Réalisation d’un bilan carbone d’une imprimerie – Cas du groupe Valblor
EMBA développement durable
Université de Strasbourg,
Réalisation d’un bilan carbone d’une imprimerie
Cas du groupe Valblor
Année universitaire 2009-2010
Sommaire
Partie I Les enjeux de la responsabilité sociétale dans l’entreprise. 5
1.1.2. La question économique. 6
1.2. Débat international et enjeux européens. 6
1.2.2 Directives européennes. 7
1.2.3. L’orientation française. 7
2.2. Les caractéristiques de la RS. 8
2.3. Une législation incitative. 9
2.3.1. Un intérêt économique. 10
2.3.2. Une meilleure communication externe. 11
2.3.3. Un levier de mobilisation des personnels. 11
2.3.4. Un critère de compétitivité. 11
PARTIE II – Le secteur de l’imprimerie. 12
1.2. Des produits à risque. 13
1.2.1. Les encres et solvants. 13
1.2.2. L’industrie papetière. 13
2.1. La phase diagnostique. 15
2.2. La phase d’identification de l’impact environnemental 16
2.3. La phase d’optimisation des systèmes. 16
2.4. La phase de pérennisation et de suivi 17
PARTIE III – Etude de cas : bilan carbone du groupe Valblor 17
1.1.1. Présentation du Groupe Valblor 18
1.1.2. Le projet de diagnostic carbone. 18
1.2. Les problématiques identifiées. 18
1.2.1. Le poste stratégique des Intrants. 19
1.2.2. Examen des postes prioritaires. 20
2.1. La politique d’engagement environnemental 22
2.1.1. Une approche managériale. 22
2.1.2. Une approche communicationnelle. 23
2.2. Les axes de réduction. 24
3.1. Conforter l’alignement sur le label « Imprim Vert ». 25
3.2. Viser la labellisation Carbon Progress. 26
3.3. Utiliser les technologies vertes. 27
Introduction
L’image d’industrie polluante a longtemps été associées à l’imprimerie. Sur-consommation de papier, utilisation d’encres polluantes, de solvants nocifs. L’imprimerie et ses enjeux de hauts tirages a donc été très rapidement confrontée à la notion de responsabilisation sociétale au regard des défis de plus en plus marqués par le développement durable.
Ainsi, depuis 1998, le label imprim’vert témoigne d’un véritable pas vers le respect de l’environnement. Agissant sur l’élimination conforme des déchets dangereux, et l’utilisation de produits plus en accord avec le principe de sécurité environnementale, ce label est une invitation à une prise en charge des entreprises du secteur.
En marge, la question des émissions des gaz à effet de serre s’ajoute au débat et interroge les modes même de production. C’est ainsi que le bilan carbone a été mis au point, dans un esprit de diagnostic et de rectification des conduites sur la base d’une initiative libre. Evaluant chacun des postes susceptible d’alléger le tonnage de CO2 émis dans l’atmosphère, il invite à une réflexion tant sur les matériaux que sur le mangement.
A l’instar de ce test, nous nous proposons, dans ce mémoire, de mesurer quelles sont les implications d’un bilan carbone sur l’entreprise. Au demeurant nous nous demanderons si ces changements de conduite sont compatibles avec une activité compétitive.
Pour y répondre, une première partie s’appesantira sur les enjeux d’une maîtrise des émissions carbonées. Ensuite, une seconde partie en précisera les enjeux aux plans managériaux et organisationnels. Enfin, un cas pratique mettra en scène le groupe d’imprimerie Valblor.
Partie I Les enjeux de la responsabilité sociétale dans l’entreprise
1. Le défi environnemental
L’exploitation et la consommation des énergies fossiles se trouvent impliquées dans un phénomène de pollution d’amplitude planétaire et dans un contexte d’accroissement des besoins énergétiques.
1.1. L’effet de serre
1.1.1. L’alerte écologique
Les besoins énergétiques liés à notre mode de vie occidental reposent essentiellement sur la combustion fossile. Or, celle-ci génère à elle seule pas moins de 80%[1] des émissions des gaz carboniques. En conséquences, selon un rapport publié en janvier 2001[2] par le GIEC, au cours du seul XXe siècle, la densification des gaz à effet de serre[3] dans l’atmosphère a engendré une augmentation de la température moyenne à la surface de la Terre de 0,6°C (± 0,2°C).
Comme les climats découlent des températures, la science est donc portée à établir une corrélation entre la hausse de la concentration en GES et le dérèglement climatique. Estimant par ailleurs, au rythme actuel d’émission de GES, que la température de la surface de la Terre augmentera de 3°C d’ici à la fin du XXIe siècle, l’exploitation des énergies fossiles pose donc un véritable cas de conscience écologique.
