Mémoire portant sur le modèle pédagogique de la classe inversée.
SOMMAIRE
1.1 Apports conceptuels de l’étude. 4
1.1.1 La taxonomie de Bloom.. 5
1.1.1.1 Étape 1 : Connaissance. 5
1.1.1.2 Étape 2 : Compréhension. 5
1.1.1.3 Étape 3 : Application. 5
1.1.1.6 Étape 6 : Évaluation. 6
1.1.2 Le triangle pédagogique. 6
1.1.2.1 Approche conventionnelle : l’enseignement 7
1.1.2.2 Approche formative : former 7
1.1.2.3 Approche par apprentissage. 7
1.2 La démarche méthodologique. 7
1.2.1 Travaux bibliographiques. 7
1.2.2 Mode de recueil et de production de données. 8
2.1 Origines et diffusion du concept de la classe inversée. 9
2.1.1 Qu’est-ce que la classe inversée ?. 9
2.1.2 Quelles sont les fonctions de la classe inversée ?. 10
2.1.3 Un tour d’histoire sur la naissance de la pédagogie inversée. 11
2.1.4 Les raisons qui plaident en faveur de la classe inversée. 12
2.1.4.1 Liberté d’apprentissage. 12
2.1.4.2 L’enseignement actif répond à un besoin d’estime et de reconnaissance sociale. 13
2.1.4.3 Moderniser l’image de l’école. 13
2.2 Les avantages de la prise de cours à domicile. 14
2.2.1 Les effets positifs sur l’apprentissage et sur les divers aspects de la vie privée. 15
2.2.1.1 L’apprentissage : terrain d’expériences enthousiasmantes et enrichissantes. 15
2.2.1.2 Porter un jugement sur les performances des élèves. 15
2.2.1.3 La classe inversée fournit un accompagnement individualisé des élèves. 15
2.2.1.4 La classe inversée sème les germes des qualités professionnelles. 15
2.2.1.5 La classe inversée augmente la réputation de l’école. 16
2.2.1.6 La scolarité reviendra moins chère. 16
2.2.1.7 L’opportunité d’apprendre à sa propre cadence. 17
2.2.1.8 L’adaptation des horaires d’études en fonction du mode de vie. 18
2.2.1.9 Rendre l’école plus proche des us et pratiques de l’étudiant 18
2.2.2 Les risques à craindre en adoptant la classe inversée. 20
2.2.2.1 Pénalisation des bons élèves. 20
2.2.2.2 Existence de contenus indésirables corrompant l’intégrité des jeunes. 20
2.2.2.3 Un risque différent chez les garçons et les filles. 21
2.2.2.4 Divergence de points de vue parmi les éducateurs et les éducatrices. 22
2.3 Effets de la classe inversée sur les rendements scolaires. 22
2.3.1 Effet du flipped classroom sur des étudiants d’un cours de gestion stratégique. 23
2.3.1.1 Indices de perception. 23
2.3.1.2 Indices de satisfaction. 24
2.3.1.3 Indices d’efficacité. 25
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES. 26
INTRODUCTION
Ces dernières années ont vu une série de réformes majeures ébranler l’environnement éducatif de nombre de pays. La plupart de ces expérimentations pédagogiques sont nées aux États-Unis. Elles rejettent la conception classique de l’école comme un lieu d’acquisition des connaissances académiques et théoriques. Un large consensus s’est dégagé parmi les spécialistes de l’éducation qui préconisent un style pédagogique où l’enseignement cède la priorité à l’apprentissage. C’est dans cette vague d’innovations qu’est apparue, vers la fin du xxe siècle, l’idée d’inverser ou de retourner la classe.
En France, J. Bergmans et A. Sams ont été les initiateurs de cette pratique. Ils imaginent un modèle éducatif dans lequel les travaux à l’école et à domicile sont inversés. Les élèves étudient les cours chez eux, soit en lisant des manuels scolaires, soit en téléchargeant des contenus vidéos. En classe, ils s’entraînent à des applications pratiques sous la direction de l’enseignant. Ainsi, « le temps de cours n’est plus consacré à la mise en place de nouvelles notions mais à la mise en pratique de celles-ci »[1]. La classe inversée, également connue sous le nom de « flipped classroom », commence à être vulgarisée dans les écoles et les collèges de l’Europe occidentale. Il s’agit d’un concept attractif et novateur, qui donne un nouveau souffle au monde de l’enseignement.
Le fait de laisser aux élèves le soin d’acquérir par eux-mêmes les éléments de connaissance sur chaque matière donne de réelles promesses d’efficacité. Il conduit l’apprenant à faire des recherches actives, stimule l’intérêt personnel pour la leçon, rend l’école plus vibrante et l’ambiance en classe plus agréable[2]. Dans ce modèle d’enseignement, les cours ne sont plus un donné mais un construit. Dans l’ancien, le savoir est acheminé vers l’élève ; mais désormais, c’est l’élève qui se dirige vers le savoir ; il invente ses propres solutions de recherche et d’apprentissage. En même temps, la classe inverse démantèle les rapports de force entre le professeur et les élèves, dans la mesure où le professeur cesse de prendre les rênes de la classe. L’élève prend les cours académiques à la maison ; le rôle du professeur consiste à guider les élèves, en leur offrant un encadrement pertinent et adapté dans leur parcours scolaire.
La problématique qui se pose naturellement est la suivante : « comment la classe inversée peut-elle, au-delà de ses buts purement pédagogiques, préparer les élèves à l’autonomie et à l’apprentissage pour la vie ? »
En effet, l’un des reproches adressés habituellement aux tenants du concept de la classe inversée est la confiance aveugle sur l’initiative et l’esprit d’apprentissage. La classe inversée plaide pour une liberté et une responsabilisation accrue des apprenants. Elle permet aux acteurs de l’éducation de faire un saut remarquable dans l’économie numérique, et partant dans l’internationalisation des offres de formation. « Le dispositif technopédagogique, par sa position d’intermédiation, modifie le rapport du sujet au savoir, à l’action, aux autres, etc., mais il contribue aussi à transformer le savoir, l’action ainsi que la relation »[3]. L’intention est on ne peut plus légitime, mais les inquiétudes suscitées par l’efficacité pédagogique d’une telle méthode restent d’actualité. En quoi la classe inversée permet-elle de mieux apprendre et de mieux enseigner ?
Élucider cette problématique invite à répondre aux questions de recherche suivantes :
- Quels sont les principes qui fondent le concept de classe inverse ? En quoi il innove et transforme l’art de l’enseignement traditionnel ?
- Qu’est-ce que les acteurs de l’éducation – l’élève, les parents et le corps enseignant – gagnent à choisir ce modèle de formation mixte ?
- Est-ce que la pratique de la classe inverse améliore les performances des élèves ? Résiste-t-elle à l’épreuve des normes sociologiques et culturelles propres à chaque pays ?
L’étude se donne pour objectif global de mettre en exergue le potentiel d’innovation apporté par le modèle d’enseignement de la classe inversée, en cernant la manière avec laquelle il rehausse les compétences des élèves et donne du sens à la vie scolaire.
Les résultats attendus de l’étude portent sur trois points :
- Un tableau historique retraçant la naissance et la diffusion du paradigme de la classe inversée sera mis au point ;
- Les bienfaits du mode d’apprentissage à la maison seront mis en exergue à la lumière des perspectives d’éducation en ligne et des atouts de développement personnel ;
- Un compte-rendu des essais de projets sur la classe inversée sera effectué, pour comparer lesquels de la nouvelle méthode ou de l’enseignement classique ont plus d’impact sur les rendements scolaires.
Le présent travail de recherche est subdivisé en trois parties. La première section décrit la démarche méthodologique, y compris les théories conçues par des penseurs de l’éducation défendant la pédagogie active. La seconde est consacrée aux résultats d’investigation, dont un exposé sur l’origine et l’influence mondiale du modèle de la classe inversée, une identification des avantages liés à la prise de cours à domicile, avec un regard particulier sur le marché du « e-learning » et de la téléformation. Pour clore le travail, nous évaluerons les effets de la classe inversée sur les rendements scolaires, en prenant le cas d’un cours universitaire en France. Dans la conclusion, nous dégagerons des pistes de réflexions sur le sujet, assorties de quelques recommandations pour faire de la classe inversée une réussite effective pour tous les élèves des collèges, des lycées et des universités du monde.
1 MATÉRIEL ET MÉTHODES
1.1 Apports conceptuels de l’étude
Le déroulement d’une situation de formation peut être appréhendé à travers un bouquet d’outils conceptuels. Quatre conditions doivent être réunies : un émetteur délivrant l’information, un récepteur à qui est destiné l’acte de formation, une salle servant de lieu d’exécution de la formation, un programme d’études qui transforme l’information en contenus pédagogiques.
Il est essentiel de bien comprendre les concepts entourant l’école et les activités en classe. Nous mettons en avant les réflexions doctrinales autour de l’enseignement actif, dont dérive le modèle de classe inversée.
- la taxonomie de Bloom
- le triangle pédagogique
1.1.1 La taxonomie de Bloom
Elle se définit comme un outil d’évaluation, conçu à l’attention des acteurs de l’éducation désireux de mesurer le progrès intellectuel des élèves sur une échelle hiérarchique.
Cette classification est largement connue dans les milieux scolaires des États-Unis et du Canada.
Figure 1: Les niveaux d’apprentissage d’après la taxonomie de Bloom
Source : Auteur, 2017 |
La taxonomie de Bloom reconnaît six grandes étapes dans le processus d’apprentissage.
1.1.1.1 Étape 1 : Connaissance
L’élève récite par cœur et reproduit textuellement les choses qu’il vient d’apprendre. Il en va ainsi des élèves de la petite enfance, à qui l’on enseigne les tables de multiplication. Seul importe ici l’acte de mémorisation. Il s’agit d’une acquisition des connaissances à l’état brut.
1.1.1.2 Étape 2 : Compréhension
Ce deuxième niveau coïncide aux prémices d’appropriation des savoirs. L’apprenant est capable de décrire et de s’exprimer sur ses éléments de connaissance en utilisant ses propres mots. C’est ce qui est attendu ordinairement des élèves rédigeant une composition en français, lorsqu’ils sont appelés à relater une pièce de théâtre ou à expliquer le rôle d’un personnage de contes de fée. Ici intervient donc un acte de description et de reconstruction lexicale des savoirs.
