docudoo

Mémoire portant sur le comportement au travail de la génération Z dans les IFSI.

SOMMAIRE

INTRODUCTION

Cadrage général concernant le sujet

Chapitre 1 : Généralité sur la génération Z.. 7

  1. Définition et caractéristique de la génération Z.. 7
  2. a) Définition. 7
  3. b) Caractéristiques. 7
  4. Différence entre la génération Y et la génération Z.. 11
  5. a) Au niveau de la vie quotidienne. 11
  6. b) Au niveau de l’éducation. 13
  7. Une génération hyper-connectée. 16
  8. a) Des jeunes qui s’expérimentent à travers le digital pour mieux appréhender la vie réelle. Comment les enseigner ?. 16
  9. b) La génération Z et le monde du travail 19
  10. c) La génération Z et le chômage. 20
  11. Comment manager cette génération hyper-connectée. 21

Chapitre 2 : La reforme de la formation infirmière. 23

  1. Présentation du programme. 23
  2. a) Formation théorique. 23
  3. b) Formation clinique en stage. 36
  4. c) Différences entre le programme de 1992 et 2009. 38
  5. Les différentes théories de l’apprentissage envers les étudiants. 44
  6. a) Le behaviorisme. 44
  7. b) Le cognitivisme. 45
  8. c) Le constructivisme. 46
  9. d) Le socioconstructivisme. 46
  10. e) La pédagogie traditionnelle – active – différenciée. 47
  11. Le référentiel de formation des étudiants : une pédagogie qui se veut être à la fois socioconstructiviste, active et différenciée. 48

PARTIE I: Rapport entre la génération Z et la transmission des savoirs dans la formation infirmière

Chapitre I : Le tutorat infirmier 49

  1. a) La relation entre le maitre et son élève. 51
  2. b) Les intérêts et les limites du tutorat 51

Chapitre II : Lien entre l’IFSI et la génération Z.. 52

  1. La formation en IFSI. 52
  2. Place de la génération Z dans la formation infirmière. 53
  3. Être formateur aujourd’hui, les enjeux du contexte professionnel 54

Chapitre 3 : Analyse comparative de la génération Z et de la génération Y dans le   cursus : formation infirmière  55

PARTIE II: La génération Z en formation infirmière

Chapitre 1 : Changement à apporter afin d’adapter la formation à la génération Z.. 59

  1. La génération Z et l’image du travail (processus de professionnalisation) 59
  2. Les valeurs de la génération Z ?. 61

Chapitre 2 : Synthèses. 62

  1. Synthèses de la caractéristique de la génération Z.. 62
  2. Synthèses de la caractéristique de la formation infirmière. 64

Chapitre 3 : Adaptation des méthodes utilisées dans la formation infirmière par rapport à la génération Z (recommandations) 66

  1. L’apprentissage inversé. 68
  2. Intégration de l’elearning dans la pédagogie de formation. 73
  3. a) Evolution du digital en matière de formation. 73
  4. b) L’e-learning en formation infirmière. 75
  5. c) Les avantages de l’e-learning. 76
  6. d) Comment l’e-learning peut-il optimiser l’apprentissage des jeunes dans la formation infirmière ? 78
  7. e) Les étapes de l’e-learning. 83

 

CONCLUSION

BIBLIOGRAPHIE

ANNEXE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

INTRODUCTION

 

 

Il y quelques années, plus précisément en 2002[1], la référence en termes de compétences s’est généralisée dans toute l’Europe dans le but de répondre à une plus grande volonté du système d’universitarisation européen. Également en 2009, l’enseignement en formation infirmière a fait l’objet d’une réforme qui a conduit à son universitarisation. Cette nouvelle réforme a réorganisé le programme d’enseignement qui est désormais présenté sous forme de référentiel d’activités orienté vers l’acquisition de compétences. Par ailleurs, l’arrivée des jeunes étudiants issus de la nouvelle génération nécessite une plus grande adaptation de la formation étant donné que ces jeunes ont une vision assez différente de la méthode d’apprentissage.

De  nos jours, les étudiants ne sont tout à fait plus comme ceux d’avant. Cette situation a le mérite de susciter la curiosité et de mener à une recherche rigoureuse pour en déterminer les causes.

Accompagner des jeunes étudiants à devenir professionnels infirmiers semble aujourd’hui assez complexe étant donné l’évolution de la société qui est grandement influencée par l’arrivée fulgurante des nouvelles technologies. La formation est devenue un parcours de recherches et de questionnements basé sur la mise en œuvre de pédagogie adaptée pour enseigner et accompagner les étudiants issus de la nouvelle génération, notamment la génération Z. Cette nouvelle génération a la particularité d’être connectée en permanence et ne peut s’en passer. Cette situation impact non seulement sa vie personnelle, mais également sa vie professionnelle et son apprentissage. Selon Michel Serres, dans son ouvrage intitulé « Petite Poucette » : l’essor des nouvelles technologies (NTIC) marque une nouvelle crise, comparable au passage de l’oral à l’écrit puis de l’écrit à l’imprimerie[2].

Cette situation engendre des mutations à la fois politiques, sociales et cognitives privilégiant la multitude et le savoir discuté sur les doctrines enseignées. En effet, l’arrivée des nouvelles technologies de l’information et de la communication amène les établissements à repenser leurs stratégies pédagogiques qui ne correspondent plus désormais aux besoins des nouveaux étudiants.

Les métiers de formateur évoluent également dans ce sens à travers le besoin d’adaptation aux caractéristiques des nouveaux étudiants qui arrivent dans la formation. En outre, l’universitarisation de la formation qui s’est concrétisée par le développement des cours enregistrés modifie également l’organisation et la structuration des unités d’enseignement. L’évolution du système et des offres de soins est également à prendre en compte.

 

Ce travail a pour ambition de trouver des moyens efficaces afin que les formateurs en formation infirmière puissent faire face aux besoins et aux attentes des jeunes de la génération Z. En ce sens, il consiste à étudier le comportement et le rapport au travail de la génération Z et tente de trouver de nouveaux modes d’enseignement et d’organisation de travail plus adaptés. Ainsi, la problématique suivante se pose : comment le formateur fait face à la génération Z qui arrive dans les IFSI?

 

Pour ce faire, ce travail se divise en trois grandes parties. Nous commencerons par l’introduction puis par une analyse du rapport entre la génération Z et la transmission des savoirs dans la formation infirmière et nous terminerons par l’analyse de la génération Z en formation infirmière.

 

L’introduction concerne la mise en contexte du sujet à travers un cadrage général notamment sur la génération Z et la réforme de la formation infirmière. La première partie quant à elle consiste à présenter le tutorat infirmier, à porter une réflexion sur le lien qui existe entre l’IFSI et la génération Z et à analyser la différence entre cette nouvelle génération et celle qui l’a précédé c’est-à-dire la génération Y. Enfin, la deuxième et dernière partie est destinée à adapter les méthodes d’enseignement en IFSI par rapport à la génération Z.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Cadrage général concernant le sujet

Au cours de cette première étape, nous développerons les dimensions théoriques qui se rapportent à la thématique de notre problématique. Nous commencerons par définir et caractériser la génération Z afin de comprendre son comportement.

Chapitre 1 : Généralité sur la génération Z

1.      Définition et caractéristique de la génération Z

a)      Définition

D’un point de vue sociologique, la génération est défini comme « un ensemble de personnes ayant à peu près le même âge et partageant un critère d’identification sociale résidant dans des expériences historiques communes entraînant une vision partagée du monde » ( Karl Mannheim, cité par Gestin 2013, p. 28). Chaque génération dispose de représentation différente de leur vie personnelle et professionnelle.

Depuis quelques années déjà, une nouvelle expression s’est fait entendre sur les différents médias : la génération Z. Après les générations X et Y, le temps de la génération Z est venu. Mais de quoi s’agit-il ?

Comment définit-on la génération Z ? La génération Z est l’ensemble des personnes né entre 1995 et 2010, donc les 15 à 20 ans. Les personnes faisant partie de la génération Z ou génération Zapping sont, dans la majeure partie des cas, issues de parents appartenant à la génération X, une génération caractérisée par des attitudes indulgentes et permissives.

Ci-après une présentation des grandes tendances qui ont marqué les différentes générations :

 

Source : 3Hcoaching

b)      Caractéristiques

Les Z ont des caractères peu tolérants à la souffrance et évitent souvent les situations de confrontations. Arrivés au monde avec le web actif, les jeunes de cette génération sont dotés d’une approche naturellement multitâche, notamment par la présence de quatre fonctions différentes dans leur vie quotidienne : musique, devoir scolaire, film à l’écran et les messages sur ordinateur ou sur téléphone portable. Cette situation témoigne que leur vie dépend grandement du digital.

 

  • Des jeunes venus au monde avec le digital

Peut-on considérer la génération Z comme la petite sœur de la génération Y ? Pas tout à fait. La génération Z est venue au monde avec le web et continue actuellement à être bercée par le web 2.0 et les divers outils collaboratifs tels que Facebook, MySpace, Twitter, Youtube, etc. Son quotidien est caractérisé par l’omniprésence de la technologie numérique.

La génération Z, constituée de jeunes entre 13 à 19 ans, est actuellement considérée comme le roi de l’hyper connexion. Cette situation est normale étant donné que les jeunes de cette génération sont nés avec le web. Une étude faite par Ipsos montre que 73% de ces jeunes disposent de leur propre ordinateur et de leur propre console de jeux, 68% disposent d’un Smartphone et 29% possèdent une tablette[3]. Selon encore cette source, les réseaux sociaux sont les outils les plus utilisés par ces derniers, notamment facebook qui est utilisé par les 78%.  Grâce aux différents outils qu’ils ont à leur disposition, ces jeunes peuvent gérer et accroître facilement leurs contacts virtuels tout en alimentant leurs réseaux. Cela fait partie de leur vie courante.

Selon les analyses menées par Archimag, les jeunes entre 13 et 19 ans sont en moyenne connectés sur internet 13 heures par semaine et le temps de connexion est progressif car il était de 12 heurs en 2012[4].

Source : CREDIC, enquêtes « conditions de vie et aspirations ».

 

 

 

  • La génération Z, totale maîtrise de la nouvelle technologie

Les jeunes de la génération Z ont grandi et évolué dans le monde des technologies de l’information et de la communication caractérisé par l’internet et les différents réseaux sociaux. L’époque où ils vivent leur offre tout et ils n’ont jamais vécu en dehors des divers outils de navigation et de communication : Google est présent depuis 1998, Facebook depuis 2004, You tube depuis 2005, iPhone de puis 2006 et Twitter depuis 2006[5]. Des outils qui leur offrent des possibilités infinies avec une confrontation directe avec le monde des adultes. Cette situation a fait que la génération Z a grandi un peu plus vite que les générations précédentes.

Leur vie est envahie par le numérique dans différents domaines : la communication, l’étude, l’information, les divertissements, les jeux, les rencontres, ainsi que l’achat et la vente. Si pour la génération Y, le numérique ne constituait que de simple outil, la génération Z le considère comme une véritable culture et affecte différents éléments de leur vie quotidienne : leur langage, leur contenu, leurs rites ainsi que leurs valeurs.

Par ailleurs, la génération Z est également considérée comme une « nouvelle génération silencieuse ». Elle a des habitudes et des attentes proches de la génération Y, quelquefois, on appel également cette génération « génération C » : connecter, communiquer, créer, collaborer.

En quête de liberté et surtout d’assurance, les jeunes de la génération Z sont clairement plus à l’aise avec l’échange virtuel qu’avec les contacts directs. Ces derniers, en raison des diverses évolutions auxquelles ils sont confrontés, offrent un nouveau portrait d’aspirations qui sont souvent contradictoires avec des valeurs paradoxales qui témoignent une grande créativité et d’implication. Ils sont caractérisés par des attitudes souvent intransigeantes par rapport à leurs attentes. Ils représentent un nouveau défi et véhiculent un profil quelques fois incompatible avec les logiques verticales et traditionnelles.

Étant extrêmement informés, les jeunes de  cette génération sont plus que jamais conscients des réalités de l’entreprise ainsi que du monde du travail. En ayant conscience de l’époque où ils vivent, ces jeunes sont de plus en plus poussés vers une forme d’idéalisme : “nous voulons faire mieux, plus, différemment que nos prédécesseurs…”[6].

  • Génération Z, des jeunes plus matures et surinformés[7]

Il est constaté que les jeunes de la génération Z sont beaucoup plus matures et sont également surinformés par rapport aux générations précédentes. Ainsi, les jeunes de cette génération représentent une génération surinformée vis-à-vis du monde qui l’entoure et cela sur tous les domaines : économique, sociale, environnemental, géopolitique. C’est cette spécificité qui les place à un niveau supérieur par rapport aux générations précédentes surtout en termes de maturité. Ainsi, le concept génération Z est caractérisé par une qualification infernale.

  • Des jeunes engagés et à la fois autonomes

En ayant tous les outils en main, les jeunes de la génération Z sont particulièrement concernés par leur époque, leur avenir et l’avenir du monde dans lequel ils vivent tout en étant conscients des menaces qui pèsent sur eux. Par conséquent, ces jeunes ne souhaitent pas tout simplement être de simples observateurs, mais veulent à tout prix devenir des acteurs et être placés au cœur de l’action et donc être utiles avec un goût marqué du collectif.

2.      Différence entre la génération Y et la génération Z

 

D’un point de vue historique et sociologique, plusieurs éléments opposent la génération Y et la génération Z. Ces deux générations affirment une perception différente en termes de valeurs, de cultures et de centre d’intérêt. Et même si ces deux générations n’ont que quelques années d’écart, elles ont chacune évolué dans un contexte caractérisé par des évolutions particulièrement rapides, ce qui ne fait que renforcer l’écart qui subsiste entre elles. Marianne Urmès, responsable au sein de The Boston Project, affirme que les jeunes de la génération Z sont similaires à ceux de la génération Y mais avec quelques traits spécifiques en plus, notamment par le fait de toujours avoir un sentiment de multi-appartenance cars ils se voient combiner plusieurs statuts, à la fois hipsters, intellos et geek[8] .

a)      Au  niveau de la vie quotidienne

La génération Z, composée de nouveaux natifs, fait déjà passé la génération Y comme des anciens combattants.

Tableau : Différences entre la génération Y et la génération Z

Génération Y Génération Z
Personnes nées entre 1980 et 1995 Personnes nées à partir de 1995
La génération Y est celle des  » digitales natives » Une génération qui a grandi avec les nouvelles technologies et les réseaux sociaux.
Les jeunes de cette génération ont grandi au même rythme que le développement du réseau internet et l’usage des ordinateurs, ils ont été élevés avec le web. Ils sont donc les premiers héritiers des évolutions après guerre et les premiers à tester et à utiliser l’internet. Des jeunes connectés en permanence
Appelé également « la génération de Peter Pan » du fait de l’inexistence de rites de passage qui la caractérise. Les jeunes de cette génération ont du mal à développer une identité et une culture d’adulte spécifique Ce qui différencie les jeunes de la génération Z avec ceux de la génération Y est qu’ils sont nés, vivent et vivront en avec l’internet et les différents réseaux sociaux.
Les membres de cette génération osent se comparer facilement aux autres et sont beaucoup plus à l’aise à communiquer à travers les technologies que directement Ils maîtrisent parfaitement et totalement les différents outils informatiques et s’en servent au quotidien
Contrairement à la génération qui l’a précédé, la génération Y ne met pas le travail au premier plan. Les jeunes de la génération Z ne conçoivent plus le fait d’exister sans l’internet et les différents objets connectés contrairement à ceux de la génération Y
Une génération « pourquoi » car elle remet souvent en cause les contraintes qui se présentent à lui. En effet, le mot Y signifie « why » en anglais. Une génération toujours informée grâce aux informations diffusées en ligne
Une génération boomer car les jeunes qui le composent quittent leur famille très tôt et reviennent après en cas d’échec ou pour finir leurs études. Accorde plus de confiance aux médias en ligne qu’aux médias traditionnels
Les jeunes de la génération Y pensent à court terme et ne sont pas vraiment réfractaires face aux changements. La génération Z est souvent appelée «  génération silencieuse » car certains ont la tendance à la comparer avec la génération silencieuse entre 1925 et 1944
Ils sont hédonistes et tentent toujours d’améliorer la qualité de leur vie combinant leur travail et leur travail personnel. En termes de communication, ils préfèrent communiquer à partir d’images et de vidéos. Cela leur permet de faciliter le partage de leurs émotions de façon courte et claire.
Des jeunes plus responsables et plus tolérants. Ils sont également bien instruits et perspicaces. Par rapport aux générations précédentes, la génération Z préfère plutôt agir que regarder. D’après Jeunes.gour.fr 21% des 18 à 24 ans sont bénévole.

Source : Synthèse[9]

 

Ainsi pour résumer, la génération Y et la génération Z semblent être identiques mais sont différents sur certains points comme montrés par le tableau présenté ci-après :

Tableau : Résumé des différences entre les deux générations

Source : Comparaison Gen Z et Gen Y – Randstad Canada (Groupe CNW/Randstad Canada)

b)      Au  niveau de l’éducation

Dans le cadre de l’éducation, est-ce que la génération Z ont les mêmes besoins et la même perception que la génération Y ? Une question qui mérite réflexion étant donné la différence de culture qui caractérise ces deux générations. En termes d’éducation, les jeunes de la génération Z sont plutôt autodidactes. Ils ne s’intéressent pas vraiment aux formations théoriques. Ils préfèrent les formations qui sont liées directement avec le monde réel. D’après Éric Delcroix, ils sont plus à l’aise avec des formations principalement en ligne et priorisent la technologie, la flexibilité et l’auto-apprentissage[10].

Par rapport aux jeunes de la génération Y, ceux de la génération Z sont plus connectés, plus créatifs et surtout plus décomplexés. Le rapport à la connaissance est également différent car les jeunes de la nouvelle génération ne considèrent plus les diplômes comme un gage de réussite. En effet, en privilégiant l’auto-apprentissage, ils voient l’école et les universités comme un simple fournisseur de connaissances.

