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Mondialisation et secteur textile cambodgien

 

 

 

 

Mondialisation et secteur textile cambodgien

 

 

 

TABLE DES MATIERES

Introduction. 4

 

Partie 1. La mondialisation et ses impacts sur le monde du travail 7

Introduction partielle. 7

  1. La notion de mondialisation. 8
  2. Définition de la mondialisation. 8
  3. La mondialisation et le capitalisme. 9
  4. La mondialisation : facteur d’inégalités ?. 10
  5. La mondialisation et le travail 11
  6. Les effets de la mondialisation sur le travail 11
  7. Les impacts de la mondialisation dans le secteur textile. 14
  8. Les effets de la mondialisation sur le travail des femmes dans l’industrie textile. 16

Synthèse de la première partie. 20

 

Partie 2. Les effets de la mondialisation dans l’économie du Cambodge. 21

Introduction partielle. 21

  1. Présentation du Cambodge. 22

Situation géographique et démographique. 22

Situation économique. 23

  1. La mondialisation au Cambodge. 27

III.       La mondialisation et la représentation sociale au Cambodge. 28

  1. La représentation sociale de la femme au Cambodge. 28
  2. La mondialisation peut-elle affecter une représentation sociale d’une population ?. 28

Synthèse de la deuxième partie. 29

 

Partie 3. La mondialisation dans le secteur de l’industrie textile : quels impacts sur les conditions de travail des femmes?  30

  1. Le secteur du textile au Cambodge. 31
  2. Les changements de conditions de travail de femme cambodgienne apportés par la mondialisation 32
  3. Mondialisation du secteur textile. 32
  4. Les conditions des femmes qui travaillent dans le secteur textile. 34
  5. Réflexion sur les corrélations entre les conditions de travail des femmes, la mondialisation et la représentation sociale de la femme au Cambodge. 34

Conclusion générale. 36

Bibliographie. 38

Sitographie. 39

-. 39

 

Introduction

 

La mondialisation est une stratégie commerciale qui sert de fondement à la majorité des systèmes économiques actuels. Elle concerne les trois principales activités suivantes : le commerce international, les migrations et la globalisation de la finance (OCDE, 2012). Ainsi, elle est associée au phénomène de libéralisation des échanges, des innovations technologiques et à une intensification des échanges socioéconomiques.

 

Elle a été amorcée dans les années 80 en Angleterre et s’est ensuite répandu dans toute l’Europe, qui est désormais devenu la première zone commerciale du monde. Dans le courant du XXème siècle, une nouvelle forme de mondialisation contemporaine a émergé à travers une intensification du libre échange et la mise en place d’accords entre les différents pays, avec une montée en puissance des Etats-Unis. Cette mondialisation contemporaine a amené de profondes mutations telles le transfert des emplois vers les pays du Tiers-monde ou l’élargissement des firmes multinationales à l’échelle mondiale. Ainsi, plusieurs acteurs interviennent dans le cadre de la mondialisation contemporaine comme les Etats, la Banque Mondiale, le Fonds Monétaire International et l’Organisation Mondiale du Commerce[1].

 

Les mutations induites par la mondialisation ont affecté l’économie et la vie sociale en générale. Les changements économiques se manifestent à travers la croissance économique, la présence d’importants flux de capitaux entre les différents pays et l’intensification de migrations massives vers les zones d’activité économique.

 

D’autre part, les barrières entre les différents Etats ont été réduites pour optimiser les flux issus de l’internationalisation du commerce. En parallèle, la mondialisation a entrainé des modifications dans la production de biens, qui tend de plus en plus à se faire à l’échelle internationale, et à la libéralisation du secteur financier[2].

 

La mondialisation a autant impactée positivement les relations et communications entre les différents pays, qu’a amené des impacts sociaux négatifs. En effet, elle a été reconnue comme étant l’une des origines des inégalités sociales. Les échanges ont certainement conduit à l’amélioration de la situation économique des pays occidentaux au profit des pays du Sud. Toutefois, des analyses ont ressorti que la mondialisation pourrait également favoriser les riches et dépouiller les pauvres[3].

Dans le contexte de l’évolution des conditions de travail, il a été constaté que les pays développés tendent à chercher de la main d’œuvre dans les pays moins avancés. Ainsi, cette tendance affecte considérablement les deux parties. D’un coté, les travailleurs peu qualifiés dans les pays développés ne trouvent plus d’emploi et deviennent chômeurs, outre les inégalités salariales qui tendent aussi à augmenter[4]. D’autre part, les rôles sont transférés dans les pays en voie de développement où les mains-d’œuvre sont moins chères.

 

En conséquence, les relations industrielles se trouvent modifiées par la mondialisation. Les conditions de travail tendent à être transformées : le phénomène de mondialisation se reflète dans les changements au niveau de la gestion des ressources humaines et se démarque entre autre, par la forte consommation de technologies. Une forte utilisation de technologie qui pourrait de son coté remettre en question la nécessité d’un travail humain. Ainsi, dans un environnement marqué par la création de robots et de machines, les craintes perdurent quant à la possibilité de substituer l’Homme par la machine[5].

 

Dans cette réflexion, nous allons nous intéresser plus particulièrement dans cette étude aux conséquences de la mondialisation sur les conditions de travail. Pour cela, nous allons orienter notre réflexion vers les effets de la mondialisation au niveau des pays moins avancés, en étudiant le cas du Cambodge.

 

Le Cambodge fait partie des pays pauvres dans le monde, étant donné que 35% de sa population vit en-dessous du seuil de la pauvreté. Il affiche entre autre, un taux élevé de malnutrition et de famine[6]. Depuis la fin des années 1990, il a connu un fort développement économique et bénéficie de l’afflux d’investissements internationaux. De ce fait, il est objectivement situé dans le contexte de mondialisation qui nous intéresse.

 

Le secteur du textile constitue l’un des plus importants secteurs d’activité du pays, contribuant à 16 % du PIB cambodgien et 75% des exportations du pays en valeur[7]. La mondialisation dans le secteur du textile a fortement contribué à la création d’emploi où des ouvriers cambodgiens travaillent pour le compte de plusieurs marques occidentales célèbres comme Adidas, H&M, etc. Mais il se trouve qu’actuellement, ces ouvriers se sentent de plus en plus sous les pressions des injustices sociales, se manifestant par de mauvaises conditions de travail et l’inadéquation des salaires pour les efforts fournis par les travailleurs. Ainsi, des manifestations ouvrières ont eu lieu.[8]

 

C’est dans cette optique qu’a été choisi le thème de la présente étude afin d’analyser les différentes facettes de la mondialisation en prenant pour cas le Cambodge. On approfondira plus particulièrement les effets de la mondialisation sur les conditions de travail des femmes. La problématique qui se pose est la suivante : « Quelles évolutions apportent la mondialisation dans des conditions de travail de la femme exerçant dans le secteur textile Cambodgien ? »

 

L’objectif de cette analyse est de déterminer les différents impacts de la mondialisation ainsi que ses caractéristiques dans le cas du Cambodge. Pour répondre à cette question, nous allons développer en trois parties notre réflexion.

 

Dans la première partie, nous allons développer la notion de mondialisation et rapporter les différents effets de celle-ci sur le monde du travail en général. La deuxième partie analysera ensuite les spécificités de la mondialisation au Cambodge. Et la troisième partie confrontera les théories pour déterminer si les mauvaises conditions de travail de la femme étaient plus associées au statut de la femme au sein de la société cambodgienne qu’à la mondialisation.

 

 

Problématique générale : « Quelles évolutions apportent la mondialisation dans des conditions de travail de la femme exerçant dans le secteur textile Cambodgien ? »

 

Partie 1. La mondialisation et ses impacts sur le monde du travail

 

Introduction partielle

 

La mondialisation, un terme fréquemment utilisé dans le monde des affaires et dans les discours politiques en général n’est pas un évènement récent. En effet,  c’est un concept qui a existé depuis l’accession des hommes aux toutes premières formes d’échanges commerciaux mais ce sont ses aspects et ses évolutions qui varient et dépendent étroitement de la situation politique et économique mondiale, d’après les auteurs, passant notamment par différentes guerres et crises financières.

Mais tout d’abord qu’est ce véritablement la mondialisation ? Et quelles sont ses manifestations dans le monde du travail ?

L’objectif de cette première partie est donc de définir la notion de mondialisation selon la littérature tout en déterminant ses portées sur le monde du travail en général.

 

 

  1. La notion de mondialisation

 

  1. Définition de la mondialisation

 

La mondialisation au sens large est synonyme d’internationalisation, de diversification ou de globalisation. Nombreuses sont les définitions de la mondialisation dans la littérature selon les différents points de vue : économique, commerciale, financière ou politique. Ainsi, nous allons distinguer quelques auteurs proposant des différentes définitions de la mondialisation selon leur domaine.

