Working Poor en Europe : Pauvreté, exclusion sociale et politiques de lutte contre la précarité
INTRODUCTION
La pauvreté dans l’Union européenne n’a cessé d’évoluer depuis les années 80. Les problèmes structurels étaient les premières causes de cette évolution, des problèmes qui ont favorisé le chômage et la précarité de la situation des travailleurs. Par ailleurs, si le risque est plus important pour les personnes qui n’ont pas de travail, ils n’en restent pas moins pour ceux qui en ont.
Beaucoup considère l’emploi comme la meilleure solution qui soit pour être à l’abri de la pauvreté. En effet, c’est vrai dans la mesure où le travailleur perçoit un salaire qui lui permet de vivre convenablement et surtout de subvenir aux besoins de sa famille. Toutefois, si le niveau du salaire est particulièrement bas, comme pour le cas de nombreuses personnes, l’emploi, considéré comme remède contre la pauvreté, ne sera plus considéré comme tel. Dans ce cas, l’individu actif sera jugé comme pauvre et sera catégorisé dans la classe des « working poor » ou travailleurs pauvres. Ces travailleurs pauvres, en plus de leur situation précaire, sont aussi victimes d’exclusion sociale.
Plusieurs pays de l’Union Européenne sont touchés par ce phénomène de working poor, notamment l’Allemagne qui se trouve dans une situation de plus en plus dégradée. Ainsi, ce travail tente de donner plus d’explication par rapport au phénomène de working poor, entre pauvreté et exclusion sociale, en Allemagne comme dans l’Europe tout entier.
La première partie de cette étude consiste à donner le maximum d’informations sur le working poor notamment, la définition, les personnes catégorisées comme working poor et les problèmes qu’elles rencontrent au niveau de la société ainsi que les différentes formes de pauvreté.
La seconde partie de ce travail met en évidence les recommandations de l’Union européenne sur la politique de travail ainsi que les différents dispositifs de lutte contre la pauvreté et précarité qu’elle a mis en place.
La troisième et dernière partie quant à elle, consiste à mettre en exergue les différentes politiques menées par l’Allemagne pour lutter contre la pauvreté. Cette troisième partie se terminera par l’analyse de l’efficacité des mesures prises par l’Allemagne.
PARTIE I. LES WORKING POOR
- Définition
Le terme « working poor » a fait son apparition aux États-Unis dans les années 1960. Il a été inventé pour classifier des personnes qui travaillent, mais malgré cela, restent dans la pauvreté. Quelques années plus tard, les travaux d’économistes et de sociologues ont pu déterminer que tous les pays développés sont confrontés à cette situation. Toutefois, la situation et le degré des working poor sont différents selon chaque pays notamment en fonction du marché du travail et de la protection sociale[1].
Les « working poor » ou « travailleurs pauvres » sont des personnes actives disposant d’un emploi et qui exercent des activités professionnelles, mais sont rémunérées faiblement et par conséquent demeurent dans la pauvreté. Cette définition renvoie à une catégorie de personnes pour laquelle l’exercice d’une activité professionnelle ne permet pas, à elle seule, de vivre dans des conditions satisfaisantes au regard des normes sociales[2]. Même percevant des revenus mensuels, ces personnes n’arrivent pas à sortir de la pauvreté. Les personnes considérées comme working poor travaillent en minimum 36 heures par semaine, un taux horaire qui n’est pas loin du taux horaire habituel pour un poste à plein temps. Le revenu reçu par ces personnes est la plupart du temps inférieur au seuil de pauvreté. Depuis ces définitions, la pauvreté peut être constatée sous différents aspects[3] :
- La pauvreté monétaire conditionnée par le nombre de personnes à charge au sein d’un ménage
- La pauvreté économique au niveau de chaque individu et qui est souvent liée à la précarité dans les conditions de travail (temps partiels, faibles revenus, etc.)
- La pauvreté ressentie moralement à cause des pressions quotidiennes de l’individu
- Qui sont les working poor ?
En général, la qualification d’un individu en tant que travailleurs pauvres ou non se fait à partir d’un seuil de pauvreté.
- Mesure des travailleurs pauvres
D’après la définition, le terme « working poor » désigne toutes personnes qui ont un emploi, mais qui se trouvent encore en dessous du seuil de pauvreté. L’interprétation du mot « pauvreté » diffère selon le milieu social où vit chaque individu. Par contre, pour faciliter l’évaluation du niveau de vie d’un pays, il est indispensable de définir un seuil de pauvreté relatif au niveau de vie moyen de la population. Pour déterminer le seuil de pauvreté, il faut qu’il y ait une référence. Les statistiques officielles de l’Union européenne estiment le seuil de pauvreté à 60% du salaire médian. Le revenu considéré est ajouté des aides sociales et retranché du montant des impôts[4]. Toutefois, le revenu médian retenu n’est pas le revenu médian européen, chaque pays dispose de son revenu médian et le seuil de pauvreté est donc différent pour tous les pays membres de l’Union européenne. Les individus qui perçoivent un revenu en dessous de ce seuil sont considérés comme pauvres. Comme tout indicateur, celui-ci représente quelques failles. En effet, se présentant comme un indicateur quantitatif, il ne prend pas en compte certains éléments jugés comme facteurs qualitatifs déterminant la pauvreté comme l’accès aux soins et l’accès à un abri décent. C’est ce qui a amené Serge Paugman à considérer le seuil de pauvreté comme une évaluation arbitraire.
Par ailleurs, mesurer le nombre des travailleurs pauvres peut se faire de deux manières différentes : par ménage ou par individu
- Le working poor est évalué par rapport à un ménage lorsqu’on prend en compte toutes les personnes qui y vivent. Dans cette première détermination, on ajoute les prestations sociales au revenu total du ménage. En effet, il est possible qu’une personne gagne un salaire qui lui permet de vivre normalement au-delà du seuil de pauvreté s’il ne prend pas en charge d’autres personnes, femmes et enfants. Cela permet de considérer la pauvreté de façon plus réaliste. Si après calcul, le niveau de vie du ménage se trouve en dessous du seuil de pauvreté, on peut considérer que les personnes actives qui y vivent sont des travailleurs pauvres. Les familles monoparentales et les familles nombreuses sont les plus touchées par la pauvreté.
- Le working poor peut également être évalué individuellement en ne prenant en compte que le revenu d’un seul individu. Si le revenu de cet individu se trouve inférieur au seuil de pauvreté, on le considère comme working poor. Prenons par exemple un individu qui travaille à mi-temps avec un salaire équivalent au Smic. Si on n’évalue que son seul revenu, il est classé dans la catégorie de travailleur pauvre. Par contre si on évalue le revenu moyen du ménage dans lequel il vit et que ce revenu dépasse le seuil de pauvreté, l’ensemble du ménage ne sera pas considéré comme travailleur pauvre y compris cet individu.
- Les working poor en Europe
D’une manière générale, les working poor sont classés dans les catégories suivantes :
- Les individus, qui ont un emploi, mais qui se trouvent, malgré son emploi, dans une situation de pauvreté notamment en raison de l’insuffisance de leur revenu.
- Les personnes qui ne peuvent pas subvenir aux besoins de leur famille et qui vivent par conséquent en dessous du seuil de pauvreté. Dans ce cas, c’est la situation du ménage qui détermine la situation de pauvreté.
- Les personnes mises à l’écart en raison de leur faible qualification n’arrivent pas à accéder au marché du travail qui demande de plus en plus de compétences élevées.
Beaucoup pensent que l’emploi est la meilleure solution pour lutter contre la pauvreté. Par contre, 17% des travailleurs indépendants et 6% des salariés sont classés comme workinpoor[5].
En Europe, 35% des ménages, qui comptent en minimum une personne active, sont considérés comme pauvres. Constituant un phénomène généralisé, le taux de working poor en Europe ne cesse de s’accroitre au cours de ces dernières années. Cette progression reste actuellement fulgurante. Selon Eurostat, l’office statistique européen, le taux de travailleurs pauvres est estimé à 8,7% de la population européenne[6]. Ce taux est différent pour chaque pays où la Finlande et la Belgique sont les pays qui présentent le taux de travailleurs pauvres le moins élevé. Le tableau ci-après montre l’évolution du taux de travailleurs pauvres dans les pays européens entre 2005 et 2009[7].
Évolution de la part de travailleurs pauvres en Europe Unité : % |
|||
2005 | 2007 | 2009 | |
Finlande | 3,7 | 5 | 3,7 |
Belgique | 3,9 | 4,3 | 4,6 |
Irlande | 6 | 5,6 | 5,3 |
Danemark | 5,8 | 4,1 | 5,9 |
Hongrie | 8,7 | 5,8 | 6,2 |
France | 6,1 | 6,5 | 6,7 |
Royaume-Uni | 8,2 | 8 | 6,7 |
Allemagne | 4,8 | 7,4 | 6,8 |
Suède | 5,5 | 6,4 | 6,9 |
Bulgarie | – | 5,8 | 7,4 |
Italie | 8,8 | 9,8 | 10,2 |
Portugal | 11,9 | 9,7 | 10,3 |
Pologne | 13,8 | 11,7 | 11 |
Espagne | 10,4 | 10,7 | 11,4 |
Grèce | 12,9 | 14,2 | 13,8 |
Roumanie | – | 18,3 | 17,6 |
Union européenne | 8,2 | 8,5 | 8,4 |
Source : Eurostat |
Effectivement, ce tableau nous montre que la Finlande et la Belgique (2009) sont les pays qui ont le taux de pauvreté le plus faible, 3,7% et 4,6%, des taux largement inférieurs par rapport au taux de pauvreté de l’union européenne qui est de 8,4%. La Roumanie, la Grèce, l’Espagne, La Pologne et le Portugal sont les pays qui ont le plus de travailleurs pauvres. Les pays les plus touchés avec un taux supérieur à 10% sont la Roumanie, la Grèce, l’Espagne, la Pologne et le Portugal. En effet, depuis ce tableau, nous constatons que la Roumanie se situe au niveau plus haut en termes de travailleurs pauvres avec un taux de 17,6%. Elle est suivie par la Grèce qui est à 13,8% et l’Espagne qui présente un taux de 11,4%. Par ailleurs, avec un taux de 6,7%, la France se trouve largement en dessous de la moyenne de l’Union européenne.