1.1.2. La question économique
Au plan économique, l’accroissement des besoins énergétiques de la population mondiale suppose des difficultés majeures d’approvisionnements en ces énergies menacées par la pénurie. D’autre part, vue l’augmentation de la population mondiale, en gardant le rythme d’exploitation des années 90, le siècle prochain devra mettre en œuvre des solutions énergétiques alternative efficaces.
1.2. Débat international et enjeux européens
1.2.1 Volontés de Kyoto
En plein axe de ces problématiques, la Convention Cadre sur les changements climatiques et le Protocole de Kyoto[4] datant de 1997 attestent d’une prise de conscience de la communauté internationale vis-à-vis de l’écologie et du développement des énergies durables.
L’action internationale a ainsi retenu un certain nombre d’engagements qui visaient globalement :
- une prise en charge autonome des nations de façon à enregistrer une baisse de 5 % de l’émission des GES entre 2008 et 2012 par rapport au niveau de 1990 ;
- la mise en place de programmes nationaux de lutte contre le changement climatique, et de prise en charge des déchets nucléaires ;
- la recherche d’une énergie durable, bon marché, non polluante et prodigue.
La France doit stabiliser ses émissions de GES au même niveau que l’année 1990 dans des perspectives à long terme plus contraignantes dans l’attente d’un second sommet de Kyoto destiné à établir les prochains objectifs à partir de 2012.
1.2.2 Directives européennes
En 1997[5], la commission a publié un livre blanc intitulé « Energie pour l’avenir : Les sources d’énergie renouvelables ». L’ouvrage établissait une stratégie et un plan d’action communautaires, fixant pour l’Union Européenne l’objectif de porter la part d’énergies renouvelables à 12% de la consommation totale d’énergie d’ici 2010.
Or, il se trouve que la part des énergies renouvelables dans la consommation totale d’énergie primaire en France soit loin des objectifs fixés, avec 6%[6] en 2005. Selon le CEDEF, la participation à la production d’électricité culminait alors à 13%[7] au lieu des 21% visés pour 2010. D’ailleurs, parmi les quinze pays signataires, seuls l’Allemagne, le Danemark, l’Espagne et la Finlande semblaient en mesure d’atteindre leurs objectifs nationaux.
En mars 2006[8], la Commission publiait donc un livre vert intitulé « Une stratégie européenne pour une énergie sûre, compétitive et durable. » Le but étant de définir une « nouvelle politique énergétique européenne globale » allant dans le sens de la sécurité d’approvisionnement, de la compétitivité et de la protection de l’environnement.
La commission confortait finalement ses orientations le 10 janvier 2007 avec la présentation d’une « feuille de route pour les énergies renouvelables[9] » dans le cadre de son projet « énergie ». Elle proposait en outre de fixer à 20% la part des énergies renouvelables dans la consommation énergétique à l’horizon plus réaliste de 2020. Aujourd’hui, ces enjeux sont en voie d’être discutés au sommet de Copenhague.
1.2.3. L’orientation française
L’orientation française peut s’analyser au titre de nombreuses mesures qui marque une mobilisation croissante pour les questions du développement durable depuis les années 90. point d’orgue, le Grenelle de l’environnement symbolise un sommet fondamental qui s’est tenu en octobre 2007, dans une première version, se formalisera à nouveau en 2010. Il visait un triple objectif « de lutte contre le réchauffement climatique, de préservation de la biodiversité et de réduction des pollutions. » C’est dans son sillage qu’une taxe « climat-énergie » a été mise en place dans une perspective de réunir des fonds dédiés à la création d’un programme d’un milliard d’euros sur quatre ans pour les énergies et les moteurs du futur.
2. Du concept de responsabilité sociétale
2.1. Définition du concept
Le concept de responsabilité sociétale et environnementale des entreprises est défini dans le Livre Vert de la Commission européenne “Promouvoir un cadre européen pour la responsabilité sociale des entreprises” comme “l’intégration volontaire par les entreprises de préoccupations sociales et environnementales à leurs activités commerciales et leurs relations avec leurs parties prenantes[10]”. Ce concept élargit la définition de la gouvernance de l’entreprise et nécessite un dialogue permanent entre les entreprises et la société.
Le concept de responsabilité sociétale de l’entreprise (RSE), traduit de l’anglais « Corporate Social Responsability », trouve son origine dans les années 1950 aux États-Unis tandis que son émergence en Europe est plutôt récente. Il existe des différences fondamentales entre la conception américaine et la conception européenne de la RSE ; pendant que la première est issue de considérations éthiques et religieuses, la seconde plutôt politique s’inscrit dans la perspective de contribution au développement durable.
