Protection de l’environnement sur le long terme et tourisme durable : Que retenir des expériences menées ?
Titre : Protection de l’environnement sur le long terme et tourisme durable : Que retenir des expériences menées ?
Résumé
Le tourisme est un levier de l’économie de nombreux pays dans le monde. Mais en même temps, il peut aussi causer des impacts considérables notamment sur l’environnement. C’est ainsi qu’est né le concept de tourisme durable qui tente à la fois de développer le tourisme tout en veillant à protéger l’environnement, à assurer un partage équitable des avantages du tourisme avec les communautés locales et la protection de leur patrimoine culturel outre les avantages économiques. Pour atteindre ce but, plusieurs acteurs se sont lancés dans la protection de l’environnement sur le long terme. Notre étude a pour objectif de déterminer en quoi la protection de l’environnement pourrait-elle affecter la durabilité du tourisme. Pour ce faire, l’étude de cas a été choisie. Trois destinations touristiques notamment, Dubaï, Madagascar et La Réunion ont été choisie pour faire l’objet de l’étude. Dans tous les cas, de manière directe ou non, les promoteurs du tourisme se sont lancés dans une démarche de protection de l’environnement pour améliorer son image vis-à-vis des acteurs externes et surtout vis-à-vis des consommateurs qui se montrent vigilants quant à la responsabilité sociétale de l’entreprise qui fournit les produits et les services touristiques. Cependant, ces démarches de protection de l’environnement n’ont eu que des faibles impacts sur le développement du tourisme. Certes, elles permettent de s’assurer de la durabilité de l’activité, mais cela se fait au détriment de la visibilité du site touristique. La protection de l’environnement entre parfois en contradiction avec la vision de la population locale, ce qui conduit à un conflit et à une démotivation des communautés locales à participer au développement touristique. Or, la non-participation des communautés locales aux activités touristiques ne permet pas la durabilité de celle-ci. Ainsi, le volet environnemental du tourisme durable est théoriquement efficace, mais il reste difficile à mettre en place en pratique.
Mots-clés : tourisme durable, communautés locales, environnement, Dubaï, Madagascar, La Réunion
Introduction
Le tourisme, une activité en pleine essor, constitue un des leviers économiques de plusieurs pays dans le monde. Il générait en 2010, plus de 200 millions d’emplois directs et représentait 12% du PIB mondial. Ces dernières années, les pays du Sud se sont aussi tournés vers cette activité économique pour se développer. Les prévisions de l’Organisation Mondiale du Tourisme (OMT) laissent à penser que les activités touristiques et le nombre de touristes vont encore augmenter pour les années à venir (Minvielle et Minvielle, 2010 : 187). Dans un contexte d’intensification du tourisme, des problèmes environnementaux et sociaux peuvent aussi surgir. C’est pour prévenir les effets néfastes que pourraient avoir le tourisme de masse qu’une autre forme de tourisme a été créé. Il s’agit du tourisme durable.
La notion de tourisme durable a été inspirée de la notion de développement durable[1]. Le tourisme durable tente donc de transposer à la filière tourisme les critères de durabilité définis auparavant. Parmi ces critères se trouvent la protection de l’environnement. L’émergence de la notion de tourisme durable a causé une vague de changement dans le comportement des touristes que dans celui des prestataires de services. De plus en plus d’étude se sont intéressées à la manière avec laquelle, les prestataires de services et les concepteurs de produits touristiques s’emploient pour assurer la durabilité de leurs activités. D’autre part, des approches pour évaluer la durabilité de la pratique touristique ont été mises au point[2]. De plus en plus d’acteurs se lancent dans la mise en place de pratiques plus responsables et les intègrent dans leurs stratégies de communication pour attirer plus de touristes. Ces derniers ont aussi changé de comportement et se montrent plus intéressés par les pratiques des prestataires de services.
Dans cette optique, l’analyse des impacts des activités touristiques sur la qualité de l’environnement a été fréquemment évoquée. Le respect de l’environnement constitue en effet, un des critères permettant aux acteurs de définir que la pratique touristique est durable ou non. Le monde a pris conscience en effet, du changement climatique et des effets de ceux-ci. Dans cette optique, le tourisme fait partie des activités qui est fortement influencée par le changement climatique mais en même temps, il peut aussi participer à ce phénomène à travers l’émission de gaz à effet de serre. En septembre 2007, la conférence mondiale sur le tourisme à Davos a mis en évidence la contribution du tourisme dans le changement climatique. A partir de ce moment, les chercheurs se sont également penchés sur les interactions entre changement climatique et tourisme. Cela a été un point de départ pour étudier les relations entre environnement, changement climatique et tourisme[3].
La présente étude s’inscrit aussi dans cette démarche de compréhension des relations entre tourisme et qualité de l’environnement. Il a été observé que de nombreuses études se sont penchées sur la question des impacts environnementaux du tourisme sur l’environnement. Cependant, très peu parmi elles se sont intéressées à la question de savoir les impacts des démarches de protection de l’environnement sur le développement et la durabilité du tourisme. Notre étude tente donc de répondre à la question suivante : en quoi la protection de l’environnement pourrait-elle affecter la durabilité du tourisme ?
Cette première question amène à d’autres réflexions. Le tourisme durable contraint les acteurs du développement touristique à considérer le volet environnement. Premièrement, la question qui se pose est donc de savoir si le développement touristique pourrait être compatible avec les contraintes liées à la protection de l’environnement. Deuxièmement, comme le tourisme durable ne vise pas seulement la protection de l’environnement, mais vise également le développement local alors est-ce que la politique développée pour mettre en place un tourisme durable est efficace pour protéger l’environnement et pour contribuer au développement durable des communautés dans les destinations touristiques ?
Pour répondre à ces questions, nous allons donc procéder dans un premier temps à l’analyse de la notion de tourisme durable et de sa mise en œuvre au niveau des destinations touristiques. Dans cette partie, nous allons faire une comparaison entre tourisme de masse et tourisme durable pour bien saisir la notion et les contraintes que cela exige. La deuxième partie de notre étude va porter sur les enjeux de la mise en place d’un tourisme durable face à la dégradation de l’environnement et le changement climatique. C’est à ce niveau que nous allons expliquer comment le tourisme pourrait impacter sur la qualité de l’environnement. Elle va mettre en lumière toutes les difficultés subies pour mettre en place un tourisme durable. Enfin, dans la troisième partie, nous allons faire une étude des stratégies de protection de l’environnement et de développement touristique au niveau de trois destinations touristiques notamment, Dubaï, Madagascar et La Réunion.
Partie 1. La naissance de la notion de tourisme durable et son application au niveau des destinations touristiques
- La notion de tourisme durable
- Définition générale du tourisme durable
- Le volet environnemental
Les ressources naturelles sont des produits touristiques non négligeables dans la mesure où elles intéressent la plupart des touristes et constituent en même temps, un des critères de choix de la destination touristique. La biodiversité est désormais devenue un produit de consommation mis à l’avant par les prestataires touristiques afin d’attirer les consommateurs principalement constitués par les populations riches du Nord (Kieffer, 2011 : 340).
Depuis, la constatation des impacts néfastes du développement du tourisme sur l’environnement, les acteurs touristiques notamment, l’Organisation Mondiale du Tourisme (OMT) a souligné la nécessité de prendre en compte le respect de l’environnement dans le cadre du tourisme durable. C’est ainsi qu’est né le concept d’écotourisme qui parle d’une forme de tourisme qui tient compte à la fois du développement économique, et de la protection de l’environnement. Dans ce cadre, il est important que les acteurs du tourisme s’impliquent dans la conservation des aires naturelles, de la faune et de la flore et faire en sorte que la venue des touristes ne porte pas atteinte à l’intégrité de celles-ci (Leroux, 2010 : 234 – 236).
L’écotourisme peut être défini comme étant une forme de tourisme développée au sein d’aires naturelles et ayant pour objectifs la connaissance, l’appréciation et la valorisation de la nature et de la culture locale. La conservation des aires naturelles devient de ce fait, un des critères indispensables pour le développement de l’écotourisme. Mais outre à cela, cette forme de tourisme appelle l’intervention et la participation active des communautés locales, ce qui génère des bénéfices pécuniaires pour celles-ci (Drăgulănescu et Druţu, 2012 : 199).
Le tourisme en effet, est une source de devises étatiques et a permis même de redresser l’économie de nombreux pays. Mais si son implication dans le développement économique est indiscutable, il n’en est pas de même en ce qui concerne ses impacts environnementaux. Il a été observé en effet, le tourisme génère 4% à 10% des gaz à effet de serre via les transports (François-Lecompte et Prim-Allaz, 2009 : 309). D’autre part, il y a la création et l’entretien d’infrastructures et équipements touristiques. Parmi eux se trouvent des complexes aquatiques, les hôtels, etc. qui demandent l’utilisation de nombreuses ressources en termes d’énergie, d’eau, d’utilisation de l’espace. Or, ces effets sont dans la majorité des cas, irréversibles[4].
Du point de vue énergétique, le tourisme dépense de l’énergie pour assurer le transport, l’hébergement et les différentes activités proposées aux touristes. D’autre part, il cause aussi un changement au niveau de l’utilisation de l’espace. Dans la plupart des cas, ces derniers sont pollués par les déchets, les eaux usées, les bruits et la ruée de nombreux touristes. Le développement des activités touristiques s’accompagne entre autres de l’augmentation de l’émission des gaz à effet de serre (Camus et al., 2010 : 257). En d’autres termes, le développement du tourisme ne manque pas de conduire à une dégradation de l’environnement, du paysage. Or, l’environnement, le paysage, le climat, etc. constituent un des facteurs qui poussent les individus à choisir une destination par rapport à d’autres. Ces ressources naturelles sont partagées et dans ce cadre, les acteurs qui les exploitent ont aussi à partager les responsabilités en cas d’impacts environnementaux (Sharpley, 2009 : 179).
Dans le but de promouvoir le secteur touristique sans pour autant porter préjudice à la qualité de l’environnement, de nombreux programmes de développement touristiques intègrent la conservation et la valorisation du patrimoine naturel. Dans cette optique, les gouvernements se lancent dans la création de parcs nationaux, de l’élargissement d’aires protégés. Ces derniers permettent de gérer et de conserver la biodiversité mais en même temps, ils sont source d’attractivité pour les touristes. Ceux-ci peuvent désormais faire des activités touristiques dans ces parcs. D’autre part, les communautés locales peuvent profiter de la présence de touristes dans les zones avoisinant les parcs nationaux pour créer des services ou des produits que les touristes peuvent consommer. En même temps donc, la protection de l’environnement profite aussi bien aux communautés locales qu’aux touristes et aux prestataires de services (Dehorne et Murat, 2010 : 400).
Dans le cadre du développement durable, la protection de l’environnement est un élément essentiel. Mais l’importance de l’environnement et de sa protection est beaucoup plus évidente pour l’industrie touristique. En effet, les entreprises et les acteurs touristiques trouvent chez les ressources naturelles, des actifs tangibles pour attirer les consommateurs d’où leur engouement pour mettre en œuvre des stratégies pour les conserver (Béji-Bécheur et Bensebaa, 2009 : 42). C’est ainsi que l’écotourisme a connu un essor considérable ces dernières années. Pour Ceballos-Lascurain cité par Leroux (2010 : 234), il s’agit de « la forme de tourisme qui consiste à visiter des zones naturelles relativement intactes ou peu perturbées, dans le but d’étudier et d’admirer le paysage et les plantes et animaux sauvages qu’il abrite, de même que toute manifestation culturelle (passée et présente), observable dans ces zones ».
Le tourisme durable est une forme de tourisme impliqué dans la conservation des ressources naturelles, et des paysages. Les acteurs touristiques qui se lancent dans la promotion de telle activité doit veiller à ce que les ressources naturelles ne soient pas altérées par la venue des touristes ou par les actions menées par les prestataires de services qui proposent les offres aux visiteurs. Les acteurs du tourisme durable se montrent particulièrement vigilants lorsqu’il s’agit d’utiliser des ressources rares (espèces endémiques, terre rare, etc.) et/ou de ressources non renouvelables (pétrole). Ils veillent à la pureté de l’environnement et en ce sens, lancent des programmes pour réduire différentes manifestations de pollutions dans l’air, dans le sol et dans la nappe phréatique (Leroux, 2010 : 236).
La promotion de tourisme rural à améliorer le contrôle des actions qui pourraient menacer la préservation des sites naturels. Cela est rendu possible par l’implication des communautés locales sur les valeurs de l’environnement. Plus elles connaissent l’importance de cette ressource naturelle, plus elles sont prédisposées à la conserver. Les acteurs touristiques et les acteurs environnementaux entrent donc en relation avec les communautés locales et élaborent ensemble un plan de conservation adapté au contexte local (Drăgulănescu et Druţu, 2012 : 201).
- Le volet social
La considération du volet social est un des facteurs de développement durable dans les destinations touristiques (Baumgartner, 2012 : 166). La dimension sociale du tourisme durable devrait passer par le partage équitable des valeurs générées par l’activité touristique. Et pourtant, force est de constater que le partage des bénéfices ne se fait pas de manière équitable. Par ailleurs, il est nécessaire de souligner que l’activité touristique en elle-même est source d’inégalités dans plusieurs sociétés puisqu’elle est surtout pratiquée par un certain groupe social (Baumgartner, 2012 : 170).
Il est admis que le tourisme favorise les échanges des riverains avec d’autres cultures. Cela pourrait causer l’évolution de la société. Nombreux sont les groupes sociaux qui se sont modernisés après le contact avec les étrangers. Les influences étrangères sont dans certains cas, source de bouleversement dans le système de valeurs et du mode de vie des riverains[5]. C’est la raison pour laquelle, de nombreuses destinations touristiques organisent des festivals et des évènements culturels pour valoriser la culture locale. La Dominique par exemple a lancé depuis 2009 le Nature Island Literary Festival dont le but est d’augmenter la visibilité des auteurs locaux et la promotion de la rencontre entre les auteurs nationaux et internationaux. Le Tournoi international de pêche sportive est organisé dans le village de pêcheurs. Il y a également le World Creole Music Festival qui est une opportunité de rencontres artistiques entre les acteurs locaux et internationaux. Ces évènements constituent un des facteurs d’attraction des touristes en Dominique tout en conservant l’identité de l’île (Dehorne et Murat, 2010 : 404).
La Dominique n’a pas été la seule à entreprendre des stratégies pour rendre le tourisme durable. Le tourisme culturel a été adopté par de nombreuses destinations touristiques pour attirer les visiteurs. Mais en même temps, cette stratégie s’est également accompagnée de la venue massive de touristes sur la même destination et à la « vulgarisation » de l’unicité des destinations touristiques. Il semble que ces dernières se trouvent face à une reproduction en masse de produits touristiques orientés vers la culture comme la mise en place de structures iconiques qui permettent de reconnaître le pays (Tour Eiffel à Paris, Le Burj al Arab à Dubaï, etc.), l’organisation d’évènements culturels, les visites thématiques, la visite de sites historiques. Toutes destinations touristiques orientées vers la culture utilisent ces mêmes stratégies au risque de ne plus intéresser les touristes. En effet, les touristes culturels sont intéressés par l’histoire, la culture de la destination mais en même temps, ils cherchent aussi une expérience touristique unique. Et pourtant, il est question ici de tourisme culturel qui est considéré comme étant un tourisme durable. En d’autres termes, la conception d’une forme de tourisme durable peut paradoxalement conduire à une forme de tourisme « de masse » (Richards, 2010 : 11).
D’autre part, de nombreuses communautés ont dû changer ou adapter leur culture en fonction des attentes des visiteurs. Cela correspond au phénomène de création de tradition ou d’authenticité. Les communautés locales montrent également de l’animosité ou de la réticence à accueillir les touristes culturels dans la mesure où ceux-ci tentent de trop s’approcher d’eux au point de faire une intrusion dans la vie quotidienne des communautés locales (Jelinčić and Žuvela, 2012 : 81). Dans cette optique, l’OMT suggère que le développement du tourisme devrait être une initiative des communautés locales et non pas une activité imposée par des parties prenantes externes. L’installation d’un tourisme durable devrait contribuer à valoriser les valeurs locales et ne pas heurter la culture des communautés locales. La réussite du tourisme dépend de ce fait, de l’acceptation des visiteurs et des programmes de développement du tourisme installés au niveau de la destination touristique. En d’autres termes, le développement d’un tourisme durable requiert l’appui des communautés locales (Gursoy et al., 2009 : 2).
Chez les communautés locales, le tourisme est une source de développement économique et social. Mais en même temps, la venue des touristes pourrait aussi engendrer créer un désordre au niveau du partage de l’espace. L’Ile de Ré par exemple compte environ 18 000 habitants mais quand vient la haute saison, le nombre de personnes qui vivent dans cette île peut décupler. La venue des touristes entraîne entre autres, une hausse des prix de l’immobilier. Par conséquent, les habitants modestes ont du mal à acquérir des biens immobiliers. Nombre d’entre eux, ont vendu leurs maisons ou leurs domaines et de quitter l’île par la suite (Camus et al., 2010 : 258).
Dans l’Oisans, destination touristique privilégiée pour les skieurs, la compétition entre logement des habitants et logements pour les touristes a été observée. Cela s’accompagne aussi de l’augmentation du prix du terrain et du patrimoine[6]. Dans ces exemples, la venue massive de touristes est source de déséquilibre social et renforce même les différences entre les différentes classes sociales. D’autre part, l’identification d’un site touristique entraîne souvent la création de nouvelles activités qui vont changer l’utilisation des espaces. Pour illustrer ce fait, près des sites historiques pullulent par exemple les boutiques de souvenir, les restaurants, les établissements qui offrent d’autres services touristiques. Or, la venue massive de ces prestataires ne manque pas d’augmenter la pression sur le site touristique lui-même en modifiant son esthétique, mais porte atteinte également aux riverains. La sur fréquentation est source d’activités illégales de diverses formes (Marcotte et Bourdeau, 2010 : 281).
Le tourisme durable tend à éradiquer les formes d’injustice sociale notamment, le déséquilibre entre les avantages tirés de l’activité touristique. Les communautés locales constituent des parties prenantes importantes lors de la prise de décision. Entre autres, elles participent également à la conception de l’offre touristique et à la planification des offres proposées aux visiteurs. Les actions menées par les différents acteurs touristiques devraient donc se faire sous le contrôle des acteurs locaux. Certes, leurs actions sont réalisées après concertations avec d’autres parties prenantes du tourisme. Le tourisme durable devrait contribuer à la qualité de vie des communautés locales et non pas à leur exclusion ou à leur exploitation sociale par les acteurs du tourisme. Il ne devrait pas conduire à la dégradation ou à la modification de la culture locale (Leroux, 2010 : 235- 236).
- Le volet économique
Le tourisme est un vecteur de développement économique pour la destination touristique. Par ailleurs, l’Organisation Mondiale pour le Tourisme (OMT) voit chez le tourisme un moyen de lutte contre la pauvreté. Le secteur touristique occupe la première place dans l’économie mondiale (Kieffer, 2011 : 338). L’aspect économique de l’activité touristique pourtant, comporte de nombreux challenges. Le tourisme classique est vecteur de développement économique, mais celui-ci s’est avéré non durable et vulnérable. Cela provient du fait que les flux financiers et les bénéfices engendrés par l’activité reviennent majoritairement aux prestataires de services et aux concepteurs des offres touristiques. Vu sous cet angle, le tourisme ne permet pas toujours un partage équitable des flux financiers entre les différents acteurs. Dans cette donne, ce sont les communautés locales qui sont les principaux acteurs marginalisées. D’autre part, en admettant que ces communautés vivent des emplois directement générés par l’activité touristique, leurs préoccupations pécuniaires peuvent encore persister avec la saisonnalité de l’activité touristique (Béji-Bécheur et Bensebaa, 2009 : 40).
Le secteur touristique est un secteur fortement dépendant du territoire dans la mesure où les caractéristiques du territoire constituent les principaux atouts mises en valeur par les acteurs touristiques pour attirer les visiteurs. D’autre part, à travers les emplois, les infrastructures et les activités qu’il permet, le tourisme contribue également au développement du territoire. Par ailleurs, il est aussi source de spécification du territoire[7]. Ainsi, de nombreux pays du Sud optent pour la mise en tourisme de leurs sites naturels, leurs espaces littoraux pour redresser leur économie. Cela s’accompagne de la mise à la disposition de mains d’œuvre pour les industries touristiques. En retour, le tourisme contribue de manière importante à leur produit intérieur brut (PIB)[8].
Le tourisme est bien évidemment, une source de devises pour les communautés locales. Dans la mesure où il favorise la construction de services et d’offres touristiques qui changent le paysage originel, il attire les consommateurs. Le tourisme est une source d’emplois directs pour les riverains mais, ses bénéfices n’arrivent pas toujours à atteindre les attentes des communautés locales. Il semblerait que certaines formes de tourisme comme le tourisme de masse par exemple, augmente les charges des communautés locales et ne contribuent que très peu au développement économiques de celles-ci. C’est ce qui s’est passé au Maroc par exemple. C’est un pays où le tourisme est une activité prospère. Mais le Maroc a surtout privilégié le tourisme de masse. Cela a demandé qu’il fournisse une quantité considérable en eau potable pour les visiteurs qui viennent en masse. Alors que l’eau potable n’est pas accessible aux ménages marocains[9], il semblerait que les acteurs touristiques aient déployé leurs efforts pour satisfaire un grand nombre de touristes qui, pourtant, achètent leurs services à des prix dérisoires ce qui ne permet pas de redresser l’économie locale, d’où les réactions des acteurs du tourisme marocains à se tourner vers le tourisme durable qui se penche sur les impacts de l’activité touristique sur le long terme[10].