Ce tableau nous montre également que le niveau de travailleurs pauvres dans l’Union européenne est resté plus ou moins constant, 8,2 en 2005, 8,5 en 2007 et 8,4 en 2009. Toutefois, cette stabilité n’est pas remarquée dans tous les pays membres de l’Union européenne. Pour les pays européens les plus riches comme l’Italie, le taux de travailleurs pauvres de 10,2% est particulièrement élevé par rapport à la moyenne. Le taux de pauvreté à Hongrie et au Royaume-Uni a par contre diminué. Plusieurs pays ont connu une légère évolution comme la France, la Suède la Bulgarie et bien d’autres encore, mais la hausse est surtout remarqué en Allemagne, 4,8 % en 2005, 7,4% et 2007, et même si en 2009, le taux est tombé à 6,8%, il reste quand même très élevé par rapport à la situation de 2005. Enfin pour l’Espagne et la Grèce, même s’ils font partie des pays où le taux de travailleurs pauvres est particulièrement élevé, celui-ci ne cesse de croitre.
- Les facteurs à l’origine du phénomène de working poor
Les facteurs les plus déterminants du phénomène de working poor sont : la précarité des salaires, le niveau d’éducation et l’occupation d’un emploi à temps partiel.
La pauvreté touche une population particulièrement hétérogène :
- Les jeunes qui commencent à intégrer le monde professionnel
- Les adultes qui n’arrivent plus à trouver un emploi convenable à partir de 45 ans
- Les individus qui ont plusieurs personnes à charge
- Les individus qui travaillent à temps partiel
- Les agriculteurs
- Les personnes moins qualifiées
Ces différentes catégories de personnes touchées par la pauvreté nous mènent à déterminer différents facteurs qui favorisent le working poor.
- La précarité des salaires
Le salaire est le premier facteur qui conditionne le niveau de vie d’un ménage ou d’un individu. Personne ne peut échapper à la pauvreté lorsque le salaire se trouve en dessous du normal ou lorsqu’il n’arrive pas à couvrir les besoins d’une famille. En effet, le travail ne protège pas toujours de la pauvreté. Une faible rémunération, même ajoutée des transferts sociaux, ne suffit pas à subvenir aux besoins de toute une famille. Les études menées par l’Organisation internationale du travail ont montré qu’en 2010 un salarié sur six ne percevait que 2/3 du salaire horaire moyen[8]. Les familles d’ouvriers sont les premières à être victimes de salaire précaire[9].
- Le faible niveau d’éducation
Le niveau d’éducation est parmi les plus grands facteurs qui entrainent la pauvreté des travailleurs. Si nous regardons le tableau ci-dessous, nous pouvons constater que plus les individus sont qualifiés, plus ils sont à l’abri de la pauvreté
Les travailleurs pauvres par niveau d’éducation | ||||
Total | Enseignement préprimaire, primaire et 1er cycle de l’enseignement secondaire | Enseignement du 2e cycle secondaire et enseignement postsecondaire qui ne sont pas du supérieur | Enseignement supérieur | |
Finlande | 3,7 | 5,5 | 4,5 | 1,9 |
Belgique | 4,6 | 8 | 4,9 | 2,6 |
Irlande | 5,3 | 10 | 5,4 | 2,1 |
Danemark | 5,9 | 6,4 | 6,1 | 4,9 |
Hongrie | 6,2 | 16,5 | 5,9 | 1,4 |
France | 6,7 | 13,2 | 6,6 | 2,5 |
Royaume-Uni | 6,7 | 13,4 | 6,6 | 4,4 |
Allemagne | 6,8 | 13,5 | 6,9 | 3,4 |
Suède | 6,9 | 9,8 | 6,7 | 5,9 |
Bulgarie | 7,4 | 22,7 | 5,4 | 1,6 |
Italie | 10,2 | 16,3 | 7,8 | 3,1 |
Portugal | 10,3 | 13,3 | 4,9 | 1,9 |
Pologne | 11 | 27,6 | 12,3 | 2 |
Espagne | 11,4 | 16,7 | 10,9 | 5,9 |
Grèce | 13,8 | 26,9 | 12,6 | 3,5 |
Roumanie | 17,6 | 44,6 | 11,6 | 1,1 |
Union européenne | 8,4 | 16,4 | 7,7 | 3,5 |
Source : Eurostat – 2009 |
Dans ce tableau, nous remarquons que plus le niveau d’études est élevé plus la proportion des travailleurs pauvres diminue. 16,4% des travailleurs qui n’ont pas dépassé le premier cycle de l’enseignement secondaire sont pauvres contre 7,7% pour les travailleurs qui ont terminé l’enseignement secondaire. Les personnes qui ont suivi l’enseignement supérieur ne représentent que 3,5% des travailleurs pauvres. En France, un de pays les plus riches de l’Union européenne, le nombre des travailleurs pauvres non qualifiés est 5 fois plus élevé que le nombre de travailleurs pauvres plus qualifiés.
- Occupation d’emploi temporaire ou à temps partiel
La dérégulation du marché du travail rend les emplois de plus en plus précaires. Résultant le plus souvent d’un ralentissement de la croissance économique, cette précarisation de l’emploi entraine un développement sans cesse des contrats de travail à temps partiels et des contrats à durée déterminée ou intérimaire. Pourtant, le risque de devenir « working poor » est moins élevé chez les personnes qui travaillent à temps plein que chez les personnes qui occupent un emploi à temps partiel. Cette situation est démontrée par le tableau montré ci-après :
Travailleurs pauvres selon le temps de travail et le type de contrat Unité : % |
|||||
Temps complet | Temps partiel | Contrat permanent | Contrat temporaire | ||
Finlande | 2,9 | 10 | 2,1 | 5,9 | |
Belgique | 3,8 | 6,5 | 2,6 | 8,8 | |
Irlande | 4,2 | 8,8 | 3 | 2,5 | |
Danemark | 5,2 | 9,1 | 5,8 | – | |
Hongrie | 5,2 | 21,8 | 4,4 | 16,1 | |
France | 5,4 | 11,1 | 4,3 | 12,6 | |
Royaume-Uni | 5 | 11,9 | 5,3 | 1,5* | |
Allemagne | 5,1 | 10 | 5,4 | 14,2 | |
Suède | 6,2 | 8,3 | 4,9 | 21,7 | |
Bulgarie | 6,2 | 24,2 | 5,1 | 21,6 | |
Italie | 9 | 14,7 | 6,8 | 17,7 | |
Portugal | 8,5 | 33 | 5,9 | 12,1 | |
Pologne | 10 | 19,9 | 5,3 | 11,1 | |
Espagne | 10,4 | 17 | 5,3 | 12,6 | |
Grèce | 12,5 | 26,9 | 5,7 | 15,1 | |
Roumanie | 13,8 | 56,5 | 4,8 | 8,9 | |
Union européenne | 7,1 | 12,6 | 5,1 | 12,8 | |
Source : Eurostat – 2009 |
Dans l’Union européenne, 7,1% des individus qui travaillent à temps plein sont pauvres contre 12,6 % pour les travailleurs à temps partiel. Également, les travailleurs à contrat permanent sont moins exposés à la pauvreté que celles travaillant à contrat temporaire. Les écarts sont différents pour chaque pays membre de l’Union européenne, mais dans tous les cas la Roumanie reste le pays qui présente le plus grand nombre de working poor où 56,% des travailleurs à temps partiel sont pauvres. En France, les individus pauvres qui travaillent à temps partiel sont deux fois plus nombreux que ceux qui travaillent à temps plein.
- Quels sont les problèmes rencontrés par les working poor ?
- Exclusion sociale
Un travailleur pauvre est une personne qui travaille en minimum 7 mois en une année et qui perçoit un salaire régulier tous les mois, mais qui, malgré cela, n’arrive pas à subvenir à ses besoins quotidiens ni à ceux des membres de sa famille et se trouve, contre sa volonté, en dessous du seuil de risque de pauvreté. En raison de leur situation, les working poor font face à différents types de difficultés que ce soit au niveau de leur vie personnelle ou au niveau social. L’exclusion sociale est le problème universel de tous les travailleurs pauvres. Bien que méritant plus de considération du fait que les travailleurs pauvres se battent pour maintenir leur emploi, ils sont par contre stigmatisés et exclus socialement. En effet, l’inclusion sociale d’un individu dépend en grande partie de la qualité de son emploi.
Le problème n’est pas tout à fait la pauvreté elle-même, mais c’est surtout la relation d’interdépendance qui lie les individus ou les ménages jugés comme « pauvres » avec le milieu social dans lequel ils vivent. Par conséquent, les personnes considérées comme travailleurs pauvres sont souvent confrontées à des problèmes d’exclusion sociale qui allient prospérité économique et compétitivité.
