Mémoire portant sur le militantisme de terrain.
Executive Master Communication
Promotion 2016/2017
Mémoire professionnel
Le militantisme de terrain : pilier pour la communication politique |
Paris –le 11 octobre 2017 |
Corinne Legrand |
Sommaire
Partie 1. Le militantisme, un outil de communication à l’ère du digital 7
- Le militantisme, un outil de communication politique. 7
- Définition du militantisme. 7
- Les démarches de communication à travers le militantisme politique. 10
- De la forme conventionnelle jusqu’à l’apparition du militantisme digital ou cybermilitantisme. 15
- Le militantisme avant le digital 15
- La révolution numérique. 18
- L’apparition d’une nouvelle forme de militantisme : le militantisme digital 21
- Le profil des nouveaux militants. 26
III. Les enjeux de l’utilisation du militantisme comme outil de communication. 27
- Le militantisme, une notion associée à la violence et les enjeux éthiques. 27
- Les enjeux du cybermilitantisme lors des campagnes électorales. 29
Partie 2. Le contexte du militantisme actuellement du point de vue de certains militants. 32
- La collecte de données à travers les entrevues avec les militants actuels. 32
- L’entretien semi-directif. 32
- La conduite des entretiens. 32
- Résultats. 35
Références bibliographiques. 68
REMERCIEMENTS
D’une manière générale, je souhaiterais remercier ceux qui ont beaucoup apporté à ce mémoire :
- Mon directeur de mémoire, Tarek Daher pour son suivi et ses conseils.
- L’ensemble de Sciences Po Paris notamment Louise Beveridge et Nicolas Bordas, les directeurs de l’Executive Master Communication, tous les intervenants, Caroline Mille-Langlois et plus particulièrement Hélène Tinlot-Benichou, la responsable de programmes de l’Executive Master Communication et Katia Dumoulin, l’assistante de formation de l’Executive Master Communication qui m’ont permis de suivre cette formation, pour leur professionnalisme et leur disponibilité.
- Ma promotion pour leurs encouragements et leur soutien.
Je souhaiterais également remercier les élus du comité d’entreprise Hewlett Packard France Enterprise pour m’avoir permis de réaliser cette formation et pour leur soutien ainsi que mes collègues plus particulièrement Céline Vermot, Yann Herry, Dulce Mariano-Lepont et Mélanie Blanchard.
Je tiens à remercier les militants, les élus et les politiques pour avoir gentiment répondu à toutes mes questions.
Enfin, pour leurs encouragements tout au long de la formation, je dis un grand « merci » à mes amis et pour son précieux soutien à mon fils Floran Legrand.
Abstract
Militancy changes political, social and religious contexts all over the world. This old practice was associated to protests in the street. But last years, the societies witness the digital revolution and the emergence of individualism caused by it. Digital revolution influences not only the life style, but also the way to do and to think about politics. It also changes the political parties’ strategies and consequently, it impacts on militancy. So, this study tempts to respond to the following question: What are the roles of street activists in a changing political context in order to help citizen identify themselves to a program during election campaign?
Militancy is a polysemic word indicating political actions led by individual (activist) in order to defend an ideology or to defend something that he believes fair. Activism aims to change something that is considered as unfair but still perpetrated by politicians or corporations. Political activism can also be defined as a way to communicate to politicians or political parties or great corporations that destroy environment or take decision impacting negatively to people. By protesting in the street, or sharing videos and information on Internet or, sometimes by doing violent actions, activism becomes a real way to communicate and to sensitize citizens.
On its beginning, activism was led by demonstration in the street, walk, phoning, displays, and meeting. Some of them may turn to violence but it becomes more visible when the action is violent or original. At the second half of XXth century, Internet enters at the political sphere, and makes changes at the life style in general. Digital revolution makes easier the communication and the sharing of information between peoples located at different locations. For citizen, it is an opportunity to express themselves about the political, economic, social and religious situation of their country. They can transmit important information that journalists cannot necessarily see in social networks. It becomes a new form of participative democracy online. Digital revolution also provokes the emergence of cyberactivism. People can stay home while fighting against injustice by criticizing, informing and denouncing unfair situations.
In USA, social networks and software were exploited to convince electors to vote for a candidate. In opposition, France adopts this way during the campaign of François Hollande without successful results such as those of USA. Semi-structured interviews led near the French activist permit to show that activists’ actions did not change despite the development of digital and the adoption of new technologies by young French generations. The traditional militant actions such as phoning, meeting, displays are still very efficient. It is because French electors are still very sensible to the human contact and relationship. So, they are more prone to make decision after meeting and talking with the candidate or the militant in a physical area than in a virtual one. It may also be caused by the fact that the “friends” online are unknown persons so, they cannot be seen as family, friends and related in a “real” world. So, the activists’ communication must take care of this relationship to be efficient. However, activists can also use Internet to facilitate their actions but they must make efforts to master it and to exploit it efficiently.
Keywords: activist, militancy, elector, digital, relationship, human
Introduction
Bien que le terme « militantisme » n’ait été évoqué que dans les années 1960, il a été trouvé que l’activité militante était déjà présente au XIXème siècle[1]. Depuis, il n’a cessé de se développer jusqu’à la société actuelle. De la lutte des ouvriers pour les conditions de travail jusqu’aux militants de salons observés aujourd’hui, le militantisme ne cesse d’évoluer. Il a permis de changer le paysage politique, et a su limiter les injustices perpétrés par les politiciens et les grands industriels. Les manifestations et les luttes dans les rues sont associées au militantisme. Les militants de rue ont façonné le paysage politique, social et religieux de la société.
Mais avec l’émergence des nouvelles technologies, le paysage politique au même titre que les démarches militantes ont été forcées de s’adapter à la génération connectée. C’est dans cette optique que les printemps arabes sont considérés comme étant une révolution 2.0.[2] A l’heure actuelle, la société assiste également à la montée d’une autre forme de militantisme favorisée par la révolution numérique. Les militants « rénovés » sont à l’air du temps. L’activité militante se dématérialise, se décloisonne, conduisant à des bouleversements au sein des partis politiques[3]. Devant cet état de fait, les militants de terrains se trouvent également dans l’obligation d’adapter leurs stratégies aux contextes actuels. Cela nous conduit à la question suivante : Quel est le rôle des militants de terrain dans un contexte de recomposition du paysage politique afin que les citoyens s’identifient à un programme pour se rendre aux urnes ?
Cette étude a pour objectif d’analyser les évolutions causées par la révolution numérique sur le paysage politique et l’impact de celle-ci sur les actions militantes. Elle vise également à démontrer les influences de ces différents changements sur le statut et les missions, ainsi que les actions des militants actuels lors des campagnes électorales. Nous portons une attention particulière à la stratégie de communication politique à travers le militantisme. Pour atteindre ces objectifs, nous allons étudier dans une première partie, les différents critères qui permettent de faire du militantisme, un outil de communication à l’ère du digital. Cette première partie va successivement analyser en quoi le militantisme pourrait constituer un outil de communication politique, l’évolution de cette activité militante et les enjeux auxquels sont confrontés les militants actuels. Par la suite, nous allons tenter de montrer les résultats d’entrevues menées auprès de quelques militants pour mettre en place des stratégies lors des campagnes électorales dans le cadre d’un basculement vers le militantisme digital.
Partie 1. Le militantisme, un outil de communication à l’ère du digital
I. Le militantisme, un outil de communication politique
1. Définition du militantisme
Avant d’analyser la place du militantisme dans les démarches de communication, nous allons définir de prime abord, la notion de militantisme et de militant. Il s’agit là d’une tentative délicate car, le militantisme est une notion polysémique. De nombreux auteurs ont analysé cette notion sous différents angles sans parvenir toutefois, à trouver un consensus concernant la définition du terme. D’ailleurs, si les définitions sont tirées à partir des manifestations du militantisme, la tentative de définition reste encore difficile tant celles-ci sont nombreuses. Ainsi, il nous semble important de confronter ici, ces différentes définitions.
Selon le dictionnaire français Larousse[4], le militantisme désigne l’ « attitude des militants actifs dans les organisations politiques ou syndicales ». Et les militants militent pour une cause. « Militer » consiste à « agir, combattre pour ou contre quelqu’un, quelque chose » ou « constituer un argument, une preuve en faveur de quelqu’un, de quelque chose ou contre eux »[5]. Cette vision classique souligne les critères requis pour militer notamment, l’appartenance à des organisations politiques ou syndicales et l’engagement pour lutter pour une cause, une valeur que le militant juge juste. Dans ce cas de figure, le militantisme implique l’engagement du militant. Mais Fillieule et Blanchard (2007) cités par Blanchard (2010 : 8)[6] voient plus que de l’engagement dans le militantisme. Ils le décrivent comme étant une « activité sociale inscrite dans le temps et qui articule des phases d’enrôlement, de maintien de l’engagement et de défection. D’où le recours à l’expression de carrière militante ».
Ainsi, le militantisme n’est pas figé. Les engagements des militants, leurs visions et les causes qu’ils défendent, ainsi que les stratégies qu’ils mettent en place évoluent dans le temps. Une place importante est accordée alors à la notion de temps lorsqu’il s’agit de militantisme, mais un autre terme vient définir le militantisme : la carrière. Cervera-Marzal (2016 : 5) complète ces définitions et insiste sur le fait que le militantisme est bien un « travail, certes pas toujours rémunéré, mais dont les tâches et les interactions se meuvent dans un réseau de normes et d’obligations ». Ces deux définitions insistent donc sur le fait que le militantisme est un travail qui peut ou pas être rémunéré, mais qui est amené à évoluer dans le temps à l’instar de toute autre carrière, régi par des règles et conduisant à la conformité à certaines obligations.
Ces différentes définitions inscrivent le militantisme au niveau individuel et le décrivent comme étant un travail. A l’instar de tout autre travail, il demande de l’engagement de la part du militant. Mais Aldrin attire l’attention sur le fait que le militantisme devrait être analysé au niveau collectif. Il est alors, plus qu’un simple travail. Pour Aldrin (2009)[7], le militantisme est une conviction personnelle profonde d’un individu envers une idéologie, et la résultante de la fréquentation de milieux militants qui incite également la personne à s’investir dans une action politique collective. Ici, le militantisme est donc considéré comme étant une action politique. Niezen (2014 :51), pour sa part, adopte une toute autre vision du militantisme et le voit comme une autre manifestation du post-colonialisme au cours duquel, le militant cherche à lutter contre les dominations des industriels ou des politiques et de toute autre forme d’injustice. Dans sa lutte, le militant veut reconstituer les communautés politiques.
Ainsi, le militantisme peut être appréhendé sous différents angles. Il peut être affilié ce qui renvoie au dévouement du militant à l’organisation militante. Mais dans certains cas, le militantisme peut être affranchi, ce qui suppose une distance entre le militant et l’organisation. Dans le premier cas, l’engagement de l’individu pour la cause et l’organisation est fort tandis qu’il est plus faible et distancié dans le deuxième cas. Cela permet à l’individu d’avoir un peu plus de liberté par rapport aux militants affiliés et de quitter l’organisme à tout moment (Lefebvre, 2013 : 10). Cette forme de militantisme individuel s’oppose à un militantisme communautaire retrouvé dans des pays en voie de développement et notamment dans les pays africains comme le Gabon. Là-bas, les militants sont une collectivité à intégrer un groupe (Ndombet, 2009 : 45). Jacques Ion cité par Douay (2012 : 93) décrit la nouvelle forme de militantisme qu’il qualifie de militantisme distancié ou militantisme post-it qui se caractérise par la montée en puissance de l’individualisme qui marque d’ailleurs la société du troisième millénaire. Nous allons alors analyser les différentes formes de militantisme qui existent afin d’avoir une idée plus claire de la notion.
Ndombet (2009 : 163 – 164) distingue le militantisme de choc qui est adopté par certains partis politiques pour défendre leurs idéaux et ce, sans prendre compte des pensées d’autrui. Il l’oppose à un militantisme objectif qui se tourne sur la défense de l’intérêt général. L’auteur mentionne entre autres, l’existence de deux autres formes de militantisme : le militantisme affectif présent dans certains pays dirigés par des régimes autoritaires. Il vise à défendre sans réserve les intérêts du parti au pouvoir. Dans ce cas, le militant n’a pas une ouverture d’esprit en ce qui concerne l’application des lois et la démocratie telle qu’elle est appliquée dans les sociétés modernes. Ainsi, les militants affectifs sont en général des personnes qui n’ont pas eu l’opportunité de suivre des études très approfondies. Le militantisme affectif repose sur le désir du militant à prendre le pouvoir et non pas sur des principes bien ancrés ou établis. Cela s’oppose au militantisme intellectuel, qui comme son nom l’indique, regroupe des militants issus des grandes écoles, des élites intellectuelles et universitaires. Mais même cette nouvelle forme de militantisme a été adoptée dans les pays en voie de développement comme le Gabon, comme étant un moyen pour asseoir l’autorité des élites au pouvoir.
Si le militantisme dans les pays en voie de développement défend les intérêts du régime au pouvoir, les causes défendues sont plus diversifiées dans les pays industrialisés. Dans les pays européens, les principales questions ayant conduit au militantisme sont reliées aux droits des immigrés, la protection de l’environnement, les droits des homosexuels et des transsexuels. Dans le cadre du militantisme total, les luttes sont plutôt quantitatives et orientées vers des valeurs matérielles telles que l’augmentation des salaires, les conditions de travail pour passer vers des revendications plus qualitatives orientées vers la qualité de vie au travail, le développement durable, etc.[8]
Outre la diversité des causes défendues, les militants actuels dans les pays développés jugent que la politique des partis traditionnellement acceptée au fil des années, ne constitue plus une démarche suffisante et efficace pour modifier la situation. Au lieu d’intégrer un parti politique dont les idéologies rejoignent les principes de l’individu, pour lutter, les citoyens préfèrent rester libres et créer leurs propres espaces de lutte. Dans cette optique, le militantisme ne se fait plus uniquement au sein des partis politiques et en fonction de ce que celui-ci impose, mais en fonction de la vision même de l’individu (Sarrasin et al., 2012 : 142).
Young (2011 : 132) soutient cette thèse et ajoute que les militants n’adoptent pas des processus démocratiques lors de leurs manifestations. Ainsi, ils se positionnent contre les formes d’injustice en la niant en bloc plutôt qu’en cherchant des compromis avec l’adversaire politique. C’est donc l’abolition totale, l’éradication d’un fait, le changement drastique d’une situation injuste qui est favorisée et non pas un accord politique. En d’autres termes, le militantisme tend à se dépolitiser. Ainsi, les nouveaux militants tendent à s’éloigner des institutions politiques dont la visée est d’acquérir un certain statut ou une place au pouvoir, mais plutôt à s’intégrer dans un mouvement radicaliste dont l’objectif est de construire une nouvelle société. Or, ce comportement tend plus à se rapprocher de l’anarchisme que du militantisme habituel (Sarrasin et al., 2012 : 142).
La mobilisation des militants autour d’une même lutte se fait non plus en fonction d’un positionnement idéologique, mais en fonction des relations interindividuelles. Ces dernières sont mues par le sentiment d’appartenance. Les militants sont mobilisés et agissent en fonction d’une culture politique libertaire, incluant des valeurs et des visions, des principes qui sont partagés entre les membres du groupe de militants qui luttent pour la même cause. Leur regroupement se fait en fonction de leur affinité, ou en fonction de leur localisation géographique. D’ailleurs, il est généralement accepté que la voix du peuple est la voix de Dieu (Sarrasin et al., 2012 : 146 – 147). Après avoir exposé les différentes formes de militantisme, nous allons analyser la place du militantisme politique dans les démarches de communication.
2. Les démarches de communication à travers le militantisme politique
Le militantisme est devenu une autre démarche pour s’exprimer, communiquer, se faire remarquer et attirer l’attention du public en général. A travers la spectacularisation de leurs activités, les militants cherchent principalement à se faire entendre et à amener vers eux d’autres canaux de communication notamment, les médias audiovisuels pour sensibiliser l’opinion publique. Ainsi, toute forme de manifestation résulte d’une réflexion mûre. Dans le cas du groupe Les Refuseurs par exemple, les actions sont de courte durée mais leurs impacts sont répercutants. Leur stratégie consiste à donner du spectacle aux journalistes et aux téléspectateurs qui les regardent ou encore pour ceux qui écoutent la radio (Cervera-Marzal, 2016 : 8).
Le spectacle est créé autour des injustices cachées du public. Dans la société de l’information actuelle où le public est exposé à de nombreuses informations, le défi pour les militants est de faire reconnaître la légitimité de la lutte pour des causes non connues ou pour une vérité contournée par les acteurs industriels ou politiques. Force est de constater que de nombreux faits se passent dans le monde entier, mais tous ces évènements ne peuvent évidemment pas être rapportés par les journalistes. Et pourtant, ce sont des faits qui détruisent des vies. C’est à travers leurs actions que les militants attirent l’attention et éveillent la conscience des citoyens concernant les causes défendues. Pour cela, la communication consiste à rapporter la situation d’injustice en insistant sur la douleur et la souffrance des victimes. Il s’agit de présenter des évènements ou des faits percutants pour que le public soit attiré et adhère à la cause, reconnaisse la lutte militante comme légitime et prenne conscience de l’importance de la lutte (Niezen, 2014 : 51).
Toutefois, rapporter les différentes formes d’injustice ne suffit pas pour la réussite de la lutte. Il faut que les militants parviennent à attirer le plus grand nombre de sympathisants pour que les cibles reviennent sur leurs décisions ou sur les actions. Les actions militantes ont pour objectif alors de déstabiliser la situation des cibles en entachant la réputation de celle-ci. C’est une autre manière de les impliquer. Leurs démarches doivent porter des messages clairs et explicites pour les citoyens. En général, pour que le message soit bien compréhensible, ils doivent être simple et court. C’est un mode de communication simpliste (Niezen, 2014 : 51 – 52).
Alors que certains militants se focalisent sur les perceptions des cibles, d’autres se focalisent sur les médias qui constituent leurs principaux alliés dans la transmission de message. Les Refuseurs par exemple, ne se concentrent pas uniquement sur leurs cibles, mais prennent également en considération les attentes des journalistes. Aussi, plus il y a du spectacle, plus, les journalistes sont satisfaits et plus les téléspectateurs sont attirés par le mouvement. Ce n’est pas uniquement le groupe qui réfléchit sur le meilleur moyen pour obtenir l’attention du public et des cibles, mais les journalistes aussi qui signalent le groupe lors du déclenchement de l’action. A l’instar de ce qui se passe lors d’un tournage d’un film, les militants peuvent aussi refaire les mêmes gestes ou insister sur un fait, un lieu ou un logo en particulier lorsque les journalistes le jugent bon. Evidemment, le public n’y voit que du feu (Cervera-Marzal, 2016 : 8).
Photo 1 : Affrontement entre forces armées et manifestants à Nochixtlán, Oaxaca City, Mexique le 21 juin 2016. La manifestation avait pour but de refuser une réforme éducative. (source : Emmanuelle Steels, Libération, 2016, http://www.liberation.fr/planete/2016/06/21/au-mexique-la-repression-d-une-manifestation-fait-huit-morts_1460939)
Et plus il y a de l’action, plus le public est intéressé. En effet, le public ne peut avoir que de la compassion pour le militant pacifiste lorsque celui-ci subit la violence policière face aux citoyens qui expriment leurs opinions. Devant ce cas de figure, l’action d’intimidation lancée par le policier n’a pour effet que de renverser la situation au profit des militants. Et pour avoir le plus de sympathisants possible, il faut le plus de témoins possibles de la violence policière. Ainsi, les journalistes deviennent les alliés des militants dans la mesure où l’écho médiatique de l’évènement va conduire au succès de la lutte (Cervera-Marzal, 2016 : 9). Comme la fin justifie les moyens, les démarches militantes peuvent être qualifiées d’extrémistes, immorales ou contre-éthiques. Mais les militants cherchent seulement à attirer l’attention des citoyens sur un fait injuste. Ce n’est pas uniquement l’information qui est recherchée dans cette démarche, mais également, l’incitation des citoyens à agir, à intervenir pour changer la donne et à ne pas accepter les formes d’injustice qui, au fil du temps, se sont normalisées dans la pensée publique (Young, 2011 : 140). Comment les militants arrivent-ils donc à faire en sorte que leurs actions deviennent des messages ?
Les militants parlent avec les gestes, les comportements mais souvent, ils parlent aussi avec les mots pour sensibiliser la population. En Côte d’Ivoire, des militants font des discours patriotiques à l’instar de ce que font les Jeunes patriotes, groupe qui s’est politisé et qui véhicule les ordres et communiquent pour le compte du pouvoir en place. Les discours sont faits non pas dans des bâtiments publics, mais dans des lieux banaux que tout le monde côtoie: dans les rues, dans les petits coins près des kiosques, près des vendeurs de journaux. Des petits espaces peuvent très bien accueillir quelques militants locaux. Le parrainage d’un parrain politique ajoute plus de légitimité à leurs actions et aide à convaincre le public (Banégas, 2010 : 29). Durant la période électorale, les militants agissent pour renforcer la communication dans les médias de masse (Gusse, 2015 : 84 – 85). Le militantisme à travers les nouveaux mouvements sociaux ont été exploités par les partis politiques pour gagner la sympathie de l’électorat à condition que ceux-ci rejoignent leurs principes et qu’ils puissent refléter leur identité[9].
Il n’est pas rare que des partis politiques recrutent des militants pour construire une image positive et convaincante pour l’électorat pendant les propagandes. Dans cette optique, les militants recrus sont des personnes dont le profil se rapproche le plus de ceux des électeurs afin que ceux-ci puissent s’identifier à eux et par conséquent, s’identifient au candidat à l’élection. Il peut s’agir d’hommes ou de femmes de différentes classes d’âge. Par la même occasion, le parti politique peut mettre en place des stratégies de communication différenciées en fonction de l’âge et du sexe de l’électeur. La rétribution ne se fait pas uniquement par l’argent. Elle peut aussi se faire à travers l’attribution de postes ou de missions valorisantes pour le militant. Cette action permet de motiver certes, le militant car c’est un poste à responsabilité qui lui procure une image positive par rapport à son entourage (Smaoui, 2009 : 287).
Des agences expertes dans le domaine de la technologie et de son utilisation lors des campagnes électorales comme BSD mettent en œuvre des stratégies permettant de « récupérer », les supporters qui tendent à aller vers la concurrence suite à une déception. BSD a agi pour le compte de Democracy For America (DFA) dont le but est de faire élire le candidat démocrate Dean. Pour y parvenir, l’agence a revu la base de données concernant les électeurs ainsi que les outils de campagne électorale. Par la suite, une plateforme électorale en ligne a été mise en place par le candidat démocrate (Pène, 2013 : 130).
La communication se trouve donc au centre de toute action militante. Le militantisme est porteur de message pour les sympathisants, le public qui regarde, écoute, observe et analyse leurs faits et gestes. Pour ce faire, les militants peuvent miser sur le rappel de l’historique ou d’une chronique d’un évènement pour susciter l’intérêt de leurs audiences, mais dans d’autres cas, ils peuvent même avancer des arguments religieux pour convaincre leurs adeptes. Dans ce cas, les militants deviennent les héros, les libérateurs des populations des griffes du mal, représenté par les institutions, les organisations qui font des actes répréhensibles. Le militantisme est désormais considéré comme étant une voie de salut, une démarche permettant de suivre les voies de Dieu (Banégas, 2010 : 35-36).
Un autre défi se pose alors. Plusieurs militants, plusieurs « héros » se présentent dans les rues et dans ce cas, qui le public doit-il voir, doit-il croire ? Pour parvenir à attirer le plus de sympathisants, les militants utilisent les technologies de l’information et de la communication (TIC). C’est à travers les images et les vidéos violentes ou accrocheuses que les militants parviennent à toucher le public. Ce sont des preuves incontournables permettant de convaincre le public sur la véracité des faits. En diffusant les images de la souffrance sociale, le public ne peut qu’être sensible. La société assiste alors à une surreprésentation des revendications et de ces souffrances et injustices. Or, cela conduit à l’application d’une politique de l’indignation (Niezen, 2014 : 52).
