 

  • Implication

L’estime personnelle et la motivation n’ont pas une influence directe sur les apprentissages, bien que l’on fasse souvent le raccourci, mais elles déterminent l’implication de l’élève dans la tâche. Apprendre consiste en une remise en question de ce que l’on sait, pour pouvoir envisager de nouvelles connaissances. La transformation d’informations en connaissances est particulièrement exigeante sur le plan cognitif et elle demande un haut taux d’investissement de la part des apprenants. En effet, le seul apprentissage qui influence réellement le comportement d’un individu est celui qu’il découvre lui-même et qu’il s’approprie.

 

Chapitre 4. ARBITRAGE PSYCHOLOGIQUE ET PEDAGOGIQUE

Tant pour l’adaptation que pour le développement, la psychologie et la pédagogie sont les deux piliers d’une maîtrise acceptable des deux situations d’apprentissage. La psychologie sert de cadrage du côté affectif et de la formation de la personnalité ; la pédagogie par contre, sert de cadrage pratique et de discipline. 

Bien que l’acquisition du langage soit un vieux sujet de recherche, il y a seulement vingt-cinq ans environ qu’il est abordé expérimentalement, et depuis dix ans seulement les linguistes lui apportent leur concours. Ce qui réunit les théories des linguistes et la psychologie de l’apprentissage. On peut prendre en compte différents ouvrages pour ressortir des constats, destinés aux parents et aux enseignants, utiles pour la compréhension de l’enfant.

Afin de faciliter à l’enfant son développement, les parents ainsi que les enseignants ont un rôle à jouer dans la motivation de l’enfant et dans l’entrainement de ses sens, afin de coordonner ses activités et lui permettre ainsi de surmonter les stades d’apprentissage. Une analyse sur la littérature portant sur la motivation à la réussite, sur le jugement moral et sur les facteurs de développement nécessite le recours aux méthodes coercitives d’éducation de la personnalité.

La naissance de la psychologie scolaire est un aboutissement et une application normale de l’évolution des idées psychologiques et pédagogiques au cours des trois quart de siècles qui viennent de s’achever. Elle doit fonctionner au profit exclusif des enfants, c’est-à-dire de chaque enfant pris individuellement. Elle tend à rendre des services importants à l’éducation. Et la collaboration avec le personnel enseignant s’impose autant que celle avec la famille.

 

Section 1. DEVELOPPEMENT PAR L’APPRENTISSAGE

L’apprentissage est l’acquisition de savoir-faire, c’est-à-dire le processus d’acquisition de pratiques, de connaissances, compétences, d’attitudes  ou de valeurs culturelles, par l’observation, l’imitation, l’essai, la répétition, la présentation. Il s’oppose, tout en le complétant, à l’enseignement dont le but est surtout l’acquisition de savoirs ou de connaissances  au moyen d’études, d’exercices  et de contrôles des connaissances.

Pour la psychologie inspirée du béhaviorisme, l’apprentissage est vu comme la mise en relation entre un évènement provoqué par l’extérieur (stimulus) et une réaction adéquate du sujet, qui cause un changement de comportement qui est persistant, mesurable, et spécifique ou permet à l’individu de formuler une nouvelle construction mentale ou réviser une construction mentale préalable.

L’apprentissage est à lui seul une importante étape du développement de l’enfant, puisqu’à chaque pas franchi s’annonce une nouvelle situation à faire face. Le développement de l’enfant gaucher est tel qu’indissociable à l’apprentissage. On peut tenir compte de plusieurs méthodes d’apprentissage.

 

  • Apprentissage par imitation

Le plus courant: il suppose de la part de l’enfant la valorisation d’un modèle et la volonté de le posséder, de le prendre. C’est par l’imitation que se font tous les apprentissages «spontanés » de la petite enfance : parole, gestes, mimiques…, ainsi que ceux de la dimension esthétique des activités : ton, grâce, style, manière… Le rôle du pédagogue est de montrer l’exemple ou de proposer des modèles, sans devoir faire appel à la rationalité expérimentale et à sa systématisation. Abandonné par la pédagogie scolaire, il reste utilisé pour l’enseignement de tous les arts : qu’il s’agisse de l’équitation, du violon, de la cuisine, du dessin ou de la danse.

 

  • Apprentissage par association

On associe un stimulus nouveau à un mécanisme déjà appris, pour créer un nouveau savoir.

 

  • Apprentissage par essais et erreurs

Le sujet est mis en situation, on ne lui donne aucun mode d’emploi (parfois même pas la condition de succès ou d’élimination). Pour fonctionner correctement, il faut que la solution soit assez facile à trouver, compte tenu de ce que le sujet sait déjà.

Pour apprendre des choses complexes, il faut donc s’appuyer sur l’apprentissage par association pour enchaîner des situations de difficulté croissante et permettant de nombreuses répétitions. Cela rend cet apprentissage coûteux. Mais c’est le seul qui fonctionne encore quand la solution doit être découverte, on parle alors de démarche heuristique.