 

Pour Thompson (1999), il s’agit d’un « mot parmi d’autres pour désigner simplement l’internationalisation plus poussée de l’activité économique s’exprimant par une intégration et une interdépendance accrues des économies nationales. »

« La mondialisation peut se définir comme l’interaction croissante entre les activités économiques, des sociétés humaines de par le monde et leur intégration de plus en plus poussée » (Ibi Ajayi, 2001)

Pour l’économiste Joseph Stiglitz, le terme « mondialisation » signifie une « intégration plus étroite des pays et des peuples du monde, ayant réalisée d’une part la baisse des coûts de transport et de communication, et d’autre part la destruction des barrières artificielles à la libre circulation des biens, des services, des capitaux et des personnes ».

Tandis que pour Jean-Luc Ferrandéry (1998), il s’agit d’une nouvelle forme du capitalisme qu’il définit comme un « mouvement complexe d’ouverture des frontières économiques et de déréglementation, qui permet aux activités économiques capitalistes d’étendre leur champs d’action à l’ensemble de la planète ».

 

Mais comme point commun, ces différentes définitions ajustent toutes la mondialisation au phénomène d’échange et de commerce international. Une définition officielle de la commission européenne décrit la mondialisation comme « le processus par lequel l’interdépendance entre les marchés et la production de différents pays s’accroît sous l’effet des échanges de biens et de services ainsi que des flux financiers et technologiques. Il ne s’agit pas là d’un phénomène nouveau mais de la poursuite d’une évolution amorcée depuis longtemps ». (Cité par David BOLDUC et Antoine AYOUB, 2000)

 

Ainsi, la mondialisation peut concerner de multiples domaines tels la mondialisation économique, celle de l’information, de la politique ou celle culturelle. Mais c’est la mondialisation économique qui nous intéresse plus particulièrement dans cette étude car elle influence directement les modes de vie, les manières de travailler et les aspirations[9].

« La mondialisation économique, au sens large est presque aussi ancienne que les échanges commerciaux. Elle résulte de la combinaison entre le dynamisme des commerçants à la recherche de marchés au-delà de leur pays d’origine, les progrès des techniques de transport et de communication, et la volonté du pouvoir politique, à certaines périodes de l’Histoire, de favoriser le commerce avec l’étranger. Cette combinaison a considérablement varié à travers les siècles »9.

 

Depuis le XIVème siècle, les échanges commerciaux ont été déjà inventés sous la forme de la navigation et de l’écriture. Fut créé ensuite le réseau postal dans le XVIème siècle, favorisé par l’évolution dans le domaine du transport. La première véritable phase historique de la mondialisation fut marquée finalement, dans le courant du XIXème siècle, avec la première révolution industrielle et l’explosion du commerce mondial. L’avènement de la mécanisation a considérablement contribué à l’amélioration du transport et à l’élargissement de la couverture commerciale d’un produit. Ainsi, les entreprises ont commencé à travailler au-delà des frontières afin de faciliter les échanges sous formes d’entreprises multinationales.

 

Concernant ses principales caractéristiques, Anthony McGrew (1997) définit les 4 aspects suivants comme propres à la mondialisation :

  • L’interdépendance: de sorte que les évènements qui se présentent dans un quelconque pays du monde peuvent commodément devenir un phénomène mondial  affectant les individus et les sociétés en général.
  • L’effacement de frontières nationales.
  • Le conflit de souveraineté généré par la forte interdépendance des différents pays.
  • La complexité systémique due à l’augmentation en nombre des acteurs

Mais l’existence de ces nombreuses interprétations confirme que « l’utilisation du terme mondialisation n’est pas utilisée d’une manière uniforme pour tout le monde ».

 

  1. La mondialisation et le capitalisme

 

Pour les théoriciens du système-monde et les auteurs néo-marxistes, la mondialisation est une extension du système capitaliste (David BOLDUC et Antoine AYOUB, 2000) par le biais de leur participation à une division mondiale du travail sur les produits essentiels (Amin, 1998).

Le capitalisme-monde, qui selon Arrighi est caractérisé par :

  • Une expansion stable et rapide de la production et du commerce mondial.
  • Une financiarisation de l’économie
  • Une hausse de la compétition interétatique pour le capital mobile
  • De rapides changements technologiques et organisationnels.
  • Se terminant par une crise de suraccumulation du capital

 

Michalet (1998), quant à lui explique que « le passage de l’accumulation nationale à  l’accumulation mondiale est (…) une extension naturelle du capitalisme ».

Ainsi, l’implantation des firmes multinationales dans d’autres pays se trouve comme un autre  aspect d’une exploitation des ressources au détriment de la population locale, de l’environnement et de puissance financière démesurée.

 

Les principaux intérêts de cette expansion à l’internationale se manifestent surtout sur :

  • La recherche des matières premières (cas du  marché des épices ou de l’exploitation des gisements pétroliers).
  • Egalement, il se peut que les entreprises cherchent à fuir les quotas d’importation, les droits de douanes et les couts de transport élevés dans l’export de leurs produits ce qui leur emmène à s’installer directement dans la localité ciblée pour le marché.
  • Troisièmement, on peut identifier la fragmentation de la production et la recherche des pays à bas cout de main d’œuvre: pour mieux faire face à l’accroissement de la concurrence.

Ainsi, la mondialisation a contribué énergiquement au développement des pays industrialisés.

 

  1. La mondialisation : facteur d’inégalités ?

 

Etant donné l’intensification et l’approfondissement des échanges favorisés par la mondialisation, cette dernière est également considérée comme « facteur d’inégalités » dans le monde.

 

  • Cette inégalité se répercute premièrement sur l’écart salarial.

En effet, des accroissements de revenus s’en sont issus concernant surtout les travailleurs mobiles maitrisant les technologies. Tandis que la mondialisation a entrainé la baisse des salaires dans les secteurs à faible valeur ajoutée pour écarter les menaces de la délocalisation de la société vers les régions et pays proposant des prix plus compétitifs. Ainsi, « les revenus des moins qualifiés se tassent, tandis que les salaires des diplômés progressent hâtivement ».

 

  • Deuxièmement, se creuse les inégalités entre pays riches et pauvres :

« L’aggravation apparente des inégalités entre pays riches et pays pauvres est de plus en plus fréquemment imputée au mouvement de mondialisation qui profiterait à un groupe limité d’économies dans le monde ». (François Nicolas, 2001). Puisqu’en effet, ce sont surtout les petites entreprises et travailleurs indépendants des pays en développement qui se trouvent dans une position plus désavantageuse que les grandes firmes d’une envergure internationale.

Certains auteurs soutiennent même que « les programmes d’ajustement structurels (PAS) auraient contribué à consacrer les situations de dépendance en  gelant  les structures de spécialisation et par conséquent en bloquant le processus de développement ». (François Nicolas, 2001)

 

Toutefois, d’un point de vue totalement contradictoire, la mondialisation est perçue comme une menace pour certains pays développés notamment dans de nombreux pays Européens qui pensent que : « la mondialisation est plus souvent perçue comme une menace que comme une opportunité : certains la voient comme menaçant leur emploi; d’autres comme menaçant leurs avantages sociaux; d’autres encore comme menaçant leur mode de vie ». (Meunier) De cette façon, la mondialisation peut amener un monde plus homogène en rassemblant tous les pays du monde sur un même pied d’égalité (techniques, technologiques, informatiques voire culturelles).

 

Mais en un mot, ce sont notamment les inégalités sociales qui se sont fortement creusées durant les deux dernières décennies (OIT, 2012). La mondialisation et la mobilité du capital ont surtout contribué à une modification de la distribution des gains de croissance et la réalité est que « le monde de travail est devenu plus hétérogène ».

  • Dans les pays développés, les travailleurs les moins qualifiés qui représentent un effectif majoritaire par rapport aux diplômés, ont vu leur salaire moyen s’affaiblir.
  • Dans les pays émergents, elle a entrainé une croissance tout en creusant un grand écart de revenus dans la société. A titre d’exemple, dans le cas du Mexique, 109 millions de personnes vivent avec moins de 30 dollars par jour alors que 10% de la population possède la moitié du PIB, ce qui reflète un éloignement énorme dans les niveaux de vie différenciant inévitablement les classes aisées des démunies.
  • Egalement en Inde, « 92 % de l’activité économique dépend du secteur informel. Le monde rural reste gangrené par la corruption et la mauvaise gouvernance locale » (source : Programme des Nations Unies pour le développement ou PNUD).