Le concept de responsabilité sociale et environnementale élargit la définition de la gouvernance d’entreprise aux domaines environnementaux et sociaux. Cette « nouvelle gouvernance » nécessite une large coopération entre les entreprises, les syndicats, les collectivités locales, les associations – notamment de défense des consommateurs et de défense de l’environnement – et les organisations de la société civile. Elle implique des changements organisationnels et de nouvelles pratiques internes de management de la part des entreprises.
2.2. Les caractéristiques de la RS
Selon Carroll (1991), la responsabilité regroupe 4 composants : économique, juridique, éthique et discrétionnaire (cf. schéma ci-dessous). Bien que Carroll étende la responsabilité de l’entreprise à des considérations éthiques et discrétionnaires, il ne manque pas de rappeler que la responsabilité fondamentale de l’entreprise reste d’ordre économique.
Schéma : Les composantes de la RSE (source Mercier, 2004 ; Carroll, 1991)
2.3. Une législation incitative
Un nombre de plus en plus important d’acteurs des pays développés accordent un intérêt croissant au concept de responsabilité sociale et environnementale des entreprises : pouvoirs publics, grandes entreprises, investisseurs et actionnaires, institutions financières, salariés et partenaires sociaux, consommateurs, ONG, citoyens, etc. d’autre part, la législation possède une pouvoir incitatif en la matière.
2.3.1. Un intérêt économique
87 % des 38 directeurs du Développement durable[11] interrogés par un sondage IFOP estiment que le bilan carbone est une priorité incombant à toute entreprise. Cette conception de l’entreprise propre est du reste partagée par des consommateurs français. Seulement pourquoi, et dans quels intérêts ? A première vue, le bilan carbone offre non seulement une approche stratégique plus fine du fonctionnement de l’entreprise mais présente des avantages économiques et fiscaux, mais encore humains que nous allons présenter.
2.3.1.1. La « contribution climat énergie »
La « contribution climat énergie » renvoie système des quotas d’émission de CO2 imposé aux entreprises les plus polluantes par l’Europe. Le principe est de faire payer tout dépassement du seuil de pollution moyennant des redevances censément dissuasives.
2.3.1.2. La hausse matières premières
La raréfaction des énergies fossiles utilisées notamment dans le transport est de nature à faire augmenter les prix du baril de pétrole. Ce qui représente un surcoût à venir sur le transport associé à l’activité économique. Il est en effet stratégique de faire diminuer les coûts de fonctionnement au maximum.
2.3.1.3. Les surcoûts fiscaux
Il est également de récente actualité de procéder à des allègements fiscaux pour des produits respectueux de l’environnement. Un projet de TVA allégée est ainsi donc en gestation dans le cadre d’une politique incitative.
2.3.2. Une meilleure communication externe
La réalisation d’un Bilan Carbone est par ailleurs susceptible d’offrir une meilleur image auprès des clients et des partenaires. Tout dispositif qualité ou de certification environnementale constitue une garantie d’argumentation au profit d’une différenciation positive.
2.3.3. Un levier de mobilisation des personnels
Le Bilan Carbone constitue par ailleurs un levier interne en mobilisant les personnels autour d’un paradigme commun. La mise en place du projet suppose des groupes de réflexion sur des bonnes pratiques. De manière générale, un tel recentrage de l’activité crée un climat de travail émulant et des chaînes de coopération au nom d’une cause au demeurant valorisante.
2.3.4. Un critère de compétitivité
Un dernier enjeu inhérent à la mise en place d’un bilan carbone tient à un critère de compétitivité. Nombre de donneurs d’ordre ont imposent le respect de l’environnement dans leur cahier des charges. Le règlement Reach (Registration, valuation and Authorisation of CHemicals) adopté en décembre 2006 par le Parlement Européen préconise ainsi une politique de substitution de certains produits dangereux. Les entreprises adhérentes offrent donc une plus-value notoire.
PARTIE II – Le secteur de l’imprimerie
1. L’industrie graphique 2008 en chiffres[12]
L’industrie graphique française est constituée de quelques 5 000 entreprises. Le secteur en lui-même est extrêmement atomisé, ce qui ne facilite pas la linéarisation des modes de production dans le sens d’une éco-production. En outre, les entreprises de moins de 20 salariés représentent 80 % du tissus de cette industrie qui a la réputation d’être pollueuse.
1.1. Une approche Métiers
Comprendre cette réputation nécessite de prendre conscience des différents métiers enchâssés dans l’industrie graphique. Ceux-ci peuvent être déclinés comme suit :
- Studio
- Pré-presse
- imprimerie de labeur
- finition
- routage
Chaque métier est une source variable de pollutions que nous allons expliciter. En outre, l’imprimerie produit 3,5 % du total national des émissions atmosphériques de composés organiques volatils. Ce qui constitue une quantité non négligeable, soit 13,895 millions de tonnes de CO2, compte tenu qu’en 2007, la France a émis 397 millions de tonnes de CO2. Sachant qu’une moyenne un individu français rejette de par son activité 2,5 tonnes de CO2 par an, la production de CO2 de l’industrie graphique annuelle représenterait celle de 5,558 millions de personnes, soit l’équivalent de la région PACA.
