Mémoire portant sur l’impact du placement sur les enfants en donnant la parole aux anciens placés afin de recueillir leur point de vue.
COMMANDE ADULTE
SOMMAIRE
RESUME
TABLE DES MATIERES
INTRODUCTION
PARTIE THEORIQUE
- Cadrage théorique
- La prise en charge éducative
PARTIE METHODOLOGIQUE
- Présentation de la méthodologie
- Le récit de vie des jeunes adultes
- Analyse des divers points de vue
ANALYSE PROSPECTIVE
- Discussions
- Recommandations
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
RESUME
La transition à l’âge adulte et accès à l’autonomie après une mesure de placement dans une institution socio-éducative.
La transition à l’âge adulte est une période difficile, surtout pour les jeunes ayant été placé en institution. Mais souvent, après le placement, l’autonomie de ses derniers pose problèmes car le foyer a fait effet sur eux, sur leur vie social, psychologique, relationnel. Après une théorisation de la transition à l’âge adulte et des mesures de placement dans les institutions éducatives suisses, la partie méthodologique est avancée avec le récit de vie de jeunes adultes enquêtés qui présenterons leur vécu avant, pendant et après le placement ainsi que ses impacts dans sa vie actuelle de jeune adulte. Le sujet touche plusieurs domaines qui feront l’objet d’une discussion, pour arriver à des recommandations dans le but d’améliorer et de faciliter l’accès à l’autonomie de ces jeunes.
Mots-clés : jeune – adulte – placement – autonomie – vie – foyer – institution
TABLE DES MATIERES
1- La transition à l’âge adulte.. 9
1-1 Les débuts de la jeunesse.. 9
1-2 Les cultures et les dangers de la jeunesse.. 11
1-2-1 Les cultures liées à la jeunesse.. 12
1-2-2 Les dangers de la jeunesse.. 12
2- Le placement et L’autonomie.. 12
2-1 Le placement en institutions. 13
1- L’historique des institutions éducatives suisses. 14
2- La prise en charge des adolescents placés. 14
3- Les droits des enfants placés. 15
4- Les textes règlementaires. 15
1- Approche méthodologique.. 16
1-5 Outils de recherche : récolte de données envisagées. 18
2- Le récit de vie des jeunes adultes. 20
2-2 Avant le placement et pendant le placement : 22
2-4 Actuellement : fin du placement et perceptions actuelles. 31
2-5 Déroulement du placement et impact sur votre vie actuelle.. 36
2-6 Relation à l’institution (foyer). 37
3- Analyse des divers points de vue. 42
3-2 Analyse psychologique.. 43
1- Point de vue Socio-économique.. 45
3- Point de vue politique.. 46
1- Recommandations pratiques. 47
2- Acquisitions professionnelles et personnelles. 48
INTRODUCTION
Généralités
L’âge adulte est considéré comme l’âge de la maturité. Mais avant d’y être, tout individu est passé par l’adolescence qui se trouve attachée à des expériences positives ou négatives, qui vont participer à la construction d’une personne adulte autonome et responsable. C’est cette transition vers l’âge adulte qui intéresse notre étude, dans le sens où un placement en institution aurait influencé relativement cette période.
La transition à l’âge adulte touche les individus situés entre la fin de l’adolescence et l’âge adulte, soit entre 18 et 24 ans à peu près, même si la jeunesse n’a pas encore connu de définition d’âge exact jusqu’à présent.
« Le placement est un outil éducatif parmi d’autres et il est important de se poser toutes les questions sur la prise en charge que l’on peut proposer en réfléchissant de manière large : assistance éducative, soutien thérapeutique, prise en charge d’aide éducative en milieu ouvert »[1].Dans le placement, bien que les institutions soient des lieux d’application des droits de l’enfant, généralement, plusieurs anciens placés témoignent de nombreuses irrégularités. Ils en sortent même, pour certains traumatisés des traitements et des mesures éducatives qui entraînent des chocs psychologiques majeurs influençant leur vie d’adulte. Or, le placement s’avère être comme une nécessité dans les cas des jeunes en difficulté. Il en ressort que pour devenir autonome, ils doivent passer par là. Il est démontré que leurs parcours de vie diffèrent de celui des enfants « normaux »[2], et que la transition est plus difficile. Il est donc question de réinsertion sociale proprement dite de l’enfant placé dans une société différente de l’institution.
La politique de la jeunesse ne peut plus être applicable actuellement, car plusieurs études ont révélé que la jeunesse en elle-même a connu des évolutions qui ne permettent pas de garder les notions à l’origine des maisons de placement. Toutefois, les moyens de prise en charge restent en place, et cela a des impacts sur l’enfant placé. Il en découle que les jeunes à la sortie se sentent libérés et éprouvent de la réticence à leur encontre.
Choix du thème
Les questions liées à la prise en charge des jeunes en fin de placement et leur devenir à l’âge adulte sont très peu débattues dans notre pays. De plus, alors que la question des enfants placés en général touche et a touché des milliers d’enfants et de familles suisses, elle ne fait pas encore l’objet de recherche approfondie. L’histoire passée et récente des placements d’enfants en Suisse est-il pour quelque chose ?
On entend souvent dire que des enfants en difficultés qui ont été placés dans une institution éducative ont de la peine à s’en sortir et reste généralement à l’âge adulte dans les filets des institutions sociales, etc.
Cette affirmation met en cause le rôle qu’une institution éducative peut jouer au niveau de la vie des personnes et sur la capacité de les rendre autonomes.
Objectif
Il s’agira de mesurer l’impact du placement sur les enfants en donnant la parole aux anciens placés afin de recueillir leur point de vue.
Etant des enquêtes auprès de jeunes adultes ayant bénéficié d’une mesure de placement, leurs avis seront recueillis, leurs expériences, leurs vécus également et servir de point de départ dans une recherche éventuelle sur le placement des enfants en institution.
Problématique
Depuis le constat précédent, la question suivante est posée :
« Comment se passe la transition à l’âge adulte des enfants placés dans les institutions socio-éducatives suisses et comment ont-ils construit leur autonomie lors de la transition à l’âge adulte ? »
Cette première question de départ conduit à des questions plus ciblées et orientées vers les éléments relatifs à la trajectoire de vie et à l’impact de l’expérience du placement sur l’accès à l’autonomie.
- Du point de vue individuel, quel est le sens donné l’expérience de placement et comment a été organisée la sortie de l’institution ?
- Comment s’est déroulée la construction de leur autonomie à la sortie de l’institution et quelles étaient les ressources qui ont été mobilisées ?
- Quelles étaient les principales difficultés rencontrées lors de la transition à l’âge adulte ?
- Dans quelle mesure l’expérience du placement a-t-elle joué un rôle positif et/ou négatif dans leur parcours de vie ?
Hypothèses
Pour répondre provisoirement à la problématique, les hypothèses sont avancées :
- Une meilleure connaissance des droits des enfants placés en institution, leur mise en œuvre et une prise en charge adéquate des problèmes qu’avaient ces derniers avant leur entrée dans le dispositif de protection de l’enfance permet d’amoindrir leur vulnérabilité à la sortie du placement.
- La stabilité des placements institutionnels, leur durée et une participation des enfants aux questions qui les concerne en institution impactent grandement le devenir à l’âge adultes des jeunes et leur accès à l’autonomie.
Résumé de la méthodologie
La première partie du cadre théorique de notre recherche sera consacrée à l’adolescence et aux difficultés inhérentes à la période. Après un essai de définition de l’adolescence, nous parlerons du processus de l’adolescence, de la psychopathologie de l’adolescent et du profil des adolescents accueillis en institution socio-éducative. Nous parlerons également de l’histoire des institutions éducatives suisses, des prises en charge institutionnelles, et des droits des enfants qui y sont accueillis. Cette dernière sera abordée à travers les textes normatifs nationaux et internationaux (code civil, l’ordonnance réglant le placement, la convention relative aux droits de l’enfant, l’observation générale n°4 (2003) sur la santé et le développement de l’adolescent dans le contexte de la CDE, les différentes recommandations etc…).
Pour notre recherche, nous aimerions donner la parole à des jeunes adultes âgés de 20 à 25 ans et ayant été placés durant leur adolescence dans une institution éducative dans le cadre d’une mesure de protection de l’enfant au sens des articles 307 à 312 du code civil suisse. Les placements pénaux ne seront pas pris en compte. Nous limiterons notre recherche aux institutions du canton de Berne, de Neuchâtel et du Jura.
Nous envisageons de nous entretenir si possible avec un échantillon de dix jeunes adultes dans une approche qualitative. L’entretien sera semi-directif et doit-nous permettre de recueillir les éléments du discours en liens avec l’expérience du placement, la construction de l’autonomie et le devenir à l’âge adulte.
Limite
Cette étude, bien que nécessaire dans sa globalité se limite à ce qui a été constaté durant les enquêtes auprès des cibles. Le fait qu’en Suisse, bon nombre de jeunes adultes ayant été placé ne peuvent trouver de repères dans la société permet d’avancer que d’autres études plus approfondies sont impératives. Celle-ci ne présentant qu’un éventail de situations.
Plan
Dans le cadre de cette recherche, nous allons développer une première partie consacrée au cadre théorique où les questions de transition à l’âge adulte, de placement et d’autonomie seront plus détaillées. Une deuxième partie sera consacrée à la méthodologie, avec la présentation des récits de vie des jeunes adultes enquêtés ainsi qu’une analyse. Enfin, une approche prospective en la matière sera abordée pour une discussion large et des recommandations concernant le thème où les acquisitions professionnelles et personnelles seront ajoutées.
PARTIE THEORIQUE
La personne qui transite entre ses 18ans et l’âge adulte a besoin de se retrouver, d’avoir des repères et aussi du soutien, afin de devenir autonome comme tout autre individu de son âge. Cependant, l’autonomie n’est pas acquise naturellement. Les enfants normaux (par opposition à ceux mis en institution) se retrouvent en difficultés, et leurs proches sont encore bien présents pendant un certain temps. Pour le cas des adolescents placés, cette transition vers l’âge adulte reste souvent compromise par des problèmes tenant de sa situation, de son équilibre tant émotionnel que psychologique. Le placement serait à l’origine de plusieurs troubles et contraindrait même à l’autonomie. C’est dans cette idée qu’un cadrage théorique est nécessaire.
I. Cadrage théorique
Afin d’arriver à une base théorique, nous allons voir la transition à l’âge adulte, le placement et l’autonomie.
La transition est l’âge adulte est le passage de l’adolescence à l’âge adulte. L’âge n’étant pas comprise dans une fourchette commune, il est difficile de trouver une définition exacte. Il est retenu pourtant que la jeunesse est successive à l’adolescence et se termine avec l’arrivée de l’âge adulte. Des auteurs tels que Claire BIDART parlent de la notion d’ « individualisation des parcours » pour expliquer cette difficulté de définition. En effet, tout individu présentant des différences sont amenés logiquement à vivre différemment, donc à avoir une trajectoire de vie différente. La sociologie a permis de mettre en avant les facteurs socioculturels comme importants dans la transition à l’âge adulte, voire déterminants. Nous reconnaissons les rites de passage dans certaines cultures à un certain âge, ou le fait de se marier pour d’autres.
Mais pour cette étude, la transition à l’âge adulte se résumera au passage de l’adolescent à l’âge adulte, de 18 à 25 ans dans le but de devenir autonome.
Le terme jeunesse est défini par le dictionnaire Larousse comme une « période humaine comprise entre l’enfance et l’âge mûr ». On y retrouve aussi l’existence d’un « ensemble de traits physique et moraux propres aux personnes jeunes, mais dont certaines peuvent subsister chez celles qui ne le sont plus », c’est-à-dire les adultes et les personnes âgées. La jeunesse se trouve alors être souvent placée avec l’adolescence. Mais l’adolescence est généralement comprise entre 13 à17 ans. Ce qui entame la controverse, c’est l’âge mûr qui ne peut être « 18ans ». A quel âge devient-on mûr alors puisqu’à 18ans, la qualification d’adulte reste incorrecte?
Jeffrey Arnett place la jeunesse entre 18 et 25 ans environ. Plus exactement, il recourt à l’expression « âge adulte émergeant » pour désigner cette tranche d’âge, qui selon lui, « se distingue à la fois de l’adolescence et de l’âge adulte par cinq caractéristiques spécifiques : l’exploration identitaire, l’instabilité, l’entre-deux, les possibilités et l’égocentrisme »[3]. Cette théorie soutien l’insuffisance de contrôle social, des institutions, voire son inexistence totale. Ce qui suppose une conception autre en comparaison avec les autres transcendants de la vie.
Selon Cecille Van den Velte, la jeunesse est « conçue comme un état transitoire antérieur au franchissement des trois seuils définissant l’entrée dans l’âge adulte – emploi stable, résidence indépendante, mise en couple »[4]. Ce qui appelle à réflexion sur la vie de chaque homme, sur sa situation familiale, financière principalement, où une séparation nette par des stades de vie est remarquée.
Ayant organisée des études sur quatre pays, la France, l’Angleterre, le Danemark et l’Espagne, Cecille Van den Velte conclue que les jeunes sont différents suivant leurs cultures, et que la perception de la jeunesse tient particulièrement de l’intervention extérieure de l’Etat, de l’école et de la famille. Nous nous sommes permis de reprendre le résultat de cette étude.
« Se trouver correspond à une manière de vivre sa jeunesse comme un temps long d’exploration et d’expérimentation dans une logique de développement personnel. Prise d’indépendance précoce, itinéraires sinueux et discontinus vécus sans urgence, construction progressive de soi et définition d’une identité sociale. Voilà pour les Danois.
S’assumer est la manière britannique de devenir adulte. Cette seconde forme d’expérience de la jeunesse s’inscrit dans une logique d’émancipation individuelle, avec des trajectoires courtes orientées quasi exclusivement vers la recherche d’emploi. Dans ce parcours, le jeune homme et la jeune femme doivent faire les preuves de leurs capacités individuelles d’indépendance et d’autofinancement et à rompre eux-mêmes les liens qui les relient à la famille et à l’Etat.
Se placer est la variante française du modèle. L’investissement dans le capital humain sous les espèces de la scolarisation et de la course au diplôme est le facteur principal. Il s’accompagne d’une dépendance prolongée de la famille. Le sentiment d’urgence est très prégnant : il faut s’intégrer à tout prix et le plus vite possible, une fois pour toutes et pour toute la vie.
S’installer s’inscrit au contraire dans une logique d’appartenance familiale. Partir de chez ses parents constitue la dernière étape d’un processus en trois actes : emploi stable, mariage, achat d’un logement. Ce modèle caractérise les jeunes espagnols. »[5]
La conclusion en est que Le processus de passage à l’âge adulte diffère d’un pays à un autre, d’un contexte à un autre. Le développement personnel est le point qui définie la jeunesse chez les danois, si l’émancipation individuelle concerne les anglais. En France, l’intégration sociale est le point qui permet de déterminer la jeunesse. L’installation matrimoniale est celle de l’Espagne.