Par ailleurs, comme les militants ne sont pas uniquement des opposants aux cibles, ils entrent en compétition entre eux. Dans ce cadre, la nécessité pour attirer le plus de public se pose. Pour un militant, la communication réussie devrait se baser sur un cas unique, qui se différencie de tous les autres cas rapportés par les autres militants. Dans le cas contraire, les citoyens risquent de ne plus voir la cause à défendre, celle-ci étant noyée dans les bruits des autres causes évoquées par les militants (Niezen, 2014 : 54 – 55). La réussite des actions de communication repose alors sur la capacité du militant à identifier les faits les plus convaincants et à insister sur les faits les plus répercutants aux yeux des observateurs externes. Il y a aussi une part non négligeable du contexte dans lequel s’inscrit le mouvement militant. Parmi ce contexte se trouve l’avancée technologique, ce qui nous amène à étudier l’évolution du militantisme.
II. De la forme conventionnelle jusqu’à l’apparition du militantisme digital ou cybermilitantisme
1. Le militantisme avant le digital
Dès la fin du XVIIIème siècle, les militants ont adopté différentes manières pour s’exprimer. Mais le militantisme a gagné un essor considérable au XIXème siècle avec la Révolution industrielle. Cette révolution implique des contraintes liées à la nécessité de produire plus en faisant appel à la collectivité. Les conditions de travail étaient rudes, ce qui a suscité la colère et le désir de lutter chez la classe ouvrière. Le militantisme qui en a découlé est le militantisme syndical consistant à revendiquer des améliorations des conditions de travail et visait l’intérêt général. Les militants avaient espoir que la lutte qu’ils menaient conduirait à des changements, mais tout a été rompu par la première guerre mondiale.
Après la première guerre, les militants syndicaux reviennent en force avec la création de la Confédération Générale du travail (CGT) et les militants politiques appartenant au Parti Communiste Français (PCF), ainsi que la section Française de l’Internationale Ouvrière (SFIO). Les militants ont par la suite fait en sorte que Léon Blum, à la tête de la SFIO, accède au pouvoir en 1936 en occupant le poste de président du Conseil des ministres. Mais la deuxième guerre mondiale a éclaté. Il a fallu attendre la fin de la guerre pour que les militants réussissent à améliorer les conditions des travailleurs en installant la Sécurité Sociale et les Comités d’entreprise[10]. Les militants même avec les modes classiques de revendications ont eu gain de cause.
Au fil du temps et en fonction du lieu géographique, ainsi qu’en fonction du contexte politique, les manières et les différentes causes pour lesquelles, les militants ont évolué. En Grande-Bretagne avec les contestations WUNC (worthy, united, numerous and commited) ce qui veut dire littéralement dignes de considération, unis, nombreux et engagés, pour se faire entendre, a opté pour des manifestations dans les espaces publics. Les manifestations collectives pouvaient se faire à travers des pétitions, des marches, des sit-in, des grèves. Ce sont des actions classiques et pacifiques mais dans certains cas, les manifestants recouraient aussi à certains gestes plus violents comme les barrages routiers (Wickham-Crowley et Eckstein, 2010 : 39-40). Dans ce cas, nous serions tentés de penser que c’est le mode de communication et le type de manifestation réalisé qui condtionne la réussite de la lutte.
Et pourtant, force est de constater que les actions plus pacifistes donnent aussi de résultats, si la cause défendue arrive à convaincre la population. Les mouvements pacifistes anti-racistes ont conduit à l’acceptation de l’égalité des droits des Blancs et des Noirs alors que quelques années plus tôt, il était impossible pour les Noirs d’obtenir des services ou des produits dans certains endroits. C’est ce qui s’est passé par exemple en 1960 à Greensboro (Caroline du Nord) lorsque des étudiants noirs n’ont pas pu boire du café parce que le bar ne « servait pas les Noirs ». En réponse à ce comportement raciste, les étudiants ont organisé un sit-in devant le bar qui a regroupé 31 personnes. Puis, les jours qui ont suivi, le nombre de militants n’a cessé de s’accroître, atteignant à la fin 70 000 étudiants et sensibilisant jusqu’aux Blancs qui ont prêté main forte pour lutter contre le racisme[11].
Avec l’évolution du contexte social, économique et politique, les mouvements sociaux se sont aussi intensifiés. Les militants sont à la recherche d’autres moyens plus efficaces et plus adapté au contexte moderne pour se faire entendre. Ainsi, les marches silencieuses et les manifestations pacifiques sur les places publiques ont fait place aux grèves de la faim. Au Mexique, à la fin des années 1990, plusieurs manifestations ont eu lieu dont la manifestation des infirmières mécontentes des conditions dans les hôpitaux publics (manque de matériels). Les infirmières ont projeté leur propre sang à l’aide de seringue sur les portes des administrateurs des hôpitaux. D’autre part, il y a eu la grève des agents de nettoyage des rues qui, pour obtenir des compensations pour leurs services et pour s’assurer du maintien de leur emploi, ont fait successivement, une grève de la faim, une marche en masse et un déshabillement devant le Congrès (Wickham-Crowley et Eckstein, 2010 : 42).
Ces deux exemples reflètent la diversité des causes pour lesquelles, les manifestations sont déclenchées, mais manifestent entre autres, la nécessité pour les activistes d’intégrer des « nouveautés » dans leurs démarches pour convaincre le public et atteindre leurs cibles, quitte à lancer des défis à l’endroit de celles-ci. Il s’agit entre autres, d’une illustration de l’évolution dans les modes d’expression et de contestation en fonction des réactions de l’Etat (Wickham-Crowley et Eckstein, 2010 : 42).
Mis à part les réactions de l’Etat, les actions militantes sont élaborées en fonction des caractéristiques du groupe militant lui-même. Dans ce cadre, les valeurs qu’il défend, le public qu’il vise ainsi que sa taille sont des éléments pris en compte dans les démarches militantes qu’il adopte. Dans cette optique, les groupes militants de petite taille se font entendre en faisant des actions drastiques alors que les groupes de plus grande envergure peuvent se faire entendre même en optant pour des mesures plus pacifiques. Le groupe militant « Les Refuseurs » par exemple qui compte environ une cinquantaine de militants se font remarquer à travers les mesures extrêmes qu’il adopte. Cela a été observé par exemple lors du blocage du convoi ferroviaire par le groupe. Celui-ci transportait en effet du combustible nucléaire, chose que le groupe militant refusait. Certes, le groupe ne dispose que de quelques éléments, mais de par ses actions, il parvient à attirer l’attention du public et plus particulièrement, des médias audiovisuels qui viennent sur place pour faire un reportage sur les actions du groupe. La démarche par politique-spectacle adoptée par Les Refuseurs dans ce cas, est efficace dans la mesure où il a permis d’attirer et de focaliser l’attention du public sur le fait à proscrire (Cervera-Marzal, 2016 : 7).
Un autre fait distingue le militantisme avant la révolution numérique : l’appartenance des militants à des partis. Certes, aujourd’hui encore, il existe des militants qui ont des groupes d’appartenance. Mais cette pratique était plus courante avant le digital et sa politisation. C’est le cas par exemple des militants progressistes de Montréal qui intégraient les groupes populaires, les syndicats et les groupes politiques en 1974 et formaient le Rassemblement des Citoyens de Montréal (RCM). La lutte du RCM s’inscrit dans le cadre de l’aménagement urbain plus précisément, dans le cadre du refus de l’attribution de grands projets aux seuls élites sociaux et à la classe privilégiée. Le RCM a jugé indispensable que l’administration municipale se démocratise et en ce sens, s’ouvre aux classes défavorisée de la société canadienne. Sa lutte a eu pour effet de prendre en considération les militants lors de l’aménagement urbain (Douay, 2012 : 86). Les démarches politiques du RCM a donc porté ses fruits.
Le militantisme avant le digital se caractérise entre autres, par les principes et les valeurs qu’il défend. Le militantisme auparavant pouvait se résumer au mouvement ouvrier (Douay, 2012 : 88). Jacques Ion cité par Douay (2012 : 93) décrit le militantisme avant le digital comme étant un militantisme « total ». Il s’agit d’un « militantisme très strict, avec une hiérarchie forte, un attachement identitaire marqué (syndicat, parti). Les militants sont pleinement engagés au détriment parfois de leur vie professionnelle et se soumettent à la hiérarchie ». En d’autres termes, le militantisme a déjà évolué même avant l’avancée technologique. Les militants ont adopté des actions de rue et défendaient principalement, au début, la cause ouvrière. Mais avec le temps, les causes se sont diversifiées et cela a entraîné aussi la diversification des manières à se faire entendre : grève de la faim, barrière, désobéissance civile. Mais ces différentes actions se passent dans la rue. Un autre évènement va venir bouleverser les militants : la révolution numérique.
2. La révolution numérique
L’évolution du militantisme et la forme qu’elle prend ne peut être séparé du contexte du développement de la science et de la technologie. Ainsi, le développement de la science à la fin des années 1960 a conduit aussi à une autre forme de militantisme centré sur la science. La société était devenue plus sensible aux questions scientifiques et à la manière avec laquelle, la science pourrait être exploitée pour favoriser le développement économique et social. La science s’est trouvée ainsi politisée. A partir de ce moment, la société française a été témoin de l’émergence de nouveaux mouvements sociaux. Le militantisme cherchait alors à défendre de nombreux idéaux et a adopté également d’autres formes de manifestations bien que la grève demeure la principale voie de contestation (Quet, 2013 : 32).
La révolution numérique, comme toute autre forme de révolution, suppose un changement profond voire des ruptures avec les situations classiques déjà observées auparavant. Les changements qui ont eu lieu avec la révolution se font pendant une durée assez longue mais dont le commencement est difficile à cerner. Outre à cela, la révolution numérique est porteuse de changements qui s’ancrent à long terme (Beaudry, 2011 : 24). La révolution numérique s’est accompagnée d’une révolution sociétale. Cela implique des changements au niveau des déplacements, des communications et du mode de vie de la société actuelle même. Désormais, deux personnes situées dans deux localisations géographiques distanciées peuvent communiquer en temps réel[12]. Internet est devenu non seulement un outil de communication, mais également un espace de discussion virtuel entre les personnes. Il a permis une plus grande transparence quant à la position politique, l’opinion des citoyens, leurs croyances. Désormais, avec ce nouvel outil de communication, tous les sujets sont abordés. Il est possible pour les individus de faire des critiques sur différents thèmes lancés sur Internet (Ben Abdallah, 2013 : 307).
La technologie a fait son entrée dans le monde politique depuis la seconde moitié du XXème siècle (Goldenberg et Proulx, 2011 : 101). L’avancée technologique à travers les TIC (Technologies de l’Information et de la Communication) a conduit à des changements drastiques au niveau du mode de communication, du mode d’expression des opinions publiques. Désormais, elle a ouvert une nouvelle espace pour débattre et pour lutter. Dans cette optique, Internet est devenue une nouvelle plateforme permettant la mobilisation collective (Suárez Collado, 2013 : 41). Cette révolution technologique a aussi entraîné la conception et la mise en œuvre des activités ainsi que des stratégies politiques (Cervera-Marzal, 2016 : 4). Ainsi, Internet est devenu incontournable lors de la communication politique. Outre à cela, il est même devenu un outil de communication lors des campagnes. Cette démarche a été adoptée par exemple lors de la campagne électorale du président américain Barack Obama avec mybarackobama.com (Mabi et Theviot, 2014 : 11).
Les nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) ont établi de nouvelles activités telles que celles de l’agence Blue State Digital (BSD) qui est intervenue lors de la campagne électorale de Barack Obama ainsi que de celle de François Hollande. BSD a créé de nouveaux outils numériques qui sont exploités en politiques notamment le Full Service Digital Agency. Dans ce cadre, elle offre des services pour créer et gérer des sites Internet. Mais elle intervient également dans la gestion de bases de données, dans le blogging, l’e-mailing. L’agence BSD intervient également dans l’organisation des militants (Pène, 2013 : 130).
Grâce au développement technologique, des grandes avancées dans les partis politiques ont également pu être observées notamment aux Etats-Unis lors des campagnes électorales. Cela peut être illustré à travers l’exploit réalisé par l’agence BSD, à travers l’établissement d’un fichier électoral national. Cet objectif était difficile à atteindre à cause du fait qu’il demande l’établissement d’une plateforme permettant d’accueillir de gros volumes d’informations. D’autre part, l’établissement d’un fichier électoral national constitue aussi un véritable défi pour le parti démocrate parce que les antennes réparties dans une large zone avaient leurs propres fichiers électoraux. La constitution d’un fichier électoral à l’échelle nationale requiert de ce fait, des investissements financiers pour collecter les données et les moduler. Ce sont ces données qui ont été exploitées lors de la campagne de Barack Obama en 2008 (Pène, 2013 : 131).
Internet s’est imposé comme étant un autre moyen pour transmettre les informations tout en échappant au contrôle officiel. Les informations peuvent être diffusées par des citoyens en temps réel. C’est la raison pour laquelle, cet outil est fortement requis dans les Etats autoritaires où les populations n’ont d’autres moyens pour s’informer et pour informer qu’Internet (Suárez Collado, 2013 : 47). Vu sous cet angle, mis à part sa considération comme étant un outil de communication et de mobilisation citoyenne, Internet est également devenu un outil de veille et support d’une nouvelle forme de démocratie ou cyberdémocratie ou démocratie électronique (Mabi et Theviot, 2014 : 6).
Internet a permis la transmission d’information et l’ouverture culturelle dans les pays arabes. Alors qu’avant les années 1990, les populations arabes se contentaient des médias qui diffusaient des contenus en faveur des dirigeants de l’époque, la venue des télévisions par satellite et d’Internet en particulier, les populations ont pu voir les actualités et des contenus autres que ceux déjà filtrés par les Etats. Néanmoins, par souci de développement économique, certains dirigeants ne consentaient pas à bloquer Internet. Ainsi, les populations arabes ont pu voir des points de vue autres que ceux de leurs dirigeants.
Par ailleurs, l’avancée technologique a largement favorisé la communication entre les personnes sans barrière de temps ou de localisation géographique. Comme résultat, les populations s’échangent des informations spontanément. Outre à cela, chaque individu est devenu libre de donner son avis sur les actualités et participer aux débats. Mais c’est surtout à travers les réseaux sociaux comme Facebook et Twitter, que les utilisateurs sont plus réactifs. Le monde arabe illustre bien donc la révolution politique engendrée par la révolution numérique dans la mesure où c’est au niveau de ces réseaux sociaux que les orientations politiques sont construites. Internet incarne donc un espace de liberté d’expression pour des peuples qui ont été longtemps soumis à des régimes dictatoriaux[13].
La révolution numérique engendre des modifications profondes au niveau des stratégies politiques et de la manière avec laquelle, les populations s’engagent dans des actions politiques. La révolution arabe qui a conduit à la chute des présidents arabes autoritaires a par exemple été renforcée par la révolution numérique. Les peuples arabes alors soumis à des pressions des régimes autoritaires ont trouvé grâce à Internet, une autre forme d’expression et de transformation d’informations. Il ne s’agit donc pas uniquement d’une révolution numérique, mais aussi de cyberpolitique faisant souvent appel à Facebook et Twitter. Désormais, les militants peuvent être à la fois dans les rues pour faire face aux affrontements, mais en même temps, ils mènent une guerre sur Internet. Comme résultats, les soulèvements populaires ont conduit à la chute des régimes au pouvoir[14].
Outre à cela, Internet a conduit au développement du journalisme citoyen c’est-à-dire, à la possibilité pour les citoyens de donner leurs versions des faits même si celles-ci sont en totale contradiction avec la version des dirigeants. Il suffit pour cela que les citoyens prennent leurs téléphones portables ou prennent des vidéos qu’ils partagent en ligne pour prouver ce qu’ils disent. Le journalisme citoyen sensibilise non seulement les acteurs nationaux, mais permet aussi d’attirer le public international. Les citoyens interviennent pour informer de ce qui se passe dans leurs pays, mais avec le même outil, ils arrivent à organiser des mobilisations. Ainsi, la révolution numérique a été une source qui a favorisé le développement des actions militantes dans les rues. Par ailleurs, la révolution numérique augmente l’engagement civique des populations. Chaque individu est amené à contribuer activement aux démarches de développement politique, économique et social. La révolution numérique a favorisé la réduction des écarts entre le militantisme en ligne et hors ligne[15].
La société actuelle assiste alors à l’émergence d’une autre forme de démocratie qui se réalise dans un espace public virtuel. C’est au niveau de cet espace que se font les débats politiques et a provoqué l’émergence de la démocratie participative en ligne (Flichy, 2010 : 617). Néanmoins, cette forme de démocratie n’est pas très développée. En général, les discussions se font principalement dans des espaces physiques et Internet ne sert donc qu’à compléter ce qui a été déjà déduit de l’espace physique (Flichy, 2010 : 619). Vu sous cet angle, Internet ne peut être considéré que comme un outil complémentaire dans la lutte militante. Nous allons alors développer un peu plus ce militantisme digital.
3. L’apparition d’une nouvelle forme de militantisme : le militantisme digital
La révolution numérique a indiscutablement conduit à des changements radicaux dans les processus d’expression des militants et des acteurs politiques. Selon Howard (2011) cité par Khamis (2013)[16], le cybermilitantisme correspond à « l’action d’utiliser Internet pour faire progresser une cause politique qu’il est difficile de faire progresser hors ligne… Le but de ce type de militantisme est souvent de créer des objets forts d’un point de vue intellectuel et émotionnel pour raconter des histoires d’injustice, pour interpréter l’histoire et pour prôner certaines solutions politiques ».
Les réseaux sociaux et les forums de discussion se sont transformés en plateformes permettant de repérer et de recruter les activistes. En même temps, ils sont devenus de nouveaux outils pour exprimer la position idéologique des militants, ainsi que leurs opinions en ce qui concerne la situation politique et sociale du pays. C’est à travers les réseaux sociaux comme Facebook que les cyberactivistes font une propagande et recrutent de nouveaux partisans à leurs causes (Suárez Collado, 2013 : 51). D’un autre côté, les réseaux sociaux sont considérés non pas comme des outils politiques mais bel et bien comme une plateforme d’interaction et de partage entre amis. En partageant les informations politiques sur les réseaux sociaux, les utilisateurs se définissent plus comme étant communicant ou communicateurs que comme participants politiques. Il n’empêche que les messages et les likes sur les Facebook concernant un parti politique ou une décision gouvernementale relève bien du domaine politique (Mabi et Theviot, 2014 : 10).
Le cyberactivisme a ouvert la voie à une autre forme de lutte contre l’exclusion sociale en permettant à un grand nombre de citoyens d’accéder à Internet et à exprimer leurs opinions. Il a permis entre autres de sensibiliser les citoyens sur un fait en faisant intervenir des journalistes en ligne qui vont rapporter des faits. Les visionneurs peuvent par la suite faire des remarques. Les cyberactivistes ont attiré l’attention de la société en ce qui concerne l’exploitation des technologies afin qu’un grand nombre de personne puissent jouir des logiciels libres et puissent exploiter les bases de données ouvertes[17].
Ce ne sont pas uniquement les concepteurs de logiciels ou les experts dans la nouvelle technologie qui, à travers leurs actes ont conduit à la réforme au niveau de la mise en œuvre d’activisme, mais ce sont les militants eux-mêmes. Ces derniers à travers les exploitations qu’ils font de l’outil Internet ont conduit à cette nouvelle forme de militantisme. Dans les années 1990 en effet, le projet Spip conçu par des militants et des associations français ont attiré l’attention concernant les possibles exploitations d’Internet pour s’exprimer. Les militants du Minirezo ont par la suite, établi un site permettant aux utilisateurs de faire un débat concernant le développement d’Internet, ainsi que sur les possibles répercussions de la focalisation sur l’aspect commercial de l’utilisation d’Internet au détriment de l’expression des citoyens par les outils numériques (Demazière et al., 2013 : 31). Cela a suscité la réflexion chez les visionneurs.
Internet a permis entre autres, de faire « autrement » les manifestations de rue, les pétitions, les lectures, etc. C’est ainsi que durant le sommet de Copenhague, Ultimatum climatique a fait une pétition ayant réuni plus de 500 000 signatures. La pétition en ligne est désormais devenue monnaie courante. Non seulement, c’est une pratique ancienne dans le domaine du militantisme, mais qui a été adapté à la situation actuelle avec la venue d’Internet. C’est également une autre manière de collecter le plus de signatures possibles, beaucoup plus que dans un espace physique (Flichy, 2010 : 624).
Photo 2 : Communication des cybermilitants chez franceinsoumise.fr (source : http://www.huffingtonpost.fr/2017/07/10/sur-discord_a_23023717/)
Ainsi, l’apparition du militantisme digital n’estompe pas et n’abolit pas les formes de militantisme adoptées depuis toujours. Le fondement même et l’esprit avec lesquels, les manifestations ont lieu restent le même, mais c’est l’outil utilisé qui change. Ainsi, l’occupation d’espaces pour manifester peut se faire à travers les espaces virtuels où, d’autres modes d’expression voient le jour (Wickham-Crowley et Eckstein, 2010 : 45).
Dans le cas des printemps arabes, les réseaux sociaux ont été les supports de communication permettant de susciter l’intérêt des citoyens à refuser l’autocratie des dirigeants. Mais cette forme de militantisme digital a conduit à des manifestations dans les rues de nombreux pays arabes. Par la même occasion, ils ont permis de rapprocher les militants et de les aider à partager leurs expériences notamment, en ce qui concerne la posture à prendre face aux forces de l’ordre. C’est ce qu’ont fait par exemple les militants syriens qui luttaient contre le régime Assad. Ils ont échangé avec des leaders syriens pour mettre en place des stratégies efficaces pour neutraliser le pouvoir en place. Internet a permis en d’autres termes une certaine assistance des militants « novices » par des « anciens » militants plus expérimentés et ayant déjà été confrontés à des situations semblables[18].
Se pose alors la question de savoir jusqu’où le militantisme digital peut-il aller et pourquoi, il a pris une telle ampleur ? Le militantisme digital semble avoir gagné du terrain à cause du manque d’espaces de contestation dans les pays marqués par l’autoritarisme. C’est le cas par exemple de la Jordanie, où les militants ne trouvent d’espaces pour s’exprimer qu’à l’Université où les militants se forment, se politisent et se mobilisent. Or, même dans cette espace, les militants sont réprimés[19]. Il semble que les cybermilitants vont encore renforcer leurs actions tant qu’ils trouvent chez Internet le moyen de s’exprimer et d’échanger dans les plus brefs délais les informations et les consignes. Tant que cet outil leur permette de continuer leurs luttes dans différents domaines, les militants digitaux vont continuer leurs luttes. Outre la protection de l’environnement et les causes postrévolutionnaires, le militantisme digital peut être exploité pour défendre des causes politiques notamment pendant les campagnes électorales.
Lors des campagnes électorales, les militants peuvent contribuer aux actions pour faire voter un candidat en particulier grâce à Internet. Lors du présidentiel américain en 2008, les militants se sont enregistrés en ligne comme étant des démocrates. C’est la première information qui est collectée dans la base de données. Mais au fur et à mesure de leur visite, ils fournissent d’autres informations qui seront utilisées dans la conception stratégique de la campagne. Outre à cela, les militants partagent des vidéos, ou envoient des e-mails permettant de sensibiliser ou de convaincre les autres internautes sur la pertinence du choix du candidat. A travers les informations ainsi fournies par les militants et les autres utilisateurs du site, il devient plus facile pour les directeurs de campagne de concevoir une stratégie de communication basée sur l’anticipation des comportements des électeurs notamment, de ceux qui sont encore indécis, et qui pourraient de ce fait, être récupérés par le candidat (Pène, 2013 : 133).
