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Mémoire portant sur l’hispanisation des Etats-Unis depuis les années soixante-dix.

L’hispanisation des Etats-Unis depuis les années soixante-dix : Une chance ou une menace ?

 

A. Introduction

Depuis la fin du dix-neuvième siècle, l’immigration hispanique est devenue un phénomène grandissant. Jusqu’à ce jour, on note l’existence d’importants courants migratoires qui relient les Etats-Unis au Mexique. Bien que la communauté hispanique soit constituée de nombreuses nationalités, la majorité est formée par la population mexicaine. Il est donc assez courant de noter que la population hispanique est très souvent associée à la population mexicaine dans de nombreux documents.

Les Etats-Unis sont un pays d’immigration et ont redéfini leur identité au fil de l’histoire. Dans leur article « Etats-Unis, vers  une société post-européenne »[1], Philip Golub et Jim Cohen parlent de la croissance des minorités aux Etats-Unis.

Aujourd’hui, la culture hispanique commence à être perceptible dans le quotidien des étatsuniens en raison notamment de la migration massive. De nombreux auteurs et chercheurs prétendent que l’ampleur de la migration est un phénomène grandissant et constitue une menace pour les Etats-Unis. Cependant, d’autres auteurs contredisent cette hypothèse.

Afin de mieux comprendre l’hispanisation des Etats-Unis, nous allons d’abord voir le contexte de l’étude, parler des généralités, parler de la communauté hispanique aux Etats-Unis et de l’influence hispanique sur les Etats-Unis. Une synthèse en sera issue.

 

B. Description du contexte de l’étude

 

La migration hispanique aux Etats-Unis est un phénomène qui est présent depuis déjà plus d’un siècle. Depuis les années soixante-dix, en raison de divers facteurs, dont essentiellement économiques et politiques, ce phénomène s’amplifie et se trouve à l’origine d’une liaison plus étroite essentiellement entre les pays de l’Amérique latine et les Etats-Unis. Cependant, on assiste toujours à une relation d’interdépendance déséquilibrée.

 

La construction et l’agriculture américaines sont les deux principaux domaines dans lesquels les Hispaniques, notamment les Mexicains, sont présents. Mais en plus de ces domaines, on peut aussi citer les autres services urbains et la restauration. On assiste alors à un côtoiement des identités et à un entretien de relations asymétriques, inégales et parfois conflictuelles. En dépit de ces situations, on ne peut pas dire qu’il y a un choc ouvert sur les cultures, encore moins un réel métissage, bien que Samuel Huntignton associe la migration mexicaine à une menace pour l’identité américaine[2].

 

De nombreux Américains s’appuient sur l’idée que l’hispanisation est une chance pour les grandes villes américaines car elle permet leur revitalisation, principalement Los Angeles (la « capitale du futur ») et certains quartiers défavorisés.

 

Cependant, depuis le 11 septembre 2001, on assiste à un durcissement des conduites et des discours anti-migration. D’une part, il y a la crainte d’une infiltration de terroristes à travers la frontières mexico-américaine et d’autre part, on peut noter la peur d’une invasion mexicaine.

 

Toutefois, on n’assiste pas à un affaiblissement du flot des migrants. De plus, au sud du Rio Bravo/Grande Rio, la classe et l’opinion politique commencent à admettre que le Mexique ne devrait pas être sans ceux qui sont passés al otrolado. Ainsi, le Congrès a autorisé le droit de vote aux Mexicains de l’étranger en 2005.

 

Face à l’immigration continuelle et de plus en plus importante des Hispanique, on peut dire que les Etats-Unis sont fortement imbriqués avec les pays d’origine des immigrants, principalement le Mexique. On peut prétendre que ces pays sont destinés à rester en lien étroit. Il n’est donc pas question d’une situation spécifique ni moins d’une situation temporaire.

 

Figure 1 : Les flux d’immigrants aux Etats-Unis[3]

 

C. Généralités

Un recensement effectué au début de l’an 2000 a montré que 12%[4] de la population américaine est constituée par les Hispaniques, ce qui leur positionne au rang de première minorité. Les Hispaniques deviennent désormais un acteur de grand rôle au sein de la société américaine. En effet, ils constituent un marché de grande ampleur car, d’une part ils sont très recherchés par les entreprises et d’autre part, ils forment un électorat fortement courtisé par les partis politiques.

 

Côté politique, les opportunités d’accès des Hispaniques sont limitées en raison de l’existence de certains obstacles structurels et conjoncturels.

 

– L’émergence politique des Hispaniques a lieu dans un contexte non favorable à l’immigration des latino-américains. Il est utile de préciser que depuis les 90, les Etats-Unis ont mis au point une politique restrictive quant aux flux de migration en provenance du Mexique en particulier. Les législations fédérales sont devenues de plus en plus dures et la frontière est militarisée, ce qui explique une crainte à une « invasion » des Etats-Unis par les Hispaniques.

 

– Depuis les attentats de 2001, une approche sécuritaire relative à l’immigration a été particulièrement développée par le gouvernement des Etats-Unis. Les retombées de cette approche concernent aussi bien les immigrés sans papiers que les immigrés légaux.

 

Côté structurel, les Hispaniques ont un pouvoir politique provenant des opportunités nées par les découpages électoraux.

 

1-Les Hispaniques : la première minorité aux Etats-Unis

 

En l’an 2000, l’introduction de la catégorie « Hispanique » (appelée aussi « Latino ») a permis de prendre conscience de la forte croissance en nombre de cette population ainsi que de son influence dans divers domaines, notamment culturel et économique. Sa croissance en nombre résulte d’une politique d’ouverture et d’une politique de fermeture à l’immigration venant d’Amérique latine. Il est à préciser que les amendements de 1965 à l’Immigration and Nationality ont principalement contribué à la transformation de la nature de l’immigration.

L’IRCA (Immigration Reform and Control Act), en 1986, a procédé à la régularisation de 2,67 millions d’immigrés sans-papiers[5] dont des Haïtiens, des Cubains et un grand nombre de travailleurs agricoles mexicains. Suite à cette période d’ouverture, l’acte de l’immigration sorti en 1990 a fait des Hispaniques le quota le plus élevé entrant aux Etats-Unis. Si, en 1995, le quota annuel avec Cuba a autorisé 20 000 migrants[6], il a aussitôt été modifié en 1996. En effet, la détention des sans-papiers est rendue possible pendant plusieurs mois. Un durcissement des peines et des sanctions a eu lieu suite à ces mesures. Une année plus tard, une amnistie consistant à régulariser le statut de quelques 400 000 Centraméricains a été mise en œuvre.

 

Vers le milieu des années 90, la fermeture en matière d’immigration a abouti à l’ouverture relative du passé en raison de mesures de sécurité extérieure et intérieure. Sur le plan domestique, de nombreux débats ont ravivé la crainte d’une « invasion mexicaine[7] » des Etats-Unis et des Etats du sud-ouest.

Près de 30% de la population californienne est d’origine hispanique. En Californie, la Proposition 187, en 1994, consiste en une abolition provisoire des aides sociales aux immigrants sans papiers. Au parlement, les vives discussions relatives à l’éducation bilingue ont met en évidence les tensions entre positions restrictives et libérales sur l’immigration, légale et illégale. Après ce référendum, les Hispaniques ont rencontré de plus en plus de difficulté à obtenir des visas et des autorisations de réunification familiale. Concernant la sécurité extérieure, les frontières ont été renforcées suite au passage du PatriotAct et des attentats. Il est nécessaire de noter que, depuis 1994, la traversée de la frontière est devenue de plus en plus difficile et dangereuse.

 

La militarisation de la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis a provoqué un déplacement des immigrés vers les Etats d’Arizona et du Texas, des zones désertiques dans lesquelles les immigrés périssent d’insolation et de déshydratation[8]. En effet, plus de 2 200 personnes[9] ont été retrouvées mortes en tentant de passer de la frontière. Par ailleurs, le gouvernement des Etats-Unis a rendu systématiques les expulsions des immigrés irréguliers à la frontière.

 

Des répercussions directes relatives à l’immigration légale et illégale venant de l’Amérique latine sont issues des aléas des politiques migratoires. Cependant, la fermeture des frontières n’a pas eu d’impact sur l’augmentation en nombre des Latinos de première et de seconde génération. Les Hispaniques représentent la première minorité des Etats-Unis, avec un nombre atteignant plus de 40 millions de la population totale[10].

 

2- La composition de la population américaine

2-1- Avant 1970 : en 1960

 

Figure 2 : La composition ethnique de la population des États-Unis en 1960[11]

Les Etats-Unis étaient depuis toujours pluriethniques et leur diversité en matière de démographie resta assez limitée pendant plusieurs années. En 1960, c’est la catégorie des Blancs non Hispaniques qui est restée majoritaire car elle composait près de 85% de la population. Toutes les autres catégories étaient minoritaires, à noter que les Afro-Américains représentaient près de 10,8% de la population. Les Hispaniques ne constituait que 3% de la population américaine.

Le nombre des catégories ethniques s’est vu largement multiplié, ce qui a été noté lors des recensements du vingtième siècle. Cela a rendu la classification de plus en plus détaillée. Ainsi, un recensement effectué en 2000, d’après les travaux de recherche, a permis de faire la distinction entre une vingtaine de catégories. Ainsi, parmi les asiatiques, on regroupe les Japonais, les Chinois, les Indiens, les Philippins, les Coréens, les Hawaïens, les originaires de l’Ile de Samoa, les Vietnamiens et les autres catégories issues des pays de l’Asie.

 

En 2006, la plupart de la population des Etats-Unis correspond au type connu sous le sigle WASP (White Anglo-saxon Protestants). Au sens originel, cette appellation fait référence au sens originel. Sur les centres de décision économique et politique, sa domination a été presque exclusive. Ainsi, en 2006, ils représentent jusqu’à 67% de la population des Etats-Unis.

 

2-2- En 2006

 

Figure 3 : La répartition ethnique de l’accroissement de la population des Etats-Unis du 1er avril 2000 au 1er juillet 2006[12]

Figure 4: La composition ethnique de la population des Etats-Unis en 2006[13]

2-4- Les prévisions en 2050

La catégorie des Blancs non Hispaniques reste toujours majoritaire depuis de nombreuses décennies. Si la population hispanique comptait près de 42 millions d’habitants en 2005, ce nombre pourrait tripler en 2050 pour atteindre 128 millions[14]. Ainsi, le poids de démographique correspondant doublerait, passant de 14% à 29% entre 2005 et 2050.

 

Ces projections sont obtenues à partir de deux facteurs :

  • les effets des apports migratoires
  • les effets du mouvement naturel pour chaque communauté ethnique

 

En dépit des difficultés économiques rencontrées depuis 2008, le solde migratoire est positif pour les Etats-Unis. En effet, les divers facteurs répulsifs peuvent continuer à fonctionner d’une part, et l’existence des possibilités de migrations réticulaires d’autre part.

 

 

 

Figure 5 : Les prévisions de la répartition ethnique en 2050[15]

 

Figure 6 : Répartition détaillé des Hispaniques selon leur origine

 

 

Première partie : La communauté hispanique présente aux Etats-Unis

 

Figure 7 : Le pourcentage d’Hispaniques par Etat en 2010[16]

En 2000, plus de 27 millions d’Hispaniques, ce qui représente un pourcentage de 76,8%, résident dans les 7 Etats suivants :

– Californie

– Texas

– New York

– Floride

– New Jersey

– Illinois

– Arizona

 

A elle seule, la Californie représente 11 millions d’Hispaniques, soit environ 31,1% de la population totale hispanique. Au Texas, on dénombrait 6,7 millions, ce qui correspond à 18,9%. Cela représente près de la moitié de toute la population hispanique aux Etats-Unis.

Le plus grand nombre de Mexicains est enregistré dans les Etats situés dans la partie Sud-Ouest, c’est-à-dire le Texas, la Californie, l’Arizona, l’Illinois, le Colorado et le Nevada.

 

Plus de 250 000 Portoricains résident dans les Etats situés dans la partie Nord-Est des Etats-Unis, à savoir New York, New Jersey, Floride et Pennsylvanie.

 

Concernant les Cubains, ils résident principalement en Floride.

 

Figure 8 : Répartition de la population Hispanique aux Etats-Unis

Il est intéressant de mentionner que la population hispanique a considérablement augmenté depuis 1990. En effet, son accroissement est estimé à près de 13 millions de personnes entre 1990 et 2000, soit une augmentation de près de 58%, en comparaison avec l’augmentation de la population américaine laquelle ne représente que 13,2%.

 

 

Figure 9 : Nombre de la population hispanique aux Etats-Unis entre 1990 et 2000

Figure 10 : Comparaison entre l’augmentation de la population hispanique et de la population américaine

 

A. Les composantes hispaniques venant de l’Amérique

Selon les statistiques, la répartition statistique des origines nationales des Hispaniques sont ainsi :

 

– 64 % venant du Mexique

– 9% venant de Porto Rico

– 7% venant de l’Amérique centrale

– 7% venant de l’Amérique du sud (dont composés majoritairement des Equatoriens et des Colombiens)

– 3,5% venant de Cuba

– 2,7% venant de la République dominicaine

 

Figure 11 : Les composantes hispaniques en Amérique

Ces données ont été tirées des statistiques effectuées par le Bureau Census en 2009[17].

 

D’après ces statistiques, on peut noter que la majorité des migrants viennent du Mexique. Cela s’explique nécessairement par la facilité d’accès entre les frontières mexicaines étatsuniennes.

Avant 1995, les migrants entrent aux Etats-Unis à la frontière située à Tijuana.

Après 1995, ils ont suivi le même trajet mais entrent aux Etats-Unis en passant pas San Luis Rio Colorado.

A partir de 2001, les Mexicains entrent aux Etats-Unis par Sasabe.

 

Figure 12 : Les trajectoires suivies par les migrants vers les Etats-Unis

 

1- Les Mexicains

Comme nous l’avons précédemment mentionné, les Mexicains entrent aux Etats-Unis par les frontières séparant les deux territoires. Généralement, le trajet suivi est celui mentionné sur la figure 12. Cependant, les migrants peuvent choisir d’autres voies, ce qui explique les différences entre les nombres de migrants entrant sur un lieu et sur un autre. La figure 13 montre le flux de personnes qui entre aux Etats-Unis par les frontières mexicano-étatsuniennes. Nous pouvons noter que les flux sont d’autant plus élevés que l’accès est facile.

Figure 13 : Flux migratoires à la frontière Etats-Unis-Mexique[18]

Les migrants mexicains peuvent être classés en différents types. Toutefois, la majorité est constituée par les migrants à but professionnel depuis les années soixante-dix. Les migrants à but professionnel sont encore divisés en quelques sous-catégories dont les migrants ayant obtenu une autorisation de travail et ceux qui ne détiennent aucune autorisation de travail.

 

Figure 14 : Estimation du nombre de la migration mexicaine vers les Etats-Unis (1995-2000)[19]

Les Etats-Unis et le Mexique ont connu depuis de nombreuses années une relation ambivalente et privilégiée.

 

  • Sur le plan économique: Le Mexique est le second marché des exportations en provenance des Etats-Unis, après la Chine et le Canada. Le Mexique, quant à lui, exporte près de 80% de ses produits vers les Etats-Unis lesquels constituent leur principal marché. Les produits en question sont les pièces d’automobiles, les automobiles, le pétrole, les fruits et les légumes. Par ailleurs, l’investissement des Etats-Unis au Mexique est chiffré à près de 85 millions de dollars en 2006. Il nous est donc possible de dire que l’économie mexicaine dépend largement des cycles de récession et de prospérité des Etats-Unis.

 

  • Sur le plan politique: Comme dans le passé, les liens bilatéraux entre le Mexique et les Etats-Unis sont caractérisés par des cycles de tensions et d’avancées, de rapprochement et d’éloignement, de réciprocité et d’unilatéralisme. Les relations entre les deux pays sont dominées par le commerce, le trafic de drogue, la sécurité à la frontière et l’immigration. « Ainsi, parmi les derniers événements symboliques qui illustrent les liens spécifiques entre les deux pays, on peut citer : le vote de la législation du Secure Fence Act en 2006, en vue d’étendre  la  construction  d’un  mur  à  la  frontière  entre  le  Mexique  et  les  Etats-Unis  et  de renforcer la frontière virtuelle , autrement dit l’utilisation des technologies de pointe pour détecter les tentatives de passage clandestin [20]». On peut également citer la mobilisation qui a eu lieu en mars et mai 2006 en vue de la régularisation des sans-papiers, le passage de l’initiative de Mérida en 2008, les promesses du rétablissement de l’Accord de libre-échange (ALENA) qui ont été signées entre le Canada, les Etats-Unis et le Mexique en 1994.

 

Les statistiques montrent que, pour les Mexicains vivant aux Etats-Unis :

– 55,3% vivent dans les Etats de l’Ouest

– 31,7% dans le Sud

– 10,7% dans le Midwest

– 2,3% dans le Nord-Est

 

Figure 15 : Répartition des Mexicains vivant aux Etats-Unis

 

Aux Etats-Unis les plus fortes concentrations de Mexicains sont enregistrées à Los Angeles, plus précisément dans le quartier d’East Los Angeles dans lequel les Hispaniques, dont majoritairement des Mexicains, représentent 96,8% de la population totale. Outre ce quartier, on peut aussi parler d’El Paso, Houston, San Antonio, Phoenix, Chicago et San Francisco. Dans ces centres urbains, la haute visibilité des Mexicains engendrent des campagnes de restriction de la part des gouvernements des Etats, plus particulièrement ceux du Texas et de la Californie, mais aussi du gouvernement fédéral. Elle suscite des réactions de xénophobie de la part des « anglos » même si des études ont prouvé que les « immigrés aux Etats-Unis ne grèvent pas l’économie [21]». Les réactions de rejet à l’encontre des nouveaux immigrants par les Mexicains arrivés depuis longtemps continuent de se montrer. Elles font preuve de la précarité de la situation de tout Mexicain au sein de la société américaine.

 

La « question mexicaine » aux Etats-Unis est accentuée par le problème de l’immigration clandestine. Afin de bien comprendre ce phénomène, il est nécessaire de rappeler le programme « bracero » instauré en 1942 suite à l’établissement d’un accord entre le Mexique et les Etats-Unis et selon lesquels des ouvriers mexicains pouvaient rejoindre les Etats-Unis pour travailler, cela afin de pallier la pénurie de main d’œuvre, plus particulièrement dans les travaux agricoles lors des années de guerre. De plus, les exploitants agricoles accueillaient favorablement la vague grandissante d’immigrants.