Sur ce constat, nous repartons revoir le cas des jeunes de la Suisse. Qu’est ce qui permet de déterminer la jeunesse dans ce pays ?
Olivier Galland reste dans la conception de l’existence d’étapes et de rythmes dans le processus de la jeunesse.[6]
« La jeunesse a été définie comme un groupe social, comme une période de la vie, comme une transition entre l’enfance et l’âge adulte… Elle peut aussi être appréhendée avec un regard plus diachronique, en mettant l’accent sur la dynamique des parcours de vie. »[7] Pour Becquet et Bidart alors, la jeunesse reprend le concept de parcours de vie, c’est-à-dire d’un point de départ à un point d’arrivée.
En réalité, la jeunesse ne peut que prétendre à personnalisation, c’est-à-dire à être l’âge d’or de la vie, où l’homme est en pleine possession de ses capacités tant physiques qu’intellectuelles, et où la vie commence à se stabiliser, où la personnalité propre commence à s’asseoir.
Mais celle-ci est souvent entrelacée d’embûches, étant donné les expériences nouvelles et attirantes qui se veulent d’être acquises. C’est pour cela que la jeunesse a sa culture propre et qu’elle est ouverte aux dangers.
Le terme « jeunesse » est souvent entaché des problèmes qui l’accompagnent. On retrouve dans la jeunesse une envie d’émancipation par rapport au contrôle familial et social. Les institutions éducatives primaires, la famille et les établissements scolaires perdent de leurs valeurs au profit de ce qui est passager, remarquable et surtout distinctif. Distinction pour pouvoir retenir sa personnalité, ou de démarquer de la masse. Dans ce sens, il n’y a rien de grave quand on est « jeune ». Cependant, c’est cette démarcation, qualifiée d’individualisation qui pousse l’adolescent à faire des bêtises, à se chercher de nouveaux liens d’amitié, une nouvelle personnalité ou simplement à trouver ses repères personnels. Dans la sociologie de la jeunesse, l’individualisation est pointée comme l’essence des actions, des pensées du jeune.
La culture de la jeunesse est une notion partagée par nombre de chercheurs et d’auteurs.
A la sociologie de définir la jeunesse comme le fruit des influences extérieurs, de la société, mais aussi comme ressource et menace à la fois.
1-2-1 Les cultures liées à la jeunesse
Becquet et Bidart mettent l’accent sur le parcours de vie de la jeunesse comme étant sa définition même. Ces auteurs retiennent que : « La jeunesse est en effet un segment du parcours de vie particulièrement riche en transitions d’un statut vers un autre, en renouvellement des articulations entre le biographique et le social, en intrication des diverses sphères de la vie, en transformations personnelles, en encadrements sociaux également. »[8] Entre ses renouvellements et ses interactions naissent les expériences qui font de la jeunesse un point à part dans la vie
1-2-2 Les dangers de la jeunesse
« Deviens « autonome », « inséré » et « citoyen » (…)ces notions ne sont pas neutres. Elles portent en elles-mêmes des conceptions de la jeunesse, des normes et des attentes sociales, que les dispositifs et les objectifs qui leur sont associés traduisent. Elles dessinent en creux le statut de l’« adulte » en France, les conditions de son obtention et, par conséquent, la définition sociale des « maux » de la jeunesse. »[9] Bien que cette phrase parle du cas de la France, nous pouvons la transposer sans problème au cas de la Suisse, étant donné les similitudes. En réalité, la jeunesse, même si elle différente selon les situations et les contextes socioculturels et éducatifs, trace des mêmes lignes. Elle est toujours face à des dangers de l’expérience. C’est-à-dire aux dangers que la nécessité d’accumulation d’expérience va entraîner. Cela peut se traduire par des dangers psychologiques graves tels les problèmes de couples, de drogues. Des problèmes relationnels pour la majorité, qui font changer le comportement de l’enfant de façon à devenir un risque pour lui-même et pour autrui. Mais pour les enfants placés, ils sont surtout la conséquence de problèmes plus radicaux, au sein du cercle familial, qui témoignent de la nécessité de protection.
Nous verrons alors le placement et l’autonomie.
Le placement a comme objectif généralement une éducation spécialisée des enfants nécessitant une prise en charge particulière du fait d’actes commis par autrui ou par lui-même qui menace sa sécurité physique, psychique ou la sécurité de son entourage et de la société. Ce qui compromet l’autonomie à l’arrivée à l’âge adulte.
2-1 Le placement en institutions
Les institutions apparaissent comme des moyens de réintégration sociale. Cependant, force est de constater que bon nombre d’enfants placés n’ont pas accès à une vie sociale normale après le placement en Suisse.
Le travail éducatif n’est pas facile, surtout en institution. Il est complexe, mais il apparaît comme étant riche en même temps, et où des interactions ont lieu entre plusieurs niveaux et ce, dans la vie quotidienne et dans les apprentissages ayant de sens, de valeurs et permettant la réflexion tant au niveau individuel que collectif. [10]
Les causes du placement sont diverses. On peut citer par exemple des difficultés au niveau de la famille comme étant la principale. Difficulté tant dans le domaine financier que matériel ou même psychologique ou comportemental ou scolaire. Cela se traduit par cette phrase de Julie Marcotte : «Pour les jeunes à risque, les défis associés à la vie adulte émergente sont décuplés ».[11] Elle ajoute que : « Ceux qui ont présenté des problèmes personnels, familiaux et sociaux ayant entravé leur cheminement et leur réussite scolaire sont particulièrement vulnérables lors de la transition. Plusieurs d’entre eux proviennent de familles incapables de leur donner du soutien ou qui ne veulent tout simplement plus les soutenir. Ils atteignent aussi un âge où les services sociaux et scolaires offerts aux jeunes en difficulté à l’adolescence prennent brusquement fin ».[12]
L’autonomie, c’est le fait d’être autonome, c’est-à-dire de pouvoir s’assurer soi-même sans une aide extérieure. Le dictionnaire Larousse parle de « situation de quelqu’un à être autonome, à ne pas être dépendant d’autrui ».
L’autonomie peut concerner plusieurs domaines et donc revêtir différentes significations. Dans cette étude, nous parlons d’autonomie de jeunes en transition vers l’âge adulte.
- Les jeunes adultes ayant vécu un placement
Les jeunes adultes ayant vécu un placement sont ceux qui ne viennent tout juste de
« Les parcours juvéniles sont marqués par des régimes de transition définis par les sociétés dans lesquelles ils vivent, qui balisent les trajectoires et orientent les choix des jeunes ».[13] Ce qui détermine la nécessité d’une bonne et suffisante éducation pour que le choix ne soit pas regretté plus tard.
Selon Julie Marcotte, la transition à l’âge adulte est propice au développement de troubles mentaux. Ce qui fait que l’adolescence n’a pas été porteuse de connaissances, ni même l’enfance devant permettre une meilleure prise en charge individuelle. C’est en cela que l’impératif d’une aide psychologique pour les enfants présentant des difficultés de développement dans sa famille, ou à l’école, donc qui ne bénéficient pas normalement de stabilité émotionnelle ni psychologique. Elle affirme : « À l’instar du passage de l’enfance à l’adolescence, des études récentes ont montré que la transition à la vie adulte est une période au cours de laquelle les problèmes de santé mentale peuvent augmenter chez les jeunes ayant connu des difficultés de développement. »[14]
- La prise en charge éducative
Une institution éducative ou foyer, est un organisme relevant du public ou du privé qui participe à l’éducation ou à la formation de ses bénéficiaires dans le développement de connaissances cognitives, physiques ou intellectuelle ou morale afin de les octroyer le nécessaire pour devenir autonome, et ayant une personnalité sociale. Le but général est la socialisation, l’intégration ou la réintégration dans la société.
Dans notre cas, nous nous intéresserons aux institutions éducatives des jeunes et non celles à caractère social, médical ou autre.
1- L’historique des institutions éducatives suisses
La Suisse est l’un des modèles dans l’éducation spécialisée. Cela passe par une évolution tout au cours de l’histoire. On cite l’éducation correctionnelle, passant de celle des pauvres au fameux système de Genève, puis au système éducationnel de la famille, pour arriver à la pédagogie par l’amour.
2- La prise en charge des adolescents placés
« Le travail avec la famille est une partie fondamentale de notre prise en charge. Dans une vision psychoéducative, il est primordial de décrypter les symptômes dans une recherche du sens des comportements en apparence irrationnels, en lien avec le fonctionnement familial, dans un positionnement de non-jugement. »[15]
Cette phrase permet de cerner la prise en charge éducative en institutions. En effet, il est question de psychoéducation, d’éducation comportementale.
Cela fait référence à la nécessité de soutien psychologique, d’aide psychologique donc. L’on reconnait que les enfants placés sont fragile de ce coté car il ne leur était pas accessible de vivre dans un environnement sain favorable à leur développement et épanouissement. Il est également fait état d’éducation, c’est-à-dire de donner tout ce qui est nécessaire dans la construction identitaire, d’enseignement, de formation. Du coté comportemental, les enfants placés sont sujets au stress et à la pression dus aux difficultés dans sa famille.
3- Les droits des enfants placés
La nécessité du placement se justifie par le besoin et l’impératif de respecter les droits de l’enfant. Les enfants ont droit à un environnement sain favorable à son développement. Telle est la base de toutes les interventions au niveau éducatif des organismes sociaux présents et naissants dans le territoire suisse et même dans l’ensemble du territoire suisse.
On cite les droits fondamentaux :
- Droit à une famille,
- Droit à une nourriture saine et équilibrée,
- Droit à un logement,
- Droit à une éducation suffisante,
- Droit à vivre dans un environnement sain et équilibré,
- Droit à la santé.
4- Les textes règlementaires
« À ces constats, on peut ajouter l’accroissement des inégalités territoriales de mise en œuvre : dans un contexte de forte délégation des politiques de jeunesse de l’État vers les collectivités territoriales, la mise en œuvre des actions, même obligatoires, est soumise à de très grandes hétérogénéités. »[16]
PARTIE METHODOLOGIQUE
I. Présentation de la méthodologie
Durant cette étude, la méthodologie suivante a été appliquée. D’abord, une documentation préalable a été faite. Ensuite, la phase préliminaire précède la phase d’enquête proprement dite, et enfin l’analyse.
1- Approche méthodologique
1-1 La documentation
Afin de s’assurer de la délimitation du sujet et pour cadrer la recherche, la collecte des données existantes a été la première phase de la méthodologie. Il s’agit de rassembler les études relatives au thème de placement en instituions et d »autonomie des jeunes. Aussi, des ouvrages généraux de sociologie, de droit pénal, de psychologie, d’éducation, des droits des enfants ont été consultés.
Une documentation portant spécifiquement sur le sujet a été faite. Les ouvrages concernant la transition à l’âge adulte, les enfants placés, et l’autonomie ont servis de bases théoriques. Il est à préciser que nous avons fait appel à la recherche sociologique récente en lien avec la transition, comme la sociologie de la jeunesse, la sociologie des enfants, la sociologie liées aux récits de vie.
De plus, des documents comme des revues, des articles de journaux ont apporté des mises à jour et d’autres points de vue nécessaires à l’analyse et dans le contexte du placement actuellement en Suisse. Une webographie a été réalisée dans ce sens.
En exemple, nous citerons les ouvrages suivants :
- Sociologie de la jeunesse d’Olivier Galland (4è édition) afin de donner un aperçu de la vision sociologique de la jeunesse et de ses aléas ;
- Les transitions à la vie adulte des jeunes en difficulté: Concepts, figures et pratiques de Martin Goyette, Annie Pontbriand et Celine Bellot pour déterminer le passage de l’adolescence à la vie adulte, ce qui touche particulièrement ce travail ;
- L’autonomie des jeunes: Questions politiques et sociologiques sur le mondes étudiants de Vincenzo Cicchelli – Devenir adulte: chances et difficultés; sous la direction de Marie Rose Moro pour montrer les difficultés rencontrés par les jeunes à la recherche d’autonomie, et mettre en avant les cotés politiques et sociologiques sui en découlent ;
- Enfants placés, déplacés, replacés: parcours en protection de l’enfance d’Emilie Potin puisque nos enquêtés ont été des enfants placés à un certain moment de leur vie, et que ce placement fait l’objet de cette étude également ;
- Apprendre l’autonomie, apprendre la socialisation de M. Agnès et de Hoffmans Gosset dans le but de connaitre les tenants et les aboutissants de l’autonomie ;
- Les jeunes d’Olivier Galland encore car nos enquêtés sont des jeunes.
1-2 Problématique
Ce travail est une recherche qualitative basée sur des récits de vie de jeunes adultes ayant été placés durant leur adolescence et leur transition à l’âge adulte à la sortie du placement. Cette question est celle qui a suscité à réflexion :
Comment se déroule leur accès à l’autonomie?
Ainsi, il est impératif de comprendre surtout le moment de la transition à l’âge adulte pour déboucher ensuite sur d’autres éléments. Pour ce faire, il faut mettre de côté la perspective institutionnelle pour s’intéresser aux récits biographiques des jeunes placés.
De même, nous précisons qu’il est légitime d’avoir le point de vue des jeunes. Un point de vue tout aussi important et intéressant que celui des professionnels des institutions socio-éducatives. Les deux points de vue étant nécessaires pour comprendre les enjeux liés à la protection de l’enfance. D’où cette recherche sur le point de vue des jeunes.
1-3 Objectif
Il s’agira de mesurer l’impact du placement sur les enfants en donnant la parole aux anciens placés afin de recueillir leur point de vue.
Etant des enquêtes auprès de jeunes adultes ayant bénéficié d’une mesure de placement, leurs avis seront recueillis, leurs expériences, leurs vécus également et servir de point de départ dans une recherche éventuelle sur le placement des enfants en institution.
La question suivante nous servira de problématique :
« Comment se passe la transition à l’âge adulte des enfants placés dans les institutions socio-éducatives suisses et comment ont-ils construit leur autonomie lors de la transition à l’âge adulte ? »
Celle-ci conduit à des questions plus spécifiques dans le but de détailler, comme nous l’avons vu plus haut, les éléments relatifs à la trajectoire de vie et à l’impact de l’expérience du placement sur l’accès à l’autonomie des jeunes anciennement placés en institutions éducatives durant leur adolescence.
Les questions adjacentes sont :
- Du point de vue individuel, quel est le sens donné l’expérience de placement et comment a été organisée la sortie de l’institution ?
- Comment s’est déroulée la construction de leur autonomie à la sortie de l’institution et quelles étaient les ressources qui ont été mobilisées ?
- Quelles étaient les principales difficultés rencontrées lors de la transition à l’âge adulte ?
- Dans quelle mesure l’expérience du placement a-t-elle joué un rôle positif et/ou négatif dans leur parcours de vie ?
