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Tourisme et seniors. Quel(s) effet(s) sur la santé? Etude qualitative selon la méthode IPA

Tourisme et seniors.

Quel(s) effet(s) sur la santé? Etude qualitative selon la méthode IPA

 

 

Partie I. Pertinence de la question de recherche

  1. Introduction

Le paysage touristique a fortement évolué ces dernières années. En effet, un essor est constaté dans le domaine du tourisme avec une production de pas moins de 10% du produit national brut et 6 % des exportations mondiales. De plus, un emploi sur onze fait partie du secteur touristique[1]. C’est dire l’importance de ce secteur dans l’économie mondiale ! Et effectivement, les offres touristiques sont diversifiées et il n’a jamais été aussi facile de voyager, même à un âge (très) avancé.

Tout naturellement, l’on a tendance à croire que les vacances impactent positivement sur le bien être, la santé physique et mentale. Les vacances représentent également le temps permettant de resserrer les liens et de partager ensemble de nouvelles expériences pour en faire de beaux souvenirs. Le temps des vacances, l’on quitte la vie quotidienne avec son lot de tracasseries et de soucis.

Parmi les secteurs visés par le tourisme, le secteur touristique pour le 3eme âge semble être un secteur est particulièrement florissant aujourd’hui. Une véritable révolution démographique en marche avec : l’augmentation de l’espérance de vie, la baisse de la natalité et le vieillissement des générations baby-boomer qui modifient drastiquement la structure de la pyramide des âges.

Rien qu’en France par exemple, 21 millions de personnes auront plus de 60 ans en 2040, soit une personne sur 3 (Pillard F, 2009). A l’échelle mondiale, hormis le continent africain et quelques pays sporadiques, 20% de la population mondiale aura plus de 65 ans en 2050  (Petsko, G.A., 2009) !

Cette révolution démographique sans précédent constitue un défi collectif majeur sur le plan de la santé afin de promouvoir et de maintenir le plus longtemps possible les capacités, les performances, la qualité de vie et l’autonomie des seniors.

 

 

  1. La question de recherche

Par la méthode qualitative IPA, le présent mémoire a pour objectif d’entrer dans le monde expérientiel et subjectif de la perception éprouvée par le senior à propos de l’effet des vacances sur sa santé.

Entrer dans le monde de « l’éprouver » d’une personne singulière demande à mettre entre parenthèse nos propres représentations et conceptions, nos cadres de références, jugements de valeurs et sentiments sur le sujet investigué pour pouvoir être vraiment à l’écoute de ce que l’autre me partage.

Dolfman (1973) évoque que chaque mot qui est utilisé par une personne permet d’accéder à quatre « mondes » différents. Il y a bien sur le monde des faits puisque le mot désigne une chose, un concept bien précis. Au delà de cette information factuelle, le mot utilisé renvoie au monde émotionnel par les sentiments, les émotions et désirs qui y sont associés, au monde comportemental par les attitudes et comportements qu’il suscite et au monde des cognitions par les croyances et perceptions que le mot soulève.

A partir d’un échantillon restreint de seniors en vacances à la côté belge sera tiré le(s) lien(s) existant entre vacances et santé de ces derniers à travers leur expérience subjective.

Un double mouvement est à l’œuvre dans cette démarche: offrir le temps de l’interview l’espace au senior afin de trouver du sens à son expérience et permettre à l’intervieweur d’interpréter le sens que la personne interviewée donne à son expérience en cours.

  1. Le déroulement du mémoire

Pour pouvoir mener à bien notre recherche qualitative sur ce sujet un détour nécessaire par la littérature scientifique s’impose. Dans un premier temps, nous définirons et brasserons la littérature qui tourne autour des trois concepts étudiés : la santé, le vieillissement et le tourisme. Après en avoir défini les contours et les profondeurs, nous tacherons de voir comment ces concepts s’articulent entre eux. Nous nous intéresserons aussi à comprendre comment la méthode qualitative de l’analyse interprétative phénoménologique permet de comprendre la perception des seniors sur l’influence de leurs vacances sur les différentes composantes de leur santé.