Ces écarts et inégalités salariales seront détaillés de plus près dans le second chapitre qui suit, afin de mieux approfondir les effets de la mondialisation sur le monde du travail en général.

 

  1. La mondialisation et le travail

 

  1. Les effets de la mondialisation sur le travail

 

  • Concernant l’évolution du monde du travail en général, la mondialisation a premièrement contribué autant à la création de nouveaux emplois tout comme la suppression de certaines fonctions voire de certaines industries surtout dans les pays développés.

En effet, on peut remarquer d’un coté que la mondialisation a directement amené d’importante perte d’emploi :

 

  • Premièrement, il y a les pertes d’emploi issu de la concurrence des pays émergents. Ainsi, la baisse de compétitivité des produits fournis par les pays développés par rapport aux pays émergents, entraine notamment la « désindustrialisation » dans ces pays.

 

  • Deuxièmement, se dévoilent d’autres pertes d’emplois dues à la délocalisation de près de 40% des sociétés en direction d’Asie, d’Australie, et de l’Europe centrale…. D’après les statistiques, seuls les 1/5 des activités peuvent être considérés comme spécifiques à la région et « délocalisables ». (cas de l’Europe)

 

« Ces délocalisations ont entraîné de nombreuses disparitions d’entreprises du secteur et de nombreuses pertes d’emplois dans la confection et dans les activités textiles en amont. Ainsi, au niveau des entreprises disposant de moins de vingt salariés, 90 000 emplois ont été perdus en quinze ans avec une réduction du volume de production divisé par dix (Marbach, Soares, 2007).

 

Toutefois, la délocalisation peut autant être positive pour la société en vue d’une amélioration technologique et virages stratégiques, notamment amené par les révolutions industrielles et technologiques facilités par les échanges apportées par la mondialisation. Ce gain d’efficacité des entreprises est considéré comme l’une des conséquences indirectes de la mondialisation.

 

D’un autre point de vue, la mondialisation a apporté de nouveaux emplois tant dans les pays développés que dans les pays en voie de développement.

  • D’une part, étant donné la délocalisation de la majorité des industries des pays développés, les nouveaux centres d’intérêt se sont réorientés dans le secteur des services et industries de pointe, qui de leur coté créent plus de valeur ajoutée que les métiers à forte intensité de main d’œuvre (services, industries de pointe ou haute couture…).

 

  • D’autre part, elle apporte beaucoup de nouveaux emplois dans les pays émergents surtout au niveau de la classe moyenne qui sont plus ajustés aux mains d’œuvre dans les différents types d’industries.

 

Toutefois, la mondialisation est accusée d’avoir détérioré la qualité du travail surtout au niveau des secteurs qui sont devenus moins compétitifs.

 

  • Deuxièmement, il a été démontré d’après les analyses de Francis Maupain, (OIT, 2012) que la mondialisation influence également le taux de chômage dans le monde :

 

  • Dans les PED, il se trouve que le chômage diminue considérablement, marqué notamment par un développement significatif de la classe moyenne dans les pays émergents d’Asie, « entrainant un creusement d’inégalités et précarisation des travailleurs venus des campagnes pour alimenter  l’expansion des importations, constructions et travaux publics ».

 

  • Quant aux pays développés, le taux de chômage se voit être augmenté : comme dans le cas du Royaume uni où ce taux est passé de 4,5% en 2007 à 8% en 2010 ; ou dans le cas des Etats Unis avec une croissance du taux de chômage de 4,5% en 2007 à 10% en 2010.

 

Ainsi Francis Maupain affirme que la mondialisation et le monde du travail sont surtout reliés par les deux grands fléaux suivant :

  • Un monde du travail marqué par une persistance du chômage.
  • Une « décence » avec un phénomène de précarisation du travail à cause d’une forte croissance de travaux informels, outre un fort taux de vulnérabilité des emplois estimé à 51%.

Notons que ce travail informel qui continue à se propager présente de multiples inconvénients comme un salaire très bas,  une inexistence de sécurité professionnelle,  une absence de protection sociale et une limite d’accès à l’éducation.

 

D’un autre point de vue, Jean-Yves Huwart et Loïc Verdier, (2007) révèlent que « le lien entre mondialisation et pertes d’emploi est moins évident ».

Selon les auteurs, « la mondialisation semble au total créer plus d’emplois qu’elle n’en détruit. De même, l’accroissement des inégalités de salaires constaté leur semble davantage lié aux technologies et aux législations mises en œuvre qu’à la mondialisation ». Toutefois,  celle-ci accroit indéniablement la précarité de certains emplois.

  • « Cette précarité de l’emploi se manifeste dans les pays développés par le recours au travail à temps partiel et aux contrats limités dans le temps » avec un taux d’employabilité en contrat à durée déterminée de 68 % des jeunes qui doivent travailler moins à cause de l’accroissement de la concurrence des pays à bas coût de main-d’œuvre
  • « Tandis que les pays en développement peuvent profiter d’une amélioration des conditions de travail étant donné que les multinationales rémunèrent mieux leurs salariés que les entreprises locales ». En effet, les auteurs affirment que : « la reprise d’une entreprise par une société étrangère entraîne une augmentation rapide des salaires dans l’entreprise de 10 % à 20 % en moyenne »

 

Finalement, Huwart et Verdier, (2007) suggèrent que : « pour que la mondialisation soit bénéfique à l’emploi (à la fois aux entreprises et aux travailleurs), les gouvernements doivent particulièrement insister sur les politiques d’éducation et de formation tout au long de la vie ».

 

  1. Les impacts de la mondialisation dans le secteur textile

 

« Le poids des activités intensives en main d’œuvre dans les coûts de production a fait que le secteur textile-habillement est celui qui subit le plus les lois de la mondialisation ».

En effet, les entreprises du textile sont les plus touchées par le phénomène de délocalisation en commençant les entreprises de la confection, fut suivi récemment par le textile en général.  « Ainsi, entre 2003 et 2005, 17 % des entreprises de l’habillement et du cuir en France ont délocalisé en partie leur activité vers des pays à coûts salariaux plus faibles » (Pliquet, Riedinger, 2008).

 

« La délocalisation du textile, avec ses effets sur l’emploi, a débuté il y a trente ans. Mais elle s’est accélérée il y a dix ans ». Avec la hausse du coût du transport et des matières premières ; l’industrie textile est alors contrainte de se transférer dans des pays plus exotiques comme l’Inde, Bangladesh, et plus récemment Cambodge, Vietnam…, où le prix de la main-d’œuvre est encore déterminant. (economie@lavoixdunord.fr)

 

Le mouvement de délocalisation concerne amplement le marché du textile en Europe, notamment en France et en Italie, de sorte que « depuis que les entreprises ont délocalisé leur production, les ventes de textiles italiens ont chuté de plus de 10 % en trois ans, entraînant la suppression de 24 000 emplois industriels. Ainsi, réduire les coûts de production pour améliorer les marges devient une option des plus tentantes pour tous. (Courrier International Le monde.fr)

 

« Cette réduction de l’emploi a été beaucoup plus importante dans la confection que dans les biens de consommation et il se trouve que la chute du niveau d’emploi dans les industries textiles est nettement plus accentuée que dans les autres industries de biens intermédiaires ».

Au niveau mondial, l’emploi dans l’industrie des vêtements a augmenté considérablement entre 2004 et 2008 dans les pays émergents :

  • au Cambodge cet accroissement est 20 %
  • tandis qu’il est de 40 % au Bangladesh
  • 48 % en Inde,
  • 52 % au Viet Nam.,
  • 8 % au Pakistan

La croissance de l’emploi dans ce secteur a été également remarquable en Inde, même si l’on ne dispose pas de chiffres exacts. (OIT, 2014)

 

Parallèlement, les niveaux d’emploi d’autres pays ont au contraire baissé dans les industries du textile et des vêtements. Entre 2002 et 2008, plus de 30 % de ses salariés dans le secteur ont perdu leur emploi.

  • Avec un recul de 34,8 % au Mexique
  • de 7,7 % au Maroc
  • 12 % à Sri Lanka
  • De 80% aux Etats-Unis.

Selon une étude récente sur la situation des salariés des entreprises du secteur textile-habillement-cuir de Perotti-Reille, (2007), la délocalisation touche :

  • 25 % des effectifs dans les entreprises performantes,
  • 25 % dans des entreprises en difficulté financière
  • 50 % dans des entreprises qui ont des marges de manœuvre mais qui doivent opérer des mutations en développant de nouvelles stratégies

 

Dans une démarche de délocalisation de l’entreprise, la sélection des pays d’implantation dépend en général des avantages comparatifs offerts par les différentes localisations (Antràs, Helpman, 2004). Ainsi, « il faut identifier le bon partenaire qui aura les équipements correspondants aux exigences du donneur d’ordre ».