1-4 Hypothèses
Les hypothèses suivantes sont avancées pour diriger cette étude :
- Une meilleure connaissance des droits des enfants placés en institution, leur mise en œuvre et une prise en charge adéquate des problèmes qu’avaient ces derniers avant leur entrée dans le dispositif de protection de l’enfance permet d’amoindrir leur vulnérabilité à la sortie du placement.
- La stabilité des placements institutionnels, leur durée et une participation des enfants aux questions qui les concerne en institution impactent grandement le devenir à l’âge adultes des jeunes et leur accès à l’autonomie.
1-5 Outils de recherche : récolte de données envisagées
Dans le cadre de cette recherche, nous avons donné la parole à des jeunes adultes entre 20 à 25 ans ayant été placés durant leur adolescence dans une institution éducative au sens du code civil suisse, en ses articles 307 à 312 en vue d’une mesure de protection. A rappeler que les placements pénaux ne feront pas partis de ce travail.
Les institutions qui ont servi de terrain d’étude sont celles du canton de Berne, de Neuchâtel et du Jura.
Nous envisageons de nous entretenir si possible avec un échantillon de dix jeunes adultes dans une approche qualitative. L’entretien sera semi-directif et doit-nous permettre de recueillir les éléments du discours en liens avec l’expérience du placement, la construction de l’autonomie et le devenir à l’âge adulte.
Dans ce cas, la démarche à suivre sera inductivo-hypothético-déductive du fait de l’existence des enquêtes de bases auprès des cibles, qui nous amènera à généraliser et à apprécier les impacts positifs et négatifs du placement dans l’autonomie des jeunes adultes et en ressortir une analyse théorique nouvelle.
La grille d’entretien (Cf. Annexes) est l’outil principal dans la phase d’enquête proprement dite. Elle contient des questions qualitatives qui ont servis durant les enquêtes semi-directives.
Les cibles sont présentées dans le tableau ci-dessous :
Institutions | Canton du Berne | Neuchâtel | Jura | TOTAL |
Nombre | 10 |
Les questions d’ordre générales à des fins de présentation et pour connaitre l’enquêté ont évidemment précédé les questions spécifiques en relation directe avec le sujet pour préparer le terrain (l’enquête) et enlever les malentendus ou les idées préconçues, et faire naître une relation de confiance pour éviter qu’il n’y ait des mensonges ou des oublis. A préciser cependant que compte tenu de certains points sensibles, les enquêtés ont éprouvés pas mal de réticences quant à des faits durant le placement qui les ont personnellement marqués.
Pour la première partie de l’enquête, la fin du placement, le rappel des souvenirs et des faits ont été l’objectif général. Pour ce faire, nous avons posé des questions traitant du jour de départ du foyer, de l’avant et pendant le placement, et de l’après placement.
Concernant le jour du départ, le but était de savoir ce qui s’est passé du coté de l’interviewé pendant le jour de départ, et ce qui est arrivé par la suite (insertion sociale, difficulté d’adaptation, changement d’environnement, changement de comportement par rapport à ce qui a précédé le placement, …). S’agissant de l’avant et pendant le placement, il fallait connaitre les motifs du placement : question de conscientisation de l’enquêté sur ce qu’il a fait pour les comparer à sa vie après le placement, dans la société. De plus, nous devons positionner l’enquêté dans le contexte de « l’autonomie des jeunes adultes », c’est-à-dire voir ce qu’il a fait, ce qui a entouré sa quête d’autonomie. Et l’après placement, il était question de connaitre s’il y a eu des traumatismes, ou des chocs émotionnels (surtout après le placement), ce qui était un essai d’évaluation du placement et de l’éducation qu’on donne dans les institutions, sur les points à améliorer et les points forts, donc il s’agit d’une analyse et d’une critique du placement et de ses effets.
Pour la deuxième partie, nous allons nous focaliser sur la fin du placement, de son analyse et ses perceptions actuelles auprès de nos cibles. Les questions sont basées sur le déroulement du placement et son impact sur la vie actuelle de notre enquêté en tant que jeune adulte. L’objectif est de déterminer les impacts du placement, de ses effets.
Ensuite, la relation avec l’institution ou l’ancien foyer d’accueil sera mis en valeur par des questions libres dans le but d’étayer les avantages du placement du coté relationnel et affectif, si le jeune a gardé des relations avec les éducateurs ou directeurs, ou les anciens adolescents placés.
Pour aboutir à la fin à la transition à l’âge adulte afin de préciser les résultats du placement pour l’individu enquêté, don pour son cas particulier et de l’autonomie.
1-6 Phase d’analyse
Dans la phase d’analyse, nous allons traiter de manière scientifique les enquêtes, c’est-à-dire les entretiens avec les jeunes. Les questions d’autonomie développées précédemment en corrélation avec le placement seront analysées et interprétées de façon à dégager les réalités de vie des jeunes adultes, ceux de 18 à25 ans qui transitent entre une adolescence en placement et une vie d’adulte autonome.
L’identification de problèmes similaires entre les cas (les jeunes interviewés) dans leurs trajectoires de vie, dans leur placement, dans leur parcours depuis la sortie est envisagée pour replacer le contexte d’impact du placement sur l’autonomie.
Ce qui va aboutir à la validation des hypothèses de recherche.
Nous allons ainsi présenter les cas un par un, et en faire une analyse après.
2- Le récit de vie des jeunes adultes
Dans cette partie, le récit de vie des jeunes enquêtés sera présenté un à un. Chaque cas est différent, mais des similitudes apparaissent. Ce qui fait que nous verrons les enquêtés selon les thèmes de recherche allant du jour du départ jusqu’à la vie actuelle et les souvenirs qu’ils gardent de cette période de placement.
2-1 Le jour du départ
Ici, nous allons parler des souvenirs inhérents et marquants du jour du départ. La question suivante a été la première posée :
Ouais, je me souviens parfaitement de ce jour. (Rires)
Oui, bien sûr que je me souviens très bien de ce jour !
Pour apporter des précisions et voir si l’enquêté a bien ses souvenirs en place, nous avons posé la question du temps du jour de départ. Voici les réponses :
« Il y avait du soleil, c’était en juin, début juin. »
« Il beau comme aujourd’hui avec un peu de soleil, c’est la Suisse quoi. C’était en été, en juillet. »
Pour la question de présence pour le départ du foyer, voici des réponses :
« Vu que c’était un samedi matin, il n’y a avait pas beaucoup de monde, quelques éducateurs, deux ou trois qui étaient là pour la permanence, et certains jeunes qui partaient en fait en weekend. »
« Il y a avait mon éducatrice de référence et deux autres éducateurs du foyer. »
Les jeunes à la sortie n’ont pas trop d’affaires à emporter.
« Non, c’était plutôt beaucoup de déchets à jeter, sinon mes affaires personnelles il n’y en avait pas beaucoup.
« Pas tellement, j’avais jeté certaines affaires mais j’avais quand même deux trois trucs importants à prendre avec. Une partie de mes affaires étaient chez mon tuteur.
Pour les souvenirs du déménagement, nous avons :
« Le jour là, un ami était venu me chercher, nous étions allé en ville parce que je devais faire des achats, après il m’a ramené à la maison.
« Bien sûr, j’avais signé le bail avant avec l’aide de mon père, je me suis bien préparé en fait
Juste après le foyer, les enquêtés reviennent auprès de leurs familles, ou bien se trouve déjà en autonomie.
« C’est chez mes parents que je suis retourné, du moins au début, à ma sortie du foyer.
« Je suis allé directement dans mon appartement à Saint-Imier.
La question de fête ou de quelconque festivité pour le départ du foyer ou l’arrivée chez les parents a révélé que les enquêtés n’ont jamais fait l’objet de gratitude et de reconnaissance particulière.
« Non, rien. Il faut dire que je n’étai en bon terme avec les éducateurs vers la fin de mon placement car je trouvais qu’ils en faisaient trop. J’avais surtout l’impression qu’ils ne nous faisaient pas confiance, qu’on pouvait se débrouiller sans eux. D’ailleurs, il n’y a jamais de cadeau de départ ou de fête à ma connaissance, surtout par égard aux autres.
« Non, ils ont rien fait du tout, pas même une fête. D’ailleurs je ne pense pas que j’aurais aimé faire une fête avec les éducateurs pour célébrer mon départ. Pour moi c’était l’impatience, je voulais juste quitter le plus vite ce foyer.
Pour le départ, la joie, et le soulagement de partir enfin après de moins ou des années dans les foyers ont été rapportés.
« J’étais enfin soulagé de quitter le foyer, surtout que j’étais déjà en apprentissage, ça me saoulait de rester encore au foyer à cause de la lenteur des services sociaux. Donc, comme je savais que j’allais sortir, je n’étais pas tellement content; quand même j’étais content en pensant aux autres et à ma nouvelle situation, surtout à la liberté qui va avec. »
« J’étais bien, j’étais content et je me sentais libéré. »
2-2 Avant le placement et pendant le placement :
Nous verrons donc les points qui ont marqué pendant et avant le placement.
La durée du placement :
« Il a duré plus de six ans, je dirai que j’étais placé depuis l’âge de 12 ans à peu près. Mais c’était plusieurs placements, j’ai fais trois différents foyers en tout. «
« J’ai fais deux foyers dans ma vie, en tout cela a duré presque 6 ans et demi. Le premier placement a duré 4 ans et le second presque deux ans et demi. »
La question de projet scolaire et professionnel s’en suit :
- Dans quel projet scolaire/professionnel étiez-vous avant le placement ? Et pendant le placement ?
Réponse 1 : « J’avais des projets vagues au début, je voudrais surtout terminer ma scolarité obligatoire comme tous les autres. Donc durant mon placement je continuais l’école même si cela m’ennuyais le plus souvent. Surtout je voulais vite travailler, donc brûler les étapes. Disons qu’à cette époque je vivais l’instant plutôt que de penser à mon avenir. »
Réponse 2 : « J’étais à l’école avant d’être placé et j’ai continué l’école durant les placements. Après j’étais en apprentissage. Ça c’est quand j’ai quitté définitivement le foyer. »
Les raisons du placement restent toujours et encore flous, ainsi que la durée. Voici els explications :
Réponse : « J’avais des problèmes dans ma famille, et comme d’habitude c’est l’enfant qu’on fait sortir de la famille soit disant qu’on va le protéger parce qu’entre temps on a découvert que j’avais des problèmes de comportement, que ça n’allait pas avec les profs. Dans mon cas, le but était que je continue ma scolarité au foyer mais après les choses se sont enchaînées. Il y a avait d’autres jeunes qui étaient là, j’ai fais alliance avec eux, des mauvaises fréquentations on va dire, des conneries se sont ajoutées. Après c’est devenu plus difficiles pour tout le monde. Je ne vais pas accuser les autres mais si l’on est placé pour des problèmes scolaires et de comportement, il faut quand même aider les jeunes à s’en sortir au lieu de les considérer comme des délinquants et de les envoyer dans des foyers plus fermés avec des règles plus strictes. C’est ce qui est arrivé dans mon cas et je trouve que ce n’est pas une protection de l’enfant.
Quand le placement devient plus long et difficile, à un moment tu ne vois plus la raison. Les autres pensent que tu as juste des problèmes qu’il faut régler mais toi tu ne vois pas les choses de cette manière. Et puis ben, à un moment tu ne crois plus que tu vas sortir en fait. Du coup tu dis peut importe ce que je fais. Au départ tu fais des choses bien en disant que ça va permettre de sortir. Mais en fait, t’as beau faire tout ce que tu sais faire, ça change rien en fait, il n’y a pas de conséquences sur ta date de sortie. Au final tu te dis que si tu fais du bien ou du mal ça n’a aucune influence sur le placement. »
Les relations existantes en institutions sont traduisent comme étant fortes, comme celles entre des membres d’une même famille.
« En général moi j’étais renfermé, ça je le sais…Mais j’avais deux trois personnes avec qui je me suis lier, ils étaient comme ma famille. C’était des relations d’amitié avec d’autres jeunes qui vivaient la même situation que moi. En fais je privilégiais la relation avec les autres jeunes. »
Avec les autres jeunes, forcément, ce sont des relations amicales, mais il est toujours question d’adaptation sociale, donc il y a des conflits, des petits problèmes.
« Avec les autres jeunes du foyer c’était amical. En fait dans un foyer tu cherche aussi à te faire connaître un peu alors tu essaies des choses qui attirent plus les autres. A un moment tu as l’impression que tu veux leur montrer qui t’es alors que ce n’est pas forcément celui que tu es, tu joues en fait quoi, puisque tu essaies en fait de t’adapter. »
« En partie bien. Parfois il y avait des conflits, mais c’est normal puisqu’il y avait beaucoup de jeunes dans le foyer, on s’entend pas forcément avec tout le monde et pas tout le temps. Mais de manière générale ça va avec les autres jeunes. »
Avec les éducateurs, il n’existe que des relations entre éducateurs-pensionnaires. Il n’y a pas de lien particuliers, juste amical tout au plus.
« Avec les éducateurs j’ai toujours été un peu distant. Pour c’était des personnes que je voyais et qui faisaient leur travail, il n’y avait pas de liens entre nous. Par contre je voyais d’autres jeunes qui essayaient de créer des liens avec les éducateurs. »
« Elles étaient correctes. Ça dépend des éducateurs aussi, avec certains ça bien très, avec d’autre bof… »
« Bon, dans l’ensemble ça va. J’ai eu plusieurs éducateurs de référence durant mes placements mais je n’ai jamais eu de conflit avec aucun d’eux. Pas de relation particulière avec aucun non plus… »
La direction ne joue pas le rôle de parents mais juste de correcteurs dans certains foyers. Il n’existe donc pas de lien non plus de ce coté-ci.
« Dans le premier foyer, la directeur était accessible, tu pouvais le croiser dans les couloirs, vous pouvez rigoler, si t’avais des questions et autres demandes tu pouvais aller le voir au bureau et tout. Tandis que dans le second foyer, c’était vraiment différent, surtout parce que dans ce foyer il y avait aussi d’autres jeunes qui étaient placés pénalement. Et là la direction avec la direction c’était différent. Avec la direction t’as jamais de contact, ils cherchent plutôt à te taper dessus lorsque tu fais une bêtise, ils ne sont pas dans le lien, voilà et nous aussi, dans ce cas c’est la distance quoi. Le directeur peut nous croiser ou passer quelques nous voir lors des activités ou autres réunion, mais c’est son job. Il n’essaie pas de savoir qui tu es, il fait son travail et c’est tout. »
Avec l’assistance sociale, ce n’était pas non plus une relation particulière. D’autres soulignent même que c’était des relations froides, amères. Il n’est pas question de prise en charge à proprement parlé, comme il devrait l’être.