D’après le Comité d’Observation et d’Étude du Foyer des sans-abri, l’exclusion sociale des travailleurs pauvres peut être appréhendé sur deux axes différents : l’un ascendant et l’autre descendant :
- Axe ascendant : les individus qui issues de familles pauvres restent dans la plupart des cas dans des conditions de travail précaire durant toute leur vie
- Axe descendant : les individus qui sont devenus pauvres à un moment de leur vie arrive difficilement à trouver l’équilibre et par conséquent tombent dans des dispositifs d’urgence.
- Une pauvreté au quotidien et lassitude morale
Malgré leur travail et les efforts qu’ils y mettent, les working poor vivent dans une situation de pauvreté permanente. En effet, lorsqu’on est dans la pauvreté, il se montre assez difficile d’accéder ni à un meilleur emploi ni à un logement décent ni même aux loisirs. Se trouvant dans l’impossibilité de vivre de son revenu, avoir une autonomie financière est presque impossible. Les travailleurs pauvres subissent dans leur quotidien angoisses et fatigues notamment par la peur de basculer, d’une minute à l’autre, dans la misère. N’ayant pas les ressources nécessaires, ils n’ont pas la possibilité de projeter dans l’avenir. Le fait de ne pas avoir de l’assurance sur la disponibilité ou pas de ce que l’on va manger demain est une grande source d’épuisement moral. Par conséquent, les ménages qualifiés de woking poor éprouvent souvent une sensation d’injustice. Cette situation s’accompagne souvent de plusieurs types de problèmes :
- Perte de l’estime de soi surtout pour la personne active, souvent le père de famille, qui n’arrive pas à subvenir aux besoins de sa famille.
- Isolement par le fait de ne pas pouvoir effectuer les mêmes activités que les autres (familles ou voisins)
- Désintéressement au travail en raison de l’absence de reconnaissance
Ainsi, les working poor souffrent d’une « précarité disqualifiante » qui les dénigre, les discrédite et les déshonore, une situation qui transforme leur statut de citoyen en une forme de stéréotype.
- Les différentes formes de pauvreté
La pauvreté est un concept assez négatif, car il s’associe toujours au terme d’inégalité. D’une manière générale, la pauvreté peut être considérée comme un « phénomène » ou une « épidémie » que tous les individus cherchent à fuir ou à combattre s’ils sont déjà atteints. Comme chaque individu, chaque pays dispose de sa propre définition du mot pauvreté.
En effet, il existe différentes formes de pauvreté, mais leurs caractéristiques diffèrent selon la nation.
- La pauvreté en Europe[10]
D’après les études menées, l’Union Européenne compte 85 millions de personnes proches de la pauvreté c’est-à-dire ayant un revenu en dessous du seuil de 60%. La perception de la pauvreté varie d’une nation à l’autre. D’après l’auteur Serge Paugam, il existe 3 formes basiques de pauvreté en Europe : intégrée, traditionnelle et marginale. Ces termes ne représentent pas tout simplement les catégories de pauvreté, mais ils représentent également les liens sociaux qui les caractérisent, ce qui explique que la pauvreté ne détermine pas la situation même de la personne pauvre, mais surtout la forme de relation construite entre cette personne et la société dans laquelle elle vit. Ainsi, à chaque forme de pauvreté correspond une configuration sociale bien déterminée.
- La pauvreté intégrée ou traditionnelle
La pauvreté traditionnelle résulte principalement du développement des systèmes économiques sur le long terme. La majorité de la population est touchée par ce type de pauvreté, notamment l’Europe du Sud et les pays qui actuellement basculent vers l’économie de marché. Étant donné le niveau de vie assez bas dans ces pays, les personnes en situation de pauvreté ne se distinguent que faiblement de la population totale. Par conséquent, elles sont moins stigmatisées. En général, la lutte contre ce type de pauvreté dépend essentiellement du rythme de développement économique des pays concernés.
- La pauvreté marginale
La pauvreté marginale est surtout remarquée dans les pays riches où les individus jugés comme étant pauvres n’occupent qu’une infime partie de la population, donc ils sont peu nombreux. Ces individus constituent le plus souvent des cas sociaux ou des personnes qui n’ont pas su profiter du système. Les personnes appartenant à ce type de pauvreté sont victimes de fortes stigmatisations, notamment en raison des jugements qui leur sont portés. En effet, considérés comme inadaptés, les individus victimes de ce type de pauvreté sont jugés inadaptables aux besoins de modernité de la société et cette situation est reliée à divers facteurs : dépendance, troubles mentaux, handicap, santé, etc[11]. Cette stigmatisation constitue une sorte de blocage pour ces personnes et les empêche d’intégrer le marché de plein emploi.
Les pays concernés se trouvent souvent à un niveau économique élevé tel que la Suisse, l’Autriche, les Pays-Bas et l’ex-Allemagne de l’Ouest sont les plus touchés.
- La pauvreté disqualifiante
La pauvreté disqualifiante désigne en général la situation des travailleurs pauvres vivant au sein d’une société riche qui est marquée par le chômage. Ce type de pauvreté a fait surface dans les années 1980. La pauvreté disqualifiante s’associe avec les sociétés de caractéristiques postindustrielles et à un niveau de développement élevé. En raison d’une forte croissance de la métamorphose de l’emploi dans ce type de société, les individus n’arrivent plus à intégrer le monde de l’emploi. Par conséquent, ils deviennent de plus en plus dépendants des services sociaux et risquent de ne plus pouvoir y échapper. Par ailleurs, il existe une forte probabilité que la situation de pauvreté disqulifiante bascule vers celle de la pauvreté marginale.
Bien que disposant d’un état plus ou moins instable, la pauvreté disqualifiante dispose de caractéristiques qui risquent d’affecter d’autres personnes.
- La pauvreté en Allemagne
Malgré sa forte résistance face à la crise qui frappe l’Europe, l’Allemagne n’échappe pas à la pauvreté. C’est vrai, parmi les pays de l’Europe, l’Allemagne est le pays qui a le plus faible taux de chômage. Il est également le pays qui exporte le plus et qui a le niveau de PIB le plus élevé. C’est à partir de l’année 2005 que la pauvreté a commencé à se répandre dans ce pays.
En Allemagne comme dans tous les autres pays membres de l’Union européenne, les différentes formes de pauvreté restent les mêmes : pauvreté intégrée, pauvreté marginale et pauvreté disqualifiante.
- Les working poor en Allemagne
D’après les études menées par l’institut de recherche sur le travail de l’université de Duisbourg-Essen, 23% des travailleurs allemands en 2010 sont considérés comme pauvres en raison de leur faible revenu qui est inférieur à 2/3 (9euros par heure) du salaire médian européen. Ce taux équivaut à 7,84 millions de personnes[12]. Avec des revenus en dessous du seuil de 8,5%, 17% des travailleurs allemands sont pauvres[13].
Ces dernières années, le taux de pauvreté allemand a fortement augmenté. Le rapport de l’organisation d’aide sociale Paritätischer Wohlfahrtsverband affirme qu’entre 2012 et 2013 le taux de pauvreté dans le pays a augmenté de 15%. Dans cette proportion, les familles monoparentales et les femmes sont les plus touchées.
L’Ex-Allemagne de l’Est est la partie la plus touchée par la pauvreté. En effet, 23,6% des allemands pauvres se situent dans le land de Mecklenburg-Poméranie Antérieure et 21,4% dans la ville-Etat de Berlin[14].
- Les causes de la pauvreté en Allemagne
En Allemagne, les travailleurs les plus touchés par la pauvreté sont ceux qui perçoivent de faibles revenus et par conséquent n’arrivent pas à boucler leurs fins de mois. Les personnes qui ne travaillent que quelque mois dans l’année sont également touchées par la pauvreté. Outre le salaire et le temps de travail, la généralisation des minis-emplois et les cotisations sociales sont également parmi les facteurs qui favorisent la pauvreté. La plupart de ces travailleurs pauvres se trouvent dans le domaine du commerce et des services à la personne.
Comme dans tous les pays d’Europe, la qualification des travailleurs est également un des plus grands facteurs qui entrainent la pauvreté. En effet, les 18,4% des travailleurs pauvres allemands sont très faiblement qualifiés voire sans qualification. Le temps de travail est également source de pauvreté où 24% des salariés pauvres travaillent à temps partiel et 28,4% occupent des « minis-job »[15].
- Les minis-jobs, réformes Hartz
Les minis-jobs ou jobs à bas salaire, issu des réformes mises en place par le gouvernement social-démocrate allemand, avaient pour but de lutter contre le chômage et ainsi relancer l’emploi. Pour cela, une loi a été instaurée afin de faciliter l’accès à ce type de travail, une loi au détriment des contrats à temps pleins où près d’un quart des salariés travaillent à temps partiel[16]. Les minis-jobs sont des emplois sans sécurité sociale ni assurance chômage et où le salaire brut est égale au salaire net. Les personnes occupant ce type d’emploi ne sont pas assujetties aux cotisations sociales.
Si auparavant, les « minis-jobs » étaient payés à 325 euros par mois, actuellement, en raison de la nouvelle loi, ce montant est passé à 450 euros[17]. Une décision qui a incité bon nombre de gens à cette pratique. Contrairement aux résultats escomptés, ces minis-jobs n’on fait qu’accroitre le taux de pauvreté des travailleurs étant donné que le revenu y afférent se trouve à un niveau très bas. Depuis la mise en place des réformes Hartz, le taux de pauvreté allemand n’a cessé d’augmenter. En effet, le salaire moyen des citoyens allemands s’est détérioré de 4% entre 200 et 2010[18].
