Mémoire portant sur les difficultés d’exercice rencontrées par les ostéopathes.
» Devenir ostéopathe, chemin tortueux, mon histoire »
Les difficultés d’exercice rencontrées par les ostéopathes
INTRODUCTION
Comme toutes les formes de traitement des maladies, l’ostéopathie possède ces spécificités. C’est un moyen de traitement dont la particularité repose sur un diagnostic et un traitement manuel des dysfonctions du corps humain en restaurant les mobilités au niveau des tissus.
Si on regarde l’historique de l’ostéopathie, entre 1828 et 1892, une nouvelle thérapie a vu le jour entrainant beaucoup de polémiques entre ceux qui pratiquent la médecine symptomatique habituelle et ceux qui commençaient à baser leur travail sur la physiologie et la mécanique du corps humain.
Cette forme de traitement est apparue il y a donc à peu près une centaine d’années grâce à Andrew Taylor STILL, un médecin chirurgien qui a mis en avant l’importance de certaines notions physiologiques qu’il estime être déterminant de l’état de santé. D’après ce médecin, le corps humain peut guérir de lui-même grâce à tout ce qui se trouve dans le sang ou dans les autres organes du corps humains.[1]
Malgré la création de la première école d’ostéopathie américaine en 1892, cette forme de traitement quelque peu inhabituelle n’a pu avoir un statut légal qu’en 2001 où est sorti la loi GUIGOU sur les droits des malades, et qui est allait donc accueillir un amendement, présenté par le député Bernard CHARLES, consacrant officiellement les titres d’ostéopathe et de chiropraticien.
Il est évident donc que ce métier est soumis depuis sa création à de multiples discussions et questionnements mettant toujours en cause son efficacité. C’est donc pour cela que nous allons en parler dans ce document. Il s’agira de voir quels sont ces difficultés que les ostéopathes rencontrent dans l’exercice de leur fonction. La problématique étant pour nous, l’auteur, de voir en quoi l’évolution de la réglementation de l’ostéopathie a influé sur notre pratique professionnelle, vu que l’on dispose déjà de plusieurs années d’expériences dans le domaine.
Pour ceux qui lisent le document, l’intérêt est donc de comprendre plusieurs sujets, à savoir : l’histoire et la situation des ostéopathes, les risques quant à l’exercice de la discipline, l’instabilité du travail à cause de non totale reconnaissance, les enjeux par rapport à la santé publique et à la protection sociale.
Le document sera composé de deux parties, dans la première nous verrons l’aspect général lié à l’ostéopathie ainsi que notre parcours en tant qu’ostéopathe et dans la deuxième, il s’agira de faire une analyse plus approfondie sur la reconnaissance de l’ostéopathie.
PARTIE 1: L’OSTEOPATHIE: SON EVOLUTION ET MA PRATIQUE
Chapitre I. Généralités
Section 1: Historique de l’ostéopathie
Andrew Taylor STILL étant un médecin américain, l’ostéopathie est donc né aux Etats-Unis. Pendant plusieurs années, les fondements scientifiques de l’ostéopathie y ont été étudiés en laboratoire. En 1917, ce courant a rejoint l’Europe grâce à la création d’une première école d’ostéopathie en Grande Bretagne par J.-M. LITTLEJOHN.
L’ostéopathie n’est arrivé en France que vers 1960 grâce à des praticiens qui ont suivi leur formation aux Etats-Unis. Ayant formé à leur tour d’autres praticiens en France, ils ont pu ouvrir une école qui s’est peu à peu uniformiser vers le début des années 80. Depuis 1962, un arrêté ministériel est sorti en France visant à créer un monopole d’exercice de l’ostéopathie pour les seuls docteurs en médecine.