1.1.1.3 Étape 3 : Application
Le troisième niveau revêt une ambition d’expérimentation des savoirs, à travers des exercices délibérément complexes et des simulations de problèmes. Il convient de projeter les acquis pédagogiques sur les sujets d’exercices proposés par le professeur. L’étudiant doit s’employer à sélectionner et organiser ses connaissances, et à les utiliser de façon judicieuse en tenant compte de la diversité des cas. Grosso modo, la troisième étape vise l’illustration et la mise en pratique des savoirs.
1.1.1.4 Étape 4 : Analyse
L’étape renvoie à un travail intellectuel supérieur. Il appartient à l’apprenant de classer, d’examiner, d’expliquer et d’interpréter des informations en suivant une démarche structurée. Une logique de réflexion et de rigueur scientifique doit nécessairement transparaître dans l’acte d’analyse.
On peut citer l’exemple typique d’un devoir de sciences, où l’élève est tenu d’expliquer le rôle des anticorps dans la prévention des maladies infectieuses. La question implique à définir, de prime abord, la nature chimique des anticorps, à se pencher ensuite sur leur mode d’action pour reconnaître et tuer les corps étrangers et à explorer enfin les réactions biologiques impliquées dans la défense de l’organisme.
1.1.1.5 Étape 5 : Synthèse
À ce stade, l’élève met en œuvre un discours étayé, documenté et cohérent à propos d’un sujet connu. La synthèse implique à faire preuve d’une gestion et d’une planification judicieuse des connaissances. Il s’agit de peser les forces et les faiblesses théoriques d’un point de vue. L’apprentissage a pour finalité d’affirmer, prédire, supposer, avancer des estimations et des calculs, cerner une réalité sous plusieurs angles en s’appuyant sur une large palette d’informations.
1.1.1.6 Étape 6 : Évaluation
L’acte d’évaluation consiste à porter une appréciation objective, réaliste et personnelle sur un sujet. Pour juger du bien-fondé d’un travail, l’élève doit atteindre un haut niveau de maîtrise de la discipline scientifique. Il lui incombe de développer une bonne argumentation pour défendre son idée, en combinant aux théories les preuves empiriques et les jugements individuels. L’évaluation débouche sur la production d’une œuvre personnelle.
1.1.2 Le triangle pédagogique
Tout projet pédagogique, visant la mise à disposition de connaissances théoriques ou pratiques à un public déterminé, peut être visualisé sous un rapport triangulaire.
Figure 2: Triangle évoquant les trois dimensions du processus pédagogique
APPRENDRE |
ENSEIGNER |
FORMER |
Source : Auteur, 2017
– E : enseignant-savoir
– S : savoir-élève
– L : élève-enseignant
Il y a lieu d’évoquer trois styles d’apprentissage, selon la dimension que l’on désire exacerber – la relation enseignant-savoir, la relation savoir-élève ou la relation élève-enseignant – et qui représentent les trois côtés du triangle pédagogique.
1.1.2.1 Approche conventionnelle : l’enseignement
Le premier côté insiste sur la relation entre le professeur et les savoirs. L’enseignant recherche le perfectionnement des méthodes et techniques éducatives plus que le transfert des savoirs en direction des étudiants. Il se complaît à faire étalage de son érudition. Ce sont la qualité des contenus théoriques, les exposés illustratifs et les sources documentées qui font la distinction de l’enseignement. L’action d’encadrement est délaissée.
1.1.2.2 Approche formative : former
Le côté enseignant-étudiant symbolise un style d’éducation qui mise sur la posture relationnelle de l’enseignant. Celui-ci souhaite rassurer à tout prix les élèves, gagner leur estime, instaurer un environnement attachant et convivial dans la classe. Il règne une chaude ambiance durant les cours. Cette stratégie d’enseignement est adaptée aux actions de formation. Efficace chez un public d’adultes ayant une moyenne d’âge identique que le maître de cours, elle doit être utilisée avec prudence dans les établissements primaires ou secondaires. Elle est susceptible de dévier la classe de sa vocation prioritairement informative et didactique.
1.1.2.3 Approche par apprentissage
Le troisième côté met l’accent sur la relation étudiant-savoir ; l’éducateur est négligé. L’intérêt est pointé expressément sur le public scolaire tandis que l’intervention de l’enseignant n’est plus si dominante. Un rôle actif est confié aux apprenants ; la classe est remodelée pour créer une situation optimale d’apprentissage. Là où la pédagogie formative cherche à tisser un lien socio-émotionnel entre l’éducateur et le public apprenti, la pédagogie par apprentissage fait appel à l’attraction de la nouveauté pour développer divers moyens d’acquisition de capacités et de savoirs.
1.2 La démarche méthodologique
La partie suivante clarifie la méthodologie choisie dans la récolte et la sélection des données ainsi que dans la production des résultats.
1.2.1 Travaux bibliographiques
Notre méthodologie repose essentiellement sur la compilation d’études bibliographiques. La classe inversée est un sujet qui nourrit des débats fiévreux et retient l’attention de la communauté scientifique depuis quelques années. On en parle dans la presse, on explore les bonnes raisons qui justifieraient d’inverser ou de retourner la classe, on le retrouve dans le contenu des discours politiques. Tandis que les adeptes de la pédagogie active ne tarissent pas d’éloges sur le sujet, d’autres auteurs, plus sceptiques, expriment leurs craintes de voir le public infantile incapable d’initiative et de discernement, face à la responsabilité digitale. À côté, d’autres ouvrages restreignent le champ d’investigation sur le domaine pédagogique, en comparant les performances des élèves en classe inversée à celles des élèves qui suivent un enseignement traditionnel. Autant dire que notre bibliographie a été d’une extrême richesse.
Deux types d’ouvrages se détachent par leur contribution dans la présente étude : nous avons accordé toute notre attention aux travaux traitant des fondements conceptuels et philosophiques de la classe inversée. Un regard particulier a été porté sur les idées d’Éric Mazur, considéré comme le père de cette élégante théorie. Ensuite, nous avons consulté les études récentes sur l’usage de l’internet et les offres d’apprentissage en ligne : les rapports de l’Insee et de l’Eurostat ont été nos principales sources sur ce propos.
1.2.2 Mode de recueil et de production de données
De cette revue de l’état de l’art, nous avons tiré un ensemble de données pour étayer et enrichir notre analyse. D’abord, nous tenons à explorer les contours du nouveau style d’enseignement qu’est la classe inversée. Si les écoles européennes sont nombreuses à intégrer ce mouvement, il convient de le redéfinir dans son cadre théorique et historique. Une délicatesse a été portée à la mise au clair de la terminologie. Le premier résultat procède de l’heureux croisement de références notoires comme l’université Vanderbilt, le site de Bright Hub Education et Wikipédia.
Dans un second temps, le travail de mémoire s’attache à cerner les impacts potentiels de la classe inversée. Une abondante littérature souligne le progrès de la socialisation, un écart de performances modéré entre les bons et les passables élèves, le développement personnel des adolescents suite à la liberté d’étudier et de construire l’édifice des savoirs. Sans ignorer cette vision optimiste de la classe inversée, nous nous sommes référés à un ensemble d’indices mesurables et statistiquement vérifiables, à la lumière desquels les tendances de la population scolaire ont pu être analysées.
Les données officielles de l’Insee et de l’enquête internationale HSBC ont été d’un secours précieux. Parmi les effets d’entraînement de cette réforme pédagogique, nous nous sommes penchés sur l’influence des médias dans le quotidien des jeunes, le temps de travail à la maison, l’évolution des structures familiales internes et l’impact sur l’épanouissement personnel. Un large éventail de données a été capturé :
- le nombre d’heures consacrées aux écrans,
- le taux d’accès à l’internet,
- les pratiques numériques chez les filles et les garçons,
- l’utilisation de l’internet à des fins d’acquisition et d’enrichissement des connaissances,
- le téléchargement des livres et des revues en ligne,
- le téléchargement de logiciels,
- les heures de sortie en classe et de rentrée à la maison, etc.
Est-ce faire un abus d’informations factuelles ? C’est un grief qu’on peut reprocher à notre travail. Mais la fiabilité et la transparence de ces données officielles en font un bagage tout à fait adéquat, pour scruter en profondeur la valeur ajoutée à retirer de la classe inversée et pour déterminer ceux qui y gagnent le plus et ceux qui risquent de ne pas y gagner.
La troisième section du travail concerne l’impact de la pédagogie inversée sur les rendements scolaires. Pour obtenir des résultats valides et probants, il est essentiel de se baser sur les études des prédécesseurs qui comparent les notes moyennes enregistrées par des élèves de même niveau d’études, les uns suivant la classe inversée, les autres inscrits dans une classe où le formateur conserve un style d’enseignement magistral.
Le projet de recherche de Bergjford, O. et de Heggernes, T. (Norvège, 2016) a été retenu pour cette analyse. Il publie les résultats d’une enquête conduite auprès de 100 étudiants dans le collège universitaire de Bergen, à Norvège. Nous avons recueilli les notes d’examen obtenues sur un cours de gestion stratégique. L’étude a pour but de mesurer le degré de satisfaction des élèves sur la méthode d’apprentissage et d’examiner si l’hypothèse selon laquelle la classe à l’envers supprime l’abîme entre les compétences scolaires tient debout.
La méthodologie présente deux faiblesses majeures. L’expérience de la classe à l’envers est manifestement trop brève : une réserve s’impose dans la lecture analytique des résultats. Il est naïf de tout attribuer à la pédagogie inversée la moyenne augmentée des élèves, sachant que la classe a hébergé différents élèves et que le revenu, le statut social, le soutien d’un frère ou d’une sœur peuvent avoir une répercussion sur les performances scolaires. Des données calculant les moyennes d’un même échantillon d’élèves sur trois ou quatre années successives auraient plus de sens. Le bien-fondé de notre outil est quand même recevable, puisque les élèves ressortent d’une classe présidée par le même professeur au cours des trois années de l’enquête. De plus, l’exigence de comparabilité est remplie puisque le programme d’études n’a que peu changé.