Bien que permettant au gouvernement de diminuer le taux de chômage, ces petits boulots ne font que fragiliser les conditions de vie de la population. D’après l’ancienne vice-présidente de la Fédération syndicale allemande DGB Ursula Engelen-Kefer, ce sont les femmes et les jeunes qui sont les plus touchées par le phénomène des « minis-jobs »[19].
7 millions d’allemands sont dans les minis-jobs. Le temps de travail par semaine est entre 15 à 24 heures pour un salaire qui ne dépasse pas les 450 euros. Un temps de travail de 20 heures par semaine, pour 90% des « minijobers » selon les études menées par le ministère de la Famille, revient alors à un taux horaire de 5,60 euros. Un taux horaire qui est largement inférieur par rapport au niveau de bas salaires allemands estimé à 8,50 euros.
Partie II. Les recommandations de l’UE
- Recommandations de l’UE sur la politique du travail
- Les statistiques sur les travailleurs pauvres[20]
- Contextualisation
Parmi les objectifs de la stratégie de Lisbonne votée par l’Union européenne en 2000, il y a eu la création de nombreux emplois de qualité. Concernant le taux d’emploi global dans la zone de l’Union européenne, l’objectif a été fixé à 70 %, plus de 60 % pour les femmes et 50 % pour les personnes âgées. À savoir que la stratégie de Lisbonne est basée sur une vision de l’UE associant la prospérité économique, la compétitivité et surtout la cohésion sociale. De ce fait, elle inclut aussi la pauvreté et l’exclusion sociale. Actuellement, l’emploi est vu comme un bouclier contre la pauvreté. Toutefois, les statistiques de l’Union européenne montrent que 17 % des travailleurs indépendants et 6 % des travailleurs sont catégorisés parmi les pauvres, gagnant moins de 60 % du REM. En tout, les travailleurs pauvres ou les « working poor » sont les travailleurs qui vivent sous le seuil de pauvreté.
Le «working poor» est actuellement de plus en plus d’actualité vu sa croissance dans les nouveaux États membres de l’Union européenne. Ce dernier constitue un obstacle majeur vis-à-vis de l’économie des sociétés européennes parce qu’il est la conséquence de cas aussi bien individuel que familial. Pour les individus, les facteurs clés sont les compétences et le travail et pour les familles, les caractéristiques critiques sont la taille de la famille et le salaire. La fondation a pour projet de chiffrer les caractéristiques et la répétition du «working poor» et d’identifier des politiques pour les éradiquer. Elle a également analysé le lien existant entre les politiques de la protection sociale et le travail.
- Les résultats
Les «working poor»
En raison de l’insuffisance de leurs revenus, les travailleurs peuvent se trouver en situation de pauvreté. Ils peuvent l’être également si leurs revenus ne suffisent pas à classer leur famille au-dessus du seuil de pauvreté. De ce fait, le phénomène de pauvreté s’explique par le contexte familial. Pour les personnes exclues, «mises à l’écart» et les personnes moins qualifiées, il est très difficile de revenir sur un marché du travail qui nécessite une mise à jour continue des compétences.
La pauvreté chez les salariés
Dans l’Union européenne, presque 8 millions des salariés, soient 6 % au total, étaient catégorisés parmi les pauvres en 1999. Dans les pays méridionaux, les travailleurs pauvres étaient entre 7 à 10 %, plus élevés que la moyenne dans l’Union européenne. Et c’est exactement le cas au Royaume-Uni, en France et au Luxembourg. Chez les travailleurs dans les pays du nord comme l’Autriche, l’Irlande et la Belgique, la pauvreté est moins élevée et moins répandue, environ 3 à 4 % par rapport à la moyenne dans l’Union européenne.
La pauvreté chez les travailleurs indépendants
Dans l’Union européenne, environ 3,1 millions des travailleurs indépendants, soient 14 % étaient en dessous du seuil de pauvreté en 1999. Le taux de pauvreté le plus bas chez les travailleurs indépendants se trouve au Royaume-Uni, au Luxembourg, en Irlande, en Belgique et plus particulièrement en Allemagne avec seulement 5 %. Par contre, la Suède, la France, le Portugal, l’Autriche et la Grèce possèdent les taux de pauvreté les plus élevés.
La pauvreté chez les chômeurs
Les personnes sans travail qui recherchent sans relâche un emploi sont catégorisées parmi les pauvres en situation active. Dans l’Union européenne, environ 6,3 millions, soient 39 % des chômeurs étaient classés parmi les pauvres en 1999. Entre 30 à 40 % des chômeurs sont pauvres au Portugal, en Allemagne, en France et en Belgique. Plus de 40 % des chômeurs se trouvent en Italie, en Espagne, au Luxembourg, au Royaume-Uni et plus particulièrement en Irlande avec un taux de pauvreté de plus de 50 %.
Les probables facteurs explicatifs
Les travailleurs qui gagnent peu ont plus de risque de tomber dans la pauvreté. Dans l’Union européenne, les statistiques montrent que les personnes qui gagnent des bas salaires sont comprises entre 12,6 % et 15,8 % et ceci concerne les femmes dans 75 % des cas. La majorité des travailleurs à bas salaire n’ont aussi aucune compétence ni qualification. La cause majeure du phénomène des travailleurs pauvres, à 75 % des cas, dérive de la structure du ménage. Les familles nombreuses sont plus soumises à un risque plus élevé de pauvreté. Aujourd’hui, la réduction de la taille de la famille est à la tendance. Les ménages avec un seul parent qui prend tout en charge sont plus exposés malgré le fait que le parent travaille. La pauvreté des travailleurs constitue aussi une cause de migration et même dans les pays d’accueil, ils resteront toujours des travailleurs pauvres à cause de leur manque de compétences et qualifications.
Les politiques visant à «rendre le travail rémunérateur»
Nombreux États de l’Union européenne ont mis en place des précautions fiscales et des mesures spécifiques pour lutter contre les inconvénients de la pauvreté et le chômage. Afin de rendre le travail rémunérateur, il existe deux types de stratégies : la diminution de l’imposition des travailleurs à bas salaires et l’instauration d’abattements fiscaux. Ceci dans le but d’encourager la réinsertion des travailleurs sur le marché du travail ou d’augmenter leurs salaires.
Néanmoins, le cas de la France et le Royaume-Uni prouvent en quelque sorte que les abattements fiscaux n’impactent pas assez sur la participation à la force de travail.
Les mesures de protection sociale
Il est assez complexe de chiffrer l’impact des précautions de remplacement de salaire sur les revenus des familles ou ménages parce qu’on ne peut pas définir avec exactitude l’activité ainsi que la composition des ménages. Les précautions prises sont de plus en plus associées avec des programmes d’activités obligatoires. Les projets ainsi que les programmes de protection sociale sont différents en termes de couverture, d’éligibilité et de niveau dans chaque pays.
- Que faire, à présent ?
Les résultats montrent que les «working poor» existent bel et bien, ils sont repartis un peu partout dans la société actuelle, les données disponibles les concernant sont cependant limitées. Éradiquer le phénomène des «working poor» avec une seule approche est plus difficile. Ceci nécessite des études approfondies sur les spécificités des travailleurs pauvres ainsi que leur famille.
Le travail et la qualité du travail restent des importantes variables. Pour diminuer le taux de pauvreté des travailleurs, les solutions doivent être focalisées sur l’amélioration des revenus des familles pauvres et de la qualité du travail, ces derniers impacteront sur le développement des besoins des familles et de leurs atouts individuels.
La collaboration de tous les acteurs sociaux incluant les dirigeants politiques, les partenaires sociaux et la société civile est parmi les objectifs et clauses adoptés par la stratégie de l’Union européenne pour l’emploi et la méthode de coordination sur l’insertion sociale.
- La politique de travail au sein de l’Union européenne
- La stratégie européenne pour l’emploi
La stratégie de croissance de l’Union européenne
La stratégie de croissance de l’Union européenne d’ici 2020, a été baptisée « Europe 2020 ». Cette stratégie vise à développer une économie durable, intelligente et inclusive. Ces dernières sont les priorités des États membres de l’Union européenne et elles sont interdépendantes, à trois, elles rehausseront les niveaux d’emploi et assureront la cohésion sociale et la productivité.
En matière d’emploi, d’énergie, d’éducation et d’inclusion sociale, l’Union européenne s’est fixé des objectifs distincts et ambitieux à atteindre d’ici 2020. Dans chacun de ces domaines, chaque pays membre de l’Union européenne s’est fixé ses propres objectifs. Toutes les actions ont pour but de supporter l’Europe 2020.