Lors de la deuxième campagne électorale de Barack Obama en 2012, la plateforme numérique Dashboard a été conçue pour organiser les actions des militants. Contrairement à ce qui est observée dans les stratégies classiques, les militants disposent d’une grande autonomie pour mettre en place leurs propres actions pour faire voter le candidat démocrate. C’est grâce à la base de données, qu’il devient possible pour le militant d’appeler les électeurs et de mener des actions auprès d’eux. Les plus actifs et qui parviennent à recruter le plus d’électeurs potentiels deviennent des Team leaders. D’autre part, l’innovation technologique a permis aux militants d’obtenir des informations concernant les électeurs locaux via leurs Smartphones. La communication mise en place par les militants se faisait en fonction des données concernant la personne qu’ils contactent. Ainsi, les individus pour qui, les militants avaient la certitude qu’ils allaient voter pour Barack Obama, ont été recrutés pour devenir des militants. Les militants ne frappaient plus à la porte des Républicains jugeant que ces électeurs n’allaient pas changer leurs choix. Le but de la démarche des militants était alors de récupérer les électeurs qui ont voté pour Obama en 2008 et de convaincre les indécis. Pour attirer les internautes, les acteurs de la campagne de Barack Obama n’hésitent pas à mettre en avant sur Internet des évènements tels que le Dinner with Barack (Pène, 2013 : 133-134).
Mais ce n’est pas Barack Obama qui a été le premier à lancer de telles stratégies digitales lors de sa campagne électorale. En 2004, Howard Dean a exploité Internet pour attirer des partisans aux Etats-Unis. Puis en France en 2007, Ségolène Royal a créé son site « Désirs d’avenir » pour renforcer la démocratie participative. C’est à travers cette plateforme que la candidate a fait des propositions politiques avec les citoyens qui étaient présents avec elle sur le site (Flichy, 2010 : 623). Après avoir analysé le principe du militantisme digital et de ses manifestations actuelles, nous allons maintenant étudier le profil des nouveaux militants. En effet, il est impossible de faire évoluer les actions militantes sans que le profil des militants eux-mêmes n’évolue.
4. Le profil des nouveaux militants
Avec la montée de l’individualisme dans la société actuelle, les militants tendent aussi à montrer un engagement distancié. Il n’est plus affilié et dévoué que ses pairs d’il y a quelques années (Lefebvre, 2013 : 11). L’engagement de l’individu dans un projet va plus dépendre de la cause à défendre. Ainsi, si le nouveau militant trouve que la cause à défendre rejoint un de ses principes, alors il va s’engager pendant une durée limitée dans la lutte pour cette cause. Le militant d’aujourd’hui est connecté. Il est exposé à de nombreuses informations et est susceptible d’interagir avec ses amis via Internet. Les militants actuels sont des personnes qui s’engagent pour résoudre des problèmes locaux mais qui conduisent à des problèmes de plus grande envergure. Mais il est possible qu’il s’engage pour la défense de plusieurs causes en même temps[20].
Les nouveaux militants n’appartiennent pas forcément à des élites ou des partis politiques qui les aident à se faire entendre par leurs cibles. Ce sont des personnes qui aiment les actions directes et collectives lorsqu’elles agissent et ne veulent pas l’intervention d’autres intermédiaires. Comme ces militants sont mus par des idéaux qu’ils partagent, leurs actions ne sont pas promus par un leader désigné comme le cas d’un parti politique ou d’un tout autre groupe. Il n’existe pas de hiérarchie à laquelle les militants se réfèrent. Ils tendent à décider et à intervenir directement (Sarrasin et al., 2012 : 148). Certains militants comme Roadsworth décident même d’agir seuls, mais en défendant à travers leurs gestes des intérêts collectifs. En agissant ainsi, les militants aspirent à plus d’autonomie par rapport aux militants d’antan (Douay, 2012 : 88-89). La montée de l’individualisme résulte de la diminution du sentiment d’appartenance des militants envers un parti ou une organisation quelconque[21].
En ce qui concerne les démarches de communication, les militants actuels optent pour la démocratie directe (Sarrasin et al., 2012 : 148). Néanmoins, Douay (2012 : 92) s’oppose à cette idée dans son étude concernant les militants canadiens qui luttent dans le cadre de l’aménagement urbain. L’auteur parle en effet de mouvements « distants » et donc indirects consistant à « attirer les médias pour qu’ils transmettent positivement leurs revendications auprès de l’opinion publique ». Cette pratique de communication n’est donc pas violente, suscite la réflexion, sans pour autant conduire à des conflits.
A l’instar des anciens militants, les militants actuels se dressent contre toute forme d’injustice sociale et d’inégalités observées au sein de la société. Il informe les citoyens sur un fait précis et notamment, sur l’injustice observée et les sensibilise à ne pas accepter que de telles situations se produisent. Pour ce faire, le militant agit plus sur les émotions de leurs cibles que sur les arguments (Young, 2011 : 139). La révolution numérique a permis d’exposer les citoyens à de nombreuses informations concernant l’environnement, la politique, la mode, les actualités, les offres des différentes entreprises, etc. Cela a aussi attiré les intérêts des militants pour des luttes autres que celles réalisées dans le monde du travail notamment, l’environnement, le maintien de la paix, l’égalité homme-femme, etc. Dans ce cadre, les militants ne se réfèrent plus uniquement à leurs classes sociales d’appartenance, mais au mode de vie qu’ils ont choisi (Douay, 2012 : 88), contrairement à leurs aînés. Les contextes politiques, économiques, sociaux et technologiques ont donc conduit au développement du militantisme digital. Si de nombreux avantages ont pu être tirés de ce phénomène, il existe aussi des enjeux auxquels se heurtent les militants.
III. Les enjeux de l’utilisation du militantisme comme outil de communication
1. Le militantisme, une notion associée à la violence et les enjeux éthiques
Certaines manifestations militantes sont particulièrement violentes à tel point qu’elles pourraient heurter la sensibilité du public. Certes, à travers des mesures drastiques, elles cherchent à sensibiliser les populations et à influencer l’opinion, mais en même temps, elles risquent également de donner une image peu valorisante du militantisme lui-même. Les militants en effet, ne cherchent pas de compromis avec leurs adversaires, les personnes ou les institutions qu’ils dénoncent. Ainsi, il n’est pas rare qu’ils perturbent les délibérations des partis politiques ou des institutions qui cherchent un compromis, pour rompre carrément les cours des négociations, en écrivant sur les banderoles qu’ils montrent bien à l’évidence, ou en bloquant tout simplement l’accès aux lieux où les négociations devraient normalement se faire. Se pose alors la question de savoir si de telles manières pourraient être moralement acceptable (Young, 2011 : 137).
Il est difficile de trancher en effet lorsque la limite d’une pratique éthique et moralement acceptable ne peut être que subjectif et engageant les points de vue de tout un chacun. Dans ce cas évoqué, il y a d’une part, la considération par les militants que leurs actions est moralement justifiée par la lutte contre l’injustice perpétrée par un organisme en particulier et que celui-ci cherche à légitimer en trouvant un accord avec les différentes parties prenantes. Pour les militants, la fin justifie les moyens. D’autre part se trouve l’indignation des personnes qui ne peuvent même pas entrer dans le bâtiment pour faire une délibération démocratique ou qui ont été interrompus, jugeant les pratiques militantes immorales.
Par ailleurs, se pose le problème de la monétarisation des « services » de certains militants. Pour défendre la cause patriotique en Côte d’Ivoire, des militants ont lutté, entrent dans des disputes voire dans des actes violents. Si au début, leur militantisme est bien motivé par le patriotisme, il a été observé qu’au fil du temps, celui-ci est devenu un instrument politique permettant leur ascension sociale. Les militants parrainés sont par la suite payés et accèdent à un échelon supérieur de la société. Nombre d’autres militants sont devenus des fonctionnaires ou des administrateurs qui travaillent pour le compte de l’Etat (Banégas, 2010 : 30).
Photo 3 : Charles Blé Goudé et ses partisans militant pour soutenir Laurent Gbagbo à la place de la République le samedi 26 mars 2011 (source : http://www.ivoirebusiness.net/articles/c%C3%B4te-d%E2%80%99ivoire-un-demi-million-de-jeunes-patriotes-manifestent-%C3%A0-abidjan-leur-soutien-au)
Le paiement des engagements militants a été exploité par certains dirigeants pour redorer leurs images. Ainsi, les Jeunes patriotes qui défendaient des causes politiques se trouvent en 2006, en train de défendre les causes des dirigeants du port d’Abidjan. Les militants proches de Blé Goudé, leur leader ont été recrutés pour faire des démarches auprès des cadres qui s’opposent aux principes des dirigeants portuaires. Dans d’autres cas, les Jeunes patriotes militent aussi pour le compte d’hommes politiques dans le but de les aider à recruter des sympathisants ou à rétablir leurs images souillées, moyennant de l’argent (Banégas, 2010 : 31 – 32). Or, ces faits donnent une image très négative du militantisme. Les militants pourraient de ce fait être plus assimilés à des mercenaires qu’à des militants car, si les militants se battent pour une cause, les mercenaires se battent pour de l’argent. C’est donc l’engagement militant constituant l’essence même de la carrière militante qui est remise en question ici.
2. Les enjeux du cybermilitantisme lors des campagnes électorales
Des questions peuvent se poser quant à la légitimité des actions militantes dans les rues. Mais d’autres questions peuvent également se poser en cas de cybermilitantisme surtout dans un contexte d’élection. Si le cybermilitantisme est certainement innovant, il a été démontré que c’est une forme de militantisme qui ne demande pas beaucoup d’engagement et de déplacements de la part de l’individu. Dans cette optique, il risque de ne pas conduire à un gain de cause. Le militantisme du terrain qualifié comme militantisme « réel » en effet, demande de l’engagement de l’individu et les leaders du mouvement peuvent être rassurés du fait que les personnes qui les suivent seront là pour les soutenir. Or, cela ne peut être acquis avec le cybermilitantisme. En effet, en faisant des remarques, des critiques, en cliquant sur les boutons « j’aime » ou encore en faisant une signature électronique, le cybermilitant ne peut faire mieux que de s’exprimer. Il ne risque rien derrière son ordinateur. Mais ce comportement ne permet pas de prédire que le cyberactiviste va se présenter et mener des actions sur terrain. Cela peut provenir du fait que les amis sont virtuels et que les risques sont perçus comme étant moins élevés. Les cyberactivistes sont donc motivés pour s’exprimer en ligne et non pas pour passer aux actions.
Il a été remarqué entre autres, que les réseaux construits via Internet sont des réseaux fragiles, qui ne sont pas soutenus par une organisation bien structurée et coordonnée. Les opinions visibles dans ces réseaux sont mal structurées et les discussions qui s’y déroulent peuvent tendre plus la recherche du consensus que le gain de cause qui, pourtant, est à la base même du militantisme traditionnel. D’ailleurs, ce sont les situations politiques, sociales et économiques qui suscitent les citoyens dans leurs prises de décisions de s’impliquer dans une lutte et non pas les réseaux sociaux. Il faut noter cependant, que si de tels critiques ont été lancées à l’endroit des réseaux sociaux, force est de constater que ceux-ci jouent un rôle prépondérant dans la modélisation des pensées publiques et dans la transformation d’un individu en un militant engagé[22].
Or, ce sont le contenu de ces réseaux sociaux qui peuvent être critiqués. En effet, en accordant la liberté d’expression à travers la protection de son identité et de son anonymat, Internet peut pousser certains internautes à donner des affirmations gratuites que des preuves de ce qu’ils disent. Et pourtant, cela peut ternir l’image de la personne qui fait le sujet de débat dans les réseaux sociaux. Les bloggeurs peuvent adopter des commentaires offensifs mais qui ne pourraient pas être vérifiées. Dans cette optique, les communautés virtuelles ne fondent pas leurs critiques ou leurs points de vue sur un fait vérifiable, mais sur des intuitions ou sur leurs impressions personnelles. Comme résultat, les réseaux sociaux ne sont que des masses de points de vue et dans certains cas, pourraient constituer un espace d’attaque et de contre-attaque entre les internautes (Flichy, 2010 : 618). Or, dans le domaine électoral, cette liberté d’expression et l’incapacité de contrôler les commentaires et la diffusion de vidéos ou d’image compromettantes sur un candidat pourrait poser problème du fait de l’image négative que s’en fait l’internaute.
Outre à cela, les internautes qui sont aptes à discuter en ligne sont ceux qui adoptent des points de vue semblables. Dans ce cadre, leur expression ne pourrait traduire le comportement et la vision réelle de l’ensemble des acteurs politiques et des citoyens qui sont intéressés par la vie de leurs pays. Comme les personnes qui interagissent adoptent des points de vue similaires, le contenu des réseaux sociaux ne peut donc être considéré comme étant fiable et encore moins, comme étant un processus démocratique parce qu’ils se basent sur un groupe de personnes ayant les mêmes points de vue. Or, la démocratie ne peut avoir lieu à moins qu’il n’y ait d’autres opinions qui vont à l’encontre de celles adoptées par un groupe de personnes. Ce dernier va donc être conscient de l’existence d’autres points de vue qu’il est amené à accepter ou tout au moins, à respecter (Flichy, 2010 : 618).
Par ailleurs, la thèse selon laquelle, les cyberactivistes ne montrent pas assez de dynamisme et d’engagement par rapport aux militants classiques a été fortement contesté par la théorie de la normalisation conçue par Margolis et Resnick cités par Mabi et Theviot (2014 : 8). Selon cette théorie, les cybermilitants ne peuvent être que des militants engagés hors ligne. Cela explique alors leur intérêt pour le contenu politique. Khamis (2013)[23] confirme cette thèse en disant que le cybermilitantisme est indispensable pour susciter l’intérêt des citoyens, mais il n’est pas suffisant pour conduire à des changements politiques. Il faut pour cela, que les citoyens « bougent » et manifestent dans les rues.
La capacité des citoyens à s’exprimer à travers Internet rend plus facile la collecte de données. Mais en même temps, elle rend délicate la protection des données personnelles et la gestion de la traçabilité numérique de l’utilisateur. En politique, certaines informations sensibles peuvent conduire à une polémique et bouleverser toute la carrière politique du politicien. Le risque de piratage et le buzz négatif mais également, les menaces peuvent être proférés sur Internet. Cela s’est passé par exemple chez le Premier ministre tunisien Hamadi Jebali dont la boîte mail a été piratée. Le piratage visait en effet à menacer le premier ministre de divulguer des informations compromettantes sur lui à moins qu’il ne cesse la répression. La liberté d’expression permise par Internet a conduit à une redistribution des rôles et des statuts ainsi que des rapports de forces entre les acteurs politiques, les militants et les citoyens. Si auparavant, le politicien pouvait construire son image à partir des décisions et de ses actions, actuellement, avec la révolution numérique, l’image qu’il s’est construite peut être influencée par celle attribuée par les communautés en ligne qui cherchent une légitimation collective de leurs opinions (Ben Abdallah, 2013 : 307).
Le militant doit alors tenir compte de ce fait dans ses stratégies électorales. Mais pendant les campagnes électorales, les actions militantes peuvent poser problème. En France, des militants se sont opposés aux abus faits à travers le mailing politiques. Ces mails ont été diffusés à un large public sous le nom de Sarkospam, lors des primaires du Parti socialiste. Outre à cela, en France en particulier, il a été difficile d’obtenir les informations concernant les électeurs notamment à cause de l’apparition d’un million de nouvelles adresses. Par conséquent, le parti a renoncé aux actions de porte à porte. D’autre part, les données ainsi collectées ont été faiblement exploitées (Pène, 2013 : 138). Après cette revue de la littérature, nous avons voulu connaître les points de vue de quelques militants à travers l’entretien semi-directif.
Partie 2. Le contexte du militantisme actuellement du point de vue de certains militants
I. La collecte de données à travers les entrevues avec les militants actuels
1. L’entretien semi-directif
L’entretien est une méthode qualitative dans laquelle, deux personnes sont amenées à interagir entre elles à travers les mots. Les données qualitatives issues de cette interaction sont donc des données coproduites par l’interviewer et l’interviewé. Il est indispensable alors de bien organiser ces rencontres pour que le chercheur puisse atteindre les objectifs de sa recherche. L’entretien individuel est choisi lorsque le chercheur aborde un sujet délicat tel que la politique ou la religion, ou encore, parle de la vie privée de la personne interviewée. Cet entretien individuel peut se faire de trois façons : entretien directif, entretien semi-directif et entretien non directif (Gavard-Perret et al., 2012 : 108 – 109). Mais dans notre cas, nous nous intéressons à l’entretien semi-dirigé.
L’entretien semi-directif est organisé de manière à apporter des informations concernant les différents thèmes de l’étude. En ce sens, le chercheur établit un guide ou une grille d’entretien mentionnant les différents thèmes à aborder pendant la discussion. Il faut remarquer cependant, que contrairement à l’entretien directif où l’ordre dans lequel les questions sont posées est formel, l’entretien semi-directif part avec des questions dont l’ordre n’est pas préétabli. Le chercheur par contre, peut faire des relances pour éviter les hors sujets et pour s’assurer de sa compréhension des propos de son interlocuteur. Tout dépend des réponses de l’interviewé. C’est à partir de sa réponse que le chercheur pourra faire des relances, aller directement vers un autre thème, demander plus de précisions (Gavard-Perret et al., 2012 : 112).
2. La conduite des entretiens
a) Echantillons étudiés : les militants
Pour comprendre l’apport du militantisme dans la communication politique, il est pertinent de se tourner directement vers les militants eux-mêmes. Ils sont en effet, les plus à même de comprendre le principe du militantisme que les observateurs externes. Par ailleurs, en tant que militants, ils sont aussi en mesure d’évaluer les stratégies permettant de faire du militantisme, un outil de communication politique. Nous avons donc demandé un rendez-vous auprès de quatorze militants dont le profil et l’identité sont révélé dans le tableau 1. Après la prise de contact, nous avons procédé aux entrevues.
Tableau 1 : Le profil des répondants
N° | Noms et prénoms | Age | Professions | Nombre d’années de luttes en tant que militant |
1 | Hervé Rigolot | 45 | Responsable informatique | 16 mois |
2 | Alain Levy | 60 | Maire adjoint délégué aux relations internationales | Environ 25 ans |
3 | Thierry Barthe | Artiste dramatique | 45 ans | |
4 | Karine Rachmuhl | 50 | Responsable administrative et RH | 2 mois |
5 | Raphaël Godinot | 50 | Directeur commercial | Militant occasionnel, sans carte |
6 | Maxime Bodson | 25 | Consultant marketing politique et communication | 6 mois |
7 | Bertrand Soubelet | 58 | Directeur de société | 3 ans de manière individuelle et 3 mois en équipe constituée |
8 | Jean-Jacques Moresco | 32 ans | ||
9 | Jeanine Garcia | Depuis toujours mais plus activement depuis qu’elle est retraitée | ||
10 | Jérôme Vion | 44 | Responsable des projets TF1 | 25 ans par intermittence avec des périodes moins actives que d’autres |
11 | Gabrielle L. | 31 | Cadre fonctionnaire | 12 ans |
12 | Jeanne S. | 62 | Cadre assureur | 49 ans |
13 | Romain C. | 26 | Cadre | Moins de 2 ans |
14 | Olivier Rigoni | 50 | Chef d’entreprise et élu local depuis 2008 | 25 ans |
D’après ce tableau, les militants qui ont accepté de répondre à nos questions sont tous des professionnels qui ont suivi des études poussées leur permettant d’occuper des postes supérieurs dans leurs organisations : cadres, directeurs. La plupart d’entre eux (10 sur 14) sont des hommes. Ils sont âgés entre 25 et 60 ans. La durée de leur carrière militante varie entre deux mois et quarante neuf ans. Une d’entre eux (n°9) s’estime avoir toujours milité mais plus particulièrement depuis la retraite. La carrière militante semble dans ce cas, constituer une autre manière pour rester active. Un autre (n°5) n’a pas pu communiquer la durée exacte d’années qu’il a consacré pour le militantisme parce qu’il milite pour une ou pour une autre cause. Il se décrit d’ailleurs comme étant un militant « occasionnel ».
b) Outil : grille d’entretien
Durant les entretiens, des questions ouvertes ont été posées pour laisser s’exprimer les répondants. Pour ce faire, une grille d’entretien a été établie pour reprendre les principaux thèmes d’étude :
- Profil du répondant
- Les motivations des militants
- La définition de la notion de militantisme
- Les stratégies de militantisme
- Les réactions des cibles (les électeurs) quant aux actions militantes
- L’évaluation de l’efficacité des actions militantes
- Les actions à mener pour améliorer le militantisme
- La comparaison de l’environnement du militantisme avec les autres environnements professionnels
- L’organisation des campagnes
Chaque entrevue a été retranscrite.
II. Résultats
- Motivations des répondants pour militer
Tableau 2 : Les raisons motivant le militantisme
N° | Militants | Ancienneté en tant que militant | Motivations |
1 | Hervé Rigolot | 16 mois | Une prise de conscience larvée selon laquelle, notre pays va mal, prise de conscience faite sous l’angle des difficultés que j’ai pu rencontrer à transmettre à mes enfants un patrimoine culturel. Ceci, sous le coup de la crétinisation de l’école et de la mise en danger de la famille, principalement sous ses aspects fiscaux et sociaux. Cette prise de conscience s’est radicalisée pour se transformer en urgence pendant les années précédentes qui a constitué à mes yeux l’incarnation du vide intellectuel et moral de notre époque et le pourrissement des institutions régaliennes au premier rang desquels, figure la Présidence de la République. Les institutions sont vidées de leurs substances par l’affaire Leonarda puis, par les attentats. Dans ce contexte, il m’est apparu comme une obligation que de s’engager en politique pour s’opposer et pour, je l’espère, reconstruire. |
2 | Alain Levy | Près de 25 ans | J’étais parent d’élève. J’étais un parent engagé dans la vie de mes enfants, présent au Conseil d’administration des écoles. Petit à petit, je me suis intéressé aux autres élèves, puis à la vie de l’école. Enfin, de fil en aiguille, au quartier puis à la Cité elle-même. Cela m’a permis de me rapprocher de la Municipalité avec laquelle, j’avais les mêmes idées et la même volonté citoyenne. Je dis bien citoyenne car je n’emploie pas exprès le terme politique. je votais déjà à toutes les élections et je sentais que je ne pouvais pas rester en dehors des grandes questions qui se posaient dans la cité, mais aussi dans notre pays et j’ai rapidement sauté le pas, en devenant militant. |
3 | Thierry Barthe | – | Un engagement familial, puis une prise de conscience politique sur les enjeux de mon avenir |
4 | Karine Rachmuhl | 2 mois | L’amitié pour Bertrand mais aussi l’envie de faire changer les choses dès lors que la situation actuelle ne me convenait pas, ajouté à la prise de conscience qu’elle ne convenait pas à mes enfants non plus. Mais une envie « active » et non plus « passive » comme elle l’était ces derniers temps, la disponibilité « opérationnelle » mais aussi « intellectuelle » à un moment donné par rapport au travail, la vie familiale, etc., la réaction d’une toute jeune indienne primo votante lors des présidentielles qui m’a touché par ses mots « fierté et honneur d’avoir le droit de voter ». Eh oui ! nous avons des droits et des devoirs mais l’oublions facilement dans notre monde un peu blasé. |
5 | Raphaël Godinot | Militant occasionnel | Je m’investis sur des coups de cœur, en fonction du contexte ou des personnes qui peuvent avoir besoin de mon soutien. Ce sont à chaque fois les rencontres avec les représentants de la cause pour laquelle, je décide de m’engager. |
6 | Maxime Bodson | 6 mois | Un projet professionnel |
7 | Bertrand Soubelet | 3 ans de manière individuelle, 3 mois en équipe constituée | Défendre une certaine idée de la société puis, le fait de me présenter aux élections législatives et de faire partager les convictions et les idées auxquelles, je crois. |
8 | Jean-Jacques Moresco | 32 ans | J’ai été élevé dans les valeurs du Gaullisme. Il était donc évident pour moi de porter ces valeurs et de militer afin de les faire connaître. |
9 | Jeanine Garcia | Depuis toujours, mais plus activement depuis que je suis retraitée | Dans ma famille, mes parents, oncles et cousins ont toujours œuvré pour défendre leurs idées. |
10 | Jérôme Vion | 25 ans | Adhésion aux idées, engagements personnels, projets de participer à la vie publique. |
11 | Gabrielle L. | 12 ans | Le fait de défendre des valeurs portées par un candidat ou un parti politique effectivement, parce que j’ai une vision de la société qui est définie. J’ai une façon de voir les choses et j’ai envie de soutenir ces candidats qui portent ces valeurs. Par ailleurs, il y a d’autres aspects très sympathiques qui m’ont séduit dans le militantisme : ce sont les rencontres que l’on peut effectuer, qui partagent les valeurs qui sont les miennes. Nous passons des moments très conviviaux. Il y a l’aspect campagne électorale mais en-dehors de cela, il y a tout le lien social qui permet de créer le militantisme, qui est un aspect bien méconnu des gens en général. |
12 | Jeanne | 49 ans | J’ai commencé à faire de la politique en juin 1968. C’était le Gaullisme. C’est une idée de la France, des valeurs et ces valeurs, il faut les défendre. Il faut savoir prendre des décisions, s’engager et ne pas avoir honte de ses idées d’où le militantisme pour les faire valoir. J’ai toujours les mêmes idées, je n’ai jamais trahi mes idées. |
13 | Romain C. | 1an et 9 mois | Depuis tout jeune, j’avais envie de faire de la politique. j’ai une vision assez positive. Je pense que c’est le moyen le plus concret de pouvoir améliorer le quotidien de la vie des gens. C’est quelque chose qui m’a toujours passionné. Quand j’étais plus jeune, j’étais délégué de classe. Je me suis toujours dit que j’avais l’envie de me dévouer et d’utiliser mon temps pour la communauté. |
14 | Olivier Rigoni | 25 ans | Féru d’histoire, je suis passionné par non institutions, la politique, le passé glorieux de notre pays et le message intemporel que la France doit continuer à véhiculer dans le monde. Pour faire avancer les choses, il faut s’impliquer dans la vie démocratique |
Sept militants sur quatorze ont été motivés par la constatation des situations sociales, économiques et politique de la France aujourd’hui (militant n°1) ou dans le passé (militant n°14). Observateurs, ils ont pris conscience de la nécessité de « pouvoir améliorer le quotidien de la vie des gens » (militant n°13) par leurs actions militantes. Ce sont donc les faits qui ont déclenché la prise de conscience de ces militants puis, par la suite, la nécessité et l’envie de changer la situation pour qu’elle soit plus propice pour la génération actuelle et future. Ce groupe réunit aussi bien les militants qui ont déjà une ancienneté élevée (25 ans) que ceux qui ont intégré récemment les mouvements militants (2 mois).