Quels sont les produits mis en cause ?
1.2. Des produits à risque
Les métiers de l’imprimerie font largement appel à des produits présentant des risques importants de pollution des sols, des eaux, de l’air. Des sources de pollution qui nécessitent chacune une réponse spécifique et une attention particulière tout au long du process. En ce qui concerne l’effet de serre, voici les produits mis en cause et leur impact.
1.2.1. Les encres et solvants
Studio et Pré-presse et imprimerie de labeur sont trois composantes métiers qui consistent en la prise en charge de la composition, de la photocomposition, et de la fabrication des plaques. Elles emploient certes le matériel informatique de plus en plus abondamment, néanmoins, elle a recours massivement à des produits chimiques tels que les encres, solvants responsables de pollutions divers.
L’impression est également une étape génératrice d’impacts par la consommation de gaz naturel ainsi que par la formation d’oxydants photochimiques qui en résulte.
1.2.2. L’industrie papetière
L’imprimerie de labeur est aussi une étape métier d’impression en masse, sur la base de technologies offsets roto, offset à plat, héliogravure, impression numérique, sérigraphie. Celle-ci a massivement recours au papier, carton, autres supports d’impression qui représentent une pollution aux émissions de gaz à effet de serre lors de la fabrication du papier.
1.2.3. Le carburant
L’étape du routage est largement consommatrice en carburants. De fait, les étapes de transport et de distribution nécessitent des consommations de pétrole et sont responsables de près de 10 % des impacts dans l’air.
1.2.4. Les déchets
Les déchets liés à la production ou générés par les fonds de solvants sont une source (ou tout au moins un risque) potentiel de pollution non négligeable dans l’imprimerie. L’étape de fin de vie (recyclage, mise en décharge et incinération) contribue aux impacts spécifiques de production de déchets solides résiduels, de formation d’oxydants photochimiques et d’émissions de gaz à effet de serre. La mise en décharge du papier est en effet responsable de l’émission de méthane, gaz contribuant fortement à l’effet de serre.
2. Le bilan carbone comme élément diagnostic fondamental
L’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) est un établissement public à caractère industriel et commercial français placé sous la tutelle des ministres chargés de la recherche, de l’écologie et de l’énergie. Sa mission est d’encourager à des comportements et pratiques de nature à protéger l’environnement et de maîtriser la consommation des énergies fossiles au profit d’un repositionnement sur des énergies renouvelables. Au plan des gaz à effet de serre, l’ADEME propose une gamme d’outils destinés à évaluer l’impact qu’une entreprise a sur l’environnement. Elle prend même en charge la moitié des frais engagés dans ce processus. Le principe du bilan carbone est d’identifier l’ensemble des émissions gazeuses de nature à accroître l’effet de serre et de les ramener à des normes compatibles avec le protocole de Kyoto. D’où l’intérêt fondamental pour toute organisation de réaliser un bilan carbone. Celui-ci s’établit en quatre phases que nous allons successivement présenter.
2.1. La phase diagnostique
La phase diagnostique inhérente à tout bilan carbone est évidemment fondamentale. C’est au titre de son exhaustivité et de sa qualité que les impacts environnementaux pourront être mis en évidences, et conséquemment les conduites à mettre en place.
Cette phase suppose trois approches colinéaires vouées à réaliser un bilan carbone relatif aux trois sphères suivantes :
- interne: elle concerne les émissions carbonées directement produites par l’activité de production de l’entreprise ;
- intermédiaire: elle s’attache à recenser les émissions de carbone relatives aux déplacements des clients, des personnels et prend en compte l’acheminement d’électricité nécessaire à la production ;
- globale: elle décrit les émissions causées, au titre de l’activité, mais de façon indirecte par les constructions, les transports fournisseurs, les émissions de production des matériaux fournis, les consommation énergétique des produits vendus, les services achetés ainsi par le traitement des déchets.
Schéma récapitulatif des sources d’émissions carbonées de l’entreprise
2.2. La phase d’identification de l’impact environnemental
La seule réalisation du bilan ne serait pas ‘un grand intérêt s’il n’était suivi d’une analyse des points d’impact environnementaux. Quels sont les enjeux de l’activité au regard du développement durable ? Comment passer du résultat de l’émission à une cartographie détaillées de l’ensemble de l’entreprise ? Autant de question fondant la démarche d’identification dont l’objectif est de :
- mettre en évidence les postes significativement émetteurs;
- subdiviser le diagnostic par grands domaines d’activités stratégiques;
- hiérarchiser les émissions nécessaires des émissions non fondamentales de façon à esquisser ce qui relève de la réduction d’émissions et ce qui tient à un mécanisme compensatoire sur des postes d’émission incompressibles ;
- prouver les grandes orientations d’actions au regard de leur faisabilité et de leur impact économique.