Les points suivants peuvent nous donnent plus de clarification sur ce sujet :

  • Un nouveau rapport au savoir

L’avènement des nouvelles technologies de l’information et de la communication a engendré de nouveaux rapports au savoir. Actuellement, l’école ne demeure plus comme l’unique vecteur du savoir. Grâce à divers objets connectés tels que les ordinateurs portables, les Smartphones et les tablettes, les étudiants bénéficient  non seulement d’un accès illimité à l’information et aux différentes matières enseignées, mais ils ont également accès à de nouvelles formules pédagogiques via le numérique telles que le Mobile-learning, MOOCs, Digital Learning, Serious Game, etc. Ainsi, l’insertion de l’informatique et du numérique dans le cadre de l’enseignement offre une panoplie d’avantages aux étudiants et renforce leur employabilité.

Le savoir est devenu plus disponible et plus objectif. Il est désormais accessible à tous et à tout moment. Acquérir du savoir ne se fait plus dans un lieu unique, les étudiants peuvent consulter toutes sortes d’informations et faire de la documentation en tous lieux, et cela à n’importe quelle heure de la journée.

  • Une transformation de la relation pédagogique

La montée rapide des nouvelles technologies a permis aux jeunes de multiplier leurs sources de savoir et a transformé le rapport de l’enseignement entre élèves et professeurs de façon plus structurelle. Par conséquent, les enseignants ne sont plus les seuls détenteurs de connaissances. Cependant, en raison de l’abondance d’informations disponibles sur internet, les étudiants ne sont plus motivés à venir assister aux cours magistraux ou à une intervention sur un thème ou un sujet qu’ils peuvent trouver facilement sur internet. Le sentiment de ne plus avoir besoin de l’école est de plus en plus intense surtout que le programme académique est toujours accès sur les mêmes disciplines et sur un enseignement magistral. Pourtant, si l’enseignement ne correspond pas vraiment aux attentes des jeunes, surtout ceux de la génération Z, et s’il ne propose pas d’innovations pédagogiques permettant de stimuler et de motiver les étudiants, ces jeunes seront de plus en plus réticents à donner du sens à leurs études. Cette situation entraine l’émergence de nouveaux enjeux pour les acteurs qui ouvrent dans l’accompagnement à la scolarité. Par ailleurs, la technologie numérique peut donner aux enseignants la possibilité d’innover et de trouver de nouvelles façons de faire pour faire participer les étudiants.

Laurent Brouat, enseignant en RH et en réseaux sociaux à Reims Management School, constate chaque jour le rejet des cadres classiques par les jeunes car ils ont du mal à s’épanouir au sien d’un cadre figé et imposé. Ils ne sont pas intéressés par le déroulement des cours s’ils n’y participent pas en tant que co-acteurs. En participant activement à l’enseignement, ils sont de plus en plus motivés avec une importante réserve de créativité et d’enthousiasme.

  • De nouvelles capacités cognitives[11]

Si auparavant, le cerveau s’est facilement adapté à l’écriture et la lecture, actuellement avec la montée des nouvelles technologies,  il s’adapte aisément aux écrans. En effet, les divers outils numériques peuvent développer certaines capacités cognitives si ceux-ci sont utilisés de façon appropriée. D’un point de vue purement cognitif,  nous pouvons considérer les nouvelles technologies numériques comme des outils disposant d’une puissance inédite qui permettent de stimuler le cerveau et de le mettre en mode hypothético-déductif afin de lui permettre d’explorer toutes les possibilités qui lui sont offertes.  Contrairement à la génération Y, la génération Z a le sens et le goût du collectif que ce soit au niveau de l’éducation ou niveau des autres sphères de la société.

  • La génération Z et l’éducation

 

Étant dépendant des divers réseaux sociaux et des divers outils de recherche, les jeunes de la génération Z ont tendance à rejeter les formes classiques d’autorité et les différentes expressions managériales.

Par ailleurs, les jeunes de cette génération qui se basent sur le rapport «  apprendre autrement à l’ère du numérique » pour s’informer et pour apprendre, passent une grande partie de leur temps à faire des échanges et à s’amuser sur les différents réseaux sociaux et surtout à naviguer au hasard. Dans la plupart des cas, ils brassent les informations plus qu’ils ne les comprennent.  En 2012, le Figaro a déjà publié un article concernant la génération Z en remettant en cause leurs compétences « Génération Z : des connaissances superficielles ». Pourtant, d’après certains spécialistes comme Eric Delcroix, le manque d’éducation ne constitue pas un caractéristique typique de cette génération.

D’après Oliver Houdé, professeur de psychologie, la génération Z, avec les différents outils connectés, a gagné des aptitudes cérébrales en termes d’autonomisme et de vitesse. Par conséquent, leur raisonnement est de plus en plus affaibli.

En raison de la prédominance du web, les jeunes de la génération actuelle commencent à ne plus s’intéresser au papier, à commencer par l’école. Les diverses informations et documentations disponibles sur internet ont considérablement supplanté les livres. Et beaucoup d’entre ces jeunes estiment qu’il est plus facile d’effectuer des recherches sur le web que de feuilleter les pages des livres, il suffit de taper sur les différents moteurs de recherche pour trouver ce que l’on recherche.

3.      Une génération hyper-connectée

a)      Des jeunes qui s’expérimentent à travers le digital pour mieux appréhender la vie réelle. Comment les enseigner ?

Il est fort possible que l’évolution rapide du lien social ainsi que l’évolution des différents modes de communication de la génération Z engendrent une suprématie des médias sociaux. La communication entre ces jeunes se fait dans la majeure partie des cas à travers les messages. Les modes de communication traditionnels tels que les lettres et les cartes postales sont actuellement considérés comme des vestiges d’une autre époque. D’après les enquêtes menées par digital.com, 34% des jeunes pensent déjà que toutes les interactions entre les gens se feront en ligne par le biais des différents objets connectés et à travers les réseaux sociaux et le monde virtuel. Bien que faciles et très rapides, ces nouvelles méthodes de communication évoluent au détriment des contacts physiques que ce soit dans le cadre de la vie quotidienne ou de l’éducation. En même temps, la numérisation a également modifié la sphère du langage de ces jeunes. Les abréviations et le langage SMS sont devenus courants et font partie intégrante de leur quotidien digital.

Ci-après quelques chiffres sur ce sujet:

 

Pourcentage Nouvelles technologies
83% Ordinateur à domicile
81% Connexion internet

Source : loic.martin@chu-rouen.fr

Forte progression de 2011 à 2014
  2011 2013 2014
Smartphones 17% 39% 46%
tablettes 4% 17% 29%

Source : loic.martin@chu-rouen.fr

Usage de la téléphonie mobile en 2014
46% Smartphones
43% Téléphone mobile classique

Source : loic.martin@chu-rouen.fr

Du fait de leur hyper-connectivité, est-ce, que ces jeunes seront-ils plus difficiles à gérer que ceux des générations précédentes ? En tout cas, former ces jeunes nécessite une nouvelle forme de management affirme Eric Delcroix.

La génération Z, appelée également « les natifs numériques », intègre les écoles et les universités en apportant avec eux une perspective numérique accompagnée de comportements vis-à-vis desquels les établissements d’enseignement et de formation doivent obligatoirement réagir. Pourtant, dans la majeure partie des cas, les différentes structures éducatives rencontrent des difficultés non seulement dans la poursuite des tendances rapides inattendues de la mutation technologique, mais aussi dans les réponses face aux attentes croissantes des étudiants. Le principal défi de l’enseignement et de l’apprentissage à travers le numérique est de s’assurer à ce que les nouveaux outils proposés soient facile à gérer sans avoir besoin de payer des coûts supplémentaires.

De nos jours, avec l’avènement des nouvelles technologies numériques, les étudiants sont de plus en plus disposés à apprendre et à s’informer via les plateformes connectées. Cette situation a particulièrement développé l’avenir de l’éducation vers une structure plus virtuelle utilisant les différents outils numériques de recherche et de communication désormais utilisés en classe.

 

Le site de l’Académie de Paris explique que l’enseignement des jeunes issus de cette nouvelle génération doit prendre en compte l’évolution. Cette adaptation ne signifie pas tout simplement s’équiper de matériels innovants pour favoriser la communication et la transmission de savoir, mais également proposer de nouvelles modalités d’apprentissage. Encore selon ce site, plusieurs enseignants se plaignent de la détérioration des liens qui existent entre eux et les étudiants, notamment à cause des technologies numériques et des écrans. Ainsi, la recherche de nouvelles occasions de travailler et d’apprendre ensemble s’impose. Toutefois, cela ne signifie pas pour autant d’adapter l’école ou l’université aux différentes technologies numériques, mais plutôt de les adapter au changement d’état d’esprit des jeunes étudiants.

Selon Serge Tisseron, docteur en psychologie, psychiatre, et psychanalyste français, la révolution pédagogique doit s’associer aux quatre dimensions suivantes[12] :

  • l’information des plus jeunes, dès l’école primaire,
  • compréhension des bouleversements culturels que ces technologies engendrent dans la relation aux savoirs, aux apprentissages, à l’autorité et aux pairs
  • connaître les spécificités des outils numériques afin de ne pas leur demander plus qu’ils ne peuvent apporter,
  • proposer de nouvelles façons d’apprendre ensemble, en veillant à développer chez les élèves le sens narratif 

b)      La génération Z et le monde du travail

The Boson Project et BNP PIB ont récemment effectué une étude consacrée uniquement à la génération Z quant à leur perception du monde professionnel. Les résultats des enquêtes menées auprès de 3 200 jeunes ont montré que les jeunes issus de cette génération sont comme une déferlante plus redoutable que ceux de la génération précédente. Ils ont un regard très dur du monde professionnel avec des attentes particulièrement fortes à son égard. Cette situation est déjà constatée même si le premier et seul contact de la majorité de ces jeunes avec le milieu professionnel ne se limite que par les stages. Ceux âgés de moins de 20 ans qualifient les entreprises comme un univers « dur », « compliqué » et « impitoyable ». D’autres les considèrent même comme un milieu « ennuyeux » et « hostile ».

Pour presque toutes les entreprises, l’arrivée de ces jeunes constitue un grand défi à relever déjà qu’ils avaient eu du mal avec la génération Y. Elles devront se transformer pour pouvoir les attirer. Isabelle Sachot-Moirez, responsable du recrutement de BNP Paribas, stipule même que « L’entreprise doit être un fournisseur d’épanouissement individuel et collectif« .

Le caractère très particulier des jeunes de la génération Z requiert une transformation des attributs du leadership pour assurer un bon équilibre entre la confiance et l’autorité. Ces jeunes ne considèrent plus les technologies comme de simples outils de communication destinés à satisfaire leurs plaisirs personnels. Ils les voient de comme de véritables outils de travail leur donnant un accès illimité à des milliers d’informations, de contacts et aussi de communications. C’est surtout cette transparence de communication et d’informations qui constituent leur principale motivation dans leur travail.

c)      La génération Z et le chômage

La génération Z est constituée par des jeunes qui ont des aspirations élevées basées sur les réussites de certains jeunes entrepreneurs et de start-up technologiques. Le contexte économique qui entoure ces jeunes est à peu près les mêmes que pour la génération précédente ; le chômage de longue durée les pousse à s’orienter vers une option de création d’entreprises.

Les jeunes sont, dans la majeure partie des cas, les principales victimes des crises économiques. En raison des récessions, bon nombre de personnes perdent leur travail et tant que l’activité ne reprend pas, il y aura toujours une file d’attente et les jeunes qui n’ont jamais travaillé se trouvent au bout de la file.  Les entreprises privilégient les personnes qualifiées et expérimentées surtout pendant les périodes de crise.

Actuellement en France, le taux de chômage des jeunes âgés moins de 25 ans atteint les 25,7% selon une publication d’Eurostat. Ils sont 721 000 à rechercher un emploi contre 46 000 en 2014[13]. Selon une publication sur le site de Capital Management, ce taux se trouve au-dessus de la moyenne de 20%.

 

4.      Comment manager cette génération hyper-connectée

Un peu comme la génération Y, la génération Z considère l’entreprise comme un milieu qui n’est plus sécurisant. Ainsi, ils ne construisent pas leur sécurité à travers les entreprises mais plutôt à travers leur employabilité. Selon Grégoire Buffet du Groupe nantais H3O[14], la meilleure façon de manger cette génération hyper-exigeante est de les écouter afin de mieux les comprendre puis de leur donner du sens étant donné que pour ces jeunes, il n’y pas plus vraiment de différence entre leur milieu quotidien et leur milieu professionnel car ils ont en permanence leur ordinateur pour se connecter ou pour voir leurs mails.

La génération Z a influencé grandement le fonctionnement des entreprises car elle a replacé l’humain au centre du management. Les sciences humaines devront ainsi nourrir le management. En prenant la sociologie comme base du système managérial, les managers peuvent jeter des ponts entrent les générations.

Le plus grand défi des entreprises à engager des jeunes de la génération Z est le fait d’accepter leur liaison avec le numérique. Mais si les entreprises acceptent de les écouter et de les comprendre, il est possible pour elles d’en tirer profit car étant tout le temps connectés, ces jeunes peuvent par exemple trouver facilement et rapidement des contacts susceptibles de développer le potentiel client. Les axes prioritaires des entreprises sont tout d’abord de repenser les modèles de management en développent une culture digitale.

Le tableau présenté ci-après compare les modèles managériaux des différentes générations :

Source : www.talentis-coach.com[15]

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Chapitre 2 : La réforme de la formation infirmière

Après avoir mis en exergue les différents points qui caractérisent les jeunes de la génération Z, nous allons maintenant voire en détail les caractéristiques de la formation infirmière.

1.      Présentation du programme

a)      Formation théorique

La formation infirmière se répartie entre les cours théoriques et les stages. Le système de notation universitaire se fait par une attribution de crédits selon le système européen de transfert de crédit « European Credits Transfert System » (ECTS). Ce système comporte au total 180 crédits. Les crédits se répartissent sur chaque semestre. En général, la répartition de la formation se fait de la manière suivante :

 

Source : Institut de formation de soins infirmiers de Vichy

Concernant la formation théorique, il est désormais possible de suivre une formation en dehors du pays sous réserve d’un projet accepté par les responsables pédagogiques (Article 65). Les unités de formation sont en général interdépendantes et chaque unité contribue à l’acquisition des compétences. Les unités de formation couvrent six champs[16] différents à savoir :

  • Les sciences humaines, sociales et le droit
  • Les sciences biologiques et médicales
  • Les sciences et techniques infirmières, fondements et méthodes
  • Les sciences et techniques infirmières, interventions
  • L’intégration des savoirs et posture professionnelle infirmière
  • Les méthodes de travail

 

Généralement, les enseignements en formation infirmière sont réalisés sous la forme de cours magistraux et de travaux dirigés.

 

 

  • Historique de la formation infirmière[17]

Afin de mieux comprendre l’histoire de la formation infirmière, il est important de se retourner vers le passé, notamment l’histoire de la pratique infirmière. Différents auteurs ont déjà mené des études concernant la formation infirmière tels que Knibiehler (2008) dans « l’histoire des infirmières » et Magnon (2002) dans «  les infirmières, identité spécificité et soins infirmiers ».

Provenant du mot « infirmus »[18], désignant l’invalide ou le malade, le mot « infirmier » a vu le jour en 1398 et son usage n’est devenu courant qu’à partir du XVè siècle. Par ailleurs le terme « infirmière hospitalière » n’est devenu courant qu’après la Première Guerre mondiale. Les servantes et les religieuses étaient les premières à l’utiliser.

D’après Collière (1982, p.31), la pratique de la formation infirmière est née des pratiques de soins au corps afin d’assurer la continuité du groupe et de l’espèce ainsi que des différents savoirs séculaires en rapport avec l’alimentation. Ces divers éléments constituaient la base d’un ensemble de pratiques de soins mises en œuvre par les femmes tout au long de l’évolution de l’humanité. « C’est cette pratique ancestrale du « prendre soin » qui semble à l’origine du « nursing » et de ce qui donnera naissance aux pratiques infirmières pour être ensuite dénommé « soins infirmiers » (Collière, 1982, p. 30).

L’enseignement infirmier a été débuté par Louise de Marillac au profit de la congrégation des Filles de la Charité suite à la demande de Saint Vincent de Paul qui avait le souhait de fournir une instruction pour les personnes « qui vont fournir une assistance professionnelle aux pauvres et aux malades » (Pierre/Jeanguiot, 2006, p. 81). C’est seulement au cours du XIXè siècle que la formation infirmière a pu se structurer.

À cette époque, les congrégations religieuses ont pu s’investir dans les formations infirmières grâce à diverses lois entre autres : la Loi Guizot (1833) permettant l’organisation de l’enseignement primaire et la formation des maîtres, la Loi Falloux (1850) pour la liberté de l’enseignement secondaire, la loi Duruy (1867) obligeant les communes disposant d’au moins 500 habitants de scolariser les filles[19]. Ces diverses lois ont également permis aux « hygiénistes » et au « humanistes » de la troisième République d’engager un mouvement de laïcisation des hôpitaux. Une fois que l’Église et l’État furent séparés au XXème siècle, le mouvement de  laïcisation a été développé et a donné naissance à la profession infirmière. À cette époque, les soins sont devenus universels et un droit pour chaque citoyen. Petit à petit, les hôpitaux adoptent une mission thérapeutique. Cette situation a engendré la nécessité de former des auxiliaires médicaux qui auront pour rôle de seconder les médecins. « C’est à l’occasion de cette formidable éclosion suscitée par les progrès médicaux et chirurgicaux,…, que vont naître en France les premières écoles d’infirmières » (Magnon, 2001, p. 16).

En 1878 après l’instauration de l’école des Diaconesses de Strasbourg et de Paris (1842-1843), le docteur Désiré Magloire Bourneville a créé des écoles municipales d’infirmiers et d’infirmières pour les hôpitaux d’assistance publique de Paris. Ce dernier avait le désire de former des filles infirmières contrer le « contre-pouvoir »  des religieuses. À ses débuts, la formation infirmière a été confrontée à plusieurs courants : le courant républicain des hôpitaux publics par le Docteur Bourneville qui a au l’idée de former des infirmières laïques de l’Assistance publique ; le courant des cléricaux constitué de médecins ecclésiastiques pour maintenir la fonction soignante dans un cadre religieux ; le courant des sociétés Croix-rouges par le Docteur Duchaussoy et le courant des différentes écoles privées du Docteur Anna Hamilton à Bordeaux qui a développé le modèle de la « neurse anglaise ».