Quatre militants sur quatorze ont été motivés par des candidats ou des partis politiques en particulier qui leur ont inspiré. Ces partis ou ces candidats sont porteurs de valeurs qu’ils défendent. Dans notre cas, le Gaullisme a été évoqué par deux militants (n°8 et n°12). Pour le reste, ce sont des candidats et les partis politiques auxquels, ils peuvent s’identifier qui ont conduit les deux autres militants à militer. Les militants qui adoptent ces visions sont plutôt ceux qui ont déjà milité pendant un certain temps, entre 12 et 32 ans.
Pour les trois autres, le militantisme est un moyen pour perpétuer la tradition familiale pour « défendre ses idées » (n°9), pour acquérir une place politique notamment, « le fait de me présenter aux élections législatives et de faire partager les convictions et les idées auxquelles, je crois » (n°7), ainsi qu’ « un projet professionnel » (n°6). Dans la plupart des cas donc, ce sont des convictions personnelles construites à partir de la constatation de la situation négative dans laquelle se trouve le pays et la volonté de changer les choses qui motivent les militants à faire leurs gestes. Mais il n’empêche que certains d’entre eux sont plus motivés par des raisons personnelles que collectives pour défendre une cause. Les valeurs et l’identité des partis politiques ou des candidats ont toujours des effets même moindres dans l’échantillon que nous avons étudié.
- Perception du militantisme
Tableau 3 : Les définitions et visions du militantisme évoquées par les militants
N° | Identités | Définitions avancées |
1 | Hervé Rigolot | Actions de terrain et animation de réseaux davantage que par des actions de type voie publique, contact avec les élus mais grande méfiance vis-à-vis de la mécanique partisane qui n’est à mon avis, qu’une machine à fabriquer de l’approbation. |
2 | Alain Levy | C’est croire dans ce que le général De Gaulle disait : « Je me suis toujours fait une certaine idée de la France », mais en partant de la base : la Cité aux sens grecs et romains du terme c’est-à-dire, du quartier, du quotidien et de l’Agora. |
3 | Thierry Barthe | C’est un engagement personnel au service d’une conception idéale de la société, et une façon de se retrouver en groupe pour œuvrer à son accomplissement. |
4 | Karine Rachmuhl | Le militantisme est une « activité » fondée de la volonté de lutter, de s’engager intellectuellement et physiquement pour défendre une cause, une idéologie, un parti… |
5 | Raphaël Godinot | C’est accepter de rejoindre un collectif, engagé pour la promotion d’une cause ou d’un idéal, et d’y trouver une place qui permettra de prendre part activement aux actions qui permettront de susciter de nouvelles adhésions et de faire progresser la cause en question. |
6 | Maxime Bodson | Les actions de terrain permettant d’augmenter la notoriété d’un candidat. |
7 | Bertrand Soubelet | Traditionnellement, c’est un engagement personnel sur le terrain pour défendre et promouvoir une certaine conception de la vie en société et des rapports entre l’Etat et les citoyens. Mais je pense que l’on peut militer autrement que sur la voie publique ou dans des mouvements politiques en défendant des idées par voie médiatique ou de publications. |
8 | Jean-Jacques Moresco | Le militantisme, c’est un engagement qui sert à faire connaître les valeurs que l’on défend. Il n’est pas obligatoirement politique. Il peut être associatif ou religieux, ou pour des causes humanitaires. Il y a plusieurs façons de militer pour défendre des idées ou des valeurs. Ce qui est important, c’est la conviction. |
9 | Jeanine Garcia | Le militantisme est un soutien et une aide à la personne qui représente vos idées et vos valeurs. |
10 | Jérôme Vion | Une manière de participer à la vie de la Nation |
11 | Gabrielle L. | S’il y a un mot qui me vient à l’esprit, c’est le terme d’engagement. Le militantisme c’est avant tout un engagement. Un engagement pour la société, pour le citoyen, et qui peut se manifester de diverses façons : la contribution active sur le terrain dans le cadre de campagnes c’est-à-dire tracter, aller à la rencontre des personnes, coller les affiches des candidats sur les panneaux prévus à cet effet, être présent sur les réseaux sociaux Twitter et autres moyens existants sur Internet. Le militantisme, il y a plusieurs façons à mon sens de le définir. |
12 | Jeanne S. | C’est se battre pour des idées, de façons différentes. On peut le faire de différentes façons : dans la rue, en distribuant des tracts, coller des affiches, participer à des réunions politiques ou animer des réunions politiques, faire passer des messages. Comme dans son milieu professionnel, on n’affiche pas d’étiquette politique mais on peut faire passer des messages. Quand on est un élu local comme je le suis, on écoute la population locale. Ce n’est pas toujours une étiquette politique, mais avoir une action au service des autres. |
13 | Romain C. | Militer, militaire. Quand on regarde l’étymologie du latin militare : « être soldat, faire son service militaire ». C’est exactement cela : être soldat mais par rapport à ses idées et pouvoir les faire progresser au sein de la société. C’est une notion importante le combat. Nous sommes tous des militants et au final, il faudra avoir les meilleurs arguments, les plus pertinents pour pouvoir faire triompher nos idées face aux arguments des autres. C’est vraiment cela le militantisme, c’est cette notion de combat. |
14 | Olivier Rigoni | S’engager pour des idées afin de faire évoluer, progresser nos sociétés vers plus d’humanité. C’est une profession de foi permanente d’idées ou d’actions au service d’une cause. |
En ce qui concerne la perception du militantisme, chaque militant a sa propre vision. Cependant, pour la grande majorité des militants, le militantisme est un engagement. C’est le mot qui a été le plus fréquemment cité pour définir le militantisme. Il a été cité huit fois par les répondants. L’engagement est motivé par différentes raisons politiques, sociales et religieuses. Le mot action a été évoqué trois fois par les répondants pour désigner le militantisme. Il est suivi par le mot animation et les mots combat ou lutte. Le militantisme est donc plus considéré comme étant un engagement à faire quelque chose ou à adhérer à telle ou telles idées avant d’évoquer les actions et les activités permettant de défendre la cause. Cet engagement sert également à se lancer dans une lutte, pour atteindre un « idéal » perçu ou attendu par le militant et ses sympathisants.
L’engagement peut se présenter de différentes manières : le militant peut « s’engager intellectuellement et physiquement pour défendre une cause, une idéologie, un parti… » (n°4). Le militant n°7 soutient et complète cette thèse en avançant que « Traditionnellement, c’est un engagement personnel sur le terrain pour défendre et promouvoir une certaine conception de la vie en société et des rapports entre l’Etat et les citoyens. Mais je pense que l’on peut militer autrement que sur la voie publique ou dans des mouvements politiques en défendant des idées par voie médiatique ou de publications » (n°7). Mais que ce soit un engagement, une activité ou encore une action, ces gestes et comportements visent toujours à atteindre un idéal.
- Moyens de conduite des actions militantes
Tableau 4 : Les différentes actions militantes conduites par les répondants et nombres d’actions recourant aux TIC
N° | Identités | Ancienneté militante | Actions militantes mises en place | Nombre d’actions évoquées |
1 | Hervé Rigolot | 16 mois | Ecoutes de conférences, lectures et retranscriptions des comptes-rendus par mail destinés aux réseaux de militants, animation de cafés politiques pour construire des argumentaires bien davantage que pour essayer de faire redescendre une ligne politique définie en haut. Prise de contact avec des élus afin de les soutenir dans leur travail de législateur par l’envoi de SMS ou d’argumentaire écrits et détaillés. | 5 actions citées dont 2 actions recourant aux TIC |
2 | Alain Levy | Près de 25 ans | Pour militer, il faut beaucoup discuter, expliquer les décisions prises par la Municipalité par exemple et ce, tous les jours, sur tous les fronts, même dans la vie quotidienne en faisant ses courses ou en allant au cinéma par exemple. Discuter, rencontrer, échanger, être à l’écoute des citoyens c’est çà être militant. Pas seulement sur les marchés les périodes d’élection. | 4 actions citées ne recourant pas aux TIC |
3 | Thierry Barthe | 45 ans | D’abord, par des réunions régulières où se définissent les actions et où se peaufinent une argumentation à faire partager avec le reste de la population soit par des réunions publiques et thématiques, soit aujourd’hui par les réseaux sociaux. En période d’élection, sur le terrain, tractage, boîtage, réunion de quartier, d’appartement, rédaction de manifestes, de libellés, de tracts. | 5 actions dont 1 recourant aux TIC |
4 | Karine Rachmuhl | 2 mois | Tractages, réunions, discussion à la volée | 3 actions |
5 | Raphaël Godinot | Militant occasionnel | Tous les moyens sont bons… et outre les moyens traditionnels (affiches, tracts, meetings, porte à porte, etc.), le militantisme peut s’appuyer aujourd’hui sur la force du Digital qui permet facilement d’animer une équipe de militants (emails, pages Facebook, WhatsApp, etc.) et qui ouvrent également de nouveaux canaux de communication pour toucher le plus grand nombre. Le contact humain est primordial, le militant étant en quelque sorte une extension humaine du candidat qui peut ainsi démultiplier ses actions de « séduction » et de « propagande ». | 5 actions dont 1 faisant appel aux TIC |
6 | Maxime Bodson | 6 mois | Les trois catégories principales sont le tractage, le boîtage et le collage d’affiches. Nous avons également mis en place d’autres actions ponctuelles comme un jogging hebdomadaire et des réunions publiques ainsi que des réunions publiques ainsi que des réunions d’appartements et du porte à porte. | 5 actions |
7 | Bertrand Soubelet | 3 ans | Mes premières actions militantes l’ont été par voie de publication de deux ouvrages pour mettre en perspective les difficultés de notre pays et leurs causes. Puis, le prolongement de cette forme de militantisme s’est concrétisé par des actions de contact sur le terrain notamment, tractage, porte à porte, réunions publiques et privées chez des sympathisants. | 4 actions |
8 | Jean-Jacques Moresco | 32 ans | Me concernant, c’est le terrain. C’est le premier contact pour interpeller les gens et que les gens vont murir cet instant, qui aura duré quelques instants. | 1 action |
9 | Jeanine Garcia | Depuis toujours | En tractant ou tout autre action | 1 action |
10 | Jérôme Vion | 25 ans | Apporteur d’idées, en participant à des groupes de réflexion, en apportant du temps opérationnel (collage, tractage, au contact de la population…) | 5 actions |
11 | Gabrielle L. | 12 ans | Plusieurs modes que j’emploie pour militer : parler avec les voisins, les amis, la famille et aussi, aller à la rencontre des électeurs sur terrain, en distribuant des tracts pendant les périodes de campagnes électorales, participer aux campagnes électorales dans une équipe de campagne, contribuer à la définition de stratégies de campagne afin de donner le plus de chance possible à notre candidat de remporter l’élection. | 5 actions |
12 | Jeanne S. | 49 ans | Questions difficile car la civilisation d’aujourd’hui n’est pas celle que j’ai connue lorsque j’étais jeune ! Dans le temps, il y avait beaucoup d’actions de terrain : les distributions de tracts, les collages d’affiches…. A ce jour, on ne peut pas coller des affiches n’importe où, il y a des gens qui ne veulent pas des tracts. Il faut être modéré, avoir le sourire…. Les nouvelles technologies de communication (Twitter, SMS, mails, tous les réseaux sociaux…), il ne faut pas faire de fautes à ce niveau ! il faut savoir réagir très vite. | 2 actions dont 1 faisant appel aux TIC |
13 | Romain C. | 16 mois | Il faut dissocier les actions locales et nationales. Pour les actions locales, on fait beaucoup de porte à porte, des tractages, des collages, un peu moins de réseaux sociaux parce que les personnes n’ont pas toutes une visibilité sur ces réseaux. La grande différence entre ces deux actions sont l’utilisation des réseaux sociaux même si on les utilise quand même, au niveau local mais davantage au niveau national. Les actions militantes sont avant tout les tractages, beaucoup de dialogue avec les gens, être dans l’échange, avenant. | 5 actions dont 1 recourt aux TIC |
14 | Olivier Rigoni | 25 ans | Au sein de mon parti politique et surtout sur le terrain, plus facilement pour moi qui suis élu municipal donc, par l’action politique concrète que j’exerce au quotidien au service de tous les citoyens. | 1 action |
Cinq répondants sur quatorze ont clairement mentionné dans leurs réponses qu’ils recouraient aux TIC pour faire au moins une action militante. Pour le reste, les actions menées sont plutôt du style traditionnel comme les affichages, les tracts, les réunions, la porte à porte, la discussion avec les citoyens dans un espace physique. L’utilisation des TIC évoquée par les répondants correspond à la communication, la transmission d’informations ou de rapports vers un public particulier ou vers un large public. Ces nouvelles technologies ne sont donc pas encore exploitées pour traiter les données concernant les sympathisants, les électeurs chez notre échantillon.
Contrairement à toute attente, l’utilisation des TIC n’intéresse pas uniquement les jeunes militants. Nous voyons dans les propos des répondants que même les militants d’âge avancé estiment que « Les nouvelles technologies de communication (Twitter, SMS, mails, tous les réseaux sociaux…), il ne faut pas faire de fautes à ce niveau ! » (n°12 qui a milité pendant 49 ans). Ses propos sont soutenus par le militant n°3 qui cite ses actions militantes : « D’abord, par des réunions régulières où se définissent les actions et où se peaufinent une argumentation à faire partager avec le reste de la population soit par des réunions publiques et thématiques, soit aujourd’hui par les réseaux sociaux ». Ces deux propos soulignent que les militants ayant fait une carrière dans le militantisme politique sont déjà à l’affût de la possibilité d’exploiter les TIC.
Les jeunes peuvent également recourir aux TIC pour transmettre des informations. Mais nous voyons qu’ils sont plus actifs sur terrain en posant des tracts, en entrant en contact avec le public. Avec cela, nous observons que les militants qui viennent récemment d’intégrer un mouvement militant déploient leurs forces physiques pour attirer les sympathisants à travers les joggings (n°6) ou la publication d’articles (n°7) permettant de sensibiliser les acteurs. Les militants que nous avons rencontrés ne minimisent donc pas l’importance des TIC dans les stratégies de communication, mais ils réalisent plus des actions de terrain.
- Les réactions des électeurs face aux militants qui viennent à leur rencontre sur terrain
Tableau 5 : Appréciation des réactions des électeurs lors des rencontres avec les militants et les méthodes déployées par les militants pour les convaincre à voter pour le candidat qu’ils défendent
N° | Identités | Ancienneté militante | Réactions des militants à leurs égards | Moyens déployés pour convaincre l’électeur |
1 | Hervé Rigolot | 16 mois | Difficile à dire. Beaucoup d’indifférence alternant avec les propos de gens passionnés, jugeant la situation d’ensemble à l’aune de leur cas personnel. | Construire des argumentaires précis en leur démontrant lors des conversations, qu’on connaît le sujet dont on parle, ceci en développant une phrase accroche simple à promouvoir lors des tractages. |
2 | Alain Levy | Près de 25 ans | Ces dernières sont contradictoires et varient en fonction des élections et du contexte. Si elles sont favorables, un mot de remerciement mais aussi d’encouragement est donné. Si elles sont hostiles, soit le contradicteur cherche la discussion et là, c’est toute ma force de convaincre qui entre en jeu. Si c’est une réaction d’humeur et que l’hostilité est agressive, il vaut mieux laisser tomber pour éviter que cela ne s’envenime. | Tous les modes d’actions sont efficaces. D’abord, être à l’écoute des préoccupation des gens, puis discuter de vive voix, convaincre, expliquer et expliquer encore. |
3 | Thierry Barthe | En général, de la bienveillance de la part de la population qui considère que c’est un mal nécessaire pour faire vivre la démocratie. Dans les années 1970, beaucoup plus de violence ou de tension, de pression et d’intimidations de la part des adversaires. Aujourd’hui, c’est beaucoup plus apaisé. | Si on le savait, nous serions vainqueurs à chaque fois. Mais je crois qu’aujourd’hui, moins on en dit, plus on reste dans le flou et plus on a une communication d’image porteuse, mieux cela marche. Etre dans l’idée, dans la proposition concrète n’intéresse personne, à part les militants convaincus. | |
4 | Karine Rachmuhl | 2 mois | Sur un public « non ciblé » (tractage), soit du désintérêt, de l’agacement, du parti pris à l’avance, voire de l’agressivité légère, en général perceptibles via le langage corporel ; soit de la curiosité, de l’ouverture d’esprit, puis de l’intérêt.
Sur un public « ciblé » (réunions), de l’intérêt, de la recherche de réponse, de la sympathie, de la bienveillance, de l’aide et des encouragements. |
La gentillesse, l’écoute pour détecter les leviers possibles d’intérêt de l’électeur, puis la discussion constructive. Et bien sûr, le fait d’être convaincu que les idées défendues sont les bonnes et de disposer des bons éléments de langage pour les développer. Il faut interpeller leur conscience pour déclencher leur curiosité et intérêt. Un peu de fermeté aussi, mais une fermeté bienveillante, pour utiliser les neurones miroirs de son interlocuteur. |
5 | Raphaël Godinot | Militant occasionnel | Les réactions peuvent être variées, mais dans la mesure où l’approche des électeurs est effectuée avec respect, courtoisie et bienveillance, les choses se passent toujours bien. Dans le cas d’une offre pléthorique et sur sollicitation des électeurs, il est important de se différencier et d’avoir un brin d’originalité dans l’approche. | C’est de défendre une cause ou un candidat qui forcera le respect et retiendra l’attention des électeurs grâce à un parcours, des faits, un programme, une vision et une éthique. Soit ce candidat est attaché à un groupe ou parti qui lui apporte la plateforme idéologique et programmatique et il suffira de compléter par les rapports personnels du candidat : charisme, expérience, etc. Soit le candidat n’est pas affilié à un parti et dans ce cas, il s’agit de vendre uniquement les caractéristiques de la personne. Et là, l’exercice est beaucoup plus compliqué et nécessite des actions beaucoup plus ciblées. |
6 | Maxime Bodson | 6 mois | A des réactions très diverses. Evidemment, nous recevons un accueil positif la plupart du temps, mais il arrive quand même que certaines personnes, plus passionnées que d’autres, déclenchent des petites altercations. | Je pense que deux moyens sont les principaux :
– le tractage. C’est ici le véritable nerf de la guerre qui permet de toucher une grande partie de la population. – le porte à porte. Amener le candidat directement à la rencontre des électeurs est toujours très efficace et permet aux citoyens d’échanger avec la personne souhaitant les représenter. |
7 | Bertrand Soubelet | 3 ans | Un accueil plutôt favorable hormis celles et ceux qui ne s’intéressent pas à la politique. De l’indifférence car une partie des citoyens est totalement insensible aux actions de terrain. Parfois, des réactions de rejet occasionnellement virulentes mais plutôt rares. | A ce stade, je ne suis pas sûr que le but du militantisme soit de convaincre les électeurs. Il s’agit en minimum de temps de les amener à réfléchir sur leur éventuelle intention de vote et à influencer leur choix final. Convaincre suppose d’être rationnel, et par une démonstration logique, emporter l’adhésion. Le peu d’expérience en termes de militantisme électoral me fait penser qu’il s’agit avant tout de peser sur la représentation mentale des électeurs pour leur donner l’image rassurante de celui qui va répondre à leurs attentes. |
8 | Jean-Jacques Moresco | 32 ans | Il y a toute sorte de gens. Ceux qui sont intéressés, ceux qui ne sont pas intéressés, et ceux qui vous insultent. Cela arrive aussi ! La majorité des gens écoutent et certains viennent me voir pour obtenir des renseignements. Il y a aussi les gens qui nous encouragent et ceux qui nous félicitent. Un encouragement à ne pas négliger. | La communication et la conviction sont les seuls moyens avec le sourire. Accoster une personne est simple. Il ne faut pas être timide et interpeller franchement une personne avec une voix audible sans timidité. En principe, les gens manifestent, soit un intérêt, soit un recule de désapprobation. |
9 | Jeanine Garcia | Depuis toujours | Il faut s’attendre à tout et rester zen en toute circonstance. Il y a les insultes, les incompréhensions, mais aussi les remerciements d’électeurs qui ne peuvent apporter leur participation à la campagne. | Les rencontres directes avec les électeurs. |
10 | Jérôme Vion | 25 ans | Tout type de réactions : des plus réfractaires aux plus accueillants, tous sont représentés. Le cas le plus fréquent dans le contact immédiat : l’indifférence. | Le dialogue, le contact face à face, aller au-devant de l’autre. |
11 | Gabrielle L. | 12 ans | Cela dépend. Il y a des côtés positifs et parfois, moins positifs. Les moments positifs sont lorsque les gens viennent nous voir pour nous soutenir : « Celui-ci, c’est le bon candidat. C’est pour lui que je vais voter ». Naturellement, c’est un encouragement qui ne peut que nous renforcer dans notre action. Mais parallèlement, il y a des gens qui ont une position totalement inverse : insultes, qui n’adhèrent pas du tout aux idées portées par le candidat ou la liste défendue, réactions surprenantes. Nous ne sommes jamais seuls. Il y a aussi l’environnement des autres candidats des différents partis. Parfois, cela se passe bien et de temps à autre, cela se passe moins bien. Tout dépend à qui nous avons à faire à ce moment précis. | Aller à leur rencontre, les rencontrer physiquement et pouvoir répondre à leurs questions en face à face. Etre un interlocuteur privilégié pour les éclairer sur le choix qu’ils auront à faire pour le jour du scrutin. En sachant qu’une campagne électorale se mène sur tous les fronts, aux abords des marchés, aux points de ralliements, où se trouve un passage important par exemple, une gare de forte desserte en transports en commun. Et aussi, tous les réseaux sociaux qui sont très importants et qu’il ne fait pas négliger par ailleurs. |
12 | Jeanne S. | 49 ans | Des personnes ne sont pas intéressées par la politique ou ne veulent pas le montrer, l’indifférence. Des personnes qui ne partagent pas nos idées. Certains vont le dire agressivement et d’autres avec le sourire. A titre personnel, j’ai dîné il y a quinze jours avec deux personnes du parti adverse de manière très sympathique. On se tutoie et ça se passe très bien, en bonne intelligence. Des personnes partagent nos idées et peuvent avoir des questions sur la politique nationale ou locale (les projets). Il faut savoir répondre de manière posée, argumentée, donner une impression de sérieux et de crédibilité. | Le sourire, parce que le contact que l’on a avec le citoyen, c’est le sourire. Celui qui fait une tête d’enterrement ou agresse, ne convaincre jamais. La politesse et on répond aux questions. En général, nous sommes bien reçus. |
13 | Romain C. | 16 mois | Il y a deux types de réactions. Nous avons toujours des électeurs en tant que jeunes, qui sont conscients de ce que l’on fait, une réaction positive des gens, qui nous complimentent et qui valorisent l’action militante. C’est agréable. Le deuxième type de réaction est que certains citoyens ne font pas la différence entre le candidat que l’on représente en tant que militant et le militant. Et de ce fait, on se retrouve avec la réflexion : « Oh non ! surtout pas lui ! » Cela revient régulièrement. Ils formulent quelque chose contre nous même si cela est tourné vers le candidat. Ils ont une sorte d’agressivité qui se dirige vers nous. Je trouve cela dommage car, nous essayons de faire évoluer les idées, de changer la société en portant nos valeurs. Ces personnes n’ont pas de gratitude pour ce que l’on peut faire même si on ne partage pas les mêmes idées. | Au niveau national, ce sont les médias. On sort d’une primaire, on sort d’une présidentielle. J’ai constaté que toutes les actions que j’ai pu mener n’ont pas entraîné un score extraordinaire des candidats que j’ai soutenu dans ma ville, alors que nous avons effectué du tractage, du porte à porter. Il le faisait chaque soir. Elle a fait un nombre incroyable de porters et c’est ainsi qu’elle s’est fait connaître, en se présentant et réussir à convaincre. J’ai toujours cette expérience en tête. Ce qui fait gagner, c’est le fait d’être connu. C’est une humilité qui passe bien au sein des électeurs. « Bonjour, je me présente, je suis candidate pour… » et les électeurs aiment cette forme d’humilité. C’est la différence pour moi au niveau local. |
14 | Olivier Rigoni | 25 ans | Positive presque toujours. J’aime discuter pour convaincre, fédérer. J’accepte largement les idées différentes des miennes. | Toujours trouver des points de consensus et aussi des points de désaccords qui permettent d’établir un espace pour discuter. |
Dans la majorité des cas, en allant sur terrain, les militants se trouvent confrontés à différentes sortes de réactions de la part des électeurs allant du remerciement, d’un accueil chaleureux et d’encouragement, jusqu’à l’indifférence, aux insultes voire même au rejet spontané. C’est le militant n°10 qui parvient à décrire dans ses propos les réactions des électeurs qui rencontrent les militants : « Tout type de réactions : des plus réfractaires aux plus accueillants, tous sont représentés. Le cas le plus fréquent dans le contact immédiat : l’indifférence ».
