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Traumatisme Sexuel pendant l’Enfance et Déliaison des Pulsions de Mort et de Vie

Traumatisme Sexuel pendant l’Enfance et

Déliaison des Pulsions de Mort et de Vie

 

Table des matières

Introduction   ……………………………………………………………..

 

Quelques notions sur le sujet à développer et intérêt du thème de recherche

Problématique de la recherche

Les hypothèses de travail

Les objectifs de recherches

Le cheminement de cette recherche

 

Première partie : Revue de littératures sur les traumatismes ………..

 

1.                  Le traumatisme  et ses origines identifiées ……………………………………

 

1.1.       Sens courant du traumatisme ……………………………………………….

 

1.1.1.      En médecine, ……………………………………………………..

1.1.2.      En psychologie, …………………………………………………..

 

1.2.       Le traumatisme selon les auteurs ………………………………………….

 

1.2.1.      Selon Freud ……………………………………………………….

1.2.2.      Selon Ferenczi …………………………………………………….

1.2.3.      Les auteurs (psychanalystes) contemporains (ROUSSILLON, BODANOWSKI …………………………………………………..

 

1.3.       L’agressivité ………………………………………………………………..

 

1.4.       De l’agressivité à la violence (MARTY, Transformer la violence ? traumatisme et symbolisation) …………………………………………….

 

1.5.       L’abus sexuel, le traumatisme sexuel, quelles conséquences …………….

 

1.5.1.      Quoi, Qui, Quand et Comment se manifeste l’abus sexuel ……….

1.5.2.      Les origines du choc psychologique ………………………………

1.5.3.      Conséquences  …………………………………………………….

1.5.4.      Compulsion de répétition …………………………………………

 

2.      Les pulsions …………………………………………………………………………

 

2.1.       Sens courant de la pulsion et résurgences ………………………………….

2.2.       Pulsions suicidaires (Denys RIBAS, Pulsion de mort et destructivité, Revue Française de psychanalyse) …………………………………………

2.3.       Pulsion et déliaison de Freud ……………………………………………….

 

 

3.      L’après-coup  ……………………………………………………………………….

 

3.1.       Processus explosif de déliaison ……………………………………………..

3.2.       Le traumatisme psychique à l’après-coup ………………………………….

 

 

4.      La psychopathologie psychanalytique ……………………………………………

 

4.1.       La notion de psychopathologie ……………………………………………..

4.2.       Traitement psychanalytique du traumatisme majeur ……………………….

 

Deuxième Partie : Méthodologie et Partie Clinique ……………………

 

5.      Méthodologie ……………………………………………………………………….

 

·         Les objectifs de recueil de données ……………………………………………..

·         Le choix des personnes interviewées (personnes hospitalisées sur des périodes de plus d’un mois ayant subies des abus sexuels pendant l’enfance. 2 femmes de 52 ans Martine et 60 ans Françoise) ………………………………………….

·         Les outils mis en œuvre  pour le recueil de données- le cadre : face à face, sans enregistrement, prise de note en fin de séance, méthode d’intervention d’orientation psychanalytique que j’ai dû adapter à l’urgence de la situation, du fait d’une prise en charge courte) ……………………………………………….

·         L’instrument des entretiens ……………………………………………………..

·         Les thèmes de recherches ……………………………………………………….

·         Les guides d’entretiens …………………………………………………………

– entretien auprès des sujets en observation clinique

– entretien auprès du personnel thérapeute

·         Les critiques sur la méthodologie ……………………………………………….

·         Déroulement des entretiens ……………………………………………………..

·         Déontologie ……………………………………………………………………..

 

6.      Partie clinique  …………………………………………………………………….

 

6.1.       Observation clinique, présentation des 2 cas. Françoise et Martine ……….

6.2.       Analyse des résultats et rappel des hypothèses …………………………….

6.3.       Confrontation  de la synthèse aux données théoriques …………………….

 

7.      Conclusion ………………………………………………………………………….

 

8.      Bibliographie ……………………………………………………………………….

 

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Introduction

 

Nous allons exhiber quelques notions sur le sujet à développer et sur l’intérêt du thème de recherche. Le sujet à traiter concerne :

 

Le cas de Françoise, une femme de 60 ans, hospitalisée pour dépression sévère. Elle a été violée à l’âge de 9 ans, en présence de son frère de 14 ans son ainé. Celui-ci la violait pendant 3 ans, sans que les parents s’en rendent compte. Devenue anxieuse et inhibée, cette dame passe sa vie à lutter contre des phobies et des accoutumances au travail, des addictions aux jeux (en ligne surtout) ainsi que de violentes pulsions suicidaires, par exemple : prendre sa voiture et se mettre dans un mur. Malgré ces difficultés, elle réussit à mener une vie ‘normale’ dont un mariage et deux enfants.

 

Elle craque à 60 ans après avoir vidé les économies du couple (jeux en ligne, 90 000€). Pendant toute cette période, elle refoule et ne se souvient de rien mais sait qu’elle est sale et qu’elle paye une faute qu’elle a commise. C’est juste avant son hospitalisation pour EDM qu’elle arrive à verbaliser le viol initial et l’inceste avec son frère.

 

Le cas de Martine, 52 ans, une femme hospitalisée pour un état général anxieux. Elle a subi des attouchements à l’âge de 6 ans, par un inconnu qui l’a entrainée dans une pièce isolée, il a été interrompu par la mère qui cherchait sa petite fille. Le père a imposé le silence craignant que cela ne rejaillisse sur sa notoriété de médecin. A l’adolescence, lors d’un voyage au Maghreb, elle manque de se faire violer, son accompagnatrice intervient et se fait violer à sa place. Cette dernière lui demande de ne rien dire, de n’en parler à personne parce qu’elle a trop honte. Ensuite, Martine souffre d’anxiété, elle devient boulimique et souffre également d’aphanisis. Elle dit ne se souvenir des agressions qu’elle a subit qu’à l’âge de trente ans, au moment où elle souhaite avoir un enfant. Elle aura deux enfants avec son mari. Mais Martine se fait hospitaliser régulièrement à la suite de tentative de suicide ou de dépression. Elle dit qu’elle est déjà morte et que sa vie est une souffrance de chaque instant.

 

 

Notre thème de recherche est basé sur les cas deux femmes d’âge mûr traumatisées et subissant un refoulement. En nous référent aux écrits de Thierry Bokanowski, l’intérêt de notre recherche est fondé sur l’évolution du concept du traumatisme en psychanalyse suivant les remaniements dans l’œuvre freudienne ainsi que sur des propositions avancées par S. Ferenczi lors des dernières années de sa vie (1928-1933).

 

 

Problématique de la recherche

 

« Quel est le devenir de l’équilibre pulsionnel après un traumatisme sexuel subit pendant l’enfance ? ».

La recherche n’est pas a priori axée vers le traitement d’un traumatisme psychique (ou psycho traumatisme) qui est un terme signalant un type de dommage causé à la psyché après un événement traumatisant comme l’abus sexuel pendant l’enfance. Mais il s’agit de creuser les liens de causalité, procéder à un diagnostic. Nous allons vérifier que lorsque le traumatisme conduit à un trouble de stress post-traumatique, il existe des liens de causalité changeant la réponse de l’individu à un stress, malgré l’âge très avancé du sujet.

Les hypothèses théoriques

 

Pour supporter la blessure narcissique qui lui est infligée (la blessure libidinale sur le moi), le sujet traumatisé s’attribue, s’octroie  l’origine du traumatisme. Il en nourrit une forte culpabilité. Celui-ci se transforme en agressivité retournée vers le moi et aboutit à une tendance importante au masochisme qui est un comportement d’une personne qui éprouve un certain plaisir dans la douleur physique ou morale.

 

Les hypothèses de travail

 

Une femme qui a subit un traumatisme sexuel pendant son enfance, surtout si celui-ci n’a pas pu être divulgué et demeure un secret de famille, cette femme se voit condamnée à vivre avec la honte et la culpabilité. Se sentant responsable, elle retourne l’agressivité contre elle-même et cherche à se détruire. Le surmoi accusateur juge et ne protège pas le moi « Quand notre surmoi ne nous aime plus, il n’y a plus qu’à se tuer » Francis Pasche.

 

La douloureuse désintrication de la pulsion de mort et de la pulsion de vie s’observe chez les femmes dans des tentatives de suicide, des addictions destructives et dans l’agressivité.

Il s’agit pour notre cas de supposer que le sujet puisse réagir et réunir toutes ses capacités afin d’éloigner les pulsions suicidaires ou toute autre tendance détruisant son existence.

Les objectifs de recherches

Il s’agit de démontrer que le traumatisme peut prendre plusieurs voies, par conséquent les objectifs de recherches sont d’inventorier les cas possibles selon les auteurs comme S. Freud,  S.Ferenczi, B.Rosenberg, Il s’agit aussi de démontrer la possibilité de guérir un sujet traumatisé partant des théories et analysant les expériences vécues.

Le cheminement de cette recherche

 

Pour atteindre les objectifs  de recherches, nous allons voir dans la première partie les revues de littératures sur le traumatisme en observant également les autres cas de figures comme l’agressivité, la violence, l’abus sexuel, etc.

 

Nous allons discuter les écrits sur les pulsions et l’après-coup selon les auteurs qui ont soigneusement approfondi les thèmes. Nous n’allons pas  minimiser les notions de la psychopathologie psychanalytique autour desquelles sont portés les points forts de ce mémoire.

 

Les grilles d’entretien administrées auprès des patientes et auprès du personnel thérapeute vont sortir des résultats à comparer à la théorie. Cette comparaison consiste à faire une synthèse et vérifier les écarts entre la théorie et les cas pratiques.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Première partie

 

Revue de littératures sur les traumatismes

 

 

 

 

 

  1. Le traumatisme et ses origines identifiées

 

 

  • Sens courant du traumatisme

 

Dans un premier temps, nous allons voir succinctement le sens du traumatisme en médecine, en psychologie.

 

  • En médecine

 

Par définition, le traumatisme, dans le secteur de la médecine, est un choc ou une détérioration physique causé par une blessure qui s’est manifestée promptement, ou par un accident. Le traumatisme majeur entraîne probablement, lorsqu’il atteint un certain degré de sévérité, à des complications secondaires, par exemple la chute de la pression sanguine pouvant conduire à un état de choc ou à la mort. Un malade souffrant de traumatisme et ramener à la vie doit subir de multiples procédures médicales. Il est à signaler que le traumatisme est parmi les premières causes de mort (à la sixième place sur le plan mondial) et engage des coûts sociaux non négligeables dans le secteur santé.

 

En termes de classification, le traumatisme est localisé selon la partie du corps touchée. Le classement du traumatisme est donc ordonné selon les données suivantes[1] : (i) Traumatisme  des extrémités [2%] ; (ii) Traumatisme abdominal [10%] ; (iii) Traumatisme thoracique [20%] ; (iv) Traumatisme crânien [30%] ; et enfin (v) le poly traumatisme [environ 38%].

 

Nous allons énumérer sommairement les causes les plus fréquentes des traumatismes : les accidents de la route[2] qui est une première cause des morts aux Etats-Unis, les chutes classés comme 2ème cause de morts traumatiques[3], un plongeon dans le coma suite à la pénétration d’un corps étranger dans les tissus corporel de l’homme, une blessure par explosion entraînant parfois le poly-traumatisme, l’abus de médicaments psychotropes utilisés dans le traitement de l’anxiété, de l’insomnie, etc. , l’abus d’alcool ou de drogues.

 

Nous n’allons pas entrer dans les détails du traumatisme en médecine et nous nous limitons à ces énumérations étant donné le point principal de notre recherche. Cependant, il est important de signaler ces définitions, ces classifications et ces causes qui, dans certains cas, conduisent à un autre cas de figure du traumatisme.

 

 

  • En psychologie

 

 

En psychologie, le traumatisme signale la manifestation de violence inhabituelle pendant laquelle l’ampleur physique et psychique d’un individu est menacée.  Si le cas est un effet d’événement sur un individu, ceci désigne alors un événement traumatogène. La notion de traumatisme psychique ne se limite pas à cette règle relative aux faits. On peut observer un même « événement » entraînant des effets traumatiques différents d’un individu à un autre.

 

C’est donc l’événement représentant une menace pour l’intégrité de l’individu qui a un effet potentiellement traumatique. L’événement dépasse les possibilités de réaction de l’individu  et  survient de manière soudaine et non anticipée, assorti de sentiment de terreur, de détresse, de solitude, d’effroi, d’abandon. L’éventail des événements traumatogènes est donc multiple, entre autres la violence physique, la violence sexuelle, l’exposition à des scènes de violence, la guerre, les catastrophes naturelles, et dans la plupart des cas où l’individu ne peut s’empêcher de penser à une situation qui l’a dépassé émotionnellement.

 

En général, il existe deux types de traumatismes. Le type UN  est relatif à une tragédie unique, isolée, limitée dans le temps, exemple : un accident, un cataclysme naturel, une agression physique, un viol, etc. Et le type DEUX se rapporte à une situation répétitive, c’est-à-dire que l’individu est réexposé à un événement identique, par exemple les violences familiales, les guerres, etc.

 

En cas de traumatisme psychique, l’agitation désordonnée peut être transitoire ou durable, selon le cas.  Les manifestations des traumatismes psychiques peuvent être immédiates,  post-immédiates ou différées.

 

En ce qui concerne les manifestations immédiates, le corps réagit pendant l’événement traumatique. C’est donc la réaction très courte d’immobilité du système parasympathique (disparition brusque des fonctions vitales, sidération affective) et par la suite  la réaction de fuite ou de combat du système sympathique (hyperventilation, tachycardie ou accélération des battements du cœur) se manifestant par des comportements d’agitation, de panique, de fuite, des effets mimétiques ou peut-être même des symptômes névrotiques telles que la attaque hystérique, la phobie ou  des manifestations psychotiques comme les délires, la désorientation pour le cas des individus prédisposés.

 

Lorsque l’événement est terminé, la phase de réaction du stress aigu comme l’agitation, l’angoisse, les souvenirs intrusifs, l’absence d’émotion, se produit. En effet, ce sont des réactions normales à la suite d’une expérience traumatique.

 

Quant aux manifestations post-immédiates, l’événement traumatique peut être vécu comme (i) une vague de stress aigu reliée à des symptômes anxieux, c’est-à-dire la réapparition des souvenirs du traumatisme suivie d’insomnie, d’insécurité et d’angoisse ; (ii) un chaos émotionnel ; et (iii) des symptômes dépressifs tels que le sentiment d’impuissance, la perte de repère, le deuil impossible, la crise de sens dans la vie.

 

Pour les manifestations différées, après une période, les réactions peuvent prendre la forme de manifestations telles que l’hyperexcitation somatique, syndrome de répétition, la dissociation et l’évitement. Ces manifestations différées sont composées d’agitation, d’angoisse, de souvenirs récurrents intrusifs, des cauchemars, du détachement, de l’anxiété situationnelle ou sociale. Ceci se rapporte à la disposition de stress post-traumatique. Et cet état peut devenir chronique et associé à d’autres difficultés comme l’alcoolisme, la dépression, l’anxiété, les troubles de sommeil[4].

 

Les répercussions ou séquelles à long terme du traumatisme psychique sont surtout la dissociation binaire de la pensée et du comportement, qui fait balancer ceux-ci entre deux forces contraires, ce qui amène à la fois à des dichotomies cognitives radicales (pensée binaire ou dualiste) et à des dissociations comportementales et pulsionnelles prises pour une ambivalence constitutionnelle.

 

 

  • Le traumatisme selon les auteurs : Freud, Ferenczi,

 

 

  • Selon Freud

 

Au début de l’élaboration freudienne, le traumatisme avait un rapport à un événement personnel de l’histoire de l’individu se caractérisant par les affects pénibles qu’il peut provoquer et que l’individu ne peut se libérer d’un refoulement affectif par une réaction d’extériorisation appelé abréaction. En effet, l’abréaction peut signifier une décharge émotionnelle par laquelle l’individu de libère de l’émotion attachée au souvenir d’un événement traumatique lui donnant la possibilité de ne pas rester pathogène. Dans certaines circonstances, il est possible que cette abréaction ne se produise pas :

 

  • sidération, aucune réaction de l’individu de par cette décharge d’émotion ;
  • l’individu dispose des conditions psychologiques particulières au moment de l’événement appelé « état hypnoïde de Breuer » ;
  • L’expression authentique des affects est entravée par des pressions sociales ;
  • Le conflit psychique empêche le sujet d’intégrer l’événement dans le tableau de ses représentations personnelles ; et
  • Le supplément d’excitation dont l’appareil psychique n’arrive pas à se débarrasser

 

A cette époque, Freud considère le traumatisme marqué sur un continuum défini à partir de l’excès de stimulation jusqu’à l’insertion de l’événement et de ses coordonnées, et ce dans une organisation psychique marquée par le conflit inconscient.

 

Freud attribue une origine sexuelle au traumatisme où nombre d’exposés dans les études sur l’hystérie mettent au jour cette étendue sexuelle et la localisation dans la vie pré-pubertaire. Pourtant, cette origine traumatique n’est pas toujours accessible et Freud désagrège le dispositif traumatique en deux événements : (i) une scène de séduction dans laquelle l’enfant subit un abus sexuel par un adulte dont la signification reste mystérieuse ; (ii) une scène d’aspect insignifiant habituellement après la puberté vient évoquer la première scène par des chaînons associatifs.

 

C’est alors dans l’après-coup de cette deuxième scène qu’une multitude d’excitations vient à déborder la capacité de défense de l’appareil psychique, et comme souvenir la première scène devient pathogène. Cette progression retrace la forme classique de la théorie de séduction.

 

Pour illustrer cet enchaînement, prenons l’exemple de « Emma » cité dans « Esquisse d’une Psychologie Scientifique »[5] «Emma est hantée par l’idée qu’elle ne doit pas entrer seule dans une boutique. Elle en rend responsable un fait remontant à sa treizième année (peu avant la puberté). Ayant pénétré dans une boutique, elle aperçut les deux vendeurs (elle se souvient seulement de l’un d’eux) qui s’esclaffaient. Prise de panique, elle sortit précipitamment. De là l’idée que les deux hommes s’étaient moqués de sa toilette et que l’un d’eux avait exercé sur elle une attraction sexuelle. […] cette impression aurait dû depuis longtemps s’effacer […]. Ainsi le souvenir resurgi n’explique ni l’obsession, ni la détermination du symptôme. L’analyse met en lumière un autre souvenir qui, dit-elle, n’était nullement présent à son esprit au moment de la scène [précédente]. A l’âge de huit ans, elle était entrée deux fois dans une boutique pour y acheter des friandises et le marchant avait porté la main, à travers l’étoffe de sa robe, sur ses organes génitaux. Malgré ce premier incident, elle était retournée dans la boutique, puis cessa d’y aller. Par la suite, elle se reprocha d’être revenue chez ce marchand, comme si elle avait voulu provoquer un nouvel attentat[6]

 

Et Freud cherche à découvrir un lien associatif entre les deux scènes :

 

«La patiente me fit elle-même observé que ce lien était fourni par le rire. Celui des deux commis lui avait rappelé le sourire grimaçant dont le marchand avait accompagné son geste. Reconstituons maintenant tout le processus. Les deux vendeurs rient dans la boutique et ce rire rappelle (inconsciemment) le souvenir du marchand. La seconde situation a avec la première un autre point commun : la petite n’était pas accompagnée. Elle se souvenait de l’attouchement pratiqué par le marchand. Mais depuis elle avait atteint la puberté. Le souvenir déclenche une poussée sexuelle (qui n’eût pas été possible au moment de l’incident) et qui se mue en angoisse. Une crainte la saisit, elle a peur que les commis ne répètent l’attentat et s’enfuient ».

 

Pour Emma, qui est ici la patiente, l’incapacité à rester seule dans une boutique demeure inexpliquée. Malgré cela, elle établit un lien avec un souvenir conscient vécu lors de sa treizième année, c’est-à-dire le rire des vendeurs. Ce souvenir n’a malheureusement pas une force explicative convaincante. L’analyse déborder une autre chaîne de déterminations avec la manifestation d’un souvenir antérieur qui n’était pas demeuré conscient. Freud avance que c’est l’effet d’une décharge sexuelle intervenue lors de la scène avec les vendeurs. L’incident suscite un affect que l’attentat lui-même n’avait pas produit, entre temps les phénomènes pubertaires entraînent une compréhension nouvelle des faits remémorés, malgré que cette compréhension nouvelle s’avère insupportable. Pour Freud donc, un tel cas d’Emma présente un tableau typique de refoulement hystérique.