Notre partie empirique qualitative nous amènera à appliquer cet outil d’investigation qu’est la méthode I.P.A aux seniors en vacances à la côté belge, que nous rencontrerons en juin 2016.

Enfin, nous terminerons ce mémoire en confrontant la littérature existante et les hypothèses que nous aurons émises aux expériences singulières éprouvées par les seniors rencontrés et interviewés pendant leurs vacances.

 

 

Partie II. Définitions et descriptions des concepts

  1. La méthode I.P.A

1.1 Définition de cette méthode qualitative

Démarche de recherche qualitative, l’IPA ou Interpretative Phenomenological Analysis est largement accessible tout en permettant de suivre une procédure détaillée (Smith, 1996 ; Smith, Flowers & Osborn, 1997).

Effectivement, cette démarche de recherche s’applique au niveau de courants conceptuels tels que l’interactionnisme symbolique ou encore la phénoménologie dans lesquels l’humain n’est pas considéré comme un contenant passif en termes de flux d’informations par rapport à une réalité objective mais comme un élément d’interprétation et de compréhension de son univers.

L’IPA repose sur la découverte détaillée des processus par lesquels les intervenants, via les récits vécus, donnent du sens à leurs expériences personnels.

Le processus porte sur tous les points réflexifs, qui se rattachent avec l’idée de base, le fondement de l’IPA, à travers lesquels s’effectue l’interprétation des expériences des participants d’une manière compréhensible et adaptée pour eux.

L’approche IPA est dite phénoménologique étant donné qu’elle fait référence à des récits subjectifs et non à une description des faits de type objectif. De plus, la recherche en elle-même est considérée comme un processus dynamique. En effet, le chercheur va tenter d’approcher le monde propre, l’univers du participant à travers ses propres perceptions bien qu’il en soit limité.

Cette dualité se retrouve dans l’expression de « l’analyse interprétative phénoménologique » (Smith et al., 1999) de même que du lien, entre le processus réflexif du (des) chercheur(s) et des participants, qui va former le récit analytique (Osborn & Smith, 1998; Smith et al., 1997).

La qualification d’interprétative de l’IPA par Smith (2004) repose sur son fondement sur la tradition herméneutique étant donné que le chercheur intervient comme un élément majeur aussi bien dans l’analyse que dans la recherche.

1.2 Pourquoi utiliser la méthode I.P.A dans notre étude ?

L’utilisation de la méthode I.P.A a été choisie dans cette étude étant donné que la nature de l’échantillon : la population des seniors qui requièrent du temps et un outil d’analyse permettant de les mettre en position centrale dans les thèmes abordés dans l’entretien.

Il est à rappeler que l’entretien s’effectue grâce à un guide d’entretien flexible, donc fortement adaptable aux seniors, complémentairement à des interviews semi-structurés.

De plus, les données récoltées par retranscriptions seront analysés cas par cas par le biais d’une analyse qualitative systématique.

 

L’analyse sera ensuite transformée sous forme de compte rendu narratif qui va tenir compte des interprétations détaillées du chercheur qui sont en étroite corrélation avec les dires, les « verbatim » des participants.

1.3 Exemples d’études autour de la santé avec la méthode I.P.A

– Armelle DESAUW, Pascal ANTOINE, Véronique CHRISTOPHE, Stéphane CATTAN. Analyse qualitative du vécu émotionnel des praticiens face à l’annonce d’une mauvaise nouvelle en cancérologie.

Jonathan LACHAL, QUALIGRAMH4, Marie-Rose MORO, Anne REVAH-LEVY. Les pathologies du poids à l’adolescence et leur place au sein des relations familiales. Intérêt de l’approche qualitative phénoménologique.

Mélanie TROCME, Pascal ANTOINE, Laurence VANLEMMENS, Emmanuelle FOURNIER, Véronique CHRISTOPHE. Analyse qualitative du vécu subjectif des femmes jeunes atteintes d’un cancer du sein et de leur partenaire lors de l’hormonothérapie.

1.4 Apports spécifiques de la méthode I.P.A par rapport à des études quantitatives

La totalité des apports de la méthode I.P.A tant qualitatif que quantitatif se rattache indirectement ou non à la problématique, notamment de la pertinence tant des questions que des catégories.