Toutefois, l’ostéopathie n’a été réellement reconnu en France que le 4 mars 2002, date de sortie de la loi relative aux droits des malades et la qualité du système de santé qui a été adoptée par le Parlement. C’est ainsi que l’usage professionnel du titre d’ostéopathe était dorénavant réservé aux personnes titulaires d’un diplôme sanctionnant une formation spécifique à l’ostéopathie délivrée par un établissement de formation agréé par le ministre chargé de la santé.[2]
Section 2: Définition de l’ostéopathie
« L’ostéopathie est à la fois une science et un art. Elle est une science parce qu’elle est fondée sur les connaissances fondamentales de l’anatomie, de la physiologie et de la pathologie. Elle est aussi un art par les moyens thérapeutiques qu’elle utilise. C’est de cette manière que l’ostéopathie est présentée dans cet ouvrage par des auteurs qui vont toujours plus loin dans l’analyse de la dysfonction ostéopathique et de ses conséquences sur l’harmonie des fonctions mécaniques, fluidiques et neurologiques. »[3] C’est une définition parmi tant d’autres mais nous allons essayer de résumer en quelques mots ce que regroupe le terme ostéopathie.
Il s’agit donc d’un traitement manuel au niveau des tissus pour corriger des dysfonctionnements. Il faut noter que le fait que l’ostéopathie ne soit pas encore acceptée par tous, à cause de ses manipulations manuelles, renforce la conception qu’elle soit également un art et non seulement une science. En effet, les techniques de soin reposent sur le toucher de la personne que la pratique et il n’existe pas encore de base scientifique complète qui puisse confirmer ou infirmer ses conséquences réelles.
L’ostéopathie peut soigner diverses parties du corps, de la tête aux pieds, en passant par la peau, les muscles, les os et les organes. Quelle que soit la maladie ou l’état d’un patient, l’ostéopathie peut intervenir.
Ci-après une liste non-exhaustive de ce qu’elle peut traiter [4]:
Le système orthopédique et locomoteur
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Le système neurologique
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Le système cardio-vasculaire
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Le système digestif
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Le système génito-urinaire
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Le système O.R.L. et troubles de la tête
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Le système nerveux végétatif
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Les séquelles de traumatismes
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Le nourrisson et l’enfant
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Les sportifs
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Les seniors
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Il est intéressant de connaitre comment se déroule le traitement en ostéopathie. Après avoir effectué une consultation où l’ostéopathe interroge son patient sur sa plainte et où il analyse la mobilité des différentes structures du corps, ce dernier établit alors un « diagnostic ostéopathique ».
A partir du diagnostic, il va donc déterminer le type de traitement adéquat qui reposera sur les techniques pouvant être neurologiques, ostéo-articulaires, musculaires, faciales, vasculaires, viscérales et crâniennes.
Aujourd’hui l’ostéopathie est devenu un traitement très courant surtout avec le progrès rapide d’internet qui permet de diffuser et de créer des sites pour les ostéopathes. Prenons l’exemple de www.osteosite.fr qui conçoit des sites sur mesure pour les ostéopathes et les cabinets.
Section 3: Les différents types d’ostéopathes
On peut catégoriser ceux qui pratiquent l’ostéopathie en différents types d’ostéopathes.
Tout d’abord, il y a les médecins ostéopathes qui sont les plus courants. Selon une définition internationale, le médecin ostéopathe est un médecin qui possède un diplôme de doctorat en médecine mais qui dispose en plus d’un titre universitaire et professionnel qui lui permette d’exercer l’ostéopathie.[5] Il est important de mentionner que les exigences de chaque pays en matière de compétence et de titre exigé pour la pratique de l’ostéopathie peuvent être bien différentes.
Le médecin ostéopathe a un rôle important concernant la prévention. En effet, il peut traiter de nombreuses affections avant qu’elles ne deviennent irréversibles. Il prépare également le patient qui doit subir prochainement certaines interventions, il peut éventuellement traiter certaines affections dont les médecins généralistes ne s’occupent pas.
A part les médecins, il y a aussi les kinésithérapeutes ostéopathes. Ils sont moins « formels ». Généralement, ce sont des personnes qui ont suivi parallèlement des études pour devenir kinésithérapeute mais qui ont également fais des études en ostéopathie. Ils connaissent très bien l’anatomie humaine et sont capable de faire rapidement le bilan d’un patient.