À l’époque, ces différents courants  s’opposaient sur la conception même de l’enseignement et sur la position des infirmières. Il y a par exemple le Docteur Bourneville qui trouvait que chaque femme « pourvue d’une éducation primaire et professionnelle solide, assurée de conditions de vie correctes, pouvait faire une excellente infirmière » (Knibiehler, 2008, p. 67) contrairement au Docteur Hamilton qui pensait que la classe de recrutement est quelque chose de primordial et qu’il faut en tenir compte.

Par ailleurs, malgré l’existence de plusieurs divergences, les médecins ont fini par trouver un terrain d’entente afin de fournir une formation infirmière idéale et acceptée de tous (Knibiehler, 2008, p. 67). Cette dernière se base sur le principe : formée par et pour le médecin, elle reste à son service. Sa fonction ne comporte aucune spécificité » (Knibiehler, 2008, p. 69).

C’est seulement en 1992 que le premier diplôme professionnel en formation infirmière a été créé : un brevet attestant une capacité professionnelle[20]. C’est ainsi que le métier d’infirmière acquiert une existence sociale.

  • Évolution de la formation

L’évolution de la formation infirmière é été étudiée par différents auteurs tels que Roman-Ramos (2011), Siebert (2003), et Weber (2009). Les diverses évolutions connues par la formation infirmière ont également engendré des évolutions au niveau de la fonction de formateur.  Les diverses évolutions sont régies par des textes professionnels ainsi que de différentes modalités d’exercices.

En 1924 (arrêté du 24 juin 1924), la formation infirmière est officialisée dans le cadre d’une uniformisation d’un programme commun et unique à toutes les écoles laïques. Toutefois, le contenu peut varier en fonction des destinataires de la formation : infirmières hospitalières ou visiteuses d’hygiène sociale. Mais quelle que soit sa destination, la formation porte essentiellement sur des enseignements pratiques.

En 1938,  le diplôme d’infirmière visiteuse a été remplacé par des diplômes plus simples d’infirmier et d’infirmière hospitalière et d’assistant (e) de service social.

En 1943, une loi obligeant les étudiants à avoir un diplôme d’infirmière a été promulguée sans quoi ils ne pourront pas exercer la profession d’infirmière. Cette loi permet d’assurer la protection du titre et en cas d’exercice illégal de la profession, elle renvoie au Code pénal.

Depuis l’institutionnalisation de la formation infirmière, six programmes de formation se sont déjà succédés[21]. Chaque programma avait comme objectif de former des étudiants infirmières en fonction de l’évolution de la technologie, de la médecine ainsi que des différents nouveaux besoins en termes de soins au sein de la collectivité :

  • Le programme des études de 1951 : ce programme a fait son apparition dans un programme d’après-guerre. À cette époque, les différents progrès de la science et des techniques médicales ont engendré une véritable mutation des hôpitaux. L’infirmière constituait un pilier important au sein de l’équipe médicale surtout en chirurgie. Le programme de 1951 a une durée de deux ans. Avec ce programme, les étudiants infirmiers, les assistantes sociales et les sages-femmes avaient une première année commune. Les formations théoriques étaient dispensées par les médecins et les pharmaciens, les monitrices de l’enseignement théorique assuraient les formations pratiques. Les monitrices avaient pour fonction de renforcer l’enseignement dispensé par les médecins en donnant plus de détails sur le contenu et en développant les soins infirmiers nécessaires. Elles avaient également pour rôle de former les étudiants aux différentes techniques de soins gestuelles tout en assurant que les étudiants aient les qualités nécessaires pour exercer la profession : présence, moralité et équilibre de vie de l’infirmière (Siebert, 2003, p. 23).
  • Le programme des études de 1961 est apparu en même temps que le développement des structures hospitalières et les sciences sanitaires et médicales. Il s’est accompagné d’une difficulté croissante au niveau des méthodes curatives et diagnostiques. Ce programme dure deux ans et est devenu spécifique à la formation infirmière. Le programme des études de 1961 estimait qu’il est important que la formation infirmière soit plus axée sur la pratique et que l’enseignement théorique servira juste de base aux infirmières.
  • Le programme des études de 1972 : un programme apparaissant au beau milieu du développement des structures de soins juxtaposées. Le programme dure 28 mois, un peu plus longtemps que les deux premiers. Il avait une certaine particularité car il est novateur et assure un bon équilibre entre les enseignements théoriques et les stages. Dans ce programme, l’étudiant est considéré comme un stagiaire en période d’apprentissage et est responsable des personnes soignées. Depuis, le programme ne s’établit plus en termes de pathologies mais essentiellement sur les soins infirmiers en rapport avec des spécialités médico-chirurgicales. Les soins infirmiers étaient désormais considérés comme une discipline à part entière. Ce programme se focalise plus sur les équipes enseignantes que sur les monitrices. Également, il n’impose pas aux formateurs les moyens et les méthodes pédagogiques qui devront être utilisés. C’est qui fait que les enseignants doivent avoir une expertise pédagogique et que cela doit être reconnu.
  • Le programme des études de 1979 : grâce à ce programme d’une durée de 33 mois, le diplôme d’état d’infirmier a été reconnu dans toute l’Europe. Cela a facilité la circulation des personnes titulaires d’un diplôme d’infirmier dans les pays membres de l’Union européenne. Ce programme a officialisé la reconnaissance du rôle infirmier et l’introduction des sciences humaines dans la formation ainsi que l’enseignement de la démarche de soins. Grâce à la reconnaissance de ces divers éléments, l’exercice professionnel est devenu plus autonome tout en se basant sur une compétence spécifique. Cela a permis un affaiblissement de l’emprise médicale. En 1987, l’accès aux formations infirmières n’est plus possible sans un diplôme de baccalauréat ou équivalent. Des formations universitaires ont été également proposées aux formateurs afin qu’ils puissent mieux répondre aux exigences liées au programme. Depuis les années 90, le système hospitalier français s’est considérablement transformé, notamment en raison de la mondialisation et du développement. Depuis, la compétence des personnels et la qualité des équipements ont atteint un niveau exceptionnel. C’est à partir de ces divers changements et évolutions du monde hospitalier que la loi sur la réforme hospitalière du 31 juillet a été décidée. Cette loi portait sur différents points : l’évaluation de l’activité des différents établissements de santé, la reconnaissance des droits du malade et des missions de recherche pour les paramédicaux ainsi que la création d’un service de soins infirmiers.
  • Le programme des études de 1992 : la mise en place de ce programme a permis de remplacer les termes « école d’infirmier » et « élèves » en « institut de formation en soins infirmiers » et « étudiants » (Art. 4). C’est dans ce programme de 37,5 mois que les missions destinées aux IFSI ont été énoncées. Contrairement aux précédents, ce programme inclut à la fois la formation préparatoire ainsi que la formation continue, la documentation et les différentes recherches nécessaires en soins infirmiers. C’est également dans le cadre de ce programme que les différents types d’enseignements suivants ont été officialisés : les diagnostics infirmiers, la relation d’aide, la recherche en soins infirmiers, le suivi pédagogique se basant sur l’accompagnement ainsi que le développement personnel des étudiants. Par ailleurs, les diverses évolutions et développement social ont engendré non seulement de nouvelles modalités d’évaluation dans le programme de formation infirmière, mais également d’un niveau d’exigences important dans la réponse aux attentes de la société. Depuis ce programme des études de 1992, la formation é été considérée comme une entité et les enseignants, en raison de l’émergence de l’ingénierie de formation, avaient besoin d’un réajustement de leurs savoirs. Les formateurs avaient des rôles plus évolués et étaient obligés de créer et de favoriser les formations d’apprentissage en créant des situations proches du réelle tout en prenant en compte les parcours des étudiants ainsi que leurs particularités. Le 31 décembre 2001, un décret portant sur le statut du corps des cadres de santé a été créé. L’article 4 de ce décret précise que les cadres exercent « (…) des fonctions d’encadrement correspondant à leur qualification dans les instituts de formation (…) ; ils prennent part en qualité de formateurs à l’enseignement théorique et pratique et à la formation des élèves et étudiants ».
  • Le programme de formation du 31 juillet 2009 : un programme qui a fait émerger de nouvelles attentes par rapport à la formation. L’évolution des programmes de formation infirmière se fait en même temps que l’évolution de la société ainsi que des besoins des personnes qui forment cette société. C’est pour cela que le programme de formation du 31 juillet 2009 a été mis en place. Le programme de formation de 2009 a été marqué par l’introduction de la formation infirmière dans le cursus de l’enseignement supérieur. Ainsi, il a été développé suivant les accords de Bologne et s’inscrit au sein de la filière LMD. Cette dernière accorde le grade de licence aux étudiants qui ont pu obtenir 180 crédits. La délivrance du grade universitaire requiert une convention tripartite effectuée entre l’institut qui assure la formation, l’université et la région qui s’occupe du financement de la formation. La réforme de la formation infirmière de 2009 s’organise autour de trois points essentiels[22] : l’universitarisation, l’approche par compétences et la professionnalisation.
  • L’universitarisation

À partir de 2009, le référentiel de la formation infirmière s’est basé sur les différentes normes universitaires. Depuis, les études sont étalées sur une durée de 3 ans. Cette durée est répartie en 6 semestres avec un volume horaire total de 4200 heures. Les 2100 heures sont consacrées à des formations théoriques et les 2100 à des formations cliniques. A chaque semestre correspond 30 ECTS ou European Credits Transfert System. Tous les diplômes sont contresignés par le recteur chancelier des universités tant qu’ils sont sous tutelle du ministre chargé de l’enseignement supérieur comme c’est le cas du grade licence pour les infirmiers.

Les diplômes d’État obtenus par les étudiants sont délivrés par les préfets de région et ce sont les Directions Régionales de la Jeunesse qui assurent le processus de certification.

  • L’approche par compétence

Depuis la mise en place du programme des études de 2009, la formation théorique proposée aux étudiants englobe 4 types d’unités d’enseignement : les unités d’enseignement avec des savoirs contributifs aux savoirs infirmiers, les unités de savoirs constitutifs des compétences infirmières, les unités intégrant différents savoirs avec leur mobilisation et les unités de méthodologie et de langue anglaise. La présence des différentes unités d’enseignement favorise les liens qui existent entre elles et l’évolution de l’apprentissage des étudiants. Cela permet également aux étudiants de favoriser leur contribution à l’acquisition de compétences.

Les compétences doivent être maîtrisées par les professionnels et elles sont attestées via l’obtention du diplôme d’État.  L’obtention de chaque compétence s’effectue de manière cumulée comme suit :

  • Validation de l’ensemble des unités d’enseignement en rapport avec les compétences ;
  • Acquisition de la totalité des éléments de la compétence évalués à partir des stages ;
  • Validation des techniques et activités de soins évaluées lors des stages ou en institut de formation.

L’approche par compétence requiert une formation qui prône sur un entraînement réflexif afin que les étudiants puissent comprendre le lien qui existe entre savoirs et actions et aussi afin qu’ils puissent assimiler les savoirs dans une logique de construction de la compétence.

 

 

  • La professionnalisation

Dans le programme des études de 2009, les modalités pédagogiques se déclinent à la fois vers l’enseignement théorique et le clinique. La formation clinique effectuée dans le cadre d’un stage englobe quatre domaines d’activités : soins de courte durée et soins de long séjour, rééducation, soins de santé mentale et psychiatre, soins au sein des lieux de vie ou à domicile.

Lors des stages, le rôle de chaque étudiant est clairement défini à l’avance et d’autres nouveaux rôles peuvent apparaître pendant les encadrements. Les compétences acquises par les étudiants lors des stages sont enregistrées sur un outil de traçabilité « portfolio ». Ce dernier contribue grandement à l’obtention du diplôme d’Etat infirmier.

  • Place des étudiants au sein de la formation

Au tout début ou plutôt pendant le programme de 1951, l’infirmière est considérée comme une simple exécutante et les élèves qui suivaient une formation infirmière ont été formés dans ce sens. La situation est à peu près identique à celle de 1961. Selon Roman-Ramos (2011, p.3), ces deux programmes « développent progressivement le profil d’une infirmière technicienne, mais dont l’image symbolique demeure malgré tout dominée par ce versant humaniste indispensable pour remplir la fonction de soignante ».  Jouant le rôle de « répétiteur », les monitrices ne pouvaient assurer qu’un enseignement classique où les élèves ne font qu’apprendre et reproduire.

Durant le programme de 1951, la moitié des élèves étaient bacheliers et les études de cas correspondaient à des exposés sur la situation d’une personne malade au sein d’un service. À travers les exposés, les élèves commençaient petit à petit à adopter une attitude plus analytique par rapport aux soins et des compétences langagières étaient exigées[23].

Avec le programme de 1961, les étudiants ont commencé à évoluer étant donné que ce programme exigeait à l’infirmière de comprendre la raison de chaque geste accompli et aussi de participer de manière plus intelligente à la surveillance des malades. Le programme faisait plus référence aux aptitudes cognitives des futurs professionnels. Plusieurs travaux pratiques et cercles d’études ont été évoqués, c’est ce qui a fait que la formation était de plus en plus axée vers une pédagogie qui sollicite l’apprenant. Par conséquent, les règlementations devenaient plus strictes. Pour preuve, une période probatoire de trois mois a été mise en place afin de sensibiliser les élèves aux différentes techniques de soins de base. Pour cela, ces derniers sont mis directement en contact avec des malades. Cela avait pour objectif de les faire prendre conscience de la valeur morale qui régissait la profession ainsi que des responsabilités que peuvent entrainer leurs actions. Au terme de la période probatoire, l’élève peut être renvoyé de l’école en cas d’échec.

Avec le programme de 1972 et l’introduction de la prévention et de l’éducation à la santé, les élèves sont devenus des stagiaires en situation d’apprentissage. Les méthodes pédagogiques et magistrales commençaient à se développer petit à petit en favorisant les travaux de groupes et les exposés. En même temps, les étudiants pouvaient se faire entendre grâce à l’élection des « délégués de promotion ».

La formation des élèves infirmières se développait au fur et à mesure, notamment avec la mise en place du programme d’études de 1979 qui marque un grand tournant dans la formation des élèves. En effet, en officialisant le rôle propre de l’infirmière ainsi que sa prise de distance avec la tutelle médicale, ce programme a permis de faire évoluer la formation des élèves. Les connaissances transmises se rapportent à des modèles qui se démarquent du cadre médical. Par conséquent, les écoles gagnaient de plus en plus d’autonomie dans la mise en œuvre de leur projet pédagogique.

Avec le programme des études de 1992, les élèves en formation infirmière ont bénéficié d’un statut d’« étudiants » car leur formation était désormais reconnue comme un cursus d’enseignement supérieur. Un suivi pédagogique a également été introduit dans ce programme. Cela  a permis d’orienter la concentration sur les étudiants en les considérant comme des individus singuliers sur la base d’une relation « enseignant/enseigné. La faculté d’adaptation des étudiants était grandement sollicitée étant donné que le programme exigeait plus de responsabilités de la part des étudiants pour l’élaboration de leur projet professionnel. En donnant plus d’autonomie aux étudiants dans leur apprentissage et dans l’élaboration de leur projet, ce programme de 1992 favorisait un modèle pédagogique constructiviste.

Les différents arrêtés qui se sont succédés au cours des années 2000 ont permis petit à petit d’assouplir les bases de fonctionnement de la formation des étudiants et des IFSI. L’arrêté du 21 avril 2007, concernant les conditions de fonctionnement des instituts de formation paramédicaux, mentionne les libertés et les obligations des étudiants.

  • Évaluation statistique de la formation
  • Les étudiants en formation infirmière
  • Des étudiants avec des âges très variés

Selon le DRESS, Direction Régionale de la Recherche, des Études, de l’Évaluation des Statistiques,  le nombre des étudiants en soins infirmiers étaient de 88 115 fin décembre 2012. La majorité des étudiants est composée de jeunes dont : 14,1% moins de 20 ans, 68,2% entre 20 et 30 ans, 12% entre 31 et 40 ans et 4,9% entre 41 et 50 ans.

Les étudiants admis en formation infirmière disposent de formations différentes. La majorité est titulaire d’un diplôme de baccalauréat soit 74,5% et seulement 11,7 disposent d’un diplôme de niveau supérieur.

Ainsi, nous pouvons dire qu’il y a une importante hétérogénéité en termes de niveau et de génération en formation infirmière. D’après l’analyse de Barthe (2013, p.39), les étudiants en formation infirmière peuvent être classés en quatre groupes :

  • Les jeunes étudiants de 18 à 21 ans qui ont récemment obtenu le diplôme de baccalauréat scientifique et général.
  • Les jeunes étudiants de 18 à 21 ans avec un diplôme de baccalauréat technologique.
  • Les étudiants âgés de 21 à 35 ans qui ont déjà intégré la formation ou ont connu un échec lors de leur cursus universitaire précédent.
  • Les aides-soignants de 28 à 45 ans ayant suivi une formation professionnelle disposant de critères spécifiques de sélection.

La formation infirmière comporte différentes générations avec des comportements, des projets, et des envies différentes. En 1992, la formation infirmière n’était composée que d’étudiants issus de deux générations différentes : la génération X et la génération Y. La première, née entre 1965 et 1980, une génération qui a connu la fin de la croissance économique, la croissance des techniques de communication, le développement du chômage et le développement de la précarité. Certains auteurs tels que Chauvel ou Lambert considèrent cette génération comme une société de risque car elle a été marquée par l’émergence de divers évènements : sida, Tchernobyl, crise de la vache folle, etc. Par conséquent, les personnes appartenant à cette génération éprouvent le besoin de se battre. Par rapport à la formation infirmière (année 2012), cette génération correspond aux étudiants en reconversion professionnelle et les aides-soignants en promotion. La seconde quant à elle, c’est-à-dire la génération Y née entre 1981-1995), est une génération qui a vécu avec le développement des nouveaux modes de communication et l’internet. Cette génération est caractérisée par un état d’esprit individualiste et par la précarité familiale. En 2012, les jeunes de la génération Y composaient la majeure partie des étudiants en formation infirmière (plus de 80%)[24].