En général, les cibles plus éloignés comme l’Asie concernent fréquemment les segments traditionnels de bas et moyen de gamme et les produits à circuits longs. Ainsi, le choix de ces pays est surtout décidé vis-à-vis de la réduction du coût.

 

Pour les détaillants de produits mode, les principaux facteurs qui exigent les décisions de sourcing international, sont constitués par :

  • le prix dans 14 %
  • la qualité 35 %
  • la vitesse de livraison 27 % (Baser, 2008).

Finalement, il est à signaler que la main d’œuvre dans l’industrie du textile en général est essentiellement effectuée par des femmes avec :

  • 68 % de la main-d’œuvre dans l’industrie des vêtements,
  • 45 %de la main-d’œuvre dans l’industrie du textile
  • 46 % de la main-d’œuvre dans les industries du cuir et de la chaussure.

Dans certains pays, la proportion de femmes dans les industries peut même atteindre jusqu’à 90 % des employés (OIT, 2014). Cette forte proportion des femmes en effectif dans les industries textiles nous amène à mieux approfondir les résultats de la mondialisation sur le travail de ces femmes.

 

  1. Les effets de la mondialisation sur le travail des femmes dans l’industrie textile

 

Tout d’abord le travail de la femme présente de multiples avantages et inconvénients pour l’entreprise qu’il s’agisse du secteur textile ou d’autre. Selon le chercheur Jaafari Ahmed, 2013, ces principaux inconvénients vis-à-vis de l’entreprise sont essentiellement constitués par les critères suivants.

« Au sein de l’entreprise, la femme pose quelques problèmes, et qui ne sont pas des moindres.

  • Parmi ces problèmes, on trouve d’abord, la contrainte de la maternité. En effet, quand la femme est enceinte, ses apports diminuent vu que son métabolisme subit des transformations dues à cette grossesse. Les contraintes augmentent au fur et à mesure que la grossesse se développe jusqu’au dernier mois, où la future maman obtient son congé de maternité. L’absence de la femme au niveau du poste qu’elle occupe perturbe le travail, et le recours à un remplaçant entraîne une baisse de la performance et la sortie de frais supplémentaires.

 

  • Le droit à l’allaitement après la reprise, laisse encore à la femme la liberté de disposer d’une heure le matin et d’une heure l’après-midi, ce qui est autant d’heures perdues dans la productivité et le rendement de l’entreprise.

 

  • Les autres problèmes sont également identifiés comme caractéristiques des femmes tels les conflits personnels connus pour être l’apanage des femmes quand elles se rencontrent. Dans ce sens, elles reproduisent dans le travail, les tensions socioculturelles qu’elles vivent à l’extérieur, où dans les lieux publics. Les jalousies, les médisances, et les frictions se retrouvent dans les lieux du travail. Les conditions de travail s’en trouvent envenimées, et la mauvaises qualité des rapports humains. La communication professionnelle étant devenue un atout majeur dans la réussite de l’entreprise, sa détérioration entraîne fatalement une baisse des performances.

 

  • D’autre part, le travail de fait est toujours considéré comme facultatif. Ainsi, les employeurs savent tirer avantage de cet état des choses, et engagent des femmes qui sont prêtes à travailler pour un salaire inférieur à celui exigé par un homme.

 

  • Ces faits entraînent incontestablement une féminisation de l’emploi et un chômage plus élevé dans les rangs des hommes.

 

  • Finalement, la présence des femmes au milieu des hommes provoquent un sexisme qui influe sur les rapports entre les employés et les fonctionnaires. La préférence pour tel ou tel sexe rend les rapports compliqués entre les employés au sein de l’entreprise. Cette différence des sexes encore marqué par l’héritage patriarcale, même dans les pays développés, entraîne des phénomènes tels que le harcèlement sexuel ou le droit de cuissage. Une société qui vit ces phénomènes ternit son image de marque et finit par perdre pied dans un monde où la concurrence est de plus en plus rude.

En bref, être femme constitue déjà un désavantage dans le monde du travail industriel en général.

 

Concernant particulièrement le secteur textile, les données de l’OIT, 2014 affirment que de nombreuses économies nationales sont dépendantes de l’industrie des vêtements avec :

  • 88% des exportations totales d’Haïti,
  • 79% des exportations totales du Bangladesh,
  • 58% des exportations totales du Lesotho,
  • 52 % des exportations totales du Cambodge,
  • 43 % des exportations totales de Sri Lanka,
  • 38 % des exportations totales du Honduras,
  • 36 % des exportations totales d’El Salvador,
  • 31% des exportations totales de Maurice,
  • 20 % des exportations totales de Madagascar,
  • 18 % des exportations totales de la Tunisie,
  • 17 % des exportations totales du Pakistan,
  • 15 % des exportations totales du Maroc,
  • 13 % des exportations totales de la Jordanie,
  • 12 % des exportations totales du Viet Nam
  • 10 % des exportations totales de la Turquie.

 

Et dans la majorité des pays émergents, la plupart des ouvrières dans le textile sont des femmes qui sont majoritairement jeunes et relativement peu qualifiées, constituant une large part de la main-d’œuvre dans l’industrie des vêtements.

 

  • Rapport d’Estela de la République Dominicaine :

Les estimations chiffrent que 70% de la part de la production mondiale de vêtements sont réalisée par des femmes. Cette tendance est expliquée par le fait que les femmes offrent surtout une main-d’œuvre bon marché et facilement exploitable outre leurs remarquables dévouements et applications au travail. En plus, dans les régions où s’installent les industries textiles, moins de 50% des femmes ont accès à l’enseignement primaire, ainsi la plupart ne connaissent même pas leurs droits. « Les employeurs se gardent bien de leur ouvrir de nouveaux horizons, qui produit notamment des vêtements de marque et l’usine a divisé le travail de telle sorte que chaque ouvrière ne s’occupe que d’une partie du vêtement ». D’après le témoignage des ouvrières, les propriétaires ne veulent pas qu’elles deviennent bonnes dans la réalisation de l’ensemble. « Ils craignent que nous ne demandions des salaires plus élevés ou que nous ne les quittions pour une meilleure place.»

D’un autre coté, les postes d’encadrement et de direction sont majoritairement occupés par des hommes, ainsi, les cas de harcèlement sexuel ou de viol ne sont pas rares.

 

Les conditions de travail dans la production de vêtements sont souvent désastreuses, quels que soient le pays d’origine, la marque ou le distributeur.

  • Concernant les horaires de travail, les lois locales prévoient généralement au moins un jour libre par semaine, définissent le nombre de jours de vacances et limitent les heures supplémentaires. Pourtant, certaines ouvrières travaillent jusqu’à 93 heures par semaine (pendant 7 jours, nuit y compris).
  • Du coté du paiement, le minimum légal n’est même pas atteint dans la plupart des cas alors que les heures supplémentaires ou travail pendant les jours fériés sont rarement versés.
  • Relatif aux recouvrements social et sanitaire, « beaucoup d’usines en Asie n’ont aucun service de santé. Les congés-maternités prévus ne sont généralement pas accordés et, les femmes enceintes sont souvent renvoyées aux premiers signes de grossesse en Amérique centrale ».

 

Les affirmations suivantes démontrent également les cas concrets de la situation des femmes travaillant dans le textile en Haïti, en Vietnam et en Maroc.

 

  • Cas de l’Haïti: (selon le Plateforme des Organisations haïtiennes des Droits Humains ou POHDH, 2014)

Ainsi, la situation des femmes dans les industries des sous-traitances est encore loin de répondre aux normes définies par le droit du travail. A partir d’une enquête effectuée sur un effectif total de 189 femmes âgées entre 20 et 45 ans travaillant dans 3 industries A, B, C de textile, on a pu ressortir que les droits des ouvrières au travail à un revenu suffisant, à la santé, à une protection sociale, et à la liberté syndicale ne sont pas respectés.

  • Premièrement, les conditions sanitaires sont déplorables et menacent fortement la santé des travailleuses : le témoignage de ces travailleuses affirme qu’elles ne disposent même pas d’eau potable sur leur lieu de travail. Ainsi, les conditions de travail exposent les femmes à de forts risques de contracter des maladies, et les services de santé et de la sécurité sociale ne sont pas accessibles.
  • Deuxièmement, malgré les prélèvements réguliers effectués sur leur salaire, les femmes ne se considèrent pas prises en compte et affirment ne pas disposer d’un service médical adéquat.
  • Concernant la question spécifique de la maternité, seulement 5% de l’industrie A, 3% de l’industrie B et 10% de l’industrie C affirment recevoir leur congé de maternité et droit maternel conformément à la lo

 

  • Cas du Vietnam : (selon Dan Rees, 2014)

Selon des études réalisées au Vietnam : « environ 80 % des ouvriers des usines vietnamiennes sont des femmes ». Elles sont généralement employées comme couturières et aides, tandis que les hommes occupent habituellement des postes mieux rémunérés dans la coupe ou la mécanique. Ainsi, les hommes ont trois fois plus de chances d’être contremaîtres que les femmes. Ces dernières effectuent généralement de plus longs horaires, ont moins souvent la possibilité d’être promues ou de suivre une formation (même lorsqu’elles travaillent à l’usine depuis plus longtemps que les hommes).