Mais à part les kinés, il y a également d’autres paramédicaux qui peuvent être en même temps ostéopathe. Il peut s’agir du chiropraticien (chargé d’optimiser le niveau de vitalité et de mobilité articulaire du patient), psychomotricien (chargé de rééducation grâce à une thérapeutique neurophysiologique et psychophysiologique), orthoptiste (spécialiste du dépistage, de la rééducation et de la réadaptation oculaires), ergothérapeute (chargé du processus de réadaptation, d’adaptation et d’intégration sociale des personnes aux prises avec des problèmes de fonctionnement dans leur quotidien)…
Il y a aussi les personnes qui n’ont pas fait d’étude spécifique dans le domaine médical ou paramédical mais qui par contre ont suivi plusieurs années d’études pour devenir ostéopathe. Certains entrent dans les écoles spécialisées en ostéopathie juste après le Bac sans aucune connaissance du milieu médical ou paramédical.
Actuellement, on peut trouver également des ostéopathes qui traitent particulièrement des animaux ; il s’agit des vétérinaires ostéopathes. Tout comme ceux que nous venons de voir plus haut, ce sont des spécialistes qui ont tout d’abord obtenu un diplôme agréé pour devenir vétérinaire. Leur rôle est de plutôt préventive mais ils interviennent également dans la remise en condition de l’animal après une blessure.
Si on considère les statistiques sur les nombres d’ostéopathes en France, les chiffres obtenus en 2010 font état de 11.203 ostéopathes dont 1.318 sont également médecin.
Chapitre II. Mon histoire professionnelle
On peut dire que ma carrière professionnelle a débuté en 1980. A l’époque, j’exerçais en tant que kinésithérapeute. On peut définir la kinésithérapie comme étant une technique de massage basée sur des principes scientifiques qui vise à renforcer les muscles, les os, l’endurance physique ou la mobilité d’une personne.
A partir de 1989, j’ai décidé d’exercer en tant qu’ostéopathe. Malgré les ressemblances entre ces deux disciplines, entre autres les manipulations manuelles, elles ont des différences non négligeables. En effet, le kinésithérapeute est considéré comme un sous-traitant du médecin. C’est ce dernier qui prescrit à son patient la consultation d’un kinésithérapeute après son diagnostic. Le kinésithérapeute suit donc tout simplement l’ordonnance d’un médecin.
Par contre, l’ostéopathe peut être considéré comme un médecin à part entière. Il fait le diagnostic sur un patient et applique les traitements appropriés. Par ailleurs, à la différence d’un kinésithérapeute, un ostéopathe n’exerce pas de massage, mais juste de manipulations manuelles.
Section 1: Jusqu’à la reconnaissance officielle
La reconnaissance de l’ostéopathie s’est fait en plusieurs étapes. En 2002, une loi a été sortie pour la reconnaître officiellement, mais ses décrets d’application étaient encore très flous. Ce n’est qu’en 2007 que les décrets d’application ont été plus clairs pour tous et que la discipline a été reconnue officiellement[6].
Mon choix d’exercer l’ostéopathie a été motivé par le fait de vouloir être considéré comme un médecin à part entière. La kinésithérapie a ses qualités et reste toujours très utile pour tout le monde, mais l’ostéopathie englobe plus de compétence et apporte plus de solutions à une maladie.
J’ai donc voulu m’impliquer de plus en plus dans la prise en charge et le traitement des personnes atteintes d’une maladie, et non pas se limiter aux simples traitements des problèmes musculaires, osseux ou de mobilité.
Avant la reconnaissance officielle de l’ostéopathie, l’exercice de ce métier présentait de risque d’être poursuivi en justice pour exercice illégal de la médecine. De plus, de nombreuses personnes ne connaissent pas très bien cette discipline ou ne sont pas convaincues de son efficacité.
Par ailleurs, même pour ceux qui pratiquent la médecine générale, ils peuvent aussi aller vers un procès si un de leur patient n’est pas satisfait des services qu’ils ont offerts. De ce fait, un ostéopathe est donc sujet à ce même risque si les traitements qu’il a octroyés ne sont pas efficaces comme l’attendaient ses patients.
Section 2: A la reconnaissance
A la reconnaissance, les problèmes ne se sont pas résolus pour autant. En effet, la loi a imposé des règles strictes pour l’exercice du métier. Ainsi, il faut suivre au minimum 2030 heures de formation auprès d’une école agréée par l’Etat pour être considéré comme un ostéopathe. Ceux qui ne remplissent pas ces conditions ne seront donc pas reconnus.