 

Avant la sortie de son ouvrage intitulé « Introduction à la psychanalyse » en 1915-1917, Freud se maintient à une part traumatique dans l’étude des causes de la névrose. Au mode individuel de fixation de la libido, lui-même dépendant d’une constitution sexuelle et d’événement ayant marqué l’enfant de l’individu, il ajoute l’idée d’un événement accidentel traumatique qui survient en un second temps et déclenche la névrose. Plus tard, Freud met encore plus l’accent sur les répétitions observables chez les individus soumis à un afflux d’excitations auquel leur appareil psychique ne supporte pas.

 

Ces faits entraînent Freud à une nouvelle étape dont la reconnaissance d’une compulsion de répétition, sachant que dans certains cas, l’appareil psychique n’est pas capable de lier[7] les excitations trop intenses. Le traumatisme  fait cesser le fonctionnement du principe de plaisir, en tant que facteur de perturbation de l’économie libidinale mais également menaçant l’intégrité du psychisme.

 

Ultérieurement, Sigmund Freud renouvelle la notion de traumatisme dans inhibition, manifestation et angoisse (1926).  En déclenchant un signal d’angoisse, le moi cherche à échapper le débordement par un afflux d’excitations internes, il peut être en conséquence attaqué du dedans comme il l’est du dehors.

 

Le rôle central du traumatisme dans l’étude des causes des désordres psychiques est amplement accepté comme une théorie de « bon sens » qui propose une causalité parfaitement identifiable des manifestations incompréhensibles, mais une question persiste « qu’est ce qui fait que tel événement a valeur de traumatisme pour tel sujet ? ». De surcroît, Freud découvre qu’on se trouve rarement face à un traumatisme isolé. Dans nombre de cas, on se trouve face à une série de traumatismes identiques dans l’histoire des individus. Peut-on dans telle circonstances confirmer que c’est le même traumatisme qui se répète, mais comment concevoir cette chaîne répétitive qui s’instaure comme un ordre contraignant pour l’individu ?

 

Un autre cas de figure : la cause de symptôme est-elle à chercher du côté de l’absence de réaction au traumatisme ? Les dispositions à l’agir et à l’expression lors de l’apparition d’événements considérés comme porteurs  d’une intensité excessive de stimulation semblent aller dans ce sens. Comme stimulations, on peut énumérer ici : les accidents, les violences, les abus, le deuil).

 

 

Néanmoins, Freud est amené à céder pour une part la théorie de la séduction précoce. Les récits de scènes d’attirance ne lui semblent pas trop élaborés sur le même modèle chez les patientes causant la remise en cause de la réalité de l’incident sexuel supposé à l’origine de l’évolution des symptômes. L’incident sexuel semble davantage relever de la sphère du fantasme. Selon Lacan, le traumatisme n’est pas à comprendre dans l’ordre de l’accidentel mais plutôt comme un fait de structure. Les idées lacaniennes de l’Imaginaire, du Symbolique et du Réel concourent à un réagencement des domaines théoriques de Freud relatifs  au traumatisme.

 

On distingue alors chez Freud  (i) une théorie d’un traumatisme réel. L’individu est à court de mots pour rendre compte d’une expérience précoce. Des traumatismes secondaires sous forme de petits incidents se produisent plus tard rappelant le traumatisme primaire et on assiste à un déclenchement du symptôme ; (ii)  Une théorie d’un traumatisme imaginaire. Dans les scènes secondaires, il s’agit d’une  rencontre avec la signification par rapport au registre de la sexualité. C’est cette occasion après coup qui donne son sens à telle ou telle expérience subjective du passé. En effet, le choc primaire n’est pas objectivable dans la plupart des cas. L’incapacité à le saisir comme tel amène à la constitution d’un scénario significatif par lequel l’individu conçoit à sa façon un rapport entre la jouissance et la Loi. La constitution du fantasme va alors orienter le désir de l’individu ; (iii) une théorie d’un traumatisme symbolique : un acte fait trou dans l’enchaînement symbolique, d’où le néologisme lacanien de « troumatisme ». Ce troue concerne la confrontation avec le réel du sexuel, impossible à symboliser. C’est le lieu de jouissance non exprimable par les paroles, ineffable que le symbolique n’arrive pas à faire disparaître.

 

Dirions-nous que par développement de toutes ces données, tout individu est confronté à un traumatisme constitutif, qui est l’existence même du langage. Dans ses expressions, l’individu est renvoyé à l’ordre d’une théorie difficile à démontrer d’où il doit en passer par l’ordre de la demande pour ce qui règle ses plaisirs. L’être humain  est principalement un être traumatisé.

 

 

  • Selon Ferenczi

 

Faisons tout d’abord connaissance avec  l’auteur. Sandor Ferenczi (1873-1933) est un psychanalyste hongrois. Son parcours de psychanalyste fut marqué par  une psychanalyse avec Freud. Une psychanalyse dont les historiens dans le domaine repèrent une énergique transférentielle et contre-transférentielle très importante. Les écrits de Ferenczi ont fait ressortir une exigence de loyauté et de sincérité ainsi que l’ambition d’apporter de vrais soins aux patients. Sa position courageuse et originale lui valut d’être esseulé par l’association internationale de psychanalyse (I.P.A.) à la fin de sa vie.

Ferenczi déplorait l’hypocrisie de ces contemporains psychanalystes qui se réfugiaient derrière les concepts de résistance et de transfert négatif pour ne pas réviser leur théorie de référence ou leur pratique. On le surnommait l’ « enfant terrible » de la psychanalyse du fait qu’il était décidé  à pousser jusqu’au bout de sa pensée et l’exprimer sans se censurer.

Ferenczi est convaincu que la technique et la théorie peuvent s’adapter à chaque cas de figure et à chaque individu. Cette persuasion est à l’origine de ses innovations théoriques et cliniques.

Généralement, la psychanalyse reconnaît que l’étude des causes et des facteurs ou l’étiologie des pathologies psychique est à l’origine des événements qui se passaient chronologiquement dans l’enfance et la première enfance : les psychoses[8] ont leur étiologie fixée dans la prime enfance plus ancienne que les névroses[9].

C’est pour cette raison que Ferenczi s’intéresse aux phases primaires de l’enfance, surtout pour la formation de l’appareil psychique. Le concept d’appareil psychique selon Freud se situe entre l’esprit et le cerveau. La notion d’appareil destitue chez Freud au mécanisme de l’inertie. Freud change ce principe général de la physique en créant un fondement spécifique d’inaction et de constance.

Au travers de cette théorie Freud fait comprendre que la quantité d’énergie psychique doit logiquement rester invariante en trouvant des modes de soulagement. Le principe d’introjection résulte de cet intéressement de Ferenczi pour les pathologies narcissiques ainsi que de sa compréhension de l’enfant et de l’adulte.  Par définition, l’introjection  est un processus qui met en évidence le passage fantasmatique du dehors au dedans. L’introjection est semblable à la notion d’identification, ce qui est  souvent l’inverse du mécanisme  de projection.

En effet, en 1909, Ferenczi décrit l’opération psychique « introjection » dans son écrit « Transfert et introjection » comme étant l’opposé de la projection (considérée comme un mécanisme de défense désignant tous les stratagèmes ou procédés dont se sert le Moi dans des conflits éventuellement névrotiques.)

L’introjection est alors un mode d’identification particulier, consistant en l’intériorisation de traits et de qualités du monde extérieur en soi, sans considération de frontière dedans/dehors.

L’introjection correspond à une extension du moi dans son intégration inconsciente de l’extériorité. Ferenczi de préciser « L’homme ne peut aimer que lui-même et lui seul, aimer un autre équivaut à introjecter cet autre dans son propre moi ».

Ferenczi, malgré son apport théorique si fondamental et son point de départ de bien des déploiements si modernes, il était un thérapeute convaincu; il multipliait les expérimentations sur le plan  technique, ayant pour but de sécuriser raisonnablement ses patients traumatisés pour leur permettre de remonter jusqu’au trauma à l’origine de leur maladie. Mais il pensait que ceci ressemblait à un trauma enduré dans la petite enfance, qui n’a jamais été vécu intentionnellement et qui ne pouvait alors être rappelé par la technique « classique ». Ferenczi définit  le trauma comme un choc, une forte émotion, qui fait exploser la personnalité. Il a essayé de  définir la séparation qui en résulte par différentes  images : clivage d’une partie morte, tuée par la violence du choc, qui permet au reste de vivre une vie normale, mais avec une partie de la personnalité qui est défaillante, qui ne peut pas être touchée, comme une sorte de tumeur au sein de la personnalité; ou encore sous l’effet de chocs répétés (comme dans le cas de RN par exemple), il parle de clivages diversifiés pouvant provoquer un morcellement en fragments illimités, l’atomisation. Comme si la personnalité agressée se fragmentait pour se sauver dans tous les sens, augmentant ainsi la surface à opposer au choc.

Notre confrère de Canada, Marcel Hudon, a synthétisé tout le processus de ce concept de Ferenczi, de l’autotomie au départ  jusqu’à l’atomisation des années 30, dans un article explicite paru dans le journal de l’association montréalaise. Nous n’ignorons pas comment Nicolas Abraham et Maria Torok ont conçu les effets du trauma, des conceptions qui ont puisé certainement une partie de leurs origines  dans la théorie ferenczienne.

C’est d’une manière progressive, basée sur ses observations cliniques, que Ferenczi a conçu sa théorie du trauma, au demeurant jamais achevée. A l’exemple de Freud, il est convaincu que deux temps sont fondamentaux pour pouvoir considérer le trauma pathogène. Mais Il ne parle pas les mêmes deux temps. Le trauma en soi ne l’est pas forcément; et probablement, s’il est correctement repris par l’entourage, il peut favoriser un développement normal. Mais Il ne parle pas les mêmes deux temps. Le trauma en soi ne l’est pas forcément; et probablement, s’il est correctement repris par l’entourage, il peut favoriser un développement normal. Les éléments qui peuvent le rendre pathogène sont à titre d’exemple l’effet de surprise, la répétition des traumas, l’hypocrisie, la culpabilisation, le rejet, le mensonge.

Dans « Transfert et introjection », qui véhicule la notion d’introjection primitive, Ferenczi décrit le transfert par la répétition des premières relations d’objet :

« Le premier amour, la première haine se réalisent grâce au transfert : une partie des sensations de plaisir ou de déplaisir, auto-érotiques à l’origine, se déplace sur les objets qui les ont suscitées. [.] Le premier amour objectal, la première haine objectale sont donc la racine, le modèle de tout transfert ultérieur qui n’est dons pas une caractéristique de la névrose, mais l’exagération d’un processus mental normal.[10] »

Dans ce texte, le concept d’introjection, qui est bien antérieur à la théorie freudienne de l’identification, est définie par son auteur comme un mécanisme qui comprend à la fois un investissement objectal  et une identification qui en est l’apparence narcissique, en rapport avec la fonction du Moi.

 

  • Selon les auteurs (psychanalystes) contemporains (ROUSSILLON, BODANOWSKI, etc.)

 

La perspective développée par R. Roussillon est décrite dans son livre « Agonie, Clivage et Symbolisation[11] ».  Dans ce livre, R. Roussillon présente un archétype théorique des « pathologies du narcissisme » et des « souffrances identitaires-narcissique » à la base desquelles se trouve un traumatisme primaire clivé. Au vu de la représentation de l’expérience subjective en 3 temps de Winnicott, R. Roussillon offre un modèle en trois temps adaptables aux traumatismes précoces et aussi bien archaïques, qu’à tout autre type de traumatisme.

  1. Roussillon est d’accord avec D.-W. Winnicott[12] sur la théorie portant sur la situation initiale qui devient traumatique en cas de défaillance d’une réponse adéquate de l’environnement. Dans le temps X, « l’appareil psychique est menacée par un afflux d’excitation qui le menace de débordement soit du fait de l’immaturité de ses moyens, soit du fait de l’intensité des quantités engagées […]. La manière dont la psyché va traiter cet afflux d’excitation dépend de l’âge ou de son degré de maturation[13]». La faiblesse des ressources internes et l’insuccès des ressources externes du sujet détermine ce premier temps.

Le temps X+Y se différencie par « un état de détresse qui est un état de tension et de déplaisir intense, sans issue interne, sans fin et sans représentation », donc sans objet. Le temps X+Y+Z est une situation d’agitation, et de carence de l’objet au-delà du supportable qui produit un état d’agonie (Winnicott), voire une «terreur agonistique » ou une « terreur sans nom » (Bion). Ces positions traumatiques originels sont alors, comme les états d’agitation, comme des expériences de nervosité et de déplaisir sans représentation, sans issue, c’est-à-dire sans recours internes, ni recours externes, l’environnement étant faible. Et R. Roussillon (1999) se permet la conclusion :

«Ces états traumatiques primaires rencontrent donc une impasse subjective, ils provoquent un état de désespoir existentiel, une honte d’être, qui menace l’existence même de la subjectivité et de l’organisation psychique. Le sujet se sent « coupable » (culpabilité primaire pré-ambivalente) et responsable de n’avoir pas pu faire face à ce à quoi il était confronté, il risque de « mourir de honte » au constat de la blessure identitaire narcissique primaire que lui inflige la situation traumatique[14]».

C’est dans « Le plaisir et la répétition. Théorie du processus psychique »[15] que R. Roussillon (2001) a par la suite conçu la pensée de la symbolisation qui indique un travail psychique de subjectivation, altération et mutation de l’expérience brute des éprouvés, notamment les traces ayant rapport à la mémoire et à la perception.

  1. Roussillon (2001) spécifie la représentation primaire, qui certifie de la représentation-chose (ou représentation de chose) ; puis la représentation secondaire qui se réfère à la représentation-mot (ou représentation de mot). Une anomalie de représentation serait une cause des pathologies narcissiques identitaires. Bien que ce travail ne soit pas nettement orienté vers la représentation, la clinique du traumatisme, les nombreuses méthodes de manifestation de la souffrance dans le pays d’accueil, l’agir sans oublier les logiques de survie, rappellent la question du sens. Tout au long de la fuite, des événements qui puissent provoquer des effets traumatisants ont été subis, à plusieurs moments différents. De nombreux traumatismes n’ont même pas été conçus que d’autres ont été endurés.
  2. Roussillon, comme tant d’autres, a tenté de penser les systèmes de traces (y compris dans la négativité) à partir d’une clinique plus « contemporaine » s’intéressant par exemple au champ de l’anti socialité, à la règle de l’apparence somatique, aux diverses manifestations de maladies narcissiques identitaires et même à la psychose.

Au fait, R. Roussillon a dévoilé que, dans les traumatismes primaires, le fait de se disjoindre des traces de l’expérience traumatique ne les fait pas disparaître : les traces de perceptions ne sont plus astreintes au principe de plaisir/déplaisir mais guidée par la répétition, réanimées et hallucinatoirement réinvesties. Dans une telle situation, c’est le rebond du clivé qui risque d’être dangereux car, de nature non représentative, il peut s’extérioriser exagérément et inconsciemment ; bref la reprise du trauma.

Ces activités sont exceptionnellement énergiques puisqu’ils affirment une volonté d’explorer un autre système de traces et de sens pour ces pathologies, qu’ils ne considèrent plus uniquement sous un angle déficitaire. On retrouve ainsi une proposition de R. Roussillon : « Le corps et l’acte dans les états narcissiques identitaires restent messagers, porteurs de sens, mais ce sens a des particularités. Il faut penser d’autres formes de sens, explorer d’autres formes de l’inconscient. Ils témoignent d’autres modalités d’organisation pulsionnelle.[16]»  On pourrait alors, concernant le traumatisme, procurer d’autres aspects de l’après-coup (comme le font C. Garland, A. Ciccone et A. Ferrant), de restructurations et de réaménagement.

Les traitements d’adultes névrotiques ou psychotiques nous obligent à revenir sur les pas d’une histoire infantile oubliée qui, commune à tous les humains, est aussi, par ses côtés favorables comme défavorables, l’histoire qui a échafaudé « l’humanité » avec ce qu’elle a de splendide et de dérisoire.

Ce ne sont pas les évènements proprement-dits qui sont à considérer, en cas de traumatismes, mais la manière énormément mélangée et prodigieuse dont chaque humain tente d’y répondre et à partir de laquelle se fonde chaque individualité, copieusement semblable et infiniment différent.

 

  1. Marty souligne enfin quelque chose de « contemporain » dans la conception du traumatisme et de ses effets : « La dépression essentielle s’établit lorsque des événements traumatiques désorganisent un certain nombre de fonctions psychiques dont ils débordent les capacités d’élaboration. On doit aller à la recherche des manifestations négatives, souvent peu notables. Les angoisses diffuses précèdent souvent la dépression essentielle. Automatiques au sens classique, envahissantes, elles traduisent la détresse profonde de l’individu, détresse provoquée par l’afflux de mouvements instinctuels non maîtrisés. Le Moi submergé montre ainsi sa désorganisation. L’angoisse ne représente pas ou ne représente plus le signal d’alarme…elle est l’alarme… Automatiques, ces angoisses diffuses reproduisent un état archaïque de débordement. [17]»

A ce point là, les deux caractéristiques freudiennes ne marchent plus, non par la déficience de leur fermeté, mais par la force des traumatismes : le Moi n’est plus capable ou peut-être faiblement, de  lier et de défendre, il n’a plus de dynamisme.

 

  • L’agressivité

 

L’agressivité est une prédisposition à brutaliser l’intégrité physique ou psychique d’une personne. Mais l’agressivité est aussi un élément constitutif de l’énergie générale de la personnalité et des comportements adaptatifs d’un individu.

Ces deux définitions mettent  en évidence les caractéristiques équivoques de ce concept. La traduction anglaise utilise deux mots différents qui permettent de sortir de cette difficulté. « Agressivity » interprète l’agressivité dans son mauvais sens commun alors que « Agressiveness » atteste une agressivité positive et pourrait être synonyme de combativité. Cette différenciation est suscite d’intérêt car elle procure la possibilité de prévoir le comportement agressif sous un autre angle, comme tentative plus ou moins réussie d’adaptation à l’environnement, comme puissance d’affirmation de soi.

L’ampleur subjective de l’agressivité ne rend pas facile la clarification de cette pensée car ce qui est pour l’un, un geste agressif, est pour un autre une expression insignifiante, pour un autre encore une intimidation ou enfin ne suscite chez ce dernier, aucune réaction. Pour chaque individu, en effet, l’agressivité est relative à son seuil de tolérance qui concerne lui-même ses expériences  familiales et sociales et du seuil de tolérance de la société.

Le comportement de l’être humain en général a un rapport avec l’agressivité. « Agressivity » et « Agressiveness » ne sont pas différentes. Dans ce domaine, l’éducation admet à ne pas abattre l’agressivité combative en voulant apprendre le contrôle de l’agressivité négative.

Nous allons orienter notre observation vers l’agressivité négative. Quelles sont les caractéristiques de l’agressivité ?

  • C’est une attitude destinée à léser personnellement une autre personne ou soi-même.
  • Il ne peut y avoir agressivité sans un certain plaisir à faire souffrir l’autre ou à se faire souffrir.
  • Le lien avec l’autre continue à exister.
  • La « physionomie de l’autre », selon le philosophe Levinas, n’est pas démentie, elle demeure réel chez l’agresseur durant tout le conflit.
  • L’autre, après le combat, pourra devenir de nouveau un interlocuteur avec qui la coexistence est probable.

Les études en biologie ne sont pas encore concluantes jusqu’à maintenant et Il n’existe pas d’élément reconnu être lié de façon évident et spécifique à l’agressivité.

 

Les recherches des neurophysiologistes comme Karli, décrivent trois niveaux :

  • Niveau 1 : une réaction préprogrammée neurologiquement.
  • Niveau 2 : où l’affectivité intervient  en fonction du vécu personnel. L’hypothalamus devrait permettre le stimulus à acquérir une signification et une force affective, par référence aux traces relatives à la mémoire.
  • Niveau 3 : un niveau qui confronte le sujet à ses expériences personnelles et à un contexte socioculturel. Ce niveau-là demande une élaboration et un contrôle. Le cortex préfrontal jouerait le rôle essentiel de modulation et de contrôle.