« Au début c’était inexistant en fait. Pour elle, quand elle n’avait pas d’appels du foyer l’informant que les choses n’allaient pas, il n’y avait rien à faire. Mais après quand j’ai commencé par déconner, elle m’invitait au bureau pour discuter, trouver des solutions ou des choses comme ça. En fait t’as l’impression qu’ils sont là seulement quand les choses ne vont pas. Je ne l’ai jamais vu au foyer soit disant qu’elle venait prendre de mes nouvelles ou discuter avec moi au sujet de ma situation, comment je vivais le placement et autres. »
« Nos rapports étaient froids, je ne la supportais pas, je ne l’aimais pas tout simplement. »
La froideur de ces relations se manifeste par divers refus de considération.
« Je dirais tout simplement non. Non, ma parole n’était pas entendue ni prise en compte. Bien sûr qu’on m’écoutait. Mais je crois cela s’arrêtait là. Ou alors là où on prenait en compte ma parole c’était vraiment au bas de l’échelle, c’est-à-dire pour des choses vraiment minimes. Pour les décisions importantes, c’était autres choses en fait, rien n’était pris en compte dans mon cas. »
« Oui ils t’écoutent mais après ils ont leurs règles et tout. C’est ça qui privilégie, c’est les règles du foyer et tout ça.
Je sais que mon assistant social par exemple faisait son possible pour que mes demandes vis-à-vis du foyer soient acceptées parfois mais voilà, ça ne marche pas toujours. »
La question suivant a été posée :
- Vous souvenez-vous dans quels domaines l’équipe éducative vous a accompagné durant votre placement (Axes de travail: Autonomie, retour en famille, scolarité, gestion administrative…)
Réponse 1 : « Franchement je ne vois pas de domaine pour lequel je peux dire que les éducateurs m’ont vraiment accompagné. C’est l’impression que j’ai, ce n’est pas contre les éducateurs ou l’équipe éducative, je pense qu’il a le règlement, soit tu vas dans le sens du règlement et on te laisse tranquille. Soit tu vas contre et puis là on te tape dessus. A un moment, tu vois un peu le règlement et tu commences à faire les choses comme ils veulent, en fait ils t’apportent pas grandes choses, ils font leur boulot et toi tu dois juste respecter le cadre. Tu fais en fait ce qu’ils attendent de toi, pour leur plaire et surtout pour ne pas avoir de problèmes, c’est tout. Pour moi ce n’est pas apprendre l’autonomie ou des choses comme ça, pour moi c’est juste respecter le règlement. Tu fais juste parce que c’est le règlement.
Par exemple si les ateliers commencent à 7h30 et tu t’arrives à 7h35 parce que t’es pas vite réveiller pour te préparer ou pour une autre raison, cela te fais une journée de ton weekend en chambre. En hiver ça va, mais en été tu rigole moins. Pour moi ce n’est pas comme ça qu’on accompagne les gens vers leur autonomie. C’est comme dans les prisons en fait. Tu ne fais pas bien et c’est le cachot. L’impression que j’ai c’est que tu fais les choses parce que tu sais que si tu ne le fais pas c’est la sanction. T’as l’impression en fait d’être obligé, au final tu d’adapte et puis c’est tout.
Actuellement je me débrouille très bien pour me réveiller tôt, prendre le train et être à l’heure au cours, c’est ça mon but. Le train ne m’attend pas, si je suis en retard je cours. Je ne le fais pas parce que j’aurais une sanction sinon. Je le fais parce que c’est important pour moi car je vois le sens de ce que je fais. Ce qui n’était pas le cas quand j’étais au foyer.
Alors, je ne pense pas que l’accompagnement des éducateurs au foyer peut être vu comme quelque chose qui m’a apporté un plus au niveau de l’autonomie. »
Réponse 2 : « Je peux dire qu’au niveau de la scolarité et des études ils m’ont poussé. Je crois parce qu’ils ont vu que j’avais plus de potentialité que les autres. Moi j’étais déjà très autonome, ça m’a aidé à m’en sortir plus rapidement en fait. »
Le point sur l’autonomie avec les enquêtés ont fait état d’autonomie financière à priori, et de sortie du foyer.
« Pour moi comme je le disais c’est faire soi-même des choses qui ont du sens pour nous sans s’y être forcées. C’est aussi se débrouiller sans l’aide des autres, comme l’accompagnement des éducateurs et des assistants sociaux. Je pense qu’on peut être autonome sans passer par un foyer, le placement aide ceux qui ont vraiment de grands problèmes ou qui sont un peu limités mais pas plus. Beaucoup de jeunes avec qui j’étais au foyer se débrouillaient seuls. Bien sûr que les foyers peuvent aider un peu pour trouver les places d’apprentissage ou des stages, mais c’est le jeune qui fait l’essentiel du travail. On te dit et tu le fais, si ça marche, voilà, sinon personne ne fait à ta place. »
« C’est avoir par exemple la capacité de se débrouiller tout seul dans plusieurs domaines, je crois. »
Quant aux difficultés de trouver des logements, voici les avis :
« A ma sortie du foyer je suis allé vivre avec aujourd’hui. Ils connaissent mon parcours, ils ont cru en moi et voilà, comme j’avais des graves problèmes avec mes parents après le foyer, ils m’ont offert une mes parents mais cela n’a pas marché, nous avions eu des conflits et actuellement je vis avec chez les parents d’un ami qui me traitent comme leur propre enfant. Ceux sont les parents de cet ami qui m’accompagnent chambre chez eux. Ils m’hébergent jusqu’à la fin de mon apprentissage (en dernière année d’apprentissage comme électronicien dans une école professionnelle technique), après je cherche un appartement.
Avec mon salaire d’apprenti c’est impossible de trouver un logement, même dans ce village, alors je me débrouille et j’aide en contrepartie la famille qui m’héberge pour les travaux de jardinage, de nettoyage et autres choses encore. Et je peux vous dire que ça se passe très bien. »
« Pour chercher non, mais après je suis allé signer le bail à loyer et tout ça. J’ai mon père qui m’a aidé un peu. Sinon je n’ai pas rencontré de difficultés particulières dans la recherche de l’appartement. »
Pour la séparation avec le foyer, la préparation de la sortie, le départ, on trouve des insuffisances selon les enquêtés.
« Mon départ du foyer a été précipité, le but était que je parte après avoir trouvé ma place d’apprentissage puis que j’avais un petit salaire, si je restais au foyer je devais payer une partie des frais après mes 18 ans. »
« Nous avions discuté en brièvement concernant mon départ. Pas plus que ça. »
C’est pour cela que l’entretien de fin de placement n’était pas si conséquent pour les jeunes. Il se limite à des directives à suivre, donc à un point final.
« Oui, mais c’était quelque chose qui s’était déroulé de manière formelle avec la direction et deux éducateurs. Ils m’ont parlé de la chance que j’avais pour avoir trouvé une place d’apprentissage et des opportunités qui peuvent s’offrir à moi si je continuais sur la bonne voie. Bon on va dire que le directeur m’a parlé un peu et ils m’ont souhaité une bonne chance pour la suite. Il n’y pas eu un avant pour se préparer pour quoi que ce soit. »
« En dehors de la brève discussion avec mon éduc de référence, j’ai eu un autre entretien avec le directeur du foyer dans son bureau. Nous avons parlé de mes projets d’avenir et tout, de mes projets professionnels surtout. C’était l’entretien de fin de placement auquel a droit tous les jeunes qui quittent le foyer. »
Pendant le placement, les jeunes affirment tous l’inexistence de lien particulier entre les acteurs du foyer et eux. Pourtant les relations humaines sont plus que nécessaires dans le développement psychologique, le développement relationnel et social de l’homme qui ne peut vivre en autarcie, même s’il est autonome.
2-3 Après le placement :
Après le placement, le relationnel est une option de secours, voire une aide précieuse dans les jours de besoins. C’est dans ce sens que les questions de contacts avec les individus du centre, éducateurs, autres jeunes, direction des institutions ou autre semblent importants.
Pour la question concernant le contact, voilà des réponses :
- Avec les autres jeunes :
« Quelques uns oui. Ceux que j’appréciais bien. »
« En général j’évite parce que je ne suis pas là pour faire des amis à la base. Mais il y a quand même des liens qui se créent avec certains avec qui on garde contact. Sinon, avec la plupart c’est sur les réseaux sociaux qu’on reprend contact et qu’on échange. »
- Avec les éducateurs :
« Quelques uns aussi. »
« Avec un, avec un éducateur j’ai pu garder contact, juste avec un, sinon la plupart comme je disais ils font leur travail. »
- Avec la direction :
« Non, aucun contact avec la direction. Je ne suis plus jamais retourné. Pour moi c’était une page de tourner. »
« Avec la direction non. Il ne m’a pas semblé nécessaire de garder un quelconque contact avec la direction. »
Pour la sortie, les jours et les semaines qui suivirent, les jeunes se rappellent de ce qu’ils ont fait. La majorité sont rentrés chez eux. C’est après les premiers jours que les jeunes se rendent compte des conséquences du placement dans leur relation familiale et amicale.
« Je me suis installé chez moi. Je me sentais un peu seul au début, surtout parce qu’il n’y avait plus personne avec qui discuter ou jouer. D’ailleurs j’aime être aussi seul donc ça ne m’a pas beaucoup pesé. Mais je me sentais quand même seul.
« Je suis retourné dans un premier temps chez mes parents, ensuite après nos problèmes depuis je suis ici (accueilli par les parents d’un ami). Il est vrai que quand tu es dans un foyer, tu n’as plus de contact avec le monde extérieur. Au début tu crois qu’ils sont là et tout, et après tu te rends compte que beaucoup de choses ont bougé car ceux de dehors ont continué, on ne t’attend pas en fait. Pour eux la vie ne s’est pas arrêter. Pour moi j’avais l’impression qu’elle s’est arrêtée parce que j’ai stagné. Alors ce qui fait qu’après il faut apprendre à vivre sa propre vie, à renouer d’autre liens avec d’autres personnes, c’est un peu dur pour certains j’imagine. Mais moi j’avais quand même mes parents même si ce n’était pas ça, et deux trois amis proches. »
Comme question de relance, du point de vue psychologique, nous avons retenu la suivante :
- Quel a été votre sentiment les premiers jours qui ont suivi votre départ du foyer ?,
Comme réponse la plus claire, nous présentons les paragraphes ci-dessous :
« Tu te poses des tas de questions au début parce que les autres ils ont leurs voies, ils ont leur programmes, des choses qu’ils ont prévu et toi tu te demandes moi je fais quoi. Moi je me suis demandé au début où était ma place après ma sortie du foyer, donc il faut refaire sa place. Si tu as la chance, tu tombes sur des amis qui sont bien. Et là t’arrives à trouver ta place. Si tu dois te battre pour faire ta place ou montrer qui t’es pour avoir ta place, tu ne vas pas leur montrer dans le bon sens. Alors tu peux tomber dans la « merde » en fait. »
Concernant les souvenirs, nous avons des jeunes qui ont ressentis de la joie, comme d’autres qui ont été déçu de l’accueil, et donc triste. Mais dans la plupart des cas, ils en ont un bon souvenir. Mais ce qui leur a le plus marqué, c’est la sortie du foyer en elle-même, plus que les accueils ou les fêtes, à l’exemple de celui qui dit : « joie. Moi j’étais content d’avoir enfin quitté le foyer. Je n’avais aucun regret pour le foyer. »
Pour un enfant placé qui est à la recherche de travail, les tâches administratives peuvent paraître lourdes, c’est pour cette raison que la question a été posée de savoir :
- Comment vous vous êtes senti à ces moments (quelques jours après le départ du foyer) dans la gestion des questions administratives, des tâches quotidiennes etc. ?
Les réponses sont divergentes :
Réponse 1 : « Pour les tâches quotidiennes, on va dire que ça allait de soi, je faisais déjà tout au foyer et pour moi ce n’était pas quelque chose d’extraordinaire. Par contre, les choses administratives, les formulaires à remplir et autres, ce qui me stresse ce sont les délais à respecte, surtout pour les factures ou des choses comme ça j’étais toujours en retard. Il n’y avait personne pour te rappeler les choses comme au foyer, tu le fais maintenant ou tu te retrouves dans les problèmes, c’est normal. »
Réponse 2 : « Très bien, j’étais déjà assez autonome donc c’était plus facile. Et puis j’avais aussi appris au foyer à faire la cuisine, préparer certains plats à partir d’un livre de cuisine ou une recette sur internet. On faisait déjà tout ça au foyer. Les autres tâches ménagères aussi, ça allait, ranger la chambre, faire la lessive ou la vaisselle. Même payer les factures pour moi n’était pas difficile. Je pense que je me suis bien débrouillé. »
Le changement de vie étant brusque, la question de manque a également été citée. Mais si certains nient totalement le manque, d’autres affirment que c’était normal.
Réponse 1 : « Non, non, franchement non. Je pense que je faisais déjà moi-même beaucoup de choses en étant au foyer, je me débrouillais pas mal. Je n’ai jamais regretté le foyer et il ne m’a jamais manqué depuis mon départ. »
Réponse 2 : « Comme je disais avant, c’est au niveau relationnel, étant donné que je me suis retrouvé seul dans mon appartement, je parlais moins et ça me manquait de parler avec des amis ou de partager certains moments de discussion après un film par exemple. »
Dans la gestion du quotidien, après le placement
- Vous a-t-il fallu beaucoup de temps pour avoir le sentiment de gérer votre quotidien ?
« Je gérais déjà mon quotidien et après ma sortie du foyer cela a tout simplement continué. Je dirais que je n’ai pas appris à faire les choses autrement après ma sortie du foyer, tout allait comme avant sauf que je n’étais plus en institution. »
« Il faut quand même quelques semaines s’habituer à la nouvelle vie, pour se mettre vraiment dans le bain. Oui, oui, je pense qu’il m’a fallu quelques semaines pour me dire que je pouvais voler de mes propres ailes, sans surtout l’aide des éducateurs. »
- Quel est votre meilleur souvenir de ces moments (jours qui ont suivi le départ du foyer ?
« Le fait de ne pas continuer mon apprentissage en étant toujours au foyer pour moi a était un signe de la liberté retrouvée. Surtout que je ne devais plus faire les choses pour plaire aux éducateurs ou à la direction. Sinon, après je ne sais pas si c’est vraiment un meilleur souvenir. »
« C’était la première fois que je faisais personnellement les courses pour remplir mon frigo. »
- Avez-vous fait une petite fête pour célébrer votre départ du foyer ?
Non, non, rien du tout. J’étais juste content et soulagé d’avoir un appartement à moi et de continuer mon apprentissage depuis chez moi. Surtout de pouvoir faire ce qui me plaît sans qu’aucun éducateur ne me fasse des remarques ou autre chose du genre.
- Qu’avez-vous fait au lendemain de vos 18 ans ?