L’immigration clandestine avait toujours existé mais les proportions restaient insuffisantes pour susciter l’intérêt du gouvernement. Ce n’est que vers les années quarante que cette immigration a commencé à devenir préoccupante.

 

Dans un livre présentant les immigrés aux Etats-Unis, Al Santoli, un journaliste a fait une interview d’une famille d’origine mexicaine, les Caballero qui résident depuis 1952 à El Paso et qui constituaient un exemple d’assimilation réussie. Pour l’interview, trois générations y ont participé :

– le père (Mr Caballero) : né au Mexique et venu aux Etats-Unis dans le cadre du programme bracero

– le fils aîné (César) : né au Mexique en 1949 et arrivé aux Etats-Unis avec sa famille à l’âge de 7 ans

– la petite fille (Ana) : lycéenne de 16 ans.

 

Pour cette famille, les raisons qui ont motivé le départ définitif du Mexique sont quasiment identiques que pour celles de beaucoup d’immigrés.

 

Mr Caballero explique : « La raison principale de ma venue à El Paso était de donner une meilleure éducation à mes fils et de parvenir à un meilleur niveau de vie pour toute la famille. Parce que lorsque je venais travailler aux Etats-Unis pendant la Seconde Guerre mondiale, je constatais que les gens vivaient mieux qu’au Mexique. Je constatais que les enfants étaient grands et forts et je voulais que mes fils soient pareils (il a eu sept fils) [22]».

 

Son fils César évoque un récit qui retrace sa jeunesse, ses traditions familiales mexicaines ainsi que son engagement politique. Ce récit correspond avec l’évolution générale de la population mexicaine aux Etats-Unis : « A l’école, la moitié des enfants étaient mexicains. Nous nous mélangions plutôt bien avec ceux d’El Paso. Ils étaient d’origine mexicaine mais vivaient ici. A l’école, l’objectif  c’était que tous nous devions bien apprendre l’anglais. (…) Bien que nous, les enfants, adoptions un grand nombre d’habitudes américaines, ma famille restait mexicaine dans ses traditions culturelles. (…)A Noël, ma mère continuait à faire la crèche, alors que de nombreuses familles mexico-américaines n’en faisaient déjà plus, préférant Saint Nicolas et tous les gadgets que l’on trouve dans le commerce. Ma mère posait tous les sujets de céramique sur la table. Nous mêlions la symbolique des Rois Mages à celle de Saint Nicolas, bien que la Fête des Rois ne soit qu’en janvier. (…) Les étudiants mexicains-américains à l’université se sentaient visés par le racisme, que ce soit de façon subtile ou ouverte. Nous disions que certains professeurs étaient racistes parce qu’ils parlaient ouvertement de façon très négative de la langue ou de la culture mexicaines. Et ils donnaient des mauvaises notes aux étudiants mexicains par rapport aux autres étudiants, même lorsque les étudiants mexicains rendaient des devoirs de même niveau. (…) Nous savions qu’il était important d’instiller en nous-mêmes un fort sentiment de fierté culturelle afin de ne pas avoir de complexe d’infériorité et de ne pas oublier autant que possible d’aider nos compatriotes une fois que nous aurions une profession établie. Nous pouvions constater que certains de nos aînés qui avaient bien réussi ne s’en préoccupaient pas, parce qu’ils avaient honte de leurs origines. (…) Nous militions pour des changements immédiats, comme par exemple un plus grand nombre d’étudiants chicanos dans les universités et davantage de professeurs chicanos. Notre action parvenait dans une certaine mesure à diminuer le racisme dans la communauté. Je pense que les choses ont changé au cours des dernières années, en grande partie grâce aux mouvements politiques et sociaux dans lesquels certains de nous ont milité. (…) J’ai vu beaucoup de changements ici, au cours des trente années où ma famille a vécu dans ce pays. Quand j’étais encore petit, je pensais que le barrio était mon environnement. Nous étions complètement séparés de la communauté anglo. Un endroit comme celui où nous nous trouvons en ce moment m’aurait été interdit. Nous ne nous sentions pas les bienvenus. Mais, aujourd’hui,  des jeunes comme ma fille Ana, qui a seize ans, ne sont plus mis à part. Ana est cheerleader dans son lycée. (…) Ana se débrouille assez bien en espagnol. Quand elle était petite, avant qu’elle ait cinq ans, ma femme et moi l’avons encouragée à parler l’espagnol en premier, comme langue maternelle. Mais l’acculturation à l’école a changé tout çà [23]».

 

Ana, la lycéenne de 16 ans, fille de César, elle manifeste son intérêt pour ses racines. Elle a parlé en ces termes : « Je ne parle pas l’espagnol aussi bien que je le devrais. Maintenant, j’apprends l’espagnol à l’école, mais je ne l’écris pas très bien. Je suis née ici, mais je me sentirai toujours en partie mexicaine. J’aime toujours la culture mexicaine[24]. »

 

On peut constater que ces témoignages ont un caractère subjectif et ne disposent que valeur que pour les personnes qui s’expriment. Néanmoins, ils sont caractéristiques de l’évolution de la population d’origine mexicaine, celle ayant vécu aux Etats-Unis depuis de nombreuses décennies, c’est-à-dire au moins deux générations.

Dans les interviews d’immigrés aux Etats-Unis, on retrouve souvent les priorités évoquées par la famille Caballero, c’est-à-dire le fait de donner de réelles chances de réussite aux enfants, réussir l’intégration dans le pays d’accueil tout en conservant les souvenirs du passé et tout en gardant les liens culturels avec le passé.

 

Le transport entre le Mexique et les Etats-Unis constitue aussi un domaine assez intéressant. La figure 16 mentionne les routes des sociétés de transport entre les deux frontières.

 

Figure 16 : Routes des sociétés de transport entre le Mexique et Texas[25]

 

L’immigration des Mexicains aux Etats-Unis trouve son origine dans un processus historique d’appel successif de main d’œuvre. Mais en plus, il est aussi nécessaire de parler de vagues de retour vers le pays d’origine selon les aléas des crises économiques et de l’histoire.

 

Suite à la crise économique de 1929, un rapatriement forcé a eu lieu, ce qui a abouti à une expulsion d’environ un million d’immigrés dont leurs descendants nés aux Etats-Unis entre les années 1929 et 1937. Appelé Mexican Repatriation, ce mouvement a été initié par Herbert Hoover. Il s’agit d’une mesure drastique qui s’inscrit aussi dans la logique de l’instauration de la politique des quotas d’immigration par les gouvernements américains en 1921 et 1924 lesquels ont été censés limiter l’arrivée d’immigrants en provenance d’autres continents.

 

Avec la Deuxième Guerre Mondiale, on a eu une demande importante en main d’œuvre, ce qui a nécessité de recourir à l’instauration d’un programme d’immigration entre les Etats-Unis et le Mexique : le Bracero. « Pourtant, en 1954 sous la présidence de  Dwight Eisenhower, l’opération Wetback est mise en place pour  expulser  un  demi-million  d’immigrés  mexicains  en  situation  irrégulière  et  leurs descendants nés aux Etats-Unis [26]». Nous pouvons donc conclure que les migrations mexicaines, qu’elles soient permanentes ou saisonnières, ne sont pas à l’abri des aléas politiques des Etats-Unis.

 

En 1965, suite à la mise en place d’une législation moins stricte sur l’immigration aux Etats-Unis laquelle a mis fin à la politique des quotas, on a pu noter une croissance de l’immigration mexicaine, celle-ci devenant plus stable et permanente.

 

Après 1980, l’immigration est devenue encore plus importante, est restée permanente et de plus en plus irrégulière. Avec la crise économique qui touche de manière intense le Mexique, la croissance de la population immigrante sans-papiers est considérable. De même, l’immigration régulière, basée notamment sur la réunification familiale, croit au même rythme. C’est principalement lors de cette période que les associations et mouvements pour la restriction ont commencé à évoquer l’idée d’une construction d’un mur à la frontière ainsi qu’une réglementation de l’entrée des migrants mexicains.

 

Les dernières réformes concernant la politique d’immigration remontent à 1996. L’IIRIRA (Illegal Immigration Reform and Immigrant Responsability Act) sorti en 1996 a permis la régularisation de près de quatre millions d’immigrés dont majoritairement des Mexicains. Dans les années quatre-vingt-dix, les relations entre le Mexique et les Etats-Unis ont été rendues plus difficiles suite aux propositions en défaveur des immigrés mexicains, principalement la construction de mur en quelques points de la frontière : opérations Gatekeeper en Californie, Hold the Line au Texas et SafeGuard en Arizona entre autres[27].  Le  ‘reflux  nativiste’renforcé  par  les  attentats  du  11 septembre 2001,  a  contribué  à  alimenter  un  fort  sentiment  anti-immigré,  en  particulier  anti-mexicain, soutenu  par  certains  groupes  d’intérêts  et  quelques  universitaires. Le  passage  du  PatriotAct a  également  renforcé  la  création  de  coalitions  opposées  à  toute  réforme   de l’immigration non sécuritaire ou autre que sécuritaire [28]»[29].

 

La figure 1 montre les régions frontalières entre les Etats-Unis et le Mexique et présente le nombre moyen annuel de migrants entrant aux Etats-Unis à partir de 2000.

 

Figure 17 : Les régions frontalières entre le Mexique et les Etats-Unis

 

1-1- Le mouvement chicano

Le mouvement chicano a été entrepris pour admettre une différence et une volonté d’intégration. Il a eu lieu entre les années soixante et le début des années quatre-vingt-dix et a été principalement dirigé par César Chavez (mort en 1993).

 

Le mouvement chicano reposait sur trois principaux volets :

– les productions culturelles

– le mouvement civique

– les luttes sociales.

Ces trois volets ont été fortement liés entre eux[30].

 

Avec le mouvement indien et le mouvement noir, le mouvement chicano, connu aussi sous l’appellation la Causa, figurait parmi les composantes les plus importantes en termes de mobilisations non violentes pour les droits civils, l’intégration des minorités, la défense et le racisme. Ces composantes étaient principalement déployées aux Etats-Unis dès les années soixante.

El Teatro Campesino est né en 1965 et a été une sorte de moyen d’expression de la lutte des travailleurs dans le domaine agricole. Son principal animateur Luis Valdez est devenu célèbre aves la pièce théâtrale Zoot Suit, la première pièce de théâtre jouée à Broadwayd en 1979 avant qu’elle ne soit transposée au cinéma.

 

Né à la fin des années soixante à Los Angeles, le muralisme chicano renoue avec la tradition des Siqueiros, Rivera et Orozco. La perspective nationale, et même nationaliste, a été adoptée à travers des emblèmes, des mythes et des icônes. Cependant, ces figures, peintes sur des murs et mobilisées dans les luttes contre la marginalisation et la discrimination, renouent avec le potentiel de contestation avant qu’elles ne soient récupérées par le pouvoir mexicain et soient utilisées pour l’instauration d’une nouvelle identité : l’identité chicana.

 

Les murs du respect expriment les ambivalences et les ambiguïtés de cette identité écartelée. Il s’agit d’un sentiment patriotique mexicain et conduit à une revendication de la nationalité américaine. A cela s’ajoute aussi la manifestation de la souffrance de l’immigré (et de son descendant), d’où une demande d’intégration et de reconnaissance dans le pays d’accueil. A ce stade, le Chicano a été donc différent du simple Mexicain. Cependant, il ne constitue pas encore un membre à part entière d’une nation et est restée intensément orienté par le modèle WASP (White Anglo Saxon Protestant). « … Nous nous sommes trouvés à la lisière de deux cultures si incroyablement différentes, qu’en essayant de nous identifier aux deux, nous en avons inventé une troisième : celle des Chicanos, adaptée à notre propre identité.[31]».

 

Ce mouvement revient dès le début des années quatre-vingt car il est parvenu à atteindre certains de ses objectifs. L’identité chicana a obtenu une reconnaissance mais le racisme anti-mexicain demeure toujours. Il faut noter que l’identité chicana est classée dans la catégorie générale des Hispaniques. En outre, on assistait à une institutionnalisation de l’art chicano ainsi qu’à son entrée dans les cercles officiels, les musées et les collections privées.

 

1-2- La réforme de politique migratoire et le tandem Bush-Fox

« Au  début  de  son  mandat,  le  président  mexicain  Vicente  Fox,  du  Parti  d’action nationale (PAN), s’était lancé dans le ‘grand bargain’ ou ‘wholeenchilada’[32]». Ce programme était surtout basé sur la régularisation de la situation des sans-papiers et la mise en place d’une grande assistance au sein de l’ALENA. En échange, des efforts considérables ont été entrepris contre les trafics de personnes, de biens et de drogue vers les Etats-Unis. Sur New York Times, le président Fox a déclaré, le 4 septembre 2001, lors de sa visite aux Etats-Unis, que « le président Bush et moi-même nous sommes engagés à aboutir à un accord juste et humain – et réaliste. Tous deux considérons que l’immigration n’est pas un problème à gérer, mais une opportunité  saisir. Les travailleurs migrants contribuent à l’économie américaine tout en envoyant des transferts financiers qui alimentent  l’économie  mexicaine[33] ». L’effort vers l’adoption d’un accord sur l’immigration a été stoppé par les attentats du 11 septembre 2001, seulement quelques jours après cette déclaration. Pourtant, George Bush avait mis en place une relation étroite avec le président mexicain Fox, notamment lors de la période de post-signature de l’ALENA.

 

Les aléas de la réforme concernant l’immigration se présente sous forme d’unilatéralisme adopté par les Etats-Unis sur la scène internationale, pour ne citer que la lutte contre George Bush. Quand le Mexique a refusé de soutenir la première version de la résolution de l’ONU sur l’Iraq, on a pu observer une dégradation des relations bilatérales entre les deux pays. Il est à préciser que cette résolution prône l’attaque préemptive de l’Etat et la démission de Jorge Castaneda (en 2003), le ministre mexicain des Affaires Etrangères. Ce ministre avait instauré une position très critique sur la réforme de migration à l’égard des Etats-Unis : « les  politiques migratoires américaines ont échoué à bloquer l’immigration illégale en provenance du Mexique et, à l’inverse, ont favorisé le marché dangereux et parfois mortel de la traite des êtres humains[34]». Il a également publié dans ses mémoires Ex Mex que « si  plus  d’un  siècle  d’expérience signifie quelque chose, alors les Mexicains continueront à aller vers le Nord, légalement ou non, en sécurité ou non, en migration circulaire ou non, pratiquement sans tenir compte de ce que font les Etats-Unis [35]». Son successeur Luis Ernesto Derbez a tenté, jusqu’à la fin de l’année 2006, de reconstruire les relations bilatérales en « jetant  les  bases  du  Security  and  Prosperity Partnership pour  promouvoir  la coopération en matière sécuritaire et commerciale [36]». L’enjeu de la migration ne figure pas au milieu de cette action et cette période se manifeste par une optimisation de l’engagement auprès des partenaires latino-américains.

 

1-3- L’enterrement de la réforme et la transition Calderon-Bush

Avant le début de la présidence de Felipe Calderon, les tensions concernant le dossier de la réforme de l’immigration dont la régularisation des sans-papiers et la sécurité sont de nouveau remises en question. Le gouvernement mexicain associe alors l’immigration à un enjeu de coresponsabilité.

 

En février 2006, « la conférence parlementaire frontalière – regroupant les Etats de Californie, du  Nouveau  Mexique,  de  Basse  Californie,  de  Sonora,  de  Chihuahua,  de  Coahuila,  du Nouveau  Léon  et  de  Tamaulipas –  vote  une  résolution  indiquant  qu’elle  mettra  tout  en œuvre pour « une législation migratoire juste et globale, qui équilibre les préoccupations pour la sécurité à la frontière avec la reconnaissance des demandes de main d’œuvre des Etats-Unis. Cette réforme doit inclure un programme de travailleurs invités et une voie vers la régularisation[37] ».

 

En Mars 2005, la réforme sur l’immigration est passée pour la première fois devant le Congrès, ce qui a conduit à des premières manifestations de masse effectuées par les immigrés aux Etats-Unis.

 

Le 25 mars et le 1er mai 2006, un défilé dans les grandes villes californiennes, à Chicago, Atlanta et Washington DC a été fait par environ un million de personnes. Le but de ce défilé a été d’exiger une législation progressive des sans-papiers. Il est utile de préciser que ces mobilisations de l’année 2006 résultent du rejet d’un programme de travailleurs par la Chambre des représentants, au profit de la HR4 437, une législation présentée par Peter King et James Sensenbrenner, des députés républicains[38]. En réaction à ces manifestations, une possibilité de régularisation des sans-papiers a été proposée, une procédure moyennant quelques obligations, à savoir l’apprentissage de l’anglais et le paiement d’une amende laquelle sera utilisée pour la vérification du casier judiciaire. Cette procédure a été toujours parallèle avec le développement de la « frontière virtuelle ». D’après une conseillère d’Edward Kennedy, cette procédure se voulait incrémentaliste[39]. En effet, le principe était surtout de favoriser d’abord la régularisation pour ensuite ajouter progressivement des volets sécuritaires. Cependant, d’après Linda Sanchez, « la législation a été progressivement vidée de sens par des amendements favorisant le volet sécuritaire  sans  contrepartie  ni  compromis  possible [40]». Les facteurs expliquant cet échec, malgré les mobilisations importantes de Hispaniques en 2006, d’après Ken Salazar sont ainsi : « l’impossible compromis entre Démocrates et Républicains, ces derniers poussés par des groupes d’intérêts anti-immigration très puissants et agressifs, alimentant les stéréotypes sur l’immigration mexicaine et jouant de la peur du terrorisme[41]».

 

C’est essentiellement d’après ce contexte que Calderon prend la présidence à partir du 1er décembre 2006, après de longs mois de contestation des résultats par le PRD (Parti de la Révolution Démocratique). Ce nouveau président a critiqué intensivement, devant George Bush, les répercussions du Secure Fence Act pendant sa visite au Yucatan. Mais il faut noter qu’il a bénéficié du soutien de 27 autres pays latino-américains à l’OEA (Organisation des Etats Américains). Par ailleurs, il a également mentionné que l’investissement au Mexique et la création d’emploi sont des facteurs d’importance cruciale afin de mettre un contrôle sur le volume de l’immigration. En mars 2007, lors de la visite de Bush à Mexico, Calderon a rappelé que la relation bilatérale inclut aussi l’immigration, au même titre que le développement économique et le commerce. « Nous avons parlé de la nécessité d’aborder le phénomène de l’immigration comme un facteur de prospérité pour les deux nations, mais une immigration ordonnée. Nous avons pris acte de l’effort du président Bush et de son administration pour promouvoir au Congrès une réforme globale de l’immigration  qui  prenne  en  compte  les  droits  des  migrants  et  des  travailleurs  et  qui  autoriserait  des programmes organisés et légaux d’emplois temporaires, ainsi que la réunification familiale [42]».