La psychologie précise sur le rôle des manques affectifs précoces, des attitudes et paroles agressives exprimées très tôt par l’environnement, des frustrations dans tous les domaines infligées au sujet. L’agressivité trop précoce de ne permet pas au bébé de disposer d’une défense constructive. Par conséquent, les répliques face aux frustrations se manifestent par des vomissements (alimentaires), par des cris/hurlements (langagières), par des comportements en développant un état d’inhibition ou d’apathie, de retrait par rapport au monde, ou, à contrario par une agitation permanente pour lutter contre l’anxiété. S’il n’y pas de dispositions prises pour l’éducation,  dans d’autres environnements, pour soutenir cet enfant dans son développement psychologique, il est fort probable qu’il devienne un enfant puis un adolescent et un adulte agressif.

La meilleure façon de contenir l’excès d’agressivité, c’est l’ambivalence des émotions propres à l’être humain : nous avons en nous l’aptitude de haïr ceux-là mêmes que nous aimons. Cette aptitude nous permet, du côté de la haine, des comportements agressifs, mais grâce à l’amour elle nous protège de la violence car nous n’oublions jamais durant tout le temps du défoulement agressif la personne qui est en face de nous.

 

  • De l’agressivité à la violence

 

La violence est une force brute qu’un individu inflige à un autre ou à d’autres individus, qui peut aller jusqu’à la pression par l’intimidation et la terreur. (Du latin vis : force, vigueur, caractère de ce qui est indomptable)

Nous devons différencier agressivité et violence car ces deux notions ne sont pas identiques. Ce n’est pas une question de degré entre ces deux comportements. Beaucoup de personnes ne passeront jamais le pas de la violence. Les jeunes et les moins jeunes  qui surviennent à l’acte de la violence sont mus par une pulsion presque incontrôlable.

La violence est à l’origine de l’instinct de survie. L’activité de tendance à la pulsion n’est pas d’offenser à l’autre mais plutôt de survivre. Le but unique recherché est exclusivement relatif à la sécurité du sujet qui ne se soucie pas, dans l’instant de la violence, du dégât subis par l’autre. Les dispositifs de la violence : « La violence se donne toujours comme n’ayant pas commencé, la première violence c’est toujours l’autre qui la commet. » J.P. Sartre[18].

Les étapes définies dans cette étude sur la violence ne le sont que pour l’explication du propos, car effectivement, ces étapes sont mélangées les unes dans les autres, ce qui rend le phénomène de la violence plus difficile à cerner mais ceci aura l’avantage de détailler le processus.

  • Le « JE » menacé

Quel est le comportement de l’autre ? Il terrifie le sujet dans son identité. L’image de soi est inquiétée, rabaissée, dépréciée, ridiculisée, l’amour-propre est contrarié. Le facteur particulier, possédant la capacité de provoquer la violence, c’est cette menace d’effraction ou de perturbation qui discrédite le sujet et atteint si intensément le moi qu’il crée une blessure profonde ou blessure narcissique. Il existe une attache entre le risque fondamental qui met en cause l’identité du sujet et la violence qui le prend comme réponse anticipée à la violence qui peut lui être infligée.

  • une déshumanisation ou « l’effacement du visage » :

Le sujet qui subit la violence détache à celui qui l’a infligé de menace le statut de congénère à lui. Il le déshumanise, il enlève son visage et pour répéter les expressions de Levinas[19] « Voir un visage, c’est déjà entendre tu ne tueras point. » Le visage de l’autre excite une tension persistante et en le dépersonnalisant, en lui ôtant ses caractères humains, il sort du champ d’usage des règles morales.

Toute conciliation entre illusion et réalité est anéantie. L’individu se trouve dans une ampleur où l’activité métaphorique est devenue impossible et disparaît. L’autre ne représente plus l’être que l’on imagine pouvoir menacer, l’autre est celui qui menace. La violence bloque toute évolution de représentations mentales, toute éventualité de mise en scène psychique. Alors, c’est par suite des représentations symboliques, aux « parades imaginaires » que l’individu peut accorder à sa violence une forme tolérable et commutable à travers des mots.

La crise vient faire vaciller les positions imaginaires symboliques. Dans cette évolution,  il n’existe pas de compromis langagier possible, le fantasme est hors jeu et dans l’incapacité de rendre présentes des représentations venant atténuer la haine. L’état d’esprit du sujet devient vide et développe un état de sidération et de « suffocation de la parole » dû à un blocage du système de représentations mentales.

  • Le passage à l’acte :

L’altération de l’activité métaphorique mène certainement à l’usage de la force brutale qui peut conduire jusqu’au meurtre. L’accès à l’acte suppose que la personne ne pense plus. Elle disjoncte, elle devient folle, elle explose. Dans l’impuissance d’avoir parlé de l’expérience, dans l’incapacité de pouvoir en fonctionner, de pouvoir la supposer, elle est la proie violente d’une réalité non maîtrisable « comme folie temporaire d’un sujet aliéné dans un comportement explosif ».

Il y a une dérivation de la pensée par l’acte qui se manifeste. L’acte vient démontrer  ce qui ne peut être exprimé  autrement. L’événement semble montrer que la personne n’était pas compromise lors de son acte exterminateur, comme « si elle était hors jeu ». Elle protège sa propre vie au détriment de celle de l’autre. Dans la confrontation, il n’existe pas de choix, ce qui veut dire qu’il n’y aurait pas de place pour l’autre car c’est soi-même qui doit exister et survivre. C’est le retour aux formes préhistoriques de la sauvagerie. La violence est une parole sans voix.  (MARTY, Transformer la violence ? traumatisme et symbolisation)

 

 

 

  • L’abus sexuel, le traumatisme sexuel, quelles conséquences?

 

 

  • Quoi, Qui, Quand et Comment se manifeste l’abus sexuel ?

 

Quoi :

Un abus sexuel est toute contrainte que ce soit « verbale, visuelle ou psychologique ou tout contact physique [20]», et de par ces contraintes et contacts une personne fait usage d’un enfant, d’un jeune ou même d’une personne adulte, en vue d’une stimulation sexuelle, la sienne ou celle d’une tierce personne.

Un attouchement ‘’physique’’ est certainement plus dramatique qu’une contrainte verbale. Mais quel que soit l’abus, il constitue une violation du caractère respectable et de l’honnêteté de la personne humaine et provoque toujours un traumatisme.

L’abus sexuel à l’encontre d’un mineur est un terme qui qualifie toute relation sexuelle, consentie ou non, entre un adulte et un mineur sexuel. Les relations sexuelles entre adulte et mineur sont généralement condamnées. Le terme d’abus sexuel sur mineur est de temps à autre critiqué, pour plusieurs raisons, dans son usage et dans sa forme. Certains pédopsychiatres lui reprochent de suggérer, par la notion d’« abus », qu’« un usage modéré pourrait être licite et que seul l’excès serait traumatisant pour l’enfant et répréhensible. »[21] D’autres lui critiquent encore d’être une idée qui fusionne indifféremment et sans distinction de gravité, tous les cas en rapport avec la pédophilie. Enfin, certains auteurs qui s’orientent vers l’apologie de la pédophilie reprochent à ce terme de supposer comme navrants les relations sexuelles entre un adulte et un mineur.

Qui : les auteurs d’abus sexuel sont appelés abuseurs sexuels, il y en a plusieurs sortes:

Les pédophiles qui ressentissent une attirance sexuelle envers les enfants. Lorsqu’ils passent du fantasme à la pratique, sont classés comme « pédocriminels », ou abuseurs sexuels et sont sévèrement punis par la loi.

D’autres approuvent  une appétence instinctive pour la victime, des fois ponctuelle à l’instant des actes : c’est peut-être le cas des abus sexuels incestueux ou lorsque l’agresseur à un profil généralement hétérosexuel. D’autres sont fascinés par l’autorité qu’ils peuvent pratiquer sur d’autre personne dans la relation sexuelle, révélant ainsi une composante sadique ou névrotique.

En très grande majorité ce sont des jeunes gens ou des hommes, provenant de toutes les classes de la société et de tous les milieux. Souvent, les auteurs d’abus sexuel font partie de l’entourage de la victime : un camarade, un voisin, un chef scout ou un animateur de jeunes, un baby-sitter, un enseignant, un patron, un collègue de travail, un prêtre, etc.[ Jacques et Claire Poujol, Conseillers Conjugaux et Familiaux – La bibliothèque de psychologie de Psycho-Ressources]

Ces abuseurs sexuels  sont aussi dans la plupart des cas des membres de la famille : le père, l’oncle, le grand-père, le grand-oncle, le frère, le demi-frère ou le quasi frère, le beau-frère, le cousin, le beau-père dont le cas devient de plus en plus fréquemment du fait de l’augmentation des remariages et des familles recomposées. On utilise alors le terme « d’inceste » ou « d’abus sexuel intrafamilial ». Très rare la personne qui fait l’abus sexuel est inconnue de la victime. D’après les enquêtes, 80% des agresseurs ont été eux-mêmes victimes d’abus dans son existence, ce qui n’exclue pas les sanctions, mais seulement explique en partie leur comportement.

Quand et comment se manifeste l’abus sexuel : l’auteur de l’abus sexuel ne le pratique jamais par hasard. Étant un vicieux, il prémédite et organise la relation en attendant le moment où ses fantasmes sadiques lui paraîtront faisables. La victime n’est pas avisée bien entendu de ses actes. La stratégie vicieuse comprend en général quatre étapes :

  1. Le déploiement de l’intimité et du caractère confidentiel de la relation

Cette étape, dont la durée est relative, peut-être quelques heures ou quelques années, a pour objet de mettre en confiance la future victime qui ne se soupçonne rien.

  1. Une conversation ou un attouchement en apparence « convenable » pour la personne cible de l’abus comme des confidences de caractère sexuel, des caresses des cheveux, de l’étreinte amicale. La personne cible est confiante du fait que statistiquement dans 29% des cas, son futur abuseur est un membre de la famille, dans 60% des cas un familier ou un ami. 11% seulement des abus sont commis par un inconnu.
  2. Une interaction sexuelle ou un contact sexuel

Cette étape est l’abus sexuel proprement dit. La victime est prise au piège, comme un lapin traversant une route de nuit et qui est étourdi  dans les phares d’une voiture : incapable de réagir, il se laisse écraser par la voiture. L’abuseur sexuel est conscient de ce qu’il inflige à sa victime.

  1. La prolongation de l’abus et le silence de la victime par la honte, par la culpabilisation, les menaces ou les privilèges.  Ce silence est continu et presque jamais rompu. L’abus demeure un secret absolu très longtemps, parfois toute la vie.

A titre d’illustration, trois survivantes des sœurs Dionne, les célèbres quintuplées canadiennes, ont attendu l’âge de soixante et un ans pour révéler, dans leur biographie, qu’elles avaient été sexuellement agressées par leur père [Jacques et Claire Poujol, conseillers conjugaux et familiaux, à l’usage des thérapeutes, psys et conseillers.]

Ne pas révéler les actes, la victime se fait l’alliée de l’abuseur, attendu que la seule chose qu’il appréhende, c’est d’être dénoncé. Le fait de devenir l’alliée de l’abuseur, bien involontairement, conforte le mépris que la victime a d’elle-même et sa culpabilité.

La responsabilité du psy est alors d’expliquer à la victime qu’une personne sexuellement abusée n’est jamais ni coupable ni responsable. Elle n’a jamais eu l’occasion de deviner la stratégie de l’abuseur lors de ses deux premières étapes.

Le psy devra également lui confier qu’une personne qui est sous l’emprise d’un abuseur ne pourra jamais l’éviter qu’en révélant ce qu’elle a subi et dénoncer l’abuseur. Certainement,  en parler est pour la victime très pénible, pour plusieurs raisons d’où se manifeste le choc psychologique.

 

 

  • Les Origines du choc psychologique

 

 

Par définition, le choc psychologique ou émotif est un trouble brusque et intense auquel le sujet ne peut s’accommoder aussitôt pouvant provoquer ainsi un ébranlement de l’affectivité du sujet, c’est le traumatisme.

 

On peut énumérer plusieurs causes du choc psychologique : accident, agression, guerre, catastrophe naturelle, conflit, abandon, décès, etc. Le choc peut être causé parce qu’on est victime d’une scène ou peut-être seulement un témoin, ou parce qu’on est l’auteur qui fait subir à d’autres maladroitement, involontairement. On a aussi identifié des conséquences somatiques comme les troubles gastriques, l’ulcère de l’estomac, la migraine, le mal de dos, l’insomnie, l’eczéma, le psoriasis, l’hypertension artérielle, les coliques néphrétiques, l’hypocondrie, etc.

L’être humain passe chacun par des chocs psychologiques pendant son existence: parfois le choc est léger et donc on se rétablit spontanément et rapide, parfois ils sont graves car effectivement traumatisants. Le traumatisme émotionnel est un choc psychologique intense à cause d’une tragédie précise ou d’une insuffisance affective chronique. Dans le deuxième cas, l’individu peut résister psychologiquement jusqu’à ce qu’il entre assurément dans un choc psychologique (état de choc). On ne sera pas sûr de trouver d’événement précis (telle date) à l’origine de ce choc.

 

On ne peut pas confirmer comme maladie les passages par les étapes de la réaction de choc,  c’est un état transitoire normal qui risque de devenir pathologique lorsqu’on persiste dans une des étapes. Pour savoir le point de situation il faut connaître les stades de la réaction de choc et repérer s’il y a blocage.  Et pour pouvoir envisager positivement l’avenir et retrouver un équilibre plus rapidement, il faut avoir des idées claires sur ces étapes à traverser, tout en sachant que chacun va à son rythme.

 

Observons les stades de la réaction de choc :

1 – Etat de choc : Reniement, Désintégration, Période habituellement courte et pratiquement sans  émotion. Blocage de l’émotivité et des capacités de conception possible.
Somnolence, paralysie passagère d’un membre, l’individu agit comme une machine. Etat anormal et inexistence de relation avec la réalité. Protestation d’admettre l’information, de regarder la réalité.  A ce stade, l’individu risque de demeurer coupé de ses émotions et du réel. Si c’est un enfant qui est figé dans cet état de choc jusqu’à l’âge adulte, il  déploiera inévitablement le Syndrome de Peter Pan (SPP). Par contre, si l’individu arrive à savoir ce qu’il ressent, il pourrait certainement passer à l’étape suivante.

2 – Syndrome de Stress Post-traumatique (SSPT) comprenant les syndromes d’évitement, les syndromes de répétition et les syndromes d’hyper vigilance anxieuse. En résumé, ce stade est définit comme suit : Incapacité, Peur, Trouble, anxiété, angoisse. L’on peut dire que la peur  l’étape la plus pénible à franchir. Elle est capable de bloquer complètement, d’empêcher l’avancement et d’inciter le retour au stade 1. Peur du changement, peur de souffrir, peur de ne pas s’en sortir, peur de ne pas être à la hauteur. Peur de ceux qui sont à l’origine du traumatisme, de ceux qui ne comprennent pas ce que l’on vit. Peur de se risquer à voir la dure réalité.

Cependant,  regarder la réalité bien en face est le meilleur moyen de franchir la peur aussi aisément. Du fait que la réalité qui a provoqué cet état de choc est méprisable. La peur et la  colère sont des troubles qui se repoussent, qui ne peuvent coexister.  La souffrance provoquée par la peur passée fait monter la colère. Devenir impuissant de par la peur cause la colère.  La meilleure méthode de se dégager de la peur est de l’attaquer en abandonnant la place à la colère. Seule la confiance en soi est le meilleur moyen de disposer d’un regard perspicace sur la situation et pour devenir moins méfiant. Théoriquement, c’est le chemin pour retrouver ses moyens tenus enfermés par la peur, et qu’apparaissent des solutions.

Si la peur parvient aux crises d’angoisse,  l’individu  arrive à la colère puis retombe dans la peur, arrive de nouveau à la colère, et encore retourne en arrière et vivre longtemps entre peur et colère. La stratégie pour progresser sans retour est de tenir peu à peu ces crises d’angoisse.

3 – Révolte, Colère, Dépression : En conséquence des efforts pour la regarder en face, la  réalité reprend le dessus, mais l’individu n’est pas prêt à l’accepter. Révolte, colère contre soi-même et/ou contre les autres vis-à-vis de la réalité qu’on n’arrive pas à changer, et vis-à-vis face de ce qu’on a enduré lorsqu’on était dans la peur, impuissant et incapable de s’expliquer. Culpabilité, regret devant l’incapacité  de retourner en arrière et à cause de la colère ressentie. Cet état de colère est entretenu malgré soi. Etat hors de soi difficile à contrôler. La personne se bat, se débat, cherche à ne pas plonger. On peut penser qu’on n’arrivera pas à pardonner, à soi et/ou aux autres.

Dévalorisation, dépression possible à ce stade. De temps en temps, l’individu est envahi par le désir de mourir. La dépression signifie la présence de la colère non extériorisée, elle se retourne contre soi-même. L’individu ne se sent pas nécessairement en colère à ce moment.

Parler est généralement la seule solution pour apaiser la colère. Faire sortir la colère pour qu’elle ne se transforme pas en autodestruction ou haine. Une bonne méthode peut être de commencer par confier sa colère à un ami, ou de l’écrire. Cela permet de prendre le maximum de recul, de savoir où on en est et ce qu’on n’accepte pas (par rapport à ce qui est traumatisant par exemple). A l’appui de ces idées sereines, on sera alors capable d’exprimer sa colère sans excès, sans être blessant. L’idéal est :

– d’arriver à une colère pensée et maîtrisée, pour ne retirer que du positif de la colère exprimée de façon constructive

– de disposer à écouter l’autre pour pouvoir reconnaître que l’on a quelques fois des peurs qui ne sont pas justifiées, à cause du syndrome de stress post-traumatique conjugué avec une mauvaise interprétation de la réalité.

4 – Résignation, Acceptation : La colère s’affaiblit et s’efface progressivement autant qu’elle est exprimée clairement à la personne concernée ou aux personnes concernées. Elle laisse alors place à d’autres émotions comme la compassion. On est de plus en plus humain, accessible, bon. On fait preuve de compréhension envers soi-même et envers les autres. On a un regard vraiment objectif sur la situation. S’ouvrir permet alors aux troubles de retrouver leur juste place car ils se retrouvent mesurés au réel. On peut être capable à disculper.

« Ce qui m’étonne le plus avec ce livre, c’est que toute ma colère s’est envolée. Je me suis pardonné à moi-même. Je ne pensais pas pouvoir jamais y arriver. »
citation de Sean Barron, tirée de son livre « Moi, l’enfant autiste, de l’isolement à l’épanouissement »  Ecrire sa souffrance lui a permis de mieux se comprendre et d’être mieux compris. Lorsque le voisinage saisit ce qu’on a enduré et le prend en considération, la colère retombe. Naturellement le beau temps après la pluie. Sensation de paix récupérée.

5 – Adaptation : Après l’ouverture de l’acceptation, c’est le moment de la réorganisation.
Il ne s’agit pas d’oublier, mais de s’insérer dans le cycle de vie avec son vécu même si c’est douloureux. Il faut faire confiance en soi à la suite d’un sentiment de faiblesse.
C’est le moment de la cicatrisation, de nouvel équilibre et de nouvelle énergie.

Ce mécanisme n’est pas inéluctable. Le sujet peut sauter des étapes, des retours à la situation précédente sont plausibles, et l’ordre peut changer. Il est essentiel de ne pas bloquer ses émotions pour avancer. Pleurer, exprimer sa colère, admettre de ressentir la peur sans pour autant accepter de rester bloqué à ce stade aide à absorber les événements et à passer à l’étape suivante.

 

 

  • Conséquences

 

Psychologiquement, l’abus sexuel est une occurrence traumatique : trouble, perte de repères, émotion d’impuissance, choc émotionnel, vague de stress aigu, crise de sens. Pareillement à  tout autre traumatisme, l’abus sexuel provoque un état chronique de stress post-traumatique, ceci à long terme, avec pour conséquence des troubles divers. L’abus sexuel sur mineur va souvent avec du secret, voir du refoulement psychique, manœuvre de survie du cerveau de la personne ciblée pour sa stabilité psychique. L’abus sexuel pendant la jeune enfance se passe souvent dans un contexte préalable d’un trouble d’attachement mère-fille[22].