Il existe, en permanence, une négociation entre le chercheur et la personne interviewée de manière plus ou moins explicite à propos de la construction de la nomenclature ainsi que la place occupée par la personne complémentairement aux différentes ressources dont dispose la personne interrogée (Marpsat, Firdion, 1998).

En effet, le fait de remplir un questionnaire fermé suppose négocier avec la personne interviewée.

1.5 Forces et limites de la méthode I.P.A

C’est le facteur humain qui représente tant la force que la faiblesse de la méthode IPA, en effet, en recherche qualitative la grande force et la faiblesse fondamentale » étant donné que le chercheur se doit d’informer les personnes concernées des procédures analytiques utilisées de la façon la plus complète et sincère possible (Patton, 2002, p. 276), tout en rappelant que l’analyse des données sera le reflet de la diversité des formes de vie sociale et non juste reproduites (Atkinson, 2005).

Ce qui nécessite une profonde immersion du chercheur afin que l’interprétation adéquate des données qualitatives soit réussie ainsi que l’application de système analytique qui donnera du sens au données dans le déroulement d’un processus d’analyse réitéré de collecte, d’analyse, d’interprétation et d’écriture (Morrow, 2005).

Les limites de l’IPA résident notamment dans la nécessité de prendre assez de temps dans son exécution alors que la méthode ne semble fournir qu’une certaine « carte incomplète » étant donné que l’analyse peut s’accommoder d’une infinité de variations de perspectives.

De plus, l’analyse, pour être réussie requiert l’application de manière systémique d’idées ainsi qu’une méthodologie rigoureuse outre l’imagination et la synergie de pensée à la fois réflexive, conceptuelle et critique.

 

 

  1. Concepts de santé

2.1 Introduction. La santé un concept multidimensionnel et multidirectionnel

La littérature regorge d’articles de revue et de recherches sur la « santé ».

Il n’est cependant pas facile d’en donner une définition unique et simple car le concept multidimensionnel prend des significations différentes en fonction de qui en parle (un médecin, une personne en bonne santé ou une personne alitée), des buts poursuivis et des circonstances.

Par ailleurs, la recherche autour du concept santé a mis en lumière d’autres concepts qui lui sont étroitement associés tels que bien-être, qualité de vie, satisfaction de vie, bonheur lui.

D’après la Constitution de l’OMS (1947) la santé se définit ainsi: «La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité»[2].

2.2 Les composantes de la santé

Définir la santé avec précision s’avère inadapté d’autant plus que sa perception évolue avec le temps.

Il importe de retenir trois approches principales que sont le « modèle médical », le « modèle holistique » et le « modèle du bien-être » que l’on peut correspondre respectivement à la « santé physique », la « santé sociale » et à la « santé cognitive ».

  • Modèle médical  et santé physique

Le modèle médical  médical perçoit le corps comme une machine qui, lorsqu’il y a des défectuosités, requiert des réparations.

Il s’agira alors dans ce cas de traitements de maladies physiques précises qui n’ont rien à voir avec des problèmes d’ordre mental ou social.

Ainsi, la santé physique peut se définir comme étant l’absence de maladie ainsi qu’un bon fonctionnement de l’organisme.

D’ailleurs, Stokes de dire que la santé physique en tant que modèle médical est un «État qui se caractérise par une intégrité anatomique, physiologique et psychologique; capacité d’assumer les rôles familiaux, professionnels et communautaires valorisés par la personne; capacité de gérer le stress physique, biologique, psychologique et social…»[3].

 

 

 

 

2.2.2    Modèle holistique et santé sociale

Le modèle holistique   de la santé se reflète dans la définition de l’OMS

La définition de l’OMS de 1947 illustre le modèle holistique de la santé, « La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité ».

En effet, ce modèle introduit l’idée d’une santé sociale complémentairement au modèle médical, la santé physique.

Santé sociale dans le sens où l’épanouissement au niveau de la société se traduit par une bonne santé amenant à la sensation de « bien-être » dont la démarche comporte des évaluations à la fois subjectives et sociétales.

2.2.3    Modèle du bien-être et santé cognitive

La santé cognitive ainsi le modèle du bien-être se complète dans le sens notamment ou la cognition reflète l’essence même de la vie.