Les femmes sont aussi en moins bonne santé que les hommes et leur salaire horaire (hors primes) représente, en moyenne 85% de celui des hommes. Les ouvrières vietnamiennes du textile font aussi état de temps de loisirs inférieur à leurs collègues masculins parce que la dynamique des rapports entre les sexes au foyer reste la même : elles finissent par travailler à plein temps tout en conservant l’entière responsabilité des tâches à la maison.

 

  • Cas du Maroc : (selon le rapport du BIT, 2014)

« Au Maroc, le secteur textile-habillement est le premier fournisseur d’emploi du secteur industriel en jouant un rôle économique de premier ordre. Il génère en particulier plus du tiers de la valeur des exportations globales des industries de transformation. Et environ 71% de l’effectif total des employés sont des femmes »

L’industrie du textile-habillement constitue également un des secteurs industriels les plus globalisés et plus libéralisés. En raison de ce processus de libéralisation, l’intensité de la compétition internationale s’est accrue au fil des années et de nombreux pays, engagés dans le commerce mondial des produits TH, éprouvent aujourd’hui des difficultés à maintenir leur position sur le marché mondial.

La capacité des entreprises à produire en “juste à temps” des produits de qualité susceptibles de satisfaire les exigences des marchés et des consommateurs finaux est devenue un critère de compétitivité plus important que celui exclusivement basé sur les coûts relatifs de la main d’œuvre.

Ainsi, les salaires sont souvent inférieurs au salaire minimum légal et les femmes font l’objet de discrimination salariale.

 

Synthèse de la première partie

 

La mondialisation a apporté de multiples changements dans l’économie mondiale. Elle a facilité les échanges commerciaux, politiques, et culturels entre nations, se répercutant directement dans les stratégies de production des entreprises. Ainsi, nombreuses sont les sociétés qui sont contraintes de se délocaliser dans d’autres pays et régions plus compétitifs et plus rentables. La répartition géographique dans la filière du textile a complètement été bouleversée par ce phénomène. Les industries se voient être délocalisées dans les pays en voie de développement, laissant les pays à forte économie dans des importantes pertes d’emplois et amplification de chômage considérable.

 

 

Problématique générale : « Quelles évolutions apportent la mondialisation dans des conditions de travail de la femme exerçant dans le secteur textile Cambodgien ? »

 

Partie 2. Les effets de la mondialisation dans l’économie du Cambodge

 

Introduction partielle

Comme tous les pays du monde, le Cambodge vit également la mondialisation. Toutefois, les impacts de la mondialisation dans les pays développées et dans les pays émergents sont strictement différents et considérés même avec une inégale répartition.

Pour les pays en voie de développement, « la part des produits manufacturés dans les exportations a augmentée globalement de 47 % en 1985 à 70 % en 1998 soit 25 % des exportations mondiales de produits manufacturés contre moins de 7 % au début des années 70) ».

« Les modalités d’intégration des pays en voie de développement aux circuits financiers internationaux diffèrent nettement d’un pays à l’autre et reflètent encore la persistance d’une véritable situation de dépendance. »

C’est ainsi que cette seconde partie se propose de présenter le cas particulier du Cambodge en présentant premièrement le pays, le second chapitre montrera ensuite les manifestations de la mondialisation au Cambodge, finalement la troisième partie traitera particulièrement la situation des femmes travaillant dans le secteur du textile dans le pays.

 

 

 

  1. Présentation du Cambodge

 

Situation géographique et démographique

Le Cambodge est un pays d’Asie du Sud-est, peuplé d’environ 15 millions d’habitants, ses principales caractéristiques géographiques sont résumés ci après.

  • Superficie totale : 181 035 km2 (classé 88e)

 

  • Fuseau horaire : UTC + 7

 

  • Population totale : 14 701 717 hab. (en 2010)

 

  • Capitale : Phnom Penh

 

  • Peuple : Cambodgiens ou Khmers

 

  • Climat : tropical

 

  • Espérance de vie : 62,6 ans, en 2010

 

  • Nombre d’enfants par femme : 2,84 en 2010

 

  • Taux d’alphabétisation : 3,6 % en 2010 (84 % chez les hommes, 65 % chez les femmes

 

  • 60 % des travailleurs sont dans le secteur informel.

 

  • 12,5 % de la population n’a jamais été scolarisée

 

  • seulement 4 % de la population a un diplôme universitaire.

 

  • En 2005, 26 % de la population était sous-alimentée.

 

  • Le niveau de scolarisation est bas et il manque d’infrastructures scolaires et d’enseignants.

 

  • Le khmer (appelé parfois ‘cambodgien’) est la langue officielle (83,6 % de la population), le vietnamien (1 millions de locuteurs), le cham (475 000 locuteurs) et le chinois (438 000 locuteurs)

 

  • L’anglais est la langue commerciale. Il est parlé par plus de 650 000 Cambodgiens.

 

  • Les Cambodgiens apprennent aussi de plus en plus à parler le thaï, ou thaïlandais

 

  • Le chinois est aussi présent, sous deux formes dialectales : le hakka, qui est dominant, et le mandarin

 

  • Le français est encore parlé par environ 5 000 personnes, souvent âgées, qui ont connu l’époque coloniale. Le pays est membre de la Francophonie.

 

Situation économique

Avec tout le continent asiatique, le taux de croissance du pays s’accroit considérablement avec la mondialisation du point de vue de l’exportation de marchandises. Le graphe suivant montre cette évolution dans les exportations mondiales de 1987 à 1997.

 

 

D’après le graphe, on peur remarquer que l’Asie de l’Est est la seule région à avoir enregistré une convergence de son niveau de vie vers celui observé dans les économies industrialisées :

  • En effet, le niveau de revenu par tête a augmenté dans cette région de 6 % par an en moyenne au cours de la dernière décennie. L’intégration à la mondialisation a été un facteur essentiel dans l’essor économique des pays de l’Asie de l’est, leur croissance a été fondée sur une politique volontariste de promotion des exportations, mais aussi, dans de nombreux cas, sur des flux importants d’investissements directs étrangers. (On parle même de « miracle asiatique », Banque mondiale1996)

 

La participation aux réseaux de production internationale à travers l’expansion des IDE en particulier offre un accès à une grande variété de technologies, de connaissances et de savoirs, ce qui devrait permettre une croissance rapide de la production et de la richesse (Moran, 1998)

L’impact des IDE sur l’investissement intérieur est positif dans le cas de l’Asie (Blomström et Kokko 1997). Toutefois, la seule présence des multinationales ne garantit pas que les pays d’accueil en tirent systématiquement avantage, en particulier en matière de progrès technologique. Souvent, les entreprises multinationales se montrent réticentes à transférer de la technologie.

 

Tandis que les caractéristiques particulières du Cambodge sont résumées dans le tableau ci-après.

Monnaie Riel
Organisations internationales ASEAN, OMC
Statistiques
Produit intérieur brut (parité nominale) 11,36 milliards $ (2010)[1]
Produit intérieur brut en PPA
Rang pour le PIB en PPA
Croissance du PIB 5 % (2010 est.)
PIB par habitant en PPA 773 $ (est. 2010)[1]
PIB par secteur agriculture : 34 % (2010)
industrie : 21 % (2010)
services : 45 % (2010)
Inflation (IPC) 4,1 % (2010)
Pop. sous le seuil de pauvreté 31 % (2007)
Indice de développement humain (IDH)
Population active 8,8 millions (2010 est.)
Population active par secteur agriculture : 57,6 % (2009)
industrie : 15,9 % (2009)
services : 26,5 % (2009)
Taux de chômage 3,5 % (2007 est.)
Principales industries Textile, construction, broyage (fraisage) de riz, pêche, produits de bois et en bois, caoutchouc, ciment, extraction de pierre précieuse.
Commerce extérieur
Exportations 63,73 milliards $ (2008) $4.616 billion f.o.b. (2008 est.)
Biens exportés Vêtements, bois de construction, caoutchouc, riz, poisson, tabac, chaussures.
Principaux clients États-Unis 58,1 %, Allemagne 7,3 %, Royaume-Uni 5,2 %, Canada 4,6 %, Viêt Nam 4,5 % (2007)
Importations 79,37 milliards $ (2008) $6.424 billion f.o.b. (2008 est.)
Biens importés Produits du pétrole, cigarettes, or, matériels (matières) de construction, machinerie, véhicules automobiles, produits pharmaceutiques.
Principaux fournisseurs Thaïlande 23,1 %, Viêt Nam 16,9 %, Chine 15,0 %, Hong Kong 10,4 %, Singapour 7,5 %, Taïwan 7,2 %, Corée du Sud 4,8 % (2007)
Finances publiques
Dette publique
Dette extérieure 4,338 milliards $ (2010)
Recettes publiques 1,264 milliard $ (2008)
Dépenses publiques 1,478 milliard $ (2008)
Déficit public
Aide au développement