 

Parallèlement à cela, Calderon a visité des gouverneurs aux Etats-Unis ainsi que des maires de ville, entre autres Antonio Villaraigosa. Des représentants des entrepreneurs et des leaders syndicaux ont également été visités par le président mexicain, cela afin de promouvoir une réforme de la législation relative à l’immigration. De son côté, Fox a fait de même avec ses homologues.

 

Ces démarches sont une forme de défédéralisation de la politique migratoire, et même de la politique étrangère des Etats-Unis.

 

1-2- Les Portoricains

Un recensement effectué en 2000 a montré que la population portoricaine présente aux Etats-Unis est au nombre de 3,4 millions. Ce chiffre ne présente qu’un écart de 400 000 par rapport au nombre d’habitants restant sur l’île de Porto Rico[43].

 

Figure 18 : Nombre de la population portoricaine vivant au pays d’origine et aux Etats-Unis

D’après cette représentation graphique, on peut constater que l’écart entre le nombre de Portoricains restants au pays d’origine et ceux vivant aux Etats-Unis est moindre, par rapport au nombre total de Portoricains. En exprimant ces nombres en pourcentages, on a la représentation graphique de la figure 7 ci-dessous.

Figure 19 : Rapport entre le nombre de Portoricains au pays d’origine et aux Etats-Unis

 

Cette situation s’explique par l’existence simultanée de quelques phénomènes :

– exode prolongé

– immigration étrangère

– migration retour

 

C’est ainsi que Porto Rico illustre véritablement le transnationalisme lequel est défini comme le maintien des liens  politiques, sociaux et économiques.

 

Aucun autre pays, dans l’histoire récente mondiale, ne s’est vu sa population se déplacer de façon massive que le Porto Rico.

 

Avec une présence de 9% parmi les Hispaniques, les Portoricains ont constitué, depuis de nombreuses années, un des groupes caribéens et hispaniques les plus nombreux à New-York.

Malgré l’existence de réseaux de solidarité, ils ont souvent fait face, d’une part à une situation économique et sociale plus ou moins difficile, et d’autre part à l’hostilité de l’opinion publique. Ramón Grosfoguel, professeur d’études ethniques à l’Université de Californie, y voit l’extension contemporaine de stigmatisations raciales issues du colonialisme.

 

La migration portoricaine vers les Etats-Unis devrait être considérée dans un contexte plus développé des migrations caribéennes. Afin d’avoir une meilleure compréhension des processus migratoires, il est nécessaire d’aller au-delà des interprétations traditionnelles lesquelles se limitent surtout sur l’assimilation culturelle et sur le pluralisme culturel. Ainsi, il serait intéressant d’avoir des approches plus récentes qui soulignent le contexte de réception de la société d’accueil. Il faut également considérer les modes d’introduction des migrants dans le marché du travail. D’après Rubén Rumbaut et Alejandro Portes, chercheurs, l’analyse du contexte de réception est relative à celle de variables, principalement les politiques de l’Etat envers tout groupe spécifique de migrants, l’absence ou la présence d’une communauté ethnique, l’opinion du peuple envers le groupe. Il s’avère utile de combiner ces variables afin de déterminer les différents types d’incorporation dans l’univers du travail.

 

Cependant, il est très important d’introduire dans la notion de contexte de réception une dimension stratégique laquelle rend compte des plus importantes options de la politique étrangère des Etats-Unis. En effet, chaque groupe doit être placé dans le contexte des liens entre son pays d’origine et les Etats-Unis[44].

 

Les migrants portoricains sont considérés comme faisant partie de la composition raciale mixte, au même titre que les Mexicains.

 

Vers le début du vingtième siècle, les Etats-Unis ont affirmé un grand intérêt stratégique pour la Caraïbe. En effet, cette dernière était considérée comme ayant une importance cruciale en vue d’établir le contrôle des circuits commerciaux à destination de l’Amérique du sud. La Caraïbe tenait également un rôle non négligeable pour la défense de l’Amérique du Nord. De plus, Porto Rico et Cuba figuraient parmi les pays des Grandes Antilles occupés par les Etats-Unis dès 1898. De par ces interventions, il a été possible de mettre en place un nouveau type de relation entre les Etats-Unis et ces pays.

 

2-1- L’exportation des chômeurs de Porto Rico

Depuis les années soixante-dix, les Portoricains ont été « invités » par les entreprises privées des Etats-Unis afin de produire un effet-vitrine, c’est-à-dire mettre en évidence les vertus du développement du capitalisme des Etats-Unis, à l’inverse du modèle soviétique à Cuba[45]. Ce modèle d’industrialisation a été associé à une politique d’encouragement des départs vers les Etats-Unis dans le but de réduire les tensions sociales au Porto Rico tout en envoyant une bonne partie des chômeurs[46]. C’est ainsi qu’est née la première migration de masse par avion pour laquelle on dénombrait jusqu’à 600 000 Portoricains pour la plupart non qualifiés et venant du milieu rural. Ce départ massif des Portoricains date de 1970. Pour cette migration massive, les Etats-Unis ont fait un investissement d’importantes ressources financières, en vue d’améliorer l’économie de l’île. Pour leur part, les migrants sont partis vivre dans les zones ghettos de la métropole et ont connu des conditions socio-économiques très souvent difficiles.

 

Toutefois, les travailleurs portoricains qui sont venus aux Etats-Unis, plus particulièrement à New York, ont eu l’opportunité de bénéficier de réseaux latinos et portoricains anciennement constitués. Malgré le faible soutien institutionnel qu’ils ont eu, ces travailleurs ont bénéficié de l’acceptation passive des autorités gouvernementales.

 

Les migrants portoricains ont connu des problèmes importants de logements lesquels ont été le plus souvent surpeuplés et insalubres. Leurs enfants n’ont pas eu assez de soutien de la part du gouvernement, ce qui explique leur échec en milieu scolaire ainsi que la précarité de leur santé. Par ailleurs, dans le travail ethno-racial new-yorkais, les Portoricains ont surtout occupés des postes en manufacture et ont été très souvent mal payés. Il s’agit du cas d’au moins de la moitié des travailleurs portoricains en 1960.

 

Dès 1960, les Portoricains ont adopté une organisation en mouvements pour l’égalité des droits et en syndicats. Mais il est important de noter que la main d’œuvre portoricaine est devenue plus chère après l’instauration de la syndicalisation. Ainsi, le secteur manufacturier a, de plus en plus, recouru à une main d’œuvre informelle[47]. Dans la partie Nord-est des Etats-Unis, où s’installaient la majorité des Portoricains, on a pu noter un processus de désindustrialisation. Ainsi, la plupart des employés industriels sont partis rejoindre les régions périphériques du monde entier. A l’inverse, les emplois qui restaient intégraient de plus en plus le secteur informel, principalement l’industrie manufacturière laquelle est toujours à la recherche d’une main d’œuvre peu coûteuse. Cette industrie s’est fiée de plus en plus sur les immigrés latinos récents, qu’ils soient illégaux ou légaux, et qui n’ont pas encore autant de droit que les Portoricains.

 

Seulement 14% des Portoricains travaillent en usine tandis que plus de la moitié étaient chômeurs, donc non comptés parmi les actifs[48].

 

En 1993, près de 40% des employés portoricains travaillaient comme main d’œuvre bon marché dans le secteur du commerce en détail et dans divers services à l’instar des échelons subalternes de l’éducation et de l’administration publique et privée, de la santé.

Aux Etats-Unis, les Portoricains continuent d’avoir les taux d’activité les plus faibles, donc les taux de chômage les plus élevé. Ils ont le taux de pauvreté le plus élevé.

 

2-2- Les mythes fondateurs américains et les Portoricains

En 1917, les Portoricains ont eu la nationalité dans des circonstances en relation avec la Première Guerre Mondiale. En effet, les forces armées ont recruté des jeunes gens portoricains. Malgré les droits citoyens obtenus grâce à cette nationalité, les Portoricains sont restés un groupe colonial de race aux Etats-Unis. Ainsi, ils n’ont pas pu bénéficier d’une pleine citoyenneté mais seulement d’une citoyenneté de « deuxième zone ». Il est intéressant de préciser que, depuis la République américaine, il a fallu avoir la peau blanche pour être Américain. « Ainsi, la “race” devint un critère central d’inclusion  –  ou  d’exclusion  –  des  droits  liés  à  l’appartenance  à  la “communauté imaginée” de la nation[49] ». Les droits politiques, civiques et sociaux que la citoyenneté accordait aux membres de la communauté nationale comprenaient des classes travailleuses blanches. Toutefois, les groupes colonisés internes sont restés des citoyens de deuxième catégorie. Par conséquent, les luttes pour bénéficier des droits civiques ont eu pour fondement le concept d’une pleine inclusion dans la communauté nationale et la notion d’égalité. « Puisqu’il est devenu, grâce au mouvement des droits civiques, “politiquement  incorrect”  d’articuler  un  discours  raciste fondé  sur  les traditionnelles  distinctions  biologiques  entre  les  “races”,  une  forme plus  “discrète”  de  racisme,  le  racisme  culturel,  a  émergé  aux  États-Unis,  tout  comme  dans  d’autres  pays[50] ». Le racisme culturel se fonde sur le fait que la culture métropolitaine est supérieure, différente et incompatible avec celles des autres. Dans cette optique, le chômage et la pauvreté des Portoricains et des Noirs en général s’expliquent par leur culture, notamment leur croyance et leurs coutumes. La culture de la pauvreté constitue une forme remarquable du racisme culturel dont les Portoricains ont été parmi les premiers visés, cela dès 1966, dans le livre de l’ethnologue Oscar Lewis intitulé La Vida[51].

 

Les Américains blancs lesquels n’ont pas pu classer les Portoricains dans une classe raciale bien déterminée, vu qu’ils ne sont ni Noirs ni Blancs, ont admis qu’ils constituent une catégorie raciale à part. Cela a pu être mis en évidence lors de la diffusion de la comédie musicale West Side Story, une comédie musicale qui fait apparaitre les Portoricains comme une minorité raciale bien distincte. « Certes ce processus plonge ses racines historiques dans la domination coloniale dans l’île, mais il prend de nouvelles voies sur le continent [52]». Il est évident que la discrimination que doivent subir les Afro-Portoricains est plus intense que celle qu’endurent les Portoricains qui ont le teint plus clair. Toutefois, les Portoricains, quel que soit leur phénotype, passe nécessairement par le labyrinthe de l’altérité raciale.

 

2-3- L’identité et le transnationalisme

Par l’expérience migratoire, les migrants portoricains sont devenus porteurs d’identités nouvelles, syncrétiques et hybrides. Les discours identitaires se sont alors forgés en se basant sur ou appartenance double et assez contradictoire, mettant en évidence la nation et le groupe ethnique. Quand les droits sociaux et les droits civiques sont en jeu, les Portoricains manifestent en utilisant souvent le registre ethnique existant au sein de l’Etat métropolitain. Mais quand il est question de revendications politiques ou encore d’affirmations culturelles, les Portoricains entreprennent des discours à résonance nationale. « Si ni l’idée de “nation” ni celle de “groupe ethnique” ne suffisent pour rendre   compte   des   processus   identitaires   des   Portoricains,   peut-être   les   notions   de   ‘transnation’ (Appadurai, 1996),   de   «transnationalisme»   (Basch   et al.,   1994)ou   d’ d’‘ethnonation’ (Grosfoguel, 1997) seront-elles  plus  adéquates.  Du  moins  si  nous  entendons  par  ceux-ci une forme émergente d’identité hybride qui dépasse les catégories d’ethnicité et de nation, tout en les  incorporant  dans  une  même  démarche[53] ». La notion ethnie-nation correspond plus à un processus qu’à une réalité statique. En effet, elle met en évidence le déploiement d’un double registre, d’autant plus que l’accent est tantôt mis sur une notion tantôt mis sur l’autre, en fonction du contexte politique. Les Portoricains ont tendance à revendiquer leurs droits en tant que citoyens de la Métropole afin de bénéficier de l’accès à l’ensemble des programmes de l’Etat fédéral en question. Cependant, ils peuvent aussi avoir recours à un registre plus nationaliste afin d’assurer la défense des droits culturels. Il leur est aussi possible de rejeter certaines pratiques des Etats-Unis. Dans ce cas, l’expérience portoricaine souligne l’idée que les identités se montrent comme des constructions et qu’elles sont en relation avec les stratégies politiques au sein des champs de pouvoir donnés.

 

Un livre écrit par Duany en 2002 retrace le développement des figures les plus remarquables de la facette portoricaine du vingtième siècle, à l’instar de lejibam, le fermier indépendant dont sa production est destinée à sa propre consommation.

En conséquence de la migration à grande échelle, on a pu assister à un déracinement des représentations populaires de l’identité portoricaine lesquelles ont été restituées dans un contexte transnational.

 

Comme exemple, nous pouvons citer le chapeau de paille, appelée pava du jibaro, est le plus souvent utilisée comme icône visuelle du Porto Rico aux Etats-Unis. Un autre exemple que nous pouvons citer ici est la casita laquelle désigne une maison rurale typique du Porto Rico. Sa particularité est sa construction dans les espaces inoccupés situés dans le Lower East Side (Manhattan) et dans le sud du Bronx. La casita constitue une réinvention d’un espace préindustriel et d’une époque correspondant à la nostalgie de la communauté fondamentale soudée, c’est-à-dire la famille, les voisins et les amis. Cette communauté a existé depuis très longtemps, avant même l’apparition des phénomènes de migration et d’urbanisation.

 

La généralisation consistant à distinguer les Portoricains des Etats-Unis et ceux de l’île date de nombreuses années, c’est-à-dire qu’elle est enracinée dans l’histoire. Suite à l’invasion américaine, les politiques d’américanisation d’entreprises par le gouvernement colonial lors des décennies d’occupation ont laissé des mauvais souvenirs chez les Portoricains insulaires. Cette politique inclut l’instauration de l’anglais comme langue officielle de Porto Rico et de son système public en scolarité. Par ailleurs, l’espagnol, langue maternelle de l’île de Porto Rico a fait dace à une atteinte concomitante. Par ailleurs, les politiques incluaient aussi l’endoctrinement des Portoricains au mode de vie et aux valeurs anglo-saxons avec un écartement quasi-total aux traditions culturelles et historiques locales. La conversion de la population au Protestantisme figurait également dans la politique, à noter que la religion officielle de l’île est le catholique. Porto Rico avait une valeur stratégique selon la conception géopolitique des Etats-Unis lesquels ont mis tout en œuvre pour une transformation progressive de l’île en un bastion militaire, notamment dans la région caribéenne. Cette militarisation se manifestait par l’augmentation en nombre des bases militaires américaines et par l’expropriation des terres.

 

Ces actions et politiques entreprises ont eu lieu de manière à rendre les Portoricains sur la défensive et plus sensibles, principalement quant aux questions linguistiques et culturelles ainsi que par rapport à l’influence de la domination des Etats-Unis. Il n’est pas utile de préciser que ces questions demeurent à l’origine de débats fréquents. Même si l’île devient indépendante, le statut et la citoyenneté des Portoricains qui vivent déjà aux Etats-Unis ne seront pas modifiés. Cependant, les Portoricains ont une forte conscience de la nationalité et le fait d’être « Portoricains » demeure une force de cohésion dans toutes les communautés des Portoricains vivant aux Etats-Unis.

 

3- Les Argentins

Bien avant les années soixante-dix, les Etats-Unis ont classé les immigrés argentins dans la large catégorie des « Autres Hispaniques ». De ce fait, les statistiques relatives à cette période ne sont pas disponibles.

 

La population anglo-argentine a fui le régime dictateur de Juan Peron vers les années cinquante. De plus, les scientifiques de l’Argentine, en particulier les médecins et les chercheurs, ont été à la recherche de meilleures conditions économiques, ce qui est à l’origine d’une fuite de cerveau vers d’autres pays dont les Etats-Unis. Contrairement aux autres destinations telles que le Canada et l’Australie, les Etats-Unis accueillaient plus de femmes que d’hommes. En effet, en 1970, on a pu dénombrer 44 803 immigrés argentins dont 20% vivaient à New York. Ces chiffres ont considérablement augmenté au cours de la deuxième moitié des années 1970 à cause de la persécution politique de « sale guerre » pour l’Argentine.

 

4-1- Le profil des immigrants argentins

 

Pays d’origine

 

Argentine
Langue officielle

 

Espagnol
Les principales régions de destination -New York

-Californie

-Floride du sud

 

Les dates des premières immigrations 1910 à 1930

 

Les dates auxquelles les immigrations ont été les plus nombreuses 1975 à 1990

 

Le nombre d’immigrants au vingt-et-unième siècle 40 298 par an

 

Tableau 1 : Le profil des immigrants argentins[54]

Comme les immigrants venus d’autres pays, ceux de l’Argentine ont obtenu un statut de résident permanent aux Etats-Unis.

 

4-2- L’immigration en provenance d’Argentine à partir de 1970

 

Figure 20 : Le nombre des immigrants argentins vers les Etats-Unis, de 1970 à 2000[55]

D’après cette représentation graphique, nous pouvons dire que le taux d’immigration a légèrement diminué entre 1970 et 1989 : le nombre d’immigrants est passé de 30 000 à 25 000 par décennie. Il est à noter que les réfugiés politiques des années 1970 étaient plus nombreux et moins instruits que ceux des années 1960. La crise argentine des années quatre-vingt a conduit à une très grande vague d’immigration. D’après le recensement américain concernant l’année 1970, on a pu noter que le nombre d’immigrants a presque doublé. A Los Angeles, on comptait quelques 15 000 immigrés argentins tandis que dans d’autres régions telles que le Montana et le Dakota du Nord, il n’y avait qu’une quinzaine d’immigrés.