En effet, des performances cognitives moindres, un faible QI, un apprentissage du langage défectueux, de médiocres résultats scolaires ainsi que des difficultés de concentration et d’attention… toutes ses anomalies cognitives déteignent sur le bien-être de la personne.

Incontestablement, les processus cognitifs se reflétant à la santé cognitive porte sur la totalité des processus qui vont permettre l’acquisition, le traitement, le stockage et l’utilisation des informations ou encore connaissances par l’individu outre les fonctions orchestrées par le cerveau portant sur : le langage, la mémoire, le raisonnement, la coordination des mouvements, les gnosies, la perception ainsi que les fonctions exécutives.

 

 

 

 

 

2.2.4    La santé psychologique : le bien-être

2.2.4.1 Le bien-être : un concept multidimensionnel

Selon l’OMS : « La santé mentale est un état de bien-être dans lequel chaque personne réalise son potentiel, fait face aux difficultés normales de la vie, travaille avec succès de manière productive et peut apporter sa contribution à la communauté»[4].

Ainsi :

Ryff et Keyes  affirment que le bien-être est formé par :

« – une bonne estime de soi et une évaluation positive de sa vie

– de bonnes relations avec les autres –

– une sensation de maîtrise sur sa vie et son environnement

– la sensation de pouvoir prendre ses propres décisions et d’être autonome

– donner un sens à sa vie

– se sentir dans la continuité de son développement personnel » [5]

2.2.4.2 Les dimensions du bien-être

D’après Netz et coll.[6], quatre dimensions définiraient le bien-être, à savoir :

– le bien-être émotionnel

– les perceptions de soi

– le bien-être psychique

– le bien-être perçu

  1. La dimension cognitive
  2. La satisfaction globale de vie (LS)

La satisfaction de vie, en ses termes, traduit une certaine mesure par rapport à

la qualité de vie telle que perçue par la personne concernée.

En effet,

– « La satisfaction est fondée sur une comparaison de la performance perçue du service avec un standard préétabli. » (Sylvie Llosa, 1997).

– « La satisfaction est le résultat d’un processus de comparaisons psychiques et complexes. La comparaison d’une valeur théorique avec une valeur effective : paradigme de confirmation / infirmation. » (Boris Bartikowski, 1999).

– « La satisfaction est un jugement de valeur, une opinion, un avis [qui] résulte de la confrontation entre le service perçu et le service attendu.» (France Qualité Publique, 2004).

– « La satisfaction est un état psychologique mesurable et consécutif à une expérience de consommation. » (Yves Evrard, 1993).

D’ailleurs, de nombreux indicateurs ont été proposés en tant que critères normatifs de la qualité de vie sans qu’il y ait eu de définition consensuelle du concept de qualité et de satisfaction de vie.

D’’ailleurs, Dalkey et Rourke, par exemple, proposent une définition exhaustive de la qualité de vie comme étant « le sentiment de bien-être d’une personne, sa satisfaction ou son insatisfaction face à la vie, au bonheur ou au malheur »[7].

Campbell et coll. quant à eux soutiennent le fait que le bonheur et la satisfaction sont des concepts différents en précisant que « la satisfaction fait intervenir le jugement ou la cognition, alors que le bonheur est davantage du ressort du sentiment ou de l’affect »[8].

  1. La qualité de vie (QOL)

La définition de qualité de la vie est fonction de plusieurs dimensions qui sont qualifiées autant d’objectives telles que la santé physique, la situation matérielle ou encore l’équilibre émotionnel que subjectives comme la satisfaction par rapport à l’existence.

Selon l’OMS, la qualité de vie : « C’est la perception qu’a un individu de sa place dans l’existence, dans le contexte de la culture et du système de valeurs dans lesquels il vit en relation avec ses objectifs, ses attentes, ses normes et ses inquiétudes. C’est un concept très large influencé de manière complexe par la santé physique du sujet son état psychologique, son niveau d’indépendance, ses relations sociales ainsi que sa relation aux éléments essentiels de son environnement. »[9]

Ce qui suppose que la qualité de vie est la résultante d’une combinaison des facteurs psychologique, physique, social et matériel pour évaluer le bien-être de l’individu.