Le tourisme durable considère donc un partage équitable des bénéfices tirés de l’activité touristique et de réduire autant que faire se peut les coûts tout en augmentant les bénéfices (Marcotte et Bourdeau, 2010 : 278). Dans cette optique, les entreprises touristiques s’engagent à recruter les travailleurs locaux, et plus particulièrement, ceux qui sont socialement vulnérables. Dans cette optique, les produits touristiques naturels comme les forêts, les réserves de la biosphère par exemple devraient contribuer au développement des communautés environnantes. Pourtant, force est de constater que les actions de conservation de ces sites comme la classification de ceux-ci comme étant des sites protégés s’accompagne aussi de l’exclusion des communautés locales de leurs espaces de vie. Vu sous cet angle, le partage équitable des bénéfices dans l’esprit du tourisme durable semble illusoire. Dès la première démarche comme la protection de l’environnement, les acteurs du tourisme durable privent déjà les villageois de leurs sources de subsistance (Kieffer, 2011 : 339 – 340).
Le tourisme durable impose des contraintes aux sites touristiques, mais en même temps, il prévoit de mettre en œuvre des stratégies pour que les destinations soient toujours viables et compétitives. De cette manière, elles deviendront des sources de développement et de devises pérennes pour les populations locales. Le développement économique ne provient pas uniquement des dépenses touristiques, mais également de la création d’emplois directs pour les communautés locales. La conception du tourisme durable veut que les emplois créés soient de qualité et suffisamment nombreux pour impliquer le plus d’acteurs locaux. La qualité de l’emploi suggère le respect de certains critères comme l’interdiction du travail des enfants et la prostitution, un salaire juste, équilibre entre les genres et les statuts sociaux et ethniques lors du recrutement (Leroux, 2010 : 235).
Le développement du tourisme durable comme le tourisme rural permet certes, de réduire les contraintes qui pèsent sur les paysages et les environnements naturels. C’est une forme de tourisme sensée avoir des répercussions économiques positives sur les communautés locales. Dans la mesure où la valorisation des ressources naturelles et des cultures locales génère des bénéfices durables pour les communautés locales, le tourisme durable contribue au développement économique. D’autre part, les idées convergent en ce qui concerne la contribution de cette forme de tourisme sur le développement local. En effet, le tourisme durable est un marché volatil. Les offres touristiques ne permettent pas toujours de proposer des honoraires élevés pour les acteurs locaux. A cela s’ajoute le fait que les acteurs locaux ne détiennent pas forcément les compétences et les connaissances requises pour satisfaire les visiteurs. Cela constitue un obstacle pour les investisseurs. Le tourisme durable présente de ce fait, une limite (Drăgulănescu et Druţu, 2012 : 201).
- Le tourisme classique vs le tourisme durable
L’OMT cité par Leroux (2010 : 234) définit le tourisme durable comme étant « un tourisme qui tient pleinement compte de ses impacts économiques, sociaux et environnementaux actuels et futurs, en répondant aux besoins des visiteurs, des professionnels, de l’environnement et des communautés d’accueil ». Cela va à l’encontre de la conception classique du tourisme qui se penche plus sur des approches à court termes pour attirer les touristes. Il s’agit d’une forme de tourisme soucieuse de l’avenir des générations actuelles que des générations futures. Le tourisme durable est donc très différent du tourisme de masse. Le tourisme de masse contrairement au tourisme durable est plus focalisé sur les valeurs économiques générées par l’activité et ne considère pas ou très peu, les impacts de celle-ci sur l’environnement, la culture, et la société en général (Sharpley, 2009 : 6). Le tourisme de masse par exemple, favorise la venue de touristes en masse. Ceux-ci se concentrent sur une zone déterminée et constituent une pression sur l’environnement. Outre à cela, ces concentrations ne bénéficient pas toujours du point économique, aux riverains[11].
Le tourisme de masse est considéré comme étant un tourisme standardisé et ne prenant pas en compte les demandes spécifiques des touristes. Le tourisme durable pour sa part, est porteur de sens et s’adapte aux demandes des consommateurs. Il s’agit d’une expérience que le consommateur se veut moins standardisée (Minvielle et Minvielle, 2010 : 187 – 188). La différence entre les deux types de tourisme réside donc sur le degré d’interactions entre les touristes et les habitants. Chez le tourisme de masse, ces interactions sont peu nombreuses, contrairement à ce qui se passe avec le tourisme durable (Gursoy et al., 2009 : 1). L’émergence du tourisme durable provient alors de la constatation des impacts du tourisme de masse.
Ainsi, s’il a été la forme touristique la plus fréquente dans les différentes destinations touristiques depuis les années 1970, il a laissé place au tourisme durable désormais adopté par la grande majorité des pays dans le monde. Dans cette démarche, le tourisme est une activité à forte valeur ajoutée mais les bénéfices qui sont obtenus à partir de ces activités sont intégrés dans des programmes pour réhabiliter les sites détruits par elles. Mais cela n’est pas suffisant parce que pour réussir, ce programme devrait se faire après l’acceptation des communautés locales, et la mise en œuvre de politique de pérennisation de l’activité touristique dans une destination. En d’autres termes, le passage du tourisme de masse vers le tourisme durable mobilise de nombreuses ressources qui ne sont pas toujours à la disposition des sites touristiques (Girod, 2011 : 14-15).
La mise en tourisme de masse d’un site touristique demande une certaine forme de production plus tournée vers la quantité que vers l’unicité de l’expérience touristique. Il s’agit d’un tourisme qui favorise l’économie d’échelle et dans cette optique, des prix très compétitifs pour les touristes mais avec des produits standards et en grande quantité contrairement à ce qui est observé chez le tourisme durable. Ainsi, le tourisme de masse s’accompagne aussi de l’industrialisation des offres, des évènements et des activités proposés aux consommateurs. Cette forme de tourisme est plus tournée vers l’accumulation de valeurs par les entreprises touristiques que pour l’ensemble de toutes les parties prenantes. Les touristes qui viennent chez les destinations qui favorisent cette forme de tourisme sont donc des consommateurs de masse qui se concentrent sur un site déterminé et durant une période bien délimité. Le tourisme de masse se caractérise par son prix très bas par rapport au tourisme durable. Les ressources les plus mises en valeur par les entreprises touristiques sont le climat généreux, les plages et les évènements (Pons et al., 2009 : 1-2).
La nature et les caractéristiques de la destination touristique elle-même permet de différencier le tourisme durable du tourisme de masse. Le tourisme durable attire les touristes responsables qui cherchent en principe une destination unique, pour une expérience unique. Le tourisme de masse par contre, cible les destinations populaires. Il n’offre pas d’expérience touristique unique, mais il est accessible à un grand nombre de visiteurs (Drăgulănescu et Druţu, 2012 : 198). Les différences entre le tourisme durable et plus particulièrement, de l’écotourisme et le tourisme de masse ont été résumées dans le tableau suivant :
Tableau 1: Caractéristiques distinctifs du tourisme de masse et de l’écotourisme (source : Turtureanu et al. (2011) cités par Drăgulănescu et Druţu, 2012 : 199 ; traduction libre)
Caractéristiques du tourisme de masse | Caractéristiques de l’écotourisme |
Nombre important de visiteurs | Nombre restreint de visiteurs |
Urbain | Rural |
Marketing basé sur le développement du tourisme | Eco-marketing |
Prix des offres proche de la moyenne sur le marché du tourisme | Prix des offres élevé |
Forte pression sur l’environnement naturel | Faible pression sur l’environnement naturel |
Option de contrôle avancée | Option de contrôle limitée |
Management basé sur les principes macroéconomiques | Management basé sur l’économie locale |
Relations impersonnelles entre les touristes et les communautés d’accueil | Proximité entre les touristes et les communautés d’accueil |
Objectifs généraux concernant le développement local | Objectifs locaux de développement |
Activités touristiques conçues à partir du comportement des consommateurs | Formation et éducation pour changer le comportement envers l’environnement naturel |
Développement intensif de commodités pour les touristes | Faible développement de commodités pour les touristes |
La comparaison entre le tourisme de masse et le tourisme durable semble mettre en évidence que le tourisme durable est la plus avantageuse. Dans cette optique, il devrait être adopté par toutes les destinations touristiques. Et pourtant, force est de constater que la démarche pour la mise en tourisme durable d’un site n’est pas toujours facile, voire même périlleuse, surtout lorsque la destination a atteint sa maturité. Il est observé que les principales destinations des touristes restent celles où le tourisme de masse est appliqué. Las Vegas, Venise, Macao, Hong Kong, etc. illustrent ce fait. Les touristes ont les moyens et semblent ne pas s’intéresser du tout, ou très peu au tourisme durable (Aramberri, 2010 : 11).
Par ailleurs, même les destinations touristiques moins connues semblent aussi s’intéresser plus au tourisme de masse qu’au tourisme durable. Alors qu’il est accepté que le changement climatique et la protection de l’environnement sont des préoccupations majeures de tous les pays, très rares sont ceux qui parviennent à mettre en œuvre des stratégies de protection d’environnement couplé avec un développement économique. Au Maroc par exemple, à Arganeraie, les infrastructures mises en place sont toutes destinées pour accueillir de nombreux visiteurs. Dans la zone rurale de l’Arganeraie, des infrastructures touristiques ont été mises en place. Mais la construction de celles-ci répondent plus aux besoins de touristes qui viennent massivement sur le territoire.
La politique de développement touristique est adaptée de ce qui est observé dans le cadre d’un tourisme de masse à l’exception que l’activité touristique est pratiquée en milieu rural. Les acteurs du tourisme locaux avec l’appui du Ministère de la culture et de la société civile tentent de valoriser les pratiques agraires ancestrales, les spécialités culinaires et les produits du terroir qui constituent l’unicité de la destination. Les touristes sont alors proposés de consommer ces produits lors des visites guidées. Mais même en soulignant les valeurs identitaires et culturelles de ces produits, les acteurs du tourisme contribuent involontairement au développement d’un tourisme de masse dans l’Arganeraie[12].
- La politique de tourisme durable
Le tourisme durable revient à « maintenir un équilibre entre les besoins du touriste, de l’environnement, et ceux de la population locale, à la fois pour les générations actuelles et futures » (Lechien, 2009 : 17). La réalisation du tourisme durable intègre tous les acteurs touristiques : les organismes responsables du développement de l’activité touristique, les touristes, les transporteurs, les tours opérateurs, les hôtels, les évènementiels, les communautés locales, etc. (Camus et al., 2010 : 263 – 264). Les différents acteurs sont conscients de la nécessité de réduire autant que faire se peut sinon, d’éradiquer les inconvénients du tourisme sur l’environnement et la société[13]. Mais la politique mise en place pour atteindre les objectifs du tourisme durable varie d’un pays à un autre en fonction du contexte socioéconomique de celui-ci. La politique mise en place dans les pays émergents ne peut pas être transférée à celle de pays développés.
La France, première destination touristique mondiale a intégré les principes du développement durable dans sa politique de développement touristique. La politique touristique de la France comporte trois dimensions : la dimension socioéconomique, culturelle et environnementale. La dimension socioéconomique du tourisme durable veut que les offres touristiques françaises soient encore plus compétitives sur le marché pour attirer les touristes et qu’elles permettent de ce fait, à un large public de visiter le site touristique. Cela passe par la révision des offres de services touristiques et la prise en considération des besoins des consommateurs pour les adapter aux situations locales. La construction d’infrastructures de transport par exemple, ainsi que la rénovation du parc d’hébergement comptent une des parmi les démarches d’amélioration du tourisme durable. Mais la rénovation et l’amélioration des structures d’accueil ne devraient pas pour autant rendre celles-ci inaccessibles aux personnes modestes.
Du point de vue culturel, la politique française de développement touristique cherche à préserver le patrimoine culturel de la France. La culture devrait être un facteur d’attraction pour les touristes mais en même temps, les devises acquises par cette activité devraient contribuer au développement économique du pays. En ce qui concerne la protection de l’environnement, la France met en place un système de labellisation comme les « Grands sites de France » pour protéger les sites vulnérables. A cela s’ajoute des actions de sensibilisation des consommateurs et des différents acteurs qui conçoivent et délivrent les services touristiques[14].
En Gaspésie au Québec, le tourisme est aussi un secteur important pour le tourisme et contribue dynamiquement à créer de l’emploi. Le tourisme retrouvé dans cette région est principalement le tourisme domestique. La culture et le patrimoine, les produits du terroir et les activités en plein air constituent les principales attractions pour les touristes. Toutefois, même si elle manifeste de nombreux atouts pour le tourisme, le nombre de visiteurs qui y viennent fluctue. Cependant, les acteurs du tourisme ont observé que les consommateurs tendent à favoriser le tourisme durable. Afin de promouvoir le tourisme durable donc, la Gaspésie a identifié cinq axes de développement :
- La préservation et la valorisation de la culture : Dans cette optique, les autorités locales tentent à augmenter la visibilité et la consommation de produits du territoire, à transmettre l’histoire de la région aux acteurs du tourisme mais également aux visiteurs. D’autre part, il est important que les sites fragiles soient préservés.
- La conservation et la valorisation du paysage en responsabilisant la région quant aux mesures à prendre pour protéger le paysage naturel de Gaspésie
- La promotion de l’écoresponsabilité c’est-à-dire, utilisation efficiente des ressources non renouvelables.
- Participation de toutes les parties prenantes et développement interne du tourisme : Cela requiert la promotion des échanges entre les différentes parties prenantes. Les activités touristiques devraient contribuer à améliorer le développement économique du territoire. Les offres touristiques devraient résulter des apports complémentaires de chaque partie prenante pour la promotion du tourisme.
- La durabilité du tourisme à travers la satisfaction des touristes et l’augmentation des attraits pour les touristes : Cela passe par l’amélioration des services touristiques à commencer par l’accueil des touristes, l’augmentation de la durée de séjour, l’amélioration de l’accessibilité du site aux touristes[15].
Les deux cas précédents illustrent l’ambiguïté de généraliser les politiques de tourisme durables et leur mise en place vu le nombre de scenarii possible, le nombre de destination touristique et leur unicité, les caractéristiques économiques, sociales et politiques. Mais il semble que l’élaboration de politique de tourisme durable se fait non seulement au niveau gouvernemental et impliquant des acteurs élites comme l’Organisation Mondiale pour le Toursime (OMT), mais également, les communautés locales qui sont les plus à même de comprendre les enjeux de la mise en tourisme de leur territoire ainsi que les enjeux de la durabilité du tourisme. Dans cette optique, la conception et la mise en œuvre de la politique de tourisme durable se fait à travers des décisions qui viennent des acteurs gouvernementaux vers les autorités locales d’une part, et des acteurs locaux vers les acteurs gouvernementaux d’autre part (Dodds et Butler, 2010 : 39).
Se pose d’autre part, le problème de l’application des politiques établies pour assurer le développement d’un tourisme durable. De nombreuses études se sont en effet intéressées aux politiques de tourisme durable sans pour autant parvenir à évaluer l’application de celles-ci et les résultats réellement obtenus. Dans la grande majorité des cas, la politique de tourisme durable semble plus aisée à élaborer mais difficile à mettre en place. Cela peut s’expliquer par le manque d’équilibre entre les actions entreprises pour accomplir les objectifs des trois piliers du tourisme durable. Les objectifs économiques priment sur les objectifs sociaux et environnementaux. Par ailleurs, l’atteinte des objectifs de tourisme durable demande un peu plus de temps, ce qui est moins intéressant pour de nombreux acteurs qui, eux, s’intéressent à des résultats rapides. Les objectifs définis et les actions pour les atteindre dans la politique sont donc des démarches à court terme. Ils donnent des résultats économiques sur une courte durée, mais ils sont également volatils. Les gouvernements établissent en moyenne, une politique pour cinq ans alors que le tourisme durable demande des actions à effet durable pouvant aller jusqu’à plus de dix ans (Dodds et Butler, 2010 : 40).
- La mise en application du tourisme durable dans les destinations touristiques
- L’attribution de labels pour les acteurs et les destinations touristiques
Afin d’encourager les acteurs à adopter des pratiques qui respectent l’environnement, des labels ont été créés. En même temps, la labellisation d’un territoire est aussi signe d’autorité et de conformité de celui-ci aux normes ou aux attentes des consommateurs. Ainsi, le label peut être utilisé par les acteurs touristiques comme étant un argument de taille pour attirer les touristes vers une destination touristique. En d’autres termes, le label contribue essentiellement à la communication et à la réputation du territoire[16]. Mais dans certains cas, le label peut également servir pour valoriser les ressources territoriales. Dans cette optique, le label contribue au développement des populations hôtes et à leur dynamisation. En d’autres termes, le label est un moyen pour dynamiser les acteurs locaux à valoriser les ressources naturelles à leur disposition (Charles et Sauvin, 2013 : 42 – 43).
Parmi ces labels se trouve par exemple, l’écolabel « pavillon bleu » créé par l’Office français de la Fondation pour l’éducation en Europe. Le Pavillon Bleu est attribué aux communes et aux ports de plaisance qui adoptent des stratégies de protection de l’environnement dans leurs stratégies de développement touristique. Les communes ou les ports de plaisance qui peuvent avoir ce label sont ceux qui favorisent l’éducation à l’environnement et la sensibilisation à la protection de l’environnement, ceux qui sécurisent et entretiennent les plages de manière à ce que celles-ci soient toujours propres et accessibles aux handicapés, ceux qui font une gestion de déchets pour abolir les décharges sauvages et également pour ceux qui recyclent les déchets. Finalement, sont éligibles pour l’obtention de label environnemental, les communes qui mettent en place une stratégie de gestion de l’eau et du milieu à travers le traitement des eaux urbaines, l’assainissement des plages, etc.[17]
Par ailleurs, les Etats interviennent également pour faire intégrer un de leurs sites dans la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO (Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture). Pour être reconnu comme tel, le site doit être accepté par les experts qui l’évaluent comme détenteur d’une valeur universelle exceptionnelle par le message culturel et cultuel qu’il représente ou par sa valeur naturelle. Devant ce fait, il est admis que les différents intervenants mettent des actions collectives pour protéger ce patrimoine. Pour l’Etat demandeur, la démarche d’intégration du site parmi les patrimoines mondiaux de l’UNESCO répond à la fois aux objectifs de renforcer les liens entre les communautés locales et le patrimoine, ainsi qu’au désir d’attirer les touristes vers le site. Il a été constaté en effet, que les touristes estiment qu’il est indispensable de visiter un site classé patrimoine mondial de l’UNESCO qu’un autre site. Les arguments mis à l’avant pour ce choix sont l’unicité du site, la conservation des ressources, la beauté, le symbolisme du site du point de vue historique, culturelle et cultuelle (Marcotte et Bourdeau, 2010 : 272).
Et pourtant, force est de constater que l’intérêt porté par les touristes pour le patrimoine mondial de l’UNESCO pourrait porter atteinte à la conservation de ces derniers. En effet, les touristes peuvent affluer sur ces sites. Paradoxalement, la reconnaissance d’un site comme étant un patrimoine mondial de l’UNESCO n’est pas suffisant par rapport à d’autres critères pour convaincre les touristes à visiter le site. En effet, il est remarqué que les sites reconnus patrimoines mondiaux de l’UNESCO attirent moins de touristes par rapport aux parcs nationaux, ce qui veut dire que les critères de sélection des touristes ne se basent pas uniquement sur la valeur universelle que représente le site (Marcotte et Bourdeau, 2010 : 281).
Mis à part l’UNESCO, d’autres acteurs comme l’Association Française de Normalisation (AFNOR) se lancent également dans la promotion du tourisme durable en mettant au point des labels qui permettent de promouvoir un tourisme plus respectueux de la nature et des populations hôtes. L’AFNOR a par exemple conçu une norme ISO pour le tourisme d’aventure. Cette norme analyse les pratiques des impacts des activités touristiques sur les communautés locales. C’est dans ce cadre que le label Agir pour un Tourisme Responsable (ATR) va voir le jour. D’autre part, il y a aussi l’écolabel européen qui promeut les services touristiques responsables. Au fil du temps, si les impacts environnementaux ont été considérés avant d’accorder la labellisation d’un demandeur, ces dernières années, le volet social a été aussi analysé[18].
Le label Tourisme et Handicap par exemple, est accordé aux prestataires de services qui lancent et valorisent des produits touristiques destinés à des touristes handicapés. Ainsi, ce label est accordé lorsque les acteurs du développement touristiques mettent à la disposition des touristes ciblés des sites accessibles ainsi que des équipements leur permettant de jouir de leurs séjours. Les facilités mises à disposition des consommateurs devraient tenir compte des différents types de handicaps. La création et l’attribution du label se fait à l’issue de concertations entre les prestataires du tourisme et les représentants des handicapés. Un tel label constitue certes, une communication pour attirer les touristes présentant un handicap, mais en même temps, c’est aussi un outil pour sensibiliser les différents acteurs impliqués directement ou non dans la promotion du tourisme à prendre en considération ce segment de consommateurs[19].
Dans la région Bretonne, les acteurs du tourisme ont tenté de mettre en place un tourisme durable qui se base sur une activité bien connue : la pêche. C’est ainsi qu’a été créé le label « Accueil pêche en Finistère ». Le but de cette démarche est d’augmenter la visibilité des produits pêche qui ont fait la renommée de la région. En même temps, le label cible un touriste intéressé par la pêche et l’incite à s’intéresser aux produits de la pêche. Cela s’accompagne du développement local. Par la même occasion, le label « Accueil pêche en Finistère » cherche également de ne pas changer le paysage local, même s’il promeut un tourisme qui suscite l’interaction entre le touriste pêcheur et les communautés locales (Charles et Sauvin, 2013 : 41 – 42).
Mais dans cette optique, pour que la destination arrive à attirer les touristes pêcheurs, les stratégies de communication doivent être efficaces. Les hébergeurs qui obtiennent le label « Accueil pêche en Finistère » connaissent le patrimoine halieutique de la région, l’accessibilité des sites de pêches ainsi que les techniques de pêche, les espèces pêchées, les personnes ressources qui vendent les équipements de pêche. Mais malgré les mobilisations réalisées dans la région Finistère, les impacts économiques sur les riverains restent modestes. C’est la raison qui a démotivé les acteurs locaux à s’investir dans ce projet. Nombreux sont ceux qui ont été déçu. Les perceptions divergent donc : d’une part, il existe des personnes qui ont délaissé le projet, d’autres ont tenté d’améliorer les démarches pour faire du label un moyen de développement local (Charles et Sauvin, 2013 : 41-44).