Il est important de spécifier deux types de préjudices psychologiques :

  • le viol du consentement, l’abuseur impose à l’enfant/victime une attitude à laquelle ce dernier ne se prête pas.
  • la perception de culpabilité de l’enfant/victime, qui peut être aiguisée par la directive du secret imposé.

Pour la fédération française de psychiatrie on parle d’abus pour désigner « des activités sexuelles qu’il n’est pas en mesure de comprendre, qui sont inappropriées à son âge et à son développement psycho-sexuel [23]»

Dans le domaine de la neurobiologie, l’exploration des conséquences d’abus sexuels dans l’enfance est entamée depuis les années 2000, et les conclusions vont converger vers la mise en évidence de l’acquisition d’une vulnérabilité physiologique définitive[24]

Les destins de la honte et de la culpabilité comprennent l’inhibition mais aussi « l’enfouissement » en cas d’échec de l’inhibition, la transformation en son contraire ou revirement-exhibition, et l’identification projective. Pendant cette évolution, la culpabilité convoite à l’intégration des expériences traumatiques, tandis que la honte conserve les  jouissances secrètes. Elle peut aussi service de transmission cachée de la culpabilité.

 

 

Le travail de la culpabilité et de la honte peut s’appuyer sur l’analité pour encourager des processus créateurs. Le fait de partager l’émotion est une alternative de transformation intime de la honte et de la culpabilité, à l’œuvre dans le soin psychique, permettant la co-construction et la mise en place de la tiercéité. Les auteurs observent ce qui s’oppose au soin, surtout les éprouvés de honte chez le thérapeute et les indices de honte et de culpabilité non éprouvées, aussi bien que les clauses alternatives du soin, c’est-à-dire les rythmes, la dissymétrie, la réserve et le mode d’implication.

 

 

  • La compulsion de répétition

 

Premièrement, la compulsion de répétition est une notion psychanalytique conduit par Freud. L’auteur décrit la répétition de crise qui frappe le sujet d’un traumatisme. Depuis la fin des années 80 et depuis la découverte de l’EMDR[25], divers travaux ont pu éclairer différemment cette notion à partir des neurosciences et du concept introduit par Francine Shapiro de réseaux de mémoires

En 1914, Freud a conçu différentes formes et apparences de la répétition, particulièrement le transfert[26]. La compulsion raconte la phobie à répéter qui fait suite à un échec de la remémoration.

Le premier concept de compulsion de répétition est lié à la notion de trace mnésique et de décharge. Un souvenir ne peut être investi à nouveau, et la satisfaction manque en effet. Le souvenir, inhibé, va s’exprimer à travers des actes. Plus la résistance sera grande plus la mise en actes (ou la répétition)  se substituera au souvenir.

La seconde notion de la compulsion de répétition désapprouve le principe de plaisir[27] dans lequel le sujet recherche la décharge – la pulsion étant admise comme une énergie.

Si Freud discriminait le principe de plaisir par rapport au principe de réalité[28] (capable de reporter la satisfaction), il y a accolé dans Au-delà du principe de plaisir le principe de Nirvana qui est une tendance du psychisme à supprimer toute excitation.

En psychanalyse, la compulsion de répétition peut-être observée d’une manière négative, c’est-à-dire comme un refus au service du masochisme, de la pulsion de mort ou de la pulsion de destruction. Le patient sur le divan « répète » des cauchemars de souffrance, des attitudes masochistes ou destructrices, en un mot une manière d’être en relation, mais il s’y prend en espérant également que l’analyse le dirigera vers d’autres issues. On est tenté à exprimer que c’est parce qu’il « répète » dans un cadre différent (neutre et bienveillant) que la cure peut avoir lieu. Dans ce cas, la « compulsion de répétition » qui découle du « principe de répétition » présente un des fondements majeur de la cure. Elle se développe dans le transfert puis se convertir par son analyse, c’est alors qu’elle peut être dépassée. Cette aspiration tantôt consciente, tantôt inconsciente, est à l’origine de toute demande d’analyse, quelle que soit la manière dont elle s’exprime. C’est un appel à du nouveau, à de la croissance, etc. Leon Grinberg[29] représente ceci en écrivant : « Nul doute que l’individu fait beaucoup inconsciemment, pour se forger son propre destin. Freud se référa, en ce sens, à un mécanisme important, qui est celui de la compulsion à la répétition. On tend à reproduire, dans différents scénarios et à plusieurs occasions, le même type de conflit qui correspond aux moules primitifs des premiers conflits infantiles. Il en va ainsi par exemple de ceux qui se plaignent que l’amitié s’achève toujours avec la trahison de l’ami, ou les mécènes qui souffrent toujours de l’ingratitude de leurs protégés, ou les amants dont les rapports se terminent toujours de la même façon.

Il poursuit: Parmi les facteurs qui sont à l’origine de la compulsion de répétition, on trouve les situations d’angoisse qui proviennent de nos toute premières expériences. Il s’agit d’angoisse persécutrices et dépressives (cf. Mélanie Klein « Position schizo-paranoïde et position dépressive), et de sentiments de culpabilité qui nous obligent à répéter encore et toujours une certaine conduite envers nous-mêmes et les autres pour nous défendre contre ces dangers fantasmés au début de la vie. Evidemment on est tenté de l’attribuer à la « malchance » ou au destin, ou encore à l’enregistrer comme une expérience superstitieuse, sans pouvoir percevoir ni comprendre le degré de sa propre participation active – si inconsciente soit-elle – dans l’enchaînement des événements de la situation« .

Nous allons reprendre plus d’information sur la compulsion de répétition, mais Il est maintenant opportun de donner quelques notions sur les pulsions avant de passer au concept « après-coup ».

 

  1. Les pulsions

 

 

  • Sens courant de la pulsion

 

 

La pulsion, c’est l’approche de la perversion, puis de la pathologie qui va donner lieu à l’émergence du concept de pulsion (1905). C’est sans doute dans son aspect délié que le pulsionnel devient décelable, comme une sorte de poussée excitante qui fait désordre dans le fonctionnement psychique.

 

La pulsion est d’abord abordée par Freud dans son versant axé sur un « principe de plaisir », c’est la première théorie pulsionnelle (1905). Ce principe de plaisir permet de saisir ce qui amène la pulsion à se décharger, ce qui renvoie à l’idée d’un écoulement libre de l’énergie. Freud définit la pulsion comme « concept limite entre le psychique et le biologique », comme « le représentant psychique des excitations, issues de l’intérieur du corps et parvenant au psychisme, comme une mesure de l’exigence de travail qui est imposée au psychique en conséquence de sa liaison au corporel » (1915, pp.17-18).

 

A partir du constat que les maladies névrotiques trouvent racine dans un conflit entre les requêtes de la sexualité et celles du moi, Freud spécifie deux groupes de pulsions : les pulsions du moi ou d’autoconservation et les pulsions sexuelles. En introduisant le narcissisme, Freud pose une nouvelle distinction, sur laquelle il ne s’attarde pas : au dualisme pulsions d’autoconservation / pulsions sexuelles se superpose, au sein de ce dernier groupe, la libido du moi et la libido d’objet. Les pulsions d’autoconservation vont même se rapprocher de ces pulsions libidinales dans l’état du narcissisme.

 

Le premier dualisme pulsions du moi / pulsions sexuelles devient une dialectique à l’intérieur d’une seule pulsion, dite de vie. Le narcissisme apparaît comme une notion fédératrice et pour une fois le besoin épistémologique d’un dualisme pulsionnel semble remis en question par Freud qui semble momentanément défendre l’existence d’une pulsion unique, de nature libidinale. Mais ce rassemblement pulsionnel ne va pas durer. Or, la reconnaissance du narcissisme joue un rôle déterminant dans l’élaboration de la pulsion de vie, processus fondamental de dépassement de la première théorie pulsionnelle.

 

Puis, la publication du texte « Au-delà du principe de plaisir » marque un grand tournant. Confronté aux souffrances de la guerre, Freud (1920) se rend à l’évidence qu’un grand nombre de processus psychiques ne s’accompagnent pas de plaisir ou ne conduisent pas au plaisir. Toute la théorie pulsionnelle se voit révisée, même si ce qui a été supposé dans le passé n’est pas tenu pour faux.

 

Tout d’abord, le principe de plaisir se voit inhibé par le principe de réalité, exigeant l’ajournement de la satisfaction, le renoncement à toutes sortes de possibilités d’y parvenir et l’indulgence temporaire du déplaisir sur la longue route détournée qui conduit au plaisir. Ensuite, le déplaisir peut être provoqué par des oppositions et séparations qui se constituent dans l’appareil psychique pendant que le moi accomplit son développement vers des organisations plus hautement différenciées. Les pulsions refoulées tentent de se frayer, par un chemin dévié, l’accès à une satisfaction, résultat qui aurait pu procurer du plaisir mais qui est ressenti par le moi semblable à un déplaisir. Freud suppose ainsi que tout déplaisir névrotique est « un plaisir qui ne peut être éprouvé comme tel » (p.47), dans la mesure où tout plaisir ou déplaisir, en tant que sensation consciente, se voit lié au moi. Ces considérations montrent la frontière parfois ténue entre plaisir et déplaisir, d’où les sauts qui peuvent facilement s’opérer entre l’un et l’autre.

 

Par moment, des expériences pénibles – comme le départ d’un être cher dans le cas du jeu du fort-da décrit par Freud (pp.52-53) – se répètent sans répit. Comment concilier cette répétition de déplaisir avec le principe de plaisir ? Freud émet l’hypothèse que le sujet qui a subi passivement un événement déplaisant le répète pour assumer un rôle actif, pour se rendre maître de la situation. « Une telle tentative pourrait être mise au compte d’une pulsion d’emprise qui affirmerait son indépendance à l’égard du caractère plaisant ou déplaisant du souvenir » (p.54). Une telle répétition d’événements de vie marquants s’opère dans le traitement psychanalytique. La névrose de transfert peut être vue comme une répétition de la névrose antérieure. Cette « compulsion de répétition » est attribuée au refoulé inconscient :

« L’inconscient, c’est-à-dire le ‘‘refoulé’’, n’oppose aux efforts de la cure aucune espèce de résistance ; en fait il ne tend même à rien d’autre qu’à vaincre la pression qui pèse sur lui pour se frayer un chemin vers la conscience ou vers une décharge par l’action réelle » (p.58).

Le constat d’un « éternel retour du même » amène Freud à admettre qu’il existe dans la vie  psychique une compulsion de répétition qui se place au-dessus du principe de plaisir,  même s’il est souvent illusoire de saisir les effets d’une telle compulsion de répétition à l’état  pur. Freud émet l’hypothèse que la compulsion de répétition s’avère plus originaire, plus élémentaire, plus pulsionnelle que le principe de plaisir qu’elle met à l’écart.

 

En reprécisant les liens au sein du système conscient-préconscient-inconscient, Freud souligne l’importance de la fonction de pare-excitations chez l’organisme vivant, qui permet de tenir les excitations externes à l’écart. La prévalence sur toutes les excitations externes des sensations de plaisir-déplaisir sert en quelque sorte d’index aux processus intérieurs de l’appareil. Mais y a-t-il chez l’être humain un pare-excitation pour l’intérieur ? Quelle protection peut s’opérer contre les excitations internes qui pourraient produire une trop grande augmentation de déplaisir ? Par là, Freud voit l’origine de la projection, qui consent de traiter ces excitations internes comme si elles n’agissaient pas de l’intérieur mais bien de l’extérieur pour pouvoir utiliser contre elles le moyen de défense du pare-excitation, pour mettre à l’écart ces excitations. Freud introduit la notion de traumatisme, qui se produit lorsque des excitations externes trop fortes font effraction dans le pare-excitation.

 

  • Pulsions suicidaires[30]

 

 

Il est plutôt intéressant de préciser les relations entre la pulsion de mort et la destructivité, à l’issu de quelques travaux, certains résultats semblent remettre en cause la convenance d’en appeler à la première pour rendre compte de la seconde, d’autres la confirment plutôt. Une prédisposition s’avèrerait  retenir des versions affadies de l’opposition pulsionnelle de la seconde théorie des pulsions : pulsions de vie / pulsions de mort et du jeu de leur intrication et désintrication pour ne garder qu’une opposition liaison/déliaison, ou en privilégiant la destructivité, en s’orientant vers une « destrudo » plus symétrique de la libido. Alors que l’archétype freudien établit une conflictualité entre deux pulsions asymétriques, conflit qui dépasse psychisme mais également l’individu biologique. De plus, l’autodestruction nous écarte d’un étaiement de l’agressivité sur l’essentielle férocité animale qui a assuré la sélection de l’être humain par l’évolution, filiation que Freud prend en compte dans « Actuelles sur la guerre et la mort ».

 

Tel que nous apercevons de temps à autre les effets dans nos traitements, mais que certains de  nos confrères interrogent, comme Claude Balier[31], la violence reproche-t-elle le dualisme freudien de 1920, est-ce qu’il nous est imposé de revenir au narcissisme ? Au fait, la question de la résolution de la pulsion de mort est rédhibitoire pour la plupart. La seconde théorie des pulsions est intéressant justement comme une référence pour raisonner les circonstances les plus pénibles de l’histoire psychique individuelle ou collective, et précisément ceux qui débordent la psyché. À partir de l’inspiration de Sabina Spielrein[32] de « La destruction comme cause du devenir » qui prédit sur l’intrication pulsionnelle et sur quelques examens biologiques récents, en pensant l’extermination au service de la vie, donc l’interpénétration des choses, on avait besoin de l’aptitude de Freud de concevoir la désintrication pulsionnelle pour que le modèle aboutisse à un degré de liberté supplémentaire, rendant compte de la variabilité de l’issue favorable ou défavorable et des situations individuelles.

 

L’observation des jeunes qui ont tendance à ne plus entretenir de relation avec le monde extérieur et qui sont appelés ‘’les autistes’’, fait réfléchir que le poids d’angoisse et de découragement peut frapper non seulement leurs familles, mais aussi leurs soignants, et qui alimente ce que l’on définit sociologiquement du terme de burn-out. Bien entendu, les soignants et les psychanalystes ont leurs propres raisons d’être déprimés, et d’ailleurs ils n’ont pas choisi au hasard leurs métiers. Si l’autisme est caractérisé par une carence projective – l’identification adhésive remplace l’identification projective inaccessible –, il faut faire remarquer qu’il n’y a effectivement pas d’autistes tueurs malgré des circonstances de consternations tragiques et de grandes difficultés avec l’altérité. De telle sorte qu’il fallait disposer de la projection pour tuer.

 

Par contre, la dépression et les conflits passionnels rayonnent autour des patients. Tel cas incite à poser la question si une part de la désintrication pulsionnelle ne se transmettait pas sur un mode différent de la projection, une exportation comme un pays envoie et distribue un problème ou un désordre monétaire ou social. Parfois comme une sous-traitance dans un domaine inconnu.

 

On remarque dans la transmission laissée par le suicidé une douleur non psychisée, une incapacité au deuil qui infecte le propre deuil des survivants. Leur réaction se manifeste par une excitation vicieuse qui va avec une conduite perverse. Les survivants peuvent  s’identifier au disparu avec tous les enjeux du caractère primaire ou secondaire de cette identification à l’objet déprimé, particulièrement s’il s’agit d’un parent, et encore pire pour l’enfant de même sexe.

 

Les résultats de recherche de Jean-Claude Ameisen[33] nous rappellent l’interaction des individus pour la pénitence de leur autodestruction dans un corps multicellulaire. Bion et Winnicott ont tenté de penser des relations inter psychiques. Devons-nous envisager une fonction « -alpha », anticontenante, exportant la désintrication et non des contenus ? Cela rejoindrait peut-être la conceptualisation de la pulsion de mort par André Green[34].

 

L’irrévocable du suicide « exécuté avec succès » confirme la perte de l’espoir et « désobjectalise » rudement les proches qui aimaient le malheureux  n’ayant pas pu contenir son autodestruction. Elle les prive également du blocus protectionniste– au sens d’inhibant l’autodestruction – plus que des déficits objectales qui ne résultent pas d’une autodestruction, quelle que soit leur douleur.

 

Bien que cette perte de protection de l’autodestruction dans les pertes objectales habituels éclaircit également la parenté deuil/mélancolie d’un jour nouveau : il n’y a pas que la perte objectale, il y a la perte de l’investissement intricateur par l’objet, le suicide intensifie certainement cette dimension.

 

Peu importe l’agressivité inconsciente du suicidaires, ses proches sont passés après ses enjeux internes, ses objets ont été sacrifiés à son narcissisme et à son Surmoi. Et les proches en sont compréhensifs,  et ils ont besoin d’aide pour le mettre en œuvre. En psychanalyse, dans tel cas, ils auraient du accepter de se communiquer une culpabilité, donc un rôle, contre la reconnaissance d’un désinvestissement et l’impuissance qui en résulte.

 

Aussi, il semble exister des exemples pervers (narcissiques) de tels fonctionnements, et que certains Machiavel[35]savent transférer leurs échecs à d’autres qui en subissent une peine en se l’imposant eux-mêmes, ils l’expient. C’est ce qui se passe dans un régime totalitaire qui se distingue à obtenir dans le procès kafkaïen que l’accusé prenne sur lui la responsabilité de l’injustice qui le tuera, et qu’il plaide coupable.

 

 

 

 

 

 

 

  • Pulsion et déliaison de Freud

 

Selon Freud, la pulsion est définie comme une poussée constante et motrice qui vise à une satisfaction et présente  le moyen initial de cette satisfaction. « La théorie des pulsions, c’est notre mythologie » (Sigmund Freud, Nouvelles conférences, 1932). « Processus dynamique ». La pulsion est dotée de quatre caractéristiques[36] :

  • la poussée ou la tendance de la pulsion à s’imposer, autrement dit « le facteur moteur de la pulsion » ;
  • La source ou « le métamorphose somatique qui est localisé dans un organe ou une partie du corps » autrement dit  la source pulsionnelle ;
  • L’objet de la pulsion « …qui représente le moyen pour atteindre son but » et « ce qu’il y a de plus variable dans la pulsion, cet objet ne lui est pas lié à l’origine » ;
  • Le but qui est « toujours la satisfaction d’un désir qui ne peut être obtenue qu’en supprimant l’état d’excitation à la source de la pulsion ».

La conception du  système pulsionnel  a toujours été référée au principe de plaisir. Freud continue à soutenir qu’il est un « au-delà » du principe du plaisir : plusieurs phénomènes psychiques, surtout ceux qui sont maintenus par une pure répétition, ne proviennent pas du principe de plaisir mais s’efforcent de trouver une liaison au traumatisme. Pour constater, il faut solliciter pour qu’il existe une force pulsionnelle de liaison, une pulsion de mort.

Lors de la conception de « Au-delà du principe de plaisir » Freud reconnaît avoir formulé une hypothèse spéculative qui va affronter des oppositions. Pourtant, il ressent l’idée plus fort que lui, il en a étudié le pour et le contre, et il dira plus tard qu’il peut progressivement délaisser cette spéculation, qu’elle lui semble appelée par l’expérience clinique telle qu’il la voit à l’avenir.

Le principe du plaisir découle du principe de persévérance de l’énergie. Ce principe  est à la base du développement de constitution du psychisme et de son fonctionnement en processus initial. Ce principe commande en effet la forme rêve. Il est transformé par l’installation d’un principe  de réalité qui ne tient pas à changer le but fondamental de l’être humain, mais l’oblige à savoir reporter, à distinguer le réalisable et l’irréalisable, à maîtriser des stratégies de satisfaction, à tolérer la perte : les expériences de réalité forcent le psychisme à considérer  du monde extérieur.

Cependant, il existe des cas où le psychisme n’est plus en quête du plaisir. Le psychisme dans ce cas se trouve prisonnier d’un mécanisme de pure répétition. Cette compulsion de répétition   caractérise la névrose traumatique. Dans cette névrose traumatique le même accident ou le même malheur est en permanence rêvé, à l’identique, chaque de nuit davantage. Par exemple, la multiplicité des névroses de guerre a amené les analystes à affronter ce problème pour lequel la méthode associative  n’est pas instantanément possible, puisque précisément, on parle que de répétition du traumatisme.