Les objectifs de l’Europe 2020
La stratégie européenne pour l’emploi se pose comme objectif la création de nombreux emplois de meilleure qualité conforme à la stratégie de l’Europe 2020. Parmi les grands objectifs cités, il y en a trois qui doivent être atteints à l’horizon 2020. Pour la Belgique par exemple, elle a fixé ses propres objectifs (voir tableau[21] ci-dessous)
Tableaux : Objectifs 2020 de l’UE et de la Belgique
Objectifs de l’UE pour 2020 | Objectifs de la Belgique |
Un emploi pour 75 % de la population âgée de 20 à 64 ans | Un emploi pour 73,2 % de la population âgée de 20 à 64 ans |
Abaissement du taux de décrochage scolaire à moins de 10 % | Abaissement du taux de décrochage scolaire à moins de 9,5 % |
Un diplôme de l’enseignement supérieur pour au moins 40 % de la population âgée de 30 à 34 ans | Un diplôme de l’enseignement supérieur pour au moins 47 % de la population âgée de 30 à 34 ans |
Réduction d’au moins 20 millions du nombre de personnes touchées ou menacées par la pauvreté et l’exclusion sociale | Réduction d’au moins 380.000 personnes touchées ou menacées par la pauvreté et l’exclusion sociale |
En plus de ses objectifs nationaux pour la stratégie européenne, la Belgique fait figure de modèle en fixant des sous-objectifs à l’horizon 2020 :
- 69 % pour le taux d’emploi des femmes
- 50 % pour le taux d’emploi des salariés âgés
- 8,2 % pour le taux de jeunes chômeurs (NEET)
- L’écart entre les taux d’emploi des citoyens non UE et des Belges doit être à moins de 16,5 points de pourcentage
Les lignes directrices pour les politiques du travail
Les lignes directrices adoptées par la commission de l’Union européenne dirigent l’organisation de la politique nationale des États membres en mettant en place des objectifs et des priorités communs :
- Augmenter la participation au marché du travail : d’ici 2020, l’Union européenne se fixe pour objectif un taux d’emploi de 75 % pour hommes et femmes entre 20 à 64 ans. Pour d’atteindre cet objectif, les pays membres ont pour devoir de pousser les jeunes, les migrants, les travailleurs âgés ainsi que les travailleurs moins compétents à participer au marché du travail.
- Former une main-d’œuvre qualifiée : le fait de travailler sur de nouvelles compétences qui correspondent aux exigences du marché du travail permet de rehausser la productivité et d’adapter les travailleurs sur les emplois disponibles sur le marché. En plus de cela, les membres doivent améliorer leurs systèmes de formation et d’éducation.
- Rénover les systèmes de formation et d’éducation : l’objectif est d’avoir un taux d’abandon scolaire à moins de 10 % et 40 % des personnes comprises entre 30 à 34 ans doivent achever un cycle d’études supérieures.
- Éradiquer l’exclusion sociale : afin de réduire le risque de pauvreté et d’exclusion sociale pour au moins 20 millions de personnes, l’Europe 2020 priorise la lutte contre la pauvreté et l’inclusion sociale.
Comment fonctionne la stratégie ?
La politique européenne pour l’emploi permet d’avoir un suivi en temps réel des progressions accomplies par chaque État membre vis-à-vis de la stratégie. Elle offre ainsi une opportunité pour les membres de pouvoir coordonner « méthode ouverte de coordination » leurs politiques d’emploi, de se partager et d’échanger des informations.
Chaque année, par l’intermédiaire du comité de l’emploi, les différentes institutions européennes ainsi que les gouvernements nationaux mettent au point le «paquet emploi». Il est constitué des éléments suivants :
- Des lignes directrices pour les politiques nationales de l’emploi ;
- Des programmes de réformes nationaux. Ce sont des rapports dans lesquels les États membres détaillent leurs politiques nationales de l’emploi ;
- Un rapport conjoint sur l’emploi : c’est un rapport de la Commission qui contient une analyse prospective basée sur des données sur l’emploi tirées de l’analyse de la croissance annuelle ;
- Des recommandations par pays : ce sont des recommandations de la Commission réservées aux membres. Elles accompagnent le rapport conjoint sur l’emploi ;
- Des évolutions de la situation sociale en Europe et de l’emploi : les données statistiques et les analyses écrites dans ce rapport servent de base pour le rapport conjoint sur l’emploi ainsi que pour d’autres éléments clés de la stratégie pour l’emploi.
En parallèle avec cette procédure, un échange permanent est instauré entre la Commission, le patronat, les syndicats, les gouvernements nationaux et les autres institutions européennes (le parlement, le comité économique et social européen, le comité des régions, etc.)
Les comités pour la protection sociale et pour l’emploi associés à la Commission de l’Union européenne ont conçu le “Joint Assesment Framework” afin d’évaluer les progrès faits par rapport aux objectifs de l’Europe 2020. Ci-dessous une représentation de la stratégie Europe 2020 en image :
Source : womenlobby.org
- Recommandation sur la lutte contre la pauvreté/précarité
- Les projets de l’Union européenne
Pour l’Union européenne, la lutte contre la pauvreté est au sommet de la discussion. Elle l’a inclus au sein de sa stratégie pour la croissance et l’emploi. Environ 80 millions d’Européens dont le quart sont des enfants font face à un risque majeur de pauvreté. Vient renforcer ce dernier une crise économique qui a touché presque la majeure partie de l’Europe. En 2010, l’Union européenne a annoncé la fin de l’« année européenne de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale ». Néanmoins, la situation actuelle montre que la situation se dégénère et les efforts menés pour la lutte contre la pauvreté doivent redoubler pour les dix années à venir. Afin d’assurer une croissance durable, il faut à tout prix intégrer les domaines vulnérables concernant la société et le monde du travail. L’éradication de la pauvreté représente un moteur de cette croissance. La Commission européenne a décidé que les dirigeants européens doivent définir un objectif chiffré à l’horizon 2020.
Dans la lutte contre l’exclusion, la plateforme contre la pauvreté et l’exclusion sociale incitent les États membres à avancer un peu plus vite. Actuellement, les membres doivent se fixer des objectifs et envoyer des comptes-rendus annuels des progrès à la Commission afin qu’elle les soutienne via des financements, des mobilisations ou des améliorations concernant l’éducation, la protection sociale et l’emploi. Les partenariats et les moyens innovants dans la lutte contre la pauvreté sont également très sollicités par la Commission. Lors du premier lancement de cette initiative, le commissaire européen à l’inclusion, aux affaires sociales et à l’emploi, László Andor disait que : «La lutte contre la pauvreté est à la fois un devoir moral et une nécessité économique. Avec des millions de personnes vivant encore en marge de la société, nous gaspillons nos ressources humaines. Une attention particulière doit être accordée aux enfants, aux jeunes, aux migrants, aux personnes âgées et aux autres groupes vulnérables … Je suis convaincu que cette initiative phare contribuera à la réalisation de l’objectif fixé au niveau européen, en servant de tremplin à des solutions innovantes et économiquement rationnelles dans la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale[22].»
Il faut savoir que la plateforme contre la pauvreté et l’exclusion sociale est une des sept initiatives phares de l’Europe 2020. Afin d’atteindre l’objectif européen pour la réduction de la pauvreté, cette plateforme de lutte contre la pauvreté apporte des solutions destinées à renforcer tous les efforts déjà faits auparavant. Elle maintient également des liens d’interdépendance et de complémentarité avec d’autres initiatives de l’Europe 2020, toutes focalisées sur l’éducation, le renforcement des compétences et l’emploi. Dans la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale, les pays membres ont un rôle moteur à jouer. Ils devront rendre compte de leurs contributions vis-à-vis de la stratégie de l’Europe 2020. Après, la Commission fera des évaluations et mettra en avant les meilleures pratiques parmi celles des États membres.
Ci-dessous quelques actions clés proposées par la plateforme de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale :
- Encourager l’apport d’une idée novatrice en matière de politique sociale. Ceci consiste à favoriser l’innovation dans la recherche des solutions intelligentes pour l’Europe d’après-crise, particulièrement avec une vision plus efficace de la protection sociale. Ce qui veut dire inciter l’innovation fondée sur des données exactes en matière de politique sociale, en ayant recours à des procédés basés sur l’expérience pour évaluer et expérimenter les politiques nouvelles.
- Utiliser l’ensemble du fonds social européen dans un meilleur usage afin de supporter en mieux les objectifs d’inclusion sociale et établir la politique sociale en tant que priorité pour les futurs financements. Début 2011, le nouveau dispositif de microfinancement devrait aider les groupes assez fragiles à avoir des crédits pour financer leurs entreprises.
- Rechercher des partenaires potentiels dans la lutte contre l’exclusion sociale. La Commission quant à elle définira les directions sur la participation dans la définition, la conception et la mise en place des initiatives à mener au niveau national, au niveau régional et au niveau local pour l’éradication petit à petit de la pauvreté.
- Les personnes exposées au risque de pauvreté/d’exclusion sociale dans l’Union européenne
2010 | 2011 | 2012 | |
Risque de pauvreté ou d’exclusion sociale (% de la population) | 23,7 | 24,5 | 24,8 |
Risque de pauvreté ou d’exclusion sociale (millions de personnes) | 118,1 | 121,5 | 124,5 |
Risque de pauvreté (% de la population) | 16,5 | 17 | 16,9 |
Dénuement matériel extrême (% de la population) | 8,4 | 9 | 9,9 |
Ménages sans emploi (% des 0-60) | 7,8 | 8 | 8 |
Source : Eurostat, EU-SILC
Selon les chiffres de l’Eurostat en 2012, environ 125 millions de personnes sont face à un risque majeur de pauvreté ou d’exclusion sociale dans l’Union européenne, soit 24,8 % de la population. Un chiffre qui a augmenté de 6,4millions de plus par rapport à celui recensé en 2010. Cette hausse a été renforcée par la vague de crise économique qui a touché l’Europe. De 2010 à 2012, en deux ans seulement, le taux d’exposition à ce risque de pauvreté a connu une augmentation de 0,4 pp (point de pourcentage) en moyenne à l’échelle de l’Union européenne, un chiffre qui varie d’un pays à un autre. Dans l’ensemble de l’Europe, l’appauvrissement, causé par diverses difficultés de tous genres, a également connu une augmentation de +1,5 point de pourcentage en 2010. Le lendemain de la crise, de 2009 à 2010, le nombre de chômeurs a extrêmement grimpé. Malgré le fait que cette situation est restée stable entre 2010 et 2012, cela n’a pas pu empêcher la hausse de l’exclusion sociale et de la pauvreté.