L’agrément d’exercer le métier d’ostéopathe exige donc le respect des conditions ci-dessus. Dans le décret du 25 mars 2007, il est précisé que « L’autorisation de faire usage professionnel du titre d’ostéopathe est subordonnée à l’enregistrement sans frais des diplômes, certificats, titres ou autorisations de ces professionnels auprès du préfet du département de leur résidence professionnelle. »
Cependant, un ostéopathe ayant déjà exercé peut éprouver des difficultés à suivre ces procédures car d’une part, il se considère comme ayant déjà l’expérience et les compétences nécessaires pour la pratique de la discipline et juge qu’il n’a plus besoin de formation. D’autre part, il faut du temps pour suivre les formations et un ostéopathe qui exerce déjà peut ne plus avoir suffisamment de temps.
Etant donné que l’obtention de l’agrément pour l’exerce du métier d’ostéopathe pose quelques soucis, beaucoup de personnes la pratiquent sans ce fameux agrément. De ce fait, elles sont encore exposées à des risques de poursuite judiciaire pour exercice illégal de la profession.
D’un autre côté, la reconnaissance officielle de l’ostéopathie engendre forcément une plus grande connaissance de la discipline par le public. En tout cas, ce dernier voudra s’informer plus profondément sur ce qu’il en est exactement. Ainsi, avant de consulter un ostéopathe, un patient pourrait donc se demander si celui-ci dispose d’un agrément ou non, et ne pas consulter ceux qui n’en ont pas.
De par les difficultés pour l’obtention d’agrément et le risque omniprésent de l’exercice illégal du métier d’ostéopathe, on peut sentir une grande instabilité dans cette discipline. En effet, avec le premier, les patients pourront avoir une réticence à le consulter. Il est vrai qu’il est assez difficile pour un individu quelconque de faire confiance à une personne qui ne dispose pas d’une autorisation officielle pour exercer le métier qu’elle fait.
D’autre part, le risque de poursuite persiste toujours. Les médecins et autres professionnels de la santé pourraient à tout moment déposer des plaintes pour concurrence déloyale ou non-respect des règles en vigueur. De ce fait, l’exercice du métier doit se faire pratiquement en cachette.
Section 3: Après la reconnaissance
La reconnaissance officielle a certes apporté des avantages certains pour l’ostéopathie en général, mais également quelques contraintes non négligeables. Il appartient à chacun de prendre les mesures adéquates pour optimiser la situation qui prévaut.
Les avantages que l’on peut recueillir avec la reconnaissance sont nombreux, notamment la confiance des patients. Avec cela, les ostéopathes en activités pourront recevoir beaucoup plus de personnes par rapport à l’époque où la discipline n’était pas encore reconnue.
De plus, pour ceux qui ont la chance de disposer d’un agrément, la reconnaissance permet d’être en règle vis-à-vis des règles et lois en vigueur, ce qui donne plus d’assurance et de tranquillité dans l’exercice du métier.
Par contre, la reconnaissance présente également quelques inconvénients. Pour les ostéopathes qui n’ont pas d’agrément, le risque de poursuite pour exercice illégal de la profession s’amplifie de plus en plus. En outre, cette catégorie pourrait voir baisser le nombre de ses patients, avec la crise économique et la baisse du niveau de confiance du public. Enfin, les autres professionnels de la santé pourraient leur pointer du doigt, sous prétexte de concurrence déloyale.
La loi est assez stricte quant au respect des normes à suivre pour l’exercice de la profession d’ostéopathe. L’article 14 du décret n° 2007-435 du 25 mars 2007 relatif aux actes et aux conditions d’exercice de l’ostéopathie stipule que « Les praticiens autorisés à faire usage du titre d’ostéopathe doivent indiquer, sur leur plaque et tout document, leur diplôme et, s’ils sont professionnels de santé en exercice, les diplômes d’Etat, titres, certificats ou autorisations professionnelles dont ils sont également titulaires. »
Il existe également des sanctions prévues pour ceux qui déroges à ces règles, comme le mentionne l’article 15 de ce décret : « Le fait pour une personne non autorisée de pratiquer les manipulations et mobilisations mentionnées à l’article 1er est passible de l’amende prévue pour les contraventions de la 5e classe. Cette sanction n’est pas applicable aux médecins et aux autres professionnels de santé habilités à réaliser ces actes dans le cadre de l’exercice de leur profession de santé lorsqu’ils agissent dans le respect des dispositions relatives à leur exercice professionnel. »
Les ostéopathes ont donc tout intérêt se conformer scrupuleusement aux textes en vigueur.