« En fait quand j’vais eu mes 18 ans j’étais encore au foyer. Suis parti quelques semaines après. Donc au lendemain je n’avais rien fait du tout, c’était un jour comme les autres. Par contre le jour de mes 18 ans mon père était venu au foyer me remettre un cadeau d’anniversaire, ensuite nous sommes allez au restaurant comme je ne voulais pas fêter au foyer. Ma mère m’a envoyé son par la poste et le week-end qui a suivi, je suis allé manger chez elle et son nouveau compagnon. Mes parents sont divorcés mais j’ai de bons contacts avec les deux et cela m’aide aussi dans d’autres situations difficiles. A part ça comme je savais que j’allais quitter de toute façon le foyer après mes 18 ans, je ne voulais rien faire de spécial. »
- Les premières semaines qui ont suivi votre départ du foyer, comment vous sentiez-vous dans les domaines suivants:
Relationnel ?
Je me sentais plus seul comme je viens de le dire. Mais je ne sortais pas beaucoup, je voyais juste quelques amis et mes parents c’était tout au début. Sinon dans l’ensemble ne n’avais pas eu de problèmes avec qui que ce soit.
Scolaire et/ou professionnel ?
Je continuais mon apprentissage en dessin bâtiment au que j’avais débuté depuis le foyer. Là au début je me sentais un peu stressé, comme j’avais plus de responsabilité, me lever tout seul le matin, d’aller et de revenir et de me faire à manger tout seul.
Comme pire souvenir de l’après placement, la tristesse, et l’accueil sont les plus fréquents :
« Je n’en ai pas (rires). J’avais un ami qui me manquait et qui étais au foyer, nous étions proches donc… »
« C’était la manière dont mes parents m’ont accueilli et m’ont traité à ma sortie. J’avais l’impression que pour eux je devrais rester au foyer jusqu’à la fin de mon apprentissage, alors que pour moi le fait d’avoir trouvé une place d’apprentissage et d’être sorti du foyer devait leur montré que j’avais fais des efforts. Puisqu’ils attendaient de moi que je fasse des efforts. J’ai vécu très mal cette période où j’avais le sentiment qu’ils ne voulaient pas de moi ou qu’ils voulaient tout simplement que d’autres personnes s’occupent de moi. Mes parents ne me faisaient pas confiance en fait, malgré tout ce que je faisais pour leur démontré le contraire. »
Le coté relationnel étant à la base de cette question, il fallait voir comment réagi le jeune à sa sortie du foyer, et aussi comment les autres (son entourage) réagi de même.
2-4 Actuellement : fin du placement et perceptions actuelles
Le déroulement du placement est vu ici comme un facteur essentiel dans l’accès à l’autonomie ou non et ayant des impacts notoires sur la vie actuelle des jeunes adultes.
La place du foyer est incontestable dans l’éducation, mais elle n’est pas suffisante pour autant. Elle n’en est qu’une institution éducative comme toute autre. A cet enquêté de dire que le foyer ne constitue qu’ne petite part de sa construction individuelle. Les raisons de placement sont différents pour tous, d’autres sont en plus grande difficultés que certains. Mais il importe de préciser que les causes restent floues pour la majorité des adolescents placés, comme s’ils n’avaient pas le choix. C’est pour cette raison que les impacts positifs ne se font ressentir que chez ceux qui ont éprouvés de plus grandes difficultés familiales ou problèmes qui les y ont menés. A ce jour, même étant en transition vers l’âge adulte, certains ne comprennent pas encore les réelles raisons de leur placement.
« Au début de mon placement, je ne pensais pas que j’allais me retrouver dans un autre foyer plus tard avec des règles assez strictes. C’est ça en fait que je n‘ai jamais compris et je pense que je le comprendrais difficilement. Surtout le fait que t’es placé pour un petit pépin et des problèmes dans ta famille et tu te retrouves dans un autre foyer plus fermé parce qu’on veut t’éduquer autrement, ça c’est difficile à comprendre. Tu peux passer tout ton enfance dans un foyer si tes parents ne se battent pas pour te faire sortir de là. Dans mon cas, je sais que mes parents voulaient que je sois dans un foyer et s’enfichaient des règles, ils pensaient que c’était pour mon bien. Et Ils disaient que sans le foyer je deviendrais un délinquant, que je consommerais la drogue et autres. Mais ce qu’ils oublient c’est que c’est ne pas le foyer qui éduque toujours, je pense que les gens qui travaillent dans les foyers veulent éduquer les enfants mais ils ne connaissent pas leurs histoires et veulent juste leur inculquer des règles de bonne conduite. Bien sûr que le foyer apporte un cadre mais ça c’est au début. Après tu fais ta voie toi-même, tu te débrouilles et dès fois tu fais les choses parce que c’est comme ça et tu sais que c’est important ou utile pour toi.
Dans mon cas, j’ai fais les choses comme on devait le faire pensant que cela pouvais m’aider à vite sortir du foyer mais après ça a stagné. Il y avait d’autres jeunes qui me disaient « toi en fait tu n’avais rien à faire dans ce foyer » parce qu’ils estimaient que je n’avais pas de difficultés à faire les choses ou à respecter les règles. Alors que moi je faisais les choses pour pouvoir sortir, mais après ça devenait la routine. Et tu ne vois plus le sens en fait. Et quand tu ne vois plus le sens, je pense que c’est là ça va mal et après ça tourne. Tu ne vois plus le sens, tu ne sais plus ce que tu fais là. Comme j’ai dis avant t’as beau faire tout ce que tu sais faire, tu restes. Après tu discutes avec les autres jeunes pour voir s’ils sont motivés pour partir et tout. En entendant les histoires tu commences à hésiter et à de dire si tu dois vraiment partir. Mais en fait tu n’as pas le choix, tu ne peux rien décider. Au début de placement je voyais le sens mais après je ne voyais plus du tout le sens. »
Certains admettent que maintenant, avec l’âge, il sont en mesure de comprendre les raisons de leur placement. A un enquêté de dire : « Avec le temps oui, ça commence à changer. Je comprends un peu mieux. »
Le souhait de changer de vie pendant le placement, de se retrouver en famille ou en situation moins strictes n’est pas rares, au contraire, tous les enfants placés ont en rêver. La question suivante a été posée pour essayer d’avoir une réponse plus personnelle, et don de connaitre le souhait le plus fort de tous ces adolescents.
- Si vous aviez une baguette magique lorsque vous aviez 16 ou 17 ans et avez la possibilité de changer quelque chose après vos 18 ans, qu’auriez vous aimé changer ?
Les réponses ont été de la sorte :
Réponse 1 : « Que je sorte plus vite du foyer ! Pour moi ça serait la première chose à changer, que le temps passe vite… (Rires). Quand j’y pense, la durée de mon placement était trop longue et cela m’avait beaucoup affecté à tel point que je faisais tout pour passer vite le temps mais c’était toujours difficile. C’est comme pour les prisonniers j’imagine. Sauf que je n’étais pas en prison, mais le sentiment de liberté était le même je crois. Ou dois être le même. Personnellement j’étais prêt pour la sortie du foyer depuis un bon moment sauf que ça ne venait pas, il fallait attendre mes 18 ans. »
Réponse 2 : « Tout ce qui est prise de conscience en l’avenir. Si t’es au foyer tu es dans ta bulle que constituent les quatre murs du foyer, tu ne vois pas plus loin, tu pense qu’après ta sortie tu peux faire des choses pour ton avenir. Alors que c’est faux. Moi j’avais toujours l’impression qu’on ne me donnait pas la possibilité de me projeter dans l’avenir. J’avais l’impression qu’ils se disaient que ma vie était là, que je n’étais pas capable de faire les choses à l’extérieur, alors que toi tu te dis que t’es capable de faire quelque choses eux ils te considèrent comme si t’es limité, pas que tu ne peux pas le faire, mais comme si tu ne peux pas y arriver sans eux en fait. Donc si j’avais eu une baguette magique au fond je devais faire plus pour mon avenir professionnel. J’ai eu des occasions parce que j’ai commencé une formation, j’ai fais des stages, alors qu’avant je faisais juste les choses comme ça sans pensé vraiment à mon avenir professionnel, je me disais que j’avais le temps devant moi. Aujourd’hui quand j’ai des cours ou des examens je bosse pour moi pas pour les éducateurs. Alors je pense que ce que j’allais changer (avec la baguette magique) c’est le côté professionnel. »
Une question de relance a permis de reprendre les phrases suivantes :
- Si vous aviez l’occasion de changer quelque chose dans le processus de votre placement qu’auriez-vous fait ?
« La fin de ma scolarité obligatoire, mes notes avaient baissé et c’était difficiles durant avec les stages de vite trouver une place d’apprentissage ou une bonne formation. Je me dis si on m’avait bien accompagné au niveau scolaire et professionnel les choses se seraient déroulées autrement. Pour moi c’est l’accompagnement, je trouve que dans les foyers on demande aux jeunes de faire les choses, ils le font mais on ne met pas vraiment l’accent sur le fait que c’est directement lié à leur avenir après leur sortie du foyer. On parle de stages et autres mais on n’accompagne pas vraiment les jeunes qui se débrouillent eux-mêmes, on les laisse faire jusqu’à ce qu’ils se cassent la gueule et après on peut dire que c’est leur faute. T’as un projet ou des trucs comme ça on te laisse, au lieu de faire le maximum pour t’accompagner on te laisse. Parce que c’est n’est pas leur projet. Mais s’ils te proposent quelque chose et tu ne sais pas quoi faire ou tu veux leur faire plaisir, ils t’accompagnent. Par exemple si tu es dans le foyer et tu as comme projet de faire des études personne ne t’accompagne, ils vont tout faire pour te dire que ça va être difficile, en fait ils ne croient pas que tu es capable. Au moins te laisser une change d’essayer, ils vont te dire non, ça t’oublie, pas ça et ils te proposent autre chose en fait, ils t’orientent au lieu de t’accompagner dans tes projets. Si c’est pas possible, c’est pas possible, au moins que tu essaies, mais là ils te laissent même pas essayer, ils te disent que c’est pas possible. Dès fois à force de décourager les jeunes qui ont leur propre projet fait que pour finir nous même on commence par y douter. »
A un autre enquêté de souligner :
« J’aurais aimé avoir plus de liberté, que le foyer soit plus ouvert au monde extérieur pour que les gens ne pensent surtout pas que les jeunes placés sont tous des délinquants et autres. Mais le plus important pour moi c’est la durée, surtout que le placement ne soit pas si long dans la durée. Il y a aussi l’isolement des jeunes, les foyers sont trop isolés et à l’écart de la population et avec parfois beaucoup de règles disciplinaires trop strictes.
Je ne vais pas dire que le placement n’est pas nécessaire pour les jeunes, je sais que ce n’est pas toujours la meilleure voie. Dans mon cas, je reconnais qu’il a été important pour moi à un moment donné de ma vie, mais ce que je regrette c’est qu’il a trop duré. »
Hormis les cas de durée et de traitement, ce sont les libertés dans les orientations professionnelles qui posent problème dans le processus de socialisation et d’intégration que proposent les foyers. Ces enquêtés dénoncent qu’ils n’ont pas le choix, ni la possibilité de s’ouvrir sur des « choses autres que ce que les éducateurs proposent », et qu’aucun essai n’est autorisé.
Les objectifs de placement, pour les enquêtés ne semblent pas leur touché personnellement. Ils pensent que ce ne sont que des routines du travail.
- Comprenez-vous différemment les objectifs mis en place avec et par l’équipe éducative pour votre prise en charge au foyer ?
« J’avais un éducateur de référence qui s’occupait des questions administratives, qui me soutenait dans mes démarches pour les stages et autres. Il parlait beaucoup avec mes parents et l’assistante sociale en charge de mon dossier. Il devait également s’occuper de mon projet professionnel lié à la recherche de place de stages et d’apprentissage. Mais je pense qu’il faisait son job comme les autres éducateurs, et puis il était payé pour ça.
La place de l’équipe éducative n’est pas pour autant d’aider les jeunes. Elle intervient mais pas dans le sens de soutien mais juste à titre de conseil.
Pour cet enquêté, nous pouvons dire que les éducateurs ont été les obstacles même à la continuité de ses études dans le moral et dans le soutien qui lui était nécessaire.
« Dans mon cas par exemple j’avais des projets pour faire des études, continué au gymnase, mais on m’a tellement dis que ça ne vas pas marcher qu’il faut commencer par un apprentissage et qu’après le CFC je pouvais continuer. J’ai tellement entendu tout ça qu’après j’ai eu un peu peur aussi pour l’examen d’admission et puis du coup, comme on ne m’a jamais accompagné vraiment dans ce projet, j’ai opté pour un apprentissage de mécatronicien. De toute façon aujourd’hui j’ai encore cette envie de continuer après mon CFC (certificat fédéral de capacité). Les études c’est important pour moi.
Aujourd’hui ce que je regrette un peu c’est d’avoir pris du retard dans le cadre de ma formation professionnel et de ne pas avoir été conseillé, accompagné ou orienté comme il se doit dans le foyer. »
« Je pense ça ils le comprenaient mais ils ne pouvaient pas faire grande chose. D’ailleurs ils disaient souvent que les choses sont comme ça et que je ne pouvais pas partir avant mes 18 ans. Je crois que mon assistante sociale aussi n’avait pas voulu que je quitte plus tôt le foyer, sinon j’aurais pu puisque j’étais prête et elle le savait. Elle me disait que je n’étais pas majeur et que mes parents n’avaient pas l’autorité parentale sur moi quand je lui faisais part de mon intention d’aller s’installer chez mon père au début de mon apprentissage. »
- Pensez-vous que vous étiez bien préparé au départ du foyer ? Sinon qu’est-ce qui vous a manqué ?
« Comme je l’avais dis avant, les éducateurs font le travail et puis je ne pense pas qu’ils préparent toujours les jeunes à quitter le foyer. Peut-être pour ceux dont le départ est imminent, ils font des démarches avec eux pour trouver une place de stages ou d’apprentissages et tout ça. Mais en fait ce n’est pas les éducateurs qui aident vraiment, c’est le jeune et les enseignants de son école. Les éducateurs ils suivent seulement les choses et apportent quelques soutiens pour écrire les cv et faire les postulations pour certains. Mais voilà.
Dans mon cas je dirais que je n’ai pas été accompagné dans mon projet initial qui est celui de faire les études et je crois c’est ce qui a manqué, l’accompagnement, surtout en tenant compte du projet du jeune. »
« Dans le foyer où j’étais juste avant mes 18 ans, il y avait des studios réservés pour ceux qui étaient en dernière phase, qui allaient bientôt partir, pour pouvoir être habitué à la vie extérieur. Ben ils allaient dans ces studios, ils se débrouillaient, on leur donnait des sous pour la semaine et ils devaient les gérer eux-mêmes et faire à manger également de temps en temps. Pour moi c’était la préparation. C’est pas mal ça. »
- Comment étiez-vous préparé, vous, personnellement pour ce départ du foyer ?
« C’est vrai que vers la fin, j’ai fais beaucoup d’efforts pour les stages et surtout pour avoir une place d’apprentissage, parce que j’avais du retard scolaire en fait. Et cela m’embêtait de ne pas trouver une place d’apprentissage plus tôt pour quitter le foyer et voler de mes propres ailes. »
« Moi j’essayais de parler moins aux éducateurs pour me couper justement de leur emprise, »
- Qu’est-ce qui a manqué selon vous à cette préparation ?