2 RÉSULTATS
2.1 Origines et diffusion du concept de la classe inversée
2.1.1 Qu’est-ce que la classe inversée ?
La classe inversée renvoie à un concept d’enseignement, né aux États-Unis vers la moitié de la décennie 90, porteur d’une nouvelle philosophie qui plaide pour une classe active, ouverte aux nouveautés digitales et donnant priorité à l’étudiant.
La classe à l’envers, également désignée sous le terme anglais « flipped classroom », connaît aujourd’hui un succès prodigieux. Jusqu’à ce jour, aucune définition de référence n’est admise dans le cercle de métier ; d’ailleurs, la classe inversée couvre un large spectre d’apprenants, de matières et de pratiques pédagogiques. Cela dit, les types d’approches se réclamant de « l’apprentissage flippé » possèdent un même air de famille. Essayons d’examiner les contours de la classe inverse à la lumière des termes et des concepts usités.
L’université Vanderbilt a mis en avant une définition ad hoc, en la décrivant comme « un retournement de la pédagogie conventionnelle, où les étudiants bénéficient d’une exposition à de nouveaux matériels en dehors du temps de classe, le plus souvent par la lecture de textes ou les projections vidéos, et où la présence en classe est mise à profit pour faire une assimilation intensive des cours au travers de stratégies comme la résolution d’un problème, la conduite d’un débat ou d’une discussion »[4].
Un article anglophone de Wikipédia précise le type d’aménagement scolaire souhaité. Il affirme que la classe inversée « déplace le transfert des connaissances hors de l’école et dirige l’application de ces mêmes connaissances dans l’enceinte de la classe. Cette technique permet d’encadrer les étudiants dans leur apprentissage au lieu du simple acte de lecture »[5].
Dit autrement, la classe inversée redessine le visage de l’école en modifiant le déroulement des activités d’apprentissage. Elle « exporte la leçon en dehors du temps de classe »[6], ce qui conduit les élèves à accroître leur temps d’études à la maison ; ce faisant, elle substitue la leçon par des sujets de devoirs, à l’occasion desquels l’enseignant pourra juger de la progression individuelle des élèves et agir en conséquence en repérant leurs besoins[7].
Pour compléter cette section terminologique, il convient de mentionner cette définition remarquable du Bright Hub Education : « les enseignants, saisissant la technologie moderne transforment l’éducation en quelque chose de plus récent et plus efficace »[8]. Si concise soit-elle, cette description traduit les buts et les desseins révolutionnaires de la classe inversée. C’est la fiche de poste de l’enseignant qui est à réécrire, étant précisé que : « le sage sur scène devient le guide sur le côté »[9].
2.1.2 Quelles sont les fonctions de la classe inversée ?
– fonction distributive
La classe inversée s’oppose au modèle d’enseignement paternaliste, où le maître de cours occupe le devant de la scène. Elle veille au partage des rôles entre l’instructeur et le public apprenti ; le partage des rôles s’accompagne d’une délégation de tâches, d’une réorganisation des activités en classe et hors classe et d’un aménagement horaire des études.
La fonction distributive signifie qu’une partie des tâches de l’enseignant sera transférée vers les élèves ; c’est à eux de lire leurs leçons, de reprendre les idées et notions essentielles, de reformuler. Il reviendra à l’enseignant de concentrer ses efforts sur les étapes plus difficiles de l’apprentissage, celles qui sont situées sur l’extrémité haute de la taxonomie de Bloom : la mise en pratique, la synthèse, l’analyse…
– fonction implicative
Cette nouvelle répartition des tâches requiert un engagement ferme et soutenu des étudiants. Ils doivent bosser dur à la maison, ce qui requiert une bonne dose d’assiduité et de persévérance. Est de mise également leur participation active dans les débats, les dialogues et les travaux de groupe. La classe inversée est adaptée aux élèves qui désirent prendre en main leur destin scolaire.
– fonction d’ouverture
La classe inversée repousse aussi loin que possible l’horizon éducationnel et culturel de l’étudiant. Il expérimente des choses novatrices en classe ; des exercices de lecture, d’explorations et de découvertes seront au menu.
– fonction de conversion digitale
L’industrie éducative fait peau neuve en épousant les standards du web et de la technologie informatique. La classe inversée entend libéraliser les ressources éducatives. L’accès à la toile rend un précieux service aux élèves, grâce à l’obtention d’un maximum d’informations à moindre coût. L’époque où le savoir était limité à ce qui sort des lèvres du maître ou de la maîtresse est bel et bien révolue.
2.1.3 Un tour historique sur la naissance de la pédagogie inversée
L’idée d’inverser la classe a pris racine dans les travaux d’Éric Mazur, un éminent physicien qui officie dans l’université de Harvard. Cela date d’une époque récente : aux environs des années 1990. Il a initié un art d’enseignement qu’il baptise « instruction par les pairs » : faisant faire à ses élèves un cours préparatoire à la maison, il s’emploie en classe à jauger les acquis des élèves à l’aide d’une série de questions-réponses.
- la classe offre un cadre permissif pour l’ouverture sociale des étudiants : l’élève discute et explicite ses idées, en répondant à la question posée sur les cours ; le droit à la conversation n’est plus le privilège de l’instructeur.
- la classe stimule la capacité de réflexion et d’analyse. L’instructeur ne livre pas sur-le-champ la bonne réponse, mais dépouille successivement les réponses des élèves et démontrent en quoi leur proposition est inexacte. Il laisse aux élèves la chance de rectifier leur jugement.
- la classe innove par un parti pris pour les capsules vidéos. Éric Mazur a réalisé qu’une présentation visuelle est plus efficace qu’un texte très chargé.
L’élève évalue une réponse différente de la sienne ; il est invité à défendre et à confronter ses points de vue avec ceux de ses camarades de classe. Éric Mazur ne cache pas son contentement sur les bénéfices de cet apprentissage mutuel : « Rien ne clarifie davantage les idées que d’avoir à les partager (…) Je pose les questions et les étudiants doivent en discuter avec leur collègue assis à côté, tenter de le convaincre… »[10].
La contribution d’A. Sams et de J. Bergman a été significative dans la mise au point de cette méthode. Tous deux enseignaient les sciences dans le lycée de Woodland Park, situé en pleine zone rurale. Les étudiants se plaignaient de ne pouvoir s’adonner à une activité sportive, car le campus est très isolé ; les conférences sont finies le temps qu’ils se rendent dans les locaux de l’établissement. L’idée a jailli de cette situation affligeante : Sams et Bergman ont voulu créer des outils d’apprentissage portatifs pouvant être visionnés à domicile. C’est alors qu’ils ont avisé, en feuilletant un magazine, un logiciel qui a pour fonction de capter des images et des émissions vocales. Et le projet a vu le jour en 1996 ; les cours ont été convertis en vidéoconférences. N’est-ce pas le remède pour garantir une scolarité sereine aux étudiants sans qu’ils aient à renoncer à leur activité parascolaire ?
Depuis peu, le mouvement de la classe inversée connaît un fort développement. Il a commencé à s’imposer aux États-Unis et au Canada, à l’aube du XIXe siècle, sous l’influence de Khan Academy. En Europe, la classe à l’envers est également très en faveur, même si le nombre d’institutions adhérentes n’est pas encore significatif. À titre d’information, le diagramme ci-dessous montre la portion d’écoles ayant fait le choix de l’enseignement inversé sur le territoire français par rapport au total des centres scolaires.
Graphe 1 : Répartition des adeptes de la classe inversée par type d’établissement |
Source : Auteur, 2017
2.1.4 Les raisons qui plaident en faveur de la classe inversée
Il y a au moins trois bons arguments invoqués par les professionnels de l’éducation qui défendent la pédagogie inversée.
- la décentralisation des connaissances : les élèves se voient confier un pouvoir de contrôle et de décision sur leur vie scolaire ;
- le désir de promouvoir une image dynamique et captivante de l’école ;
- l’égalité des chances dans la réussite scolaire, à travers un soutien accru des élèves peu brillants ou, plus précisément, des mauvais élèves.
2.1.4.1 Liberté d’apprentissage
Une étude réalisée par W. Grolnick et R. Ryan laisse présager d’une forte incidence du mode d’apprentissage sur l’intérêt des élèves à étudier telle ou telle discipline. Ils ont observé trois groupes d’enfants inscrits dans une classe préprimaire, auxquels on a soumis un même texte. Il était exigé du premier groupe de maîtriser le texte sur le bout des doigts, les élèves ayant été informés qu’une épreuve sur le texte sera déterminante pour le passage en classe supérieure ; l’obligation d’apprendre le texte était imposée au second groupe, mais sans la pression d’une épreuve à passer. Dans le troisième groupe, les élèves étaient invités à remplir un questionnaire recueillant leurs avis sur le texte : est-il enrichissant, facile ou difficile… Grolnick et Ryan ont noté que l’intérêt à la lecture du texte est plus marqué, lorsque l’élève n’éprouvait pas de pression ni de contrainte.
Le message qu’ils tirent de cette expérimentation est clair :
– le libre choix d’étudier joue un rôle de premier plan dans la construction de l’excellence scolaire.
Pour parvenir à la réussite scolaire, il faut que l’acte d’apprentissage procède d’une volonté ferme et sincère des étudiants. Pour ce qui est de la classe inversée, les élèves ont l’opportunité de faire des recherches inédites, en naviguant sur la toile, afin de compléter les données de la capsule vidéo. Ils ne se contenteront plus des cours de l’enseignant, vu le nombre épatant des documents en ligne, qui n’attendent qu’à être consultés.
– l’intérêt pour l’apprentissage est lié à une satisfaction personnelle
La liberté d’apprentissage marche sur deux fronts. D’abord, l’élève aura la joie d’individualiser le contenu et le format des leçons. Si mince soit-il, ce pouvoir de décision sur le savoir scolaire entre en première ligne dans la détermination de la motivation. Ensuite, la dématérialisation des cours, grâce à la version numérique, permet une nouvelle distribution des heures de lecture et de révision correspondant mieux au goût et aux disponibilités de chacun.