PARTIE II. ANALYSE: LA RECONNAISSANCE DE L’OSTEOPATHIE EST-ELLE NECESSAIRE? EST-ON PLUS PERFORMANT AVEC? ENJEUX EN TERMES D’INTERET DE LA PRATIQUE PROFESSIONNELLE, DE LA SANTE PUBLIQUE ET DE LA PROTECTION SOCIALE
Chapitre I. Ses conséquences
Il est indéniable que la reconnaissance officielle de l’ostéopathie aboutit à des conséquences plus ou moins importantes pour les praticiens et le public en général, notamment sur le plan professionnel des ostéopathes, mais également sur le plan social.
Sur le plan professionnel, la reconnaissance officielle est suivie d’une loi et de ses décrets d’application. Ces règles imposent des conditions strictes qu’il faut respecter et leur non-observation pourrait engendrer des sanctions diverses.
Par ailleurs, les interventions pouvant être effectués par les ostéopathes seront plus limitées. Les manipulations des cervicales et les interventions sur les bébés de moins de 6 mois ainsi que sur les femmes enceintes pourront être interdits pour l’ostéopathe, sauf prescription médicale bien établi. Cela implique donc une restriction des activités, qui pourra influer sur le nombre de patients et la rentabilité.
D’un autre côté, le fait de pouvoir être reconnu par le public comme faisant partie des professionnels de la santé donne plus d’assurance à l’ostéopathe. De ce fait, il trouve plus de tranquillité d’esprit dans l’exercice de son métier. De plus, les nouvelles recherches, ainsi que le développement de certains domaines deviennent possibles avec la reconnaissance, et le métier pourrait donc s’évoluer positivement.
Sur le plan social, la reconnaissance officielle de l’ostéopathie a apporté également des effets encourageants. En effet, cette situation a permis aux patients de se faire rembourser par la Sécurité Sociale ou encore certaines mutuelles de santé complémentaire pour les consultations auprès d’un ostéopathe. Même si les prises en charges ne se font pas toujours automatiquement, car il y a certaines conditions à respecter, il s’agit quand même d’un grand pas en avant pour le développement du métier d’ostéopathe.
Par ailleurs, les malades auront plus de choix en matière de traitement. Il leur sera donc possible de comparer plusieurs méthodes de soins entre elles et choisir ce qui lui convient le plus. Il ne s’agit pas forcément du moindre coût, mais peut-être en intégrant tous les autres paramètres possible comme la durée du traitement, les effets secondaires, la proximité et bien d’autres.
Quoi qu’il en soit, selon Guy Roulier dans son article intitulé « L’ostéopathie aujourd’hui », l’ostéopathie présente des intérêts économiques non négligeables pour les malades. En effet, il stipule que « Les données économiques de l’ostéopathie ont été mises en évidence dans plusieurs études : Il a pu être calculé que les soins ostéopathiques permettaient une économie moyenne de 1 200 € par cas, soit un coût 7,5 fois moins élevé que celui des soins classiques habituellement pratiqués. Il a été démontré dans les études effectuées que l’ostéopathie est souvent efficiente dans les domaines où la médecine classique se révèle inopérante (troubles fonctionnels et dégénératifs d’origine biomécanique).» [7]
Enfin, toujours dans cet aspect social de la reconnaissance, les ostéopathes ne seront plus considérés comme des charlatans ou autres dénominations à caractère péjoratif. Même si beaucoup de personnes ne sont pas encore convaincues de l’efficacité de l’ostéopathie, la reconnaissance permet d’écarter une grande partie des doutes que cette catégorie de personnes possède.
La rentabilité de l’activité d’un ostéopathe dépend essentiellement du nombre de ses clients. Certes, le prix de la consultation est aussi très important, mais c’est le volume d’activité qui détermine si le métier est rentable ou non.