« Je n’ai aucun souvenir la dessus, là il n’y a rien qui vient. Je pense que c’était bien fait, c’était bien comme cela. »
- Avez-vous fêté votre départ ?
« Non, je n’ai rien fait et je n’avais pas l’esprit à ça en fait. Pour moi, c’est fini, c’est la fin du placement et je devais me concentrer sur ma formation. »
« Non. Mais on pouvait faire une, inviter les jeunes et les éducateurs, moi je n’ai pas fait. C’était une décision personnelle, je n’avais pas envie de faire une fête même si j’étais content de quitter le foyer. Je n’avais qu’une envie c’est quitter le foyer et couper les contacts. Moi j’en avais marre finalement, je voulais partir. »
Les difficultés ne s’arrêtent pas pendant ou après le placement, puisque la situation qui a conduit au placement n’a pas changé. C’est pour cela que la réintégration est souvent difficile car les enfants ont grandi, et sont devenus matures mais la société n’a pas changé.
« Au départ avec mes parents comme j’avais dit c’était difficile. Mais après c’est allé, je n’ai pas de problèmes avec les parents de mon pote ni avec qui que ce soit dans la famille. Et tout se passe bien. Au moins j’ai une chambre et des gens avec qui causer et partager des moments de joies. Je suis comme un enfant adopté quoi. »
« De toute façon je suis mieux ici maintenant qu’au foyer (l’interview a lieu dans l’appartement pris par le répondant à sa sortie du foyer). Pour moi c’st cool ici même si au début je me sentais un peu seul. Aujourd’hui beaucoup de choses ont changé, je vis avec ma copine et tout se passe très bien.
C’est vrai qu’au début c’était bizarre de se retrouver seul lorsqu’on a beaucoup de personne autour de soi, mais j’étais préparer à tout ça et je me suis vite habituer. Je me débrouillais très bien tout seul. »
2-5 Déroulement du placement et impact sur votre vie actuelle
Comme impact du placement, certains mettent en avant leur changement : « Il m’a rendu plus fort. »
« Comparer aux autres jeunes que je connais et que je côtoie, je pense que le placement m’a aidé a mieux prendre soin de moi, à savoir en quelque sorte ce que je veux faire de ma vie. Surtout au niveau des études et de mon apprentissage. Je faisais partie des jeunes du foyer qui allait à l’école classique au village. Les autres jeunes du foyer fréquentaient une école spécialisée interne au foyer. Ça c’est dans le premier foyer où j’ai était placé, puisque j’ai fais deux foyers.
Je crois que j’ai surtout appris beaucoup de choses parce que je voulais vite sortir et qu’au niveau des devoirs et des stages, on était aussi soutenu par les éducateurs.
Je pense aussi que le placement a fait que je me suis renfermé sur moi-même avec le temps, parce que cela durait et je ne voulais pas créer plus de lien avec les éducateurs. »
- Comment percevez-vous votre évolution entre votre arrivée te votre départ du foyer ?
« Au niveau de l’autonomie. J’ai toujours été plus autonome. Au niveau relationnel, je savais mieux m’entendre avec les autres, puisque je devenais plus âgé aussi. Avec les gens ça se passait bien. »
Qu’est-ce qui a changé ?
« De toute façon on apprend la discipline dans un foyer, comment bien se comporter, respecter les autres et tout ça ; c’est ce qu’on nous apprend au foyer.
Pouvez-vous me citer trois choses que vous avez apprises ou que vous pensez avoir appris en étant au Foyer ?
« Au foyer j’ai appris la politesse, au début je n’étais pas très poli. Il y la discipline comme j’ai dis avant. Et aussi les autres choses de la vie quotidienne comme prendre soin de son appartement, faire la cuisine et autres. »
Le placement a eu différent effet sur les enquêtés, comme sur tous les autres étant donné que chaque personne est différente. Mais il faut noter que le placement ne pourra jamais être effacé de la mémoire des jeunes puisqu’il fait partie de sa vie, il en a été une étape importante.
« Bien sûr qu’il a été une étape importante, puisqu’il a duré plusieurs années. Toute ma jeunesse en somme je l’ai passé au foyer, c’est beaucoup ça. De plus le fait d’avoir côtoyé d’autres jeunes plus arrogants et qui avaient plus de difficultés à respecter les règles a fait que je devenais aussi par moments arrogants et irrespectueux vis-à-vis des éducateurs, des fois pour rien du tout. »
2-6 Relation à l’institution (foyer)
L’institution ayant été au cœur des raisons pour lesquelles l’autonomie des jeunes adultes anciennement placés est traitée dans ce travail, il a paru plus juste de savoir si les jeunes ont retenu des relations avec l’institution. Même si nous avons évoqué plus haut quelques points y afférents dans la continuité de certaines relations, cette partie pourra en apporter des éclaircissements et des précisions.
Compte tenu de l’instauration de relations de confiance, préalable à toute mesure éducative dans les foyers, la question suivante a été posée :
- Que retenez-vous aujourd’hui d’important dans votre relation avec votre éducateur de référence et/ou les éducateurs lors de votre placement ?
Réponse 1 : « Avec mon éducateur de référence ce n’était pas ça en fait. Je ne l’appréciais pas beaucoup. Par contre je discutais bien avec un éducateur qui était toujours disponible pour écouter et qui essayer vraiment de me conseiller dans les moments de découragement sans me donner des leçons comme le font en général plusieurs. Il était naturel avec moi et on a gardé contact jusqu’à présent. C’est le seul avec qui j’ai pu parler après ma sortie du foyer en fait. »
Réponse 2 : « Je trouve que chaque éducateur avait à s’occuper de beaucoup trop d’enfants, ce qui fait que les éducateurs n’avaient pas beaucoup de temps pour aller plus en profondeur dans les situations concernant les enfants. Ils doivent s’occuper de plusieurs enfants en même temps et du coup je trouve qu’un travail de fond ne se fait pas surtout pour comprendre l’histoire du jeune et l’aider à vite sortir du foyer. J’ai aussi l’impression qu’ils ne font pas beaucoup d’effort pour soutenir les jeunes qui demandent à quitter foyer après plusieurs années et qui sont capables de se prendre en charge à l’extérieur avec l’aide de la famille ou des proches. Bien sûr qu’ils font de leur mieux pour aider les jeunes, mais ils ne disposent de beaucoup de temps pour un travail individuel avec eux. »
Du coté de l’enquêté, les relations se font suivant la personne avec qui il veut, et non pas forcément avec son éducateur référent. Cela s’explique par le fait que des points communs existent, ou
« Parce qu’il y avait deux trois trucs sur lesquels on pouvait parler et être d’accord. Il rigolait bien avec moi et on pouvait discuter sans qu’il fasse le faux-cul comme d’autres. Et puis moi j’e rigolais bien avec parce que je l’appréciais bien, pas comme un éducateur avec lequel je vais rigoler et dire dans ma tête casse-toi, avec lui c’était naturel. »
Concernant la transition à l’âge adulte, la signification même du mot « adulte » ne trouve pas vraiment sa place pour le cas 1. Bien qu’il eu atteint l’âge adulte, il faut préciser que l’autonomie financière est ce qui défini le fait d’être un adulte, et de ne pas dépendre sur d’autres personnes. Voici ce qu’il a donné comme réponse :
« Même aujourd’hui je ne dirais pas que je suis adulte. Tout ça c’est sur le papier, dans la réalité c’est autre choses. C’est vrai qu’à 18 ans on se dit adulte parce que si tu fais les mêmes conneries qu’avant, tu peux être jugé comme un adulte et te retrouver en prison. Mais en vérité, à 18 ans tu vis encore chez tes parents et tu dépends encore des autres. Pour moi c’est lorsque tu as un boulot et tout et que tu peux te passer totalement de l’aide des autres, alors tu peux tout décider pour toi et tu peux dire que t’es adulte. Même si tu ne dis que tu as une certaine maturité par rapport à d’autres, au fond de toi-même tu sais qu’il te reste beaucoup de choses à faire pour être considéré comme un adulte. »
Comme autonomie peut être remplacée par « maturité », on se demande si un jeune qui sort fraichement d’une institution est mature ? Semble-t-il cependant que cette question n’est pas la priorité pour cet enquêté :
« Il y a tout ce que tu as vécu dans ta tête, ton expérience de vie et tout ça. Sinon, c’est toujours par rapport aux autres. Tu peux être à côté de quelqu’un tu penses qu’il a la maturité jusqu’à ce qu’il fasse quelque chose de stupide et alors tu comprends que tu es plus mature que lui. L’éducation et tout ce que t’as appris dans la vie peuvent t’apporter cette maturité. »
Il est vrai que la maturité s’acquiert par l’éducation, et les expériences. Pour ainsi dire que le foyer ne peut pas rendre mature.
Dans les relations avec l’entourage, le fait d’avoir été placé, pour le cas 1 ne relève pas de l’évidence. Par crainte d’exclusion, il le cachait pendant un temps pour finir par être ouvert sur le sujet.
« Au début je cachais à certaines personnes que j’avais vécu dans un foyer, surtout que je craignais que cela pouvais m’empêcher de trouver une place d’apprentissage mais après j’en parle volontiers si on me pose la question. C’est vrai que dès fois je me dis que j’ai quand même passé beaucoup de temps dans ces deux foyers et que si je veux cacher cette période de ma vie je dois toujours continuer à mentir. Aujourd’hui les gens avec qui je suis ou les amis que je fréquente savent tous que j’étais dans un foyer et on peut en parler et rigoler ». Puis, je relance la question : Comment vous vous êtes exprimé à ce moment particulier avec cette éducatrice ? et il me répond : « Je lui avais dit de ne pas s’en faire, que je passerai au foyer pour donner de mes nouvelles. » Je reprends : L’avez-vous fait ?, et : « Je l’ai fait mais pas toute suite. J’ai pris contact plus tard avec elle. »
- Comment comprenez-vous que vous ayez gardé contact avec cette éducatrice et avec d’autres éducateurs ?
« Tout simplement parce qu’il y avait certains éducateurs avec qui je m’entendais mieux, qui me comprenaient mieux en fait. Et puis, j’ai quand même passé plusieurs années avec eux, donc c’est comme s’ils faisaient partie de mon histoire et de mon parcours en quelque sorte. Alors j’ai gardé des contacts amicaux avec certains. »
Certains contacts sont préservés car des liens d’amitié se sont tissés.
« Oui bien sûr avec certains. Parce qu’ils sont devenus mes amis. On garde toujours contact avec les bons amis. »
Parce qu’autonomie est synonyme de gestion personnelle de son quotidien, sans le concours ou l’assistance d’autrui, Johnny Cash dit :
« Au début il y avait beaucoup de choses à faire, donc il faut le faire. Il faut se lever seul, faire à manger, aller au cours sans que quelqu’un soir derrière vous pour vous dire c’est le moment de faire ceci ou cela, revenir du cours, faire à manger, se coucher, mais pas trop tard, tout ça c’était un peu difficile au début mais en gros c’est aller, surtout parce que j’avais les ressources personnelles nécessaires, peut-être. »
Des acquisitions durant le placement ont pu par ailleurs aider et même faciliter la transition à l’autonomie. Il pense en effet que « le placement m’a permis de me discipliner, j’ai acquis la discipline. » Discipline qui lui permet de tenir debout et d’être dans la rigueur d’une bonne gestion de vie.
Bien évidemment, le placement n’est pas totalement satisfaisant : dans la question de démarches administratives, cet enquêté affirme ne pas avoir acquis car les éducateurs étaient présents pour assumer à eux seuls les démarches administratives, ce qui entraîne des carences de ce coté.
« Non, je ne crois pas que le placement m’a apporté quelque chose à ce niveau. A la maison je serai mieux outillé et plus informé dans le domaine administratif que dans un foyer. Dans un foyer, les éducateurs font tout le travail administratif concernant les documents et autres problèmes des jeunes, donc c’est difficile pour un jeune d’apprendre quelque chose dans ce domaine à part l’aide qu’il reçoit dans le cadre de la recherche de stages et autres. A la maison je suis plus en contact avec tout ça. »
Du coté des éducateurs, la rupture du lien entre eux et les jeunes se font ressentir.
« Ils avaient l’air d’avoir accompli quelque chose. Il y avait certains qui étaient contents et d’autres qui étaient déçus. Ils sont contents que tu dois partir mais dès que tu pars ils sont déçus, je pense parce que le lien est rompu. C’est normal ça. »Les ont-ils évoqués, ces sentiments ? « Oui, certains. »
Ces liens se manifestent par des phrases de gentillesse ou de compréhension, ou d’encouragement.
« Certains m’ont dit que j’allais les manquer et je trouvais qu’ils étaient sincères dans leurs émotions. Pour les autres on pouvait lire leurs émotions…. Je me rappelais d’une éducatrice qui m’avait dit qu’elle était très ravi de m’avoir connu, qu’elle m’appréciait beaucoup et tout, et elle avait les larmes aux yeux, je pense qu’elle était attachée en quelque sorte. »
Comment avez-vous vécu ce moment ?
« En la voyant pleurer ça m’a fait de la peine mais de l’autre côté la joie d’être libéré était plus grande, donc voilà. »
Que pouvez-vous en dire avec le recul aujourd’hui ?
« Je comprends le lien que noue certains éducateurs qui pensent vraiment remplacer les parents, mais après il y en a qui s’attachent plus facilement. Mais il en faut aussi les sentiments sinon on devient fou hein…
2-7 Relation à l’entourage
Après le placement, l’évidence de problèmes relationnels avec l’entourage est constatée. Les jeunes n’ont pas directement accès à l’acceptation de son environnement humain, et ce depuis leur famille jusqu’aux anciennes relations (amis ou connaissances). Les questions du placement font rarement l’objet de discussion. Certains arrivent à en parler sans complexe, mais d’autres non.
« Je n’en parlée pas souvent mais je peux en parler facilement si on me posait la question, surtout ceux qui savent que j’ai été dans un foyer. Sinon, je n’en parle pas spontanément moi-même. »
Dans ce cas, les problèmes relationnels peuvent augmentés pendant le temps du placement. Mais certains s’estompent et prennent même fin.
Pour la question de loyauté avec l’entourage, nous avons retenu cette réponse :
« Surement, c’est des choses qui peuvent arriver. Mais après il faut prendre sur soi. Personnellement je ne me rappelle pas avoir à choisir entre les deux, peut-être justement parce que je n’avais pas à l’époque l’occasion de choisir. J’étais placé et je devais juste respecter les règles du foyer, participer aux activités et travailler bien à l’école.
Dans mon cas, je pense que les éducateurs n’ont pas beaucoup travaillé avec mes parents pour que mon placement ne dure pas longtemps. Il n’y a pas eu assez de travail de collaboration avec mes parents durant mon placement. Pas parce que mes parents ne collaboraient pas, mais ils n’avaient pas beaucoup de choses à dire ou faire valoir, ils se battaient dans leur problème de divorce, cela avait des répercutions sur moi, je n’allais pas bien dans ma peau comme on dit et j’étais placé. Point final.