A ce stade, où ont été mis en évidence les points vitaux de l’intervention, il convient de discerner le pilotage stratégique le plus adaptés aux défis relevés et dont la finalité est de parvenir à un impact environnemental neutre.
2.3. La phase d’optimisation des systèmes
La phase d’optimisation des systèmes consiste en l’élaboration de la stratégie la plus adéquate en fonction des préconisations retenues et des souhaits émis par l’entreprise. la mise en œuvre du plan d’action choisi. Ainsi, un travail étroit sera réalisé en collaboration avec la direction de l’entreprise afin de définir :
- Le chemin de changement permettant d’identifier la méthodologie la plus appropriée pour atteindre les objectifs rapidement,
- Le plan d’action séquencé dans le temps et chiffré,
- Les outils d’évaluation permettant de suivre l’avancée des actions engagées,
- Le calcul du retour sur investissement.
Il sera primordial lors de cette étape d’identifier votre ambition sur les modifications que votre entreprise souhaite adopter dans son mode de fonctionnement. Selon la volonté de la direction, une simple méthodologie visant à diminuer l’impact environnemental de manière rapide peut être envisagée mais il est également possible de repenser le fonctionnement plus profondément afin, à l’aide d’investissements sur le moyen et le long terme, d’adopter « un business developpement vert ».
2.4. La phase de pérennisation et de suivi
Quelques mois après l’étude (12 mois est un délai raisonnable), il sera possible d’analyser les gains acquis en fonction des options choisies et d’identifier les écueils rencontrés au cours des changements adoptés.
Ainsi, durant cette évaluation, Helixeo veille à :
- Réévaluer les émissions de Gaz à Effet de Serre par secteur d’activité,
- Quantifier l’efficacité des programmes mis en œuvre, calculer les gains d’émissions réalisés et les chiffrés par des simulations,
- Identifier d’éventuelles pistes d’optimisation des systèmes à l’aide du retour d’expérience.
PARTIE III – Etude de cas : bilan carbone du groupe Valblor
Le bilan carbone consiste à évaluer l’impact environnemental est une contribution à la lutte contre le réchauffement climatique en mesurant les émissions de gaz à effet de serre et via la mise en oeuvre des actions pour les réduire.
1. La phase diagnostique
1.1. Bilan Carbone
1.1.1. Présentation du Groupe Valblor
Le groupe graphique Valblor – Siac a vu le jour en 1974. Fondé par Roland BLOCH et Vincent VALANTIN, après quelques années de fonctionnement à quelques salariés, en 1990, la société prend un nouvel essor et agrandit sa plateforme industrielle de Illkirch de 6 000 m². Aujourd’hui, le groupe compte 234 salariés travaillant comme leader en imprimerie offset dans le grand Est autour de 58 groupes d’impression, et de 5 ateliers presses numériques.
Le cœur du métier consiste en la réalisation de brochures, cartes de visite, dépliants, étiquettes, plv, plaquettes publicitaires entre autres produits d’un panel très large et adapté aux exigences du numérique dans un esprit de création, commercialisation, fabrication (impression et façonnage) et distribution.
1.1.2. Le projet de diagnostic carbone
Conformément à ses multiples engagements en faveur de la qualité environnementale de ses activités, celui-ci a souhaité faire estimer sa production d’émissions carbonées par le groupe Symoé. Nous présentons ainsi les résultats enregistrés.
1.2. Les problématiques identifiées
En amont de la phase diagnostique, le groupe Valblor avait estimé le chiffre de l’émission globale à de l’ordre de 10700 tonnes équivalent CO2 par an, soit la production maximale autorisée par la réglementation de plus de 5000 personnes sur une année. Il faut ajouter que ce montant connaît un pourcentage d’incertitude de plus ou moins 23 %.
L’analyse diagnostique réalisée par la société SIMOE a permis de mettre en évidence la cartographie des émissions carbonées par postes de la façon suivante :
Taux d’émissions carbonées du Groupe Valblor par postes
Il ressort immédiatement
- un poste stratégique : celui des intrants ;
- trois postes prioritaires : ceux du Fret, des Déplacements et des Déchets.