- Les pays de l’UE atteints par la pauvreté
La hausse ainsi que la progression de la pauvreté et l’exclusion sociale dans l’Union européenne s’expliquent par une fragmentation du marché du travail, un chômage interminable et une monopolisation des salaires. Suite aux différentes précautions prises pour le rétablissement de la viabilité de l’état financier des systèmes de protection sociale, l’impact de certains transferts sociaux sur la lutte contre la pauvreté a connu une diminution dans quelques États membres de l’Union européenne. Par conséquent, une hausse importante de travailleurs pauvres a été causée par la dégradation de la situation de travail.
Dans les pays les plus impactés par la crise économique comme la Grèce, le Chypre, l’Italie et l’Espagne, l’exclusion sociale et la pauvreté ont augmenté entre 2010 et 2012. Dans les pays qui se situent dans l’Europe orientale, à savoir la Hongrie et la Bulgarie, les taux de pauvreté et d’exclusion sociale restent extrêmement élevés. C’est dans cette partie de l’Europe que l’on peut voir un niveau d’appauvrissement assez important par rapport à d’autres. Par ailleurs, dans les pays comme le Luxembourg et le Danemark, qui ont des systèmes de sécurité sociale fiable et moins exposés au risque de pauvreté, l’exclusion sociale et la pauvreté font également petit à petit leur apparition. Contrairement à cela, les situations en Allemagne, en France, au Portugal, aux Pays-Bas et en République tchèque restent inchangées tandis qu’en Pologne, en Lituanie et en Lettonie, on enregistre un recul de l’exclusion sociale et de la pauvreté. Pour ces deux derniers États de l’Union, ce recul de la pauvreté est dû à des fortes hausses survenues entre l’année 2008 et 2010.
- L’Union européenne joue-t-elle un rôle dans le renforcement des régimes de protection sociale dans la lutte contre la réduction de la pauvreté ?
Dans la lutte contre la pauvreté, les systèmes de revenu jouent un rôle majeur. Associés à des précautions ciblées d’activation et à des aides, les systèmes de revenu peuvent aussi accompagner la recherche du travail. Dans ses recommandations spécifiques pour chaque pays, la Commission révise les systèmes de revenu minimum de ces États membres. Le but est de trouver un moyen permettant de fixer un revenu minimum qui peut assurer un niveau de vie acceptable afin d’encourager tout un chacun à travailler et pour qu’ils puissent sortir petit à petit de la pauvreté. Néanmoins, il faudrait veiller à ce que ces derniers ne soient pas dépendants de cette situation afin qu’ils puissent évoluer. Pour y arriver, il faut investir dans des services de soutien et d’adéquation. En conséquence, les membres se doivent de rénover leurs systèmes de protection sociale. Afin de les accompagner dans l’atteinte de cet objectif, la Commission a recommandé des directions stratégiques dans le train de mesures sur les investissements sociaux, datant du février 2013.
- Les fonds de l’Union européenne dans le soutien de la lutte contre la pauvreté
Pour soutenir une reprise économique, pour soutenir les jeunes chômeurs et pour amoindrir les conséquences dévastatrices de la crise, l’Union européenne mobilise des fonds.
Tout d’abord, il y a le FSE ou le fonds social européen auquel 80 milliards d’euros sont attribués pour la période de 2014 à 2020. Il soutient la création d’emploi pour les chômeurs par des mesures ciblées. Une majeure partie du FSE est consacrée au financement de la politique de la cohésion. Pour chaque État membre, 20 % du FSE, au minimum, doivent être alloués à la lutte contre la pauvreté et à la promotion de l’exclusion sociale.
Puis, il y a le fonds européen réservé aux plus démunis. C’est un fonds qui servira à aider plus précisément les sans-abri. Pour la période 2014-2020, plus de 3,8 milliards d’euros seront alloués à ce fonds afin de donner aux plus démunis des vêtements, des aliments ainsi que des PPN pour leurs besoins quotidiens.
Enfin, il y a l’EaSI ou le programme pour l’innovation et l’emploi. C’est un programme de financement avec pour objectif la promotion d’un emploi de qualité et une protection sociale acceptable. En tout, l’EaSI consiste à lutter l’exclusion sociale et la pauvreté en amenant de l’innovation dans les conditions de travail. La plupart des projets financés par ce programme se focalisent sur les jeunes, sur la promotion de l’égalité des sexes ainsi que sur les projets de lutte contre la discrimination.
Partie III. Les politiques menées en Allemagne
- mesures concrètes prises par l’Allemagne pour la lutte contre la pauvreté/précarité
L’accroissement fulgurant de la pauvreté est l’une des plus grandes préoccupations de l’Allemagne. La situation de pauvreté de ce pays est largement plus importante qu’en France, 16% en 2010 contre 14,1% en France. Malgré cette situation, le taux de chômage allemand est bien moins important que pour les autres pays de l’Union européenne.
Du fait de la forte augmentation de la pauvreté, l’Allemagne a mis en œuvre des politiques ayant pour principal objectif de réduire la pauvreté : l’agenda 2010 instauré en 2003.
- Pourquoi l’Agenda 2010?
Avec une croissance négative de -0,2 % en 2003[23] s’accompagnant d’une forte croissance du chômage, le Chancelier Gerhard Schröder a décidé de mettre en place l’agenda 2010 le 14 mars 2003. Cet agenda se voit comme une réforme sociale où la refonte du marché du travail, par la mise en place des lois Hartz, est parmi les axes majoritaires. La réforme des différents régimes sur la protection sociale et la fiscalité en fait également partie.
D’après Gerhard Schröder, les différentes réformes permettront de réduire les prestations provenant de l’État en favorisant la responsabilité de chacun et en exigeant une meilleure performance individuelle.
Le schéma montré ci-dessous permet de mieux comprendre les raisons qui ont poussé le Chancelier à mettre en place l’agenda 2010.
Source : L’Allemagne et « l’agenda 2010 », SYLVAIN FONTAN | 04/10/2013, les Echos.fr
Depuis ce schéma, nous pouvons constater que c’est surtout la dégradation structurelle de la situation économique allemande qui est à l’origine de l’agenda 2010. Auparavant, l’Allemagne était considérée comme l’homme malade de l’Europe notamment en raison de la réunification allemande. Ensuite, après l’explosion de la bulle internet et l’attentat du 11 septembre 2001, la situation s’est largement détériorée. L’impact de ces deux évènements était plus important en Allemagne. Accompagnée des divers problèmes structurels tels que la rigidité du marché du travail, la fiscalité élevée et les prestations sociales désincitatives, cette situation a entrainé la dégradation économique du pays. Cette dégradation s’est traduite par une croissance particulièrement faible et un niveau de PIB très bas par rapport à celui des autres pays membres de l’Union européenne.
- L’importante rigidité du marché du travail :
Le marché du travail allemand a connu une détérioration conséquente. Entre 2000 et 2005, le nombre de chômeurs a atteint 4,8 millions. Si le taux de chômage était de 9,4% en 2001, celui-ci est passé à 11,7% en 2005[24].
D’après les études menées par le Conseil des experts ou Conseil des Sages, les problèmes structurels de l’emploi sont liés à deux grands facteurs : la rigidité du marché du travail et le frein à l’embauche. La première est marquée par l’insuffisance de flexibilité dans la fixation des salaires et la grande protection contre le licenciement. Également, les contrats de travail indéterminés, en raison des différentes contraintes qui les accompagnent, ne permettaient pas d’intégrer tout le monde sur le marché du travail. Cette situation rendait également difficile l’adaptation des salaires et de l’emploi aux différentes fluctuations des activités économiques. Le second quant à lui est lié au déséquilibre qui existe entre les salariés et la productivité.
- Le déséquilibre entre les salaires et la productivité
Ce déséquilibre entre salaire et productivité est surtout remarqué dans les industries manufacturières. Dans ces types d’industrie, les coûts salariaux sont nettement élevés non seulement par rapport aux gains de productivité, mais également par rapport aux salaires dans les autres pays européens. Cette situation a détérioré la compétitivité du pays. En effet, entre 1992 et 2002[25], le salaire réel des employés dépassait largement la croissance de la productivité au travail.
- Des prestations de transferts généreuses provenant de l’État
Les prestations de transferts particulièrement élevées constituaient un grand obstacle dans la recherche d’emploi et aussi dans la création d’emploi dans les secteurs où les salaires sont peu élevés. En bénéficiant de prestations élevées, les chômeurs de longue durée n’étaient plus motivés à chercher un emploi vu que ce qu’ils reçoivent leur permet déjà de vivre normalement. En effet, les prestations sociales allemandes étaient accordées sans aucune limitation dans la durée et les chômeurs ne trouvaient plus d’intérêt à rechercher un travail.
- Des prélèvements fiscaux et sociaux trop élevés
Avec des taux fiscaux particulièrement élevés, les entreprises sont de moins en moins motivées à faire des investissements. Cette situation diminuait non seulement le développement économique du pays, mais également la création d’emploi aussi bien sur le plan international que national. En plus des dysfonctionnements dans le marché de l’emploi, le poids des prélèvements fiscaux et sociaux a également entrainé une grande perte au niveau de l’attractivité de l’Allemagne notamment par rapport aux investisseurs étrangers. Par conséquent, la compétitivité internationale du pays s’est largement détériorée surtout en termes de coût de travail.
Ainsi, l’agenda 2010 a été instauré dans le but de favoriser la croissance économique du pays face à ces différents problèmes structurels.
- Qu’est ce que l’agenda 2010 ?