Selon Barthe (2013, p.40), la mixité générationnelle et expérientielle au sein de la formation infirmière se traduit comme une plus-value remarquable dans le cadre du processus d’apprentissage étant donné qu’une partie des étudiants dispose d’un rapport au savoir et d’un désir d’apprendre, un avantage conséquent pour l’ensemble du groupe. L’existence d’une grande diversité au sein de la formation infirmière nécessite une grande capacité d’adaptation que ce soit de la part des formateurs ou de la part des étudiants.

Actuellement, la formation infirmière est composée essentiellement de jeunes de la génération Z et de la génération Y, deux générations qui sont hyper-connectées demandant une approche pédagogique adaptée.

  • Une grande partie des étudiants sont de sexe féminin

Le secteur de la santé est un secteur d’activité dominé par les femmes. En effet, le domaine de la santé est fortement féminisé et cette situation n’a cessé de s’accroitre.

 

Selon une enquête statistique menée par la DREES concernant la féminisation des professions de la santé en France, le taux de présence des femmes dans le secteur de la santé entre 1983 et 2003 est passé de 71% à 76% et ce taux varie d’une profession à une autre comme montré par le tableau présenté ci-après :

 

  • Les formateurs en IFSI

Selon le Comité d’Entente des Formations Infirmières et Cadres (2013/2014), il existe 3 000 formateurs cadres de santé dans les IFSI. D’après l’arrêté du 31 juillet 2009 relatif aux autorisations des instituts de formation pour les diplômes d’infirmier, l’équipe pédagogique est constituée de formateurs permanents (Article 9). Egalement, l’article 10 de cet arrêté  stipule que chaque formateur permanent doit avoir :

  • « un titre permettant l’exercice des professions pour lesquelles l’institut est autorisé ;
  • un diplôme de cadre de santé ou d’un des certificats de cadre auxquels ce diplôme s’est substitué ou d’un diplôme reconnu équivalent ;
  • Un titre universitaire de niveau II dans les domaines de la pédagogie ou de la santé est également recommandé »

La procuration du dernier document est le seul moyen qui permet de prouver que les formateurs disposent les connaissances requises en termes de pédagogie afin de leur permettre de former et d’accompagner les étudiants vers la voie de la professionnalisation. Le répertoire des métiers de la Fonction Publique Hospitalière (2008) appel le métier « Formateur (trice) en techniques, management et pédagogie des soins ».

La fonction principale des formateurs consiste à former des professionnels paramédicaux tout en organisant les différentes conditions pour leur apprentissage. Ces derniers organisent également des actions de formation en rapport avec les soins. Cette dernière requiert des connaissances particulièrement approfondies en ingénierie de formation, de pédagogie, de management et de soins. Ainsi, il est capital que tous les formateurs disposent de la capacité de concevoir des dispositifs et des actions de formation relatifs à leur domaine de compétence. Ils doivent également être capables d’adapter différents outils et méthodes de travail à leur domaine de compétence.

Actuellement, le diplôme de master II ne constitue qu’une simple recommandation, mais par contre, l’universitarisation de la formation requiert aux formateurs une capacité de pouvoir la conduire en travaillant avec les universités. Il est de ce fait important que les formateurs aient les compétences nécessaires afin qu’ils puissent mener à bien leurs missions.

b)      Formation clinique en stage

La formation clinique en stage est considérée comme un temps d’apprentissage et permet à l’étudiant d’exercer des pratiques professionnelles selon les possibilités qui leur sont offertes à dispenser des soins infirmiers.

L’enseignement clinique se fait pendant les périodes de stages au sein de milieux professionnels, des milieux hospitaliers ou extra-hospitaliers.

La directive européenne 2005-368[25]  stipule que « L’enseignement clinique se définit comme étant le volet de la formation d’infirmier par lequel le candidat infirmier apprend, au sein d’une équipe, en contact direct avec un individu sain ou malade et/ou une collectivité, à organiser, dispenser et évaluer les soins infirmiers globaux requis à partir des connaissances et compétences acquises. »

L’enseignement clinique est obligatoire dans le cadre d’une formation infirmière. Toutefois, l’organisation des stages appartient aux instituts de formation en soins infirmiers. Les équipes enseignantes définies elles-mêmes les objectifs de stages.

Durant la formation clinique en stage, les étudiants sont accompagnés d’un tuteur et d’un formateur. Cela afin que chaque étudiant puisse développer une pratique réflexive nécessaire à développer sa compétence infirmière.

Le fonctionnement des formations cliniques en stage est détaillé dans le tableau présenté ci-après en montrant le rôle de chaque acteur dans l’encadrement:

Source : La reforme de la formation des infirmiers, DULCHE-TIXIER Gérald

 

c)      Différences entre le programme de 1992 et de 2009

  • Différence au niveau de la formation

Le programme d’études de 1992 et celui de 2009 sont assez différents sur plusieurs points, notamment la durée de formation, les répartitions des enseignements, la formation théorique et la formation clinique. Les grandes différences sont illustrées par les tableaux présentés ci-après :

 

Tableau : Différences sur la durée de formation[26]

Programme d’études 1992 Nouveau référentiel 2009
4760 heures de formation soit 136 semaines 4200 heures de formation soit 120 semaines
Formation étalée sur toute l’année Formation par semestre. Durée de formation 6 semestres
27 semaines de congé 28 semaines de congés
900 heures de travail personnel (règles LMD)

Source : Soins : La revue de référence infirmière, Weber, M. T. (2009).

Par rapport à celle du programme de 1992, la durée de formation pour le programme d’études de 2009 est plus longue et s’étale sur 120 semaines au lieu de 136. La formation est répartie entre 6 semestres pour le programme de 2009, elle est rythmée à l’année pour celui de 1992. Le nouveau référentiel de 2009 est ajouté de 900 heures de travail personnel.

Tableau : Différences sur la répartition des enseignements : formation théorique[27]

Programme d’études 1992 Nouveau référentiel 2009
2240 heures : 64 semaines 2100 heures : 60 semaines réparties en 6 unités d’enseignements centrés sur les 10 compétences requises
L’équipe pédagogique détermine la répartition entre cours magistraux et travaux dirigés 750 heures de cours magistraux
Suivi pédagogique : 140 heures 1050 heures de travail dirigé
300 heures de travail personnel guidé soit 60 semaines

Source : Soins : La revue de référence infirmière, Weber, M. T. (2009).

Dans le programme de 1992, c’est l’équipe pédagogique qui détermine la répartition entre cours magistraux et travaux dirigés. Le suivi pédagogique est de 140 heures. Dans le nouveau référentiel de 2009, les cours magistraux durent 750 heures avec des travaux dirigés de 1050 heures. 300 heures sont destinées aux travaux personnels guidés.  Les travaux personnels guidés concernent les recherches, les études, les exposés, les écrits et les projets divers demandés par les formateurs. Pour le nouveau programme, les enseignants des IFSI ne disposent plus d’autonomie dans la répartition des enseignements en fonction du projet pédagogique.

Tableau : Différences sur la formation théorique de1992 et de 2009[28]

Programme d’études 1992 Nouveau référentiel 2009
Méthodes pédagogiques selon le projet pédagogique. Normalement le nombre d’heures destinées aux cours magistraux est supérieur à celui destiné aux travaux dirigés

 

 

Formation composée de:

A chaque unité d’enseignements doit correspondre d’un certain nombre de TD, de CM et de travail personnel. Les étudiants sont également amenés à effectuer du travail réflexif et d’analyse des pratiques professionnelles à partir de situations de soins.

Formation composée plusieurs unités d’enseignement om chaque unité contribue à l’obtention de 10 compétences du référentiel

Ø  modules transversaux comme l’hygiène, les sciences humaines, la législation, etc.
Ø  modules spécifiques qui sont organisés par fonctions: gynécologie, cardiologie, etc. Les unités d’enseignement couvrent 6 champs différents:
Ø  Sciences humaines, sociales et droit
Ø  Sciences biologiques et médicales
Ø  Sciences et techniques infirmières, fondements et méthodes
Ø  Sciences et techniques infirmières, interventions
Ø  Intégration des savoirs et posture professionnelle infirmière
Ø  Méthodes de travail.

 

Source : Soins : La revue de référence infirmière, Weber, M. T. (2009).

L’ancien programme de 2009 est composé uniquement de deux modules : des modules transversaux et des modules spécifiques. Dans le nouveau programme de 2009, chaque unité d’enseignement correspond à une compétence. L’unité d’enseignement correspondant à l’intégration des savoirs et à la posture professionnelle infirmière consiste en une étude effectuée dans le cadre d’une situation clinique. Pour que les étudiants puissent mener à bien l’analyse de la situation, ils devront mobiliser et transposer les connaissances qu’ils ont acquis au cours des autres unités d’enseignement. Par exemple pendant le premier semestre, une unité d’enseignement s’intitulant « accompagnement dans la réalisation des soins quotidiens »  est essentielle et contribue essentiellement à l’obtention d’une compétence qui s’intitule « accompagner une personne dans la réalisation de ses soins quotidiens ».

Tableau : Différences dans la formation clinique[29]

Programme d’études 1992 Nouveau référentiel 2009
2380 heures 2100 heures
Les 1680 heures (48 semaines) sont réparties comme suit : Ø  1 stage de 5 semaines pour le premier semestre
Ø  8 semaines dans la chirurgie Ø  1 stage de 10 semaines pour le second semestre
Ø  8 semaines dans la médecine Ø  1 stage de 10 semaines pour le troisième semestre
Ø  8 semaines dans la santé mentale psychiatrie Ø  1 stage de 10 semaines pour le quatrième semestre
Ø  8 semaines en gériatrie Ø  1 stage de 10 semaines pour le cinquième semestre
Ø  8 semaines en santé publique Ø  2 stages de 15 semaines (5 + 10 semaines) pour le sixième semestre
Ø  4 semaines en pédiatrie Le parcours de stage de chaque étudiant comporte également des stages minimums correspondant à chaque typologie
Ø  4 semaines réparties entre bloc, réa et urgences Ø  un stage de soins de courte durée
Les 700 heures restantes (20 semaines) sont consacrées à l’appréciation de l’équipe pédagogique Ø  un stage de soins en santé mentale et psychiatrie
  Ø  un stage de soins de longue durée, de suite et de réadaptation
  Ø  un stage de soins individuels ou collectifs sur lieux de vie

Source : Soins : La revue de référence infirmière, Weber, M. T. (2009).

Les stages pour le nouveau programme de 2009 ont une durée plus longue par rapport à ceux du programme de 1992. Grâce à cela, les étudiants ont largement le temps pour s’approprier de l’organisation de service ainsi que des différents protocoles. Ils bénéficient également de plus de temps pour progresser dans l’acquisition de nouvelles compétences.

Tableau : Différences au niveau de l’obtention du diplôme d’État[30]

Programme d’études 1992 Nouveau référentiel 2009
L’obtention du diplôme d’État requiert que l’étudiant obtienne: L’obtention du diplôme d’État requiert que l’étudiant obtienne:
50 points sur 100 dans les évaluations théoriques 180 crédits européens. Les 60 sont attribués aux stages
10/20 de moyenne pour l’ensemble des stages L’obtention des crédits valide l’acquisition des 10 compétences du référentiel
60/120 aux 2 épreuves du DE (MSP et TFE)  

Source : Soins : La revue de référence infirmière, Weber, M. T. (2009).

Tableau : Différence au niveau de la pédagogie[31]

Programme d’études 1992 Nouveau référentiel 2009
Pédagogie de transmission des savoirs Pédagogie centrée sur l’approche par compétences
Apprentissage par objectifs Ensemble de savoir-faire, de comportements et de  connaissances mobilisés dans une action et adaptés aux exigences d’une situation
Formation en alternance juxtapositive Formation en alternance intégrative

À part les éléments cités ci-dessus, il est également important de noter que la formation de 2009 comporte d’autres spécificités, à savoir :

  • une professionnalisation par l’alternance favorisant la logique et la compétence
  • une intégration des NTICE (nouvelle technologie de l’information et de la communication pour l’enseignement) dans les parcours de formation
  • une plus forte implication des professionnels dans le cadre de l’accompagnement et de la professionnalisation des étudiants
  • une modification des activités et des modèles pédagogiques des formateurs
  • une plus grande collaboration entre les services et la formation

 

2.      Les différentes théories de l’apprentissage envers les étudiants[32]

Toute transmission de savoir dépend grandement des théories d’apprentissage : le behaviorisme, le constructivisme, le socioconstructivisme et la pédagogie traditionnelle – active – différenciée. Ainsi, sans ces diverses théories, aucune transmission de savoirs ne serait possible. Toutefois, le référentiel de la formation infirmière ne prend pas en compte toutes ces théories. Juste quelques-unes sont favorisées.

a)      Le behaviorisme

La théorie behaviorisme a été développée par WASTON et PAVLOV. Cette théorie peut être considérée comme un apprentissage comportementalisme. D’après ces deux auteurs, l’apprentissage peut être considéré comme une modification du comportement par le conditionnement et l’apprentissage n’aboutit que si l’étudiant ne donne une réponse à la fois correcte et automatisée à un stimulus donné. Le conditionnement peut être favorisé en ayant recours à des renforcements qui peuvent être positifs (bonne note) ou négatifs (punition, reproches, mauvaises notes, ect.). Dans cette pratique, les étudiants, pour éviter les renforcements négatifs et pou bénéficier de renforcements positifs, sont obligés d’adopter un meilleur comportement. Pavlov et Watson appellent cette procédure « conditionnements opérants » (Gatto et al., 2007, p. 63).

La pédagogie par objectifs : « apprendre c’est diriger son action vers l’atteinte des résultats, de cibles préconstruites ». (Donnadieu, Genthon et Vial, 1998, p. 44) se base sur ce concept de behaviorisme. Dans ce concept, les savoirs préexistants des étudiants ne sont pas considérés car les évaluations se font souvent suivant un système de contrôle par un questionnaire à choix multiples, restitution, correction et hiérarchisation des étudiants formés.

 

 

b)      Le cognitivisme

La théorie cognitivisme est une théorie qui s’oppose au béhaviorisme. Dans le domaine de la psychologie, cette théorie détermine le processus interne de l’apprentissage où l’étudiant est tenu de traiter l’information d’une manière plus active. Lorsque ce dernier perçoit des informations de l’extérieur, il tente de le reconnaitre et les garde dans sa mémoire. Il récupère ensuite ces informations de sa mémoire pour l’aider à comprendre quelque chose ou résoudre des problèmes. En effet, la mémoire guide chaque individu à la perception et au traitement de l’information selon deux possibilités : en mode ascendant et en mode descendant.

  • Le mode ascendant permet de tirer des conclusions à partir d’informations longuement conservées dans la mémoire ;
  • Le mode descendant permet d’anticiper les situations à travers des schèmes et des scriptes stockés dans la mémoire.

En termes de pédagogie, la théorie cognitivisme requiert un engagement mental actif de la part des étudiants pendant les périodes d’apprentissage. Cela permet à ces derniers de traiter les informations plus profondément et pas seulement en surface.

Les stratégies d’enseignement qui découle de cette théorie visent à atteindre trois objectifs :

  • Aider les étudiants à choisir et surtout à encoder les informations qui proviennent de leur environnement.
  • Aider les étudiants à organiser et à intégrer les informations qu’ils ont recueillies
  • Aider les étudiants à recouvrer les informations de leur mémoire à long terme

Le concept de cognitivisme assure divers cheminements d’apprentissage permettant d’influencer le traitement d’informations des étudiants à travers différentes variables individuelles.

Toutefois, cette théorie comporte certaines limites étant donné que les objectifs fixés par les  formateurs ne correspondent pas toujours à ceux fixés par les étudiants qui réalisent les tâches.

c)      Le constructivisme

Le constructivisme, une théorie étudiée par Piaget au milieu du XXème siècle (cité par Gatto et al.2007), reconnaît que l’apprentissage n’est autre qu’une activité mentale. Dans cette théorie, la réalité n’existe que dans la tête, il n’y a pas de réalité externe objective. L’apprentissage est considéré comme un processus actif permettant de construire la réalité pour chaque individu. Pour cela, deux actions participent à l’aboutissement de l’apprentissage : « l’accommodation » et « l’assimilation ». L’assimilation est l’action de l’étudiant appliquée sur les objets qui se trouvent autour de lui. Cette action est effectuée sur la base des aptitudes et des connaissances acquises par l’étudiant. L’accommodation quant à elle est une action qui déclenche des ajustements actifs chez l’étudiant (Gatto et al. 2007, p. 68).

Dans cette théorie, l’étudiant observe la réalité et lui donne une signification unique en se basant sur leurs propres expériences.  Aucune connaissance n’existe en tant que vérité absolue et peut être à un moment donné considérée comme un consensus social. Dans ce cas, l’erreur est considérée comme un facteur d’apprentissage.

Les stratégies d’enseignement en rapport avec la théorie de constructivisme ont pour objectif de supporter les étudiants dans leur recherche personnelle par différents moyens : leur poser des questions, stimuler leur curiosité, etc.

 

Avec la théorie constructivisme les étudiants peuvent se positionner comme des décideurs dans leur démarche de construction de savoir. Contrairement aux autres théories, le constructivisme valorise une technique pédagogique plutôt active que directive. Toutefois, comme toutes les théories, elle a ses limites dans le sens où elle n’assure pas un apprentissage optimal. Le rôle des formateurs dans la mise en œuvre de cette théorie est de venir en aide aux étudiants pour qu’ils puissent se construire en leur donnant les moyens d’agir, en les accompagnant et en les invitant à se poser des questions.

d)      Le socioconstructivisme

Le socioconstructivisme est une théorie née du constructivisme. Cette théorie affirme l’idée que les individus ne bâtissent pas seuls leurs connaissances mais à travers des relations et des échanges avec d’autres individus.