1.2.1. Le poste stratégique des Intrants
De façon détaillée, le poste des intrants – i.e. l’ensemble des produits nécessaires au fonctionnement de l’entreprise – représente 65% des émissions carbonées soit presque les deux tiers. C’est le poste sur lequel il est donc le plus question d’agir. En effet, quelques 6900 tonnes équivalent CO2 sont rejetées annuellement au titre de la répartition suivante :
- 4780 tonnes de matières premières ;
- 4620 tonnes de papier ;
- 45 tonnes d’aluminium ;
- 100 tonnes d’encres et solvants.
La forte prédominance des émissions est évidemment, compte tenu du secteur d’activité qu’est l’imprimerie, liée aux papiers et cartons avec un pourcentage de 88%.
1.2.2. Examen des postes prioritaires
1.2.2.1. Le Fret
Le fret représente le second secteur d’importance en terme d’émissions carbonées avec 13% du total émis, soit quelques 1380 tonnes équivalent CO2. L’analyse montre que le Fret routier sortant représente plus de quatre fois le fret routier entrant.
1.2.2.2. Les Déchets
Les déchets représentent une quantité importante de déchets. Ceux-ci se répartissent de la façon suivante :
- 931 tonnes de déchets d’imprimerie ;
- 547 tonnes de déchets divers (plastiques, cartons, OM) ;
- 2,5 tonnes de cartouches métal ;
- 12 kg d’ampoules E.
L’ensemble génère l’émission de 811 tonnes équivalent CO2, soit 13% du taux global d’émission.
1.2.2.3. Les déplacements
Enfin, les déplacements domicile-travail effectués en voiture par les salariés constituent 1,5 million de km roulés sur l’année, soit 8600 km annuels par salarié et 39 km par jour en moyenne. Or, il apparaît sur ce poste que moins de 2% des trajets domicile-travail sont réalisés en bus, ou sur la base d’un covoiturage ou à vélo, alors que 44% des utilisateurs de voiture habitent la CUS. En outre, les déplacements professionnels sont donc responsables d’une consommation de carburants de l’ordre de 80 000 litres par an, soit l’équivalent CO2 rejeté de 760 tonnes.
Répartition des salariés par mode principal
2. Phase d’optimisation
2.1. La politique d’engagement environnemental
L’engagement environnemental se veut correspondre à un triple objectif :
- donner la priorité à de nouveaux modes de production moins gourmands en ressources et émetteurs de gaz à effet de serre;
- maintenir la satisfaction clients (Lalique, L’Oreal, Lilly France, DeDietrich, Kuhn, L’ENA…) en matière de délais respectés, et de conformité des prestations dans une logique de rentabilité préservée ;
- susciter l’implication de tout le personnel.
Ces visées passent par une double approche managériale et communicationnelle.
2.1.1. Une approche managériale
L’optimisation de l’impact environnemental passe avant tout par une amélioration continue de l’efficacité du système de management en vue de maîtriser le risque chimique, et incidemment de mieux préserver l’environnement. Ceci suppose de suivre les normes fondamentales qui permettent de minimiser l’impact sur l’environnement comme les normes FSC et PEFC :
FSC (Conseil de bonne gestion des forêts)
PEFC (Programme Européen des Forêts Certifiées)
Participer à la chaîne de contrôle du bois apporte aux clients la preuve que les matières premières sont issues d’exploitations respectueuses de l’environnement, responsables socialement et viables économiquement.
Le respect de la norme ISO 9001 constitue également un point de première importance dans une perspective de qualité
Iso 9001 (Organisation Internationale de Normalisation)
elle contribue à l’accroissement du capital confiance en développant un savoir-faire et une maîtrise des processus et de la compétitivité.
De façon générale, Valblor vise le développement d’une stratégie mettant en corrélation les différentes domaines métiers avec les dimensions de la qualité, de la sécurité et de l’environnement au titre d’une réglementation spécifique aux métiers de l’imprimerie (Cf. Annexe 3 – Normes respectées).
2.1.2. Une approche communicationnelle
L’approche communicationnel se décline sur un triple mode :
- Informer les clients dans une démarche éco-responsable (choix du papier et des techniques de fabrication) ;
- Former le personnel sur les conduites vertes et les mesures et impacts de ces politiques sur l’environnement ;
- Nourrir une communication franche les sous-traitants, les administrations.
Voici les labels susceptibles de corroborer cette communication :
Print Environnement (GMI – Groupement des Métiers de l’Imprimerie)
Il encourage à communiquer sur les choix techniques, les comportements énergétiques, la sécurité et la formation des personnels en faveur du développement durable.
Reach – Registration Evaluation Authorisation of Chemicals
Il œuvre dans le sens de la clarification de la réglementation des substances chimiques par le partage de la responsabilité de l’information en assurant le liaison entre les producteurs et les clients.