L’agenda 2010, connu sous le nom de Hartz IV est un projet de refonte du marché du travail allemand. L’agenda 2010 avait 3 objectifs principaux : la flexibilisation du marché du travail, la refonte des systèmes sociaux et l’assainissement des finances de l’État. Les différentes révisions présentes dans cet agenda reposaient sur diverses propositions de la Commission « Services modernes pour le marché de l’emploi[26] » ou la « Commission Hartz ». Les réformes visant la révision de la règlementation du travail étaient baptisées « réformes Hartz ». A cet effet, cet agenda contient des mesures interdépendantes visant à favoriser la croissance économique du pays[27] notamment en raison des ses différents problèmes structurels surtout ceux liés au marché du travail dont les principaux sont :
- Une rééducation de la durée des indemnités pour l’assurance chômage allant de 12 à 32 mois avec des conditions d’attribution plus difficiles. La réduction dépend de l’âge des salariés, 12 mois pour les moins de 55 ans et 18 mois, suite à la disposition du gouvernement de Grande coalition, pour ceux qui sont au-delà de 55 ans. Cette mesure a été prise afin de responsabiliser les chômeurs en transformant leur droit en devoir. Également, les chômeurs ne peuvent bénéficier d’aucune aide s’ils ne s’activent pas à chercher un emploi. Par ailleurs, la réduction des allocations chômages a entraîné la fusion de l’agence de l’emploi avec les services des allocations chômages. Cette mesure a été prise afin d’aider et d’accompagner les personnes à la recherche d’un emploi. Afin de pousser les chômeurs à se réinsérer dans le marché du travail, le gouvernement a décidé de leur soumettre une fraction plus réduite de l’allocation chômage s’ils décident de reprendre un emploi. Toutefois, les conditions sont plus dures pour ceux qui refusent un emploi proposé par l’agence pour l’emploi. Cette décision permet également de dynamiser les systèmes de réinsertion professionnelle des chômeurs.
- Une fusion des régimes anciens d’assistance en un régime unique. Ce régime unique correspond à un niveau de prestations plus modeste. Il se traduit comme une sorte de pression pour inciter les travailleurs à trouver un emploi plus fort que celui qu’ils occupaient dans le passé. Pour cela, le gouvernement a décidé de supprimer le régime d’assurance destiné à aider les chômeurs en fin de droits et l’a remplacé par un autre régime d’assistance financé cette fois-ci par l’impôt. Si auparavant, le revenu de substitution dépendait du montant du dernier salaire, la nouvelle mesure exige désormais un principe d’assistance forfaitaire équivalent à une aide sociale. Ainsi, l’aide social ne sera accordé que si l’individu cherche activement un travail et que s’il a épuisé la totalité de son revenu jusqu’à une certaine somme déterminée par la loi.
- Une création des minis-jobs avec des revenus à 400 euros par mois. Cette mesure a été prise afin que toutes les catégories de personnes puissent trouver un emploi. Ces minis-jobs avaient également pour but de combiner la prestation actuelle des travailleurs avec un emploi à plus faible revenu.
- Une réduction des obstacles au licenciement. Cette mesure est destinée à diminuer les barrières à l’embauche et ainsi mettre en place des conditions plus favorables pour un marché de travail plus dynamisé. La mesure de protection contre le licenciement est appliquée à toutes les entreprises dès lors que ces dernières emploient plus de 5 salariés. En cas de licenciement, cette mesure de protection offre également aux salariés une possibilité de choisir entre une indemnité fixe suivant l’ancienneté ou le recours à un appel auprès du tribunal du travail.
- Des réformes fiscales sur l’impôt des revenus salariaux et l’impôt sur les revenus des sociétés. Pour les IR, le taux minimum qui était de 25,9 % était tombé à 15%. Également, le régime fiscal des sociétés a bénéficié de ces réformes où seulement la moitié de leur revenu est imposable.[28]
- Une élévation de l’âge de retraite à 65 ans. Cette mesure a été prise dans le but de rallonger la pérennité du système et surtout d’assurer de son financement.
L’agenda 2010 contenait également d’autres mesures destinées à faciliter la situation des personnes qui vivent dans la pauvreté :
- Simplification de l’hébergement et l’accès au logement par la création et la pérennisation des places. En effet, pour permettre aux sans domiciles fixes d’avoir un hébergement descend, le gouvernement tente de mettre en place un plan destiné à mettre fin la fermeture des places hivernales à date fixe. Pour cela, des diagnostics territoriaux seront déployés dans tous les départements avec la participation de différents acteurs.
- Renforcement des services d’accueils des enfants par le développement des institutions de gardes d’enfants.
- Refonte du système des assurances maladies et des assurances retraites pour une meilleure protection sociale. La refonte de l’assurance maladie consiste à réduire les taux de cotisation de 14% à 13% du salaire[29]. Cette refonte permet aux travailleurs de réduire les dépenses de santé étant donné que la société allemande ne cesse de vieillir. Concernant les assurances maladies, à celles-ci ont été ajoutés d’autres éléments de capitalisation se basant sur la participation des salariés et des employeurs. Par ailleurs, les personnes qui optent pour une prévoyance privée bénéficiaient d’une subvention provenant de l’État.
- les mesures prises par l’Allemagne sont-elles réellement efficaces
- L’emploi en Allemagne et l’agenda 2010 de Gerhard Schröder
Selon Ulrich Schneider, président de l’association du domaine social et de la santé en Allemagne : « La pauvreté en Allemagne n’est pas tant un problème économique que la conséquence d’oublis politiques … Nous avons théoriquement la chance de combattre cette pauvreté car nous sommes le cinquième pays le plus riche au monde. Mais bien sûr, nous avons de très graves problèmes de redistribution en ces temps de prospérité[30] ». Avec l’Agenda 2010, le chancelier Schröder voulait redresser la compétitivité de l’Allemagne. Selon lui, il fallait réformer les systèmes sociaux afin d’échapper au souffle de la mondialisation qui pourrait s’avérer ravageur pour les systèmes sociaux allemands. Il a également annoncé que : « Nous allons devoir réduire les prestations de l’État, soutenir la responsabilité individuelle et demander à chaque individu une contribution personnelle plus importante[31] ». En tout, le travail qui attendait était immense, réforme des retraites, de la santé, du marché du travail.
En Europe, l’homme malade était l’Allemagne, raison pour laquelle le chancelier voulait à tout prix changer le pays en adoptant l’Agenda 2010 et une série de réformes visant à améliorer le marché du travail ainsi que les assurances sociales. Ces dernières sont appelées les lois Hartz et elles comportent quatre lois bien distinctes.
ü Bouleversement du marché du travail
C’est au niveau du marché du travail que l’Agenda 2010 a eu beaucoup plus d’impact. Les réformes Hartz I-IV visent à rendre le marché du travail plus souple en favorisant le placement des chômeurs et en les encourageant à reprendre peu à peu le travail. Exiger et encourager ou « fordern und fördern », tel était le slogan de l’Agenda 2010.
Pendant les périodes de 2003, 2004, plusieurs mesures ont été prises à savoir l’amélioration des services de placement chômeurs à travers l’intérim et un placement privé, une redéfinition de ce qu’est un emploi acceptable, un apport de soutien aux emplois à faible revenu et aux entreprises nouvellement crées et une conversion des bureaux d’emploi en guichets uniques. Début 2005, la loi Hartz IV entre en jeu et fera la touche finale à l’édifice. Cette loi renforçait les conditions de l’indemnisation du chômage, elle a été réduite à 12 mois. De plus, toutes personnes ayant la capacité de travailler recevaient l’Arbeitslosengeld II ou l’ALG, une nouvelle forme de l’indemnité de chômage de longue durée. Elle est attribuée sous certaines conditions de ressources. Le montant de l’aide était surtout calculé en fonction des besoins et était amené au niveau de l’aide sociale. Aujourd’hui, les bénéficiaires reçoivent 382 euros par mois, viennent s’ajouter à cela les paiements du loyer et du chauffage, par l’État.
Il faudrait savoir que ces réformes ne sont pas passées inaperçues. Malgré le soutien venant des oppositions au parlement, ces réformes ont causé pas mal de contestation, même une séparation au sein du parti politique du chancelier Schröder, la SPD. À la suite de nombreuses contestations, le parti Die Linke fut créé et le chancelier Schröder convoqua, en 2005, des élections législatives anticipées pendant lesquelles il échoue face à Angela Merkel. Avec la venue de la nouvelle chancelière, l’Agenda 2010 a été conservé et ce dernier a même été un facteur de croissance qui diminuait le chômage.
ü Bilan de l’Agenda 2010
Dix ans après le lancement de l’Agenda 2010 en Allemagne, le pays s’est redressé économiquement. Si auparavant, il était considéré comme l’homme malade de l’Europe, aujourd’hui, elle est ressortie en homme fort. Les dettes se sont effacées peu à peu et elle a commencé à regagner les marchés en croissance. Sans oublier le point essentiel sur lequel l’Agenda 2010 s’était focalisé, le marché de l’emploi et les revenus. Le taux de chômage était au plus bas, le plus faible taux de chômage depuis plus de vingt ans. Du côté des salaires, si pendant dix ans ils étaient soumis à une modération, actuellement, ils commencent peu à peu à augmenter. La majorité des Allemands pensent que ces renouveaux viennent tous de l’Agenda 2010. Pourtant, d’autres pensent qu’au cours des dix années passées avec l’Agenda 2010, la situation n’a pas beaucoup changé : plus d’inégalité sociale, hausse du salaire, mais avec un taux faible par rapport à d’autres pays de l’Union européenne et les personnes qui bénéficiaient de l’ALG II ne s’en sont pas sortis malgré la promesse d’une vie meilleure de la loi Hartz IV. Pour la partie de la gauche, cette loi ne cesse de causer des débats vis-à-vis de la stratégie menée dans l’Agenda 2010. Contrairement à cela, il y a ceux qui pensent que l’adoption de l’Agenda 2010 a été bénéfique pour le pays et qu’il doit continuer pour qu’il puisse rester dans la compétition. L’ancien chancelier se penchait même pour un nouvel Agenda : l’Agenda 2020.