- L’évaluation de l’application des principes de développement par les hôtels et les autres acteurs touristiques
Comme le transport est un secteur qui peut impacter sur l’intégrité de l’environnement, certains acteurs touristiques mettent en œuvre des stratégies pour réduire les impacts négatifs de leurs activité sur l’environnement. C’est le cas par exemple des voyageurs du monde qui imposent un prix qui tienne compte de l’émission de carbone par la compagnie aérienne. Ainsi, la taxe carbone a été ajoutée aux prix des billets depuis 2008. Cette démarche permet d’encourager les compagnies aériennes à élaborer une stratégie de réduction des émissions de gaz nocifs dans l’air, mais également, de sensibiliser les voyageurs. Comme résultat, Voyageurs du monde a pu recueillir 70 000€ pour l’année 2008. Ces taxes ont été par la suite reversées pour appuyer des projets de reforestation à Madagascar et au Cambodge, où la diversité est fortement menacée (Camus et al., 2010 : 255).
Le voyagiste finlandais Aurinkotmatkat pour sa part, choisit ses partenaires en fonction des stratégies mises en place par ceux-ci pour assurer la durabilité du tourisme. La satisfaction des clients est évaluée à partir de questionnaires et les sites touristiques de l’entreprise. D’autre part, il tente d’adapter les offres touristiques en fonction des contextes locaux. Ainsi, il se base plus sur des offres simples et profitantes aux communautés locales comme l’orientation des touristes vers les hôtels familiaux que dans les grands hôtels. Cette démarche encourage les touristes à acheter les produits locaux et à consommer la nourriture produite par les acteurs locaux. Aurinkotmatkat a conçu un programme environnemental pour assurer la durabilité du tourisme. Et pour suivre la réalisation de ce programme, il a conçu des indicateurs sociaux, culturels et économiques (Béji-Bécheur et Bensebaa, 2009 : 47).
Du côté des hôteliers, l’éco-labellisation pourrait être un des indicateurs de leur implication dans le processus de développement du tourisme durable et dans des actions responsables. Mais pour y parvenir, les acteurs hôteliers ont dû changer tous leur processus de production de services et d’offres à proposer aux touristes, ainsi que leurs stratégies pour acquérir les matières premières. De prime abord, il s’agit de s’approvisionner de manière responsable en réduisant par exemple, la consommation et l’utilisation de produits qui sont en voie de disparition. Puis, il est indispensable aussi de trouver les fournisseurs responsables et qui sont les plus à mêmes à fournir des produits fiables. Mis à part les caractéristiques des matières premières utilisées, il est également nécessaire d’inculquer et d’accompagner les employés à adopter des comportements plus responsables. Les processus de production doivent par la suite être normalisés. Dans leurs démarches d’adoption de comportements responsables envers l’environnement, la société et l’économie en général, les hôteliers ont reçu l’appui de la mairie, des communautés locales, l’Office du tourisme, etc. (Callot, 2011 : 42).
En Afrique du Sud, dans le parc d’Hluhluwe – Imfolozi, la construction de structures d’hébergement à l’intérieur du parc se fait à partir de matériaux qui ne contrastent pas avec le paysage. Afin de s’assurer du faible impact des activités touristiques sur la qualité de l’air, un quota est fixé en ce qui concerne le nombre de voitures qui viennent pendant la haute saison. Puis, dans le noyau dur de 30 000 hectares, aucun aménagement n’a été lancé. Par ailleurs, les voitures ne sont pas autorisées à pénétrer dans cette zone. Cette mesure permet de s’assurer de la réduction des impacts du tourisme sur la qualité de l’environnement. Mais en même temps, c’est aussi une opportunité pour encourager les touristes à adopter d’autres moyens pour entrer en contact avec la nature à travers les randonnées à pied ou à cheval. Mais là encore, il existe une limite qui ne doit être franchie. Les randonneurs doivent aller en petits groupe pour ne pas déséquilibrer la nature et pour éviter la surfréquentation. Dans cette optique, ce parc sud-africain accomplit à la fois les objectifs fixés par la protection de l’environnement ainsi que le volet social à travers l’éducation des touristes à la protection du parc. Par ailleurs, depuis février 1998, une partie du droit d’entrée dans le parc est investi dans des projets communautaires[20].
Port-Cros (France) a également entrepris des démarches similaires en déterminant la capacité de charge du site c’est-à-dire, le nombre de visiteurs que celui-ci peut accueillir. Cette démarche est entreprise dans le but de connaître les impacts de la venue des visiteurs sur l’intégrité environnementale et sociale de l’île. Pour ce faire, les chercheurs ont utilisé des indicateurs permettant d’évaluer à quel point, les activités touristiques peuvent influencer la qualité de vie et de l’environnement. Des indicateurs ont été alors identifiés pour permettre d’évaluer la capacité de charge du parc. Parmi ces indicateurs se trouvent les déchets ménagers. Cet indicateur informe non seulement la nature des déchets produits mais aussi le traitement de celui-ci et la quantité de déchets pouvant être traités. A travers cet indicateurs, les acteurs du développement touristiques peuvent évaluer si la capacité de charge a été dépassée et que l’île de Port-Cros accueille plus de visiteurs qu’elle ne le peut (Bergère et Le Berre, 2011 : 90 – 91).
Puis, la fréquentation de la plage de la Palud a également été considérée comme étant un élément permettant de déterminer la capacité de charge de l’île de Port-Cros. La saturation de la plage pourrait être évaluée à partir de la présence de touristes sur les zones périphériques donnant sur la plage. Plus la plage est saturée et plus les visiteurs sont enclins à occuper des zones moins confortables mais qui se trouvent près de la plage. Ceci lui a permis de connaître que la plage de la Palud ne peut accueillir qu’environ 200 personnes. Au-delà de 230 personnes, les visiteurs n’ont plus d’autres choix que d’aller sur les zones périphériques. La capacité maximale de la plage est donc de 397 personnes. La zone adjacente au niveau de laquelle, les visiteurs recourent en cas de saturation de la plage ne peut excéder 74 personnes (Bergère et Le Berre, 2011 : 93).
Ces différentes démarches rapportées par les promoteurs du tourisme permettent de voir la diversité des approches pour évaluer la capacité du site touristique à accueillir les visiteurs. Le tourisme durable est un concept complexe et sa mise en place est également difficile. Or, il ne peut s’installer et conduire aux résultats escomptés à moins que son application au niveau de chaque partie prenante dans le développement touristique ne soit évaluée. Or, il existe des approches différentes en fonction du facteur de développement touristique, du produit à évaluer. Par ailleurs, cette évaluation fait intervenir plusieurs acteurs internes et externes.
Dans cette optique, le développement du tourisme durable fait intervenir aussi des organismes ou des associations qui ont pour but de protéger l’environnement et la culture des riverains. Les actions de ces organisations permettent également d’évaluer leur implication dans les démarches de développement durable. A Souss-Massa situé dans le sud de Maroc, la promotion du tourisme durable se fait à travers le programme mis en place par l’association française Passage-Voyage. Celle-ci a pour mission de faciliter la rencontre avec la culture berbère et dans cette démarche, les contacts directs entre visiteurs et visité sont promus. Les hébergeurs qui accueillent directement les touristes sont les villageois[21]. Les impacts des actions de l’association peuvent être évalués à partir du nombre de visiteurs qui viennent vers les villageois.
- La considération des communautés locales dans les projets de développement touristique
Les communautés locales doivent être considérées dans le cadre du tourisme durable. En effet, ce sont des acteurs incontournables dans le processus d’aménagement du territoire ou encore, dans la gestion participative des aires protégées. Dans cette optique, les collectivités locales constituent des partenaires des opérateurs touristiques, mais également des organismes de conservation dans la mesure où ce sont elles qui interagissent directement avec l’aire protégée. Cette gestion participative se manifeste à travers l’information et l’éducation des communautés qui vivent près du site touristique afin qu’ils connaissent les bases nécessaires pour la valorisation et la conservation de cette ressource naturelle. Par la suite, il s’agit de les sensibiliser et de les responsabiliser de manière à faire d’eux des partenaires dans le développement du tourisme durable[22].
Mais ce ne sont pas uniquement les communautés locales qui sont mises en avant dans le processus de développement de l’aspect social dans le cadre d’un tourisme durable. Toutes les parties prenantes de ce secteur prennent désormais part aux projets de développement. Ces dernières années, les actions sociales ont été développées au même titre que le développement touristique. Les touristes eux-mêmes interviennent dans ce projet. C’est le cas par exemple, des touristes du Nord qui viennent visiter les pays du sud et s’approchent beaucoup plus des communautés locales en faisant des actions sociales comme la création d’école ou la construction d’un puits d’eau (Camus et al., 2010 : 259).
Le community based tourism ou tourisme communautaire constitue une des illustrations de la mise en place d’un tourisme durable et tenant compte des communautés locales. Le tourisme communautaire cherche à optimiser le partage d’avantages entre les communautés accueillantes et les touristes. Pour les riverains, il s’agit surtout de valoriser l’espace dans lequel, ils vivent pour générer des emplois directs et durables. Pour les touristes et les prestataires de services, c’est une démarche pour visiter la destination touriste. Pour les deux parties, le tourisme communautaire est une approche qui permet de valoriser et de conserver les ressources naturelles à la disposition des populations locales, ainsi que leur culture. Les opérateurs touristiques se lancent dans le développement d’activités qui ont une consommation responsable afin d’assurer l’équilibre entre les producteurs représentés par les communautés locales et les consommateurs représentés par les touristes (Dehorne et Murat, 2010 : 397).
Dans le cadre de l’écotourisme, les populations locales construisent des structures d’accueil à partir de matières et de technologies locales. Elles organisent entre autres des évènements susceptibles d’attirer les touristes. A Stara Planina, en Serbie par exemple, quelques familles ont décidé d’aménager leurs maisons pour accueillir les touristes. D’autres se sont lancés dans la rénovation de bâtiments et de maisons anciens. Ce cas est observé dans le village de Slavinj. Les touristes peuvent alors jouir des différentes accommodations et facilités offertes par les villageois. Quelquefois, des organismes non gouvernementaux les appuient pour la mise en place d’un tourisme rural et de l’écotourisme. Dans ce cas de cette destination touristique, ce sont les organisations Natura balkanika et Logos qui entrent en scène pour développer l’écotourisme (Stankov et al., 2011 : 51).
Parmi les offres touristiques proposées par les communautés locales se trouve également l’hébergement chez les habitants. Dans cette démarche, l’hôte peut directement tirer profit de la visite du touriste responsable. Mais de son côté, les touristes semblent aussi s’intéresser davantage à l’hébergement chez un habitant premièrement pour l’économie qu’ils peuvent faire mais aussi pour les échanges culturels qu’ils pourraient bénéficier. Cela constitue en effet, une autre démarche pour aller vers l’autre, le découvrir, le connaître et échanger avec lui. Par ailleurs, c’est également un autre moyen pour empêcher ou tout au moins, pour limiter la construction d’hôtels et de faire encore des investissements qui vont changer inexorablement le paysage et l’environnement. Mais encore faut-il que l’hôte soit apte à rassurer les touristes sur la sécurité et le confort[23].
Il est admis que les populations locales sont les piliers du développement du tourisme durable dans la mesure où ce sont elles qui conçoivent les produits touristiques et qui protègent les ressources qui se trouvent à leur proximité. Pourtant, il semble que les populations locales sont moins motivés à protéger les ressources naturelles que ce soit les forêts, les plages, la mer et les zones humides. Certes, elles peuvent se lancer dans des actions de protection imposées par des acteurs gouvernementaux et non gouvernementaux. Mais la protection de l’environnement semble ne pas être leur priorité. Leurs objectifs ne s’étalent pas à long termes mais à court termes. Les bénéfices qu’elles cherchent se manifestent à travers les emplois directs, le nombre de touristes qui viennent acheter leurs produits (Dodds et Butler, 2010 : 45).
D’autre part, les impacts économiques du tourisme semblent moindres par rapport à ce qui était escompté au départ. Il est observé que la grande partie des bénéfices du tourisme qui devrait revenir aux communautés locales est interceptée par les intermédiaires. Outre à cela, les activités touristiques ne sont intenses que pendant la haute saison. Cela veut dire que pendant la basse saison, les populations locales doivent s’engager dans d’autres activités. Et quand les acteurs locaux parviennent à décrocher un travail, celui-ci est dans la plupart des cas, très précaire et offre des salaires dérisoires. La mise en œuvre d’un tourisme durable ne parvient pas à empêcher le développement d’activités illicites telles que la prostitution, le travail des enfants (François-Lecompte et Prim-Allaz, 2009 : 308 – 309).
La difficulté de mise en œuvre et le faible impact du tourisme durable sur les communautés locales pourraient démotiver les populations hôtes à adopter des démarches responsables. Dans cette optique, il est indispensable de considérer le mode de gouvernance de ces communautés (Tranquard et Gagnon, 2012 : 78). A cela s’ajoute la nécessité de prendre en considération les impacts sociaux et culturels sur les communautés d’accueil. Le rapprochement entre hôtes et visiteurs permettent en effet d’aiguiser la tolérance culturelle des hôtes et les échanges entre les deux parties. Mais en même temps, c’est aussi un processus qui pourrait conduire à l’acculturation ou à la déculturation des communautés locales. Dans certains cas, les valeurs culturelles des destinations touristiques sont vendues aux étrangers[24].
Partie 2. Les enjeux de la mise en place d’un tourisme durable face à la dégradation de l’environnement et le changement climatique
- Les pollutions causées par le développement du secteur touristique
- Le secteur du transport, un secteur pollueur mais nécessaire au développement touristique
Le développement du tourisme ne peut se faire à moins de créer des infrastructures permettant aux touristes de se déplacer. Le transport constitue dans ce cas, un élément essentiel pour le tourisme. Mais force est de constater que le transport est un secteur pollueur. Ainsi, les transporteurs ont reçu certaines plaintes de la part des communautés locales et des acteurs de la protection de l’environnement. C’est le cas par exemple de British Airways qui a été désigné comme étant à l’origine de nombreuses déstabilisations de la faune et de la flore ainsi que de la destruction du paysage dans l’Ile de Sainte Lucie. Pour arrêter les critiques et pour pouvoir rassurer ses consommateurs, la compagnie a dû faire un audit environnemental de ses activités. Puis, elle a sollicité les autorités locales pour l’aider à mieux gérer ses déchets, et a réévalué l’implication de ses fournisseurs dans la protection de l’environnement (Béji-Bécheur et Bensebaa, 2009 : 47). Mais cela ne constitue pas un phénomène isolé. C’est un fait établi et retrouvé dans de nombreux pays. La figure suivante montre alors l’évolution de l’émission de gaz à effet de serre par le secteur du transport.
Figure 1 : Emissions agrégées des six gaz à effet de serre des transports et des autres secteurs en France et en Europe (UE-27) (source : Ministère de la transition écologique et solidaire)[25]
Cette figure montre qu’au début des années 1990, en France, ce sont les autres secteurs qui généraient des gaz à effet de serre en France, mais ce cas n’a pas été observé dans les autres pays européens. Par la suite, l’émission de gaz à effet de serre aussi bien en France que dans l’ensemble de l’Union Européenne n’a cessé de croître. C’est surtout le secteur du transport qui a largement dépassé les autres secteurs depuis longtemps, en matière d’émission de gaz à effet de serre. Ces chiffres permettent donc de confirmer que le secteur du transport est effectivement un secteur très polluant. Le tableau suivant montre le taux de diffusion des différents gaz à effet de serre dans le secteur du transport en France.
Tableau 2: Evolution de l’émission des différents types de gaz à effet de serre par le secteur de transport en France entre 1990 et 2014. UTCF : Utilisation des terres, leurs changements et la forêt ; HFC : hydrofluorocarbure ; CO2 : gaz carbonique ; CH4 : méthane ; N2O : protoxyde d’azote (sources : SOeS, CCTN 2016 d’après Citepa cité par le Ministère de l’environnement, de l’énergie et de la mer en charge des relations internationales sur le climat[26])
En k-tonnes équivalent CO2 | 1990 | 2005 | 2005 | 2014 | |
CO2 | Transport | 117 200 | 135 000 | 128 300 | 126 700 |
Total (hors UTCF) | 395 000 | 416 400 | 379 900 | 336 800 | |
CH4 | Transport | 39 | 16 | 10 | 6 |
Total (hors UTCF) | 2 708 | 2 511 | 2 413 | 2 294 | |
N2O | Transport | 3 | 5 | 4 | 5 |
Total (hors UTCF) | 225 | 162 | 143 | 142 | |
HFC | Transport | 0 | 2 902 | 3 461 | 3 441 |
Total (hors UTCF) | 4 402 | 12 369 | 16 870 | 18 767 |
Ce tableau montre l’émission de CO2 et de HFC n’a cessé de croître de 1990 jusqu’en 2014. Mais l’augmentation la plus notable est celle de l’HFC qui est passée de 0 k-teq.CO2 en 1990 pour atteindre 3441 k-téq. CO2 en 2014.
Le transport aérien a été considéré comme étant un des secteurs émetteurs de gaz à effet de serre. Et pourtant, force est de constater que les autres moyens de transport peuvent également conduire à l’émission de gaz nocifs. Le transport terrestre aussi émet des gaz à effet de serre. De plus, il est plus difficile de réduire le taux d’émission de gaz par les véhicules. Le seul moyen pour y remédier semble donc la conception de voitures électriques (Weaver, 2012 : 1031).
Et pourtant, le transport est inséparable du tourisme plus particulièrement, du tourisme de masse (Girod, 2011 : 20). Le développement du tourisme à Dubaï s’est accompagné de l’augmentation du nombre de voitures qui a causé non seulement la congestion et la pollution atmosphérique (Lavergne, 2009 : 54). L’hypermobilité observée dans le monde a conduit les acteurs du tourisme à améliorer les infrastructures et les moyens de transports pour servir les consommateurs. Et pourtant, le transport génère une part importante des gaz à effet de serre. Certes, des politiques de réduction de l’émission de gaz carbonique ont été entreprises telles que la taxation en fonction du taux de carbone rejeté dans l’atmosphère (Dubois, 2009 : 83).
Néanmoins, ces stratégies s’avèrent insuffisantes pour réduire les impacts du transport sur la qualité de l’environnement. Les politiques de transport semblent inefficaces et les acteurs du développement touristiques n’ont d’autres choix que de concevoir de nouveaux produits et de créer de nouveaux comportements chez les touristes. Cette démarche semble plus pertinente au lieu d’agir sur des produits existants. En effet, c’est l’hypermobilité et le recours excessifs aux moyens de transport polluants qui doivent changer (Dubois, 2009 : 83). Or, il est très difficile de renoncer au confort permis par ce genre de facilités car, ils permettent de se déplacer pendant une courte durée vers le site touristique.
Dans le cadre du tourisme durable, le transport devrait également être durable. Cela suppose l’utilisation de moyens de transport qui recourent moins à l’énergie qui se raréfie, mais qui est également à utiliser à bon escient. Dans les années à venir, le prix du transport va augmenter et les offres touristiques elles-mêmes doivent de ce fait, être revisitées. La mobilité des touristes devrait être réduite dans le cadre du tourisme lent pendant lequel, les touristes se déplacent lentement et faisant appel à des moyens de locomotion plus respectueux de l’environnement. Si ce déplacement se fait lentement, il permet par contre d’avoir une expérience unique pour le consommateur puisque celui-ci par exemple pourra plus apprécier les paysages. C’est le cas par exemple des visites à pied ou en cas de transport par des chameaux (Bigras et Dostaler, 2013 : 5).
- L’augmentation des déchets suite au développement du secteur touristique
- Le cas de Dubaï
Dubaï génère cinq types de déchets : les déchets généraux, les déchets verts ou issus de l’horticulture, les déchets provenant de la construction ou de la démolition d’immobiliser, les déchets liquides et déchets dangereux présentés. Par ailleurs, la production de déchets par Dubaï ne cesse de croître, allant de 550 350 tonnes de déchets en 1997 pour atteindre 2 689 808 tonnes en 2011[27]. La proportion de différents types de déchets à Dubaï sont présentés sur le tableau suivant :
Tableau 3 : La production de déchets à Dubaï en 2011(traduction libre, source : http://en.envirocitiesmag.com/articles/pdf/waste_management_eng_art1.pdf)
Types de déchets | Quantité (tonnes) |
Déchets généraux | 2 689 808 |
Déchets issus de la démolition et de la construction d’immobiliers | 6 638 471 |
Déchets issus de l’horticulture | 175 022 |
Déchets liquides | 154 119 |
Ce tableau montre que c’est le domaine de l’immobilier qui est le plus producteur de déchets à Dubaï. Cela n’est pas surprenant vu les entreprises colossales pour attirer les touristes et augmenter le nombre d’infrastructures d’accueil de touristes. Le tableau suivant montre la nature des déchets rejetés par Dubaï
Tableau 4 : Les caractéristiques des déchets jetés à Dubaï en 2012 (source : http://en.envirocitiesmag.com/articles/pdf/waste_management_eng_art1.pdf, traduction libre)
N° | Types de matériels | Pourcentage (%) |
1 | Papiers | 24.2948 |
2 | Plastique | 24.2368 |
3 | Verre /bouteilles de verre | 3.42877 |
4 | Métal | 2.37325 |
5 | Déchets organiques | 35.4291 |
6 | Caoutchouc | 1.088565 |
7 | Bois | 0.98411 |
8 | Textiles | 3.18218 |
9 | Cuir | 0.59917 |
10 | Déchets résiduels/ inertes | 1.92582 |
11 | Déchets spéciaux | 0.24212 |
12 | Déchets divers | 2.21816 |
Ce tableau montre que les déchets organiques sont les plus abondants à Dubaï (35,5%), suivi par les déchets en papiers et les déchets plastiques (24,2%).