 

Les associations scientifiques et professionnelles, les clubs culturels (notamment les clubs de danse) et la communauté italienne a rendu New York très attrayant pour les immigrés. Ainsi, en 1990, près de 17 500 immigrés argentins ont choisi d’y résider. Il est à noter que ces chiffres représentent pas de manière exhaustive le véritable nombre d’immigrants car il exclut les Argentins coréens, les Anglo-argentins, les Argentins japonais, les Argentins arabes et d’autres Argentins venus d’autres pas.

 

4- Les Cubains

D’après Michel Fourteaux, responsable du Centre d’accueil pour demandeurs d’asile de Villepinte (Seine-Saint-Denis), le Cuba est un « cheval de Troie communiste planté dans le talon du continent américain[56] ». Cet auteur présume que Washington a tenté d’éradiquer cette exception d’origine géopolitique en faisant naître une deuxième exception dans ses frontières : l’exception de la gestion relative à l’immigration cubaine. Une fois la guerre froide terminée, les Cubains ont perdu peu à peu leur image positive de « réfugiés politiques ».

 

De nombreux partisans d’une approche plus ou moins souple des flux migratoires citent fréquemment l’« exception cubaine » dans la politique de migration des États-Unis. Les uns s’en inspirent afin d’exiger que d’autres immigrants de nationalité différente devraient bénéficier des mêmes avantages alors que les autres continuer à se demander que ce régime dérogatoire devrait enfin prendre fin.

 

Le traitement préférentiel destiné aux ressortissants du Cuba fait partie de la législation américaine. Cela peut se comprendre en tenant compte d’une perspective historique. Le programme Cuban Adjustment of Status Act élaboré en 1996 donne automatiquement le statut de résident permanent aux exilés cubains, une année après qu’ils aient été admis sur parole[57]. Il est envisageable que ce filtre de l’accueil sur le territoire a pour vision précise la restriction du nombre de titres de séjour délivrés dans le cadre de cette loi. Cependant, l’exception cubaine qui correspond à la migration est valide dès l’entrée sur le sol américain. Toutefois, la plupart des Cubains échappent encore aux procédures difficiles de renvoi instaurées à la fin de 1996 contre les illégaux. A la lecture des propos de Doris Meissner, on ne devrait pas être étonné de cela. Ce commissaire des services d’immigration (INS) a mentionné que : « Les difficultés manifestes à procéder au renvoi effectif d’étrangers vers Cuba et la possibilité  de  régularisation  offerte  par  le  Cuban Adjustment Act doivent  dans  la  plupart  des  cas  influencer  favorablement  l’octroi d’une ‘parole’ [58]».

 

Ainsi, les exilés cubains ne sont pas, pour la plupart, des « réfugiés » au sens juridique et conformément avec la procédure instaurée lors du passage du RefugeeAct (1980). En effet, les Etats-Unis accordent ce statut spécifique de deux manières bien distinctes :

– depuis le pays d’origine du demandeur quand celui-ci se présente auprès de la délégation consulaire américaine afin d’y faire valoir ses craintes[59]

– à l’issue de l’examen approfondi d’une demande d’asile quand cette demande est déposée après que l’étranger soit entré sur le territoire ou encore à la frontière.

 

Il est important de noter que le programme In Country Refugee n’a touché que quelques 2000 Cubains en 1999. Cette même année, ces Cubains représentaient 1,8% des demandeurs d’asile. Cependant, les critères d’éligibilité des ressortissants au statut de réfugié ont été grandement élargis en 1996. Ainsi, aujourd’hui, y font partie « les prisonniers politiques, les membres de minorités religieuses persécutées, les militants des droits de l’homme, les victimes du travail obligatoire entre 1965  et  1988,  les  personnes  forcées  de  quitter  leur  emploi  ou  devant faire  face  à  une  sévère  discrimination  du  fait  d’opinions  politiques réelles ou supposées, et toutes les autres manifestant une crainte crédible de persécution aux termes de la Convention des Nations unies pour les réfugiés [60]». La revendication sur le statut de réfugié aux Etats-Unis par les Cubains fait donc essentiellement référence à la volonté de la communauté cubaine de mettre en avant les circonstances difficiles à l’origine de la fuite de ses membres.

 

4-1- L’immigration cubaine aux Etats-Unis : un enjeu stratégique et idéologique

L’accueil favorable accordé aux exilés cubains à partir de 1960 n’est pas nouveau. En effet, Harry Truman, avec le Displaced Persons Act, en 1948, et Dwight Eisenhower, en 1953 avec le Refugee Erlief Act, ont déjà consacré l’intérêt idéologique des réfugiés d’Europe de l’Est aux fins de la propagande américaine.

 

Cependant, l’appellation « combattants de la liberté » est nouvelle. Cette qualification a été accordée à des migrants venus du sous-continent américain. En effet, il s’agit d’un processus original pour une région de fournir de la main d’œuvre à bas coût au « grand-frère » du Nord, c’est-à-dire les Etats-Unis. A cette époque, l’accord entre les deux pays est total : entre le Congrès, l’exécutif et l’opinion publique concernant l’exil cubain aux Etats-Unis. Cela est probablement en raison de la conformité sociale des nouveaux immigrants avec la moyenne bourgeoisie américaine ainsi que leur adéquation quasi-totale avec les valeurs du pays d’accueil. A cette époque, Franck Chelf, député démocrate à la Chambre des représentants indique : « ils sont venus d’un bon stock [61]».

 

Entre 1960 et 1962, près de 150 000 Cubains migrent aux Etats-Unis et obtiennent automatiquement les avantages spécifiques donnés par le Centre de refuge cubain.

Le flux migratoire est ensuite interrompu en 1962 par Fidel Castro qui s’inquiète beaucoup de la fuite de cerveaux, notamment les ingénieurs et les professionnels qualifiés.

Ce flux migratoire est ensuite repris en 1965. En cette période, Fidel Castro a craint le mécontentement populaire lequel pourrait déboucher sur une révolte. Ainsi, il décide d’ouvrir le port de Camarioca en tant qu’issue pour les personnes qui ont désiré quitter le Cuba.

 

Face au volume impressionnant d’immigrants cubains à destination des Etats-Unis, les deux pays ont convenu d’installer un pont aérien entre le continent et l’île. L’administration américaine est cependant soucieuse d’ordonner d’ouvrir largement la porte aux habitants de l’île. Ainsi, elle a choisi d’encourager le regroupement des familles séparées depuis les anciennes vagues d’immigration. Suite à cette politique, près de 250 000 personnes ont rejoint les Etats-Unis entre 1965 et 1973 avec ce qu’on appelait les « vols de la liberté ».

 

Dès 1961, le Cuban Refugee Program, un programme spécifique a facilité l’intégration économique et sociale des ressortissants cubains aux Etats-Unis. Ce programme prévoit différents types d’aides sociales, à l’instar de l’accès aux soins, l’hébergement, les stages de langue et d’enseignement professionnel, l’attribution de bourses d’études, l’aide à la recherche d’emploi etc. Il s’agit de prestations « largement supérieures à ce qui était alors proposé aux citoyens et résidents américains[62] ».

 

5-2- L’administration américaine et sa politique anticommuniste

Lors des années soixante-dix, les critiques sont devenus nombreuses à l’égard de la politique migratoire des Etats-Unis envers le Cuba. Il s’agit alors de la dénonciation de l’immobilisme de la politique étrangère des Etats-Unis envers le Cuba.

 

L’utilisation de la notion de « deux mesures » (ou « deux poids ») est alors devenue très fréquente afin de faire la parler des traitements de faveur donnés aux migrants cubains lesquels sont alors automatiquement accueillis aux Etats-Unis en comparaison des immigrants venus de Haïti ou de Brésil. L’administration américaine a été aveuglée par ses buts idéologiques contre le communisme et verra avec tranquillité le gouvernement cubain mettre fin aux « vols de la liberté en 1973.

 

A nouveau, Fidel Castro a craint de voir fuir les forces vives de Cuba lesquelles sont nécessaires pour la survie du régime, vu que le contexte économique de l’île n’a eu qu’une très légère amélioration et donc est devenu moins favorable à un soulèvement populaire. De leur côté, les Etats-Unis suivaient avec soulagement le flot d’exilés tarir avec lui une charge financière qui est devenue de plus en plus pesante et restant imposées aux autorités fédérales. On a pu également observer une remise en cause du Cuban Refugee Program dont les crédits ont été révisés à la baisse dès 1973 avant leur suppression totale en 1979. Depuis sa création, ce programme avait coûté plus d’un milliard.

 

Il s’agit toujours de préoccupations d’ordre idéologique qui ont eu une influence sur le traitement de la fuite massive par l’administration américaine depuis le port de Mariel lequel a servi d’issue pour les immigrants, entre les mois d’avril et de septembre de l’année 1980. En effet, on comptait 125 000 nouveaux émigrants cubains à destination des Etats-Unis. Comme en 1965, Fidel Castro décidait d’assurer le déclenchement de cet épisode dramatique. Ce défi migratoire en lien avec la politique de Washington apparaît intempestif. En d’autres termes, le Congrès et le pouvoir exécutif américains, dans un effort commun, sont parvenus à réussir de donner la définition de « réfugié ». Dans le but d’harmoniser leur politique avec la conception de « réfugié » selon la Convention de Genève, les Etats-Unis mettent soulignent la notion de peur bien fondée de persécution[63], dépourvue des correspondances idéologiques lors de la mise en place du Refugee Act en mars 1980. Désormais, la nouvelle loi mentionne qu’une étude au cas par cas doit obligatoirement se tenir dans le but de stopper les mouvements migratoires massifs nés de l’admission automatique de groupes de nationaux, sans faire de distinction entre les individus. Cette situation rappelle l’« exception cubaine » en vigueur en cette période.

 

Au mois de mai 1980, la politique dont la théorie est applicable dès le mois d’avril de la même année est entièrement remise en cause par le président James Carter lequel désirait accueillir les réfugiés cubains dans de bonnes conditions. Ce président remettait inévitablement la politique de migration cubaine des Etats-Unis dans des contextes de considérations idéologiques. Afin de faire bonne mesure devant les critiques, l’administration a décidé d’accueillir les immigrants selon un statut spécifique : un statut de « spécial entrant » lequel prive certains immigrants de bénéfices donnés aux personnes admises sous le régime de la « parole ». La régularisation s’est ensuite effectuée définitivement par l’Immigration Reform and Control Acten 1986.

 

5-3- La période vers la fin de l’« exception cubaine » : des marielitos aux balseros

Des analystes se sont posé des questions concernant les objectifs stratégiques du gouvernement américain sur Cuba depuis l’entrée au pouvoir de Fidel Castro en 1959.

Ces objectifs concernent essentiellement la volonté d’accélérer la chute d’un régime communiste pour lequel la proximité géographique constituait une menace de conflit sur la société des Etats-Unis, de la même façon qu’au moment de la crise des missiles au mois d’Octobre 1962. Cependant, les gouvernements américains depuis 1960 ont aussi eu pour but de vaincre l’obstacle sur leur domination économique de la plupart des pays et îles du sous-continent. Cette volonté d’expansion est relative au renversement du pouvoir en place à La Havane.

 

Les Etats-Unis ont prétendu pouvoir précipiter le processus de déstabilisation en rendant plus facile la fuite des opposants et en leur autorisant l’organisation d’une contre-révolution aboutissant à la reconquête du pouvoir. Ainsi, le gouvernement américain et la CIA, dès 1960, ont désiré tenir un rôle pour l’organisation de cette contre-révolution. Ils voulaient particulièrement en garder le contrôle. Bien que l’hostilité envers Fidel Castro reste l’élément commun, les expériences spécifiques de chacun et les conditions d’exil mettaient en évidence la nécessité d’une médiation extérieure dans l’optique de fédérer le mouvement d’opposition. Aux conditions de l’exil et aux expériences spécifiques s’ajoutent la vive passion entraînée par l’analyse du processus révolutionnaire. Après cela, l’appui américain promis n’a pas eu lieu alors que la brigade 2506 a lancé un assaut contre le régime cubain. Cela a eu un impact négatif sur la relation de confiance entre l’administration Kennedy et la communauté cubaine exilée.

 

Un tournant décisif a eu lieu en 1980 concernant le traitement des flux migratoires cubains par le gouvernement américain. L’administration américaine  n’a pas voulu prendre le risque d’empêcher ce mouvement de fuite. Cependant, depuis le port de Mariel, l’exode a durablement fragilisé l’image positive dont bénéficiaient jusqu’alors les exilés cubains auprès de la population américaine. Cet évènement se déroulait dans un contexte anarchique, ce qui a permis à de nombreux Cubains de tenter leur chance en vue d’une embarcation pour la Floride sans tenir compte de critère social, familial ou professionnel et en ne mettant aucune procédure de filtrage. Par conséquent, les exilés de Mariel représentant l’image de la société cubaine de l’époque sont professionnellement, radicalement très éloignés du profil de « réfugié » lequel incluait la communauté cubaine de Floride. Les exilés cubains qui sont déjà présents aux Etats-Unis depuis des décennies ne sont pas étonnés du comportement déviant et de la sombre couleur de peau des nouveaux immigrants. Il s’agit, selon eux, d’une conséquence du processus révolutionnaire imposé par le régime de Castro. Les médias américains soulignent la présence de délinquants libérés, parmi les marielitos, pour l’occasion des prisons cubaines.

 

Que cette crainte ait ou non un fondement, les Etats-Unis vivent dans la peur d’un Mariel après 1980. A partir de 1984, le gouvernement fédéral a accordé quelques 20 000 visas par an aux immigrants cubains dans l’optique de réguler le flux migratoire et d’éviter une nouvelle explosion. Cependant, en raison d’un manque de volonté politique et suite à l’absence de moyens adéquats sur place, ce nombre n’a jamais pu être atteint entre 1984 et 1994. En effet, seulement 7 250 visas ont été délivrés en 1988, 6 000 visas entre 1989 et 1990 et 2 700 en 1993).

 

Figure 21 : Nombre de visas donnés de 1988 à 1993

D’après cette représentation graphique, on constate que le nombre de visas attribués par an entre 1988 et 1993 reste largement en-dessous du nombre envisagé que le gouvernement fédéral a autorisé d’attribuer. Par ailleurs, on observe que ce nombre diminue de 1988 à 1993.

 

Cependant, les Balseros, c’est-à-dire les Cubains recueillis en mer sur des embarcations de fortune sont venus nombreux. On en a compté 2 203 en 1991 et pendant l’année 1992, on a pu compter 2 537. L’année 1993, ce nombre a encore augmenté et a atteint 3656.

 

Figure 22 : Nombre de Balseros recueillis en mer entre 1991 et 1993

5-4- La nouvelle politique migratoire et la nouvelle stratégie de déstabilisation

Durant l’été 1994, la pression migratoire revenait de nouveau sur la scène, quand une trentaine de milliers de personnes décident d’embarquer en mer sur des radeaux dans l’espoir que les courants parviennent à les emmener sur les côtes de Floride. La réaction du gouvernement fédéral était très rapide, consistant à les intercepter en mer et les conduire ensuite dans des camps provisoires situés hors du territoire des Etats-Unis, principalement au Panama. Après, ces immigrants seront regroupés sur la base navale américaine de Guantanamo laquelle est située à l’extrême Est de Cuba. Ainsi, le président des Etats-Unis Clinton semble faire preuve de sa volonté de finir avec l’exception cubaine concernant la migration. Il a même profité de conclure dans la même foulée un accord avec les autorités cubaines dont les objectifs étaient d’assurer la délivrance effective des 20 000 visas par an promis en 1984.

 

En mai 1995, quelques mois plus tard, le gouvernement des Etats-Unis a franchi un nouveau stage en procédant à une négociation avec le gouvernement Fidel Castro : une négociation concernant le renvoi systématique des balseros vers l’île communiste quand ceux-ci sont interceptés par les garde-côtes américains en mer. A cette époque, cet accord est habilement balancé par la décision d’accueillir sur le territoire américain la majorité des 20 000 ressortissants cubains qui ont toujours été retenus à Guantanamo.

 

On a pu observer que l’administration américaine s’est imposée en leader pendant les discussions menées entre 1994 et 1995. Par le passé, l’exécutif américain s’est suffi à assurer une gestion optimale des évènements plus ou moins téléguidés par le régime de Fidel Castro. Par ailleurs, il s’était retrouvé pris au piège de la politique dont il est à l’origine, cette politique correspondant à l’ouverture des frontières aux combattants de la liberté.

 

En 1994, Bill Clinton prétendait être débarrassé des contraintes idéologiques ainsi qu’en mesure de tenir tête face aux représentants du Cuba à la table des négociations. Cependant, les Cubains exigent au moins que les Etats-Unis attribuent au moins 100 000 visas par an pour leurs ressortissants. L’argumentaire de certains Républicains sorti dans les années soixante-dix a été fait sien, d’où la conviction de l’administration démocrate, afin de reprendre ce qu’a dit Richard Nuccio en 1995 : « le prochain président cubain se trouve à Cuba [64]». Il s’agit donc principalement d’un encouragement d’une révolte depuis même l’intérieur de l’île.

 

6- Remarques

De nombreux Hispaniques, composés de migrants venus de plusieurs pays et qui sont de nationalités différentes, la plupart latino-américaines, viennent aux Etats-Unis avec ou sans papiers. En effet, les conditions de vie, notamment de travail, les attirent beaucoup, ce qui les pousse à s’installer sur le sol étatsunien.

Les immigrés illégaux ou clandestins sont surtout ceux qui proviennent du Mexique et des îles caribéens. Cette immigration illégale existe depuis plusieurs décennies malgré la possibilité de légalisation de la situation des migrants.

 

B. Le contexte démographique hispanique

Malgré la forte hétérogénéité de la communauté hispanique en termes d’origine nationale, d’ancienneté sur le sol américain, du statut en question (qu’il s’agisse d’immigré, de ressortissant américain ou de clandestin), de revenus ou encore de références culturelles, les données démographiques que nous allons voir ici reflètent à l’évidence un véritable changement de l’Amérique où l’hispanisation prend une grande ampleur de la même manière qu’a lieu l’assimilation et la transformation des nouveaux venus dans un métissage culturel. Ce dernier est particulièrement accéléré par la législation issue de la lutte pour les droits civiques, les valeurs marketing du vingt-et-unième siècle par la technologie. Comme Huntington, un politologue, beaucoup d’Américains, qu’ils soient de simples citoyens ou des élus, ont particulièrement noté la place de plus en plus notable occupée par la vague latino-américaine.