Cinq répondants sur quatorze rapportent que dans la plupart des cas, les accueils sont plutôt positifs. Quelques stratégies et critères sont néanmoins nécessaires pour obtenir la sympathie des électeurs comme le montrent le militant répondant n°14 qui affirme que l’accueil est «Positive presque toujours. J’aime discuter pour convaincre, fédérer. J’accepte largement les idées différentes des miennes ». Cela pourrait plus refléter l’ouverture d’esprit envers les propos de ses interlocuteurs pour permettre une bonne discussion. Selon le militant n°5, « Les réactions peuvent être variées, mais dans la mesure où l’approche des électeurs est effectuée avec respect, courtoisie et bienveillance, les choses se passent toujours bien. Dans le cas d’une offre pléthorique et sur sollicitation des électeurs, il est important de se différencier et d’avoir un brin d’originalité dans l’approche ». Ce propos du militant suppose que c’est la capacité relationnelle du militant qui est à la base de son influence sur l’électeur. Il encourage le militant à faire preuve de respect et de courtoisie ainsi que de bienveillance pour que l’électeur adhère à sa cause.
Pour les neuf autres répondants, les accueils des électeurs sont plutôt négatifs ou tout au moins, il existe un équilibre entre l’accueil positif et négatif. Cela peut provenir du fait que l’électeur approché a un préjugé négatif du candidat et le rejette sur les militants qui le représentent comme le dit le militant n°13 : « Le deuxième type de réaction est que certains citoyens ne font pas la différence entre le candidat que l’on représente en tant que militant et le militant. Et de ce fait, on se retrouve avec la réflexion : « Oh non ! surtout pas lui ! » Cela revient régulièrement. Ils formulent quelque chose contre nous même si cela est tourné vers le candidat. Ils ont une sorte d’agressivité qui se dirige vers nous ».
Selon la militante n°12, les réactions négatives proviennent du manque d’intérêt pour la politique car elle a affirmé : « Des personnes ne sont pas intéressées par la politique ou ne veulent pas le montrer, l’indifférence ». Pour la militante n°11, cela provient du fait que « il y a des gens qui ont une position totalement inverse : insultes, qui n’adhèrent pas du tout aux idées portées par le candidat ou la liste défendue, réactions surprenantes ». En d’autres termes, lorsque les électeurs ont des visions très différentes par rapport à la vision, valeurs et principes véhiculées par un candidat à l’élection, le rejet des électeurs est spontané.
Les répondants ont de manière directe ou non fait allusion à la nécessité de rencontrer physiquement l’électeur afin de lancer une discussion, d’avancer des arguments et convaincre les électeurs. Neuf répondants sur quatorze ont précisément souligné la nécessité d’entrer en contact avec les électeurs pour les convaincre lors des campagnes électorales. Les rencontres physiques sont privilégiées ici par rapport aux rencontres virtuelles qui ont été évoquées par la répondante n°11.
Néanmoins, le militant n°5 a évoqué la personnalité du candidat ou de la pertinence ou encore de la légitimité des valeurs mise à l’avant par le candidat pour convaincre les électeurs comme il le dit lui-même : « C’est de défendre une cause ou un candidat qui forcera le respect et retiendra l’attention des électeurs grâce à un parcours, des faits, un programme, une vision et une éthique. Soit ce candidat est attaché à un groupe ou parti qui lui apporte la plateforme idéologique et programmatique et il suffira de compléter par les rapports personnels du candidat : charisme, expérience, etc. ». Autrement dit, ce ne sont pas les actions militantes en elles-mêmes qui arrivent à convaincre les électeurs, mais c’est bien le programme et le candidat qui convainquent à l’avance l’électorat. Pour le militant n°3, l’efficacité des stratégies de communication des militants repose principalement sur leur capacité à susciter la curiosité de l’électorat, à l’amener à connaître et à mieux comprendre le candidat en ne dévoilant qu’une partie seulement de sa personnalité et de ce qu’il fait : « Mais je crois qu’aujourd’hui, moins on en dit, plus on reste dans le flou et plus on a une communication d’image porteuse, mieux cela marche. Etre dans l’idée, dans la proposition concrète n’intéresse personne, à part les militants convaincus ».
- Les modes de militantisme à développer à l’avenir
Tableau 6 : Les modes de militantisme qui méritent d’être améliorés et les nouveaux modes à développer
N° | Identité | Les modes de militantisme actuel à développer | Les nouveaux modes de militantisme pouvant être utilisés à l’avenir |
1 | Hervé Rigolot | Exploitation des réseaux sociaux et diffusion d’argumentaires, des messages sur Internet et d’initiatives qui soient de nature à faire le buzz sur les réseaux sociaux (footing du candidat, tractages limités à la promotion d’un évènement de proximité (réunion publique) bien plus qu’à celle d’un candidat et de son programme. | Construction de chèques thématiques sur Youtube, porte à porte, phoning |
2 | Alain Levy | Sans aucun doute, les réseaux sociaux. Etre sur le marché oui, mais on va à la rencontre des gens et parfois, on les interpelle, on les dérange. Idem pour le porte à porte. Le réseau social, le citoyen se branche spontanément sur ce dernier. Il fait lui-même sa démarche. | Le militantisme par Webcam en prenant directement contact avec l’électeur : les conférences Web par exemple. Cela a l’avantage d’être interactif ou non, à la demande du citoyen qui est en contact direct. |
3 | Thierry Barthe | Les réseaux sociaux | Créer des chaines de relais sur le net, acheter des journaux d’opinions, engager des attachés de presse compétents. Vendre un parti, un mouvement comme une marque de soda ou de lessive. Pour quelles raisons ? parce que le débat d’idées basée sur un clivage gauche droite ayant été dévoyé par une classe dirigeante plus préoccupé de son profit que de l’intérêt commun, la politique devient un produit comme un autre. |
4 | Karine Rachmuhl | Je n’ai pas expérimenté beaucoup de modes de militantisme… mais l’information directe par le biais du tractage et des réunions publiques me semblent adaptés aux personnes de plus de 35 – 40 ans, voire plus. | La société évolue et devient de plus en plus connectée, technologique. Les jeunes générations ont les doigts greffées sur les claviers (smartphones, tablettes, écrans divers) et accros aux réseaux. Une forme de militantisme à développer pourrait passer par la vidéo, l’animation des réseaux sociaux par des community managers militants afin d’augmenter les nombres de followers intéressés par la cause étudiée. |
5 | Raphaël Godinot | A l’ère du digital, on peut se demander s’il n’y aurait pas une alternative à la distribution des tracts ? | Le militantisme de demain sera je pense, à l’image de ce qu’a fait En marche ces 12 derniers mois. Un bon équilibre entre les actions terrains, humaines et l’utilisation de la communication et du marketing digital. |
6 | Maxime Bodson | Je pense que le boîtage est très faiblement efficace. Il en va de même pour le mailing. | Le militantisme autour du sport (comme dans le cadre d’un jogging) me semble être une piste intéressante à développer. En effet, retrouver les gens autours de leur passion permet de les toucher de manière plus efficace. |
7 | Bertrand Soubelet | Les actions militantes les plus visibles sont celles qui consistent à distribuer au grand public le projet considéré en général sous forme de papier. C’est peut-être sur le support qu’il faudrait réfléchir. La présence en nombre sur le terrain est déjà pour l’électeur une information en termes de crédibilité (organisation, nombre et savoir être des militants). Mais il faut être innovant et surprendre le citoyen. Nous avons pratiqué un tractage sous forme de footing qui a été très bien accueilli. On peut imaginer aussi sur des points d’informations spontanés sur des lieux de passage avec un moyen d’expression original du style voiture aménagé avec un écran et une vidéo de présentation du candidat. | La difficulté qui se pose aujourd’hui est que les citoyens sont très sollicités en termes d’informations. Elles leur parviennent sous toutes formes et ils bénéficient d’un grand choix. Ils sont donc à la fois blasés et moins réceptifs mais ils maîtrisent le flux à partir de leurs bureaux ou de leurs salons. Dans ce contexte, toutes les formes de militantisme sur la voie publique peuvent être considérées comme intrusives car le militant s’impose à celui ou celle qu’il rencontre. Dès lors, le militantisme risque d’être supplanté par les actions de communication ciblées sur les réseaux sociaux et Internet en particulier alors même que le contact des militants avec les électeurs est essentiel car, il permet d’incarner des idées ou un projet politique. mais les formes de militantisme qui verront le jour seront articulées autour des réseaux sociaux avec les jeunes générations. |
8 | Jean-Jacques Moresco | L’humanitaire est l’un des plus importants. Il y a aussi l’associatif mais l’humanitaire est le plus important à mes yeux. | Toutes les causes sont bonnes pour militer. Elles sont déjà très nombreuses, diverses et variées. La communication que nous avons avec les réseaux sociaux permettent de véhiculer toute sorte de militantisme à une vitesse phénoménale. |
9 | Jeanine Garcia | Organiser les rencontres en petite comité : bars, restaurants, libraires… | Chaque militant devrait réunir ses proches, amis, voisins pour présenter les idées majeures du candidat. |
10 | Jérôme Vion | La dialectique, l’approche, la présentation en vue d’améliorer le contact direct. | Le digital avec des applications de plus en plus direct, la vidéo à travers le digital. Pourquoi ne pas développer la vidéo en direct ? |
11 | Gabrielle L. | Il n’y a pas à mon sens de recette miracle par rapport à ce qui est déjà développé. Dans le contexte actuel, il y a de moins en moins de militants sur le terrain contrairement à ce qui était dans le cas au début de la cinquième République et même plus récemment. Ce qu’il faut, c’est une présence nombreuse sur le terrain. C’est cela qu’il faut renforcer : être nombreux sur le terrain, car cela contribue à une image du candidat qui est fortement soutenu. Les modes qui peuvent être développés sont sportifs comme certains candidats ont effectué, faire du footing au travers d’un territoire déterminé, le territoire de l’élection naturellement, ou trouver des moyens différents, en dehors de tracts, qu’est-ce qui pourrait être distribué ?… | C’est difficile car à ce stade, il y a beaucoup de choses qui sont faites. Cela se tournera autour de nouveaux modes de technologies. |
12 | Jeanne S. | Tous, mais pas par les mêmes personnes. Il y a des militants sur le marché à distribuer des tracts sont très déficients. On ne sait pas pourquoi mais ils battent des records dans les distributions de tracts. D’autres préfèrent le boitage : distribuer les tracts dans les boîtes aux lettres, c’est moins fatigant…. Tous les messages mails ou SMS explicites. Il y a les collages. Il faut que les panneaux électoraux officiels soient entretenus. Le militantisme, il n’y a pas une forme. C’est un ensemble de formes qui s’additionnent pour convaincre différentes tranches de populations…. Lors des dernières élections municipales, nous avions tous des coupe-vent blancs avec le nom du candidat et la ville inscrit dessus. Nous n’avions même pas besoin de forcer pour donner les tracts, les gens en avaient assez de recevoir des papiers, et ceux qui voulaient parler, ils posaient des questions. Ils voulaient discuter avec nous et nous étions repérables…. A chaque militant sa spécialité | La course, le footing, le cyclisme autour du militantisme avec le candidat et en portant un tee-shirt au nom du candidat, parcourir un secteur bien défini, stratégique, autour des commerces etc. donnent une forme de dynamisme. Il faut vraiment varier afin que tout le monde soit approché. |
13 | Romain C. | J’aime beaucoup le porte à porte mais çà peut être frustrant si les portes ne s’ouvrent pas. Lors d’une campagne, nous avions une base de données de personnes inscrites. Nous pouvions aller plus facilement à l’encontre de ces personnes. En sachant que les fichiers ne sont jamais à jour et qu’il y a la protection privée des personnes. Il faudrait améliorer ce type de base de données, ce serait l’idéal pour effectuer le porte à porte de manière efficace. | Ce que l’on peut faire, c’est de mettre à disposition de nouveaux outils. Mais il y a de plus en plus d’hologrammes, de Facebook live (pour parler directement aux candidats), nous en avions beaucoup durant les législatives. Ce qui m’a véritablement plu, c’est la campagne d’un candidat qui a effectué des joggings. Il communiquait autour sur les réseaux sociaux et j’ai trouvé cela original, avec le parcours qui était suivi et çà permettait d’allier l’utile à l’agréable le concernant et d’aller à l’encontre des électeurs tout en sachant où ils devaient se rendre pour pouvoir échanger avec le candidat. Même si ce n’est pas un concept novateur, c’est quand même quelque chose qui est assez sympathique et qui a même été repris par d’autres candidats. Au final, c’était une très bonne idée. |
14 | Olivier Rigoni | Les réseaux sociaux, les nouvelles technologies | D’une manière générale, notre veille politique ne laisse pas assez de place aux jeunes qui, eux, savent pourtant ce qui pourrait être intelligemment utilisé. Donc, demandez plutôt aux véritables jeunes. |
Huit personnes sur quatorze pensent qu’il est intéressant de développer les TIC notamment, les mailings, les réseaux sociaux, etc. Les nouvelles technologies permettraient alors de faciliter les modes d’actions classiques des militants comme la distribution de tracts. Pour le reste, les actions militantes à développer sont de l’ordre de l’humanitaire, les rencontres avec les électeurs, les réunions publiques, mais en veillant à ce qu’elles deviennent plus dynamiques et plus modernes, plus originales à travers les footings par exemple ou les joggings, le sport. Mais en tout cas, la vision du militantisme de demain donne une image d’une forme de mobilisation autour du réseau social avec des proportions inégales en fonction du répondant. Certains pensent à un équilibre entre les actions de terrain et les actions digitales, d’autres pensent à plus de digital que de terrain et enfin, d’autres optent pour plus d’actions terrain que d’actions digitales. En tout cas, le militantisme de demain fait intervenir le digital.
- Stratégies de campagnes électorales
Tableau 7 : L’organisation des campagnes électorales par les répondants
N° | Identité | Ancienneté | Organisation des campagnes |
1 | Hervé Rigolot | 16 mois | 1. organisation interne : Nous avons constitué des thématiques sociétés civiles avec un directeur, un animateur (moi), une petite main et différents contributeurs spécialisés sur les sujets liés… de façon à construire le programme, aller plus loin dans le détail, répondre aux questions, préparer les ripostes, diffuser des communiqués de presse, animer les réunions publiques. A la base, plusieurs outils informatiques comme une carte Gmail enchâssée dans le site du candidat et permettant à tout le monde … de démarrer son comité Famille avec le candidat à côté de chez lui et d’y inviter ses copains et relations. Une adresse mail spécifique a été attribuée à chacun de façon à échanger en toute étanchéité. Des pages Twitter et Facebook étaient également créées (ou pas) à l’initiative de chacun de ces comités, ainsi qu’un compte webinaire pour parler via une conférence collective.
2. animation : De cette façon, nous avons pu créer 85 comités locaux Famille avec le candidat qui faisaient l’objet de l’animation suivante par envoi de mails, conférences, diffusion de nos comptes rendus et prise en compte de toutes leurs demandes de clarification autour du programme Famille du candidat. 3. réunions publiques et messages : L’idée était que le référent local du comité puisse se rapprocher de l’autorité politique locale du comité de soutien au candidat afin de proposer une réunion publique…. Les orateurs nationaux : le directeur (moi ou certains contributeurs) venaient, faisaient le speech, répondaient aux questions et tout le monde était content…. On est resté assez société civile. On s’est assez peu appuyé sur certains militants car ceux-ci ont quand même été assez mal mobilisés sur le terrain par les grands élus locaux dont beaucoup se sont refusé à faire le job. Seuls, les gens d’un certain parti se sont impliqués de façon efficace et très sympathique. A chaque réunion publique, il y avait un communiqué de presse adressé au journal local et les réunions avaient la tournure suivante : introduction par le responsable local du comité, détail du programme famille du candidat, illustration locale par un élu du coin… mot de conclusion par le candidat aux législatives…. A l’issue, on publiait les photos ou vidéos de ces réunions sur les pages Facebook de ces comités. |
2 | Alain Levy | Près de 25 ans | Organiser moi-même une campagne, non, mais par contre, prendre un secteur de la campagne en charge (tractage, collage d’affiches, administratifs) oui. |
3 | Thierry Barthe | Organiser une campagne ne se fait pas seul. J’ai participé à plusieurs campagnes et me suis présenté cinq fois soit à la candidature soit directement comme candidat. | |
4 | Karine Rachmuhl | 2 mois | Tractage, boitage, réunions d’appartements, réunions publiques, visites de commerçants avec affiches et tracts, participations aux comités stratégiques, organisationnels… |
5 | Raphaël Godinot | Militant occasionnel | J’ai aidé un directeur de campagne pour la coordination et l’animation des actions locales et terrain (tractage, boitage, porte à porte, collage, réunion appartement, meeting public par le biais d’un groupe de militants motivés relié par un WhatsApp, des supports types réseaux sociaux dédiés (Facebook, Twitter), des actions classiques, des idées originales : l’opération footing du député tous les samedis matins, la remise au goût du jour de l’homme sandwich. |
6 | Maxime Bodson | 6 mois | Oui, directeur de campagne. Pas d’outils particuliers. La base du volontariat, l’élan créé autour de nous qui nous a permis de pouvoir subvenir à nos besoins militants. |
7 | Bertrand Soubelet | 3 ans | J’ai organisé la totalité d’une campagne législative en choisissant une équipe de conception, une agence de communication, un directeur de campagne. Il a fallu trouver des équipes avec les proches dans un premier temps puis, des militants qui ont rejoint le projet par choix personnel. Les maîtres mots ont été proximité, innovation et présence sur le terrain. Trois types d’actions : collage, tractage, boitage et à la marge, porte à porte. Des réunions publiques dont l’intérêt s’avère relatif et une grande présence sur les réseaux sociaux : Facebook et Twitter. Les réseaux sociaux sont essentiels pour deux raisons : contribuer à la notoriété du candidat, permettre l’organisation des actions de terrain avec une grande réactivité. |
7 | Jean-Jacques Moresco | 32 ans | Je me charge plutôt de l’organisation sur le terrain pendant que nous militons. Le contact est important et faire remonter ce que dit le terrain peut modifier un peu la campagne. Tous les moyens sont bons : informatique, téléphone, verbalement. Il suffit d’employer la bonne manière, au bon moment. |
9 | Jeanine Garcia | Depuis toujours | Les électeurs ont besoin d’une proximité immédiate. |
10 | Jérôme Vion | 25 ans | 1993 : responsable de communication des jeunes d’un parti pour les législatives. Je bénéficiais de tous les moyens nécessaires d’un grand parti ; 1995 : comité stratégique pour une liste aux municipales, organisation du terrain ; 2017 : comité stratégique pour un candidat aux législatives : réfléchir et participer aux différentes orientations |
11 | Gabrielle L. | 12 ans | Participation à l’organisation de cafés politiques qui est un moyen de communication convivial de réunir les militants |
12 | Jeanne S. | 49 ans | – |
13 | Romain C. | 16 mois | Pendant les primaires, j’étais le référent d’un candidat au sein de ma ville…. J’ai organisé le tractage, nous sommes partis de rien. De ce fait, il a fallu réunir une équipe de militants, … Le socle des militants s’est renforcé et ensuite, nous avons fait la campagne du candidat sorti de ces primaires. Nous étions entre jeunes et cela a permis de passer d’excellents moments ensemble. Avec WhatsApp, on s’informe en boucle et cela permet d’avoir des informations rapidement. On l’utilise beaucoup entre nous notamment, sur l’actualité de la ville. On maintient le lien de rapprocher les rapports et de faire contribuer chacun. Nous sommes en lien constant avec tous les jeunes responsables du département…. C’est un outil efficace pour pouvoir communiquer en temps réel, voir les statuts. |
14 | Olivier Rigoni | 25 ans | Organisé non, participé oui, de nombreuses fois. Toutes les élections depuis 15 ans locales et nationales, élections internes de mon parti politique via le phoning, tractage, réunions d’appartement, manifestations militantes, réunions publiques. |
Dans la plupart des cas, les militants électoraux adoptent les méthodes classiques pour organiser ou participer aux campagnes électorales : phoning, manifestations militantes, hommes sandwich, réunions et rencontres avec le candidat, affichage, boitage. Les TIC sont uniquement utilisées pour transmettre des informations en temps réels et plus rapidement. Les militants étant connectés, ils peuvent prendre la décision plus rapidement et plus efficacement aussi.