L’intérêt à effectuer le travail préparatoire à la maison se justifie, non par l’espoir d’obtenir une bonne note, mais par le constat que les tâches à faire en classe ne pourront être menées à bien sans une minutieuse préparation.
Ainsi, l’élève est fier de constater que les acquis théoriques ont eu une utilité fonctionnelle. Il a la possibilité de créer, d’innover, de démontrer ses savoirs et d’en tirer des réalisations personnelles.
Le « click and learn » – faisant allusion au « click and buy » de l’achat en ligne – est une pratique promise à un bel avenir, et les partisans de la classe inversée tentent d’ouvrir nos yeux sur l’intérêt de visionner les cours en ligne et de s’inscrire sur les plateformes éducatives, portails d’édition, de partage et de documentation conçus pour faciliter l’élève dans la lourde tâche d’étudier !
2.1.4.2 L’enseignement actif répond à un besoin d’estime et de reconnaissance sociale
Le but de l’éducation ne se réduit pas à la mise à disposition des compétences académiques. Elle a aussi une visée sociale. La classe inversée, en appelant la participation pleine et effective de l’apprenant au processus de formation, permet de concilier ces deux objectifs. Le règne de l’enseignant est révolu, où les jeunes étaient confinés dans une fonction auditive et réceptrice. Dans ce mode d’enseignement nouveau, la classe est un espace d’expression pour les jeunes : ils discutent sur des thématiques, collaborent ensemble sur des projets, s’approprient des résultats des exercices et se font évaluer par leurs collègues. Par conséquent, la classe inversée met l’insistance sur la dimension humaine et relationnelle de l’éducation.
2.1.4.3 Moderniser l’image de l’école
Le troisième argument évoqué par les tenants de la classe inversée est à rechercher dans l’image attrayante et ludique de l’école. Nul ne contestera que l’enseignement de type magistral distille une ambiance relativement monotone. Plus d’un élève s’est surpris à bailler ou à languir d’ennui, lorsque le chargé des cours livre une explication verbeuse sur un sujet ou entame une longue lecture en dictant les passages d’un ouvrage. Cet exemple est typique des cours d’histoire et de géographie, même s’il n’est pas dénué de caricature.
De telles expériences sont propres à propager une vision fastidieuse du cursus scolaire. Or, la classe retournée a pour but d’inspirer le goût et l’amour de l’étude. Il est inacceptable que l’école soit perçue par les élèves comme un joug astreignant, sinon un calvaire. Cette classe d’un nouveau style amènera plus d’activités ludiques, puisque le jeu et l’animation s’invitent dans les supports scolaires. Il est permis d’espérer qu’en présentant les cours sous un aspect « zen », ce qui est rendu possible par les applications innovantes sur internet, les jeunes ne réchigneront plus à lire et réviser régulièrement leurs leçons. Ils retiendront plus vite, une vidéo étant plus facile à mémoriser qu’un volumineux cahier.
Dans la classe inversée, les supports en papier ou manuscrits seront délaissés au profit des fichiers numériques à fort contenu visuel. L’éducation s’intègre résolument aux technologies de la « cross-média », où les textes, les sons, les dessins, les couleurs et les vidéos font bon ménage. Placée sous le sceau du loisir et du divertissement, la classe inversée donnera aux élèves l’envie d’apprendre et de s’impliquer sérieusement dans leurs études.
Tableau 1: Les traits distinctifs de la classe inversée en comparaison avec la classe conventionnelle
Classe inversée | Classe conventionnelle | |
Statut et rôle officiel | Rôle d’accompagnement et de conseil | Rôle de maître : transmission directive des savoirs |
Savoir-faire | Qualité d’animateur
Qualité de coach scolaire Aisance communicationnelle |
Compétences décisionnelles
Maintien de l’ordre et de la discipline Communication des instructions |
Savoir-être | Ouverture d’esprit
Écoute active, dialogue, attention Empathie : attitude souple, humaine et bienveillante envers les élèves Qualité d’encadrement : stimuler la coopération, sensibiliser les élèves à l’atteinte des objectifs pédagogiques, réguler les tensions. |
Qualité d’un leader
Qualité communicationnelle : décrire, expliquer, détailler, argumenter par des exemples… Qualité d’encadrement : contrôle, préparation des cours, vérification des devoirs… |
Source : Auteur, 2017
Le titre de « maîtresse », que l’institutrice se voit fréquemment attribuer par les élèves du cycle primaire, est l’illustration évidente du pouvoir hiérarchique exercé par le corps enseignant.
Or, la mise en place de la classe inversée va changer radicalement la donne. Il n’est pas question de remettre en cause la fonction de l’enseignant, étant entendu qu’il reste un chef et un mentor pédagogique. Mais le public formé cessera de le regarder comme l’autorité suprême en charge de la dispense et de la validation des savoirs. Il puisera les cours dans d’autres sources, en naviguant sur Youtube, en consultant des livres ou des revues en ligne ou en visitant un site de bibliothèque pour étudiants.
L’expertise de l’enseignant n’est pas mise en doute, mais elle perdra son caractère absolu, indiscutable et sacré. Il cesse d’être le dépositaire des dogmes et des principes d’une discipline. Désormais, le savoir est à portée de main !
La réalisation des devoirs en classe ne se fera pas sans secouer le rôle de l’enseignant, même si le descriptif du poste ne change pas sur le papier ! Il doit quitter son air de patron pour revêtir l’habit d’un guide et d’un conseiller. La tâche de dicter et d’expliquer les cours ne lui revient plus, la leçon étant déjà enregistrée soit dans des capsules vidéo, soit dans un format de polycopie. Non, la tâche qu’il s’assigne est celle de guider les troupes dans l’apprentissage et la résolution des exercices.
Il s’assure à vérifier si les élèves ont consulté les vidéos à la maison. Un des moyens consiste à recueillir les prises de note ou à lancer un débat critique sur une thématique du cours. Sinon, il va reprendre les notions importantes du chapitre en prenant soin d’intégrer les éléments nouveaux apportés par chaque participant.
Si le déroulement des activités en classe a subi un toilettage, l’enseignant doit impérativement ajouter des qualités de savoir-être à ses qualités professionnelles. Le savoir-être inclut une ouverture d’esprit, un sens de l’écoute et du dialogue, une bienveillance pour répondre aux besoins des apprentis. Mieux encore, il doit tisser des liens d’amitié cordiale en suscitant les rencontres ou les entretiens informels en dehors de la classe. Enfin, il est essentiel de fixer des règles garantes de la participation, comme la distribution équitable des temps de parole, la défense de bavarder pendant que les autres parlent, le respect des points de vue et des positions des coparticipants ainsi que le droit à l’erreur.
L’évaluation par les pairs est une pratique délicate, dans la mesure où les différences de sexe, de race, d’ethnie, de couleur ou de religion peuvent exister entre les apprenants et débrider la nature pédagogique du débat. Le leadership s’impose dans ce cas de figure, et l’enseignant doit justifier d’une qualité de régulateur pour calmer les bagarreurs et ramener l’attention du public sur le sujet.
2.2 Les avantages de la prise de cours à domicile
Après avoir mis en évidence les arguments de poids qui plaident en faveur de la classe inversée, il est intéressant d’orienter le débat sur ses avantages et ses inconvénients. Sont abordés
- Comment l’accès aux ressources en ligne affectera-t-il la finance des ménages, étant donné les écarts de revenu entre les parents d’élèves ?
- Comment le transfert des séances de lecture à la maison modifiera-t-il la façon d’apprendre et la motivation pour étudier ?
- Les cours à domicile permettront-ils un aménagement horaire des études ? Quel en sera l’impact sur la vie privée et personnelle des étudiants ?
- Est-ce que le bénéfice de la classe inversée n’est pas limité par la fracture numérique, notamment pour les élèves résidant dans un foyer médiocrement éduqué, une famille immigrante ou vivant dans un pays souffrant d’un retard technologique ?
- L’usage prolongé de l’internet ne risque-t-il pas d’altérer l’intégrité morale des adolescents, face à des contenus faisant l’apologie du sexe et de la violence ?
2.2.1 Les effets positifs sur l’apprentissage et sur les divers aspects de la vie privée
2.2.1.1 L’apprentissage : terrain d’expériences enthousiasmantes et enrichissantes
La classe à l’envers favorise une implication énergique des élèves dans le processus d’apprentissage. Ils seront investis de tâches plus riches et complexes qui mobilisent toutes leurs connaissances académiques.
Le temps de classe est employé à une grande variété d’activités : les anciens devoirs de maison, l’apprentissage des cours… À côté de ces travaux classiques, l’élève peut réaliser une composition sur un thème en lien avec les vidéos. Mais la classe peut inclure des pratiques créatives et innovantes : les manipulations mathématiques, les expériences en laboratoire, la visualisation de reportages et de documentaires inédits, le débat de groupe sur un évènement d’importance, l’évaluation par les pairs, la création et la mise en œuvre d’un projet intellectuel.
Le temps d’instruction est donc dépensé à des activités plus utiles et productives.
2.2.1.2 Porter un jugement sur les performances des élèves
Le professeur peut consacrer plus d’attention aux élèves en difficulté. La réalisation des devoirs dans la salle de classe installe un lien de complicité entre l’éducateur et les étudiants. C’est l’occasion pour l’éducateur de mieux connaître ses troupes. L’étudiant peut faire appel à son soutien et recevoir des conseils pour l’éclairer dans les travaux d’essais ou de simulation de cas. L’enseignant sera à même d’identifier ce qui le bloque et sur quoi centrer les efforts pour remonter le cap des performances.
2.2.1.3 La classe inversée fournit un accompagnement individualisé des élèves
Le traitement des élèves au cas par cas est propre à réduire ou éliminer les inégalités scolaires. Chaque étudiant est un profil unique: il a son propre rythme, ses propres astuces pour s’approprier les leçons[11]. Un élève très fort en français peut accuser un défaut de compréhension en géographie ou en chimie.