Sources : https://www.cia.gov/library/publications/the-world-factbook/geos/cb.html

 

  • Le Secteur économique dominant est donc l’agriculture avec 56% de la population active et 33,4% du PIB. Industries principales : confection et tourisme

 

  • Les ressources naturelles du Cambodge sont le bois, le caoutchouc, les pierres précieuses, le minerai de fer, le manganèse et le phosphate, le potentiel hydroélectrique du Mékong, des quantités inconnues de pétrole, le gaz, et de la bauxite.

 

Son économie dépend encore très amplement de l’aide internationale.la statistique de 2001, affirme qu’un tiers du budget de l’État provenait de donateurs internationaux

Particulièrement dans le secteur secondaire, le Cambodge se concentre surtout sur les activités visant une modification plus ou moins raffinée des matières premières comme l’industrie manufacturière et la construction.

 

  • L’industrie du textile n’est pas la plus importante activité manufacturière du pays mais constitue quand même 75 % des exportations du pays en valeur. Avec le secteur touristique, le textile constituent les principaux pourvoyeurs de devises du pays. Mais il est toujours caractérisé par une grande dépendance face au marché américain ce qui détermine la vulnérabilité du secteur textile cambodgien.

 

Concernant la situation politique du pays, il est intégré à la stratégie d’endiguement du communisme en Asie du Sud-est.

Dans le pays, la condition de la femme laisse encore à désirer ;  l’abondance de la prostitution en est le témoin, car environ le tiers des prostitués sont des mineures (ONU 2009). D’après les enquêtes, 20% affirment avoir choisi cet « emploi » à cause du salaire relativement élevé.

 

Actuellement, au Cambodge, une nouvelle réglementation est mise en place afin de réduire les discriminations et les préjugés qui sont très répandus dans le secteur industriel. «La nouvelle réglementation ministérielle vise à améliorer les relations professionnelles dans l’industrie du divertissement, ainsi qu’à sensibiliser l’opinion publique. Les prochaines étapes consisteront à renforcer les capacités des inspecteurs du travail pour mieux appliquer le texte et sensibiliser davantage les propriétaires et les employés des entreprises de divertissement grâce à l’éducation et à la formation». (Ministre cambodgien du Travail et de la Formation professionnelle). OIT info, reportage 2014.

 

«Ces efforts du Cambodge sont qualifiés comme historiques, touchant un secteur auquel la plupart des gouvernements ne fournissent pas une protection suffisante», d’après Yoshiteru Uramoto,

 

  1. La mondialisation au Cambodge

 

Avec la mondialisation, de nouveaux emplois ont été créées surtout dans le secteur du textile. Ainsi, « le secteur textile emploie plus de 500 000 personnes et représente le premier secteur manufacturier du Cambodge. Les plus grandes marques y font fabriquer leurs vêtements, car c’est l’un des pays où la main d’œuvre est la moins chère. Un eldorado pour les marques européennes et américaines comme H&M, Adidas, Gap, Target ou Mark and Spencer, mais également pour leurs sous-contractants, souvent chinois, ainsi que pour de nombreux intermédiaires locaux ». (Les observateurs. France 24.  http://webdoc.france24.com/cambodge/textile)

 

« Le Cambodge a connu, au cours des dix dernières années, un succès économique considérable. Le pays a affiché une croissance annuelle de presque 10 pour cent (7 pour cent par habitant) et le revenu par habitant a doublé, passant de 285 USD en 1997 à 593 USD en 2007. Conjointement à cette croissance constante, sont apparus les débuts d’une restructuration impliquant les éléments suivants : intégration dans l’économie mondiale, déplacement de l’emploi du secteur agricole vers les secteurs industriels, premiers signes d’une transition démographique et migration accrue des campagnes vers les zones urbaines ». (PNUD 2009)

 

  • La mondialisation et la représentation sociale au Cambodge

 

  1. La représentation sociale de la femme au Cambodge

 

Au Cambodge, les femmes représentent à peu près 53% de la population. (Stéphanie Truong, Le statut des femmes au Cambodge, 2000)

« Elles ont rarement accès à l’enseignement et beaucoup restent ignorantes et vulnérables. Cet aspect alarmant s’explique en partie par la destruction des équipements éducatifs sous le régime Khmer Rouge prolongé par la guerre civile qui s’est étendue jusqu’aux années 1990. Il peut aussi s’expliquer dans un contexte d’attitude traditionnelle sexiste vis-à-vis des femmes, et dans les foyers pauvres, l’éducation est donnée en priorité aux garçons plutôt qu’aux filles, destinées au travail domestique. Les violences contre les femmes vont en augmentant dans des proportions épidémiques au Cambodge. »

« Les femmes rurales ont de ce fait des opportunités très limitées pour un travail en dehors de l’exploitation agricole; elles restent enfermées dans le cycle de la pauvreté. Beaucoup de femmes ont été propulsées dans un rôle forcé de chef de famille sans qu’elles y aient été reconnues par les lois et les traditions… »

« Dans les campagnes, un ménage sur quatre est géré par une femme, et à Phnom Phen, la capitale, un sur trois. La situation pour les femmes chefs de foyer est périlleuse, de nouvelles sources de revenus doivent être trouvées car ces femmes sont spécialement vulnérables au regard de la propriété des terres, souvent seule source de revenus. »

En théorie les femmes devraient recevoir une rémunération égale à celle des hommes. Cependant on estime que le salaire moyen des femmes est de 30% inférieur à celui des hommes pour un travail comparable.

 

Les employeurs engagent davantage des femmes car ils ont généralement une moindre connaissance de leurs droits en matière de rémunération et acceptent toutes les conditions de travail. Les femmes cambodgiennes tiennent pourtant un rôle essentiel dans l’économie du pays. La plupart des échoppes du royaume sont tenues par des femmes. Elles créent leur entreprise, souvent de simples micro-commerces et ce phénomène montre que progressivement, de plus en plus de cambodgiennes prennent leur destin en mains.

Les inégalités entre hommes et femmes sont présentes et visibles au jour le jour, surtout dans les milieux ruraux qui composent la majorité de la population au Cambodge. N’ayant pas accès aux mêmes opportunités professionnelles, les femmes doivent encore assumer un rôle prépondérant dans le foyer, parfois au détriment d’un autre travail.

 

  1. La mondialisation peut-elle affecter une représentation sociale d’une population ?

 

La mondialisation de part sa définition désigne l’accélération des échanges de biens et services  rendue possible grâce à la levée des entraves au commerce et par le développement des moyens de transport et de communication. Ainsi, elle a surtout amené une expansion dans le transport et  a diversifié les produits et services dues à des innovations.

Au niveau de la population, une amélioration de niveau de vie d’une couche particulière, notamment la classe moyenne dans les pays développé, est nettement remarquée.

Le développement dans les modes de communication et de circulation des personnes et des produits apportés par ladite mondialisation a également entrainé l’attrait des consommateurs pour des nouveaux produits.

Ainsi, se développe un processus d’acculturation mettant en contact les différents modèles culturels du monde entier avec une domination non négligeable de la diffusion du modèle occidental. Toutefois, les facteurs de différenciation persistent et contribue au maintien et renforcement de l’identité culturelle d’un pays.

« On constate en même temps des interprétations nombreuses entre les modes de vie et de la pensée dans un processus de réinterprétation des emprunts culturels ».

 

Synthèse de la deuxième partie

 

De part ses importantes création d’emplois et de marchés conséquentes au Cambodge, la mondialisation a contribué à l’augmentation du PIB de 7% par habitant. Cette amélioration est surtout véhiculée par l’expansion des industries textiles étrangères implantées dans les pays. Ainsi, beaucoup de femmes, (constituant la majeure partie des ouvrières dans une société industrielle) sont venues des campagnes lointaines pour chercher de l’évolution et du travail dans les villes.