 

 

  1. La dimension affective : le bonheur

Pascal a écrit : «Tous les hommes recherchent d’être heureux; cela est sans exception; quelques différents moyens qu’ils y emploient, ils tendent tous à ce but. […] C’est le motif de toutes les actions de tous les hommes, jusqu’à ceux qui vont se pendre»[10].

« Trouver un sens à sa vie » semble résumer ce qu’est le bonheur si l’on élargit cette phrase de Pascal.

Le mot « sens » suppose diverses définitions que ce soit en termes de but ou de direction. Cependant, pour le cas du bonheur, le sens à la vie se résumerait notamment à l’affect, l’affection à travers la dimension affective et relationnelle, notamment l’amour, l’amitié et la parentalité.

Incontestablement, la notion de dimension affective, ou encore d’affectivité, traduit selon Thomas et al. l’« ensemble des affects, émotions et sentiments éprouvés par l’individu dans des situations variées » qui renvoie « à l’impact et au retentissement émotionnel provoqués chez le sujet par les relations qu’il entretient avec lui-même, autrui et le milieu »[11]. Ce qui en d’autres termes traduit la notion de « sens à la vie ».

2.3 Discussion et conclusion

Il est évident que le bien-être est une notion complexe, plurifactorielle, mal définie, qui est beaucoup plus subtile que le simple fait de se sentir bien et que ce bien-être est constamment en évolution et en construction tout au long de notre vie.

 

 

  1. Concepts et théories autour des seniors

3.1 Introduction

3.2 Quel âge avons-nous quand on est vieux?

Il n’y a pas d’âge fixe déterminant de la vieillesse, les variations sont propres à chaque individu. En effet, on ne devient pas tous adultes à un âge précis, encore moins vieux, cela bien que l’espérance de vie à la naissance soit presque la même pour tous.

La question de l’âge de la vieillesse n’est pas forcément relative à la frénésie des démographes ou encore de gérontologues. Elle varie selon tout un chacun ainsi que de l’ensemble de la société.

Ainsi, la vieillesse débutait à 30 ans au XVIe siècle selon Montaigne, au XVIIe siècle par contre elle commence à 40 ans alors qu’en 1950, l’âge de la vieillesse correspond à plus de 60 ans (soit 16 % de la population) ; en 2000, de plus de 65 ans (16 %) ; et en 2060 la vieillesse débuterait vers 75 ans et plus (16 %)[12].

3.3 Les processus de vieillissement : multidimensionnel et multidirectionnel

Selon le dictionnaire HACHETTE Edition 2010, le vieillissement «c’est le fait de vieillir, de devenir vieux »[13]

De plus, l’OMS «définit arbitrairement certaines tranches d’âges : les personnes âgées seraient celles inclues dans la tranche d’âge des 60-74 ans, tandis que les personnes de 75 à 90 ans seraient des vieillards, puis de grands vieillards»[14], la vieillesse se définirait donc à partir de 65ans pour l’OMS.

Socialement, la vieillesse correspondrait à l’âge de cessation de l’activité professionnelle, autrement dit l’âge de la retraite soit entre 55ans à 60 ans.

D’ailleurs, le vieillissement est la « période naturelle de la vie correspondant à une modification des fonctions physiologiques, à une perte de relation sociale par l’arrêt de l’activité professionnelle et à une diminution des capacités physiques et cérébrales »[15].

Le vieillissement est donc le processus physiologique et continu qui débute dès la naissance et évolue jusqu’à la fin de la vie. Il représente par conséquent les effets des divers facteurs biologiques, psychologiques, sociaux, environnementaux, et génétiques (vieillissement intrinsèque) qui impactent l’Homme durant toute sa vie.

 

 

3.3.1    Le vieillissement organique

Le vieillissement normal encore appelé sénescence se traduit par des modifications sur le plan physique : force musculaire, capacités endocriniennes, équilibre, …et psychique : savoir faire, langage … qui varient d’un individu à un autre.

Afin de vivre longtemps, l’Homme s’adapte à son environnement, mais à l’approche de la vieillesse, cette capacité d’adaptation se voit diminuer, défaillir simultanément aux changements corporels et au ralentissement du rythme de vie.