Dans la classe inversée, l’élève a droit à une marge de liberté concernant le délai d’apprentissage. Il peut se fixer un objectif individuel : obtenir une note de 15/20, apprendre deux modules en deux semaines, maîtriser une méthode de calcul… Il fixe ces buts pédagogiques sur l’accord du professeur et travaille dessus en participant simultanément aux tâches collectives en classe.
2.2.1.4 La classe inversée sème les germes des qualités professionnelles
Le mérite de la classe inversée, lors de la comparaison avec la classe à l’endroit ou ordinaire, est son aptitude à produire les germes du savoir-être et de la mentalité professionnelle. Par rapport à ses camarades inscrits à une formation magistrale, l’élève qui a fait l’expérience de la pédagogie inversée a une forte personnalité et atteint une remarquable maîtrise dans le faire-valoir de ses compétences académiques.
En voici quelques exemples :
- Travailler l’affirmation de soi ;
- Avoir confiance en lui-même : conjuguer le goût de l’audace, l’esprit du challenge et la capacité à prendre des risques ;
- Être habitué à résoudre des problèmes ;
- Être doué d’une capacité très poussée d’analyse et de réflexion ;
- Développer une capacité de gestion de temps, d’anticipation et de prévision ;
- Prendre en main une situation : faculté à s’adapter, garder la tête froide devant les difficultés, agir avec bon sens ;
- Justifier d’une aisance communicationnelle : les discussions en groupe aident l’élève à avoir une bonne expression orale. Il n’éprouve aucun mal à structurer ses idées, à souligner son point de vue, à développer un discours bien pensé à grand renfort d’arguments précis et vérifiables ;
- Être capable d’ouverture d’esprit, c’est-à-dire tolérer l’innovation et accueillir positivement les changements organisationnels ;
- Manifester un appétit pour les activités intellectuelles : recherches, découvertes, analyses scientifiques ;
- Faculté d’exploiter ingénieusement les acquis pédagogiques. Être à même d’appliquer les connaissances dans la vie réelle.
2.2.1.5 La classe inversée augmente la réputation de l’école
La classe inversée est une source de gain de notoriété. Cela est particulièrement vrai pour les grandes écoles universitaires qui forment des ingénieurs ou des techniciens de haut niveau. Elle a l’avantage de proposer une offre de formation qui satisfait à la demande des entreprises : des compétences opérationnelles, pratiques, directement transposables sur le terrain. Le saut de popularité que connaissent les classes à l’envers est imputable à cet argument qui coupe le souffle à bon nombre d’employeurs. Force est d’admettre que les élèves en classe retournée sont réputés plus performants et plus aptes à s’adapter aux contraintes organisationnelles.
2.2.1.6 La scolarité reviendra moins chère
Il existe un lien étroit entre les rendements scolaires et la situation financière des ménages. Plusieurs preuves accablantes en témoignent. L’éducation absorbe une part relativement importante du budget familial et le coût investi dans les études tend à augmenter avec le niveau scolaire et le souhait d’inscrire les enfants dans un centre d’enseignement de qualité.
La classe inversée pourra soulager les familles à bas revenu, en leur dispensant de payer des kits éducatifs souvent onéreux : les livres, les ouvrages de référence sur une matière, les brochures, les guides d’exercice corrigés, etc. Très souvent, les couches défavorisées doivent payer le prix fort pour assurer une bonne éducation à leur progéniture.
Bien sûr, le manque d’outils d’éducation peut être comblé par les largesses du pouvoir public. Si vous résidez en Allemagne, l’État paiera pour vous les frais de scolarité, depuis la maternelle jusqu’à l’université. Mais il n’en va pas de même, si vous étudiez en France ou en Autriche. La priorité de l’enseignement, l’enveloppe budgétaire allouée au financement des écoles publiques et la politique d’aménagement territorial des institutions primaires et secondaires conditionnent alors, dans une large mesure, l’équipement et les prestations fournies aux élèves. Au niveau universitaire, ce défaut d’infrastructures est moins criant : la mise aux normes étant un facteur de l’employabilité des élèves et, partant, de la compétitivité économique, les pays se gardent de toute négligence.
Ainsi, les élèves qui fréquentent les collèges et les lycées publiques sont ceux qui risquent le plus d’être démunis d’un accès suffisant aux livres et autres ressources didactiques. Les adolescents des classes aisées sont mieux lotis. Ils sont massivement inscrits dans les établissements privés qui présentent un large choix d’équipements, parmi lesquels figurent les salles de lecture et de documentation, les centres médiathèques et vidéothèques. Bien sûr, les étudiants vivant dans les pays industrialisés peuvent s’estimer heureux.
L’école s’assigne la charge de l’achat, de la diffusion et de la gestion des outils éducatifs, en créant un site de livres dont l’accès sera ouvert à tous les élèves. Aujourd’hui, la tenue d’une bibliothèque virtuelle est une tendance qui commence à se répandre dans le monde éducatif européen. S’il veut interdire l’accès des contenus aux tiers, l’administrateur du site met sur pied un dispositif de contrôle d’identité. L’élève doit saisir son nom d’utilisateur et un mot de passe servant de moyen d’authentification, chaque fois qu’il va visiter le portail numérique de l’école. De manière générale, la plupart des livres et des manuels scolaires sont libres et leur téléchargement est gratuit.
De ce qui précède, il est permis d’affirmer que la classe inversée réduit significativement les dépenses d’investissement scolaire. La conclusion de la Commission européenne va dans le même sens : « l’utilisation accrue de nouvelles technologies et des ressources éducatives libres peut contribuer à réduire les coûts supportés par les établissements d’enseignement et les étudiants, en particulier parmi les groupes défavorisés »[12]. Les livres reviennent moins chers, lorsqu’ils sont en version électronique plutôt qu’en version papier. Cette économie d’argent concerne surtout les élèves appelés à recueillir leurs propres éléments de documentation sur un chapitre, au lieu de visionner la vidéo. C’est ce qui se passe, lorsque l’apprentissage inversé se combine aux méthodes actives où l’étudiant participe à l’édifice théorique du cours. Elle profite aux jeunes des milieux défavorisés, à condition que le prêt des livres soit gratuit et que les droits d’inscription se situent à un tarif raisonnable. Comme nous y reviendrons plus loin, la classe inversée, en transportant la diffusion des leçons à la maison, suppose a priori une connexion continue et à grande vitesse, ce que les foyers n’ont pas toujours.
2.2.1.7 L’opportunité d’apprendre à sa propre cadence
Dans la pédagogie inversée, l’étudiant n’est plus obligé de copier les leçons dans un cahier ou un support manuscrit. Là réside la plus grande révolution qu’elle apporte au monde scolaire. À l’avenir, le savoir est intégré dans les contenus électroniques. Le fait de ne plus avoir à accoucher les cours constitue un gain de temps précieux.
La faculté d’apprendre et de réviser à sa propre cadence est un autre avantage notable. La rétention et le stockage des informations ne se produisent pas à un même ordre d’ampleur chez les élèves. Il y en a qui assimilent très vite, d’autres mettent du temps pour avoir un niveau de maîtrise et de compréhension tolérable.
Les vidéos peuvent être observées autant de fois que nécessaire. L’élève recommence la lecture jusqu’à ce qu’il a entièrement compris. Avec les cours présentiels, cette option est inexistante, et il n’est pas rare que le maître de cours donne ses conférences dans un débit de parole qui n’en facilite pas la capture auditive et mentale.
En outre, lorsque les théories sont dispensées en classe, les élèves montrent une certaine retenue et n’osent pas relever les points pas clairs ou incompris. Il est vrai, c’est embêtant de sentir le regard surpris ou railleur des camarades. La crainte du ridicule est un obstacle qui empêche les élèves de divulguer sérieusement leurs problèmes. En revanche, les cours à distance créent une position moins intimidante. Les élèves sont plus enclins à questionner le professeur, sachant qu’une partie des activités en classe est destinée intentionnellement à cet effet.
2.2.1.8 L’adaptation des horaires d’études en fonction du mode de vie
L’accès aux cours en ligne neutralise les effets de l’absentéisme. L’élève peut suivre les cours à distance en cas de circonstances imprévisibles – comme lorsqu’il tombe malade ou encourt un accident – le rendant inapte à se déplacer jusqu’au campus de l’école. Il ne rate pas beaucoup de cours lorsqu’il va reprendre le cursus scolaire. Et puis, la possibilité d’étudier n’importe où, à la maison ou en dehors de chez soi, et à n’importe quel moment de la journée permet d’aménager les heures de travail selon ses goûts.
Le format numérique range nos données en toute confiance, en plus d’assurer une longue durée de conservation. Il sera préféré à l’écriture manuscrite, en joignant l’avantage de la sécurité à celui de la praticité. Les manuscrits peuvent disparaître à la suite d’un vol, d’un moment d’oubli ou d’un désagrément climatique. Combien d’élèves, par leur inattention, se sont vus dessaisir d’un cahier oublié dans un restaurant ou un jardin ! Combien ont perdu des documents de valeur au cours d’un déménagement ! La classe inversée met fin à ces désagréments une fois pour toutes en digitalisant l’apprentissage. Finis les cahiers égarés, les blocs-notes abîmés, les frustrations à récupérer les pages déchirées d’un classeur ! Finis aussi les documents dispersés en tout coin de la maison. Finis les retards d’entrée en classe, à cause du temps mis à rassembler nos affaires ! Les données personnelles sont gardées perpétuellement sur notre machine.
L’élève a aussi la possibilité de créer son espace de travail, en adhérant aux réseaux de e-learning[13]. Il s’agit d’une boîte à fichiers où il peut copier, stocker, modifier et sauvegarder un maximum d’informations. Plusieurs critères de classement s’offrent à l’utilisateur : il peut organiser les données
- par matière : français, mathématiques, histoire et géographie…
- par grands titres : grammaire, conjugaison, sujet de dissertation…
- par type de format : le fichier peut être un texte Word, un tableur Excel, une présentation Powerpoint, une image JPG ou un contenu multimédia ;
- par l’époque du calendrier scolaire : premier trimestre, second trimestre et troisième trimestre.