III. Discussion
Les militants actuels militent pour des causes qu’ils jugent justes. Ce sont des causes multiples qu’ils cherchent à défendre dans la majorité des cas, que de valeurs ou des causes portées par des candidats ou des partis politiques. Même aujourd’hui encore, il existe des militants qui militent non pas pour de nombreuses causes, mais pour celles défendues par un seul candidat ou par un seul parti. Mais ce comportement est plus observé chez les anciennes générations. Cela pourrait refléter l’évolution qu’il y a entre la perception des jeunes et des moins jeunes militants. La constatation selon laquelle, les militants d’aujourd’hui sont des militants de nombreuses causes est en adéquation avec notre revue de littérature et plus particulièrement, avec le profil des nouveaux militants que nous avons déjà dressé dans notre revue de littérature.
Par ailleurs, nous pouvons constater que c’est la société elle-même qui semble être intéressée par de nombreuses causes plutôt que par un candidat en particulier. Et pourtant, nous pouvons supposer que le militant ne va pas s’engager à moins que les valeurs véhiculées par le candidat ne soient en adéquation avec ses idéaux et ses propres valeurs, et qu’il ne puisse s’identifier à celui-ci. Nous pensons de ce fait, que pour réussir leurs actions de communication envers l’électorat, les militants doivent bien être convaincus des valeurs portées par le candidat ou par le parti auquel, il appartient. Des efforts sont donc nécessaires pour recruter les militants convaincus ainsi que des militants qui sont aptes à transmettre les valeurs défendues par le parti ou par le candidat lui-même. Mais cela demande beaucoup d’efforts.
En ce qui concerne l’utilisation des TIC lors des campagnes électorales, les TIC sont sous-exploités par les militants en France. Les militants se tournent plus vers les modes d’actions classiques que vers les actions modernes de militantisme. Les militants ayant fait du militantisme pendant plusieurs années tendent plus à exploiter les TIC que ceux qui ont intégré le mouvement depuis peu. L’utilisation des TIC par les militants français est très différente de ce qui est observée dans d’autres pays et notamment, des Etats-Unis à partir duquel pourtant, la France s’est inspirée pour la campagne de François Hollande. Alors que les Américains font du porte à porte et établissent un contenu ciblé sur Internet, en France, les militants restent cantonnés aux pratiques traditionnelles qui ont déjà fait leurs preuves dans le passé et qui continuent toujours de faire ses preuves actuellement.
Malgré la mise en œuvre en 2012, durant la campagne de François Hollande de TousHollande.fr, les actions militantes ne changent pas beaucoup. Par ailleurs, le fait de calquer le modèle américain en France ne pouvait pas réussir car l’attitude des militants et de l’électorat en France est différente de celle en Amérique[24]. Les propos tenus par nos répondants semblent plus placer les actions digitales comme étant des démarches à mettre en place et à développer à l’avenir et non pas comme des actions utilisées actuellement et qui portent leurs fruits. Il est probable alors qu’il existe encore un long chemin à faire pour que l’exploitation des TIC en France apporte ses fruits.
Malgré le développement des TIC, ce sont les contacts physiques, les face à face, les portes à portes et les discussions à vive voix entre le militant et l’électeur qui permet de convaincre celui-ci. Nous pouvons constater que les répondants même s’ils n’ont pas organisé directement des campagnes électorales, nombre d’entre eux, ont déjà contribué d’une manière ou d’une autre à militer pour faire voter un candidat ou un parti politique. Les TIC notamment, les réseaux sociaux sont devenus des outils incontournables pour faire circuler des informations importantes entre les militants, mais également entre le militant et l’électorat. Mais lorsqu’il s’agit de convaincre l’électorat, il semblerait que le contact physique reste le plus important pour approcher et convaincre.
Certains répondants estiment qu’il n’existe pas de meilleurs moyens permettant de convaincre les électeurs sur la pertinence de voter pour un candidat en particulier que de les convaincre de la fiabilité de celui-ci. Cette démarche peut se faire à travers des modes classiques de militantisme qui font des manifestations dans les rues. De cette façon, l’électorat peut déjà être en alerte lorsqu’il voit un grand nombre de personnes qui ont répondu aux invitations des militants et du candidat.
Ceci pourrait s’expliquer par le fait que la discussion sur la Toile comporte de nombreuses différences avec la discussion qui a lieu dans un espace physique. Dans ce dernier cas, il existe de la convivialité parce qu’en général, les personnes qui discutent se connaissent. Ce sont des amis, des membres de la famille, des collègues de travail, etc. Cette convivialité n’est pas retrouvée chez les « amis » rencontrés sur Internet. S’ils sont désignés par le terme « amis », ceux-ci restent de parfaits inconnus dans le monde réel (Flichy, 2010 : 620). Par ailleurs, les rencontres physiques permettent aux électeurs d’évaluer leurs relations avec les candidats et les partis, ce qui constitue une caractéristique importante lors de la prise de décision (Combes, 2009 : 151).
Ces différents faits tendent à montrer qu’il existe encore certaines barrières à l’exploitation des TIC durant les campagnes électorales en France et que ces outils peinent à mobiliser les militants. Certes, leur omniprésence dans la société actuelle démontre qu’ils sont incontournables pour les stratégies des militants électoraux de demain. Mais il existe encore un long chemin à faire pour cela. Les propos de nos répondants ont fait ressortir les comportements des électeurs français : encore très attachés aux relations, aux rencontres physiques plutôt qu’aux discussions et aux messages, ou encore aux Twitts envoyés sur les réseaux sociaux.
Dans ce cadre, il serait plus efficace d’employer les méthodes ayant déjà fait leurs preuves dans le passé comme l’ont déjà confirmé par ailleurs les différents répondants. D’ailleurs, la répondante n°11 l’a dit : « Il n’y a pas à mon sens de recette miracle par rapport à ce qui est déjà développé. Dans le contexte actuel, il y a de moins en moins de militants sur le terrain contrairement à ce qui était dans le cas au début de la cinquième République et même plus récemment. Ce qu’il faut, c’est une présence nombreuse sur le terrain. C’est cela qu’il faut renforcer : être nombreux sur le terrain, car cela contribue à une image du candidat qui est fortement soutenu. Les modes qui peuvent être développés sont sportifs comme certains candidats ont effectué, faire du footing au travers d’un territoire déterminé, le territoire de l’élection naturellement, ou trouver des moyens différents, en dehors de tracts, qu’est-ce qui pourrait être distribué ?… » En ce sens, il semble plus adéquat de faire plusieurs actions en parallèle aussi bien sur terrain qu’en ligne afin de convaincre les électeurs.
Conclusion
La révolution numérique est à l’origine de nombreux bouleversements dans le paysage politique, notamment, dans la manière avec laquelle, les citoyens appréhendent leurs responsabilités citoyennes. En favorisant la liberté d’expression, elle a permis l’émergence d’une forme de démocratie participative en ligne, marquée par un militantisme chez soi. La société elle-même, s’est individualisée, ne laissant pas de ce fait, beaucoup de place pour les actions collectives. Le militantisme lui aussi, a connu une évolution notable marquée ces dernières années par l’émergence du cybermilitantisme. Mais si cette action a été fortement exploitée lors des campagnes présidentielles de Barack Obama aux Etats-Unis, il n’en est pas de même en France.
Les militants et l’électorat français tendent à favoriser les rencontres et les contacts physiques pour pouvoir convaincre et pour pouvoir prendre la décision. Les modes classiques de militantisme sont encore très efficaces en France et le digital ne semble être utilisé que très faiblement. L’aspect relationnel et le côté humanitaire des stratégies déployées lors des campagnes électorales tiennent ainsi, un rôle prépondérant. En tant qu’outils incontournables pour les générations futures, les TIC sont à intégrer dans les procédures de persuasion des électeurs par les militants. Néanmoins, cet outil devrait être adapté au profil des électeurs français et être maîtrisés par les militants pour qu’il soit efficace. Les rôles des militants restent les mêmes, seuls, les outils changent ou évoluent.
Cette étude nous a permis de montrer l’évolution du militantisme au fil des années et les rôles joués par l’émergence du digital dans son processus d’évolution. Elle a permis entre autres de caractériser les stratégies mises en place par les militants français lors des campagnes électorales ainsi que leurs visions quant à l’avenir du militantisme électoral. Cependant, notre étude comporte des limites. Elle n’a pas permis d’analyser la perception des électeurs face aux stratégies mises en place par les militants durant les campagnes électorales. Et pourtant, la confrontation entre les points de vue des militants qui cherchent à cibler les électeurs et les perceptions de ceux-ci semble intéressante. Par ailleurs, nous n’avons pas pu quantifier les impacts des différentes stratégies militantes sur la décision des électeurs. Cela ouvre donc la voie à une étude quantitative dont le but est de compléter cette analyse qualitative par une analyse quantitative.
Références bibliographiques
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- Gavard-Perret, M-L., Gotteland, D., Haon, C. et Jolibert, A. 2012. Méthodologie de la recherche en sciences de gestion : Réussir son mémoire ou sa thèse. 2ème éd. Pearson France, Montreuil, 415p.
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Annexes
INTERVIEW 1 le 22 juin 2017
LE MILITANTISME DE TERRAIN : PILIER POUR LA COMMUNICATION POLITIQUE
Hervé RIGOLOT, 45 ans, Responsable informatique
- Depuis combien de temps militez-vous ?
16 mois
- Quelles sont les raisons qui vous ont conduites au militantisme ?
Une prise de conscience larvée selon laquelle notre pays va mal, prise de conscience faite sous l’angle des difficultés que j’ai pu rencontrer à transmettre à mes enfants un patrimoine culturel. Ceci sous le coup de la crétinisation de l’école et de la mise en danger de la famille, principalement sous ses aspects fiscaux & sociaux. Cette prise de conscience s’est radicalisée, pour se transformer en urgence, pendant les années précédentes qui a constitué à mes yeux l’incarnation du vide intellectuel et moral de notre époque et le pourrissement des institutions régaliennes, au premier rang desquelles figure la Présidence de la République. Institutions vidées de leur substance par l’affaire Leonarda puis par les attentats. Dans ce contexte, il m’est apparu comme une obligation que de s’engager en politique pour s’opposer et pour, je l’espère, reconstruire.
- Comment définiriez-vous le militantisme ?
Actions de terrain et animation de réseau, davantage que par des actions de type voie publique, contacts avec les élus mais grande méfiance vis-à-vis de la mécanique partisane qui n’est à mon avis qu’une machine à fabriquer de l’approbation
- Par quels moyens conduisez-vous vos actions militantes ?
Ecoutes de conférences, lectures, et retranscriptions des compte-rendu par mail destinées au réseau de militants, animation de cafés politiques pour construire des argumentaires, bien davantage que pour essayer de faire redescendre une ligne politique définie en haut. Prise de contact avec des élus afin de les soutenir dans leur travail de législateur par l’envoi de SMS ou d’argumentaires écrits et détaillés.
- A quelles réactions êtes-vous confronté lorsque vous allez à la rencontre des électeurs sur le terrain ?
Difficile à dire : beaucoup d’indifférence alternant avec les propos de gens passionnés, jugeant une situation d’ensemble à l’aune de leur cas personnel
- Quel est selon vous le moyen le plus efficace pour convaincre les électeurs ?
Construire des argumentaires précis en leur démontrer, lors des conversations, qu’on connaît le sujet dont on parle, ceci en développant une phrase accroche simple à promouvoir lors des tractages.
- Parmi les modes de militantisme existants, quels sont ceux qui mériteraient selon vous d’être développés ou améliorés ?
Exploitation des réseaux sociaux et diffusion des argumentaires, des messages sur internet et d’initiatives qui soient de nature à faire le buzz sur les réseaux sociaux (« footing du candidat », tractages limités à la promotion d’un évènement de proximité (réunion publique) bien plus qu’à celle d’un candidat et de son programme
- Identifiez-vous de nouveaux modes de militantisme qui pourraient être utilisés à l’avenir ?
Construction de chèques thématiques sur You Tube
Porte-à-porte
Phoning
- Selon vous, quels sont les cinq mots clés qui caractérisent le plus le militantisme ?
Isolement – Conviction – Proximité –
- Selon vous l’environnement du militantisme se rapproche le plus de quel environnement professionnel ? Pour quelles raisons ?
Prospection commerciale.
- Avez-vous organisé une campagne ou participé à une campagne ?
Je peux te renseigner sur le cas précis de la thématique famille pour un candidat dont je me suis occupé :
1 – Organisation interne
Nous avons constitué des thématiques société civile avec un directeur, un animateur (moi), une petite main et différents contributeurs spécialisés sur les sujets liés à savoir vieillissement, handicap, petite enfance, fiscalité de la famille, de façon à construire le programme ; aller plus loin dans le détail ; répondre aux questions ; préparer les ripostes ; diffuser des communiqués de presse ; animer les réunions publiques.
A la base, plusieurs outils informatiques, comme une carte Gmail enchâssée dans le site du candidat et permettant à tout le monde, y compris des débutants, de démarrer son comité Famille avec le candidat à côté de chez lui et d’y inviter ses copains et relations. Une adresse mail spécifique a été attribuée à chacun de façon à échanger en toute étanchéité. Des pages twitter & Facebook étaient également créées (ou pas) à l’initiative de chacun de ces comités. Ainsi qu’un compte webinaire pour parler via une conférence collective
2 – Animation
De cette façon, nous avons pu créer 85 comités locaux Famille avec le candidat qui faisaient l’objet de l’animation suivante par envoi de mails, conférences, diffusion de nos comptes rendus et prise en compte de toutes leurs demandes de clarification autour du programme Famille du candidat. Certains de ces comités ont été plus actifs que d’autres, c’est évident. Parmi ces comités, beaucoup ont été prescripteurs de réunions publiques.
3 – Réunions publiques & messages
L’idée était que le référent local du comité puisse se rapprocher de l’autorité politique locale du comité de soutien au candidat afin de proposer une réunion publique dans un lieu à convenir et réserver à leur convenance. Les orateurs nationaux (le directeur : moi, ou certains contributeurs) venaient, faisaient le speech, répondaient aux questions. Et tout le monde était content, attendu que c’était bien au politique de promouvoir l’événement et de remplir la salle.
Donc, en fait, on est resté, en définitive, assez société civile. On s’est assez peu appuyé sur certains militants car ceux-ci ont quand même été assez mal mobilisés sur le terrain par les grands élus locaux dont beaucoup se sont refusé à faire le job. Seuls les gens d’un certain parti se sont impliqués de façon efficace et très sympathique.
A chaque réunion publique, il y avait un communiqué de presse adressé au journal local et les réunions avaient la tournure suivante: introduction par le responsable local du comité;détail du programme famille du candidat ; illustration locale par un élu du coin, détaillant sa déclinaison sous la forme d’exemples dans une commune voisine ; mot de conclusion par le candidat aux législatives dans la circonscription.
S’agissant de l’assistance, on a quand même fait quelques fois salles pratiquement vides, avec 20 personnes seulement. On touchait des gens déjà convaincus, mais capables ensuite de parler de l’événement autour d’eux. A l’issue, on publiait les photos ou vidéos de ces réunions sur les pages Facebook de ces comités.
INTERVIEW 2le 26 juin 2017
LE MILITANTISME DE TERRAIN : PILIER POUR LA COMMUNICATION POLITIQUE
Alain LEVY, 60 ans, Maire adjoint délégué aux relations internationales
- Depuis combien de temps militez-vous ?
Je milite depuis près de vingt-cinq ans, et Elu depuis vingt ans à Issy les Moulineaux.
- Quelles sont les raisons qui vous ont conduites au militantisme ?
J’étais parent d’élève, j’étais un parent engagé dans la vie de mes enfants ; présent au Conseil d’administration des écoles.
Petit à petit, je me suis intéressé aux autres élèves, puis à la vie de l’école ;
Enfin, de fil en aiguille, au quartier puis à la Cité elle –même.
Cela m’a permis de me rapprocher de la Municipalité, avec laquelle j’avais les mêmes idées et la même volonté citoyenne, je dis bien citoyenne car je n’emploie pas exprès le terme politique.
Je votais déjà à toutes les élections et je sentais que je ne pouvais pas rester en dehors des grandes questions qui se posaient dans la Cité mais aussi dans notre pays et j’ai rapidement sauté le pas en devenant militant.
- Comment définiriez-vous le militantisme ?
C’est croire dans ce que le Général de Gaulle disait « je me suis toujours fait une certaine idée de la France. », mais en partant de la base, la Cité aux sens grecs et romains du terme c’est-à-dire du quartier, du quotidien, de l’Agora.
- Par quels moyens conduisez-vous vos actions militantes ?
Pour militer, il faut beaucoup discuter, expliquer les décisions prises par la Municipalité par exemple et ce, tous les jours, sur tous les fronts, même dans vie quotidienne en faisant ses courses ou en allant au cinéma par exemple. Discuter, rencontrer, échanger, être à l’écoute des citoyens, c’est ça être militant, pas seulement sur les marchés les périodes d’élection.
- A quelles réactions êtes-vous confronté lorsque vous allez à la rencontre des électeurs sur le terrain ?
Ces dernières sont contradictoires et varient en fonction des élections et du contexte.
Si elles sont favorables, un mot de remerciement mais aussi d’encouragement est donné.
Si elles sont hostiles, soit le contradicteur cherche la discussion et là, c’est toute ma force de convaincre qui rentre en jeu.
Si c’est une réaction d’humeur et que l’hostilité est agressive, il vaut mieux laisser tomber pour éviter que cela ne s’envenime.
- Quel est selon vous le moyen le plus efficace pour convaincre les électeurs ?
Tous les modes d’actions sont efficaces : D’abord, être à l’écoute des préoccupations des gens, puis discuter de vive voix, convaincre, expliquer et expliquer encore.
Ensuite les réseaux sociaux permettent une analyse plus complète des sujets.
- Parmi les modes de militantisme existants, quels sont ceux qui mériteraient selon vous d’être développés ou améliorés ?
Sans aucun doute les réseaux sociaux.
Etre sur les marchés, oui mais on va à la rencontre des gens, et parfois on les interpelle on les dérange. Idem pour le porte à porte.
Le réseau social, le citoyen se branche spontanément sur ce dernier. Il fait lui-même la démarche.
- Identifiez-vous de nouveaux modes de militantisme qui pourraient être utilisés à l’avenir ?
Pour quelles raisons ?
Le militantisme par web –Cam en prenant directement contact avec l’électeur : les conférences web, par exemple. Cela a l’avantage d’être interactif ou non, à la demande du citoyen qui est en contact direct.
- Selon vous, quels sont les cinq mots clés qui caractérisent le plus le militantisme ?
Etre à l’écoute – Dialoguer- Convaincre – Expliquer – Donner du temps
- Selon vous l’environnement du militantisme se rapproche le plus de quel environnement professionnel ? Pour quelles raisons ?
Cela se rapproche beaucoup du représentant commercial .Comme le militant, il doit écouter attentivement, parler, expliquer, convaincre.
Le commercial vend, le militant vend …un vote !
- Avez-vous organisé une campagne ou participé à une campagne ?
Organiser moi-même une campagne, non. Mais par contre, prendre un secteur de la campagne en charge (tractage, collage d’affiches, administratif..) oui.
Par exemple, cette année j’étais chargé de recruter des assesseurs dans les bureaux de vote de ma ville, tâche ö combien difficile vu le contexte de crise des vocations citoyennes.
Même les militants les plus aguerris et les plus anciens avaient du mal à répondre positivement.
INTERVIEW 3 le 26 juin 2017
LE MILITANTISME DE TERRAIN : PILIER POUR LA COMMUNICATION POLITIQUE
Thierry BARTHE / artiste dramatique
- Depuis combien de temps militez-vous ?
Cela fait 45 ans
- Quelles sont les raisons qui vous ont conduites au militantisme ?
Un engagement familial puis une prise de conscience politique sur les enjeux de mon avenir.
- Comment définiriez-vous le militantisme ?
C’est un engagement personnel au service d’une conception idéale de la société et une façon de se retrouver en groupe pour œuvrer à son accomplissement
- Par quels moyens conduisez-vous vos actions militantes ?
D’abord par des réunions régulières où se définissent les actions et où se peaufinent une argumentation à faire partager avec le reste de la population, soit par des réunions publiques et thématiques, soit aujourd’hui par les réseaux sociaux. En période d’élection, sur le terrain, tractage, boitage, réunion de quartier, d’appartement. Rédaction de manifeste, de libelle, de tract.
- A quelles réactions êtes-vous confronté lorsque vous allez à la rencontre des électeurs sur le terrain ?
En général de la bienveillance de la part de la population qui considèrent que c’est un mal nécessaire pour faire vivre la démocratie. Dans les années 70 beaucoup plus de violence ou de tension, de pression et d’intimidation de la part des adversaires. Aujourd’hui beaucoup plus apaisé.
- Quel est selon vous le moyen le plus efficace pour convaincre les électeurs ?
Si on le savait nous serions vainqueurs à chaque fois. Mais je crois qu’aujourd’hui moins on en dit, plus on reste dans le flou et plus on a une communication d’image porteuse, mieux cela marche. Etre dans l’idée, dans la proposition concrète n’intéresse personne, à part les militants convaincus.
- Parmi les modes de militantisme existants, quels sont ceux qui mériteraient selon vous d’être développés ou améliorés ?
Les réseaux sociaux.
- Identifiez-vous de nouveaux modes de militantisme qui pourraient être utilisés à l’avenir ?
Créer des chaines de relais sur le net, acheter des journaux d’opinion, engager des attachés de presse compétents. Vendre un parti, un mouvement comme une marque de soda ou de lessive
Pour quelles raisons ? Parce que le débat d’idée basé sur un clivage gauche droite ayant été dévoyé par une classe dirigeante plus préoccupé de son profit que de l’intérêt commun, la politique devient un produit comme un autre
- Selon vous, quels sont les cinq mots clés qui caractérisent le plus le militantisme ?
Engagement, courage, abnégation, fidélité, altruisme.
- Selon vous l’environnement du militantisme se rapproche le plus de quel environnement professionnel ? Pour quelles raisons ?
Plutôt le tissu associatif et la coopérative, mâtiné d’ambition personnelle, et parfois une église ou une secte. Selon le parti, avancement et reconnaissance vertical ou horizontal.
- Avez-vous organisé des campagnes ? (directeur de campagne, presse relations, etc…) ou organisation d’un secteur, lequel ?
Organiser une campagne ne se fait pas seul, j’ai participé à plusieurs campagnes et me suis présenté 5 fois, soit à la candidature soit directement comme candidat.
INTERVIEW 4 le 27 juin 2017
LE MILITANTISME DE TERRAIN : PILIER POUR LA COMMUNICATION POLITIQUE
Karine RACHMUHL, 50 ans, responsable administrative et RH
- Depuis combien de temps militez-vous ?
Deux mois…
- Quelles sont les raisons qui vous ont conduites au militantisme ?
L’amitié pour Bertrand mais aussi :
L’envie de faire changer les choses, dès lors que la situation actuelle ne me convenait pas, ajouté à la prise conscience qu’elle ne convenait pas à mes enfants non plus. Mais une envie « active » et non plus « passive » comme elle l’était ces derniers temps…
La disponibilité « opérationnelle » mais aussi « intellectuelle » à un moment donné (par rapport au travail, la vie familiale, etc…)
La réaction d’une toute jeune indienne primo votante lors des présidentielles, qui m’a touché par ses mots « fierté et honneur d’avoir le droit de voter »… Eh oui, nous avons des droits et des devoirs mais l’oublions facilement dans notre monde un peu blasé.
- Comment définiriez-vous le militantisme ?