Le vieillissement normal, en l’absence de pathologies affecte trois aspects de la vie :

  1. Impact sur la santé physique

Changements externes :

  • vieillissement cutané par l’apparition des rides, fragilité de la peau.
  • modification de la pilosité : perte des cheveux, blanchissement, affinement.
  • diminution de la taille : compression sans gravité des os, amaigrissement.
  • dégradation musculaire.

Diminution des fonctions physiques :

  • ralentissement de la marche, lenteur des mouvements.
  • perte d’équilibre, baisse de la coordination musculaire, des réflexes.
  • réduction de la force et de la puissance physique : diminution de la force musculaire.

Changements internes :

  • Vieillissement au niveau de l’appareil de locomotion : voûtement, chutes, diminution de la masse osseuse, de la tonicité …
  • Vieillissement cardiaque par hypertrophie du muscle myocardique qui en devient plus rigide, sclérose des artères, des vaisseaux qui affectent par la suite leur élasticité et souplesse.
  • Vieillissement respiratoire : diminution numérique et de la surface des alvéoles provoquant une « hypoxémie » due à la baisse de la capacité respiratoire, risque élevé d’infection, épaississement de la paroi des poumons avec modification de la cage thoracique.
  • Vieillissement de l’appareil génital : ménopause et andropause.
  • Vieillissement de l’appareil urinaire : en tant que muscle, la diminution de l’élasticité de la vessie, notamment de la paroi vésicale entraîne l’incontinence urinaire conjointement à une diminution du tonus sphinctérien.
  • Vieillissement de l’appareil digestif qui se traduit par la diminution de la motricité colique à l’origine de constipation, fécalome …
  • Vieillissement hématologique par la réduction des lymphocytes T et B rendant les personnes âgées plus vulnérables aux infections.
  1. Impact sur la santé cognitive
  • Vieillissement cérébral dû à une réduction de l’oxygénation et du débit sanguin.
  • Vieillissement cognitif et intellectuel se manifestant par des difficultés à se concentrer, une difficulté à mémoriser, une diminution de la performance mnésique et de la capacité à s’adapter aux situations non programmées.
  • Vieillissement du système visuel (baisse de la vision périphérique, augmentation de la sensibilité à l’éblouissement).
  • Vieillissement auditif qui se manifeste par le déficit de la perception auditive.
  • Vieillissement au niveau du langage ainsi que de la parole pouvant aboutir à des troubles du langage (difficultés d’articulation, de formulation).
  • Vieillissement des organes du sens, du goût et de l’odorat : altération de la gustation, perte olfactive, déficit de la transmission au niveau du système nerveux central comme l’évaluation du seuil de la douleur cutanée.

 

 

3.3.2  Dépendance et vieillissement

Apparu pour la première fois en France en 1973, le mot « dépendance » était utilisé comme qualificatif des personnes âgées dont la définition fut formulée par le docteur Delommier (1973) par : « le vieillard dépendant a donc besoin de quelqu’un pour survivre, car il ne peut, du fait de l’altération des fonctions vitales, accomplir de façon définitive ou prolongée, les gestes nécessaires à la vie ».

Selon le sociologue Emile DURKHEIM (1894), la dépendance fait partie de ces mots « qu’on emploie couramment et avec assurance, comme s’ils correspondaient à des choses bien connues et définies, alors qu’ils ne réveillent en nous que des notions confuses, mélanges indistincts d’impressions vagues, de préjugés et de passions ».

D’après le Professeur Bruno LESOURD lors de son audition le 24 juin 2010 : « La dépendance est l’impossibilité partielle ou totale pour une personneØ d’effectuer sans aide les activités de la vie, qu’elles soient physiques, psychiques ou sociales ; et donc de s’adapter à son environnement ».

La dépendance se traduit alors comme étant l’incapacité totale ou partielle de la personne âgée à réaliser, sans aide extérieure, les actes de la vie quotidienne.

Chez la personne âgée, la dépendance résulte de l’intrication de pathologies chroniques ou aiguës qui peuvent relever d’ordre physique, psychique et socio-environnemental.