On peut énumérer une autre forme de répétition créative : en effet, le petit fils de  Freud accoutume-t-il  résolument l’absence de sa mère par le « jeu de la bobine », ici on remarque également le caractère d’inlassable répétition du processus.

La pulsion de mort peut être consciente, par rapport à la recherche de plaisir, que  le psychisme est animé par une force de liaison, cherchant le moins de tension possible, tandis que les pulsions sexuelles – Eros- à l’opposé, arrangent sans cesse de nouvelles liaisons. Le but pulsionnel de cette pulsion de mort- Thanatos- est le retour de l’inanimé. Le nouveau dualisme pulsionnel concerne alors, (i) les pulsions de vie qui incluent les pulsions sexuelle et (ii) les pulsions  de mort qui visent la déliaison.

Les pulsions de mort ne sont pas facilement visibles : elles ne se montrent   psychiquement que par leur enchevêtrement avec les pulsions de vie, ou bien dans les occasions de désintrication  avec une tournure d’apparition  massive destructive non liée.

Freud admet que la pulsion de mort n’est pas l’agressivité et ce n’est pas non plus la haine. L’objet de la pulsion de mort est en premier lieu l’attaque des liens interne. Sa destructivité ne s’entraîne qu’éventuellement en second lieu vers l’extérieur, sans support libidinal tel que la haine. La haine est un lien à l’autre. L’agressivité est un mouvement pulsionnel, certes une attaque primaire qui se dirige vers l’extérieur du psychisme et qui s’affronte aux obstacles. C’est aussi une réaction suscitée par les contrariétés, les obstacles au principe de plaisir.

La pulsion de mort, sans ambiguïté,  est la destructivité pure, sans autre motif de déliaison. La pulsion de mort est la destruction de tout ce qui fait lien. La mélancolie, avec son accablement et sa dévalorisation de soi, est une pure culture de la pulsion de mort. Si la pulsion de mort relève d’un principe, ceci n’est autre que le principe de Nurvana qui est conçu pour ramener toutes les excitations au point zéro par la destruction radicale de tous les liens.

Les pulsions de vie tendent à la liaison tandis que la pulsion de mort tend à la déliaison. Noua sons que les pulsions de vie regroupent les pulsions de moi ou d’autoconservation et les pulsions sexuelles. La pulsion de mort veut  réduire à rien, anéantir, reconduire l’être humain  à un état antérieur anorganique (perturbation de fonctionnement), et intéresse avant tout le sujet lui-même – tout comme le narcissisme primaire[37]. Mais la pulsion de mort est silencieuse et muette pas comme dans la compulsion de répétition, il est inhabituel qu’elle se donne à voir en elle-même, déliée et indépendant, elle est dans la plupart des cas liée à une notion érotique.

Dans Malaise dans la culture (1929), Freud arrive  à conclure  que c’est ce perpétuel combat  entre l’Éros et la pulsion de mort qui a caractérisé fondamentalement l’évolution de la culture humaine et a joué un rôle primordial dans la formation du surmoi.

A la suite de la démonstration de la nécessité clinique du recours à la pulsion de mort, Freud en développe les suppositions et se propose les conséquences dans sa conception du vivant. La vie s’expose comme une sorte de déviation entre la naissance et la mort, déviation suscitée par les liaisons que les pulsions de vie opèrent. Mais depuis le début, l’impulsion vers l’apathie est à l’œuvre.

 

Dans « Au delà du principe de plaisir » Freud rediscute, son évolutionnisme qui lui faisait comprendre l’histoire de l’espèce comme un développement linéaire, dans une certaine mesure. Cherchant  dans la biologie un appui pour ses conceptions nouvelles, il réaffirme l’ancrage somatique de la notion de pulsion, désormais définie comme « conservatrice » restauratrice d’un état antérieur.  Telle est l’origine de la poussée des pulsions, de leur force économique : la force de la tendance à la répétition. Freud a prévu que ces nouvelles hypothèses éveillèrent des répliques plus que mitigés  à l’endroit des autres analystes. Aujourd’hui encore, l’identification de la pulsion de mort de son pessimisme, ou les effets de la guerre et du deuil depuis peu de temps qu’il devait faire de sa fille Sophie. Bien des éléments, depuis 1915, l’ont conduit vers cette voie.

 

 

  1. L’après-coup

 

 

L’après-coup est une pensée psychanalytique conçue par Freud Sigmund Freud et que Jacques Lacan[38] va appliquer en évidence concernant la temporalité et la causalité psychique. Freud utilise cette expression pour noter le changement après coup par le psychisme d’événements passés, ce qui leur confère « un sens et même une efficacité ou un pouvoir pathogène ».

 

Cette pensée émerge la vision métapsychologique de Freud d’une théorie traumatique linéaire telle qu’elle a été hérité de la neurologie. L’exemple très courant est le cas d’une patiente de Freud, Emma qui étant adulte elle souffre d’une « phobie » anxieuse d’entrer dans les magasins. Pendant le traitement, Freud discerne qu’adolescente elle avait été traumatisée par le rire de deux commis dans un magasin, dont l’un lui plaisait.

 

Nous avons vu qu’il y a traumatisme dans la mesure où ce qui se joue dans l’actualité est en quelque sorte une mise en scène d’une atteinte déjà produite dans le passé mais qui n’avait pu être mentalisée, voire représentée. Dans cet effet d’écho, où c’est finalement le deuxième événement qui fait « effet de choc », on voit que c’est après-coup que le traumatisme a lieu. Pour bien comprendre ce qu’est le traumatisme, et en particulier le traumatisme pubertaire qui va nous intéresser ici, il est important de prendre un peu le temps d’explorer ce que les psychanalystes entendent par après-coup.

 

Le schéma freudien de développement bi-phasique de la sexualité, spécifique à l’être humain, introduit à la notion fondamentale d’après-coup, dont peuvent découler d’autres notions développées par des psychanalystes d’adolescents, qui permettra un développement important de la compréhension du processus adolescent. Le processus d’après-coup signifie l’écart entre le temps où « ça se passe » et le temps où « ça se signifie » (Roussillon, 1999).

 

Cette notion essentielle apparaît chez Freud bien avant les Trois Essais : Dans l’Esquisse d’une psychologie scientifique, Freud écrit « […] Un souvenir refoulé ne s’est transformé qu’après coup en traumatisme. La cause de cette situation réside  dans la phase finale  de la puberté par comparaison avec le reste de l’évolution des individus. Bien qu’il soit rare qu’un souvenir suscite dans le psychisme une émotion qu’aucun incident actuel ne justifie, c’est pourtant ce qui se produit tout à fait ordinairement dans les cas de représentations d’ordre sexuel c’est pourtant ce qui se produit tout à fait ordinairement dans les cas de représentations d’ordre sexuel – précisément à cause du retard de la puberté. Tout adolescent recèle des traces mnémoniques qui ne peuvent être compris qu’à la suite de la manifestation de ses propres sensations sexuelles. Chacun devrait donc porter en soi un germe d’hystérie. […]

 

Quand un traumatisme se produit la première fois, à une époque où le moi est déjà formé – car les tout premiers traumatismes échappent entièrement au moi – il y a production de déplaisir ; mais le moi est déjà à l’œuvre et crée alors des investissements latéraux. Quand ensuite, un investissement de la trace mnémonique se produit, le déplaisir se renouvelle, mais les frayages du moi existent déjà et l’expérience montre que ce second déclenchement de déplaisir diminue, jusqu’au moment où, après plusieurs répétitions, il n’est plus qu’un signal d’une intensité que le moi est capable de supporter. L’essentiel est donc que lors du premier déclenchement de déplaisir, il y ait inhibition du moi afin que le processus ne s’effectue pas à la façon d’une expérience affective primaire ‘‘posthume’’. Et pourtant, c’est justement ce qui se produit lorsque, comme dans le cas du proton pseudos hystérique, le déclenchement de déplaisir est occasionné par un souvenir. Par là se trouve confirmée l’importance d’une des conditions nécessaires que nous a fait connaître l’expérience clinique, à savoir que la date tardive de la puberté rend possible la production de processus primaires posthumes » (Freud, 1895, pp.366-369).

 

Tout au début de son œuvre, Freud esquisse une conception de l’adolescence comme un après-coup d’une séduction vécue durant l’enfance, ce qui est développé à propos du cas Emma. Ce concept d’après-coup est très lié à la théorie de la séduction – Freud n’avait pas encore abandonné sa « neurotica » – et implique, comme le souligne J. Laplanche[39] (1999), le dépôt de quelque chose chez l’individu qui deviendra actif seulement dans un « deuxième temps ». Il s’agit donc d’une théorie du trauma en deux temps : « pour faire un trauma, il en faut au moins deux. Ce que Freud exprime de façon moins paradoxale ainsi : ‘‘un souvenir ne devient trauma qu’après-coup’’ » (Laplanche, 2006, p.49). Comme le fait remarquer F. Richard[40] (2007, p.84), « la poussée pulsionnelle agissant comme un corps à la fois étranger et interne (comme un traumatisme), tout adolescent serait peu ou prou hystérique, et, de même, tout un chacun garderait du passage adolescent une sensibilité hystérique ». Nous allons discuter dans cette section le processus explosif de déliaison et  le traumatisme après-coup.

 

 

  • Processus explosif de déliaison

 

 

Les constructions et fantasmes pubertaires peuvent remanier les traces infantiles. Les matériaux infantiles posthumes se révèlent susceptibles d’investir les matériaux pubertaires pour leur imprimer une marque. A propos du cas Emma, (Freud, 1895, p.365), ce qui entraîne un processus explosif de déliaison, ce sont les liens associatifs qui se font entre la scène I (du commis), anodine, et la scène passée II (de l’épicier) remémorée mais qui s’est produite prématurément – alors que l’enfant n’était pas mûre pour recevoir une excitation sexuelle. Comment expliquer une telle déliaison lors du deuxième événement alors que le premier événement n’en avait pas provoqué ? La condition majeure, selon J. Laplanche, est que cette chaîne d’événements temporels se profile elle-même, se découpe, se scande, sur une autre chaîne, marquée par la biologie : entre les deux temps, il y a la puberté. Donc « le souvenir d’une scène (II’ ou scène II remémorée) est accueilli par un psychisme et un organisme qui ne sont pas similaires à ceux qui ont accueilli la scène II elle-même. […] En d’autres termes, une fillette qui est pubère comprend ‘‘après-coup’’ le sens sexuel qu’avaient les gestes de la scène II » (Laplanche, 2006a, p.51). Freud lui-même (1895, p.366) souligne ce trauma après-coup, après la puberté : « Nous trouvons là l’exemple d’un souvenir suscitant un affect que l’incident lui-même n’avait pas suscité. Entre-temps les changements provoqués par la puberté ont rendu possible une compréhension nouvelle des faits remémorés ». La puberté ouvre sur des sens nouveaux. Mais qu’est-ce qui est traumatique ? « La scène II ne devient traumatique que parce que c’est son souvenir qui traumatise. Et son souvenir traumatise d’une part parce qu’il provoque plus d’excitation que la scène elle-même, et d’autre part parce qu’il vient de l’intérieur » (Laplanche, 2006, p.53). Freud (1895) qualifie l’hystérie de proton pseudos, « premier mensonge ».

 

Ce mensonge n’est pas le fait de l’hystérique, c’est le fait que « l’objectivité lui mente » : « Il y a dans les choses quelque chose qui vient à lui mentir, et ce qui lui ment, c’est qu’un souvenir soit plus fort qu’une scène, ce qui est contraire à tout ce que l’on pourrait penser » (Laplanche, 2006, p.53). En plus, le moi se  voit attaqué du côté de l’intérieur alors qu’il s’attend à se défendre du côté de l’extérieur. « Donc, traumatisme en deux temps, cela veut dire aussi que tout traumatisme, finalement, de par son second temps, est auto traumatisme, traumatisme interne. C’est-à-dire que ce sont les restes mnésiques de la première scène qui ont une fonction traumatique » (Laplanche, 2006a, p.54). Finalement, est surtout traumatisant psychiquement ce qui vient de l’intérieur. « C’est l’attaque interne qui est psychiquement traumatisante » (Laplanche, 2006, p.137). J. Laplanche pense que le traumatisme psychique est toujours lié à l’après-coup, même lorsque survient un événement extérieur objectivement qualifiable de traumatique – tremblement de terre, accident, etc.: « les traumatismes des traumatisés ne deviennent traumatismes psychiques que dans la mesure où ils sont en écho avec des premiers temps de l’infantile ».

 

 

 

 

 

 

  • Le traumatisme psychique à l’après-coup

 

 

Cette réapparition de traumatismes résiduels infantiles dans l’après-coup reste imprimée dans la théorie freudienne1 et est encore suggérée par Freud à la fin de sa vie (Freud, 1937, p.271) : « Si un objet apparaît dans une certaine couche, il est souvent difficile de décider s’il a toujours appartenu à cette couche ou s’il est parvenu à une telle profondeur par une perturbation ultérieure ». Le passé est envisagé du point de vue du présent. Le pubertaire espère réaliser ce que la sexualité infantile ne pouvait pas envisager. C’est cette construction psychique complexe que Freud cherche à rendre sensible avec son expression de « processus primaires posthumes ». La temporalité ne peut être envisagée comme strictement linéaire vu le remaniement des traces mnésiques d’origine infantile qui ont un caractère atemporel. Le sujet se construit comme décalé, entre strates, y découvrant progressivement sa capacité à écrire de nouvelles inscriptions. Le désir œdipien fait surgir l’adulte dans l’enfant, oui, mais l’enfant survit plus qu’on ne le croit dans l’adulte, de sorte qu’il reste toujours chez l’adulte un reliquat de moi idéal infantile en dépit de la maturation des instances surmoïques.

 

La notion d’après-coup ne vient pas notifier seulement l’action du passé sur le présent, ce serait trop simple, trop linéaire. Laplanche et Pontalis (1967) définissent : « Des expériences, des impressions, des traces mnésiques sont remaniées ultérieurement en fonction d’expériences nouvelles, de l’accès à un autre degré de développement. Elles peuvent alors se voir conférer, en même temps qu’un nouveau sens, une efficacité psychique ».

 

L’après-coup est devenu un paradigme de la puberté. Mais cette notion d’après-coup n’implique pas qu’un simple « effet retard » ou une « action différée » ou encore une « décharge retardée », la sexualité génitale étant mise en latence jusqu’à l’avènement pubertaire. L’après-coup est un phénomène qui, selon J. Laplanche, se joue dans l’interpersonnel. Le passage d’un temps à un autre est caractérisé comme traduction. J. Laplanche suppose que quelque chose est proféré par l’autre, qui est après-coup retraduit et réinterprété.

 

 

  1. La psychopathologie psychanalytique

 

 

  • La notion de psychopathologie

 

 

La psychopathologie psychanalytique est basée sur la situation des instruments intrapsychiques et plus souvent inconscients qui sont à l’origine des troubles psychiques. Cette psychopathologie repose généralement sur les concepts de la métapsychologie[41] freudienne.

 

Cette discipline est appliquée et applicable à toutes les catégories d’âge : les nourrissons, les enfants, les adolescents, les adultes et les personnes âgées. Ces catégories d’âge sont indiquées comme sous-spécialités, sur les modèles des sous-spécialités psychiatriques (pédopsychiatrie, psychogériatrie, etc.). Cette discipline est pratiquée par les psychanalystes, des psychiatres, des psychologues cliniciens qui se réfèrent électivement à la psychanalyse.  Cette discipline a pour instruments les entretiens cliniques, l’examen psychologique avec ou sans testes projectifs[42].  Les signes et les symptômes exhibés par le patient sont considérés comme la manifestation de conflits inconscients et non dans leur aspect manifeste, ce qui n’exclut pas le recours à des mesures psychiatriques spécifiques, médications psychotropes ou autres par exemple dans les dépressions. L’approche y est souvent structurale, certains préfère parler d’organisation de la personnalité ou de pôle d’organisation.

 

Selon la définition de Freud, l’ontogénèse des troubles évolue dans certaines lignes de force, névrotiques, psychotique, états-limites, pervers, narcissiques, etc. Ces lignes de force ainsi que leur construction composent l’objet de la démarche psychopathologique, selon l’une des variantes qui va de la cure psychanalytique au traitement de milieu, en passant par la psychothérapie psychanalytique, le psychodrame psychanalytique, la relaxation psychanalytique, etc.

 

Freud s’inquiétait un peu des diagnostics au sens où on l’entend en psychiatrie, par ailleurs il n’était pas psychiatre. Il s’efforce de considérer en détail le concept de névroses et ses sous-entités, hystériques, phobiques, obsessionnelle d’un côté, puis la perversion, la paranoïa et les névroses narcissiques de l’autre. Freud se concentre de plus en plus sur la découverte des instruments psychiques en cause dans les maladies que sur les distinctions catégorielles entre le groupe des névrosés et ceux qui souffrent de la psychose. Il s’est attaqué à plusieurs modifications de ses diverses entités, surtout névrotiques (névroses hystériquo-phobiques, phobo-obsessionnelle, etc.) A remarquer aussi qu’il n’avait pas incorporé la question de narcissisme dans ses aperçus nosographiques. Tout le travail de Freud sur les questions psychopathologiques est indissociable des aspects de la technique de la « cure psychanalytique». En effet, de par l’approche historique, Freud  reprend, entre 1895-1900, les concepts de névrose et de psychose, ce qui lui permet un premier repérage.

 

La principale question est relative à la cure cadrée dans le conflit psychique. Entre 1900-1915, Freud signale des pathologies au sein desquelles le conflit serait actuel et non historique, et pour lesquelles la psychanalyse semble bien impuissante. Freud discerne en effet (i) les psychonévroses de défense telles que la névrose de transfert genre hystérie, et la névrose narcissique genre psychose, comme la paranoïa ; et (ii) d’autre part la névrose actuelle.

 

Freud, à l’occasion des « Trois essais sur la théorie sexuelle » établit aussi la notion de perversion au concept de pulsion en faisant un changement de but, d’objet ou de zone érogène. Possiblement, ces changements peuvent se croiser. Mais Freud signale aussi le cas des conditions impératives qui sont de temps à autre assignées à l’obtention de l’orgasme. Donc, la perversion se détermine en quelque sorte une attache sexuelle faisant suite à l’échec du refoulement, alors que la névrose serait « le négatif de la perversion ».

 

Durant la période 1915-1924, l’expression « névrose narcissique » est réduite à la psychose maniaco-dépressive par rapport à la classification de Kraepelin, actuellement  on parle de trouble bipolaire dans les systèmes de classifications anglo-saxonnes. On identifie les névroses actuelles dans un premier temps, puis les psychopathologies qui dépendent de l’ l’histoire du sujet, des conflits pulsionnels antérieurs, de la névrose narcissique, des névroses et des psychoses.

 

Des psychanalystes plus récents ont maintes fois révisé la définition de Freud sur la perversion notamment ceux qui ont retravaillé sur la question de la fixation sexuelle. Les préoccupations du pervers sont surtout l’angoisse de castration, mais la problématique porte plutôt sur l’enjeu de cette angoisse dont certains pensent qu’il est avant tout psychotique.

 

Après cette période, le consensus relatif amène la plupart ses psychanalystes contemporains à distinguer :

  • les psychoses dont La schizophrénie qui est une maladie mentale se développant généralement au début de la vie adulte. Elle se caractérise par des désaccords à partager une compréhension du réel avec les autres. On risque à cet effet d’aboutir à des comportements et à des discours bizarres, parfois délirants. Au début, elle s’extériorise par un sentiment d’étrangeté, d’implication extrême, peut-être même une sensation de persécution et la paranoïa puis la psychose maniaco-dépressive ;
  • les névroses dont l’hystérie et la phobie puis la névrose obsessionnelle ;
  • les agitations désordonnées de la personnalité borderline et notamment les troubles psychosomatiques.

 

Les expressions ‘’névrose actuelle’’, ‘’névrose narcissique’’ ont disparu. Nombreuses  notions qui modifient la compréhension de la classification des troubles se sont manifestées après Freud. Des préposés schizoïdes se révèlent présents dans d’autres pathologies que la schizophrénie ; remarquablement, Donald Winnicott considère un « faux-self ». La recherche sur le narcissisme devient très importante, surtout sous le regard de Heinz Kohut[43].