Par exemple pour le droit de visite, j’aurais pu voir mes parents plus souvent, mais on est resté au même point, cela n’a pas évolué avec le temps, alors que j’aurais souhaité passé plus de temps avec mes parents mais le foyer et les assistants sociaux n’ont pas fait bouger les choses. Ma parole n’était pas prise en compte dans ce cas. »
Pour terminer l’entretien, il est donné aux intervenants de parler ouvertement sur quelques points. D’abord, les acquisitions du foyer, et des changements qu’ils auraient souhaités.
- De manière générale, quel rôle pensez-vous que le foyer a joué dans votre vie ?
Le foyer m’a quand même aidé à me mettre sur un chemin correct.
Celui-ci propose la structure familiale au lieu du placement, une famille d’accueil qui pourrait répondre aux besoins de confort familial dont l’enfant a besoin pour s’épanouir et se développer.
« Je pense aussi qu’a un moment donné on peut permettre à un jeune qui ne peut pas retourner chez ses parents d’aller dans un autre endroit comme une famille d’accueil par exemple où il serait plus libre et mieux soutenu que de rester plus longtemps dans un foyer. »
Il convient maintenant de passer à l’analyse des résultats d’enquêtes.
3- Analyse des divers points de vue
L’analyse va passer de la sociologie à la psychologie, pour entrer dans le contexte juridique et enfin se terminer avec les autres analyses, soient économiques, culturelles ou autres.
3-1 Analyse sociologique
Reprenant une phrase de Becquet et Bidart, nous pouvons affirmer que les jeunes adultes appartiennent bien dans la catégorie des jeunes.
« Elle est aussi particulièrement pertinente s’agissant d’une période de la vie où les changements de situation et de statut social, les questions d’articulation entre les domaines (travail, famille, loisirs, résidence, couple, etc.), les influences de l’entourage mais aussi le poids des incertitudes et des évènements imprévus interviennent de façon plus dense et plus complexe qu’aux autres âges. »[17]
Evènement imprévu qu’est le placement, à la suite de changement de situation familiale surtout et émotionnelles ayant conduit à la réalisation d’actes irréfléchis, il faut noter que les jeunes ne faisait que reproduire les agissements de leurs entourages. Ils ne sont pas encore aptes à défendre leurs causes de manière à dégager des actes réfléchis et raisonnés. En fait, le placement sert à le replacer dans la normalité. Il a été invoqué que le placement a rendu plus fort l’enquêté, plus discipliné. Comment alors envisagé leur vie d’avant le placement. Simple : ils étaient faibles et donc influençables et indisciplinés. La complexité même de la réflexion chez les adolescents et les jeunes les amènent à agir ou à réagir à l’extrême face à une situation donnée.
Dans la réalité sociale, il existe la théorie de l’action-réaction, où les faits sont les conséquences d’autres faits. Il faut alors trouver ce qui a conduit les enfants à être en placement. Est-ce par mesure de sécurité pour lui-même ou parce qu’il représentait un danger potentiel pour autrui ? Est-ce parce que le placement lui offrirait la chance de devenir une autre personne que s’il restait avec sa famille. Il faut le dire, si les jeunes ont éprouvé de la joie à la sortie, c’est parce qu’ils y ont ressentis de la peine durant le placement. Comment l’expliquer ? Par l’intermédiaire des impacts du placement.
3-2 Analyse psychologique
Il est une grande différence entre une famille et un foyer d’accueil. Partant du principe que légalement, les foyers d’accueil répondent aux besoins fondamentaux des enfants inscrits dans les droits de l’homme. Nous constatons que les institutions sont des terrains ouverts au piétinement de plusieurs droits inhérents à l’enfant plutôt qu’à leur mise en valeur et encore moins à leur application. Dans une famille, il y a les parents et les enfants, au minimum, un père ou une mère et un enfant. Dans les institutions, il n’y a ni père ni mère mais des éducateurs qui ne sont ni des enseignants ni des parents, des directeurs qui ne sont ni des pères ni des mères, des autres jeunes qui ne sont ni des frères ni des sœurs. Ceci est le point de départ de toute instabilité psychologique étant donné l’inexistence à proprement parler de structure éducative qui complèterait tous les besoins de confort familial. Le contraire est remarqué. Les jeunes à la sortie sont détachés de leurs proches, familles et amis. Ils ne peuvent plus reprendre une vie normale, mais doivent s’en construire une autre. Et malgré le fait que certains reviennent à la maison, ils n’y retrouvent plus le sentiment d’aisance relationnelle qui existait auparavant.
Pour les familles dont les difficultés relationnelles sont à l’origine du placement, ce n’est pas mieux.
Il a été remarqué l’existence de liens forts entre les jeunes et les éducateurs. Cela nous permet de dire que le placement a des effets positifs dans le relationnel. Dans quel cadre ? Dans le cadre d’une éducation plus personnalisée. Psychologiquement, tout individu a besoin d’une aide, d’un conseiller. Les éducateurs ont la capacité de changer des gens, des comportements, d’apprendre de nouvelles
3-3 Analyse juridique
Toute mesure de placement répond à un souci d’ordre juridique, pour les cas pénaux surtout. Mais pour les cas simples que nous traitons dans cette étude, les textes de lois qui autorisent ou qui forcent l
3-4 Autres analyses :
Economiquement, les institutions sont des poids pour l’Etat. En installer plusieurs revient cher à l’échelle nationale. Alors que très peu d’entre eux réussissent à devenir « quelqu’un », donc à avoir terminé des études universitaires et devenir un grand cadre dans une entreprise. Ils ne sont pour la plupart du temps que des ouvriers et des salariés. La majorité reste dans le domaine social. Alors c’est un cercle vicieux qui ne peut réussir à former des citoyens responsables et aptes à s’ouvrir au monde de l’adulte qu’est le travail. Pour chaque jeune adulte, il est difficiles de trouver une autonomie financière car les formations ne les permettent pas d’accéder à des emplois dans la haute catégorie, ils ne sont pas suffisamment professionnels, et sont toujours en complexe face à leur situation de placement. Ce qui est un frein dans la recherche de travail décent et rémunérant.
Le cas de la Suisse par rapport aux autres pays européens n’est pas isolé. Il faut renouveler les textes de lois, les politiques de la jeunesse, et regarder les jeunes adultes non comme des gens autonomes mais comme nécessitant de l’aide et du soutien, non dans le sens traditionnels mais en matière de structure de conseil. Il ne s’agit pas déplacer des jeunes en institution et d’attendre qu’ils en sortent avant de trouver des solutions aux problèmes d’adaptation à la société juste après le placement.
ANALYSE PROSPECTIVE
I. Discussions
Etre adulte requiert de la responsabilisation. Pour les adolescents placés, il est difficile de concevoir une plus grande difficulté, car ils auraient bénéficié de tout le nécessaire, d’une formation adéquate qui devrait le mettre en position de force face aux problèmes de l’âge adulte. Mais dans cette situation de transition à l’âge adulte, et dans le contexte de l’autonomie, il s’avère que les résultats d’enquêtes ont révélés le contraire. Ce qui soulève une discussion plus approfondie.
1- Point de vue Socio-économique
La sociologie de la jeunesse a connue depuis l’instauration des institutions de placement une forte évolution. Tout d’abord, nous concevons tous que « la sociologie de la jeunesse a, depuis le début des années 1980, eu le mérite de permettre de rompre avec la vision culturaliste jusqu’alors dominante de la jeunesse comme groupe social se caractérisant par un mode de vie, des comportements spécifiques »[18]. Au lieu d’être des moteurs dans la transformation sociale, ils sont les victimes, car le développement de la société a conduit inexorablement au développement de la jeunesse. Si auparavant, l’âge adulte commençait à18 ans, faute de prise en charge suffisante, par la société qui n’exerce plus de contrôle social du fait de l’individualisme qui tend à détruire toute forme de collectivité et de conscience collective, même un individu de 40ans peut rester au stade de l’adolescence sur plusieurs domaines car il n’a pas été confronté à des expérience lui permettant de devenir adulte sur ce point puisque devenir adulte équivaut à être autonome dans tous les domaines, mais non pas seulement financièrement.
La place que tient les institutions et foyers à titre éducatifs en Suisse n’est pas reprendre. Cependant, les mesures d’accompagnement éducatives ou professionnelles semblent ne plus suffire, et la dénucléarisation de la famille et ses nouvelles formes (les familles recomposées par exemple) sont autant de facteurs de déséquilibre familial et psychologique qui tuent le devenir de l’enfant.
2- Point de vue culturel
L’âge de l’adolescence est l’âge de l’influence. Influence extérieure qui ne peuvent qu’être soient positives soient négatives. L’évolution d’internet est à son paroxysme, et la grande majorité des internautes sont des adolescents et des jeunes adultes. Ce qui a pour effet d’atténuer la place des institutions éducatives primaires et secondaires traditionnelles, et faire que les conseillers ne sont pas les parents mais les blogs et les avis des internautes. Dire que l’éducation a évoluée est vrai, mais dire qu’elle a positivement évoluée est faux. On assiste à tous sur internet, à la violence, au sexe, à la discrimination.
L’éducation commence à la maison. Les enfants qui sont en placement sont des victimes du non prise en charge familiale. Et les parents sont trop occupés au travail qu’ils n’arrivent pas à trouver de relations de confiance ou ne serait-ce qu’amicale avec leurs enfants. Et à l’adolescence, quand vient le moment des grandes questions et des expériences, les jeunes se laissent emporter par leur envie sans tenir compte des autres, fautes d’éducation parentale suffisante. Nous avons remarqué que les jeunes placés présentes presque tous des problèmes familiaux, divorce, parents alcooliques et drogués, fratrie recomposée.
3- Point de vue politique
Un vide juridique apparait dans la prise en charge éducative en institution en Suisse. D’abord, même si le placement est une réponse à la protection des droits de l’enfant de vivre dans un environnement sain et équilibré, le fait est qu’il prive ces derniers de vivre avec leur famille et donc de trouver une chaleur affective suffisante pour le développement émotionnel.
« Les politiques de citoyenneté ne reposent pas sur une vision uniforme de la citoyenneté, mais en valorisent une ou plusieurs dimensions. Ainsi, les dispositifs progressivement développés existent en parallèle et apparaissent a priori complémentaires. Pourtant, tant au niveau de leur définition que de leur application, leur articulation n’est pas toujours effective, mettant les jeunes face à des registres de citoyenneté hétérogènes»[19]. Ce qui semble nous amener à affirmer la nécessité d’une politique de la jeunesse plus adaptée à celle de la Suisse, et faire qu’une homogénéité puisse en sortir et participer à la vie active comme tout citoyen.
La politique de la jeunesse « L’analyse des politiques publiques en général, et des politiques de jeunesse en particulier, montre clairement comment l’instrumentation des questions de jeunesse, c’est-à-dire les manières dont les pouvoirs publics se saisissent de cette question et les réponses politiques et techniques qu’ils apportent, ouvre, ferme, oriente les parcours des jeunes. »[20]
4- Autres points de vue
Du point de vue politique, la jeunesse est devenue un sujet toujours d’actualité. La politique sur la jeunesse devient encore plus problématique avec l’apparition de nouvelles formes de catégorisation selon les cultures dues à la musique ou à l’internet qui arrivent à la déstabilisation de l’éducation parentale, voire à la dévalorisation de toute autre mode d’enseignement.
Ainsi, le monde de l’internat en Suisse est encore entaché de plusieurs points sombres qui nécessitent des éclaircissements et des études plus approfondies pour que la jeunesse puisse s’épanouir et devenir responsable d’eux-mêmes d’abord et ensuite de leur entourage pour être de bons citoyens capables de participer au développement du pays.
II. Recommandations
Dans cette sous-partie, nous allons présenter les recommandations en lien avec le sujet développé, ainsi que les acquisitions professionnelles et personnelles.
1- Recommandations pratiques
1-1 Recommandation 1 :
La responsabilisation est, à mon avis, une des meilleures moyens de prise de conscience pour les enfants comme pour les adolescents. Les adultes devant être normalement responsables. Mais pour ceux en transition à l’âge adulte où le travail de responsabilité commence par soi, il est difficile de trouver tout de suit à 18 ans ce qu’on peut faire. Nombreux sont ce qui restent des adolescents à 20ans. Ce qui est donc envisageable, c’est le travail pendant la période d’adolescence. Aux Etats-Unis, il est donné la possibilité aux adolescents dès l’âge de15 ans de faire des « petits boulots ». Le fait d’attendre l’obtention de diplôme universitaire ou de capacité particulière pour un travail donné n’est pas obligatoire. Certains « petits boulots » sont expressément prévus pour cette tranche d’âge là comme les vendeurs de glace, les serveurs ou les vendeurs en magasin, babysitting par exemple. L’heure de travail est même calculée en fonction des heures de cours au lycée et la rémunération se fait en fonction de celles-ci.
Pour la Suisse, même si cela commence à se faire, il serait possible d’entrevoir des relations de travail entre les institutions éducatives et les sociétés. On serait alors amené à faire travailler quelques enfants placés à certains moments de la journée. Cela participerait grandement à une conscientisation ou à une autonomisation de ces derniers. Ce qui est aussi une mise en valeur de leurs talents ou de leurs compétences. Bien évidemment, tous les adolescents des centres ne peuvent y participer, seuls ceux qui correspondent à des profils nets (honnêteté surtout) peuvent répondre aux propositions des sociétés. Cela ne signifie pas qu’il faut arrêter la formation professionnelle ou les études, mais au contraire de commencer tôt dans la spécialisation choisie pour faciliter l’autonomisation et l’entrée dans la vie d’adulte.
1-2 Recommandation 2 :
L’impact psychologique du placement peut soit être positif soit négatif. Ce qui est certain, c’est que les deux effets (positif et négatif) existent toujours obligatoirement chez chaque enfant placé. Comment faire pour que les impacts positifs soient plus conséquents que ceux négatifs ?
Il est recommandé de faire des partages, des témoignages de jeunes adultes dans les centres pour participer à l’éducation morale des adolescents. Les adolescents, nous le savons aiment à se trouver des idoles, des modèles à suivre. Donc, le meilleur modèle, dans leur situation de placement, c’est de trouver un ancien enfant placé et de savoir qu’il a réussi dans la vie à être un directeur d’entreprise ou un grand commerçant. Il est question de mettre en avant les acquisitions positives du placement et de s’en servir comme tremplin pour les générations futures.
2- Acquisitions professionnelles et personnelles
Durant cette recherche, j’ai pu approfondir mes connaissances et mes acquisitions concernant la vie des jeunes en placement et leur place dans la vie d’adulte. Je peux alors me référer aux résultats de celle-ci pour trouver de nouveaux repères quant à mon travail. Et bien que je ne sois qu’en fin d’étude, me replacer dans une situation de rétrospection est possible, car en tant que professionnel de l’éducation, je peux apporter des améliorations dans le domaine et surtout changer quelques chose, aussi petite soit-elle pourvue qu’elle soit conséquente dans le domaine de l’éducation spécialisée.