Vygotski, cité par Gatto et al. (2007) est celui qui a fondé la première théorie sur le socioconstructivisme où il a élaboré une théorie interactionniste de l’apprentissage. Ce qui distingue cette théorie des autres c’est qu’elle privilégie la composante sociale dans laquelle la pensée et la conscience d’un individu se construisent dans le cadre d’activités réalisées en groupe au sein d’un environnement social particulier. L’évolution est donc conditionnée par la confrontation au sein d’un groupe social à travers le débat.

Le socioconstructivisme, en raison de ces spécificités, est préconisé par le nouveau référentiel qui indique que « les étudiants construisent leurs savoirs…grâce aux interactions entre leurs savoirs acquis et celui de leurs condisciples, enseignants,… », un des grands principes de cette théorie. Caudron, cité par Boissart, 2013, p 80 stipule également que le travail en groupe est un « ensemble d’activités menées en commun pour réaliser une tâche, ce qui suppose des échanges et l’implication de tous ». Cette implication dans le travail de groupe est liée à l’autorisation, donc permet d’avoir une capacité de s’autoriser et d’être autonome.

Ce modèle développé par Vygotsky s’appuie sur un modèle d’enseignement et d’apprentissage. Il se base sur trois éléments essentiels afin d’assurer le progrès :

  • Une dimension constructiviste : un élément faisant référence au sujet apprenant, donc l’étudiant
  • Une dimension sociale : un élément faisant référence aux partenaires présents, donc les autres étudiants et le formateur
  • La dimension interactive : un élément faisant référence au milieu où s’effectue l’enseignement, donc le sujet d’apprentissage qui n’est autre que le contenu de l’enseignement.

 

 

e)      La pédagogie traditionnelle – active – différenciée

La pédagogie traditionnelle se réfère à celle du modèle transmissif, du savoir, de l’autorité, de l’effort, de la sanction et de l’individualisme. Dans ce style de pédagogie, l’erreur n’est pas considérée comme une source d’apprentissage et doit être sanctionnée. Il s’agit de faire passer l’idée de celui qui ignore à celui qui sait. Selon Gatto, Garnier & Viel, 2007, p. 64, la pédagogie par objectifs est une pédagogie traditionnelle, « les objectifs d’apprentissage définis sont centrés sur les savoirs et non sur l’élève, on recherche la production automatique des comportements »

La pédagogie traditionnelle comprend à la fois une pédagogie active et une pédagogie différenciée.

  • La pédagogie active

La pédagogie active est une méthode qui permet d’offrir une plus grande autonomie aux étudiants dans le cadre de leur apprentissage tout en favorisant le travail de groupe. L’activité mentale volontaire des étudiants est privilégiée. Pour cela, ces derniers pourront mettre en œuvre tous les outils technologiques qu’ils ont à leur disposition afin de s’approprier plus facilement le savoir grâce aux différentes recherches qu’ils effectueront.

L’objectif de la pédagogie active est de rendre chaque étudiant principal acteur de leur apprentissage en favorisant l’expérimentation et le tâtonnement.

  • La pédagogie différenciée

La pédagogie différenciée quant à elle se base sur le concept que dans une classe, l’enseignant se trouve obligé d’enseigner à des étudiants disposant de capacités et de styles d’apprentissage très diversifiés. Ainsi, ce modèle pédagogique vise à adapter l’enseignement et l’institution à chaque étudiant en mettant au cœur de l’enseignement les activités et les étudiants eux-mêmes afin d’optimiser leur développement personnel.

3.      Le référentiel de formation des étudiants : une pédagogie qui se veut être à la fois socioconstructiviste, active et différenciée

Le nouveau référentiel de formation de 2009 se montre comme une démarche pédagogique socioconstructiviste plutôt active et différentiée. Il est construit sur la base de situations emblématiques d’apprentissage. Sa plus grande spécificité est qu’il permet d’assimiler les connaissances « dans leurs interrelations en regard de situations qui leur donnent sens »[33]. Grâce à cela, les étudiants qui sont à la fois autonomes et acteurs de leur propre apprentissage ne se trouvent plus enfermer au sein d’un système d’assimilation-application. Ils peuvent ainsi s’engager dans une démarche de compréhension, d’adaptation et d’analyse de situations pour acquérir les compétences nécessaires afin d’assurer une prise en charge parfaite des patients.

Dans ce nouveau référentiel de formation, la finalité est d’amener les étudiants à être un praticien autonome, réflexif et responsable afin qu’ils puissent devenir des professionnels aptes à analyser tous types de situation de santé tout en étant capable de prendre des décisions sans dépasser les limites de leur rôle et aussi de mener des interventions seuls ou en équipe.

Partie I : Rapport entre la génération Z et la transmission des savoirs dans la formation infirmière

Chapitre I : Le tutorat infirmier

 

La directive européenne 2005-36[34] précise que « L’enseignement clinique se définit comme étant le volet de la formation d’infirmier par lequel le candidat infirmier apprend, au sein d’une équipe, en contact direct avec un individu sain ou malade et/ou une collectivité, à organiser, dispenser et évaluer les soins infirmiers globaux requis à partir des connaissances et compétences acquises ».

Le tutorat se définit également comme « la qualité, la fonction du tuteur ». Par rapport à celle de l’enseignement, la notion de tutorat est plus appréciée dans le domaine des soins étant donné qu’elle fait référence à une notion de groupe de personnes qui bénéficient d’un accompagnement privilégié. Ainsi, les personnes qualifiées de tuteur sont soumises à deux obligations au sein de son unité : une tâche de production au profit de l’établissement auquel elles sont assignées et un rôle d’apprentissage vis-à-vis des étudiants.

Se référant aux infirmiers tuteurs, le tutorat fait référence à une notion d’accompagnage, où le tuteur est le guide qui accompagne les étudiants jusqu’à ce qu’ils deviennent des professionnels à leur tour. Être tuteur fait partie intégrante des rôles des infirmiers. Cette fonction s’explique plus clairement avec le schéma suivant :

Source : Institut de Formation en Soins Infirmiers de Vichy[35]

L’objectif du tutorat est de soutenir non seulement l’acquisition des savoirs techniques mais également l’acquisition de la culture professionnelle tout en cherchant à favoriser la diffusion des savoirs comportementaux nécessaires comme le leadership ou la gestion des conflits.  Grâce au tutorat, la socialisation professionnelle se base sur la transmission et l’expérience.

L’infirmier tuteur est ainsi devenu un acteur obligatoire et surtout indispensable dans l’encadrement des étudiants qui sont en stage clinique. En validant l’acquisition des actes de compétence, il participe grandement à la réussite de chaque étudiant.

 

a)      La relation entre le maitre et son élève

La relation entre l’étudiant et le tuteur se définit comme celle qui s’établit entre deux personnes dans le cadre d’une situation professionnelle. En effet le tuteur, avec l’objectif d’accueillir et de former l’étudiant, apporte une amélioration dans la relation en mettant en place un lien partenariat qui se base sur la confiance. Le mode autoritaire est écarté, car cela constitue un frein pour l’étudiant.

La confiance est l’élément le plus important dans le tutorat, car elle supprime le manque de confiance de l’étudiant face au regard constant du tuteur qui évalue sa compétence. Un exemple facile : l’étudiant aura moins peur de dire qu’il ne sait pas, car il sait que le tuteur va accepter son ignorance et va agir pour valoriser sa progression. Cela permet d’améliorer la relation d’échange entre le tuteur et l’étudiant et ainsi, l’étudiant ne se considèrera plus comme un simple apprenant et répétiteur mais plutôt comme un acteur qui agit dans sont propre apprentissage. En même temps, le tuteur qui détient le savoir aura le plaisir de la transmettre.

b)      Les intérêts et les limites du tutorat

 

L’élaboration de la nouvelle organisation des stages a favorisé l’encadrement des étudiants, notamment grâce à l’intervention des tuteurs et à l’intérêt qu’ils portent dans l’élaboration de leur projet de formation des étudiants.

Le tutorat donne la possibilité d’entretenir une relation de « collègue » entre le formateur et l’étudiant et dans laquelle le rôle de l’étudiant en tant que prescrit se transforme en apprenant. Ainsi, chaque étudiant prend en main son propre itinéraire avec une plus grande autonomie. Cela est appuyé par le parcours de stage sur les différentes spécificités de service et aussi sur l’évolution de l’étudiant dans l’acquisition de savoir et de compétences.

D’un point de vue théorique, le tutorat impose une démarche plutôt réflexive aussi bien chez l’étudiant que chez le professionnel et le tuteur. Par conséquent, ils devront accepter de modifier chacun leur rapport au savoir. Toutefois, pendant les stages, il est encore remarqué que les étudiants développent parfois des stratégies qui ne leur permettent pas d’obtenir de vraies compétences. Ils ont tendance à adopter le comportement des soignants sans développer leur propre comportement et par conséquent, ils ne donnent pas du sens à leurs actions.

Par ailleurs, l’organisation de travail dans certains établissements rend plus complexe le tutorat. Les infirmiers témoignent quelquefois un manque de formation par rapport à l’encadrement et l’évaluation.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Chapitre II : Lien entre l’IFSI et la génération Z

 

1.      La formation en IFSI

L’Institut de Formation en Soins Infirmiers (I.F.S.I.) assure la formation et l’enseignement des étudiants en soins infirmiers pour l’obtention du Diplôme d’État d’infirmier (ère). L’IFSI est rattaché directement au Centre Hospitalier Universitaire de Caen.

L’IFSI est inscrite dans l’architecture européenne des études supérieures. Elle permet ainsi aux étudiants, au bout de 3 ans d’études, d’obtenir un diplôme d’État avec le grade de licence. Le projet pédagogique de cette la formation se base sur des valeurs de respect et d’honnêteté tout en visant à former des étudiants infirmiers (ères) autonomes, responsables et réflexifs.

Le référentiel de formation en IFSI vise à professionnaliser le parcours de l’étudiant tout en développant progressivement l’acquisition de savoirs, de savoir-faire, d’attitudes et de comportements nécessaires au développement des compétences qui doivent être maîtrisées au bout de la formation. L’acquisition de compétences se fait à traves de 6 unités d’enseignement comme précisé un peu plus haut.

 

2.      Place de la génération Z dans la formation infirmière

 

La majeure partie des étudiants en IFSI est représentée par 2 générations différentes : la génération Y et la génération Z. Actuellement, en plus des étudiants de la génération Y, la formation infirmière IFSI commence à côtoyer des étudiants appartenant à la nouvelle génération, qui est la génération Z. Par conséquent, le métier et le rôle des formateurs doivent évoluer en fonction des caractéristiques de ces deux générations.

Le tableau présenté ci-après nous montre la répartition d’âge des étudiants dans la formation infirmière :

Tableau : Âges des étudiants en IFSI

 

Âges des étudiants Pourcentage
Moins de 20 ans 14,10%
20 ans à 29 ans 68,20%
30 ans à 39 ans 12%
40 à 49 ans 4,90%
50 à 59 ans 0,40%

 

Source : DRESS. (2014, Avril). La formation aux professions de la santé septembre 2012

 

 

D’après ce tableau, nous pouvons remarquer que 68,20% des étudiants infirmiers (ères) sont âgés de 20 à 29 et 14% moins de 20 ans. Cela dit, la formation infirmière commence à être émergée par la nouvelle génération. Actuellement, les jeunes de la génération Z commencent tout juste à entrer dans la formation infirmière. Ils ne sont pas encore totalement intégrés.

 

3.      Être formateur aujourd’hui, les enjeux du contexte professionnel

Le cadre de travail des formateurs dans le domaine de l’infirmerie, c’est-à-dire en IFSI, est en perpétuel changement. Cette situation met souvent en question l’aptitude et les compétences des formateurs et même leur projet professionnel. Actuellement, être ou devenir formateur en soins infirmiers consiste à former un nombre important d’étudiants. Les formations se font dans le cadre d’un nouveau dispositif afin de faire sortir un autre profil d’infirmier. Ainsi, plusieurs éléments ont changé : un nombre plus important d’étudiants, une plus grande collaboration afin d’aider les infirmiers dans l’acquisition de compétences, des modalités relationnelles, organisationnelles de l’exercice professionnel et pédagogique. Avec ces divers changements, les formateurs sont obligés d’adapter la dimension d’accompagnement dans la formation.

Les formateurs sont amenés à faire face et à s’imprégner des transformations imposées par le contexte. « Les formateurs ont conscience d’exercer un métier essentiel : il leur revient d’accompagner les étudiants vers l’obtention du diplôme d’État d’infirmier (e) » (Boudier, 2012 : p. 104).

 

Actuellement, la promotion des étudiants en formation infirmière est dans une diversité d’âge de 17 à 53 ans. Une promotion dominée par la génération Z (née à partir de 1995) et la génération Y. Cette situation impacte grandement les comportements des formateurs appartenant dans la majorité des cas à la génération X.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Chapitre 3 : Analyse comparative de la génération Z et de la génération Y dans le   cursus : formation infirmière

Actuellement, les jeunes de la génération Z commencent tout juste à entrer dans la formation infirmière. Ils ne sont pas encore totalement intégrés. C’est justement la raison pour laquelle il est nécessaire de trouver dès maintenant les moyens nécessaires afin d’adapter la pédagogie de formations avec ces derniers afin qu’il n’y ait pas d’échec dans la transmission de savoir.

Pour mieux asseoir les propositions, il est nécessaire de commencer par une analyse comparative de la génération Y et Z dans le cursus de la formation infirmière.

 

Aujourd’hui, il est important de prendre conscience que les établissements de formation infirmière, comme tout établissement d’ailleurs, commencent à être émergés par les jeunes de la nouvelle génération que l’on nomme « génération Z » c’est-à-dire, les jeunes nés à partir de 1995. On appelle également ces jeunes : la génération hyper-connectée.

Par ailleurs, force est de constater que les jeunes de la génération précédente, celle de la génération Y, souvent appelée les « enfants du millénaire », représentent encore la majeure partie des étudiants en IFSI.

Bien qu’entourées par le numérique et les nouvelles technologies, ces deux générations disposent de leurs propres caractéristiques tant sur le plan éducatif que sur le plan social.

  • Génération Y

Les jeunes de la génération Y ont souvent tendance à se pencher vers un apprentissage plus autonome dans lequel ils tentent de s’expérimenter. Ils ont grandi au moment où l’internet a commencé à être utilisé par tout le monde. Par rapport aux générations précédentes, les jeunes de la génération Y ont leur propre vision des valeurs et des motivations pour le métier et la formation en infirmière.

 

Selon Desplats et Pinaud (2011)[36], ce qui surprend avec cette génération ce sont :

  • Leurs attitudes par rapport aux résultats : « Ils n’ont pas besoin de savoir par cœur, ils trouvent ». Même s’ils sont validés avec des notes 9 ou 10/20, ils semblent être satisfaits. Pourtant, cette situation fait exprimer une baisse de niveau. Par conséquent, certains étudiants se retrouvent en situation d’échec. Quelquefois même, le contrat pédagogique est co-signé sans produire de réelle efficacité. Cette situation suscite de nombreux questionnements.
  • Leur individualisme : les jeunes de la génération Y « aspirent à plus d’autonomie et de liberté ». Ce comportement se développe au détriment des étudiants de la même profession et des professionnels qui jouent le rôle d’encadreur. Ces jeunes ont également «du mal avec l’autorité, surtout lorsqu’elle ne semble pas justifiée ». Ils oublient presque complètement le sens de la hiérarchie et diffusent souvent l’image de jeunes « irrespectueux » surtout lorsqu’ils sont en relation avec le malade, les cadres ou les médecins.
  • Leur volonté : ces jeunes ont parfois une volonté précipitée lorsqu’il s’agit de comprendre ou d’agir.

Ainsi, pour la génération Y, l’apprentissage ne s’effectue pas de la même façon qu’avant. Les jeunes qui représentent cette génération sont habitués à effectuer des stimulations diverses et constantes comme telles procurées par les jeux vidéos et l’internet. Leur attention est grandement mobilisée par les messages textes via les cellulaires qui les accompagnent à tout moment.

Contrairement aux générations qui l’ont précédé, la génération Y ne veut pas se contenter tout simplement d’ »absorber » les différents savoirs qu’on leur transmet, elle préfère que les personnes qui l’enseignent, c’est-à-dire les formateurs, suscitent son intérêt en proposant une pédagogie qui se base sur l’interactivité, notamment en ayant recours aux nouvelles technologies. En effet ayant grandi avec l’internet, cette génération est marquée non seulement par son interconnexion, mais également par d’autres éléments qui les caractérisent tels que : l’exigence, le refus à la soumission et à l’autorité ainsi qu’une grande capacité d’innovation et d’adaptabilité.

Dans le milieu éducatif comme dans le milieu professionnel, les jeunes qui représentent la génération Y s’attendent à ce que leur environnement de travail ait les mêmes caractéristiques que le monde dans lequel ils vivent. Pour cela, ils souhaitent avoir un accès facile et immédiat au diverses informations à travers les différents réseaux qui les relient entre eux : Internet, intranet, messageries instantanées, réseaux sociaux internes, blogs, etc.

Julien Pouget du site « lagenerationY.com » a recueilli, en février 2012, le point de vue de plusieurs enseignants à propos des jeunes Y.

Les témoignages qui ont retenu son intention sont les suivantes :

  • Émergence de nouveaux comportements à gérer
  • Difficultés à faire respecter les délais pour rendre les travaux personnels. Lorsqu’on leur donne du travail à faire, ils ne le font pas.
  • Ils arrivent très difficilement à gagner le respect des professeurs, ils ont tendance à interpeller les professeurs et à les mettre en cause
  • Le temps de concentration n’est plus comme avant
  • Cette génération dispose de la volonté de bien faire, mais à une seule condition : il faut qu’elle sache pourquoi elle doit le faire, quelles sont les conditions et dans quel objectif.
  • Les cours magistraux ne sont plus d’actualité

 

  • Génération Z

Étant particulièrement à l’aise avec les Technologies de l’Information et de la Communication (TIC), la génération Y est redoutée par plusieurs managers. Elle éprouve une grande volonté à équilibrer leur vie privée et leur vie professionnelle. Vient ensuite la génération Z qui commence à se faire remarquer par leurs exigences et leur addiction aux  différents produits issus des nouvelles technologies.