L’augmentation drastique du nombre d’habitants à Dubaï a conduit à des difficultés à gérer les déchets à Dubaï. En 2008 par exemple, il n’existait qu’une seule station d’épuration dans la ville, ce qui a conduit à des difficultés à gérer les déchets. C’est la raison pour laquelle, cette année, le contenu des fosses septiques a été déversé sur la plage de Dubaï, d’autres sur les canalisations qui finissent dans la mer[28].
Néanmoins, Dubaï a mis en place une stratégie de recyclage et de gestion de déchets. Depuis les années 1990, la Municipalité de Dubaï a conclu un partenariat avec des compagnies privées qui se chargent du recyclage des déchets. Cependant, tous les types de déchets ne sont pas récupérables. Les papiers, les verres, quelques déchets plastiques et les métaux seulement peuvent être recyclés. A partir de 2010, des usines spécialisées ont dû être mise en place pour traiter les déchets irrécupérables jusque là[29].
Mis à part la Municipalité, d’autres acteurs comme Jumeirah se sont lancés dans des pratiques de management de déchets et de développement durable. Jumeirah par exemple a mis en place une stratégie de gestion des déchets pouvant être schématisé comme suit :
Figure 2 : Gestion de déchets mises en place par Jumeirah à Dubaï (source : https://www.jumeirah.com/globalassets/global/hotels-and-resorts/dubai/jumeirah-living-wtcr/facilities/corporate-and-social-responsibility/jumeirah-living-wtcr-waste-management-plan-2015.pdf)
La première étape passe par la séparation des déchets non dangereux et pouvant être recyclés des déchets dangereux. Pour éviter de produire trop de déchets, Jumeirah favorise les produits recyclables et des emballages biodégradables. Les déchets pouvant être recyclés comme le papier, sont réutilisés. Certains déchets sont directement brûlés pour éviter l’amoncellement dans le site touristique[30]. Dubaï illustre l’enjeu de la mise en place d’un tourisme durable dans une destination marquée par une forte augmentation de ses habitants en un temps très court, ce qui ne laisse pas assez de marge de manœuvre pour les acteurs touristiques et pour la Municipalité pour gérer les déchets. Les infrastructures laissent inexorablement des déchets alors qu’elles sont le pilier du développement touristique. Mais si Dubaï a pensé à concevoir de gros chantiers et de grandes infrastructures, il n’en est pas de même de l’étude des déchets qui en résultent.
- Les pays du Sud
Alors que la protection de l’environnement constitue un aspect important du tourisme durable, la pollution et la production et la gestion des déchets restent problématiques dans de nombreux pays du Sud. Il semblerait en effet, que les dirigeants au même titre que les populations de nombreux pays du Sud n’aient pas réalisés les enjeux environnementaux et la nécessité de réduire la pollution et la production de déchets. Et pourtant, les pays du Sud sont très intéressants pour les touristes du Nord, plus particulièrement, pour les Français. Une enquête menée auprès de ces touristes a permis de rapporter à travers le récit de leurs voyages que dans la majorité des cas, les pratiques de protection de l’environnement est quasi-inexistante. Les acteurs qui élaborent les produits touristiques se soucient peu d’une pratique touristique qui respecte l’environnement.
Ainsi, de nombreux déchets notamment, des sacs en plastique sont éparpillés dans la nature et même dans des endroits à proximité des hôtels. Et même si le touriste du Nord est déjà conscient de la nécessité d’observer certaines pratiques pour ne pas jeter ces déchets partout, les acteurs locaux les obligent à le faire. Vu que les structures permettant de collecter, trier et gérer les déchets soient peu nombreuses, les touristes n’ont pas le choix et dans cette optique, ils contribuent involontairement à produire des déchets. Outre à cela, les moyens de transports sont pollueurs et rejettent des déchets dans l’eau, sur la route[31]. De nombreuses destinations touristiques sont victimes de rejets de déchets dans la mer et dans les cours d’eau (Froger, 2012 : 29).
Bien que des démarches soient déjà mises en place dans certains pays du Sud pour améliorer la gestion de déchets, des actions restent encore à mener. Le développement du tourisme a conduit en effet, à la propagation de déchets chez la destination touristique. A Djerba en Tunisie par exemple, un touriste jette en moyenne 2,82kg de déchets par jour. Cette production de déchet est supérieure à celle des habitants qui est de 0,62kg de déchets par jour. Le suivi de la quantité de déchets produits sur l’année a permis de situer le pic pendant la haute saison du tourisme. En 2009, Djerba a enregistré 46 129 tonnes de déchets dont près de 40% proviennent de Houmt Souk et Midoun qui sont les principales zones touristiques. Les hôtels ont entrepris des démarches timides pour recycler les déchets récupérables en signant des conventions avec des entreprises tunisiennes spécialisées dans le recyclage[32].
Au Cameroun, certaines activités touristiques telles que les randonnées, l’alpinisme, le sport d’eau vive, les escalades et le trekking ont renforcé la production de déchets abandonnés par les touristes. Mais outre les déchets produits, la pollution sonore de l’environnement lors des escalades dans les sites naturels et qui risquent fort de causer la fuite des animaux[33]. Les activités touristiques sur les zones littorales constituent des sources de déchets. La zone littorale constitue une des zones les plus attractives pour les touristes, mais elle l’est aussi pour les investisseurs qui font des échanges commerciaux. La littoralisation a conduit à une densification des déchets. A Abidjan par exemple, les zones côtières et plus particulièrement, dans les quartiers d’Adjamé et de Yopougon souffrent de l’augmentation de la quantité de déchets domestiques et organiques[34]. Un cas similaire est observé en Tunisie et plus particulièrement, à Djerba, la surexploitation de cette zone par les touristes a provoqué l’insalubrité de l’eau de mer à cause des problèmes de rejets d’eaux usés. Mis à part cela, des dépôts de goudron sont observés sur la côte de Djerba ainsi que dans le Golfe de Gabès suite à l’exploitation du pétrole[35].
Dans les zones insulaires, la gestion des déchets semble plus problématique par rapport à d’autres zones. Dans la petite île de Gili Trawangan en Indonésie par exemple, le tourisme a augmenté la production de déchets. Si Gili attire de nombreux touristes, il a été observé qu’il ne dispose pas de toutes les infrastructures lui permettant de gérer les déchets et de satisfaire plus les consommateurs. L’île s’est transformée en effet en une destination balnéaire rassemblant aussi bien les touristes nationaux qu’internationaux. Le nombre de visiteurs a drastiquement augmenté à tel point que les promoteurs du tourisme n’a pas eu le temps et les moyens pour mettre en œuvre des stratégies pour contrôler les effets néfastes du tourisme sur l’environnement et sur la société en général. Ne disposant pas de structures et d’équipement pour traiter les déchets, aussi bien les riverains que les touristes ont subi l’augmentation de la production de déchets (Willmott et Graci, 2012 : 22).
Sur cette île en effet, des tentatives de gestion de déchets ont été entreprises depuis 1966. Cette initiative a été faite par le Forum Masyarakat Peduli Lingkungan (FMPL), une entité désignée par le gouvernement local. Il a pour mission de collecter les déchets non triés à l’aide d’une charrette. Les déchets confondus sont par la suite stockés dans une zone où il sera déversé en plein air. Les déchets ainsi stockés ne sont pas recyclés ou traités. Ils sont en général brûlés, versés et abandonnés tels quels sur la zone de stockage. Puis, la fiducie Gili Eco Trust (GET) a sensibilisé les acteurs sur la nécessité de mettre en œuvre des stratégies permettant de gérer les déchets de manière plus convenable (Willmott et Graci, 2012 : 23). Le cas de Gili illustre le mal que se donnent les petites îles pour affronter le problème de la gestion de déchets. Mais en même temps, il illustre aussi les enjeux liés à la gestion de déchets lorsque la superficie est petite et qu’il n’existe pas de sites approprié pour stocker et gérer les déchets produits.
Les Maldives souffrent aussi de problèmes similaires. Maldives doit en effet gérer les 330 tonnes de déchets produits quotidiennement par ses résidents et par ses visiteurs qui sont estimés à un million par an. A partir de l’année 1991, le gouvernement a consacré l’île Thilafushi pour stocker les déchets. Les déchets collectés sont transportés via 31 000 camions. Après leur déversement sur l’île Thilafushi, les déchets sont brûlés en plein air. Mais comme les déchets ne sont ni triés, ni traités, il y a des déchets dangereux comme les métaux nocifs et les plombs qui s’infiltrent dans l’eau. Or, cela a des impacts négatifs inéluctables sur la santé des populations et sur l’environnement. A cela s’ajoute la modification du paysage parce que certains déchets flottent sur les zones environnantes[36].
- Les impacts économiques et commerciaux endossés par les populations locales en cas de diminution des activités liées au tourisme
- La réduction des emplois et des activités assurées par les populations locales
Pour les populations hôtes, les activités touristiques sont sources de revenus non négligeables. Dans le cadre d’écotourisme, les communautés locales perçoivent une partie des revenus directs via les droits d’entrée dans les aires protégés. Ils jouissent également de la création d’emplois directs car ce sont eux qui vont servir de guides aux visiteurs, et ce sont eux qui vont accueillir ceux-ci. C’est ainsi qu’en Namibie, la région de Kunene a perçu 13,6 millions de dollars namibiens pour l’année 2001. La grande majorité de cette somme (7,5 millions de dollars namibiens) a été donnée aux acteurs locaux par les lodges et les acteurs privés qui donnent des redevances. Puis, les travailleurs locaux qui ont contribué à la conception et à la prestation de services auprès des touristes sont à l’origine des revenus des ménages. A part cela, les projets de conservation de l’environnement et de développement touristique permettent aux acteurs locaux d’avoir des emplois directs. En même temps, ils bénéficient de la construction d’infrastructures telles que les campings et les lodges (Froger, 2012 : 38 – 39).
A Nosy Bé (Madagascar), un des principaux sites touristique de la Grande Ile, le tourisme a généré de nombreux emplois. Ces derniers ne découlent pas uniquement des frais de guidage des touristes, mais également de l’ouverture de nombreux hôtels qui, à leur tour, vont chercher du personnel. Les communautés locales peuvent créer de nouveaux commerces. L’engouement pour ce genre d’activités a attiré les compatriotes qui ne sont pas forcément originaires de l’île de Nosy Bé. Il a donc été observé que ce sont des travailleurs issus d’autres régions de Madagascar qui Nosy Bé pour avoir de l’emploi (Brial, 2011 : 341).
Vu sous cet angle, le tourisme sera une activité qui sera perpétuée par les communautés locales. Et pourtant, force est de constater qu’il est illusoire de penser que les communautés locales ne sont pas les bénéficiaires exclusifs des emplois directs générés par le tourisme. Les organisations gouvernementales ou non qui sont impliquées dans le développement touristiques se trouvent dans l’obligation de chercher des employés extérieurs plus principalement quand il s’agit de métiers demandant de la qualification. Par ailleurs, ce sont les intermédiaires qui gagnent plus de profits que les communautés locales. En effet, ce sont les propriétaires des lodges, les compagnies aériennes qui perçoivent principalement les avantages financiers (Froger, 2012 : 39 – 40).
Il faut noter entre autres, que les emplois directs générés par le tourisme sont saisonniers. Ils sont très intenses pendant la haute saison et pour le reste de l’année, les villageois peuvent ne pas avoir de sources de revenus. Or, même pendant la haute saison, les honoraires touchés par les travailleurs ne lui permettent pas de survivre pendant une année. Dans cette optique, les emplois directs générés par le tourisme sont moins motivants pour les riverains. C’est la raison qui pousse de nombreuses personnes à quitter leurs villages et partir cherche un emploi permanent. La stabilité de l’emploi est en effet primordiale pour les communautés locales[37].
Et en ce qui concerne les pays du Sud, ce sont des parties prenantes du Nord qui sont les principaux investisseurs dans les sites touristiques du Sud qui s’accaparent des bénéfices. Une fois qu’ils gagnent de l’argent, ils rapatrient celui-ci dans leurs pays d’origine. Le partage est inéquitable dans le sens où les communautés locales qui, pourtant, sont à la base du produit touristique ne perçoivent que très peu. Il existe aussi un déséquilibre puisque le bénéfice économique généré par le tourisme dans le Sud est rapatrié directement dans les pays du Nord (Froger, 2012 : 39 – 40). Dans ce cadre, la création d’emplois et les bénéfices générés par le tourisme pourrait importer peu aux villageois qui habitent à proximité des sites touristiques. Et vu les changements induits par cette activité, ils pourraient être démotivés de développer le secteur touristique. L’existence ou non du développement touristique communautaire pourrait n’apporter que très peu d’impacts sur les populations locales.
Les communautés locales vont accepter ou non une forme de tourisme en fonction de l’évaluation qu’elles font des bénéfices et des coûts imposés par le développement du tourisme. Si elles jugent que les coûts sont plus importants par rapport aux avantages qu’elles tirent, alors elles sont plus prédisposées à refuser le développement touristique (Gursoy et al., 2009 : 4). Les communautés impliquées dans le développement de leur communautés sont celles qui considèrent le plus que les activités touristiques permettraient le développement économique (Gursoy et al., 2009 : 8). Le reste va entrer en conflit avec les acteurs de développement touristique.
Il faut noter en effet, que la mise en place du tourisme durable ne profite pas toujours aux communautés locales. Les principes de protection de l’environnement dans une visée de développement durable et d’écotourisme entrent parfois en contradiction avec les attentes des communautés qui vivent à proximité des zones à préserver. Les communautés qui vivent auprès de la Réserve forestière et du Parc national de Matura (Trinidad) sont des ménages modestes qui vivaient auparavant de l’agriculture, de la chasse et de la pêche. Mais les riverains tiraient aussi profit de leur proximité avec la plage de Matura pour chasser les tortues luths et prendre leurs œufs qui étaient par la suite vendus. Cette activité à menacé la survie de l’espèce de tortues si bien que les acteurs de la protection de l’environnement ont réagi pour protéger Matura, qui est la principale zone de nidification des tortues. Ainsi, l’accès à la plage de Matura a été interdit. Certes, cette décision louable du point de vue environnemental se trouve confrontée au mécontentement des villageois et à leur sentiment d’injustice[38]. Et dans ce cas, le tourisme n’apporte pas aux communautés locales les ressources dont elle a besoin et il est probable que les populations ne soient pas motivés pour s’impliquer dans cette démarche.
Par ailleurs, le développement du tourisme n’entraîne pas que des avantages pour les populations locales. Ces dernières sont des acteurs incontournables dans les prestations de services touristiques. Sans leur concours, les autres parties prenantes ne peuvent pas développer le secteur touristique. Et pourtant, force est de constater que le développement du tourisme entraîne aussi des effets négatifs chez les populations locales. Les flux de touristes entraînent en effet, une détérioration du paysage, des modes de vie, de la qualité de l’environnement des sites touristiques. Or, cette dégradation est aussi source de diminution de l’attrait du site touristique par les touristes en quête de destination unique. Dans ce sens, les commerces locaux peuvent aussi devenir moins rentables. En Tunisie, le développement des activités touristiques est passé par l’intervention de nombreux prestataires européens qui sont entrés en compétition avec les petits acteurs locaux[39]. Ce cas illustre donc le fait que le tourisme génère des emplois pour les acteurs locaux, mais son fort développement conduit aussi à une dégradation de la qualité de vie de ceux-ci ainsi que de leurs revenus. Il semblerait alors qu’il est difficile de choisir entre la mise en tourisme d’un site qui va entraîner des effets néfastes pouvant être inévitables et le choix de ne pas mettre en tourisme une zone afin de lancer des pratiques sociales qui visent le développement durable des communautés locales.
- La réticence des acteurs touristiques à mettre en œuvre des mesures de développement du tourisme durable
Malgré la prise de conscience des acteurs touristiques concernant les contraintes écologiques que représentent les activités touristiques, peu d’entre eux se montrent impliqués dans l’application des principes de tourisme durable. En effet, les prestataires qui proposent les produits touristiques doivent se plier aux demandes des consommateurs. D’une manière générale, ces derniers sont attirés par les paysages, les plages, etc. Devant ce fait, les acteurs touristiques n’ont d’autres choix que de créer des hôtels, des évènements sur les sites les plus attractifs, les plages, les sites historiques au risque de modifier l’esthétique du site touristique et de causer des impacts environnementaux négatifs irréversibles. Ce cas est par exemple observé dans les zones côtières qui subissent désormais une urbanisation incontrôlée. Comme résultat, la construction d’hôtels et d’infrastructures rend vulnérable l’environnement côtier et marin. Dans cette optique, la forte concentration humaine et l’installation de plusieurs entreprises dans cette zone est source de l’altération des caractères physiques de la plage dans le Golfe de Guinée (Zognou, 2014 : 26).
Les actions RSE notamment, celles qui visent à protéger l’environnement ne sont pas motivées par la volonté d’assurer la durabilité du tourisme. A cela s’ajoute le fait que les démarches mises en place pour la protection de l’environnement semblent renforcer la pression des pays du Nord sur ceux du Sud. Ces derniers en effet, détiennent les ressources naturelles, mais les pays du Nord peuvent exploiter ces ressources pour assurer leur développement économique plutôt que le développement des communautés locales. Dans cette optique, les ressources naturelles deviennent des biens collectifs que les pays du Nord peuvent s’accaparer (Béji-Bécheur et Bensebaa, 2009 : 43).
D’autre part, il a été observé que les initiatives de protéger l’environnement dans le cadre de la promotion d’un tourisme durable ne viennent pas de la volonté des acteurs du tourisme, mais de leur stratégie pour amoindrir autant que faire se peut leurs charges. Il n’est donc pas étonnant que les démarches de Responsabilités Sociale et Environnementale (RSE) de nombreuses entreprises sont dans la plupart des cas, des techniques peu coûteuses comme la réutilisation des serviettes dans les hôtels pour minimiser l’eau qui sert au nettoyage, l’utilisation de sources d’énergies renouvelables comme les panneaux solaires pour réduire la consommation d’énergie, etc. (Weaver, 2012 : 1031).
Toutes ces stratégies sont favorables pour les hôteliers parce qu’elles ne demandent pas beaucoup d’investissements. Au contraire, elles sont sources de bénéfices pour elles vu la diminution des charges que leurs entreprises endossent et l’amélioration de leur image en tant qu’entreprise responsable, soucieuse de l’environnement et de l’utilisation rationnelle des ressources (Weaver, 2012 : 1031). La chaîne hôtelière Accor a également conçu des projets permettant d’intégrer le concept de développement durable dans sa stratégie de développement. Ces actions consistent à la protection de l’environnement à travers le programme Earth Guest, la sensibilisation et la formation des personnels à la prévention de la prostitution, l’adoption de processus moins énergivores, etc. Mais l’analyse de la stratégie de l’entreprise a permis de démontrer que les actions de développement durable n’étaient pas les priorités.
Les décisions prises par Accor visent en effet à améliorer sa communication et son développement financier. Si les parties prenantes sont amenées à concerter dans le cadre de la responsabilité sociétale de l’entreprise (RSE), force est de constater qu’elles n’ont pas le même poids et que les parties prenantes majeures comme les actionnaires ont le dernier mot. Or, ces derniers visent plus l’apport financiers des décisions que leurs impacts environnementaux et sociaux (Hergli et al., 2012 : 165). Vu sous cet angle, il semblerait que les démarches de rationalisation de l’utilisation des ressources et de protection de l’environnement ne répondent pas tellement aux objectifs de développement du tourisme durable, mais s’inscrivent une fois de plus dans la stratégie capitaliste d’amélioration de l’image de l’entreprise pour mieux convaincre les consommateurs à consommer les produits et les services touristiques.
Par ailleurs, dans certains cas, les communautés locales montrent très peu d’intérêt pour le développement du tourisme durable dans leurs terres. Cela correspond à l’illusion participative selon les termes de Girard et Schéou (2012 : 74). Ces auteurs ont souligné le fait que les acteurs du développement du tourisme peuvent se tromper lourdement lorsqu’ils conçoivent un plan et une stratégie de développement durable. La sensibilisation et la responsabilisation des communautés locales sont indispensables pour freiner les contraintes environnementales sur la destination touristique. Dans cette optique, les communautés locales deviennent une partie prenante qui élaborent et vendent les produits et les services touristiques.
Si les communautés locales sont intéressées par les emplois directs générés par le projet de développement du tourisme durable, elles pourraient être moins attirées par la concertation avec les autres parties prenantes. Les populations peuvent dans certains cas se montrer très réticentes lors des processus de décisions et semblent préférer que des décisions soient prises par les autres acteurs du développement et du tourisme durables. Ce cas est principalement rencontré chez les pays en voie de développement. Le tourisme durable pourrait donc être moins fructueux à cause du manque de concertation ou l’absence de compromis entre les parties prenantes.
Mais comme les offres touristiques durables sont proposées aux touristes, ce sont eux qui vont aussi conditionner la possibilité de conception et de pérennisation des actions de développement touristique. En ce qui concerne l’hébergement dans des petits hôtels locaux, les touristes ne sont pas toujours prédisposés à y aller pour des questions de sécurité et de confort. D’autre part, en faisant la comparaison entre tourisme dans des hôtels modestes mais pas respectueux des principes écotouristiques et les hôtels qui s’imposent comme tels, ils ont découvert que la différence est très faible. Cela veut dire que les offres touristiques durables sont chères et parfois, ne valent pas la peine d’être consommées ou mises en avant[40]. Il est évident alors que la réticence des consommateurs va aussi provoquer la démotivation des acteurs du tourisme durable.