 

La résolution prioritaire de toute psychopathologie psychanalytique est irréprochablement l’entretien clinique. L’usage de l’analyse psychologique peut être une résolution mais toute usage d’échelles auto-administrées ou hétéro-administrées est contradictoire à la démarche psychanalytique qui priorise la singularité du patient, ses troubles et la rencontre avec un clinicien qui insère des éléments transfero-contre-transférentiels. Dans cet entretien, ils sont dans la plupart des cas nombreux, le patient joue un rôle loin d’être objet passif, il est tout d’abord vu comme sujet actif de manière à être un animateur tangible de son mode personnel de communication avec le clinicien. Ce dernier étant vécu comme « receveur » ou « témoin ».

 

La psychopathologie psychanalytique qui s’avère plus consensuelle dispose de certains repères, plus particulièrement, la distinction entre névrose, psychose et perversion qui assure notablement un repérage fécond. La névrose fait connaître un conflit réel qui est dans l’histoire, un conflit intrapsychique au niveau des tendances pulsionnelles antinomiques. Ce conflit fonctionne dans l’inconscient et inclut le refoulement.

 

La névrose est distincte de la perversion. La tendance perverse à l’origine de la sexualité infantile se trouve dans la névrose, refoulée. Elle se manifeste librement dans la perversion. Mais si celle-ci est prioritairement acceptée comme échec des instruments de défense, il semble qu’elle n’en est pas intacte. Dans la perversion, la fixation a tendance à dissimuler toute autre sexualité, ce qui n’est le cas de la perversion infantile, qui est sexualité perverse mais polymorphe.

 

Le fétichisme sexuel apparaît comme le lieu du clivage, arrangeant ce facteur schizoïde de la personnalité avec l’angoisse de castration. Le caractère dominant de la psychose existe dans le rejet de la réalité extérieure, substituée par le délire, sur le modèle de l’hallucination.

 

Il s’avère que ces repères ne sont pas suffisant pour saisir toutes les pathologies, à savoir que  plusieurs d’entre-elles se trouvent à la limite de la névrose et de la psychose. A titre d’exemple, on identifie des troubles psychosomatiques. Mais l’étendu du narcissisme, de l’anorexie mentale et autres addictions, sont des illustrations de thèmes mettent en difficulté la psychopathologie psychanalytique.

 

Certains courants de la psychiatrie actuelle tendent à se différencier de la psychopathologie psychanalytique en adoptant des modèles biomédicaux qui sont à la base des systèmes de classification comme le DSM[44], le CIM, etc. qui représentent aussi les approches comportementalistes.

 

 

  • Traitement psychanalytique du traumatisme majeur

Il est connu que ce sont les psychanalystes qui ont abordé en premier lieu les pertes traumatisantes. Pourtant, à l’origine, à la suite de Freud, ils ont travaillé particulièrement sur les traumatismes sexuels. La perte expérimentée  était d’emblée du fantasme : perte de la  crédibilité en l’adulte, perte de la maîtrise de son propre corps, perte de la assurance des grandes personnes, sans négliger les blessures physiques et morales. Puis, les événements passés ont rendu indispensable la conception des troubles des rescapés de la première guerre mondiale pour lesquels, la mort des parents n’était pas au premier plan, alors que la menace de mort pour soi détenait le front de la scène.

Cependant, lorsque H. Oppenheim fait figurer le terme de névrose traumatique en 1884, il a fait allusion à des victimes d’accidents de chemin de fer. Il n’a pas mentionné du premier la mort des voyageurs. La névrose traumatique tient notamment le statut propre d’avoir une étiologie extra-psychique, alors que les autres névroses découlent d’une étiopathogénie intra-psychique. La névrose traumatique est alors composée d’un ensemble de syndrome qui s’évolue à partir d’un trauma, un trauma au sens étymologique du terme grec, qui indique souffrance et dérive d’un mot qui a le sens de perforer. A partir de 1895, Freud  évoque un appareil protecteur qui est censé protéger le moi des excitations venant de l’extérieur. Il le dénomme en 1920 «pare-excitation» dans son écrit Au-delà du principe de plaisir. Le trauma découle en effet de la rupture de l’instrument protecteur du psychisme du sujet et fait entrer avec force des excitations non élaborables qui provoquent un signal de danger instinctif et ne passant pas par la pensée appelée «angoisse signal d’alarme». Cette angoisse aboutit tôt à un état de souffrance vis-à-vis de l’impuissance à diminuer l’excitation.

En 1926, Freud formule son  nouveau concept de l’angoisse dans Inhibition, symptôme et angoisse. Sachant qu’il prenait en considération jusqu’à présent le traumatisme comme principalement d’origine sexuelle, puis refoulé pendant l’enfance et à l’origine du développement d’une névrose hystérique lors de l’accès à la puberté. Il réalise que nombre de ces scènes traumatiques de séduction par l’adulte, racontées par ses patients, sont effectivement des constructions se rapportant au fantasme. En effet, il paraît que si ces scènes construites sur des fantasmes s’avèrent nécessaires au développement psychique de l’enfant, elles sont totalement condamnables quand elles se produisent dans la réalité (Freud continue à soutenir que certains enfants, devenus analysants par la suite, ont été sûrement victimes des scènes sexuelles traumatiques).

Donc, Freud découvre que le traumatisme résulte des facteurs autres que de la séduction infantile, plus particulièrement, la perte de l’objet d’amour. En 1938, dans l’Abrégé de psychanalyse, Freud revient encore sur les traumatismes infantiles structurants. Il définit le risque de castration paternelle au même titre qu’un traumatisme pour le petit garçon, pourtant  les effets semblent être constructifs: « Passé le premier effroi, la menace deviendra symbolisable, c’est-à-dire représentable et pensable, elle pourra s’intégrer aux théories sexuelles infantiles qu’elle permet de remanier. Ce traumatisme a donc une valeur bénéfique puisqu’il a une action organisatrice, à condition qu’une réalité traumatique ne vienne pas donner corps au fantasme et ne vienne pas le fixer avec toute sa charge excitante en une blessure narcissique difficile à assumer » (Thierry Bokanowski, 2000).  Cette réflexion de Bokanowski est notamment éclairante du fait qu’elle permet de saisir la double position de Freud qui va suivre en 1939.

Freud confirme que le traumatisme présente toujours deux modèles d’effets, donc les positifs et les négatifs. D’une part, par le syndrome de répétition, l’individu cherche inlassablement à ranimer le souvenir de la scène refoulée et croit revivre un vécu marquant en le reproduisant de façon déplacée. Il arrive, par à-coups successifs, à une conception de ces traumatismes qui se regroupent, confirme Freud autour «d’expériences touchant le corps même du sujet» ou en «perceptions sensorielles affectant, le plus souvent, la vue et l’ouïe». D’autre part, les effets négatifs du traumatisme admettent dans une défense en évitant l’évocation et la répétition. En résumé, l’obstacle de réalisation du traumatisme engendre une crypte dans laquelle l’expérience traumatique est enfermé fortement, jusqu’à la prochaine réactivation, qui produira cette fois, les symptômes post-traumatiques bien connus.

Le concept psychanalytique du traumatisme montre  deux intérêts :

  • Premièrement : il met en exergue, en même temps il normalise, les fantasmes traumatiques de la petite enfance en insistant sur le fait qu’ils sont des éléments de développement (Françoise Dolto[45] les décrira par l’idée de castration symboligène, 1984). Les sexes opposés, les rêves d’attirance du parent de l’autre sexe, puis les angoisses de castration, la confusion de la sexualité parentale avec une scène de violence, présentent d’excitations impétueuses qui fixent à mal le système pare-excitation de l’enfant. Toutefois, ce dernier est progressivement entraîné à affronter ces situations terribles en les déplaçant, en les refoulant et en les manipulant mentalement sous d’autres formes, les parents également présents pour «consentir» leur pare-excitation personnelle et assister l’enfant à développer des systèmes fantasmatiques d’intégration.
  • Deuxièmement : la psychanalyse de souligner combien les traumatismes actuels, autrement dit les traumatismes se produisent ultérieurement, quand le psychisme adulte est supposé avoir dépassé les traumatismes infantiles, consistent à un travail d’intégration sous réserve que le retour des souvenirs des premiers effrois traumatiques, c’est-à-dire en premier lieu analysé, sachant qu’il n’est produit et expérimenté  comme traumatique qu’après-coup. Ces conceptions ont été proposées par Freud, d’emblée,  pour faire comprendre les névroses à partir des vécus traumatiques sexuels passés. Freud a ensuite pensé que ceux-ci pourraient ne pas être de traumatismes vécus pour la plupart, mais de scènes de fantasmes qui résultent de la réelle séduction des enfants par les adultes. La répétition de ces scènes de fantasmes qui  contribuent à intégrer peu à peu la sexualité, une seconde scène traumatique peut détériorer cet enchaînement et inciter cette fois une désorganisation.

 

La scène suivante, à l’origine de la névrose traumatique, ne se limite pas une scène de séduction, mais elle est attachée à la disparition d’objet qui rappelle la crainte de délaissement éprouvé chez le nourrisson. La réapparition de cette crainte majeure va avec un sentiment d’étrangeté et d’une recrudescence  du passé confrontant fantasme et réalité. La rétrogradation qui en résulte est déplaisante car elle provoque mainte fois culpabilité et peur d’abandon. Les individus peu assurés, plus particulièrement, ceux qui demeurent très dépendantes de leurs concepts d’amour sont sensibles à ces altérations traumatiques et rencontrent en effet une dépression intense et prolongée. Comme avantage perçu du rappel du concept  psychanalytique, il demeure valide pour les situations actuelles, sous prétexte d’appellations nouvelles et «modernes».

La névrose traumatique a été, au départ, désemplie de sa substance par les Américains dans leur manuel de psychiatrie (Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders). Mais, chaque révision de ce manuel vient plus près du concept initial, rejeté initialement. A propos,  la dernière version du DSM IV accentue les quatre domaines d’invalidation de l’individu   rejoignant la névrose traumatique, à savoir :

–Le syndrome de répétition

–L’évitement de l’angoisse et de la souffrance

–Les réactions neuro-végétatives

–La perturbation des relations à soi-même et au monde.

 

Freud se base sur la supposition qu’est l’existence d’un inconscient invitant l’être humain à se reconsidérer absolument sachant qu’il ne serait plus en pleine possession de son mental. Freud prend en considération que l’inconscient demeure la plus intéressante découverte du créateur de la psychanalyse. Il considère cette pensée comme l’une des pensées  fondamentales de la psychanalyse. Son premier concept de l’inconscient est né avec l’étude des faits hypnotiques où il est possible de disposer de plusieurs groupements psychiques, assez indépendants pour ne leur permettant pas de se connaître. « ..Des cas de ce genre, que l’on appelle «double conscience », peuvent, à l’occasion, se présenter spontanément à l’observation. Si, dans un tel dédoublement de la personnalité, la conscience reste constamment liée à l’un des deux états, on nomme cet état : l’état psychique conscient, et l’on appelle inconscient celui qui en est séparé… » (Page 23).

 

Par conséquent, Freud accorde une grande importance aux attributions  des signifiants dans les conceptions mentales, qu’ils soient linguistiques pures ou peut-être analogiques. La considération des différents caractères de la structure qui en est déterminée est essentielle pour développer les conflits perpétuels qui inspirent l’inconscient. L’inconscient est régi par des processus particuliers : un phénomène ou une représentation sont dits «inconscients quand ils sont énoncés et structurés par des démarches originales tels que la condensation ou le déplacement, la métaphore et la comparaison ou encore les actes manqués, les faussetés, les mots d’esprit. Par ailleurs, pour Freud l’inconscient est action: il désigne une sorte d’équivalence entre l’acte inconscient et le désir. : « …Le désir refoulé continue à subsister dans l’inconscient » (page36). En outre, le développement du concept d’inconscient est  confronté avec l’histoire de la psychanalyse, ce qui a conduit  Freud à décrire l’histoire de la psychanalyse et sa contribution à celle-ci.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

DEUXIEME PARTIE

 

 

METHODOLOGIE   ET   PARTIE CLINIQUE

 

 

 

 

 

  1. Méthodologie

 

  • Les objectifs de recueil de données

 

Nous venons de collationner, de voir, d’analyser, une large gamme de théories sur le traumatisme, sur les pulsions  de tous genres. Nous avons observé plusieurs classes d’âge susceptibles  d’intéresser d’autres chercheurs, d’autres personnes intelligentes ou éventuellement des victimes mais qui sont déjà revenues au stade normal mais qui veulent comprendre mieux le processus.

 

Si nous collectons des données, des informations auprès des personnes touchées directement par ces théories, c’est que nous voulons vérifier la pertinence de ces théories. Nous ne prétendons pas être experts en la matière, mais l’humain est condamné à comparer pour pouvoir distinguer les meilleurs ou les pires.

 

Effectivement, les objectifs de recueil de données sont de mettre en exergue ces différences de points de vue de la théorie et de la pratique, c’est-à-dire des expériences réellement vécues par nos échantillons, choisies parmi tant d’autres et qui sont considérées comme représentatives des cas qui peuvent se montrer dans des cas de clinique, dans des cas de psychopathologie psychanalytique. Les personnes interviewées sont limitées par rapport à nos objectifs, à nos moyens et de communs accords  avec des personnes qui travaillent de près ou de loin avec nous. Il s’avère aussi intéressant de converser un peu avec des praticiens et spécialistes dans le domaine.

 

  • Le choix des personnes interviewées

 

Personnes hospitalisées sur des périodes de plus d’un mois ayant subies des abus sexuels pendant l’enfance, Deux femmes de 52 ans Martine et 60 ans Françoise.

 

Et quelques représentants du personnel  psychanalyste et médecins traitants.

 

En ce qui concerne les raisons de choix : d’abord, il nous paraissait de prime à bord que ces femmes sont abordables, elles présentent la pleine capacité de converser et c’est confirmé par les médecins traitants. En tout cas, leur âge et leurs caractéristiques, apparemment, répondent à nos besoins de comparer ce que nous avons vu dans les revues bibliographiques.

 

 

  • Les outils mis en œuvre pour le recueil de données

 

On va adopter l’Interview non directive, pour notre cas ce serait une interviewe  individuelle : Il s’agit d’interroger un individu en face à face. Cette méthode est utilisée pour recueillir des informations qui dépendent de la subjectivité de la personne  (ses ressentis, ses points de vue etc.). Elle est dite « non directive » car elle laisse au sujet la liberté de parcourir comme il le souhaite la question ouverte qui lui est posée. L’enquêteur intervient peu sur le fond mais beaucoup sur la forme pour encourager et structurer les paroles du répondant.

 

En effet, un cadre en face à face, sans enregistrement, et juste une prise de note en fin de séance, une méthode d’intervention d’orientation psychanalytique adaptée à l’urgence de la situation, du fait d’une prise en charge courte. S’il faut prendre des notes, il faudra demander au préalable l’autorisation de l’interviewé sans pour autant dépenser beaucoup trop de temps à enregistrer.

 

  • L’instrument des entretiens

La conversation sera guidée sur l’objet de l’étude, néanmoins l’intervieweur se doit de rester en retrait. On peut en décrire les avantages :

    • mettre à jour des processus psychologiques ;
    • des données descriptives et qualitatives ;
    • recueillir et explorer des jugements directs de valeur, des attributions de causalité et de responsabilité, les opinions et croyances, etc. ;
    • tester, étayer ou infirmer des pistes et hypothèses de travail.

Il est peut-être nécessaire d’utiliser un dictaphone, et peut-être avec discrétion pour ne pas intimider la personne dont la stabilité mentale est méconnue. Les prises de notes, comme il est annoncé supra, devra avoir son autorisation.

 

  • Les thèmes de recherches

 

Les thèmes de recherche sont rapportés à deux femmes d’âge mûr traumatisées et subissant un refoulement. Les questions ou plutôt la forme de questions vont être orientées vers la pulsion de mort, pulsion de vie, vers les expériences vécues de deux femmes depuis qu’elles ont enduré l’abus sexuel jusqu’à ce moment de refoulement, en passant par les périodes de vie avec la famille nucléaire c’est-à-dire le mari et les enfants.

A fin de pouvoir répondre aisément la question de départ de la problématique « Quel est le devenir de l’équilibre pulsionnel après un traumatisme sexuel subit pendant l’enfance ? », il s’agit de développer le sens de la pulsion de mort et la pulsion de vie  vécues respectivement par les deux patientes et en déduire le traitement psychanalytique du traumatisme majeur.

Les entretiens auprès du personnel traitant vont avoir une forme de vérification des déclarations des deux femmes. Ceci n’a pas un caractère de contrôle des patientes, sur le plan psychologique ou le plan stabilité en général, mais plutôt pour vérifier les théories qui abondent. Par ailleurs, même les psychanalystes que nous avons rencontrés dans les revues de littératures se trouvent confrontés à des particularités ou à des étrangéités, et se partagent des idées différentes.

  • Les guides d’entretiens

 

Il s’agit de concevoir deux types de guides d’entretien :

–  entretien auprès des sujets en observation clinique, dont Françoise, une femme de 60 ans, hospitalisée pour dépression sévère et Martine, 52 ans, une femme hospitalisée pour un état général anxieux ;

– entretien auprès du personnel thérapeute

 

A titre illustratif,  on va exposer ci-après les questions guides à poser auprès des deux femmes :

  1. Qu’est ce qui vous rend anxieuse le plus : rester seule ou se trouver parmi un groupe de personnes inconnues ?
  2. Pouvez vous parler des principaux sujets que vous souvenez lorsque vous êtes en état de crise ?
  3. Parlez un peu de vos entourages immédiats : la famille, les amis, et peut-être des mauvaises fréquentations, plus anciennes ou récentes ? qui peuvent être sources de vos bonheurs et de vos malheurs ?
  4. Quels sont vos buts et objectifs quand vous ressentez la pulsion suicidaire ou l ‘envie de se donner la mort ?
  5. Qu’est ce vous attendez de ces psychanalystes ou de ces spécialistes en psychothérapie ?
  6. Quels sont vos programmes de  vie à la sortie de cette crise qui certainement va terminer d’ici peu ?

 

En  ce qui concerne les questionnaires à adresser au personnel thérapeute, il s’agit de vérifier les théories ou leurs connaissances  de base avec le vécu avec les deux patientes respectivement selon  leur traitement.

 

  1. A quelle théorie psychanalytique attribuez-vous le cas de Françoise et celui de Martine ?
  2. Quels sont les principaux éléments à considérer pour sortir respectivement ces deux femmes de la crise qui sévit en leur défaveur ?
  3. Pouvez-vous parler des rôles de l’environnement qui doit contribuer pour les guérir complètement et les faire revenir au quotidien sans aucun souci de répétition infortunée ?
  4. Vous est-il déjà arrivé de les entendre raconter les origines de leur anxiété ? de leur dépression sévère ? Comment çà se passe et quels enseignements en tirez-vous ?
  5. Pensez-vous qu’elles vont pouvoir oublier les origines de leurs « crises » et qu’elles pourront vivre tranquillement et sans souci de pulsion de mort ou de suicide pour le restant de leur vie ?
  6. Est que la patiente présente-t-elle des pathologies associées ? comment évoluent les pathologies ?

 

  • Les critiques sur la méthodologie

 

Aucune méthodologie n’est parfaite dans un tel cas sachant que les patientes qui vont fournir les informations ne sont pas catégoriquement  sûres qu’elles se trouvent, au moment de l’interview, dans leur états les plus fiables. On veut en  parler de l’équilibre psychique.

 

L’interview  non directive prend du temps du fait que les patientes peuvent être emportées par un ressenti  incontrôlable au moment  du contact. Il faut attendre  patiemment son retour à la normale et qu’elles répondent aux questions sans contrainte et disons « avec joie et libre participation ». Le terme n’est pas approprié mais parfois il faut abuser les expressions barbares pour arriver aux termes de la recherche.

 

Peut-être les guides d’entretiens sont un peu globalisants, et à cet effet, seul celui qui l’a conçu aurait la capacité de les maîtriser. Il serait peut-être indispensable d’en fournir d’annexes pour que chaque question soit explicitée. Ce serait peut-être superflu, mais le déroulement des entretiens va nous éclaircir au mieux.

 

  • Déroulement des entretiens

 

D’emblée, il faut avoir l’autorisation des psychanalystes et médecins  traitants pour que ces derniers puissent garantir le moment calme des patientes.