Actuellement, la plupart des jeunes de la génération Z commencent juste à intégrer la formation infirmière. Par conséquent, il se montre assez difficile de décrire directement le comportement des jeunes issus de cette nouvelle génération par rapport à la formation. Néanmoins, ayant été né et ayant grandi dans un monde hyper-connecté, nul doute que la génération Z dispose des mêmes comportements que la génération Y dans le cadre de la formation infirmière mais avec des caractéristiques plus accentuées.

La génération Z qui est née dans l’ère de l’internet possède les mêmes traits de caractère que la génération Y mais de façon plus marquée. Nous pouvons décrire que la notion de plaisir se montre particulièrement indispensable dans ce qu’entreprennent les jeunes issues de cette génération. Pour ces derniers, les salles de cours ainsi que les différents livres sont mortellement ennuyeux. Si les formateurs ne semblent pas être en mesure d’adapter leur pédagogie en fonction de leurs besoins et leurs préférences, ils ne sont pas motivés à apprendre et à acquérir un quelconque savoir à travers les cours magistraux. Ils préfèrent se documenter sur le web via les outils avec lesquels ils sont à l’aise. Tous les facteurs de l’environnement « jeune » qui les entoure ont influencé leur quotidien et les ont fait vivre dans un monde intense et qu’ils cherchent à reproduire en cours et sans quoi, ils s’ennuient et quelquefois décrochent.

Par rapport à la génération Y, la génération Z est beaucoup plus à l’aise avec les technologies de l’information. Pour s’épanouir et donner du sens à leurs apprentissages, les étudiants issus de cette génération ont besoin de trouver, dans le cadre de leur formation, des moyens permettant de stimuler leur intérêt et surtout des moyens capables de stimuler leur attention. Ces moyens se définissent le plus souvent comme des outils de création et de communication ayant les mêmes capacités technologiques que les matériels qu’ils utilisent habituellement dans leur vie quotidienne.

 

Pendant leur formation, ils aspirent également à trouver un nouveau rapport au savoir, donc une pédagogie qui a la capacité de leur proposer des projets à la fois innovants et dynamiques. Ils s’attendent également à ce que la pédagogie se base sur des méthodes interactives et des illustrations parlantes qui illustrent des faits réels tout en leur permettant une implication personnelle et motivante telle que la nouvelle technologie numérique peut leur apporter.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Partie II : La génération Z en formation infirmière

 

Chapitre 1 : Changement à apporter afin d’adapter la formation à la génération Z

1.      La génération Z et l’image du travail

Les jeunes de la génération Z souhaitent travailler avec les dernières technologies tout en exigeant des horaires souples et des méthodes plus simples. La hiérarchie pyramidale ainsi que les codes de conduite instaurés auparavant ne semblent plus être « à la mode » pour cette nouvelle génération. Selon les enquêtes menées pas BP et Ford, 50 à 72 % des jeunes issus de la nouvelle génération souhaitent se lancer en affaires[37].

Pour ces jeunes, le terme « entreprise » a une connotation plutôt négative et est souvent considéré comme un domaine compliqué et impitoyable.

Selon David foot dans son ouvrage intitulé Boom, la génération Z se considère comme son propre patron et par conséquent, préfère le travail à domicile pour ne pas entraver sa liberté[38]. Face à cela, les entreprises tentent de trouver des solutions pour gérer au mieux cette nouvelle génération et communiquent sur le sujet.

  • Plutôt entrepreneurs que salariés

Les jeunes de la génération Z aiment travailler en groupe afin d’exprimer leur individualité. Ils sont donc centrés sur la coopération et la collaboration. Ils s’inscrivent sur les réseaux sociaux très jeunes et développent leur propre marque. C’est de cette façon qu’ils gèrent leur capacité d’influence. Ils sont particulièrement débrouillards, autodidactiques et surtout pragmatiques. Par conséquent, la plupart préfèrent entreprendre eux-mêmes leur profession au lieu de travailler au sein d’entités fermées dans lesquelles ils ne peuvent évoluer. Leur métier se fait par passion. Par contre, ceux qui travaillent au sein d’entreprises préfèrent la mobilité à l’international et la variété de postes.

Le fondateur de Moons’ Factory, Didier Pitelet, définit les jeunes de la nouvelle génération comme des « utopistes » peu dociles et réclament un nouveau type de management entrepreneurial[39]. Ils n’aiment pas la discipline et fuient les ordres et les sévérités.

  • Équilibre entre vie professionnelle et vie privée

Les jeunes de la nouvelle génération, étant nés et ayant grandi avec le numérique, savent tirer profit des outils procurés par les nouvelles technologies pour leur permettre plus d’efficacité. Par ailleurs, ils tentent toujours de trouver un équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Toutefois, en raison de l’omniprésence des différents outils connectés, la limite entre ces deux domaines semble de plus en plus floue. En raison de cette situation, la génération qui est tout le temps connectée s’attend à plus de souplesse de la part de l’employeur en termes d’horaire de travail et de lieu de travail.

Ces jeunes veulent accorder du temps à leur vie personnelle et à leurs plaisirs et par conséquent refusent de travailler aux mêmes rythmes que leurs prédécesseurs.

  • Donnant-donnant au lieu de gagnant-gagnant

Mêmes si les jeunes de la génération Z n’aiment pas l’autorité et la discipline, ils veulent quand même être encadrés mais sous certaines conditions. En effet, ces derniers exigent que les règles leurs soient clairement expliquées afin qu’ils sachent pourquoi ils doivent les respecter et également, ils ont besoin que les règles soient respectées par tous quelque soit le niveau hiérarchique.

Par conséquent, les managers vont devoir adopter une pratique qui, normalement, est réservée aux cadres : le « donnant-donnant ».

  • Une perception différente de la valeur travail

Selon, Rémi Renouleau, Créateur de Cohésion Individuelle et Collective, les jeunes embauchés dans les entreprises ont une perception différente du travail par rapport aux générations précédentes qui considèrent que le fait de travailler est le seul moyen de réussir dans la vie.  Ils veulent réussir sans vouloir déployer les efforts nécessaires. Ils ne veulent pas travailler s’ils ne trouvent pas un sens ou une finalité rendant le travail comme une sorte de levier d’accomplissement personnel.

2.      Les valeurs de la génération Z ?

 

Les jeunes de la génération Z qui sont quotidiennement informés sont habités par de nouvelles valeurs que ce soit dans la vie personnelle ou dans la vie professionnelle. En étant animés par un désir d’équilibre ente ces deux dimensions, ils souhaitent dans leur carrière, exercer un emploi qui aura de l’impact sur le niveau social. Ils ont des idées et des valeurs bien différentes. Ils ne voient plus l’entreprise comme le seul garant de réussite et ne sont pas prêts à devenir des bourreaux de travail comme les adultes d’aujourd’hui.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Chapitre 2 : Synthèses

1.      Synthèses de la caractéristique de la génération Z

Afin d’avoir une vue d’ensemble sur le sujet, nous allons synthétiser, à travers des tableaux les éléments conséquents qui caractérisent la génération Z que ce soit au niveau de l’éducation ou au niveau de la vie quotidienne ainsi que le système d’enseignement en formation infirmière. Cela nous permettrait d’asseoir des préconisations efficaces afin d’effectuer un meilleur rapprochement entre les étudiants et la formation.

 

Tableau : Synthèse des éléments qui caractérisent la génération Z

 

Domaines Caractéristiques
Au niveau de la vie quotidienne Des jeunes qui ont une totale maîtrise de la nouvelle technologie car ils ont grandi avec
Des jeunes plus matures surinformés car ils sont connectés en permanence
Des jeunes engagées et à la fois autonomes
Des jeunes qui ne conçoivent plus le fait d’exister sans l’internet et les différents objets connectés
Des jeunes qui accordent plus de confiance aux médias en ligne qu’aux médias traditionnels
Des jeunes qui préfèrent plutôt agir que regarder.
Des jeunes prêts à travailler pour réussir
La communication entre ces jeunes se fait dans la majeure partie des cas à travers les messages
Des jeunes qui s’expérimentent à travers le digital pour mieux appréhender la vie réelle
Au niveau de l’éducation Des jeunes qui souhaitent un nouveau rapport au savoir à travers les différents outils apportés par les nouvelles technologies de l’information et de la communication
Des jeunes qui s’attendent à une réelle transformation de la relation pédagogique et qui souhaitent apprendre autrement
Des jeunes qui développent de nouvelles capacités cognitives à travers le numérique
Des jeunes qui ont tendance à rejeter les formes classiques d’autorité et les différentes expressions managériales
Par rapport à la formation infirmière, la génération Z montre à peu près les mêmes attitudes que la génération Y mais de manière plus accentuée. Les jeunes de cette génération ont souvent tendance à se pencher vers un apprentissage plus autonome dans lequel ils tentent de s’expérimenter et ont leur propre vision des valeurs et des motivations pour le métier et la formation en infirmière. Ils n’ont pas besoin de savoir par cœur. Ils aspirent à plus d’autonomie et de liberté et ils ont parfois une volonté précipitée lorsqu’il s’agit de comprendre ou d’agir. Ils suscitent leur intérêt en proposant une pédagogie qui se base sur l’interactivité, notamment en ayant recours aux nouvelles technologies.
Pour s’épanouir et donner du sens à leurs apprentissages, les étudiants issus de cette génération ont besoin de trouver, dans le cadre de leur formation, des moyens permettant de stimuler leur intérêt et surtout des moyens capables de stimuler leur attention.
Ils aspirent également à trouver un nouveau rapport au savoir, donc une pédagogie qui a la capacité de leur proposer des projets à la fois innovants et dynamiques.
Ils s’attendent à ce que la pédagogie se base sur des méthodes interactives et des illustrations parlantes qui illustrent des faits réels tout en leur permettant une implication personnelle motivante telle que la nouvelle technologie numérique peut leur apporter

 

 

 

 

 

2.      Synthèses de la caractéristique de la formation infirmière

 

Tableau : synthèse des éléments qui caractérisent la formation infirmière

 

Éléments Caractéristiques
La formation théorique Une formation qui se répartit entre les cours théoriques et les stages
Un nouveau référentiel (2009) pour faire émerger de nouvelles attentes par rapport à la formation
Une formation en alternance intégrative
L’évolution des programmes de formation se fait en même temps avec l’évolution de la société ainsi qu’aux besoins des personnes forment cette société.
Une formation qui comporte différentes générations avec des comportements, des projets, et des envies différentes
Une formation qui privilégie le socioconstructivisme
Le nouveau référentiel de formation est construit sur la base de situations emblématiques d’apprentissage
La formation vis-à-vis des étudiants Le programme de 1992 favorisait un modèle pédagogique constructiviste en leur donnant plus d’autonomie dans le cadre de leur apprentissage et dans l’élaboration de leur projet
Une pédagogie centrée sur l’approche par compétences
La finalité de la formation est d’amener les étudiants à devenir un praticien autonome, réflexif et responsable
Avec le nouveau référentiel, les étudiants sont à la fois autonomes et acteurs de leur propre apprentissage ne se trouve plus enfermer au sein d’un système d’assimilation-application
Les formateurs et les tuteurs Les formateurs ont pour rôle de former des professionnels paramédicaux tout en organisant les différentes conditions nécessaires pour leur apprentissage
Accompagnent les étudiants tout au long de la formation et des différents stages
Le tuteur, avec l’objectif d’accueillir et de former l’étudiant, apporte une amélioration dans la relation en mettant en place une relation de partenariat qui se base sur la confiance.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Chapitre 3 : Adaptation des méthodes utilisées dans la formation infirmière par rapport à la génération Z

La génération Z est constituée de jeunes qui communiquent autrement. Ils ne veulent plus attendre que l’on vienne leur annoncer un savoir ou leur communiquer des informations qu’ils arriveront facilement à trouver sur internet. Par conséquent, le modèle de formation ancien, de type magistral et centré essentiellement sur la transmission orale, n’est plus adapté aux jeunes de cette génération. Ils souhaitent privilégier les relations avec leur formateur.  D’après Oliver Houdé, à la fois professeur et Directeur du laboratoire de psychologie du développement et de l’éducation de l’enfant CNRS-La Sorbonne,  il est important de mettre en œuvre un apprentissage adapté aux différentes mutations qui caractérisent la génération Z : mettre en œuvre des moyens pédagogiques pour adapter l’enseignement aux divers éléments qui la caractérisent.

Afin de mieux adapter la formation infirmière avec la génération d’aujourd’hui, c’’est à dire la génération Z, il est important de prendre compte de certains changements imposés par les nouvelles technologies de l’information et de la communication. Notons que ce sont ces éléments qui ont fait changer radicalement le comportement de ces jeunes.

  • Impact du TIC sur la pédagogie

Force est de constater que l’évolution des nouvelles technologies de l’information et de la communication ont des impacts conséquents sur la pédagogie.

Selon Loïc Martin, IFSI CHU de Rouen Cadre de santé formateur, l’avènement de l’internet a modifié le triangle pédagogique qu’il présente comme suit :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Source : L’apprentissage inversé en IFSI, Loïc Martin

Pour adapter les modalités de formations, il est possible de prendre en compte deux solutions :

  • L’apprentissage inversé, une technique qui permet répondre efficacement aux transformations actuelles
  • L’intégration de l’e-learning pour mieux approcher et enseigner la génération Z

 

1.      L’apprentissage inversé

Actuellement, il se trouve assez difficile d’imaginer la pédagogie sans tenir compte de l’impact des nouvelles technologies qui a tant transformé les habitudes des jeunes étudiants. Avant de parler de la méthode de l’apprentissage inversé, il est important de prendre en compte les diverses évolutions, notamment au niveau de la formation, de la société et des techniques d’apprentissage:

  • Formation IDE et universitarisation

L’évolution la plus récente dans la formation infirmière est la mise en œuvre du nouveau référentiel des études infirmières. Ce nouveau référentiel est entré en vigueur en septembre 2009. Il est caractérisé par l’utilisation de processus de soins comportant dès le premier semestre des pathologies complexes.

  • Sociétale

L’apparition de la génération Y suivie par la génération Z a marquée une grande évolution au niveau de la société.

  • Les techniques

Les techniques d’apprentissages, en raison de l’évolution très rapide de la technologie, ont considérablement évoluées. L’apprentissage mobile est devenu une pratique habituelle pour les étudiants. Les cours magistraux sont enregistrés et les plateformes universitaires ont évolué.

Dans l’apprentissage inversé, ce n’est la pédagogie qui est inversée, mais plutôt la démarche d’enseignement et l’activité d’apprentissage. L’apprentissage inversé peut constituer un moyen pratique pour répondre efficacement aux changements actuels car actuellement, il est difficile, voire impossible d’imaginer la pédagogie sans tenir compte des impacts conséquents de la nouvelle technologie.

Loïc Martin synthétise les principes de l’apprentissage inversé de la manière suivante :

Source : L’apprentissage inversé en IFSI, Loïc Martin

 

 

  • Dans la première étape, le formateur peut enregistrer des capsules vidéos, des podcasts ou même les cours magistraux qu’il est censé présenter. Il peut également utiliser des capsules déjà existantes. Grâce aux vidéos ou aux podcats diffusés par les formateurs, les étudiants peuvent préparer les futurs TD ou TP qui les attendent au prochain cours.
  • Grâce à internet, les étudiants peuvent regarder les vidéos via leur ordinateur, leur Smatrphones ou leur tablette depuis chez eux. Pendant la lecture des capsules, ils préparent déjà leur travail personnel.
  • Après avoir regardé attentivement les contenus des vidéos ou des podcasts, les étudiants peuvent passer à l’étape suivante, c’est à dire, se questionner sur le sujet de travail expliqué et faire des échanges en groupe à travers un forum de discussion ou à travers un outil de réseau social. Cela les aide à préparer leur travail personnel. Dans le débat en groupe, le formateur, qui est également connecté, peut intervenir ou rester tout simplement spectateur. En ayant connaissance des diverses questions posées par les étudiants, il peut préparer facilement sa future intervention et l’adapté.
  • Une fois arrivé en cours, chaque étudiant mettra tout de suite en pratique ce qu’il a vu et entendu dans les capsules vidéos qu’il a visionné. Les travaux pratiques se font soit à travers des projets soit à travers des travaux collaboratifs en utilisant les ressources du forum et en utilisant de nouveaux apports. Dans cette dernière étape, le rôle du formateur est d’accompagner activement les étudiants tout en les aidant sur les points qui leur semblent encore complexes.

Toutefois, il est important de noter que ces étapes peuvent être modulées selon les objectifs et la créativité du formateur, des profils des apprenants et aussi de la taille de la promotion.  Pour bien expliquer le système d’apprentissage inversé, nous allons prendre un exemple sur son utilisation. L’exemple se base sur un cas réel effectué par l’IFSI du CHU de Rouen abordé par les ESI, dès le semestre 1 :

  • Exemple

Sujet : Le processus traumatique -traumatisme crânien

  • Première étape:

Le formateur prépare une capsule vidéo en rapport avec le sujet qu’il souhaite enseigner à ses étudiants, notamment le processus traumatique -traumatisme crânien.

  • Deuxième étape :

Les élèves visionnent une capsule vidéo sur YouTube ou sur la plateforme universitaire un jour avant le travail dirigé (TD). La capsule vidéo concerne plusieurs éléments se rapportant au processus traumatique : traumatisme crânien, polytraumatismes, multi organes, etc. Ensuite, les élèvent procèdent à la préparation de travail aux TD concernant le processus de soin pour un patient qui souffre d’un traumatisme crânien. Le travail consiste à la mobilisation et au renforcement des pré-requis se rapportant à l’anatomie physiologie du cerveau. Dans cette deuxième étape, ils effectuent leurs propres recherches et ils sont tenus de rédiger une synthèse de la vidéo qu’ils ont visionné.