 

1- L’évolution de la cartographie hispanique

D’abord, il est important de mentionner que tous les Hispaniques ne sont ni des immigrés ni des enfants d’immigrés, En effet, 40% des Hispaniques présents aux Etats-Unis sont nés en Amérique latine. Cela signifie que l’ethnicité est en relation importante avec l’immigration. L’immigration de par l’Amérique latine, principalement du Mexique, n’a cessé d’augmenter depuis la fin du dix-neuvième siècle et malgré la proximité géographique, les retours dans les pays d’origines ne sont que minoritaires. Toutefois, le fait que les Mexicains viennent pour quelques années travailler demeure séduisante pour les employeurs. « Ceux  qui emploient des Mexicains sont confrontés à la difficulté de les encourager à rester. Ils n’ont qu’une hâte, c’est de rentrer chez eux »[65], tel qu’il a été affirmé par Alva Adams, un sénateur du Colorado. Suite à cela, les programmes d’accueil temporaire de travailleurs, instaurés de 1942 à 1964, appelé Programme Bracero, ont toujours été suivis par plusieurs républicains. Ce concept a toujours été prévalu par les immigrés eux-mêmes lesquels affirmaient majoritairement leur volonté de retourner dans leur pays d’origine dès que possible car le lien ombilical avec celui-ci étant très fort. Cependant, la réalité contredit cela. Dès le début du vingtième siècle, Clark, un économiste, a constaté que, si les Mexicains immigrés aux Etats-Unis ne manifestaient pas l’intention de faire une demande de nationalité américaine, 50% des immigrants s’installent définitivement aux Etats-Unis[66]. Depuis cette hypothèse annoncée par l’économiste, la tendance s’est très vite renforcée.

 

La majorité des immigrés qui ont obtenu un visa ne rejoignent pas leur pays natal pour y vivre. Les statistiques correspondantes ne sont pas très claires pour de nombreuses raisons, entre autres :

-difficulté d’abandonner le rythme de vie acquis

– difficulté de laisser les engagements (financiers, professionnels ou encore affectifs)

– évolution de la mentalité.

 

Mais outre ces raisons, il est aussi possible de mentionner « l’encouragement à rester » grâce à l’instauration d’une législation de plus en plus restrictive sur l’immigration. De plus, il y a également la surveillance accrue effectuée par les autorités américaines, cela depuis les années quatre-vingt-dix. De ce fait, il devient de plus en plus difficile pour les clandestins d’y passer. Cette tendance est encore plus accentuée par l’installation de matériel technologique de surveillance et par la construction de murs le long de la frontière. A cela s’ajoute la loi relative à la sécurité de la frontière, appelée Secure Border Act. Compte tenu de tous ces dispositifs et lois, une fois qu’un immigrant se trouve sur le territoire américain, il y reste, même en situation irrégulière. Certains analystes avancent que « En espérant dissuader les clandestins de venir, les autorités  américaines  ont  convaincu  ceux  présents  sur  leur  territoire  de s’enraciner  dans  une  société  un  peu  schizophrène,  qui  ne  souhaite  pas  leur présence mais ne peut s’en passer. Même les résidents en règle hésitent à braver les  files  d’attente  aux  postes  frontière  et  les  questions  suspicieuses.  C’est  ainsi que, de plus en plus, voyage al norte rime avec ancrage dans la société américaine, même s’il est toujours doux de rêver et de dire, dans les enquêtes, qu’un jour, on rentrera chez soi[67] ». Malgré cela et en dépit de la crise économique, des études montrent que les flux de retour restent stables depuis 2006.

 

La minorité des Hispaniques ont tendance à rester sur les terres d’accueil traditionnelles, à savoir le Sud-Ouest, la Floride, New Jersey, New York et Chicago. Cependant, la majorité commence à quadriller l’ensemble du territoire des Etats-Unis.

 

– En 2004, on recensait près de 5% de Latinos dans 907 comtés[68]

– Dans les Etats de Caroline du Nord, Caroline du Sud, Géorgie, Tennessee et Alabama, très peu ouverts à l’immigration, le nombre des Hispaniques a augmenté en flèche depuis 1990. Entre 2000 et 2007, l’accroissement de la population hispanique avoisine 78% en Caroline du Sud, 69% en Caroline du Sud et en Géorgie et 48% au Tennessee[69].

 

Aux Etats-Unis, la Géorgie occupe la dixième position en occupation hispanique. En douzième position figure la Caroline du Nord. Cette tendance d’implantation est particulièrement en relation avec l’offre économique. En effet, de la Caroline du Nord à Washington, les vastes exploitations agricoles requièrent des travailleurs peu exigeants. Par ailleurs, le dynamisme et la croissance économiques du Sud-Est est en lien avec une demande très élevée en ouvriers qui ne possèdent pas de grande qualification, à l’instar des industries alimentaires, des industries du bâtiment et du meuble et des abattoirs. Les immigrés venant de l’Amérique latine, qu’ils soient ou non en possession d’un  permis de travail, est la première source de main-d’œuvre. Il faut aussi ajouter l’accessibilité en termes du coût de la vie au Sud-Est, y compris l’immobilier. Ainsi, la classe moyenne hispanique qui aspire à une élévation de sa vie sociale a l’opportunité de vivre plus confortablement en Géorgie qu’en Californie. Cela explique les fréquents déplacements d’une région à une autre.

 

Cependant, en 2008, la situation a changé en raison probablement de la crise. De nombreuses entreprises ont fermé dans la partie du Sud-Est, ce qui  a eu pour conséquence un repliement des Hispaniques sur les régions traditionnelles d’accueil dans lesquelles ils peuvent facilement bénéficier de la solidarité ethnique, à noter que cette dernière atténue grandement les répercussions des difficultés économiques[70].

 

En Nouvelle-Angleterre, région pour laquelle les Hispaniques n’éprouvent pas un grand intérêt traditionnellement, il est possible de dire que la démographie bouge. A la quinzième position en termes d’occupation hispanique se place le Massachusetts. Même si la taille de la communauté hispanique n’est pas très grande, on peut observer une hausse de 19% dans le Vermont, 24% dans le Connecticut, 11% dans le Maine et 36% dans le Rhode Island[71]. « Plus  aucune  région  n’est  désormais  terra  incognita  pour  les Hispaniques,  qu’ils  soient  ressortissants  américains  ou  immigrés.  Cette dispersion territoriale apparaît comme un phénomène récent qui débute dans les années 1990 et qui va de pair avec une concentration accrue en communautés [72]». Les Hispaniques sont dispersés sur l’ensemble du territoire. Cependant, ils ne sont jamais isolés. Depuis toujours, les immigrés s’installent dans les zones où ils peuvent déjà avoir des contacts, par exemple des membres de leur famille, des amis ou des connaissances de leur village. Cela signifie que, quand une région possède des perspectives d’emplois, on doit s’attendre à une arrivée massive d’immigrés, ce qui donne parfois naissance à une communauté qui croît très rapidement. Non seulement spécifiques aux Latino-Américains, cette tendance a été mise en évidence ces dernières années, plus particulièrement avec la mise en place des actions et des lois anti-clandestins. Par conséquent, la solidarité de groupe est devenue de plus en plus importante.

 

« 92,7 %  des  Hispaniques  résident  dans  les  zones  urbaines,  même  lorsqu’ils sont originaires de zones rurales, phénomène qui reflète une tendance mondiale de migration des campagnes vers les villes, tout particulièrement en Amérique latine,  désormais  région  la  plus  urbanisée  au  monde,  avec  ses  mégapoles tentaculaires. La plupart vivent dans les grandes zones métropolitaines (78,5 %), de  plus  petites  (14,2 %)  ou  des  zones  « micropolitaines »,  définies  comme  des zones urbaines situées à plus de 160 kilomètres des grandes villes [73]». L’installation géographique des Hispaniques correspond exactement à la répartition des emplois lesquels se situent quasiment à proximité des centres urbains. Ainsi, en Arizona et en Californie, de nombreux travailleurs agricoles venant de l’Amérique latine résident dans les zones métropolitaines, bien que ces dernières soient situées de plus en plus à l’intérieur des terres et ne se limitent plus près des côtes.

 

Il faut aussi préciser que si les immigrés continuent à s’installer dans les grandes villes, selon le schéma traditionnel, ils n’hésitent pas à se déplacer vers les banlieues quand celles-ci leur donne l’opportunité d’avoir de meilleures conditions de vie, par exemple une meilleure école pour leurs enfants, une meilleure sécurité. Ces Hispaniques ne se distinguent donc pas a priori des vagues d’immigrés européens. De plus, les banlieues, qu’elles soient lointaines ou proches, attirent de plus en plus les immigrés hispaniques qui viennent en première installation car ceux-ci sont informés des bonnes conditions d’existence (vie et logement)[74]. Dans les petites villes virginiennes telles que Manassas et Culpeper, on perçoit particulièrement l’attrait des zones rurales pour les immigrés latino-américains.

 

2- L’explosion démographique des Hispaniques

Les données démographiques globales du recensement montrent que la population hispanique a tendance à croître de manière très rapide, ce qui est particulièrement démontré par les Etats-Unis. Cependant, le taux de croissance des travailleurs a diminué : il était de 1,6% entre 1950 et 2000. Les prévisions montrent que cette croissance est réduite à 0,6% entre 2000 et 2050. Ce ralentissement du taux de croissance signifie que le recrutement des travailleurs devient de plus en plus difficile. De plus, la main d’œuvre est de plus en plus diversifiée. Cependant, « le pourcentage des travailleurs hispaniques devrait augmenter plus que le double, passant de 11% en 2000 à 24% en 2050. Les Noirs devraient passer de 12% à 14% entre 2000 et 2050. Les Asiatiques devraient croître de 5% à 11% sur la même période. Mais la main-d’œuvre non hispanique passerait de 73% à 53% entre 2000 et 2050 ».

Les données démographiques sont consignées sur la figure 23.

 

Figure 23 : Données démographiques sur la main d’œuvre / Taux de croissance ethnique

Cette représentation graphique montre que le nombre des Hispaniques croit considérablement par rapport aux Blancs et aux Noirs. Tout analyste pourrait alors constater que cette catégorie de population tient un rôle très important au niveau de l’organisation du travail. Cela concerne aussi bien les organisations militaires que les organisations civiles. En effet, les Hispaniques constituent une grande partie de la main d’œuvre aux Etats-Unis.

Il est donc évident que la rapidité de la croissance des Hispaniques est remarquable et continuera de l’être dans les années à venir.

 

3- La législation sur l’immigration aux Etats-Unis

En 2000, le Congrès a sorti une loi qui permet à certains immigrants en situation irrégulière d’obtenir une carte de long séjour (carte verte) sans qu’ils aient à quitter le sol étatsunien. Sont concernés par cette loi les personnes entrées aux Etats-Unis sans détenir de visa ainsi que ceux qui se trouvent déjà sur le sol américain mais qui sont en situation irrégulière. Les personnes qui peuvent en bénéficier devraient être présentes sur le sol américain lors le 21 décembre de la même année, c’est-à-dire le jour de la promulgation de cette loi. Par ailleurs, elles devraient avoir obtenu le soutien d’un membre de sa famille ou encore celui d’un employeur.

 

4- Le contexte politique des Hispaniques aux Etats-Unis

Depuis les années 70, l’entrée politique des Hispaniques a pu être notée aux divers postes, notamment en tant que superviseurs, conseillers municipaux ou encore membres de comités scolaires. Dès leur entrée, cette catégorie de population a connu un succès indéniable. En effet, de nombreux candidats hispaniques ont été élus à tous les niveaux : étatique, local et fédéral.

 

4-1- Les caractéristiques de l’électorat hispanique

Lors du scrutin américain qui s’est déroulé en 2002, les mutations et les permanences de vote des Hispaniques ont été confirmées, des caractéristiques qui sont présentes depuis les années quatre-vingt-dix. L’électorat hispanique est principalement caractérisé par une tendance lourde laquelle se spécifie par une identification au Parti démocrate. Il est nécessaire de préciser que plus de 66% des Latinos ont voté pour les candidats démocrates aux élections de 2002. En Californie, leur vote a permis à Gray Davis d’être réélu en tant que gouverneur, face à Bill Simon, un candidat républicain qui s’oppose nettement aux programmes d’éducation bilingue et à la régularisation de la situation des travailleurs sans papiers. Lors de ce scrutin, Gray Davis a obtenu plus de 10% de l’électorat en Californie[75].

 

La première nouveauté concernant l’électorat des Hispaniques est l’augmentation du vote en faveur des femmes. En 1992, les femmes ont déjà représentées le tiers des élus alors qu’aux Etats-Unis, on ne décomptait que 17,2% de femmes parmi les élus[76]. Par exemple, en Californie, les femmes ont obtenu trois sièges de plus que les candidats masculins au Congrès. En outre, les femmes hispaniques ont commencé à accéder plus à des postes de responsabilité que les hommes. Tel est le cas de Linda Chavez, une des politiciennes les plus médiatiques, a occupé de nombreuses fonctions à la Maison-Blanche sous le régime de Ronald Reagan, ensuite à l’ONU, avant de devenir secrétaire du Travail lors de la présidence de George Bush. Malgré le scandale qui l’a conduite à poser sa démission, elle demeure le symbole d’une réussite politique notable. Sa carrière s’est tenue aux côtés du Parti républicain, ce qui manifeste une transformation de l’affiliation traditionnelle des Hispaniques au Parti démocrate.

 

L’affiliation partisane constitue la deuxième mutation de l’électorat des Hispaniques. Une étude effectuée par le Pew Hispanic Center/Kaiser Family Foundation mentionne que « 54 %  des  électeurs  latinos  nés  à  l’étranger  optent  pour  le  Parti  démocrate,  contre  45 %  de ceux qui sont nés aux Etats-Unis[77] ». Il s’avère donc nécessaire de préciser que l’affiliation diffère selon les générations et le degré d’assimilation. Mais en plus, il est nécessaire de tenir compte de l’origine nationale. La minorité cubaine préfère traditionnellement voter pour le Parti républicain lequel a choisi d’effectuer un investissement de plusieurs millions de dollars en annonces sous-titrées en espagnol et en annonces bilingues. Quant aux résultats, ils provoquent encore plusieurs débats au sein des partis républicains et demeurent mitigés. Certains prétendent le besoin stratégique de conquérir ce nouvel électorat tandis que d’autres recommandent un désintérêt qui se fonde sur le fait que l’électorat hispanique est caractérisée par une tendance à voter plus en tenant compte d’enjeux spécifiques n’incluant pas l’appartenance ethnique du candidat. Il faut remarquer que ces contradictions peuvent être notées dans deux résultats. En effet, Sanchez, candidat en gouvernorat du Nouveau Mexique, n’a pas obtenu le soutien des Hispaniques lesquels ont voté pour son adversaire démocrate. A l’opposé, les Latinos ont principalement voté pour Jeff Bush. « Marié à une américaine d’origine mexicaine et  parlant  l’espagnol,  le  frère  du  président  n’a  pas  hésité  à  investir  dans  la  réalisation d’annonces  télévisées  en  espagnol  pour  séduire  la  minorité  cubaine  américaine  et remporter le poste de gouverneur de Floride[78] ». La prise de conscience par les partis politique concernant la grande importance de l’électorat hispanique et les victoires des candidats hispaniques ont souligné leur poids politique. Cependant, l’accès la représentation électorale ne figure pas encore parmi l’importance économique, numérique et culturelle au sein de la société américaine.

 

4-2- Les obstacles au développement politique

La percée des Hispaniques au plan électoral a encore deux obstacles, en tenant notamment compte du cas de la Californie.

 

  • Les candidats rencontrent encore deux difficultés principales : affronter une concurrence de plus en plus développée à la représentation des Hispaniques et élargir leur électorat. A tous les niveaux, les élus hispaniques se trouvent pris dans une tension. En effet, d’une part, ils doivent être toujours présents quand ils sont sollicités par les groupes communautaires et d’autre part, ils doivent élargir leur électorat. Dans certains districts, des candidats hispaniques ont été opposés, pour ne citer le cas du district 60 dans lequel Robert Pacheco a remporté la majorité des votes face à Adrian Martinez.

 

  • L’analyse des caractéristiques sociodémographiques relatives à cet électorat souligne la sous-représentation des Hispaniques. Cela s’explique en premier lue par leur statut. En effet, seule une minorité des Latinos est en possession de la citoyenneté américaine et ainsi le droit de vote. En 2000, « 5,9 millions de Latinos ont voté lors des élections présidentielles, soit 5 % de l’électorat total,  alors  qu’ils  représentent  plus  de  12,5 %  de  la  population  américaine. 60 % des Latinos ne sont pas éligibles. Ce différentiel tient d’abord à la jeunesse de la population : un tiers a moins de 18 ans. Ensuite, plus de 9 millions des Latinos sont des immigrés  qui  n’ont  pas  acquis  la  citoyenneté  américaine,  même  si  les  variations intragroupe sont importantes : les Portoricains sont américains de naissance, 72 % des Latinos d’origine cubaine étaient naturalisés contre 19,4 % des Mexicains en 2000. Enfin, le taux d’inscription sur les listes électorales fait partie des moins élevés de celui de tous les groupes minoritaires (57 % devant les Asiatiques 52 %)[79] ». Par ailleurs, « les groupes minoritaires (57 % devant les Asiatiques 52 %) 16  et le taux de participation reste faible, plus faible encore que le taux moyen en Californie pour 2002 (40 % contre 44,8 %). L’exemple du comté de San Diego, dont plus d’un quart des habitants sont des Latinos mais ne représentent que 9 % de l’électorat, permet d’illustrer ce propos. Pour l’assemblée fédérale, cinq postes étaient en jeu dans les districts 49 à 53 et une seule candidate, María García, était latina. Pour le Sénat, il n’y a eu qu’un candidat latino sans chance  de  réussite,  Felix  Miranda,  du  Libertarian    Pour  les  six  postes  à l’Assemblée de Californie, dans les districts 74 à 79, il y a eu deux candidats et un seul élu,  Juan  Vargas.  Enfin,  au  niveau  local,  les  villes  du  comté  de  San  Diego  se  sont caractérisées par une absence de représentation des Latinos. Seules Chula Vista, ville frontalière avec le Mexique, remportée par Steve Padilla sur Mary Salas, et National City gagnée par Nick Inzunza sur Ron Morrison, ont des maires latinos. Les campagnes pour les comités scolaires ou les conseils municipaux n’ont engagé que peu de candidats et pratiquement aucun élu hispanique [80]».