 

L’entretien se déroule avec une caractéristique la plus naturelle possible. Elles sont mises en confiance avec l’auto-présentation et un briefing de causalité, de confidentialité.

 

On doit trancher en deux séances l’entretien afin d’éviter  la fatigue et la perturbation. Chaque séance dure environ une heure très calme, paisible et naturelle.

 

Les deux femmes ont accepté la prise de note et l’utilisation de dictaphone. Apparemment, elles ont un niveau d’éducation plus ou moins élevé et disposent d’un niveau de compréhension abordable. Les échanges ne sont pas très difficiles. Elles racontent à bâton  rompu les événements qui se sont passé dans leur existence.

 

En ce qui concerne les interviews auprès du personnel, on croirait entendre des leçons de psychologie, de psychanalyse. Ceux qu’ils racontent à propos des deux femmes sont un peu volatiles. Mais étant donné le principe de libre enquête, l’interview non directive, on s’est limité à écouter et parfois de guider un peu la forme de l’échange. Quoi qu’il en soit, nous comprenons la déontologie, les secrets professionnels.

 

 

  • Déontologie des psychanalystes

 

Nous sommes conscients que le métier de psychothérapeute ou plutôt sa profession  est une discipline spécifique du domaine des sciences humaines. Cette profession inclut un diagnostic et une stratégie globale et explicite de traitement des troubles psychologiques, sociaux et psychosomatiques.

Les procédés adoptés sont basés sur des théories scientifiques de psychothérapie. Elles doivent offrir un cadre dans lequel les contenus symboliques peuvent advenir, être vécus, contenus et examinés sans qu’ils soient agis et dès lors rendus concrets.

Le psychothérapeute est supposé guider le patient dans un voyage énigmatique dans la plupart des cas difficile et déplaisant. Une telle tentative le confrontera souvent à son impuissance. Il doit faire en sorte de ne jamais prétendre  comme le propriétaire du réel, de la vérité ou de la connaissance, comme le responsable du meilleur et du pire, et encore moins du normal.

Les psychothérapeutes psychanalystes  sont fixés à pratiquer leur métier avec un sens singulièrement aigu de leurs responsabilités vis-à-vis de leur personne, vis-à-vis de leur travail thérapeutique et vis-à-vis des personnes avec lesquelles une relation est engendrée par le biais du traitement psychothérapeutique. L’association a l’obligation de consentir une attention toute particulière aux questions de déontologie. Cela s’adonne avec sérieux aux membres, aux formateurs, aux Etudiants et ceux qui sont concernés de près ou de loin.

Les règles de déontologie :

  • Protéger le patient contre les applications abusives de la psychothérapie par les praticiens ou les formateurs,

 

  • Servir de règles de conduite à leurs membres,

 

  • Servir de référence en cas de litige.

 

  • Garantir la compétence professionnelle et le perfectionnement

En effet, la profession de psychothérapeute se caractérise par l’implication du thérapeute dans la réalisation des objectifs précités.

Le psychothérapeute est tenu d’utiliser sa compétence dans le respect des valeurs et de la dignité de son patient client au mieux des introïts de ce dernier.

Le psychothérapeute doit indiquer sa qualification dans la spécialité où il a été formé.

Le psychothérapeute devra exercer sa profession de manière compétente et dans le respect de l’Ethique.

Le psychothérapeute doit se tenir au courant des recherches et du développement scientifique de la psychothérapie, ce qui implique une formation continue et permanente. Afin de promouvoir l’évolution scientifique de la psychothérapie et l’étude de ses effets, il devra, dans la mesure du possible, collaborer  des travaux de recherche entrepris dans ce sens.

Les principes déontologiques définis plus haut doivent également être respectés à l’occasion de ces travaux et lors de leur publication.

Les intérêts du patient restent présents

Le psychothérapeute est tenu de ne pratiquer que les méthodes de traitement et dans les domaines de la psychothérapie pour lesquels il peut justifier de connaissances et d’une pratique certaine.

Le psychothérapeute et son équipe éventuelle sont soumis au secret professionnel absolu concernant tout ce qui leur est confié dans l’exercice de leur profession. Cette même obligation s’applique dans le cadre de la supervision.

 

Le psychothérapeute doit donner au patient client  un cadre et les conditions de travail, et de maintenir fermement les limites de ce contenant.

 

Le psychothérapeute  attirera l’attention de son client sur ses droits et soulignera les points suivants :

  • Le type de méthode employé. Il précise les conditions de travail (y compris les conditions d’annulations ou d’arrêté),

 

  • Durée présumée du traitement,

 

  • Secret professionnel,

 

  • Possibilité de recours en cas de litige.

 

  • Le cadre comprend également la fréquence, les horaires, le lieu des séances, et le montant des honoraires ainsi que les modalités de paiements.

 

  • Toute modification du cadre nécessitera une élaboration.

 

  • Le patient client doit pouvoir décider lui-même si et avec qui il veut entreprendre un traitement (libre choix du thérapeute).

 

  • Le psychothérapeute est dans l’obligation d’assumer ses responsabilités compte tenu des conditions particulières de confiance et de dépendance qui caractérisent la relation thérapeutique.

 

  • Il y a abus de cette relation à partir du moment où le thérapeute manque à son devoir et à sa responsabilité envers son patient client pour satisfaire son intérêt personnel (ex. : sur le plan sexuel, Émotionnel, social ou Économique). Toute forme d’abus représente une infraction aux directives déontologiques spécifiques concernant la profession de psychothérapeute. L’entière responsabilité des abus incombe au thérapeute. Tout agissement irresponsable dans le cadre de la relation de confiance et de dépendance créée par la psychothérapie constitue une grave faute professionnelle.

 

  • Les informations au patient client concernant les conditions dans lesquelles se déroule le traitement doivent être exactes, objectives et doivent reposer sur des faits. Toute publicité mensongère est interdite. (Ex. : promesses irréalistes de guérison)

 

  • Le psychothérapeute traitera ses confrères avec respect et bienveillance.

 

  • Le psychothérapeute s’abstiendra de tout jugement critique à l’Égard de ce dernier, de son association ou de la psychanalyse en présence de son patient client.

 

  • Si nécessaire, le thérapeute doit travailler de manière interdisciplinaire avec des représentants d’autres sciences, dans l’intérêt de son patient client, mais aussi dans l’intérêt de l’exercice de sa profession.

 

  • En cas de litige envers un confrère qui enfreindrait, à ses yeux le code de déontologie, psychothérapeute est invité à s’expliquer préalablement avec l’intéressé dans un climat de compréhension et de bonne foi aux fins de clarification, la référence éventuelle au Conseil d’Administration ne constituant qu’un dernier recours.

 

  1. Partie clinique

 

 

  • Observation clinique, présentation des 2 cas. Françoise et Martine

 

 

Françoise, une femme de 60 ans, hospitalisée pour dépression sévère a été violée à l’âge de 9 ans, en présence de son frère de 14 ans. Celui-ci la violait pendant 3 ans, sans que les parents s’en rendent compte. Devenue anxieuse et inhibée, cette dame passe sa vie à lutter contre des phobies et des accoutumances au travail, des addictions aux jeux (en ligne surtout) ainsi que de violentes pulsions suicidaires. Malgré ces difficultés, elle réussit à mener une vie ‘normale’ dont un mariage et deux enfants.

 

A 60 ans, Françoise a craqué  après avoir vidé leurs économies, son mari et elle en abusant des jeux en ligne à plus de 90 000€. Pendant toute cette période, elle refoule et ne se souvient de rien mais sait qu’elle est sale et qu’elle paye une faute qu’elle a commise. C’est juste avant son hospitalisation pour EDM qu’elle arrive à verbaliser le viol initial et l’inceste avec son frère.

 

Martine, 52 ans, une femme hospitalisée pour un état général anxieux. Elle a subi des attouchements à l’âge de 6 ans, par un inconnu qui l’a entrainée dans une pièce isolée, il a été interrompu par la mère qui cherchait sa petite fille. Le père a imposé le silence craignant que cela ne rejaillisse sur sa notoriété de médecin. A l’adolescence, lors d’un voyage au Maghreb, elle manque de se faire violer, son accompagnatrice intervient et se fait violer à sa place. Cette dernière lui demande de ne rien dire, de n’en parler à personne parce qu’elle a trop honte. Ensuite, Martine souffre d’anxiété, elle devient boulimique et souffre également d’aphanisis. Elle dit ne se souvenir des agressions qu’elle a subit qu’à l’âge de trente ans, au moment où elle souhaite avoir un enfant. Elle aura deux enfants avec son mari. Mais Martine se fait hospitaliser régulièrement à la suite de tentative de suicide ou de dépression. Elle dit qu’elle est déjà morte et que sa vie est une souffrance de chaque instant.

 

 

 

  • Analyse des résultats et rappel des hypothèses

 

 

Mme Françoise, 60 ans,  est hospitalisée en hospitalisation libre pour état dépressif  majeur avec idéalisation suicidaire à plusieurs reprises comme prendre sa voiture et la taper au mur. L’analyse sera focalisée sur  les réponses et les contes développés par Françoise. Nous allons subdiviser en 3 parties les résultats dont l’état clinique à l’entrée, l’évolution dans le service et les projets thérapeutiques.

 

Etat clinique à l’entrée :

 

Françoise ne s’est pas bien rappelée le moment où elle a été admise. Elle se souvient que peu de temps après son arrivée au service, elle a été sous sédatif. C’est  du moins ce qu’on lui a raconté lorsqu’elle a retrouvé ses capacités mentales. Avant l’admission, elle s’est sentie mal à l’aise, elle a voulu sauté dans le vide, elle a voulu volé dans le ciel malgré qu’elle reconnaisse qu’elle était dépourvue d’ailes pour voler. Il y a des moments où elle oublie  qu’elle est épouse et mère de famille. Tout ce qu’elle voit lui faire peur, lui fait honte. Parfois elle ne voulait pas affronter face à face ses proches, son mari et ses deux enfants. Elle veut tout le temps crier alerte, appeler secours sans comprendre clairement ce qu’elle veut vraiment.

 

Elle raconte qu’il y a cinquante ans, elle a vu un film d’horreur dont elle ignore le titre. Elle s’est vue d’être l’actrice principale mais elle ignorait son rôle. Lorsqu’elle semble se lancer dans une crise hystérique, nous avons arrêté l’entretien, mais c’est elle qui a bien voulu reprendre et nous acceptons pour ne pas la contredire ni la blesser pour quelle cause que ce soit.

 

Nous aimerions maintenant rapporter les points saillants de nos conversations selon l’arrangement dans les grilles d’entretien, pour que l’on puisse suivre l’évolution de l’interview.

 

  1. Françoise reconnaît qu’elle se sent parfois plus anxieuse lorsqu’elle se retrouve seule. Elle préfère plutôt être avec beaucoup de personnes même si ce sont des inconnues. Tel qu’elle a déclaré supra, elle a peur de revivre quelque chose qui se passait il y cinquante ans deçà.

 

  1. La crise justement se fait sentir lorsque les mémoires remontent dans le passé. Si le passé récent, par exemple la vie en famille, les études effectuées, la naissance des enfants et les prises en charge maternelle, etc. passe dans la tête de Françoise, elle sent le paradis et comme si de rien ne se passait auparavant. Mais lorsqu’elle imagine un homme qui l’amadouait, qui caressait ses cheveux et qui la prenait doucement avant de la pénétrer, et à ce moment précis elle semble voir son frère aîné stupéfié et muet suivant la scène, elle tombe dans l’enfer, comme si tout devient noir, et le film vire au négatif, sans couleur.

 

  1. Mes entourages ? J’aime ma petite famille, j’ai essayé de faire le maximum pour les rendre heureux et sans souci. Par ailleurs, mon mari et moi nous gagnons bien notre vie et les enfants sont très brillants à l’école, à l’université et ils sont en train de préparer leur diplôme de fin d’études. Il n’y avait pratiquement pas de problèmes familiaux, on était comblé. Mais de l’autre côté, je dirai ma double vie, lorsque l’envie me vient, je ne pouvais m’empêcher d’aller dans une salle de jeux où je mise tout ce que j’ai dans mes poches, il arrive même que je devenais débitrice des patrons, je ne gagne presque pas lorsque je joue, mais je continuais à jouer pour éviter des mauvais souvenir qui me hantent. Si vous parlez de mauvaises fréquentations, non, moi je n’en ai aucune si les camarades des salles de jeux ne les sont pas. La plus mauvaise fréquentation que je ressens c’est la solitude.

 

  1. La pulsion suicidaire : d’après vos explications, c’est l’envie de mourir, de se faire tuer. C’est la nième fois que cette envie me vient depuis plus d’une année, et le pire, je le crois c’est que les enjeux deviennent de plus en sérieux. Au début, mon mari n’a rien remarqué mais dernièrement, il s’inquiétait beaucoup. Lorsque ma mémoire m’attaque, j’ai envie d’aller directement à la tombe, mon seul but est de quitter ce monde, de ne plus rencontrer mes proches car j’ai honte. Je sais que j’étais vraiment bête. Le premier attouchement avec l’homme que je ne me souviens même pas sa caricature ne me touche pas trop, mais les souvenirs avec mon frère qui m’a abusée et avec qui j’étais complice pendant plus de 36 mois quand je n’avais que 9ans ruinent mon existence.

 

  1. Ce que j’attends de ces médecins, de ces psychiatres, de ces thérapeutes c’est qu’ils m’aident à oublier. Mais je pense qu’ils ignorent ce que je dois oublier ou ce je dois me souvenir. Parfois, ils tournent autour du pot, des questions qu’ils posent me tourmentent, mais parfois m’encouragent. S’ils pensent que ces doses de piqûres vont arrêter mes désirs pulsionnels, je crois qu’ils ont tord.

 

  1. Mes programmes de vie : d’abord, personne ne connaît pas ce qui va se passer demain. Je sais que les crises deviennent de moins en moins fréquentes. Je sais que je suis la seule à pouvoir m’écarter de cette pulsion de mort. Déjà je me sens un peu légère en parlant avec vous. En tout cas, je la vie devant moi, j’ai mon mari qui m’aime et mes enfants qui vont me donner plus tard des petits-enfants. Que puissé-je demander de plus. J’espère que ces mauvais souvenirs ne hanteront plus.

 

Evolution dans le service :

 

La plupart des réponses rapportées ici proviennent des personnels qui ont pris en main  Françoise. Les deux premières semaines étaient très dures car la patiente ne voulait pas communiquer même avec ses proches. On était obliger d’administrer des sédatifs et d’autres médicaments calmants et nutritifs car elle ne voulait pas manger, ni boire. La troisième semaine, elle demandait à voir son mari et ses enfants, et on leur a accordé du temps pour de parler des manques à gagner. On avait quand même conseillé  ses proches de ne pas trop insister sur les faits et les causes. Car, lorsqu’elle a raconté aux collègues psy ses mauvaises expériences d’il y a une cinquantaine d’années, on n’était pas sûr que ses proches étaient déjà au courant. C’est une enquête très discrète que le personnel va se charger d’une manière très discrète, il ne faut pas bousculer ni la patiente ni ses proches.

 

A la cinquième semaine, on a remarqué une évolution éclatante de Françoise. Elle a voulu parler et raconter. L’équipe pense qu’elle pourra rentrer indemne. Il y un mois, elle fait des crises au moins cinq fois dans la journée, il y trois semaines c’est réduit à 2 fois dans la journée. Actuellement, c’est juste quelques taquinages qui se manifestent lorsqu’on la laisse seule à plus d’une heure.

 

Projets thérapeutiques :

 

D’après la dernière réunion technique de toute l’équipe, le docteur psychanalyste chef du service va recevoir François tous les mois, une question de contrôle et d’effacement total de la pulsion de mort. Certainement, la sensibilisation de ses proches fait partie du programme, entre autre la poursuite de l’enquête et de la mise en place d’un dispositif curatif et préventif pour qu’il n’y aurait plus pulsion et que les mauvais souvenirs partent à jamais.

 

 

 

 

 

Mme Martine, 52 ans, est hospitalisée en hospitalisation libre  pour un état général anxieux, devenue boulimique[46] et souffrante d’aphanisis[47].

 

Etat clinique à l’entrée :

 

Ce n’est pas la première admission de Martine en service de la psychiatrie. Habituellement, elle ne reste pas longtemps à l’hôpital. Elle doit suivre régulièrement des entretiens avec le psychanalyste mais elle n’arrive pas à respecter les dates de rendez-vous pour des raisons qui lui sont indépendantes, par exemple elle tombe dans la crise avant la date fixée, ou bien elle a oublié carrément le rendez-vous, etc. Lorsqu’elle était venue la dernière fois, elle est rondelette, elle a dépassé le poids idéal, elle n’arrêtait pas d’halluciner pendant une bonne semaine. Mais il y a des moments où elle reste calme, très calme pendant toute une journée, pour reprendre la crise au beau milieu de la nuit. Nous allons voir le résumé de ses réponses  et de ses déclarations lorsqu’elle a retrouvé sa plénitude mentale et avec la permission des personnels traitants.

 

  1. Qu’est ce qui vous rend anxieuse le plus : rester seule ou se trouver parmi un groupe de personnes inconnues ? Je préfère rester seule et je me prépare toujours contre une éventuelle attaque, un éventuel abus sexuel. J’ai trop vu depuis ma tendre enfance, j’ai vu mon accompagnatrice abusée par un gangster sans que j’aie bougé pour l’empêcher. Mon père, ma mère, tout le monde m’interdit de parler à qui que ce soit de ces tragédies. Les inconnus, je n’en ai pas confiance. Lorsque je me souviens tout à coup ces abus, j’ai envie de vomir, j’ai envie de me tuer mais j’aurai préférer de bourrer les intestins, j’ai envie fuir et éviter les bonhommes de toutes les classes.
  2. Pouvez-vous parler un peu des principaux sujets que vous vous souvenez lorsque vous êtes en état de crise ? En général, je suis comme une femme ivre, enivrée par la colère et je ne me souviens presque rien, sauf que ma tendre enfance et mon adolescence pleines de tristesse et d’abus des plus forts.
  3. Parlez un peu de vos entourages immédiats ? Je suis heureuse avec ma famille, j’ai un bon mari et deux beaux enfants. Parfois, j’ai peur que mes enfants auraient subis les mêmes cas, j’en suis vraiment inquiète. J’essaie de trier mes fréquentations, et j’essaie d’éviter des relations qui me semblent instables du point de vue confiance et sur le plan sexuel. Par ailleurs, je ne suis pas très friande au sexe. Heureusement, mon mari est toujours affairé, il ne demande pas trop à ce point là.
  4. Bien sûr, il y a des fois que j’ai eu envie de me tuer afin de terminer mes mauvais souvenirs une fois pour toute, afin de d’éviter les sarcasmes qui pourraient se répéter à mes progénitures. Ce que je veux c’est que mes enfants ignorent ce qui se passait dans ma vie d’enfance et d’adolescence. C’est malheureux car je n’ai pas assez de choses de plaisant à raconter à mes enfants.
  5. Ces psychanalystes devront trouver les solutions pour je perde à tout jamais mes mauvaises habitudes de manger sans arrêt. Je sais que ce n’est pas bon pour la santé, j’en ai quelques notions, mais parfois c’est plus fort que moi, il paraît qu’il y a un surmoi. Ces spécialistes mettent trop de temps pour trouver les solutions adéquates, c’est pourquoi j’omets des rendez-vous avec eux.
  6. J’espère bien que cette maladie se termine une bonne fois pour toute. Je voudrai, en sortant d’ici faire du stepping, du jogging ou des sports que les spécialistes vont me conseiller. J’aimerai bien retrouver le goût de la vie normale en famille, surtout j’aimerai bien vouloir faire l’amour.

 

Evolution dans le service :

 

Cette sous-section concerne notamment les réponses des spécialistes à propos du cas de Martine. C’est une interview libre, non directive.

 

  1. A quelle théorie psychanalytique attribuez-vous le cas de Martine ? Telle qu’il a été inscrit dans sa fiche médicale, elle est devenue boulimique surtout en cas de crise. Si un profane la juge, ce profane dirait que c’est une gloutonne affamée. Pour nous, ce n’est une mauvaise habitude, ni une addiction. C’est une maladie mentale qui doit être traitée en psychothérapie psychanalyse.