  • Troisième étape:

À travers un forum de discussion ou des réseaux sociaux, les élèves partagent leurs idées concernant la vidéo et s’entraident à partir de plusieurs questions sur le sujet. Ensuite, ils négocient entre eux sur la définition et les caractéristiques les plus pertinentes du sujet. En même temps, le formateur anime et régule la discussion. Pour cela, il peut apporter de nouveaux apports, des références de sites ou des vidéos en plus.

  • Quatrième étape :

Pendant le cours, le formateur propose des apports nouveaux pendant le TD tout en soutenant les efforts des étudiants. Il les encourage également à améliorer leurs apprentissages.

  • Conclusion par rapport l’utilisation
  • Grâce à YouTube, il a été possible pour le formateur, de connaître le nombre de vu de la vidéo, c’est-à-dire, le nombre d’étudiants qui l’a consulté.

 

  • Le formateur à moins de difficulté à se faire comprendre lors des travaux dirigés postérieurs à la diffusion de la capsule vidéo que ce soit en termes de vocabulaire ou en termes d’anatomie et physiologie. Les recherches et les partages en groupe ont largement aidé les étudiants à comprendre les termes qu’ils ne comprennent pas.

 

  • Avec l’apprentissage mobile, Smartphones et tablettes, les étudiants sont beaucoup plus à l’aise et sont plus motivés à effectuer des recherches. Ils ont la possibilité de visionner la capsule vidéo partout où ils sont et quand ils le souhaitent.

 

  • Les étudiants, en étant acteurs dans leur propre apprentissage, se sentent plus impliqués.

 

  • Le processus de l’apprentissage inversé est adapté aux profils de la génération Z et aussi à la génération Y.

 

  • Le formateur peut se placer sous différentes postures, guide ou accompagnateur, tout en ayant la possibilité de repenser sa pratique

Ainsi, l’apprentissage inversé constitue une approche pédagogique qui consiste à inverser et à adapter les activités et les processus d’apprentissage traditionnels en mettant en œuvre et en alternance la formation à distance et les cours magistraux afin de prendre avantage des forces de chacune. Selon Mmes Carter et Yeager, c’est le partage des attentes avec les étudiants qui constitue le principal facteur de réussite de cette méthode. Les étudiants savent dès le départ ce que l’on attend d’eux et ce que cela leur apportera.

Le site classeinversée.com à partir de l’image suivante, explique la différence entre l’enseignement traditionnel et l’enseignement inversé :

Source : Synthèse des principes de la classe inversée de A. Roberge A. et D Lamontagne[40]

 

  • Condition de réussite de l’apprentissage inversé

Pour que l’apprentissage inversé soit efficace, il est important que le formateur vérifié l’existence et la réussite des éléments suivants[41] :

  • Un contenu attractif pour donner à l’élève l’envie de regarder la capsule vidéo
  • Des contenus de cours stimulants pour donner aux étudiants l’envie d’apprendre
  • S’assurer que tous les étudiants puissent avoir accès aux contenus surtout au niveau des matériels.
  • S’assurer sur l’adéquation des séquences en classe avec les contenus visionnés par les étudiants

2.      Intégration de l’elearning dans la pédagogie de formation

Actuellement, force est de constater que les étudiants disposent d’un bagage d’expériences informatique particulièrement important. Malgré cet important bagage, ces jeunes étudiants ont des connaissances souvent limitées à quelques champs de leurs intérêts personnels.

L’arrivée de la nouvelle génération particulièrement familière avec les objets connectés au sein de la formation infirmière impose des exigences particulières surtout dans le cadre de leur préparation clinique. En effet, il ne suffit pas tout simplement de donner à ces jeunes la possibilité de mettre en œuvre leurs capacités mais aussi de leur fournir en même temps l’opportunité de se familiariser avec les programmes de soins ainsi qu’avec tous les appareils programmables du milieu hospitalier de manière à ce qu’ils soient à l’aise sur le plan technologique.

 

a)      Évolution du digitale en matière de formation

Le digital learning ou l’e’learning est une forme d’apprentissage complémentaire à la formation présentielle et est destiné à donner un souffle nouveau à la relation de l’apprenant au savoir. C’est une technique qui se base sur la mise à disposition de contenus pédagogiques à travers un support électronique : Cd-rom, internet, intranet, extranet. Ce modèle d’apprentissage a évolué et utilise désormais le web et plusieurs applications[42]. La formation à distance n’est pas nouvelle, et auparavant, l’e-learning se limitait tout simplement à des supports cd-rom, mais avec l’arrivée de nouvelles technologies, la modalité e-learning comporte deux composants intrinsèques[43] : le « digital » qui consiste à la numérisation de tous les supports de formation et la « distance » qui consiste à mettre en œuvre une formation e-learning, c’est-à-dire une formation digitale et à distance.

La formation en ligne, que l’on nomme « e-learning » se définit par l’utilisation des nouvelles technologies et de l’internet dans le but d’améliorer et d’adapter la qualité de l’apprentissage, notamment grâce à un accès aux échanges et aux collaborations à distance. Il s’agit d’un système d’enseignement à distance mettant les outils issus des nouvelles technologies de l’information au service de la formation et de l’enseignement des étudiants.

Le digital learning est destiné à renouveler la formation pour qu’elle soit plus dynamique et implique la participation de chaque étudiant. Cela va permettre de faciliter la collaboration entre le formateur et les étudiants tout en impactant les comportements de chaque acteur du processus d’apprentissage. La session d’e-formation peut faire bénéficier de plusieurs avantages, notamment un tutorat personnalisé, une meilleure flexibilité, une mobilité et une optimisation des coûts. Toutefois, la méthode d’apprentissage e-learning ne suffit pas si elle est utilisée seul, elle doit être utilisée en même temps avec les méthodes traditionnelles. À part le fait de suivre les tendances fulgurantes de la mutation technologique, l’utilisation de l’elearning offre aux étudiants les compétences et la confiance nécessaires pour utiliser la technologie dans leur vie future et ainsi optimiser leur employabilité. Par ailleurs, cette nouvelle modalité d’enseignement donne la possibilité aux enseignants et aux formateurs d’innover leur pédagogie et de couvrir de nouvelles façons d’enseigner et de faire participer les étudiants.

 

Les jeunes étudiants issus de la génération Z arrivent dans les écoles et dans les universités avec une grande perspective numérique accompagnée de comportements auxquels enseignants, formateurs et même l’établissement tout entier doit réagir et mettre sur la sellette. Toutefois, certaines structures administratives n’arrivent pas suivre les tendances fulgurantes engendrées par la mutation technologique et surtout à répondre aux besoins et attentes croissants des étudiants.

En se basant sur le numérique, l’e-learning fait partie des TICE ou technologies de l’information et de la communication pour l’éducation et favorise les activités et les apprentissages non présentiels. Les outils les plus utilisés sont les ordinateurs portables, les Smartphones, les tablettes et le PDA – personal digital assistant.

b)      L’e-learning en formation infirmière

 

L’e-learning constitue une nouvelle forme d’apprentissage pour les digitales natives. Les formateurs et les établissements de formation infirmière qui commencent à déployer cette nouvelle forme d’apprentissage y trouvent des plus-values pédagogiques et organisationnelles[44]. En effet, l’e-learning permet aux étudiants de développer des compétences cognitives et des compétences interpersonnelles à l’aide de méthodes spécifiques.

Dans l’e-learning, l’apprentissage peut se faire individuellement c’est-à-dire en auto-apprentissage ou dirigé par un formateur.

Dans le cadre de la formation infirmière, l’e-learning est souvent composé des éléments suivants[45] :

  • Le contenu du cours composé de ressources d’apprentissage simples telles que les documents, les présentations, les fichiers vidéos ou audio, d’e-leçons en ligne interactive, de simulations et d’outils de travail comme les mémos, les glossaires, le système d’aide à la décision, etc.
  • L’e-tutorat, l’e-mentorat et le l’e-coachnig.
  • L’apprentissage collaboratif comme les discussions en ligne, la collaboration entre apprenants, etc.
  • La classe virtuelle à travers des tableaux blancs partagés en direct[46]

Nicole Dauvergne-Perron, directeur des soins et directrice de l’Ifsi-Ifas d’Aubenas, explique que[47] : « L’obligation d’enseignements dispensés par des universitaires a contraint de revoir les projets pédagogiques alors en place en intégrant la mise en place progressive du e-learning et l’adhésion à une plateforme d’enseignement à distance. Cela a modifié les approches pédagogiques des formateurs mais aussi les méthodes d’intégration des connaissances des étudiants. Ce système a permis de revisiter la place de l’étudiant dans son parcours de professionnalisation et d’interroger le processus d’élaboration, de sa production à son appropriation, des connaissances et compétences »

L’introduction de l’e-learning dans la formation initiale infirmière n’a pu se faire qu’avec la mise en place du nouveau programme de formation du 31 juillet 2009. Quelques instituts ont déjà commencé à mettre en œuvre ce nouveau modèle d’apprentissage. Par exemple il y  a l’IFPM d’Orléans qui a déjà utilisé l’e-learning depuis 2009. En même temps, il a déployé un outil proposé par MEDI formation : le pack étudiant, un dispositif d’aide à la formation destiné pour les ifsi. Parmi les différents outils proposés par ce dispositif, il y a par exemple les modules sur les calculs de doses pour lesquels les étudiants avaient beaucoup de difficultés. L’outil proposé par l’e-learning est beaucoup plus adapté témoigne Sylvie Quatrehomme, directrice des soins à l’Institut de formations paramédicales (IFPM) d’Orléans. Elle témoigne également que l’e-learning ne suffit pas lui seul pour assurer un apprentissage complet, il vient juste en appui pour optimiser et adapter l’enseignement.

c)      Les avantages de l’e-learning

Le système d’apprentissage « e-learning » présente beaucoup d’avantages non seulement pour les étudiants mais également pour les formateurs. Premièrement, c’est une stratégie « gagnant-gagnant » tout en permettant une forte interactivité avec les étudiants.  Marilyne Tison, cadre de santé formateur à l’Institut de formation aux métiers de la santé (IFMS) de Valenciennes témoigne que les outils proposés par l’e-learning servent à renforcer le réinvestissement de données de référence. Cette dernière utilise le pack étudiant dans le but de diversifier les supports de formations proposés aux étudiants et surtout d’adapter l’enseignement aux exigences des jeunes étudiants de la nouvelle génération qui sont férues de nouvelles technologies.

Selon les divers témoignages des instituts de formation infirmière, l’utilisation de l’e-learning permet non seulement de réaliser une formation qui répond aux besoins des ESI mais également d’individualiser l’apprentissage par la mise en œuvre de méthodes interactives, l’automatisation, la réflexivité et la responsabilité.

Également, l’e-formation constitue une réponse et une solution adaptée dans une société où tout évolue à une vitesse V et où le gain de temps est primordial et la liberté individuelle est essentielle.

En laissant aux étudiants une grande autonomie dans leur apprentissage, l’e-learning permet de leur donner plus de responsabilités. L’e-formation permet aussi :

  • à l’étudiant de devenir acteur dans sa formation
  • une meilleure interactivité et attractivité
  • une grande flexibilité et adaptabilité selon les disponibilités des apprenants
  • une formation qui s’effectue au propre rythme des apprenants et cela indépendamment des autres apprenants
  • une auto-évaluation pendant et à la fin du cursus
  • un suivi personnalisé de l’avancement de chaque étudiant et un bilan des résultats de la formation
  • à l’établissement et aux formateurs, une individualisation et un meilleur ajustement des parcours de formation en fonction des compétences et des objectifs pédagogiques prédéfinis.

Le fait de diffuser et de partager l’information et les connaissances à travers les technologues de l’information et de la communication procure une dimension plus intéressante à la notion d’apprentissage. Dans le cadre de la formation initiale et continue en formation infirmière, la dimension interactive apportée par l’e-learning est essentielle.

En donnant une image moderne et attractive, ce nouveau modèle d’apprentissage se présente comme un attrait pour les jeunes étudiants de la nouvelle génération. La majorité des jeunes issus de la génération Z et aussi de la génération Y connaissent bien le développement du numérique ainsi que la révolution de l’internet.

  • Interactivité

Par le fait d’écouter les cours en ligne, les étudiants ont la possibilité de prendre des notes et en même temps d’élaborer des fiches synthétiques. À tout moment, ils peuvent poser des questions au cas où il y a des choses qu’ils ne comprennent pas. Les demandes d’explications peuvent se faire directement en ligne. Ainsi, les questions qui se répètent peuvent être facilement détectées, ce qui constitue un indicateur important pour les formateurs.

  • Auto-évaluation

Pour chaque cours, les étudiants peuvent procéder à des tests d’auto-évaluation afin de leur permettre d’identifier l’efficacité et la qualité de l’intégration des connaissances et aussi de mesurer les difficultés de compréhension. S’ils trouvent qu’il y a encore incompréhension, ils peuvent revenir sur les cours.

  • Complément de cours

Lorsque les étudiants arrivent en cours au sein de leur institut de formation, ils pourront participer facilement aux séances de travaux dirigés qui s’effectuent souvent sous forme de questions/réponses.

d)      Comment l’e-learning peut-il optimiser l’apprentissage des jeunes dans la formation infirmière ? [48]

Les professions médicales, comme toutes autres professions, évoluent face aux diverses attentes et besoins de la société. Par conséquent, la formation doit également évoluée dans ce sens.

La formation qui se base sur l’e-learning est premièrement une technique qui vient renforcer l’arsenal des moyens pédagogiques. Il peut à la fois s’inscrire dans une pédagogie socioconstructivisme et dans le cadre de l’acquisition de compétences. Pour cela, il est important que la construction pédagogique soit rigoureuse tout en favorisant l’individualisation de la formation, l’autonomie des étudiants, le travail en équipe, l’apprentissage contextualisé ainsi que la réflexion sur la pratique dans le cadre d’une alternance entre l’apprentissage en présence et l’apprentissage à distance.

Les outils de communication et de partage de connaissances en ligne donnent la possibilité de rompre la contrainte de l’espace et du temps. Cette situation permet à la formation de s’ouvrir à une dimension de partage tout en offrant une grande opportunité à la formation continue. Ainsi, les étudiants peuvent en tout temps être informés des évolutions des exercices de la profession, des nouvelles techniques mises en œuvre, etc.

Également, les étudiants hyper-connectés peuvent faire des échanges internationaux avec des étudiants infirmiers qui se trouvent à l’étranger sur des travaux de recherche en commun. Cela facilite en même temps la diffusion des conférences qui se passent un par tout dans le monde.

Grâce à l’ e-learning, il est également possible d’effectuer un suivi individualisé ou collectif des étudiants durant les périodes de stages mêmes ci ces derniers effectuent leurs stages dans des endroits éloignés ou à l’étranger.

Par ailleurs, les jeunes étudiants de la génération Z sont passionnés par les simulations dans leur apprentissage. L’e-learning propose à ces étudiants des outils de formation leur permettant de réaliser des simulations relatives à des situations d’apprentissage ainsi que des résolutions de cas concrets ou de cas clinique qu’ils pourront effectuer à distance à travers toutes les ressources technologiques qu’ils ont à leur disposition tout en favorisant le travail en équipe.

L’interactivité procurée par ce nouveau type d’enseignement et d’apprentissage permet aux acteurs de la formation de rester en contact dans des schémas de relation variés : formateur-apprenant, apprenant-apprenant, tuteur-stagiaire, apprenant-groupe de travail, etc.

  • Les approches pédagogiques

A ces tous débuts, l’e-learning était un modèle d’apprentissage destiné à favoriser les compétences cognitives des étudiants mais l’évolution fulgurante des nouvelles technologies de l’information et de la communication a permis d’élargir les possibilités. En effet, l’arrivée grandissante des nouvelles technologies de l’information et de la communication a permis de diversifier plus facilement les méthodes et les stratégies d’apprentissage, et les nouveaux dispositifs permettent de répondre et de satisfaire les divers styles cognitifs, visuel ou auditif, ainsi que de répondre aux besoins des étudiants dans le cadre de leur apprentissage. D’après  le laboratoire labset (Laboratoire de Soutien à l’Enseignement Télématique)[49], l’e-learning permet de faciliter l’intégration de méthodes innovantes dans la formation comme la pédagogie active, participative, la métacognition, l’apprentissage par problème ou par jeu et bien d’autres encore. Il facilite également la diversification des méthodes d’évaluation  (autoévaluation, évaluation des prérequis, formative, sommative…).

Par ailleurs, les outils de communication utilisés dans le cadre de l’e-learning (chat, forum, wiki, visioconférence…) ont un rôle primordial dans le tutorat. En favorisant les échanges entre les étudiants, ces outils favorisent la création de communautés d’apprentissage. Ces différents outils peuvent être classés en deux catégories :

  • Les outils synchrones qui ne laissent aucun décalage de temps entre la question et la réponse. Parmi ces outils, il y a par exemple les tableaux blancs interactifs, la messagerie instantanée, les conférences vidéo ou audio, les démonstrations, etc. Ces types d’outils sont surtout utilisés en cas de compétences difficiles à enseigner et qui par conséquent nécessitent des échanges avec des professionnels
  • Les outils synchrones relatifs à des outils qui, contrairement aux premiers, laissent un décalage de temps entre la question et la réponse comme les forums de discussion et les courriels. Ils sont surtout utilisés pour un groupe d’étudiants particulièrement motivés et pour des formations de type séquentiel.
  • Rôles des formateurs

Source : www.learn-on-line.be[50]

Ce tableau met en évidence le champ d’intervention des formateurs dans le cadre d’une formation en ligne. Les différents champs d’intervention tournent autour de 5 axes : sur la plan cognitif où ils mettent en œuvre le contenu disciplinaire, la méthodologie et technique et l’administratif ; sur le plan socio-affectif où ils tentent de rompre l’isolement, rendent les étudiants autonomes et facilitent la collaboration ; sur le plan motivationnel où ils favorisent la lutte conte l’abandon, renforcent la motivation intrinsèque des étudiants tout en  les encourageant et en les facilitant ; et sur le plan métacognitif où ils tentent de faciliter la planification, évaluent les stratégies métacognitives et aides les étudiants à s’auto-évaluer.