2.2.1.9 Rendre l’école plus proche des us et pratiques de l’étudiant
Les défenseurs de l’apprentissage inversé déplorent le conservatisme des personnels enseignants qui veulent faire de la classe un sanctuaire inviolable. Certes, l’internet propulse les étudiants dans un monde incertain et risqué. Mais n’y sont-ils pas déjà ? La classe inversée encourage l’exploitation éducative des « outils par lesquels (les jeunes) communiquent quotidiennement »[14]. La réforme du système éducatif doit non seulement rechercher le relèvement des performances scolaires, mais s’employer aussi à faciliter le passage entre l’apprentissage formel et non formel, ce qu’autorisent les applications numériques[15].
La Figure 3 ci-dessous rend compte des centres d’intérêt des personnes de 15 à 29 ans, lorsqu’elles sont en ligne. Il apprécie avec quelle ampleur les jeunes exploitent les ressources électroniques à des fins éducatives.
Figure 3 : Les modes d’usage d’internet par les jeunes de 15 à 29 ans
Source : Auteur, 2017
La consultation de la boîte de messagerie vient en tête : 94 % des jeunes affirment le faire régulièrement. La conversation sur les forums en ligne gagne aussi un large public : la part des internautes qui y adhèrent dépasse 77,4 %. Télécharger des logiciels est une habitude chez 40 % des internautes. Bien sûr, on ne peut rien déduire quelle part des flux émis sur les messageries ou les espaces de discussion sont relatifs aux études. Mais il n’est pas audacieux de croire qu’une portion substantielle de ces activités est consacrée à la vie scolaire. À ce propos, une étude récente dévoile que l’usage de l’ordinateur pour l’exécution des devoirs de maison et l’envoi de documents par mail est en nette augmentation à partir de 12 ans, tel qu’il détrône la télévision en termes de durée d’utilisation[16].
L’internet est également mis en valeur dans le milieu professionnel et privé. Plus de 8 internautes sur 10 consultent un moteur de recherche pour s’informer sur des biens et des services. L’Insee indique que les sites de produits alimentaires et de vêtements sont les plus visités. Près de 6 jeunes sur 10 utilisent l’internet pour faire des transactions sur un compte bancaire. En revanche, il semble que l’offre de travail et les données sur la santé ne suscitent pas l’intérêt des jeunes.
Notons que deux activités à forte valeur éducative sont retrouvées chez les consommateurs d’internet : l’accès à la toile pour enrichir et améliorer ses connaissances (69 %) ; le téléchargement de livres, revues et magazines électroniques (30 %).
Il est clair que le monde du web séduit par ses multiples fonctionnalités ; le nombre de choses que les jeunes sont en état d’y accomplir déborde l’imagination. La classe inversée permet de parer à l’isolement numérique de certains étudiants- en particulier ceux des groupes modestes, appartenant à une minorité ethnique et/ou vivant dans un quartier éloigné d’une aire urbaine- en les familiarisant avec un outil qui, d’ores et déjà, les prépare aux réalités professionnelles. Elle s’aligne sur la demande des étudiants qui, toutes choses égales par ailleurs, utilisent intensivement l’internet et se proclament en faveur d’une variété de styles d’apprentissage. Les jeunes pourront bénéficier des autres retombées positives de l’internet.
2.2.2 Les risques à craindre en adoptant la classe inversée
2.2.2.1 Pénalisation des bons élèves
La classe inversée a été créée pour tenir compte des disparités du rythme et du temps d’apprentissage, en s’appuyant sur l’idée que les élèves moins bons pourront rattraper leurs retards scolaires. Se pose alors le dilemme entre la question de l’équité et celle de l’efficacité. Ce système d’enseignement joue en défaveur des élèves les plus brillants, puisqu’ils ne peuvent passer à un nouveau chapitre avant que leurs camarades n’arrivent à maîtriser le chapitre précédent.
Qu’on n’envisage pas de faire une évaluation séparée : cette idée doit être abandonnée, car un test distinct pour le groupe d’étudiants compétents, le groupe des intermédiaires et le groupe des médiocres, loin de gommer l’inégalité des chances, revient à l’attester aux yeux du public scolaire. Il est injuste de soumettre les mauvais élèves à cette humiliation. Songerait-on à faire un test identique, en avançant la date d’examen pour les bons élèves qui terminent tôt leur apprentissage ? Qu’on n’y compte pas non plus : ces élèves ne pourront s’empêcher de souffler le contenu de l’épreuve à leurs pairs. Il est inévitable que les évaluations se passent au même endroit et au même moment, c’est-à-dire, dans la salle de classe. Ainsi, la classe inversée n’engendrerait qu’une redistribution du temps d’études inoccupé vers des activités de hobby ou de loisirs, mais n’aboutit pas au relèvement global des résultats scolaires.
De ce point de vue, le bienfait du « flipped clasroom » est très contestable : il semble que l’égalisation des savoirs et le progrès accéléré des compétences sont deux objectifs contradictoires. On veut niveler les cerveaux, on met un frein aux éclats de prouesses ; or, les cerveaux éclatants sont les piliers de l’innovation et du développement économique. Les élites scolaires d’aujourd’hui sont les gouverneurs de demain. L’éducation inversée ne risque-t-elle pas de renverser le principe de libre concurrence dans la course aux savoirs ?
2.2.2.2 Existence de contenus indésirables corrompant l’intégrité des jeunes
L’observation des vidéos entraîne immanquablement un allongement du temps passé devant les écrans. L’enquête HBSC suggère que les jeunes sont plus enclins à commettre des actes d’insulte ou de brimade lorsqu’ils sont plantés devant les appareils électroniques. Voici un tableau montrant le nombre d’heures passées sur les écrans chez les adolescents normaux et chez ceux qui ont commis des brimades.
Tableau 2: les jeunes plantés plus de 4 h devant les écrans sont nombreux à commettre des violences
(en heures par jour)
Durée d’exposition quotidienne | Types d’écran | ||
Télévision | Consoles de jeux | Autres types de supports | |
Jeunes commettant des brimades | |||
– moins de 2h | 26,4 | 42,5 | 39,7 |
– 2 à 4h | 39,0 | 30,4 | 27,4 |
– plus de 4h | 34,6 | 27,1 | 32,8 |
Jeunes normaux | |||
– moins de 2h | 38,7 | 57,1 | 52,4 |
– 2 à 4h | 35,9 | 24,2 | 24,1 |
– plus de 4h | 25,4 | 18,7 | 23,4 |
Source : Auteur, 2017
L’incitation à commettre des actes de violence augmente avec la durée d’utilisation des écrans, quelle qu’en soit la nature. La télévision est le numéro un des promoteurs de violence : les jeunes qui ont battu, maltraité ou lancé des termes de moquerie à leurs pairs sont plus nombreux à regarder le petit écran durant plus de 4 heures (35%) et durant 2 à 4 heures (39,0%), par comparaison aux jeunes normaux (respectivement 25,4% et 35,9%). Pour 6 sur 10 des jeunes non-violents, les consoles de jeux absorbent moins de deux heures de leur journée, alors que c’est le cas de 4 brimeurs sur 10. Le lien entre brimade et usage abusif des écrans se vérifie pour les autres types de supports: le temps d’utilisation dépassant 4 heures par jour étant une variable discriminante des attitudes liées à la brimade.
2.2.2.3 Un risque différent chez les garçons et les filles
Il est donc établi que l’internet comporte des risques moraux. Les jeunes peuvent être exposés à des images choquantes qui vantent le sexe, les crimes et la violence. Ce risque est à mettre en balance avec l’abondance des contenus mobilisables sur internet pour enrichir les connaissances et offrir des prestations éducatives de qualité.
Les garçons et les filles ont des pratiques numériques plus ou moins divergentes. À 12 ans, la télévision occupe 2,7 à 2,8 h de la journée d’un adolescent, puis cette durée se stabilise à 3 h à l’âge de 15 ans[17]. L’usage des consoles de jeux oppose carrément les deux sexes : les garçons sont très branchés sur les jeux vidéos, les filles s’y intéressent moins. À 15 ans, la durée qu’ils consacrent aux consoles est de 2,7 h par jour contre 1,6 h chez les secondes13.
L’utilisation d’écrans sophistiqués, comme les tablettes, les smartphones ou l’ordinateur, domine nettement chez les adolescentes.
Tableau 3 : Temps moyen passé devant les écrans par sexe et par classe d’âge
(en heures/jour)
Télévision | Consoles de jeux | Autres types d’écrans | |
Garçons
12 ans 13 ans 14 ans 15 ans |
2,8 3,0 3,1 3,0 |
2,4 3,0 3,0 2,7 |
1,6 2,5 2,9 3,0 |
Filles
12 ans 13 ans 14 ans 15 ans |
2,7 3,0 3,0 3,0 |
1,5 1,9 1,6 1,6 |
1,5 2,7 3,2 3,5 |
Source : Auteur, 2016
Or, si la caractéristique de genre imprègne les usages des outils électroniques, les études publiées sur l’apprentissage inversé négligent de donner des résultats de performance ventilés par sexe et par groupe d’âge. Il y a lieu de s’interroger si les deux sexes manifestent une même conscience de la responsabilité digitale.
Même en l’absence de statistiques concrètes, les données concordent pour dire que les garçons sont subjugués par la technique tandis que les filles font un usage plus sérieux et rationnel de l’ordinateur.
Les adolescentes consacrent en moyenne deux heures par jour pour faire leurs devoirs, émettre et recevoir des messages sur ordinateur, contre moins d’une heure et demie par jour pour les adolescents[18].
2.2.2.4 Divergence de points de vue parmi les éducateurs et les éducatrices
Les stéréotypes de genre à propos de l’usage des technologies de l’information et de la communication se retrouvent chez le corps enseignant. En effet, la norme populaire associe l’Internet à l’univers des hommes. Une étude parue en 2014 dans Éducation et didactique en atteste[19]. À croire cette source, les hommes seraient plus actifs sur les réseaux sociaux, prennent part aux échanges sur les forums et corrigent les articles Wikipedia plus souvent que les femmes. S’il n’y a aucune différence de sexes dans le trafic du site encyclopédique, les femmes sont nombreuses à douter de la véridicité des informations sur Wikipédia.
Cet exemple est une illustration des résistances culturelles qui empêchent d’exploiter pleinement le potentiel de la technologie numérique dans les écoles. Selon une autre source, les profs féminins recommandent non sans réserve l’utilisation des ressources en ligne à leurs étudiants[20].