Les principales cibles des promoteurs touristiques sont les clients aisés qui peuvent acheter des produits à des prix intéressants. Et pourtant, ce segment de clientèle est prêt à dépenser des sommes importantes pour des offres touristiques qui reprennent l’identité locale, mais calquée sur les normes occidentales. Les prestataires de services qui proposent ce genre de produits d’ailleurs, sont dans la majorité des cas, des occidentaux. Par ailleurs, les touristes responsables et soucieux du développement local ne représentent qu’une faible proportion de l’ensemble des visiteurs. Ainsi, les promoteurs touristiques visent principalement à satisfaire les clients plutôt que les besoins des touristes responsables vis-à-vis de l’environnement, de la culture et du développement des populations hôtes. A titre d’exemple, au Sahara, le paysage local a été transformé par les grands hôtels luxueux qui sont en contraste avec le désert. Les infrastructures routières modifient également l’oasis de Ksar Ghilane en Tunisie (Minvielle et Minvielle, 2010 : 193).
Partie 3. Analyse empirique de l’efficacité de l’application du tourisme durable au niveau de quelques destinations touristiques
- L’étude de cas
- Principes et objectifs de la méthode qualitative par l’étude de cas
L’étude de cas est une méthode de recherche qualitative inductive qui consiste en « l’étude en profondeur et de façon intensive, d’un ou de plusieurs phénomènes dans un ou plusieurs contextes différents » (Ravix et Savoie cités par Gavard-Perret et al., 2012 : 181). Afin de mieux comprendre la notion d’étude de cas et d’en saisir les principes, il semble intéressant de faire une comparaison de cette méthode avec d’autres. L’étude de cas est une méthode qualitative. Elle se démarque donc des études quantitatives dont l’enquête statistique. Celle-ci consiste en effet à étudier de nombreux cas, en se focalisant sur quelques informations. Mais l’étude de cas, se concentre sur un ou quelque cas seulement, à partir desquels, le maximum d’informations est tiré. L’étude de cas pourrait entre autres, être assimilée à d’autres démarches qualitatives comme l’étude expérimentale. A l’instar de l’étude de cas, cette dernière se base aussi sur un ou quelque cas pour tirer des informations précises. La différence entre les deux approches réside sur le fait que dans l’étude expérimentale, les situations résultent d’une expérience mise en place par le chercheur, tandis que dans l’étude de cas, les faits observés ne sont pas influencés par les actions du chercheur[41].
Pour Albero (2010)[42], l’étude de cas est une méthode de recherche ayant pour but de comprendre et d’analyser un fait rapporté dans un contexte précis. Etant donné qu’elle ne consiste pas à faire des expérimentations, l’étude de cas constitue alors une méthode d’analyse qualitative empirique ou clinique. Dans la majorité des cas, cette méthode est utilisée pour comprendre un fait et non pas pour l’expliquer. Dans cette optique, le chercheur est amené à faire des interprétations à partir de faits réels, de vécus qu’il a observé directement ou qu’il a pu déceler afin de pouvoir analyser la situation problématique en profondeur. En ce sens, l’étude de cas ne cherche pas à établir des modèles d’analyse ou des théories, mais d’observer et d’interpréter. Les informations et les phénomènes à analyser peuvent provenir de différentes sources. Elles découlent de plusieurs disciplines afin d’avoir plusieurs points de vue sur le phénomène en question. L’étude de cas demande de ce fait, une objectivité de la part du chercheur afin qu’il puisse avoir une ouverture d’esprit et fasse une interprétation objective de la situation ou du phénomène.
L’étude de cas passe par plusieurs étapes. La première consiste à délimiter le phénomène à étudier et à cerner les différentes raisons qui justifient le choix du thème. Par la suite, le chercheur est amené à collecter les données et à sélectionner celles qui sont les plus pertinentes. La sélection consiste à identifier les faits réels des bruits ou des interprétations fausses qui peuvent s’incruster à l’intérieur des documents ou des observations faites par le chercheur. La troisième étape consiste à interpréter les données collectées et sélectionnées. Puis, il est indispensable de revoir l’interprétation et les analyses ainsi faite dans le but de s’assurer de la lisibilité des interprétations[43].
- Analyse des avantages et justification du choix de la méthode
L’étude de cas se base sur des faits réels, des vécus pour faire des théories. Elle permet de confronter la réalité avec la théorie. Dans la majorité des cas, elle permet de réaliser une première étude exploratoire afin de comprendre un phénomène, un fait observé, ou compléter les données collectées à partir d’autres démarches de recherches. Mais elle peut aussi donner des informations exhaustives sur le fait étudié et constitue dans ce sens, non pas une démarche exploratoire, mais une recherche à part entière. Par rapport aux autres méthodes de collecte de données, l’étude de cas permet une analyse approfondie d’un fait (Gavard-Perret et al., 2012 : 181).
Notre étude vise à comprendre les interactions entre politique de protection de l’environnement et le tourisme durable. Dans cette optique, il nous semble pertinent de choisir l’étude de cas pour comprendre en quoi les tentatives de protection de l’environnement pourrait affecter le tourisme et comment le développement du tourisme pourrait impacter sur les politiques de protection de l’environnement. Dans notre étude, nous allons étudier le cas de trois destinations touristiques qui présentent chacune leurs atouts, mais aussi leurs limites. Dans cette optique, nous avons choisi des destinations très contrastées :
- Dubaï, une destination hyperréelle, qui attire de nombreux touristes et des segments de clientèles très diversifiés. Cependant, c’est une destination unique de par sa modernité et son schéma de développement touristique est aussi unique. Elle est également une destination qui a fait de l’économie avec l’or noir.
- Madagascar, une destination modeste par rapport à la première. Sa richesse en biodiversité en fait une destination intéressante, mais elle fait partie des pays les plus pauvres au monde.
- La Réunion, destination plus modeste par rapport aux deux autres. Ses atouts touristiques semblent faibles et pourtant, elle possède aussi certains leviers pour son économie.
Ces trois cas ont été choisis pour montrer les enjeux de la protection de l’environnement dans un pays avancé, et un pays moyennement avancé ; un haut-lieu de la biodiversité et une zone qui ne possède pas beaucoup d’atouts naturels et culturels.
- Analyse de quelques cas
- Le cas de Dubaï
- Présentation de la destination
Dubaï est l’un des Emirats des Emirats Arabes Unis (EAU) au Moyen-Orient. Il est le deuxième Emirat le plus grand dans l’EAU (Lohmann et al., 2009 : 209). Il se caractérise par sa multiculturalité et la grande ouverture d’esprit qui se manifeste à travers l’acceptation de visiteurs venus de cultures très différentes. Dubaï est très stable politiquement par rapport à d’autres pays arabes. Et bien que la majorité de ses habitants soient musulmans, la culture et l’éducation occidentale est acceptée par la population locale (Zaidan, 2016 : 112).
La démographie de Dubaï compte parmi les plus dynamiques dans le monde. Au sein de l’EAU, il est le plus peuplé. Or, l’augmentation du nombre de ses habitants s’était réalisée en un temps très court. En 1971, Dubaï a recensé 80 000 habitants. Mais en 2010, ce chiffre est passé à 1,6 million d’habitants (figure 3). Ce chiffre équivaut à 20% de l’ensemble des populations dans l’EAU. A l’instar d’autres Emirats, Dubaï présente une population jeune et concentrées sur quelques points géographiques[44].
Figure 3 : Evolution de la population à Dubaï de 1980 jusqu’en 2011 (source : http://destination-dubai.over-blog.com/article-18416539.html)
Dubaï se trouve dans une zone stratégique puisqu’elle se situe dans une zone permettant de relier l’Est et l’Ouest. Autrefois, Dubaï était un passage pour l’achat de perles. D’autre part, Dubaï a aussi tiré profit de sa localisation géographique pour faciliter l’exportation d’or vers l’Inde, mais aussi pour faire des échanges commerciaux avec l’Iran et les pays arabes qui se trouvaient à proximité. Désormais, la ville était devenue un centre commercial pour tous ses pays voisins. Mais l’économie de l’Emirat n’a pas pu s’améliorer. Il a fallu attendre la découverte de gisement de pétrole pour qu’il connaisse un redressement économique (Foley et al., 2012 : 131).
Dubaï est une cité plutôt calme grâce à de bonnes relations établies entre les citoyens et l’Emirat. Cette relation est le fruit d’un contrat social entre les dirigeants et les dirigés : la reconnaissance réciproque, l’assurance d’une stabilité socioéconomique, etc. Désormais, Dubaï a pu améliorer en un temps très court sa situation économique. Mais à l’instar de ce qui s’est passé dans de nombreux autres pays, la crise économique de 2009 a ébranlé un peu, les relations entre les dirigeants et les dirigés. Malgré ce fait, Dubaï reste toujours un pays stable par rapport aux autres pays qui l’entourent. Cette stabilité vient de sa capacité à développer une image commerciale et touristique adaptée aux besoins des consommateurs occidentaux. En quelques années seulement, la cité compte parmi les plus développés de la planète (Foley et al., 2012 : 131).
L’année 2009 a été une année difficile à cause de la bulle immobilière et de la crise économique qui en résultait. Mais les années qui ont suivi cet évènement tragique, l’économie dubaïote se redresse petit à petit. Malgré la crise, la cité a su développer ses activités portuaires et aéroportuaires. En même temps, elle a relancé les activités hôtelières, les loisirs, les ventes de détail pour lesquels, elle a été connue. Comme résultat, l’Emirat a enregistré une croissance de son PIB en 2015 (3,5%), ce qui la place à la deuxième place dans les pays de l’EAU après Abu Dhabi. Les projections permettent cependant de connaître que les réserves pétrolières de l’Emirat vont s’épuiser vers 2020, ce qui pousse les acteurs du développement à adopter des stratégies permettant de pallier à cet épuisement du pétrole[45].
Du point de vue politique, la famille royale tient les rennes de la cité mais en même temps, elle applique une gouvernance lui permettant de contrôler les facteurs pouvant porter atteinte à l’économie. Certes, le gouvernement prend des décisions et lancent des actions, mais la famille royale reste la première impliquée dans toutes les décisions prises à Dubaï. La situation politique de cette cité pourrait alors être considérée comme étant une forme de dictature. Cependant, contrairement à ce qui est observé chez d’autres pays placés sous un régime dictatorial. En ce qui concerne les évènements destinés à attirer les touristes par exemple, la famille royale prend des décisions à travers les experts qui conçoivent les évènements. Cela constitue une ingérence, mais qui permet à la famille royale d’avoir le contrôle total des évènements et de la situation économique de Dubaï dans son ensemble (Foley et al., 2012 : 138).
Dubaï véhicule l’image de la modernité et de l’avancée technologique. Ainsi, l’urbanisme du pays, les infrastructures qu’il a mises en place tendent tous à souligner et à évoquer une certaine image d’avancée technologique et de futurisme. Désormais, Dubaï s’impose comme étant un des pôles de la technologie de l’information et de la communication, ainsi qu’un pays soucieux de la recherche scientifique pour son développement (Lavergne, 2009 : 36).
L’imposant hôtel Burj al Arab, construit sur une île artificielle et seul hôtel six étoiles dans le monde est une illustration des investissements faits par l’Emirat pour donner une identité et une image à Dubaï jusque là, pays inconnu et dont la vocation initiale était la pêche et le pétrole. En érigeant le Burj Al Arab, les touristes ne peuvent que se remémorer automatiquement Dubaï. Puis, le Palm Islands, The World, qui sont les îles artificielles construites à Dubaï semblent revendiquer une identité de Dubaï associée à la mer (Lavergne, 2009 : 39).
- La situation du tourisme à Dubaï
Le tourisme à Dubaï a connu un essor considérable lorsque l’Emirat a pris conscience de la nécessité de diversifier l’économie suite au déclin des réserves pétrolières. Désormais, le tourisme a été considéré comme étant un levier important de l’économie et une source de développement (Lohmann et al., 2009 : 209). En 2013, à Dubaï, le tourisme contribuait à 22,6% du PIB de la cité (Zaidan, 2015 : 265).
Dubaï fait partie des cinq destinations les plus prisées dans le monde en 2013 et a attiré 12 millions de touristes en 2014. D’autre part, le nombre de touristes augmente d’année en année. Pour illustrer ce fait, il existe une différence de 7,5% entre les visiteurs en 2013 et ceux venus en 2014. Cela laisse supposer que Dubaï pourrait également dépasser d’autres destinations célèbres comme Paris et Singapour (Zaidan, 2016 : 113). La figure suivante montre l’évolution du nombre de touristes venus à Dubaï.
Figure 4 : Nombre de visiteurs de Dubaï de 2010 à 2015 (source : DTCM cité par Zaidan, 2015)
Le tourisme a fait l’objet de nombreux projets ambitieux à Dubaï. L’Emirat projette d’attirer 20 millions de visiteurs à l’horizon de 2020 dans le cadre de Dubai Tourism Vision. Pour développer le tourisme, l’Emirat a mis en place une stratégie de management de la destination et n’a pas hésité à construire des mégastructures touristiques comme l’île artificielle Palm. Par ailleurs, il a aussi profité de sa position comme connexion entre les pays orientaux et les pays occidentaux (Zaidan, 2016 : 111 – 113). La mise en place de ces grandes structures vise à rivaliser les grandes destinations de l’Occident. Par ailleurs, Dubaï abrite le huitième merveille du monde et le seul hôtel sept étoiles (Stephenson et al., 2010 : 11). Celles-ci sont présentées sur la carte suivante :
Carte 1 : Les grands attraits touristiques de Dubaï (source : https://www.google.mg/search?q=carte+tourisme+duba%C3%AF&tbm=isch&tbo=u&source=univ&sa=X&ved=0ahUKEwjp2Myd_NHVAhWLXRoKHadOCNAQsAQIKg&biw=1280&bih=694#imgrc=a-UjNTkBNQNF0M🙂
Cette carte montre une grande concentration d’hôtel dans la zone littorale de Dubaï. En effet, c’est à ce niveau que les touristes peuvent être proches des mégastructures qui font l’identité de Dubaï, les îles artificielles comme The Palm Jebel Ali, The Palm Jumeirah, The Universe, The World et The Palm Deira.
Outre les grandes structures faites par l’Emirat pour donner une image permettant de distinguer Dubaï des autres destinations touristiques, le développement du tourisme est rendu facile par le transport. L’Emirates Airline (EK) dessert Dubaï depuis 1985 et lui permet de communiquer dans un premier temps le Bahraïn, l’Oman, le Qatar et l’EAU. Puis, elle dessert également l’Europe et l’Asie du Sud (Lohmann et al., 2009 : 209).
Par la suite, Dubaï a aussi élaboré une politique permettant de promouvoir le tourisme. C’est dans cet objectif qu’il a facilité l’obtention de Visas et a adopté une politique de commerce libérale et de l’ « open skies ». Comme il s’agit d’un pays musulman, il existe des codes de conduites qui devaient être observés pour être accueilli à Dubaï. Et pourtant, cette démarche s’inscrit dans le cadre de la conservation des valeurs islamiques pourrait limiter le nombre de touristes non musulman. Ainsi, l’Emirat a entrepris de rendre moins strict les codes de conduite plus particulièrement, les règles concernant les codes vestimentaires en pays musulman et la consommation d’alcool (Stephenson et al., 2010 : 11).
L’éducation constitue un des moyens permettant de promouvoir le tourisme à Dubaï. Dans cette optique, le DTCM a conçu le Maharat Programme qui a pour objectif de développer les compétences requises par le secteur touristique et plus particulièrement, dans le domaine de l’hôtellerie. La formation dure neuf semaines et regroupe aussi bien des femmes que des hommes. A l’issue de cette formation, les formés devraient être aptes à travailler dans un hôtel cinq étoiles. En même temps, c’est une occasion pour sensibiliser les apprenants à avoir une vision positive des métiers de l’hôtellerie. Cependant, il a été observé que les étrangers sont les plus nombreux à faire carrière dans le domaine du tourisme (Stephenson et Ali-Knight, 2010 : 287-288).
La création d’évènements fait partie des stratégies permettant au tourisme de Dubaï de se développer. Les festivals, les expositions et les conférences sont très nombreux à Dubaï et ce sont des occasions pour faire venir les touristes. Tous ces évènements sont de grande envergure et permettent de ce fait, d’améliorer l’image de Dubaï. Ainsi, en 2003, la cité a accueilli la 58ème rencontre annuelle de la Banque Mondiale et du Fond Monétaire International. Cet évènement a attiré des touristes en particulier notamment, des chefs d’Etat, des ministres et des hommes d’affaires. Dubaï également des évènements sportifs. A cet effet, le Dubai Festival City et l’Exhibition City and Sports City ont été créés. Aussi bien Dubaï que les évènementiels tirent profit de cette offre. Les consommateurs semblent satisfaits de telles prestations vu que Dubaï véhicule une image de modernité et d’excellence (Stephenson et Ali-Knight, 2010 : 280).
Le tourisme à Dubaï s’est développé de manière très importante durant une courte durée (Zaidan, 2015 : 264). Dubaï est une destination idéale pour le tourisme d’affaire. Chaque années, de nombreux dirigeants d’entreprises viennent dans cette destination afin d’assister à des salons, des conférences internationales, etc. Mis à part les affairistes, Dubaï est également une destination pour les nouveaux riches qui veulent une expérience touristique unique. D’ailleurs, Dubaï a signé cette extravagance qui fait son unicité, mais qui attire de nombreux visiteurs (Lavergne, 2009 : 36). Mais il est également la destination privilégiée pour les touristes qui veulent faire du shopping grâce au Mall qu’il dispose. Ainsi, Dubaï est le capital du shopping au Moyen-Orient. Plusieurs acheteurs venus d’Afrique, de l’Europe de l’est et de l’Inde visitent fréquemment Dubaï (Zaidan, 2015 : 266).
Afin de pouvoir accueillir de nombreux visiteurs, Dubaï a promu la construction d’infrastructures hôtelières et routières. Elle compte plus de 300 hôtels avec des buildings qui sont les plus hauts de la planète. Les visiteurs de Dubaï peuvent se déplacer de différents moyens : via les métros, les monorails, les ponts, les routes spaghettis, et les bus intelligents. Dubaï a entre autres, entrepris d’élargir son aéroport de manière à pouvoir accueilli un grand nombre d’arrivants. Le Dubaï International Airport occupe la deuxième place en ce qui concerne la capacité d’accueil dans le monde. Outre à cela, plusieurs compagnies aériennes desservent Dubaï avec les pays étrangers, ce qui facilite la venue des touristes d’une part, mais contribue aussi d’autre part, à l’amélioration de l’image de Dubaï (Zaidan, 2015 : 265).
En ce qui concerne l’hôtellerie, Dubaï a ciblé les clients riches et en ce sens, il s’est focalisé sur des hôtels de luxe. Et pourtant, en 2008, le taux d’occupation de ces hôtels a chuté de 14%. Par conséquent, certains hôteliers ont dû adapter leurs offres en proposant de réduire de 40% à 50% les tarifs. De telles stratégies permettaient d’attirer les touristes domestiques pendant la période de faible venue de touristes. Puis, il est attendu que des hôtels proposant des offres plus modestes et plus accessibles pour le grande nombre de touristes se développent à Dubaï (Stephenson et Ali-Knight, 2010 : 283).
- Les enjeux du tourisme durable à Dubaï
La préservation et la valorisation de la culture locale est une dimension du tourisme durable qui n’est pas retrouvée à Dubaï. Les touristes sont majoritairement des occidentaux, des non musulmans. La culture locale est la culture des visiteurs sont très différentes et dans certains cas, les riverains se plaignent du non respect de leurs coutumes par les visiteurs. L’ouverture à la culture occidentale semble accélérer la perte d’identité par la population locale (Zaidan, 2016 : 119). En ce sens, le développement d’un tourisme culturel, soucieux de la communauté locale semble dérisoire. Par ailleurs, les autochtones qui clament leur identité ne représentent que 5% de la totalité des habitants de Dubaï (Lavergne, 2009 : 34-35).
Il est admis en effet que les démarches suivies par l’Emirat pour construire une image moderne de Dubaï ne permet pas de refléter la vraie image du pays (Stephenson et al., 2010 : 12). Le côté socioculturel du tourisme durable n’est donc pas respecté. Le développement très rapide de Dubaï a contraint les acteurs locaux à faire une urbanisation ne tenant pas toujours compte des conditions des populations locales. L’urbanisation a modifié les districts et les bâtiments héritages du temps passé et qui témoignent de l’identité de Dubaï. Certes, des initiatives ont été prises pour conserver les bâtiments historiques comme le Fort de Dubaï. Mais ces démarches semblent inefficaces. Désormais, 300 des 3000 bâtiments historiques ont pu être conservés après la forte urbanisation (Stephenson et Ali-Knight, 2010 : 285 – 286).
Par ailleurs, la société dubaïote se caractérise par une forte contraste entre les riches qui ont acquis le droit de séjourner dans le pays et de s’offrir les offrir touristiques qu’ils veulent, et les classes sociales modestes qui servent les riches. Ces derniers loin, d’être consultés ne disposent pas des qualifications requises pour prétendre à un poste plus rémunérant. Et contrairement à ce qui est inscrit dans le cadre des conditions sociales du développement durable, cette frange de populations se placent non pas comme étant des parties prenantes, mais comme des exécuteurs des ordres venant des consommateurs et des grands investisseurs qui pullulent à Dubaï (Lavergne, 2009 : 34-35).
Les produits à la base des offres touristiques à Dubaï sont des artifices et dans ce cas, superficiels pour être durables. Ce qui est observé dans ce pays est similaire de la disneyfication c’est-à-dire que les acteurs du tourisme se focalisent plus sur la création d’évènements et de besoins que sur la satisfaction des besoins évoqués par les consommateurs. Pour ce faire, le gouvernement n’hésite pas à faire des investissements colossaux, afin de se démarquer de toutes les autres destinations touristiques (Lavergne, 2009 : 48). Or, il est probable qu’à un certain moment, il deviendrait impossible de faire plus d’investissements suite au contexte environnementaux et géographique de la destination touristique.