  • Outils proposés par MEDI Formation

MEDI Formation est spécialiste des formations par e-learning. Il met en œuvre et propose un outil innovant destiné à favoriser la formation en IFSI : pack étudiant. Cet outil est  destin à renforcer l’enseignement des étudiants infirmiers (ères) pour les différentes UE en apportant innovation et interactivité tout en garantissant[51] :

  • un accès sans limites à 10 modules de formation au bénéfice de chaque étudiant et chaque formateur.
  • une mise à disposition de différents modules selon le planning défini déterminé par l’équipe pédagogique
  • une meilleure optimisation du suivi de la progression de chaque étudiant par l’envoi aux formateurs d’un rapport collectif des résultats des étudiants tous les mois
  • un suivi administratif et technique optimisé notamment grâce à : un hébergement et à une mise à jour des contenus réguliers, un contrôle des accès et un support technique

Ainsi, à l’aide d’un simple objet connecté, ordinateur, tablette ou Smartphone, les étudiants auront la possibilité d’accéder facilement et sans limites à différentes ressources pédagogiques comme des cours, des tests, des ressources multimédias, etc. ; à un format d’apprentissage court et pourtant permet une concentration optimale ; de courts interactifs optimisant l’apprentissage ainsi que d’un support d’autoformation performant.

Les outils en e-leraning permettent également de créer des objets pédagogiques structurés et ainsi d’assurer :

  • une accessibilité

L’accessibilité permet aux étudiants de repérer les composants et les contenus de l’enseignement à travers un site distant et d’y accéder facilement.

  • une adaptabilité

Les formateurs peuvent personnaliser la formation en fonction des attentes et des besoins des apprenants et des organisations.

  • Une durabilité :

Les outils utilisés en e-learning peuvent résister à l’évolution de la technologie sans avoir besoin de re-conception, de recodage ou de reconfiguration.

  • Interopérabilité :

Les outils peuvent être utilisés avec d’autres outils sur une autre plateforme d’enseignement développée sur un autre site.

  • La réutilisabilité

La souplesse des outils d’enseignement en e-learning leur permet d’intégrer des composants d’enseignements dans des applications et contextes multiples.

 

e)      Les étapes de l’e-learning[52]

L’e-learning se fait généralement par quatre étapes différentes : la planification des séquences pédagogiques, la création des cours sonorisés, la création des tests d’auto-évaluation et la séance de questions/réponses.

  • Planification des séquences pédagogiques

Avant de diffuser les cours en ligne, les formateurs procèdent tout d’abord à la planification des séquences pédagogiques et par la suite, établissent un calendrier. Cela a pour objectif de déterminer dès le début le nombre de cours à mettre en ligne et de déterminer la date de diffusion pour chaque cours et ainsi de réserver à l’avance des plages horaires sur le planning étudiant.

  • Création des cours sonorisés

Une fois le planning effectué, les formateurs procèdent à la création de ses cours sous forme de diaporama sonorisé. Les diaporamas sont souvent accompagnés d’illustrations et d’animations personnalisées afin de les rendre plus attractifs.

  • Création des tests d’auto-évaluation

Chaque cours diffusé sous forme de diaporama sonorisé fait l’objet d’élaboration de tests d’auto-évaluation. Les tests ciblent le plus souvent des points essentiels se rapportant au cours.

  • Séance de questions/réponses

La séance de questions/réponses est réalisée en présentiel au sein de l’IFSI. Elle s’effectue sous forme de travaux dirigés aux regards des questions posées en ligne. C’est pendant cette séance que le formateur peut évaluer et prendre connaissance des difficultés de compréhension des étudiants.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

CONCLUSION

 

Avant de conclure, il important de préciser l’objectif principal de ce travail qui consistait à trouver des moyens adéquats afin que les formateurs en IFSI puissent faire face aux étudiants de la génération Z. Ainsi, l’objet principal est de s’intéresser aux systèmes de formation des étudiants.

Depuis les analyses effectuées, nous pouvons constater que le référentiel de formation en soins infirmiers fait face à un contexte sociétal en pleine mutation. Accompagné de l’évolution croissante des nouvelles technologies de l’information et de la communication qui influence grandement le comportement des étudiants, ce référentiel nécessite d’être renforcé par un changement d’identité progressif de la profession infirmière en réorganisant le système d’apprentissage des étudiants infirmiers. Par ailleurs, la formation qui est actuellement universitaire valorise l’image de la profession, notamment sur sa représentation. En effet, dans le cadre d’une conscience collective, la notion d’université renvoie vers une forme de réussite sociale. Cette situation implique une optimisation de l’enseignement au regard des dives changements apportés par l’évolution et par conséquent nécessite l’apport de nouvelles approches pédagogiques pour de nouveaux champs de connaissances.

 

Dans un contexte social et économique complexe, les jeunes étudiants éprouvent des difficultés à s’adapter aux systèmes d’enseignement traditionnels. Étant grandement influencés et infectés par les nouvelles technologies de l’information et de la communication, ils ne souhaitent plus s’en séparer et veulent faire des outils numériques comme principaux supports dans le cadre de leur apprentissage.

 

Au début de ce travail, nous avons pu définir que la génération Z, constituée de jeunes nés à partir de 1995, est une génération hyper-connectée ayant une totale maîtrise des nouvelles technologies. Par conséquent, ils sont plus matures et plus informés que les générations précédentes, notamment par leur souhait de devenir autonomes que ce soit dans leur apprentissage ou dans leur carrière. Ils ont ainsi une vision différente sur le rapport au savoir et souhaitent une transformation de la relation pédagogique. C’est notamment cette situation qui nous a amenés à développer notre sujet accès sur l’adaptation de la formation infirmière à cette nouvelle génération.

 

Au terme des différentes analyses, nous avons pu déterminer des moyens d’apprentissage qui semblent être plus adaptés aux exigences et attentes des jeunes issus de la génération Z.

 

La première préconisation est l’apprentissage inversé. Ce nouveau mode d’enseignement consiste à inverser la démarche d’enseignement et l’activité d’apprentissage en mettant au cœur de la formation les différents outils numériques tant utilisés par les jeunes de la nouvelle génération. Il met en œuvre et en alternance la formation à distance et les cours magistraux afin de prendre avantage des forces de chacune.

La seconde préconisation est l’intégration de l’ e-learning dans la pédagogie de formation. Cette méthode d’enseignement permet d’adapter la pédagogie étant donné que l’arrivée de la nouvelle génération particulièrement familière avec les objets connectés au sein de la formation infirmière impose des exigences particulières surtout dans le cadre de leur préparation clinique. Actuellement, il ne suffit pas tout simplement de donner à ces jeunes la possibilité de mettre en œuvre leurs capacités mais aussi de leur fournir en même temps l’opportunité de se familiariser avec les programmes de soins ainsi qu’avec tous les appareils programmables du milieu hospitalier de manière à ce qu’ils soient à l’aise sur le plan technologique.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

BIBLIOGRAPHIE

 

  • ESPACE EUROPEEN DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR – Processus de Bologne, 19 juin 1999 (accords définitifs en 2002)
  • Génération Z : la revue de presse francophone du 23 février, Publié le 23 février 2015 par Éric Delcroix
  • GRÉGOIRE BUFFET (H3O) “LA GÉNÉRATION Z A REPLACÉ L’HUMAIN AU COEUR DU MANAGEMENT”, Paru dans le Journal des Entreprises Hors-série le 16/10/2014, par Gilles Cayuela
  • Institut de Formation en Soins Infirmiers de Vichy, LA REFORME DE LA FORMATION DES INFIRMIERS : LE RAPPORT AU SAVOIR DES ETUDIANT ET LA TRANSMISSION DES SAVOIRS PAR LE TUTORAT, DULCHE-TIXIER
  • Weber, M. T. (2009). Historique de la formation infirmière. [Les compétences infirmières et la formation initiale]. Soins : La revue de référence infirmière, 733, 3-4.
  • Arrêté du 31 juillet 2009 relatif au diplôme d’Etat d’infirmier. (2009). [En ligne]
  • Université Paul-Valéry Montpellier 3, Sciences humaines et sociales ; Isabelle LAFONTAINE, 2014
  • Formation des professions de santé. Profession Infirmier. Recueils des principaux textes relatifs à la formation préparant au diplôme d’Etat et à l’exercice de la profession. P. 48.
  • Historique de la formation infirmière, [Les compétences infirmières et la formation initiale]. Soins : La revue de référence infirmière, Weber, M. T. (2009).
  • LA REFORME DE LA FORMATION Relatif au diplôme d’Etat d’INFIRMIER (Arrêté du 31 juillet 2009)
  • DONNADIEU, B., GENTHON, M., & VIAL.Michel. (2007). Les théories de l’apprentissage. Quels usages pour les cadres de santé? Issy-les-Moulineaux: Elsevier Masson.
  • Marie-Ange COUDRAY Catherine GAY , Yvon BERLAND Le défi des compétences – Comprendre et mettre en oeuvre la réforme des études infirmières. Paris, masson, 2009, P 43
  • Parlement européen, directive 2005/36/CE du parlement européen et du conseil du 7 septembre 2005 relative à la reconnaissance des qualifications professionnelles
  • La reforme de la formation des infirmiers : Le rapport au savoir des étudiants et la transmission des savoirs par le tutorat, DULCHE-TIXIER Gérald, sous la direction de DARROT Brigitte
  • Dauvergne-Perron N. « E-learner pour se former, un levier d’accessibilité aux sessions de formation continue ». Mémoire de l’EHESP – 2011.
  • Terrapon, S. (2013). Le cadre de santé et la nouvelle donne générationnelle. Soins cadres, 88, 31-33.
  • Zarifian, P. (1997). La compétence, une approche sociologique. L’orientation scolaire et professionnelle, 26, 3, 429-439.
  • Identification, valorisation et questionnement des étapes de construction d’un dispositif e-learning pour les nouveaux professionnels infirmiers exerçant en bloc opératoire, L’IFCEES de Montpellier
  • Expérience d’e-learning en formation initiale infirmière, revues professionnelles, Spécial formation infi rmière et cadre de santé • Juin 2011

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

ANNEXE

[1] ESPACE EUROPEEN DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR – Processus de Bologne, 19 juin 1999 (accords définitifs en 2002)

[2] Michel Serres, Petite Poucette, Collection : Manifestes, 84 pages

[3] Archimag (stratégies et ressources de la mémoire et du savoir)

http://www.archimag.com/vie-numerique/2015/04/29/jeunesse-hyper-connectee-hyper-equipee

[4] Une jeunesse hyper connectée et hyper équipée, Bruno Texier, 29/04/2015

http://www.archimag.com/vie-numerique/2015/04/29/jeunesse-hyper-connectee-hyper-equipee

[5] Posté par: Sylv_0SCHE_@ In: so-reussite 03 nov 2014

[6] Les générations se suivent et ne se ressemblent pas, le nouvel économiste

Génération Z

[7] Génération Z : un nouveau type d’élèves, Posté par: Sylv_0SCHE_@ In: so-reussite 03 nov 2014

[8] Pourquoi la génération Z va semer la pagaille dans l’entreprise, Par Delphine Dechaux, Publié le 22-01-2015

http://www.challenges.fr/entreprise/20150122.CHA2421/pourquoi-la-generation-z-va-semer-la-zizanie-dans-l-entreprise.html

[9] ES RESSOURCES DE LA GÉNÉRATION Y, vendredi 29 mai 2015, par Bruno Benque

[10] La génération Z, Eric Delcroix,

[11] GENERATION Z : UN NOUVEAU TYPE D’ELEVES ? Posté par: Sylv_0SCHE_@ In: so-reussite 03 nov

[12] Génération Z : la revue de presse francophone du 23 février, Publié le 23 février 2015 par Éric Delcroix

http://generation-z.fr/generation-z-la-revue-de-presse-francophone-du-23-fev/

[13] Le chômage des jeunes baisse en Europe… mais flambe en France, 08/01/16 à 14:40 http://www.capital.fr/carriere-management/actualites/le-chomage-des-jeunes-baisse-en-europe-mais-flambe-en-france-1095593

[14] GRÉGOIRE BUFFET (H3O) “LA GÉNÉRATION Z A REPLACÉ L’HUMAIN AU COEUR DU MANAGEMENT”, Paru dans le Journal des Entreprises Hors-série le 16/10/2014, par Gilles Cayuela

http://www.h3o-rs.fr/gregoire-buffet-h3o-generation-z-replace-lhumain-au-coeur-du-management/

[15] Voyage vers l’harmocratie ou comment manager la génération Z? Publié par LLEOFOLD on 10 JUILLET 2014

http://www.talentis-coach.com/management-et-millenials/

 

[16] Institut de Formation en Soins Infirmiers de Vichy, LA REFORME DE LA FORMATION DES INFIRMIERS :

LE RAPPORT AU SAVOIR DES ETUDIANT ET LA TRANSMISSION DES SAVOIRS PAR LE TUTORAT, DULCHE-TIXIER Gérald, sous la direction de DARROT Brigitte, Session 2009-2012

[17] Weber, M. T. (2009). Historique de la formation infirmière. [Les compétences infirmières et la formation initiale]. Soins : La revue de référence infirmière, 733, 3-4.

[18] Magnon, 2001, p. 17

[19] Vial, cité par Magnon, 2001, p. 16

[20] Université Paul-Valéry Montpellier 3, Sciences humaines et sociales ; Isabelle LAFONTAINE, 2014

[21] Université Paul-Valéry Montpellier 3, Sciences humaines et sociales ; Isabelle LAFONTAINE, 2014

[22] Arrêté du 31 juillet 2009 relatif au diplôme d’État d’infirmier. (2009). [En ligne]

http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000020961044

[23] Le Helloco-Moy, 2010, chap.1, para.2.3.2

[24] Université Paul-Valéry Montpellier 3, Sciences humaines et sociales ; Isabelle LAFONTAINE, 2014

[25] Formation  des professions de santé. Profession Infirmier. Recueils des principaux textes relatifs à la formation préparant au diplôme d’Etat et à l’exercice de la profession. P. 48.

[26] Données soutirées dans Historique de la formation infirmière, [Les compétences infirmières et la formation initiale]. Soins : La revue de référence infirmière, Weber, M. T. (2009).

[27] Données soutirées dans Historique de la formation infirmière, [Les compétences infirmières et la formation initiale]. Soins : La revue de référence infirmière, Weber, M. T. (2009).

[28] Données soutirées dans Historique de la formation infirmière, [Les compétences infirmières et la formation initiale]. Soins : La revue de référence infirmière, Weber, M. T. (2009).

[29] Données soutirées dans Historique de la formation infirmière, [Les compétences infirmières et la formation initiale]. Soins : La revue de référence infirmière, Weber, M. T. (2009).

[30] Données soutirées dans Historique de la formation infirmière, [Les compétences infirmières et la formation initiale]. Soins : La revue de référence infirmière, Weber, M. T. (2009).

[31] LA REFORME DE LA FORMATION Relatif au diplôme d’État d’INFIRMIER (Arrêté du 31 juillet 2009)

[32] DONNADIEU, B., GENTHON, M., & VIAL.Michel. (2007). Les théories de l’apprentissage. Quels usages pour les cadres de santé? Issy-les-Moulineaux: Elsevier Masson.

[33] Marie-Ange COUDRAY Catherine GAY , Yvon BERLAND Le défi des compétences – Comprendre et mettre en oeuvre la réforme des études infirmières. Paris, masson, 2009, P 43

[34] Parlement européen,  directive 2005/36/CE du parlement européen et du conseil du 7 septembre 2005 relative à la reconnaissance des qualifications professionnelles

[35] La reforme de la formation des infirmiers : Le rapport au savoir des étudiants et la transmission des savoirs par le tutorat, DULCHE-TIXIER Gérald, sous la direction de DARROT Brigitte

[36] D’après l’ouvrage de Desplats et Pinaud, 2011

[37] Benhamou, Laurence. « Génération Z, écran total », La Presse, 11 février 2015

[38] « Générations X,Y, Z and the Others » [archive], sur socialmarketing.org (consulté le 28 août 2015

[39] « L’ABC des générations X Y Z » [archive], sur creativitequebec.ca (consulté le 28 août 2015)

[40] L’apprentissage inversé : avancée ou régression, Par Alexandre Roberge

http://cursus.edu/dossiers-articles/articles/18434/apprentissage-inverse-avancee-regression/#.Vpl5wrbhA1L

[41] Andrew Miller, Educational Consultant and Online Educator

[42]

[43] Digital learning er réforme de la formation professionnelle, Groupe IGS

[44] Focus sur l’usage du e-learning en Ifsi. 11.03.14, Valérie HEDEF-CAPELLE  Journaliste

http://www.infirmiers.com/votre-carriere/cadre/focus-usage-e-learning-en-ifsi.html

[45] Focus sur l’usage du e-learning en Ifsi. 11.03.14, Valérie HEDEF-CAPELLE  Journaliste

http://www.infirmiers.com/votre-carriere/cadre/focus-usage-e-learning-en-ifsi.html

[46] HAS. DPC e-learning. Fiche technique méthode. Document de travail, janvier 2013.

[47] Dauvergne-Perron N. « E-learner pour se former, un levier d’accessibilité aux sessions de formation continue ». Mémoire de l’EHESP – 2011.

[48] Formation infirmière et e-learning, Bulletin Infirmier du Cancer

http://www.jle.com/fr/revues/bic/e-docs/formation_infirmiere_et_e_learning_281354/article.phtml?tab=texte

[49] Identification, valorisation et questionnement des étapes de construction d’un dispositif e-learning pour les nouveaux professionnels infirmiers exerçant en bloc opératoire, L’IFCEES de Montpellier

[50] Les rôles du formateur en ligne

http://www.learn-on-line.be/les-roles-du-formateur-en-ligne

[51] Dauvergne-Perron N. « E-learner pour se former, un levier d’accessibilité aux sessions de formation continue ». Mémoire de l’EHESP – 2011

http://www.mediformation.com/

[52] Expérience d’e-learning en formation initiale infirmière, revues professionnelles, Spécial formation infirmières et cadre de santé • Juin 2011

Mémoire de fin d’études de 90 pages.

24.90

Retour en haut