2.2.2.5 Un remède qui ne résout pas tous les problèmes
Pour couronner ce chapitre sur les faiblesses de la classe inversée, il est notable de constater que les cours en ligne emportent l’assiduité à suivre la formation magistrale. Les professeurs qui officient dans les établissements primaires et secondaires adoptent la classe à l’envers de façon ponctuelle ; or, ils s’aperçoivent que le retour à l’ancienne méthode est une source de stress pour certains étudiants.
De plus, le corps enseignant est bien obligé de constater que l’approche ne permet pas de rattraper tous les élèves de bas niveau, en particulier lorsqu’on se heurte à une situation de fracture numérique. En France, près de 95% des ménages avec enfants sont pourvus d’un internet à domicile et voici trois ans que la téléphonie mobile écrase le téléphone fixe. Il n’en va pas ainsi dans les pays de l’Europe méditerranéenne : en Grèce, en Bulgarie et en Lituanie, les tablettes et smartphones avec un haut débit sont rangés parmi les biens électroniques d’exception dont l’apanage est réservé à une minorité (moins de 70 %).
Enfin, les données de la littérature proclament que l’approche de la classe inversée est tributaire de la bonne volonté des étudiants[21]. Il n’est pas rare que les élèves ne prennent pas la peine de regarder les vidéos, une fois qu’ils rentrent à la maison[22]. Pour que les bénéfices de l’apprentissage se concrétisent, les élèves doivent faire montre d’application et d’autodiscipline. Par contre, certains étudiants considèrent les cours en ligne comme un laissez-passer pour ne plus venir aux cours présentiels. Ils se permettent de sécher les cours, pensant avoir déjà acquis tout ce qui est nécessaire à savoir. Ainsi, la réussite de l’approche exige que l’enseignant ait l’étoffe d’un bon manager, mais ce charisme dépend lui-même de ses habiletés en informatique et en multimédia.
2.3 Effets de la classe inversée sur les rendements scolaires
Nous avons mis en relief, dans les résultats susmentionnés, les apports essentiels de la classe inversée dans la réforme du système scolaire. Elle offre un ferment de motivation, invite les élèves à des activités d’une grande diversité, dirige l’attention de l’instructeur vers les élèves les plus faibles, tout en faisant baisser les charges financières des étudiants. En même temps, ses bénéfices potentiels peuvent être annulés par les méfaits de l’Internet sur la jeunesse scolaire. Dans cette dernière partie, il est pertinent de faire état des enquêtes empiriques sur cette méthode. sur l’issue d’une expérience pédagogique menée
2.3.1 Indices de perception
Dans la partie qui suit, nous aborderons la perception des élèves sur la technique d’apprentissage. Nous restituons ici les données d’un sondage mené par Manon. A. auprès d’un échantillon de 100 étudiants sur un cours de gestion stratégique. L’indice intègre trois composantes : l’effet sur l’engagement des étudiants, l’amélioration des méthodes de préparation et l’atteinte des objectifs pédagogiques.
- L’engagement des étudiants (E)
- Les vidéos en ligne augmentent l’incitation à venir en classe (E1) ;
- Les discussions entre petit groupe durant les cours me motivent davantage pour me présenter aux sessions (E2) ;
- L’amélioration des modes de préparation (A)
- Les tutoriels dans les vidéos facilitent le travail préparatoire avant la conférence (A1) ;
- Les tutoriels dans les vidéos m’ont décidé à me préparer pour les conférences (A2) ;
- Les vidéos rendent plus aisée la préparation de l’examen de passage (A3) ;
- Les vidéos m’ont été utiles pour préparer mon examen de passage (A4) ;
- Les contenus vidéos aident à mieux réviser les matériels après les conférences (A5) ;
- Les contenus vidéos m’ont décidé à réviser les matériels après les conférences (A6) ;
- La classe inversée a changé ma manière de préparer la séance de formation (A7);
- La classe inversée a diversifié les activités se déroulant au cours de la séance de formation (A8) ;
- L’enrichissement des acquis pédagogiques (R)
- Les cours en ligne autorisent un apprentissage plus riche et soutenu (R1) ;
- J’ai trouvé que mes compétences ont été optimisées par les vidéos en ligne (R2).
Tableau 4: Perception des élèves sur le changement induit par l’apprentissage inversé
Note moyenne | Écart-type | |
L’engagement (E)
E1 E2 |
3,04 3,36 |
0,90 1,00 |
Méthodes de préparation (A)
A1 A2 A3 A4 A5 A6 A7 A8 |
4,20 3,69 4,22 4,13 3,91 2,00 3,82 3,45 |
1,01 1,18 1,08 1,08 1,04 0,95 0,96 0,82 |
Enrichissement des acquis pédagogiques (R) | ||
R1
R2 |
3,77
3,76 |
1,05
0,74 |
Quatre grandes observations ressortent de ce tableau:
- L’approche obtient un accueil relativement favorable auprès des étudiants, sachant que la plupart des scores varient entre 3,3 et 4,2.
- La note basse attribuée à E1 (3,04) conforte l’idée communément répandue que les cours en ligne supprimeraient la motivation pour aller en cours. Toutefois, le score est de 3,04, ce qui indique que la déclaration n’est ni approuvée ni rejetée. Il convient aussi de préciser que la présence en classe n’est pas obligatoire pour les élèves. Ce score s’interprète mieux en étant combiné avec la déclaration A4. Si les apprenants s’accordent à dire que les vidéos en ligne aident à mieux réviser les matières après la séance en classe (3,91), ils avouent ne pas le faire de manière systématique. Au bout du compte, il semble bien que la classe à l’envers ne produit pas l’engagement espéré.
- L’effet le plus intéressant qui rencontre l’unanimité, c’est que les vidéos en ligne facilitent la préparation de l’examen final (4,22) ; les élèves estiment que les vidéos sont un outil commode et pratique. Ils ont révolutionné leur mode de travail (3,82) et sont mieux préparés aux conférences (3,69).
- Quel que soit le critère considéré, les notes d’opinion sont supérieures aux notes concernant les pratiques personnelles d’apprentissage. On peut en tirer que le succès de la méthode dépend aussi de la volonté d’implication des étudiants. Il faut qu’ils acceptent de jouer le jeu. L’attentisme pose un sérieux obstacle à la récolte de bons résultats.
2.3.2 Indices de satisfaction
Il convient maintenant de savoir si l’offre de formation a donné satisfaction aux élèves. Est uniquement visé ici le cours de gestion stratégique. Le diagramme ci-après clarifie les résultats du sondage qui couvre trois années successives (2012, 2013 et 2014). Il est à rappeler que la classe inversée a fait son entrée en 2013, puis le même professeur recommence l’expérience en 2014. Essayons de confronter l’appréciation des élèves sur le cours à l’époque de la classe traditionnelle et celle attribuée à ce même cours en salle de classe renversée.
Les enquêtés ont été priés de déclarer si les acquis de la formation en management stratégique ont été conformes à leurs attentes. Les réponses ont été codifiées à partir d’une échelle de satisfaction :
§ Le résultat a été médiocre (1) | § Le résultat a été totalement satisfaisant (4) |
§ Le résultat a été passable (2) | § Le résultat a été excellent (5) |
§ Le résultat a été bon (3) |
Figure 4: Satisfaction des étudiants à propos des résultats de l’apprentissage |
Source : Auteur, 2017
Le taux de satisfaction s’est sensiblement amélioré sur les trois années de l’enquête. La part des répondants jugeant que les résultats sont médiocres est tombée de 4 % en 2012 à 2 % en 2014. Par ailleurs, on s’aperçoit que les élèves qui penchaient pour les bons résultats (56 % en 2012 et 38 % en 2013) diminuent tandis que ceux qui proclament une entière satisfaction sont en hausse (57 %). Nous sommes agréablement ahuris de voir que 11 % des répondants jugent avoir récolté des résultats excellents. On peut imputer une partie de cette appréciation flatteuse à l’impact de la classe à l’envers, même si le manque d’informations sur l’historique du cursus des élèves empêche de prononcer un verdict plus formel.
2.3.3 Indices d’efficacité
Le troisième ensemble de données a pour objet de comparer les résultats des élèves aux épreuves de fin d’année en 2012, 2013 et 2014. Est-ce que l’adoption du « flipped classroom » a boosté les rendements scolaires ? L’écart des performances révélées par les tests est-il significatif ? Pour le savoir, examinons la courbe des notes des étudiants.
La courbe partitionne les étudiants en cinq classes selon leurs réalisations aux examens : les meilleures notes, les notes « très bien », les notes « bien », les notes « moyen », les notes « médiocre ».
Bergjford, O. mentionne, dans son rapport, que les moyennes générales des élèves en 2012 et en 2013, date d’entrée en vigueur de la classe inversée, ne sont pas significativement différentes sur le plan statistique (z-test; α = 0,05), mais les écarts de moyennes entre 2013 et 2014 le sont. Que le pourcentage d’élèves peu performants pèse plus lourd en 2012 que dans les deux années ultérieures, cela ne laisse aucun doute. Ainsi, le grade moyen représente 18 % des étudiants en 2012 ; seuls 10 % stagnent sur ce grade en 2013 et 8 % en 2014. Le grade médiocre ne rassemble que 1% des étudiants, alors qu’il se situe autour de 4 % en 2012. Un autre détail saute aux yeux : les notes « bien » se sont multipliées, passant de 47 % en 2012 à 61 % en 2014.
Graphe 2: Courbe évolutive des résultats des étudiants |
Source : Auteur, 2017
Que faut-il en conclure ? D’une part, la valeur ajoutée de l’instruction a augmenté effectivement grâce à la classe inversée. L’écart non significatif entre les résultats de 2012 et de 2013 débouche sur plusieurs interprétations : soit que l’expérience n’est pas encore ancrée dans l’habitus et les coutumes des élèves ; soit que le professeur lui-même attend d’ajuster et de mettre au top ses méthodes d’enseignement après le lancement du projet, d’où les constats d’améliorations n’ont pas eu lieu dès la première année.