2.2. Les axes de réduction
Les axes majeurs d’intervention au vu des problématiques rencontrés par Valblor dans la décarbonisation sont :
- l’implication des salariés sur les enjeux de la réduction des émissions de carbone en développant leur souci de s’investir dans le cadre des émissions personnelles de carbone. Il s’agit aussi de communiquer sur les enjeux, les actions et les éco-gestes relevant de tous les salariés. Ceci ne se peut que par le biais d’un comité de pilotage de la démarche et d’un suivi périodique des performances environnementales supportant un plan d’intéressement individualisé ;
- une optimisation des déplacements: il serait question de mettre à disposition un outil de covoiturage, de mettre à disposition des vélos, de communiquer sur les transports en communs, et de proposer des formations à l’éco-conduite aux employés (commerciaux, chauffeurs) ;
- un fret client et fournisseur amélioré : l’idée étant de rationaliser au mieux les transports et livraisons de colis en terme d’optimisation des itinéraires et en suivant une démarche « objectif CO2 ». Ceci passe indirectement par l’optimisation des livraisons de papier (gestion des stocks, localisation des fournisseurs) ;
- une production optimisée avec un objectif de réduction de 20% des papier perdu et de diminution du volume des déchets ramené à 550 tonnes ;
- un choix de matières premières plus sobres en carbone : devenir une entreprise exemplaire est l’objectif de fond, ceci étant garanti par une traçabilité des produits utilisés, leurs impacts respectifs, les modes de transport utilisés, au titre d’une approche globale centrée sur l’environnement ;
- un suivi du traitement des déchets : en encourageant leur recyclage.
- une meilleure gestion de l’énergie : faire le diagnostic énergétique du bâtiment, adapter le système de chauffage, et l’isolation, rationaliser les usages de l’électricité.
3. Phase de préconisation
La méthodologie employée par le groupe Valblor consiste en quatre étapes clés :
- 1ère phase : validation des axes et idées de réduction ;
- 2ème phase : échanges et consolidation des idées d’actions ;
- 3ème phase : présentation du plan d’actions ;
- 4ème phase : validation du plan d’actions.
Nous inscrivons cette stratégie autour des actions-clés suivantes :
3.1. Conforter l’alignement sur le label « Imprim Vert »
Imprim’Vert
Les valeurs eco-citoyennes sont l’image de marque de l’entreprise et la preuve de la traçabilité des déchets, de la bonne gestion des filières de recyclage et des actions de réduction à la source.
Comme près de 1400 imprimeries françaises, soit 43% du secteur, le groupe Valblor est certifié par la marque Imprim’Vert. La Fédération de l’imprimerie et de la communication graphique (FICG) s’est associée avec les chambres de commerce et d’industrie et les chambres de métiers pour initier un projet commun nommé « Imprim’Vert ». La démarche « Imprim’Vert » vise à améliorer l’élimination et le stockage des déchets dangereux ainsi que l’abandon des produits étiquetés toxiques au profit de produits moins dangereux.
La signature de la charte « Imprim’vert » permet d’utiliser le logo « Imprim’vert » dans les supports de communication et donc d’offrir une image de marque « verte » nécessaire à valider la communication du groupe Valblor.
3.2. Viser la labellisation Carbon Progress
Le label Carbon Progress© permet de valoriser, de crédibiliser et de valider l’engagement responsable des organisations s’impliquant dans une démarche de réduction des émissions de gaz
à effet de serre. Le référentiel est suffisamment souple pour s’appliquer à tous types d’organisations tout en intégrant des critères suffisamment précis pour que le label bénéficie d’une forte crédibilité. C’est une labellisation à valoriser pour Valblor dans le sillage de son bilan carbone.
Le référentiel Carbon Progress© étant une démarche structurée selon le référentiel ISO 14001, les audits de vérification annuels pourront être allégés voire intégrés avec les audits de certification ISO 14001, ceci afin d’optimiser les temps d’audit.