Il m’a été possible de comprendre les situations de vie quotidienne de ces derniers, et de faire une transposition à la mienne, me rendant compte finalement de ce que je dois partager avec les autres, que ce que je considérais comme « normal » était « extraordinaire » pour beaucoup, que la vie nécessitait une prise de conscience particulière à un certain moment.
CONCLUSION
La vie d’un jeune adulte semble ne pas être facile. Il se trouve seul face à la vie et doit faire travailler ses expériences, capacités, compétences et connaissances pour devenir réellement un adulte autonome et responsable. La transition à l’âge adulte n’est pas facile, car des changements importants y ont lieu. Il faut que le futur adulte mette en perspectives toutes ces acquisitions, dans le but de devenir pleinement autonome, totalement indépendant, et donc capable de s’assumer sans le concours d’autrui. Il est donc question d’être responsable de soi, et de pouvoir apporter le nécessaire, les besoins personnels de son propre chef.
Le placement est un moyen éducatif qui a permis à de nombreux jeunes de se redresser et de retrouver une vie à peu près normale. Mais ce qui pose notamment problème, ce sont les impacts du placement dans l’autonomie des jeunes adultes. Il a été question de savoir comme se passait la transition à l’âge adulte des enfants placés dans la construction de leur autonomie.
La vulnérabilité des enfants mis en placement, à leur sortie n’a plus lieu d’être. En fait le placement est une solution à des problèmes familiaux, et sert la cause des enfants vivant dans des familles en difficulté. De plus, il permet de répondre au besoin d’autonomie et de liberté individuelle, de développement personnel et aussi de socialisation. Le fait est qu’il est en même temps une réponse au respect des droits de l’enfant comme il peut en constituer une totale désintégration, dans le sens où l’institution favorise la division cellulaire de la famille, les liens familiaux et sociaux, et donc détruit la vie de l’enfant, son droit à vivre auprès de sa famille et de en pas être guidé par autrui. Les centres et foyers ne sont que des auxiliaires à l’éducation, ils ne peuvent être suffisants ni indépendants ; Evidemment, les familles travaillent de concert avec eux, mais, cela ne peut être suffisant. Les éducateurs n’apportent pas le confort psychologique et affectif dont a besoin l’enfant, ni le soutien moral que des parents peuvent apporter à leurs enfants. Ils doivent se limiter à des solutions individuelles, et ne peuvent donc que contribuer de manière minimale, tout au moins suffisante (juste le minimum nécessaire) pour remplir les besoins de l’enfant.
Les hypothèses ont donc été validées. Pour la première, il est besoin de prendre en considération les droits des enfants placés en institutions. Il faut donc connaitre leur mise en œuvre pour pouvoir les prendre en charge de façon adéquate aux problèmes tant collectifs, donc du groupe en institutions et dans le fait que l’individu est avant tout un être social, qu’individuel, où il lui est impératif d’avoir une personnalité propre, une vie privée. Et ceci pour amoindrir leur vulnérabilité à la sortie et dans un souci de protection de l’enfant. Les enquêtés ont manifestés l’envie de ne plus jamais y remettre les pieds, même s’ils acceptent que la prise en charge a été bénéfique sur plusieurs points. Pour la seconde, la stabilité du travail des placements institutionnels au niveau de la participation de l’enfant dans la construction de son avenir est aussi nécessaire, car cela va contribuer à leur accès à l’autonomie, à leur travail personnel de construction identitaire. Il faut que l’enfant, l’adolescent placé soit le principal fondateur de son avenir. L’institution ne devrait agir que dans le sens d’aide, de conseiller et ne pas imposer des chois de carrières ou de formations.
L’on reconnait la place de l’Etat dans l’éducation, à priori plus importante que celle de la famille, mais réfléchir sur les impacts psychologiques qu’entraînent le placement, le foyer peut être également nécessaire, pour le foyer ne deviennent pas une prison ou une échappatoire pour les parents démissionnaires dans l’éducation de leurs enfants. LE système est bien en place et fonctionne, mais il serait envisageable de porter la concentration sur les avis des enfants, adolescents et jeunes, qui ne sont pas des bénéficiaires au sens complet du terme, mais au contraire deviennent des victimes, et n’arrivent pas à être autonome.
BIBLIOGRAPHIE
- Apprendre l’autonomie, apprendre la socialisation; M. Agnès et Hoffmans Gosset
- Cultures lycéennes. La tyrannie de la majorité, de D. Pasquier, Paris, Autrement, 2005
- Enfants placés, déplacés, replacés: parcours en protection de l’enfance; Emilie Potin
- L’action publique en faveur des jeunes : pour des réformes structurelles, de Francine Labadie, l’observatoire n°74/2012
- La participation citoyenne des jeunes, une force pour la démocratie locale – 18 octobre 2013 de Valérie Becquet
- L’autonomie des jeunes: Questions politiques et sociologiques sur le mondes étudiants; Vincenzo Cicchelli – Deveniradulte: chances et difficultés; sous la direction de Marie Rose Moro
- Le placement juvénile en miroir, de Laurence Ossipow, Gaëlle Aeby, Marc-Antoine Berthod, le 3 décembre 2013
- Les jeunes; Olivier Galland
- Les miroirs de l’adolescence; Laurence Ossipow, Marc-Antoine Berthod, GaëlleAeby
- Les transitions à la vie adulte des jeunes en difficulté: Concepts, figures et pratiques; Martin Goyette, Annie Pontbriand et Celine Bellot
- Parcours de vie, réorientations et évolutions des normes sociales de Valérie Becquet, Claire Bidart, AGORA DÉBATS/JEUNESSES N° 65, ANNÉE 2013 « 3#
- Politique de la jeunesse: le grand malentendu; V. Becquet / P. Loncle / C. Van de Velde
- Sociologie de la jeunesse; Olivier Galland (4è édition)
ANNEXES
Présentation :
- Qui êtes-vous
- Première partie: Fin du placement, souvenirs et faits
Le jour de départ
Questions principales | Questions complémentaires | Questions de relance et de clarification |
u Pouvez-vous me décrire le jour de votre départ du foyer ?
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– Vous souvenez-vous précisément du jour de votre départ du foyer après vos 18 ans ?
– Quel temps faisait-il ? A quelle période de l’année ? – Qui était présent ? – Aviez-vous beaucoup d’affaire
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– Dans quel état d’esprit étiez-vous ce jour (le jour de votre départ du foyer) ?
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u Commet s’est passé le déménagement par la suite ?
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– Vous souvenez-vous de votre déménagement ?
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– Où est-ce que vous êtes allé vivre après votre départ du foyer ?
– Y a-t-il eu une fête ou un cadeau symbolique pour votre départ ?
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Objectifs :
- Savoir ce qui s’est passé du coté de l’interviewé pendant le jour de départ, et ce qui est arrivé par la suite (insertion sociale, difficulté d’adaptation, changement d’environnement, changement de comportement par rapport à ce qui a précédé le placement, …)
Avant et pendant le placement
Questions principales | Questions complémentaires | Questions de relance et de clarification |
PLACEMENT
u Combien de temps a duré votre placement en foyer ? u Dans quel projet scolaire/professionnel étiez-vous avant le placement ? Et pendant le placement ? u Comment comprenez-vous les raisons de votre placement ? Et pour quoi selon a-t-il ainsi duré ? u Comment s’étaient passées ces relations avec les autres jeunes ? u Et vos relations avec les éducateurs et la direction ? Et la direction des foyers ? u Quel contact entretenez-vous avec votre assistant-e social-e ?
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– Comment concevez-vous les projets présents dans l’institution où vous vous trouviez à l’époque ? – Que pensez-vous des autres jeunes ? |
– Pouvez-vous parler un peu de ce qui se passe quand il n’y a pas d’éducateur et que les jeunes parlent entre eux du placement grosso modo ? |
AUTONOMIE
u Que signifie pour vous être autonome ? u Aviez-vous rencontré des difficultés lors de la recherche de logement ? u Avez-vous travaillé sur la séparation avec votre éducateur de référence ? Aviez-vous eu un entretien de fin de placement ?
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u Aviez-vous le sentiment que votre parole était prise entendue et prise en compte par les éducateurs, votre assistant social et les autres professionnels impliqués dans votre situation ?
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u Vous souvenez-vous dans quels domaines l’équipe éducative vous a accompagné durant votre placement (Axes de travail: Autonomie, retour en famille, scolarité, gestion administrative…)
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Objectifs :
- Connaitre les motifs du placement : question de conscientisation de l’enquêté sur ce qu’il a fait pour les comparer à sa vie après le placement, dans la société
- Positionner l’enquêté dans le contexte de « l’autonomie des jeunes adultes » : voir ce qu’il a fait, ce qui a entouré sa quête d’autonomie
Après le placement
Questions principales | Questions complémentaires | Questions de relance et de clarification |
u Avez-vous gardé des contacts avec : – les autres jeunes – les éducateurs du foyer – la direction du foyer après votre départ
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u Qu’avez-vous fait les jours qui ont suivi votre départ du foyer ?
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u Quel a été votre sentiment les premiers jours qui ont suivi votre départ du foyer ?, u Comment vous vous êtes senti à ces moments (quelques jours après le départ du foyer) dans la gestion des questions administratives, des tâches quotidiennes etc. ? u Toujours à ces moments, donc quelques jours après votre départ du foyer, avez-vous ressenti des manques liés justement à ce changement dans votre vie ?
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u Vous a-t-il fallu beaucoup de temps pour avoir le sentiment de gérer votre quotidien ?
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u Quels souvenirs gardez-vous ?
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u Quel est votre meilleur souvenir de ces moments (jours qui ont suivi le départ du foyer ? u Et quel est votre pire souvenir de ces moments qui ont suivi votre départ du foyer ?
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Objectifs :
- Connaitre s’il y a eu des traumatismes, ou des chocs émotionnels surtout, après le placement
- Essai d’évaluation du placement et de l’éducation qu’on y donne (dans les institutions), sur quels points on rencontre encore des améliorations devant être faites : analyse et critique du placement et de ses effets
- Deuxième partie: Fin du placement, analyse et perceptions actuelles
Déroulement du placement et impact sur votre vie actuelle
Questions principales | Questions complémentaires | Questions de relance et de clarification |
u A ce jour avez-vous l’impression de comprendre différemment les raisons pour lesquels vous avez été placé ?
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u Si vous aviez l’occasion de changer quelque chose dans le processus de votre placement qu’auriez-vous fait ?
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u Si vous aviez une baguette magique lorsque vous aviez 16 ou 17 ans et avez la possibilité de changer quelque chose après vos 18 ans, qu’auriez vous aimé changer ?
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u Pensez-vous que vous étiez bien préparé au départ du foyer ? Sinon qu’est-ce qui vous a manqué ?
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u Comment étiez-vous préparé, vous, personnellement pour ce départ du foyer ? u Avez-vous fêté votre départ ?
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u Pensez-vous que pendant votre placement, l’équipe éducative vous comprenait et prenait en compte vos souhaits ? Par exemple en lien avec votre départ plus tôt possible du Foyer ?
u Pensez-vous que votre lieu de vie après votre sortie du foyer était adéquat ? Quelles difficultés avez-vous rencontré
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Objectifs :
- Impacts du placement
Relation à l’institution (foyer)
Questions principales | Questions complémentaires |
u Que retenez-vous aujourd’hui d’important dans votre relation avec votre éducateur de référence et/ou les éducateurs lors de votre placement ?
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u Comment comprenez-vous que vous ayez gardé contact avec cet éducateur ?
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Objectifs :
- Avantages du placement
Transition à l’âge adulte
Questions principales | Questions complémentaires | Questions de relance et de clarification |
u Que signifie pour vous être adulte ?
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u Comment acquière-t-on cette maturité selon vous ?
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u Qu’avez-vous entrepris le jour de vos 18 ans ?
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u Parlez-vous facilement de votre placement avec votre entourage, à qui et de quelle manière?
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Objectifs :
- Résultats du placement pour l’individu enquêté : analyse du placement et de l’autonomie
[1] Le placement juvénile en miroir, le 3 décembre 2013 de Laurence Ossipow, Gaëlle Aeby, Marc-Antoine Berthod – page 4
[2] Normal par opposition au fait d’avoir été placé en institution
[3] Stéphane Moulin, L’émergence de l’âge adulte : de l’impact des référentiels institutionnels en France et au Québec, http://sociologies.revues.org/3841
[4] Christian Baudelot, Un nouvel âge pour la sociologie de la jeunesse
[5] Christian Baudelot, Un nouvel âge pour la sociologie de la jeunesse
[6] D. Pasquier, Cultures lycéennes. La tyrannie de la majorité, Paris, Autrement, 2005.
[7] Parcours de vie, réorientations et évolutions des normes sociales de Valérie Becquet, Claire Bidart, AGORA DÉBATS/JEUNESSES N° 65, ANNÉE 2013 « 3#
[8] Parcours de vie, réorientations et évolutions des normes sociales de Valérie Becquet, Claire Bidart, AGORA DÉBATS/JEUNESSES N° 65, ANNÉE 2013 « 3#
[9] Politique de la jeunesse: le grand malentendu; V. Becquet / P. Loncle / C. Van de Velde
[10] Le placement juvénile en miroir, de Laurence Ossipow, Gaëlle Aeby, Marc-Antoine Berthod, le 3 décembre 2013
[11] Le passage à l’âge adulte : les trajectoires des ayant eu des problèmes de comportement, Julie Marcotte
[12] Idem
[13] Parcours de vie, représentations et évolutions des normes sociales, Valérie Becquet et Claire Bidart, Introduction
[14] Le passage à l’âge adulte : les trajectoires des ayant eu des problèmes de comportement, Julie Marcotte
[15] Le placement juvénile en miroir, de Laurence Ossipow, Gaëlle Aeby, Marc-Antoine Berthod, le 3 décembre 2013
[16] Politique de la jeunesse: le grand malentendu; V. Becquet / P. Loncle / C. Van de Velde
[17] Parcours de vie, réorientations et évolutions des normes sociales de Valérie Becquet, Claire Bidart, AGORA DÉBATS/JEUNESSES N° 65, ANNÉE 2013 « 3#
[18] L’action publique en faveur des jeunes : pour des réformes structurelles, de Francine Labadie, l’observatoire n°74/2012
[19] La participation citoyenne des jeunes, une force pour la démocratie locale – 18 octobre 2013 de Valérie Becquet
[20] Parcours de vie, réorientations et évolutions des normes sociales de Valérie Becquet, Claire Bidart, AGORA DÉBATS/JEUNESSES N° 65, ANNÉE 2013 « 3#
Mémoire de fin d’études de 59 pages.
€24.90