Dans l’ensemble, ce produit de recherche cautionne la pertinence de la classe inversée en mettant l’accent sur ses atouts opérationnels, notamment l’avantage d’avoir une vue globale des fondamentaux de la discipline, la révision pratique des cours et la tranquillité d’esprit durant les périodes d’examens. L’assimilation des cours n’est plus la préoccupation première de l’étudiant ; et c’est sans doute ce qui explique le recul de la motivation pour se rendre aux conférences lorsque l’étudiant a mis la main sur les vidéos.
CONCLUSION
La présente étude s’est inscrite dans le prolongement des réflexions doctrinales autour des gains et des risques de la classe inversée. Se voulant instructive, elle a planté le décor sur un terrain épistémologique et s’est engagée à définir ce qu’est la classe inversée et ce qu’elle n’est pas. Née vers les années 1990, la pédagogie inversée renvoie le transfert des cours hors de la salle de classe et dédie le temps ainsi libéré à un apprentissage plus soutenu.
Nous avons passé en revue les principes fondamentaux qui encadrent le concept : l’autonomie et l’individualisation de l’apprentissage, la recherche de l’implication active des élèves, la prétention à une image valorisante de l’école en adoptant des matériels novateurs, efficaces et captivants. Le professeur délivre les cours théoriques sous forme de capsules vidéos. L’élève est tenu de réviser les matériels à la maison, puisque les devoirs en classe traiteront des notions qui y sont évoquées.
Les exercices d’application peuvent prendre diverses formes : film documentaire, discussion ouverte autour d’un problème d’actualité, évaluation par les pairs ou tout simplement un devoir classique. Par rapport à la pédagogie de la vieille école, la classe retournée prône l’apprentissage actif. Elle fait confiance à l’intérêt spontané de l’élève pour les activités d’exploration et de découverte : le jeu plutôt que la leçon ; la convivialité plutôt que la solennité magistrale des cours ; la soif d’apprendre plutôt que l’injonction hiérarchique.
La classe inversée signe l’avènement d’un nouveau modèle d’enseignement, dans lequel les technologies de l’information et de la communication occupent une place dominante. L’internet fait à la fois office de source et de support d’informations. L’élève peut visionner les vidéos autant de fois qu’il en a besoin. Il étudie à sa propre cadence ; la parole de l’enseignant, stockée dans un système d’enregistrement vocal, est assortie d’éléments visuels. L’usage des biens électroniques sera, en outre, un prétexte pour étendre les fonctions sociocognitives de l’éducation : les jeunes se partagent leurs fichiers par mail, interviennent sur les forums et participent à la conception des cours grâce à la remise de compléments d’informations qui seront exposées en classe.
En dépit de ces avantages indéniables, il faut pointer certaines conséquences néfastes qui combattent la banalisation de cette approche. Puisque le processus d’apprentissage échappe aux mains de l’éducateur, son statut d’autorité sur les jeunes s’en trouvera amoindri. Le fait de regarder les vidéos entraîne une durée d’usage prolongée des écrans ; et qui sait quel genre de sites ils vont visiter ? Il est aujourd’hui prouvé que le temps dépensé sur les écrans numériques est une donnée importante des phénomènes d’agression et de violence. Les jeunes amateurs de films et de consoles de jeux ne se gênent pas pour se moquer de leurs camarades. Le culte de l’internet va réduire le temps consacré aux obligations scolaires, ce qui augmente les risques de redoublement.
La troisième section du mémoire aborde les effets de la classe inversée sur les rendements scolaires. L’essai a porté d’heureux résultats : même si les cours en ligne dépriment la motivation pour la fréquentation des cours en tête à tête, ils aident beaucoup dans la préparation de l’examen final. Une grosse portion d’élèves a décroché des notes « bien » et « très bien », ce qui est dû en partie aux vidéos confectionnées par le prof. À l’opposé, les notes basses et moyennes évoluent suivant une courbe descendante. Ce résultat converge avec la thèse communément admise que la classe inversée permet l’accompagnement des élèves les plus faibles.
Quel message pourrait-on dégager de ce travail de recherche ? Tout d’abord, force est d’admettre que la classe inversée transforme le style pédagogique et l’environnement d’apprentissage. Les responsables de l’éducation devront ouvrir les yeux sur le rôle de l’initiative et de l’autonomie sur les rendements scolaires. Cela dit, il est encore trop tôt pour juger de la portée opérationnelle de cette approche. À l’image de tout projet expérimental, la classe à l’envers doit faire long feu et être soumise à l’épreuve des contextes culturels. Si les études en cours clament les bénéfices de l’innovation numérique sur un tempo assourdissant, elles restent silencieuses sur les dangers concernant la santé et le développement moral. Dans certains pays, la société est façonnée sur des valeurs comme la vertu, l’obéissance à la discipline et le respect des adultes. Inverser la classe ne risquerait-il pas de compromettre l’image glorieuse de l’école qui, au-delà de sa fonction pédagogique, est aussi investie d’une fonction éducative au sens large du terme, en inculquant aux jeunes les préceptes d’une vie honnête et conforme à la bienséance ?
À part les risques sur la corruption morale, la pratique de la classe inversée interroge les aptitudes des personnels de l’enseignement en informatique. Il apparaît d’une nécessité urgente de combler ces manques de compétences par un programme de formation ad hoc, en identifiant le niveau de connaissance et d’utilisation actuelle des ressources numériques chez les enseignants et en faisant l’état des modes de travail interactif avec les étudiants. Le problème de la fracture numérique mérite à lui seul un sujet d’investigation scientifique. À ce propos, un rapport de la Commission européenne dévoile qu’« entre 50 % et 80 % des étudiants dans l’UE n’utilisent jamais de manuels numériques, de logiciels d’exercices, d’émissions radiodiffusées/de podcasts, de simulations ni de jeux éducatifs »[23]. Nous pouvons dire que notre mémoire a atteint son humble objectif de contribuer à éclairer le débat sur la classe inversée et de faire éclore une boîte d’idées et de propositions ad hoc, permettant à d’autres enquêtes de voir le jour.
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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[1] Wikipédia. (2017). Classe inversée. En ligne http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Classe_invers%C3%A9e&oldid=136161432, consulté le 7 avril 2017
[2] Classe inversée. (2017). Éditorial – l’heure de la classe inversée. En ligne http://www.laclasseinversee.com/category/publications/articles/, consulté le 7 avril 2017
[3] Burton, R., Borruat, S., & Villiot-Leclerck, E. (2011). Vers une typologie des dispositifs hybrides de formation en enseignement supérieur. Distances et savoirs, Vol.9, 69-96.
[4] The University of Queensland. (2017). What is the ‘Flipped Classroom’. Online http://www.uc.edu.au/teach/flipped-classroom/what-is-fc.html
[5] Wikipedia. (2017). Flipped classroom. Online https://en.wikipedia.org/w/index.php?title=Flipped_classroom& oldid=776767302
[6] Classe inversée. (2017). Pourquoi inversée sa classe ? En ligne http://www.laclasseinversee.com/la-classe-inversee/pourquoi-inverser-sa-classe/
[7] Classe inversée. (2017). Concepts pédagogiques. En ligne http://www.classeinversee.com/concepts-pedagogiques/
[10] Wikipédia. (2017). Classe inversée. En ligne http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Classe_invers%C3%A9e&oldid=136161432, consulté le 7 avril 2017
[11] Iklasse. (2017). Témoignages. En ligne http://www.iklasse.net/la-classe-inverseacutee2.html, consulté le 7 avril 2017
[12] Commission européenne. (2013). Ouvrir l’éducation : les nouvelles technologies et les ressources éducatives libres comme sources innovantes d’enseignement et d’apprentissage pour tous. Luxembourg : Office des publications de l’Union européenne.
[13] Burton, R., Borruat, S., & Villiot-Leclerck, E. (2011). Vers une typologie des dispositifs hybrides de formation en enseignement supérieur. Distances et savoirs, Vol.9, 69-96.
[14] Classe inversée. (2017). Pourquoi inverser sa classe ? En ligne http://www.laclasseinversee.com/la-classe-inversee/pourquoi-inverser-sa-classe/
[15] Commission européenne. (2013). Ouvrir l’éducation : les nouvelles technologies et les ressources éducatives libres comme sources innovantes d’enseignement et d’apprentissage pour tous. Luxembourg : Office des publications de l’Union européenne.
[16] Godeau, E., Ngantcha, M., Janssen, E. & Spilka, S. (2016). Les pratiques des écrans chez les collégiens : de la complexité de mesurer les usages. Agora débats/jeunesses, hors série, (4), 117-128.
[17] Godeau, E., Ngantcha, M., Janssen, E. & Spilka, S. (2016). Les pratiques des écrans chez les collégiens : de la complexité de mesurer les usages. Agora débats/jeunesses, hors série, (4), 117-128.
[18] Godeau, E., Ngantcha, M., Janssen, E. & Spilka, S. (2016). Les pratiques des écrans chez les collégiens : de la complexité de mesurer les usages. Agora débats/jeunesses, hors série, (4), 117-128.
[19] Ladage, C., & Ravestein, J. (2014). Ordinateur et internet à l’école élémentaire française : usages déclarés de 907 professeurs d’école. Éducation et didactique, 8 (3), 9-22.
[20] Ladage, C., & Ravestein, J. (2012). Wikipédia à l’école, où en est-on aujourd’hui ? Communication présentée à la Journée Communication et Apprentissage Instrumentés en Réseau. En ligne https://www.researchgate.net/publication/288328048
[21] Classe inversée. (2017). Pourquoi inverser sa classe ? En ligne http://www.laclasseinversee.com/la-classe-inversee/pourquoi-inverser-sa-classe/
[22] Manon A. (2016). Quels sont les effets de la classe inversée sur les performances des élèves ? Mémoire de Master II en Sciences économiques et sociales, Université Grenoble-Alpes.
[23] Commission européenne. (2013). Ouvrir l’éducation : les nouvelles technologies et les ressources éducatives libres comme sources innovantes d’enseignement et d’apprentissage pour tous. Luxembourg : Office des publications de l’Union européenne.
Mémoire de fin d’études de 31 pages.
€24.90