 

De 1996 à 2002, la population électorale des Hispaniques des Etats-Unis a augmenté de 2,7 millions. Cependant, les effets électoraux potentiels ont été réduits par les contraintes structurelles.

 

5- Les Hispaniques et l’éducation aux Etats-Unis

Aux Etats-Unis, les élèves de moins de 18 ans constituent le second groupe d’étudiants en termes de nombre, après les Blancs. Il s’agit aussi de la classe d’élèves dont la croissance est la plus forte. En outre, bien que les élèves latino-américains soient encore assez « traditionnalistes », principalement en Californie et au Texas, leur présence devient de plus en plus notable dans le Midwest et dans le Sud. En effet, près de 32,1% de la population hispanique sont inscrits dans les écoles américaines[81].

 

En 2005, les élèves inscrits en garderie sont au nombre de 10,9 millions. Dans les établissements d’enseignement supérieur, on compte jusqu’à 1,9 millions d’étudiants, ce qui représente 17% du nombre total des étudiants.

 

Figure 24 : Proportion Hispaniques/non-Hispaniques – étudiants

La croissance de la population estudiantine hispanique est en continuelle augmentation et dépasse largement celle des autres groupes ethniques. En effet :

– entre 1993 et 2003, le nombre d’élèves et étudiants hispaniques inscrits dans les écoles publiques (primaires et secondaires) est passé de 12,7% à 19%

– entre 1993 et 2003, le nombre d’élèves et étudiants blancs est passé de 66% à 58%

– entre 1993 et 2003, le nombre d’élèves et étudiants noirs a légèrement augmenté : de 16,6% à 17,2%[82].

 

Figure 25 : Pourcentage des étudiants aux Etats-Unis en 1993 et en 2003

Il est à noter qu’entre 1972 et 2004, la proportion des étudiants hispaniques est passée de 15% à 39%, avec un taux d’inscription minoritaire dépassant celui des Blanc en 2003. Par ailleurs, sur la même période, la population estudiantine hispanique a augmenté de :

– 5% à 17% dans le Sud

– 2% à 7% dans le Midwest

– 6% à 14% dans le Nord-Est[83]

 

Figure 26 : Taux de croissance de la population estudiantine hispanique

 

Deuxième partie : L’influence des hispaniques sur les Etats-Unis

Pour entamer cette partie, nous analyserons l’influence de la culture hispanique sur la culture des Etats-Unis. Notre étude porte sur les perceptions des personnes interrogées sur l’influence et concerne quelques Etats.

 

Compte tenu de l’hétérogénéité des Hispaniques, il ne serait pas très commode de faire une généralisation. Cependant, le point commun de tous les Hispaniques réside dans leur vision d’un véritable avenir au sein de la société américaine. En effet, il existe un large consensus autor de plusieurs influences.

 

« Si la population dans son ensemble est ambivalente et souvent hostile à l’idée des politiques de “ discrimination positive ” dans les entreprises ou les universités – politiques qui favorisent les chances de réussite des candidats issus des “ minorités ” noire et hispanique –, les Latinos sont nombreux à soutenir ces politiques et à exprimer leur désapprobation lorsque, par référendum ou par décision judiciaire, le champ d’application de ces politiques est réduit. Si la population générale rejette de plus en plus les programmes d’éducation bilingue permettant aux élèves non anglophones de s’appuyer (pour un temps) sur leur maîtrise de leur langue maternelle pour mieux apprendre l’anglais, les Latinos, globalement, revendiquent ces programmes et regrettent leur suppression dans plusieurs Etats. Cependant, en général, la référence “ ethnique ” latino n’est presque jamais invoquée dans un esprit particulariste étroit. Elle est mobilisée de manière “ soft ”, à l’appui de revendications universalisables de justice sociale, d’équité, et d’égalité devant la loi »[84]

 

L’enquête a été effectuée auprès de publics hispanique (400 personnes interrogées) et non-hispanique (577 personnes interrogées)[85]. Les résultats sont donnés sur la figure 22.

 

 

Figure 27 : L’influence hispanique sur la culture américaine

On pouvait déjà s’attendre que la plus grande influence hispanique sur la culture américaine concerne les aliments et le mode d’alimentation. D’après les résultats des enquêtes menées, 87% des non-Hispaniques pensent que l’influence est très grande. Après les aliments et le mode d’alimentation vient la musique.

 

A. L’influence hispanique sur le mode d’alimentation

L’alimentation est le principal domaine pour lequel est perceptible l’influence hispanique depuis les années soixante-dix. Ainsi, les Américains apprécient de plus en plus les plats typiquement espagnols, entre autres les tacos et les margharittas glacées. Par ailleurs, de nombreux plats mexicains sont présentés dans les plus grandes cérémonies, comme a précisé Gustavo Arellano.

Roberto Santibanez, le célèbre chef cuisinier du restaurant Fonda à Brooklyn a pu constater que ses clients ont une attente particulière pour les plats mexicains.

Dans plusieurs zones géographiques, l’influence sur le mode d’alimentation est très grande. Cependant, dans certaines villes, les non-Latinos ont une perception assez différente. On peut citer, par exemple, le Détroit (64%) et Charlotte (70%).

 

B. L’influence de la culture hispanique sur la culture américaine

1- La musique

La musique se trouve en deuxième position en termes de facteurs influant sur la vie américaine. 63% des non-Latinos et 75% des Hispaniques sont de cet avis. Cependant, les opinions divergent  selon les zones géographiques. A ces termes, on peut dire que Miami, New York et McAllen enregistrent les pourcentages les plus élevés, respectivement 66%, 66% et 90%. Le public non-Latino a un avis différent, comme le montrent les statistiques.

Certains données démographiques, par exemple l’âge, le revenu du ménage et le sexe, n’ont pas tendance à avoir d’impact sur la culture américaine. En général, 66% des non-Hispaniques, indépendamment de leur origine, sont de cet avis. Les Hispaniques nés aux Etats-Unis lesquels sont plus ou moins acculturés, qu’ils soient célibataires ou mariés, mentionnent que la musique est le deuxième facteur le plus influant.

 

2- Point de vue sur la beauté

La beauté hispanique est une des principales caractéristiques de cette communauté, pour ne citer que la beauté mexicaine. Par ailleurs, les styles et apparences sont devenus les

 

Figure 28 : Influence hispanique dans le domaine de la beauté

 

C. L’influence hispanique dans le domaine des sports

Dans le domaine du sport, le baseball est un exemple typique montrant l’influence hispanique dans la société américaine. Il est à noter que la National Baseball Hall of Frame de Cooperstown a mis au point de manière permanente le Viva Baseball lequel constitue un passe-temps très apprécié par les Américains. Par ailleurs, la majorité des journalistes sportifs mentionnent des noms de joueurs hispaniques, par exemple Miguel Cabrera et Albert Pujols comme meilleurs joueurs dans la Major League Baseball.

 

De plus en plus de joueurs latinos de la ligue ont fait un bond depuis les années quatre-vingt-dix, passant de 13% en 1990 à 28% en 2010. La ligue ne présente aucun autre professionnel des Etats-Unis. Par comparaison, 17% du Major League de soccer sont Latinos[86].

72% des non-Hispaniques de New York et 48% des non-Hispaniques de Détroit trouvent que le sport a une influence importante aux Etats-Unis. Il s’agit d’un paradoxe intéressant que « les Tigres soient considérés comme ayant une origine et une performance latino[87] ».

 

 

Figure 29 : Influence hispanique dans le domaine du sport

 

D. L’influence sociopolitique

Les Hispaniques s’installent durablement dans le paysage politique des Etats-Unis. Depuis les années 90, les présidents ont nommé des Latinos à la tête de ministères. Le président George Bush a nommé Alberto Gonzalez comme premier garde des Sceaux hispanique. De plus, il a aussi convaincu le parti républicain de choisir à sa tête Mel Martinez qui est Cubain-Américain. Même si ces deux Hispaniques ne sont pas allés au bout de leur mandant, leur nomination a demeuré une évolution historique. Il faut noter que les Hispaniques sont désormais présents au sein de l’Etat fédéral dans son plus haut niveau. Les choix du président Obama s’inscrivent aussi dans ce cadre. En effet, la communauté hispanique attend de lui un geste politiquement crucial, fort et qui soit au moins aussi grandissant que celui de son prédécesseur.

 

Pour Obama, la nomination concerne surtout les Latinas dont Cecilia Munoz à la Maison-Blanche, Hilda Solis au département du Travail, Sonia Sotomayor (Portoricaine) en tant que premier juge hispanique à la Cour Suprême[88]. Le plus haut niveau de l’Etat demeure le seul où les Hispaniques n’ont pas encore été représentés.

 

La nomination d’un juge à la Cour suprême inclut une double importance pour la communauté hispanique. D’abord, la nomination de Sotomayor est à vie, d’où une influence plus durable et plus grande que celles des nominations politiques éphémères.

Il revient à la Cour suprême de régler tous les débats sociétaux, comme le revendique Sonia Sotomayor laquelle contribue à garder un système de préférence pour les minorités. Cependant, il serait faux de croire que les décisions adoptées par cette Latina sont systématiquement prises en fonction de son ethnicité.

 

E. L’influence socioculturelle

Le contexte socioculturel hispanique se caractérise par une évolution d’un métissage culturel.

D’abord, il est nécessaire de préciser que les quartiers ethniques ont toujours existé aux Etats-Unis, incluant depuis le début la première, voire la seconde génération d’immigrés. Quand les enfants et les petits-enfants de ces immigrés ont été établis dans la classe moyenne, ils quittent les quartiers ethniques pour se rendre dans des quartiers plus « anglos ». De ce fait, les rues perdent de plus en plus leurs caractéristiques ethniques et commencent à abriter des populations moins riches aux origines diversifiées. Les Hispaniques suivent également ce mode de migration, c’est-à-dire qu’ils quittent leur quartier originel afin de se rendre dans des « quartiers plus américains » dès qu’ils ont un niveau de vie moyen.

 

En raison de la pénétration continue de nouveaux immigrés, les quartiers en question, gardant toujours leur hispanité, constatent une évolution importante dans leur identité culturelle ethnique. De plus, dans la plupart des cas, ce sont les villages entiers qui se créent au sein des zones urbaines américaines. Cela explique l’accusation par de nombreux conservateurs et par Samuel Huntington que les Hispaniques se replient dans les enclaves et refusent de s’intégrer. Cependant, nous pouvons dire qu’il n’y a pas vraiment refus de s’intégrer mais les Hispaniques sont plus rassurés de vivre au milieu des siens.

 

Dans les régions de nouvelle implantation des immigrés, plus particulièrement des Hispaniques, on peut noter une véritable révolution culturelle. En effet, la concentration d’immigrés entraîne la mixité dans les écoles et dans les églises, la création de commerces ethniques, l’expansion de la langue espagnole, le développement de jeux et loisirs plus latino-américains (par exemple le football) aux dépens des loisirs purement américains. A plus long terme, les immigrés les plus courageux parviennent à occuper des postes de responsabilités sociales au sein d’écoles, de syndicats ou encore de comités de quartiers. A l’obtention de la nationalité américaine, ces immigrés arrivent même à s’engager dans des postes de responsabilité politique locale. De ce fait, le simple phénomène économique pourrait conduire, en seulement quelques années, à une redéfinition complète de la vie culturelle, commerciale et associative d’un quartier ou d’une localité.

 

Au vingt-et-unième siècle, les Etats-Unis adoptent un peu la forme d’un inventaire à la Prévert. En effet, des instructions en langue espagnole sont présentes dans le quotidien des habitants. On peut noter, par exemple des instructions en espagnol sur une carte téléphonique bilingue, dans un autobus, dans des livres et des magazines des grandes librairies. Dans les rayons de produits hispaniques des supermarchés, on peut également voir des instructions en espagnol. Par ailleurs, de nombreux tex-mex et restaurants embauchent des serveurs d’origine centraméricaine et mexicains.

 

L’influence hispanique est notable à de nombreux endroits aux Etats-Unis. En effet, elle ne se limite pas uniquement dans les zones à forte concentration ethnique mais elle est également présente dans toutes les grandes villes. De nombreux facteurs expliquent ce phénomène particulièrement grandissant ainsi que sa durée lequel est un facteur déterminant pour le changement de la physionomie populaire et culturelle des Etats-Unis d’aujourd’hui.

Cette situation résulte, d’une part de la congruence entre un taux de natalité élevé et la force migratoire ainsi que l’héritage des luttes pour les droits civiques entre les années 1960 et 1970. La mise en place des instructions, formulaires et panneaux bilingues fait suite à la volonté des leaders hispaniques de l’époque de donner à ceux qui ne maitrisent pas la langue anglaise de vivre sans se sentir exclus. C’est ainsi qu’en 1975, un amendement à la loi relatif au vote de 195 a été obtenu. Il prévoit la traduction des formulaires de votes en langue étrangère, surtout dans les circonscriptions à forte concentration en immigrés. Quand la législation locale ou fédérale s’associe à la pression du nombre, l’influence ne peut s’enraciner et se développer.

 

Le multiculturalisme politiquement correct qui est issu des luttes pour les droits civiques des années 60 s’inscrit aussi dans l’influence socioculturelle. Ce multiculturalisme est désormais érigé en religion civile américaine. Il y a également la souveraineté du marketing. En effet, aucun secteur économique ne peut rester indifférent à l’appel de la croissance démographique d’une population, d’autant plus que cette croissance fait apparaitre une population jeune. Il est intéressant de préciser que près d’un tiers de la population sont âgés de moins de 18 ans[89]. La population est donc avide de consommation et très malléable dans ses habitudes de vie. La minorité hispanique constitue une « mine d’or » pour les publicitaire st pour les industriels. En effet, en plus du désir de répondre à des besoins et à une demande en articles habituellement achetés, le secteur économique a enregistré une vente importante dans les produits latinos ainsi que des « tex-mex » dans presque toute la société américaine.

 

Qu’il s’agisse d’un CD, d’un produit alimentaire, d’une fête ou d’une artiste, le « produit latino » séduit et plait. Il connait une excellente vente. Cela est illustré par la propagation du Cinco de Mayo. Cette fête est désormais plus populaire aux Etats-Unis qu’au Mexique et s’accompagne du triomphe du marketing, plus particulièrement au profit des distributeurs et producteurs de boissons alcoolisées à l’instar de la Corona, du Tequila et d’avocats.

 

1- L’influence dans l’audiovisuel

Un phénomène analogue est perceptible au sein de la culturelle télévisuelle. En plus du succès des artistes qui revendiquent leur latinité, notamment Eva Longoria, on observe une petite révolution sur les émissions télévisées, pour ne citer que les telenovelas. Ces dernières sont des feuilletons provenant de l’Amérique latine et dont le succès est indéniable. Diffusées sur les chaînes de télévision hispanophones, elles attirent toute catégorie d’âge. Concernant ces séries télévisées, certains producteurs et scénaristes hispaniques ont entamé leur propre travail de production de leurs propres séries en ayant recours aux acteurs immigrés lesquels intègrent des composants de la réalité de la vie aux Etats-Unis et qui remisent sur une facette de l’Amérique latine que de nombreux Hispaniques ne connaissent plus. Le but de ces producteurs est de toucher toutes les générations, allant des immigrés à leurs petits-enfants, voire à envisager une exportation d’une nouvelle génération de séries américaines à l’étranger, ces séries se caractérisant par une adaptation à la réalité du vingt-t-unième siècle[90]. Plus encore, certaines séries télévisées produites par ces Hispaniques sont en cours d’adaptation pour une diffusion en anglais sur les chaînes de télévision anglophones. Il est intéressant de remarquer que la « formule » amour-haine-passion-vengeance, caractéristique des Latinos, est très appréciée par les habitants de Miami dans lequel l’industrie est en pleine expansion, le mettant ainsi en position de devenir le Hollywood latine[91], ce qui met en évidence la place du carrefour interaméricain. A ce stade, il nous est possible de dire que la culture américaine a tendance  à devenir plus hispanique. De plus, un nouveau modèle est en train d’être exporté en Amérique latine. Par ailleurs, on note une remise en question globale des programmes des médias hispanophones.

 

Figure 30 : Influence hispanique pour la télévision

En 1990, une douzaine d’émissions télévisées en anglais était diffusée par les audiovisuels américains. Mais au début de l’année 2012, on n’a plus recensé que quatre. De même, les émissions hispaniques ont commencé à offrir des sous-titrées en anglais, notamment pour les telenovelas.

Ces modifications sont principalement en relation avec la croissance très rapide des Hispaniques. Bien que les Telenovelas ne substituent pas entièrement aux émissions et typiquement américaines, elles demeurent appréciées par quasiment tout type de public. Par ailleurs, il est intéressant de noter que les actrices des telenovelas sont très bien payées.

 

Avec l’existence d’un grand nombre d’émissions hispaniques, on peut constater que les habitants des Etats-Unis ont tendance à se pencher sur les émissions en langue espagnole. Cependant, le temps dépensé par la population pour regarder des émissions en anglais demeure non négligeable. Toutefois, on a pu noter que les émissions hispaniques sont en train de gagner leur terrain sur les émissions typiquement américaines.

Figure 31 : Pourcentage de temps dépensé par les Hispaniques pour regarder des émissions en anglais et en espagnol (2009-2010)[92]

 

2- L’influence dans le domaine littéraire

Certains auteurs latino-américains, à l’instar de Mario Vargas Llosa (Pérou), Gabriel Garcia Marquez (Colombie), Isabel Allende (Chili) et Carlos Fuentes (Mexique) ont été les premiers auteurs à pénétrer dans le domaine littéraire des Etats-Unis, voire dans le reste du monde. Plusieurs autres auteurs contemporains sont également très réputés aux Etats-Unis. On peut citer, entre autres Julia Alvarez, une auteure originaire de la République dominicaine. Le célèbre roman « Au temps des papillons » écrit par cette auteure a été tiré en un film.

 

F. L’influence religieuse

L’influence hispanique dans le domaine de la religion est plus que notable. En effet, « 45 % de la minorité  fréquente  l’église  au  moins  une  fois  par  semaine.  Les  deux  tiers choisissent des églises avec un ministre du culte latino et des services en espagnol[93] ». 66% de la minorité restent fidèles au catholicisme, ce qui leur permet de devenir une majorité des catholiques aux Etats-Unis. Cela fait naitre de réels bouleversements dans une Eglise dominée depuis plus de soixante-dix ans par les Italiens, les Irlandais et les Polonais.