Le succès de la démarche repose sur l’engagement et l’implication de la direction. La démarche Carbon Progress© se déroule en 3 étapes :
- engagement et inventaire carbone;
- objectifs et plans d’actions: sur la base de cet « inventaire carbone », l’organisation se fixe un objectif de réduction de ses émissions à 3 ans sur une base d’au moins 3% par an en moyenne soit 9% sur 3 ans ou 3% par an. Cet objectif est fixé « en relatif », c’est-à-dire qu’il est ramené à une « unité d’activité » de manière à s’affranchir des variations des niveaux d’activité ;
- réalisation, suivi des actions de réductions et mise à jour de l’inventaire carbone
3.3. Utiliser les technologies vertes
Les astuces sont nombreuses de substitution des produits traditionnels pour des produits à tendance verte. Elles passent notamment, conformément à la démarche analogue « Coatings Care et sa directive européenne IPPC « Integrated Pollution revention and Control », par l’usage :
- les encres minérales : le lin, le tournesol, le soja, ou le colza peuvent remplacer le pétrole, et doc l’émission de GES inutile. Les huiles végétales possèdent une moindre toxicité et ont l’avantage d’être biodégradables. Elles reprsénetnt en outre 60 % de part de marché en volume de vente en France et 100% dans les pays scandinaves ;
- le calage robotisé : ce type de réglage initial de la presse offset en jouant sur le positionnement des plaques couleurs, sur le taux d’encrage, est de nature à réduire la consommation de papier, et d’optimiser la consommation d’encre ;
- le mouillage sans alcool : a l’avantage de se prémunir d’un dangereux produit qu’est l’isopropylique ou l’isopropanol tant pour l’homme que pour l’environnement et en l’occurrence de réaliser une économie de 10 et 20 % de papier ;
- l’alimentation des encres par pompes automatiques : au lieu des alimentations manuelles en encres, la pompe automatique permet de réduire la production de déchets via un encrage optimisé qui de plus accorde une meilleure qualité d’impression.
- les vernis : le choix d’un vernis acrylique à l’eau doit être préféré aux autres types de vernis de type ou UV pelliculage ;
- l’aspiration des déchets de papiers : lors de la finition des documents, les déchets sont directement compactés au pressage, puis recyclé. L’emploi parallèle de papiers recyclés issus de bois FSC ou PEFC constitue du reste une plus-value environnementale.
Conclusion
A l’issue de ce travail sur les bilan carbonés des entreprises, il ressort qu’il s’accommode parfaitement d’une vision du développement durable et d’une conciliation aux exigences économiques.
De fait, il invite à un changement profond des pratiques, mais celle-ci, aussi risquée soit-il dans le cadre de tout transfert d’équilibre, de la pure rentabilité vers la responsabilité sociétale, il signale une nécessaire prise de conscience des managers mais aussi des salariés.
Le développement durable s’insère dans une vision systémique de l’entreprise en cela qu’elle se trouve confrontée à ses actes et leurs conséquences dans un monde où l’éthique joue un rôle décisif. L’engagement dans ces nouvelles conduites entreprenariale a une telle ampleur de nos jours, au regard de tant niveaux de certifications, que l’alignement aux processus de développement durable est en soi un gage de compétitivité, de transparence et de respect client.
Bibliographie
Revues et études
Livre vert, juillet 2001, p.8
Sondage réalisé par le Collège des Directeurs du Développement durable en 2008
Ministère de l’Economie, de l’Industrie et de l’Emploi L’industrie graphique 2008 en chiffres réalisé par le Sessi
Centre de documentation économie finances du ministère de l’économie, des finances et de l’industrie.
Résultats Bilan carbone Symoé
Manuel QSE Valblor
Sites Internet
http://www.notre-planete.info/actualites/actu_945_changement_climatique_maitris%C3%A9.php
http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/IMG/pdf/luttecontreleffetdeserre.pdf
http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/IMG/pdf/dkpfr.pdf
http://europa.eu/documents/comm/white_papers/index_fr.htm#1997
http://www.ecologie.gouv.fr/IMG/pdf/INDICATEUR3.pdf
http://europa.eu/scadplus/leg/fr/lvb/l27062.htm
http://eur-ex.europa.eu/smartapi/cgi/sga_doc?smartapi!celexplus!prod!DocNumber&lg=fr&type_
doc=COMfinal&an_doc=2006&nu_doc=848
Annexes
Annexe 1 – les polluants de l’imprimerie
Annexe 2 – le processus de fonctionnement de l’imprimerie
Annexe 3 – Normes respectées par Valbor
[1]http://www.notre-planete.info/actualites/actu_945_changement_climatique_maitris%C3%A9.php
[2] http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/IMG/pdf/luttecontreleffetdeserre.pdf
[3] GES
[4] http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/IMG/pdf/dkpfr.pdf
[5] http://europa.eu/documents/comm/white_papers/index_fr.htm#1997
[6] http://www.ecologie.gouv.fr/IMG/pdf/INDICATEUR3.pdf
[7] Centre de documentation économie finances du ministère de l’économie, des finances et de l’industrie.
[8] http://europa.eu/scadplus/leg/fr/lvb/l27062.htm
[9] http://eur-lex.europa.eu/smartapi/cgi/sga_doc?smartapi!celexplus!prod!DocNumber&lg=fr&type_
doc=COMfinal&an_doc=2006&nu_doc=848
[10] Livre vert, juillet 2001, p.8
[11] Sondage réalisé par le Collège des Directeurs du Développement durable en 2008
[12] Ministère de l’Economie, de l’Industrie et de l’Emploi L’industrie graphique 2008 en chiffres réalisé par le Sessi
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