Dubaï a basé son attrait touristique sur la construction des archipels artificiels de Palm Islands et World. Mais la construction de ces derniers ne manque pas d’impacter sur l’environnement marin et sur la côte. Les terrassements ont eu pour effet de durcir le littoral et de perturber l’équilibre de l’écosystème marin. La sursalinisation de l’eau de mer porte atteinte à la reproduction des êtres vivants dans la mer. Comme l’utilisation de la côte et de la zone littorale a été modifiée, les oiseaux migrateurs ne trouvent plus d’endroits où se poser (Lavergne, 2009 : 54). En admettant que l’unicité de Dubaï est la présence des archipels artificiels, alors la prise en considération de la nécessité de conserver et de valoriser la biodiversité marine se heurte clairement à la nécessité d’exploiter le tourisme comme étant un levier économique pour l’Emirat.
Par ailleurs, pour satisfaire ses visiteurs, Dubaï s’est lancé dans de nombreuses constructions résidentielles. Ces dernières sont indispensables pour pouvoir accueillir les touristes, mais en même temps, elles sont génératrices de gaz à effet de serre. L’Agence de l’Energie Internationale (AEI) a rapporté en effet que les constructions résidentielles sont à l’origine de 6% du CO2 émis dans le monde. Ce gaz nocif est diffusé lors de la manipulation des matériaux, lors de l’utilisation de différentes sources d’énergie et enfin, durant la démolition de ces constructions. Dans cette optique, Dubaï compte parmi les pays qui émettent le plus de gaz carbonique. Il est classé parmi les dix pays les plus producteurs de gaz carbonique (Rakhshan et al., 2013 : 105).
- Le cas de Madagascar
- Présentation de la destination
Madagascar fait partie des îles de l’Océan Indien. La Grande Ile se distingue par sa grande superficie de 587 000 km² et présente plus de 5 000 km de côtes. Madagascar est compris dans la zone à climat tropical tempéré. Du nord au sud, le type de climat varie : climat humide au nord de l’île, climat aride au sud. En même temps, Madagascar présente des paysages contrastés avec ses forêts sèches de l’ouest qui contrastent avec la forêt plus humide de l’est (Brial, 2011 : 338).
La Grande Ile est connue pour sa grande biodiversité. Mais les ressources naturelles de l’île sont menacées par les pressions anthropiques qui pèsent sur elles. Madagascar est un pays instable politiquement et vulnérable socialement et politiquement. L’instabilité politique se manifeste à travers les crises politiques successives qui ont frappé l’île et causant des dommages socioéconomiques inéluctables. La grande majorité de la population et plus principalement, celle qui habitent la zone rurale vivent en-dessous du seuil de la pauvreté. La Grande Ile est ainsi classée par la Banque Mondiale comme étant un pays moins avancé (PMA). Le secteur tertiaire est le plus dominant dans cette île. Cependant, l’agriculture de subsistance domine[46].
Madagascar possède environ 10 millions d’hectares de forêts et 5 000 km de littoral. La pêche et la forêt comptent parmi les ressources énergétiques et alimentaires des Malgaches. Les ressources forestières sont essentielles pour les Malgaches parce qu’elles sont utilisées pour le feu de bois et pour la construction des maisons. D’autres espèces de bois précieux comme l’ébène et les bois de rose sont des ressources pouvant être valorisées du point de vue économique[47]. Mais cette richesse écologique de Madagascar est menacée par la déforestation causée principalement par un système de culture sur brûlis. Cette pratique consiste à brûler une partie de la forêt puis de pratiquer une culture sur le terrain ainsi brûlé. La culture est prospère pendant deux ou trois ans à cause de la libération de minéraux par le feu. Mais après, le sol s’appauvrit et les paysans n’ont d’autres choix que de brûler une autre partie et ainsi de suite. 80 à 90% de la déforestation est causée par la culture sur brûlis. Puis, il y a aussi la coupe de bois illicite pour fabriquer du charbon. Les coûts associés à la dégradation de l’environnement sont estimés à 9 à 10% du PIB du pays soit 457 à 495 millions de dollars[48].
Du point de vue économique, Madagascar compte parmi les pays les plus pauvres du monde et présente un indice de développement humain (IDH) très bas ce qui la place au 143ème rang dans le monde. Cette misère économique de Madagascar malgré sa richesse culturelle et écologique, se manifeste à travers l’espérance de vie de 57 ans et l’inaccessibilité de l’eau et de l’électricité pour la grande majorité des Malgaches. Par ailleurs, cette dernière vit sous le seuil de la pauvreté avec moins de 2 dollars par jour (Brial, 2011 : 342). En 2010, 92% des Malgaches vivaient sous le seuil de la pauvreté[49].
Les études économiques ont montré que depuis son indépendance, Madagascar s’est enfoncé de plus en plus dans une situation économiquement chaotique. En effet, le pouvoir d’achat des Malgaches a été drastiquement réduit de 1950 jusqu’en 2010. Et pourtant, cette chute de l’économie n’est pas un phénomène régulier. Il semblerait qu’au moment où l’économie commence à se redresser, il y a des crises politiques qui font chuter le PIB du pays (Razafindrakoto et al., 2015 : 398).
Figure 5 : Evolution du PIB de Madagascar de 1960 jusqu’en 2008 (source : Instat, 2012 cité par Razafindrakoto et al., 2015 : 399)
Cette figure montre qu’à son indépendance, l’économie de Madagascar était stable. Puis, à partir de 1966, elle commençait à se redresser. Vint alors la crise politique de 1972 qui avait pour but de réclamer une indépendance réelle et non pas illusoire. Les grévistes avaient alors manifesté pour faire tomber le régime Tsiranana qui présidait à l’époque. Le but en était de revoir les accords de coopération entre la France et Madagascar et de s’assurer ainsi de la souveraineté nationale (Blum, 2011 : 61 – 62). La graphe montre qu’après la crise, le PIB n’a plus atteint son niveau de départ.
Par la suite, Madagascar connaît une autre ère sous le régime AREMA dirigé par Ratsiraka. Vers la fin des années 1970, une petite augmentation du PIB est observée. Mais celle-ci n’a pas duré. L’économie malgache a chuté. Vient ensuite la crise politique de 1991. L’opposition réclamait la révision de la Constitution malgache et exigeait le président au pouvoir Didier Ratsiraka. Cela a conduit à une vague de manifestations contre le régime en place et s’est même soldé par des pertes humaines le 10 août 1991. Le 23 novembre 1991, la Haute Autorité de l’Etat présidé par Albert Zafy[50]. Après cette crise politique de 1991, l’économie de Madagascar a encore chuté.
Après, le régime Arema est revenu en place. La situation stagnait jusqu’en 2001 où l’élection présidentielle a eu lieu, confrontant plusieurs candidats dont le président Didier Ratsiraka et l’ancien maire d’Antananarivo, Marc Ravalomanana. L’annonce des résultats des votes selon laquelle, le maire d’Antananarivo n’aurait pas été élu au premier tour a engendré un sentiment d’injustice chez de nombreuses personnes ayant voté pour l’ancien maire d’Antananarivo. Selon eux, les résultats étaient manipulés si bien que des vagues de manifestations ont eu lieu pour exiger la confrontation des procès verbaux afin de découvrir la vérité. Cela s’est soldé par le départ du président Didier Ratsiraka et l’acquisition du pouvoir par Marc Ravalomanana[51]. Néanmoins, cela n’a pas permis le redressement économique : le PIB a drastiquement chuté.
Puis, sous le régime TIM de Ravalomanana, le PIB a commencé à augmenter à partir de 2004. Mais une autre crise survenue en 2009 a conduit encore à une chute inéluctable de l’économie malgache. Jusqu’à présent encore, l’économie malgache ne s’est pas stabilisée. Comme dans de nombreux pays pauvres, les Malgaches se trouvent confrontés à de nombreux problèmes tels que la sous-alimentation, la mortalité infantile, le chômage, la faible scolarisation, la prostitution, l’insécurité, etc. (Brial, 2011 : 342). Et vu sous cet angle d’instabilité politique, économique et de crise sociale, il semble que le tourisme à Madagascar comme tout autre investissement d’ailleurs, ne puisse pas donner des résultats probants.
- La situation du tourisme à Madagascar
Pour Madagascar, le tourisme est un levier de développement économique[52]. En effet, ces dernières décennies, le nombre de touristes qui viennent visiter Madagascar augmente de 10% par an (Brial, 2011 : 338). Le tourisme est la deuxième source de devise étatique après l’exploitation de l’or rose. En 2008, le tourisme a généré 400 millions de dollars[53]. Néanmoins, par rapport à d’autres pays africains, Madagascar n’est pas une destination privilégiée. En effet, le nombre de visiteurs à Madagascar ne représente que 1,5% des touristes qui arrivent en Afrique australe et dans l’Océan Indien[54].
Entre 1990 et 2007, Madagascar a connu une importante hausse du nombre de ses visiteurs. Néanmoins, la densité des touristes reste faible par rapport au nombre total d’habitants. La grande majorité des touristes qui viennent visiter l’île sont des Français[55]. Puis, il y a les instabilités politiques notamment, la crise politique qui a éclaté en 2009 a bouleversé le tourisme[56]. Certes, Madagascar a de nombreux atouts touristiques, mais les acteurs du tourisme ont peur d’investir à cause de l’instabilité politique et de l’insécurité qui s’est renforcée au fil des années (Brial, 2011 : 341).
La biodiversité pourrait constituer un des attraits touristiques de Madagascar. En effet, elle possède un taux d’endémicité élevé tant pour les espèces d’animaux que de végétaux. Par ailleurs, Madagascar regroupe aussi des habitats très diversifiés et représentatifs des habitats terrestres, marins et d’eau douce. Ainsi, elle fait partie des hotspots (Sarrasin et Ramahatra, 2013 : 8). Cette destination touristique de par sa richesse écologique est propice pour le tourisme de nature. Les touristes sont particulièrement intéressés par les lémuriens présents aussi bien au nord qu’au sud de l’île. Puis, il y a les caméléons et les grenouilles et les baleines à bosse. En ce qui concerne les plantes, les baobabs au sud et les orchidées constituent les principaux attraits touristiques naturels[57].
Mais les touristes sont aussi attirés par les petits îlots qui bordent la grande terre malgache. Au nord de l’île, près de Nosy Bé se trouvent par exemple, Nosy Komba, Nosy Tany Kely, Nosy Tanga, Nosy Sakatia. La nouvelle tendance des touristes à visiter les îlots a accru de 400% en seulement quatre ans, le nombre de touristes qui viennent visiter l’île de Nosy Bé (Brial, 2011 : 339). La carte suivante montre les principaux sites touristiques avec leurs attraits touristiques.
Carte 2 : Carte touristique de Madagascar (source : https://www.google.mg/search?q=carte+tourisme+madagascar&sa=X&tbm=isch&tbo=u&source=univ&ved=0ahUKEwjRiMbe9tHVAhWEExoKHeyFArUQsAQIIw&biw=1280&bih=694#imgrc=uB58_vSTn7auxM🙂
Cette carte touristique montre que Madagascar possède de nombreux atouts touristiques du Nord jusqu’au Sud et de l’Ouest vers l’Est. Au nord de l’île, la biodiversité marine est importante. Le nord-est de l’île est producteur de vanille et accueille chaque année le festival de la baleine à bosse du côté de Sainte-Marie. Au sud est de l’île, les touristes peuvent faire des visites dans les habitats naturels des lémuriens. En même temps, ils peuvent apprécier les reptiles endémiques de Madagascar.
Tout à fait au nord de l’île, la Montagne des Français ou Antsingy témoigne du passé colonial de Madagascar. Les îlots aux alentours comme le nosy Hara peuvent attirer les touristes. En descendant vers l’ouest, il y a le parc national de l’Ankarana. Dans la région Menabe, l’allée des baobabs. Au sud-ouest se trouve le parc national de l’Isalo, connue pour ses formes rocheuses uniques. Les touristes peuvent entre autres apprécier les tortues de mer et les paysages du sud de Madagascar.
Certaines hôtels malgaches se lancent déjà dans la mise en œuvre de pratiques responsables et contribuent au développement durable. Les pratiques responsables des hôtels malgaches sont évaluées à partir d’un système de labellisation. C’est ainsi que plusieurs hôtels comme Salary Bay au même titre que le Paradisier, Mantasoa lodge, Tsara Camp, BusHouse et Iharana Bush Camp, ont obtenu le label Fair Trade Tourism, octroyé par le Global Sustainable Tourism Council (GSTC) de l’ONU[58]. Madagascar s’est également lancé dans la promotion des services et des produits labellisés. La certification constitue une démarche essentielle pour assurer la qualité d’un produit touristique, mais en même temps, pour créer de la valeur pour les acteurs du touriste qui s’investissent dans le développement du tourisme durable. Le label « parcs nationaux » permettent de reconnaître et de valoriser les produits et les services conçus par cet acteur[59].
- Les enjeux du tourisme durable à Madagascar
L’écotourisme semble être très adapté à Madagascar vu la biodiversité et l’unicité de ses paysages, des habitats naturels marins et côtiers. C’est dans cette optique que l’Etat malgache s’est lancé dans la mise en place du Système d’Aires Protégées de Madagascar (SAPM) afin de préserver les différents écosystèmes terrestres et marins. Les stratégies de conservation de ces aires protégées fait intervenir les communautés locales et les organismes de gestion des aires protégées. Les règles traditionnelles ou dina sont appliquées à cet effet. Et pourtant, la réussite de la protection de ces attraits touristiques reste difficile puisque les acteurs en charge de la conservation n’ont pas toujours les ressources humaines et financières pour mener les programmes à termes. Il n’est pas rare de constater à Madagascar que les recettes obtenues à partir des activités menées au sein des aires protégées ne suffisent pas pour assurer la conservation du site et la réalisation des recherches (Ratsimbazafy, 2011 : 5).
D’autre part, la politique du gouvernement malgache tente de mettre en valeur les pratiques responsables et la richesse de la biodiversité malgache. Toutefois, de telles approches requièrent de l’investissement économique et social. Or, Madagascar ne dispose pas toujours des fonds pour assurer la conservation des sites. Et s’il est admis que le problème de fond de la conservation de l’environnement réside sur la pauvreté de ses populations alors il semblerait que la pratique plus éthique consiste à faire des investissements dans le redressement économique de l’île. En parallèle avec les problèmes d’investissement se trouvent les problèmes liés aux infrastructures locales. Certes, un réseau de parcs nationaux a été créé dans différentes régions de l’île. Cependant, l’accessibilité de ces parcs laisse à désirer surtout pendant la saison de pluie où les routes sont impraticables. Puis, il y a le problème lié à l’instabilité économique et politique de l’île, ajoutée aux aléas du tourisme mondial. Les comportements des touristes internationaux ainsi que le contexte politique, économique et social à l’échelle national conditionnent la prospérité et la durabilité du tourisme[60].
D’autre part, la politique environnementale du pays n’a pas permis de compenser les pertes endossées par les communautés locales qui n’ont plus de ressources vu que l’exploitation à l’intérieur de la forêt leur est interdit. Puis, il y a les braconnages et les exploitations illicites qui persistent même à l’intérieur des aires protégés. Pourtant, à l’heure actuelle, les trafics d’espèces sauvages protégées telles que les tortues terrestres, les bois de rose et d’autres essences rares sont exportées illicitement. Cela laisse suggérer un manque de contrôle de la part de l’Etat malgache sur les ressources naturelles et une faille dans la promotion de l’image de la Grande Ile comme destination touristique. Effectivement, l’image de Madagascar est ternie au niveau international[61].
D’autre part, la mise en tourisme durable se heurte à des problèmes sociaux. En effet, la prospérité du tourisme s’est également accompagnée de problèmes sociaux tels que la congestion dans les zones où affluent les touristes. Pour les accueillir, des infrastructures hôtelières ont été créées, mais cela a entraîné l’augmentation drastique du prix des terrains, rendant donc ceux-ci inaccessibles pour certaines communautés locales. C’est ce qui se passe à Nosy-Bé par exemple. La venue des touristes couplée avec le problème de gestion de déchets a entraîné aussi la dégradation de l’environnement et a renforcé les pressions qui pèsent sur celui-ci. Du côté des riverains, la pauvreté pousse de nombreux jeunes hommes ou femmes à se prostituer (Brial, 2011 : 342).
Puis, il y a les parts des communautés locales dans les droits d’entrée. Le Madagascar National Park (MNP) collecte les fonds à partir des droits d’entrée dans les parcs. La moitié des fonds ainsi collectés sont investis dans les projets communautaires. Mais les retombées économiques des différentes démarches entreprises par le MNP restent faibles et semblent ne pas donner des résultats probants auprès des communautés locales. Ceci vient du fait que les droits d’entrée dans les parcs nationaux malgaches oscillent entre 5 et 12 dollars par visiteurs étrangers. Or, la moyenne de ces droits au niveau international est de 100 dollars. Puis, les guides locaux sont payés à raison de 3,2 à 3,6 dollars par personne et par jour[62].
Le développement du tourisme se heurte également aux manques d’infrastructures routières. Madagascar compte en effet, parmi les pays dans le monde où les infrastructures routières sont les plus faibles. Ainsi, il existe des zones qui pourraient présenter des atouts touristiques mais qui restent enclavées comme la région Anosy dans le sud-est de l’île. Par ailleurs, de nombreuses infrastructures ont été détruites par les cyclones et le manque d’entretien. Elles deviennent par conséquent, impraticables pendant au moins une partie de l’année (souvent pendant la période de pluie)[63].
- Le cas de La Réunion
- Présentation de la destination
La Réunion est une île océanique volcanique appartenant aux Mascareignes. Elle s’étale sur 2 512 km² de superficie et présente 207 km de côtes[64]. La Réunion présente un climat tropical humide. Elle présente un massif montagneux qui divise l’île en une partie « au vent » au nord-est, et une autre « sous le vent » au sud-ouest. La première est une zone à pluviométrie élevée tandis que la deuxième est moins humide[65].
82% des habitants sont concentrés dans la partie côtière ouest de l’île. Cette zone se démarque par la présence de récif corallien de 12km². Par rapport aux autres îles de l’Océan Indien, la Réunion présente une faible diversité marine, mais qui a pourtant, une valeur économique élevée. Le tourisme et la pêche sont les principales activités pratiquées par les habitants de cette partie ouest de l’île. Mais cette activité constitue une pression sur la biodiversité et l’habitat marin. Dans le but de préserver cette partie, une Réserve Naturelle Marine a été établie. Celle-ci s’étend du Cap La Houssaye jusqu’à Saint-Paul (Thomassin et al. 2010 : 172).
L’île de la Réunion est une île volcanique soumise à de nombreuses contraintes environnementales et climatiques. En effet, elle a subi l’éruption volcanique, ainsi que de fortes précipitations. Elle est souvent soumise aux dégâts des cyclones et aux aléas topographiques. Ces faits contribuent à complexifier la mise en place d’infrastructures dans l’île. L’aménagement du territoire pose problème à la Réunion alors que sa forte évolution démographique l’y contraint. Par contre, lorsqu’il s’agit de grands travaux, la Réunion bénéficie de l’aide de l’Union Européenne et de l’Etat lui-même. Ces travaux permettent en effet de développer de nombreuses activités notamment, le tourisme, mais en même temps, ils sont aussi à l’origine de la modification des paysages[66].
Du point de vue économique, la Réunion a connu une croissance de 3,1% en 2014. Cela découle de l’augmentation de la capacité de consommation des Réunionnais. A cela s’ajoute l’amélioration des activités du système bancaire et la promotion des activités des entreprises. La Réunion présente un indicateur du climat des affaires (ICA) élevé ce qui certifie la pertinence de l’investissement à la Réunion[67]. Cependant, les conditions ne sont pas encore réunies pour permettre la réduction du chômage car la pression démographique persiste. Les investissements étrangers sont encore modestes et la Réunion doit faire de nombreuses importations pour couvrir ses besoins. Or, ces importations sont de l’ordre de 5 milliards d’euros, ce qui fait que la balance commerciale devienne déficitaire. Le secteur de l’agriculture et de l’élevage reste la principale source de revenus chez les Réunionnais. La culture de canne à sucre demeure prépondérante. L’agriculture génère 450 millions d’euros et est à l’origine de 22 000 emplois. Il faut noter entre autres que c’est le sucre et les produits de la pêche qui sont exportés. Ces produits génèrent 70 et 65 millions d’euros de recette[68].
En ce qui concerne la démographie, la Réunion a enregistré une augmentation du nombre de ses habitants, mais à partir de 2007 jusqu’en 2012, le nombre de ses habitants a ralenti. Les études de l’Insee ont permis de montrer que la région n’a enregistré qu’une augmentation de 1% de sa population en moyenne. Cette fluctuation provient du fait que de nombreux habitants sont partis et que les arrivées n’arrivent pas à compenser les départs. En termes de durée de vie, les Réunionnais ont une espérance de vie accrue. Elle est de 77 ans pour les hommes et de 83,5 ans pour la femme. Mais malgré cette augmentation de la durée de vie, ce qui est observé à la Réunion reste faible par rapport à la durée de vie en France métropolitaine. Dans les deux pays, le vieillissement de la population est toujours d’actualité[69]. Malgré le ralentissement de la démographie observé, les projections d’avenir basées sur les données passées et actuelles laissent penser que la démographie de la Réunion va encore accroître pour les années à venir jusqu’en 2030 (figure 6).
Figure 6 : Evolution du nombre d’habitants de la Réunion de 1670 jusqu’en 2030 (source : Insee, Lecompte, Hamon, Martinez et Lopez cités par Sandron[70])
La situation politique et économique de la Réunion ne peut être séparée de son lien très étroit tissé depuis le XVIIème siècle avec la France, son ancien colonisatrice. Cette terre à vocation agricole au début a été acquise par les Français et a été connue depuis longtemps pour la production de canne à sucre. En 1848, la France a mis fin à l’esclavage sans consentir toutefois à donner leur liberté aux habitants de l’île. A partir de 1946, la Réunion devient un Département d’Outre-Mer (DOM). En 1992, elle devient une région européenne et en 1997, elle a acquis le statut de régions ultrapériphériques de l’Europe. Elle a profité de ce statut particulier pour mettre en place une économie dynamique ainsi que de nombreuses infrastructures. Malgré son statut, la Réunion présente encore des écarts notables avec ce qui est observé en France Métropolitaine[71].