Le militantisme est une « activité » fondée de la volonté de lutter, de s’engager intellectuellement et physiquement pour défendre une cause, une idéologie, un parti, …
- Par quels moyens conduisez-vous vos actions militantes ?
Tractages, réunions, discussions à la volée.
- A quelles réactions êtes-vous confrontée lorsque vous allez à la rencontre des électeurs sur le terrain ?
Sur un public «non ciblé » (tractage) : soit du désintérêt, de l’agacement, du parti pris à l’avance, voire de l’agressivité légère (en général perceptibles via le langage corporel) soit de la curiosité, de l’ouverture d’esprit, puis de l’intérêt.
Sur un public « ciblé » (réunions) : de l’intérêt, de la recherche de réponse, de la sympathie, de la bienveillance, de l’aide et des encouragements.
- Quel est selon vous le moyen le plus efficace pour convaincre les électeurs ?
La gentillesse, l’écoute pour détecter les leviers possibles d’intérêt de l’électeur, puis la discussion constructive. Et bien sûr, le fait d’être convaincu que les idées défendues sont les bonnes et de disposer des bons éléments de langage pour les développer. Il faut interpeller leur conscience pour déclencher leur curiosité et intérêt. Un peu de fermeté aussi mais une fermeté « bienveillante » pour utiliser les neurones miroirs de son interlocuteur.
- Parmi les modes de militantisme existants, quels sont ceux qui mériteraient selon vous d’être développés ou améliorés ?
Je n’ai pas expérimenté beaucoup de modes de militantisme… mais l’information directe par le biais du tractage et des réunions publiques me semble adaptée aux personnes de plus de 35/40 ans, voir plus…
- Identifiez-vous de nouveaux modes de militantisme qui pourraient être utilisés à l’avenir ?
Pour quelles raisons ?
La société évolue et devient de plus en plus connectée, technologique. Les jeunes générations ont les doigts greffés sur les claviers (smartphones, tablettes, écrans divers) et accros aux réseaux. Une forme de militantisme à développer pourrait passer par la vidéo, l’animation des réseaux sociaux par des community managers militants afin d’augmenter les nombres de followers intéressés par la cause étudiée.
- Selon vous, quels sont les cinq mots clés qui caractérisent le plus le militantisme ?
Engagement intellectuel, action physique, l’envie de faire changer les choses, l’ouverture sur les autres, l’affirmation de soi.
- Selon vous l’environnement du militantisme se rapproche le plus de quel environnement professionnel ? Pour quelles raisons ?
L’environnement RH car il s’agit avant tout de convaincre des hommes de l’intérêt et l’importance d’adhérer à un projet commun. Détecter les leviers personnels, susciter l’intérêt, créer l’envie et l’adhésion, gérer les équipes pour que chacun y trouve sa place et y apporte ses compétences, organiser les complémentarités sans blesser les égos.
- Avez-vous organisé des campagnes ? (directeur de campagne, presse relations, etc…) ou organisation d’un secteur, lequel ?
Participation à la campagne BS2017 – Suppléante
- Si oui comment ? Par quels moyens ? Avec quels outils ?
Tractage, boitage, réunions d’appartements, réunions publiques, visites des commerçants avec affiches et tracts….
Participation aux comités (stratégique, organisationnel,..)
INTERVIEW 5 le 29 juin 2017
LE MILITANTISME DE TERRAIN : PILIER POUR LA COMMUNICATION POLITIQUE
Raphaël GODINOT, 50 ans, Directeur Commercial
- Depuis combien de temps militez-vous ?
Je suis un militant « occasionnel », sans carte, et je m’investis sur des coups de cœur, en fonction du contexte ou des personnes qui peuvent avoir besoin de mon soutien.
- Quelles sont les raisons qui vous ont conduites au militantisme ?
Ce sont à chaque fois des rencontres avec les représentants de la cause pour laquelle je décide de m’engager.
- Comment définiriez-vous le militantisme ?
C’est accepter de rejoindre un collectif, engagé pour la promotion d’une cause ou d’un idéal, et d’y trouver une place qui permettra de prendre part activement aux actions qui permettront de susciter de nouvelles adhésions et de faire progresser la cause en question.
- Par quels moyens conduisez-vous vos actions militantes ?
Tous les moyens sont bons…et outre les moyens traditionnels (affiches, tracts, meetings, porte à porte etc…) le militantisme peut s’appuyer aujourd’hui sur la force du Digital qui permet facilement d’animer une équipe de militants (emails, page FB, WhatsApp, etc..) et qui ouvrent également de nouveaux canaux de communication pour toucher le plus grand nombre.
Le contact humain est primordial, le militant étant en quelque sorte une extension humaine du candidat qui peut ainsi démultiplier ses actions de « séduction » et de « propagande ».
- A quelles réactions êtes-vous confronté lorsque vous allez à la rencontre des électeurs sur le terrain ?
Les réactions peuvent être variées mais dans la mesure où l’approche des électeurs est effectuée avec respect, courtoisie et bienveillance les choses se passent toujours bien.
Dans le cas d’une offre pléthorique et d’une sur sollicitions des électeurs il est important de se différencier et d’avoir un brin d’originalité dans l’approche.
- Quel est selon vous le moyen le plus efficace pour convaincre les électeurs ?
C’est de défendre une cause ou un candidat qui forcera le respect et retiendra l’attention des électeurs grâce un parcours, des faits, un programme, une vision et une éthique.
Soit ce candidat est attaché à un groupe ou parti qui lui apporte la plateforme idéologique et programmatique et il suffira de compléter par les apports personnels du candidat (charisme, expérience etc…). Soit le candidat n’est pas affilié à un parti et dans ce cas il s’agit de vendre uniquement les caractéristiques de la personne…Et là l’exercice est beaucoup plus compliqué et nécessite des actions beaucoup plus ciblées.
- Parmi les modes de militantisme existants, quels sont ceux qui mériteraient selon vous d’être développés ou améliorés ?
A l’ère du « digitale » on peut se demander s’il n’y aurait pas une alternative à la distribution de tracts ?
- Identifiez-vous de nouveaux modes de militantisme qui pourraient être utilisés à l’avenir ?
Pour quelles raisons ?
Le militantisme de demain sera je pense à l’image de ce qu’a fait En Marche ces 12 derniers mois. Un bon équilibre entre les actions « terrains », humaines, et l’utilisation de la communication et du marketing digitale.
- Selon vous, quels sont les cinq mots clés qui caractérisent le plus le militantisme ?
Empathie – Engagement – Conviction – Sacrifice – Solidaire
- Selon vous l’environnement du militantisme se rapproche le plus de quel environnement professionnel ? Pour quelles raisons ?
C’est de la vente, en mode B2C, clairement.
- Avez-vous organisé des campagnes ? (directeur de campagne, presse relations, etc…) ou organisation d’un secteur, lequel ?
J’ai aidé un Directeur de Campagne pour la coordination et l’animation des actions « locales » et « terrain » (tractage, boitage, porte à porte, collage, réunion appartement, meeting publics…).
- Si oui comment ? Par quels moyens ? Avec quels outils ?
Un groupe de militants motivés relié par un WhatsApp.Des supports type réseaux sociaux dédiés (Facebook, Twitter). Des actions classiques. Des idées originales : l’opération « footing du député » tous les samedis matins, la remise au goût du jour de l’homme sandwich.
INTERVIEW 6 le 30 juin 2017
LE MILITANTISME DE TERRAIN : PILIER POUR LA COMMUNICATION POLITIQUE
Maxime BODSON, 25 ans, consultant marketing politique et communication
- Depuis combien de temps militez-vous ?
6 mois
- Quelles sont les raisons qui vous ont conduites au militantisme ?
Un projet professionnel
- Comment définiriez-vous le militantisme ?
Les actions de terrain permettant d’augmenter la notoriété d’un candidat.
- Par quels moyens conduisez-vous vos actions militantes ?
Les trois catégories principales sont le tractage, le boitage et le collage d’affiches.
Nous avons également mis en place d’autres actions ponctuelles comme un jogging hebdomadaire et des réunions publiques ainsi que des réunions d’appartements et du porte à porte.
- A quelles réactions êtes-vous confronté lorsque vous allez à la rencontre des électeurs sur le terrain ?
A des réactions très diverses. Evidemment nous recevons un accueil positif la plupart du temps mais il arrive quand même que certaines personnes, plus passionnées que d’autres, déclenchent des petites altercations.
6. Quel est selon vous le moyen le plus efficace pour convaincre les électeurs ?
Je pense que deux moyens sont les principaux :
– Le tractage. C’est ici le véritable nerf de la guerre qui permet de toucher une grande partie de la population.
-Le porte à porte. Amener le candidat directement à la rencontre des électeurs est toujours très efficace et permet aux citoyens d’échanger avec la personne souhaitant les représenter.
- Parmi les modes de militantisme existants, quels sont ceux qui mériteraient selon vous d’être développés ou améliorés ?
Je pense que le boitage est très faiblement efficace. Il en va de même pour le mailing.
- Identifiez-vous de nouveaux modes de militantisme qui pourraient être utilisés à l’avenir ?
Pour quelles raisons ?
Le militantisme autour du sport (comme dans le cadre d’un jogging) me semble être une piste intéressante à développer. En effet, retrouver les gens autour de leur passion permet de les toucher de manière plus efficace.
- Selon vous, quels sont les cinq mots clés qui caractérisent le plus le militantisme ?
Disponibilité, engagement, persévérance, gentillesse, passion.
- Selon vous l’environnement du militantisme se rapproche le plus de quel environnement professionnel ? Pour quelles raisons ?
Le milieu de la communication. Il fait appel à certaines qualités fortement corrélées entre ce secteur et le militantisme.
- Avez-vous organisé des campagnes ? (directeur de campagne, presse relations, etc…) ou organisation d’un secteur, lequel ?
Oui, directeur de campagne.
- Si oui comment ? Par quels moyens ? Avec quels outils ?
Pas d’outils particuliers.
La base du volontariat, l’élan créé autour de nous qui nous a permis de pouvoir subvenir à nos besoins de militants.
INTERVIEW 7 le 3 juillet 2017
LE MILITANTISME DE TERRAIN : PILIER POUR LA COMMUNICATION POLITIQUE
Bertrand SOUBELET, 58 ans, directeur de société
- Depuis combien de temps militez-vous ?
Depuis trois ans de manière individuelle et depuis trois mois en équipe constituée.
- Quelles sont les raisons qui vous ont conduites au militantisme ?
Défendre une certaine idée de la société puis le fait de me présenter aux élections législatives et de faire partager les convictions et les idées auxquelles je crois.
- Comment définiriez-vous le militantisme ?
Traditionnellement c’est un engagement personnel sur le terrain pour défendre et promouvoir une certaine conception de la vie en société et des rapports entre l’État et les citoyens.
Mais je pense que l’on peut militer autrement que sur la voie publique ou dans des mouvements politiques en défendant des idées par voie médiatique ou de publications.
- Par quels moyens conduisez-vous vos actions militantes ?
Mes premières actions militantes l’ont été par voie de publication de deux ouvrages pour mettre en perspective les difficultés de notre pays et leurs causes.
Puis le prolongement de cette forme de militantisme s’est concrétisé par des actions de contact sur le terrain notamment tractage, porte à porte, réunions publiques et privées chez des sympathisants.
- A quelles réactions êtes-vous confronté lorsque vous allez à la rencontre des électeurs sur le terrain ?
Un accueil plutôt favorable hormis celles et ceux qui ne s’intéressent pas à la politique.
De l’indifférence car une partie des citoyens est totalement insensible aux actions de terrain.
Parfois des réactions de rejet occasionnellement virulentes mais plutôt rares.
- Quel est selon vous le moyen le plus efficace pour convaincre les électeurs ?
A ce stade je ne suis pas sûr que le but du militantisme soit de convaincre les électeurs.
Il s’agit en un minimum de temps de les amener à réfléchir sur leur éventuelle intention de vote et à influencer leur choix final.
Convaincre suppose d’être rationnel et par une démonstration logique emporter l’adhésion. Le peu d’expérience en termes de militantisme électoral me fait penser qu’il s’agit avant tout de peser sur la représentation mentale des électeurs pour leur donner l’image rassurante de celui qui va répondre à leurs attentes.
- Parmi les modes de militantisme existants, quels sont ceux qui mériteraient selon vous d’être développés ou améliorés ?
L’objectif du militantisme est de faire progresser et partager les idées auxquelles on croit.
La difficulté du militantisme réside dans le fait que la rencontre sur la voie publique entre un militant convaincu et un citoyen saturé d’informations et parfois pas « demandeur » s’avère souvent improbable.
Deux questions se posent : celle du temps consacré à chaque électeur potentiel et celle du coût financier.
Les actions militantes les plus visibles sont celles qui consistent à distribuer au grand public le projet considéré en général sous forme de papier. C’est peut-être sur le support qu’il faudrait réfléchir.
La présence en nombre sur le terrain est déjà pour l’électeur une information en terme de crédibilité (organisation, nombre et savoir-être des militants).Mais il faut être innovant et surprendre le citoyen.Nous avons pratiqué untractage sous forme de footing qui a été très bien accueilli.
On peut imaginer aussi sur des points d’information spontanés sur des lieux de passage avec un moyen d’expression original du style voiture aménagée avec un écran et une vidéo de présentation du candidat.
- Identifiez-vous de nouveaux modes de militantisme qui pourraient être utilisés à l’avenir ?Pour quelles raisons ?
La difficulté qui se pose aujourd’hui est que les citoyens sont très sollicités en termes de flux d’informations.
Elles leur parviennent sous toutes formes et ils bénéficient d’un grand choix. Ils sont donc à la fois blasés et moins réceptifs mais ils maitrisent le flux à partir de leur bureau ou de leur salon.
Dans ce contexte toutes les formes de militantisme sur la voie publique peuvent être considérées comme « intrusives » car le militant s’impose à celui ou celle qu’il rencontre.
Dès lors le militantisme risque d’être supplanté par les actions de communication ciblées sur les réseaux sociaux et internet en particulier alors même que le contact des militants avec les électeurs est essentiel car il permet d’incarner des idées ou un projet politique.
Mais les formes de militantisme qui verront le jour seront articulées autour des réseaux sociaux avec les jeunes générations.
- Selon vous, quels sont les cinq mots clés qui caractérisent le plus le militantisme ?
Proximité, engagement, disponibilité, réactivité, bienveillance.
- Selon vous l’environnement du militantisme se rapproche le plus de quel environnement professionnel ? Pour quelles raisons ?
Le commerce et plus particulièrement le démarchage à domicile.
Il s’agit de séduire le client avec un produit qu’ils ne connaissent pas et dont ils n’ont pas forcément besoin.
- Avez-vous organisé des campagnes ? (directeur de campagne, presse relations, etc…) ou organisation d’un secteur, lequel ?
J’ai organisé la totalité d’une campagne législative en choisissant une équipe de conception une agence de communication, un directeur de campagne.
- Si oui comment ? Par quels moyens ? Avec quels outils ?
Il a fallu trouver des équipes avec les proches dans un premier temps puis des militants qui ont rejoint le projet par choix personnel.
Les maîtres mots ont été proximité innovation et présence sur le terrain.
3 types d’actions : collage, tractage, boitage et à la marge porte à porte.
Des réunions publiques dont l’intérêt s’avère très relatif et une grande présence sur les réseaux sociaux. Facebook et Twitter.
Les réseaux sociaux sont essentiels pour deux raisons :
- Contribuer à la notoriété du candidat
- Permettre l’organisation des actions de terrain avec une grande réactivité.
INTERVIEW 8 le 7 juillet 2017
LE MILITANTISME DE TERRAIN : PILIER POUR LA COMMUNICATION POLITIQUE
Jean-Jacques MORESCO
- Depuis combien de temps militez-vous ?
Depuis 1985
- Quelles sont les raisons qui vous ont conduites au militantisme ?
J’ai été élevé dans les valeurs du Gaullisme. Il était donc évident pour moi de porter ces valeurs et de militer afin de les faire connaitre.
- Comment définiriez-vous le militantisme ?
Le militantisme, c’est un engagement qui sert à faire connaitre les valeurs que l’on défend. Il n’est pas obligatoirement politique, il peut être associatif ou religieux, ou pour des causes humanitaires. Il y a plusieurs façons de militer pour défendre des idées ou des valeurs. Ce qui est important c’est la conviction.
- Par quels moyens conduisez-vous vos actions militantes ?
Me concernant, c’est le terrain. C’est le premier contact pour interpeller les gens et que les gens vont murir cet instant qui aura duré quelques instants.
- A quelles réactions êtes-vous confronté lorsque vous allez à la rencontre des électeurs sur le terrain ?
Il y a toute sorte de gens, ceux qui sont intéressés, ceux qui ne sont pas intéressés et ceux qui vous insultent. Cela arrive aussi ! La majorité des gens écoutent et certains viennent me voir pour obtenir des renseignements. Il y a aussi les gens qui nous encouragent et ceux qui nous félicitent. Un encouragement à ne pas négliger.
6. Quel est selon vous le moyen le plus efficace pour convaincre les électeurs ?
La communication et la conviction sont les seuls moyens avec le sourire. Accoster une personne est simple. Il ne faut pas être timide, et interpeller franchement une personne avec une voix audible sans timidité. En principe les gens manifestent, soit un intérêt, soit un recul de désapprobation.
- Parmi les modes de militantisme existants, quels sont ceux qui mériteraient selon vous d’être développés ou améliorés ?
L’humanitaire, est l’un des plus important. Il y a aussi l’associatif. Mais l’humanitaire est le plus important à mes yeux.
- Identifiez-vous de nouveaux modes de militantisme qui pourraient être utilisés à l’avenir ? Pour quelles raisons ?
Toutes les causes sont bonnes pour militer. Elles sont déjà très nombreuses, diverses et variés. La communication que nous avons avec les réseaux sociaux permettent de véhiculer toute sorte de militantisme à une vitesse phénoménale.
- Selon vous, quels sont les cinq mots clés qui caractérisent le plus le militantisme ?
Conviction, proximité, communication, efficacité, amabilité.
- Selon vous l’environnement du militantisme se rapproche le plus de quel environnement professionnel ? Pour quelles raisons ?
Les services de communication au niveau professionnel. C’est évident. C’est avec ce genre de service qu’une entreprise cherche à se faire connaitre. Il y a aussi la publicité.
- Avez-vous organisé des campagnes ? (directeur de campagne, presse, relation etc…) ou organisation d’un secteur, lequel ?
Je me charge plutôt de l’organisation sur le terrain pendant que nous militons. Le contact est important et faire remonter ce que dit le terrain, peut modifier un peu la campagne.
- Si oui comment ? Par quels moyens ? Avec quels outils ?
Tous les moyens sont bons. Informatique, téléphone, verbalement … Il suffit d’employer la bonne manière, au bon moment.
INTERVIEW 9 le 8 juillet 2017
LE MILITANTISME DE TERRAIN : PILIER POUR LA COMMUNICATION POLITIQUE
Jeanine GARCIA
- Depuis combien de temps militez-vous ?
Depuis toujours mais plus activement depuis que je suis retraitée.
- Quelles sont les raisons qui vous ont conduites au militantisme ?
Dans ma famille mes parents, oncles, tantes et cousins ont toujours œuvrés défendre leurs idées.
- Comment définiriez-vous le militantisme ?
Le militantisme est un soutien et une aide à la personne qui représente vos idées et vos valeurs.
- Par quels moyens conduisez-vous vos actions militantes ?
En tractant ou toute autre action.
- A quelles réactions êtes-vous confrontée lorsque vous allez à la rencontre des électeurs sur le terrain ?
Il faut s’attendre à tout et rester zen en toute circonstance, il y a les insultes, les incompréhensions mais aussi les remerciements d’électeurs qui ne peuvent apporter leur participation à la campagne.
6. Quel est selon vous le moyen le plus efficace pour convaincre les électeurs ?
Les rencontres directes avec les électeurs.
- Parmi les modes de militantisme existants, quels sont ceux qui mériteraient selon vous d’être développés ou améliorés ?
Organiser les rencontres en petit comité : bars, restaurants, libraires…
- Identifiez-vous de nouveaux modes de militantisme qui pourraient être utilisés à l’avenir ? Pour quelles raisons ?
Chaque militant devrait réunir ses proches, amis, voisins pour présenter les idées majeures du candidat.
- Selon vous, quels sont les cinq mots clés qui caractérisent le plus le militantisme ?
Les électeurs ont besoin d’une proximité immédiate.
- Selon vous l’environnement du militantisme se rapproche le plus de quel environnement professionnel ? Pour quelles raisons ?
Tous les milieux professionnels puisqu’il s’agit de l’avenir de chacun et nous sommes tous liés les uns aux autres.
INTERVIEW 10 le 10 juillet 2017
LE MILITANTISME DE TERRAIN : PILIER POUR LA COMMUNICATION POLITIQUE
Jérôme VION, 44 ans, responsable des projets TF1
- Depuis combien de temps militez-vous ?
25 ans par intermittence avec des périodes moins actives que d’autres.
- Quelles sont les raisons qui vous ont conduites au militantisme ?
Adhésion aux Idées.
Engagement personnel.
Projets de participer à la vie publique.
- Comment définiriez-vous le militantisme ?
Une manière de participer à la vie de la nation.
- Par quels moyens conduisez-vous vos actions militantes ?
Apporteur d’idées.
En participant à des groupes de réflexion.
En apportant du temps opérationnel (collage, tractage, au contact de la population…).
- A quelles réactions êtes-vous confronté lorsque vous allez à la rencontre des électeurs sur le terrain ?
Tous types de réactions : des plus réfractaires aux plus accueillants, tous sont représentés. Le cas le plus fréquent dans le contact immédiat : l’indifférence.
- Quel est selon vous le moyen le plus efficace pour convaincre les électeurs ?
Le dialogue, le contact face to face, allé au-devant de l’autre.
- Parmi les modes de militantisme existants, quels sont ceux qui mériteraient selon vous d’être développés ou améliorés ?
La dialectique, l’approche, la présentation en vue d’améliorer le contact direct.
- Identifiez-vous de nouveaux modes de militantisme qui pourraient être utilisés à l’avenir ?
Le digital avec des applications de plus en plus directs.
La vidéo à travers le digital.
Pourquoi pas développer la vidéo en direct.
Pour quelles raisons ?
Développer le contact direct à travers les nouveaux moyens de communication
- Selon vous, quels sont les cinq mots clés qui caractérisent le plus le militantisme ?
Engagement, Temps, Rencontre, Idées, Volontaire.
- Selon vous l’environnement du militantisme se rapproche le plus de quel environnement professionnel ? Pour quelles raisons ?
Commerce : aller au contact de ses clients.
Communication : clarté des idées, hiérarchisation, précision et trouver le meilleur moyen de transmettre un message.
- Avez-vous organisé des campagnes ? (directeur de campagne, presse relations, etc…) ou organisation d’un secteur, lequel ?
1993 : responsable de communication des jeunes d’un parti pour les législatives
1995 : comité stratégique pour une liste aux municipales
2017 : comité stratégique pour un candidat aux législatives
- Si oui comment ? Par quels moyens ? Avec quels outils ?
1993 : je bénéficiais de tous les moyens nécessaires d’un grand parti
1995 : organisation du terrain
2017 : réfléchir et participer aux différentes orientations
INTERVIEW 11 le 10 juillet 2017
LE MILITANTISME DE TERRAIN : PILIER POUR LA COMMUNICATION POLITIQUE
Gabrielle L., 31 ans, cadre fonctionnaire
- Depuis combien de temps militez-vous ?
12 ans.
- Quelles sont les raisons qui vous ont conduites au militantisme ?