Afin de savoir si le but a été atteint, deux spécialistes ont chacun donné leur avis[32]. Il s’agit de Christoph BUTTERWEGGE (en noir), Professeur de sciences politiques à l’Université de Cologne et de Werner EICHHORST (gris), étudiant en science politique et de psychologie à l’Université Eberhard Karl de Tübingen. Les questions qu’on leur a posées étaient les suivantes :
- Est-ce que les réformes de l’Agenda 2010 ont été efficaces ?
- Existe-t-il un rapport entre les réformes et l’écart grandissant entre riches et pauvres ?
- Parmi ces réformes, quelles sont celles qui étaient efficaces et celles dont on aurait pu se passer ?
Est-ce que les réformes de l’Agenda 2010 ont été efficaces ?
Existe-t-il un rapport entre les réformes et l’écart grandissant entre riches et pauvres ?
Parmi ces réformes, quelles sont celles qui étaient efficaces et celles dont on aurait pu se passer ?
Même si l’objectif de l’ancien chancelier était de réduire le taux de chômage et de prioriser les demandeurs d’emploi, les avis se divergent encore comme le montre si bien les réponses ci-dessus. Dix ans après son lancement, les réformes Schröder ne sont pas encore bien accueillies par les Allemands malgré ces idées novatrices parce que la situation ne cesse de se dégrader. Les chômeurs ne bénéficiaient plus que d’une aide sociale forfaitaire et leurs allocations étaient réduites à 12 mois. Ce sont les riches qui ont trouvé leur compte dans les réformes, leur taux d’imposition a baissé de 11%. Le petit plus pour les personnes sans emploi fut la création des « minis-jobs » par l’État, emploi à temps partiel. La rémunération était de 400 euros par mois et ils sont libérés des cotisations sociales.
CONCLUSION
L’Europe est une puissance mondiale et le fait qu’elle regroupe plusieurs États la rend à la fois plus puissante et vulnérable. La situation actuelle le montre si bien. La Grèce est la plus touchée par la crise économique et les dettes s’entassent petit à petit. Il est évident qu’un pays qui subit une crise économique est très vulnérable et fait face à un fort taux de risque de pauvreté. Les emplois se font rares et le nombre de chômeurs explose. C’est ce phénomène qui donne naissance à ce qu’on appelle les « working poor » connu comme étant les travailleurs pauvres. En Europe, plusieurs pays qui se trouvent dans la partie orientale étaient et sont encore victimes de ce phénomène. Ceci les réduisait à un état de pauvreté et d’exclusion sociale très élevé. Face à cela, la Commission de l’Union européenne ne reste pas les bras croisés, elle essaie par tous les moyens d’éradiquer ces fléaux qui ravagent à petit feu l’Europe. En Allemagne par exemple, inspiré par les stratégies de l’ancien premier ministre britannique Tony Blair, l’ex-chancelier Schröder a adopté des réformes afin de combattre l’exclusion sociale et rehausser le marché du travail. En lançant l’Agenda 2010, un programme de lutte visionnaire et novateur pour son pays, Schröder a été à la fois acclamé en héros et critiqué. Pour les opposants, le fait d’avoir adopté l’Agenda 2010 n’a fait que remettre le pays dans un gouffre profond. Les « working poor » n’arrivaient pas à s’en sortir alors que les riches s’enrichissaient de plus en plus. Les avis se divergent et divisent même le pays en deux. Pour d’autres, le programme était bénéfique, en dix ans, le pays a connu une baisse des taux de chômeurs et l’État a mis au point un système d’emploi partiel pour les nécessiteux pour qu’ils n’agrandissent pas le rang des travailleurs pauvres. L’Agenda 2010 a été un vrai succès pour l’Allemagne, la preuve, les Français y ont même pris exemple en adoptant leur propre Agenda 2010. Comme toute chose qui marche bien et qui donne des résultats positifs, il est normal de le continuer, surtout si l’objectif se focalise dans l’amélioration des niveaux de vie et des conditions de travail.
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
- Évaluation de la deuxième mise en œuvre du plan pluriannuel contre la pauvreté et pour l’inclusion sociale, Tome I, François CHEREQUE, Christine ABROSSIMOV, Mustapha KHENNOUF, janvier 2015
- Les Working poor dans l’Union européenne, Fondation européenne pour l’amélioration des conditions de vie et de travail
- Les nouvelles formes de la pauvreté en Europe : le point de vue de l’économie, Yves FLUCKIGER
- Les working poor en Suisse, ESPA
- Études rurales, Exclusions, 159-160, 2001
- Regard sur l’économie allemande, bulletin économie du CIRAC, 2012
- Communication de la Commission européenne, Amélioration de la qualité de l’emploi (COM (2003) 728
- Observatoire des inégalités, les travailleurs pauvres en Europe, janvier 2011
[1] Les travailleurs pauvres dans les pays développés : acquis et controverses, Marie-Cécile Cazenave1 (Matisse)
[2] Senat, un site au service des citoyens, La lutte contre la pauvreté et l’exclusion : une responsabilité à partager
[3] Le foyer, Travailleur pauvre : fantasme ou réalité ? Comité d’observation et d’Etude, octobre 2008
[4] Monde du travail : les « Working poor » made in Europe, SURI Daniel, RIERA Ataulfo, http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article2352,
[5] Fondation européenne pour l’amélioration des conditions de vie de travail, les working poor dans l’Union européenne
[6] Bibliothèque du Parlement européen, Pauvreté dans l’Union européenne Impact social de la crise économique, 18/02/2013
[7] Observatoire des inégalités, les travailleurs pauvres en Europe, janvier 2011
[8] Bibliothèque du parlement européen, pauvreté dans l’Union européenne, Laurence Amand-Eeckhout
[9] Centre de Recherche pour l’Etude et l’Observation des Conditions de Vie, Les actifs en situation de pauvreté : quelles expériences de la pauvreté ? Département « Évaluation des Politiques sociales » dirigé par Marie-Odile SIMON
[10] Les trois formes de la pauvreté en Europe par Serge Paugam, Mis à jour le 15/06/2011
[11] La documentation française 2013, La typologie des formes de la pauvreté en Europe élaborée par le sociologue Serge Paugam
[12] Allemagne, la réalité : des bas salaires pour un quart des salariés, www.lemonde.fr – December 11, 2013
[13] Le smic en Allemagne, une bonne nouvelle. Mais pas si vite…, Pascal Riché
[14] Site Euronews, Allemagne : la pauvreté progresse
[15] Allemagne : des bas salaires pour un quart des salariés, Par Frédéric Lemaître, Le Monde.fr | 14.03.2012
[16] L’Allemagne riche en pauvres, par Ludovic Clerina, décembre 2013 sur myeurop.info
[17] Allemagne : comment la réforme du marché du travail renvoie les femmes à la maison, par rachel knaebel 10 juin 2013, http://www.bastamag.net
[18] Site de la solidarité internationale, dans quel état se trouve L’Allemagne après les « réformes Harts », janvier 2014
[19] Allemagne : comment la réforme du marché du travail renvoie les femmes à la maison, par rachel knaebel 10 juin 2013, http://www.bastamag.net
[20] Communication de la Commission européenne, Amélioration de la qualité de l’emploi (COM (2003) 728).
[22] Source : http://regards-citoyens.over-blog.com/article-l-union-europeenne-place-la-lutte-contre-la-pauvrete-au-coeur-de-sa-strategie-pour-l-emploi-et-la-croissance-63523661.html
[23] Regard sur l’économie allemande : La réforme de l’État social en Allemagne par René Lasserre
[24] Rürup Bert, Bourgeois Isabelle, « L’Agenda 2010, un modèle pour la France ?. », Regards sur l’économie allemande 4/2012 (n° 107) , p. 5-14
[25] Rürup Bert, Bourgeois Isabelle, « L’Agenda 2010, un modèle pour la France ?. », Regards sur l’économie allemande 4/2012 (n° 107) , p. 5-14
[26] Rürup Bert, Bourgeois Isabelle, « L’Agenda 2010, un modèle pour la France ?. », Regards sur l’économie allemande 4/2012 (n° 107) , p. 5-14
[27] L’agenda 2010 : un modèle pour l’Europe ? Commentaire sur l’intervention du Chancelier Gerhard Schröder par Philippe Van Parijs
[28] Rürup Bert, Bourgeois Isabelle, « L’Agenda 2010, un modèle pour la France ?. », Regards sur l’économie allemande 4/2012 (n° 107) , p. 5-14
[29] Regard sur l’économie allemande : La réforme de l’État social en Allemagne par René Lasserre
[30]Source : http://www.eapn.eu/fr/nouvelles-publications/publications/prises-de-position-et-rapports-deapn/rapport-deapn-nouvelles-strategies-de-lutte-contre-la-pauvrete-et-lexclusion-sociale-lexemple-de-neuf-pays-europeens
[31] Source : http://www.connexion-emploi.com/fr/a/bilan-sur-lemploi-en-allemagne-de-lagenda-2010-de-gerhard-schroeder
[32] Source : http://www.arte.tv/fr/agenda-2010-un-modele-pour-la-france/7388740,CmC=7385692.html
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