Avec la reconnaissance, la rentabilité pourrait avoir changé pour la plupart des ostéopathes. Il y en qui ont vu augmenter leur recette, mais il y en a aussi qui ont vu la situation contraire. Dans le premier cas, ces praticiens ont profité de la reconnaissance pour gagner la confiance de plus en plus de monde. Ce qui fait que le nombre de leurs patients ont augmenté d’une manière relativement élevé.
Par contre, dans le deuxième cas, si les ostéopathes n’ont pas encore d’agrément, ils pourraient perdre un certain nombre de leurs patients, qui se sont tournés vers ceux qui sont agréés. Ce qui est donc bien triste pour ceux qui se trouvent dans cette situation.
Chapitre II. Ses risques
Section 1 : L’illégalité
La figure ci-dessous démontre les différents aspects illégaux de l’exercice de l’ostéopathie :
On peut constater à travers cette figure que le fait d’exercer l’ostéopathie, en ne respectant pas les règles en vigueur expose à des risques de poursuite et de sanction. Que ce soit avec ou sans agrément valide, les risques sont toujours présents. En effet, il existe des manipulations, ainsi que des catégories de patients qui ne sont pas autorisés pour un ostéopathe.
Section 2 : Hausse de la concurrence dans une période de crise économique
Il est indéniable que la plupart des pays du monde entier subissent actuellement une crise économique qui a bouleversé quelques habitudes de la vie courante et de la vie professionnelle de chacun. Cela touche la plupart des professionnels de tous les secteurs, y compris le secteur médical.
En effet, les prix de tous les biens de consommation ont augmenté, ce qui fait que les budgets des ménages deviennent de plus en plus serrés. Ainsi, les foyers tentent tant bien que mal de gérer cette situation en essayant de diminuer, voire de supprimer des dépenses qui ne sont pas très utiles. Le domaine de la santé entre parfois dans cette catégorie de dépense à restreindre. En effet, actuellement, il vaut mieux s’abstenir de consulter un médecin ou d’autres spécialistes, si l’on n’a pas trop mal, en espérant que l’état va aller mieux avec le temps.
De ce fait, il y a de moins en moins de patients qui viennent consulter un médecin, et encore moins un ostéopathe. De plus, même avec la reconnaissance officielle de l’ostéopathie, la réticence de certaines catégories de personnes sur cette discipline persiste encore. Il est aussi important de souligner qu’il existe de nombreux médecins qui adoptent la même attitude vis-à-vis des ostéopathes. Certains d’entre eux vont même jusqu’à dire que les ostéopathes font de la concurrence déloyale.
Cette concurrence déloyale peut se présenter sous deux formes, notamment l’aspect financier et l’aspect médical. Au niveau financier, certains ostéopathes, surtout ceux qui n’ont pas d’agrément, peuvent appliquer des tarifs de consultation assez bas par rapport à ceux d’un médecin classique. De plus, il y en a qui ne déclarent pas leur activité et ne paient donc pas d’impôts.
D’un autre côté, il y a aussi le fait que les interventions faites par les médecins et les ostéopathes peuvent s’interférer. Les ostéopathes peuvent soigner diverses maladies ou même les prévenir, ce que les médecins font également. Or, les formations suivies n’ont pas été pareils, au niveau du fond, de la forme et de la durée. Cela peut provoquer des mécontentements au niveau des médecins qui évoquent parfois le terme de concurrence déloyale.
Section 3 : Hausse des professionnels allant vers le secteur informel
Après la reconnaissance, la loi a imposé diverses conditions pour pouvoir exercer le métier d’ostéopathes, notamment sur les formations à suivre et les diplômes exigés. Or, de nombreux ostéopathes ont déjà pratiqué cette discipline et ont déjà prouvé leur efficacité, et ils jugent ne pas avoir besoin d’autres formations. De plus, étant donné qu’ils sont déjà en exercice, le temps pour suivre les formations peuvent leur manquer.
De ce fait, ils continuent encore à pratiquer et poursuivent leur activité d’ostéopathe sans avoir d’agrément. Ils sont donc classés dans le secteur informel. Avec cela, ils n’auront pas de compte à rendre à l’Etat en matière d’impôt, de taxe ou autres obligations diverses. Cependant, il faut noter que les praticiens qui exercent en tant qu’ostéopathes, alors qui n’ont pas d’agrément s’exposent à des risques de poursuite et de sanctions.