 

 

Problématique générale : « Quelles évolutions apportent la mondialisation dans des conditions de travail de la femme exerçant dans le secteur textile Cambodgien ? »

Partie 3. La mondialisation dans le secteur de l’industrie textile : quels impacts sur les conditions de travail des femmes?

 

Introduction partielle

 

Comme l’on vient d’exposer dans le précédent chapitre, le secteur du textile emploie majoritairement des femmes. Cependant, ces femmes cambodgiennes qui représentent les 53% de la population n’ont pas pu dans la plupart, accéder à de l’éducation et de l’enseignement convenable pour leur développement.

 

Ainsi, cette dernière partie tentera d’analyser les impacts de la mondialisation quant aux conditions de travail des femmes au Cambodge. On exposera dans le premier paragraphe la généralité sur le secteur textile au Cambodge, le second paragraphe par contre analysera les changements de conditions de travail de la femme apportés par la mondialisation.

 

 

  1. Le secteur du textile au Cambodge

 

« Le secteur du textile est vital pour le Cambodge. La confection emploie 650.000 personnes, soit le 75 % de l’industrie du pays et 85 % de ses exportations. Autant dire que les Cambodgiens en quête de travail n’ont d’autre choix que d’œuvrer dans le textile d’après Anne Sophie Cathala, (2013).

Cependant, la compétitivité de l’industrie textile repose sur des importantes difficultés structurelles comme :

  • Une faible productivité,
  • Une faible valeur ajoutée,
  • Des mauvaises conditions de travail,
  • Des tensions sociales entre ouvriers et dirigeants

 

En effet, les ouvrières du textile travaillent encore pour des salaires minimum alors que ce salaire minimum ne doit  n’est plus indispensable dans les pays où le marché du travail est relativement compétitif (selon les analyses de Daniel Besant (2014) Ainsi, la concurrence qui existe dans ce secteur, n’a pas contribué à l’arrangement du salaire de ces ouvrières.

C’est ainsi, l’auteur suggère que les employeurs doivent au contraire verser des salaires élevés aux meilleurs talents afin de les encourager et garder la compétitivité de la société.

Toutefois, cette attribution d’un salaire minimum permet à l’entreprise de compenser les frais de formation, et les problèmes de productivité et de qualifications des employés.

 

Toutefois, les études ont soulignés que le secteur n’emploie pas d’enfants et le harcèlement sexuel et travail forcé n’ont pas l’air d’être pratiqués.

Certaines usines pratiquent néanmoins une discrimination vis-à-vis des syndicats allant jusqu’à des violences à leurs rencontres, ces pratiques furent condamnées par des grandes marques de vêtement (Gap, H&M…) s’approvisionnant auprès d’usines de confection du pays.

 

En 2005, le secteur du textile et de l’habillement mondial a connu une nouvelle révolution globale sous le nom de système de quotas. Ainsi, les exportations du textile cambodgiennes ont été également menacées. Etant donné la faiblesse des infrastructures et le coût élevé de la “bureaucratie”, la compétition accrue avec le géant chinois était la plus offensive des menaces.  (Gilbert Ammar et Nathalie Roux). Toutefois, deux ans et demi après la fin des quotas, le secteur de la confection se porte très bien avec un nombre d’emplois en constante augmentation.

L’un des principaux facteurs expliquant cette réussite de la sortie de crise en 2005 est la bonne réputation du pays à l’époque, en ce qui concerne le respect des normes internationales du travail, car elle a attiré les commandes émanant d’acheteurs soucieux de leur image de marque.

Ce respect des normes internationales à l’intérieur des usines est une conséquence d’un accord commercial signé en 1999 entre le gouvernement des Etats-Unis et celui du Cambodge. A l’époque, le système des quotas existait encore, et l’accord prévoyait la possibilité pour le Cambodge de voir son quota d’exportation de vêtements vers les Etats-Unis augmenter chaque année s’il pouvait prouver le respect de sa législation du travail et des normes internationales du travail dans ce secteur.

Parallèlement, la mise en place de la stratégie de Workers information center (WIC), a permis aux travailleuses de s’organiser et de mettre en place des actions collectives. « Elles s’intègrent ainsi à la société et font entendre leur voix au niveau national, régional et international.  Cette stratégie du WIC consiste à construire et renforcer le mouvement des ouvrières de la confection, en s’assurant qu’elles aient des représentantes légitimes et responsables qui répondent aux besoins des travailleuses ».

 

Les principes fondateurs du droit international du travail ont incontestablement acquis une dimension nouvelle avec la mondialisation.

S’il est clair que celle-ci a eu quelques effets positifs, elle a également suscité une inquiétude. Les innovations techniques ont principalement contribué à creuser le fossé entre riches et pauvres, perturbant ainsi la division internationale du travail, modifiant sa nature et conduisant à la suppression d’emplois existants sans nécessairement s’accompagner de la création d’emplois nouveaux en nombre suffisant. Et, de l’avis général, elle a accentué l’inégalité du rapport de force entre travail et capital. (Doumbia-Henry ET Eric Gravel, 2006).

 

  1. Les changements de conditions de travail de femme cambodgienne apportés par la mondialisation

 

 

  1. Mondialisation du secteur textile

« Dans les pays émergents comme le Cambodge, de plus en plus de secteurs économiques, notamment à vocation exportatrice sont soumis aux préoccupations des donneurs d’ordre et importateurs en matière de conditions de travail décent. C’est le cas du secteur textile au Cambodge qui se voit contraint, pour affronter une concurrence accrue, de mieux prendre en compte les normes internationales du Travail » (ADF, 2008)

Avec le contrat avec la compagnie Walt Disney, les entreprises textiles étaient obligées de respecter les normes internationales du travail sous une menace de rupture de contrat.

Un projet Better factories Cambodia a été mis en place et a effectivement contribué à améliorer quelque 270 000 employés du prêt-à-porter au Cambodge. La valeur des exportations vers les Etats-Unis se trouve ainsi augmenté de 17 % avec la signature d’un accord commercial entre les Etats-Unis et le Cambodge.  Un meilleur accès au marché américain était également promis si les entreprises cambodgiennes amélioraient les conditions de travail, en appliquant la législation cambodgienne du travail et les normes internationales en la matière.

Le projet suppose une approche multidimensionnelle pour assurer un cycle de progrès, comprenant :

  • la surveillance,
  • les réparations directes
  • le renforcement des capacités.

Dans cette surveillance, les entreprises sont soumises à des contrôles inopinés des inspecteurs de l’OIT avec une publication de leurs résultats.

« Les quotas supplémentaires ont clairement fourni la motivation première pour l’amélioration des conditions de travail dans les entreprises de prêt-à-porter au Cambodge. Cependant avec l’expiration du système des quotas, le Cambodge a choisi de poursuivre dans la voie exigeante de l’amélioration des conditions de travail et l’application des normes qui a démontré qu’elle était bénéfique pour tous: les travailleurs, les fabricants, l’économie cambodgienne et les acheteurs étrangers ». (Sally Paxton, Département du dialogue social au BIT).

Les indicateurs de conformité des aspectes de conditions de travail dans le textile au Cambodge sont représentés dans le tableau ci-après selon les données de l’OIT en 2008.

Source : OIT zone franche, 2008.

  1. Les conditions des femmes qui travaillent dans le secteur textile

Les caractéristiques des femmes travaillant dans le secteur du textile en général ont été déjà présentées dans la première partie §II-3.

Toutefois, quelques particularités des travailleuses cambodgiennes sont définies ci après :

  • Environ 1,7 million de personnes dépendent de ce secteur.
  • Tout d’abord, elles sont généralement issues de familles rurales pauvres ou à revenus intermédiaires
  • La majorité sont encore jeunes ou ayant débuté dans le monde du travail à un jeune âge
  • Non mariées pour plus de 50% d’entre elles.
  • Et faisant vivre les gens qui sont restés au village
  • Elles ont également une grande considération et une appartenance au foyer de leurs parents et au village qui les a vues naître.

Ainsi, elles envoient une partie de leurs revenus à leurs familles restées dans les régions rurales.

Ces multiples difficultés liées à la mondialisation sont par ailleurs exploités par les patrons des entreprises en justifiant leurs recours à des contrats de travail de courte durée.

 

  1. Réflexion sur les corrélations entre les conditions de travail des femmes, la mondialisation et la représentation sociale de la femme au Cambodge

 

(Les mauvaises conditions de travail des femmes cambodgiennes sont –elles les résultantes de la mondialisation ou d’un stéréotype imposé par la société ?)

 

A la fin de cette étude, on peut dire que les mauvaises conditions  de travail des femmes au Cambodge sont issues de l’interaction des 3 critères cités le long de cet ouvrage à savoir : les conditions de travail inadéquates,  la mondialisation, la représentation sociale de la femme.