 

Parallèlement à cela, les Hispaniques ont tendance à adopter la religion protestante. En effet, « si 18 % des immigrants se déclarent protestants (la plupart se sont convertis dans leur pays natal), ils sont près d’un tiers au sein de la troisième génération, mettant ainsi en évidence le lien entre acculturation, américanisation  et  protestantisme.  Cette  poussée  oblige  l’Église  catholique  à réagir :  elle  recrute  prêtres  et  séminaristes  au  Mexique,  au  Venezuela  ou  en Colombie et les amène aux États-Unis pour qu’ils puissent établir une relation d’empathie  culturelle  avec  les  immigrants.  Un  nombre  croissant  d’églises adoptent également des pratiques « charismatiques », proches des Pentecôtistes, pour mieux répondre aux demandes des 54 % de Latinos qui s’identifient comme charismatiques[94] ». L’Eglise catholique a tendance à imiter les protestants dans leurs actions dans la communauté et se met à l’écoute des revendications de ses fidèles.

Nous pouvons donc dire qu’aujourd’hui, la religion constitue un terrain d’influences croisées.

 

G. L’influence hispanique dans le quotidien

Depuis quelques années, l’influence hispanique est perceptible au sein du quotidien des Américains. En effet, de nombreux employés centraméricains et mexicains sont présents dans les restaurants. Cela implique de nombreux changements dans la confection des plats. En effet, l’exotisme reste est apprécié par les Américains lesquels ont toujours bien accueilli les particularités gastronomiques des immigrants.

 

Le recrutement massif des ouvriers hispaniques dans le secteur du bâtiment entraîne des modifications dans certaines conceptions de l’habitat. Ainsi, on peut observer des styles latinos sur les nouvelles constructions aux Etats-Unis. Cette tendance commence à se généraliser et s’observe, non seulement, dans les quartiers latinos, mais de plus en plus dans les quartiers des Blancs et des Noirs.

 

Le mode de vie américain se voit également modifié suite à l’omniprésence d’employés de maison venant du Sud. Ayant débuté par l’imperceptible, les changements deviennent de plus en plus flagrants. Compte tenu de tout cela, la société américaine du vingt-et-unième siècle subit une forme d’hispanisation bien que celle-ci reste superficielle et trop souvent anecdotique. Les modifications en question peuvent concerner la cuisine, le mode d’alimentation. C’est ainsi que de nombreux plats mexicains sont devenus très appréciés par les Américains. Par ailleurs, de plus en plus de festivités basées sur la thématique mexicaine sont organisées aux Etats-Unis, principalement dans les régions où on note le plus grand nombre de migrants hispaniques.

 

H. L’influence dans le domaine de la technologie

Dans le domaine de la technologie, les Hispaniques n’ont pas beaucoup d’influence sur les Etats-Unis. On assiste plutôt à la situation inverse, c’est-à-dire que la technologie développé par les Américains commence à gagner du succès auprès du public hispanique. Ce succès est surtout observé auprès de la population jeune dont la majorité déclare posséder divers accessoires de communication et de musique.

 

Les Hispaniques utilisent plus des appareils et accessoires utiles pour la communication et pour les tâches quotidiennes, à savoir le téléphone portable, l’ordinateur. La plupart des Hispaniques sont également en possession d’un accès à internet, outil désormais indispensable dans le quotidien d’un « Américain ».

Figure 32 : L’utilisation de la technologie par les Hispaniques

 

Troisième partie : Etude de l’impact de l’hispanisation des Etats-Unis

Afin de procéder à l’analyse de l’impact de l’hispanisation aux Etats-Unis, il est nécessaire de faire le point sur certaines croyances qui, en réalité, ne sont que des mythes.

 

Les Hispaniques bilingues ne regardent pas les télévisions hispaniques

On a tendance à croire qu’une fois que les Hispaniques apprennent l’anglais et deviennent bilingues, ils rejettent leur culture au profit de la culture américaine et emploient ainsi l’anglais comme langue principale. Cependant, l’acculturation des Hispaniques consiste plutôt à adopter les nouvelles coutumes tout en gardant leur traditions et leurs patrimoine culture.

 

Les statistiques montrent que 77% des Hispaniques aux Etats-Unis parlent couramment l’anglais. Parmi ces personnes :

– 61% des Hispaniques de plus de 18 ans disent préférer parler espagnol à la maison

– 17% déclarent ne parler que l’anglais

– le reste parle donc l’anglais et l’espagnol

 

Figure 33 : Proportion des Hispaniques parlant l’anglais et l’espagnol à la maison

D’après cette représentation graphique, on peut constater que les Hispaniques qui aiment parler l’espagnol à la maison représentent une fraction assez élevée : largement plus de la moitié du total. Les Hispaniques qui ne parlent que l’anglais et ceux qui déclarent parler l’anglais et l’espagnol sont quasiment à la même proportion. Il nous est donc possible de dire que l’influence hispanique sur le quotidien des Américains n’est pas négligeable. Cependant, on devrait plus parler de l’influence des  Etats-Unis sur la communauté hispanique. En effet, d’après les résultats de cette enquête, les jeunes, une fois qu’ils apprennent l’anglais, ont tendance à utiliser de plus en plus cette langue. Ainsi, on pourrait dire que la langue espagnole perd sa place au profit de la langue anglaise.

 

A. L’hispanisation : une chance pour les Etats-Unis

Si l’hispanisation a tendance à être considérée par les Américains comme ayant une mauvaise influence sur les Etats-Unis, ce phénomène présente des avantages dans certains domaines. Il serait intéressant de prendre en considération les avantages qui peuvent être tirés de l’arrivée des Hispaniques, notamment celle de la population latino-américaine sur le sol étatsunien.

 

Compte tenu de l’évolution incessante de la communauté hispanique dans de nombreux domaines, pour ne citer que la mode, la musique et le sport, ainsi que de leur croissance démographique non négligeable, les Hispaniques contribuent au développement des Etats-Unis, notamment dans les domaines du sport et de la culture.

 

Dans le domaine de l’éducation, la présence des Hispaniques, première minorité aux Etats-Unis, a fait que l’espagnol soit enseigné dans les écoles en tant que deuxième langue. Ce programme parait donc excellent pour développer la connaissance linguistique des Etatsuniens et leur donne l’opportunité de bien parler l’une des langues les plus utilisées dans le monde.

Toujours dans le domaine de l’éducation, l’arrivée massive des Hispaniques sur le sol américain a permis, au fil du temps, de développer une nouvelle langue : le Spanglish. Il s’agit d’une langue hybride issue principalement de l’espagnol et dont les mots ont les terminaisons anglo-saxons non traduites ou encore traduites mais d’une manière incorrecte. La naissance de cette nouvelle langue est notamment due à l’utilisation de la langue espagnole et de la langue anglaise sur le sol américain. D’après des chercheurs en linguistiques, le spanglish est apparu suite à l’anglophonisation de la population hispanique. C’est une langue caractérisée par un phénomène complexe. Pour certains linguistes, le spanglish est un « code-switching », c’est-à-dire un code qui permet de passer de l’espagnol à l’anglais et réciproquement. Elle se caractérise par très peu de règles et de nombreuses variantes de type lexical et même morphologique. D’après Ilán Stavans, lors de la conférence réalisée au printemps dans l’Institut Cervantes de New York, au printemps 2001, « le spanglish est une nouvelle langue, née de la créativité d’une partie démographique en transition entre cultures et langues[95] »

 

Sur le plan de développement personnel, les Hispaniques ont permis aux natifs des Etats-Unis de découvrir et de vivre selon des principes pour lesquels ils s’attachent particulièrement. Ainsi, on peut citer le patriotisme, même si la population hispanique, notamment les Mexicains, résident ailleurs que dans leur pays d’origine. L’ardeur au travail est aussi une caractéristique des Mexicains. Cette ardeur au travail, perceptible dans tout domaine, surtout dans la construction et dans la main d’œuvre en général, est une des qualités que les Hispaniques essaient de transmettre et de mettre en place aux Etats-Unis.

 

B. L’hispanisation : une menace pour les Etats-Unis

Pour de nombreux Américains, la croissance démographique ne reflète pas nécessairement une bonne situation. En effet, cette croissance est nettement liée à l’augmentation en nombre de la population hispanique aux Etats-Unis, comme nous l’avons démontré dans le paragraphe parlant de la croissance démographique des Hispaniques. Pour les Américains, il s’agirait plutôt d’un signe alarmant auquel sont associés anxiété et peur. En effet, les Américains pensent que les Etats-Unis sont en train de connaitre un bouleversement flagrant et qui est difficile à freiner.

 

De nombreux Américains déplorent des efforts pour inverser la situation actuelle, c’est-à-dire celle où on observe une croissance rapide et imprévue des Hispaniques aux Etats-Unis. De leur côté, les Hispaniques sont en parfaite connaissance de cause en ce qui concerne ces réactions. Parmi la population latino, certaines personnes redoutent les répercussions qui pourraient survenir dans les médias.

 

L’augmentation en nombre des Hispaniques constituent, pour cette population, une bonne chose. Cependant, ils devraient faire face, voire s’habituer, aux réactions et aux discriminations à leur encontre. Ils devraient également s’habituer à plus d’hostilité et à plus de résistance dont fait preuve les natifs des Etats-Unis, une population qui se sent de plus en plus menacée par l’hispanisation.

 

Il est important de noter que la démographie est difficile à contrôler et surtout à contrer. En effet, les Hispaniques sont déjà présents et les Américains devraient admettre cette réalité bien qu’elle soit difficile à accepter.

 

C. Synthèse de la réflexion sur l’impact de l’hispanisation des Etats-Unis

La migration hispanique aux Etats-Unis, majoritairement d’origine mexicaine et portoricaine, constitue un phénomène de grande ampleur et s’étable actuellement sur plus d’un siècle. Plusieurs raison expliquent cette amplification, entre autres la proximité géographique de l’Amérique Latine et des Etats Unis et les conditions de vie aux Etats-Unis plus favorables pour les Latinos. Ainsi, l’Amérique  latine et les Etats-Unis ont construit des liens très forts malgré leurs différences culturelles et sociétales. Il est intéressant de mentionner que les deux territoires se retrouvent dans une relation d’indépendance plus ou moins déséquilibrée.

 

La construction, la restauration et l’agriculture sont les principaux domaines dans lesquels on peut la participation des Hispaniques est le plus notable, à noter que la main-d’œuvre est pour la plupart d’origine latino. Avec le développement de ces relations, les identités se côtoient et l’existence des relations asymétriques et inégales deviennent habituelles. Cependant, les conflits entre les Américains et les Latinos ne sont pas inexistants, ce qui explique l’inexistence d’un véritable métissage.

 

Aucun choc ouvert n’est déclaré sur les cultures malgré leur coexistence et les tendances de plus en plus menaçantes pour les Etats-Unis, comme le mentionne Samuel Hutington, un auteur qui voit « la migration mexicaine comme une menace pour l’identité américaine.[96] ». Son opinion semble être bien fondé si on observe le quotidien des Américains lequel commence à adopter certaines habitudes hispaniques, notamment mexicaines, tant dans l’habillement que le mode d’alimentation.

 

Toutefois, de nombreux Américains prétendent que la latinisation constitue une chance pour les Etats-Unis. En effet, ils soutiennent l’idée que grâce à l’arrivée massive des Hispaniques, principalement celle des Mexicains, les grandes villes américaines, notamment les quartiers défavorisés, ont eu l’opportunité de se développer et de devenir plus « favorables » à la vie.

 

Cependant, après les attentats du 11 septembre 2001, les conduites et les discours anti-migratoires sont devenues plus durs. La raison reste sans doute les précautions liées à l’entrée des ressortissants arabes, mais également à la peur de l’invasion mexicaine. Il est utile de préciser que la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis est la frontière qui est la plus traversée au monde. Mais malgré les mesures drastiques contre l’immigration, le flot des migrants ne faiblit pas.

 

Le Mexique et les Etats-Unis sont fortement unis et ils sont destinés à rester ainsi. Compte tenu des flux de migration qui existent depuis les décennies précédentes, la migration n’est pas une situation temporaire.

 

Discussion – Conclusion

La présence des Hispaniques aux Etats-Unis est un phénomène qui ne devrait pas être négligé. Existant depuis plusieurs décennies, le phénomène évolue plus vite que prévu. De plus, l’hispanisation se fait dans des Etats autres que ceux pour lesquels on s’attendait à une forte concentration en population hispanique tels que la Floride, la Californie, le Texas, Louisiane, Maryland ou Kansas.

 

Les Hispaniques sont en train de se construire une véritable identité aux Etats-Unis. Ainsi, ils ont déjà réussi à mettre en place leurs caractéristiques dans les domaines de la mode, de la musique, du sport et des sciences. Par ailleurs, les Hispaniques feraient probablement de la politique et entreront dans d’autres domaines dans les décennies à venir. Dans le domaine de la culture par exemple, les Latinos sont déjà perçus sur la couverture des magazines, à travers les danses populaires telles que la salsa. En alimentation, de nombreux plats et sauces hispaniques sont appréciés par les Américains, pour ne citer que les margheritas. A voir cette situation, nous pouvons déjà conclure que la population hispanique est en train de gagner sa place aux Etats-Unis et de voir sa culture s’installer. Cependant, de nombreux efforts sont mis en œuvre par les Américains pour freiner, voire stopper l’immigration, légale ou illégale, de la population hispanique.

 

La population hispanique, malgré sa tendance à mettre en place sa culture aux Etats-Unis, ne constitue pas toujours une menace. En effet, elle apporte une bonne attitude au peuple étatsunien, entre autres son courage, son patriotisme, son optimisme et surtout ses qualités entrepreneuriales. Ainsi, il serait injuste de dire que les Hispaniques sont une menace pour les Etats-Unis car ils constituent une composante essentielle.

 

Nous pouvons dire que la population hispanique est un important facteur qui contribue, même pour une partie plus ou moins infime, à développer les Etats-Unis. Il s’agirait sans doute d’un chemin vers un avenir meilleur pour les Etats-Unis.

ANNEXE : Autour de la migration, d’après les économistes

 

Sur les flux migratoires : pourquoi émigre-t-on ?[97]

 

Bernard Girard, bonjour. Vous avez choisi de nous parler, dans cette série d’émissions, de l’immigration telle que l’analysent les économistes…

Les discours sur l’immigration sont, en général, fortement teintés d’idéologie. Je voudrais, dans cette série, m’éloigner de cela, et faire le point sur ce que les économistes disent de cette question. Le point de vue des économistes est doublement intéressant :

–    Il l’est, d’abord, parce qu’ils travaillent sur des chiffres et des données statistiques, ce qui évite les à peu près qu’on rencontre si souvent dans les discussions sur ce sujet ;

–    Ensuite, ils s’intéressent à ce qui se passe un peu partout dans le monde, en France, mais aussi chez nos voisins, aux Etats-Unis, au Canada, ce qui ouvre la réflexion.

 

Puisque vous parlez de chiffres, quels sont-ils ? Y a-t-il plus d’immigrés aujourd’hui qu’hier ?

Les migrations ne sont pas un phénomène nouveau. De 1850 à 1913, 50 millions d’européens ont quitté l’Europe pour s’installer dans le Nouveau Monde. A la fin du 19ème  siècle un million d’Européens partaient chaque année pour l’Amérique. Ce phénomène a reculé au lendemain de la première guerre mondiale au point que dans les années 30, il y eut, certaines années, plus d’immigrés qui rentraient en Europe que d’Européens qui partaient pour les Etats-Unis. Les migrations ont repris au lendemain de la seconde guerre mondiale. Sur le long terme, on voit que les flux migratoires sont importants dans les périodes de forte croissance et faibles dans celles de crise ou de stagnation.

 

Et aujourd’hui, quels sont les chiffres ?

Les nations Unies estimaient que 120 millions de personnes vivaient en 1990 dans un autre pays que celui de leur naissance. En 1970, ils n’étaient selon les mêmes estimations que 75 millions. Ce qui représente une augmentation de 60%.

 

Ce qui est considérable !

Oui et… non, tout simplement parce que la population mondiale a, pendant la même période augmenté. En fait, au niveau mondial, le pourcentage d’immigrés n’a pas bougé, il est toujours d’un peu plus de 2%. Mais il a fortement augmenté dans les pays développés, industrialisés et riches. Le nombre d’immigrés, de personnes vivant dans un autre pays que celui dans lequel elles sont nées, est passé 4,9% de la population de l’Europe de l’Ouest, de l’Amérique du Nord et de l’Australie en 1970 à 7,6% au début des années 90. Des pays qui n’étaient pas terre d’immigration le sont devenus, comme l’Italie.

 

Les migrations actuelles sont-elles comparables à celles du siècle dernier ?

Par bien des côtés, oui. Jeff Willamson et Tim Hatton, deux économistes qui ont écrit un livre 1  qui analyse dans le détail ces différents épisodes migratoires et qui les compare ont mis en évidence des traits communs : la baisse des coûts des transports, la mondialisation de l’économie contemporaine, la croissance démographique et économique.