 

 

 

3.4 Les théories sur le vieillissement

3.4.1 La théorie du désengagement

Issue du verbe « désengager » qui traduit un certain retrait, la théorie du désengagement stipule que plus l’on avance dans la vieillesse, plus l’on a tendance à se retirer progressivement, à avoir un certain retrait vis-à-vis de la société.

3.4.2 La théorie de l’activité

Cette théorie stipule que bien qu’il y ait changements physiques avec la vieillesse amenant à une perte de rôle, il importe de demeurer actif.

3.4.3 La théorie de la continuité

La théorie de la continuité amène une « pré »-vision de comment la personne vieillira selon sa psychologie, sa personnalité.

3.4.4 La théorie SOC : sélection-optimisation-compensation

Selon Baltes et Baltes[16], chaque personne souhaite avoir le contrôle sur leur vie par le biais d’une stratégie à trois composantes: la sélection, l’optimisation et la compensation.

La sélection se rapportant aux choix d’objectifs à atteindre, l’optimisation concerne les moyens appliqués pour y arriver et la compensation porte sur l’utilisation de moyens de substitution en cas de non disponibilité ou d’inefficacité des moyens encourus lors de l’optimisation.

Par extrapolation, le bien vieillir consistant à tirer le meilleur parti compte tenu des diverses modifications observées dans la vieillesse, cette théorie SOC se fonde sur les attributs individuels comme la motivation (sélection), la capacité d’adaptation (optimisation) et la résilience (compensation) dans l’atteinte de l’objectif : bien vieillir.

 

 

3.4.5. La théorie de la sélectivité socio-émotionnelle

Avec l’âge, chaque personne à tendance à se focaliser sur les informations émotionnelles positives reflétées par le social, notamment par la qualité de ce dernier.

Afin de préserver cette positivité, l’on a alors tendance à réduire le réseau social à travers un tri, une sélection qui met en exergue les personnes qui importent le plus sur le plan émotionnel[17].

3.4.6. Le vieillissement réussi : vieillissement subjectif

Le vieillissement peut être catégorisé selon trois modalités, chacune faisant la distinction entre trois modes de vieillissement (Jeandel, 2005; Trivalle, 2004):

– le vieillissement réussi: désigné comme ayant un maintien optimum des capacités fonctionnelles ou leur atteinte très modérée avec une absence de pathologie,

– le vieillissement usuel ou normal: désigné comme ayant une réduction de certaines capacités sans attribution cet amoindrissement à une maladie,

– le vieillissement avec morbidités ou pathologique: désigné comme ayant le plus souvent chroniques évolutives et handicapantes avec pour issue la dépendance.

Le vieillissement réussi/optimal est défini comme la probabilité faible de maladie ou d’incapacités liées à la présence d’une maladie, la présence de capacités cognitives et physiques importantes, ainsi que le maintien d’un engagement actif dans la vie quotidienne (Rowe & Kahn, 1997).

Pour bien vivre cette étape de la vie et comme toutes les autres le lien social est essentiel car comme le disait déjà Aristote «l’homme est un animal social». Il est donc indispensable d’évoquer le soutien social. Le soutien social peut ici être défini comme tout soutien émotionnel, financier, informationnel ou de compagnonnage que la personne âgée est susceptible de recevoir (Langford, Bowsher, Maloney, & Lillis, 1997).

Cependant, le soutien social émotionnel et de compagnonnage semble plus bénéfique aux personnes âgées que le soutien purement matériel (Penninx et al., 1997). Par ailleurs le soutien informel (famille, amis, etc.) serait plus bénéfique que le soutien institutionnel (Muramatsu et al., 2010).

Plusieurs études ont déjà pu mettre en évidence qu’il existait un lien entre le soutien social et les ressources sociales disponibles et l’espérance de vie dans une population vieillissante (Gliksman, Lazarus, Wilson, & Leeder, 1995; Sundquist et al., 2014; Uchino, 2009), particulièrement après un changement d’environnement suite à une perte d’autonomie fonctionnelle (Dramé et al., 2013).

Figure 01 : Vieillissement réussi

 

 

3.5 Discussion et conclusion

D’une manière générale, les modifications corporelles subséquentes au vieillissement : rides, alopécie ou encore une prise ou perte de poids marquée impactent sur la santé, notamment physique et morale.