Par ailleurs, il existe également une autre catégorie d’ostéopathe qui s’engage dans le secteur informel. Il s’agit de ceux qui disposent d’un agrément, ou qui peuvent répondre aux conditions requises pour l’avoir, mais qui préfèrent exercer à l’insu des autorités concernées, pour pouvoir être libres dans leurs interventions.
En effet, les manipulations effectuées par les ostéopathes sont restreints par la loi. Il existe certaines interventions qui ne sont pas autorisés, de même que certaines catégories de patients. De ce fait, si les ostéopathes sont formels, ils doivent suivre toutes les règles qui régissent le métier, sous peine de sanctions.
Or, de nombreux praticiens ne veulent pas se soumettre à ces restrictions et s’orientent donc vers le secteur informel. L’une des raisons plus importante de ce choix est que l’efficacité des traitements octroyés aux patients pourrait ne pas être optimisée avec des contraintes qui sont imposées.
En outre, il ne faut pas aussi oublier le fait que les tarifs des consultations auprès des ostéopathes sont généralement moins élevés que ceux des médecins classiques. Ce qui fait que la rentabilité de leur activité est relativement moindre. De ce fait, il y a des ostéopathes qui se tournent vers le secteur informel pour payer moins d’impôts, voire ne pas payer du tout, et augmenter ainsi leur rentabilité.
Chapitre III. Avenir
L’ostéopathie a existé depuis le 19è siècle. Durant son existence, elle a toujours été confrontée à diverses difficultés quant à sa reconnaissance en tant que thérapie et méthode de guérison efficace de certaines maladies. Cependant, elle a été reconnue officiellement en 2007 et des normes et des infrastructures ont été établies pour que cette discipline ait sa véritable place au sein de la société.
Cette reconnaissance présage un bel avenir pour l’ostéopathie, car malgré les diverses réticences qui subsistent encore, le fait que le métier soit devenu formel et que les écoles spécialisés dans le domaine soient de plus en plus répandues, font que l’ostéopathie sera connue pas beaucoup plus de monde, et que la confiance envers cette discipline va augmenter considérablement.
Section 1 : Analyse de l’évolution de cette pratique
Le tableau ci-dessous montre les étapes les plus importantes que l’ostéopathie a traversées depuis sa création :
Date | Evenement |
1828-1892 | Création de l’ostéopathie |
1892 | Première école d’ostéopathie américaine |
1917 | Première école d’ostéopathie en Grande Bretagne |
1930 | Les travaux de Louisa BURNS sur le cobaye démontrent les relations entre les perturbations des relations anatomiques et la mécanique vertébrale dénommées « lésions ostéopathiques » qui entraînent l’installation de réactions inflammatoires au niveau des organes correspondant à l’étage vertébral siège de la lésion. La cartographie de ces correspondances est donnée dans les livres d’ostéopathie tel que « L’ostéopathie deux mains pour vous guérir ». |
1950 | Création de la Société française d’ostéopathie |
1965 | L’Ecole française d’ostéopathie |
1970 | L’ostéopathie commence à se développer en France grâce aux avant-gardistes |
1973 | Création de l’A.F.D.O. (« Association Française des Ostéopathes »). |
1975-1980 | Premières écoles d’ostéopathie parisienne |
1981 | François MITTERRAND en faveur des ostéopathes |
1982 | Création du DUMENAT à Bobigny [8] |
1984 | Premiers travaux économiques et reconnaissance |
1985 | Ostéopathie et TVA |
1986 | Vers une ostéopathie européenne |
1989 | Création de nouveaux mouvements professionnels |
1993 | 1ères réunions à Bruxelles et création de la F.E.S.O. (Fédération européenne des syndicats et associations d’ostéopathes) |
1994 | 1er projet de résolution européen à l’initiative de Paul Lannoye |
1995 | Blocage au Parlement européen |
1996 | Création du F.E.R.O. (Registre européen destiné à regrouper sous la même éthique les praticiens diplômés détenteurs d’un diplôme d’Etat paramédical dans leurs pays respectifs.) |
1997 | Vote européen historique et décisif |
2000 | Un important document, « Le livre blanc de l’ostéopathie » |
2001 | 1ère étape d’un vote. |
2002 | Le projet de loi est adopté en première lecture |
2003 | Création de la Coordination nationale des Ostéopathes |
2004 | Naissance officielle de la Chambre Nationale des Ostéopathes |
2007 | Décret relatif aux actes et aux conditions d’exercice de l’ostéopathie |
Section 2 : Son apport et sa compétence dans le paysage médical
On a vu auparavant que l’ostéopathie pouvait traiter différentes maladies et en prévenir un grand nombre. Cela démontre que cette discipline tient une place importante dans le paysage médical. Les patients ont donc plus de choix pour traiter leur maladie. Ce qui est toujours bénéfique pour eux car ils ont la possibilité de comparer les différents facteurs qui leur semblent importants.