Le fait de défendre des valeurs portées par un candidat ou un parti politique, effectivement parce que j’ai une vision de la société qui est définie, j’ai une façon de voir les choses et j’ai envie de soutenir ces candidats qui portent ces valeurs. Par ailleurs, il y a d’autres aspects très sympathiques qui m’ont séduit dans le militantisme ce sont les rencontres qui l’on peut effectuer qui partagent les valeurs qui sont les miennes, nous passons des moments très conviviaux, il y a l’aspect campagne électorale mais en dehors de cela il y a tout le lien social qui permet de créer le militantisme qui est un aspect bien méconnu des gens en général.
- Comment définiriez-vous le militantisme ?
S’il y a un mot qui me vient à l’esprit c’est le terme d’engagement, le militantisme c’est avant tout un engagement. Un engagement pour la société, pour le citoyen, et qui peut se manifester de diverses façons : la contribution active sur le terrain dans le cadre des campagnes c’est-à-dire tracter, aller à la rencontre des personnes, coller les affiches des candidats sur les panneaux prévus à cet effet, être présent sur les réseaux sociaux Twitteret autres moyens existants sur internet. Le militantisme, il y a plusieurs façons à mon sens de le définir.
- Par quels moyens conduisez-vous vos actions militantes ?
Plusieurs modes que j’emploie pour militer : parler avec les voisins, les amis, la famille et aussi aller à la rencontre des électeurs sur le terrain, en distribuant des tracts pendant les périodes de campagnes électorales. Participer aux campagnes électorales dans une équipe de campagne, contribuer à la définition de stratégie de campagne afin de donner le plus de chance possible à notre candidat de remporter l’élection.
- A quelles réactions êtes-vous confronté lorsque vous allez à la rencontre des électeurs sur le terrain ?
Cela dépend, il y a des côtés positifs et parfois moins positifs. Les moments positifs sont lorsque les gens viennent nous voir pour nous soutenir « celui-ci c’est le bon candidat, c’est pour lui que je vais voter », naturellement c’est un encouragement qui ne peut que nous renforcer dans notre action. Mais parallèlement il y a des gens qui ont une position totalement inverse : insultes, qui n’adhèrent pas du tout aux idées portées par le candidat ou la liste défendue, réactions surprenantes. Nous ne sommes jamais seuls, il y a aussi l’environnement des autres candidats des différents partis, parfois cela se passe bien et temps à autre cela se passe moins bien, tout dépend à qui nous avons à faire à ce moment précis.
- Quel est selon vous le moyen le plus efficace pour convaincre les électeurs ?
Aller à leur rencontre, les rencontrer physiquement et pouvoir répondre à leurs questions en face à face, être un interlocuteur privilégié pour les éclairer sur le choix qu’ils auront à faire pour le jour du scrutin. En sachant qu’une campagne électorale se mène sur tous les fronts, aux abords des marchés, aux points de ralliements où se trouve un passage important par exemple une gare de forte desserte en transports en commun. Et aussi tous les réseaux sociaux qui sont très importants et qu’il ne faut pas négliger par ailleurs.
- Parmi les modes de militantisme existants, quels sont ceux qui mériteraient selon vous d’être développés ou améliorés ?
Il n’y a pas à mon sens de recette miracle par rapport à ce qui est déjà développé. Dans le contexte actuel il y a de moins de moins de militants sur le terrain contrairement à ce qui était le cas au début de la cinquième république et même plus récemment. Ce qu’il faut c’est une présence nombreuse sur le terrain, c’est cela qu’il faut renforcer : être nombreux sur le terrain, car cela contribue à une image du candidat qui est fortement soutenu. Les modes qui peuvent être développés sont sportifs comme certains candidats ont effectué, faire du footing au travers d’un territoire déterminé, le territoire de l’élection naturellement, ou trouver des moyens différents, en dehors des tracts qu’est-ce-qui pourrait être distribué ? Afin de faire connaitre le candidat ou la liste, il peut y avoir une réflexion là-dessus.
Il faut faire tout un travail pour aller chercher les militants, c’est difficile car le contexte général, nous l’avons vu avec le fort taux d’abstention aux législatives 2017 avec un électeur sur deux qui s’est rendu aux urnes, on s’aperçoit qu’il y a une désaffection pour la politique. Tant que cette désaffection pour la politique perdura il sera difficile de recruter des militants. Lorsqu’il y aura un souffle nouveau en termes de perception par le grand public de la sphère politique qu’il y aura un retour des militants sur le terrain.
- Identifiez-vous de nouveaux modes de militantisme qui pourraient être utilisés à l’avenir ?
C’est difficile, car à ce stade il y a beaucoup de choses qui sont faites, cela se tournera autour des nouveaux modes de technologies.
- Selon vous, quels sont les cinq mots clés qui caractérisent le plus le militantisme ?
Engagement, Valeurs, Equipe, Convictions.
- Selon vous l’environnement du militantisme se rapproche le plus de quel environnement professionnel ? Pour quelles raisons ?
Le militantisme se rapproche le plus d’un environnement militaire. Le vocabulaire « militant » étant emprunt très largement d’une sémantique militaire : on se bat pour des idées, on lutte contre, on fait campagne, on part en campagne, on se bat pour… Le militantisme répond à une stratégie de campagne, il y a un minimum de discipline qui est requis en matière militante, les choses ne doivent pas se faire et ne se font pas d’ailleurs de manière anarchique. Les actions militantes répondent à un certain ordre ; des choses planifiées, prévues en amont et bien réglées.
La communication politique du candidat envers les militants (lors de meetings, conférences, messages…), les paroles clés :Mobilisez-vous, battez-vous, faites savoir, allez chercher les abstentionnistes, etc… Beaucoup de mots d’ordres sont tournés vers les militants. Lancer des appels aux militants pour qu’ils militent.
- Avez-vous organisé des campagnes ? (directeur de campagne, presse relations, etc…) ou organisation d’un secteur, lequel ?
Participation à l’organisation de cafés politiques qui est un moyen de communication convivial de réunir les militants et les militants apprécient avant tout c’est la convivialité. Il ne faut pas oublier que ce sont des personnes qui sont bénévoles, qui donnent de leur temps, de l’énergie, pour certains ils ont un métier à côté, c’est une activité qui vient se greffer en plus de leur activité professionnelle. Le militantisme c’est un travail aussi mais ce doit être aussi un moment de détente, de partage avec des gens que l’on apprécie, dans un environnement convivialisé. Le virus de la politique est également présent chez les militants.
INTERVIEW 12 le 11 juillet 2017
LE MILITANTISME DE TERRAIN : PILIER POUR LA COMMUNICATION POLITIQUE
Jeanne S., 62 ans, Cadre Assureur
- Depuis combien de temps militez-vous ?
Depuis l’âge de 13 ans.
Depuis mai 1968, j’avais envie de travailler. Ma première manifestation à titre passif était le 4 juin 1968 pour soutenir DE GAULLE. Ensuite militantisme étudiant (élu au conseil de la faculté et du CROUS), militantisme politique (j’assistais en tant que spectateur au Conseil Municipal de ma ville, je m’étais fait repérer, donc je suis rentré à 23 ans sur la liste comme conseiller municipal, jeune, en fin de tableau compte-tenu de mon âge.
- Quelles sont les raisons qui vous ont conduites au militantisme ?
J’ai commencé à faire de la politique en juin 1968, c’était le Gaullisme, c’est une idée de la France, des valeurs et ces valeurs il faut les défendre. Il faut savoir prendre des décisions, s’engager, et ne pas avoir honte de ses idées d’où le militantisme pour les faire valoir. J’ai toujours les mêmes idées, je n’ai jamais trahi mes idées.
- Comment définiriez-vous le militantisme ?
C’est se battre pour des idées, de façons différentes, on peut le faire de différentes façons : dans la rue en distribuant des tracts, coller des affiches, participer à des réunions politiques, ou animer des réunions politiques, faire passer des messages. Comme dans son milieu professionnel on n’affiche pas d’étiquette politique mais on peut faire passer des messages. Quand on est un élu local comme je le suis, on écoute la population locale, ce n’est pas toujours une étiquette politique mais avoir une action au service des autres.
- Par quels moyens conduisez-vous vos actions militantes ?
Question difficile car la civilisation d’aujourd’hui n’est pas celle que j’ai connue lorsque j’étais jeune ! Dans le temps il y avait beaucoup d’actions de terrain, les distributions de tracts, les collages d’affiches… A ce jour, on ne peut pas coller des affiches n’importe où, il y a des gens qui ne veulent pas des tracts, il faut être modéré, avoir le sourire… Les nouvelles technologies de communication (Twitter, SMS, Mails, tous réseaux sociaux…), il ne faut pas faire de fautes à ce niveau ! Il faut savoir réagir très vite.
- A quelles réactions êtes-vous confronté lorsque vous allez à la rencontre des électeurs sur le terrain ?
Des personnes ne sont pas intéressées par la politique ou ne veulent pas le montrer, l’indifférence. Des personnes qui ne partagent pas nos idées, certains vont le dire agressivement et d’autres avec le sourire. A titre personnel j’ai diné il y a 15 jours avec 2 personnes du parti adverse de manière très sympathique, on se tutoie et ça se passe très bien, en bonne intelligence. Des personnes partagent nos idées et peuvent avoir des questions sur la politique nationale ou locale (des projets), il faut savoir répondre de manière posée, argumentée, donner une impression de sérieux et de crédibilité.
- Quel est selon vous le moyen le plus efficace pour convaincre les électeurs ?
Le sourire parce que le contact que l’on a avec le citoyen c’est le sourire. Celui qui fait une tête d’enterrement ou agresse, ne convaincra jamais. La politesse et on répond aux questions. En général, nous sommes bien reçus.
- Parmi les modes de militantisme existants, quels sont ceux qui mériteraient selon vous d’être développés ou améliorés ?
Tous mais pas par les mêmes personnes. Il y a des militants sur le marché à distribuer des tracts sont très déficients, on ne sait pas pourquoi mais ils battent des records dans les distributions de tracts. D’autres préfèrent le boitage : distribuer les tracts dans les boites aux lettres, c’est moins fatiguant je prends l’exemple d’un militant qui a 80 ans, c’est plus simple le concernant, il n’a pas envie de passer 3h debout sur un marché. Tous les messages mails ou SMS, explicites. Il y a les collages, il faut que les panneaux électoraux officiels soient entretenus. Le militantisme il n’y a pas une forme, c’est un ensemble de formes qui s’additionnent pour convaincre différentes tranches de populations, les personnes âgées sortent peu donc comment les contacter ? Le tract dans la boite aux lettres du fait qu’elles sortent peu, ou les atteindre vers 15h – 16hsur les marchés de plein air, pour discuter avec les gens âgés. Lors des dernières élections municipales nous avions tous des coupe-vent blancs avec le nom du candidat et la ville inscrits dessus, nous n’avions même pas besoin de forcer pour donner des tracts, les gens en avaient assez de recevoir des papiers, et ceux qui voulaient parler ils posaient des questions, ils voulaient discuter avec nous et nous étions repérables, nous n’étions pas agressifs dans le contact, et à chaque militant sa spécialité.
- Identifiez-vous de nouveaux modes de militantisme qui pourraient être utilisés à l’avenir ?
La course, le footing, le cyclisme autour du militantisme avec le candidat et en portant un tee-shirt au nom du candidat, parcourir un secteur bien défini, stratégique, autour des commerces, etc… donnent une forme de dynamisme.Il faut vraiment varier afin que tout le monde soit approché.
- Selon vous, quels sont les cinq mots clés qui caractérisent le plus le militantisme ?
Convictions, Respecter les citoyens, Dynamisme, Connaissance des programmes et des thèmes que l’on défend, Convaincre.
- Selon vous l’environnement du militantisme se rapproche le plus de quel environnement professionnel ? Pour quelles raisons ?
Du monde de la communication, on l’a vu cette année en 2017 avec un candidat à la présidentielle car il avait les médias proches de lui, ce n’est pas lui qui a été choisi mais c’est l’homme qui a été créé artificiellement par les médias.
INTERVIEW 13 le 12 juillet 2017
LE MILITANTISME DE TERRAIN : PILIER POUR LA COMMUNICATION POLITIQUE
Romain C., 26 ans, Cadre
- Depuis combien de temps militez-vous ?
Depuis début 2016.
- Quelles sont les raisons qui vous ont conduites au militantisme ?
Depuis tout jeune j’avais envie de faire de la politique, j’ai une vision assez positive, je pense que c’est la moyen le plus concret de pouvoir améliorer le quotidien de la vie des gens, c’est quelque chose qui m’a toujours passionné, quand j’étais plus jeune j’étais délégué de classe, je me suis toujours dit que j’avais l’envie de me dévouer et d’utiliser mon temps pour la communauté.
- Comment définiriez-vous le militantisme ?
Militer, militaire, quand on regarde l’étymologie du latin militare « être soldat, faire son service militaire », c’est exactement cela être soldat mais par rapport à ses idées et pouvoir les faire progresser au sein de la société. C’est une notion importante le combat : nous sommes tous des militants et au final il faudra avoir les meilleurs arguments, les plus pertinents pour pouvoir faire triompher nos idées face aux arguments des autres. C’est vraiment cela le militantisme c’est cette notion de combat.
- Par quels moyens conduisez-vous vos actions militantes ?
Il faut dissocier les actions locales et nationales. Pour les actions locales, on fait beaucoup de porte à porte, des tractages, des collages, un peu moins de réseaux sociaux parce que les personnes n’ont pas toutes une visibilité sur ces réseaux. La grande différence entre ces deux actions sont l’utilisation des réseaux sociaux même si on les utilise quand même au niveau local mais davantage au niveau national. Les actions militantes sont avant tout les tractages. Beaucoup de dialogue avec les gens, être dans l’échange, avenant.
- A quelles réactions êtes-vous confronté lorsque vous allez à la rencontre des électeurs sur le terrain ?
Il y a deux types de réactions, nous avons toujours des électeurs en tant que jeunes qui sont conscients de ce que l’on fait, une réaction positive des gens, qui nous complimentent et qui valorisent l’action militante, c’est agréable. Le deuxième type de réaction est que certains citoyens ne font pas la différence entre le candidat que l’on représente en tant que militant et le militant et de ce fait on se retrouve avec la réflexion « oh non surtout pas lui ! », cela revient régulièrement, ils formulent quelque chose contre nous même si cela est tourné vers le candidat, ils ont une sorte d’agressivité qui se dirige envers nous. Je trouve cela dommage car nous essayons de faire évoluer les idées, changer la société en portant nos valeurs, ces personnes n’ont pas de gratitude pour ce que l’on peut faire même si on ne partage pas les mêmes idées.
- Quel est selon vous le moyen le plus efficace pour convaincre les électeurs ?
Au niveau national ce sont les médias, on sort d’une primaire, on sort d’une présidentielle, j’ai constaté que toutes les actions que j’ai pu mener n’ont pas entrainé un score extraordinaire des candidats que j’ai soutenu dans ma ville alors que nous avons effectué du tractage, du porte à porte, du collage, c’est une frustration et au niveau local c’est le porte à porte le plus efficace, une anecdote une candidate m’a confié qu’elle avait remporté son élection en faisant du porte à porte, il le faisait chaque soir, elle a fait un nombre incroyable de portes et c’est ainsi qu’elle s’est fait connaitre, en se présentant et réussir à convaincre. J’ai toujours cette expérience en tête. Ce qui fait gagner c’est le fait d’être connu. C’est une humilité qui passe bien au sein des électeurs « bonjour je me présente je suis candidate pour …. » et les électeurs cette forme d’humilité. C’est la différence pour moi au niveau local.
- Parmi les modes de militantisme existants, quels sont ceux qui mériteraient selon vous d’être développés ou améliorés ?
J’aime beaucoup le porte à porte, mais ce peut être frustrant si les portes ne s’ouvrent pas. Lors d’une campagne nous avions une base de données de personnes inscrites, nous pouvions aller plus facilement à l’encontre de ces personnes. En sachant que les fichiers ne sont jamais à jour et qu’il y a la protection privée des personnes. Il faudrait améliorer ce type de base de données, ce serait l’idéal pour effectuer le porte à porte de manière très efficace.
- Identifiez-vous de nouveaux modes de militantisme qui pourraient être utilisés à l’avenir ?
C’est une action qui est vielle comme le monde, ce que l’on peut faire c’est mettre à disposition de nouveaux outils, mais il y a de plus en plus d’hologrammes, de facebook live (pour parler directement aux candidats), nous en avions beaucoup durant les législatives. Ce qui m’a véritablement plu c’est la campagne d’un candidat qui a effectué des joggings, il communiquait autour sur les réseaux sociaux et j’ai trouvé cela original, avec le parcours qui était suivi et ça permettait d’allier l’utile à l’agréable le concernant et d’aller à l’encontre des électeurs tout en sachant où ils devaient se rendre pour pouvoir échanger avec le candidat.Même si ce n’est pas un concept novateur c’est quand même quelque chose qui assez sympathique et qui a même été repris par d’autres candidats. Au final c’était une très bonne idée.
- Selon vous, quels sont les cinq mots clés qui caractérisent le plus le militantisme ?
Sacrifice (beaucoup de temps consacré), Humilité (démarche à l’encontre de l’électeur), Convaincre, Fidélité, Loyauté, Confiance.
- Selon vous l’environnement du militantisme se rapproche le plus de quel environnement professionnel ? Pour quelles raisons ?
Assez proche de ma profession je m’occupe de budgets sur différents projets, donc je suis en contact avec différents interlocuteurs qui me demande de l’humilité, d’être avenant, j’ai des questions assez sensible notamment budgétaires. Il faut être capable d’aller les voir et de prendre les informations avec diplomatie et j’arrive à établir au final entre ce que j’effectue professionnellement et dans le militantisme. Personnellement, c’est assez intéressant de voir cela.
- Avez-vous organisé des campagnes ? (directeur de campagne, presse relations, etc…) ou organisation d’un secteur, lequel ?
Pendant les primaires j’étais le référent d’un candidat au sein de ma ville, c’était intéressant, j’ai organisé le tractage, nous ne sommes partis de rien, de ce fait il a fallu réunir une équipe de militants, de gens sur qui je pouvais compter, une campagne très intense car je l’ai mené dans ma ville et au sein du département. J’ai rencontré du monde, c’était une campagne extraordinaire, le socle des militants s’est renforcé et ensuite nous avons fait la campagne du candidat sorti de ces primaires. Nous étions entre jeunes et cela a permis de passer d’excellents moments ensemble.
Avec WhatsApp, on s’informe en boucle et cela permet d’avoir les informations rapidement. On l’utilise beaucoup entre nous notamment sur l’actualité de la ville. On maintient le lien, de rapprocher les rapports et de faire contribuer chacun. Nous sommes en lien constant avec tous les jeunes responsables du département, on s’informe lors des évènements jeunes, des réunions, c’est un outil efficace pour pouvoir communiquer en temps réel, voir les statuts, c’est très utilisé.
[1] Le militantisme : bibliographie sélective, http://www.bnf.fr/documents/biblio_militantisme.pdf
[2] Touati, Z. 2013. « La révolution tunisienne : interactions entre militantisme de terrain et mobilisation des réseaux sociaux », L’année du Maghreb, VIII , https://anneemaghreb.revues.org/1426
[3] Mabi, C. et Theviot, A. 2014. « La rénovation par le Web ? Dispositifs numériques et évolution du militantisme au PS », Participations, 1 (8) : 97 – 126, https://www.cairn.info/revue-participations-2014-1-p-97.htm
[4] Larousse. Militantisme, http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/militantisme/51437
[5] Larousse. Militer, http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/militer/51444
[6] Blanchard, P. 2010. Analyse séquentielle et carrières militantes. Rapport de recherche, https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00476193v1
[7] Aldrin, P. 2009. Les permanents sont-ils des militants ? Recherche socialistes, Office universitaire de recherche socialiste, pp. 67 – 81, https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00520809
[8] Ethuin, N. 2010. Intervention de Nathalie Ethuin dans l’atelier « Les évolutions du militantisme » à l’université d’été du PCF (août 2010), http://www.espaces-marx.net/spip.php?article613
[9] Sawicki, F. 2014. Partis politiques et mouvements sociaux : des interdépendances aux interactions et retour…, https://www.researchgate.net/publication/262893548
[10] Cartier, J. Le militantisme : une notion qui évolue, http://partage.association.free.fr/esperal51-2015-historique-Le-militantisme.pdf
[11] Manise, J-L. 2012. De l’activisme numérique au militantisme de terrain : de nouvelles formes d’engagement, https://www.cesep.be/PDF/ETUDES/ENJEUX/activisme.pdf
[12] Simon, J-R. 2016. Révolution numérique et fin de l’Histoire, https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/revolution-numerique-et-fin-de-l-180822
[13] Khamis, S. 2013. Le rôle des médias dans les transitions arabes : comment le « cyber-activisme » est en train de bouleverser les panoramas politique et communicationnel, http://www.iemed.org/observatori-fr/arees-danalisi/arxius-adjunts/anuari/iemed-2013/Khamis%20role%20des%20media%20ArabES%20%20FR.pdf
[14] Les « origines culturelles numériques » de la Révolution arabe, http://cpa.hypotheses.org/2484
[15] Khamis, S. 2013. Le rôle des médias dans les transitions arabes : comment le « cyber-activisme » est en train de bouleverser les panoramas politique et communicationnel, http://www.iemed.org/observatori-fr/arees-danalisi/arxius-adjunts/anuari/iemed-2013/Khamis%20role%20des%20media%20ArabES%20%20FR.pdf
[16] Khamis, S. 2013. Le rôle des médias dans les transitions arabes : comment le « cyber-activisme » est en train de bouleverser les panoramas politique et communicationnel, http://www.iemed.org/observatori-fr/arees-danalisi/arxius-adjunts/anuari/iemed-2013/Khamis%20role%20des%20media%20ArabES%20%20FR.pdf
[17] Proulx, S. 2012. La puissance d’agir des citoyens dans un monde fortement connecté. In : « Usages et pratiques des publics dans les pays du Sud : des médias classiques aux TIC », Conférence d’ouverture, Colloque d’Agadir, du 4 au 6 avril 2012, https://s3.amazonaws.com/academia.edu.documents/32065722/Proulx-Agadir120404-texte06.pdf?AWSAccessKeyId=AKIAIWOWYYGZ2Y53UL3A&Expires=1505581973&Signature=f3UuVmDNJfQGVoBQnjHqA7cdxPE%3D&response-content-disposition=inline%3B%20filename%3DLa_puissance_dagir_des_citoyens_dans_un.pdf
[18] Khamis, S. 2013. Le rôle des médias dans les transitions arabes : comment le « cyber-activisme » est en train de bouleverser les panoramas politique et communicationnel, http://www.iemed.org/observatori-fr/arees-danalisi/arxius-adjunts/anuari/iemed-2013/Khamis%20role%20des%20media%20ArabES%20%20FR.pdf
[19] Larzillière, P. 2013. La Jordanie contestataire : militants islamistes, nationalistes et communistes : introduction. Sinbad – Actes Sud, p. 7 – 21, http://hal.ird.fr/ird-00951968
[20] Manise, J-L. 2012. De l’activisme numérique au militantisme de terrain : de nouvelles formes d’engagement, https://www.cesep.be/PDF/ETUDES/ENJEUX/activisme.pdf
[21] Ion, J. La fin des militants ? Editions de l’Atelier, https://www.alternatives-economiques.fr/militants/00017989
[22] Manise, J-L. 2012. De l’activisme numérique au militantisme de terrain : de nouvelles formes d’engagement, https://www.cesep.be/PDF/ETUDES/ENJEUX/activisme.pdf
[23] Khamis, S. 2013. Le rôle des médias dans les transitions arabes : comment le « cyber-activisme » est en train de bouleverser les panoramas politique et communicationnel, http://www.iemed.org/observatori-fr/arees-danalisi/arxius-adjunts/anuari/iemed-2013/Khamis%20role%20des%20media%20ArabES%20%20FR.pdf
[24] Mabi, C. et Theviot, A. La rénovation par le Web ? Dispositifs numériques et évolution du militantisme au PS, https://www.cairn.info/revue-participations-2014-1-page-97.htm
Mémoire de fin d’études de 100 pages.
€24.90