- La situation du tourisme dans l’île de La Réunion
Par rapport aux autres îles de l’Océan Indien, le tourisme n’occupe pas une place importante dans l’économie de ce territoire Français d’Outre-Mer. En 2014, la recette du tourisme participe à 2,7% du PIB de la Réunion. Les structures d’accueil des touristes notamment, les hôtels sont très peu nombreux dans cette île (Mondou et Pébarthe – Désiré, 2013 : 60). D’ailleurs, par rapport aux autres îles comme les Bahamas ou les Antilles Néerlandaises, la Réunion n’attire pas de nombreux touristes[72]. Toutefois, la recette touristique de cette destination augmente comme le montre le tableau suivant :
Tableau 5 : Evolution du tourisme à la Réunion de 2009 jusqu’au premier semestre de 2017 (source : IRT/INSEE https://observatoire.reunion.fr/chiffres-cles/frequentation-touristique/la-frequentation-touristique-la-reunion-au-1er-semestre)
2009 | 2010 | 2011 | 2012 | 2013 | 2014 | 2015 | 2016 | 2017 | |
Nombre de touristes | 195 300 | 200 700 | 201 800 | 210 800 | 190 000 | 187 400 | 197 400 | 190 034 | 218 316 |
Pays de résidence | |||||||||
France métropolitaine | 159 200 | 165 800 | 169 200 | 166 900 | 152 600 | 149 100 | 152 000 | 151 698 | 166 869 |
Océan Indien | 21 400 | 16 300 | 17 400 | 21 200 | 22 600 | 21 000 | 26 300 | 18 346 | 33 434 |
Continent européen (hors France) | 8 500 | 9 000 | 7 700 | 8 500 | 9 600 | 12 300 | 14 400 | 13 199 | 13 797 |
Autres pays | 6 200 | 9 600 | 6 700 | 14 200 | 5 200 | 5 000 | 4 700 | 6 790 | 4 216 |
Catégorie de tourisme | |||||||||
Loisirs | 170 000 | 171 000 | 175 600 | 184 100 | 165 200 | 161 100 | 164 500 | 155 020 | 192 939 |
Affaires | 18 800 | 20 700 | 19 400 | 20 800 | 17 700 | 20 000 | 24 600 | 28 902 | 24 190 |
Autres | 6 500 | 9 000 | 6 000 | 5 900 | 7 100 | 6 300 | 8 300 | 6 112 | 1 187 |
Mode d’hébergement principal | |||||||||
Hébergement marchand | 89 700 | 98 000 | 107 300 | 100 300 | 97 200 | 96 300 | 95 500 | 91 780 | 105 757 |
Hôtel classé | 40 400 | 43 100 | 49 400 | 40 300 | 35 600 | 37 300 | 40 600 | 43 217 | 52 889 |
Location | 16 200 | 23 000 | 26 000 | 27 200 | 26 400 | 29 800 | 29 300 | 26 539 | 34 966 |
Hébergement non marchand | |||||||||
Famille, amis | 105 600 | 102 700 | 93 700 | 110 500 | 92 800 | 91 100 | 101 900 | 98 254 | 112 559 |
Durée moyenne des séjours (nombre de jours) | 16 | 15,5 | 16,3 | 16,9 | 16,5 | 18 | 17 | 19 | 17 |
Origine des touristes | |||||||||
Non originaires de la Réunion | 165 000 | 172 900 | 174 000 | 180 900 | 164 850 | 156 800 | 166 800 | 152 978 | 180 488 |
Originaires de La Réunion | 30 300 | 27 800 | 27 000 | 29 900 | 25 150 | 30 600 | 30 900 | 37 056 | 37 828 |
Dépenses des touristes (hors billet d’avion) | |||||||||
Dépenses totales (en millions d’euros) | 143,1 | 140,4 | 148,8 | 152,7 | 141,2 | 135,2 | 141,1 | 149,6 | 142,3 |
La Réunion enregistre une augmentation progressive du nombre de ses visiteurs allant de 195 300 en 2009 pour atteindre 218 316 en 2017. Le tourisme de loisir reste prépondérant par rapport aux autres types de tourisme. L’hébergement marchand constitue le principal mode d’hébergement des touristes. En ce qui concerne la durée moyenne des séjours, le premier semestre de 2017 a observé une légère baisse de deux jours par rapport à l’année précédente. Aussi bien le tourisme international que le tourisme domestique augmente au cours du temps. Cependant, ce sont les touristes qui viennent d’autres pays qui sont plus nombreux à venir à La Réunion. La dépense touristique tend à diminuer passant de 143,1 millions d’euros en 2009 pour finir à 142,3 millions en 2017.
Les visiteurs qui viennent à la Réunion sont composés par des Européens notamment, les Allemands, des Suisses, des Belges et des Italiens. Pour attirer les touristes, la Réunion emploie la bouche à oreille[73]. Mais ils viennent aussi d’autres parties du monde (figure 7).
Figure 7 : Principales origines des touristes qui viennent à la Réunion (source : https://observatoire.reunion.fr/chiffres-cles/frequentation-touristique/la-frequentation-touristique-la-reunion-au-1er-semestre)
Cette figure montre que la plupart des touristes (76,4%) qui visitent la Réunion viennent de la France métropolitaine. Viennent ensuite, les touristes originaires de l’Océan Indien (15,3%), puis de l’Europe hors métropole (6,3%).
La partie ouest de l’île du côté de St-Gilles – La Saline constitue un point intéressant pour le développement d’un tourisme balnéaire. Mais la Réunion permet aussi d’autres activités touristiques telles que les surfs, les randonnées, le deltaplane et le VTT. Les visiteurs sont accueillis dans des hôtels moyens de gamme qui constituent la grande majorité du parc hôtelier de l’île. Les touristes peuvent également s’intéresser à la vise du volcan Piton de la Fournaise, le cirque de Cilaos et le marché de Saint-Paul[74]. Les principaux sites touristiques de la Réunion sont présentés sur la carte suivante :
Figure 8 : Les principaux sites touristiques et les activités proposées par chaque site (source : Folio, 2009)[75]
Cette carte montre que la Réunion propose plusieurs offres touristiques, mais les plus fréquentées sont le volcan, le cirque de Cilaos et de Salazie, le Maïdo, la forêt de Bébour-Bélouve, le marché de Saint-Paul et de Saint-Gilles. Ces différents sites touristiques permettent des activités très différentes allant du grand spectacle, passant par la découverte de l’art, de la tradition et de la culture créole et se termine par des activités touristiques dans la nature.
Le volcan a été fortement mis en valeur par la Réunion pour construire son image touristique, mais également, pour attirer les consommateurs vers lui. Ainsi, les autorités locales se sont lancées dans la mise en tourisme du massif de la Fournaise, un territoire volcanique. La Réunion peut compter sur l’attractivité du Piton des Neiges et du Piton de la Fournaise qui est plus jeune par rapport au premier (Germanaz, 2009 : 47).
- Les enjeux du tourisme durable à La Réunion
La mise en place d’un tourisme durable à La Réunion se heurte à la compétition entre les différentes parties prenantes. Les objectifs environnementaux visés à travers la création de parc de la Réunion entrent en contradiction avec certaines attentes des populations locales qui vivent à proximité du parc. Ces derniers se plaignent en effet, du manque de considération des communautés hôtes pendant la réalisation du parc et lors de la conception de la Charte pour la conservation de l’environnement représenté par le parc. Il existe dans ce cas, une dualité entre l’aspect éthique et sociale de développement du tourisme et de l’aspect environnemental. Par ailleurs, la rédaction de la Charte en français est plus perçue par les communautés locales comme étant une main mise de la France que comme la valorisation de la culture et de l’identité créole[76].
Les réactions des Réunionnais face à la création d’une Réserve Naturelle Marine dans la partie ouest de l’île pourraient aussi illustrer la manifestation de cette divergence d’intérêts entre les acteurs. Il est établi que le récif corallien avec la diversité marine pourrait être un facteur d’attraction pour les touristes et une ressource pour les populations locales qui vivent de la pêche. Ce sont eux en effet, qui se sont directement opposés à la mise en place d’une Réserve Marine Naturelle puisqu’il s’agit de leur gagne-pain. Pour manifester leur mécontentement, ils ont manifesté en bloquant les routes, ce qui ne peut être ignoré. Par ailleurs, diverses réactions ont pu être relevées concernant la mise en place de la Réserve Marine Naturelle : d’une part, il y a une classe sociale éduquée, née majoritairement en France, qui trouvent que la biodiversité et l’habitat marin de l’ouest sont menacés ; et d’autre part, une classe sociale plus modeste, né à la Réunion qui adopte une vision contraire à la première. Il n’existe donc pas donc d’acceptabilité sociale de la mise en place de politique de conservation de l’écosystème marin qui, pourtant, pourrait être un levier du tourisme (Thomassin et al. 2010 : 177). Et dans le cas où les populations locales n’acceptent pas de telles démarches, il semble difficile de mettre en place des démarches de développement durable surtout, en matière de tourisme.
Le tourisme durable semble difficile à mettre en œuvre à la Réunion à cause de son insularité et de son isolement, mais également à cause de ses modestes ressources. Pour attirer les touristes, l’office du tourisme a valorisé le tourisme balnéaire et le tourisme vert. Certains produits touristiques demandent de l’énergie et pourtant, l’île ne dispose pas de ressource énergétique importante. Il est donc nécessaire de mettre en œuvre des stratégies permettant l’autonomie énergétique de l’île pour satisfaire les besoins de ses habitants et des touristes en utilisant pour cela, de l’énergie renouvelable notamment, de l’énergie solaire photovoltaïque. Il existe entre autres, un enjeu crucial concernant le transport. Les déplacements doivent être faits par des véhicules propres, mais cela demande la création d’un mode de transport responsable comme le véhicule électrique. Or, cela demande encore de l’investissement[77].
Du point de vue technique, il semblerait que la mise en place d’une stratégie de développement du tourisme durable se heurte à une mauvaise coordination entre les activités des parties prenantes. D’ailleurs, un manque de rigueur dans le suivi des plans et des actions à entreprendre a été observé. D’autre part, pour s’assurer de la compétitivité de l’île, il est indispensable de faire une veille touristique. Cela requiert le déploiement de système d’informations performants afin de collecter et de traiter les données précises et de prendre de ce fait, les bonnes décisions. Et pourtant, l’Observatoire Régional du Tourisme à la Réunion semble ne pas détenir toutes ses ressources pour mener à bien ses missions. Et enfin, se pose le problème lié à l’implication des Réunionnais au développement touristique[78].
- Discussion
- Comparaison entre les différentes destinations
Dans le cadre de cette étude, nous avons analysé le cas de trois destinations touristiques : Dubaï, Madagascar et La Réunion. L’analyse de leur contexte socioéconomique et politique, ainsi que des stratégies qu’elles ont mises en place pour promouvoir le tourisme a permis de constater que chaque cas est unique. Dans cette optique, les démarches de promotion du développement durable, au même titre que la vision et les plans stratégiques pour mettre en œuvre un tourisme durable ne peut être calqué sur un modèle et être transposés dans une autre destination touristique. Cela nous permet d’avancer que la mise en tourisme durable d’une destination ne devrait pas seulement tenir compte des aspects classiques rapportés dans la littérature sur les conditions de durabilité du tourisme, mais devrait se baser sur les réalités du terrain.
Nous avons analysé le cas de trois destinations touristiques dont les différences sont très distinctes. Deux de ces destinations notamment, Madagascar et la Réunion ont des situations similaires et sont géographiquement proches. D’autre part, les deux pays sont des îles et dans cette optique, il est plus probable que les deux pays présentent des similarités au niveau de leur politique de promotion du tourisme durable. Mais ce n’est pas le cas. Si les deux îles ont connu un passé d’esclavage et de colonialisme avec la France, Madagascar bénéficie du statut d’un Etat indépendant tandis que la Réunion montre toujours ce lien très fort avec la France en étant une région ultrapériphérique de l’Europe. Vu sous cet angle, le statut particulier de la Réunion lui permet de bénéficier de certains aides et de certains avantages en se mettant avec la France métropolitaine, notamment en matière de financement et d’équipement. Elle est mieux équipée que Madagascar qui semble démunie de tout.
De l’autre côté, nous avons abordé le cas unique de Dubaï. Son unicité provient de sa capacité à attirer encore plus de touristes et de concevoir de nouveaux produits touristiques qui parviennent à vaincre la concurrence à bien des égards. Pour les deux premières destinations touristiques de l’Océan Indien, la nature semble être le principal facteur d’attractivité. En ce sens, ce sont des destinations qui peuvent facilement et naturellement développer l’écotourisme. Mais Dubaï pour sa part, ne détient pas de nombreuses ressources naturelles. Ses actifs sont principalement constitués par des artifices : les îles artificielles qui permettent à la fois de dresser une image d’unicité et de modernité à Dubaï, mais en même temps, de donner une expérience touristique unique à ses visiteurs. Il est intéressant alors de remarquer que la quasi-absence de ressources naturelles et une perte de l’identité culturelle n’affaiblit pas Dubaï. Au contraire, elle a su tirer profit de son unicité voire de son extravagance pour attirer de nombreux touristes vers elle et le nombre de ses visiteurs dépasse largement la fréquentation des deux autres îles de l’Océan Indien.
D’autre part, la situation politique, sociale, culturelle et économique des trois destinations touristiques étudiées ici est très différente. Les différences entre les différentes destinations touristiques sont présentées sur le tableau suivant :
Tableau 6 : Comparaison entre trois destinations touristiques : Dubaï, Madagascar et la Réunion
Dubaï | Madagascar | La Réunion | |
Situation politique | Stable | Instable | Stable |
Situation économique | Stable | Instable | Plus ou moins stable |
Type de pays | Emirat développé | Pays pauvre | Pays moins avancé |
Situation sociale | Stable | Instable | Stable |
Atouts touristiques | – hyperréalité
– évènementiels – affaires – modernité – architecture – urbanisation |
– paysage
– culture -festival (festival de la baleine) |
– paysage
– culture |
Politique du tourisme | Bien défini | Floue et inapplicable | Floue |
Implication des populations locales dans les stratégies de développement touristique | Fort | Faible | Faible |
Nombre de visiteurs | Elevé | Faible | Faible |
Investissements touristiques | Colossaux | Faible | Faible |
Implication du tourisme dans le PIB du pays | Elevé | Elevé | Faible |
Ce tableau montre que les trois destinations touristiques montrent des degrés différents de stabilité en ce qui concerne la situation politique et économique. L’Emirat est un pays très stable du point de vue politique et économique. Certes, il y a la crise financière et économique qui l’a frappé en 2009 mais sa situation tend à se stabiliser. Pour la Réunion, il n’existe pas de menace en ce qui concerne la situation politique. Quant à son économie, il y a des aléas économiques et des risques pouvant découler de son fort lien avec la France. Dans cette optique, la situation économique dans l’Union Européenne ou en France plus particulièrement, pourraient impacter sur lui. La Réunion ne connait pas un essor économique, mais elle n’est pas menacée pour autant par des crises majeures. Ce n’est pas le cas de Madagascar qui enregistre pendant plusieurs années après son indépendance, des crises politiques et économiques cycliques et qui peine à s’en remettre.
Du point de vue touristique, le dynamisme et l’implication des différentes parties prenantes dans la promotion d’un produit touristique varie entre les trois pays considérés ici. De même, leurs situations en ce qui concerne cette activité n’est pas la même. Pour Dubaï, le développement du tourisme a déjà déployé de nombreux efforts dans la création d’infrastructure, la modification de la politique voire même, de la norme sociale de la société dubaïote en tant que pays musulman afin de mieux s’adapter à ses clientèles occidentales. Mais cet effort et cette implication très forte dans le cadre du développement du secteur touristique n’a pas été observé chez les deux autres destinations touristiques. Le contour de la politique permettant de mettre en place une stratégie de développement du tourisme durable est mal défini par les acteurs. A Madagascar, aussi bien les efforts en ce qui concerne les infrastructures que la politique de redressement touristique semblent toutes floues. A la Réunion, des actions sont entreprises et la France constitue un acteur majeur à prendre en compte dans le cadre de l’établissement d’une politique touristique. Cependant, les efforts n’ont pas encore apporté ses fruits jusqu’ici. Des démarches de certification et de communication sont entreprises, mais cela reste moins valorisé.
Pour Dubaï et Madagascar pourtant, le tourisme est un levier non négligeable de l’économie nationale. Il n’en est pas de même pour la Réunion qui fait de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche ses principales activités génératrices de valeur. Or, la différence de perception de la place du tourisme dans l’économie locale modifie les comportements et les stratégies mises en œuvre par les acteurs privés et gouvernementaux. C’est à ce niveau que réside la grande différence entre les stratégies mises en place par Madagascar et par la Réunion. Madagascar trouve chez le tourisme un levier important de son économie et une source de devises étatiques importante. Ainsi, les différentes infrastructures, les stratégies de communication qu’elle met en œuvre répondent principalement au souci de développer le tourisme. Mais pour la Réunion, les différentes stratégies visent d’autres objectifs en premier.
- Analyse des enjeux du développement du tourisme durable chez les destinations touristiques
En ce qui concerne Dubaï, les enjeux du développement du tourisme durable réside principalement sur le fait qu’elle a toujours misé sur la création d’évènements et d’artifices pour attirer les touristes. Dans cette optique, elle a dû faire des changements rapides, qui peuvent impacter sur le développement durable du pays et portant atteinte sur la biodiversité marine. A l’instar de ce qui se passer chez Disneyland ou de Las Vegas, les actifs touristiques de l’Emirat sont des artifices et non pas des actifs naturels. En d’autres termes, Dubaï n’a jamais conçu une politique de développement touristique intégrant la protection de l’environnement.
D’autre part, Dubaï se forge une autre identité fort loin de son identité de pays arabe et de pays musulman. Elle a tenté par tous les moyens de créer une autre identité qui réponde un peu plus les attentes des consommateurs occidentaux. Elle a compris dès le début que la satisfaction des consommateurs contribue à une expérience touristique positive et va par conséquent, les amener à retourner dans cette destination et à faire une bouche-à-oreille positive. Son approche pour développer le tourisme s’avère bien loin des deux autres destinations. Celles-ci en effet, ne cherchent pas vraiment à adapter l’offre aux demandes des touristes, mais essaient l’effet inverse en créant des produits touristiques qui répondent aux exigences du développement durable, même si cela n’a pas beaucoup d’effets sur le tourisme.
Nous avons exposé au début de notre réflexion que la mise en œuvre du tourisme durable répond à trois critères : le respect de l’environnement, la participation de la communauté hôte aux projets de développement touristique ainsi que le partage des bénéfices avec eux. Enfin, le tourisme durable n’est pas en contradiction avec les objectifs économiques de toute activité lucrative. En faisant des investissements colossaux, l’Emirat cherche aussi des retours sur investissements conséquents. L’objectif économique est retrouvé à travers les démarches de promotion du tourisme qu’elle entreprend. Par contre, elle semble investir très peu dans la protection de l’environnement. Certes, les hôtels se lancent dans des actions responsables pour diminuer l’exploitation excessive des ressources énergétiques et hydraulique. Mais dans ces approches, les hôteliers dubaïotes ne cherchent-ils pas simplement la conformité avec les exigences des consommateurs qui sont de plus en plus sensibles à la question environnementale ? Puis en ce qui concerne la culture et l’aspect social du tourisme durable, il semblerait que l’Emirat ne fasse pas beaucoup d’investissements mis à part quelques rénovations de vieux bâtiments. Et dans cette optique, elle manque de se conformer aux exigences du développement d’un tourisme durable. En d’autres termes, Dubaï n’a pas mis en place une forme de tourisme durable. Dubaï chercherait alors à augmenter le nombre de touristes qui visitent la ville. Mais la protection de l’environnement n’a jamais eu aucun effet sur sa politique touristique.
Dans le cas de Madagascar, l’établissement de politique environnementale, la mise en place d’un système d’aires protégées témoignent de la volonté de protéger l’environnement. Par ailleurs, cette île regorge de richesses naturelles qu’il convient de mettre en valeur et de protéger pour pouvoir attirer les touristes. Cependant un enjeu de taille se dresse contre le développement d’une forme de tourisme durable notamment, l’écotourisme : la pauvreté qui a gangrené cette île pendant plusieurs décennies. Après son indépendance, Madagascar a souffert de nombreuses crises cycliques qui se sont toutes soldées par la réduction du PIB du pays et par la dévaluation de la monnaie locale.
La pauvreté en effet, a entraîné le manque d’intérêt des parties prenantes ou tout au moins des communautés locales sur les stratégies à visée à long termes. Elle pousse les communautés locales à trouver un moyen à court termes pour régler leurs problèmes quitte à faire des coupes illicites pour le bois de chauffe, et à pratiquer la culture sur brûlis pour assurer la production de riz et la culture pendant au moins une année. Devant de tels faits, il semblerait que les actions de sensibilisations et les démarches de protection des forêts qui constituent les principaux produits touristiques à Madagascar, n’apportent pas de résultats probants. La déforestation est une bien triste réalité.
Avec cette pauvreté, il y a la mauvaise gouvernance qui fait que les richesses de Madagascar ne soient pas bien gérées et que les régimes qui se sont succédé ne soient pas arrivés à promouvoir le développement durable, le tourisme durable ou le développement tout court. Il semblerait en effet, qu’aucun régime ne se soit vraiment lancés comme le gouvernement dubaïote dans la mise en place d’infrastructure d’accueil et d’infrastructures routières qui permettent l’accessibilité des sites touristiques. De même, les transports à Madagascar ne sont pas bien développés et semblent ne pas du tout répondre aux exigences de respect de l’environnement. Dans ce cadre, il est difficile d’attirer les touristes vu que ceux-ci cherchent quand même un certain niveau de confort.