 

 

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TABLE DES FIGURES

 

Figure 1 : Les flux d’immigrants aux Etats-Unis. 2

Figure 2 : La composition ethnique de la population des États-Unis en 1960. 4

Figure 3 : La répartition ethnique de l’accroissement de la population des Etats-Unis du 1er avril 2000 au 1er juillet 2006. 5

Figure 4: La composition ethnique de la population des Etats-Unis en 2006. 6

Figure 5 : Les prévisions de la répartition ethnique en 2050. 7

Figure 6 : Répartition détaillé des Hispaniques selon leur origine. 8

Figure 7 : Le pourcentage d’Hispaniques par Etat en 2010. 9

Figure 8 : Répartition de la population Hispanique aux Etats-Unis. 10

Figure 9 : Nombre de la population hispanique aux Etats-Unis entre 1990 et 2000. 10

Figure 10 : Comparaison entre l’augmentation de la population hispanique et de la population américaine  11

Figure 11 : Les composantes hispaniques en Amérique. 11

Figure 12 : Les trajectoires suivies par les migrants vers les Etats-Unis. 12

Figure 13 : Flux migratoires à la frontière Etats-Unis-Mexique. 13

Figure 14 : Estimation du nombre de la migration mexicaine vers les Etats-Unis (1995-2000) 13

Figure 15 : Répartition des Mexicains vivant aux Etats-Unis. 15

Figure 16 : Routes des sociétés de transport entre le Mexique et Texas. 17

Figure 17 : Les régions frontalières entre le Mexique et les Etats-Unis. 19

Figure 18 : Nombre de la population portoricaine vivant au pays d’origine et aux Etats-Unis. 23

Figure 19 : Rapport entre le nombre de Portoricains au pays d’origine et aux Etats-Unis. 24

Figure 20 : Le nombre des immigrants argentins vers les Etats-Unis, de 1970 à 2000. 29

Figure 21 : Nombre de visas donnés de 1988 à 1993. 34

Figure 22 : Nombre de Balseros recueillis en mer entre 1991 et 1993. 35

Figure 23 : Données démographiques sur la main d’œuvre / Taux de croissance ethnique. 39

Figure 24 : Proportion Hispaniques/non-Hispaniques – étudiants. 43

Figure 25 : Pourcentage des étudiants aux Etats-Unis en 1993 et en 2003. 43

Figure 26 : Taux de croissance de la population estudiantine hispanique. 44

Figure 27 : L’influence hispanique sur la culture américaine. 45

Figure 28 : Influence hispanique dans le domaine de la beauté. 46

Figure 29 : Influence hispanique dans le domaine du sport 47

Figure 30 : Influence hispanique pour la télévision. 50

Figure 31 : Pourcentage de temps dépensé par les Hispaniques pour regarder des émissions en anglais et en espagnol (2009-2010) 51

Figure 32 : L’utilisation de la technologie par les Hispaniques. 53

Figure 33 : Proportion des Hispaniques parlant l’anglais et l’espagnol à la maison. 54

 

 

 

TABLES DES MATIERES

 

  1. Introduction. 1
  2. Description du contexte de l’étude. 1
  3. Généralités. 2

1-Les Hispaniques : la première minorité aux Etats-Unis. 3

2- La composition de la population américaine. 4

2-1- Avant 1970 : en 1960. 4

2-2- En 2006. 5

2-4- Les prévisions en 2050. 6

  1. Les composantes hispaniques venant de l’Amérique. 11

1- Les Mexicains. 12

1-1- Le mouvement chicano. 19

1-2- La réforme de politique migratoire et le tandem Bush-Fox. 20

1-3- L’enterrement de la réforme et la transition Calderon-Bush. 21

1-2- Les Portoricains. 23

2-1- L’exportation des chômeurs de Porto Rico. 25

2-2- Les mythes fondateurs américains et les Portoricains. 26

2-3- L’identité et le transnationalisme. 27

3- Les Argentins. 28

4-1- Le profil des immigrants argentins. 29

4-2- L’immigration en provenance d’Argentine à partir de 1970. 29

4- Les Cubains. 30

4-1- L’immigration cubaine aux Etats-Unis : un enjeu stratégique et idéologique. 31

5-2- L’administration américaine et sa politique anticommuniste. 32

5-3- La période vers la fin de l’« exception cubaine » : des marielitos aux balseros. 33

5-4- La nouvelle politique migratoire et la nouvelle stratégie de déstabilisation. 35

6- Remarques. 36

  1. Le contexte démographique hispanique. 36

1- L’évolution de la cartographie hispanique. 36

2- L’explosion démographique des Hispaniques. 39

3- La législation sur l’immigration aux Etats-Unis. 40

4- Le contexte politique des Hispaniques aux Etats-Unis. 40

4-1- Les caractéristiques de l’électorat hispanique. 40

4-2- Les obstacles au développement politique. 41

5- Les Hispaniques et l’éducation aux Etats-Unis. 42

  1. L’influence hispanique sur le mode d’alimentation. 45
  2. L’influence de la culture hispanique sur la culture américaine. 46

1- La musique. 46

2- Point de vue sur la beauté. 46

  1. L’influence hispanique dans le domaine des sports. 46
  2. L’influence sociopolitique. 47
  3. L’influence socioculturelle. 48

1- L’influence dans l’audiovisuel 49

2- L’influence dans le domaine littéraire. 51

  1. L’influence religieuse. 51
  2. L’influence hispanique dans le quotidien. 52
  3. L’influence dans le domaine de la technologie. 52
  4. L’hispanisation : une chance pour les Etats-Unis. 54
  5. L’hispanisation : une menace pour les Etats-Unis. 54
  6. Synthèse de la réflexion sur l’impact de l’hispanisation des Etats-Unis. 54

Discussion – Conclusion. 55

BIBLIOGRAPHIE.. 57

TABLE DES FIGURES. 60

 

 

[1] COHEN Jim, GOLUB Philip S, « Etats-Unis, vers une société post-européenne », Les Blogs du Diplo, 5 juillet 2011

[2] Samuel Huntington, Qui sommes-nous ? Paris, Odile Jacob, 2004

[3]Gérard-François Dumont – Chiffres PewResearch Center, 2008, réels puis projeté

[4] Emmanuelle Le Texier, 2003,  Latino power ? « L’accès au politique des Latinos aux Etats-Unis ». Les études du CERI

[5] Emmanuelle Le Texier, 2003,  Latino power ? « L’accès au politique des Latinos aux Etats-Unis ». Les études du CERI

[6] Ibid

[7] On trouve couramment l’expression « brown invasion » dans la presse

[8] Entretien avec un officier de patrouille frontalière, 7 novembre 2002, San Diego. Voir J. Nevins, Operation Gatekeeper.  The  Rise  of  the  « Illegal  Alien »  and  the  Making  of  the  US–Mexico  Boundary,  New  York, Routledge,  2002,  et  E.  le  Texier,  « Huelga  de  hambre  en  la  frontera »,  dans  La  Prensa-San  Diego,  13

décembre 2002

[9] Entretien avec un officier de patrouille frontalière, 7 novembre 2002, San Diego. Voir J. Nevins, Operation Gatekeeper.  The  Rise  of  the  « Illegal  Alien »  and  the  Making  of  the  US–Mexico  Boundary,  New  York, Routledge,  2002,  et  E.  le  Texier,  « Huelga  de  hambre  en  la  frontera »,  dans  La  Prensa-San  Diego,  13

décembre 2002

[10] PEW HISPANIC CENTER, Mexican Immigrants: How Many Come, How Many Leave, 22 juillet 2009,

http://www.pewhispanic.org/reports/report.php?ReportID=112

[11] Source : Gérard-François Dumont – chiffres Pew Research Center, 2008

[12] Gérard-François Dumont – chiffres Census bureau

[13]Id.

[14] Jerey S. Passel and D’Vera Cohn, U.S. Population Projections: 2005–2050, Pew Research  Center February 11, 2008

[15] Gérard-François Dumont – projections Pew Research Center, 2008

[16] Source : Wikipedia

[17] U.S. Census Bureau, 2009, Facts for Features, Hispanic Heritage Month, http://www.census.gov/Press-

Release/www/releases/archives/facts_for_features_special_editions

[18] Source statistique : recensement INEGI 1990 et EMIF 1994

[19] Source : Manuel Angel Castillo. Des observatoires frontaliers de flux migratoires au Mexique

[20]Douglas  MASSEY,  Beyond  Smoke  and  Mirrors.  Mexican  Immigration  in  an  Era  of  Economic  Integration,  Russel

Sage,  New  York,  2003 ;  Douglas  MONROY,  The  Borders  Within :  Encounters  Between  Mexico  and  the  US, University  of Arizona Press, Tucson, 2008

[21] Une enquête effectuée en 1994 par l’organisme indépendant The Urban Institute

[22]Santoli, 1988 : 276

[23]Ibid., 278, 282, 283, 287

[24] Ibid., 287

[25] Source : annonce des sociétés dans les journaux hispaniques de Dallas-Fort Worth (Octobre-Novembre 1996)

[26] Cf. Juan RAMON  GARCÍA, Operation Wetback : the Mass Deportation of Mexican Undocumented Workers in 1954, Greenwood, 1980.

[27] Joseph NEVINS, Operation Gatekeeper : the Rise of the « Illegal Alien » and the Remaking of the US-Mexico Boundary, Routledge, New York, 2002

[28] Emmanuelle  LE  TEXIER,  « Immigration  et  obsession  sécuritaire  aux  Etats-Unis »,  Questions  internationales, n° 5, janv.- fév. 2004, pp. 88-96. Cf. également l’analyse politique et historique du nativisme par Denis LACORNE,  La

Crise de l’identité américaine. Du melting-pot au multiculturalisme, Gallimard, Paris, 2003

[29] Des groupes comme  la Federation for American Immigration Reform (FAIR) ou encore  les Minutemen, mais  aussi  des  écrits,  comme  celui  de  Samuel  Huntington  (Who  are  We :  the  Challenges  to  America’s  National  Identity, Simon and Schuster, New York, 2004).

[30]  Parmi les autres composantes du mouvement, on relève une organisation séparatiste, très minoritaire : la

« Alianza de los Pueblos Libres » de Reyes Tijerina, dont les membres se disaient descendants des Mexicains

vivant au Nouveau Mexique avant l’annexion aux Etats-Unis (1848) et prétendaient fonder une république indépendante. Ils perpétrèrent en 1967 une attaque armée contre un tribunal, unique action de ce type dans l’histoire du mouvement chicano.

[31]José Antonio Burciaga, “Ni latinos ni gringos : chicanos”, « Courrier International », 21-11-1991

[32] Emmanuelle  LE  TEXIER,  « Immigration  et  obsession  sécuritaire  aux  Etats-Unis »,  Questions  internationales,  n°5, janv.- fév. 2004, pp. 88-96

[33]  Vicente FOX, entretien au New York Times, 4 sept. 2001

[34]  Carol WILLIAMS,  «Castañeda hands in his resignation », Los Angeles Times, 9 janv. 2003

[35]  Jorge CASTAÑEDA, Ex-Mex :. drom Migrants to Immigrants,  New Press, New York, 2007, 240 p

[36] www.spp.gov.

[37] « La  CLF  apoyalegislación  de  inmigraciónjusta  e  integral  que  balance  las preocupaciones  de  seguridadfronteriza con el reconocimiento de las demandas laborales de los EE.UU. Esta reforma debedeincluir un programa

de  trabajadoreshuéspedes  y  un  camino  a  la  legalización »,  Declaración  2006-01,  Conferencialegislativefronteriza,  Reforma Migratoria, 13 mai 2006

[38]Emmanuelle  LE  TEXIER,  « Hispanic  is  panic ? La Californie et les Latinos», Politique américaine, nº 9, 2008, p. 81-102

[39]Entretien anonyme, Washington DC, 16 sept. 2008

[40]Entretien anonyme, Washington DC, 23 sept. 2008

[41]Entretien anonyme, Washington DC, 22 sept. 2008

[42]Joint       Press       Statement,       George       W.       Bush/Felipe       Calderón,       14       mars       2007,

http://www.whitehouse.gov/news/releases/2007/03/

[43]Basch  L.,  Schiller  N.S.,  Szanton-Blanc  C.  (1994). Nations  Unbound:  Transnational  Projects, Postcolonial  Predicaments  and  Deterritorialized  Nation-States,  Amsterdam,  Gordon  and  Breach Publishers

[44]  Elizabeth Petras, “The Global Labor Market inthe Modern World-Economy”in Mary M. Kritz, Charles B. Keely et Silvano M. Tomasi(eds.), Global Trends in Migration: Theory andResearch on InternationalPopulation Movements, Center for Migration Studies, New York, 1981

[45]  Ramón Grosfoguel, “Migration and Geopolitics…”

[46] Id

[47] Sherri Grasmuck and Ramón Grosfoguel,“Geopolitics, EconomicNiches, and Gendered SocialCapital Among Recent Caribbean Immigrants in New York City”, Sociological Perspectives, vol. 40, n° 3, 1997, pp. 339-363

[48] Id

[49]  Benedict Anderson, L’imaginaire national, trad., La Découverte, Paris, 1996 (original paru en 1983)

[50]  Etienne Balibar, “Y a-t-il un ‘néo-racisme’ ?”,in Etienne Balibar et ImmanuelWallerstein, Race, nation, classe, les identités ambiguës, La Découverte, Paris, 1988 (1997)

[51]  Oscar Lewis, La Vida: A Puerto Rican Family in the Culture of Poverty,Random House, New York, 1966

[52]  Kelvin Santiago, “Subject People” and Colonial Discourses, State University of New York Press, Albany, 1994

[53]Auberte Pallud, La diaspora portoricaine aux Etats-Unis

[54] Source : Department of Homeland Security, Annuaire des statistiques d’immigration, 2008

[55] Id

[56] Michel Fourteaux, Origines et devenir de la notion d’“exception cubaine” dans la politique migratoire américaine

[57]Inspected and admitted ou paroled

[58] INS Policy on Cuban Adjustment, mémorandum, avril 1999.

[59]In country Refugee Program

[60]Cuban Refugees Processing,  ITA Immigration Software,

www.wave.net/upg/immigration/

[61]Traduction littérale de “They come from a good stock”. Cité par Jorge Dominguez, “Cooperating with the Enemy ? US Immigration Policies toward Cuba”,  in Christopher Mitchell (ed.), Western Hemisphere Immigration and United States Policy,  The Pennsylvania State University, University Park, 1992

[62]“Cooperating with the Enemy ? US Immigration Policies toward Cuba”,  in Christopher Mitchell (ed.), Western Hemisphere Immigration and United States Policy,  The Pennsylvania State University, University Park, 1992

[63]  Michel Forteaux, Origines et devenir de la notion d’“exception cubaine” dans la politique migratoire américaine N°1237 – Mai-juin 2002

[64] Discours de Richard Nuccio. 1995

[65] U.S. Senate, Congressional Record, 1924, p. 6625

[66] Clark, 1908, p. 520-521

[67]Isabelle Vagnoux. Latinos USA : les Hispaniques  dans la société américaine au début du XXIe siècle.

[68] FREY William H., Diversity Spreads Out: Metropolitan Shifts in Hispanic, Asian, and Black Populations Since 2000, Washington, D. C.: The Brookings Institution, mars 2006, 27 p.

[69] PEW HISPANIC CENTER, Mexican Immigrants: How Many Come, How Many Leave, 22 juillet 2009,

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[70] U.S. CENSUS BUREAU, Facts for Features, Hispanic Heritage Month, 15 juillet 2009

http://www.census.gov/Press-Release/www/releases/archives

[71] Id

[72] FREY William H., Diversity Spreads Out: Metropolitan Shifts in Hispanic, Asian, and Black Populations Since 2000, Washington, D. C.: The Brookings Institution, mars 2006

[73] FREY William H., Diversity Spreads Out: Metropolitan Shifts in Hispanic, Asian, and Black Populations Since 2000, Washington, D. C.: The Brookings Institution, mars 2006

[74] NEW YORK TIMES, « Hispanics in U.S. Feel Pull of the Suburbs »,  29 janvier 2007 ; « In Shift, 40 % of Immigrants Move Directly to Suburbs », 17 octobre 2007

[75] G. Jones, « Davis receives new endorsements while continuing pitch to Latinos », dans Los Angeles Times, 19 octobre 2002

[76] T. Affigne, « Latino Politics in the United States », dans PS : Political Science and Politics, Vol. 23, n° 3,

septembre 2000, pp. 523-607

[77] Pew    Hispanic    Center,    « National    survey    on    Latinos :    The    Latino    electorate », http://www.pewhispanic.org, octobre 2002

[78]  J. Gimpel, « Latinos and the 2002 elections. Republicans do well when Latinos stay at home »,

http://www.cis.org/articles/2002/back203.html, janvier 2003

[79]  L.  Desipio,  Counting  on  the  Latino  Vote.  Latinos  as  a  New  Electorate,  Charlottesville,  University  of

Virginia Press, 1996

[80] San Diego Registar of Voters, « County results », publiédans San Diego Union Tribune, 7 novembre2002, pp. A11 etsuiv. Entretiens avec Susan Davis et Bill VandeWeghe, respectivement candidats démocrate et républicain au Congrès pour le district 51, Lemon Grove-San Diego, 19 octobre 2002

[81] U.S. Census Bureau, “School Enrollment – Social and Economic Characteristics of Students:  October 2005,” Table 1, Current Population Survey.  Washington, DC:  U.S. Department of Commerce, 2006.

[82] National Center for Education Statistics, Digest of Education Statistics, 2005, Table 38. Washington, DC:  U.S. Department of Education, 2006.

[83] National Center for Education Statistics, “Racial/Ethnic Distribution of Public School Students:  Indicator 5,” The Condition of Education 2006. Washington, DC: U.S. Department of Education, 2006, p. 32

[84] Iris Marion Young, “Structure, Difference and Hispanic/Latino Claims of Justice”, Jorge J.E.

[85]Conill, 2012, THE HISPANIC  INFLUENCE  ON AMERICAN  CULTURE

[86] Source: « Ouverture Sport Jour: Latinos et de base-ball-par Numbers « Maria Ortiz mars Burns, 31, 2011 Fox Nouvelles Latino

[87] Source: « Rod Tiger Explique Allen « , Yahoo Sports, Juillet 23, 2012

[88] Benjamin Cardozo, juge à la Cour suprême de 1932 à 1938 et d’origine portugaise, pourrait en fait avoir  été  le  premier  Hispanique  à  siéger  dans  cette  vénérable  institution.  Tout  dépend  de  la définition  que  l’on  donne  de  l’identité  hispanique,  si  celle-ci  inclut  les  Portugais  et  leurs descendants ou non. Le débat n’est pas nouveau et est régulièrement relancé

[89] JACOBY Tamar, Reinventing the Melting Pot: The New Immigrants and What It Means to Be American, New York, Basic Books, 2004, 335 p

[90] WHORISKEY Peter, « Latin American Melodramas That Are Made in the USA », Washington Post, 5 juillet 2006

[91] Isabelle Vagnoux, Latinos USA : les Hispaniques dans la société américaine au début du XXIe siècle

[92] Source : The Nielsen Company

[93] PEW HISPANIC CENTER, Mexican Immigrants: How Many Come, How Many Leave, 22 juillet 2009,

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[94]Isabelle Vagnoux, Latinos USA : les Hispaniques dans la société américaine au début du XXIe siècle

[95] Aulahispanica. Qu’est-ce que le « Spanglish ? »

http://www.aulahispanica.com/node/517

[96] Samuel Huntington, Qui sommes-nous ?, Paris, Odile Jacob, 2004.

[97] Bernard Girarg, Avril 2004, Sur les flux migratoires : pourquoi émigre-t-on ?

Mémoire de fin d’études de 90 pages.

24.90

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