Par ailleurs, la reconnaissance a permis le remboursement des frais médicaux liés à l’ostéopathie par la Sécu ou les mutuelles de santé. Cette situation prouve également que l’ostéopathie est une médecine à part entière, au même titre que d’autres spécialités médicales.
CONCLUSION
L’ostéopathie est présente dans nos vies depuis plus d’un siècle, mais il lui a fallu énormément de temps et de négociations pour se faire reconnaître. Avant la reconnaissance, les ostéopathes qui exerçaient prenaient le risque de se faire poursuivre pour exercice illégal de la médecine. Après la fameuse reconnaissance, ceux qui n’ont pas de diplôme et d’agrément risquaient encore plus diverses sanctions prévues par la loi, s’ils exerçaient encore.
Pour ma part, j’ai décidé de repasser le diplôme afin de se conformer aux règles qui sont en vigueur. Il est vrai qu’étant donné mon expérience et mes années de pratique, je possède toutes les compétences nécessaires pour exercer le métier d’ostéopathe, mais je pense que c’est la meilleure solution à prendre pour pouvoir travailler avec l’esprit tranquille et gagner de plus en plus la confiance des patients.
Par ailleurs, avec le diplôme, de nouveaux horizons peuvent s’ouvrir sur ma carrière, notamment dans l’enseignement, la recherche ou même auprès des structures médicales existantes qui pourraient avoir besoin des compétences d’un ostéopathe.
BIBLIOGRAPHIE
Livres et documents
- Auquier O, Corriat P. L’ostéopathie, Comment ça marche? – Bases historiques, conceptuelles et techniques, Éditions Frison-Roche, France, 2000.
- L’osthéopathie : deux mains pour vous guérir – Guy Roulier
- Journal Officiel du 27 mars 2007 : Décret n° 2007-435 du 25 mars 2007 relatif aux actes et aux conditions d’exercice de l’ostéopathie
Internet et sites web
- L’histoire de l’ostéopathie – Kevin Pevenzani, publié sur http://www.osteopathe-toulouse-auch.com/la-naissance-de-losteopathie-rappels-historiques.php
- En quelques lignes, comment l’ostéopathie s’est implantée en France – publié sur http://www.osteopathie.org/historiqueOsteopathie.html
[1] L’histoire de l’ostéopathie – Kevin Pevenzani, publié sur http://www.osteopathe-toulouse-auch.com/la-naissance-de-losteopathie-rappels-historiques.php
[2] En quelques lignes, comment l’ostéopathie s’est implantée en France – publié sur http://www.osteopathie.org/historiqueOsteopathie.html
[3] Auquier O, Corriat P. L’ostéopathie, Comment ça marche? – Bases historiques, conceptuelles et techniques, Éditions Frison-Roche, France, 2000.
[4] L’osthéopathie : deux mains pour vous guérir – Guy Roulier
[5] Publié sur http://www.erop.org/ostarzt_fra.shtml
[6] Journal Officiel du 27 mars 2007 : Décret n° 2007-435 du 25 mars 2007 relatif aux actes et aux conditions d’exercice de l’ostéopathie
[7] L’ostéopathie aujourd’hui, publié sur http://www.naturemania.com/osteo/osteotoday.html
[8] Création par le Professeur et doyen Pierre CORNILLOT, d’un enseignement en ostéopathie réservé aux médecins à la Faculté de médecine de Bobigny. L’enseignement est dispensé par des non médecins formés en Angleterre.
Mémoire de fin d’études de 24 pages.
€24.90