D’autre part, il y a l’insécurité toujours liée à la pauvreté. Le sud de Madagascar en effet est un terrain d’insécurité depuis plusieurs années à cause des dahalo, les voleurs de zébus qui sèment la terreur aussi bien chez les communautés locales que chez les touristes. Or, certains sites touristiques comme celui de Ranohira sont les terrains de réalisation de ces opérations de banditisme dont les communautés rurales sont les principales cibles. Or, c’est un passage pour aller vers le parc[79]. Il est probable que le manque de contrôle de ces actes par l’Etat malgache ternit l’image du pays au même titre que son échec dans la conservation des espèces endémiques de plantes et d’animaux qui sortent illicitement du territoire malgache, en toute impunité.
La pauvreté est aussi à l’origine de la propagation d’activités illicites comme le travail des enfants, ou la prostitution. Dans l’étude du cas de Madagascar, nous avons évoqué le cas de la prostitution à Nosy Bé, qui, pourtant, constitue un haut lieu du tourisme malgache. Avec le temps et l’absence de moyens, la dégradation de l’environnement économique et social de Madagascar, les jeunes se lancent dans la prostitution. Or, cela ne peut aucunement aller de pair avec la mise en place d’un tourisme durable, car elle entraîne une forme d’injustice sociale réprimée par la notion de développement durable. A Madagascar donc, le principal défi pour la mise en place d’un tourisme durable réside sur la lutte contre la pauvreté et la mise en œuvre d’une bonne gouvernance.
La Réunion de son côté possède très peu d’atouts par rapport aux deux autres destinations touristiques citées précédemment. Elle ne dispose pas de grandes structures permettant d’attirer les touristes et n’organise pas de nombreux évènements comme Dubaï. D’autre part, elle ne dispose pas d’autant de ressources naturelles que Madagascar, sa voisine. La Réunion présente un paysage unique certes, mais l’exploitation de ses atouts même s’ils sont peu nombreux semble encore insuffisante. Cela pourrait venir du fait que la Réunion a toujours un peu sous-estimé le secteur touristique.
Son climat, son histoire et son identité favorisent plus l’agriculture et l’élevage que le tourisme. Nous avons établi que le tourisme ne contribue que très peu au PIB de la Réunion. C’est donc cette perception du tourisme qui pourrait être un des défis majeurs de la mise en tourisme durable. En effet, si les populations locales semblent s’intéresser à la protection de l’environnement, elles se montrent moins attentives lorsqu’il s’agit de projet touristique. Elles se montrent plus agressives lorsqu’il s’agit de constituer une réserve naturelle dans laquelle les pêches sont interdites, car elles trouvent chez cette activité, une source de revenu non négligeable.
Les sites à visiter sont moins nombreux qu’à Madagascar et Dubaï. Mais outre à cela, il semblerait que La Réunion est une zone menacée par des éruptions volcaniques et par différents types de catastrophes naturelles. Ces derniers peuvent être source de destruction des infrastructures qui, rappelons-nous ont été déjà très difficiles à mettre en place à cause de la topographie particulière de l’île. Ainsi, les trois destinations touristiques étudiées présentent des enjeux différents dans la mise en place d’un tourisme durable. Pour Dubaï, il s’agit de la disneyfication du site si bien que la protection de l’environnement n’ait plus sa place. Pour Madagascar qui est étouffée par la pauvreté et risque plus de détruire ses atouts touristiques naturels que de les conserver. Pour la Réunion, l’enjeu à la mise en place d’un tourisme durable réside sur le fait même que la communauté hôte n’adhère pas ou ne s’implique pas beaucoup dans le processus de développement du tourisme durable. Or, celui-ci ne peut se faire à moins de les intégrer.
- Les risques liés à la protection de l’environnement et le développement du secteur touristique
Si les trois destinations touristiques étudiées dans le cadre de cette étude présente de nombre différences, il existe néanmoins un point commun. Toutes ces destinations présentent un risque lié à l’augmentation des pressions anthropiques qui pourraient porter atteinte à l’intégrité de l’environnement. Aussi bien dans le pays développé comme Dubaï que dans les petites îles moins développées comme Madagascar et la Réunion, la pression anthropique constitue un problème majeur dans la protection des sites naturels et des sites touristiques. L’attraction des touristes vers un site particulier est un geste louable, mais force est de constater que le site touristique peut parfois être victime de son propre succès. Plus il est célèbre, plus d’autres touristes vont venir le visiter et plus, les pressions sur lui vont augmenter. A un certain seuil, la présence de touristes va impacter sur la qualité de l’environnement.
Si le site est moins fréquenté, il est probable qu’il va subir moins de contraintes anthropiques. Mais dans ce cas, c’est la visibilité du site même et sa rentabilité du point de vue économique qui va être remise en question. De plus, s’il n’arrive plus à attirer les consommateurs, alors il est probable aussi qu’il ne pourra pas donner des emplois directs et des revenus suffisants pour les villageois. Devant ce fait, ces derniers pourraient être tentés de choisir le développement du tourisme même à court termes pourvu qu’il apporte plus de touristes et que ceux-ci consomment un peu plus les produits locaux.
D’autre part, la protection de l’environnement pourrait être mal vue par les riverains. Si la protection de l’environnement est un des piliers du tourisme durable, force est de constater que les propos respectueux de l’environnement entrent en compétition avec le besoin de ressources des communautés sociales. Dans cette optique, il existe une compétitivité entre les objectifs de la protection de l’environnement et ceux du respect de la culture et du partage des bénéfices avec les populations locales. La classification d’un territoire terrestre ou marin comme étant une zone protégée incite parfois la colère des habitants qui vivent aux alentours vu qu’ils sont privés de leurs principales ressources, au nom du développement durable et de la préservation de l’environnement.
Or, de tels comportements ont été jugés inappropriés pour la collaboration et le développement du tourisme durable en se basant sur une approche participative. Certes, l’environnement est protégé pour assurer la disponibilité des ressources nécessaires pour répondre aux besoins des générations actuelles et futures. Pourtant, les études menées jusqu’ici ne permettent pas de confirmer que les apports des projets communautaires découlant des recettes des visites dans les aires protégés suffisent pour que les villageois vivent de manière décente. La protection de l’environnement est considérée par eux comme étant une injustice car, les organismes chargés de la conservation et l’entretien du site protégé les privent de leurs ressources, alors qu’ils n’ont pas les moyens pour s’en procurer autre que dans la nature.
L’adoption d’une démarche écologiquement et culturellement responsable requiert entre autres des sacrifices de la part des touristes. En côtoyant les populations locales, les touristes se trouvent dans l’obligation dans certains cas, de renoncer à certains conforts. Or, ils paient pour s’approprier de tels services. Le non obtention de ces conforts et de ces attentes va provoquer sûrement une mauvaise perception de l’expérience touristique dans son ensemble et créer par la suite, un feedback négatif auprès des touristes potentiels.
Conclusion
En tant que levier de l’économie de nombreux pays, le tourisme est une activité à développer et à perpétuer. Ainsi, de nombreuses approches ont été définies pour tenter de développer le tourisme tout en veillant à réduire autant que possible les inconvénients qu’il pourrait entraîner. C’est dans cette optique qu’est née la notion de tourisme durable et dans cette étude, nous avons essayé de mettre la lumière sur cette notion complexe et sur son application au niveau de trois destinations contrastées que sont Dubaï, Madagascar et La Réunion.
Le tourisme durable demande la réalisation de trois critères : le respect de l’environnement, le respect de la culture et l’intégration des populations locales dans le développement de projets touristiques durables, le développement économique. Cependant, force est de constater que si le développement d’une forme de tourisme durable semble facilement réalisable dans la littérature, dans la réalité, très peu sinon aucune destination n’est parvenue jusqu’à présent à honorer et à remplir toutes les conditions nécessaires pour la mise en place d’un tourisme durable.
Aucune des destinations touristiques étudiées n’a pu atteindre les objectifs de respect de l’environnement et respect de la culture locale et comportement éthique et responsable envers les communautés qui vivent à proximité des sites touristiques. Cela vient du fait que les objectifs visés par la protection de l’environnement entrent parfois en contradiction avec les attentes des villageois et ne prennent pas en considération leurs besoins quotidiens. Ceux-ci s’approvisionnent en effet ou tout au moins, pratiquent une activité au sein du site touristique. La protection de ce dernier à travers la création d’une aire protégée pourrait dès lors être vue comme étant une injustice sociale visant à écarter les villageois au profit des grands acteurs de la promotion du tourisme et des touristes.
Il n’est donc pas très surprenant que les communautés locales refusent de s’impliquer dans ces actions de protection de l’environnement. Mais en même temps, elles peuvent aussi refuser de s’engager dans des actions de promotion du tourisme. La raison en est la peur de perdre son identité au profit des étrangers qui interagissent avec eux pour mieux connaître leur culture. Devant de tels faits, il semble illusoire de penser que le tourisme durable pourrait aller de pair avec le développement des communautés locales car, les avantages environnementaux sont en désaccord avec ce que recherche la communauté locale. Se pose alors la question de savoir la composante éthique d’un tourisme durable. L’aspect éthique tend en effet à accompagner la notion de justice, mais celle-ci peut être appréhendée au niveau de la communauté locale tout comme elle peut aussi être exploitée par le camp adverse qui se focalise plus sur le sort de l’environnement naturel que sur celui des Hommes.
Notre étude nous a permis de constater que chaque destination touristique est unique et en ce sens, les approches de développement durable appliquées dans une région précise peut être reprise et appliquée par une autre destination touristique même si les similarités culturelles sont nombreuses. La Réunion et Madagascar son deux îles de l’Océan Indien et pourtant, elles présentent des stratégies très différentes concernant la politique de développement d’un tourisme durable. La dynamique du tourisme également varie entre ces deux îles. D’autre part, le cas de Dubaï est encore plus différent de celui des deux îles.
Pour Dubaï, la question relative à la protection de l’environnement ne se pose pas. L’intérêt des promoteurs touristiques réside sur leur capacité à proposer une offre touristique unique. Pour ce faire, ils n’hésitent pas à faire des grandes constructions, des infrastructures sans se soucier des impacts environnementaux de celles-ci. Il semble que cet Emirat se penche sur le développement d’une forme de tourisme de masse mais réalisé par un segment de clientèles à l’affût de nouvelles expériences touristiques et de nouveautés. D’ailleurs, l’approche de Dubaï a réussi puisqu’il compte désormais parmi les destinations touristiques les plus prisées même si elle est un peu chère.
Pour Madagascar qui détient de nombreuses richesses naturelles pouvant être valorisées dans le cadre d’un tourisme durable, la politique environnementale a échoué. Le tourisme est encore à un stade peu élevé par rapport à d’autres pays africains. La pauvreté constitue l’origine de la dégradation à un rythme très accéléré des ressources forestières, causant ainsi une modification du paysage. Couplé avec la pauvreté, le problème d’insécurité qui fait ravage dans l’île pourrait conduire à la démotivation des touristes à venir à Madagascar. La mauvaise gouvernance et la pauvreté semblent être à l’origine de la faille au niveau de la politique environnementale de Madagascar.
Pour la Réunion, l’enjeu de la politique de tourisme durable réside sur la confrontation avec les populations locales. Ces dernières, à l’instar de nombreux autres acteurs du développement durable d’ailleurs, ne trouvent pas chez le tourisme un vecteur de développement durable. Il a été établi que les Réunionnais étaient des planteurs et que l’agriculture et l’élevage constituent leurs principaux gagne-pain. A part cela, ils vivent aussi de la pêche qui leur parait très rentable. Au vu de cela, ils se montrent très réticents lorsqu’il s’agit de faire passer la protection de l’environnement en premier lieu et de créer les aires protégées où les riverains ne peuvent plus accéder. Or, le tourisme durable ne peut être prospère à moins qu’il n’y ait participation des communautés locales.
Dans cette optique, la mise en place d’un tourisme durable semble plus être une illusion qu’une réalité. Il est trop difficile à mettre en place vu qu’il fait appel à différentes personnes issues de disciplines divergentes et montrant des intérêts contradictoires. Par ailleurs, c’est dans l’essence même de la durabilité qu’il existe une incohérence car, les objectifs de protection de l’environnement entrent en contradiction ou ne sont pas cohérents avec l’aspect social et économique du tourisme durable. Cependant, notre étude comporte encore des limites. D’abord, il existe un problème de représentativité puisque nous n’avons pu relever ici que le cas de trois destinations touristiques seulement. Par ailleurs, s’il est admis que chaque destination touristique a ses spécificités alors, il est indispensable de continuer cette réflexion en analysant plus de cas et en établissant des indicateurs pouvant être mesurés et permettant d’établir le lien entre protection de l’environnement et développement touristique.
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[42] Albero, B. 2010. L’étude de cas : une modalité d’enquête difficile à cerner. In : Albero, B. et Poteaux, N. (Dirs), Enjeux et dilemmes de l’autonomie. Une expérience d’autoformation à l’université. Etude de cas. Maison des sciences de l’Homme, pp. 15 – 25, https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00579008/document
[43] Albero, B. 2010. L’étude de cas : une modalité d’enquête difficile à cerner. In : Albero, B. et Poteaux, N. (Dirs), Enjeux et dilemmes de l’autonomie. Une expérience d’autoformation à l’université. Etude de cas. Maison des sciences de l’Homme, pp. 15 – 25, https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00579008/document
[44] Dumont, G-F. 2012. La dynamique démographique et les quatre marchés du Conseil de Coopération du Golfe, https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00837551/document
[45] Direction Générale du Trésor. 2016. Situation économique et financière de l’Emirat de Dubaï, https://www.tresor.economie.gouv.fr/Ressources/File/425706
[46] Taglioni, F. 2009. Le tourisme dans le sud-ouest de l’Océan Indien : une durabilité à géométrie variable. In : Vo Sang, X. (dir.), Le tourisme durable, un instrument d’aide à la lutte contre la pauvreté ? Agence universitaire francophone/université Van Lang, pp. 154 – 169, https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00391402
[47] Carret, J., Rajaonson, B., Feno, P. et Brand, J. L’environnement à Madagascar : un atout à préserver, des enjeux à maîtriser, http://siteresources.worldbank.org/INTMADAGASCARINFRENCH/Resources/Environnement.pdf
[48] Sarrasin, B. et Ramahatra, H. 2013. « LE développement touristique à Tolagnaro et dans le Parc national d’Andohahela (Madagascar) : la mise en valeur des ressources naturelles par la lutte contre la pauvreté », Etudes caribéennes, 24 – 25, http://etudescaribeennes.revues.org/6557
[49] Sarrasin, B. et Ramahatra, H. 2013. « Le développement touristique à Tolagnaro et dans le Parc national d’Andohahela (Madagascar) : la mise en valeur des ressources naturelles par la lutte contre la pauvreté », Etudes caribéennes, 24 – 25, http://etudescaribeennes.revues.org/6557
[50] Madagascar, chronologie contemporaine, http://www.universalis.fr/chronologie/madagascar/
[51] Maury, P. 2011. Madagascar en crise 2001 – 2002. Bibliothèque malgache, http://www.bibliothequemalgache.com/pdf/BMC07.pdf
[52] Taglioni, F. 2009. Le tourisme dans le sud-ouest de l’Océan Indien : une durabilité à géométrie variable. In : Vo Sang, X. (dir.), Le tourisme durable, un instrument d’aide à la lutte contre la pauvreté ? Agence universitaire francophone/université Van Lang, pp. 154 – 169, https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00391402
[53] Carret, J., Rajaonson, B., Feno, P. et Brand, J. L’environnement à Madagascar : un atout à préserver, des enjeux à maîtriser, http://siteresources.worldbank.org/INTMADAGASCARINFRENCH/Resources/Environnement.pdf
[54] Sarrasin, B. et Ramahatra, H. 2013. « Le développement touristique à Tolagnaro et dans le Parc national d’Andohahela (Madagascar) : la mise en valeur des ressources naturelles par la lutte contre la pauvreté », Etudes caribéennes, 24 – 25, http://etudescaribeennes.revues.org/6557
[55] Taglioni, F. 2009. Le tourisme dans le sud-ouest de l’Océan Indien : une durabilité à géométrie variable. In : Vo Sang, X. (dir.), Le tourisme durable, un instrument d’aide à la lutte contre la pauvreté ? Agence universitaire francophone/université Van Lang, pp. 154 – 169, https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00391402
[56] Carret, J., Rajaonson, B., Feno, P. et Brand, J. L’environnement à Madagascar : un atout à préserver, des enjeux à maîtriser, http://siteresources.worldbank.org/INTMADAGASCARINFRENCH/Resources/Environnement.pdf
[57] Carret, J., Rajaonson, B., Feno, P. et Brand, J. L’environnement à Madagascar : un atout à préserver, des enjeux à maîtriser, http://siteresources.worldbank.org/INTMADAGASCARINFRENCH/Resources/Environnement.pdf
[58] Madagacar : ces hôtels qui ont pris le virage durable, http://www.madagascar-tourisme.com/component/content/article/6-actualites/903-madagascar-ces-hotels-qui-ont-pris-le-virage-durable
[59] Andriamahefazafy, F., Bidaud, C., Monnery, J., Serpantié, G. et Toillier, A. 2010. Genèse, contexte et adoption du concept de Service Environnemental dans les politiques environnementales à Madagascar, Document de travail, n°2010 – 04, https://www.researchgate.net/profile/Georges_Serpantie/publication/280637825_Genese_contexte_et_adoption_du_concept_de_service_environnemental_dans_les_politiques_environnementales_a_Madagascar/links/56265cdf08aeabddac92f554/Genese-contexte-et-adoption-du-concept-de-service-environnemental-dans-les-politiques-environnementales-a-Madagascar.pdf
[60] Andriamahefazafy, F., Bidaud, C., Monnery, J., Serpantié, G. et Toillier, A. 2010. Genèse, context et adoption du concept de Service Environnemental dans les politiques environnementales à Madagascar, Document de travail, n°2010 – 04, https://www.researchgate.net/profile/Georges_Serpantie/publication/280637825_Genese_contexte_et_adoption_du_concept_de_service_environnemental_dans_les_politiques_environnementales_a_Madagascar/links/56265cdf08aeabddac92f554/Genese-contexte-et-adoption-du-concept-de-service-environnemental-dans-les-politiques-environnementales-a-Madagascar.pdf
[61] Carret, J., Rajaonson, B., Feno, P. et Brand, J. L’environnement à Madagascar : un atout à préserver, des enjeux à maîtriser, http://siteresources.worldbank.org/INTMADAGASCARINFRENCH/Resources/Environnement.pdf
[62] Sarrasin, B. et Ramahatra, H. 2013. « Le développement touristique à Tolagnaro et dans le Parc national d’Andohahela (Madagascar) : la mise en valeur des ressources naturelles par la lutte contre la pauvreté », Etudes caribéennes, 24 – 25, http://etudescaribeennes.revues.org/6557
[63] Sarrasin, B. et Ramahatra, H. 2013. « LE développement touristique à Tolagnaro et dans le Parc national d’Andohahela (Madagascar) : la mise en valeur des ressources naturelles par la lutte contre la pauvreté », Etudes caribéennes, 24 – 25, http://etudescaribeennes.revues.org/6557
[64] Folio, F. 2009. « Réalités et singularités du tourisme réunionnais : entre utopie et motifs d’espoir », Les cahiers d’Outre-Mer, 245, http://com.revues.org/5494
[65] La Réunion, Rapport annuel 2015, http://www.iedom.fr/IMG/pdf/ra_2015_iedom_reu_.pdf
[66] Simon, T. 2008. « Une île en mutation », EchoGéo, n°7, https://echogeo.revues.org/8003
[67] La Réunion, Rapport annuel 2015, http://www.iedom.fr/IMG/pdf/ra_2015_iedom_reu_.pdf
[68] La Réunion – Economie, http://www.outre-mer.gouv.fr/la-reunion-economie
[69] Ajir, S. La croissance de la population ralentit. Bilan démographique 2013, https://www.insee.fr/fr/statistiques/1288155
[70] Sandron, F. Dynamique de la population réunionnaise (1663 – 2030), http://horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/ed-06-08/010041864.pdf
[71] La Réunion, Rapport annuel 2015, http://www.iedom.fr/IMG/pdf/ra_2015_iedom_reu_.pdf
[72] Folio, F. 2009. « Réalités et singularités du tourisme réunionnais : entre utopie et motifs d’espoir », Les cahiers d’Outre-Mer, 245, http://com.revues.org/5494
[73] Folio, F. 2009. « Réalités et singularités du tourisme réunionnais : entre utopie et motifs d’espoir », Les cahiers d’Outre-Mer, 245, http://com.revues.org/5494
[74] Folio, F. 2009. « Réalités et singularités du tourisme réunionnais : entre utopie et motifs d’espoir », Les cahiers d’Outre-Mer, 245, http://com.revues.org/5494
[75] Folio, F. 2009. « Réalités et singularités du tourisme réunionnais : entre utopie et motifs d’espoir », Les cahiers d’Outre-Mer, 245, http://com.revues.org/5494
[76] Babou, I. 2015. « Patrimonialisation et politiques de la nature : le parc national de La Réunion », Vertigo, La revue électronique en sciences de l’environnement, n°151, https://vertigo.revues.org/16038
[77] Nativel, C. 2009. Quel développement durable pour le petit espace insulaire ? Le cas de l’Ile de la Réunion, http://appli6.hec.fr/amo/Public/Files/Docs/116_fr.pdf
[78] CCEE. 2013. Rapport sur le tourisme à la Réunion, http://www.ccee.re/IMG/pdf/tourisme_ccee_2013.pdf
[79] Cook, B. 2010. « Les impacts de l’éco-tourisme sur la population de Ranohira : Etude de cas du Parc national de l’Isalo », Independent study project collection, n°903, http://digitalcollections.sit.edu/isp_collection/903
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