Ces atteintes sont à l’origine de déficit d’identité qui peut conduire à une perte de son concept de soi, de son estime de soi et de pis en pis vers la dépression, voire même le désespoir, bref à un mal-être généralisé.

L’image corporelle est selon Paul Schilder (2001), « l’image de notre propre corps que nous formons dans notre esprit, autrement dit, la façon dont notre corps nous apparaît à nous même ». L’image corporelle est donc la résultante à la fois consciente et inconsciente de l’image projetée vis-à-vis du corps qui englobe toutes les perceptions passées et présentes.

D’après Bob Price (1998), le corps se définit par l’ensemble du corps réel, du corps idéal et de l’apparence qui reflète l’image du corps aux autres.

Le corps réel comme son nom l’indique est le corps comme il est, à l’instant réel, tel qu’il existe, assujetti par l’hérédité et modulé par le temps, le milieu. Le cancer impact fondamentalement le corps réel de par les effets secondaires des traitements, ce qui amène un regard réaliste et une prise de conscience assez dure des limites du corps, perturbant gravement l’image corporelle.

Le corps idéal que renvoie la perception de l’image corporelle peut également être lésé par l’altération du corps réel et par conséquent affecter l’équilibre tant physique que mental de la personne lors de cancer.

 

 

 

  1. Concepts autour des vacances

4.1 Définition

Selon l’Organisation mondiale du tourisme (OMT) (1995), les vacances sont définies comme étant[18] :

« L’ensemble des déplacements d’agrément comportant au moins quatre nuits consécutives hors du domicile. Sont exclus des vacances :

– les déplacements professionnels ;

– les voyages d’études ;

– les séjours motivés par la maladie ou le décès d’un proche ;

– les séjours de santé dans des établissements spécialisés :

– les courts séjours d’agrément (deux ou trois nuitées) et les week-ends réguliers. »

4.2 Typologie des possibilités que les vacances procurent[19]

Les seniors sont presque des touristes comme les autres à la simple différence de leurs âges qui supposent la nécessité d’ajuster les vacances par rapport aux services d’accompagnement compte tenu de l’état de santé assez délicat et déclinant des seniors.

Ainsi, les typologies classiques s’appliquant pour des touristes « adultes » valent également pour les touristes « seniors »:

-Le consommateur de produits touristiques qui se tourne plutôt vers la découverte, gardant un goût prononcé pour l’aventure afin de préserver son autonomie, son indépendance.

– Le consommateur frileux qui est très précautionneux et nécessité beaucoup de repères, de conseils et d’encadrement, de l’assurance.

4.3 Les effets potentiels des vacances sur les composantes de la santé des seniors[20]

En tant que moment de détente, de loisirs ainsi que de partage de plaisirs, les vacances impactent à tous niveaux de santé : physique, mentale, sociale.

Les vacances offrent un moment de répit par rapport aux tumultes de la vie quotidienne et permettent de prévenir des effets de l’avancée en âge.

En effet, les vacances permettent aux seniors de sortir de leur « isolement » tout en créant des liens sociaux à travers les rencontres et échanges qui ont eu lieu et peuvent se prolonger après le séjour.

Par ailleurs, les stimulations psycho-intellectuelles subséquentes à ces rencontres contribuent au maintien des activités cognitives, relationnelles, sociales et par voie de conséquences à l’entretien de la santé.

4.5. Discussion et conclusion

Pour les personnes âgées, le temps des vacances est un temps privilégié qui : – procure du bien-être et une perception d’amélioration de son état de santé, – renforce l’estime de soi, permet de se projeter à nouveau dans le temps, – permet de reconstituer les liens familiaux dans le cadre de séjours intergénérationnels, – permet de recréer du lien social entre seniors, – permet de stimuler les facultés cognitives par des activités inhabituelles exercées pendant le temps des vacances, – permet de transmettre des savoir-être et des savoir-faire notamment lorsque les séjours se déroulent au sein d’un collectif.

 

 

 

Partie III. Partie pratique.

Récolte des données

Analyse des données

Discussion et Conclusion

Ouverture vers une autre question de recherche

 

 

BIBLIOGRAPHIE

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