  • On peut distinguer une variante mentale : le sujet ne fait pas vraiment certains essais, mais utilise seulement des résultats virtuels, imaginaires, pour trier les essais qui valent la peine d’être faits : les expériences de pensée sont utilisées pour raisonner sur des phénomènes que nous ne pouvons expérimenter dans la réalité (cf. Einstein se demandant ce qu’il verrait s’il se déplaçait à la vitesse de la lumière). Cette construction imaginaire peut aller très loin, jusqu’à constituer un cadre théorique complet : beaucoup de mathématiciens depuis la plus haute antiquité imaginent ainsi «se déplacer » dans un univers de concepts mathématiques qui existerait indépendamment des humains (conception dite «platonicienne », dont Alain Connes est un des représentants célèbres).
  • On peut également distinguer deux stratégies : la suppression des causes d’échec (détecter les événements conduisant à l’élimination) et la recherche des facteurs de succès (détecter les événements caractéristiques du succès). Dans le premier cas, il faut être capable de supporter l’échec pour frôler la limite ; cela permet de bien délimiter le domaine, et le sujet est plus à même de transposer à d’autres situations similaires mais différentes ; mais le risque est, par association, de faire l’apprentissage de l’échec plutôt que de la réussite…

Une variante où, au lieu d’un seul individu faisant quantité d’essais, c’est un grand nombre d’individus qui font chacun un essai seulement. C’est l’apprentissage par sélection (ou criblage) qui est la méthode des populations vivantes pour apprendre à vivre (processus de sélection naturelle).

 

  • Apprentissage par explication

On explique au sujet, oralement ou par écrit, ce qu’il doit savoir. C’est le principe des cours magistraux.

 

  • Apprentissage par répétition

On fait faire au sujet ce qu’il doit apprendre, d’abord passivement, puis de plus en plus activement, jusqu’à ce qu’il puisse faire et refaire seul les opérations. C’est une ouverture à la culture de l’automatisme et l’habitude dont le gaucher a besoin.

 

  • Apprentissage combiné

C’est le plus efficace, et il très utilisé en matière d’enseignement de savoir-faire professionnel, car il combine les modalités précédentes : le sujet est mis en situation (en commençant par les plus simples), on lui montre quelques fois les bons gestes en lui expliquant les principes d’action ; on le laisse ensuite se perfectionner par une répétition de moins en moins supervisée.

 

  • Apprentissage par immersion

Les langues s’apprennent mieux en situation d’immersion totale. Par exemple, lorsque les cours ne sont donnés que dans la langue à apprendre et que le professeur ne parle avec les élèves que dans leur langue d’immersion. À défaut, il est conseillé de passer une année ou deux dans un pays parlant la langue souhaitée afin de mieux saisir les différences d’expressions orales et écrites. De plus, en se débrouillant seul, on apprend plus facilement à comprendre la langue, les coutumes et la culture d’un pays

 

Section 2. DEVELOPPEMENT PAR LE CULTUREL

Il est plus qu’évident que l’environnement culturel joue un grand rôle dans la formation de la personnalité de l’enfant ainsi que dans son développement. Etant donné que l’enfant gaucher a besoin de fournir plus d’effort que les autres dans son apprentissage, le culturel peut intervenir entrant dans le cadre d’une variation de son enseignement et inculquant les formes d’automatisme et d’habitude.

En effet, l’orientation de l’individu gaucher vers une ouverture culturelle peut l’aider à se former une discipline dans le relationnel, la formation de sa personnalité, aboutissant à une familiarisation des règles et façons de faire dans chaque situation. Etant donné que la capacité d’interprétation du gaucher est très développée, la situation de déjà vu constitue pour lui une source d’expérience, lui permettant une facilitation des activités d’adaptation et lui forgeant une base de développement propice.

 

CONCLUSION

 

L’enfant gaucher est caractérisé par des particularités qui le différencient du droitier. Longtemps il a été marginalisé par la société à travers l’histoire et les civilisations du monde. Actuellement, son sentiment de liberté est limité par une incompréhension et un manque d’attention de la part de son entourage. Aussi bien que son adaptation nécessite un traitement particulier, du fait de ses particularités : différence de sens d’écriture par rapport au gaucher. Le fait est que le monde est conçu dans l’ensemble pour le droitier, une adaptation supplémentaire s’ajoute au processus d’apprentissage de l’enfant gaucher. Par ailleurs, ce fait ne s’arrête pas aux seules limites de l’écriture, aussi important que cela puisse être, il s’étend également à d’autres activités, tel l’apprentissage d’un instrument de musique.

En outre, une fois les problèmes d’adaptation résolus, la question de développement de compétences n’est plus qu’un fait d’affirmation de sa différence et de maîtrise des avantages, qui ne sont pas les moindres, de cette situation. En effet, malgré le fait d’être gaucher est perçu dans la plupart des cas comme une situation négative, l’investissement du gaucher dans le domaine du sport et de l’art joue un sérieux avantage sur sa personnalité. Reste à apprendre à le maîtriser et l’exploiter. Cela constitue déjà une réussite : une motivation, clé du succès.

 

BIBLIOGRAPHIE

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  • Communiqué du Docteur Michel Galobardès Membre de la PRF IUFM, Midi-Pyrénées, Université de Toulouse 2 à l’intention des enseignants, des parents et des médias.
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  • Florence Ariana, Les gauchers ont leur historien, une interprétation du livre de Pierre-Michel Bertrand, Histoire des gauchers – Des gens à l’envers, Paris, 2001, édition Imago.
  • Henry Hécaen, Les gauchers, 1984.
  • Interview du docteur Michel Galobardès, chercheur en pédagogie à l’université de Toulouse.
  • Le Figaro, Un gaucher doit parfois apprendre à devenir droitier, plus.lefigaro.fr.
  • Le Quid 2007.
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  • M.A. Du Pasquier-Grall (Présidente du Groupement international des graphotérapeutes cliniciens), « Les Gauchers » oct. 2001
  • Marie Claude Girard, Collaboration La Presse, Montréal, Mercredi 13 Août 2003
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  • Science & Vie – « La botte secrète des gauchers », juillet 1997.
  • Science et Vie 958, juillet 1997.
  • Serge Larivée, Le quotient intellectuel, 2008.
  • www.lesgauchers.com
  • fr.wikipedia.org
  • www.phobiesociale.org

 

Mémoire de fin d’études de 61 pages.

24.90

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