  • Premièrement, on peut encore affirmer qu’actuellement, les conditions de travail des femmes ne sont pas encore adaptées à leurs natures physiques, surtout dans le travail industriel. En effet, on a pu remarquer que pour être compétitif dans son secteur d’activité, les industries ont recours à élargir les volumes horaires de ses employés pour fournir plus de productivité allant jusqu’à exiger un travail de 6 jours sur 7 et même 7 jours sur 7 pour certaines sociétés. Les considérations particulières des femmes sont en outre ignorées surtout pendant la période de grossesse maternité, nécessitant moins d’effort physique et un droit dans l’heure d’allaitement.

 

  • Deuxièmement, vient la mondialisation. A mon avis, ce facteur n’intervient qu’indirectement dans la détérioration des conditions de travail des femmes cambodgiennes. En effet, elle a tout simplement fourni d’une part plus de travail pour tous, en considérant même les moins qualifiées. Mais ce sont surtout la pression et la volonté de produire au maximum de la part des employeurs qui conditionnent l’environnement et les règlements intérieurs dans le lieu de travail. D’autre part, la mondialisation a apporté une évolution significative dans les modes de vie en général, ainsi les femmes veulent également se convertir et accéder à ces nouveaux produits et accessoires qui ne sont pas indispensables à leur survie, réduisant ainsi leur budget dans la satisfaction des besoins primaires.

 

  • Troisièmement, la représentation sociale de la femme au Cambodge a également contribué à ces mauvaises conditions de travail. En premier lieu, on peut remarquer l’état d’ignorance de la majorité de ces femmes avec le minimum d’éducation et d’enseignement. Ensuite, l’inégalité de la considération des femmes par rapport aux hommes persiste encore dans le monde du travail cambodgien avec une baisse de salaire de 20 à 30% par rapport aux hommes occupant les mêmes postes. Finalement, les femmes sont toujours considérer comme premier responsable au foyer et doivent par conséquent effectuer les différentes tâches ménagères bien qu’elles travaillent parallèlement à l’extérieur.

 

 

Conclusion générale

 

La mondialisation est un phénomène qui entraine progressivement tous les pays du monde à adopter le capitalisme libéral et la consommation de masse. Il se traduit par l’ouverture des frontières et la levée des barrières économiques et entre tous les niveaux d’échanges internationaux : informatiques, culturels, scientifiques, juridiques, artistiques…

La mondialisation touche tous les domaines des activités industrielles, avec une propension importante pour certains secteurs par rapport à d’autres. En effet, au cours des décennies, la partie de la production qui a subi les plus grandes mutations est celle de la main-d’œuvre. En effet, la délocalisation de la production d’une entreprise vers des pays au plus bon marché en termes de main d’œuvre répond à des impératifs de réduction des coûts de la production, afin de rester toujours compétitifs face aux autres entreprises.

Les firmes transnationales cherchent donc à diminuer leur coût de production afin d’augmenter ou d’au moins de stabiliser la marge bénéficiaire, soit d’une part en s’implantant dans des pays où l’investissement en termes de charges pour la main d’œuvre est moindre, ou d’autre part, en faisant appel à des sous-traitants qui doivent se montrer compétitifs entre eux afin de décrocher le carnet de commandes.

 

Chaque pays a ainsi tendance à se spécialiser : l’Inde et la Chine proposent une main d’œuvre moins chère pour se développer ; l’Allemagne et les Etats Unis proposent les avantages technologiques… Ainsi avec la délocalisation des grandes usines de production ; « le déplacement parallèle de la production du secteur formel vers le secteur informel qui s’est produit dans de nombreux pays, a généralement eu des conséquences négatives sur les salaires et les conditions de travail ». (Rapport du BIT).

Le secteur du textile est la filière industrielle la plus exposée à la mondialisation. En effet, en un quart de siècle, la répartition géographique dans la production dans l’industrie du textile, habillement et chaussures, s’est modifiée considérablement. Toutes les entreprises sont actuellement en compétition directe avec les immenses usines asiatiques qui ne cessent de se développer et de s’épanouir sur tout le continent en offrant des couts de production à des prix très compétitif par rapport au niveau mondial.

Ainsi, une offre plus variée tant en qualité qu’en prix de concession se présente à tous les consommateurs qui effectuent leur choix selon leurs coutumes et pouvoir d’achat respectifs. Parallèlement, les fournisseurs jouent des coudes afin d’accéder aux meilleurs coûts, c’est-à-dire aux tarifs de production les plus bas afin de maximiser les profits de leurs investissements.

Comme aboutissement, l’emploi dans le secteur du textile a énormément diminué en Europe et en Amérique du Nord, tandis qu’il a fortement augmenté dans les pays de l’Asie et les autres régions du monde en développement (en Asie : Bangladesh, Chine, Cambodge, Vietnam ; en Afrique : à Madagascar, à Maurice,…). La capacité de production et l’emploi dans le textile sont dans une large mesure déplacés vers le monde en développement. Par contre dans les pays industrialisés, l’emploi dans ce secteur a fortement chuté.

L’analyse contredit l’hypothèse annonçant que la mondialisation conduit à une compression des salaires dans les pays à revenus élevés, mais elle met en évidence un resserrement des écarts de salaires dans les pays à faible revenus.

Au niveau du secteur textile, l’importance des femmes en tant que force de production est prépondérante. En effet, considérées comme plus appliquées, moins contraignantes en termes de rémunération, plus flexibles dans le travail, elles sont les plus sollicitées dans les bassins d’emploi pour le secteur textile.

Néanmoins, les conditions dans lesquelles elles se retrouvent sont encore précaires. En effet, selon un rapport de l’OIT : « Les conditions de travail dans l’industrie des vêtements et certaines pratiques sectorielles peuvent être particulièrement difficiles pour les femmes. Le travail informel et le travail à domicile est plus fréquent chez les femmes que chez les hommes. Des horaires de travail excessifs et imprévisibles et des problèmes de sécurité réduisent la capacité des femmes à combiner responsabilités familiales et travail. En raison du faible niveau des salaires, des possibilités limitées de négociation collective et de l’absence d’égalité de rémunération pour un travail de valeur égale, les femmes sont plus facilement soumises à l’exploitation à l’intérieur et en dehors du lieu de travail. Dans les industries du textile, des vêtements, du cuir et de la chaussure, la protection de la maternité demeure faible ou inexistante, et différentes formes de violence, d’abus ou de harcèlement sont toujours recensées. » (OIT, 2014)

 

Somme-toute, comme dans la plupart des pays en développement, le déploiement du secteur textile au Cambodge a apporté des sources d’emplois considérables pour le pays, contribuant ainsi à une augmentation du PIB par habitant quoique d’une valeur encore faible. Les conditions de travail ne respectent pas toujours les normes professionnelles tant en volume horaire qu’en rémunération, menant au détriment des travailleuses. C’est alors que ces ouvrières se sont débattues récemment pour reconsidérer leur droit en tant que femme, en tant que citoyen et en tant qu’employé dans le textile. L’OIT, le PNUD, les diverses entités politiques et sociales des différentes pays se sont également mobilisés afin de reconsidérer les traitements de ces employés. Mais finalement, ne serait-ce pas le sacrifice de ces femmes en exerçant leurs fonctions à moindre prix qui pourvoit la compétitivité et la création d’emploi dans des pays en développement comme le Cambodge ?

 

 

Bibliographie

 

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Sitographie

XGG

 

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[2] Bolduc, D. et Ayoub Green, A. 2000. La mondialisation et ses effets : revue de la littérature, http://www.creden.univ-montp1.fr/Reseau/publis/Bolduc-Ayoub.pdf

[3] Houtart, F. 2007. Les effets de la mondialisation, http://www.cetri.be/spip.php?article79

[4] Terfous, N. 2006. « Mondialisation et marché du travail dans les pays développés », Economie & prévision, 1 (172), pp. 117 – 124, http://www.cairn.info/revue-economie-et-prevision-2006-1-page-117.htm

[5] Bernatchez, J. 2011. « Le travail face à la mondialisation : croyances, hypothèses et conséquences perçues », revue internationale sur le travail et la société, 9 (1), pp. 41 – 56, http://www.uqtr.ca/revue_travail/Articles/2011Vol9Num1pp41-56Bernatchez.pdf

[6] http://www.enfantsetdeveloppement.org/projetpays.php?pays=cambodge&p=1

[7] http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/pays-zones-geo_833/cambodge_562/presentation-du-cambodge_945/index.html

[8] Cambodge : les forçats du textile, http://webdoc.france24.com/cambodge/textile/mindex.html

[9] Les essentiels de l’OCDE : la mondialisation économique.

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