 

  1. Quels sont les éléments à considérer pour sortir Martine de la crise qui sévit en sa défaveur ? Il faut avant tout considérer son intégration dans la société, c’est l’aspect socio-psychanalytique du traitement. Sachant qu’elle devient aussi aphanisis, notre devoir c’est de lui apprendre à résister contre le traumatisme sexuel. Il faut qu’elle apprenne à aimer comme elle doit aimer son mari comme toute femme normale. Nous pensons que le traitement s’avère délicat et long, mais ce sont pourtant les causes principales et les effets pervers des abus sexuels qu’elle a vécu.

 

  1. Pouvez-vous parler les rôles de l’environnement qui doit contribuer pour la guérir complètement et la faire revenir au quotidien sans aucun souci de répétition infortunée ? Les premiers acteurs sollicités sont le mari et les enfants. Mais nous pensons aussi à ses parents et aux « accompagnateurs » ou professeurs de ses enfants. Les principaux rôles que ces gens doivent jouer sont de la mettre en confiance, pour qu’elle ait confiance en en elle-même d’abord, puis à son environnement social. Nous, psychanalystes et médecins traitants, nous ne faisons que conseiller et utiliser nos connaissances psychanalytiques pour réduire les manifestations des crises.

 

  1. Vous est-il déjà arrivé de l’entendre raconter les origines de ses anxiétés ? de sa dépression sévère ? Comment çà se passe et quel enseignement en tirer vous ? Nous même, on sollicite qu’elle raconte les origines. On a même remarqué que çà change un peu à chaque épisode, mis nous comprenons la situation. Ce qui la rend boulimique c’est aussi relatif à l’aphanisis. Ces manifestations de la crise sont dites complémentaires, sachant qu’elle a peur du sexe, elle s’attaque à la nourriture.

 

  1. Pensez-vous qu’elle va pouvoir oublier les origines de ses crises et qu’elle pourra vivre tranquillement et sans souci de pulsion de mort pour le restant de la vie ? D’après ses programmes de vie qu’elle exhibe lors des entretiens, elle veut bien sortir de cette impasse. C’est déjà un bon signe qui la vire vers la pulsion de vie. Notre devoir c’est de sensibiliser ses proches pour qu’elle raconte à eux ce qui s’est passé car c’est le meilleur remède que nous sachions. Nous ne perdons pas confiance, nous ne perdons pas patience, car ‘est aussi une question de temps.

 

 

Projets thérapeutiques :

 

 

L’équipe des psychanalystes qui prend en charge le cas de Martine a décidé de faire fréquemment  des visites à domicile pour éviter ses omissions ou sa déliaison à la vie normale. Mais, elle doit aussi être consciente que sa guérison dépend en grande partie de sa propre volonté d’être remise en forme, et ce, su tous les plans.

 

 

  • Confrontation de la synthèse aux données théoriques

 

 

Les cas de Françoise et de Martine sont des cas qui sont dits courants dans les histoires d’abus sexuels des enfants. Le cas de Martine est tout à fait similaire au cas d’Emma qui était la patiente de Freud. Lorsqu’elle était adolescente et risquait d’être violée, puis remplacée volontairement par son accompagnatrice, il est imaginable qu’elle éprouvait une certaine envie mais qui était rompue par la personne qui se portait responsable de son intégrité. Freud n’était pas dans l’erreur lorsqu’il a défendu sa patiente. C’est peut-être le cas de Martine, mais elle n’a pas encore délibérément déclaré ce sentiment de frustration.

 

Pour le cas de Françoise, l’inceste est pire mais pendant trois ans, elle a pris l’initiative d’en prendre plaisir. Elle n’a jamais déclaré qu’elle haïssait son frère qui l’a profité pendant ces temps là, et puis elle s’est porté complice en cachant la situation à se parents, et ce jusqu’à ce moment présent. La pulsion de mort et la pulsion de vie se succède dans la tête de Françoise. Elle garde toujours les bons souvenirs de sa tendre enfance malgré qu’elle se sente coupable et sale.

 

 

 

  1. Conclusion

 

En guise de conclusion, nous aimerions rappeler la problématique « Quel est le devenir de l’équilibre pulsionnel après un traumatisme sexuel subit pendant l’enfance ? ». Pour supporter la blessure narcissique qui leur est infligée, nos deux femmes patientes traumatisées  s’attribuent les origines du traumatisme. Elles en nourrissent une forte culpabilité. Celle-ci se transforme en agressivité retournée vers le ‘’moi’’ et aboutit à une tendance importante au masochisme qui est un comportement d’une personne qui éprouve un certain plaisir dans la douleur physique ou morale.

Pour le cas de Françoise, elle  cherche du bonheur à faire du mal aux autres, à sa famille, même indirectement car nous savons qu’elle a dépensé,   dans un jeu, les épargnes du couple d’une somme de 90.000 Euros. Cà fait mal à son mari qui doit endurer la situation, mais  à qui il va attribuer les pertes.

Pour le cas de Martine, si elle essaie d’oublier le sentiment de jalousie à l’encontre de son accompagnatrice, elle n’aurait pas devenu une gloutonne qui prend plaisir en mangeant plus que la  normale. Les points communs à ces deux femmes sont  la pulsion de mort et l’égocentrisme. Elles veulent que tout le monde les regarde sans comprendre pourquoi elles agissent de telle manière. Il faut les sensibiliser à confesser, à exposer leurs sentiments.

La leçon à tirer de ce mémoire c’est le secret familial. Le fait de garder un cas qui risque de blesser l’enfant à tout jamais, de le bloquer, pour la simple raison que les adultes soient égoïstes et/ou ne pensent plutôt qu’à eux-mêmes, ou c’est de l’ignorance tout simplement, amène inévitablement au traumatisme, à la pulsion traumatique de cet enfant lorsqu’il atteindra un certain âge.

 

Le pire est que la manifestation varie selon le milieu, la société et l’environnement socio-psychologique de l’enfant jusqu’à ce qu’il devient adolescent, jeunes et puis adulte. L’enfant peut devenir un chef de bande, ou l’enfant peut se cacher derrière une profession religieuse, devenir prêtre ou belle sœur, mais toujours est-il, l’enfant devenu adulte sans qu’il n’ait pas pu divulguer ce qu’il a enduré fait encore subsister le métier de psychanalyste. Quand est-ce que ce fléau va prendre fin ? Et comment ? C’est une question très intéressante, mais provoque une nouvelle problématique.

 

 

 

 

 

 

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Sigmund Freud, Analyse avec fin et analyse sans fin, PUF

Sigmund Freud, Cinq psychanalyses (Dora, L’homme aux Loup, L’homme aux rats, Petit Hans, Président Schreber), rééd, traduction révisées, PUF Quadrige, ISBN 2130561985

Sigmund Freud, Le maniement de l’interprétation des rêves en psychanalyse, (1911); La dynamique du transfert (1912); Conseils aux médecins sur le traitement psychanalytique, (1912); Le début du traitement (1913); Remémoration, répétition, et élaboration (1914) in « La technique psychanalytique », Ed.: Presses Universitaires de France, 2007, coll.: Quadrige Grands textes, ISBN 2130563147

Thomas Eva, Aubier, Le viol du silence.

Yves-Hiram Haesevoets, L’enfant victime d’inceste, de la séduction traumatique à la violence sexuelle, Oxalis, De Boeck Université, Paris-Bruxelles, 2000.

 

[1] Source : Marx J, Rosen’s emergency medicine: concepts and clinical practice 7th edition, Mosby/Elsevier, 2010, 243–842 p. (ISBN 9780323054720)

 

[2] Source : DiPrima Jr. PA, McGraw-Hill’s EMT-Basic, McGraw-Hill, 227–33 p. (ISBN 978-0-07-149679-7)

 

[3] Source : Dickenson ET, Limmer D, O’Keefe MF, Emergency Care, 2009 (ISBN 978-0-13-500523-1)

 

[4] Crocq & al., Psychiatrie de catastrophe, réactions immédiates et différées, troubles séquellaires, Elsevier, 1998

[5] Source : Naissance de la psychanalyse, P.U.F., Paris 1956, p 364

[6] Source : Naissance de la psychanalyse, P.U.F., Paris 1956, p 364

[7] La liaison est un terme utilisé par Freud pour désigner une opération tendant à limiter le libre écoulement des excitations, à relier les représentations entre elles de façon à tendre à une certaine stabilité.

[8] La personne souffrant de psychose, parfois appelée psychotique, présente le plus souvent des troubles de la personnalité, ainsi que des troubles de la pensée. À l’âge adulte, le trouble psychotique est complexe, et le parcours de la personne est émaillé de crises. Ces crises sont de type schizophrénique et souvent dans une emprise paranoïaque : au paroxysme de la crise, peut surgir parfois la pulsion du geste violent, à l’encontre de soi ou de l’autre. La psychose peut être accompagnée de comportements inhabituels voire étranges, et de difficultés d’intégration sociale ou de maintien d’une qualité de vie quotidienne.

 

[9] Le terme névrose est repris par Sigmund Freud à partir de 1893 pour désigner un trouble psychique (hystérie, phobie, obsession…) généré, selon les théories métapsychologiques, par un conflit psychique refoulé. Pour des psychanalystes contemporains et à la suite de Freud, il sera question de « structure névrotique »4. René Roussillon préfère quant à lui parler de « pôle d’organisation névrotique » pour éviter l’aspect figeant induit par le terme « structure »

[10]Source : www.spp.asso.fr/main/conferencesenligne/Items/14.htm

[11] Roussillon, R. (1999). Agonie, clivage et symbolisation. Paris : Presses Universitaires de France.

 

[12] Donald Woods Winnicott (18961971) est un pédiatre, psychiatre et psychanalyste anglais (se référant à l’École anglaise de psychanalyse). Il a été psychanalysé par James Strachey puis par Joan Rivière. Il était psychanalyste didacticien de la British Psychoanalytical Society.

[13] Source : theses.univ-lyon2.fr/documents/getpart.php?id=lyon2.2011…g…

[14] Roussillon, R. (1999). p.20

[15] R Roussillon, R. (2001). Le plaisir et la répétition. Théorie du processus psychique. Paris : Dunod.

 

[16] Roussillon (R.), Intervention du 10 mars 2006 lors du colloque international du C.R.P.P.C. « Corps, acte et symbolisation », Université Lumière Lyon 2, 10 et 11 mars 2006

[17] Marty (P.), « Psychosomatique et psychanalyse », p.30-31

[18] Jean-Paul Sartre est un écrivain de langue française, philosophe engagé dans le siècle, également dramaturge, romancier, nouvelliste et essayiste. Né le 21 juin 1905 à Paris, il est mort le 15 avril 1980

[19] Emmanuel Levinas (12 janvier 190625 décembre 1995) est un philosophe français d’origine lituanienne, né à Kaunas et naturalisé français en 1930. Il a reçu dès son enfance une éducation juive traditionnelle, principalement axée sur la Torah

[20] * La contrainte verbale désigne : une sollicitation sexuelle directe ; l’usage de termes sexuels ; la séduction subtile ; l’insinuation. Tout cela vis-à-vis d’une personne qui ne désire pas les entendre.

* La contrainte visuelle concerne : l’emploi de matériel pornographique ; le regard insistant sur certaines parties du corps ; le fait de se dévêtir, de se montrer nu, ou de pratiquer l’acte sexuel à la vue de quelqu’un. Ici encore, sans que la personne le désire.

* La contrainte psychologique désigne : la violation de la frontière entre le relationnel et le sexuel (un intérêt excessif pour la sexualité de son enfant) ou entre le physique et le sexuel (des lavements répétés ; un intérêt trop marqué pour le développement physique d’un adolescent).

* Le contact physique peut être : assez grave (baiser, attouchement du corps à travers les vêtements, que ce soit par la force ou non, avec ou sans pression psychologique ou affective), grave (attouchement ou pénétration manuels ; simulation de rapports sexuels, contact génital, tout cela avec ou sans violence physique), ou très grave (viol génital, anal ou oral, obtenu de quelque manière que ce soit, par la force ou non).

 

[21] Yvonne Coinçon, Jean-Pierre Thévenot, in Atteintes sexuelles sur enfants mineurs, API, 2001

[22] Schechter DS, Brunelli SA, Cunningham N, Brown J, Baca P (2002). Mother-daughter relationships and child sexual abuse: A pilot study of 35 mothers and daughters (ages 1-9 years). Bulletin of the Menninger Clinic, 66(1), 39-60.

[23]Source : http://psydoc-fr.broca.inserm.fr/conf&rm/Conf/confvictime/experthtml/coincon.html

[24]Source : http://www.pedagopsy.eu/abus-sexuel.htm [archive] Académie Américaine de Psychiatrie « Aucun enfant n’est préparé psychologiquement à faire face à des stimulations sexuelles répétées. Même un enfant de 2 ou 3 ans qui ne peut pas savoir que cette activité sexuelle « c’est mal », va développer des problèmes résultant de son incapacité à faire face à cette sur-stimulation. »

[25] EMDR : Eye Movement Desensitization and Reprocessing, ou Désensibilisation et Reprogrammation par Mouvement des Yeux est un type d’intervention à visée psychothérapeutique mise au point par Francine Shapiro après 1987. Cette thérapie semblerait efficace dans le traitement du syndrome de stress post-traumatique. La particularité de l’EMDR reste la stimulation sensorielle généralement appliquée sous une forme bilatérale alternée et le plus souvent par le biais des mouvements oculaires.

[26] Le transfert a d’abord été repéré par Freud dans les premières cures, notamment celle effectuée par Joseph Breuer. Le transfert était alors vu comme un simple déplacement d’affect d’une personne à l’autre, en l’occurrence le médecin. Freud a aussi utilisé le terme de « mésalliance » pour désigner ce phénomène. Plus tard, cette notion est devenue une notion centrale de la psychanalyse et des psychanalystes

[27] Le principe de plaisir élaboré par Gustav Fechner (Lustprinzip en 1845), fut emprunté en 1900 par Sigmund Freud, est un concept central en psychanalyse.

[28] Dans la psychanalyse freudienne, le principe de réalité désigne la capacité d’ajourner la satisfaction pulsionnelle. Respecter le principe de réalité consiste à prendre en compte les exigences du monde réel, et les conséquences de ses actes. Le principe de réalité désigne avant tout la possibilité de s’extraire de l’hallucination, du rêve, dans lesquels triomphe le principe de plaisir et d’admettre l’existence d’une réalité, insatisfaisante

 

[29] Leon Grinberg, né en 1921 à Buenos-Aires et mort en Espagne en 2007, est l’un des psychanalystes de l’école argentine aux côtés de José Bleger, Heinrich Racker et Horacio Etchegoyen.

[30] Denys RIBAS, Pulsion de mort et destructivité, Revue Française de psychanalyse

[31] Claude Balier est un psychiatre, gérontopsychiatre, psychanalyste des prisons et psychanalyste français.

[32] Sabina Naftulowna Spielrein est une psychiatre et psychanalyste russe, née le 7 novembre 1885 à Rostov-sur-le-Don, ville où elle est morte, assassinée par les nazis, le 12 août 1942.

[33] Jean Claude Ameisen, né le 22 décembre 1951 à New York, est un médecin, immunologiste et chercheur français en biologie.

[34] André Green (né le 12 mars 1927 au Caire et mort le 22 janvier 2012 à Paris) est un psychanalyste français d’origine égyptienne. Psychiatre de formation, après des études de médecine à Paris, il a été analysé par Maurice Bouvet puis par Catherine Parat.

 

[35] Machiavel : Homme politique qui n’hésite pas employer toutes ses ruses pour parvenir à ses fins.

[36] Source : Freud : Pulsions et destin des pulsions, (1915), Ed.: Presses Universitaires de France, Coll.: Quadrige Grands textes, 2010, (ISBN 2130579574)

[37] Freud introduit le terme de narcissisme en 1914, et désigne ainsi le moment de la constitution psychique de l’enfant où, les pulsions réunifiées prennent comme objet le Moi. Le narcissisme primaire lui correspond à une autosuffisance (illusoire) du nourrisson facilitée par l’indistinction entre lui-même et le monde extérieur. Le narcissisme primaire est un temps de la construction de l’autoérotisme et de la relation d’objet où la libido va investir dans des zones du moi et de l’autre. Le stade du narcissisme primaire (ou « narcissisme originaire »). C’est au moment du narcissisme primaire que se forge le Moi idéal.

 

[38] Jacques Lacan, né le 13 avril 1901 à Paris 3e et mort le 9 septembre 1981 à Paris 6e, est un psychiatre et psychanalyste français. La thèse de doctorat en psychiatrie qu’il soutient en 1932 reflète en partie l’influence des surréalistes qu’il fréquente

 

[39] Jean Laplanche, né le 21 juin 1924 et mort le 6 mai 2012, philosophe de formation, est un psychanalyste français « de la troisième génération ». Après le « retour à Freud » de Jacques Lacan (J. Lacan, « Rapport de Rome », 1953), les travaux de Jean Laplanche commencent par une confrontation avec le Lacan « structuraliste » de la Métaphore du Nom du Père et de « l’inconscient structuré comme un langage »

 

[40] François RICHARD Professeur dont les domaines de recherche : Adolescence, cas-limites, dépression, famille, malaise dans la culture, psychanalyse, psychopathologie, psychothérapie, subjectivation.

 

[41] La métapsychologie est l’ensemble des concepts théoriques formulés par la psychanalyse Freudienne.

[42] En psychologie, le projectif se dit des tests que l’on fait subir aux individus en vue de leur permettre d’exprimer les traits constitutif les tendances de leur personnalité. On les met pour cela en présence d’une représentation qui n’est pas en soi signifiante et on leur demande de réagir et d’exprimer leurs impressions

[43] Heinz Kohut (3 mai 19138 octobre 1981) est un psychanalyste américain né à Vienne (Autriche) qui a contribué massivement à la psychologie du Self. Il s’est dissocié de la position analytique freudienne en affirmant que la psychopathologie n’émerge pas seulement des conflits entre les pulsions et le surmoi, mais surtout d’échecs récurrents dans les relations objectales précoces.

[44] Le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (titre original anglais : Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders ; DSM), publié par l’Association américaine de psychiatrie (APA), est un manuel de référence classifiant et catégorisant des critères diagnostiques et recherches statistiques de troubles mentaux spécifiques. Il est utilisé aux États-Unis, et internationalement à travers le monde, par les cliniciens, chercheurs, psychiatres et compagnies d’assurance santé et pharmaceutiques, ainsi que par le grand public.

[45] Françoise Dolto est une pédiatre et psychanalyste française née en 1908 et décédée le 25 août 1988 qui s’est largement consacrée à la psychanalyse de l’enfance dont elle est une figure emblématique en France. Elle est réputée pour l’efficacité de son travail de clinicienne, mais aussi reconnue pour son travail théorique, notamment sur l’image du corps

 

[46] La boulimie est un trouble des conduites alimentaires, caractérisé par un rapport pathologique à la nourriture, se manifestant par des ingestions excessives d’aliments, de façon répétitive et durable. Cette maladie est souvent apparentée à une forme d’addiction dans la mesure où l’individu entretiendra avec la nourriture un rapport similaire à celui que certaines personnes peuvent entretenir avec la drogue. La boulimie est une des formes les plus sévères des troubles alimentaires avec l’anorexie. La crise de boulimie se caractérise par une irrépressible envie de manger sans nécessairement ressentir la faim. Elle est la plupart du temps suivie par un sentiment très fort de colère ou de dégoût de soi. L’individu boulimique peut avoir recours à certains actes en vue de stabiliser son poids, tels que la provocation du vomissement, l’utilisation inappropriée de laxatifs et/ou de diurétiques, la pratique excessive de sport et une restriction alimentaire très sévère

 

[47] L’aphanisis est un terme désignant le défaut d’apparition ou la disparition du désir sexuel chez l’homme ou la femme, sans préjuger de son origine psychologique ou physiologique. En médecine, Elle peut être la cause de l’impuissance sexuelle ou de la frigidité. En psychanalyse, l’aphanisis serait, pour les deux sexes, l’objet d’une crainte plus fondamentale que la crainte de la castration (Selon Ernest Jones,). L’aphanisis est un concept important de la psychanalyse lacanienne (cf. Les quatre concepts fondamentaux de la Psychanalyse), elle en modifie le sens de manière substantielle : c’est en raison de la castration (préexistant à l’aphanisis) que le sujet peut redouter la disparition de son désir.

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